Diagonalisation
Transcription
Diagonalisation
Chapitre 4 Diagonalisation Cette présentation résume le contenu des section 4.1, 4.2 et 4.4 des notes de cours. On se concentre sur la notion de la diagonalisation. 1 Valeurs propres et vecteurs propres Définition Définition 1.1. Soit une application linéaire T , T : V −→ V ~v 7→ T (~v ). S’il existe un vecteur ~u ∈ V non-nul et un nombre λ tel que T (~u) = λ~u, alors on appellera ~u un vecteur propre et λ sera la valeur propre associée à ~u. Interprétation Supposons que T est une application linéaire avec un vecteur propre ~u et λ, sa valeur propre. Alors T envoie le sous-espace vectoriel [~u] sur le sous-espace vectoriel [~u]. L’effet de T sur le sous-espace [~u] sera donc tout simplement une homothétie. Que se passe t-il quand T possède beaucoup de vecteurs propres ? 1 2 CHAPITRE 4. DIAGONALISATION La raison d’être Soit un espace vectoriel V de dimension n et une application linéaire T T : V −→ V. Supposons que T possède une base formée de n vecteurs propres ~u1 , ~u2 , . . . , ~un , avec valeurs propres associées λ1 , λ2 , . . . , λn , alors T (~u1 ) = λ1 ~u1 T (~u2 ) = λ2 ~u2 .. .. .=. T (~un ) = λn ~un . La raison d’être (suite) Dans la base ordonnée B = (~u1 , ~u2 , . . . , ~un ) on a 0 λ1 λ2 0 [T (~u1 )]B = . , [T (~u2 )]B = . , .. .. 0 [T (~un )]B = 0 0 .. . . λn 0 et la matrice de représentation de [T ]B est donc λ1 0 h i [T ]B = [T (~u1 )]B [T (~u2 )]B · · · [T (~un )]B = 0 .. . λ2 .. . 0 ··· La raison d’être (suite) Géométriquement, la représentation de T λ1 0 0 λ2 [T ]B = . . .. .. 0 ··· ··· .. . .. . 0 ··· .. . .. . 0 0 .. . . 0 λn 0 .. . , 0 λn nous dit que T effectue des homothéties par des facteurs λi dans chaque direction ~ui . La diagonalisation c’est le processus que l’on effectue pour trouver une telle représentation diagonale, si elle existe. 1. VALEURS PROPRES ET VECTEURS PROPRES 3 Exemple Exemple 1.1. Soit l’application linéaire T x~i + y~j + z~k = (x − z)~i − (x + z)~j + (z − x)~k. Parmi les vecteurs suivants, lesquels sont des vecteurs propres. Si c’est le cas, donnez aussi sa valeur propre. a) ~0, b) ~i − ~k, c) ~j. Existence de valeurs propres Théorème 1.2. Soit une application linéaire T : V −→ V . Le nombre λ est une valeur propre si et seulement si 1 ≤ dim Ker(T − λI). Preuve Si ~u est le vecteur propre associée à λ, alors T (~u) = λ~u ⇐⇒ (T − λI)(~u) = ~0 ⇐⇒ Ker(T − λI) 6= {~0}. Existence de valeurs propres Théorème 1.3. Soient une application linéaire T : V −→ V et une base ordonnée B de V . Le nombre λ est une valeur propre si et seulement si 0 = det [T ]B − λI . Preuve Si ~u est le vecteur propre associé à λ, alors [T ]B [~u]B = λ[~u]B ⇐⇒ [T ]B − λI [~u]B = ~0 ⇐⇒ [T ]B − λI est singulière. Les étapes de la diagonalisation Soient une application linéaire T , une base B de l’espace vectoriel V . Supposons que l’on connaisse [T ]B . Les étapes de la diagonalisation sont : 1. On trouve toutes les racines λ du polynôme caractéristique 0 = det [T ]B − λI . 2. Pour chaque solution λ, parmi les valeurs λ1 , . . . , λk obtenues en 1., on trouve tous les vecteurs ~u tels que [T ]B [~u]B = λ[~u]B . 3. As t-on une base de V formée de vecteurs propres ? 4 CHAPITRE 4. DIAGONALISATION Exemple Exemple 1.2. Soit une application linéaire T décrite dans une base B par la matrice 3 1 [T ]B = . 4 6 Trouvez toutes les valeurs propres de T . Exemple Exemple 1.3. Soit une application linéaire T décrite dans une base B par la matrice 2 1 −3 3 −5 . [T ]B = 2 −1 −1 2 Trouvez toutes les valeurs propres de T . Exemple Exemple 1.4. Soit une application linéaire T décrite dans une base B par la matrice 3 −2 0 3 0 . [T ]B = −2 0 0 5 Trouvez toutes les valeurs propres de T et tous les vecteurs propres qui y sont associés. Est-ce que V possède une base formée de vecteurs propres de T ? Définition Théorème 1.4. Soit une application linéaire T : V −→ V . Le nombre λ est une valeur propre si et seulement si 1 ≤ dim Ker(T − λI). Définition 1.5. On définit Eλ = Ker(T − λI), le sous-espace propre de T associé à λ. On appellera la dimension de Eλ , la multiplicité géométrique de λ. La multiplicité algébrique de λ est sa multiplicité dans le polynôme caractéristique. Définition Définition 1.6. On dit qu’une application linéaire T : V −→ V est diagonalisable s’il existe une base B de V formée de vecteurs propres de T . 1. VALEURS PROPRES ET VECTEURS PROPRES 5 Si T est diagonalisable et que ces valeurs propres sont λ1 , . . . , λn , alors λ1 0 · · · 0 .. 0 λ2 . . . . . [T ]B = . .. . . . . . . 0 0 · · · 0 λn Existence de vecteurs propres Théorème 1.7. Soit une application linéaire T : V −→ V et une valeur propre λ de T , alors 1 ≤ multiplicité géométrique de λ ≤ multiplicité algébrique de λ . Théorème 1.8. Si ~u1 , ~u2 , . . . , ~uk sont des vecteurs propres de T correspondant à des valeurs propres distinctes λ1 , λ2 , . . . , λk alors l’ensemble {~u1 , ~u2 , . . . , ~uk } est linéairement indépendant. Existence de vecteurs propres Corollaire 1.9. Si λ1 6= λ2 sont des valeurs propres distinctes de T , alors Eλ1 ∩ Eλ2 = {~0}. Corollaire 1.10. Si V est un espace vectoriel de dimension n et T possède n valeurs propres réelles et distinctes, alors il existe une base B formée de vecteurs propres. Le résultat principal Théorème 1.11. Soient V un espace vectoriel et une application linéaire T : V −→ V , alors T est diagonalisable si et seulement si toutes ces racines sont réelles et pour chacune de ces valeurs propres, multiplicité géométrique de λ = multiplicité algébrique de λ . Preuve Si les valeurs propres de T sont tous réelles, alors le polynôme caractéristique s’écrit (x − λ1 )r1 (x − λ2 )r2 · · · (x − λk )rk et donc dim V = n = r1 + r2 + · · · + rk 6 CHAPITRE 4. DIAGONALISATION Le résultat principal (suite) Si pour chaque valeur propre λi multiplicité géométrique de λi = multiplicité algébrique de λi , alors dim V =n = somme des multiplicités géométriques X dim Eλi . = λi Donc, les sous-espaces propres étant distincts, les vecteurs propres, qui forment des bases de chaque sous-espace propre, forment ensemble une base de V . Exemple Exemple 1.5. Est-ce que l’application linéaire T , décrite dans une base B par la matrice 2 0 0 [T ]B = 0 0 −1 , 0 1 0 est diagonalisable ? Exemple Exemple 1.6. Est-ce que l’application linéaire T , décrite dans une base B par la matrice 0 −1 0 0 1 , [T ]B = 0 −1 −3 3 est diagonalisable ? Changement de bases Observation Soient V un espace vectoriel et une application linéaire T : V −→ V diagonalisable. Si B est une base de V formée de vecteurs propres, alors [T ]B est diagonale. Si C est n’importe quelle autre base de V , alors [T ]B =B PC [T ]C C PB −1 = C PB [T ]C C PB . Définition 1.12. On dit qu’une matrice carrée A est diagonalisable s’il existe une matrice inversible P telle que P −1 AP soit diagonale. 2. DIAGONALISATION DE MATRICES SYMÉTRIQUES 7 Exemple Exemple 1.7. Si possible, trouvez une matrice inversible P qui diagonalise 2 0 −2 0 . A= 0 3 0 0 3 2 Diagonalisation de matrices symétriques Résultat principal Théorème 2.1. Toute matrice carrée A qui est symétrique est diagonalisable. En d’autres mots, il existe une matrice inversible P telle que P −1 AP soit diagonale. Corollaires Il est clair que le résultat précédant est possible seulement si les résultats suivants existent. Corollaire 2.2. Les valeurs propres d’une matrices symétriques sont tous réelles. Corollaire 2.3. Si λ est une valeur propre d’une matrice symétrique, alors sa multiplicité géométrique est égale à sa multiplicité algébrique. Surprise Théorème 2.4. Soit une matrice symétrique et ~u1 , ~u2 des vecteurs propres correspondant à des valeurs propres distinctes, alors ~u1 · ~u2 = 0, c-à-d les vecteurs sont orthogonaux. Résultat principal (version amélioré) Théorème 2.5. Toute matrice symétrique A est diagonalisable dans une base orthonormale. En d’autres mots, il existe une matrice orthogonale P telle que P T AP soit diagonale. Preuve Les sous-espaces propres sont orthogonaux donc, à l’aide du procédé de Gram-Schmidt, on peut extraire une base orthonormale de vecteurs propres. 8 CHAPITRE 4. DIAGONALISATION Exemple Exemple 2.1. Diagonalisez la matrice A= 2 1 1 2 . Trouvez la matrice P qui diagonalise A. Exemple Exemple 2.2. Diagonalisez la matrice 2 A= 0 −1 Trouvez la matrice P qui diagonalise A. 0 1 0 −1 0 . 2
Documents pareils
Cours Diagonalisation
Des vecteurs propres associés à ces n valeurs propres distinctes forment une base de
vecteurs propres.
Avec P la matrice des coordonnées des vecteurs propres associés (=les vecteurs
propres eux...