NT-proBNP ou BNP Une aide au diagnostic d
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NT-proBNP ou BNP Une aide au diagnostic d
SUPPLÉMENT AU N° 884 BIMENSUEL – JUIN 2012 LA REVUE DU PRATICIEN SPÉCIA L BIOMA RQUEU R S NT-proBNP ou BNP Une aide au diagnostic d’insuffisance cardiaque Supplément réalisé avec le soutien institutionnel de Roche Diagnostics L e dosage sanguin des peptides natriurétiques de type B (NT-proBNP ou BNP), facilement accessible en médecine ambulatoire, a pris une place prépondérante comme outil d’aide au diagnostic d’insuffisance cardiaque, en cas de doute clinique. Ces marqueurs très sensibles sont également utiles pour le suivi et l’optimisation du traitement de l’insuffisant cardiaque chronique. Il faut cependant savoir les interpréter pour les utiliser à bon escient. Cette édition inaugure une série de numéros spéciaux consacrés aux biomarqueurs cardiaques, les trois premiers détaillant l’intérêt des peptides natriurétiques au cours de l’insuffisance cardiaque. Les peptides natriurétiques : aspects physiologiques Guillaume Lefèvre Laboratoire de biochimie, hôpital Tenon, 75020 Paris. L’ANP, le BNP et le CNP sont des molécules à activité hormonale principalement synthétisées par le myocarde. D’un point de vue moléculaire, ces facteurs natriurétiques ont une grande homologie avec une structure de 30 à 60 acides aminés. Ils sont caractérisés par un pont disulfure qui leur confère une forme stérique équivalente permettant leur interaction avec les récepteurs cellulaires responsables de leurs effets hormonaux. L’action physiologique du BNP et de l’ANP est due à leur liaison au récepteur natriurétique de type A (NPR-A) alors que le CNP se lie plutôt au récepteur de type C. Ils sont surtout exprimés dans le myocarde, au niveau auriculaire (ANP) et ventriculaire (BNP). Ces peptides natriurétiques interviennent dans l'homéostasie du sodium, de la pression artérielle et de la volémie. Ils ont aussi une action pléiotropique car le NPR-A est retrouvé dans différents tissus comme les reins, les vaisseaux sanguins, la surrénale, le système nerveux central, l’os, les adipocytes et le myocarde. La distension ventriculaire liée à l’augmentation de précharge, à l’hypervolémie, l’ischémie cardiaque ou la stimulation neurohormonale, stimule l’expression du gène du BNP et entraîne la sécrétion de son précurseur, le proBNP (108 acides aminés). Cette molécule est ensuite O-glycosylée puis protéolysée par des enzymes type furine ou corine (fig. 1). La glycosylation des acides 2 LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 26 l N° 884 l JUIN 2012 Fig. 1 – Synthèse des facteurs natriurétiques Synthèse du NT-proBNP et du BNP Distension paroi ventriculaire Stimuli hormonaux PréproBNP (1-136) Peptide signal (27aa) proBNP (1-108) Corine Furine NT-proBNP (1-76) proBNP (1-108) BNP actif (1-32) SPÉCIA L BIOMA RQUEU R S aminés proches de la zone de coupure (Thréonine 76) modulerait l’action des protéases. La protéolyse entraîne la formation du BNP à action hormonale (32 acides aminés) et du NT-proBNP sans action hormonale (76 acides aminés), qui ne sont pas stockés mais libérés par le cardiomyocyte. Les études récentes menées chez le sujet sain et le patient en insuffisance cardiaque montrent que les formes circulantes sont hétérogènes, majoritairement du proBNP accompagné de NT-proBNP et de BNP. Elles sont ensuite éliminées du sang via des récepteurs (BNP) ou par clairance rénale (BNP, NT-proBNP et proBNP). À retenir • Les peptides natriurétiques sont principalement sécrétés par le myocarde • Leur sécrétion est essentiellement liée à la distension ventriculaire • Les formes circulantes sont variables Une dyspnée d’origine indéterminée Damien Logeart. Service de cardiologie, hôpital Lariboisière, 75010 Paris. M. C. consulte en 2008, à l’âge de 74 ans, pour une dyspnée s’aggravant depuis quelques jours, accompagnée de toux plutôt grasse. Accusant une obésité (96 kg pour 174 cm) et un tabagisme ancien avec plusieurs épisodes de bronchite aiguë, il se dit convaincu d’une nouvelle infection respiratoire. Il est également hypertendu, traité par inhibiteur calcique depuis 6 ans. À l’examen : PA à 152/87 mmHg et pouls à 92 bpm. Il est apyrétique, n’a pas de signe d’insuffisance circulatoire aiguë, sa fréquence respiratoire est légèrement accélérée À retenir (21/min) mais sans signe de détresse associé. Des râles pulmonaires et des sibilances • Le dosage des peptides sont constatés dans les deux champs pulmonaires avec un léger freinage expiratoire. natriurétiques est recommandé pour aider au diagnostic d’une Les bruits du cœur sont normaux. La toux ne s’accompagne pas d’expectoration. dyspnée ou d’œdèmes, surtout L’ECG s’inscrit en rythme sinusal avec des troubles de repolarisation évocateurs lorsque celui-ci n’est pas évident d’hypertrophie ventriculaire gauche. d’emblée. • Son interprétation se fait en fonction de deux valeurs seuils avec une zone grise ou l s’agit d’un cas de dyspnée subaiguë, La radiographie de thorax, utile à ce stade d’incertitude entre les deux. fréquemment rencontré dans les services (si patient ambulatoire) sans être cependant • Elle est nuancée par différentes d’urgences, en consultation ou lors de visite indispensable, recherche une pneumopathie caractéristiques comme l’âge, l’insuffisance rénale ou à domicile, et pour lequel il est bien difficile lobaire mais est souvent peu contributive une cardiopathie chronique de conclure à un diagnostic précis. La pour les autres hypothèses. Ces données, y sous-jacente qui majore les taux, sémiologie peu spécifique peut évoquer compris le syndrome inflammatoire modéré, indépendamment de toute IC autant une insuffisance cardiaque (IC) sont finalement peu contributives pour la prise aiguë. I aiguë qu’une bronchopneumopathie, voire même d’autres causes pulmonaires (pneumopathie interstitielle, néoplasie…). Au cabinet, un traitement d’épreuve peut être proposé mais avec le risque de laisser la situation s’aggraver rapidement en cas d’erreur. Un bilan biologique est nécessaire : GB 8 700/mm3, Hb 12,7 g/dL, créatininémie 112 μM, urémie 9,0 mM, natrémie 136 mM, kaliémie 3,9 mM, CRP 31 pg/mL. en charge. Le dosage sanguin des peptides natriurétiques est en fait l’outil simple et utile qui doit être systématiquement prescrit dans ces situations où la clinique n’est pas suffisante. Dans le cas présent, le taux de NT-proBNP était de 4 752 pg/mL. Ce résultat a permis de retenir le diagnostic d’IC aiguë avec œdème pulmonaire, probablement associée ou secondaire à une bronchite aiguë. Un bilan plus poussé réalisé au cours de l’hospitalisation a mis en évidence une dysfonction ventriculaire modérée avec FEVG à 40 %, une coronaropathie assez diffuse traitée ultérieurement par angioplastie, et une AC/FA paroxystique qui évoluera ultérieurement en AC/FA chronique. LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 26 l N° 884 l JUIN 2012 3 En 2011, après une période tranquille de 3 ans, M. C. se plaint à nouveau d’une dyspnée s’aggravant depuis 2-3 mois, devenue invalidante au moindre effort et s’accompagnant même d’un début d’altération de l’état général. Un médecin consulté trois semaines auparavant a majoré (modérément) sa dose de furosémide (60 mg/j au lieu de 40 mg) sans succès. À l’examen clinique : PA 138/82 mmHg, FC 77 bpm, crépitants bilatéraux, pas de signe évident d’hyperpression veineuse. AC/FA à l’ECG. Bilan biologique : GB 6 800/mm3, Hb 13,1 g/dL, créatininémie 126 μM, urémie 11,1 mM, natrémie 136 mM, kaliémie 3,7 mM, NT-proBNP 471 pg/mL. C’est ce taux à peine augmenté et contrastant avec la sévérité clinique qui fait écarter le diagnostic d’insuffisance cardiaque décompensée et oriente d’emblée vers une pathologie pulmonaire. La radiographie puis le scanner réalisés le lendemain diagnostiquent une fibrose pulmonaire. À noter sur le contrôle échographique réalisé secondairement : FEVG 45 %, pas d’élévation des pressions de remplissage ni d’HTAP. L e dosage des peptides natriurétiques a un grand intérêt dans le diagnostic d’une symptomatologie à type de dyspnée ou d’œdèmes, quand la clinique ne suffit pas. Il permet d’améliorer et d’accélérer la prise en charge en confortant d’emblée une étiologie plutôt qu’une autre. Il est recommandé en première intention.1, 2 Le pourcentage d’erreur initiale ou de retard diagnostique dans ce type de situation est proche de 50 %. Les taux de peptides natriurétiques s’interprètent autour de deux valeurs seuils et ont pour but d’aider au diagnostic sans se subs- tituer à l’examen clinique (fig. 2). On parle aussi d’approche bayésienne : la valeur observée modifie la probabilité initiale (estimation purement clinique) en une probabilité finale plus précise et moins subjective. Un taux de NT-proBNP < 300 pg/mL (ou BNP < 100 pg/mL) permet de réfuter l’hypothèse d’une IC aiguë. Plusieurs facteurs peuvent l’augmenter : âge, insuffisance rénale, AC/FA, cardiomyopathie et valvulopathie, insuffisance respiratoire et HTAP, et expliquent fréquemment les valeurs situées dans la zone grise ou zone entre les deux valeurs seuils. Fig. 2 – Algorithme d’utilisation du NT-proBNP en cas de suspicion d’insuffisance cardiaque Dyspnées, œdèmes 1 seuil d’exclusion 1 seuil d’inclusion par tranche d’âge 1 800 < 300 VPN = 98 % 50 ans 450 Insuffisance cardiaque très improbable 75 ans 900 Zone grise en pg/mL Insuffisance cardiaque probable Dans la deuxième partie de cette observation, le taux de NT-proBNP est supérieur à 300 pg/mL mais reste peu élevé ; cette augmentation modérée s’explique aisément par l’âge, la cardiopathie sous-jacente et l’AC/FA, mais certainement pas par une IC sévère ou décompensée où le taux de NT-proBNP aurait été supérieur à 1 5002 000 pg/mL. À ce stade, il était donc légitime de ne pas majorer les diurétiques et de rechercher rapidement une pathologie pulmonaire. Chez ce coronarien, on aurait pu également évoquer un équivalent d’angor instable, compatible avec le taux de NT-proBNP modérément élevé, mais les crépitants orientaient clairement vers un problème pulmonaire (cardiogénique ou non). À nouveau, le dosage ne se substitue pas à l’examen clinique ! À l’inverse, un œdème cardiogénique peut (rarement) s’associer à un taux de peptides natriurétiques peu augmenté. C’est le cas parfois des valvulopathies mitrales (surtout le RM) et de l’œdème hypertensif flash. Cela a été également décrit dans certaines IC chroniques très sévères, terminales. Ces situations ne correspondent pas à cette observation et sont souvent assez évidentes. À noter aussi que l’obésité induit une diminution modérée des taux. Influence de l’âge et du sexe Guillaume Lefèvre La concentration en peptides natriurétiques augmente avec l’âge et à tranche d’âge égal, les taux de BNP et de NT-proBNP sont plus élevés chez les femmes que chez les hommes. L’élévation avec l’âge pourrait être liée à une prévalence plus importante de l’insuffisance cardiaque, des pathologies cardiovasculaires et rénales. Un effet hormonal est probable, les différences de concentrations intersexe en BNP et NT-proBNP tendant à s’équilibrer chez les sujets âgés. La différence de valeur observée pour une même tranche d’âge entre homme et femme serait expliquée plus par une inhibition de la synthèse du proBNP par les androgènes chez l’homme que par une stimulation de la synthèse par les estrogènes chez la femme. 4 LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 26 l N° 884 l JUIN 2012 Le point de vue du biologiste SPÉCIA L BIOMA RQUEU R S Quelle place dans le diagnostic d’insuffisance cardiaque chronique ? DR Michel Galinier Fédération des services de cardiologie, CHU Toulouse-Rangueil, F-31059 Toulouse. L a place des peptides natriurétiques de type B reste débattue au cours de l’IC chronique alors que leur utilisation est recommandée pour le diagnostic d’IC aiguë, avec des valeurs seuils clairement déterminées.1 Or, posséder un marqueur biologique fiable, facilement accessible, pour améliorer le diagnostic de l’IC chronique serait d’un grand intérêt en pratique de ville. BNP ou NT-proBNP ? Le choix entre dosage du BNP ou du NT-proBNP, sécrétés par les cardiomyocytes de manière équimoléculaire, dépend le plus souvent du laboratoire où l’analyse est réalisée. Si le BNP, qui seul possède l’activité hormonale et dont la demi-vie est plus courte, est un marqueur intrahospitalier de grande valeur, la stabilité du NT-proBNP, sa reproductibilité d’un laboratoire à l’autre grâce à l’utilisation des mêmes anticorps de capture au cours des dosages immunologiques, rendent, en pratique, son usage plus aisé3 et en font le marqueur de choix en ville.4 De plus, si les valeurs des peptides natriurétiques augmentent avec la sévérité de l’IC, cette élévation est plus régulière pour le NT-proBNP que pour le BNP, ce qui permet une meilleure détection des stades précoces de cette affection. Devant des symptômes atypiques Le diagnostic d’insuffisance cardiaque chronique, rendu difficile par de fréquentes comorbidités comme la bronchopneumopathie chronique obstructive et l’âge avancé des patients, est facilité par le dosage des peptides natriurétiques dont l’accessibilité en ambulatoire est supérieure à celle des autres examens complémentaires. Chez des patients symptomatiques suspects d’IC, deux études concordantes retrouvent une excellente valeur prédictive négative d’un seuil de NT-proBNP < 125 pg/mL pour éliminer une dysfonction ventriculaire gauche systolique (97 %), mais avec une valeur prédictive positive nettement moins performante.5, 6 Néanmoins, une étude réalisée chez 5 875 patients suspects d’insuffisance cardiaque chronique (âge moyen 73 ans), dans laquelle une augmentation de 30 % du NT-proBNP est associée à une majoration de 8 % chez l’homme et de 12 % chez la Fig. 3 – Algorithme d’utilisation du NT-proBNP devant une dyspnée chronique (indication actuellement non validée) Patients ayant des symptômes suggérant une ICC : dyspnée, œdèmes… NT-proBNP < valeur seuil en fonction de l’âge ICC éliminée Chercher une autre origine aux symptômes NT-proBNP > valeur seuil en fonction de l’âge Adresser le patient à un cardiologue pour réalisation d’une échographie Valeurs de NT-proBNP permettant d’éliminer une insuffisance cardiaque systolique < 50 ans : 50 pg/mL 50-75 ans : 75 pg/mL ≥ 75 ans : 250 pg/mL femme du risque de mortalité, retrouve une valeur pronostique seuil de NT-proBNP plus élevée > 200 pg/mL.7 Des valeurs seuils en fonction de l’âge Une méta-analyse de 10 études, ayant inclus 5 508 patients symptomatiques, montre que la valeur diagnostique du NT-proBNP LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 26 l N° 884 l JUIN 2012 5 À retenir • À condition d’être confrontés à la clinique et de garder à l’esprit leurs limites, les peptides natriurétiques sont utiles au diagnostic des formes atypiques d’IC chronique, permettant au médecin généraliste de sélectionner plus finement les patients à adresser à leurs confrères cardiologues. • Le NT-proBNP est le marqueur de choix. • Devant une dyspnée chronique d’étiologie non évidente, un taux < 50 pg/mL avant 50 ans, < 75 pg/mL entre 50 et 75 ans ou < 250 pg/mL après 75 ans élimine une IC systolique alors que des valeurs supérieures doivent conduire à demander une échocardiographie. Les limites des peptides natriurétiques dans le diagnostic de l’IC sont clairement identifiées : les taux s’élèvent avec l’âge, en cas d’insuffisance rénale ou de fibrillation atriale, alors qu’ils sont plus bas chez les patients obèses (un IMC > 30 kg/m² devant faire approximativement multiplier par 2 la valeur obtenue). De plus, ces marqueurs reflétant le niveau de pression télédiastolique ventriculaire, essentiellement gauche, instantané et non la fraction d’éjection ventriculaire, leurs concentrations plasmatiques peuvent diminuer même en présence d’une dysfonction ventriculaire gauche si les conditions de charge baissent comme lors d’une hypovolémie induite par les diurétiques. Les valeurs seuils du diagnostic d’IC chronique étant plus basses que celles de l’IC aiguë, le risque de faux négatif et positif lié à ces situations y est plus élevé. Enfin, l’utilisation des peptides natriurétiques pour le diagnostic d’IC chronique à fraction d’éjection préservée reste actuellement illusoire, les seuils proposés pour la recherche d’une dysfonction diastolique, de l’ordre de 60 pg/mL pour le BNP, étant trop proches des valeurs des sujets âgés sains de plus de 75 ans qui constituent la population cible de ce syndrome. Un bon usage validé Les indications de l’utilisation diagnostique des peptides natriurétiques en médecine ambulatoire devant une suspicion d’IC chronique ont été clairement énoncées par la HAS :2 – devant des symptômes atypiques, pouvant évoquer une IC chronique, le dosage du BNP ou du NT-proBNP est indiqué. Des concentrations < 100 pg/mL pour le BNP et à 300 pg/mL pour le NT-proBNP rendent ce diagnostic peu probable, tandis que des taux supérieurs doivent conduire à une consultation spécialisée ; – a contrario, devant un tableau typique d’IC chronique, le dosage des peptides natriurétiques n’est pas indiqué. En effet, malgré l’existence d’une corrélation entre leur concentration et le pronostic, il n’est pas actuellement démontré que celle-ci puisse étayer une modification de la prise en charge des patients. DR pour une dysfonction ventriculaire gauche systolique (FE ≤ 40 %) varie en fonction de l’âge des sujets, excellente chez les plus jeunes, moins bonne chez les plus âgés.8 Les auteurs proposent logiquement d’utiliser des seuils diagnostiques de NT-proBNP tenant compte de l’âge (fig. 3), ce qui permet, en gardant une excellente valeur prédictive négative (99,7 à 92,4 %), d’améliorer sensiblement la valeur prédictive positive (57,2 à 53,7 %). Ainsi, devant un patient dyspnéique, la simple détermination du NT-proBNP élimine une IC systolique, si elle est inférieure à ces seuils et, dans le cas contraire, conduit à la réalisation d’une échocardiographie. Concernant le BNP, les études récentes sont peu nombreuses, mais un taux aux environs de 20 pg/mL a été avancé pour le diagnostic d’IC chronique. En effet, dans une population non sélectionnée, des seuils allant de 15 à 22 pg/mL possèdent, avec différentes sensibilités et spécificités, de bonnes valeurs prédictives négatives, permettant d’écarter avec une probabilité correcte une dysfonction ventriculaire gauche systolique. Ce seuil s’élève à 64 pg/mL si on s’intéresse à une population plus âgée de 70 à 84 ans.9 Quant à la HAS, elle préconise d’utiliser les mêmes valeurs que devant une suspicion d’IC aiguë : des taux inférieurs à 100 pg/mL pour le BNP et à 300 pg/mL pour le NT-proBNP rendant ce diagnostic peu probable.2 Des précautions à respecter Le point de vue du biologiste Influence de l’obésité Guillaume Lefèvre Chez les sujets sains ou ayant une IC, les concentrations en BNP et en NT-proBNP sont en relation inverse avec l’IMC. Plusieurs mécanismes pourraient expliquer cette relation : diminution de synthèse, augmentation d’excrétion rénale ou de dégradation par hyperexpression du récepteur de clairance (NPR-C) au niveau adipocytaire pour le BNP. Des études ont démontré que l’obésité avait un effet propre sur la fonction rénale qui pouvait expliquer en partie l’action sur les peptides natriurétiques. Toutefois, l’obésité ne remet pas en cause de manière significative les seuils décisionnels utilisés dans le diagnostic et le pronostic de l’insuffisance cardiaque. 6 LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 26 l N° 884 l JUIN 2012 SPÉCIA L BIOMA RQUEU R S RÉFÉRENCES 1. Dickstein K, Cohen-Solal A, Filippatos G, et al. ESC Guidelines for the diagnosis and treatment of acute and chronic heart failure.The Task Force for the diagnosis and treatment of acute and chronic heart failure 2008 of the European Society of Cardiology. Developped in collaboration with the Heart Failure Association of the ESC (HFA) and endorsed by the European Society of Intensive Care Medicine (ESICM). Eur Heart J 2008;29:2388-442 2. HAS. Bon usage des technologies de santé. Insuffisance cardiaque : les peptides natriurétiques en médecine ambulatoire. Novembre 2010. http://www.has-sante.fr 3. Les peptides natriurétiques de type B. Une aide pour exclure le diagnostic d’insuffisance cardiaque aiguë. Rev Prescrire 2009;29:835-8. 4. Jourdain P, Lefèvre G, Oddoze C, et al. NT-proBNP en pratique : de la biologie à la clinique (NTproBNP in practice: from chemistry to medicine). Ann Cardiol Angeiol 2009;58:165-79. 5. Zaphiriou A, Robb S, Murray-Thomas T, et al. The diagnosis accuracy of plasma BNP and NTproBNP in patients referred from primary care with suspected heart failure: results of the UK natriuretic peptide study. Eur J Heart Fail 2005;11:537–41. 6. Gustafsson F, Steensgaard-Hansen F, Badskjaer J, Poulsen AH, Corell P, Hilldebrandt P. Diagnostic and prognostic performance of N-terminal ProBNP in primary care patients with suspected heart failure. J Cardiac Fail 2005;11(5 Suppl):S15–20. 7. Rosenberg J, Schou M, Gustafsson F, Badskjaer J, Hildebrandt P. Prognostic threshold levels of NT-proBNP testing in primary care. Eur Heart J 2009;30:66–73. 8. Hildebrandt P, Collinson PO, Doughty RN, et al. Age-dependent values of N-Terminal pro-B-type natriuretic peptide are superior to a single cut-point for ruling out suspected systolic dysfunction in primary care. Eur Heart J 2010;31:1881-9. 9. Galasko GIW, Barnes SC, Collinson P, Lahiri A, Senior R. What is the most cost-effective strategy to screen for left ventricular systolic dysfunction: natriuretic peptides, the electrocardiogram, handheld echocardiography, traditional echocardiography, or their combination ? Eur Heart J 2006;27:193-200. La Revue du Praticien-Médecine Générale Direction générale, direction des publications : Dr Alain Trébucq Coordination scientifique : Dr Corinne Challeton Global Média Santé 314 Bureaux de la Colline – 92213 Saint-Cloud Cedex. Tél. : 01 55 62 68 00 Impression : Imprimerie de Compiègne Photo de couverture : BSIP Insuffisance Insuffisa ance car cardiaque diaq que chr chronique ro oniqu ue Son cardiologue carrdio d logue l a eeu u le réfl réflexe fleexe x NT-proBNP NT T--proBN o NP ! LLee NT-proBNP NTT-pr - oBNP est un bio marqueur marqueur d’évaluation du patient IC IC Chronique. Chronique. Précis Précis et fiable, son taux taux baisse lorsque patient estt ffavorable. bai sse lor sque l’l’évolution évolution du pa tient es aavorable. Cette association as ssociation entre entrre évolution év vo olution de la évolution permet suivre patients, maladie et év olution du d taux de NT-proBNP NT T--prroB o N P perme et de mieux suivr re les patient ts, traitement d’optimiser le tr ra aiteme ent et d’améliorer d’améliorre er le pronostic. prro onostic..(1) Objectiff Objecti 1000 1 000 LL’étude ’é ’ étude PPROTECT R OTE CT (1) a récemmentt démontré qu’une diminution du d tau ux de NT T--proB N P en-dessous de d 1000 1000 ng/ L permet d’améliorer d’améliorrer taux NT-proBNP ng/L sig significativement gnificativement la qualité et l’espérance l’espéérance de vie des patients. Un seuil seuil qu édecin et au patient ! quii donne un objectif de suivi au mé médecin (1) U of NT Use NT-proBNP T-pr - oBN P to Guide Outpatient TTherapy h apy of PPatients her atients W With ith Chr Chronic onic LLeft eft Ventricular Veenntricular S Systolic ystolic Dysfunction (PROTECT (PROTECT study) s JACC JACC Vol. Vol. o 558, 8, No. 118, 8, 2011. PPour our plus d’inf d’informations foormations sur l’insuffisance l’insuffisance a cardiaque, cardiaque, flashez ce code. L’intelligence L ’’intelligence e médicale co connectée onnectée au p patient : www www.rochediagnostics.fr/immuno .ro ochedia agnostics.fr/immuno
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