Fiche synthèse Wax
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Fiche synthèse Wax Origine Les premières importations de tissus imprimés signalées sur la côte ouest africaine se situent entre le XIè et le XIIIè siècle. Au XVIIIè siècle, les négociants allemands, anglais et hollandais accordaient une grande place aux étoffes manufacturées dans le cadre du commerce atlantique. La préférence était donnée alors aux tissus hollandais. Les tissus manufacturés vont servir de monnaie courante dans la traite des Noirs. Certains récits sur l’histoire du Wax expliquent en effet que ses origines sont indonésiennes. Les Anglais et Hollandais s’inspirent du batik javanais, qui est teint à la réserve à la cire. Les Européens reprennent cette méthode (d’où le nom wax : cire, en anglais) et impriment des motifs très colorés et séduisants pour les Africains. Ainsi, le groupe Vlisco (PF van Vlissingen & Co) produit du véritable wax hollandais peint à la main dès 1846. Mais ce n’est que vers 1876 que la compagnie commence à exporter vers l’Afrique. Le Wax s’est étendu aussi, dans la seconde partie du 19ème siècle, par l’entremise des soldats africains (principalement ghanéens) revenant d'Indonésie. A l’heure du départ, ils rentrent chez eux les valises pleines de batiks indonésiens. L’occasion de constater que leur intuition était bonne : les couleurs vives et les dessins plaisent beaucoup. Dans les années 1900, l’Indonésie hollandaise devenant plus difficile à pénétrer face au protectionnisme dont elle faisait preuve pour protéger l’industrie textile locale, les fabricants de textile européens se tournent de plus en plus vers l’Afrique. Ils exportent alors vers le Ghana, qui devient le détenteur du marché dans tout l’Ouest de l’Afrique. Ainsi, dans les années 1890, le Ghana devient le premier marché historique du wax. Quelques femmes issues de l’ethnie genmina montent d’incroyables expéditions dans la brousse pour ramener d’Accra, parfois en contrebande, des cargaisons de Wax qui se vendent à prix d’or. L’impression à la cire se mécanise dans les années 1910, accroissant ainsi la production. Cependant, chez Vlisco, certains tissus continueront à être fait à la main jusqu’en 1993. Dans les années 50, 50% de la production de Wax et Java prints est exporté vers l’Afrique et représente 66% des bénéfices de Vlisco, alors que sa production des tissus pour le marché européen ne cessera de décliner pour cesser complètement en 1981. En 1965, l’instabilité politique au Ghana et la construction d’une usine de textile et la mise en place des droits de douanes prohibitifs pour les exportateurs de Wax européens, conduit la firme Unilever (qui a distribué les produits Vlisco jusqu’en 1994) à transférer son comptoir à Lomé. Commencent ainsi la fortune des Nana Benz. La frénésie s’étend progressivement le long de la côte Atlantique et pénètre en Afrique Centrale jusqu’au Congo RDC. La production de Wax ou de Fancies se développe dans divers pays africains : Côte d’Ivoire, RDC, Nigeria, Ghana (ABC Wax, dont la maison mère est à Manchester, Angleterre). Selon un document édité lors du salon So Wax, « ce marché compte une population de plus de 120 millions d’Africains, dont les Nigérians et les Congolais constituent la grande majorité ». Nana Benz Lomé, capitale du Togo, a vu l’éclosion du commerce des tissus africains importés des PaysBas, grâce à des dames très entreprenantes : les Nanas Benz. En effet, si l’importation du tissus passe par les maisons d’import-export, la revente des pagne est l’affaire exclusive des Nanas Benz. Ces dernières étaient ainsi surnommées à cause de la marque de leur voiture, une Mercedes Benz, symbole de leur réussite économique. En effet, il leur fallait de confortables berlines pour se transporter de marché en marché. Plus travailleuses que les Béninoises ou que les Ghanéennes, elles eurent vite fait de prendre la tête de ce fructueux négoce pour lequel elles privilégiaient les transactions avec les Pays-Bas. Dans les années 1960, le pouvoir des Nanas Benz est si fort qu’elles deviennent conseillères pour les créateurs des Pays-Bas. Elles imposent leur goût sur les couleurs et les motifs qui orneront les pagnes. Elles vont même à l’époque, jusqu’a fonder leur propre syndicat qui leur permet de se positionner vis-à-vis des hommes. Puis, trop vieilles, fatiguées, elles perdront petit à petit leur pouvoir. Rôle social Les étoffes imprimées sont portées par hommes, femmes et enfants. Elles jouent un rôle important dans la vie quotidienne, et sont un moyen de communication non verbale important, car elles donnent des informations sur le statut et la richesse, et transmettent des messages. S’inspirant d’un vaste répertoire d’influence occidentale, asiatique et africaine, le Wax est considéré comme l’expression « authentique » de l’identité de la femme africaine urbaine. Chaque tissu a un motif et un nom et peut être utilisé pour transmettre un message. A travers les différents motifs, le porteur du Wax exprime son humeur, ses besoins, son statut social, lance des défis, etc. Les motifs de défis, de proclamation de statut social : Différentes qualités : le Wax hollandais, le plus coûteux et le plus prisé, puis le Java Print qui englobe les Fancies, qui reproduisent les teintes et les motifs du Wax hollandais : moins coûteux mais moins appréciés. Personnes ressources : Anne Grosfilley, Docteur en Anthropologie, enseigne la sociologie à l’université d’Évry-Val d’Essonne en France. Elle est membre de la société des Africanistes. Biblio : Afrique des textiles d’Anne Grosfilley, éditions Edisud, 2005 La longue histoire du pagne, collectif, Editions Ruisseaux d’Afrique, ISBN 99919-53-42-6, 2006 Les Messages du Pagne, collectif, Editions Ruisseaux d’Afrique, 2006 « Je cours plus vite que ma rivale », de Ledji Bellow, Cahiers de Littérature orale, N° 19, 1986 http://www.vlisco.com/ http://www.abcwax.co.uk/f_accueil.htm
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