Il est toujours temps d`aimer - Istituto Figlie di Maria Ausiliatrice

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Il est toujours temps d`aimer - Istituto Figlie di Maria Ausiliatrice
Année LVI – Mensuel
no 1-2 Janvier-Février 2009
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
Il est toujours temps d’aimer
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
4
Éditorial : DMA 2009
------------de Giuseppina Teruggi
Revue des Filles de Marie Auxiliatrice
Revue des Filles de Marie Auxiliatrice
Via Ateneo Salesiino, 81
00139 Ronii RM
(tél:06/87.274.1 – Fax 06/87.1.23.06
e-mail [email protected]
www.cgfmanet.org
5
Directrice Responsable
Mariagrazia Curti
Rédacteurs
Giuseppina Teruggi
Anna Rita Cristiano
Collaboratrices
Tonny Aldana * Julia Arciniegas – Mara Borsi Piera Cavaglià - Maria Antonia Chinello Emilia Di Massimo - Dora Eylenstein Laura Gaeta - Bruna Grassini Maria Pia Giudici –Palma Lionetti Anna Mariani–Maria Helena –
Concepcíon Muñoz Adriana Nepi Louise Passero -Maria Perentaler –
Loli Ruiz Perez –Rossella Raspanti Lucia M; Roces - Maria Rossi -
C’est toujours le moment d’aimer
------------13
Traductrices
France : Anne-Marie Baud
Japon : ispettoria giapponese
Grande Bretagne : Louise Passero
Pologne : Janina Stankiewicz
Portugal : Maria Aparecida Nunes
Espagne :Amparo Contreras Alvarez
Allemagne:Provinces Autrichienne et Allemande
EDITION EXTRACOMMERCIALE
Istituto Internazionale Maria Ausiliatrice –
00139 Roma,Via Ateneo Salesiano, 81 –
C.C.P.47272000
Reg. Trib. Di Roma n° 13125 del 16-1-1970
Sped. abb. post –art. 2, comma 20/c, Legge
662/96 – Filiale di Roma
N° 1/2 Janvier-Février 2009
Tipographia Istituto Salésiano Pio XI
Via Umbertide 11,00181 Roma
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Les femmes et la parole :
A l’école de sa mère
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Vie consacrée : Evangélisation
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Oecuménisme: Un chemin d ‘unité
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ANNEE LVI
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Fil d’Ariane : Est-ce encore possible ?
MENSUEL / JANVIER-FEVRIER 2009
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Jeunes.com :
Génération Y
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Coopération et développement :
Sites : Recension des sites web
Petites actions contre la pauvreté
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Pastorale :
Vidéo : Gomorra
Lire entre les lignes
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42
Polis :
Livre :
La peur
dans le monde
L’élégance du Hérisson
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Camille : A propos
du Chapitre Général
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
éditorial
DMA 2009
Giuseppina Teruggi
Cette année, l’évènement captitulaire, défini
comme “une expérience du Cénacle”, orientera
les chemins individuels et communautaires. Les
orientations et les perspectives d’avenir ont été
remises à chaque FMA. La revue DMA se place
sur la même longueur d’onde. Elle continuera à
accompagner les FMA, les laïcs et les jeunes
qui veulent s’impliquer dans le processus
d’assimilation et d’actualisation des textes provenant du CG XXII. Les capitulaires, elles-mêmes
ont offert des propositions intéressantes pour
rendre notre Revue toujours plus fidèle à sa
nature de canal formateur. Assurément la
Rédaction, une nouvelle fois, en tiendra compte
et les exploitera en priorité.
Nous approfondirons donc certains aspects du
thème du Chapitre avec le Dossier. Tandis que
nous arrêterons les rubriques : La lampe,
l’Evangile de la vie, photo-click, d’autres se
poursuivront et il y en aura de nouvelles. L’écho
du Synode des évêques, célébré en octobre
dernier sur : “La parole de Dieu dans notre vie
et dans la mission de l’Eglise” trouvera son
expression dans l’article “les femmes de la
Parole”, avec la présentation de figures de
femmes de la Bible. L’attention à notre identité
de consacrées aura un espace dans la rubrique
“Vie consacrée” en lien avec les évènements
du monde. Thèmes traités : l’évangélisation
aujourd’hui, la confrontation culturelle, le
service d’autorité/du pouvoir, la formation, la
justice sociale.
La réalité de l’Oecuménisme sera évoquée à la
lumière de l’année paulinienne et elle s’arrêtera
sur le compte-rendu des évènements oecuméniques
et sur la présentation de l’Eglise d’Orient.
Un approfondissement du document “Lignes
d’orientation de la mission éducative des
FMA” se fera dans la rubrique Pastoralement,
pour une lecture critique du phénomène
“jeune” avec l’intention de sortir du déjà dit ou
du déjà connu. Nous voulons regarder avec
sympathie la réalité du monde des jeunes,
pour en recueillir les défis et les opportunités.
Au cours du Chapitre, il a souvent été question
du texte : “Coopération au développement”.
Pour aider à le connaître, nous avons conservé
la rubrique “Coopération et développement”
avec également la présentation de quelques
projets de micro-crédit et de micro-économie.
Dans l’article Polis, nous prendrons note de
quelques évènements et de faits survenus
pour en analyser les singularités, laissant de
l’espace pour l’explication de quelques
termes. Dans Giovani.com, cette année
encore, nous présenterons des thématiques
inhérentes au monde des jeunes et des
nouvelles technologies.
Les rubriques Fil d’Ariane, sites web,
continueront avec la présentation d’autres
sites web intéressants ; nous retrouverons
aussi les présentations et analyses de
nouveaux films et livres, et bien sûr Camille.
Enfin, dans le dossier central (Inserto) de
chaque numéro, nous présenterons une
histoire tirée du livre “Le monde parfait”, où
sont réunies les réflexions de fillettes qui
regardent le monde et le décrivent à partir de
leur propre point de vue.
Bonne année, donc, en compagnie de la
revue DMA ! [email protected]
n
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C’est toujours
le temps d’aimer
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
C’est toujours le temps d’aimer
Aux bons soins de Mara Borsi - Anna Rita Cristaino
Le Chapitre général XXII s’est terminé il y a
quelques mois et les capitulaires retournées
dans leurs Inspections respectives
vont faire part de cette expérience
riche de rencontres avec des personnes
témoins de l’amour prévenant de Dieu.
Maintenant chaque FMA est appelée à vivre
le charisme dans l’aujourd’hui de Dieu,
avec les jeunes et les laïques.
Un Chapitre général est un événement qui
marque toujours l’histoire d’une famille
religieuse. Evénement qui permet à celle qui
l’a vécu directement ou à celle qui l’a suivi
grâce à Internet, de prendre à nouveau
conscience que le «charisme salésien a en
lui une force de communication et de contagion pouvant pénétrer de manière efficace
dans les lieux de pauvreté, dans les différents
contextes religieux et culturels ; il est un chemin
ouvert au dialogue et à la confrontation
interculturelle et interreligieuse», comme l’a
rappelé Mère générale aux capitulaires, dans
son intervention clôturant le chapitre.
L’appel de Dieu à être signe d’amour nous
rejoint ici et maintenant, dans l’aujourd’hui de
notre histoire. En fait, c’est maintenant le
moment favorable pour raviver le feu de la
fidélité.
Jean Bosco a appris l’art d’éduquer en allant
à l’école de Marie, la femme qui ouvre la
route qui conduit au Christ. La maîtresse de
sagesse, qui a accompagné et aidé la Famille
salésienne à être, dans le cours de l’histoire,
un signe d’amour pour les jeunes.
En expliquant sa méthode éducative, don Bosco
affirme que la pratique du système préventif
s’enracine dans les paroles de Saint Paul :
«La charité est bienveillante et patiente; elle
souffre tout, mais elle espère tout et supporte
n’importe quel désagrément (1 Cor 13, 4-7).
Alors, le chrétien, pétri de ces paroles, peut
avec succès appliquer le système préventif».
Mère générale nous invite à renouveler notre
choix de suivre le Christ, en suivant la manière
indiquée par don Bosco et Marie Dominique
Mazzarello. «“Da mihi animas ; A toi, je les
confie”, a-t-elle affirmé - sont pour nous
paroles-sacrement, paroles exigeantes de
passion pour Dieu qui éprouve une grande
compassion envers les jeunes. Cette parole
de vie est notre identité, notre témoignage, la
lumière que nous voulons faire resplendir au
sein de la communauté éducative».
Dans la lettre de Rome de mai 1884, don
Bosco met en évidence le manque de crédibilité
d’une communauté engagée à aimer, mais
incapable de manifester cet amour avec des
gestes compréhensibles et lisibles par les
jeunes, et qui arrive difficilement à conjuguer
la gestion de l’oeuvre avec le charisme.
Aujourd’hui, le plus grand défi que nous
avons à relever ensemble, FMA et laïcs,
coresponsables de la mission éducative, est
celui de faire comprendre aux jeunes que
Dieu les aime.
Le quotidien avec sa richesse et sa pauvreté,
est l’espace dans lequel on peut lire les
signes de l’amour et devenir à notre tour
expression de cet amour. La spiritualité salésienne que nous vivons et voulons promouvoir
renforce notre conscience d’être immergée
dans une réalité sociale, mondiale aux nombreuses contradictions, mais habitée par le
Dieu d’ Amour.
Il est toujours le temps d’aimer, de prendre en
compte l’urgence et la créativité missionnaire
pour annoncer Jésus Ressuscité jusqu’aux
extrémités du monde..
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ANNEE LVI MENSUEL / JANVIER-FEVRIER 2009
Interview
A soeur Piera
Ruffinatto,
professeur à la Faculté Pontificale
des Sciences de l’Education
Auxilium et membre
de la commission de rédaction
du document capitulaire :
Quel est le fil conducteur de la
réflexion capitulaire?
Le document nous donne une synthèse du travail
des capitulaires qui présente différents niveaux de
lecture. On peut y repérer un ensemble de
caractéristiques, reflet de la complexité culturelle
dans laquelle nous sommes immergées, mais aussi
la variété de notre Institut, présent dans les
cinq continents et interpellé par de nombreux
défis aussi bien externes qu’internes.
En utilisant une autre
métaphore, on peut affirmer
que les discussions capitulaires ont fait résonner le
son de différentes notes
qui petit à petit ont trouvé
ordre et harmonie, une sorte
de “phraséologie”, c’est à
dire un thème central dans
lequel aujourd’hui, est synthétisé le “message” des
FMA, pour les jeunes :
message que nous ne voulons pas donner à la carte, mais à la vie en
tant que profondément lié à notre “être”, ici
et maintenant, comme réponse de salut et
d’amour pour eux et pour la communauté
éducative avec laquelle nous partageons les
joies et les difficultés de la mission éducative.
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
Les différentes parties du document capitulaire
exprime un double mouvement : d’une part,
”nous accueillons avec gratitude et responsabilité,
le don de la vocation salésienne comme appel
du Père à être signe et expression de son
amour prévenant au milieu des jeunes ;
d’autres part, comme dans un grand Cénacle,
nous nous mettons dans une attitude docile à
l’Esprit Saint et nous nous laissons guider par
Marie, la mère de Jésus. Elle nous apprend à
regarder notre situation personnelle, celle de notre
communauté et celle des jeunes, avec la foi qui
pacifie le coeur et renforce notre confiance en
la présence de Dieu qui conduit l’histoire. Avec
de tels yeux limpides et confiants, nous pouvons
regarder au-delà des apparences, pour
recueillir les signes de l’amour de Dieu,
parsemés dans notre monde “dramatique et
merveilleux”; enfin, l’Esprit Saint, feu d’amour
nous éclaire sur les chemins que nous devons
prendre avec courage et audace pour vivre une
réelle et profonde conversion à l’Amour de Dieu,
source et accomplissement de tout amour.
Quel élément peut aider la communauté
éducative à changer et à améliorer la vie et
l’action éducative ?
Durant le Chapitre une conviction forte nous a
rassemblées : un des signes le plus important
qui rend visible l’amour de Dieu est la communauté.
L’amour, en fait, s’actualise et est présent à
travers les relations interpersonnelles. Le
témoignage d’une communauté qui aime et où
l’on s’aime est donc la condition la plus crédible
et efficace de l’amour éducatif.
Face à une culture toujours plus individualiste
et à une société caractérisée par la “diminution”
des liens communautaires, il s’agit de croire à
nouveau que la communauté est le lieu où il est
possible de créer des liens forts et stables.
C’est un lieu où on s’éduque à l’écoute, au
respect, où on s’estime et on s’accueille avec
nos richesses et nos différences ; une communauté qui partage un projet de vie fascinant et
crédible, qui possède un profond sens ecclésial
et qui est insérée dans un territoire avec une
identité claire ; elle revoit de manière critique
les grands défis de l’actualité et à partir d’eux
engage un dialogue fécond. Pour la communauté, les chemins de conversion commencent là et se situent dans une étroite continuité
avec les lignes d’orientation pour la Mission
Educative : si ensemble nous avons le courage
de nous convertir à l’amour, les communautés
éducatives deviendront de vrais laboratoires
dans lesquels, chacun à partir de son identité
propre, sa mission et son poste, vit et travaille
en faveur de la construction d’un nouvel
humanisme qui encourage la culture de la vie.
Quelle place occupent les jeunes dans le
document capitulaire ?
Les jeunes sont le coeur, non seulement du
document, mais de tout l’événement
capitulaire et ceci parce qu’ils sont le centre
de notre vie, le motif de notre existence
comme Filles de Marie Auxiliatrice. Les
jeunes sont ceux vers qui nous sommes
envoyées pour leur annoncer le message de
l’amour de Dieu. Une telle centralité est bien
justifiée dans le document à partir de
différents points de vue. Avant tout, ils sont
nos premiers interlocuteurs. Sur le fond des
défis nombreux et graves qui nous interpellent,
comme personne et comme Institut, il y a en
premier lieu le monde des jeunes avec ses
nouveaux langages. Nous sommes appelées
à entrer dans cet univers avec l’amour et la
passion éducative de nos Fondateurs. En fait,
sans la syntonie profonde avec le “aimer ce
qu’aiment” les jeunes d’aujourd’hui, l’étincelle
de l’amitié et de la confidence ne pourra pas
s’allumer ; c’est la condition sine qua non qui
nous permet d’entrer dans leur monde, mais
plus encore dans leur coeur pour leur
annoncer la bonne nouvelle de l’amour et du
bonheur qui vient de Dieu. Deuxièmement,
les jeunes sont aussi pour nous une “mission”
précieuse : l’amour de prédilection envers
eux, est un don que nous avons reçu avec
notre vocation et que nous voulons cultiver et
faire grandir.
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dma damihianimas
ANNEE LVI
Ce qui nous permet de considérer le monde des
jeunes comme le “champ” que Dieu lui-même
nous confie parce que nous, comme de sages
paysannes, nous savons le cultiver au bon
moment et le faire fructifier.
Enfin, en tant que “coeur et centre” de la communauté éducative, les jeunes, eux-mêmes sont les
acteurs de leur vie et les artisans de leur
croissance. Alors, ce qui nous est demandé c’est
de croire au “point accessible au bien” présent en
eux, de le découvrir et de le faire venir à la
lumière pour qu’il se développe pleinement.
Interview
A soeur Maria Maul
de la province autrichienne de
nous raconter l’expérience
vécue dans le groupe de
rédaction du document
capitulaire :
Comme membre de la
commission de rédaction du
document final, peux-tu nous
dire quelles difficultés vous avez rencontrées
pour rédiger ce document capitulaire ?
Quand le 5 août 2008, il m’a été demandé de
faire partie de la commission de rédaction du
document final, je ne savais pas encore ce que
concrètement cela allait représenter comme
engagement. J’ai dit oui –quelle autre réponse
aurais-je pu donner justement en cette journée ?
Cependant, j’ai dit que je n’avais ni l’expérience
du Chapitre Général ni l’expérience de l’élaboration
d’un texte avec une équipe internationale.
Maintenant, j’ai fait cette expérience et je peux
dire que travailler avec les autres soeurs de la
commission, partager avec elles la responsabilité,
MENSUEL / JANVIER-FEVRIER 2009
l’espérance, les joies et les difficultés de
l’élaboration de ce document final a été une
expérience enthousiasmante. Certes, les difficultés n’ont pas manqué. La première était due
à l’abondance du matériel à élaborer, provenant
des différentes commissions et des discussions
en assemblée sur le thème du Chapitre. Dans
une grande assemblée de 193 personnes, ce
n’est pas évident d’arriver facilement à des
formulations concrètes et précises ; nous avons
donc dû revoir, ordonner, synthétiser les riches
réflexions , qui se sont faites autour du document de travail proposé aux capitulaires. Une
seconde difficulté a été la communication entre
nous, rendue parfois difficile à cause de la
diversité des cultures, des mentalités, des
langues et lieux de vie. Nous avons passé
beaucoup de temps à préciser, clarifier des
mots, des concepts, des modes de compréhension, d’expressions et de
contenus différents.
Une autre difficulté a été de
trouver la bonne formulation
pour présenter clairement les
contenus que nous voulions
transmettre à toutes les soeurs
du monde. Nous désirions arriver à une présentation attrayante,
qui puisse refléter la beauté du
thème du Chapitre “Appelées à
être, aujourd’hui, signes de
l’amour prévenant de Dieu”, exprimer déjà la
beauté du contenu par une belle formulation
extérieure.
Je me souviens d’un moment difficile vécu au
cours de la journée où nous devions entendre
les différentes réactions de l’assemblée
capitulaire après la lecture de la première
ébauche du document. Nous l’avions écrit
rapidement à cause du peu de temps disponible, nous étions aussi un peu fatiguées et
nous avions encore à faire des rectifications
dans la mise en page et dans les contenus.
Enfin, la réalité la plus difficile à accepter dans
ce type de travail, a été peut-être celle de
devoir reconnaître qu’il n’est pas possible de
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
Un Cénacle ouvert
L’icône de conclusion du Chapitre est un Cénacle ouvert, où tous, fma, communauté éducative et
jeunes, sont invités à se sentir comme les parties actives d’un ensemble éducatif, à faire l’expérience
de l’amour, à en témoigner.
Nous vivons dans un monde toujours plus riche en découvertes scientifiques et technologiques, mais
en regardant nos sociétés, nous nous rendons compte combien elles sont privées de la sagesse de
l’amour. Et dans ce domaine, nous nous sentons interpellées surtout par les jeunes. Eux qui
s’interrogent sur le sens de la vie, qui sentent le besoin de se réaliser comme personne, qui
cherchent à vivre des relations profondes, qui vivent de manière radicale l’expérience du présent, ils
nous demandent de témoigner d’un amour qui peut donner le bonheur et le sens profond de la vie de
chaque jour.
Le Cénacle, lieu où le Pain et la Parole ont été partagés, est aussi le lieu où les premiers disciples et
Marie, ont expérimenté l’Amour de Dieu qui s’est fait signe visible dans le don de son Fils unique.
Mais le Cénacle nous pousse à un exode, nous invite à sortir de soi. Qui fait l’expérience de l’amour
ne peut le retenir ni taire cet amour reçu.
Et pour cela l’Institut est appelé à servir la vie là où elle est la plus menacée et privée d’horizon
significatif, à manifester concrètement l’amour du Père, à travers le témoignage de chaque
communauté locale. Manifester l’amour comme communauté éducative, présente au milieu des
jeunes. «Présence qui connaît – affirme Mère générale dans son discours de clôture – aime,
partage, accompagne, témoigne de la beauté et de la joie de la vie quand on fait confiance au
Seigneur, on répond à ses appels, à ses projets.»
En contemplant encore l’Icône du Cénacle, nous avons la sensation qu’elle nous suggère différentes
attitudes comme l’attente priante, l’élan missionnaire, le dialogue fréquent avec l’ Esprit Saint, la vie
partagée avec Marie, la mère de Jésus, la fraternité, l’amitié, le désir de communiquer à tous la
bonne nouvelle de la résurrection du Christ.
«L’engagement à centrer notre vie sur l’Amour et dans l’amour – affirme l’introduction du Document
capitulaire – est le chemin qui donnera continuité et profondeur à la mission de nos communautés
éducatives.»
Afin d’exprimer cet amour, l’accompagnement a été choisi comme expérience de communion et de
style de vie. Les Points essentiels, au départ des chemins sont la centralité du Christ, l’Esprit du Da
mihi animas e cetera tolle dans un engagement renouvelé pour être signes et expression de l’amour
prévenant de Dieu au milieu des jeunes, et pour témoigner de cet amour prévenant en communauté
éducative.
contenter tout le monde en totalité. Le désir de
tenir compte de toutes les sensibilités a
toujours été fortement présent dans notre
commission, mais ce n’était pas toujours
possible. C’est pour quoi le texte final est dans
un certain sens, quelque chose d’imparfait,
mais qui à la fin, a quand même été accepté
par toutes.
De cette expérience, quel est le moment qui
t’a donné le plus de joie ?
J’ai eu beaucoup de joie à entendre les
applaudissements qui de temps en temps
retentissaient dans la salle, surtout ceux qui
accueillirent l’approbation du document final.
J’ai été vraiment contente que, toutes
ensemble, nous ayons réussi à nous entendre
sur tout ce que nous avions partagé au cours
du Chapitre et que nous voulions continuer à
partager avec nos sœurs du monde entier.
Cependant, ce qui m’a donné le plus de joie a
été la rencontre avec les soeurs et l’expérience
du chemin parcouru ensemble.
Avant tout, je me suis réjouie d’avoir vécu une
belle expérience internationale au sein de notre
commission. Ecouter les soeurs d’autres pays
et continents, les entendre parler de leurs lieux
de vie, m’a vraiment beaucoup enrichie, en me
faisant mieux comprendre les situations et les
sensibilités différentes. Nonobstant la patience
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ANNEE LVI
qui était nécessaire pour bien se comprendre, j’ai
apprécié la richesse de l’internationalité, des
diversités de notre Institut, grâce auxquelles nous
avons pu faire une expérience vraiment unique.
Cela a été aussi très beau d’écouter les paroles
d’encouragement de nombreuses soeurs, surtout
dans les moments les plus difficiles de notre travail
et d’expérimenter l’aide efficace de plusieurs sœurs
qui, dans la deuxième phase de la rédaction, se
sont jointes à notre commission. Cependant, pour
moi, la plus grande joie a été de sentir que nous
nous aimions bien et que cette bienveillance a
grandi justement dans les moments les plus
difficiles. J’ai expérimenté que travailler et peiner
ensemble était la source d’une grande amitié entre
nous. En conclusion : Je pense que la rédaction du
document est un peu comparable à la naissance
d’un enfant. La difficulté de l’écriture sera rapidement oublié, mais la joie d’avoir pu contribuer à la
naissance d’un texte, qui est le fruit de la
collaboration de toutes, dans un climat vraiment
d’“amour prévenant”, restera à tout jamais.
Que voudrais-tu dire aux FMA qui lirons le
document ?
Je souhaite à toutes mes sœurs du monde entier,
la même émotion que j’éprouverai quand j’aurai en
main les Actes du CG XXII. Je les accueillerai avec
beaucoup de reconnaissance, parce que je me
souviendrai du chemin fait ensemble au cours de
sa rédaction, avec toujours comme objectif les
soeurs des communautés, pour que ce texte avec
sa clarté, sa logique et sa beauté soit facile à
comprendre et suscite le désir de le mettre en
pratique, c'est-à-dire de se convertir à l’amour de
Dieu, qui est infini et toujours nouveau.
Je souhaite aussi que toutes les sœurs puissent
accueillir ce document final comme un document,
fruit de l’amour mutuel mais aussi rédigé avec
amour.
Est-ce qu’il y a autre chose que tu voudrais
souligner ou dire ?
A la fin du travail, dans la commission de rédaction
du document final, mon unique sentiment était un
MENSUEL / JANVIER-FEVRIER 2009
sentiment de reconnaissance pour avoir pu
vivre cette expérience. Avoir travaillé à la
rédaction d’un texte si significatif pour nous
toutes, m’a permis avant tout d’apprécier,
d’estimer et d’aimer beaucoup plus les
documents de notre Institut (comme par
exemple, les trois derniers : Le projet de
formation, les lignes d’orientation de la
mission éducative, la coopération au développement), parce que je peux imaginer un peu
plus réellement, le travail, la patience et le
dialogue qui est nécessaire au niveau
mondial, avant de pouvoir arriver à une publication qui touche d’aussi près à la vie.
J’ai une grande reconnaissance envers les
soeurs qui ont investi beaucoup d’énergie, de
créativité et d’amour pour mettre au point ces
documents. Mais j’ai surtout compris quelque
chose de très important pour ma vie. Jusqu’à
présent, j’ai écrit de nombreux textes toujours
toute seule. Et pour la première fois, je devais
rédiger un texte avec d’autres soeurs,
provenant de toutes les parties du monde, un
texte, qui ne devait pas seulement refléter
mes idées, mais qui devait tenir compte des
réflexions et souhaits de toutes les capitulaires. J’ai compris que quand on voulait que
quelque chose devienne vie pour toutes les
soeurs et communautés du monde, il était
nécessaire de trouver un langage qui sache
accueillir la contribution de toutes.
Je me souviens de ce beau proverbe africain,
qui est revenu plusieurs fois au cours de
notre Chapitre : «Si tu veux arriver le premier,
cours seul. Mais si tu veux arriver le plus loin,
marche avec d’autres.» L’expérience de la
collaboration dans la commission de rédaction du document final, a été vraiment pour
moi –comme tout le Chapitre d’ailleurs – une
expérience de la présence et de l’action de
l’Esprit Saint, qui “inspire les mots appropriés,
qui est lumière pour notre intelligence et
flamme ardente dans notre cœur.”
n
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REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
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Approfondissements bibliques
éducatifs et formatifs
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
les femmes
dans la parole
A l’école de sa mère
Elena Bosetti
Le Rabbbi de Nazareth surprend,
non seulement par l’ouverture
de son enseignement,
mais par le style de liberté
qui caractérise sa relation
avec toutes les catégories sociales,
y compris les femmes,
y compris celles que l’on juge
perfides, choquantes, adultères,
prostituées.
Où Jésus a-t-il été formé à une si belle
humanité ? Avant tout au sein de sa famille, sous
la conduite de Joseph et surtout de Marie,
laquelle a été la première à lui parler de Dieu, de
l’Alliance et de Sa fidélité à la maison d’Israël. Le
Verbe incarné apprend à prier le Père avec les
paroles qui lui sont enseignées par sa Mère. Il
observe et il apprend comme le fait tout enfant,
comme le fait tout adolescent en grandissant.
Même durant sa vie publique, Jésus ne dédaigne
pas d’apprendre du monde des femmes. Au
contraire, dans tous les cas, on dirait vraiment
qu’Il prend des leçons auprès d’elles..
Marie, maîtresse du quotidien
Luc termine son évangile “Evangile de l’enfance” par la note : “Jésus grandissait en âge, en
sagesse et en grâce devant Dieu et devant les
hommes” (Lc 2, 52). Le Fils du Très-Haut ne
saute pas les étapes normales de la
croissance, Il vit ce processus dans toute son
ampleur et sa complexité, du point de vue
physiologique,
psychique,
intellectuel
et
spirituel. Il grandit à l’école de Joseph et surtout
de Marie.
La femme hébraïque joue un rôle réellement
important dans l’éducation des enfants, elle est
appelée d’une certaine manière, à “pétrir” la foi,
avec les réalités quotidiennes. Assurément,
Marie ne s’est pas soustraite à ce rôle ; c’est en
premier lieu à son école que Jésus croît en
sagesse et en grâce.
Avant les rites et la prière liturgique à la
synagogue de Nazareth -Luc rappelle que
Jésus la fréquentait régulièrement le jour du
sabat (cf Luc 4, 16)- son coeur a été enraciné
dans la foi vécue en famille, dans l’écoute
priante de la Parole et dans l’observance
aimante de la Loi.
Rien n’est dit sur la manière dont Marie et
Joseph ont élevé Jésus. Le silence enveloppe
leur relation avec leur Fils dans la maison de
Nazareth. Quoiqu’il en soit, à l’école de sa
mère, Jésus se fait une idée du travail des
femmes, qui à l’époque consistait, selon les
prescriptions judaïques, à “moudre la farine,
préparer le pain, laver les draps, refaire le lit,
allaiter les enfants, travailler la laine...”.
(Ketubot, 5,5).
Ces travaux demandaient du temps et des
efforts. Dans son enseignement, Jésus
évoque les femmes qui se relaient au moulin
(cf Mt 24, 41). Qui sait combien de fois il aura
observé et aidé sa Mère qui pétrissait la
farine pour en faire du pain et y ajouter le
levain. C’était un enchantement que cette
pâte qui montait au cours de la nuit et gonflait !! N’est-ce pas la même chose pour le
Royaume des cieux : «Il est semblable à du
levain qu'une femme a pris et mis dans trois
mesures de farine, jusqu'à ce que la pâte soit
toute levée». (Mt 13,33).
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dma damihianimas
ANNEE LVI
MENSUEL / JANVIER-FEVRIER 2009
Il apprend la justice et la
misécorde. Le mot “miséricorde” qui tisse un lien
entre les deux strophes du
“Magnificat” (cf Lc 1,50.54),
a également tissé pour
ainsi dire la mission de
Jésus : comme il apparaît
déjà à la table du publicain
Levi/Mattieu, de Capharnaüm, où Jésus cite Osée :
“C’est la miséricorde que je
veux et non les sacrifices”
(Mt 9, 13). Luc semble le
noter plus que les autres
évangélistes parce qu’il
situe la mission de Jésus
dans son entier, entre deux
banquets emblèmatiques:
au banquet offert au début
offert par Levi/Mattieu le
publicain, de Capharnaüm,
correspond celui qui précède l’entrée de Jésus à
Jérusalem, et qui a lieu
dans la maison de Zachée,
le fameux publicain de
petite taille de Jéricho (cf
Lc 19, 1-10).
Sur le signe de la miséricorde
A l’école de sa mère, Jésus expérimente l’amour
de la vie, de manière concrète, comme le rappelle
la parabole de la femme qui allume une lampe,
balaie toute la maison et cherche jusqu'à ce qu'elle
ait retrouvé la drachme perdue (cf Lc 15,8-10). Il
apprend à se tenir à la disposition de Dieu, qui
renverse les puissants et élève les humbles.
La Miséricorde du Magnificat se concrétise dans ce renversement des situations, où les riches (en orgueil et en
présomption) restent les mains vides et où
les pauvres (en culture et en pratique
religieuse) expérimentent la joie incomparable d’un Dieu qui en Jésus les
cherche et les trouve.
15
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
vie
consacrée et…
Evangélisation aujourd’hui
Lc 2,1-14
Aujourd’hui, la Vie consacrée
se met toujours davantage au service
d’une nouvelle évangélisation,
et le retour à la Parole de Dieu
méditée et annoncée,
ouvre des voies nouvelles
pour revitaliser les divers charismes
de chaque institut. Indifférence ou
faim de quelque chose de plus ?
Devant tous les défis que le monde propose
actuellement à la vie consacrée (VC), nombreuses sont les questions qui incitent à la
recherche d’une vie nouvelle pour revivifier le
charisme propre de chaque institut.
Comment proclamer l’Evangile et atteindre le
coeur des hommes et des femmes, dans ce
monde sécularisé et globalisé qui est le nôtre ?
Dans quelles voies s’engager pour rejoindre les
jeunes dans leur apparente indifférence, laquelle,
renferme presque toujours une soif profonde et
inconsciente de vérité, de vie, d’amour authentique ?
Ce sont des questions qui ont été évoquées au
cours du Synode sur la Parole de Dieu, questions
abordées et synthétisées sous une forme très
explicite dans le Message final : “En effet, il existe
également dans la ville moderne et sécularisée,
dans ses places et ses rues -où semblent
dominer l’incrédulité et l’indifférence, où le mal
semble prévaloir sur le bien, donnant l’impression
d’une victoire de Babylone sur Jérusalem- un vif
désir caché, une même espérance , une attente
frémissante. Comme on le lit dans le prophète
Amos, “Voici, des jours qui viennent, dit le
Seigneur, l'Éternel, où j'enverrai une famine
dans le pays ; non une famine de pain, ni une
soif d'eau, mais une soif d'entendre les paroles
de l'Éternel” (8,11). La mission évangélisatrice
de l ’Eglise tient à répondre à cette soif.” (N.10).
Une nouvelle évangélisation ?
Annoncer le projet de Dieu et interpeller la
société, même si on ne vous répond pas, tout
en ayant un jugement mûri dans l’écoute de la
Parole et la contemplation du visage du
Seigneur dans les plus démunis, est un devoir
commun à toutes les formes de Vie Consacrée.
Chacune d’elles met l’accent sur un aspect de
la mission de Jésus, non seulement dans le
travail apostolique, mais aussi dans le style de
vie personnel. Evangéliser, en fait, ce n’est pas
seulement transmettre une doctrine mais c’est
aussi témoigner et proclamer une expérience.
La spiritualité n’est pas une partie de la vie
mais toute la vie. C’est une qualité que l’Esprit
imprime en ceux qui la vivent. Au contraire, le
témoignage est déjà, de par lui-même, un
mode d’évangélisation et il peut être considéré
comme la condition préalable à l’annonce de la
Bonne Nouvelle. C. Maccise, Carme déchaussé
et théologien connu, affirme dans son livre Cent
thèmes de vie consacrée (EDB 2007), que la
nouvelle évangélisation, dont l’urgente nécessité se fait sentir aujourd’hui, cherche à
dépasser les modèles précédents qui ont eu
leur sens dans le passé et persistent toujours
dans certains secteurs : le modèle traditionnel,
qui insiste sur la présentation de la doctrine ; le
modèle moderne, qui tient compte de la
doctrine, mais dans la mesure où elle répond
16
dma damihianimas
ANNEE LVI
MENSUEL / JANVIER-FEVRIER 2009
aux inquiétudes de la personne et de sa
culture ; et le modèle libérateur, selon lequel
l’Evangile proclamé est un événement qui
touche toutes les dimensions de la personne
et de la société..
La VC a un rôle important dans la communauté
ecclésiale et on ne peut évangéliser sans un
témoignage de communion. Une communion
réaliste, critique, qui sait écouter et cherche
une synthèse au milieu des tensions inévitables.
Evangéliser, mais comment ?
Jusqu’aux dernières limites
Ce que l’auteur cité ci-dessus, nous apporte
de très intéressant et qui nous concerne,
est peut être la présentation des caractéristiques de la nouvelle évangélisation à
partir de la Vie Consacrée. C. Maccise met
l’accent essentiellement sur trois d’entre
elles : évangéliser à la manière de Jésus,
accepter d’être évangélisés et évangéliser
en créant une communauté de foi, unie
dans la communion, don de l’Esprit.
Evangéliser à la manière de Jésus veut dire
partir toujours, comme Lui, de la réalité des
gens. Jésus parle des problèmes de la vie,
il les éclaire, grâce à la Bonne Nouvelle du
Royaume. Il a une vision contemplative des
évènements : il découvre le Père en tout, il
dialogue, il n’impose pas, il se laisse conduire par l’Esprit.
La nouvelle évangélisation s’ouvre pour
être évangélisée. Celui qui évangélise
découvre la semence du Verbe, présente là
où il se rend, et cette présence de Dieu
l’interpelle. La recherche dans la prière, des
voies du Seigneur, faite dans un esprit de
fraternité, permet une vision contemplative
de la réalité : ainsi la personne prend
conscience de la distance qui la sépare du
temps où elle vivra en cohérence avec tous
les enseignements de Jésus. Evangéliser,
mais comment ?
Evangéliser implique de créer une communauté de foi au sein de laquelle se récoltent
les fruits de l’adhésion à Jésus : c’est en
partant de la proclamation de la bonne
nouvelle, que naît la communion au service
de la communauté, autour de l’Eucharistie.
Ces aspects sont intimement liés entre eux.
La nouvelle évangélisation requiert en outre
l’utilisation prophétique de l’annonce, de la
déclaration et de l’inculturation de l’Evangile.
Ces exigences imposent à la VC de se
déplacer du centre vers la périphérie, d’être
toujours plus présente dans le monde des
communications sociales et de s’ouvrir à de
nouveaux lieux d’évangélisation pour y annoncer la logique du Royaume.
Le défi du dialogue oecuménique et interreligieux interpelle aussi les responsables de
l’évangélisation. Le document Lignes d’orientation de la mission éducative des FMA le
décrit bien : “Dans une réalité toujours plus
pluriculturelle et plurireligieuse, la perspective
évangélisatrice nous invite à retrouver la
passion de la première annonce, la catéchèse,
la mission ad gentes, en partant de l’Evangile,
de l’Eglise comme communauté à visage
humain, qui se révèle signe et instrument du
Royaume de Dieu, du dialogue avec les
cultures et les religions.
L’Evangélisation encourage les interventions
éducatives qui proclament l’esprit de dialogue
du christia-nisme, l’engagement dans la
recherche de la paix, dans la défense de la vie
et des droits humains, la justice, le travail en
vue d’un avenir plus accueillant.” (n 49)
Au cours de cette année Paulinienne, nous
souhaitons pouvoir dire avec l’Apôtre des
Gentils : “Annoncer l’Evangile n’est pas un
motif d’orgueil pour moi mais un devoir :
malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile !”
(1 Cor 9,16)
[email protected]
n
17
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
œcuménisme
Un chemin d’unité
Bruna Grassini
L'Eglise sait qu'elle est semence,
qu'elle est ferment, qu'elle est sel et
lumière du monde…
Nous devons chercher les lois de sa
simplicité, de sa clarté,
de sa force et de son autorité.
L’Eglise doit être prête
à soutenir le dialogue avec
tous les hommes de bonne volonté.
Personne n’est étranger à son coeur.
L’Amour est notre commandement.
L’Eglise doit entrer en dialogue avec le
monde dans lequel elle vit,
elle se fait parole, elle se fait message,
elle se fait conversation.»
(Paul VI “Ecclesiam Suam”)
Jérusalem. Epiphanie 1964. Le Patriarche de
Constantinople Athénagoras, et le Pape Paul VI,
dans une accolade d’une fervente fraternité,
abattent le mur de silence qui depuis mille ans
d’incompréhension et d’hostilité, sépare catholiques et orthodoxes. Dès ce moment s’ouvre le
chemin d’unité de l’Eglise de l’avenir. Pour la
première fois, un Pontife visite la terre de Jésus.
Nous sommes le 4 janvier 1964 : le pape Montini
entre, tel un pèlerin humble et anxieux dans la
basilique du Saint Sépulcre, il visite les Lieux
saints, marche le long de la Via Dolorosa au
coeur d’une foule exultant de joie, d’esprit de
fête, jusqu’à se faire renverser par elle.. Mais le
moment d’émotion le plus fort fut l’accolade avec
le Patriarche Athénagoras au siège de la délégation apostolique. C’est seulement au bout d’un
certain temps que Paul VI confia au Cardinal
Tisserant que lors du baiser de paix, le
Patriarche Athénagoras lui avait chuchoté :
“Vous êtes notre guide : appelez-nous,
conduisez-nous et nous vous suivrons.”
Un an plus tard, le 7 juin 1965, Paul VI et le
Patriarche Athénagoras révoquent l’excommunication réciproque datant de 1054.
Le dialogue Oecuménique commence ainsi :
“Le colloque paternel et saint, interrompu
entre Dieu et l'homme à cause du péché
originel, est merveilleusement repris au cours
de l'histoire”.
(Ecclesiam Suam, 42).
Partager la Parole
La foi nous dit que l’unité de l’Eglise n’est pas
seulement un espoir appartenant au futur:
Cette foi existe déjà. Mais l’unité n’est pas
encore visiblement réalisée chez les chrétiens. La sainteté de l’Eglise exige un
cheminement continuel de conversion et de
renouvellement.
Le manque d’unité entre les chrétiens est
assurément une blessure pour l’Eglise.
Chacun doit s’ouvrir à l’action de l’Esrit Saint,
de manière sincère; il veut réunir tous les
hommes comme “un seul troupeau et un seul
pasteur”. Pour cela, l’Eglise nous exhorte à
prier avec ferveur pour l’Unité des chrétiens :
“Etre comme des ouvriers de l’accueil, de la
connaissance et de la vie en commun”.
Chiara Lubich, vingt ans avant le Concile
Vatican II, nous exhortait à cultiver “l’art de se
sanctifier ensemble”, à réaliser un style de
vie ecclésial, nouveau, fraternel : “Aider
18
dma damihianimas
ANNEE LVI
l’Eglise à marcher avec élan à la rencontre
du monde d’aujourd’hui et à porter Jésus
vivant à tous.”
Le baiser fraternel
Cité du Vatican, 18 octobre 2008. dans la
Chapelle Sixtine, pour la première fois dans
l’histoire de l’Eglise, un Pape, Benoît XVI,
et le Patriarche Oecuménique, Sa Sainteté
Bartolomeo I, échangent un baiser fraternel qui
ouvre les portes à l’Eglise d’Orient.
Un évènement sans précédent dans l’histoire.
Un vrai moment de grâce, un pas décisif sur le
chemin oecuménique.
C’est la manifestation de l’Esprit Saint qui agit,
qui conduit notre église soeur vers une relation
toujours plus profonde de la pleine communion, dans l’échange fraternel de la richesse
contemplative de l’Orient chrétien et l’élan de
charité militante de l’Occident.
MENSUEL / JANVIER-FEVRIER 2009
Unis par la Parole de Dieu, nous sommes
appelés à témoigner du Christ, au milieu de notre
monde en dépit de notre imperfection, fidèles à
l’enseignement reçu des Apôtres, sans préjugés
de race ni de culture. La Parole priée, vécue,
partagée, est victorieuse des incompréhensions,
des divisions. L’Evangile de l’amour est le modèle
de toute l’Eglise d’Orient et d’Occident, du
pardon, de la fraternité.
Monseigneur Gianfranco Ravasi résume le
message proposé par ce Synode comme “le plus
beau, né de cette Assemblée.” Et il le confirme en
4 symboles : “La Voix de la Parole : la Révélation”, le Visage de la Parole : Jésus Christ”; La
Maison de la Parole : l’Eglise”; le Chemin de la
parole : la Mission”.
[email protected]
n
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REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
dma damihianimas
le fil d’ariane
Est-ce encore possible ?
Maria Rossi
Nous vivons dans une société où se croisent
ethnies, cultures et religions diverses. Journaux,
revues, télévision, sites web et peut être aussi
notre expérience, nous présentent une jeunesse
émancipée, insouciante des règles, arrogante,
attirée par des évènements spectaculaires.
Les manifestations de violence et de xénophobie se multiplient. L'usage de la drogue, de
l'alcool et autres produits toxiques, tend à se
répandre. Parfois on voit des jeunes débordants de vie et d'enthousiasme ; mais plus
souvent et en grand nombre, ces jeunes sont
présents dans les concerts de chanteurs, près
de leaders qui leur promettent le bonheur, au
milieu de mouvements politiques extrémistes
et de communautés spiritualistes et ésotériques.
A l'entrée et à la sortie des écoles on les voit
nombreux, sans enthousiasme, mais comme
accablés sous le poids des sacs à dos de la
culture, du devoir.
Face à cette réalité, qui heureusement ne se
présente pas toujours ainsi, une communauté
éducative se demande s'il est encore possible
d'éduquer et comment faire pour proposer des
valeurs qui sont aussi éloignées de celles que
diffusent les médias, mais qui sont les seules
en mesure de donner du sens à leur vie et de
permettre de construire des familles et des
communautés où les personnes seront capables
de vivre ensemble dans le respect et la paix.
Etant donné que les jeunes, comme les
adultes aussi, sont attirés par des événements
extraordinaires qui suscitent de fortes émotions,
nous avons parfois des regrets et nous
culpabilisons parce que dans les oratoires, les
écoles, les maisons d'accueil, nous ne sommes
pas en mesure d'offrir de tels événements aussi
fascinants et spectaculaires. Parfois, il peut
même sembler qu’une communauté religieuse
qui ne communique ni enthousiasme ni éclat
n'est pas à la hauteur de son époque et qu'elle
a failli à sa mission.
Une lecture de la première lettre de Paul aux
Corinthiens –nous sommes dans l'année paulinienne–
pourrait nous éclairer et nous conduire à une
résolution certaine du problème. Paul de
Tarse écrit à la communauté de Corinthe, une
communauté en proie à des questions d'ordre
moral, doctrinal, et de vie communautaire. Lui
même, après leur avoir fourni «du bon lait»
comme à “des nouveaux-nés dans le Christ”,
offre au chapitre 13, un repas solide, consistant, en proposant un objectif élevé de maturité humaine et chrétienne.
Dans cette communauté hétérogène par ses
classes sociales, ses ethnies, religions, cultures,
au-delà du relâchement moral et autres
formes de révolte, certains membres donnent
trop d'importance à “l'extraordinaire”, comme
réaliser des guérisons et des faits miraculeux,
parler et interpréter des langues diverses,
prophétiser, discerner les esprits. Les gens, en
fait, et les jeunes en particulier, sont attirés par
les événements prodigieux qui suscitent de
fortes émotions, même si après ces événements,
ou bien ils perdent leur temps ou ils se forcent
à renouveler l'expérience.
Paul considère les chrétiens de Corinthe
comme des personnes engagées dans un
processus dynamique de progression vers la
pleine maturité humaine et chrétienne : après
avoir mis en évidence le caractère éphémère
de l'extraordinaire qui engendre les émotions,
il propose l’effort quotidien de la charité, de
20
ANNEE LVI
l'amour. Dans le chapitre 13, il énumère les
qualités de l'amour qui sont les qualités
relationnelles propres à la personne adulte,
arrivée à la maturité psychologique et donc
aussi celles d’un éducateur ou d’une
éducatrice.
D'une personne capable d'éduquer, d'une
éducatrice, d'un éducateur on devrait pouvoir
dire qu'il doit tendre à être ainsi, du moins un
peu :
Elle est patiente : aujourd'hui, la patience
perd du terrain. Même dans les communautés
reli-gieuses, on a tendance à vouloir tout et
tout de suite. Parfois on prend les personnes
patientes pour des personnes faibles et peu
malignes. En réalité, la patience est la vertu
des forts. Il faut une patience à l’épreuve du
temps, pour laisser aux autres la possibilité
d’être eux-mêmes, d’adopter leur rythme
propre pour atteindre leur but, sans contraintes.
Ce n'est pas une caractéristique facile qui
serait innée.
Elle est bienveillante : la bienveillance est
un aspect de la charité, une disposition à
prendre soin des personnes, à les aider avec
respect, avec considération, et non avec le
comportement hautain de celui qui fait
l’aumône. C'est la capacité à se tenir près de
l'autre, à deviner quels sont ses besoins, ses
demandes inex-primées et ses blessures
cachées. C'est comme une approche professionnelle, mais avec un doigté spécifique. En
communauté, celle qui a cette aptitude risque
de se faire exploiter, à l’instar de celui qui est
patient. Mais la personne qui a atteint la vraie
maturité ne regrette rien et ne s’arrête pas là.
Elle n’est pas envieuse : L'envie constitue
un obstacle de taille aux bonnes relations. Elle
est mesquinerie, calcul, elle crée des divisions
et met mal à l'aise. Elle s'exprime par de
sombres murmures au lieu d’un parler franc.
Elle filtre souvent dans le regard inquisiteur
qui surveille et condamne les gestes de bonté
et les attentions transgressant les limites
officielles de la justice et de l'égalité pour
tous.
Elle ne se vante ni ne se gonfle. Celui ou
celle qui a confiance n’éprouve pas le besoin
MENSUEL / JANVIER-FEVRIER 2009
de se vanter de ce qu'il/elle possède ou de ce
qu'il/elle fait. L'insécurité, la peur de la mort
toujours imminente peuvent donner lieu à une
préoccupation anxieuse qui porte à accumuler
biens et savoirs (à se gonfler). Cela en dehors
du fait que la personne est portée à se centrer
sur elle-même, ce qui peut l'entraîner à faire
sentir à d’autres, par l’offense et l’humiliation, le
poids d’un prestige né du savoir ou de la possession de biens. La nécessité de s’honorer
soi-même afin de rabaisser les autres est aussi
le résultat d'une justice mal comprise et d’un
état d’esprit envieux. Face à ces adultes, jeunes et
moins jeunes prennent leurs distances. C'est
seulement en se libérant de la peur et en
considérant biens et savoirs comme des dons à
partager, que l'on devient capable de relations
éducatives interpersonnelles et d’une vie communautaire sereine et constructive.
Elle est respectueuse. Le respect est une
attitude fondamentale dans la relation à autrui.
On peut manquer de respect de plusieurs
manières. L'une des formes dont on parle peu,
consiste à montrer une eccessive attente vis à
vis d’une personne de telle manière qu’aucun
résultat satisfaisant n’est possible, y compris
dans la relation éducative et communautaire : il
s’ensuit que la personne explose ou devient
passive, alors que quand une personne se sent
acceptée et respectée y compris avec ses
limites, il lui devient plus facile de donner le
meilleur d'elle même.
Elle ne cherche pas son intérêt : Il est difficile
qu’une relation soit entièrement gratuite. Il y a
toujours un certain intéressement. L'important
est qu'on le reconnaisse et que l'on arrive à un
échange de don et d'avoir. Parfois, cela arrive,
surtout entre parents et enfants, d’utiliser l’autre
jusqu’à l’épuiser totalement. Dans les relations
désintéressées, les personnes devraient pouvoir
être prêtes à échanger, mais également libres
de ne pas le faire. Ce n’est pas dit que même
la plus efficace des éducatrices obtienne des
réponses positives à cent pour cent.
Elle ne se met pas en colère : Dans les communautés, des personnes sont très disponibles et
se contrôlent de manière exceptionnelle. Il ne
s'agit pas d'un comportement spontané : c'est
le résultat d’un choix et d’un travail personnel
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
sur soi. Cependant, en général, face à des
demandes inopportunes et inadéquates, on a
un peu tendance à
perdre les pédales.
L'important est de s’en rendre compte, de
reprendre le contrôle de soi avant de causer
du tort, et d'éviter de se fâcher en pure perte.
Elle ne tient pas compte du mal qu'on lui a
fait :
Elle sait pardonner. Dans une relation
interpersonnelle, la capacité de dépasser les
injustices et les blessures, de pardonner,
relève d’une réelle maturité humaine mais
aussi, de quelque chose de plus : le pardon
qui est le don le plus élevé qu'une personne
puisse faire à une autre. Et ce n'est pas un
petit pardon accordé en passant, ou faire
croire que tout va toujours bien. Dans le
domaine éducatif mais aussi communautaire,
pardonner, c'est offrir la possibilité de se
racheter, de se reprendre, de réessayer, sans
donner lieu à un désengagement : « De toutes
façons, après, on me pardonnera…. »..
Elle ne se réjouit pas de l'injustice et se
plait dans la vérité : La personne adulte et
mûre ne tolère pas l'injustice mais la combat
sans violence. Elle se réjouit lorsque au sein
d’un réseau d’intenses relations, elle voit
triompher la vérité, surtout si la personne qui
opère dans l’injustice et le compromis,
Elle couvre tout, elle croit tout, elle espère
tout, elle supporte tout : Ces quatre expressions
sont la synthèse des caractéristiques déjà
décrites, elles les assument magnifiquement.
Elle couvre tout : elle ne divulgue pas les
mauvaises actions des autres mais les couvre
par un silence prudent et bienveillant. Elle
croit tout : mais elle n'est ni crédule ni
ingénue. Elle connaît les trahisons, les
machinations sournoises, les injustices mais
elle ne s’y arrête pas car elle sait que tant
qu’elle se donne, peu ou prou, elle continuera
à vivre et tôt ou tard elle s’épanouira. Elle
espère tout, elle supporte tout : La
personne mûre sait patienter même si cela
exige de sa part un effort éprouvant. Elle sait
que le bien, comme la naissance de la vie,
exige une longue gestation, un prix à payer. Et
pour soutenir le bien, comme la vie, elle patiente,
espère et supporte tout, même quand l’espoir
est infime et que quelqu’un semble vouloir
détruire ou faire obstacle au bien qu’on
essaie de faire progresser en déployant
beaucoup d’efforts.
Les caractéristiques de la charité, de l’amour,
s’expriment dans les relations avec le
prochain, les membres de la communauté
religieuse, les jeunes. Ces attitudes se manifestent au quotidien, et selon Paul de Tarse mais
aussi la psychologie, elles construisent une
communauté de vie féconde. Les événements
spectaculaires alimentent l’émotivité, la curiosité
et peuvent avoir leur utilité, mais s’ils sont exagérés, ils sont alors du domaine de l’éphémère.
Nous vivons et notre raison de vivre est
orientée vers les jeunes. Même en rendant
prioritaire les efforts à faire pour vivre des
relations fondées sur la charité, sur l’amour,
comme nos saints nous l’ont enseigné, il faut
que nous donnions une juste place aux fêtes,
aux sorties, au loisir, dans la mesure où
l’extraordinaire aide à accepter et à s’insérer
dans la quotidienneté pour l’ «élever» et la
rendre féconde.
Dans les relations interpersonnelles, pour être en
mesure d’exprimer les caractéristiques de l’amour,
il nous faut franchir les étapes de la croissance humaine. Il est essentiel d’accepter
pleinement quelqu’un avec ce que la vie lui a
offert de bien et de mal pour l’élaboration de
son identité personnelle, celle-ci lui permettra
d’entrer en relation avec les autres, pour
donner et faire grandir la vie. Il s’agit de
parvenir à une maturité humaine -chrétienne
en outre- dans sa plénitude. Si toutes ces attitudes
positives prédominent dans les relations entre
les personnes, les membres des communautés se sentent à leur aise, ils peuvent s’exprimer librement, ils vont bien et ils ne recherchent pas l’extraordinaire pour affirmer qu’ils
y trouvent un sens. Même dans la vie quotidienne, ils se sentent bien, parce que le don
en abondance, la démesure de l’amour, imprègnent de vie et de joie la maison, l’école,
l’oratoire.
[email protected]
n
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COMMENT FAIRE
A DEVENIR
SEREiNEMENT
UNE FEMME
Cher journal,
tu le sais, je t’écris tous les jours et chaque jour
je te raconte tout ce qui m’arrive….
Mon quartier est assez isolé
et le soir, il est peu éclairé.
En soirée, les hommes peuvent aller faire un petit tour.
Mon frère Lapo va au bar
Où il peut jouer aux cartes…
Il n’a pas peur de la nuit.
Pour nous, les filles et les femmes, sortir le soir est interdit.
C’est trop dangereux, il y a trop de voitures
et de gens bizarres qui circulent.
J’aimerais vivre dans un monde
Où les hommes et les femmes
seraient sur le même pied d’égalité,
avec les mêmes droits et devoirs.
Mais ce n’est vraiment pas encore le cas.
Les femmes ont des salaires bien inférieurs
et leur travail est toujours de moindre importance
et, pour ne pas perdre son travail,
elle renonce à avoir des enfants.
Cher journal,
comment puis-je sereinement devenir une femme
sans renoncer à mon travail et à avoir des enfants ?
Du Livre de Francesca Pansa. Un monde parfait
Milan, Sperling & Kupfer 2008
23
La fillette
On nous considère comme des personnes à part.
Cependant, culturellement, on abuse de nous.
Nous sommes vraiment les esclaves de la maison,
nous cuisinons, nettoyons toute la maison,
nous surveillons les enfants.
On ne nous donne pas la possibilité d’aller à l’école.
On nous utilise pour apaiser les mauvais esprits.
On nous donne en mariage par temps de famine.
Pourquoi la fillette et pas le garçon ?
Parents, il vous faut changer d’attitude.
Donnez-nous la même chance
et nous vous prouverons que vous vous trompez.
Parents, si vous éduquez vos filles,
vous éduquez la nation.
Nous avons besoin
que notre nation soit éduquée.
Poésie de Sarah, 10 ans,
Mureverwi, Chihota, Zimbabwe
24
25
La relation entre le bien-être des fillettes et le progrès de la
société est un fait reconnu au niveau mondial. Les actions
en faveur des fillettes sont donc considérées comme les
plus sages et les plus profitables. L’éducation valorise les
fillettes, leur offre la connaissance et les instruments
nécessaires pour améliorer leur vie, celle de leurs familles et
de la société.
Selon le Programme Mondial de l’Alimentation, pour chaque
année scolaire, à partir du CM1 que les filles peuvent
fréquenter, le salaire augmente de 20%, la mortalité infantile
baisse de10% et le nombre de personnes par famille
descend de 20%. Malheureusement, aujourd’hui encore,
trop de fillettes sont exploitées et dévalorisées. Sur les 121
millions d’enfants, environ, qui n’ont pas eu la possibilité
d’aller à l’école, 65 millions (environ 54%) sont des fillettes. Il
n’y a plus d’excuses pour ignorer l’exclusion des fillettes et
des filles du système éducatif, ce n’est pas seulement la
négation d’un droit humain, mais cela représente une grave
hypothèque sur l’avenir d’une société. L’instruction féminine
est très profitable, à la personne elle-même et à la société
dans son ensemble.
Cf World Food Programme, Educating girls :
The wisest investment of all, in http:/www.wfp.org, 5.7.08.
26
ANNEE LVI
MENSUEL / JANVIER-FEVRIER 2009
Lecture évangélique
des faits contemporains
27
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
coopération
développement
Petites actions contre la pauvreté
Mara Borsi
Les institutions financières
internationales, le Fonds Monétaire
International et la Banque Mondiale,
entretiennent l’austérité fiscale
tout en veillant à maintenir basse
l’inflation, ce qui a des effets
désastreux sur la capacité des Pays
pauvres à financer les services publics.
L'inflation basse est une source
mais elle a une répercussion sur les
dépenses publiques avec
en particulier des conséquences sur le
secteur social, comme par exemple,
la santé et l'éducation.
C'est un fait avéré que ce sont
les femmes qui paient l
es conséquences les plus graves
de cette situation,
dans la mesure où elles n'ont pas accès
aux soins et ce sont les les enfants,
en majorité, qui restent en
dehors de l'école.
Dans ce système macro économique, on
observe un appauvrissement croissant des
femmes. Si l'on veut faire des femmes des
agents de transformation de la société il est
d’une importance vitale de miser sur elles,
surtout dans les environnements les plus
pauvres. Dans le cadre du développement des
aptitudes des femmes, la micro finance et le
micro crédit représentent des initiatives susceptibles d'apporter de vrais changements du point
de vue, non seulement économique mais aussi
social, culturel, politique.
Divers types d’approches :
Dans le cadre de la micro finance, deux types
d’approches essentielles sont évoqués : le type
d’approche “minimaliste” qui se concentre
exclusivement sur des apports financiers et le
mode d’approche “intégré”, qui regroupe des
services de soutien technique aux activités
déployées par les bénéficiaires, en plus des
apports financiers.
Le mode d’approche choisi par l'Institut est
l'“intégré” qui regroupe une série de services
sur le plan social, culturel, technique.
Fondamentalement, une telle approche comprend trois phases : l'analyse de la situation, la
constitution du groupe et l'évaluation périodique.
L'analyse de la situation étudie le contexte en
cherchant à faire ressortir aussi bien les problèmes que les possibilités. Cela signifie qu’il faut
acquérir une connaissance réelle des conditions de vie et des moyens les plus appropriés
pour les améliorer. La visite aux familles est la
démarche prioritaire dans cette première
phase. Dans certains contextes, en particulier
en zone rurale, il est particulièrement important
de se rapprocher des chefs de villages et des
communautés, qui deviendront alors les
meilleurs alliés pour soutenir les projets.
Durant la phase de constitution du groupe, on
réunit des femmes pour leur offrir une formation
socioculturelle, avec des programmes d'alphabétisation et de promotion culturelle afin de
susciter en elles un automatisme et des capacités de leadership. La formation, dans le cadre
du travail, couvre une large gamme qui va des
activités agricoles à l'élevage de bétail, de la
couture à la cuisine, en passant par de petites
entreprises (productions de sacs, savon, bougies
et autres). A côté de la formation économico
commerciale prennent place l'apprentissage de
28
ANNEE LVI
Production de bougies
à Maputo (Mozambique).
A Maputo, capitale du Mozambique, ville
en pleine expansion commerciale et
touristique, il y a un pourcentage élevé de
chômeurs. Beaucoup de jeunes des
quartiers périphériques cherchent du
travail pour survivre et n'en trouvent pas.
Soeur Marie-Louise Spitti, avec un groupe
de jeunes filles, a dirigé une petite entreprise de fabrication de bougies grâce à
l’aide d’un crédit de 5000 euros. Celles-ci
constituent un article très recherché par les
démunis, -ces derniers ne pouvant
bénéficier de la lumière électrique dans
leur maison-, également par les touristes
et les églises, pour le culte. Les bougies
importées ont un coût très élevé et celles
produites localement ne suffisent pas aux
demandes du marché. Avec le travail
d'une année, le groupe pense pouvoir
parvenir à se suffire à lui-même. Les jeunes
filles ont ainsi commencé à produire des
bougies à usage familial et domestique, à
des prix accessibles, des bougies
décoratives avec des produits naturels
comme des fleurs et des parfums, avec
des formes typiques de la culture du pays,
comme des tambours, des calebasses,
etc. qui sont mises en vente sur les
marchés touristiques et enfin des cierges
pour les églises.
La comptabilité, de l'utilisation du compte bancaire de l'épargne, de la micro entreprise, de la
capacité à établir un contrat avec les banques ;
prennent place également toutes les activés liées
à la commercialisation, telles que la connaissance de la dynamique du marché, le transport
des produits et les contrats d'achat-vente.
MENSUEL / JANVIER-FEVRIER 2009
Concernant la formation sanitaire, on propose
une activité portant sur l'hygiène personnelle,
l’entretien de la maison, l’alimentation saine, la
connaissance des maladies que l’on est en
mesure de prévenir, la médecine alternative, la
prise en charge de la santé, du sida. La
formation et la sensibilisation politiques s'orientent vers la connaissance des droits mais aussi
vers la participation active aux mécanismes de
la politique au niveau local. La formation spirituelle est proposée à l’aide de moments
consacrés à la prière et aux célébrations religieuses, en dialogue également avec les autres
religions et cultures.
Une fois les groupes formés, on en vient à
décider des critères de réalisation des projets
de micro crédit, des échéances et des
conditions à remplir pour le remboursement du
crédit, de la fréquence des rencontres du
groupe.
Concernant l'évaluation périodique, le groupe
décide de sa périodicité et prend en considération la situation de remboursement de
crédit de chacun des membres du groupe.
Le groupe devient la référence de base qui
permet d’affronter les situations d'urgence. En
fait, si un membre quelconque du groupe est en
difficulté, le groupe prend des mesures pour
fournir un soutien et créer ainsi un cercle de
solidarité. De cette manière, le groupe devient
le garant fondamental pour le remboursement
des crédits.
La micro finance fonctionne en très grande
partie grâce au fonds roulant, qui offre la
possibilité d'élargir le cercle des bénéfices à un
plus grand nombre de femmes. Le crédit
remboursé par l'une est offert à l'autre et cet
investissement permanent renforce l’impact du
fonds en changeant la vie d’un plus grand
nombre de personnes, donc aussi de leurs
familles.
mborsi@ pcn.net
n
29
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
pastoralement
“Lire entre les lignes”
Mara Borsi
La rubrica Pastoralmente tente
de proposer une lecture critique
de quelques phénomèn
Un regard qui explore et
qui veut sortir des lieux communs.
Nous voulons lire les “hors textes”,
les provocations du monde des jeunes
toujours plus complexe et diversifié
pour en saisir les besoins,
les défis et les opportunités.
Les jeunes, dans les divers contextes où ils
vivent, se présentent comme une réalité
complexe que les adultes et la recherche scientifique même ont bien du mal à interpréter.
Actuellement, la recherche théorique ne considère plus les jeunes comme sujet social mais
les définit comme “une génération invisible”,
“une génération sans...”.
Sans identité, sans valeurs, sans responsabilité, sans travail.
Avec le développement rapide et constant des
nouvelles technologies, d’autres termes sont en
train d’émerger pour présenter les jeunes comme
génération numérique, net gen (génération du
net), génération y.
Une génération, comme celle d’aujourd’hui, qui
est en mesure d’utiliser plusieurs médias à la
fois et de communiquer grâce une grande
variété de langages, de l’audio à la vidéo, à
l’animation créée sur ordinateur; une génération
fluide, continuellement en mouvement, avec
une identité insaisissable. Une génération toujours
plus tentée par risque et la transgression, à la
mémoire courte, ancrée dans le présent et sans
vraiment de projets d’avenir.
Et on pourrait continuer ainsi à l’infini,
en
relevant les opinions de chercheurs connus et les
analyses sociologiques qui tentent de définir les
contours de ce monde diversifié et pluriel. Les
médias, toujours à la recherche de nouvelles
fraîches, capables de capter l’attention d’un vaste
public, présente le monde des jeunes surtout à
partir de leurs faits et gestes, de leur violence,
leur dépendance à la drogue et à l'alcool, de
manière de plus en plus répandue et généralisée
sur tous les continents.
Beaucoup d’adultes se réfugient dans des
réactions comme, le monde est fou, les nouvelles
générations sont sans valeurs… et d’autres encore.
Les comportements indifférents ne servent à rien,
ou mieux ils sont utiles pour cacher les racines
des problèmes. Essayons simplement de
changer d’optique. Regardons le monde avec les
yeux des adolescents et des jeunes. Qu’est-ce
qu’ils voient de la société adulte ? Proximité ou
oppression de manière voilée ou visible ?
Sens du bien commun ou individualisme, corruption ?
Le primat de l’être ou du paraître ? Le mal-être
des nouvelles générations n’est rien d’autre que
l’autre face de la médaille, et dénonce le mal-être
des adultes.
A la recherche d’une écoute
C’est très facile pour les adultes de jouer le rôle
de ” semeurs”, ils ont toujours quelque chose à
nous dire, à nous les jeunes. Mais ils se mettent
rarement à la place du “ terrain ” comme si nous,
les jeunes nous n’avions jamais rien à dire, mais
seulement à apprendre. (Ubaldo 18 ans).
Les adultes ne donnent jamais de l’importance à
30
dmadamihianimas
ANNEE LVI
à nos affaires. Ainsi mon papa et ma maman
n’ont jamais besoin de moi, ils me font sentir
que je suis inutile. (Raffi 15 ans).
Dans tous les
contextes et les cultures
diverses, les jeunes générations réclament
une oreille qui sache écouter. C’est l’écoute
que les jeunes cherchent tout le temps : parce
que si quelqu’un est disposé à écouter, cela
signifie pour eux, qu’il est attentif et disponible
à l’accueillir. 1 Chez les adolescents et chez les
jeunes, le besoin de se sentir reconnus,
acceptés comme ils sont, est très important.
Ils souhaitent vivre une relation de personne à
personne, qui permet de sortir de la solitude et
de l’isolement, ils désirent aussi être regardés,
attitude qui confirme qu’ils existent aux yeux
des autres.
A travers l’écoute, les jeunes font l’expérience
qu’on prend soin d’eux. De cette manière
seulement, ils pourront ensuite être capables
de prendre soin d’eux-même et des autres.
L’expérience du prendre soin conduit à la
perception d’ un horizon de sens plus ample,
ouvre un espace pour un acte de foi envers
l’autre, envers l’Autre (transcendent).
En Afrique comme en Europe, en Amérique
comme en Australie, en Asie, les jeunes
générations comme des navigateurs, au milieu
d’un océan, cherchent une boussole pour
trouver leur route. La culture contemporaine
leur offre des compagnons de voyage avec
des cartes topografiques sur toutes les routes
possibles, mais ils restent silencieux ou
incapables de raconter leurs expériences, au
point que les jeunes se sentent seuls et pas
totalement libres. Dans une société plurielle,
multiculturelle, complexe, nous devons tous
rechercher avec ténacité notre identité. C’est
un défi qui touche particulièrement les jeunes,
hésitants entre le nihilisme, le relativisme et le
fondamentalisme..
MENSUEL / JANVIER-FEVRIER 2009
Que faire donc, puisque nous sommes engagés
auprès des jeunes en tant qu’adultes, comme
accompagnatrices et accompagnateurs éducatifs,
dans les heures et les lieux où cela est possible ?
Ce qui est fondamental pour tous - consacrés,
consacrées, laïcs, laïques – est d’exercer notre
responsabilité éducative avec la conscience
que chacun réalise une mission prophétique.
Mission qui doit être vécue de manière
préventive et prévenante pour développer des
propositions et des parcours éducatifs concrets.
Itinéraires appelés à mieux considérer le
rapport entre la dimension rationnelle et la
dimension affective, sentimentale, émotionnelle. En
tenant compte que l’alphabet des émotions a
une efficacité qui n’est pas comparable avec
l’alphabet de la rationnalité, dans la mesure où
il invite à créer, à inventer, à choisir et à
proposer aux jeunes, des rencontres qui
laissent la place à l’expression, au langage
narratif,
symbolique,
musical,
théâtral,
multidimentionnel, à l’intérieur de spectacles
organisés où ils seront des acteurs et non des
spectateurs comblés. De cette manière,
prennent vraiment un sens, toutes les initiatives
qui
valorisent
les
expériences
d’éducommunication. Et cela ne pourrait-il pas être
le chemin pour recommencer à parler aux
jeunes de la foi en Jésus-Christ ?
[email protected]
1
Cf AMBITO COMUNICAZIONE SOCIALE – PASTORALE DES
JEUNES, Educomunicazione. A piccoli passi nella nuova
cultura, Gong 4, Roma, Istituto FMA 2008, 8-9.
n
31
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
polis
Peur dans le monde
Graziella Curti
On parle de peur planétaire.
Les gens ont peur de l’avenir,
peur du terrorisme, du climat actuel.
Peur de la guerre.
Peur de la solitude.
Peur des relations humaines.
Peur du voisin, de l’étranger.
Peur de la science.
Il semble vraiment que la peur
soit le leitmotiv du Troisième millénaire.
Il y en a qui parle d’une campagne mise au point
par une entité supérieure à nous. Une campagne
qui a commencé le 11 septembre et qui a comme
objectif le contrôle des personnes pour les
contraindre à accepter des guerres préventives,
présentes et futures.
En septembre dernier, le World Social Forum s’est
déroulé à Rome, avec la participation de sociologues, économistes, psychanalystes, écrivains et
savants du monde entier. Le thème traité :
Dialogues pour combattre les peurs planétaires a
permis de réfléchir sur ce sentiment d’extrême
insécurité qui a envahi l’humanité et le cosmos.
Une enquête a été lancée dans 10 métropoles du
monde ( Rome, Paris, Londres, Moscou, le Caire,
Bombay, Pékin, Tokyo, New York et Sao Paolo
au Brésil) et on a constaté que la marque
interprétative de notre temps, la peur du troisième
millénaires, est la réaction sociale aux grandes
mutations mondiales, comme la multiplication des
risques, réels ou perçus, la baisse du niveau de
sécurité individuelle, l’exposition à des événements
imprévus en mesure de bouleverser, en quelques
minutes, le destin de notre hémisphère.
Quelle sécurité ?
«La peur est fluide et reste attachée comme de
la colle», affirme Bauman dans sa lectio
magistralis au World Social Forum de Rome. Et
il continue : «Maintenant on cherche à se
protéger contre les clandestins, contre les
puissances terroristes et les attentats kamikazes. Faire passer l’Etat comme l’entité qui
sait reconnaître un kamikaze est une bonne
occasion pour rétablir sa crédibilité et restaurer
la discipline dans son pays. Ceci nous
démontre que la peur est un capital».
L 'utilisation de la peur et du désir de sécurité a
révolté non seulement les hommes politiques et
sociaux, mais aussi les économistes : les rapports
annuels du Sipri (Stockholm International
Peace Research Institute) et le rapport de 2003
de l’United for a Fair Economy montrent comment
les campagnes électorales sont souvent
financées par des producteurs d’armes et vice
versa, comment c’est une évidence quotidienne
que dans la dynamique politique (propagande,
débats, talk-show, comices, etc.) pour la
conquête du pouvoir, le thème de la sécurité a
un rôle prépondérant.
Toujours par le Sipri, nous savons combien
l'intervention dans les conflits armés, alimente
l'insécurité nationale et internationale, la peur
d’être au centre de possibles attentats futurs ou
d’une menace constante dans la vie de chaque
jour, sont des stratégies qui augmentent les
dépenses militaires des Etats et, par conséquence, les bénéfices des industries productrices d’armes qui ont une grande place dans le
bilan économique d’un Etat. Il y a encore une
autre peur qui a une bonne audience.
32
dma damihianimas
ANNEE LVI
MAINTENANT JE VOIS
UN
ÉTRANGER ET
JE NE SAIS S’IL VEUT
MENSUEL / JANVIER-FEVRIER 2009
OU S’IL VEUT
ME FAIRE
UNE OPA !
Il NOUS DONNE AUJOURD'HUI NOTRE
PEUR QUOTIDIENNE
Une invasion de chroniques noires apparaît
sans arrêt sur les écrans de TV. Une fange
visqueuse et putride de violences familiales, de
rapts, d’abus sur les enfants sans défense, de
"semi infirmité mentale" envahit des pages
entières de nos quotidiens, inonde les
télévisions chaque jour, en accoutumant les
petits téléspectateurs de tout âge aux
innommables et obscures infamies de la vie.
Enseignants avec pistolet à l’école
Un district du Texas accueille positivement la
directive qui est entrée en vigueur à l’ouverture
des instituts scolaires : les professeurs seront
armés. De cette manière, la sécurité des élèves
sera garantie. Les parents des étudiants sontils satisfaits? Non seulement, mais en plus, il
sera offert aux enseignants un cours pour
apprendre “la gestion d’une crise”.
Vittorio Chiari, éducateur salésien, a décrit le
phénomène qui génère la peur, et il a cherché à
en identifier les causes premières et les
remèdes possibles, qui apparaissent très
différents de la solution d’opposer la violence à
la violence.
«La violence s’appelle extrémismes, harcèlements, homicides, massacres, pillages; on la
trouve en première page des journaux, à la
télévision, à toutes heures du jour et de la nuit.
Les politiques se réunissent, les journalistes
remplissent les pages des journaux, les experts
(toujours les mêmes) donnent leurs avis, les
gens, les plus simples, honnêtes et travailleurs,
inondées par toutes les violences écrites et
parlées, demandent de vivre en sécurité,
invoquent des lois et des peines plus sévères,
des contrôles plus rigoureux.
33
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
Ils ont dit
Il s’agit de renouer les fils d’une société
où la cohésion entre les personnes s’est
perdue, ainsi que le mastic qui la tient sur
pied. Une société fragmentée est une
société de la peur, où chacun s’isole de
l’autre.
(D. Colmegna).
Nous n’avons pas tous forcément peur –
si nous laissons totalement entrer JésusChrist en nous, si nous nous ouvrons
totalement à Lui – peur que Lui puisse
enlever quelque chose de notre vie? ...
Qui accueille le Christ, ne perd rien ...
n’ayez pas peur du Christ ! Il n’enlève
rien, et donne tout.
(Benedetto XVI).
L'absence de peur ne signifie pas
arrogance ou agressivité. Cette dernière
est en soi un signe de peur. L'absence de
peur présuppose le calme et la paix de
l'âme. Pour elle, il est nécessaire d’avoir
une vie de foi en Dieu.
(Gandhi).
Nos peurs sont fluides, elles s’attachent et
se détachent suivant qui les provoquent :
la politique et l’économie.
(Zygmunt Barman).
Mais certaines pages couvertes de sang ne
seraient peut-être pas aussi fréquentes si les
différentes TV locales et nationales n’étaient
pas des “réservoirs” de violence. Nous nous
lamentons sur les jeunes qui ne savent pas
respecter les adultes et les traditions, mais
comment peut-il en être autrement, quand ils
sont témoins chaque jour de débats entre
sourds, entre gens incapables de collaborer
pour libérer leur Pays des problèmes de
l’économie et de ceux encore plus dangereux,
du manque d’éthique, de lois et de normes ?»
L’appel de Patricia
Une jeune femme, Patricia Cori, a écrit sur son
blog : «Qui n’admettrait pas d’être épou-vanté
par le lieu obscur où les soient disants leaders,
auto déclarés “hommes de paix”, sont en train
de conduire toute l’espèce humaine? Qui ne
serait pas capable de reconnaître les signes de
rébellion de la terre contre les abus qui ont
appauvri les ressour-ces de la planète, pollué
les mers et détruit les grandes forêts, notre
âme, notre source, notre respiration vitale ? Je
dis qu’il est temps maintenant de transformer
cette peur, sous-pression et paralysante dans
son expression la plus élevée. Soutenons nos
convictions tout en restant ouverts à celles
d’autrui, sans avoir peur de nous engager à
changer le monde, un monde qui peut être
meilleur, nous en sommes sûrs.
Maintenant c’est le moment de mettre à
l’épreuve les zones où vous êtes à l’aise et de
sortir au-delà de leurs frontières. Décollez-vous
de votre chaise et glissez dans le courant de
conscience où ceux qui vous soutiennent se
sont mis en action. Refusez d’être manipulés
par les machines et par les messagers du
pouvoir. Soyez les porte- paroles de votre
résistance, écrivez des lettres, impliquez-vous.
Soutenez l’humanité entière, en participant aux
manifestations pacifiques et en faisant quelque
chose d’important chaque jour de votre vie.
Il n’y a pas d’espace pour la peur maintenant. Il
n’y a pas d’espace pour la colère non plus.
Nous seulement nous, pouvons briser les
chaînes.»
34
ANNEE LVI
MENSUEL / JANVIER-FEVRIER 2009
35
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
jeunes.com
Génération “y”
Maria Antonia Chinello et Lucy Roces
La Génération Y débarque sur
la planète jeunes, une nouvelle
génération “entièrement virtuelle”,
celle du numérique : le web est son univers. Les
jeunes, entre 13 et 29 ans vivent
de sms et de webcam, ils sont
des utilisateurs assidus
des communautés online, comme
MySpace et SecondLife,
les jeux de rôle comme Warcraft,
ils ne manquent aucune vidéo sur YouTube,
pour eux Skype n’est pas un problème,
ils ont un blog comme journal virtuel
et utilisent de curieux surnoms
à la place de leurs vrais noms.
Echo Boomers. Millennial. Net Generation. Nous
sommes arrivés à la fin de l’alphabet. Les sociologues préfèrent aujourd’hui l’identifier comme la
Génération Y pour la distinguer de la Génération X
qui est celle des adolescents. La Génération Y
(Gen-Y) a passé et quitté depuis peu l’adolescence,
mais elle se trouve dans une situation riche
d’inconnus, d’incertitudes et d’angoisses. Les
jeunes de cette génération sont nés entre 1977 et
1995. Agés de moins de 30 ans, ils ont fréquenté
des universités ou des écoles spécialisées ; ils se
trouvent affrontés au monde du travail, mais sans
la certitude que leur qualification leur donnera une
situation convenable, au moins comme celle de
leurs parents.
Depuis tout petits, ils se sont familiarisés aux jeux
vidéos, ils ont grandi avec Internet, avec les social
network de Facebook et MySpace, avec l’iPod et
l’iPhone. IM, SMS et e-mail sont leurs moyens
préférés pour expédier leur “courrier”. La TV,
naturellement numérique, sert pour capter le
dernier programme préféré qui sera inséré
dans un dossier personnel pour être vu sur le
vidéo téléphone.
Une recherche de la Harris Interactive a mis
en évidence qu’aux Etats-Unis, cette génération
dépense 172 milliards de dollars par an,
influençant aussi en grande partie les décisions
d’achat d’un public plus adulte, notamment
leurs parents.
En Italie, une recherche réalisée par l’Institut
B&F (sur un ensemble de 400 jeunes de 18 à
25 ans) a révélé qu’Internet est le moyen de
communication le plus utilisé dans cette
tranche d’âge (95%), suivi de la radio (70%),
de la TV classique (64%), de l’émetteur
musical MTV (29%), Sky (7%). Les sites les
plus visités sont les sites musicaux (43%),
suivis de ceux de football (24%), de l’nformation (20%), des voyages et des vols aériens
(17%) ; 42% des jeunes interpelés disent
qu’ils envoient de 10 à 19 sms par jour, 40%
en envoient de 1 à 9.
Toujours connectés
Quelles sont les caractéristiques de la
Génération Y, née dans une société globalisée où les limites imposées par le temps et
l’espace s’estompent de plus en plus ?
• la facilité de voyager;
• la maîtrise des nouvelles technologies;
• une vision positive face aux changements;
• la capacité d’ innover;
• le pragmatisme et l’ambition;
.
36
ANNEE LVI
•
•
la possibilité d’accéder aux savoirs;
les facilités de l’apprentissage;
Cependant on ne doit pas considérer cette
génération comme apathique ou privée d’émotions, mais plutôt comme une génération de
jeunes qui se situent en “observateurs” des
phénomènes sociaux, devant lesquels ils
essaient de s’adapter. La manière, aussi avec
laquelle, ils font par exemple, l’expérience de
la sexualité et de l’amour, met en évidence
une profonde émotivité, même si celle-ci est
dissimulée à l’intérieur de l’univers multimédial : c’est comme si un jeune pouvait vivre
sans l’autre, comme dans un jeu vidéo, où
réalité quotidienne et virtuelle s’alternent sans
dénouement émotif apparent.
Ce sont les enfants qui plus que d’autres ont
expérimenté l’échec des relations familiales
avec les séparations et les divorces des
parents ; l’absence à la maison du père ou de
la mère due à un emploi toujours plus éloigné
du cadre familial. Ce sont des consommateurs
acharnés, mais en même temps, toujours
prêts à s’engager pour la défense des droits
humains et la dénonciation des injustices
sociales.
De quel côté sommes-nous ?
Une recherche conduite en 2006, par l’Eglise
anglicane, avec pour titre Making Sense of
Generation Y, a interpelé les jeunes pour
“chercher à les comprendre” et proposer des
réflexions sur des parcours et des itinéraires
éducatifs.
Le rapport final révèle que “les jeunes sont
heureux de leur vie, agréable et bien installée, qu‘ils ne sentent pas la nécéssité
d’avoir un horizon transcendant, et d’entrer en
dialogue avec un Autre et que, surtout,
l’Eglise les ennuie et ne présente aucun
intérêt et aucun sens pour leur existence”. C
Cette génération donne une signification
minime au péché, elle n’a pas le sens du
péché, elle n’a aucune peur de la mort. Un
contraste existe autour de la génération Y,
entre leur “philosophie” d’une vie sympathique
–une vie généralement bonne- et les repré-
MENSUEL / JANVIER-FEVRIER 2009
sentations du sens commun, décrites par les
médias comme des jeunes en danger à cause de
désordre alimentaire, de l’absorption de stupéfiants, des suicides, du harcèlement et des abus
sexuels. Ils ne semblent pas désenchantés, absents du
reste du monde : la signification et le sens de la vie,
pour la Gen-Y résident dans l’“ici” et “maintenant”;
le futur est à brève échéance, réduit à l’immédiateté.
Une étude réalisée en Australie par le Père Michael
Mason, un religieux rédemptoriste (The Spirit of
Generation Y) affirme que les jeunes ne sont pas
des “chercheurs spirituels”, mais ont une approche
très individualiste de la vie et de la spiritualité, et ils
ne sont pas du tout attirés par les religions traditionnelles. Seul un petit nombre reconnaît qu’il
pratique activement une religion. Beaucoup de
jeunes soutiennent que tout est relatif et qu’il n’y a
pas de droits et de devoirs définis pour tout le
monde.
Leur grande sécurité repose sur les relations
intimes avec la famille et les amis. Les activités qui
les occupent le plus sont : l’écoute de la musique,
le travail, l’étude. Ils recherchent un monde où
règnent la paix et la sécurité.
De là, quelles réflexions s’imposent pour faire
émerger le sens et la signification de notre mission
au milieu des jeunes dans l’Eglise ? Comment
dialoguer avec cette génération, comment être
parmi eux “signe” et “expression” d’un amour
prévenant, comme nous l’a demandé le 22ème
Chapitre général conclus depuis peu ? Comment
répondre au besoin de bonheur, en en élargissant
les horizons et les relations, pour être comme le
voulait don Bosco: “Heureux dans le temps et dans
l’éternité”?
Parcours de proximité
La célébration des journées mondiales de la
jeunesse à Sydney, l’été dernier, a rapproché les
jeunes du Pape. Beaucoup d’entre-eux, nouveaux
pélerins, étaient des jeunes –au moins de part leur
âge– de la Génération Y. Benoît XVI a condamné
le relativisme et l’apathie, redisant au contraire
l’importance de l’unité et de l’espérance, proposant
un programme de renouvellement spirituel et
social, à partir des jeunes eux-mêmes.
37
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
L’autre Réseau
Nous commençons une série d’apports sur Free and Open Source Software pour découvrir l’autre face du
Réseau, employée à répandre et à rendre accessible la connaissance et le savoir, les applications et les
opportunités du Réseau, parce que Internet et les nouvelles technologies ne sont pas “réservés” à quelques
personnes, mais représentent une mine de ressources, d’informations ouvertes à tous. FOSS (Free and Open
Source Software), ce mouvement désormais connu s’est imposé dans diverses parties du monde, et pour
Julian Fox, salésien, c’est “la voie pour la démocratisation de l’information et de la culture.”
Comprendre la philosophie de Free and Open Source Software ( Les ressources de Software Libres et
Accessibles ) n’est pas simple, puisqu’il s’agit de deux réalités différentes, même si elles sont convergentes.
Free Software, ainsi défini par Richard Stallman et la Free Software Foundation (FSF), est le programme que
les utilisateurs peuvent copier, partager, étudier, changer, redistribuer très librement.
Plus précisément, on prévoit la liberté de :
1.
accéder au programme pour n’importe quel but ;
2.
étudier le programme dans ses différentes composantes et l’adapter à ses besoins ;
3.
partager les copies et aider ceux qui ont les mêmes besoins ;
4.
expérimenter le programme et rendre publique les résultats à tous les membres du Réseau.
Si on demande un software libre c’est parce qu’actuellement il “ne l’est pas”. Il existe en fait un software privé,
puisque celui qui a inventé le programme en est le propriétaire. C’est le cas des programmes de marques
Microsoft, Apple, Symantec, etc. Le software privé ne peut se modifier, il n’est pas permis de le copier et de
distribuer des copies, surtout il n’est pas possible d’accéder au code qui est à son origine et qui permet au
programme de fonctionner.
Le software libre demande que les programmes soient libres, moins chers, gratuits si possible. Les FOSS est
un bien social, qui s’oppose à la philosophie du software privé. Le software libre, dans les pays en voie de
développement, où les licences ont des prix exorbitants, peut permettre la liberté d’accès ou la gratuité de
l’acquisition.
Le mouvement du software libre couvre désormais toutes les catégories de programmes : Office, Archive
managers, Internet, P2P, Chat, Sécurité, Network, Serveurs, Audio, Vidéo, Images, 3D, CD/DVD, Codecs,
System Utilities, UI Enhancements, Hardware monitoring/Benchmarking, Games, Education, Miscellaneous,
Wallpapers.
Il est urgent d’entrer en relation avec cette
Génération, jour après jour et il est indispensable de commencer un travail de fond,
pour chercher des réponses à leurs questions.
Il nous est demandé d’être vrais dans notre
mode de présence, de tisser des liens et de
dialoguer à partir de thèmes et intérêts
significatifs et importants pour eux, de les sortir
de leur indolence pour leur faire comprendre
combien ils sont importants et précieux, parce
que porteurs d’opportunités, de ressources
incroyables, d’espérance et de vastes horizons.
Pourquoi ne pas partager leurs chemins,
croiser leurs sentiers, traverser leurs lignes
d’ombres et de rencontre ? Pourquoi ne pas …
Pourquoi aussi ne pas commencer à opérer des
changements en nous-mêmes :
1) en devenant de bonnes auditrices qui écoutent
avec le coeur et laissent un instant de côté la tête ;
2) en discutant avec eux et en nous laissant former
sur tout ce qui concerne les processus de
communication ;
3) en sortant des schémas de “contrôle et d’ordre”
pour essayer de partager ;
4) en nous ouvrant au changement et à l’innovation ;
5) en apprenant à apprendre de l’expérience, à
travailler ensemble, à rester en réseau, liées par des
relations fortes et authentiques, basées sur la
réciprocité du don et du recevoir ?
Maria Antonia Chinello, Lucy Roces
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dma damihianimas
ANNEE LVI
Liste WWW sites
n
MENSUEL / JANVIER-FEVRIER 2009
Aux bons soins d’Anna Mariani
[email protected]
Signalisation
de sites intéressants
www.annopaolino.org
www.letterepaoline.it
Le site de l´abbaye de San Paolo est en 5 langues :
italien, anglais, français, espagnol, allemand; c’est un site
très riche Qui a pour but d’accompagner les “pèlerins” au
cours de cette année jubilaire annoncée par Benoît XVI à
l’occasion du bimillénaire de la naissance de Saint Paul.
Il est possible de "télécharger" le "Programme Général"
de l´Année St Paul pour le diffuser en n’importe quel lieu
et à chaque communauté : paroisse, jeunes, diocèses,
etc.
Le but du site est de fournir des supports intéressants
pour préparer un itinéraire spirituel à partir de la figure de
l’Apôtre Paul.
www.ahrchk.net
Asian Human Rights Commission (AHRC). Le site, en
langue anglaise avec aussi du matériel dans d’autres
langues dont l’italien, le français, l’allemand… venant
de la Commission pour les droits humains en Asie. Ce
site concentre son attention sur les liens entre les
systèmes et les droits humains, en mettant en
évidence les obstacles aux systèmes judiciaires, qu’ils
soient économiques, sociaux, culturels, civils ou
politiques, ils doivent être écartés si la société veut
arriver au respect des droits humains.
Le site www.letterepaoline.it est pour l’instant
seulement en langue italienne, avec quelques
contributions en langue anglaise. Il entend se situer
comme un lieu de divulgation critique, de débats et
d’approfondissement, dans le respect d’un juste
rapport entre exigences divulgatrices et possibilités
de réflexions spécialisées. Il est composé de
différentes parties, qui représentent autant de modalités d’approche : Pour connaître St Paul : chroniques, commentaires et réflexions sur l’apôtre,
suivant un parcours dynamique et progressif qui
accompagne le lecteur tout au long de l’Année
Jubilaire, semaine après semaine : en commençant
par l’examen des sources, et en passant à travers la
vie, les voyages et une présentation systématique
des lettres et de la pensée de Paul, suivant une
perspective historique. Documentation Générale :
articles et interventions de spécialistes, sur des
thèmes particuliers concernant St Paul et son milieu
historico-culturel. Prospectives pauliniennes : présentation d’interviews inédites et de colloques avec
des personnalités du monde culturel, académique et
religieux, autour de thèmes liées à l’apôtre.
Syllabaire du Christianisme : matériel de caractère
didactique, fiches d’information, morceaux anthologiques et brèves présentations de débat. A l’image
de Paul : itinéraires iconographiques, artistiques et
archéologiques liés à la figure de Paul. Liens et
ressources : carte des ressources présentes sur
Internet, pour l’étude et la recherche autour de Paul
et du christianisme des premiers siècles. Paulus 2.0 :
le blog du site, conçu comme un instrument
d’information historico-religieux, naturellement avec
la possibilité de commentaire de la part des lecteurs.
n
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
vidéo
Mariolina Perentaler
GOMORRA
de Mattea Garrone
ITALIE - 2008-
Le film dirigé par Matteo Garrone , est tiré
du célèbre bestseller de Rober-to Saviano
(né à Naples en 1979) qui a déjà été vendu
plus de 1.200.000 exemplaires et traduits
dans 33 pays. C’est le dénommé livre
scandale qui accuse fortement les activités
de la camorra de la Campanie, au point que
depuis sa publication en 2006, l’auteur vit
toujours protégé par une escorte armée et
est sujet de menace ininterrompue. Le film
de Gar-rone n’a pas seulement conquis le
jury de Cannes qui lui conféré le "Grand Prix
du Jury", le prix le plus important après la
Palme d'or, mais de ce prestigieux festival, il
a franchi les portes de la cérémonie des
Oscars : il a été choisi comme le meilleur
film étranger, L’oeuvre qui représentera
l'Italie dans la course à la nomination 2009.
Le film «constitue certainement un acte très
important et riche de significations civiles,
culturelles et sociales – commente le député
Tino Ianuzzi– il s’agit d’un fait très important dans cette phase si terrible et décisive
de la lutte que l’Etat, les institu-tions, la
politique et les partis ont la responsabilité
de conduire contre la camorra et tous les
pouvoirs criminels». Il souhaite bonne chance au film et renouvelle son admiration et
son remerciement aux deux auteurs -du livre et du film– pour cette production «qui
appartient d’une manière exemplaire à la
courageuse bataille de la civilité, légalité, et
sauvegarde de notre démocratie.» L’évaluation Pastorale le définit évidemment comme
‘discutable et problématique’, mais il est à
connaître, à utiliser pour des débats et des
discussions autour de thèmes de vie
actuelle: Délinquance des mi-eurs; Gangster; Jeunes; Littérature; Pouvoir; Violence.
Action, style et reportage
«Le sujet dont il est question, est trouble,
visqueux, mortifère, infesté de pourriture :
...d’uns grande puissance visuelle –dit le
réalisateur– que je me suis limité à le reprendre
avec une extrême simplicité, comme si j’étais
un spectateur tombé là par hasard (...)».
L’oeuvre de Saviano se lit en fait comme un
roman enquête qui présente sur le vif les
crimes de la camorra, pas seulement à Na-ples
et en Campanie mais aussi dans les plus
impensables sièges internationaux. Pour les
impératifs du cinéma Garrone recoupe cinq
histoires. Tout en les situant sur les mêmes
lieux où elles se sont produites, entre Scampia,
la région de Caserte, Castel Volturno, il n’en
cite explicitement aucun, «presque à vouloir
dénoncer/ montrer leur dramatique ubiquité, ou
précisément l'universalité de “ce Mal” représenté par le système» (G. L. Rondi). Violence,
horreurs, sang. Garrone les décrit dans une
atmosphère obscure, enchaînant entre elles les
différentes histoires avec grande habilité. Il les
situe toutes dans un même climat : le cynisme,
le manque de piété, la renonciation à considérer même pour un seul instant les
conséquences atroces de ses propres gestes par intérêts et argent. Il concède seule-ment
une exception, une ouverture vers un unique
repenti : celle d’un jeune, Roberto (Carmine
Paternoster), qui à peine licencié est flatté de
pouvoir être, pour un certain temps, l’assistant
de Franco (Toni Servillo) le Boss - "docteur"
élégant et insoupçonnable -qui s’enrichit sur les
déchets toxiques. Ayant ouvert les yeux, il ne
pourra accepter longtemps que la vie d’un
ouvrier du nord soit payée par la vie d’une
famille du sud, contrainte de boire l’eau polluée
par les déchets produits par le premier. Mais
c’est une goutte d’eau dans la mer de ces
déchets, de toute cette humanité malade. Dans
ce film, il n’y a pas de temps pour comprendre
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dma damihianimas
ANNEE LVI
MENSUEL / JANVIER-FEVRIER 2009
Pour faire
penser
Pour
faire
penser
La rumeur de l’argent. L'odeur du sang. Le
regard des cadavres. Le rè-gne de la camorra
napolitaine comme une “Gomorrhe” universelle, images déconcertantes de la cité-symbole
incendiée dans le livre de la Genèse.
“Le Seigneur aime le droit et la justice” rythme
le splendide refrain du verset qui accompagne
la lecture du Psaume 32 de son inflexible vigueur.
A Gomorra, au contraire c’est l’argent, l’infernal venin qui fait bouger les intérêts, les
décisions, la volonté. Sur cette terre le sang
ne compte pas, la vie ne vaut rien. Le film
commence ainsi : «Avec un carnage aux rayons
UVA dans lequel le sang se fait cobalt et le rite
kitsch du bronzage total une boucherie.
Tout de suite après, au bruit sec des tirs et des
éclats de rire railleurs des tueurs, se substitue un
doux bruissement de monnaies» -commente efficacement Ciak.
L’expert-comptable de la camorra, celui qui a la
charge de distribuer les traitements à un parent qui
a été tué, il compte rapidement des tas d’euros
froissés. Pas ceux rigides des banques, ceux sales
et puants de celui qui a payé sa dose. Dans
quelques séquences magistrales Matteo Garrone
met les cartes sur table. Ici on parle de Sang, de
Sous et de Pouvoir. La “Gomorrhe” biblique de
notre millénaire puissant et désorienté….
Une dénonciation dure mais faite avec amour,
dans l’attente d’un avenir meilleur, dans
l’espérance d’un retournement des consciences.
Le regard 'neutre' du très habile réalisateur,
ne donne pas de solutions mais son angoissante dureté touche au coeur et secoue de
manière inexorable.
Le réalisateur a une approche qui déconcerte –
déclare le commentaire de la Commission pour
l’Evaluation Pastorale du film. Surtout parce qu’il fait
flotter l’histoire sur une espèce de désespérance
résignée. Comme s’il était possible de regarder avec
indifférence un monde (qui est à côté de nous) où respect et compréhension ont été tués et la vie humaine
considérée comme de la chair de boucher.
«Il nous met face à la fange de ces portraits
d’existence malheureuse pour réveiller une
conscience éthique forte, capable de créer
des marges de rachat, de piété, de partage
de la douleur». En une parole, pour éveiller
à une coresponsabilité qui –dans des limites
pertinentes et possibles pour chacun– puisse
nous faire devenir militant, actif et solidaire.
qui a raison et qui a tort, parce que les pistolets,
comme les personnages, souvent n’ont pas le
temps d’entrer dans le cadre que déjà ils
décochent leur sen-tence de mort. Le mérite de
Garrone est de se tenir loin de l'exhibition : il
nous offre un document, après avoir choisi cinq
épisodes moins liés à l’histoire, plus universels
et immédiats, à travers le choix des lieux (au
premier plan les Vele, le triste et célèbre quartier
de Scampia, ghetto prison à l’architecture
terrible, aussi au sens figuré) et des personnages : les visages, les lumières, les rumeurs,
les dialectes, les musiques. Les larmes, les
pleurs, liés eux aussi à l’ambience qui les
contient et les projette à l’extérieur, et
présentée comme une normalité malade,
impuissante et difficilement guérissable, se confondent avec les coups de feu.
Sa dénonciation est simplement dans les faits, les
cinq histoires vrais : dont celle de Totò, 13 ans, qui
vit dans les Vele de Scampia et rêve de devenir
membre de la Camorra, à celle de Pasqual, le
tailleur exploité et contraint à exploiter illégalement –
et toujours par avidité– un grand nombre de chinois,
eux aussi couverts de larmes et de sang.
Garrone n’édulcore pas cette angoissante réalité,
il ne la juge pas et ne la soumet pas au crible de
la vérité, parce que cela n’est pas nécessaire :
nous savons que tout est tragiquement vrai. Mais
par son silence, il pose une question qui touche
directement la conscience : est-il encore licite de
savoir et de rester et vivre dans l’indifférence ?
[email protected]
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
le
livre
aux bons soins d’Adriana Nepi
L'élégance du hérisson
Publié en France en 2007 avec un énorme succès,
il est en train de recevoir de la part des lecteurs
italiens à la fois un accueil enthousiaste mais aussi
une très forte critique.
Il s’agit d’une histoire singulière, qui semble vouloir
refléter, même dans son objectivité invraisemblable, notre société actuelle, saturée de culture,
de bien-être et de pauvreté d’âme.
Dans un élégant immeuble de Paris, habitent des
familles de la haute bourgeoisie : diplomates,
intellectuels, financiers. La gardienne voit défiler
chaque jour devant sa loge de nombreux exem+plaires d’une humanité prétentieuse, qui cache
sous des stéréotypes usés, leur vide intérieur.
L'oeil pénétrant de la gardienne les connaît et les
compare. Elle, personne ne la connaît vraiment :
sous les sombres apparences de la femme du
peuple inculte et à l’aspect négligé, qui feint de
passer ses journées devant la télévision toujours
allumée, dans la paresseuse compagnie de son
chat, se cache une autodidacte de vaste culture,
pleine d’une curiosité intellectuelle raffinée. Elle
n’essaie pas de se faire connaître, protégée par
une sorte de conscience aristocratique intérieure,
elle vit dans son monde si différent de celui qui
passe devant elle chaque jour et qui est vide et
méprisant.
Il y a pourtant une enfant exceptionnelle, qui vit
dans ce grand immeuble : son père est un ministre,
qui dans l’intimité familiale se révèle un pauvre
homme, vaniteux et médiocre, sa mère est une
femme anxieuse et incohérente. Sa sœur aînée,
Colombe, est une jeune fille dotée d’une grande
intelligence mais superficielle et conditionnée par
un milieu social dans lequel apparaître est plus
important qu’être. Paloma, âgée de douze ans
ne lui fait pas de compliments et la définit ainsi :
"intérieurement chaotique, vide et en même
temps encombrée". Elle se sent totalement
étrangère à ce climat familial et elle aussi,
comme la gardienne, aime se cacher ; elle se
réfugie dans un coin silencieux et... s’immerge
dans ce qu’elle appelle ses pensées profondes.
Elle a décidé que le jour de son prochain
anniversaire, elle se suiciderait et, après avoir
bien calculé le moment et pris toutes les
précautions pour sauvegarder l'intégrité de ses
proches et des appartements, elle mettrait le feu
à l’appartement : pour leur bien -pense-t-ellepour imposer à tous un salutaire réveil…
Le roman alterne, avec en parallèle les soliloques de Renée, la veuve cinquantenaire enfermée dans sa loge, et "les pensées profondes de
Paloma. L'auteur ne cherche pas à masquer
l’invraisemblance de ce qui est un simple
expédient narratif. C’est elle qui, avec son
langage érudit et ironique nous conduit à travers
une trame de pensées et d’évaluations conciliantes, les colorant de manière suggestive et les
attribuant aux protagonistes de l’histoire.
Un jour, un nouveau locataire vient habiter dans
l’immeuble, un riche japonais, lequel, libre de
tout préjugés classiques, doté d’une solide
culture et d’une grande sensibilité, ne tarde pas
à découvrir la personnalité attrayante qui se
cache derrière les pâles apparences de la
concierge. Même Paloma, au cours de quelques
rencontres, a deviné chez cette femme, digne et
réservée, quelqu’un qui l’attire du fait d’une
secrète affinité entre elles, et alors un peu à la
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dma damihianimas
ANNEE LVI
MENSUEL / JANVIER-FEVRIER 2009
égocentrique, elle entrevoit, même vaguement,
un nouveau sens à ce qui lui apparaissait autre
fois l’absurdité de la vie.
Fois, s’établit entre elles, une sorte de
complicité affectueuse et sympathique.
Monsieur Kakuro, le nouveau venu, devient le
spectateur discret de cette nouvelle amitié. Il
finit par fréquenter lui aussi la concierge,
soulevant une onde de curiosité et d’étonnement incrédule parmi les riches locataires
guindés.
Cet homme la traite avec un mélange de galanterie et de familiarité affectueuse, l’obligeant
presque à sortir de la "clandestinité" et à
transformer par quelques simples touches d’élégance même son aspect physique.
Un tragique tournant arrête brusquement l’histoire, la sauvant d’une conclusion banale et
prévisible, et finalement donne aux protagonistes cette vérité humaine qui n’avait pas
réussi à l’emporter sur leurs réflexions désenchantées et souvent sèchement "nihiliste".
Paloma, au contact de la douleur, se découvre
la préadolescente psychologiquement acerbe et
Que dire de ce best seller ? L’élégance fluide du
style, l'esprit typiquement français qui se prend à
le considérer comme un chef d’oeuvre ? Ou bien,
le livre est-il un peu le miroir d’une culture capable de cacher sous de brillants jeux d’artifice,
l’égarement de celui qui a renié ses racines ? La
nostalgie des valeurs perdues affleure dans
l’histoire pour se faire plus explicite et émouvante
à la fin, mais tout reste sur le plan des sensations. On y chercherait en vain un besoin
authentique de vérité. L'allusion insistante des
protagonistes sur la nature purement animale de
l'homme (en définitive -note Paloma– nous
sommes seulement des primates programmés
pour manger, dormir, nous reproduire) donne la
mesure de ce qu’est le relativisme moderne et
l’athéisme sans préjugé dans lequel fatalement il
se transforme : aucunes attaques polémiques,
aucunes questions angoissantes, mais quelque
chose de réglé, de définitivement acquis. Les
questions sont présentes, quelquefois profondes
mais dépourvues de cette inquiétude qui s’accompagne d’une sincère attitude de recherche :
elles restent comme suspendues dans le vide.
L’adolescente très douée, qui dénonce avec une
impitoyable lucidité, la fausse vie sociale de son
entourage, est aussi la fille d’une culture, qui
désormais, elle aussi est dépassée. On peut y
distinguer la supériorité d’une intelligence sans
boussole, qui va au-delà des limites d’une saine
raison et dans son autosuffisance, elle finit par se
renier elle-même.
Les dernières pages, qui nous semblent la partie
la plus réussie du livre, rencontrent au contraire
la plus grande réserve de la part de nombreux
lecteurs. La mort qui est un peu la grande
maîtresse de la vie, suggère ici des instants de
grande beauté : et il est symptomatique qu’elle
soit instinctivement écartée.
n
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
camille
n
A propos
Du Chapitre Général
Je suis sûre que vous êtes dans la même situation que moi. La provinciale et les
déléguées au Chapitre général sont rentrées pleines d’enthousiasme et de
documents à partager avec nous pauvres sœurs restées à la maison à attendre leur retour.
Livres, cd, dvd, ppt m’apparaissent comme une liste de «médicaments anti-grippe»
mais tous essentiels pour nous transmettre le Chapitre.
D’accord, mais moi en réalité je l’ai vécu en direct ou presque. Dans le sens où
jamais comme cette année, sur le site de l’Institut, des nouvelles, des vidéos, des
interventions ont paru chaque jour. Ma Responsable était heureuse car elle avait des
documents en abondance,pour les mots du soir pendant deux mois.
Aussi nous savions déjà que chaque soir se passerait plus ou moins comme cela :
«Nous continuons à suivre nos sœurs qui sont au Chapitre et aujourd’hui, elles ont
fait ceci ou cela». Chaque «Mot du soir» nous avions, en exclusivité, une mise à jour
du chapitre général, au moins cela nous permettait à nous qui n’avions pas la
possibilité de nous connecter sur Internet d’en prendre connaissance.
Rencontres, réunions, fêtes, travaux, élections, beaucoup de «cultures», beaucoup
de «visages».
Moi, pourtant, je me suis fait ma propre idée. Je vous la dis parce que je connais
votre affection et je sais que désormais, vous pardonnez quelque intempérance à
cette pauvre sœur «riche d’années et d’expérience» (aujourd’hui on ne sait plus
qu’inventer pour ne pas dire le mot «vieillesse»).
Le chapitre est d’abord une occasion pour nous dire qu’en tant qu’Institut, nous
avons la volonté de rester unies. Puis, pendant trois ans, dans les communautés,
nous chercherons à vivre et faire vivre ce que le chapitre a suggéré et pendant les 3
années suivantes, nous commencerons à penser à ce que le futur chapitre devra
nous dire. De toutes façons, ce chapitre a apporté une nouveauté parmi d’autres :
nous avons une Mère française ! En vérité, des Mères nous en avons trois…une à
l’œuvre, et deux «émérites»…c’est-à-dire qui méritent d’être appelées mères parce
qu’elles ont beaucoup fait et donné à l’Institut. Nous ne pouvons vraiment pas nous
lamenter. Nous avons trois mères, 14 000 sœurs et un millier de maisons. Je
pourrais donc dormir tranquille, mais vous savez à mon âge, on désire surtout être
entourée de petits neveux. Filles, garçons et, pourquoi pas aussi de jeunes FMA ?
Et puis, il y a les nouvelles conseillères… de tant de nations diverses avec leurs
noms que j’apprendrai sûrement. Nous avons 6 ans pour les apprendre.
Qui sait si je serai encore là au prochain chapitre… Les années, désormais,
commencent à se faire nombreuses… Mais j’espère cependant, pendant celles qui
me restent, de voir se concrétiser l’esprit de Pentecôte, qui a souvent été cité… du
moins par ma Responsable.
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DOSSIER :
Cenacle ouvert, Maison des doutes et des rêves
PREMIER PLAN : Les femmes dans la parole Les femmes présentes au cours de la passion
de Jésus
EN RECHERCHE : Pastoralement Vie parallèle
COMMUNIQUER : Jeunes.com
Wii Jeux-Vidéo
La photo gagnante
du Concours Photos Clik
Amitié à chaque âge
Nicole Ann F. Galang Balibago
Angeles City, Pampanga
casa des dubbi e dei sogni casa des dubbi e dei sognicasa dei dubbi e dei sogni
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LA VOIX
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