Equations differentielles lineaires du premier ordre a
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Equations differentielles lineaires du premier ordre a
Equations différentielles linéaires du premier ordre à coefficients constants (ou système d’équation différentielles linéaires scalaire à coefficients constants du premier ordre) dX ( t ) dt + AX ( t ) = B ( t ) X ( t ) est un vecteur dans un espace vectoriel E de dimension fini n. Il a pour composante x1 ( t ) , x 2 ( t ) ,..., x n ( t ) dans une base B ( e1 , e2 ,..., en ) de E. Les composantes de X sont des fonctions de t ∈ à valeurs réelles ou complexes à déterminer. A est une matrice carrée de dimension n × n à coefficients constants dans la base B et B ( t ) un vecteur de E dont les composantes sont des fonctions de t ∈ à valeurs réelles ou complexes. La solution de l’équation est complètement définie par la condition initiale X ( t 0 ) = X 0 d’après le théorème de Cauchy-Lipschitz. Le principe de la résolution se base sur la diagonalisation de la matrice A ou à défaut sa trigonalisation. Diagonalisation : si A est diagonalisable, il existe une matrice de passage P dont les colonnes sont les composantes dans B des vecteurs propres associés à chaque valeur propre de A, et une matrice diagonale D dans la base des vecteurs propres, formée par les valeurs propres λ k ( k = 1,..., n ) de A, tel que P −1AP = D . On peut donc écrire : + P −1AP P −1X = P −1B P −1 X Et en posant Q = P −1X , on a à résoudre l’équation : + D Q = P −1 B , Q Les équations de ce système sont découplées, et il suffit de résoudre les n équations différentielles linéaires scalaire du premier ordre sur les composantes q k de Q : q k + λ k q k = ( P −1B ) , k = 1,..., n , k pour en déduire X = PQ . Condition nécessaire et suffisante de diagonalisation Une matrice carrée A à coefficients dans (ou ) est diagonalisable sur (ou ) si et seulement si : Toutes les valeurs propres de A sont dans (ou ). Le sous espace propre de chaque valeur propre est de dimension égal à l’ordre de multiplicité de la valeur propre. Trigonalisation : si A n’est pas diagonalisable car toutes les conditions précédentes de diagonalisation ne sont pas remplies, elle peut quand même parfois être trigonalisée. Condition nécessaire et suffisante de trigonalisation 1 Th.C Une matrice carrée A à coefficients dans (ou ) est trigonalisable sur (ou ) si et seulement si : Toutes les valeurs propres de A sont dans (ou ). Dans ce cas il existe une matrice de passage P inversible et une matrice triangulaire supérieure T tel que P −1AP = T . La matrice de passage P est formée par des vecteurs propres de A mais aussi par d’autres vecteurs qui ne sont pas des vecteurs propres de A. Il faut donc vérifier que l’ensemble de ces vecteurs forment bien une base de E car cette propriété n’est plus automatique comme dans le cas d’une matrice diagonalisable (en pratique en montrant l’existence de P −1 ). Tous les éléments de la matrice triangulaire supérieure T situés sous la diagonale principale, sont nuls ( t i, j = 0 si i > j ) et sur la diagonale principale ce sont les valeurs propres. T peut être prise sous la forme d’une matrice réduite de Jordan où les seuls éléments non nuls sont les valeurs propres sur la diagonale principale et des 0 ou 1 sur la diagonale juste au dessus. Les éléments sont nuls dans les colonnes qui correspondent aux vecteurs propres et valent 1 dans les autres colonnes. En dimension 3 on a par exemple pour une trigonalisation sur : λ1 0 0 T = 0 λ2 1 . 0 0 λ 2 Dans ce cas, le sous espace propre associé à la valeur propre double λ 2 est de dimension 1 et la diagonalisation impossible. P est formé par les composantes de trois vecteurs V1 , V2 , V3 et AV1 = λ1V1 , AV2 = λ 2 V2 , AV3 = V2 + λ2 V3 . V1 et V2 sont vecteurs propres mais pas V3 . + T Q = P −1B mais ici les équations ne sont pas Comme pour la diagonalisation on écrit Q complètement découplées. On résout d’abord les équations différentielles linéaires scalaire en q k , ce qui permet ensuite de trouver la solution des autres équations et la solution générale X = PQ . Exemple 1 : le système d’équations différentielles est : x 1 + 2x1 + x 2 = 2t , x 2 + x1 + 2x 2 = 0 Avec les conditions initiales x1 ( t = 0 ) = x10 et x 2 ( t = 0 ) = x 20 . Ici : 2 1 A= . 1 2 Recherche des valeurs propres de A : On note λ les valeurs propres et V les vecteurs propres. Ainsi AV = λ V et ( A − λId ) V = 0 . V est non nul si A − λId n’est pas inversible, c'est-à-dire si P ( λ ) = det ( A − λId ) = 0 . P ( λ ) est le polynôme caractéristique de A et les valeurs propres sont les racines de ce polynôme. Ici : P ( λ) = 2−λ 1 = λ2 − 4λ + 3 = ( λ − 1)( λ − 3) . 1 2−λ Il y a donc deux valeurs propres réelles distinctes λ1 = 1 et λ 2 = 3 . La matrice A est donc diagonalisable sur . 2 Th.C Recherche des vecteurs propres : Pour λ1 = 1 ; on cherche le vecteur propre V1 ( x, y ) . Puisque AV1 = V1 , on a : x + y = 0 . x + y = 0 Le sous espace propre associé à λ1 = 1 est de dimension 1 (c’est une droite). On peut donc choisir : 1 V1 = . −1 Pour λ 2 = 3 ; on cherche le vecteur propre V2 ( x, y ) . Puisque AV2 = 3V2 , on a : − x + y = 0 . x−y=0 Le sous espace propre associé à λ 2 = 3 est de dimension 1. On peut donc choisir : 1 V2 = . 1 La matrice de passage P de la base de E dans laquelle s’exprime la matrice A à la base des vecteurs propres dans laquelle s’exprime D est : 1 1 P = ( V1 V2 ) = . −1 1 L’ordre des vecteurs propres est donné par l’ordre des valeurs propres dans D, mais on peut intervertir les deux colonnes de P en échangeant les deux valeurs propres dans D. Il reste à déterminer l’inverse de P pour calculer P −1B . P−1 = 1 t ComP . det P ComP est la comatrice de P et t ComP sa transposée. i+ j ( ComP )i, j = ( −1) det ( A i,n −j 1 ) , où A i,n −j 1 est la matrice carrée d’ordre n-1 obtenue à partir de A en supprimant la ligne i et la colonne j. Dans notre cas, det P = 2 et : 1 1 ComP = , −1 1 d’où 1 1 −1 P −1 = . 2 1 1 1 0 On vérifie facilement que PP −1 = 1 et P −1AP = D = . 0 3 On déduit : 3 Th.C t P −1 B = , t + D Q = P −1B c'est-à-dire : Les équations découplées à résoudre sont Q q 1 + q1 = t . q 2 + 3q 2 = t Solution de q 1 + q1 = t . La solution de l’équation homogène est q1 = k1 e − t . La méthode de la variation de la constante permet de trouver la solution de l’équation complète. On suppose k1 = k1 ( t ) et en reportant dans l’équation complète on obtient k 1 = t e t . Après une intégration par partie k1 = ( t − 1) e t + A1 ( A1 une constante) et donc : q1 = A1e − t + t − 1 . Solution de q 2 + 3q 2 = t . La solution de l’équation homogène est q 2 = k 2 e−3t . La méthode de la variation de la constante permet de trouver la solution de l’équation complète. On suppose k 2 = k 2 ( t ) et en reportant dans l’équation complète on obtient k 2 = t e3t . Après une intégration par partie : 1 1 k 2 = t − e3t + A 2 3 3 donc : 1 1 q 2 = A 2 e −3t + t − . 3 3 Finalement, la solution X = PQ s’écrit : x1 1 1 q1 q1 + q 2 = , = x 2 −1 1 q 2 −q1 + q 2 Donc : 2 5 −t −3t x1 = A1e + A2 e + 3 2t − 3 . x = −A e− t + A e−3t + 2 − t + 4 1 2 2 3 3 Les constantes A1 et A 2 sont fixées par les conditions initiales. A t =0 on a : 10 x10 = A1 + A 2 − 9 , donc x = −A + A + 8 1 2 20 9 x10 − x 20 +1 A1 = 2 . A = x10 + x 20 + 1 2 2 9 D’où : 4 Th.C 5 x10 − x 20 x + x 20 1 −3t 2 + 1 e − t + 10 + e + 2t − x1 = 2 2 9 3 3 x = − x10 − x 20 + 1 e − t + x10 + x 20 + 1 e −3t + 2 − t + 4 2 2 2 9 3 3 Exemple 2 : le système d’équations différentielles est : x 1 + x1 + x 2 + x 3 = 0 x 2 + x1 + x 2 + x 3 = 0 x + x + x + x = 0 1 2 3 3 avec les conditions initiales x1 ( t = 0 ) = x10 et x 2 ( t = 0 ) = x 20 et x 3 ( t = 0 ) = x 30 . Ici la matrice A est : 1 1 1 A = 1 1 1 . 1 1 1 Recherche des valeurs propres de A : Le polynôme caractéristique de A est P ( λ ) = λ 2 ( λ − 3) . Il y a trois valeurs propres réelles dont une double. Pour savoir si A est diagonalisable sur , cherchons les vecteurs propres. Recherche des vecteurs propres : Pour λ1 = 3 on cherche le vecteur propre V1 ( x, y, z ) . Puisque AV1 = 3V1 , on a : −2x + y + z = 0 x − 2y + z = 0 . x + y − 2z = 0 Le sous espace propre associé à λ1 = 3 est de dimension 1. On peut choisir : 1 V1 = 1 . 1 Pour λ 2 = 0 et λ 3 = 0 on cherche les vecteurs propres V ( x, y, z ) . Puisque AV = 0 , on a : x + y + z = 0 x + y + z = 0 . x + y + z = 0 Le sous espace propre associé à la valeur propre double nulle est de dimension 2. De ce fait la matrice A est diagonalisable sur . On peut choisir deux vecteurs propres : 1 V2 = −1 0 et 0 V3 = 1 . −1 5 Th.C La matrice de passage P et la matrice diagonale D s’écrivent : 1 1 0 P = 1 −1 1 , 1 0 −1 3 0 0 D = 0 0 0 0 0 0 + D Q = 0 c'est-à-dire : Les équations découplées à résoudre sont Q q 1 + 3q1 = 0 q 2 = 0 . q 3 = 0 La résolution donne q1 = A1e−3t , q 2 = A 2 , q 3 = A 3 . Et de X = PQ on déduit : x1 = A1e −3t + A 2 −3t x 2 = A1e − A 2 + A 3 . x = A e −3t − A 1 3 3 Les constantes A1 , A 2 et A 3 sont fixées par les conditions initiales. A t =0 on a : x10 = A1 + A 2 x 20 = A1 − A 2 + A 3 , x = A − A 1 3 30 donc x10 + x 20 + x 30 A1 = 3 2x − x 20 − x 30 10 . A 2 = 3 x10 + x 20 − 2x 30 A3 = 3 D’où : x10 + x 20 + x 30 −3t 2x10 − x 20 − x 30 e + x1 = 3 3 x10 + x 20 + x 30 −3t − x10 + 2x 20 − x 30 . x2 = e + 3 3 x + x 20 + x 30 −3t − x10 − x 20 + 2x 30 x 3 = 10 e + 3 3 Exemple 3 : le système d’équations différentielles est : x 1 + 3x1 + x 2 = 0 , x 2 − x1 + x 2 = 0 Avec les conditions initiales x1 ( t = 0 ) = x10 et x 2 ( t = 0 ) = x 20 . Ici : 3 1 A= . −1 1 Recherche des valeurs propres de A : 6 Th.C le polynôme caractéristique est 2 P (λ ) = ( λ − 2) . Il y a une racine double réelle λ = 2 . Pour savoir si A est diagonalisable sur , cherchons les vecteurs propres. Recherche des vecteurs propres : On cherche le vecteur propre V ( x, y ) . Puisque AV = 2V , on a : x+y=0 . − x − y = 0 Le sous espace propre associé à λ = 2 est de dimension 1. A n’est donc pas diagonalisable. On peut choisir comme unique vecteur propre : 1 V1 = . −1 A est quand même trigonalisable sur et on veut qu’elle soit semblable à une matrice réduite de Jordan T que l’on écrit : 2 1 T= . 0 2 On peut alors chercher un vecteur V2 ( x, y ) qui n’est pas vecteur propre tel que AV2 = V1 + 2V2 . Connaissant V1 on déduit : x + y =1 . − x − y = −1 Choisissons : 1 V2 = . 0 La matrice de passage P s’écrit : 1 1 P= . −1 0 On obtient ensuite : 1 1 ComP = , −1 1 d’où 1 1 −1 P −1 = . 2 1 1 On vérifie facilement que PP −1 = 1 et P −1AP = T . + T Q = 0 c'est-à-dire : Les équations à résoudre sont Q 7 Th.C q 1 + 2q1 + q 2 = 0 . q 2 + 2q 2 = 0 Solution de q 2 + 2q 2 = 0 . On obtient immédiatement q 2 = A 2 e−2t et on reporte ce résultat dans la première équation. Solution de q 1 + 2q1 = −A 2 e−2t . La solution de l’équation homogène est q1 = A1 e −2t . La méthode de la variation de la constante permet de trouver la solution de l’équation complète. On suppose A1 = A1 ( t ) et en reportant dans l’équation complète on obtient : = − A et A = − A t + C . A 1 2 1 2 Donc : q1 = ( −A 2 t + C ) e−2t . Finalement, la solution X = PQ s’écrit : x1 1 1 q1 q1 + q 2 = , = x 2 −1 0 q 2 −q1 Donc : −2t −2t x1 = ( − A 2 t + C ) e + A 2 e . −2t x 2 = ( A 2 t − C ) e Les constantes C et A 2 sont fixées par les conditions initiales. A t =0 on a : x10 = C + A 2 , x 20 = −C donc C = − x 20 . A 2 = x10 + x 20 D’où : x1 = x10 − ( x10 + x 20 ) t e −2t . −2 t x 2 = x 20 + ( x10 + x 20 ) t e 8 Th.C
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