MOYEN-ORIENT La transition du Qatar booste les marchés
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MOYEN-ORIENT La transition du Qatar booste les marchés
AVEC LE SOUTIEN DE LA BANQUE POPULAIRE Economie internationale. Syndication FINANCIAL TIMES MOYEN-ORIENT La transition du Qatar booste les marchés Par Camilla Hall à Abu Dhabi Traduction Jamila Arif P. 3 Les PME anglaises plus compétitives que les allemandes Par Brian Groom et Sarah O’Connor P. 5 Le plongeon historique de l’or Par Emiko Terazono, Jack Farchy à Londres et Dan McCrum à New-York Une épreuve P. 7 de foi pour les investisseurs asiatiques Par Henny Sender Ftn°224.indd 1 03/07/13 22:34 1 Économie Internationale Syndication Financial Times MOYEN-ORIENT La transition du Qatar boo s Par Camilla Hall à Abu Dhabi Cheikh Tamim Cheikh Hamad bin Khalifa al-Thani L a Bourse du Qatar a clôturé en hausse de 1% suite à la transition du pouvoir mettant en place un jeune leader, ce qui a rassuré la communauté des investisseurs. La Bourse a ainsi affiché une hausse de 0,9% à la clôture le 26 juin, surpassant les autres marchés du Golfe, dont la plupart ont chuté, selon Zawya, le fournisseur régional de données. Le Dow Jones MENA Markets a fléchi de 0,3%. La semaine dernière, le Qatar a pris une rare initiative en annonçant une transition Ftn°224.indd 2 ordonnée du pouvoir de l’émir, Cheikh Hamad bin Khalifa al-Thani, à son fils, Cheikh Tamim. Bien que l’annonce soit sans précédent, elle n’était pas tout à fait inattendue. Les rumeurs qui avaient circulé pendant des semaines avant la décision, ont permis aux investisseurs de se préparer à l’annonce. «L’incertitude politique semble être un souci quasi permanent pour de nombreux investisseurs axés sur le MoyenOrient. Cependant, la famille royale qatarie semble avoir exécuté une transition de pouvoir presque parfaite, aidée par une diffusion progressive de la nouvelle au cours des dernières semaines», a déclaré Akber Khan, directeur de la gestion d’actifs à Al Rayan investment à Doha. Le 26 juin, le Qatar a également annoncé un remaniement ministériel. Il a remplacé le Premier ministre, Sheikh Hamad bin Jassim, qui a joué un rôle prépondérant dans la gestion des affaires financières de l’Etat du Golfe. La Bourse du Qatar affiche déjà une hausse de près de 11% cette année, 03/07/13 22:34 Économie Internationale Syndication Financial Times 2 ste les marchés comme les investisseurs internationaux tiennent à exploiter les grosses dépenses liées aux préparatifs de l’Etat du Golfe pour accueillir la Coupe du Monde en 2022. Alors que certains projets d’infrastructure ont accusé du retard dans leur exécution, certains grands contrats attribués au cours des dernières semaines dont notamment celui du métro de Doha, ont donné une nouvelle impulsion à la frénésie des constructions. «Avec le nouvel émir censé maintenir le statu quo, les investisseurs sont enthousiasmés par les centaines de milliards de dollars en Ftn°224.indd 3 matière de dépenses publiques au cours de la prochaine décennie», a déclaré M. Khan. Ce mois-ci, le Qatar fût l’un des deux pays du Golfe à être promu au statut de marché émergent par le célèbre indice boursier mondial MSCI. Cette décision inattendue dans le cas du Qatar, a suscité l’envol du marché à son plus haut niveau en cinq ans. Les investisseurs parient sur une augmentation des flux boursiers. « Il n’y a aucun signe de changement de stratégie économique suite au changement de chef d’état », a déclaré Nick Wilson, président du Fonds d’investissement du Qatar. « Les grands principes d’investissements massifs dans les infrastructures, une diversification indépendante du pétrole et du gaz, et le développement de Doha en tant que centre financier régional ont été mis en place depuis quelques années et commencent déjà à porter leurs fruits ». Les rendements des obligations souveraines 2022 du Qatar ont légèrement baissé suite aux nouvelles de la transition - soulignant une appréciation positive - alors que les marchés plus larges du Golfe ont ignoré l’évolution politique, disent les analystes ❚ 03/07/13 22:34 3 Économie Internationale Syndication Financial Times Les PME anglaises plus comp Par Brian Groom et Sarah O’Connor Mittelstand L es PME, souvent négligées en Grande-Bretagne, comblent le fossé en termes de chiffres d’affaires qui les sépare de leurs concurrentes allemandes dont notamment le Mittelstand, la communauté admirée des PME germaniques. Les petites et moyennes entreprises britanniques ont quasiment égalé leurs homologues allemandes en termes de chiffre d’affaires l’année dernière, selon une étude menée par GE Capital.. Pour l’année à venir, les PME britanniques dont le chiffre d’affaires est situé entre 15 Ftn°224.indd 4 millions et 800 millions de Livres sont encore plus optimistes que les PME allemandes, françaises et italiennes. Elles sont plus optimistes quant à leur capacité à accroitre leurs ventes sur les marchés émergents. Près de neuf sur 10 prévoient d’augmenter ou de maintenir leurs investissements. La Grande-Bretagne détient également une proportion plus élevée de ce que GE Capital appelle les «champions de la croissance», c’est-à-dire ces entreprises qui ont enregistré une croissance du chiffre d’affaires de plus de 10% au cours de l’année écoulée. Ces conclusions interviennent dans un contexte d’amélioration prudente de la confiance des entreprises au Royaume-Uni depuis le début de l’année, avec l’apparition de signes de reprise économique. «La PME britannique a plutôt une grande confiance en l’avenir, mais elle est toujours confrontée à de fortes turbulences du marché», a déclaré Stephen Roper, professeur d’économie de l’Entreprise à Warwick Business School et auteur du rapport. Des révisions radicales apportées aux données officielles, publiées la semaine dernière, 03/07/13 22:34 Économie Internationale Syndication Financial Times 4 étitives que les allemandes ont montré que l’économie a souffert plus que prévu lors de la crise financière. Elle a du chemin à faire pour retrouver son envergure d’avant la crise. Pourtant, la dite récession à «double creux» du Royaume-Uni a été neutralisée après l’annonce de l’Office for National Statistics signifiant que l’économie avait stagné plutôt que regressé au premier trimestre de 2012, éliminant le phénomène de deux trimestres consécutifs de contraction. Les statisticiens ont également confirmé le taux de croissance économique relativement fort de 0,3% au premier Ftn°224.indd 5 trimestre de cette année. Dans une large mesure, la différence entre les PME de Mittelstand et du Royaume-Uni reflète le ralentissement de l’économie allemande et la crise de la zone euro. Au cours de l’année précédente, les PME allemandes et françaises ont dépassé leurs homologues britanniques. Les chiffres donnent pourtant un nouvel espoir à un secteur autrefois qualifié par John Cridland, directeur général de CBI, de «l’armée oubliée» de l’économie britannique. Les décideurs politiques ont enfin commencé à se concentrer sur les PME, après des années de négligence. Selon les calculs de GE Capital, ces préoccupations concernent 1,67% des entreprises qui contribuent de plus du tiers à la production du secteur privé, des revenus et de l’emploi. Il existe encore un écart substantiel en termes de productivité avec le Mittelstand, qui représente plus de la moitié de la production économique allemande. Toutefois, Prof Roper a déclaré que le mid-market britannique pourrait combler l’écart si les perspectives de croissance se stabilisaient ❚ 03/07/13 22:34 5 Économie Internationale Syndication Financial Times Le plongeon historique de l Par Emiko Terazono, Jack Farchy à Londres et Dan McCrum à New York xxx L ’or a chuté à son niveau le plus bas depuis pratiquement trois ans, marquant ainsi sa plus forte baisse trimestrielle depuis l’effondrement du système de changes de Bretton Woods en 1971, qui a rattaché le Dollar au métal. Les banquiers ont indiqué avoir constaté que les particuliers fortunés et les gestionnaires d’actifs ont écoulé leurs avoirs en or depuis l’annonce par Ben Bernanke, le président de la Fed, la semaine dernière, d’un possible calendrier de retrait des mesures Ftn°224.indd 6 de soutien à l’économie américaine. «Le mot d’ordre du moment est capitulation», a déclaré Tom Kendall, analyste- Métaux précieux chez Credit Suisse, ajoutant que la vente de la semaine dernière avait été engendrée par les investisseurs à long terme. «Ce sont eux supposés tenir contre vents et marées et ils ne le font pas». Le prix de l’or sur le marché au comptant a glissé de 4,2%, le 26 juin, aggravant la récente baisse qui a atteint 1,223.54 $ l’once. Depuis début avril, le métal précieux a chuté de 23%. La dégringolade de l’or a surpris de nombreux investisseurs qui ont placé leur argent dans le métal jaune au cours des dernières années pour se prémunir contre la menace de l’inflation et d’une dévaluation des monnaies déclenchées par l’assouplissement quantitatif. Les prix ont été multipliés par 7, atteignant un niveau record en 2011, soit 1.920 dollars l’once. UBS, traditionnellement l’une des banques les plus optimistes sur les métaux précieux, 03/07/13 22:34 Économie Internationale Syndication Financial Times 6 l’or a réduit ses prévisions quant aux prix de l’or dans un délai d’un an de 1750 à 1050 $ l’once et a déconseillé à ses clients particuliers fortunés d’acheter ou de stocker le métal. «La demande d’investissement risque de maintenir un rythme beaucoup plus faible pour une plus longue période puisque les investisseurs éprouvent moins le besoin de se prémunir contre le QE», a déclaré Dominic Schnider, directeur Commodity research, département de la gestion du patrimoine à la Swiss bank. Ftn°224.indd 7 Les fonds négociés en bourse, un véhicule d’investissement populaire, ont vendu plus de 500 tonnes d’or, soit un cinquième de la totalité de leurs avoirs, depuis le début de l’année, selon David Wilson, directeur stratégie & recherchemétaux au sein de Citigroup à Londres. Certains traders estiment que les prix de l’or vont rester sous pression au cours des prochains mois alors que les investisseurs continuent de vendre.Bien que les acheteurs chinois et indiens se soient précipités pour acheter les pièces de monnaie et les bijoux en or suite à la plongée des prix en avril, ils ont été moins enthousiastes au cours du repli actuel. «La demande asiatique ne s’est pas manifestée cette fois-ci», a déclaré James Steel, analyste chez HSBC à New York. Le gouvernement indien a exigé des banques d’octroyer des prêts garantis par l’or afin de freiner les importations du métal, alors que la crise de liquidité dans les banques chinoises, le ralentissement de l’économie ainsi que la volatilité des marchés, ont réduit la demande à Hong Kong et en Chine ❚ 03/07/13 22:34 7 Économie Internationale Syndication Financial Times Une épreuve de foi pour les i Par Henny Sender L es maisons de courtage travaillent à temps plein pour imprimer des graphiques démontrant que les marchés émergents asiatiques sont en bien meilleure forme pour résister à la fin des politiques de l’argent facile de la Fed qu’en 1997. C’était l’année où la crise financière asiatique a été officiellement inaugurée par la dévaluation du baht thaïlandais le 2 Juillet. La meilleure forme démontre que les pays à problème lors des 16 dernières années sont aujourd’hui dotés de réserves de change deux fois plus importantes que leur dette à court terme. Grace aux grandes réserves de liquidités, en prévision des temps difficiles, des pays comme l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, la Corée du Sud, Thaïlande (et peutêtre même l’Inde) sont moins vulnérables, du moins en apparence. Mais cette région est-elle vraiment fortunée ? Les signes de détresse commencent déjà à poindre à la suite d’une combinaison Ftn°224.indd 8 du resserrement anticipé de la Réserve fédérale et du ralentissement de la croissance chinoise. Les marchés boursiers, de change et de la dette de la région sont en baisse, suscitant un resserrement des conditions financières dans leur sillage. Le déclin de ces marchés augmentera le coût du capital pour les ménages, les entreprises et les gouvernements et mettra les investisseurs à l’épreuve au cours des dernières années. A la DBS, une banque basée à Singapour qui continue de s’étendre en tant que prêteur asiatique régional, les gestionnaires de risques recourent aux stress tests de leurs portefeuilles de prêts pour voir comment leurs emprunteurs résistent à ces conditions difficiles, en admettant au moins 10% de baisse en monnaies locales. Certains analystes pensent que c’est trop optimiste. Stephen Jen de SLJ Macro assume au moins 15% de baisse dans de nombreuses monnaies locales devant les flux de capitaux vers les marchés émergents dans l’ordre inverse. Le ralentissement de la croissance chinoise peut être une bonne chose pour la Chine elle-même, mais pour ses voisins dont les économies ont bénéficié de la demande chinoise, en particulier pour les produits de base, cela va s’avérer dommageable. Parmi les secteurs les plus touchés, celui des mines dont notamment les compagnies de charbon et de fer en Australie et en Indonésie. «Tout le monde veut avoir une mine», explique le patron de l’une des grandes firmes internationales de capital-investissement en Asie. «C’est comme le Grand Bond en Avant en Chine; Une mine dans chaque cour». Cependant, ce désir est né lorsque la Chine a connu une croissance de 10% par an. Le pays ne va probablement jamais croître de nouveau à ce rythme. Les premiers signes de détresse se sont déjà manifestés en Australie, où la chute de la monnaie a été particulièrement dramatique. Farallon, l’un des grands bénéficiaires de la dernière crise financière, est déjà intervenu pour assurer un financement 03/07/13 22:34 Économie Internationale Syndication Financial Times 8 investisseurs asiatiques de sauvetage en faveur de Whitehaven, une compagnie minière locale. Des officiels en Australie parlent courageusement d’une économie plus équilibrée, où le secteur manufacturier bénéficiera d’une économie affaiblie, mais il ne compte que 16 millions et sa main d’oeuvre est coûteuse. Entretemps, de nombreux hedge funds ont des positions courtes en Australie, soit comme produit de couverture parce qu’ils sont optimistes quant à la Chine, soit parce qu’ils sont pessimistes envers la Chine et considèrent l’Australie comme victime de l’assombrissement des perspectives dans le continent. « C’est une assurance contre le risque de crise en Chine », indique le gestionnaire d’un hedge fund à Singapour. En effet, l’Australie a réduit sa dépendance aux capitaux étrangers, mais pas assez pour les conditions actuelles. Ce qui est vrai pour l’Australie l’est aussi pour d’autres pays dont notamment l’Indonésie. Ftn°224.indd 9 Ce serait formidable de penser que la région a tiré une leçon du traumatisme de 1997. La Corée du Sud, par exemple, a un excédent important du compte de capital et a augmenté ses réserves de change. Pourtant, les étrangers ont retiré de l’argent du marché boursier et du Trésor coréen. Est-ce parce qu’ils sont nerveux au sujet de la Corée du Sud, qui sera durement touchée à la fois par l’effort japonais de faire baisser le yen face au won et par le ralentissement économique en Chine, le premier marché de la Corée du Sud? Ou est-ce parce que la Corée du Sud est un marché beaucoup plus liquide que ceux de l’Asie du Sudest de sorte que lorsque les étrangers souhaitent réduire leur exposition à l’Asie, le marché sud-coréen est le plus facile à abandonner ? Et à quel point la question de la raison importe-t-elle, étant donné que les effets négatifs sont les mêmes de toute façon? L’une des raisons d’avoir confiance que cette fois, la situation est différente et meilleure pour l’Asie est la conviction que la région a moins d’emprunts en dollars. Mais cette conviction n’est peut être pas justifiée. Ces derniers mois, peu de gens s’attendaient à ce que la Fed songe publiquement à la réduction de sa prestation d’argent facile pour les marchés, et une minorité espèrent toujours voir la force du dollar. Certains groupes, notamment les entreprises privées, dans des pays comme l’Indonésie et l’Inde ont commencé à emprunter en dollars pour économiser sur les intérêts, sans se soucier de couvrir ces expositions au dollar, expliquent certains banquiers et investisseurs. C’est, bien sûr, ce qui a valu des ennuis à tant d’entreprises la dernière fois. Cela donne à penser que le pire est encore à venir. Le problème avec l’effet de levier caché, c’est qu’il ne reste pas caché pour toujours ❚ 03/07/13 22:34