Cours 1 : Histoire des techniques

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Cours 1 : Histoire des techniques
Histoire des techniques,
UEC 3, M2 HST, Centre François Viète
Jean-Louis Kerouanton (maître de conférences, Université de Nantes)
Cours 1 : INTRODUCTION
Qu’est-ce que l’histoire des techniques ? Tentatives de
définition.
L'histoire des techniques proposée ici consiste en une discussion sur l'ensemble de la question
des rapports de l'homme à son environnement par le biais des développements techniques au
cours du temps long de l'histoire européenne et internationale. Il s’agira de distinguer les traits
caractéristiques d’une histoire matérielle, tout en l’associant aux analyses de l’économique, du
social et de la pensée culturelle et scientifique. Les rapports complexes entre science et technique
seront ainsi régulièrement abordés sur l’ensemble des périodes historiques étudiées, ce qui
permettra d’analyser et de différencier les notions de « technique », de « technologie » mises en
relation avec « l’innovation » et/ou « l’invention ». La question du fait industriel, de la révolution
industrielle à la remise en cause contemporaine des modèles qui en sont issus sera évoquée.
Dans cette perspective, une attention particulière sera portée à l'apparition des technologies de
l'information et à la question des mutations récentes, replacées dans la perspective historique. Le
cours s'appuiera sur un certain nombre d'études de cas. Il sera ainsi fait appel aux notions
générales de l’histoire des techniques mais également à l’actualité de la recherche en histoire des
techniques au Centre François Viète
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Jean-Louis Kerouanton (maître de conférences, Université de Nantes)
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Petite bibliographie introductive
SINGER, Charles (et allii), A history of technology, New York, London, 5 vol. 1954 – 1958 , vol 6 et
7, 1978, , “1900 à 1950” mais avec des prolongements jusqu’aux années 1970 pour certains
chapitres.
DAUMAS Maurice (dir.), Histoire générale des techniques, PARIS : PUF, 5 vol, 1962-1978,
réédition, 1996.
GILLE, Bertrand (dir.), Histoire des techniques, Technique et civilisation, technique et sciences,
Paris : Gallimard, 1978, Encyclopédie de la Pléiade
DEFORGE, Yves, Technologie et génétique de l’objet industriel, Paris, Maloine, 1985
JACOMY, Bruno, Une Histoire des techniques, Paris : Points Seuil, 1990
WORONOFF, Denis, Histoire industrielle de la France, du XVIe siècle à nos jours, Paris, Seuil,
1994
SERIS, Jean-Pierre, La technique, Paris : PUF, 1994, coll. Grandes questions de la philosophie
JACOMY, Bruno, L’âge du Plip, Chroniques de l’innovation technique, Paris, Seuil, 2002 (avec un
chapitre important sur le rivetage)
HUGUES, Thomas P, Human-Built World: How to Think about Technology and Culture, University
of Chicago Press, 2005
HALLEUX, Robert, Le savoir de la main. Savants et artisans dans l’Europe pré-industrielle, Paris :
Armand Colin, 2009
SENNET, Richard, Ce que sait la main La culture de l’artisanat, Paris : Albin-Michel, 2010,
traduction de The Craftsman, 2009
GARCON, Anne-Françoise, L’imaginaire et la pensée technique : Une approche historique,
XVIXXe
siècle, Paris : Classiques Garnier, 2012
MAUSS, Marcel, Technique, technologie et civilisation, Paris : PUF, 2012, recueils d’articles
présentés par Nathan Schlanger
EDGERTON, David, Quoi de neuf ?, Paris : Seuil, 2013, traduction de The Schock of the Old,
2006
Quelques articles fondateurs
MAUSS, Marcel, « Les techniques du corps », Journal de psychologie, 1935, pp.271-293
FEBVRE Lucien « Pour l'histoire des sciences et des techniques », Annales d'histoire économique
et sociale, T. 7, No. 36, Réflexions sur l'histoire des techniques, 1935, pp. 646-648
GILLE, Bertrand, « La notion de « système technique ». Essai d’épistémologie technique »,
Technique et culture ; 1979, 1, pp. 8-18
HUGES, Thomas P. Hughes, L'histoire comme systèmes en évolution, Annales. Histoire, Sciences
Sociales, 53e Année, No. 4/5, Jul. - Oct., 1998, pp. 839-857
EDGERTON, David, « De l'innovation aux usages: Dix thèses éclectiques sur l'histoire des
techniques », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 53e Année, No. 4/5, Jul. - Oct., 1998, pp. 815837
EDGERTON, David, “Innovation, Technology, or History, What Is the Historiography of Technology
About?”, Technology and Culture, Volume 51, Number 3, July 2010, pp. 680-697
Un exemple de sources imprimées mise en ligne
http://cnum.cnam.fr/
Le lien essentiel vers les Instruments de recherche et bases de données des Archives nationales
http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/rech.htm
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$Science et technique
Scientia, ars : epistèmè , technè
Aristote (Seconds analytiques)
« De l’expérience est tiré le principe de l’art et de la science, de l’art si cela concerne une
production, de la science si cela concerne l’étant »
Diderot
Art (Encyclopédie)
Origine des Sciences & des Arts. C’est l’industrie de l’homme appliquée aux productions de la
Nature ou par ses besoins, ou par son luxe, ou par son amusement, ou par sa curiosité, &c. qui a
donné naissance aux Sciences & aux Arts ; & ces points de réunion de nos différentes réflexions ont
reçû les dénominations de Science & d’Art, selon la nature de leurs objets formels, comme disent
les Logiciens. Voyez OBJET. Si l’objet s’exécute, la collection & la disposition technique des regles
selon lesquelles il s’exécute, s’appellent Art. Si l’objet est contemplé seulement sous différentes
faces, la collection & la disposition technique des observations relatives à cet objet s’appellent
Science
(…)
Distribution des Arts en libéraux & en méchaniques. En examinant les productions des Arts, on
s’est apperçû que les unes étoient plus l’ouvrage de l’esprit que de la main, & qu’au contraire
d’autres étoient plus l’ouvrage de la main que de l’esprit. Telle est en partie l’origine de la
prééminence que l’on a accordée à certains Arts sur d’autres, & de la distribution qu’on a faite des
Arts en Arts libéraux & en Arts méchaniques. Cette distinction, quoique bien fondée, a produit un
mauvais effet, en avilissant des gens très-estimables & très-utiles, & en fortifiant en nous je ne sai
quelle paresse naturelle, qui ne nous portoit déjà que trop à croire, que donner une application
constante & suivie à des expériences & à des objets particuliers, sensibles & materiels, c’étoit
déroger à la dignité de l’esprit humain ; & que de pratiquer, ou même d’étudier les Arts
méchaniques, c’étoit s’abbaisser à des choses dont la recherche est laborieuse, la méditation
ignoble, l’exposition difficile, le commerce déshonorant, le nombre inépuisable, & la valeur
minutielle.
L’Histoire
Le cours partira, rapidement, de la préhistoire pour arriver sur des questionnements qui porteront
malgré tout plus sur l’époque moderne et l’époque contemporaine.
Il faut avoir un questionnement sur :
1. Qu’est ce que l’histoire ?
2. Comment va-t-on aborder cette histoire ?
3. Comment peut on avoir un questionnement sur l’histoire des techniques ?
Il est peut-être tout d’abord nécessaire de rappeler les principaux découpages qui permettent un
premier repérage dans le temps. En tant qu’enseignant-chercheur, j’ai coutume de dire que je suis
un « contemporainiste », puisque je travaille de manière privilégiée sur le XXe siècle
C’est quoi un contemporainiste ?
Pour les historiens, l’histoire contemporaine commence en 1789. On se situe ainsi sur l’échelle
globale du temps : Antiquité – Moyen Age – Histoire contemporaine.
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Il faut bien entendu se méfier des dates trop précises. Si les dates charnières sont 1492 et 1789, il
est peut-être plus sage de dire que l’époque moderne va de la Renaissance à la Révolution
française.
L’histoire
C’est une discipline scientifique qui s’attache au temps. Il s’agit donc de quelque chose de très
précis. Ce temps là, c’est aussi le temps de quelqu’un. Il n’y a pas d’histoire, s’il n’y a pas
quelqu’un.
- Quand on parle de « Pré-histoire », il s’agirait en fait d’un « système » où l’humanité ne serait pas
capable de se raconter. Quand on arrive sur les « âges historiques » on commence à aborder
cette question des hommes qui sont capables de se raconter.
- La protohistoire : à l’âge du bronze, on se situe dans le début de pouvoir raconter quelque chose
car on a suffisamment d’éléments, aujourd’hui, d’une société qui est en train de se faire.
Dans ce cours on va aborder des domaines qui sont des phénomènes techniques, on va aussi
aborder des phénomènes scientifiques. Ce qui sera intéressant, sera de se poser la question par
exemple pour la vapeur : « La vapeur à été produite PARCE QUE… (Ca va servir à quelque
chose).
Ce sont des notions importantes à se poser dès le départ. On va être confronté à cette idée que
NOUS FAISONS L’HISTOIRE et que décrivant cette histoire là on parle d’HISTOIRE HUMAINE où
qu’elle soit.
On est donc dans un processus qui considère un objet ; cet objet est dans un contexte, de
temps et d’espace.
On parlera de temps en temps d’objet de manière théorique, ce qui nous permettra de poser la
question de ce qu’est la technique par rapport au champ disciplinaire très large qui s’appelle
l’histoire.
L’histoire des sciences, l’histoire des techniques se ramènent à des actions humaines. C’est le
propre de l’histoire.
Avec l’histoire on est dans un système :
 De problématisation
 De méthode
 D’analyse
 De conclusion.
Nous allons donc faire des sciences.
« Qu’est ce que l’histoire ? »
L’histoire c’est le temps mais aussi le temps dans son espace passé ou dans son espace en
construction.
 L’historien travaille sur 1 défilement chronologique (défilement du temps).
 On va rendre compte que ce défilement du temps va être dans un système à n
dimensions (3 dimensions physiques, espace mental, religieux, etc.).
La notion de défilement, de mouvement :
Ce mouvement, il va falloir essayer d’en faire l’analyse. Le moyen privilégié de l’analyse historique
est la PERIODISATION. On va étudier un phénomène, on va le décrire et on va dire : « à un
moment il se passe ça…. » et puis ensuite « ça s’arrête ». La périodisation est bien souvent la
marque et l’analyse des changements, des ruptures, voires de révolutions.
 Le Moyen-Age : 1 période.
 L’age moderne : 1 période. (1492 – 1989)
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Au sein de ces périodes larges, on analysera des phénomènes techniques plus ou moins courts :
Par exemple, on va avoir :
o L’age de la machine à vapeur
o La révolution industrielle
Donc on va trouver des dates
o L’age du nucléaire
o L’ère du transistor.
Ces dates seront plus ou moins compliquées à trouver. Par exemple, l’âge du transistor en 1948.
Mais on peut se poser la question : « est ce que l’âge du transistor est fini ? »
On pourrait dire que oui puisqu’il est remplacé par la puce.
« Mais est ce que c’est vrai ? ». A chaque fois on se posera ces questions.
Est-ce qu’il y a eu une révolution industrielle en France ?
Certaines analyses nous autorisent à dire que la révolution industrielle en France n’a pas du tout la
même configuration qu’en Angleterre. En France, il n’y aurait pas eu les mêmes « accidents », les
mêmes ruptures qu’en Angleterre. En ce sens, le concept de « révolution » industrielle ne peut pas
être analysé de la même manière de chaque côté de la Manche.
On voit apparaître une complexité des choses avec ce fil du temps qui passe. => je parlerai dans
les séances qui viennent de défilement du temps mais en prenant garde d’indiquer que nous ne
sommes PAS DANS UNE LINEARITE ABSOLUE. Nous sommes pourtant bien dans une linéarité
du temps, c'est-à-dire que les secondes passent les unes après les autres. Mais la complexité des
situations humaines, géographiques, sociales, fait qu’il ne se passe pas la même chose au même
moment partout.
On n’est pas dans un rapport mécanique partout au même moment. Ce monde là n’est pas
homogène, il est complexe et du coup cette question de linéarité de l’histoire est quelque chose
qu’il faut questionner tout le temps.
Pour prendre un exemple : l’heure légale en France est imposée en 1891. Cela fait à peine 100
cent ans que toute la France vit légalement (et techniquement du coup à la même heure).
Histoire des techniques
La technique, les techniques ?
C’est quoi la science ?
Le geste et le savoir-faire dans le processus, la manipulation qui sont d’ordre technique(s) ne
relèvent pas du tout de la question de la science en tant qu’interprétation d’un phénomène, d’une
théorisation et d’application par le calcul.
Ce n’est pas la science qui a précédé la technique.
Le premier fabricant de boomerang n’est à l’évidence pas un aérodynamicien. La modélisation de
la trajectoire de l’objet appellerait des notions de calcul qui lui sont tout à fait étrangères. Et
pourtant, cet objet là revient à son point de départ. Mais on voit aussi qu’il ne revient pas sans la
dextérité du lanceur lui-même, qui met en place tout son savoir-faire pour arriver à la bonne
réception de l’objet, dès son lancer. Il y a donc ici une logique de production technique à plusieurs
entrées, entre usage et savoir-faire
- dans la production elle-même de l’objet, sa bonne réalisation
- dans son utilisation ensuite, qui est un échec sans une manipulation correcte
L’idée que la science précède la technique est une idée qui, en France tout au moins, se forge au
XIXe siècle, à un moment où les « grandes écoles » doivent trouver leur légitimité dans le système
de formation académique des ingénieurs. C’est la formation en « sciences dures » qui a permis
cette stabilisation, légitimant ainsi un discours plus général sur le primat de la science sur la
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technique. Les discours contemporains sur l’innovation technologique parlent ainsi régulièrement
de ce rôle de l’application des sciences. Aujourd’hui, par exemple, la recherche appliquée permet
de faire de la recherche pour avoir des applications pratiques. Auparavant, les distinctions sont
différentes. On peut dire de manière générale que la science et la technique, si elles se distinguent
à partir de la Renaissance, ne rentrent pas dans une logique hiérarchisée mais plus simplement
dans une double logique d’approche du Monde : la science serait ce qui permet de connaître le
Monde, la technique ce qui permettrait de la « fabriquer », d’intervenir sur lui.
Quelques Définitions repères, tirées du dictionnaire
TECHNIQUE :
 Qui a trait à la pratique, au savoir dans une activité, dans une discipline.
 Relatif au fonctionnement d’une machine.
 Qui concerne les applications scientifiques.
Etymologie grecque du mot technique : fabriquer, construire, produire => idée d’objets.
DECOUVERTE – INVENTION
 On parle de découverte scientifique.
 On parle de brevet d’invention.
DECOUVERTE : action de trouver ce qui était inconnu, ignoré ou caché.
INVENTION : action d’inventer, de créer quelque chose de nouveau.
La culture technique
Présentation de quelques exemples :
Le Petit LU
Si on dessine un ensemble de demi-cercles juxtaposés et disposés ensuite de manière
orthogonale, reliés par une ellipse tronquée, le public reconnaît en général, à peine passé l’angle,
que ce n’est pas de la géométrie mais bien un « Petit-Beurre » qui est représenté… bien que ce
pourrait être tout autre chose
A partir de la simple reconnaissance d’une forme, Il s’agit bien de culture. Ce qui fait appel à un
apprentissage personnel et à la mémoire, mais également à des souvenirs partagés, en particulier
le goût du biscuit, faisant appel à une notion de plaisir
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Problématique d’identification du produit. On est dans des enjeux économiques et industriels :
 Identification réelle
 Enjeux de propriété
 « Véritable » petit beurre…
Le petit beurre est inscrit dans le temps. Le mot « LU » a une forme particulière qui est typique du
desing de la fin du 19° siècle.
La Paille d’or
C’est un objet qui a un nom
C’est un objet qui a une forme particulière (parallélépipède rectangle étroit et fin)
2 formes différentes pour un même fabricant :
1ière date : 1888 pour le petit beurre
Date de dépôt du brevet en tant qu’objet d’invention
2ième date : 1905 pour la paille d’or
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Ce sont 2 gâteaux particuliers, 2 gâteaux qui n’ont pas la même forme, pas le même goût, pas la
même consistance, ni la même saveur.
2 objets très différents l’un de l’autre
2 types de consommation différents.
2 types de fabrication différents avec une logique de production différente.
Le RIVET
Le rivet permet d’assembler des pièces métalliques entre elles.
Sur le petit beurre on est dans un objet fini, pour le rivet on est sur un projet de mise en œuvre (un
objet secondaire ou intermédiaire au produit fini).
Il fait appel à :



Comment s’est fait ?
Pourquoi s’est fait ?
Avec qui s’est fait ?
Dans un processus technique
On se pose la question « Qu’est ce que l’on fait avec cet objet ? »
Hypothèse :
On est pas au même endroit à la même époque
On fait la tour Eiffel
On fait des bateaux.
On peut étudier le rivet de 2 manières soit INTERNALISTE soit EXTERNALISTE.
INTERNALISTE : par ex. pour le métal on dira que c’est du métal corrodé, c’est du métal qui a été
travaillé de tel façon, donc je vais en faire l’analyse physico-chimique. Je vais voir la composition
du fer, je vais étudier le degré d’oxydation, je vais voir comment il a été mis en forme
(probablement par forgeage) et je vais étudier comment il a été forgé.
Ici je reste « dans mon monde » de fabricant de rivets.
Ce rivet sert à assembler des tôles, je parle de ce que l’on fait avec et je suis donc dans ma
technologie.
EXTERNALISTE : ici je suis totalement extérieur de la fabrication de l’objet. Je parle de l’objet qui
est 1 objet technique mais je ne m’intéresse pas à la façon dont il a été fabriqué. Par contre, j’en
tire des conséquences sur les enjeux économiques, culturels, etc.
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Nous ce que l’on va essayer de faire, c’est d’être au milieu et d’essayer d’alterner, de compléter
entre à la fois l’approche internaliste c'est-à-dire savoir effectivement comment ça marche,
comment ça a été produit, mais aussi l’approche externaliste : pourquoi, dans quelle intention et
dans quel cadre et quelles sont les conséquences que ça a.
On parlera plus dans ce cas d’une approche contextualiste de l’objet sans ignorer la question de la
technicité de l’objet (au sens de l’élaboration de l’objet).
La notion de système technique
SYSTEME TECHNIQUE : les approches de l’objet industriel chez YVES DEFORGE (Technologie et génétique de l’objet
industriel, 1985)
On en arrive bien évidemment pour conclure à la notion de système technique, dans lequel
s’inscrit cette question de l’histoire des techniques. A la suite de Simondon, Yves Deforge a
indiqué les pistes de cette analyse systémique.
SI l’on peut parler de ce système technique de l’objet, il faut bien entendu le considérer dans toute
sa complexité dans une logique globale. A l’échelle des sociétés, c’est l’importance fondamentale
de l’analyse de Bertrand Gille dans son Histoire des techniques qui établit les grands systèmes de
fonctionnement de production et des échanges, au regard de la technique au niveau des
civilisations, ce sera l’objet du cours suivant.
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