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Année LVI – Mensuel no 5-6 Mai-Juin 2009 REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE Ouvertes à l’Esprit dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE 4 Éditorial : Femmes passionnées Revue des Filles de Marie Auxiliatrice de Giuseppina Teruggi Via Ateneo Salesiino, 81 00139 Ronii RM (tél:06/87.274.1 – Fax 06/87.1.23.06 e-mail [email protected] www.cgfmanet.org 5 ------------- Directrice Responsable Mariagrazia Curti Rédacteurs Giuseppina Teruggi Anna Rita Cristiano Collaboratrices Tonny Aldana * Julia Arciniegas – Mara Borsi Piera Cavaglià - Maria Antonia Chinello Emilia Di Massimo - Dora Eylenstein Laura Gaeta - Bruna Grassini Maria Pia Giudici –Palma Lionetti Anna Mariani–Maria Helena – Concepcíon Muñoz Adriana Nepi Louise Passero -Maria Perentaler – Loli Ruiz Perez –Rossella Raspanti Lucia M; Roces - Maria Rossi - Traductrices Cénacle ouvert, au vent de l’Esprit ------------13 France : Anne-Marie Baud Japon : ispettoria giapponese Grande Bretagne : Louise Passero Pologne : Janina Stankiewicz Portugal : Maria Aparecida Nunes Espagne :Amparo Contreras Alvarez Allemagne:Provinces Autrichienne et Allemande EDITION EXTRACOMMERCIALE Istituto Internazionale Maria Ausiliatrice – 00139 Roma,Via Ateneo Salesiano, 81 – C.C.P.47272000 Reg. Trib. Di Roma n° 13125 del 16-1-1970 Sped. abb. post –art. 2, comma 20/c, Legge 662/96 – Filiale di Roma N° ¾ Mai-Juin 2009 Tipographia Istituto Salésiano Pio XI Via Umbertide 11,00181 Roma Maria Rossi - 14 Les femmes et la parole : L’école de l’amour 16 Vie consacrée : Mutations culturelles 2 ANNEE LVI 18 Oecuménisme: Le don de l’unité MENSUEL / MAI-JUIN 2009 35 20 Fil d’Ariane : les langages du corps ------------27 36 Jeunes.com : De quelle tribu es-tu ? 39 Sites : 28 Recension des sites web Coopération et développement : Petites ressources pour vivre 30 Pastorale : La mort : un jeu 32 40 Vidéo : On peut le faire 42 Livre : Le temps de l’exil Polis : Nous et la crise économique 44 Camille : --------- A quelle époque sommes-nous ? ------------3 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE éditorial Défis et opportunité Giuseppina Teruggi Une grande opportunité de l’entretien a été précisée par Mère Yvonne au dernier Chapitre Général. Une rencontre avec des personnes témoins de l’amour est sûrement une rencontre profonde avec Marie, «la première croyante, celle qui nous accompagne pendant l’itinéraire choisi pour réaliser de vraies rencontres, capables de provoquer de réels chemins de conversion». La femme ouverte à la nouveauté de l’Esprit, unie à l’inattendu peut surprendre et bouleverser la vie d’un groupe de croyants, effrayés et perplexes, rassemblés au cénacle, pour les lancer avec audace jusqu’aux frontières de la planète. La rencontre avec Marie nous provoque à regarder la situation du monde aujourd’hui avec ses yeux de femme et de mère ; à prendre conscience des graves problèmes de l’humanité ; à ne pas nous ten,ir à l’écart des défis qui tourmentent les gens. Défis de tous genres, à la fois inédits et imprévisibles qui ont eux-mêmes des origines communes : une anthropologie individualiste et consommatrice qui tend à étouffer ce qui est faible ; le monde complexe des nouvelles technologies, perverses et aux mille possibilités ; la discrimination liée à l’appartenance ethnique, à la condition sociale, à la foi, le déséquilibre produit sur la nature ; le commerce du corps surtout des femmes et des enfants. Aujourd’hui, avec une force particulière, nous sommes affrontés à la crise économique mondiale, jointe au manque d’éthique dans le commerce financier avec une vision néolibérale. C’est une urgence qui ne touche pas seulement les banques avec les grandes entreprises mais surtout la vie des gens qui en supportent les conséquences. à assumer de plus grandes respon-sabilités personnelles et sociales. «Ne prétendons pas que la réalité change si nous continuons à répéter toujours les mêmes choses. La crise est la meilleure chose qui puisse arriver aux personnes et aux pays parce que la crise incite au progrès. La créativité naît dans l’angoisse comme la lumière naît dans l’obscurité de la nuit. C’est de la crise que naîtront les découvertes, les ouvertures et les grandes stratégies… Le vrai problème des personnes et des pays est la paresse qui empêche de trouver une voie de sortie et des solutions. Sans la crise, il n’y a pas de défis, sans défis, la vie est routine, est lente agonie…Mettons-nous plutôt à travailler dur. Finissons-en une fois pour toutes avec l’unique crise qui nous menace et qui est la tragédie de savoir lutter pour la surmonter». Paroles de grande actualité, écrites vers la moitié du XVIIIème siècle par Albert Einstein. Dans la période de grande récession des années 30, Mère Louise Vaschetti soulignait l’opportunité de la transition critique en acte. Dans la circulaire du 24 octobre 1931, elle écrivait : «Prenons courage, mes sœurs, confions-nous au Seigneur. Que la crise actuelle soit pour nous comme une mission, aux frais de notre égoïsme». Elle suggérait des actes concrets pour orienter les choix de responsabilité, de solidarité, d’espérance. Peut-être aujourd’hui encore, revoyant nos habitudes, nous pourrons renouveler la créativité, l’audace, l’essentiel et contribuer à humaniser la vie et l’environnement. [email protected] Nous sommes toutes atteintes et encouragées 4 Cénacle ouvert au vent de l’Esprit 5 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE Cénacle ouvert au vent de l’Esprit Emilia Di Massimo Giuseppina Teruggi Après les derniers événements de Jérusalem, alors que les disciples sont enfermés dans la chambre haute de la maison, l’Esprit les envahit. Il y avait aussi Marie, la mère de Jésus, et quelques personnes amies. Tous ensemble dans le même lieu, témoigne Luc dans les Actes des Apôtres, et il poursuit : “Tout à coup un bruit vint du ciel, comme si un vent violent se mettait à souffler, et il remplit toute la maison où ils étaient assis” (Act. 2,2). Depuis ce moment le cours de l’histoire ne fut plus comme avant. Ouverts à la nouveauté de l’Esprit Il y avait une fille dans un village inconnu et insignifiant. Comme tant d’autres, elle habitait une maison en partie creusée dans le rocher, selon la coutume des habitants de la Palestine à cette époque. Elle vivait avec ses parents et se préparait à la vie, qui pour elle, comme pour toutes les jeunes femmes de son pays, suivait un parcours précis : le mariage avec un homme de la même classe sociale, les maternités, en somme une vie de fidélité au sein de sa maison, procurant à son époux et à sa famille tout le nécessaire à une vie habitée par Dieu qui la rend heureuse, même dans l’ordinaire, pas toujours facile du quotidien. Mais voilà, à l’improviste, elle participe à un événement extraordinaire qui va totalement changer sa vie. Et qui va aussi changer le cours de l’histoire. Marie de Nazareth vit l’expérience de la rencontre avec le mystère quand Dieu entre à l’improviste dans sa vie : par l’annonce d’une maternité imprévue, l’ex- périence d’événements incompréhensibles, depuis le départ de son Fils pour une mission spéciale et difficile à comprendre, jusqu’à sa mort sur la croix, librement acceptée et donnée. Puis voici l’irruption à l’improviste de l’Esprit dans la chambre haute d’une maison de Jérusalem, où elle se trouvait avec les amis de Jésus. Le vent de l’Esprit a conduit les disciples à ouvrir tout grand les portes et Marie a été la première à se mettre en route et à faire l’expérience de l’exode. “La première évangélisée est devenue la première évangélisatrice.” L’Esprit a rendu Marie témoin, capable d’entrer et de vivre ce nouveau quotidien avec courage et audace, et avec la certitude que là, Dieu construit et soutient ses projets d’amour. Depuis toujours, l’Esprit a opéré des transformations dans sa vie : elle a été “l’espace humain, petit mais docile, dans lequel Dieu a accompli de grandes choses”, souligne les Actes du CG XXII (n. 20). La présence de Marie au cénacle signifie qu’elle veut partager les préoccupations et les espérances du groupe des disciples et les aider à affronter le quotidien avec courage. Il en est ainsi aujourd’hui, dans notre histoire, faite d’espérances et de peurs, d’incertitudes et de rêves. Les Actes du Chapitre relèvent aussi que “Marie nous enseigne à ne pas fuir les défis, mais à les accueillir comme des occasions pour renouveler notre passion éducative et missionnaire, en vivant dans nos communautés, avec un cœur grand ouvert, des moments de partages profonds entre nous mais aussi avec les jeunes, recréant avec eux un esprit de famille, riche en valeurs humaines et chrétiennes” (Actes n. 23). 6 ANNEE LVI Femme modelée par l’Esprit, Marie est pour nous, maîtresse et guide dans l’accompagnement, les choix proposés par le Chapitre. Mère et disciple de Jésus, elle “l’a accompagné avec grand dévouement tout au long de sa vie” et en tant qu’auxiliatrice, “elle accompagne l’Eglise à ses débuts, au cours de son développement, sa propagation dans le monde, et elle continue à être présente, surtout dans les moments difficiles de son histoire.” Le courage d’accueillir… “À l’improviste…” Le jour de Pentecôte fut décisif pour les disciples suite aux événements qui arrivèrent soit dans le cénacle soit au-dehors : "Tout à coup un bruit vint du ciel, comme un vent violent…”. Une sorte de tremblement de terre qui s’entendit dans tout Jérusalem, si bien que beaucoup de gens arrivèrent devant la maison pour voir ce qui s’était passé. Assurément il ne s’agissait pas d’un tremblement de terre normal. Il y a eu une forte secousse, mais rien ne s’est écroulé. Du dehors on ne voyait pas les bouleversements MENSUEL / MAI-JUIN 2009 qui ont eu lieu au-dedans, là où les disciples ont vraiment fait l’expérience d’un tremblement de terre, même s’il a été essentiellement intérieur, il les a tous impliqués. Et ils vécurent tous une expérience qui les a transformés profondément et qui a même eu des répercussions au-dehors. L’Esprit du Seigneur est passé au-dessus de frontières qui semblaient infranchissables : il a inauguré des temps nouveaux, le temps de la communion et de la fraternité, le temps de l’infini, car sa grandeur, tout en nous dominant, ne nous écrase pas, mais instille dans nos cœurs la fascination pour les étoiles. Les Actes des Apôtres affirment que l’Esprit "est venu à l'improviste”: c’est un détail sur lequel il faut être attentif parce qu’il peut nous rappeler des souvenirs relatifs à notre propre histoire. Chacun de nous garde en son coeur des souvenirs qui sont comme des pierres milliaires qui ont secoué notre existence, ils ont impliqué un exode et souvent imposé un renoncement à nos projets pour nous ouvrir à l’inconnu, au mystère. 7 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE Le croyant accueille tout bouleversement existentiel dans la mesure où Celui qui guide notre histoire, tisse une tapisserie merveilleuse dont nous ne voyons que l’envers. Mais cela n’est pas automatique. Comment reconnaître que ce qui nous arrive “à l’improviste” est irruption de l’Esprit et non le résultat du hasard ou de conjectures humaines ? Du ciel un bruit sourd : apologie du silence Il nous plaît d’imaginer les apôtres, réunis au cénacle avec Marie, dans une atmosphère de silence. Un silence adorant, habité, comblé par Dieu, qui leur a permis d’accueillir la venue de l’Esprit et leur a enlevé tout esprit de peur et d’hésitation. Silence qui leur a permis de comprendre l’Amour et ses exigences, silence exprimé à travers ce bruit sourd qui semble s’imposer pour prendre la défense de cet espace de solitude féconde et intérieure. Nous avons la nostalgie d’un silence profond, d’“oasis vertes” dans lesquelles se réfugier au cours de nos journées ; nous sommes conscients que le monde, est envahi chaque jour et de plus en plus par le "bruit" mais aussi par un murmure persuasif, qui tente d’étouffer la Parole. Il est nécessaire de retourner chercher le silence auprès de Dieu, pour Lui seul ; ainsi son Esprit descendra sur nous, comme autrefois au cénacle et il demeurera en nous ; par ce silence plein et fécond, toute chose sera renouvelée. Ecoutons un témoignage encourageant à ce sujet, il invite à aller “boire l’eau à notre propre source”. La célèbre sculpture de Thérèse d’Avila, du Bernin, appelée L’extase de sainte Thérèse est célèbre au niveau mondial. Est-ce seulement une sculpture de marbre et de bronze ? Sur le plan iconographique, l'extase de la Sainte est directement inspirée d’un célèbre passage de ses écrits, dans lesquels elle décrit une de ses nombreuses expériences de ravissement : «Un jour, un ange magnifique m’apparut. Je vis dans sa main une longue lance dont l’extrémité semblait être une pointe enflammée. Celle-ci parvint à me frapper plusieurs fois au coeur, jusqu’à pénétrer en moi. La douleur était si réelle que je gémis plusieurs fois à voix haute, cependant c’était si doux que je ne pouvais désirer en être libérée. Aucune joie terrestre ne peut apporter un tel bonheur. Quand l'ange retira sa lance, je restais immobile, ressentant un grand amour pour Dieu». (Sainte Thérèse d'Avila, Autobiographie XXIX, 13). En lisant ce passage, un sourire peut nous venir aux lèvres : voici un fait exceptionnel et rare, “un vent qui souffle à l’improviste”, une expérience concédée à peu de personnes. Mais mettons en relation l’extase avec d’autres écrits biographiques relatifs à Thérèse, décrite par des personnes qui l’ont connue, et par ses propres écrits, comme intelligente, subtile, dotée de don d’observation, éclectique, versatile, rebelle, ambitieuse, violente, autoritaire, arrogante, indécise et têtue, curieuse, toujours insatisfaite, attachée aveuglément à ses idées, formaliste, dotée du sens de la justice, exubérante, hypocondriaque et masochiste, toujours à la recherche du bonheur. “Voilà Thérèse d'Avila : une grande femme qui, avant, n’aurait jamais accepté de marcher derrière un homme mortel, et une grande sainte, après”. Tout commentaire à son égard ferait perdre la fascination pour cette sainte que don Bosco a choisi comme patronne de notre l’Institut. Cette icône proposée comme exemple est à contempler dans notre prière et dans notre histoire quotidienne : là où Dieu fait irruption, il accepte notre pauvreté et il nous transforme par des extases intérieures qui se manifestent même dans les événements ordinaires du quotidien, ceux qui nous semblent être subis et insignifiants. C’est le le vent de l’Esprit 8 dma damihianimas ANNEE LVI MENSUEL / MAI-JUIN 2009 Interview de Soeur Vilma Tallone Conseillère générale pour l’Administration Comment cette période de crise économique mondiale touche la vie religieuse ? Si la vie consacrée est vraiment vécue comme une passion “pour le Christ et pour l’humanité”, les épreuves qui touchent les hommes et les femmes de notre temps deviennent nos “épreuves”. Une crise vécue non de l’extérieur, comme par réflexe, mais personnellement, en lien très fort avec ceux que nous aimons : familles, jeunes, anciens, anciennes élèves, amis qui nous confient leur situation de pauvreté. Et puis une crise vécue dans la solidarité avec le monde des pauvres qui, s’ils sont habitués à supporter depuis toujours leurs conditions de vie, souffrent encore plus en ce moment, à cause de la diminution des aides dues à la crise des structures. Quel est le rapport entre pauvreté et mission éducative ? Comme FMA, les destinataires privilégiés de notre mission éducative sont les jeunes qui ont le plus de difficultés : précarité économique, fragilité familiale, pauvreté culturelle. La mission charismatique structure donc le rapport éducation/pauvreté et le rend inaliénable. Comment repenser aujourd’hui notre choix de la pauvreté pour le Royaume ? Notre manière de vivre la pauvreté est assurément liée au contexte temporel et spatial. Quelques éléments peuvent caractériser la prophétie de la pauvreté aujourd’hui : le fait de partir des ”derniers” dans les critères de référence en ce qui concerne les choix à faire, soit au niveau idéologique ou concret. Et puis privilégier une vie humble, simple, recherchant l’essentiel et la cohérence évangélique. Mais aussi s’engager, se battre avec et pour les pauvres et les catégories de personnes les plus fragiles : les enfants, les femmes, les handicapés, les immigrés, pour que leurs droits soient reconnus. Soutenir les pauvres, même au moyen d’aides modestes, pour qu’ils puissent construire leur propre avenir. Au niveau de la vie communautaire, que vois-tu de prioritaire face à la pauvreté ? La communauté est appelée plus que jamais à faire des choix courageux et concrets d’austérité, dans la conviction que le superflu ne nous appartient pas. La frontière entre le superflu et le nécessaire est très fragile, glissante et personnelle : seule une vérification communautaire fréquente de la pauvreté peut mieux nous aider à identifier les limites de cette frontière. Vivre dans l’espérance que le “petit” – fragilité financière, pauvreté des moyens– s’il est assumé avec courage et foi, porte en soi la force de transformation du grain, du levain. Gestion rigoureuse des ressources, sans hésiter à trouver de nouveaux chemins, même au niveau économique, pour pouvoir être fidèles à notre mission éducative, et annoncer Jésus aux jeunes les plus pauvres. Arbre solidement fixé grâce à ses racines Le ‘vent’ de l’Esprit ne souffle pas toujours comme un ouragan qui vient secouer les énergies endormies ; souvent il est un souffle, une brise printanière qui fleurit la vie et ouvre nos cœurs à l’amour. Nous le reconnaîtrons comme une force quand sa touche légère sera quotidien- nement dans notre regard et nous portera vers des horizons plus lointains et plus vastes. Quand jusqu’à l’aurore nous accepterons de vivre avec Lui, toute notre journée, dans un élan de joie et de générosité. Ainsi, l’Esprit sera présent à toute notre vie pour la renouveler et lui donner une dimension plus profonde, il nous 9 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE Pour le partage communautaire De la parole de Dieu :“L’Esprit du Seigneur descendra aussi sur toi et tu deviendras un autre homme, tu seras prophète. Quand ces signes se seront accomplis, tu agiras pour le mieux car Dieu est avec toi.” (1 Sam 10,6-7). Ce passage peut devenir objet de réflexion personnelle et de dialogue communautaire, il trace bien le cheminement post-capitulaire. - L’Esprit t’investira : L’Esprit est plus souvent aigle que colombe, qui nous enlève et nous emmène avec lui sur les sommets. Grondement de turbine…. Vent qui remplit la maison…. Feu … L’Esprit nous empêche de nous taire ! - Tu seras prophète : Le prophète est celui qui vit de la Parole, pour laquelle il parle et agit comme envoyé par Dieu et il ne fait qu’annoncer son message, son dessein. - Tu seras transformé en un autre homme : L’Esprit crée continuellement, rend neuve toute réalité, surtout le coeur de celui qui s’ouvre à Lui. Sa force fait en sorte que ce n’est plus toi qui vis, parce que c’est le Christ vit en toi. - Dieu sera avec toi : Etre avec, c’est supprimer le sens d’un Dieu étranger à l’homme, c’est se sentir vitalement greffer sur Lui. Dieu non seulement fait quelque chose pour toi, mais il agit avec toi et en toi. - Tu feras comme tu voudras : Dieu n’est pas celui qui donne des ordres à suivre, mais celui qui appelle à la liberté. La liberté même d’aimer sans mesure : aime et fais ce que tu veux !(Cf Ermes Ronchi, La maison de Marie, Ed Paoline, 2006) aidera à comprendre le sens réel de nos inévitables crises qui deviendront des “opportunités”, “arbre qui s’élève, solidement planté en terre grâce à ses racines”. Souvent nos racines se perdent dans des questions récurrentes : “Au fond, qu’est ce qui me donne envie de vivre ? Pourquoi cela en vaut-il la peine ? Qui suis-je ? Quelqu’un m’aime au point de m’assurer que cette envie de vivre ne s’estompera pas face au néant ni face à la mort ?”. Des questions comme cellesci, durant toute la période de la modernité jusqu’à la moitié du siècle précédent, étaient présentes dans la littérature ou étaient tout à fait considérées comme non problèmatiques par les sciences philosophiques. (Auguste Comte). Dans les dernières décennies, après l’effondrement des idéologies, de telles questions ont surgi dans la vie personnelle et sociale de manière fulgurante, occasionnant une recherche intense de bonheur et réveillant des énergies de liberté inexplorées et inimaginables. Les personnes de cette période postmoderne n’entendent pas renoncer au désir de bonheur et à l’usage de leur entière liberté pour le réaliser. Mais Jésus n’encourage-t-il pas notre désir d’infini ? L’annonce de la bonne nouvelle et l’aspiration actuelle de l’humanité coïncident, mais sont sujets aux mêmes peines. Les contractions et les douleurs sont violentes, cependant elles sont adoucies à la pensée de l’enfant qui va naître et apporter beaucoup de joie. Ce nouveau phénomène nous place chacune, en tant éducatrices en face d’une très grande responsabilité. La première est celle de la Parole. La Parole écoutée, cherchée, désirée, méditée et vécue, la Parole que le croyant, comme Marie, garde dans son cœur et qui transforme sa vie. L’exégèse priante devient à la fois praxis divine et humaine, événement décisif qui permet à la force de l’Esprit de jaillir, de redevenir chair et de manifester, comme le chante le Magnificat, les merveilles que le Tout Puissant peut réaliser à travers la petitesse et l’humilité de ses “pauvres”. 10 ANNEE LVI Seulement celui qui est pauvre sait aimer Le vent de l’Esprit pénètre avec force où il trouve de la place, où il n’y a pas d’encombrements, quand le coeur est libre. Et quand la personne est consciente d’être pauvre. Ancrée dans la logique de Dieu, la pauvreté de coeur se transforme en valeur et le pauvre devient témoin de la valeur et de la capacité transformante de l’Evangile. Dans une telle optique la pauvreté devient un oui, et le pauvre se définit au moyen du verbe “être” et non du verbe “avoir”, parce que positivement, il est “celui qui attend, celui qui accepte, celui qui prie, celui qui sait aimer”. Ne serait-ce pas de cette manière qu’il faudrait se situer face à la crise économique mondiale ? Le moment historique que nous vivons, dans tous les coins de la planète, est un des plus délicats et problématiques. Les journaux, les communiqués des chaînes télévisées et Internet le répètent continuellement. Nous l’expérimentons aussi de près dans nos communautés. De nombreuses personnes voient en cette période de pauvreté, une bonne opportunité pour un renouvellement profond, même dans la vie religieuse. Un temps de transformation, si nous sommes ouverts au passage de l’Esprit. Pendant le Chapitre, nous en avons parlé plusieurs fois et les capitulaires ont même eu une rencontre avec l’économiste Antonio Ceñas. Les interpellations ont été nombreuses et le dialogue qui a suivi intéressant. En voici quelques extraits : “Dans la théologie de l’Eglise, la plus sérieuse et reconnue, il est affirmé que Dieu a besoin des hommes. Et dans de nombreuses prières modernes on dit : ‘Seigneur, je veux être ta main, ton visage, ton intelligence pour les mettre au service de ceux qui en ont le plus besoin. Je veux être signe de ta créativité, reflet de la grâce multiforme de l’Esprit, accueil de ses nombreux dons pour participer au grand défi de la construc tion de MENSUEL / MAI-JUIN 2009 l’Eglise, avec tous ceux qui veulent donner le meilleur d’eux-mêmes’. Une Congrégation est un ensemble conséquent de personnes appelées une après l’autre, personnellement par Jésus. Je crois que l’effort important que nous avons à faire est de mettre toute notre bonne volonté et notre amour au service de cette cause, en ayant confiance en Jésus qui nous appelle et qui nous pourvoit des dons et qualités nécessaires. Et dire : ‘J’ai confiance en ce qu’il m’a donné, je compte sur la confiance qu’il a mis en moi… Voyons comment je vais faire pour que ce capital que tu as placé en moi comme un don, se multiplie au service des autres’… Alors, avec ce panorama devant les yeux, je crois qu’une communauté de croyantes consacrées ou laïques, qui a à faire avec l’argent, doit faire un examen de conscience sérieux face à l’argent lui-même. Vivre l’administration des biens avec ces sentiments pourrait être une façon de se convertir, et devenir aussi une alternative à la gestion folle et absurde qui existe dans le monde d’aujourd’hui. L’Eglise pourrait offrir une alternative diverse face à l’usage de l’argent. Mais ceci supposerait de sa part et aussi de la vie religieuse, une grande créativité ”. Les disciples sont sortis du cénacle pour annoncer Jésus au monde, pauvres de coeur et forts de la Parole et de la présence de l’Esprit. Avec cette passion dévorante, ils ont transformé l’histoire. Emilia Di Massimo Giuseppina Teruggi n 11 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE 12 ANNEE LVI MENSUEL / MAI-JUIN 2009 Approfondissements bibliques éducatifs et formatifs 13 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE les femmes dans la parole L’Ecole de l’Amour Elena Bosetti Le récit de la femme qui parfume Jésus, apparaît dans les quatre évangiles, même si chacun raconte l’histoire à sa manière : Matthieu (26,6-13) et Marc (14,3-9) parlent d’une femme anonyme, qui dans l’imminence de la passion verse tout un vase de parfum sur la tête du Maître, tandis que Luc (7,36-50) parle d’une pécheresse dans le contexte du ministère de Jésus en Galilée, et plus précisément au cours d’un repas, dans la maison d’un certain Simon, pharisien, où elle verse son parfum sur les pieds du Maître. De son côté, Jean (12,1-11) semble mélanger les différents éléments : il est en accord avec les deux premiers évangélistes en situant la scène à Béthanie, mais il sort la femme de l’anonymat, elle s’appelle Marie et c’est la soeur de Marthe et de Lazare. . Aux pieds du Maître Je m’arrête brièvement sur le récit de Luc et aussi sur celui de Jean. La scène de la femme pécheresse qui accomplit son geste d’amour aux pieds de Jésus, indifférente aux convives, à leurs regards torves et à leurs jugements perfides, est parmi les pages de l’Evangile, celle la plus touchante. Certes, cette histoire ne manque pas d’aspects étranges : comment une pécheresse (prostituée) a-t-elle pu se retrouver aux pieds de Jésus, hôte d’un pharisien ? Luc décrit cette scène par touches successives et rapides, laissant parler le langage du corps. La femme, en fait ne prononce aucunes paroles mais elle ne pouvait utiliser un langage plus éloquent et embarrassant. Elle parle avec toute sa personne, corps et âme. Accroupie aux pieds du Maître, elle s’abandonne subitement dans un déluge de larmes. Elles ne font pas partie de son travail, ces larmes, elles sont au contraire la confession de sa vraie situation, de sa profonde misère, de son besoin de salut. Jésus lui laisse verser toutes ses larmes qui s’écoulent sur ses pieds. Ensuite, elle les essuie avec ses longs cheveux ; elles les embrassent, les caresse et verse du parfum dessus. Et Jésus ne dit rien, il la regarde et la laisse faire. La scène est vraiment embarrassante. Dans la salle du banquet, règne un silence de plomb. Simon n’ose pas dire ouvertement ce qu’il pense ; ce n’est pas ce que fait la femme qui le choque mais plutôt l’attitude du Maître : «S’il était vraiment un prophète, il serait qui est cette femme qui la touche.» «Simon, j’ai quelque chose à te dire.» Finalement Jésus rompt la glace. Il se tourne justement vers Simon, il l’appelle affectueusement par son nom : Il lui raconte l’histoire des deux débiteurs, celui qui doit une somme énorme (cinq cent pièces d’argent), l’autre une somme dérisoire (cinquante pièces d’argent). N’ayant pas de quoi payer, l’un comme l’autre sont gratifiés d’une remise de leur dette de la part de leur créditeur. Jésus pose alors une question bien intrigante : «Qui des deux aimera le plus son créditeur ?» «Je suppose que sera celui à qui on a remis le plus», répond Simon, sans se rendre 14 dma damihianimas ANNEE LVI MENSUEL / MAI-JUIN 2009 Et la maison se remplit de parfum Dans le quatrième Evangile, le symbole éminent de la femme ‘’des agapes ‘’ est Marie de Béthanie. L’onction a lieu six jours avant la Pâque, dans le contexte d’un banquet : Marthe servait et Lazare était parmi les invités «Alors Marie, prit une livre d’huile parfumée, de grande valeur, en oint les pieds de Jésus et les essuie avec ses cheveux. Et la maison se remplit de la bonne odeur du parfum.» (Jn12,3). Immédiatement Juda crie au gaspillage : «Pourquoi n’a-t-on pas vendu cette huile pour trois cent deniers que l’on aurait donnés aux pauvres ?» (Jn 12,5). Juda est décrit comme en opposition à Marie : si elle, est une figure ‘’des agapes’’, lui est exactement le contraire, il est incapable de comprendre le pauvre Christ qu’il « vendra » pour dix fois moins, trente deniers. Mais voici que Jésus intervient et prend la défense de Marie : «laisse-la faire…les pauvres vous en aurez toujours autour de vous, mais moi, vous ne m’aurez pas toujours avec vous.» (Jn12, 7-8). compte qu’il prenait un bâton pour se faire battre, parce que Jésus conclut en mettant en évidence le contraste criant entre ce que lui n’a pas fait et ce qu’elle, au contraire a fait : «Tu ne m’as pas lavé les pieds ; elle, au contraire m’a baigné les pieds de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’a pas embrassé ; elle, au contraire depuis que je suis arrivé, n’a pas cessé de m’embrasser les pieds. Tu n’as pas versé d’huile parfumée sur ma tête ; elle, au contraire a versé du parfum sur mes pieds.» (Luc 7,44-46). Jésus apprécie le gaspillage de tout ce parfum et on comprend pourquoi : il nous parle de la grandeur de l’amour. Celui qui aime, ne joue pas avec l’épargne, il donne tout. Comment ne pas penser au lien avec le geste de Jésus durant le dernier repas ? «Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout.» (Jn13,1). Le Maître aux pieds de ses disciples, un bain d’amour, un exemple qui doit continuer, se perpétuer : «Vous aussi faites ainsi.» Une prostituée contre un pharisien ! Le langage Elena Bosetti du calcul, du risque mesuré, contre le langage simple de l’amour. Mais c’est cela qui touche le coeur du Christ et ouvre la porte au pardon. 15 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE vie consacrée et… Mutations culturesses Martha Seide Notre époque, marquée par de grands progrès et changements politiques, socioéconomiques, religieux et culturels présente de nombreux défis stimulants et tout autant dangereux pour le développement des personnes. On parle souvent de la société actuelle comme une société en crises. Il ne s’agit pas seulement de la crise économique mondiale, mais de la crise des valeurs, qui est surtout présente dans les sociétés riches et développées, amplifiée par les médias qui mettent en avant subjectivisme, relativisme moral et nihilisme. On assiste à des célébrations humanistes et anthropologiques : l’homme et la qualité de sa vie sont au centre des discussions et des projets. Ou bien paradoxalement, une des causes de la crise actuelle concerne la vision inadéquate que l’on a de l’homme, de son identité et de son destin. Les congrégations religieuses et leurs membres ne sont pas indifférents à cette situation et se demandent comment affronter ce défi, comment se situer face à la culture qui apparaît aujourd’hui et quel dialogue il est possible de mettre en place. Bruno Secondin affirme : «Depuis toujours, les religieux ont beaucoup appris à vivre, avec leurs racines, leurs racines et c’est un grand bien. Mais notre situation exige aussi de savoir vivre avec des antennes, au milieu des flux ouverts des nouveaux moyens de communication, pour que nous sachions nous situer dans cette nouvelle polis, et vivre les transformations actuelles en acteurs solidaires, pour retrouver ensemble les chemins de l’espérance et de la communion, du langage prophétique et de la solidarité courageuse.» Quelles sont les implications de ces deux aspects ? Vivre avec nos racines est une invitation claire à retourner à l’essentiel, au premier amour, au primat de Dieu, à l’inspiration première des fondateurs et fondatrices. Il s’agit de repartir du Christ dans l’espérance. Cela sous-tend que la VC en ce troisième millénaire de l’ère chrétienne devra être mystique ou ne sera pas. Je pense que c’est cela que nous, les consacré(e) pouvons apporter à la société actuelle et c’est ce qu’elle attend de nous : une vie vraiment orientée vers le Christ, au service de son Règne qui devient - selon le document “Vie Consacrée” une thérapie spirituelle pour les maux de notre temps. Elle représente donc une bénédiction, un style alternatif de vie et un motif d’espérance pour l’humanité et pour la vie ecclésiale même (VC 87). Face à la fragmentation des grands récits, les personnes consacrées sont appelées à proclamer par leur vie, la pérennité de la Bonne Nouvelle de l’Evangile. Immergées dans les cultures de mort qui semblent dominer, elles doivent témoigner du choix prioritaire pour la vie humaine, particulièrement dans les moments cruciaux de son commencement et de sa fin, pour l’harmonie de la création, pour l'existence des peuples et pour la paix. L’image des antennes allumées nous rappelle la nécessité de travailler notre intériorité et notre attention pour accueillir les semences du Verbe présentes dans les réalités de l’aujourd’hui. Il s’agit d’un travail exigeant et délicat. Enzo Bianchi, moine italien et prieur actuel de la communauté de Bose écrit : 16 dma damihianimas ANNEE LVI Psaume de la "traversée" Je te bénis, o Père, pour la soif que tu as mis en nous, Pour les plans audacieux que tu nous inspires, Pour la flamme que tu es Toi-même Et fais brûler en nous... Qu’importe si la soif Reste à moitié assouvie ? Malheur aux rassasiés ! (D. HELDER) Je te bénis, Jésus, pour le désir que tu as mis en nous d’emprunter la voie de la Vie Consacrée. Je te remercie pour les Sinaï déjà expérimentés : la mystique, la vie fraternelle, la mission prophétique, la conscience planétaire, la diversité des états de vie. Avec joie nous nous tenons devant Toi, renouvelant notre consécration : Me voici, je suis là, Seigneur, pour faire ta volonté et vivre en ton amour ! Esprit Saint, révèle-nous les voies de Jésus pour notre temps. Console-nous dans les moments de souffrance. Soutiens-nous dans les moments de découragement. Donne-nous tes sept dons, en particulier la sagesse et la force, Afin de bien vivre la traversée. Trinité Sainte, Dieu-communauté, Nous te louons et te bénissons Comme tes filles et fils, serviteurs et pèlerins, sur un chemin toujours nouveau. Amen (Tiré de la relation de Sr. Maria José Mendes dos Santos sur la planification 2006-2009 de la CLAR à l’occasion du Conseil des déléguées de la UISG, à Bangalore le 7-13 décembre 2008) MENSUEL / MAI-JUIN 2009 «Aujourd’hui, la vie religieuse a besoin d’un esprit qui lui évitera de tomber dans la répétition et la monotonie, mais qui la poussera à s’aventurer avec confiance sur de nouveaux chemins que les signes des temps lui indiquent, qui l’incitera à affronter les vrais problèmes. Et ces vrais problèmes sont principalement -et avant tout– d’ordre spirituel, ascétique, culturel et non d’ordre économique et institutionnel. Les nouveaux chemins que les signes des temps nous montrent, nous stimulent à accepter les nouvelles réalités, à les comprendre, à nous orienter, par conséquent, dans les directions qui apparaissent. Le nouveau cadre culturel et pastoral devient le lieu de mission obligatoire que les éventuels regrets du passé ne changeront certainement pas. Il est plutôt l’aiguillon qui fera surgir les qualités que nous avons, en premier cette espérance et ce dynamisme que l’Esprit ne cesse pas de nous envoyer. Il s’agit de lire les signes des temps, d’être des consacré(e)s conscient(e)s de la potentialité de leur charisme et de savoir accueillir les dons de l’Esprit, pour être réellement présents à notre temps et bâtisseurs des temps futurs.» En outre, vivre avec des antennes demande à la VC, la capacité de dialoguer avec la culture de manière à participer à l’élaboration d’un nouvel humanisme, où la personne elle-même, est pleinement actrice. Comme l’affirme le document “Les personnes consacrées et leur mission dans l’Eglise”, il s’agit d’arriver à manifester la valeur anthropologique même de la consécration à travers les conseils évangéliques, qui laissent apparaître les valeurs et désirs authentiquement humains, mais aussi qui relativisent l’humain «présentant Dieu, comme le bien absolu» (cf. n.12). Pour réaliser un tel dialogue de manière fécond, les personnes consacrées doivent faire preuve d’un “grand intérêt pour l’engagement culturel, pour l’étude comme moyen de formation intégrale et comme parcours ascétique, extraordinairement actuel, face à la diversité des cultures. Nous devons avoir le courage d’habiter notre monde en tant que prophètes et pèlerins en quête de vérité pour assurer une heureuse traversée. 17 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE œcuménisme Le don de l’unité Bruna Grassini Le Concile exhorte tous les fidèles catholiques à reconnaître les signes des temps et à prendre une part active à l’effort œcuménique. Il désire vivement que les fidèles de l’Eglise Catholique prennent des initiatives pour promouvoir l’unité des chrétiens en lien avec celles de nos frères séparés, de manière qu’il n’y ait aucun obstacle contre les voies de la Providence. Il est nécessaire que les catholiques reconnaissent avec joie et apprécient les valeurs réellement chrétiennes qui se trouvent chez nos frères séparés et qui ont leur source dans le patrimoine commun. Il est juste et salutaire de reconnaître les richesse du Christ et sa puissance agissante dans la vie de ceux qui témoignent pour le Christ parfois jusqu’à l’effusion du sang.” (“Unitatis Redintegratio”, 1,4) Est-ce qu’un corps peut-être divisé? Est-ce que l’Eglise, corps du Christ, peut-elle être divisée ? Cette question cruciale a jailli du coeur de Benoît XVI, lors de l’ouverture solennelle de l’Année St Paul, dans la Basilique de St Paul hors les Murs. St Paul s’est écrié de la même manière, en constatant les divisions dans la communauté des Corinthiens : « Est-ce que Christ était divisé ?» “Père, qu’ils soient un, afin que le monde croie”. Aujourd’hui la nécessité d’une “unité visible”se fait sentir, surtout dans les régions où les chrétiens sont en minorité. Le témoignage de l’Evangile est fortement affaibli par nos divisions. Beaucoup de jeunes, dans le monde cherchent à surmonter les murs de l’indifférence, de l’hostilité. Ils souhaitent que l’engagement des chrétiens pour la réconciliation dans le monde soit crédible. Comment être témoins d’un Dieu d’amour et continuer à être divisé ? Tout ce qui est vraiment chrétien n’est jamais contraire aux valeurs de la foi, il faudrait même que le mystère du Christ et de l’Eglise soit vécu de manière toujours plus cohérente. L’oecuménisme n’est pas un choix optionnel, mais une “obligation sacrée” décidée par le Concile Vatican II : “La recherche oecuménique”, affirme Jean Paul II, est une voie irréversible”. Et Benoît XVI, depuis le premier jour de son Pontificat, a pris comme engagement prioritaire celui de travailler sans cesse à la reconstruction de la pleine visibilité de “tous” les fidèles du Christ. La “Porte Royale” Il y a une année, Benoît XVI accueillait une Délégation de l’Eglise Luthérienne de Finlande, en pèlerinage à Rome, il a encouragé les fidèles catholiques et les luthériens à persévérer dans le partage humble et fidèle de la prière de Jésus : “Que tous soient Un”. Elle représente la “Porte Royale” de l’Oecuménisme, renforce les liens fraternels et aide les communautés à “dépasser avec courage” les souvenirs douloureux, les difficultés sociales et les faiblesses humaines 18 dma damihianimas ANNEE LVI l MENSUEL / MAI-JUIN 2009 un seul corps dans Ta Main” (Ez.37, 15-28). C’est une invitation à mieux comprendre le drame de la séparation entre les chrétiens, et cependant elle fait entrevoir une vérité pleine d’espérance : “La nouvelle unité…qu’elle soit signe et instrument de réconciliation et de paix pour toutes les nations”. Là où les paroles humaines sont impuissantes, a affirmé Benoît XVI, “la force prophétique de la Parole de Dieu nous redit que la paix est possible et que nous devons être nous-mêmes, des instruments de réconciliation et de paix.” Les “Gestes” de l’Unité qui sont les causes de nos divisions. A cette occasion, le pape a exprimé un jugement positif sur le dialogue catholico-luthérien en Scandinavie, souhaitant que “ce dialogue permanent édifie notre unité en Christ et renforce donc les rapports entre tous les chrétiens”. Certes, l’Eglise est consciente que cette sainte proposition de réconciliation dans l’unité d’une seule et unique Eglise du Christ, dépasse les seules forces et qualités humaines. Pour cela “elle met toute son espérance dans la prière du Christ, dans l’amour du Père pour nous, et dans la puissance de l’Esprit Saint”. (U.R.5). Cela demande des gestes courageux de réconciliation, surtout dans les différentes situations de conflit qui “pèsent” sur l’humanité. C’est ainsi que s’est exprimé le Pape, accueillant la proposition de la Corée, avec comme thème oecuménique d‘année : “Que tous nous formions Le14 mars 2009, en même temps, à Rome et à Istanbul, s’est déroulée une célébration solennelle en mémoire de Chiara Lubich, fondatrice du “Mouvement des “Focolari”, un an après sa mort. Dans le monde entier, de l’Egypte aux Etats-Unis, de l’Afrique à la Pologne et au Brésil, des rencontres de prière, congrès et moments de réflexion ont porté l’écho d’une vie toute donnée pour défendre l’idéal œcuménique de la fraternité universelle. Il y a quarante, le Patriarche Orthodoxe Athénagoras confia à Chiara Lubich une mission inédite, très difficile : “Etre l’intermédiaire officielle”du dialogue œcuménique avec le pape Paul VI, presque huit fois de suite. Une personnalité ouverte au Dialogue crée des relations constructives; dépasse l’idée de confrontation impossible entre des différences apparemment insurmontables, fait cas aussi de tout ce qui est juste et vrai et qui construit l’“UNITE”. C’est la condition essentielle. Il n’y a pas d’idées nouvelles, mais des réflexions tirées directement des textes conciliaires sur l’oecuménisme. Malgré tout le chemin reste difficile, il sera peut-être encore long, mais l’espérance nous anime, et surtout la certitude d’être guidés par l’Esprit, seul capable de nous faire des surprises, toujours nouvelles. (U.R. 50). [email protected] n 19 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE le fil d’ariane Les langages du corps Maria Rossi Le corps humains dans sa merveilleuse complexité, avec l’harmonie de ses formes et les interférences de l’esprit qui l’anime, a toujours suscité et continue de susciter beaucoup de fascination et d’intérêt. Pour en percer le mystère, découvrir le fonctionnement et aussi pour l’aider à dépasser les maladies et les difficultés qu’il rencontre, de nombreuses sciences sont venues au jour. Il suffit de penser aux nombreux secteurs d’étude liés à la Médecine, à la Biologie et à la Psychologie. L’apport de ces sciences et les progrès technologiques actuels ont allongé la vie des hommes et en ont amélioré la qualité, mais aucunes d’entre elles n’a réussi à saisir complètement sa réalité et même si les recherches avancent, son mystère demeure et se déplace toujours plus en avant.. La beauté du corps humain, dans sa double présentation, masculin et féminin, son harmonie, son fonctionnement, a fasciné toutes les générations, mais en particulier et avec des modalités différentes de celles des scientifiques, les poètes, les artistes, les philosophes. Les artistes, spécialement les sculpteurs et les peintres (Phidias, Michel Ange, Canova etc.), ont laissé parlé dans leurs œuvres, les fruits de leur contemplation de la beauté et de l’harmonie des corps dans leur jeunesse, dans la plénitude de la vie et aussi dans la vieillesse. Nicodème de la Pietà Bandini de Michel Ange, considéré comme l’autoportrait de l’artiste, laisse transparaître l’intensité et l’harmonie d’une beauté qui sait ce qu’est vivre et mourir et qui, avec le Christ mort et sa Mère, est présent par l’amour à la souffrance du monde. Le corps humain est beau, habillé mais aussi nu. La Bible parle de la beauté des hommes, mais surtout des femmes, comme Esther et Judith, qui ont utilisé leur beauté fascinante pour sauver le peuple d’Israël de situations dramatiques. Et elle nous présente aussi Marie, comme “une femme revêtue de lumière”. La démesure de la beauté humaine, comme celle de la beauté de la création, renvoie au Créateur, à la Beauté suprême. Dieu n’est pas seulement la Vérité et le Bien, mais il est aussi la Beauté. Et dans la création, “à son image il les créa, homme et femme”. La beauté n’est pas pour l’utile. Elle va au-delà. Elle est de l’ordre de la gratuité, de la pure perte, comme l’amour. Elle porte à la contemplation, à la reconnaissance, à la communication. C’est la beauté qui sauvera le monde, écrit Dostoïevski. Langages du corps et culture actuelle Le corps a un langage encore peu connu. Il se fait comprendre quand quelque chose fonctionne mal ou quand il tombe malade. Alors on se souvient qu’il existe et on se préoccupe de lui. Cependant, il peut aussi arriver qu’une préoccupation obsessive de son fonctionnement et face aux maladies possibles, le rende malade. Le corps nous parle par sa beauté et son harmonie, avec son bien-être et sa maladie, avec ses potentialités et ses limites, en totalité et par chacune de ses parties et enfin par ses rythmes. Son langage demande attention, respect, admiration, contemplation, gratitude. 20 ANNEE LVI l MENSUEL / MAI-JUIN 2009 Dans la culture actuelle, on exalte beaucoup le corps, mais on lui manque aussi beaucoup de respect. Les spécialistes des sciences médicales et biologiques, de la génétique et des biotechnologies, ont le grand mérite d’avoir prolongé et amélioré la qualité de la vie. Cependant, dernièrement, fiers des succès obtenus et poussés par le désir de toute puissance, avec la manipulation génétique aux conséquences imprévisibles, certains spécialistes ont pris la direction de l’exploitation et non du respect du corps. Dans une récente recommandation, le Pape parle vraiment de la nécessité d’une écologie du corps humain. Les médias, aussi, en favorisant le goût d’une culture érotique et en tendant à mettre en évidence les parties du corps qui rappellent la sexualité, ne respectent pas l’extraordinaire beauté qui nous est donnée, comme le démontrent les chefs d’oeuvre de l’humanité et le miracle de chaque enfant qui naît, de l’harmonie de l’ensemble. Mettre en avant de manière obsessionnelle certaines parties du corps (bouche, jambes, yeux, seins), en plus d’en gâter la beauté, cela peut être un symptôme de déséquilibres et de pathologies psychiques latentes. La culture actuelle, aussi avec les modèles qu’elle propose, montre qu’elle ne veut pas être à l’écoute du langage du corps. Le corps demande d’être accepté comme il est, avec ses limites et ses points forts. Le contraindre à devenir une baguette anorexique pour correspondre aux modèles proposés, c’est le refuser. Accepter pleinement sa propre corporéité est une chose difficile pour tous, mais surtout pour les adolescents qui, ayant un physique non conforme avec les critères de la mode, peuvent réagir de manière dangereuse et pathologique. Le recours toujours plus facile et fréquent à des régimes non suivis par un médecin et peu sûrs, à des crèmes, à des opérations de chirurgie plastique, pour cacher, changer certains aspects du corps non conformes aux règles en vigueur, est tout autre chose que son acceptation, son respect, son admiration du corps. Le recours à ces expédients et aussi l’utilisation excessive de cosmétiques, de parfums et de vêtements étrange, est un symptôme de la difficulté à accepter sa corporéité. Un peu de parfum, une touche de fond de teint, un vêtement sur mesure, voilà qui est correct, mais vouloir cacher ou masquer tout ce qui n’est pas conforme aux règles de la mode, est un manque de respect, un refus de sa corporéité. A l’adolescence et à la vieillesse, ce comportement est généralement un trouble évolutif, mais à l’âge adulte, se pourrait être un trouble pathologique. Les langages du corps et la gestion personnelle Le corps est dans l’ordre de la nature, mais il s’adapte à toutes les cultures. S’il est bien éduqué, il peut prétendre à des prestations inspirées et extraordinaires, soit dans le domaine sportif ou dans le domaine spirituel. Il est flexible, mais aussi régulier. Les habitudes apprises en famille et cultivées ensuite dans la vie sont relatives à ce que l’on retient comme important. Qui retient que l’hygiène du corps est une valeur personnelle et aussi sociale, apprendra et cultivera de saines habitudes hygiéniques, autrement il les négligera. Les habitudes saines sont respectueuses du corps. Elles l’aident à se conduire sans faire de grands efforts, comme avoir un comportement digne et sobre à table, la capacité d’affronter les intempéries sans en faire une maladie, la capacité de soutenir un effort, la possibilité d’être bien sans devoir trop dormir et sans avaler médicaments et somnifères. Les habitudes négatives, comme l’absorption de drogues, porte le corps à ne plus pouvoir s’en passer et les crises d’abstinence sont très pénibles. On voudrait un corps parfait, dynamique, sans prétentions et sans limites. Avec son langage, il nous avertit et nous demande de respecter ses limites et son rythme. Il n’aime pas les exagérations. Elles le mettent en 21 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE crise. On peut lui demander, dans certaines circonstances, de travailler 24 heures sur 24, mais pas systématiquement. Ce n’est pas respectueux de le nourrir trop un jour et de le faire jeûner un autre, de le faire courir un jour et un autre de rester assis à récupérer la fatigue. Le sommeil est lié au rythme du jour et de la nuit. Eduquer le corps à avoir des nuits de sommeil de 6 à 8 heures, c’est lui donner une habitude qui lui permet de se réveiller et de se lever sans fatigue excessive. Et ceci sans rigidité, dans le sens que dormir même 10 heures, quelquefois, cela peut être plus utile à sa santé que l’utilisation de médicaments. Durant l’hiver, même si les journées sont courtes, les moyens mis à notre disposition par le progrès, comme la lumière et le chauffage, nous permettent et nous obligent à avoir le même rythme que pendant les autres saisons. En cette saison, il arrive souvent d’attraper la grippe. Selon la médecine psychosomatique la grippe serait une demande du corps pour ralentir les activités et suivre le rythme de la saison. Qui écoute son langage, diminue un peu ses rendez-vous et engagements et ralentit son rythme de travail. Qui n’écoute pas son corps et se croit indispensable se gave de médicaments et continue son travail. La possibilité de mieux connaître les différentes cultures et aussi la difficulté de guérir certaines maladies par la médecine officielle, ont donné, dernièrement un peu de place et de crédibilité à la médecine alternative, à la médecine psychosomatique, dérivée de certains savoirs et certaines pratiques des religions antiques, philosophies et cultures orientales. Elles interprètent les maladies du corps comme un réflexe face à des problèmes existentiels non dépassés, non acceptés ou mal résolus. Avec les maladies du foie, le corps exprimerait l’insuffisante démonstration de la colère due à la non acceptation du comportement de personnes particulières. La colère contenue et presque complètement cachée s’épancherait à l’intérieur du corps et serait la cause de certaines formes d’hépatite. Les maladies des voies respiratoires exprimeraient des difficultés liées au climat du milieu de vie. Le syndrome prémenstruel serait le signe d’un conflit avec sa propre féminité. L’urticaire serait le symbole de la colère et de l’éros qui affleureraient à la surface et ainsi de suite… Certaines personnes croient trop en ces théories et pratiques ; d’autres très critiques les rejettent totalement ; d’autres encore les observent et, avec prudence, accueillent tout ce qui leur paraît utile. Ecouter le langage symbolique du corps est très prenant. Pour ce qui concerne la guérison, il est nécessaire d’engager une réflexion et d’avoir la capacité de faire un retour sur soi et sur son vécu pour trouver et élaborer les conflits non résolus. Ce travail n’est pas toujours possible sans l’aide d’un guide expérimenté. C’est pourquoi, beaucoup de personnes préfèrent faire confiance à la médecine officielle, pour approfondir le symptôme et prendre le médicament adéquat. C’est plus rapide et aussi plus sûr. Qui utilise la médecine alternative, ne peut pas non plus le faire trop ouvertement. Notre corps est un grand ami. Il nous suit depuis toujours. Son évolution par phases successives suit notre vie. Il subit nos conflits et nos angoisses et s’exalte pour nos joies et nos succès. Il cherche à ce que nous soyons bien même s’il ne répond pas toujours à nos désirs et ne tolère pas nos exagérations. Si nous écoutons son langage, nous ne cesserions pas de louer Dieu pour sa beauté, nous serions respectueux de ses rythmes et de ses limites, nous n’ingurgiterions pas tant de médicaments et psychotropes, nous lui donnerions de bonnes habitudes et une saine rigueur. Mais nous ne ferions pas de difficultés à lui concéder quelques transgressions dignes et agréables. Ce qui peut-être aussi pour lui, une bonne thérapie. [email protected] Pour en savoir plus, voir sur internet les articles Médecine alternative et Psychosomatique dans les revues spécialisées n 22 dans le monde dans lequel nous voudrions vivre… 23 NE PAS SE PERDRE SUR LA ROUTE Je fréquente la sixième de collège. J’ai un rêve, celui de devenir ballerine et de danser dans les plus grandes salles du monde, en apportant partout le symbole de ma légèreté et de mon art, affiné par beaucoup de travail et de préparation.… Mais pour le réaliser, je dois encore beaucoup travailler avec courage, régularité et souvent grande difficulté... J’apprends chaque jour en dansant, je sans cesse améliorer ce que j’ai appris la veille parce qu’il est facile de l’oublier, je dois serrer les dents et aller de l’avant, même quand je n’en ai pas envie. La chose la plus importante est d’avancer dans la bonne direction, ne pas renoncer quand le chemin commence à monter… La pauvreté dans le monde est un problème qui me touche beaucoup... J’aimerais contribuer à résoudre ce problème mais je ne sais pas ce qu’il faudrait inventer. Le bonheur est pour moi un ensemble de petites joies qui arrivent l’une après l’autre, une joie rend plus resplendissante ou plus joyeuse une autre. Comme les perles d’un collier. Il suffit de s’en contenter. Martine, 11 ans 24 Le monde dans lequel je voudrais vivre, est un monde où il n’arrive aucun malheur, où les enfants comme moi sont écoutés et ne sont pas traités comme des valises qui voyagent d’une maison à une autre, d’un pays à un autre. Il m’est arrivée d’être traitée comme un paquet, comme ces valises qui, dans les aéroports tournent, tournent sur le tapis et que personne ne vient chercher. Quand mon papa a décidé de retourner vivre dans son pays et a quitté ma maman avec laquelle il se disputait sans arrêt, ma vie est devenue bien difficile et triste. Ma maman a commencé à cacher les bouteilles sous le lit et elle les buvait l’une après l’autre puis elle devenait très nerveuse. Ma famille s’est éparpillée et pour moi ont commencé les voyages comme pour un paquet. En premier j’ai été accueillie chez une tante, puis chez ma grand-mère, puis au bord de la mer chez une autre tante. Aujourd’hui ma vie a encore changé. Après quelques séjours à l’hôpital, ma maman va mieux et je suis retournée vivre avec elle. Elle cherche à faire tout son possible pour combler le vide de ces années, mais je sais que ce vide demeurera toujours… Alors mon monde parfait est celui dans lequel les familles peuvent vivre plus heureuses ensemble. Nous, les enfants nous devrions être plus écoutés et suivis, dans un monde meilleur. Romina F. 11 ans 25 ENCORE MARGINALISEES L’agence de l’Onu, Unfpa, confirme encore cette année la situation de marginalisation des femmes dans de nombreux endroits du monde. Des données recueillies nous constatons qu’une femme sur cinq a subi une forme de violence. Des vexations affligées de différentes manières, qui s’accentuent dans les cas de conflits armés ou en cas de migration quand elles se retrouvent prisonnières des réseaux d’exploitation des être humains. D’autres données précisent que les deux tiers des 960 millions d’alphabètes sont des femmes, des filles et fillettes et que 61 pour cent des personnes touchées par le SIDA en Afrique subsaharienne sont des femmes ; dans la région des caraïbes il y en a 43 pour cent et le nombre est aussi en augmentation en Amérique latine, en Asie et en Europe de l’Est. Pour les femmes la durée de vie est inférieure à celle de l’homme et les taux de mortalité à l’accouchement ainsi que les pathologies en rapport avec la maternité sont très élevés. Des pratiques traditionnelles et culturelles qui ont des incidences sur la santé en général touchent beaucoup plus les femmes pauvres. Sources : Rapport sur l’état de la population 2008 26 ANNEE LVI l MENSUEL / MAI-JUIN 2009 Lecture évangélique des faits contemporains 27 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE coopération développement Petites ressources pour la vie Mara Borsi Dans différentes parties du monde, nous sommes, nous, FMA, engagées spécifiquement dans la promotion des populations les plus en difficulté. Le microcrédit est la petite ressource qui nous permet de redonner espoir et avenir. Cet article présente de petits projets, de petites réalisations pour démontrer qu’avec peu l’on peut faire beaucoup.. Une opportunité pour les jeunes : Le Mindoro oriental est la partie orientale de la grande île de Mindoro (province des Philippines). Elle confine avec l’île Verte au nord, le détroit de Tablas à l’est et les îles de Semirara et Panay au sud. Le nom de l’île est dérivé de “Mine d’or”. Les Espagnols lui ont donné ce nom en se fondant sur la légende de l’existence d’une mine d’or. Sur ce territoire, les FMA des Philippines ont créé en 2001 une école d’agro-technologie pour améliorer l’avenir des jeunes indigènes de l’ethnie Mangyans, en particulier l’avenir des jeunes filles et des jeunes femmes. Avec la migration des habitants depuis d’autres îles, cette douce peuplade a abandonné sa terre et s’est retirée dans les montagnes. Actuellement, les Mangyans sont des citoyens de seconde catégorie et c’est un fait qu’ils sont exploités, marginalisés et discriminés. On les considère comme des analphabètes et des sauvages. Ils vivent en plantant des tubercules et des fruits, uniques moyens pour eux de se nourrir. Par manque de connaissance technique, ils ne parviennent pas à exploiter correctement leurs terres ni à élever leur bétail. Face à une telle pauvreté, les FMA ont lancé un projet de développement en faveur des jeunes qui, pour des raisons diverses, ont abandonné l’école, pour les rendre responsables, productifs et compétents. Le programme se nomme FAITH, (avoir Toujours de la Nourriture à la Maison, ce qui signifie une sécurité alimentaire pour la famille, -rappelons que “faith” signifie “foi” en anglais- ndt). Les jeunes apprennent la culture des terres et l’élevage systématique des poulets et des porcs. C’est surtout pendant la saison des pluies,-de juin à décembre-, que l’élevage représente une opportunité. Pendant la première partie de l’année, on encourage la gestion et la produciton du sol. L’activité est délicate, mais elle représente une source appréciable de gain du fait que la région ne dispose d’aucune fourniture de produits agricoles. Une fois que les élèves sont devenus autonomes, le projet les encourage à leur tour à sponsoriser d’autres élèves pauvres et méritants. Le travail 28 ANNEE LVI l MENSUEL / MAI-JUIN 2009 est dur aussi à cause des ouragans fréquents qui frappent l’île., mais le courage n’en est pas moindre. Celles qui manifestent le plus d’enthousiasme pour le projet sont les jeunes filles parce qu’elles perçoivent clairement qu’il s’agit pour elles d’un moyen de combattre la pauvreté et de vivre dignement. responsable qui a pour fonction de remettre l’argent et de recevoir les remboursements. Le tout réglementé par des reçus.Au bout de 12 mois, on estime que chaque famille a remboursé tout l’argent. Après environ une année, il y aura une nouvelle portée de porcelets que la famille pourra vendre en gardant tout l’argent. Microcrédit de type familial à Kim Son C’est ainsi que l’activité a été lancée et qu’à chaque famille on a prêté 3 millions de piastres, -soit environ 150 euros- pour l’achat d’une truie. A l‘échéance du cinquième mois, on peut envisager la vente des premiers porcelets. C’est alors que chaque famille restituera la moitié de la somme reçue en prêt : 1 500 000 piastres, l’équivalent de 75 euros. L’autre moitié sert à poursuivre l’élevage et à servir aux dépenses de la famille. Kim Son est un territoire au coeur de la province de Nin Binh (Vietnam), d’une surface de 163 km². La situation économique est encore précaire, la zone fait partie des territoires démunis de la province. La population est de 171 000 habitants, avec 39 000 familles. 2098 d’entre elles sont des familles pauvres qui se procurent la nourriture quotidienne et le minimum vital en cultivant les champs. Comme les familles sont nombreuses, la terre ne produit pas suffisamment pour tous. Depuis 3 ans, Soeur Madeleine Ngo Thi Minh Chau avec l’aide d’autres soeurs de sa communauté rend visite aux familles pauvres et les soutient par des adoptions à distance, qui permettent aux enfants de fréquenter l’école. Si l’on examine la situation, les FMA ont récemment cherché et obtenu un financement de 5000 euros pour promouvoir l’élevage de porcs (la viande de porc est l’aliment de base pour la population vietnamienne). Soeur Magdalena a identifié quelles étaient les familles disposées à entreprendre l’activité à l’aide du microcrédit. Plusieurs groupes se sont ainsi constitués, chacun d’eux composé de 5 familles pauvres. Chaque famille a formulé une demande écrite pour obtenir une aide et s’est engagée à rembourser la dette dans les 10 mois. Dans chaque groupe on élit un [email protected] n La conscience de plus en plus vive de la souffrance des personnes et des peuples contraints à vivre dans la misère, malgré les grands progrès de la science et de la technique, nous incite à coordonner avec transparence notre service et le développement intégral et solidaire de la vie humaine. Avec l’élaboration du document “Coopération au développement, Orientations pour l’institut FMA”, nous réaffirmons que l’éducation est la clé du développement de la personne et des peuples, nous renouvellons ce service dans les rencontres avec les plus pauvres et l’engagement pour la justice et la valorisation des cultures 29 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE pastoralement La mort : un jeu ! Anna Mariani Les jeunes tiennent à changer les règles du monde : cette force est depuis toujours porteuse d’inquiétude mais également de nouveauté. Quelles demandes s’expriment derrière cette volonté des nouvelles générations, de rompre avec quelques règles établies ? Volonté des extrêmes La tendance chez les jeunes est toujours plus forte de transgresser toutes les limites, à l’affût d’émotions sensationnelles et d’expériences dangereuses. Ils sont nombreux, les jeunes qui ne distinguent plus la réalité du virtuel. Dans les jeux vidéo, l’objectif à atteindre est l’élimination de l’ennemi. Pourquoi cette volonté des extrêmes ? Qu’est ce donc qui les pousse à rechercher l’excessif ? Où certains modes de vie dangereux trouvent-tils leur origine ? Cela va des sports les plus violents, de l’habillement, des films, à la musique, aux jeux vidéo, aux sites internet organisant des suicides collectifs, aux actes de violence et de harcèlements individuels et collectifs… On est passé d’une «société de la discipline» où l’on se débattait dans les conflits entre ce qui était permis et ce qui était défendu, à la «société de l’efficacité et de la performance à tout prix», où l’on se débat entre le possible et l’impossible, peut être sans aucune idée de la notion de «limites» et ce passage esquisse le scénario de vie des jeunes toujours plus incités à se mesurer avec plus grand qu’eux, à risquer, à goûter le frisson de l’imprévu. Il n’y a pas de règles… sinon raconter et surprendre, frapper à tous les coups, dépasser toutes les limites, sortir de l’anonymat… Des faits inquiétants Des faits d’actualité inquiétants -qui voient des jeunes comme protagonistes- tourmentent notre conscience. Il s’agit de jeunes considérés comme normaux, jusqu’à ce qu’ils commettent un acte terrible ou qu’ils se livrent à des expériences extrêmes. Ils vont à l’école, ils ont une famille, ils sortent et se distraient comme n’importe qui d’autre, auparavant, ils n’ont pas manifesté de signes laissant prévoir le danger. Des jeunes normaux mais «chargés» d’agressivité et d’impulsivité, auteurs de brimades et de violences fréquentes contre les plus faibles. Il y a fort peu de considération pour la valeur de l’homme et l’inviolabilité de la personne, à la base de ce phénomène. Le psycho-philosophe Galimberti, essayiste de renom, affirme que «le mot d’ordre est «tout est possible» en termes d’initiative, de performance poussée, d’efficacité, de résultat audelà de toute limite, la notion de limite se trouvant au contraire repoussée à l’infini. Quelle est la limite entre un acte de folie passagère et une agression, entre un acte d’insubordination et la méconnaissance de toute hiérarchie, entre des stratégies de séduction poussée et l’abus sexuel ? Transgressez les frontières de la personne et celles qui existent entre les personnes donneront lieu à une situation alarmante où l’on ne saura plus qui est qui ». 30 dma damihianimas ANNEE LVI l MENSUEL / MAI-JUIN 2009 Les jeunes ne sont jamais assez eux-mêmes, jamais assez comblés d’identité, jamais assez actifs sauf quand ils se surpassent sans jamais y parvenir réellement mais en donnant seulement une réponse aux modèles ou aux performances impérieuses de la culture d’aujourd’hui, avec pour corollaire l’appauvrissement de la vie intérieure, la désertification de la vie affective, l’insubordination face aux règles sociales. L’émancipation a affranchi nos jeunes des drames du sens de la faute et de l’esprit d’obéissance, mais les a indéniablement condamnés à l’excès et à la transgression des limites. Ecouter et comprendre Parents, enseignants et éducateurs sont impuissants face à l’indolence de ces jeunes, au processus de démotivation qui les isole dans leurs chambres, pour s’étourdir les oreilles de musique, face à l’escalade de la violence. Faits symptoma-tiques comme l’écrit le philosophe français Benasayag : «d’un avenir dont la promesse est assombrie et qu’ils affrontent comme une menace». L’absence d’un avenir-promesse limite le désir au présent immédiat. « mieux vaut agir en s’agitant que perdu dans un océan de tristesse méditative, parce que si la vie est seulement une stupide plaisanterie, nous devrions au moins pouvoir en rire». (Falko Brask, sociologue allemand). Des jeunes qui ont cessé de dire «nous», et se réfugient derrière le pseudonyme d’eux-mêmes en répétant «je» de manière obsessionnelle. C’est uniquement avec les copains de la bande qu’ils ont l’impression de pouvoir dire «nous» et de le réaffirmer au cours de quelques pratiques extrêmes qui caractérisent leur comportement sur un fond marqué par la violence sur les plus faibles, la pratique de la sexualité précoce et exhibée sur les téléphones mobiles et sur internet. Les jeunes qui mettent en garde contre la peur des limites préfèrent les transgresser plutôt que les intégrer ; ils expérimentent l’incertitude de l’avenir et s’attar-dent dans une sorte d’ado-lescence éternelle ; des jeunes qui semblent crier «où êtes vous ?» Ils demandent aux parents et aux éducateurs de leur promettre de ne ne jamais interrompre la communication avec eux, qu’elle soit bonne ou mauvaise, quoiqu’ils puissent faire. Il y a urgence pour les éducateurs qui transmettent les valeurs, mêmes minimes, de l’éthique quotidienne. Des éducateurs qui fassent expérimenter aux jeunes ce qu’est le sérieux et la responsabilité morale dans une action. Deviner, imaginer à temps leurs actions, c’est ce qu’ils demandent, ne jamais omettre de les observer, en particulier lors de l’adolescence tardive, quand ils sont attirés par des moments de faiblesse et de complaisance dans la confrontation avec des amis plus mûrs. Quelqu’un qui les «épie» pour les aider à lire dans leur quotidien, quelqu’un qui réduit leur sens du risque parce qu’ils savent s’arrêter face au danger et à la tricherie, quelqu’un qui les aide à ne pas consumer leurs sentiments et reconstruit leur perception du sacré. Dans le désir de transgresser les limites,… il y a un grand besoin de sacré. [email protected] n 31 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE polis Nous et la crise économique Graziella Curti Le système financier mondial s’écroule à une vitesse accélérée. Cela survient en même temps que les autres crises, la crise alimentaire, la crise climatique, la crise de l’énergie. Et tout cela n’est pas éloigné de nos existences personnelles, mais comme chrétiens et comme religieux, nous sommes appelés à vivre, en solidarité, ces temps difficiles de notre histoire. Nous pénétrons sur un terrain inexploré du fait de cette conjoncture due à la crise profonde - les conséquences de la crise financière seront sévères : les personnes se voient plongées dans une insécurité profonde, la misère et les privations augmenteront partout, pour la majorité des plus pauvres. Jusqu’à présent on retenait que les “très pauvres” étaient au nombre d’un peu moins d’un milliard. La Banque mondiale revoit désormais ses estimations et compte 1,4 milliard de pauvres dans le monde. Le coût de la nourriture a plongé dans l’insécurité alimentaire des millions de personnes et la qualité et la quantité de nourriture mise à leur disposition ont dramatiquement diminué. Guerre au gâchis Dans son discours d’investiture comme Président des Etats Unis, Barak Obama a fait appel à la solidarité de tous par ces mots : “Nous ne devons pas tout attendre du gouvenement. Chaque citoyen est également responsable du moindre dollar de notre pays”. Il nous faut écouter cette recommandation et la mettre, chacun de nous, en pratique. En réalité sur le terrain, la consommation est nettement exagérée : par exemple le téléphone, le nombre de voitures par famille, les longues communications téléphoniques interurbaines, l’achat absurde d’eau minérale, la suralimentation par les sucreries et les produits qui ne correspondent pas à une alimentation correcte, sans compter une consommation de viande excessive. En revoyant quelques habitudes, nous pourrions améliorer la qualité de la vie de même que celle de l’environnement. Souvenons-nous que l’eau du robinet est plus écologique, qu’elle n’a pas besoin de transports ni de bouteilles qui se transforment en déchets. De même, dans le domaine de l’alimentation nous pourrions veiller à sélectionner davantage nos achats en fonction de critères donnant la préférence aux produits plus locaux. Cela coûte moins cher et dans le même temps nous pourrons acheter des fruits et des légumes de saison. Proposons-nous également de mettre en route les machines à laver seulement quand elles sont pleines. Moins d’eau, moins d’énergie, moins de détergents polluants. De même nous pourrions renoncer à un peu d’énergie en chauffage et en climatisation. Cela procèderait d’un bon choix que de renoncer à un trajet une fois par mois, pour 32 dma damihianimas ANNEE LVI l MENSUEL / MAI-JUIN 2009 économiser l’essence, une petite contribution pour remédier à la crise. On pourrait poursuivre longtemps sur cette question des choix plus appropriés dans notre vie quotidienne, qui sont seulement de petites gouttes dans le système économique mondial : mais l’océan est justement fait de petites gouttes La crise en marche ne concerne pas uniquement les banques et les gros groupes. Elle nous frappe tous, nous qui en subissons les conséquences. La crise comme mission ? la réponse de la FMA En novembre dernier, sur le site web de notre institut, est paru un document très intéressant, qui a été mis en ligne pour servir de support à un forum : ce document a fait l’objet de réflexions et de discusisons. Il s’agit de la lettre circulaire écvrite par Mère Luisa Vaschetti le 24 octobre 1931, pendant la récession économique des années trente. Nous rapportons le texte ci dessous, en particulier pour les soeurs qui n’ont pas accès à internet. “La crise financière et l’absence d’emploi nous font entrevoir un avenir qui n’a jamais été aussi sombre. Maintenant je vous le dis : même notre propre maison appauvrie, .en tenant compte des petites réserves alimentaires préparées pour la communauté, ne pourrait-t-elle disposer quotidiennement d’une assiette de soupe pour un enfant de l’hébergement ou une pauvre fillette de l’école ou de l’atelier ? Ce serait déjà une créature en moins qui souffrirait... avec une économie bien pensée, une épargne sur la poste, sur le tramway, la privation d’un livre plus distrayant qu’utile, ou d’un voyage,.on pourrait peut être fournir une paire de chaussures ou un vêtement pour une petite fille ?....Courage, mes soeurs, confions-nous au Seigneur qui sera toujours notre bon Père si nous sommes fidèles à nos promesses. Que la crise actuelle soit pour nous comme une mission, aux frais de notre égoïsme...” C’est un texte à commenter en communauté, en soulignant son fort caractère dactualité. Aujourd’hui comme à l’époque, nous devons nous engager à mener une vie sobre, moins assurée. Parfois, au sein de nos communautés, nous n’avons pas conscience que des familles ne. peuvent joindre les deux bouts, 33 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE Elles ont dit ’La crise alimentaire naît non pas tant du manque de nourriture que des phénomènes spéculatifs et de l’absence d’institutions politiques et économiques capables d’affronter les nécessités et les urgences (Benoît XVI). Notre société doit devenir une société qui soutienne la vie et la Planète. La Terre doit être conçue comme un “super-organisme vivant”. Deux visions différentes de la Planète se font face : l’une qui voit la Terre comme une réserve que l’on peut indéfiniment exploiter. dans l’angoisse de ceux qui demeurent sans travail et dans certains contextes, de ceux qui n’ont rien à manger. En fait, nous trouvons toujours notre repas préparé, nous réussissons aussi, même avec de grandes difficultés, à avoir toujours le nécessaire pour vivre et même parfois du surplus Le message d’Adèle Toujours sur le Forum de l’Institut, le 3 février dernier, est apparu le message d’Adèle, une enseignante laïque de l’une de nos écoles, qui, avec un regard extérieur, a fait certaines remarques sur notre style de vie. Ces remarques ont été comme “un coup de poing dans l’estomac” et ont incité bon nombre de nos soeurs à faire leur examen de conscience sur la manière dont se vit concrètement la pauvreté. A ce propos, cela nous parait utile de rapporter en partie un tel témoignage parce qu’il peut nous amener à réfléchir sur son contenu. La seconde vision remonte aux peuples indigènes, ce qui signifie que la terre est comme Gaïa, “un super-organisme vivant” hautement complexe et dont l’équibre est fragile. “Elle est respectée dans son altérité et défendue dans sa vulnérabilité” (Leonardo Boff, l’un des pères de la théologie de la Libération). C ette crise est aussi une opportunité, parce elle met l’accent sur un style de vie qui n’est pas durable sur les cinquante années à venir, contrairement à ce que l’on a pu en dire. Il s’agit d’une crise sérieuse, importante, de type culturel et anthropologique, la première à être seulement financière ou économique. Elle peut aussi par conséquent inciter à une réflexion profonde en vue du changement (L.Bruni, docteur en économie et finances). J’ai lu le message si actuel de Mère Vaschetti et je ne parviens pas à taire une chose qui m’a beaucoup frappée. Je fais partie d’une communauté éducative FMA et j’observe la vie des soeurs. Elles ont fait voeu de pauvreté et elles se sont généreusement consacrées à la mission éducative par l’évangélisation. Mais je ne pourrais pas dire qu’elles vivent dans la pauvreté. Elles s’intéressent aux pauvres, elles prient pour eux, elles les aident avec l’argent qu’elles peuvent avoir en caisse, mais leur vie personnelle et communautaire me paraît plus embourgeoisée que la mienne, alors que je suis enseignante laïque. La pauvreté me fait peur, rester sans travail serait tragique, mais je n’ai pas la sécurité de ceux qui ont fait voeu de pauvreté.... J’aime Don Bosco, je me sens membre à part entière de la Famille salésienne, et je voudrais trouver plus d’authenticité dans le fait que l’on choisisse la pauvreté comme style de vie consacrée.” Un partage en communauté sur ces textes pourrait nous servir à prendre les décisions ustes pour un style de vie plus sobre au nom de la solidarité avec les plus pauvres. 34 ANNEE LVI l MENSUEL / MAI-JUIN 2009 35 du monde des médias dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE jeunes.com “De quelle tribu fais-tu partie ?” Maria Antonia Chinello et Lucy Roces «Emo» ou Emotions, est une nouvelle mode des jeunes, un phénomène de l’adolescence né aux Etats Unis et en Angleterre, mais désormais répandu dans le monde entier. Certains préfèrent parler de “nouvelle bande urbaine”. Le définir n’est pas facile : Il trouve son origine dans un genre musical et dans certaines communités sur Internet. Sous culture ? Peut-être. A l’origine «emo» est un phénomène musical. Par ce mot, on nomme en fait une sorte de musique hardcore punk. Au début il est utilisé pour décrire la musique de Washington DC, de la moitié des années 80, et les groupes qui lui sont associés. Dans les années successives, apparaît le terme emocore (abbréviation de “emotional hardcore"), qui fédère d’autres mouvements musicaux influencés par celui de Washington. La dénomination “emo” veut aussi préciser la volonté du groupe : “émouvoir” les auditeurs durant leurs exhibitions. Musique, donc. Mais pas seulement, parce que le terme “emo” fait encore allusion à des comportements, des convergences virtuelles, une manière de s’habiller. Le site Whatsemo.com en donne une définition succincte : «emo» est un «genre musical qui a influencé la mode». De cette manière, la musique a déterminé un certain style, un comportement social qui apparaît dans les emo-kids et emo-girls. La manière de s’habiller évoquée par la culture punk, avec les goûts musicaux des jeunes «emo» semblent trouver dans MySpace un centre virtuel, un «emo-monde» bien configuré, grâce aux modalités par lesquelles la musique est diffusée, mais aussi parce que la place est laissée à la parole et à la liberté d’exprimer ses émotions, pour cela, les emo-kids se connectent à d’autres «emo» du monde entier. Facebook, Bebo et les autres social network mettent en marche un vrai “cherche et trouve” d’amis de la même tribu. Les emo-kids ne se situent pas en opposition avec “ceux qui sont en dehors de leur monde”. Bien au contraire les membres «emo» prennent une part active à la constitution de la «emo-identité». Cette manière d’agir des jeunes qui contribue à définir un nouveau style, rend le tout fascinant et facilement accessible. Des vêtements sombres, les yeux excessivement maquillés, les cheveux raides avec de longues mèches qui tombent sur le visage… Voilà les caractéristiques des emokids, ce qui les identifient et permet de les reconnaître au sein de la société. Tout cela pour partager des “émo-tions” fortes, mais aussi controversées. Pour de nombreux jeunes, en fait, le style «emo» semble être vu comme une mode pour «enfants gâtés» qui ont tout et qui s’inventent des problèmes à partir de rien, pour se faire plaindre ; mais selon une étude de l’Université du Michigan, «les emo-boys» seraient au contraire considérés comme des garçons fidèles, affables et compréhensifs, dont les filles raffolent. En somme, ces garçons sont aussi capables d’écrire des poésies, de les envoyer par la poste (et non par internet) et d’anticiper les désirs de leur partenaire. 36 ANNEE LVI l MENSUEL / MAI-JUIN 2009 • • • • • • • • • dans la mesure où les sujets émotifs et affectivement plus fragiles pourraient être réellement attirés, parce que mieux compris dans leur difficulté à “se dévoiler” et à affronter leurs problèmes de croissance et de relation aux autres. Dans un groupe de discussion online, EmoCorner.com, une question a rebondi : «Le suicide en vaut-il la peine ? » La réponse générale de la communauté virtuelle a été : «Il ne faut pas le faire. Cherche de l’aide.» Tout n’est pas perdu Fiers d’être«emo» Comprendre les raisons de ce phénomène culturel qui mobilise les adolescents n’est pas une chose facile. Surtout parce que les jeunes concernés semblent fuir tout dialogue vis à vis de ce qui les touchent dans leur fort intérieur. Toutefois, il est important de chercher à les individualiser et à les reconnaître, car si «emo» veut dire «émotion», on y trouve aussi la racine grecque du mot «sang», et même si ces jeunes font attention et privilégient les airs mélancoliques, ils n’apparaissent pas comme des personnes qui veulent s’autodétruire. Bien qu’il y ait eu quelques alertes émises par certaines tendances culturelles stéréotypées, qui affirment que la culture “emo” serait responsable des comportements anorexiques et suicidaires des jeunes. Une chose étonnante est la présence chrétienne au sein du monde «emo». Dans le forum d’ Ultimate-Guitar.com, une communauté musicale online, quelqu’un a écrit : «Est-ce que quelqu’un connaît de bons groupes chrétiens pop-punk ou emo-bands?». Il y a eu 48 réponses. Le blog Emo365.com a fait récemment une publicité sur Relient K. Christian Emo Bands Have Rocked Our Ears, un groupe qui est en train de se faire connaître par sa musique chorale, qui utilise les évènements quotidiens et Un artiste «emo» affirme : «Par définition «emo» se réfère à quelque chose de pur et de raffinées dans l’expression des émotions. Le suicide n’est pas l’aboutissement, comme peut l’être, au contraire la musique». Certains chercheurs individualisent réellement dans l’extême sensibilité un facteur de risque, 37 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE Un projet, Tous ensemble phonétique de la parole swahili jumla qui signifie “tous ensemble” ou “comme une unique entité”. Ce terme a été choisi parce qu’il reflète les propositions de l’équipe de travail responsable avec la communauté de la réalisation du projet. Joomla ! a gagné de nombreux premiers prix internationaux depuis 2005 : Joomla ! N’est pas un produit mais un projet. Né en 2005 d’un groupe de volontaires, provenant de différents pays et aidés par une importante communauté mondiale OpenSource. · 2005: Best Linux / Open Project · 2006: Open Source Management System Award · 2006: Best Linux / Open Project · 2007: Best PHP Open Source Managment System Joomla ! Est un projet de collaboration CMS (Content Management System) qui, littéralement, signifie "Système de gestion des contenus", c’est une catégorie de software qui sert à organiser et à faciliter la création collective de sites Internet. Source Content Source Content Voici le site officiel de Joomla ! en anglais : http://www.joomla.org/ De ce site, il est possible de télécharger la dernière version en anglais ou dans 48 autres langues et avec l’aide d’un technicien de procéder à l’installation et à la création de sites web en deux click ! Avec Joomla ! Il est donc possible de réaliser des sites Internet dynamiques, c’est gratuit, pour son utilisation, il n’est pas nécessaire de connaître des langages de programmation et il peut être utiliser aussi à des fins commerciales. Le software est continuellement mis à jour, comme aussi toutes les autres applications : les template pour immaginer les contenus; les composantes, c’est à dire les éléments ajoutés à partir desquels il est possible d’ajouter d’autres fonctions pour répondre à des exigences spécifiques, par exemple, une galerie de photos, un guestbook, les fonctions de wiki, des newsletter, etc. Pour commencer à utiliser Joomla ! Il est nécessaire de disposer du matériel web adapté, c’est à dire un nom de dénomination associé à un espace serveur ayant les caractéristiques nécessaires au fonctionnement correct de Joomla ! Le nom Joomla ! est une interprétation demande pressante faite au monde des adultes pour qu’il les écoute et ne s’éloigne pas d’eux. qui «t’en met plein la tête tout au long de la journée». Nos réactions à cette culture «emo» dépendent de nos précompréhensions : nous pouvons la trouver lointaine, incompréhensible ou nous pouvons découvrir en elle, tonalités et paroles qui expriment la recherche identitaire des jeunes, une Et ce pourrait être aussi, pourquoi pas, une chance pour l’évangélisation. [email protected] [email protected] n 38 dma damihianimas ANNEE LVI l MENSUEL / MAI-JUIN 2009 Liste WWW sites n Aux bons soins d’Anna Mariani [email protected] Signalisation de sites intéressants http://www.icye.org/ Site en anglais, de l’organisation internationale d’échanges pour les jeunes. Il s’agit d’une organisation qui encourage la mobilité des jeunes, l’apprentissage et le service volontaire à l’échelon international. Informations sur la procédure à suivre pour y participer et les informations spécifiques sur les pays adhérents. Le bulletin est chargeable au format pdf organisatrices capables de diffuser la culture de la légalité. La loi sur l’utilisation sociale des biens confisqués aux maffias, l’éducation à la légalité démo-cratique, l’engagement contre la corruption, les domaines de formation anti maffia, les projets sur le travail et le développement, les activités anti usure sont quelquesuns des engagements concrets de Libera. Echange de connaissances et d’expériences, solidarité vers les réalités les plus vulnérables et une plus grande efficacité dans la pression politique sont les objectifs essentiels des engagements concrets d’un réseau international tourné vers l’affirmation de la légalité. http://www.who.int/home/i d ht l Le site Libera est en 4 langues, italien, anglais, français et allemand. Libera est un site coordonnant 1500 associations, groupes, écoles, réalité de base, engagées sur le terrain dans la construction de synergies politico-culturelles et 39 http://www.libera.it Site internazional du WHO - World Health Organisation Il s’agit d’une organisation soutenue par les Nations Unies, qui se préoccupe de définir les grandes lignes d’action en matière de santé et de qualité de la vie, en les reliant à des stratégies de développement durable, et dans le contexte de l’Agenda 21. La Who coordonne le Projet Ville Saine, qui a pour but d’encourager les interventions sanitaires au sein de la réalité urbaine. n 40 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE vidéo Mariolina Perentaler Oui nous pouvons... de Giulio Manfredonia Italie – 2008 Hors concours au festival international du film de Rome 2008 avec le prix L.A.R.A, et une mention spéciale du jury pour le casting tout entier, il a été accueilli avec des applaudissements sans fin et désigné comme le “vainqueur moral” du Festival. Son scénariste, Fabio Bonifacci, avait lu il y a un grand nombre d’années, un article qui racontait l’expérience d’un syndicaliste et d’une coopérative dans la province de Pordenone. Ce n’était ni une fable ni une utopie, mais la preuve que si on veut, “on peut le faire”. Le générique même à la suite du film le réaffirme avec clarté, en expliquant l’origine de l’oeuvre. “Ce film est inspiré de tant d’histoires vraies : celles des coopératives sociales nées dans les années 1980 pour donner du travail aux personnes résignées des asiles psychiatriques. Parmi elles on comptait également la coopérative Noncello di Pordenone, où l’on faisait réellement des parquets et où les dirigeants disaient “Oui nous pouvons” à leurs employés. Aujourd’hui en Italie il existe plus de 2500 coopératives sociales qui donnent du travail à près de 30 000 employés diversement capables. Ce film est dédié à tous. “Il nous fait réfléchir, il nous émeut, il nous divertit. Il est un exemple de ce que peut faire et que sait faire de mieux une belle comédie”. Certes selon la loi 180, la réalité du malaise est différente de ce que montre le cinéma. “Oui nous pouvons” est peut être le récit d’une utopie si désespérément optimiste qu’il frise la fable. Il peut même être considéré comme réducteur face à la complexité du thème, mais son réalisateur Giulio Manfredonia ne triche pas. Il se meut sur un terrain miné, celui qui sépare la pitié du respect mais il donne au final un résultat plein et entier. Photographie, costumes, montage, musique, tout cela mérite des éloges. Par-dessus tout, ce petit groupe d’acteurs inconnus, qui donne toute son ossature au film. Le film nous confie la perspective d’un rêve et d'un espoir basés sur des sentiments et sur des valeurs solides. Aujourd'hui il est plus que jamais constructif Nécessaire L’événement : Milan 1983 Nello est un syndicaliste gênant et anticonformiste et, comme tel, il a été invité à diriger la “Coopérative 180”. Il s’est tout d’un coup rendu compte qu’il s’agissait d’une coopérative de malades mentaux dont la seule fonction semblait consister à mettre sous enveloppe et coller des timbres pour le compte de tiers. Le professeur del Vecchio, le psychiatre chargé également de la gestion de l’établissement, lui explique que tout cela est le résultat de la loi Basaglia : “fermer les asiles et libérer les fous”. Les familles les reprennent et se mettent en quatre pour eux, mais si elles ne les reprennent pas, que deviennent-t-ils ? Personne ne le sait. Il a créé la coopérative pour en occuper quelques- uns, mais il n’a pas le temps de les encadrer ; dans l’asile, il y en a 150 autres”. La fonction de Nello consiste donc à chercher de nouvelles activités et à organiser le travail. Il apprend ensuite que les malades sont sous anti dépresseurs, parce que comme l’affirme le professeur, “Malheureusement, la folie ne guérit pas par la loi”. Animé de l’esprit syndical et d’une grande force d’âme, il cherche à établir des liens d’amitié avec “ses nouveaux associés”, qui n’en sont pas moins des malades, et il s’efforce de connaître leurs capacités et de les mettre en valeur. Ils se mettent à poser des parquets et après quelques difficultés, cela semble bien se poursuivre : les offres de travaux augmentent au point de rendre indispensable une gestion d’entreprise. Alors il faut définir d’autres postes : on a besoin 41 dma damihianimas ANNEE LVI l MENSUEL / MAI-JUIN 2009 Pour faire penser Pour faire penser · Les efforts vers ceux qui se trouvent en situation de détresse, produisent à plus ou moins long terme des résultats positifs en termes de rédemption et d’autonomie de la personne humaine malgré les problèmes, les erreurs et les échecs.. Une idée qui naît de la juxtaposition de la première partie du film avec la seconde : après un résultat initial; l’expérimentation de Nello semble définitivement vouée à l’échec, mais juste au moment où tout semble redevenir comme avant, les patients font une démonstration inattendue de leur maturité et de l’expression de leur reconnaissance pour leur dirigeant. Il est compris dans le titre même : “Si puo fare” fait clairement allusion à un fait reconnu difficile sinon impossible - mais qui, grâce à l’engagement et à la passion, peut se réaliser. Quelque chose d’utopique, qui n’existe pas mais qui peut devenir réel si quelqu’un y croit. Nello ne sait rien de la psychiatrie, mais se laisser conduire par l’instinct et par une idée simple : “ce que l’on fait de bien, est mieux même avec eux”, et avec toutes les difficultés il transforme des malades mentaux en parquettistes très recherchés. Et cela nous montre ce qu’est la pédagogie salésienne. Don Bosco l’a résumé d’une standardiste, d’un président représentatif, etc. Quelques problèmes se font jour également. Les associés se plaignent, parce que les anti dépres-seurs qu’ils sont obligés de prendre les limitent tant sur le plan du travail que sur le plan humain. Après bien des discussions, on décide de changer de médicaments et de thérapie. On se fie au docteur Furlan qui manifeste des opinions beaucoup plus libérales. Si la diminution des remèdes rend les associés plus dynamiques et plus autonomes, elle réveille aussi leurs désirs et leurs instincts les moins contrôlables. Le pire arrive : un certain Gigio, tombé amoureux d’une jolie jeune fille, ne peut surmonter son humiliation et il se suicide. Tout le beau rêve semble disparu et la vie risque de reprendre comme avant. Nello, démoralisé et en proie à un sentiment de culpabilité à cause de cet échec, change de travail. C’est avec tristesse qu’il prend congé de ses amis et qu’il plonge dans un monde que tout compte fait, il méprise. De manière imprévue, les “employés” réagissent : ils “Oui nous pouvons” ressort donc comme un fil qui raconte volontairement une trop belle histoire, presque une fable. Il montre une capacité d’optimisme tellement obstiné qu’il en paraît aveugle, et pourtant c’est nécessaire comme le pain, pour permettre en chacun de nous une évolution positive, aujourd’hui en particulier. C’est un film qui veut faire naître en chaque spectateur l’impression que “Oui nous pouvons...” est une histoire qui en dit bien au delà de la trame explicite : la maladie mentale et dans quelle mesure elle est reliée à l’histoire. L’histoire implique en outre pleinement la conviction que quoiqu’il arrive, l’espoir et la confiance sont toujours vainqueurs. dans son expression célèbre : “faire confiance, leur redonner confiance en eux - et créer des possibilités”. On peut le répéter à notre manière et le démontrer. Le “désastre” vécu par les acteurs de l’histoire au début de leur travail est transformé en une ouverture nouvelle : vers l’originalité et la créativité. Cette ouverture nouvelle les encourage, en devenant possibilité et évolution. Il en est ainsi tout le long du film. On avance par la chute, la crise, l’échec, le retour en arrière et les rattrapages. Mais à la fin l’efficacité de la méthode est formatrice, rédemptrice et fructueuse. En outre, les fruits se multiplient et la méthode devient contagieuse !! envisagent et tentent une solution. Ils organisent une réunion au cours de laquelle ils décident de partir à la recherche de leur ami et directeur qui, du coup, ne peut refuser de “retrousser les manches” et de finir le travail commencé. Cette fin heureuse - épilogue de l’évènement - a un rôle générateur comme l’indique la légende : “au bout de 6 mois, survient un groupe d’autres associés en provenance d’autres hôpitaux psychiatriques, et qui se joignent aux premiers. Ils sont accueillis par un “discours” complètement dépourvu de paroles, du “président associé”. Tous s’embrassent et se solidarisent, prêts à se souder ensemble pour d’autres propositions de travaux et d’autres aventures. L’expérience est réussie et l’idée de la coopérative devient contagieuse. Il ne s’agit pas d’un cas isolé ni exceptionnel mais d’une méthode qui marche et porte des fruits”. [email protected] n 42 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE le livre aux bons soins d’Adriana Nepi Le temps de l’exil Giovanni Kirschner EMI 2008 Contrairement à ce que peut évoquer son nom, l’auteur est un jeune prêtre italien. Après son service civil vécu dans le cadre de Caritas et son Ordination reçue en 1993, et après ses études à la faculté de Théologie Fondamentale de Milan, il est actuellement prêtre de paroisse, de deux petites communes de la province de Trévise et il suit quelques familles de roms et de gitans résidant dans le diocèse. Si l’on se réfère aux sondages, un fort pourcentage d’Italiens se déclarent catholiques. Mais où sont-tils, dans la grande masse de nos compatriotes, ceux qui vivent dans la fidélité aux racines chrétiennes ? Peu d’entre eux se rendent encore chaque dimanche à la messe, mais également, parmi ce petit nombre, combien ont le sentiment d’appartenir à une communauté fraternelle où l’on s’engage à traduire dans la vie quotidienne les valeurs de l’Evangile. Au coeur d’un monde qui élabore à sa manière et à sa mesure ses propres codes de comportement et son style de vie délibérément subjectif, les chrétiens se retrouvent isolés comme des gens vivant hors du temps et des modes, sans la fierté d’être porteurs d’un message de salut. Eux mêmes, du moins pour une partie d’entre eux, ne parviennent plus à entreprendre des actions qui leur permettraient de s’intégrer à une religion dont ils ne suivent plus que les seuls rites Comment contempler cette réalité désormais incontournable, sans être désorienté ou découragé ? Tout en nous alertant contre le risque de sombrer dans un pessimisme larmoyant et stérile, l’auteur nous accompagne dans une lecture rayonnante de foi des mouvements de l’histoire d’Israël, au temps de la tragique déportation de Babylone. Le peuple est devenu un peuple d’idolâtres, et la main de Dieu s’abat sur lui par le biais de l’expérience terrible de la destruction et de l’exil. “Il n'y a plus en ce temps pour nous ni prince, ni chef, ni prophète, ni holocauste, ni sacrifice, ni oblation, ni encens ni endroit pour apporter devant vous les prémices et trouver grâce.” (ndt : livre de Daniel). Le temple est détruit, les chants de louanges se sont tus, tout semble perdu, nous sommes étrangers au milieu d’étrangers. Mais Dieu abat pour recréer, Il blesse pour guérir. De longues années de lente mortification spirituelle purifiront et affineront graduellement la foi d’Israël. Ceux ci apprendront que la loi de Dieu ne se situe pas en dehors de l’homme mais qu’elle est gravée dans son coeur. Il y aura une alliance renouvelée, au sein de laquelle “ils ne devront plus s’instruire les uns les autres...parce que tous me connaîtront, du plus petit au plus grand...” Cette histoire n’est-t-elle pas la nôtre ? fait observer l’auteur. Aujourd’hui, les chrétiens d’Italie, d’Europe, vivent leur exil : une minorité interne au sein d’un monde qui l’assaille des subtiles suggestions de la culture dominante et risque de l’assimiler à lui. De notre côté cependant, nous commettons même l’erreur d’attribuer à ce monde en mutation la responsabilité de notre difficulté : mode de pensée affaibli, relativisme, fragilité des relations, dégradation morale nous ont conduits -disons nous- à cette situation d’insécurité et d’égarement. 43 dma damihianimas ANNEE LVI l MENSUEL / MAI-JUIN 2009 C’est un peu la nuit obscure de la foi que nous devons tous traverser aujourd’hui. Si cependant nous ouvrons la Bible, nous découvrons que la lamentation et l’affliction d’Israël n’est pas une révolte contre les peuples oppresseurs mais contre leur propre péché d’infidélité. Dieu, personne ne peut le dérober si nous n’en sommes pas à attiédir les relations avec Lui, jusqu’à rendre un culte aux idoles que nous avons fabriquées. Avant de faire un examen critique des erreurs du monde, il faut nous demander où nous nous sommes trompés. Appelés à être la lumière et le sel du monde, nous sommes parfois devenus un rideau de fumée qui a obscurci la beauté et la vérité de l’Evangile. Sans pessimisme mais avec franchise, le lecteur nous porte à réfléchir sur la responsabilité commune, dont aucune catégorie sociale ou ecclésiale ne peut se sentir exempt. La force de cette réflexion réside dans le fait qu’elle est conduite dans la confrontation avec la Parole, sur le modèle des textes bibliques et surtout des textes évangéliques. L’Eglise du Christ est aujourd’hui appelée à parcourir de nouveau la voie même du Seigneur : “Rester sur la croix, rester dans l’abandon, sans pouvoir hâter le temps de la gloire”. La parole que nous adressons à l’homme d’aujourd’hui pourra lui toucher le coeur plus que par des certitudes proclamées, en lui faisant comprendre que nous sommes proches de ses interrogations, de ses doutes, de la fatigue de la recherche et de l’attente : plus frères que maîtres. Un Seul, du reste, est le Maître et Il a voulu se faire notre ami. Il faut avoir le courage de rester devant le silence de Dieu, sans fuir : “le silence de Dieu qui parfois est dans notre coeur, le silence de Dieu qui souvent nous entoure, dans la cité et dans les pays où nous vivons... Nous restons devant ce silence sans résignation ni colère. Nous ne sommes pas angoissés par l’impossibilité où nous sommes de retrouver une présence, mais nous sommes dans l’attente confiante et brûlante que le Seigneur va venir, qu’il va se faire proche de nous, qu’Il viendra quand Il voudra et qu’Il sera toujours plus grand et plus surprenant que tout ce que nous pouvons imaginer”. Aujourd’hui, le monde met certainement notre foi à l’épreuve, mais ce n’est pas seulement un danger à combattre, un ennemi dont il faut se défendre. Avec le mot “monde”, l’Evangile identifie parfois une mentalité, une façon d’être et d’agir qui est l’antithèse du message du Christ, mais voit cependant le monde comme un objet d’amour infini. “Dieu a tant aimé le monde qu’Il nous a envoyé son Fils unique”. Le monde, notre monde, est la réalité dans laquelle nous vivons, l’histoire parfois joyeuse parfois douloureuse de notre vie, le réseau de relations multiples qui nous lient aux créatures que nous aimons, c’est la grande famille humaine dont nous faisons partie et dont les multiples diversités ne peuvent que nous enrichir. “N’ayez pas peur, j’ai vaincu le monde” a dit Jésus. Avec la force désarmée de l’amour, non pour vaincre un ennemi mais comme si on redonnait vie à un fils. Livre optimiste dans le sens le plus noble du mot, qui semble pensé et écrit pour insuffler courage et espérance. n 44 dma damihianimas REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE camille n En quel temps sommes-nous ? Temps de crise. On en entend parler de partout. Le soir nous nous retrouvons dans la salle de communauté pour regarder la télévision régionale et alors nous voyons de grands hommes d’état et de l’économie mondiale qui cherchent à expliquer les événements qui se succèdent. Ils nous remplissent de sigles et de pourcentages. A la fin nous nous regardons et aucune n’a le courage de dire qu’elle n’a pas compris grand chose. Souvent le matin, quand je reste un peu à la conciergerie, je rencontre quelques mamans ou papas tandis que les enfants entrent dans l’école. Pour moi c’est un beau moment, ils sont heureux, et à mon âge je ne peux plus me permettre un apostolat actif, alors il me reste le sourire, parfois le regard étonné parce qu’ils s’habillent d’une façon étrange, et ils sont contents, me répondant par un sourire et quelques-uns m’expliquent le sens de ce qu’ils portent, je comprends plus ou moins mais ils me démontrent leur affection et ils apprécient quand même mon désir de les écouter, car il n’est pas nécessaire de comprendre toujours tout, l’important est de leur vouloir du bien. A vrai dire souvent je ne sais même pas répéter les paroles qu’ils utilisent pour indiquer tous les objets qu’ils portent. De mon temps tout était plus simple, même les jeunes avaient besoin de moins de choses. Le matin, disais-je plus haut, je m’arrête aussi pour bavarder encore avec quelques parents. Et finalement les discours ont quelque chose de commun : «Nous ne réussissons plus à faire face aux dépenses comme avant, j’ai perdu mon travail et je cherche d’autres solutions, mon mari est préoccupé parce que son entreprise affronte un moment difficile, le paiement des assurances nous asphyxie». Là, je comprends ce que signifie la crise. Sans pourcentage, sans statistique, on lit sur les visages préoccupés de ces parents qu’ils doivent faire attention avec leur budget pour arriver à la fin du mois. Ici, je me rends compte qu’il n’est pas possible que dans nos communautés, nous continuions à vivre comme avant. En effet, même si je me plains et rouspète pour un bien, je dois dire que même dans ma communauté, nous avons choisi de faire de petits renoncements en essayant de nous identifier avec ceux qui risquent de se trouver un moment ou l’autre sans travail et sans maison. C’est l’heure de la solidarité. Mais nous devons être attentives à ne pas être comme ces pharisiens qui jettent dans le tronc des offrandes, beaucoup d’argent avec fracas mais qui n’en font pas plus qu’il ne faut. Peut-être oublions-nous ce qu’a fait la vieille femme. Elle a donné tout ce qu’elle avait en mettant toute sa confiance en la Providence qui ne l’abandonnera. 45 DOSSIER : Cénacle ouvert l’amour plus grand que tout PREMIER PLAN : Vie consacrée et Mobilité humaine EN RECHERCHE : Pastoralement La précarité COMMUNIQUER : Jeunes.com TED - Technologie, Entertainment, Design La joie est le signe d’un coeur qui aime beaucoup le Seigneur (M. Mazzarello) casa des dubbi e dei sogni casa 46 LA MAISON EGLISE M MA AIIS SO ON ND DE E LLA AP PA AR RO OLLE E :: C CE EU UX X Q QU UII E EC CO OU UTTE EN NTT LLA A P PA AR RO OLLE E D DE E D DIIE EU U E ETT LLA A M ME ETTTTE EN NTT E EN NP PR RA ATTIIQ QU UE E (LC 8, 21) 47
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