Val Thorens anoblit la tomme de Savoie
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Val Thorens anoblit la tomme de Savoie
LA SAVOIE GRAND FORMAT 28 Vendredi 28 janvier 2011 Val Thorens anoblit la tomme de Savoie Dimanche, le temps est magnifique mais malgré le soleil les mains sont gelées. Normal, il fait -16 degrés au sommet de Val Thorens et c’est là que les candidats ont rendez-vous pour un duel culinaire au sommet. Après une semaine de délices, la manifestation “Gourmandises au sommet” s’achevait. Ils sont 8, viennent d’Albertville, Chambéry, Annecy ou Grenoble. ils se sont inscrits il y a quelques mois sur Internet puis tirés au sort pour venir s’affronter autour d’un thème : la tomme de Savoie ! Au Tout au long de la semaine, les restaurateurs de Val Thorens ont joué le jeu des Gourmandises au sommet avant la belle journée de dimanche en partenarait avec la filière tomme de Savoie. Objectif faire découvrir cette tomme (6000 tonnes produites chaque année dont 500 fermière). Les candidats s’affrontaient coachés par deux grandes personnalités, départagés par un jury. menu pour les 2 équipes de 4 une première épreuve de 45 minutes avec obligation de réaliser une verrine, 1 sandwich et 1 brochette. Fastoche ! Pas vraiment surtout quand on ne connaît aucun ingrédient. Mais coachés par Jean Sulpice (chef du restaurant l’Oxalys, 2 étoiles) et Marie Qautrehomme (1re femme meilleur ouvrier de France fromagerie/crémerie), nos candidats ont fait des miracles de créativité. On notera que la mangue à la côte avec notre fromage crémeux… Départagés par un jury d’expert, les 4 finalistes avaient ensuite rendez-vous dans les cuisines de l’Oxalys pour une aprèsmidi toujours placées sous le signe de la tomme, mais chaude cette fois. Il est 15 h 30, regard perdu, le stress monte, les 4 candidats découvrent leurs ingrédients. Exit les coaches, ils se sont fait jury intraitable. Il est 17 h, le verdict tombe et c’est Sophie qui repart avec la première place, un dîner pour 2 à l’Oxalys et des bons d’achats. Pour tous les autres, participants ou non, la journée aura décidément bon goût, pas besoin d’être chauvin pour décréter que notre tomme a tout d’une grande et qu’elle déchire ! J’en fais des tommes ? Adieu don ! CINDY GOMES Anne Jouvet amène le monde dans sa cuisine... Dimanche, la journée ne fait que commencer, les candidats apprennent à se connaître, ils viennent d’horizons différents, de milieux différents mais tous ont cette même passion qui les pousse derrière les fourneaux. Parmi eux, il y a Anne. Pour nous, elle sera notre locale de l’étape puisqu’elle vient d’Albertville. « Il fallait s’inscrire en septembre, un ami m’a dit “j’ai joué pour toi sur internet”. Et il y a 15 jours, je recevais un mail de félicitations de l’agence, j’étais sélectionnée ! » D’un sourire, Anne Jouvet balaie toute sa timidité, au fil des mots, elle se livre, elle, professeur d’anglais au lycée Jeanne d’Arc et gourmande passionnée. « Ma maman cuisinait très bien, toujours avec de bons produits. » Des saveurs d’enfance aux créations les plus folles, Anne laisse parler tous ses sens, les mains courent sur la matière, les yeux se régalent des couleurs, le palais mélange les goûts, l’oreille entend la pâte craquer, le nez hume chacun des fumets… Anne expérimente dans sa cuisine, on l’imagine artiste, magicienne des papilles… « J’aime l’idée de transformer une matière brute, parfois sale en quelque chose d’extraordinaire. » Comme la tomme de Savoie ? « Elle permet de développer la créativité, de voir ce produit en apparence simple devenir plus noble. » Au-delà les découvertes il y a ce partage, autour d’une bonne table. « La cuisine, c’est vraiment une rencontre culturelle, c’est un lien entre les hommes, la notion de partage y est très forte. Le plaisir réside dans le fait de réaliser pour les autres. » Impossible de ne pas dresser un parallèle avec les émissions de télévision et tous ces ama- teurs qui deviennent de vrais pros… « Pour être honnête je n’ai pas de télévision. Je ne connais pas du tout ces concepts… » Anne sourit et revendique une totale simplicité, où la cuisine est créativité, inventivité, folie et spontanéité : « Il n’y a pas d’ingrédients ou de plats que je préfère préparer. Si on ouvre son frigo, il y a toujours quelque chose à faire ! » En tout cas aujourd’hui dans son frigo Anne a de la tomme à revendre ! « C’est bien de faire des actions qui mettent à l’honneur nos produits du terroir. Je suis là pour découvrir. Ma dernière expérience, c’était dans la cuisine d’amis au Liban. » D’un monde à l’autre sans aucun complexe, Anne conclut une boucle entamée il y a 7 ans. Elle participait alors à un concours sur le thème de la tomme des Bauges. Une drôle de coïncidence, pour une douce passionnée qui a pu travailler aux côtés de Jean Sulpice. Et même si elle n’ira pas en finale, Anne gardera de belles étoiles C.G. dans ses yeux. Et pourquoi pas un festival de la gastronomie à Val Thorens... ? Vous vous investissez sans comptez pour une telle journée, pourquoi ? Il existe une semaine autour de la gastronomie à Val Thorens. De son côté la filière Tomme de Savoie organisait déjà un concours de recettes. Nous nous sommes dit qu’on pourrait faire quelque chose de beau et de bons. Et c’est très passionnant. Un jour pourquoi pas avoir un festival de la gastronomie avec des producteurs, des chefs, des amateurs qui viendraient de partout. On a du mal à imaginer la tomme de Savoie dans une cuisine 2 étoiles… On connaît évidemment la fondue et la raclette mais nos fromages peuvent être associés au saumon, à la mangue. Nous sommes aujourd’hui plus ouverts d’esprit, il y a plus de subtilité. On peut créer des jeux de texture, de goût. Aujourd’hui on retrouve 8 amateurs, vous pensez quoi de leur création ? Jean Sulpice, Marie Quatrehomme. Quand la passion est là, ils peuvent se surpasser, je suis agréablement surpris de leur talent. La cuisine s’ouvre au public. Internet, la télévision permettent de donner envie, de transmettre notre métier, savoir-faire. Finalement tout le monde peut devenir chef… Là encore c’est une histoire de passion et même s’il y a une différence entre un chef amateur et un chef professionnel, le plus important reste de prendre du plaisir à ce que l’on fait. L’Oxalis... Des étoiles pleins les papilles... Si Jean Sulpice n’a pas hésité à s’investir pour ce duel culinaire, après son rôle de coach il a retrouvé ses cuisines. Le chef savoyard nous a ouvert une fenêtre pour le paradis des gourmands… Sandwich au chevrotin, émulsion à la livech, gelée de chartreuse… Jean Sulpice est un virtuose. Les mots manquent pour décrire ce que l’on ressent. Les étoiles sont gravées dans le bois, les premiers pas sont timides mais aussitôt Jean Sulpice vous accueille. Impossible de ne pas plonger dans ses yeux bleus, de ne pas succomber à son sourire. Le jeune chef sait mettre à l’aise, manie aussi bien l’humour que la patience auprès des amateurs. Et puis il y a le cuisinier qui nous fait vibrer. Véritable artiste, il expose ses plats sans jamais manquer de couleurs, ni de saveurs. C’est immédiatement une claque. Comment de simples petits pois peuvent être si bons ? Une seule bouchée suffit à faire vaciller votre vision de la cuisine. Il y a ici quelque chose de divin. Chaque saveur s’envole, légère, caresse les papilles… Des papilles de plus en plus avides de découvertes. Comme la livech par exemple… La plante danse avec quelques moules. Le voyage ne fait que commen- cer… Il nous emmènera dans nos lacs avec une truite et sa chlorophylle de cresson alénois, puis dans nos montagnes avec un chevreuil infusé au foin. On sourit. Du foin. Pourtant dès la première bouchée, on ne peut que fermer les yeux et capter ici et là une saveur de cacao et de cardamome. Puis viendront un millefeuille chocolat/sésame, une bouchée pralinée/rhubarbe, une gelée de chartreuse avec un sorbet menthe et enfin un yaourt agrémenté de confiture à la myrtille. Il y a des goûts d’autrefois, de la simplicité mais il y a surtout beaucoup de génie pour transformer chacun des mets en véritable expérience où chacun des sens peut s’enivrer… jusqu’à oublier l’heure qui file à une vitesse folle… La journée doit reprendre, nous, on serait bien resté à admirer la vue dans ce chalet de bois… CINDY GOMES
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