Granulométrie laser : application aux sucres et
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Granulométrie laser : application aux sucres et
AVH Association – 8th Symposium – Reims, March 2001 Granulométrie laser : application aux sucres et produits de sucrerie R. DELGOVE, J.-M. HOCHART Laboratoire Central Beghin-Say, 59239 Thumeries ➔ Elle fait appel comme la plupart des méthodes à une hypothèse de sphéricité des objets. Seule l’analyse d’images échappe à cette règle. I. INTRODUCTION Le Laboratoire Central Beghin-Say est équipé d’un granulomètre Laser Mastersizer S de Malvern Instruments SA depuis 1997 ➔ Cette technique ne nécessite pas de calibration préalable à la mesure : la validité de la réponse de l’instrument est certifiée par la mesure d’étalons corrélés avec des étalons internationaux. L’acquisition de ce matériel a été motivée pour : Assurer un contrôle granulométrique performant sur des produits traditionnels ou nouveaux pour lesquels le tamisage est difficile : Alvéo-sucres, sucre microcristallisé, fructo-oligosaccharides, sucre glace, etc. Avec ces produits fins (50 à 300 µ), le pourcentage de « fines » est généralement sous estimé par tamisage, du fait des interactions électrostatiques entre grosses et petites particules. 2. Système Les principaux éléments sont : • Le banc optique constitué : ➔ de l’émetteur : source laser ➔ de la zone d’échantillonnage : – lentilles interchangeables en fonction de la plage étudiée – cellules de mesure (voie sèche et voie humide) ➔ du récepteur : ensemble de photodiodes Assurer des contrôles granulomètriques sur des sucres humides, de texture collante type sucres roux, sucres blancs sortie turbines, etc. Assurer des contrôles granulomètriques sur des produits du process sucrier ou co-produits : • Optimisation des semences de grainage en cuite ; • Granulométrie des boues de première et seconde carbonatation ; • Résines échangeuses d’ions (contrôle à réception – vieillissement) ; • Sulfate de potassium extrait de vinasse, etc. • Les accessoires de préparation : ➔ voie sèche (dispersion assurée par de l’air) ➔ voie humide (circulation des particules dans un dispersant) • Le système informatique avec logiciel assurant le traitement des données brutes. 3. Les principales étapes de la mesure II. INSTRUMENTATION • Alignement du faisceau au centre du détecteur (environ 10 s) ; • Zéro électronique et zéro optique (bruit de fond) (environ 6 s) ; • Introduction de l’échantillon pendant une période de « mesure inspection » correspondant 1. Principe Le granulomètre Laser est basé sur les éléments fondamentaux développés dans les théories : • de diffraction de Fraunhoffer ; • de diffusion de Mie et Rayleigh. 63 Association AVH – 8e Symposium – Reims, mars 2001 La résolution d’une analyse granulométrique Laser porte sur une cinquantaine de classes granulométriques alors qu’en tamisage classique, elle est en général de l’ordre de 10 classes. Exemple : 3 500 3 000 2 500 2 000 • Tableau des classes granulométriques Laser 1 500 Taille (µm) 0,49 0,58 0,67 0,78 0,91 1,06 1,24 1,44 1,68 1,95 2,28 2,65 3,09 3,60 4,19 4,88 5,69 6,63 7,72 9,00 10,48 12,21 14,22 16,57 19,31 1 000 500 0 0 3 6 9 12 15 18 21 24 27 30 33 36 39 N° Détecteurs Figure 1 : Image de diffusion type. à une concentration optimale de poudre au niveau de la cellule. L’optimisation souhaitée est donnée sous forme de barre graphe. • Déclenchement de la mesure : ➔ sous forme de capture de l’image de diffusion du faisceau traversé par les particules (données brutes). Pour 8 000 à 10 000 balayages, la durée de la mesure est d’environ 20 s. ➔ conversion des données brutes en données exploitables par le logiciel intégré. 4. Résultats - Interprétation À partir des courbes de fréquence, on peut, selon les besoins : • éditer des courbes et des tableaux divers ; • comparer diverses courbes : superposition – soustraction, etc. La durée d’une analyse granulométrique est de l’ordre de 2 min. Volume passant (%) 0,00 0,09 0,27 0,50 0,74 0,99 1,23 1,47 1,70 1,94 2,21 2,52 2,92 3,42 4,09 4,95 6,08 7,53 9,37 11,64 14,40 17,64 21,36 25,50 29,99 Taille (µm) 22,49 26,20 30,53 35,56 41,43 48,27 56,23 65,51 76,32 88,91 103,58 120,67 140,58 163,77 190,80 222,28 258,95 301,68 351,46 409,45 477,01 555,71 647,41 754,23 878,67 Volume passant (%) 34,76 39,72 44,81 49,94 55,04 60,07 64,96 69,66 74,16 78,38 82,27 85,79 88,90 91,56 93,79 95,59 97,02 98,14 98,98 99,57 99,91 100,00 100,00 100,00 100,00 • On peut réaliser une édition « client » plus synthétique en ne conservant que les classes les plus intéressantes. Taille (µm) 2,00 5,00 10,00 20,00 30,00 40,00 50,00 65,00 18 16 14 12 10 8 Volume passant (%) 1,98 5,11 13,50 31,07 44,23 53,88 61,21 69,43 Taille (µm) 80,00 100,00 160,00 200,00 250,00 300,00 400,00 500,00 Volume passant (%) 75,50 81,40 91,18 94,39 96,72 98,10 99,49 99,94 6 • Principales données retenues D (v ; 0,1) = taille de particule pour laquelle 10 % de l’échantillon se trouve en dessous de cette dimension. D (v ; 0,5) = taille de particule à laquelle 50 % de l’échantillon a une taille inférieure et 50 % de 4 2 0 10,0 100,00 1 000,00 10 000,00 Figure 2 : Courbe de fréquence. 64 AVH Association – 8th Symposium – Reims, March 2001 l’échantillon a une taille supérieure. C’est le diamètre médian (MMD mass median diameter) • D (v ; 0,9) = taille de particule pour laquelle 90 % de l’échantillon se trouve en dessous de cette dimension. • D (4 ; 3) = diamètre moyen (volume). • D (3 ; 2) = diamètre moyen pondéré en surface (diamètre de Sauter). Span = mesure de la largeur de la distribution Span = D (v ; 0,9) – D (v ; 0,1)/D (v ; 0,5) (forme de CV) Aire de surface spécifique (SSA) = surface totale des particules/poids total Il faut fixer la densité de l’échantillon. 6 5 4 3 2 1 0 1 10 III. EXEMPLES D’APPLICATION EN SUCRERIE Glace A 100 1000 Glace B Figure 4 : Courbe de fréquence. 1. Contrôle « Qualité » de 2 sucres glaces A et B • Les courbes de fréquence (sucre A) montrent une distribution moins homogène en particulier la présence d’une population de grosses particules (> 200 µm) dont l’origine peut être recherchée. ❐ Analyse par voie sèche (figures 3 et 4) Sucre A 7,05 µm 36,0 µm 225,3 µm 79,7 µm 6,06 D (v ; 0,1) (passant à 10 %) Diamètre médian D (v ; 0,9) (passant à 90 %) Diamètre moyen Span Sucre B 8,1 µm 35,7 µm 149,5 µm 62,1 µm 3,96 2. Contrôle de 2 lots de semence pour grainage Les 2 sucres glace A et B sont : • peu différents : – par leur diamètre médian D(v ; 0,5) ; – par leur courbe de passants. ❐ Analyse par voie humide en milieu isopropanol (figure 5) 12 100 90 10 80 8 70 60 6 Glace A 50 Glace B 40 4 30 2 20 10 0 0,1 0 1 10 100 1 10 1000 Semence A m Figure 3 : Courbe des passants. Semence B Figure 5 : Analyse de 2 semences dans l’isopropanol. 65 100 Association AVH – 8e Symposium – Reims, mars 2001 ❐ Résultats : D (v ; 0,1) Diamètre moyen D (v ; 0,9) Span 1 000 Semence A Semence B 7,6 µm 2,8 µm 23,1 µm 8,9 µm 44,8 µm 19,7 µm 1,61 1,89 950 900 850 ❐ Nota : Les 2 semences sont préparées selon la méthode Ditmar mais avec des conditions de travail et de matériel différentes. 800 750 CRTX MC AVT TURB Après ENT TURB SECH STIE STIE SECH 1 SECH 2 STIE Tapis EGRUP ENT CEL Ces données permettent une optimisation de la qualité et de la quantité de semences à utiliser. Figure 7 : Évolution du diamètre moyen. 3. Évolution de la granulométrie le long d’une chaîne de cristallisation ❐ Résultats : – Évolution du diamètre médian (figure 6) ; – Évolution du diamètre moyen (figure 7). ❐ Circuit étudié D médian 926 944 921 912 801 877 823 860 847 824 CRTX MC AVT TURB APRES TURB ENT SECH STIE SECH 1 STIE SECH 2 STIE EGRUG TAPIS ENT CEL STIE CEL Cristaux Masse Cuite Coulée " Cristaux Masse Cuite Avant Turbinage " Cristaux Masse Cuite Après Turbinage " Sucre entrée Sécheur # $ Sucre sortie sécheur 1 Sucre Sortie Sécheur 2 $ # Sucre Sortie Egrugeonneur " Sucre Tapis vers Silo " Sucre Entrée Silo " Sucre Sortie Silo STIE CEL D moyen 948 967 961 945 840 914 858 898 878 858 On constate une dégradation globale de 100 µm sur l’ensemble de la chaîne localisée en particulier dans le sécheur 1 de technologie différente. La soustraction des courbes permet d’analyser les classes de population modifiées (figure 8). Mesure : – par voie liquide pour les sucres humides (dispersant iso propanol) – par voie sèche pour les sucres secs 4. Granulométrie de carbonate de calcium en chaudière de seconde carbonatation L’usine C présentait des problèmes de filtration en seconde carbonatation. 975 950 925 ❐ Comparaison avec 2 autres usines A et B équipées de matériel similaire (figure 9). 900 875 850 825 800 775 D (v ; 0,5) médian D (4, 3) moyen D (v ; 0,9) Span 750 725 700 CRTX MC AVT TURB Après ENT STIE STIE STIE Tapis TURB SECH SECH 1 SECH 2 EGRUP ENT CEL STIE CEL Figure 6 : Évolution du diamètre médian. 66 A 13,2 µm 13,9 µm 24,0 1,4 B 13,9 µm 15,1 µm 26,0 1,5 C 28,5 µm 37,0 µm 60,7 1,8 AVH Association – 8th Symposium – Reims, March 2001 Figure 8 : Différence de populations (en %). ❐ Des mesures complémentaires réalisées dans l’usine C sur carbonate sortie filtre, sortie chaudière, sur filtrat désaturé ont mis en évidence un problème de répartition de gaz dans la chaudière confirmé par un examen en intercampagne (figure 10). 14 12 10 % 8 6 4 2 0,1 1 10 100 0 1 000 m Usine A Usine B 5. Contrôle granulométrique des résines Usine C Figure 9 : Carbonate de calcium (2e carbo) des usines A, B et C. ❐ Suivi du vieillissement des résines (figure 11) 12 10 50 45 8 40 35 30 % 6 25 20 4 15 10 2 5 0 200 0,1 1 CaCO3 (chaudière) 10 CaCO3 FTD 100 0 1 000 315 400 500 630 800 1 000 1 250 m Résines usagées CaCO3 (sur.) Figure 10 : Analyse de carbonate de calcium (2e carbo) de l’usine C à 3 endroits différents. Résines neuves Figure 11 : Analyse par voie humide (dispersant eau), comparaison résines. 67 Association AVH – 8e Symposium – Reims, mars 2001 Passant 630 µm Résines neuves 28 % Résines usagées 41,8 % OM ❐ Comparaison avec une technique « à balayage de courant de particules » (réalisée sur 24 échantillons de résines) (figure 12). Dans la technique « à balayage de courant de particules », celles-ci sont observées, comptées et classées par taille d’après la quantité de lumière occultée ou diffusée lors de la traversée du faisceau. 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 Balayage de particules 590 795 718 731 746 559 631 571 677 791 782 683 729 788 632 687 628 783 652 467 529 667 770 696 4 6 8 10 LC 12 14 16 18 20 22 24 26 Autre Figure 12 : Comparaison entre techniques d’analyses granulométriques (LC : balayage de champ). • rapide : le temps de mesure standard est de l’ordre de quelques dizaines de secondes. • résolutive : 50 classes granulométriques peuvent être déterminées. • sensible : 0,1 ppm de particules de 10 µm dans le dispersant permet d’obtenir une image de diffraction suffisamment nette pour être analysée. Dans ces conditions, cette technique permet de mesurer un grand nombre de particules en particulier de petite taille, et d’acquérir des informations intéressantes par rapport à la technique classique de tamisage : – par voie liquide, on prend de 1 à 3 g d’échantillon ; – par voie sèche, on peut examiner de 1 à 100 g voire plus compte tenu de la rapidité de la technique. Comparaisons entre deux techniques d'analyses granulométriques au niveau du diamètre médian Balayage de champ (LC) 583 785 745 733 774 586 656 590 682 762 793 696 775 839 630 685 635 759 639 500 501 654 785 699 2 Échantillon N∞ Dans la technique « à balayage de champ » (granulométrie Laser), la distribution granulométrique est déduite de l’interaction entre un ensemble de particules et le rayonnement incident. Résines 900 800 700 600 500 400 300 200 100 0 Différence en % – 1,2 – 1,3 3,6 0,3 3,6 4,6 3,8 3,2 0,7 – 3,8 1,4 1,9 5,9 6,1 – 0,3 – 0,3 1,1 – 3,2 – 2,0 6,6 – 5,6 – 2,0 1,9 0,4 ❐ Le granulomètre laser fait partie des instruments récents disponibles dans le domaine de la caractérisation granulométrique de systèmes divisés. Ces appareils nouveaux fonctionnent sur la base de principes physiques qui ont tous leurs particularités. À la différence d’autres domaines analytiques, l’analyse granulométrique est essentiellement relative, le granulomètre Laser n’est qu’une réponse possible parmi un ensemble de réponses potentielles. IV. CONCLUSIONS ❐ Le granulomètre laser introduit dans un laboratoire de contrôle de sucrerie apporte une technique : • polyvalente : quelle que soit la nature des échantillons à analyser, il existe toujours un mode de dispersion approprié. On gardera à l’esprit que tout résultat d’analyse granulométrique n’est que la traduction de répartitions de dimensions, de formes, de natures de particules à travers un principe physique après un certain échantillonnage et une procédure de dispersion particulière. 68