Investissement Le Qatar s`offre une nouvelle image

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Investissement Le Qatar s`offre une nouvelle image
AVEC LE SOUTIEN DE LA BANQUE POPULAIRE
Economie internationale. Syndication FINANCIAL TIMES
Investissement
Le Qatar s’offre une nouvelle image
Par Ed Hammond à Londres, Camilla Hall à Abu Dhabi et Simeon Kerr à Dubai
Traduction Jamila Arif
P. 3
Les banques
espagnoles en
quête de fortifiants
fiscaux
Par Tobias Buck
à Madrid
P. 5
La crise au
Portugal fait
trembler les bourses
européennes
Par Peter Wise à
Lisbonne et Joshua
Chaffin à Bruxelles
P. 7
Les banques
centrales
s’engagent à
maintenir leurs
taux bas
Par Michael Steen à
Frankfurt et Chris Giles
à Londres
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Économie Internationale
Syndication Financial Times
INVESTISSEMENT
Le Qatar s’offre une no
Par Ed Hammond à Londres, Camilla Hall
xxxxx
L
e Qatar, richissime Etat gazier du
Golfe, est en passe de repenser la
politique d’investissement de ses
milliards de dollars de fonds publics dans le secteur de l’immobilier. Une démarche visant à introduire une rigueur commerciale à sa gloutonnerie en affaires et mettre
fin à sa réputation d’investisseur trophée.
Le petit émirat examine des dizaines de
transactions effectuées par des véhicules
financés par le gouvernement depuis 2007
dans le cadre du lancement d’une nouvelle
stratégie d’investissement, selon des sources
familières avec Qatar Investment Authority
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(QIA). Ce gestionnaire d’actifs qui pèse
plus de 100 milliards de dollars d’actifs,
sous les auspices duquel la plupart des
transactions immobilières sont traitées.
« Ils trouvent l’idée du trop-payé extrêmement désagréable », a déclaré un
ancien acteur impliqué dans des transactions immobilières pour le Qatar. «
Ils veulent changer cette réputation
de chasseurs de trophées. Ils veulent
seulement réaliser des opérations commerciales logiques ». Le Qatar est devenu au cours des six dernières années
un investisseur de premier plan dans
le marché immobilier mondial. Grâce à
ses vastes réserves de trésorerie, l’émirat
a profité de la dépression des marchés du
crédit pour construire un portefeuille immobilier englobant notamment des gratte-ciel,
des malls de luxe et des terrains destinés à
l’aménagement, de Cuba jusqu’au Caire.
Néanmoins, de hauts fonctionnaires
de l’Etat qatari ont récemment soulevé des inquiétudes quant à la sagesse économique de certaines acquisitions, notamment à Londres et à Paris.
Une partie du projet financé par l’Etat
à travers Qatari Diar ferait actuellement
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uvelle image
l’objet d’une surveillance spéciale.
Qatari Diar est le bras immobilier du QIA.
Ses opérations internationales dont notamment le projet bloqué de Chelsea Barracks
à Londres, sont, selon un ancien cadre dirigeant, « effectivement en mode arrêt ».
Cette refonte intervient dans le cadre
d’une révision interne de grande envergure au sein de la QIA et sa division
d’investissements directs, Qatar Holding. Elle coïncide avec une transition politique radicale. Selon des sources proches
du dossier, le fonds a désigné, l’année
dernière, PwC et McKinsey pour l’aider
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dans la réorganisation de sa structure interne.
Une gestion immobilière plus serrée est
susceptible de réduire la dépendance sur
les intermédiaires, harmonisant ainsi les
opérations internationales avec l’achat
de biens immobiliers au niveau national. Elle permettra également un basculement vers des joint-ventures avec
des investisseurs immobiliers établis.
Cependant, selon des personnes associées au
portefeuille immobilier, le changement du
paysage mondial de l’investissement peut entraver sa position de leader en tant qu’acheteur.
La concurrence accrue et la réticence du
Qatar à surpayer va restreindre sa capacité de conclure ses projets, a déclaré un
banquier d’investissement proche de la QIA.
La vaste révision du modèle de fonctionnement du Qatar, visant la professionnalisation du fonds vieux de huit ans,
a été entamée des mois avant l’abdication
de l’émir en faveur de son fils, et la restructuration de la gestion financière.
Le passage à une meilleure gouvernance
a été déclenché en partie par la prolifération des investisseurs souverains rivaux.
« Les temps du tir au poisson dans un
baril ne vont pas durer éternellement »,
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Les banques espagnoles en
Par Tobias Buck à Madrid
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es banques espagnoles font pression sur Madrid pour leur permettre de reclasser des milliards
d’euros en actifs d’impôts différés de manière à ce que leurs bilans apparaissent beaucoup plus forts selon les règles
de Bâle III.
Les prêteurs espagnols ont amassé environ 50 milliards d’euros en DTA (Impôts différés actifs), ce qui se produit
quand une banque essuie des pertes ou
prend des provisions qu’elle pourra compenser par la facture fiscale une fois
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la rentabilité est de retour. Ils veulent
que le gouvernement en convertisse au
moins une partie en crédits d’impôt, qui
pourra être prise en compte dans leur
base de capital selon les nouvelles règles.
Les banquiers et les officiels à Madrid
ont déclaré que la proposition était à
l’étude, mais ont suggéré que le gouvernement était largement favorable.
Un haut fonctionnaire a confirmé que
les deux parties étaient en plein milieu
de négociations, mais qu’il était trop tôt
pour donner des détails : « Nous étudions
la question. Rien n’a été encore décidé ».
Le soutien du gouvernement pour un
changement de DTA offrirait une aide indispensable aux banques espagnoles à un
moment de stress intense du secteur. La
question du DTA est particulièrement importante pour les banques espagnoles, qui
ont subi d’énormes dépréciations pour couvrir les prêts immobiliers irrécouvrables
après l’éclatement de la bulle immobilière.
Ce changement nous rappelle une réforme
que l’Italie avait introduite en 2011, qui a
permis à ses banques de convertir des DTA
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quête de fortifiants fiscaux
découlant de cotisations de retraite et
certaines provisions en crédits d’impôt.
« La solution Italienne - c’est là où
l’on se dirige », a déclaré une source
familière avec les négociations en cours.
Selon une étude menée par N+1, une
banque espagnole d’investissement,
les DTA représentent 83% de la valeur nette comptable de Bankia, contre 64% pour Banco de Sabadell et
40% chacune pour Santander et Banco
Popular. Quant aux BBVA et CaixaBank, le chiffre se situe entre 20-25%.
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En vertu de Bâle III, les DTA ne peuvent
plus être considérés comme faisant partie du capital tampon - un changement qui
permettrait de réduire davantage les ratios
de fonds propres des banques espagnoles affaiblies. Cela n’aurait pas été le cas si les DTA
avaient été convertis en crédits d’impôt, qui
sont considérés comme actifs de qualité supérieure parce que le gouvernement doit les
honorer même en cas de faillite de la banque.
Les analystes de Morgan Stanley estiment que le ratio de fonds propres
saturé de Santander en vertu de Bâle III
augmenterait de 6 milliards d’euros à 6,5 milliards en cas de la mise en œuvre des modifications proposées. En vertu de ce scénario,
« nous pensons que le marché serait moins
préoccupé par la nécessité d’une augmentation de capital », indique l’analyste.
On ne peut prévoir l’impact que ces
changements pourraient avoir sur le déficit
espagnol, à un moment où le gouvernement
se démène pour réduire ses dépenses et ramener le déficit en ligne avec l’objectif de
la Commission européenne qui est de 3%
du produit intérieur brut ❚
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La crise au Portugal fait trem b
Par Peter Wise à Lisbonne et Joshua Chaffin à Bruxelles
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a crise politique de plus en
plus intense au Portugal et
l’incapacité de la Grèce d’aller
de l’avant avec le plan de suppressions d’emplois dans le secteur public
ont propulsé les rendements obligataires
à la hausse, ravivant ainsi les inquiétudes
quant à la répartition des programmes de
sauvetage de la zone euro après des mois
de calme relatif au sein du bloc.
Les turbulences se sont fait sentir dans
la périphérie de la zone euro. Alors que
le marché italien des obligations était
relativement calme, le rendement des
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obligations à 10 ans en Espagne a augmenté de 14 points de base à 4,74%.
Quant à celui des obligations de la Grèce,
il a bondi de 34pb à 11,11%.
Les investisseurs ont également été
énervés par une autre épreuve de force qui
s’annonce entre la Grèce et ses créanciers
après que ses bailleurs de fonds internationaux avaient averti la semaine dernière
qu’ils allaient bloquer le remboursement
d’un prêt de 8,1 milliards d’euros à moins
que le gouvernement ne galvanise les
efforts pour réduire l’effectif pléthorique
du secteur public.
Avec un gouvernement chancelant, Pedro
Passos Coelho, le Premier ministre portugais, a promis de maintenir la cohésion
d’une coalition de centre-droit éclatée, et
d’éviter des élections anticipées.
« Je vais tout faire pour garder mon gouvernement en place », a-t-il promis lors d’une
visite à Berlin pour participer à un sommet
sur le chômage des jeunes en Europe. « Les
Portugais craignent plus une élection générale que la poursuite de notre programme
d’ajustement », a-t-il ajouté, se référant aux
réformes économiques attachées au plan de
sauvetage de 78 milliards d’euros.
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m bler les bourses européennes
Paulo Portas, ministre des Affaires étrangères
Au Portugal, le rendement des obligations de référence à 10 ans a grimpé
au-dessus de 8%, en hausse de 6,45%
affiché le mardi 3 juillet au soir - la
plus forte hausse en pourcentage depuis
le lancement de l’euro. Les obligations
portugaises ont récupéré plus tard une
partie de leurs pertes, mais ont tout de
même clôturé en fin de journée à 7,34%,
le pic de l’année. Le PSI 20, principal indice boursier de la bourse de Lisbonne, a
baissé de 5,3%.
Les turbulences à Lisbonne et Athènes
ont servi de rappel des limites politiques
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visant à soutenir les mesures d’austérité
que l’UE, le FMI et la Banque centrale
européenne ont exigées en échange des
plans de sauvetage.
A Bruxelles, José Manuel Barroso,
le président de la Commission européenne - et ancien Premier ministre
portugais - a rappelé à ses compatriotes
les sacrifices qu’ils avaient faits au
cours des deux dernières années, avertissant que la crédibilité financière qu’ils
avaient construite « pourrait être mise en
péril par l’instabilité politique actuelle».
La crise politique au Portugal a été
Vitor Gaspar, ministre des Finances
déclenchée par la démission, lundi
dernier, de Vitor Gaspar, le ministre des
Finances dont l’application zélée des
mesures d’austérité a été applaudie par
les prêteurs du pays, mais a aliéné bon
nombre de ses citoyens. Elle s’est intensifiée un jour plus tard, lorsque Paulo
Portas, ministre des Affaires étrangères
et chef du parti minoritaire de la coalition
du gouvernement, a démissionné suite
à la nomination d’un nouveau ministre
des Finances attaché à la politique de
M. Gaspar ❚
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Les banques centrales s’engage
Par Michael Steen à Frankfurt et Chris Giles à Londres
Jens Weidmann
Mark Carney
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Ben Bernanke
a Banque d’Angleterre et
la Banque centrale européenne maintiendront leurs
taux
exceptionnellement
bas pendant une période prolongée.
Une décision qui a fait dégringoler
les devises et renforcé les bourses.
Emboitant le pas à la Réserve fédérale américaine, Mario Draghi, président de la BCE, a balayé une politique de longue date de ne jamais
« s’engager à l’avance » sur l’évolution
des taux. Il a exclu toute augmentation pendant une période prolongée,
reflétant ainsi la nervosité quant aux
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Mario Draghi
perspectives économiques de l’Europe.
A Londres, Mark Carney, le nouveau gouverneur de la Banque
d’Angleterre, a introduit un élément
similaire d’« indication prospective »
dans une déclaration sur l’économie
en indiquant que les récentes attentes
du marché sur la hausse des taux
en 2015 « étaient injustifiées ».
L’euro a baissé de 0,8% par rapport au
dollar américain, mais le sterling a perdu 1,3% par rapport au dollar, la plus
grande perte depuis décembre 2011.
Le FTSE 100 a bondi de 3,1%, la
plus forte hausse en une journée
La Fed
depuis septembre 2011, tandis que
l’indice Eurofirst 300 a gagné 2,4%.
Les marchés obligataires européens se sont redressés également.
M. Draghi a déclaré que le calendrier
des deux annonces a été fortuit et a
nié que son institution avait été contrainte à une politique de communication plus accommodante par les récents
signaux envoyés par la Fed au sujet
du ralentissement de son programme
d’assouplissement quantitatif, ce qui a
suscité des turbulences sur le marché.
Mais, parlant de risques aux perspectives économiques de la zone euro, il a
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gent à maintenir leurs taux bas
La BoA
ajouté : « Le récent resserrement monétaire, les conditions des marchés financiers et les incertitudes qui y sont liées
peuvent avoir le potentiel d’affecter négativement les conditions économiques ».
David Lloyd, responsable de la gestion
de portefeuilles institutionnels chez
M&G Investments, a déclaré : « Les
récents mouvements du marché ont été
provoqués par les déclarations de la Fed
sur le QE. Et la BCE et la BoE ont clairement voulu attendre...mais quand elles
ont noté la récente hausse des rendements [d’obligations] elles ont réagi ».
« Le Conseil des gouverneurs s’attend à
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ce que les taux de la BCE restent à leur
niveau actuel ou plus bas pendant une
période de temps prolongée », a affirmé
Mario Draghi, soulignant que c’était la
première fois que l’institution monétaire s’attachait à une telle précision.
Bien que peu de gens s’attendent à
ce que la BCE augmente ses taux
d’intérêt bientôt, certains investisseurs ont salué la clarté du discours.
« Les taux d’intérêt ne vont pas
changer pendant un certain temps,
il est donc juste que M. Draghi
rassure le marché que nous n’allons
pas faire volte-face », a assuré
Stewart Cowley, directeur des titres à
revenu fixe à Old Mutual Global Investors.
Le chef de la BCE a également souligné qu’il y a eu une « discussion approfondie » sur une éventuelle baisse des taux et que la décision
d’offrir ses conseils « sans précédent »
à suivre avait été unanime, montrant
que même Jens Weidmann, président de la banque sévère Bundesbank, n’a pas contesté ce point de vue.
La banque a abaissé son taux directeur à
0,5% en mai. Son taux de dépôt est de 0% ❚
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