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25 1986-2012 Edition Spéciale ANS It’s all about the right profile Define your employees’ card usage with Visa Business Debit Card The new Visa Business Debit Card from Bank Audi is designed for business owners. 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Agriculture On récolte ce qu’on a semé r d c l 9 1 9 8 6 - 2 0 1 2 Directeur de la publication : Fouad Zmokhol Rédacteur en chef de cette édition : Nicolas Sbeih Maquette : Sabine Bahri Abou Sleiman Adresse : RDCL, avenue de l’indépendance, immeuble Sarraf, Achrafieh, Beyrouth, Liban. Tel. : (+961-1) 320450 – (+961-3) 289800 ; Fax : (961-1) 320395 ; Email : [email protected]; Site Internet : www.RDCL.org.lb Edition Spéciale 25 ans Novembre 2012 Note : Les textes de ce ‘Spécial 25 ans’ ont été préparés par l’équipe de rédaction et les auteurs respectifs, ils ne reflètent pas nécessairement les opinions du RDCL. 3 Edito Edito «LE LIBAN PAYS MAUDIT... OU PAYS BÉNIT?» Par Fouad Zmokhol, président Les Etats-Unis, première puissance mondiale, est très souvent impuissante face aux catastrophes naturelles, notamment les ouragans ou «hurricanes» qui s’abattent continuellement sur son territoire. Qui d’entre nous n’a jamais assisté aux effets dévastateurs de ces «monstres» à qui l’on donne de drôles de noms de jolies femmes, après leur passage tragique laissant toute une population désemparée! Le Japon, première puissance économique, vit dans la hantise journalière d’un tremblement de terre qui risque d’engloutir ses îles. Le dernier tsunami a gardé le monde entier en haleine devant ses vagues démesurées, détruisant tout sur son passage et menaçant d’un incident nucléaire sans précédent qui aurait pu avoir des effets tragiques sur le monde entier! Dr Fouad Zmokhol Président 1 9 8 6 - 2 0 1 2 Le Liban, minime «point» sur la carte mondiale, a la chance -Dieu merci- d’être loin des risques de catastrophes naturelles! Toutefois, notre cher pays se retrouve par malheur, coincé et tenaillé entre ses deux puissants voisins, qui ont pour objectif commun de le maintenir instable, insécurisé, étouffé et continuellement menacé, craignant sans doute de le laisser s’envoler bien loin ou bien haut, avec la hantise de le voir les dépasser du fait de sa résilience, sa solidité, son dynamisme et sa volonté divine de continuellement renaître de ses cendres! Un des multiples atouts de notre cher Liban demeure son secteur privé qui a réussi à survivre et qui continue à croître sans limite en s’exportant vers le monde entier, parvenant à maintenir notre économie sur pied. . Nous sommes fiers de nos entreprises, tous secteurs confondus: bancaire, commercial, industriel, éducatif, médical, de services… qui continuent d’avancer à une vitesse vertigineuse suivant les normes et règles internationales. r d c l Le Liban a longtemps été connu comme l’université du Moyen-Orient, le centre hospitalier de la région, le point de rencontre de la création, de la mode, du goût raffiné, de la restauration et de l’entreprenariat. Nous avançons certes… mais maintenons un ressort attaché à notre dos qui réduit notre vitesse et peut rapidement nous reculer si nous nous arrêtons de persévérer. Ces contre-forces négatives nous viennent désormais des divisions politiques internes, plus précisément de nos politiciens qui suivent des objectifs égocentriques et électoraux, absolument différents des nôtres. Nous entendons dans les diverses sphères qui nous entourent que les phares sont actuellement braqués sur les élections, devenues de nos jours la priorité nationale absolue! Cela veut-il dire que notre lutte économique est relayée au second plan? Que les réformes structurelles sont mises en veilleuse? Que la reconstruction de nos infrastructures est rangée dans les tiroirs? Le pire est que nous avons, tous, les réponses à ces questions cruciales. L’auto flagellation s’est toujours avérée inutile, l’auto destruction, «hobby» national, n’a jamais rapporté gros et le pessimisme ambiant a constamment freiné les ambitions! Notre ultime objectif devrait être la survie et la persévérance! Les crises peuvent souvent cacher des opportunités inédites. Demandons à nos dirigeants de se baser sur de petits objectifs atteignables à court terme, pouvant donner un peu de souffle et d’oxygène à notre économie. Préparons-nous à reconstruire des accords économiques constructifs avec les nouveaux dirigeants du printemps arabe pour essayer de rétablir des relations commerciales privilégiées avec ces pays. Accueillons les chefs d’entreprises syriens fuyant les conflits et offrons-leur des possibilités d’investissements attractifs. Unissons-nous atour d’un plan économique de redressement, qui n’aurait ni couleur, ni religion, ni parti pris, ni «numéro», capable de protéger notre secteur privé -pilier essentiel de notre économie- d’attirer des investissements de la région et de survivre pendant ce cycle ombragé de récession mondiale! Malgré les malédictions qui s’abattent sur nous, sur le Liban, nous ne baisserons pas les bras… nous continuerons notre lutte dans ce merveilleux pays béni, quel que soient les sacrifices et les conséquences: tel est notre message et notre volonté! 4 Le RDCL en pointillés r d c l . 1 9 8 6 - 2 0 1 2 Depuis 25 ans que ça dure, beaucoup de choses ont été dites à propos du RDCL. Généralement en bien, cela va sans dire mais va encore mieux en le disant. Tout n’a pas été toujours rose rose quand même. Les dirigeants et membres du RDCL ont vu grand, à certains moments, ont présenté ‘livre blanc’ sur ‘livre blanc’, projets de loi sur projets de réformes, communiqués sur coups de gueule, sur pratiquement toutes les questions économiques et sociales. Même si parfois, souvent, ils n’ont pas été entendus par les décideurs, trop occupés par ailleurs. Alors au lieu de récapituler toutes ces activités sur 25 ans, mission accomplie dans les anciens numéros anniversaires de cette newsletter et représentant ‘le corps du sujet’, nous avons préféré donner l’esprit, ‘l’âme du sujet’, à travers cette suite de petites et grandes paroles, lâchées à différentes occasions. La direction de la chose publique est une mission trop sérieuse pour n’être confiée qu’aux politiciens. Amine Gemayel Les chefs d’entreprise ne sont plus disposés à rester les otages des intérêts opportunistes d’une classe politique aux allégeances versatiles. Communiqué du RDCL Les efforts du RDCL ont été incontestablement couronnés de succès. Fouad Siniora Un vivier de gens de valeur, de culture, ‘d’achievements’. Nicolas Nahhas Le RDCL se doit d’être de par sa vocation une pépinière d’idées contradictoires. Roy Badaro A l’actif du RDCL sa lutte de tous les instants en faveur de l’Etat de droit. Bernard Emié Le RDCL s’attelle à consolider le bien-être social et créer une nouvelle dimension du développement. Roger Nasnas Le RDCL a su être un porte-parole convaincant et méthodique. Riad Salamé L’existence d’organismes similaires répond à un besoin réel. Joseph Torbey Le RDCL a réussi à devenir un interlocuteur incontournable pour les commissions parlementaires. Nabil de Freige 6 « Nous invitons nos dirigeants à bâtir des objectifs réalisables à court et moyen terme car c’est à travers de « petites » réussites et de succès récurrents que nous pourrons bâtir de grands exploits à long terme » Fouad Zmokhol A l’heure où les valeurs sont bafouées, nous n’avons pas le droit de désespérer de nos institutions et encore moins de nous-mêmes. Armand Pharès Le RDCL ‘existe’ partout et sa voix porte, une voix sage et modérée. Zafer Chaoui Le RDCL c’était tout à la fois une utopie et une nécessité. Reine Codsi C’est sa vocation : être le lieu où les idées innovatrices sont susceptibles d’être entendues et débattues. Nicolas Debahy Trop souvent nous tirons la sonnette d’alarme mais les dirigeants sont plus occupés à régler leurs querelles personnelles. Toufic Gargour Le renouveau du pouvoir doit s’accompagner d’un renouveau économique. Communiqué du RDCL Nous déplorons les occasions perdues pour l’économie du fait des tiraillements politiques. Communiqué du RDCL Il est unique dans la persistance de son sérieux et le professionnalisme de son approche. Roger Dib Le RDCL a été bien moins que les autres instances économiques ‘domestiqué’ par les politiciens. Raphaël Debbané Il est impératif d’instaurer au Liban cette culture de travail sérieux. Yves Geahchan Des personnes motivées, avec une vision concrète, prenant des initiatives et multipliant les brainstormings. Samir Nasr Le RDCL est le plus crédible des instances économiques en tant que Think Tank. Jacques Saadé Le salut du Liban requiert des gens du pouvoir qu’ils honorent leurs promesses. Communiqué du RDCL Le RDCL est un rassemblement mais aussi un centre de ‘brainpower’. Nadim Assi Il n’existe pas d’économie saine sous une politique tordue. Camille Ménassa 1 9 8 6 - 2 0 1 2 Nous dénonçons l’opacité des comptes du CNSS et la mainmise des fonctionnaires sur l’administration. Communiqué du RDCL Le RDCL a initié une mouvance capable d’apporter des solutions et d’agir pour les faire aboutir. Fady Amatoury . Le RDCL s’est activé pour corriger le dérapage du secteur public. Ahmad Hage r d c l L’esprit RDCLien se nourrit d’un engagement sans cesse renouvelé. Fady Gemayel Sans le RDCL, notre économie n’aurait pas résisté aux coups de butoir portés par ceux qui jalousent notre gestion des affaires. Jean-Claude Boulos Il y a tellement à changer dans le pays qu’il est difficile de mesurer la portée de son action. Wassef Ezzedine Taper sur la table et hausser le ton lorsque la situation l’exige. René Khlat Le RDCL s’est constamment manifesté témoignant d’une pugnacité sans faille. Elie Assaf Le RDCL assure un cadre unique pour présenter des recommandations aux décideurs politiques. Fadi Saab Il est la conscience de l’économie libérale de ce pays. Fouad Rahmé 7 Agriculture On récolte ce qu’on a semé On n’a pas « semé » beaucoup de plans agricoles au cours de l’histoire économique libanaise. Ce qui fait que ceux qui ont réussi dans ce domaine ont vraiment veillé au grain. De manière générale, nous ne croyons pas en l’utilité économique des subventions, qui contribuent à soutenir des secteurs de l’économie qui ne seraient pas viables autrement. Ces subventions créent généralement des distorsions et des gaspillages sans produire des bénéfices à long terme. C’est le cas notamment des subventions sur le blé, la betterave et le tabac. En effet, ces trois cultures ne seraient pas viables sans subventions. Au lieu de générer des bénéfices durables, celles-ci ont été détournées de leur objectif socio-économique initial en raison de la politisation dont elles ont fait l’objet. En revanche, le renforcement des subventions pour le financement du secteur agricole serait bienvenu. Actuellement, Kafalat est en charge de ce programme. Cependant, une faible portion est allouée à l’agriculture, le reste allant à l’industrie. Par ailleurs, nous croyons que le programme “Export Plus” a été bénéfique. En subventionnant l’exportation des produits agricoles, ce programme avait pour vocation de relever leur niveau de qualité. En effet, la subvention n’est versée que si le produit est exporté. Or pour l’être, il faudrait qu’il réponde à des normes de qualité bien définies. Les avantages de ce programme sont donc durables car même si celui-ci est interrompu, les investissements en qualité ayant déjà été engagés, le produit continuera de répondre aux normes de qualité requises pour l’export. . 1 9 8 6 - 2 0 1 2 le nationale. Et ceux qui le soutiennent ne manquent pas d’arguments pour le prouver : près de 5-6% du PIB, à peine 1% des crédits bancaires, etc. Réponse de Georges Obegi Obegi Consumer Products, PDG ; membre du RDCL depuis 1996 r d c l O n a toujours dit que l’agriculture est le parent pauvre du secteur privé, maillon faible de l’économie A-t-on intérêt à poursuivre une politique de subvention, comme c’est le cas aujourd’hui avec le blé et le tabac ? 9 Du coup, on importe les trois quarts de nos besoins alimentaires. Le pire est que la situation était meilleure il y a 40 ans, ou même 15 ans. L’histoire économique indique même que le Liban des années 60 était l’un des 10 premiers exportateurs de pomme au monde. Les raisons de ce déclin sont connues : coûts élevés, normes peu conformes aux marchés d’exportation, exploitations trop petites, savoirfaire technique peu développé, des produits et des variétés qui ont une valeur marchande limitée, concurrence déloyale de producteurs, dans d’autres pays, subventionnés par leur État. Le mont des oliviers r d c l . 1 9 8 6 - 2 0 1 2 Le cas particulier des olives est intéressant à relever, car les oliviers occupent quelque 57 000 hectares (soit 20 % des terres cultivées), ce qui en fait l’espèce d’arbre le plus répandu au Liban. Cependant, la gestion de cette richesse souffre d’un déficit technique, ce qui fait qu’on a une bonne saison sur deux, au mieux, et qu’on a du mal en tout cas à écouler le stock d’huile, pourtant de très bonne qualité, alors que la tendance mondiale privilégie actuellement sa consommation. Bref, il y a de quoi démoraliser les plus récalcitrants des ruraux, sauf que certains irréductibles y ont cru, et ne se sont pas laissé entraîner par la mouvance générale qui dit que seuls les services, surtout touristiques, allaient survivre. Une façon de dire que tout le monde n’a pas vocation à devenir gratte-papier dans une administration, ou voiturier au Skybar. Les bons grains Le résultat est que 200 000 personnes actives en vivent encore, du moins partiellement, en complément à d’autres activités. Et certaines - pas beaucoup il est vrai - en tirent un profit acceptable. Le Groupe Debbané en représente un des exemples les plus aboutis, avec son savoir-faire qui a dépassé les frontières. Comment se 10 sont-ils débrouillés pour ce faire ? En voilà quelques pistes, utilisées séparément ou cumulativement par des exploitants agricoles, avec un certain succès… mais aussi - car il y a toujours un mais - avec les hics qui en limitent parfois la portée. •D’abord, il y a ceux qui ont déjà de larges exploitations ou des cultures sous serre, et qui ont un savoir-faire technique accumulé qui leur permet de bien rentabiliser leur bien. Mais l’irrégularité des saisons complique leur tâche. Surtout que l’assurance agricole, prévue dans le code des assurances, n’existe pratiquement L’innommable Comment peut-on couvrir ce sujet rural sans évoquer la drogue, une calamité qui rapportait des centaines de millions de dollars aux Hermeliotes, et aux dealers, dans les années de gloire pendant la guerre ? Depuis, le folklore de l’éradication annuelle se pratique avec plus ou moins de bonheur, selon le climat politique. Sans qu’il n’y ait cependant une vraie politique d’aide à des cultures de substitution. Une telle politique a été initiée par la Banque mondiale à un moment donné à la fin des années 90, mais le bureau installé à cet effet à Baalbeck a dû plier discrètement bagage peu de temps après. Certains milieux onusiens ont parlé alors d’un désintérêt officiel et de détournement de fonds. Pourquoi nos bons fruits ne sont pas suffisamment commercialisés en Europe ? Réponse de Raphaël Debbané Debbané frères, PDG ; membre du RDCL depuis 1987 Plusieurs raisons se conjuguent pour, malheureusement, arriver à ce constat ; je vais en citer les plus déterminants : 1. Une très faible politique marketing pour introduire nos fruits et légumes sur les marchés européens ; 2. Une absence de campagnes de promotion pour faire connaître nos fruits et primeurs sur ces marchés ; 3. Des variétés libanaises pas toujours adaptées à la demande du consommateur européen ; 4. Des quantités insuffisantes : quand nous réussissons à ouvrir un volet sur les marchés européens, nos quantités ne suffiront pas à la demande tout au long de l’année ; 5. Des règlementations européennes très strictes quant à la qualité des emballages ; en plus, le taux de résidus des pesticides rendent l’acceptation de nos fruits et primeurs très difficile ; 6. Une incapacité à percer auprès des centrales d’achat dans les marchés de gros et des grands supermarchés ; 7. Une concurrence bien structurée dans la plupart des pays méditerranéens intéressés par les marchés européens ; 8. Face à des cartels forts et organisés sur les marchés européens des fruits et primeurs, nous avons une très faible logistique de transport ; 9. Enfin, très peu de soutien de la part des ambassades libanaises dans les diverses capitales européennes. Richesse animalière L’élevage a toujours été considéré comme le complément de ressources indispensable aux communautés agricoles. Des poulaillers par-ci, quelques vaches par-là, parfois des moutons… et beaucoup de chèvres, les seules à se suffire des arbustes sauvages dans nos montagnes relativement arides. Près de 850 000 têtes de bétail en tout, dont la moitié est constitué de caprins (chèvres). Mais tout ceci ressemble fort à de l’artisanat. A l’exception de quelques dizaines de grandes fermes vraiment professionnelles, comme Liban Lait et les multiples fermes de Taanayel et environs, entre autres, qui ont littéralement créé une industrie du lait. Quant à la viande, on en est encore à importer 90% de nos besoins. Il en va autrement pour les volailles : là, les noms connus de Hawa, Shuman et autres Tanmia, ont professionnalisé le secteur avec ses 70 millions de poulets et 700 millions d’œufs annuels ; de quoi satisfaire les besoins locaux et exporter une partie de la production. Il faut dire que ces producteurs ont bénéficié aussi d’une politique de protection étatique relative, mais efficace. Pour les poissons, en revanche, on en est encore à perpétuer des moyens de pêche rudimentaires. Et l’on est surpris que personne n’ait eu l’idée d’investir dans ce trésor que représente un littoral de 220 km de long. Pas de vrais bateaux, pas de viviers ou presque, rien qui puisse ressembler à une production professionnelle, de quoi maintenir des prix hors de la portée de la majorité, alors que les imports couvrent plus de la moitié des besoins. Il faut cependant dire que les quelques expériences passées visant une production industrielle ont provoqué, comme il se doit, des réactions politico-démagogiques qui ont fait avorté l’affaire. Certains, dans des zones rurales encore fleuries, ont eu l’idée de faire de l’apiculture un complément de revenu appréciable. Et ça a marché, du moins pour les plus sérieux d’entre eux. Le miel libanais est bien apprécié, même si, au niveau des prix, il n’arrive pas encore à concurrencer le miel grec, ni sur le marché local, ni à l’export. r d c l . 1 9 8 6 - 2 0 1 2 pas, et le Haut Comité de secours agit épisodiquement selon l’argent disponible et le climat politique. •Il y a ceux qui ont choisi des filières à haute valeur ajoutée. Citons dans ce cadre quelques fruits ou produits exotiques comme l’avocat, les champignons, les fleurs, les fruits rouges. Ceci a effectivement bien fonctionné, sauf que l’effet mimétisme a fait que, parfois, il y a eu trop de production en même temps, donc les prix dégringolent, à part une concurrence des pays voisins sur le même créneau. •Le programme Export Plus d’IDAL a permis à certains d’exporter, et donc de profiter davantage. Ce service étatique couvre une partie des coûts de transport pour l’exportation et, surtout, contrôle la qualité des marchandises exportées. Mais ceci n’a pas permis d’ouvrir de nouveaux marchés au-delà de nos fidèles clients du Golfe. D’ailleurs, l’Export Plus a cédé la place à un autre programme, Agri Plus, dont on attend encore les détails d’application. •Certains ont profité d’un plan étatique plus complet, un soutien pour une culture spécifique. L’exemple le plus édifiant est celui du tabac, qui dure depuis des décennies. Il en va de même pour le blé, avec des interruptions épisodiques. Et puis, la culture de la betterave sucrière avec pour complément une production de sucre dans une seule usine dans la Bekaa, avant que ce programme ne soit arrêté en 2002. Tout ceci sans rentabilité pérenne pour l’économie, mais juste des profits sociaux et politiques localisés. •Pour les crédits, les taux bonifiés de la Banque du Liban, conjugués à la garantie de Kafalat, ont donné des bouffées d’oxygène à certains exploitants. •Les aides internationales, notamment européennes, ont permis à quelques fermiers d’améliorer leur productivité en vue d’exporter un peu plus. •Certains ont trouvé dans les variétés dédiées à l’industrie agro-alimentaire de quoi s’assurer des débouchés sûrs, comme les vignobles destinés à la production du vin, de plus en plus prisé au Liban comme à l’étranger. Sécurité alimentaire Bref, l’agriculture n’est pas condamnée, loin de là. Et il ne faut pas qu’elle le soit. Car, au-delà de l’aspect purement économique, il y a une dimension sociale à prendre en considération. L’objectif étant de garder une population agricole bien ancrée dans les régions rurales pour ne pas engranger encore plus des périphéries urbaines surpeuplées. L’exemple européen nous fournit des leçons à cet égard. Certains évoqueront enfin la nécessaire « sécurité alimentaire », même si ce concept semble parfois désuet à l’heure de la mondialisation des échanges. Quoique… avec la récente crise de blé et le protectionnisme qui s’en est suivi, cette position pourrait être sujette à controverses. 11 !¿ÉeÉCH ∂à∏«Y áë°Un h ∂àë°Un »∏qN .∂à∏FÉY áë°Uh ∂àë°U ô°†Jo »àdG Éjô«àµÑdG ±’GB ≈∏Y á¡cÉØdGh Qɰ†îdG …ƒàëJ ,ΩÉ©£dG »a kGôKGC ∑ôàJ ’ á¡cÉØdGh Qɰ†îdG º«≤©àd ∫ɪ©à°S’EG á∏¡°Sh ádÉ©sa IQGƒa ¢UGôbGC PRESEPT ≥FÉbO10 Ióªd É¡ª«≤©J OGôªodG á¡cÉØdGh Qɰ†îdG »YOh ,AɪdG øe øjôà«d »a PRESEPT øe óMGh ¢Uôb »©°V .PRESEPT ™e É¡«∏Y »¶aÉM Gòd »µjój ø«H ∂à∏FÉY áë°U ¿ÉEa ,áª≤q©e Qɰ†Nh á¡cÉØH Égó©H »©àªJh .ô«N ∞dÉCH á∏«©dGh PRESEPT Industrie Mécanisme et grain de sable L’industrie libanaise a ceci de particulier qu’elle grouille de fausses idées. Chacun se prend pour un spécialiste et est prêt à discutailler avec les industriels sur leur propre terrain. Q Réponse de Zafer Chaoui Château Ksara, PDG ; membre du RDCL depuis 1987 Il est certain que le vin Libanais a connu un développement considérable durant les vingt dernières années et fait l’objet non seulement de la fierté des producteurs, mais aussi de toute la population libanaise. Une ancienne histoire d’amour existe entre le Liban et le vin et est illustrée par le temple romain de Bacchus qui fait la gloire de Baalbeck. Après un profond sommeil, cet amour a rejailli au 19ème siècle avec l’affaiblissement de l’Empire Ottoman, le développement des relations avec l’Occident et l’installation des Pères Jésuites au Liban. En commençant à produire du Vin à Ksara en 1857, ces pionniers n’ont certainement pas imaginé à l’époque l’ampleur du développement qu’a eue cette activité. Si dans les années 70, il y avait moins que cinq producteurs et une production annuelle de 2 millions de cols, c’est surtout après la fin de la guerre en 1990 que la production de vin s’est développée, comptant aujourd’hui une trentaine de producteurs et une production annuelle de 8 millions de cols environ. Un climat idéal, un sol porteur, des plants de vignes de première qualité importés d’Europe, et surtout une concurrence saine et constructive, ont fait de cette activité un fleuron de l’économie libanaise qui contribue à une bonne qualité de vie et qui surtout améliore les conditions de vie des agriculteurs. 1 9 8 6 - 2 0 1 2 Peut-on parler déjà de « success story » du vin libanais sur le marché mondial ? Depuis, évidemment, plein de guerres et de crises sont passées sous les ponts, divisant ces chiffres par 2 ; mais les plus inflexibles ont gardé la machine en marche. Heureusement, car ceci a permis au moins d’exporter pour quelque 4 milliards de dollars par an et de limiter quelque peu l’abîme du déficit commercial. . C’est que l’industrie est d’abord une histoire de savoir-faire, et de créativité. Nos industriels chevronnés l’ont compris depuis les années 70, à une époque où notre industrie occupait 20% de la main d’œuvre et autant du PIB. r d c l ui n’a pas entendu dire que le Liban n’a pas vocation à être industriel car il n’a ni pétrole ni matières premières ? Une évidence telle, que tout le monde se croit obligé de la répéter. Sauf que le Japon, deuxième puissance industrielle mondiale, ne jouit, non plus, ni de l’un ni de l’autre. Et il a un niveau de coût de main d’œuvre des plus élevés. Métiers en action Aux oscars des meilleures industries, on trouve des ‘nominés’ à tous les étages et dans toutes les spécialités. Faisons un vol plané : •L’industrie agro-alimentaire est la championne toutes catégories, avec ses conserves et ses produits ‘ethniques’ (Obegi, Cortas…), ses vins (Ksara, Kefraya…), ses douceurs et aliments variés (Gandour…), etc. Mais tout ceci, surtout concernant les produits ethniques, n’a pas été encore exploité à son plein potentiel, faute d’un marketing plus agressif. •L’industrie chimique est celle qui est la moins soupçonnée. Elle va des détergents aux cosmétiques, en passant par les peintures. Malia Group (Sarraf ) y a bâti son empire depuis la fameuse Wella, en 13 r d c l . 1 9 8 6 - 2 0 1 2 collaboration avec les Allemands. Il faut dire que dans ce domaine, les joint-ventures sont assez répandues, fait rare dans le monde industriel libanais. Malheureusement, l’industrie pharmaceutique peine encore à trouver sa place dans ce schéma, contrairement à la Jordanie par exemple, faute d’implication étrangère d’un côté, et du petit marché du générique de l’autre. •L’industrie de la joaillerie par contre tient la palme d’or de l’export : 400500 millions de dollars par an, surtout en Suisse ! Ce sont les chiffres officiels, qui manquent terriblement de précision (demandez à l’ambassade suisse). En réalité, il s’agit la plupart du temps de produits bruts envoyés en Suisse, alors que les vrais clients sont plutôt des Arabes du Golfe. Mouawad, entre autres, y a construit un empire. •Le meuble, par contre, avait son moment de gloire, à une époque où les ébénistes libanais meublaient les palais des Emirs dans le Golfe. Entre-temps, des industries similaires se sont construites dans ces pays, et les Européens s’y sont implantés. Sur le marché local, un quasi dumping chinois, thaïlandais et autre malaisien a rendu la vie difficile à nos industriels. Qui se sont défendus, relativement, en misant sur la créativité et la qualité. Les grands noms, comme Sleep Comfort et les ébénistes de Tripoli, entre autres, gèrent toujours des affaires florissantes. •La situation est quelque peu semblable concernant les habits, dont la production s’est amenuisée avec le temps. Même les célèbres Devrait-on donner la priorité aux entreprises industrielles locales dans les appels d’offres publics ? Réponse de Fady Gemayel Gemayel Frères, PDG ; membre du RDCL depuis 1989 Tout d’abord, je rappelle que l’industrie libanaise a acquis, grâce à la résilience des industriels et à leur recherche de l’excellence, une notoriété et un rôle prépondérant dans l’économie nationale. En effet, plusieurs entreprises exportent des produits sophistiqués vers les marchés internationaux les plus exigeants. Nos réalisations sont confirmées dans les secteurs des transformateurs et tableaux électriques, des produits pharmaceutiques, dans la joaillerie, l’orfèvrerie, les véhicules spécialisés, l’habillement, les produits d’emballage, l’industrie papetière, les produits alimentaires, la mécanique spécialisée, les tuiles, les vins… Par conséquent, je réponds : oui pour donner la priorité aux entreprises industrielles locales dans les appels d’offres publiques, certainement en ce qui concerne les prix, surtout que l’industrie libanaise souffre d’iniquité au niveau des coûts et subit de surcroît des pratiques de dumping. L’appel d’offres devrait toutefois exiger des normes de qualité et des standards internationaux, sachant que déjà la majeure partie de notre production industrielle est conforme aux normes européennes et internationales. A quoi sert l’ISO ? Réponse de Nassib Nasr Apave Liban, DG ; membre du RDCL depuis 2009 « L’approche processus » désigne l’application d’un système de processus au sein d’un organisme, en vue d’obtenir le résultat souhaité. Lorsqu’elle est utilisée dans un système de management de la qualité, cette approche permet : a) de comprendre et de remplir les exigences; b) de considérer les processus en termes de valeur ajoutée; c) de mesurer la performance et l’efficacité des processus; d) d’améliorer en permanence les processus. Mais attention de tomber dans le piège, de penser que la norme ISO 9000 vise l’uniformité des systèmes de management de la qualité. Tout au contraire, la norme ISO 9000 est un outil : s’il est bien utilisé et adapté à l’activité de chaque entreprise, il permet de gérer une entité et de lui fixer les objectifs pour aller toujours plus loin. Il y a environ 200-250 sociétés qui ont obtenu l’ISO au Liban, c’est peu malgré que cette certification est un facteur de crédibilité pour la société, surtout à l’export. C’est même parfois obligatoire lorsque la société traite avec un partenaire étranger exigeant. tanneries locales se sont raréfiées. Coincés entre le bas de gamme asiatique, le moyen et haut de gamme européen, et, récemment, la déferlante turque, nos ateliers de confection ont du mal à survivre. Sauf évidemment la prestigieuse haute couture imposée par une génération de la carrure d’Elie Saab, ainsi que des Rectangle Jaune qui 14 1 9 8 6 - 2 0 1 2 Après ce survol (trop) rapide, on est en droit de se poser 2 questions : D’abord pourquoi n’a-t-on pas assisté . L’intelligence des autres à des fusions industrielles comme c’est le cas dans d’autres pays ? Ici, les réponses divergent, mais on en retient un dénominateur commun : le caractère trop familial des entreprises, qui ne laisse pas de place aux actionnaires extérieurs. Deuxième question : pourquoi les industriels et investisseurs étrangers n’ont pas été intéressés par les fleurons de notre industrie ? Même réponse, avec en plus, une analyse d’un professionnel du secteur : « Pour qu’une joint-venture soit r d c l ont misé sur une qualité abordable. •Pour l’industrie du papier, nous avons la chance d’avoir de grands professionnels, comme Indevco et Gemayel, qui ont lourdement investi pour offrir une production de masse à des prix compétitifs. C’était un pari, qui s’est avéré gagnant en fin de compte. •Côté électrique, nos coupures de courant, qui durent depuis 30 ans, auront servi à quelque chose en fin de compte. Des assembleurs de générateurs, comme Jbeily, Sakr, Ghaddar… ont acquis un savoir-faire tel, qu’ils exportent leurs machines en centaines vers des pays, comme l’Irak, qui ont un problème d’approvisionnement. Matelec est même allée plus loin en installant des stations complètes en Afrique et ailleurs. •Les cimentiers de leur côté ont investi des centaines de millions de dollars pour moderniser et élargir leurs facilités industrielles, en comptant sur un plan de construction privé et public ambitieux après la guerre. Mais Holcim, Cimenterie nationale et Sibline ont passé également un accord avec l’Etat pour interdire toute importation, en échange d’un prix fixe et contrôlé sur le marché local. Un accord toujours en vigueur. réussie, il faut que les parties y trouvent leur intérêt (situation gagnantgagnant) ; or, malheureusement, le Liban apporte peu d’avantages aux industries étrangères : petit marché, manque de matières premières, coût de l’énergie exorbitant, main d’œuvre chère et non spécialisée, situation politique et sécuritaire dangereuse. En fait, le principe de franchises semble plus adapté au Liban ; ce principe est plus avantageux pour les industries étrangères, car elles ne prennent aucun risque et peuvent percevoir des droits très importants… qui augmentent le coût de production et donc diminuent la compétitivité. Pour encourager les joint-ventures, il suffit de créer un environnement propice à une industrie compétitive et les jointventures se feront d’elles-mêmes. » Une analyse à laquelle on peut ajouter une de ces phrases inspirées, de l’ancien ambassadeur européen au Liban, Patrick Renauld, qui répond ainsi à ceux qui prônent un recours effréné aux industriels étrangers : « Il est toujours plus facile d’acheter l’intelligence des autres ! » La loi anti-dumping promulguée en 2008, est-elle bien appliquée ? Réponse de Marco Ayoub Ayoub Industries et Commerce, Partenaire-Gérant ; membre du RDCL depuis 1986 Cette loi a été conçue dans le cadre des résolutions de l’OMC pour protéger des secteurs spécifiques majeurs des effets de la libéralisation globale des échanges. Plus précisément, un pays ayant un secteur majeur lésé de son industrie trouve ainsi un recours légal pour faire valoir ses droits. Or, il est apparu que : • La documentation requise est massive et coûteuse ; • La procédure est longue ; • Elle requiert la collaboration et le suivi des autorités concernées de l’Etat ; • Elle requiert un certain poids, une influence et une force de négociation de l’industrie concernée, et de l’Etat plaignant, par rapport au produit mis en examen. Ces éléments ont rendu l’application très difficile à être envisagée par un industriel. Cette disposition n’a pas été conçue pour un industriel ou un secteur de petite envergure se trouvant lésé et devant de protéger. Nous ne sommes pas dans le cas des industries américaines du pneu ou de l’acier qui ont eu recours à cette mesure, appuyées par leur Etat. Je peux me tromper, mais je ne suis pas au courant d’une requête ayant abouti. Cette mesure, dans sa forme actuelle, n’a donc pas été faite à la mesure du Liban et par conséquent n’est pas applicable. 15 TIC Le business virtuel On a beau répéter que c’est l’industrie de l’avenir, que c’est un atout qu’on ne peut avoir le luxe de négliger. Rien n’y fait. P Sous quelles conditions le Liban peut-il devenir un centre de soustraitance informatique ? Réponse de Nehmé Lebbos Nel Interactif, PDG ; membre du RDCL depuis 2010 Il est d’abord nécessaire que le Liban mette en place une infrastructure technologique fiable pour tout ce qui concerne le réseau Internet, avec des tarifs abordables. C’est la condition sine qua non pour parvenir à une communication fluide entre les entreprises du Liban et d’Occident, et permettre ainsi l’échange de données entre les sociétés. Cela passe par une législation en ce sens : l’Etat doit pouvoir discuter avec une instance représentant les entreprises, prendre en considération leurs besoins et légiférer en conséquence. Cette instance serait également chargée d’exercer un certain lobbying auprès des entreprises internationales pour mettre en valeur les compétences des entreprises libanaises. Il faut aussi créer de véritables pôles de développement technologique, sur des territoires favorisant l’accueil de ces entreprises: par la même occasion, cela favoriserait la création d’emplois et valoriserait ces régions. Mais certains ne considèrent pas l’érection d’une telle cité prioritaire. Car, à quoi bon avoir une telle installation si l’offre Internet, par exemple, n’a jamais été suffisante, ni en quantité, ni en qualité, ni en termes de prix ? Un fiasco qui n’a pas empêché les professionnels de créer des sociétés performantes qui se sont illustrées surtout à l’étranger, et 2 millions de Libanais de se brancher. Ce qui est vrai pour l’Internet, l’est évidemment aussi pour les différentes 1 9 8 6 - 2 0 1 2 Course contre les Mbps . par le secteur privé. A la place, des incubateurs, dont l’exemple le plus réussi est Berytech, ont vu le jour pour donner au pays une allure technologique et assister ceux, nombreux, qui ont des projets créatifs de start-up. Une façon aussi de garder ces concepteurs dans le pays au lieu de les laisser chercher des structures plus accueillantes ailleurs. r d c l eut-être plus que dans d’autres secteurs, en voilà un qui rassemble d’un côté des acteurs privés hautement qualifiés, et des acteurs publics qui pataugent depuis des années dans l’inertie. Résultat, on accuse des retards par rapport aux plus médiocres des pays du Tiers-Monde. Pourtant, c’est un des secteurs fétiches du pays. Tout y est : de bonnes universités, des informaticiens libanomondiaux qui ont excellé à l’étranger, une ouverture linguistique idéale, etc. Et le résultat se voit surtout au niveau du software, même sans protection suffisante, et des services appliqués. Non seulement au Liban, mais aussi à l’export, dans la région arabe, en Asie centrale et même aux Etats-Unis. On en cite bien sûr ITG/Holcom, un conglomérat de sociétés spécialisées ; puis CIS, porte-drapeau de HP au Liban, en Afrique et ailleurs, entre autres activités. Certaines sociétés ont pu également établir des unités offshore qui travaillent comme sous-traitants aux grandes sociétés informatiques françaises ou européennes. Mais le Liban est encore un petit joueur sur ce marché de sous-traitance dominé par l’Inde au niveau international, ou le Maroc au niveau régional. Dans le même ordre d’idées, un projet d’installer un genre de technopole, à l’image de Sophia Antipolis en France, a longtemps été envisagé avant de connaître un semblant de concrétisation, sur le papier, lorsque l’organisme chargé du dossier, IDAL, a choisi un terrain propice à Damour. Cependant, une contestation locale, au niveau de la municipalité, a gelé le projet, qui devait être réalisé largement branches des télécommunications fixes et mobiles. C’est que, contrairement à pratiquement tous les autres pays du monde, l’Etat s’accroche à ces domaines, alors que le secteur privé est certainement plus apte à les diriger… et alors qu’il y a une loi (de 2002) en faveur de la privatisation. Exemple, on a observé dans le domaine des télécoms mobiles un phénomène déroutant : on a assisté au cours des dernières années à la destruction volontaire de deux sociétés hautement performantes, Cellis et Libancell. Toutes les deux étaient mixtes libanoeuropéennes, mais la partie libanaise n’était pas là à titre de figuration, loin de là. La preuve, les deux partenaires libanais ont excellé depuis à l’étranger : les groupes Mikati (partenaire Cellis), et Dalloul (partenaire Libancell), ont amassé des fortunes en construisant des réseaux télécoms dans d’autres contrées plus clémentes. 17 Group is pleased to announce The opening of at Zimco Shop DBAYEH For your high quality leather products, personalized leather gifts and unique fine leather accessories for all lifestyles. Calendars Diaries Copy Center Leather Advertising Printing Press Commerce Dernier legs des Phéniciens Ces pauvres Phéniciens qu’on invoque à chaque départ d’un bateau au large, à la recherche d’un échange commercial profitable. La donne a-t-elle radicalement changé ? L concurrence La libre concurrence fait partie en principe du système libéral libanais. Mais, dans la pratique, on a des limitations à cette libre concurrence, à comparer avec les législations et les pratiques courantes en Europe. On cite à ce propos d’abord le monopole des services publics à caractère commercial comme la téléphonie, l’électricité, l’eau, le tabac... On y ajoute le système des agences exclusives, les accords d’exclusivité des producteurs avec l’État, etc. Des chantiers ont concerné il y a quelques années le cadre législatif du commerce, incluant la libre importation, la concurrence, le contrôle, le dumping. La solution préconisée alors est de voter en un seul paquet plusieurs textes renforçant la conformité de nos lois commerciales aux normes européennes et internationales. Avant de sombrer dans la poussière des tiroirs parlementaires. Une étude spécifique (préparée en 2005 par Consultations & Research Institute) avait fourni des données plus précises concernant le niveau de concentration des affaires, ou la concurrence effective sur le terrain. Il en ressort par exemple certaines statistiques significatives : dans 36% des 300 marchés-secteurs identifiés, une seule entreprise représente dans chaque cas plus de 40 % du chiffre d’affaires du secteur concerné ; et dans 58% de ces 300 secteurs, trois entreprises représentent ensemble plus de 40% du chiffre d’affaires du secteur. Dans ce cadre, les cas d’entente tacite sur les prix entre les fournisseurs sont fort possibles. Même si on n’a jamais relevé une affaire judiciaire qui sanctionnerait ce genre de pratique. 1 9 8 6 - 2 0 1 2 Au niveau du commerce interne, les Est-ce que la fonctionne bien ? . La bataille des titans d’épiceries de quartier. r d c l e commerce a toujours été l’activité fétiche du pays, ce qui s’est confirmé avec le temps pour devenir presque la doctrine économique dominante. Un foisonnement qui dépasse le territoire national, car la plupart des commerçants libanais ont acquis depuis longtemps des représentations de marques internationales sur un territoire qui englobe le Levant ou le Moyen-Orient. Ceci dit, un retard est constaté dans la façon de mener cette activité, à la lumière des nouvelles règles internationales, notamment sur les plans de la concurrence et de la protection des consommateurs. D’où un chantier législatif en marche, ou en veille, dans les cercles du pouvoir. En attendant un tel développement, c’est la concurrence illégale qui prospère grâce à une contrebande foisonnante, bien organisée et, pire, jouissant de l’impunité. Sur le plan externe, une série d’accords de libre-échange ont été signés, notamment avec l’Europe et les pays arabes. Mais des barrières qualitatives ont largement remplacé les barrières douanières pour empêcher les professionnels libanais de commercer en rond. En tout cas, cette tendance n’a pas débouché encore sur une adhésion libanaise à l’OMC, malgré des négociations qui durent depuis plus de 10 ans. réseaux de distribution modernes gagnent de plus en plus du terrain. On a assisté d’abord à l’émergence de mini-centres commerciaux. Des années plus tard, on a eu droit à de vrais mall : ABC Achrafieh avec ses 120 000 m2 pour un coût de 120 millions de dollars ; Citymall (175 000 m2, 150 M$) ; Le Mall - Habtoor (25 000 m2), le Beirut Mall à Chiah (55 000 m2, 20 M$), et récemment l’ABC Dbayé et Le Mall. D’autres verront le jour prochainement : Landmark (Riad Solh), à l’extrémité des souks, le centre Foutaim à Hazmieh, d’autres projets à Verdun, sur les remblais de Dbayeh, etc. Ce développement présente un atout commercial et touristique de premier plan. D’autant que le succès de la plupart de ces centres a été immédiat et les locations qui y sont proposées sont parmi les plus chères du pays. Les supermarchés et hypermarchés ont suivi le même chemin avec Bou Khalil et Charcutier Aoun, comme acteurs locaux dans un domaine largement mondialisé dans d’autres pays. La mondialisation n’a pas tardé d’ailleurs à arriver, avec l’Emirati Spinneys, le Français Monoprix, le Koweitien TSC, les Saoudiens Farm et Mouhaideb (Giant Stores et Coop)… et prochainement Carrefour, le numéro 2 mondial. Des mastodontes qui se disputent les terrains encore disponibles, surtout qu’aucune législation n’interdit des implantations voisines. Certaines estimations donnent déjà à ces nouveaux points de vente jusqu’à 50% du marché pour les produits de consommation courante. On compte en gros près de 70 grandes surfaces de vente. S’y ajoutent quelque 300 surfaces moyennes et plusieurs milliers 19 Créativité L’imagination au pouvoir C’est, dit-on, l’avantage comparatif par excellence des Libanais. ‘Dit-on’ car on a parfois des doutes sur la vraie valeur marchande, en dollar, des secteurs dits créatifs. Le Liban a-t-il encore un avantage comparatif dans le domaine de l’édition des livres ? Réponse de Maroun Nehmé Librairie Orientale, PDG ; membre du RDCL depuis 2011 1 9 8 6 - 2 0 1 2 nous avons perdu une partie de ce marché au profit de la production locale dans chaque pays… et des feuilletons turcs doublés en Syrie. Mais notre savoir-faire n’est pas remis en question. La preuve, des dizaines de boîtes de production locales continuent de fournir tout genre d’émissions, et, par exemple, . •Télé. Huit chaînes de télévision locales, plus plusieurs autres opérant sur le sol libanais même si elles sont plutôt arabes (ANB, Sumariah, Al-Mara’a…). Il est vrai qu’aucune des chaînes libanaises ne fait des profits actuellement, mais certaines se rattrapent partiellement sur le marché arabe, en revenus publicitaires, ou en vendant des programmes. Il est vrai aussi que r d c l C ommençons par déblayer le terrain au niveau purement matérialiste : près de 6% de notre PIB serait le fruit de notre créativité, dont la moitié, en gros, provient des activités créatives pures (presse, édition, musique, logiciels, films, publicité, télé). On parle donc de quelque 1,2 milliard de dollars, et 25 000 personnes actives. Maintenant, allons un peu plus dans le détail, par spécialité. Dans cette région du monde, le Liban a été le pionnier du livre imprimé dans les années soixante et a longtemps maintenu sa supériorité, non parce qu’il l’avait bien défendue, mais surtout grâce au « désert » qui caractérisait les pays arabes importateurs. Exportatrice par excellence, l’édition libanaise est mieux appréciée par les pays arabes que dans son pays d’origine. Malheureusement, le Liban a perdu son avantage comparatif à partir des années 90 car le rapport qualité/prix s’est graduellement détérioré vu l’émergence de l’Egypte d’une part, et le réveil des pays du Golfe qui ont essayé - et partiellement réussi à attirer l’intelligentsia libanaise. Compétitifs nous le redeviendrons si nous savons saisir l’immense opportunité des supports électroniques, celle de la prééminence du contenu sur le reste du « business model » qui se trouve, de ce fait, transformé. En effet, pour une activité aussi dépendante de l’exportation, le rôle de la distribution physique s’en trouvera heureusement fort réduit. L’éditeur libanais peut aujourd’hui et demain, grâce à l’édition électronique, se consacrer à ses domaines de prédilection que sont la fiction, la jeunesse, la référence et le dictionnaire en ciblant directement le lecteur. Par ailleurs, l’édition papier n’est certes pas morte. Je crois, contrairement à beaucoup d’autres, qu’elle connaîtra, pour certains de ses aspects, une croissance inattendue car l’édition traditionnelle sur papier et l’édition électronique coexisteront longtemps dans le tiers-monde. A l’instar de l’édition française, l’édition libanaise doit sérieusement négocier sa migration sur la toile avec les détenteurs mondiaux des portails, type Google et autres. Pour cela, l’édition libanaise devrait se livrer à une opération de fusion et d’acquisition qui la rendra capable d’investir dans l’avenir, vingt ans après Amazon. Studiovision reste plus occupée, et plus rentable, que la société sœur plus connue, la MTV. •Presse. Là aussi, pas de grands gagnants locaux. Tous les quotidiens perdent de l’argent, ainsi que la plupart des hebdos. Seuls les mensuels tirent leur épingle du jeu. Surtout ceux, justement, qui ont 21 1 9 8 6 - 2 0 1 2 . r d c l une ‘exposition’ arabe, à travers des annonceurs et/ou la distribution. Ce ne sera pas faux de dire que les professionnels libanais ont ‘inventé’ la presse dite panarabe. Des groupes comme Al-Iktissad Wal-Aamal ont construit un empire sur ce thème ; d’autres, comme Infopro, y ont implanté des têtes de pont de grande qualité. •Publicité. C’est déjà connu de tous : ils sont partout les publicitaires libanais, notamment à la tête de ces agences, nées à l’origine libanaises, devenues ensuite ‘régionales’, puis se sont mondialisées par des mariages avec les majors internationaux, tout en gardant le ‘prénom’ libanais : H&C Leo Burnett, Impact BBDO, Memac Ogilvy, etc. Et ces ‘boîtes’, même celles installées au Liban, tirent de 30 à 80% de leurs revenus des comptes régionaux. Du côté des régies, le groupe Choueiri n’est plus à présenter, bien sûr, toujours le numéro 1 dans la région. Autres success stories : les champions de l’affichage, comme Groupe Plus et Pikasso, qui se sont étendus vers une dizaine de pays. Jaune et partout. •Show-business. Rotana a raflé la mise. Cette compagnie de production et de gestion de chanteurs, détenue par le saoudo-libanais Al-Walid ben Talal, a groupé la plupart des artistes confirmés ou débutants (libanais et arabes). C’est que le Liban, à travers ses programmes spécialisés (type Super Star) en produit une panoplie tous les ans, même si la carrière de certains s’avère vraiment courte. Et on a tort de dénigrer Nawal, Elissa et autres Haïfa : un banal concert peut valoir 50 000 dollars ; un contrat d’égérie (de pub) 5 fois plus ; même un clip peut coûter de 50 à 100 000 dollars. Et les boîtes libanaises en produisent 500 par an, soit presque autant que la France ! •Cinéma. Il y a d’abord la ‘consommation’ cinématographique : près de 3,4 millions d’entrées par an, qui se répartissent sur 20 complexes et près de 130 salles. Un attrait touristique majeur, dans une région peu habituée à ces facilités. Trois circuits s’y activent, dont l’historique Empire qui a déjà en plus sa société de distribution régionale, et ses salles Qu’est-ce que le Liban offre de plus au monde arabe au niveau de la production publicitaire audio-visuelle ? Réponse de Naji Boulos Memac Ogilvy, DG ; membre du RDCL depuis 1996 Plusieurs facteurs déterminants ont créé – et continuent à maintenir cette position libanaise privilégiée au niveau de la production publicitaire dans le monde arabe : • L’expertise et le savoir-faire : les premières sociétés de production ont été établies au Liban dans les années 60 et n’ont cessé depuis de croître en nombre (plus de 50 maisons de production en 2011) et en qualité, en investissant continuellement dans les nouvelles technologies. • Les talents : depuis les années 90, les universités ont diplômé des centaines de jeunes qui se sont spécialisés dans des domaines aussi variés que la production, la réalisation, la direction photo ou les métiers plus techniques. • Le casting : il existe une diversité de looks qui répondent à tous les critères de choix. Le Liban est une source inépuisable de modèles de tout genre, allant du type européen au type oriental, arabe ou asiatique. • Le coût : le faible coût de la main d’œuvre offre aux maisons de production un avantage compétitif par rapport aux Européens. • L’environnement géographique : montagne ou plaine, neige or mer, habitations traditionnelles ou modernes, forêt ou terre aride, le Liban offre une diversité de sites ainsi qu’un climat tempéré qu’aucun autre pays de la région ne peut offrir. à Erbil dans l’Irak kurde ; puis le nouveau Grand Cinemas, un groupe libano-émirati. Côté production, c’était le désert total ou presque pendant des années, puis une production timide de 3-4 films par an, mais peu de succès commerciaux. Pourtant un expert européen qui a été dépêché il y a quelques années a conclu à la rentabilité de démarrer une production locale soutenue, autour de 10 films par an, à condition que cette production ne soit pas élitiste, mais constitue plutôt un cinéma de qualité pour tout public. La rentabilité viendrait alors des salles de cinéma elles-mêmes, comme des chaînes de télévision libanaises et arabes qui en achèteraient les droits de diffusion. Comme pour lui donner raison, le dernier film de Nadine Labaki, ‘Et maintenant, on va où ?’ a été un triomphe populaire et commercial comme on n’en a pas vu depuis longtemps, avec plus de 350 000 spectateurs, un record pour un film libanais ! Cependant, tout ce foisonnement culturel bute sur le phénomène du piratage, qui décourage les investissements dans ces secteurs. Il est vrai que c’est un phénomène mondial, mais nous sommes parmi les champions de ce fléau, ce qui occasionnerait quelque 100 millions de dollars de pertes locales, à part celles qui touchent les ayants droit internationaux. C’est également l’obstacle principal qui empêcherait la naissance d’une ‘Media City’ dans nos contrées. Un rêve que caressent encore beaucoup de professionnels du secteur. ...and still going P.O.Box: 11-9232 Beirut - Lebanon Tel: 00961 1 376821 - 00961 9 217944/5/6 Fax: 00961 1 376818 - 00961 9 217734 E-mail: [email protected] - Website: www.ldlp.com Tourisme Tout naturellement On a toujours dit – et su que le secteur privé a prospéré au Liban en l’absence d’un soutien officiel ; pour le tourisme, c’est pire, il a réussi en dépit des obstacles érigés par l’Etat. U r d c l . 1 9 8 6 - 2 0 1 2 n secteur historique qui comptait dans le temps pour 20 % du PIB, mais qui reprend doucement ses lettres de noblesses. Et l’Etat n’y est pour rien : tous ceux qui travaillent dans ce domaine savent quel parcours de combattant il faut traverser pour ouvrir un hôtel ou un restaurant. Même les vestiges historiques, à Saïda, Tripoli, Tyr… sont dans un tel état de mauvaise gestion ! Même les taxis de l’aéroport fonctionnent dans une ambiance mafieuse telle, que le ministre du Tourisme n’a pas pu en découdre. Ceci dit, au niveau sectoriel, il faut éviter aussi les clichés. Ce n’est pas la montagne, le soleil, la mer, les forêts, les vestiges qui constituent les attraits principaux du pays. Rien que parce que ces éléments existent ailleurs, avec en plus une meilleure gestion. Nos clients traditionnels, les Arabes du Golfe sont surtout attirés par ce mix d’un pays proche culturellement, hospitalier par nature, mais qui offre aussi une dose suffisante d’exotisme pour assurer un dépaysement relatif. Selon une étude internationale menée à ce sujet, cette clientèle potentiellement ‘captive’ restera le noyau de la demande touristique. En deuxième lieu, viennent les Libanais de la diaspora, qui, même s’ils ne sont pas toujours pris en compte par les statistiques officielles, ont un comportement type de touristes, fidélisés en plus. La troisième catégorie qui pourrait être ciblée est constituée d’occidentaux résidents dans les pays arabes. S’ils ne retournent pas dans leur pays d’origine durant leurs vacances, ils peuvent trouver au Liban un substitut acceptable, surtout sur l’offre de neige 24 et la vie de nuit. D’autres catégories viendraient compléter la panoplie : ressortissants d’autres pays de la région, touristes européens, asiatiques, etc. Il faut voir grand Face à cette demande, l’offre est conséquente : hôtels, restaurants, boîtes de nuit, stations balnéaires, stations de ski, etc. En plus, la politique de ciel ouvert a multiplié les vols des compagnies internationales à destination de Beyrouth, à défaut de toucher au monopole de la MEA. S’y ajoute l’exemption de visas pour un grand nombre de nationalités, ce qui a facilité les arrivées de dernière minute que les Arabes du Golfe affectionnent. Qu’est-ce qui manque alors pour fidéliser encore plus ces touristes et en amener d’autres ? D’abord, l’offre neige peut très bien être exploitée davantage. On se souvient dans ce cadre du projet ‘Sannine Zénith’ qui a déchaîné les passions en 2004. Un rappel des faits : le projet, sur le mont Sannine, prévoyait la construction de plusieurs villages pour un coût global de 1,5 milliard de dollars. La capacité d’accueil à terme sera de 5 000 personnes pour l’hébergement et 20 000 skieurs. Le promoteur principal du projet est un financier libanais actif en Suisse et ailleurs, Jean Abou Rached. Son groupe, appelé Gulf Finance & Investment Co., a pu acquérir, au début des années 2 000, déjà 60 millions de mètres carrés sur ce site, à un prix autour de 0,7 à 2 dollars le mètre carré. Le projet avait provoqué un tollé et une crise politique, car le plan prévoit la vente de GDR (global depository receipts) à des investisseurs du Golfe. Ceci a été interprété par certains comme un droit indirect sur les terrains, contournant ainsi la loi sur l’acquisition A-t-on besoin d’un cadre légal plus propice pour favoriser le développement des franchises? Réponse de Nicolas Makhoul Sushiko, Président et directeur général Un accord de franchise est un accord de coopération signé par deux parties, un franchiseur et des franchisés, pour servir leurs intérêts, mais aussi celui du consommateur. L’accord de franchise devra obéir aux lois nationales et au code de l’éthique. Malheureusement, au Liban, nous n’avons pas une législation spécifique à la franchise. Construire un système régulateur solide permettra au franchiseur de préserver le plus important pilier d’un accord de franchise, qui est le savoir-faire. Celui-ci n’est pas protégé par un brevet et doit rester secret. Une législation devra protéger aussi le franchisé, en assurant que le transfert de savoir-faire est réalisé à travers le training et la livraison des manuels appropriés après le versement des droits de franchise. L’accord de franchise, à la différence de tout autre accord, résulte de l’innovation commerciale d’un individu qui a créé une marque commerciale ou un brevet, et cette innovation devra être absolument protégée par le législateur. Chaque franchise, bien que rattachée à la maison mère, est une entité en soi. Les standards, look, produits… sont en général les mêmes, mais chaque opérateur y apporte sa touche personnelle. Cette touche peut être dans le décor, les nouveaux produits, la cible choisie… Dans le cas de Dunkin Donuts au Liban, nous avons créé un marché pour des produits qui étaient quasi inexistants au Liban (Donut et café américain). Mais aussi, nous avons introduit de nouveaux produits (Choco Duo, Ramdan Coolatta), des systèmes de contrôle interne, un style de décor particulier… qui ont été repris dans plusieurs pays du monde. Ce qui nous a valu d’être reconnus comme «une des compagnies qui ont changé l’histoire du géant américain». Epoustouflante réussite des franchises Qui, parmi les restaurateurs libanais, a eu le premier l’idée d’aller franchiser son concept à Dubaï, au Koweït ou au Caire ? Personne ne le sait, mais le résultat est là, et la réussite de la franchise des restaurants libanais a été phénoménale ; et ça continue. Il suffit de dresser la liste, probablement non exhaustive, de cette dissémination sur près de 20 pays au dernier comptage (selon la Lebanese Franchise Association - par ordre alphabétique) : • A b d e l • Colombiano • F r e n c h • Let’s Burger • S u l t a n Wahab C o f f e e Bakery • Lina’s Ibrahim • Al-Balad House • Kababji • Mayrig • Sushi Bar • Al-Diwan • Crave • La Maison • Moulin d’Or • Sushiko • Babel • Crepaway du café • Pain d’Or • Waterlemon • Café Najjar • Diet Center • La Posta • Salmontini • W o o d e n • Casper & • Duo • Leil Nhar • Semsom Bakery Gambini’s • Falamanki • Leila • Skybar traverser 60 km tous les jours jusqu’à Maameltein. On pourrait même créer une antenne à l’aéroport, comme c’est le cas à Schiphol (Amsterdam). Annexes sérieuses Un autre créneau est certainement le tourisme des congrès-conférences, qu’il va falloir soustraire partiellement à Dubaï. L’intérêt de ce créneau est que cela permet de remplir les hôtels hors saison. Sauf que les facilités actuelles ne sont pas suffisantes. Pas de ‘Palais des Congrès’. Un tel palais, idée promue pendant des années par Rafic Hariri, devait se situer en bordure de la Corniche de Beyrouth sur un terrain appartenant à l’État. Le projet n’a pas vu le jour en fin de compte. À la place, les facilités existantes sont les grands hôtels, le BIEL, le centre de conférences à Dbayeh, etc. A un moment donné, un autre projet était en cours d’étude : il s’agit d’un terrain proche du BIEL, sur 1 9 8 6 - 2 0 1 2 Que peut-on faire encore de plus ? L’offre hôtelière est encore insuffisante, tout le monde en convient, surtout sur le créneau 3 étoiles, même si personne, dans cette sphère, ne cherche à créer un ‘tourisme de masse’, l’infrastructure locale étant incapable de le desservir. Une dizaine d’hôtels sont en construction actuellement. Et surtout, on a commencé à mettre de l’ordre dans la pagaille des ‘étoiles’ qui régnait jusque-là, grâce à une convention étatique avec le certificateur français Bureau Veritas. Au niveau des services, le Casino du Liban est un atout de taille, il est le seul de cette envergure dans toute la région. Comme il a le monopole des jeux de hasard, on ne peut le multiplier. Mais un projet de loi, qui traîne au parlement depuis des années, offre à la société du Casino le droit d’ouvrir des branches dans les différentes régions du pays, en considérant qu’il est difficile à un estivant à Sofar de Réponse de Christine Sfeir Dunkin Donuts et Semsom, PDG . Des casinos partout ? Que peuvent apporter les partenaires libanais à une franchise internationale? r d c l foncière des étrangers. Finalement, l’avis juridique prépondérant a permis l’enregistrement des 60 millions de m2 au registre foncier, ce qui a ouvert la voie à l’exécution du projet. Mais les secousses politico-militaires, ainsi que, il faut le dire, la présence d’éléments armés sur ces hauteurs, bloquent cette entreprise. Un autre mégaprojet a failli aussi voir le jour, cette fois au bord de la mer, qu’on a appelé à l’époque (en 2003-2004) Port d’Amour, à Damour : il s’agit d’un « village » intégré englobant toutes les facilités nécessaires pour en faire un pôle touristique. Le projet, promu par des émigrés libanais de la famille Abché et situé sur un terrain loué auprès d’un wakf maronite, a cependant été contesté par la municipalité de Damour. L’intérêt spécifique de ce genre de projets est de pouvoir attirer une clientèle touristique autre que la clientèle traditionnelle arabe peu intéressée dans le produit « mer ». L’exemple d’Eddé Sands à Byblos est édifiant à ce niveau. lequel on a déversé les gravats tirés de la Banlieue Sud, suite aux destructions occasionnées par Israël en juillet 2006. Des remblais pourraient donc être aménagés pour accueillir une structure de grande envergure pour les conférences. Résultat final : ça se chiffre à combien tout cela ? La contribution du tourisme au PIB n’est pas si facile à estimer. En gros, elle est calculée selon deux méthodes : s’il s’agit de l’activité des établissements spécifiquement touristiques (hôtels, agences de voyage…), la contribution est de 6% du PIB ; mais si l’on inclut tous les secteurs qui bénéficient des dépenses des touristes (transport, nourriture, shopping…), l’apport sera proche de 16% du PIB. Selon le premier ou le deuxième cas, les emplois générés par le tourisme seront de 50 000 ou de 200-250 000. De quoi s’en occuper sérieusement. 25 Empowering Intelligent Communication Together, we make it work www.libatel.com +961 1 485160-5 www.linkedin.com/company/libatel @Libatel Finances L’argent de l’argent La Suisse du Proche-Orient : une appellation genre cliché qui fait sourire, mais qui faisait référence, paraît-il, à l’analogie des systèmes bancaires. La périphrase, toutes Le système de bonification des taux d’intérêt par l’intermédiaire proportions gardées, reste valable. de la BDL et de Kafalat, a-t-il donné les résultats escomptés ? Réponse de Fouad Rahmé BLC Invest, DG ; membre du RDCL depuis 1997 r d c l . 1 9 8 6 - 2 0 1 2 Bien sûr, l’effet cumulatif est considérable, car, si on considère que la contribution de l’Etat pour 2011 par exemple est de 120 millions de dollars en bonification des intérêts, ceci correspond à des crédits bonifiés de 2 milliards de dollars, à raison de 6% en moyenne. Les industriels et autres entrepreneurs dans les secteurs productifs (y compris dans la haute technologie) ne pourraient pas supporter des intérêts de l’ordre de 7-8%. A part le fait que si ce système n’existait pas, c’est l’action de Kafalat aussi qui va se retrouver en danger. Avec la compétitivité qui se réduirait ainsi face à des concurrents dans les pays voisins fortement soutenus par leur Etat, les producteurs libanais se retrouveraient en position de faiblesse, si cet oxygène de crédits bonifiés n’était pas maintenu. Ces crédits, réservés rappelons-le aux investissements dans l’appareil de production, aident les producteurs à améliorer leur productivité, et par suite à recruter davantage. Les effets de ces crédits bonifiés sur l’embauche ont été prouvés et sont connus de tous, y compris par ceux qui critiquent ce système, en prétextant des « abus » ou une utilisation parfois « au bénéfice d’investisseurs arabes », comme si les étrangers, en investissant dans notre pays, n’amélioraient pas aussi la situation de l’emploi. 28 L orsqu’on disserte sur les différents domaines d’action du secteur privé, on a tendance à commencer par ‘bon an, mal an’, sauf pour le secteur bancaire. C’est ‘bon an, très bon an’. Certains voient dans cette santé ‘insolente’ (selon la formule française) une raison pour lancer l’anathème. Ce qui serait vraiment déplacé, car on a vu dans d’autres pays l’étendue des dégâts lorsque cette ossature du système économique a dangereusement fléchi. Il est vrai que, au cours des 20 dernières années, les établissements de crédit ont cumulé les hausses : actifs, capitaux, dépôts, crédits… et profits. En gros, des chiffres qui ont été multipliés par 10 en 20 ans. Les banques représentent ainsi près de 40% de l’ensemble des impôts perçus sur les sociétés. Mais il ne faut pas se tromper, c’est aussi parce que les banques sont les seules sociétés qui ne peuvent pas pratiquer l’évasion fiscale. Bailleurs universels Depuis toujours, les banques financent aussi largement le déficit de l’Etat, de sorte qu’on a parlé longuement de ‘l’effet d’éviction’ du secteur privé. Ce qui n’est pas vrai, car les crédits à l’économie représentent près de 95% du PIB. L’effet néfaste était cependant perceptible au niveau des taux d’intérêt prohibitifs pendant des années, avant que la structure des taux n’entame sa courbe descendante à partir de 2002. Et avant que ne soit introduite la politique des taux bonifiés par l’Etat, et des garanties de Kafalat. Tout est bon donc dans la république des banques ? Pas toujours, car plus de 30 établissements sont sortis du marché entre-temps, mais sans perte de dépôts. Et sans problème majeur, si l’on excepte les cas probablement politisés d’Al-Madina et de la Lebanese Canadian Bank. C’est que le secteur avance aussi parfois sur des terrains minés. Il doit à la fois éviter les mesures internationales anti-blanchiment, respecter Bâle II, puis III, jongler avec les sanctions multinationales contre certains pays, cohabiter avec des guerres intermittentes, compenser la sortie des Européens du marché local. Et financer une expansion internationale prononcée. Sorties en plein air La nouvelle loi sur les marchés financiers est un grand bond sur la voie de l’assainissement des marchés financiers libanais. Mais les bonnes réglementations ne suffisent pas au bon fonctionnement des marchés financiers. D’autant plus que, sur le plan libanais, certaines failles restent à combler : • Il n’existe pas assez de sociétés inscrites en bourse pour offrir une grande diversité à l’investisseur. Il faudrait, pour cela, encourager certaines compagnies privées à émettre des actions et les proposer à la Bourse. • Le public libanais n’a pas la maturité suffisante pour confier ses épargnes à des gérants de fortune. • Les gestionnaires des grandes compagnies préfèrent encore s’adresser aux banques pour leur financement, plutôt que de lever des fonds en bourse car ce recours les obligerait à produire des bilans plus transparents. Ceci dit, la composition du conseil de l’autorité des marchés financiers, telle que prévue par la loi, laisse espérer que plusieurs de ces obstacles pourraient être surmontés, notamment grâce à la présence à la tète de son conseil d’administration du gouverneur de la Banque du Liban. … Et d’Elie Aoun Investment Holding, CEO ; membre du RDCL depuis 2011 Sous cette nouvelle loi, les marchés financiers seront supervisés par une commission indépendante, et la Bourse de Beyrouth sera privatisée dans un délai de deux ans ; ces éléments importants vont contribuer à la renaissance des marchés financiers et permettront : • La création de plusieurs bourses privées ; • L’intervention des banques d’investissement dans la bourse ; • L’injection de nouveaux investissements dans les entreprises libanaises, ce qui favorisera les créations d’emplois. Mais même avec le bon impact que cette loi pourrait avoir, des mesures supplémentaires devraient être prises afin de pouvoir concurrencer d’autres marchés régionaux, comme par exemple : • Exempter les entreprises internationales qui seraient intéressées par être cotées sur la Bourse de Beyrouth de certaines taxes ; • Inciter le secteur bancaire à injecter des liquidités sur le marché des capitaux ; • Encourager, par certaines exemptions fiscales, les entreprises libanaises, familiales en majorité, à accepter des investissements étrangers dans leur capital, à se conformer aux règles de la bonne gouvernance et à être transparentes dans la publication de leurs bilans financiers. En conclusion, cette nouvelle loi, qui est le premier pas d’un long processus, devrait inciter à des actions supplémentaires, afin que le marché financier libanais soit prêt à profiter de la prochaine vague d’investissements au Moyen-Orient. toujours eu. D’où l’allergie urticaire des banquiers devant tout ce qui risque de diminuer l’attractivité de la place financière locale à travers des impôts ou des mesures mal calculés. En fin de compte, l’une des caractéristiques essentielles de notre secteur bancaire est certainement la 1 9 8 6 - 2 0 1 2 Quels seront les rôles à venir des banques ? On entrevoit les tendances suivantes : •D’abord réduire l’exposition au risque pays (étatique) libanais, en allégeant le poids de la dette publique portée par les banques ; une tendance qui a déjà commencé, surtout que la rentabilité des bons n’est plus ce qu’elle était. •Ensuite, tenter de convaincre l’Etat que l’équation de ‘Partenariat publicprivé’ est digne d’intérêt. Il s’agit d’adopter cette formule pour réaliser des projets d’infrastructure, dans lesquels les banques seraient les bailleurs de fonds. •Réinventer un rôle pour les banques d’investissement, dans le sens d’une participation plus efficace aux investissements productifs. •Garder un bon niveau de profitabilité, dans un environnement (local et régional) pas très commode, et surtout limiter les créances douteuses au maximum. •Continuer à recevoir des capitaux de l’étranger (diaspora et non-résidents) en conservant cet attrait qu’elles ont Réponse de Kamal Abi Ghosn IBL Bank, DG ; membre du RDCL depuis 1992 . Vaccins antisismiques La nouvelle loi sur les marchés financiers (adoptée en août 2011) serat-elle suffisante pour réveiller la Bourse de Beyrouth ? r d c l Actuellement, près de 20 banques entretiennent plus de 200 branches dans 22 pays. De sorte que près du quart de l’actif bancaire est à l’étranger. L’idée était de faire fructifier des ressources que le marché local n’arrivait plus à assimiler, et de répartir le risque. Sauf que le risque les a rattrapées ailleurs, en Syrie, Egypte, Afrique, mais sans dommages systémiques pour le moment. En dehors des banques commerciales classiques, les autres établissements financiers peinent encore à trouver une bonne place au soleil : ni les banques d’investissement, ni les banques islamiques ou spécialisées. Même la bourse, surtout la bourse, souffre depuis son redémarrage d’une anémie chronique, parfois c’est carrément le coma. La nouvelle loi sur les marchés financiers pourrait-elle la réanimer ? Deux points de vue ici même pour y voir plus clair. ‘résilience’, un terme savant qui signifie l’immunisation, un peu comme si les banquiers ont été vaccinés contre mauvaises conjonctures et autres soubresauts dramatiques. D’où leur calme olympien lors de la crise syrienne. 29 FOR MORE DETAILS, PLEASE CALL ONE OF OUR PARTNERS : B-SYSTEMS - BSALIM - 04727010 NEW VISION - ZALKA - 04715752 CIS - JALELDIB - 04410410 RETAIL . COM - JALELDIB - 04410410 EZ ORDER - JNAH - 01849999 TECHNOPAP - ACHRAFIEH - 01422662 METIS SAL - SAMI EL SOLH - 01381060 Assurances Prenons des risques En voilà un domaine où le savoir-faire libanais est reconnu. Qu’est-ce qui lui manque alors ? Peut-être une réglementation plus adaptée et, surtout, un contrôle plus strict, sorte d’assurance sur la qualité, sans jeu de mots. L r d c l . 1 9 8 6 - 2 0 1 2 e Liban est traditionnellement en première position dans la région arabe en termes de primes par habitant : actuellement de l’ordre de 260 dollars. Et le volume aurait été encore plus important si les assurances obligatoires étaient plus nombreuses, ou… si on appliquait convenablement celles qui existent déjà (voir encadré). C’est dire que nous sommes bien placés dans ce domaine, même si les acteurs étrangers, surtout français, maintiennent chez nous une bonne place : Axa, Natexis, Sogecap, Predica, puis Allianz, Alico… et quelques grands assureurs arabes. Et ce n’est pas plus mal en fin de compte, car il n’est pas inutile d’acquérir des savoirfaire, et des tailles, qui nous manquent parfois. Des tailles qui sont parfois trop limitées, d’où une nouvelle loi, en discussion au parlement depuis des années, qui devrait imposer des capitaux minimaux conséquents, ainsi qu’une panoplie de règles plus modernes, si et quand elle est promulguée. Elle est supposée aussi encourager les fusionsacquisitions, trop rares dans ce domaine. Le modèle BDL Actuellement, le capital minimal est 1,5 million de dollars, en plus des réserves financières et techniques. Quant au contrôle de l’autorité de tutelle, le ministère de l’Economie, il reste insuffisant, rien à voir en tout La bancassurance devra-t-elle faire l’objet d’une réglementation spécifique ? Réponse de Bassam Khoueiss Allianz SNA, directeur ; membre du RDCL depuis 2009 Le Liban, le Maroc et la Tunisie ont été les premiers à initier le marché de la bancassurance. Mais, jusqu’à date, il n’existe pas une réglementation spécifique qui gère ce secteur vital au Liban, qui a un taux de pénétration significatif sur le marché. Oui, les banques libanaises doivent individualiser et harmoniser leurs contrats d’assurance ; le concept banquier qui consiste à dire « nous vous assurons mieux et moins cher » devrait sans doute être réglementé, surtout qu’actuellement les produits « gestion de fortune » ne tardent pas à être le bon fruit du panier ‘bancassurance’. Cette réglementation spécifique est primordiale. Du fait que l’assurance et la banque ont un point commun évident - l’une comme l’autre manipulent la monnaie -, la réglementation suggérée devrait prendre en considération l’intérêt du client, qui préfère certes avoir un seul interlocuteur « assureur-banquier ». D’où l’importance de savoir jongler avec une gamme de produits qui garantira l’intérêt des deux interlocuteurs d’un côté, et le bien du client de l’autre. 32 cas avec le contrôle de la BDL sur les banques. C’est ce modèle-là qu’on invoque d’ailleurs le plus souvent lorsqu’on appelle à une supervision plus musclée du secteur, qui servirait bien sûr l’ensemble des (bons) professionnels du secteur. Cela est devenu nécessaire lorsqu’on voit que les assurances dans le monde sont tellement solides, et énormes, qu’elles rachètent des banques ; ici c’est le contraire : une douzaine de banques ont acquis ou créé des compagnies d’assurance. Les autres collaborent avec elles dans ce qu’on appelle désormais, par néologisme, la bancassurance. Sauf qu’une première a eu lieu récemment, une assurance (Medgulf ) a racheté la petite banque des Safra, le Crédit National. Le Top 10 Le synopsis du secteur indique d’ailleurs une grande concentration sur le marché. Dans l’assurance générale (non-vie), les 10 premières sociétés, sur la cinquantaine que comporte le secteur, détiennent près de 65% du marché, et les 20 premières 85%. Dans l’assurance vie, c’est pire (ou mieux, A-t-on encore, en tant qu’assureurs libanais, intérêt à étendre nos implantations à l’étranger ? Réponse de Assaad Mirza ACAL, président ; membre du RDCL depuis 2004 c’est selon) : les 5 premiers assureurs détiennent 75% du marché, alors que les 10 premiers occupent 92%. Une façon de dire que peu de sociétés sont assez grandes pour pouvoir remplir toutes les conditions d’une nouvelle réglementation. Réponse de Max Zaccar Commercial Insurance, PDG ; membre du RDCL depuis 1987 . 1 9 8 6 - 2 0 1 2 Mais malgré la petite taille, les meilleurs assureurs font preuve de professionnalisme. Dans le domaine médical en particulier, leur savoirfaire a été exporté grâce aussi, il faut le préciser, à ces 3 ou 4 sociétés de ‘gestion de couverture médicale’, dont la tête de liste, Mednet, s’est implantée dans une dizaine de pays. Certains ont vu dans cette réussite une raison pour appeler à confier l’archaïque défaillante CNSS à un pool d’assureurs ou de gestionnaires privés. Evidemment, cet appel a peu de chances d’aboutir, vu les intérêts financiers individuels qu’il risque de mettre en danger. Il n’empêche qu’une partie de la réussite du secteur privé de l’assurance est due justement à la déchéance des systèmes étatiques, surtout dans les deux sous-secteurs concernés, assurances santé et vie-retraite. D’autres défaillances étatiques n’ont pas pu cependant être compensées par le secteur privé : les pertes agricoles, et les risques de guerres et émeutes, que la plupart des compagnies refusent d’assurer. Dans un pays comme le nôtre, il y a de quoi perdre son assurance. Pour quels risques devrait-on instituer de nouvelles assurances obligatoires ? r d c l Service médical Dès les années 70, les assureurs libanais se sont engagés dans la diffusion de leur savoir-faire dans de nombreux pays de la région. Et depuis, leurs activités se développent à l’international ; ils sont omniprésents sur la quasi-totalité des territoires arabes, ils disposent de filiales et ont des accords de coopération avec tous ces marchés. La croissance économique réalisée dans les pays du Golfe, et la gestion de leurs actifs, ainsi que les besoins des Etats du Levant de réduire leurs dépenses publiques dans la gestion des avantages sociaux, ont toujours suscité l’intérêt de nos assureurs locaux, et continuent à le faire. L’interruption momentanée des activités économiques dans certains pays suite aux événements politiques qui s’y déroulent n’a certainement pas découragé nos assureurs, qui voient qu’une présence ferme dans ces pays favorisera leur compétitivité sur ces marchés. Donc une situation défavorable, mais qui représente un défi pour ces assureurs, qui doivent à la fois répondre aux exigences de ces marchés, aux objectifs de rentabilité et à la volonté d’offrir un service durable. Il serait utile pour commencer de rappeler quelles sont les assurances obligatoires en cours et leur application pratique : •Assurance auto obligatoire : considérée souvent comme une taxe supplémentaire de la « mécanique », de nombreux propriétaires de véhicules se laissent berner par des intermédiaires qui leur « louent » des polices d’assurances pour les besoins de l’enregistrement. L’Etat n’a pas mis en place un système de contrôle, ce qui a pour conséquence que la moitié des véhicules ne sont pas assurés. •Assurance responsabilité civile des ascenseurs : les sociétés d’entretien des ascenseurs prennent en charge cette assurance obligatoire, alors que l’assurance doit être vendue par un courtier agréé, qui a le devoir d’expliquer l’étendue des conditions de la police d’assurance. •Assurance accident du travail : obligatoire mais non implémentée. Quand elle est souscrite, les déclarations de salaire sont souvent mises en doute car les entreprises déclarent des salaires inférieurs à la réalité sous prétexte que tous les travailleurs ne seront pas accidentés en même temps ! En contrepartie, certaines compagnies se prémunissent en accordant des limites de couverture inadéquates, ce qui a pour conséquence que de nombreux accidents ne seront pas remboursés ou seront partiellement payés. •Assurance des travailleurs immigrés : obligatoire pour protéger les expatriés, c’est la seule qui est vraiment contrôlée par l’Etat. Est-ce à dire que le Libanais est moins bien protégé que l’étranger qui vient travailler ici ?! •Assurance de la responsabilité civile des équipements lourds : assurance mort-née. Quelles sont donc les assurances que l’Etat devrait imposer ? Je ne citerai qu’une seule pour le moment, le Liban, étant dans une zone sismique, tous les bâtiments devraient être assurés contre les tremblements de terre. Dans la foulée, ils seront automatiquement assurés contre les risques d’incendie. De plus, l’Etat devrait commencer par donner l’exemple. Est-il logique que les véhicules de l’armée et des Forces de sécurité intérieure ne soient toujours pas assurés ? De même que la majorité des biens publics de l’Etat ? 33 Immobilier Le fantasme national L’adage local dit qu’on ne perd jamais lorsqu’on achète de l’immobilier au Liban. L’adage français dit : « Quand le bâtiment va, tout va ». La vérité dans tout ça ? L avec elle une trentaine d’entres : ciment, pierre, céramique, plomberie, électricité, boiseries, etc. Au Liban aussi, sauf qu’ici une bonne partie de ces pans d’activité sont importés tels quels et ne contribuent donc pas à la richesse nationale, comme les appareils électriques, le bois… ainsi qu’une partie de la main d’œuvre, essentiellement syrienne. En gros, pour un immeuble moyen de gamme, 50% du coût de sa construction profite à des secteurs locaux, et le reste va à l’étranger. Devrait-on restreindre l’acquisition immobilière par les étrangers ? r d c l Réponse de Joe Kanaan Sodeco Gestion, PDG ; membre du RDCL depuis 1997 . Actuellement la loi libanaise permet à un étranger d’acquérir 3 000 m2 de terrain. Suivant le coefficient de construction, ceci peut correspondre à 1 500 m2 de construction dans une zone de villas et à plus de 20 000 m2 dans des zones à haut coefficient de construction. La loi limite aussi les acquisitions des étrangers à 3% de la surface de chaque caza. Cette loi a de positif qu’elle met déjà deux limites. Son point négatif, c’est qu’elle favorise certaines zones et en défavorise d’autres. A titre d’exemple, un étranger qui achète un terrain de 3 000 m2 à Beyrouth sur lequel il peut construire plus de 15 000 m2, pourra réaliser un grand projet. Par contre, s’il achète 3 000 m2 de terrain dans la Bekaa, ça ne lui servira pas à grand chose à part récolter quelques sacs de pomme de terre. Ma suggestion est de modifier la loi et de donner le droit aux étrangers d’acheter dans les grandes villes un appartement par personne pouvant aller disons jusqu’à 1500 m2 de surface ; soit l’équivalent de 300 à 400 m2 de terrain. Ainsi, l’étranger ne viendrait pas concurrencer des promoteurs immobiliers en achetant un grand terrain à Beyrouth, le développant et le revendant à d’autres étrangers. Dans la banlieue, on peut autoriser un étranger à construire une villa de 2000 m2 avec un terrain allant jusqu’à 5000 m2. Dans les autres régions, on peut autoriser la construction d’une villa jusqu’à 2500 m2 sur un terrain n’excèdent pas 10 000 m2. S’il souhaite acheter une plus grande surface, ce serait uniquement pour agrandir son jardin. Dans les zones agricoles, nous pouvons autoriser l’achat jusqu’à 1 million de m2 à condition que ces terrains soient développés dans les 2 ans qui suivent leur achat, pour l’agriculture ou l’élevage. Ainsi nous évitons la concurrence déloyale de l’étranger dans les villes tout en lui assurant une habitation conforme à sa demande d’un côté, et en le poussant vers des zones défavorisées pour y créer des activités d’un autre côté. A ces conditions, des exceptions peuvent être accordées pour des cas particuliers comme un hôtel ou une industrie. 1 9 8 6 - 2 0 1 2 ’expérience a montré que le foncier monte à moyen et long terme, même s’il peut stagner ou même baisser à court terme comme ceci s’est déjà passé entre 1997 et 2001. Donc un tel investissement est toujours bon. Les raisons d’une tendance baissière ou haussière sont toujours multiples : facilités des crédits, intérêt des expatriés et des Arabes du Golfe, environnement politique, liquidités financières régionales, etc. C’est la combinaison de ces facteurs, par exemple, qui a provoqué la hausse vertigineuse au cours de la période récente jusqu’en 2010. Et c’est la fin de ce cycle, ou de certaines de ses composantes, qui a imposé l’accalmie sur le marché depuis 2010, sans qu’il n’y ait une « bulle » à exploser. Du côté de la demande, elle existe toujours, forcément, rien que parce 35 000 couples se marient tous les ans, et ils ne peuvent pas tous habiter chez la belle-mère. Mais les tendances de cette demande dans l’avenir proche seront les suivantes : Beyrouth sera immanquablement de plus en plus chère ; les superficies standard seront de 100-150 m2 ; les banlieues vont toutes s’embourgeoiser et devenir plus chères, même celles libellées populaires actuellement ; des pôles d’activités régionales vont se former autour de Jounieh, Jbeil, Batroun, Zahlé, Nabatieh… Reste la deuxième question : quand le bâtiment va, tout va ? Oui… mais moins qu’en France, origine de cet adage économique. Explication, en France l’activité du bâtiment entraîne 35 L’ AXA I-APP TÉLÉCHARGEMENT GRATUIT AXA l’application Assurance Auto l’application “Ipad & Iphone”est: 1. Un outil informatif sur les produits d’assurance automobile 2. Un outil de déclaration en cas d’accident. Centre d’appel 04/727 000 Services Retour en grâce « C’est le pays des services », disait-on à la genèse du pays, dans la première moitié du siècle dernier. Et ce n’était pas péjoratif à l’époque. I l est parfois difficile de définir les services. En gros, on dira que ce sont les activités économiques hors agriculture, industrie, construction et commerce, soit près du tiers du PIB. C’est dire qu’une panoplie d’opportunités d’affaires existe et se trouve exploité par un secteur privé La fréquentation du port de Beyrouth par les marines internationales est une garantie de prospérité. Y croyez-vous ? Réponse de Mourad Aoun Net Holding, CEO ; membre du RDCL depuis 2011 L’industrie des services constitue un vivier de ressources humaines dynamiques, porteuses d’idées novatrices. Le Liban est un pays riche en personnes entreprenantes, dotées des meilleures formations, et aux capacités d’adaptation reconnues. Les deux, combinés, forment un facteur de succès assuré. Cette richesse nous permet d’exporter nos concepts dans le monde entier. Un accord de libre-échange en matière de services nous ouvrira de nouvelles opportunités. La crainte de la concurrence des sociétés étrangères qui voudraient investir au Liban n’est pas fondée. Au contraire, la concurrence serait une opportunité pour faire évoluer nos prestations et offrir aux consommateurs un plus grand choix et une meilleure qualité. Etant donné la taille de notre marché, les sociétés étrangères devront trouver des partenaires locaux pour s’y implanter, enrichissant ainsi l’expertise locale. Le savoir-faire étranger combiné à la créativité et au dynamisme local améliorera inévitablement la qualité de l’industrie de service. Par la suite, l’ouverture de nos marchés aux accords de libre échange enrichira l’économie libanaise. 1 9 8 6 - 2 0 1 2 A-t-on intérêt à faire des accords de libre-échange en matière de services ? . Un constat indéniable : l’environnement économique s’est stabilisé au cours des dernières années à l’ombre d’une présence militaire internationale discrète au large des côtes libanaises. Les bâtiments des marines amies déployées dans les eaux territoriales libanaises et au-delà jouent à l’évidence un rôle stabilisateur, voire régulateur, des flux maritimes et donc des échanges économiques et commerciaux entre le Liban et l’extérieur. Cela rassure forcément la communauté des affaires locale et internationale, et offre la stabilité que les investisseurs et les milieux d’affaires cherchent en premier lieu sur les marchés. r d c l Par Nassif Saleh Saleh Shipping, DG ; membre du RDCL depuis 2000 particulièrement dynamique sur ce créneau. Commençons par l’éducation qui occupe près de 1 million de jeunes répartis sur 2800 écoles. Une bonne filière dans la mesure où les familles ne lésinent jamais sur les moyens pour éduquer leurs progénitures, et sont près de 60% à choisir justement l’école privée. Un exemple unique en son genre dans ce domaine : le réseau Sabis qui est parti du Liban pour créer des écoles dans 15 pays regroupant plus de 60 000 élèves. Mais c’est l’enseignement supérieur qui crée la plus grande valeur ajoutée, à l’exportation. Exemple : près du quart des étudiants de l’AUB viennent de 66 pays. C’est moins que le pourcentage des années 70, mais c’est déjà ça. Il est vrai que les 41 universités que comporte le pays ne sont pas toutes du même calibre ; c’est pour cela qu’une équipe d’accréditation, mandatée par le ministère, travaille depuis des années pour évaluer ces établissements, mais sans que ses conclusions ne soient publiées… Opérations à vendre Autre secteur de services avec un potentiel d’exportation, les hôpitaux. Beaucoup fantasment sur ce potentiel, surtout en scrutant du côté de la Jordanie qui reçoit des dizaines de milliers de patients de la région. Selon les études effectuées localement, les quelque 150 hôpitaux peuvent accueillir jusqu’à 75 000 étrangers 37 sans préjudice pour les patients libanais. Ce qui manque, c’est juste un effort de marketing conjoint de plusieurs corps de métier : hôpitaux, assureurs, et ministères. En attendant, nous gardons toujours une longueur d’avance sur plusieurs spécialités, même si la chirurgie esthétique jouit d’une publicité glamour. Exemple unique 1 9 8 6 - 2 0 1 2 Pour les services du transport, nous sommes plutôt en retard. Le transport aérien local est toujours monopolisé par l’étatique MEA, un sujet à controverse (voir encadré). Mais plus de 50 compagnies étrangères desservent l’aéroport Rafic Hariri, avec près de 60 000 vols annuels, grâce à la politique du ‘ciel ouvert’ entamée il y a 10 ans, autre sujet à controverse. Mais c’est le transport routier qui Devrait-on casser le monopole de la MEA ? Réponse de Walid Hanna Middle East Venture, managing partner ; membre du RDCL depuis 2005 Une privatisation de la MEA est supposée créer de la valeur à long terme, non seulement pour les investisseurs, mais aussi pour les usagers et l’économie. Privatiser la MEA et mettre fin à son monopole pourrait à la fois attirer des investisseurs dans ce secteur clé du transport, et tirer les tarifs de voyage vers le bas, ce qui nous amènera davantage de touristes, et aura même des effets positifs sur le commerce international. Cependant, le transport aérien est un secteur fortement concurrentiel, et toute dérégulation devrait mener à des offres multiples (vols réguliers, low cost, cargo…). La MEA a beaucoup à apprendre du succès de l’Emirates/Dubaï, et leurs énormes investissements. Dubaï s’est ainsi positionnée comme un hub mondial, de l’Amérique et de l’Europe vers l’Asie. Des zones franches comme celle de Jebel Ali sont venues s’y ajouter. Et même si tous ces projets sont à l’origine publics, ils sont gérés comme des entreprises privées, et sont en concurrence avec toutes les autres compagnies : Emirates n’a aucun monopole par exemple sur aucune destination. Résultat : le succès phénoménal que l’on connaît avec 30 millions de passagers par an. Pour conclure à partir de cette expérience, je dirais que mettre un terme au monopole de la MEA pourrait lui faire du tort à court terme, mais sera extrêmement bénéfique pour l’économie libanaise à long terme, surtout si l’aéroport et les zones franches sont développés en parallèle. A mon avis, cette question devrait être débattue à un niveau stratégique avec la participation des secteurs privé et public. . Est-ce que nos universités sont exportables ? r d c l Réponse de Toufic Tasso Pigier Supec, DG ; membre du RDCL depuis 1995 souffre le plus dans ce cadre, avec une absence étatique totale, et une confusion et une inefficacité presque uniques au monde. Deux groupes tentent de sauver la mise : le groupe Zantout (les bus rouges LCC…) et Connex, la société française qui a racheté Ahdab (mais l’a abandonné ensuite pour d’autres projets). Si l’on décide d’ouvrir un jour ce créneau au secteur privé, les opportunités seront considérables, surtout que le transport ferroviaire semble être un cas désespéré, suite aux multiples études qui ont été faites depuis 15 ans. Quant au transport maritime, de vrais professionnels desservent le port de Beyrouth, surtout après la réussite du terminal de conteneurs géré par une société privée (BCTC). CMA CGM, le groupe du Libano-Français Jacques 38 Grâce à leurs partenariats et à leurs échanges extérieurs, certaines universités libanaises ont depuis longtemps fait la preuve de leur ouverture, attirant par cela nombre d’étudiants étrangers. Les pays de la région ont de leur côté développé des systèmes universitaires moins étatiques et plus performants. Malheureusement, ce développement se fait d’une façon trop contrôlée. La limitation de l’offre se veut un rempart contre les abus, la bureaucratie tatillonne un vœu pieux de contrôle qualité (et parfois de contrôle des jeunes). Ceci rend l’implantation des universités libanaises dans ces pays difficile, voire impossible. Reste alors le développement par partenariat avec des universités locales. L’université libanaise peut alors exporter son savoir-faire par le biais d’assistance technique ou pédagogique. Des échanges de programmes et de professeurs permettent alors de contourner les difficultés liées à l’implantation directe. Il est bien entendu que la pérennité de cette expansion est limitée dans le temps, menacée par le désir d’ « indépendance » du partenaire local. La vraie expansion des universités libanaises ne se fera valablement que dans un marché régional ouvert guidé par des autorités autrement plus ouvertes. Saadé, y a même établi un ‘hub’ de premier ordre, de même que MSC. D’autres se sont spécialisés avec succès, comme Saleh Shipping qui opère sur le créneau de l’assistance aux navires de guerre. L’activité portuaire a tellement bien réussi qu’il a fallu entamer une extension. Seule ombre au tableau, la flotte commerciale libanaise, qui alignait quelque 260 navires dans les années 80, a presque disparu. ALL YOU CAN DOWNLOAD UNLIMITED INTERNET 24 / 7 Climat d’investissement 40 mesures + ‘Améliorer le climat d’investissement’ est un refrain qui revient à chaque chanson-déclaration ministérielle. Mais est-ce si difficile ? Nous avons demandé à deux personnalités de démarrer par les 3 éléments qu’elles jugent les plus importants, et nous avons enchaîné avec ce que les organismes locaux et internationaux préconisent. Si vous devez désigner seulement 3 éléments qui puissent encourager l’investissement, quels seraient-ils ? Réponse de Roger Dib Near East Consulting Group, PDG; membre du RDCL depuis 1987 r d c l . 1 9 8 6 - 2 0 1 2 Les trois éléments qui me semblent les plus aptes à encourager l’investissement sont les suivants : 1. Une loi cadre pour encourager l’investissement privé dans des projets d’infrastructure publics : transports et routes, télécommunications, électricité et autres. 2. Une réélection et une action sur le rôle régulateur, et non investisseur, de l’Etat Libanais surendetté. Quel rôle pour un Etat qui monopolise les secteurs, alors que sa décision est bloquée ou très lente ? Cette initiative facilitera l’adoption de la loi citée plus haut. 3. Le développement d’un plan quinquennal pour la réduction de la dette publique par rapport au PIB aux environs de 70%, avec des objectifs annuels. … Et de Fadi Saab The Institute of Directors, Chairman ; membre du RDCL depuis 2000 A mon avis, les trois éléments clé pour encourager l’investissement seront les suivantes : 4. Faire respecter la loi et installer la transparence et la redevabilité comme un moyen incontournable pour combattre la corruption. Il faut rétablir la confiance dans le système judiciaire pour assurer des règles de jeu équitables pour tous les investisseurs, de quoi créer une culture nationale d’éthique et de valeurs dans le monde des affaires, ce qui favorisera l’investissement. 40 5. Offrir un environnement légal et opérationnel favorable au développement des PME. Stimuler la productivité et la compétitivité des PME sur les bases de qualité, de protection du consommateur et de saine concurrence. 6. Donner des ailes aux jeunes pour construire un avenir prospère, en leur fournissant les facilités et les outils nécessaires. Une vision optimiste de l’avenir et la création d’opportunités d’emploi et d’investissements dépendent d’un enseignement de haut niveau, afin d’aboutir à une économie basée sur le savoir, et des innovations orientées professionnellement. Et 34 autres mesures… 7. Permettre d’utiliser les biens non immobiliers comme garanties pour les crédits. 8. Réduire le temps nécessaire pour obtenir un permis de construction (à partir de 160 jours en moyenne actuellement). 9. Permettre de constituer une société sans l’intervention d’un avocat. 10. Accélérer le processus judiciaire, sachant que 643 jours en moyenne sont nécessaires pour faire aboutir un contentieux. 11. Eliminer les doublons (trop nombreux) dans les procédures administratives et judiciaires. 12. Introduire la pratique de ‘temps maximal obligatoire’ pour l’émission des permis. 13. Ouvrir l’accès aux données économiques détenues par l’Etat. 14. Aligner les frais administratifs avec ceux en vigueur dans les pays limitrophes et en Europe. 15. Moderniser les législations sur le bâtiment. 16. Définir la responsabilité des fonctionnaires municipaux. 17. Adopter une nouvelle loi sur les crédits. 18. Adopter un nouveau code de commerce et de transport. 19. Harmoniser les pratiques, mesures et procédures publiques (au sein des ministères). 20. Créer un guichet électronique unique pour puiser des données, présenter des demandes et payer les frais. 21. Conclure des accords avec les différents pays pour harmoniser les normes des produits importés/exportés. 22. Revoir les accords commerciaux avec les pays voisins (qui, apparemment, avaient été bâclés). 23. Automatiser le système en vigueur au Registre Commercial. 24. Adopter une nouvelle loi permettant la constitution de société à un seul partenaire. 25. Eliminer le timbre fiscal, encombrant et peu rentable. 26. Créer des procédures judiciaires rapides, de type ‘Injonction de payer’ ou ‘Référé’. 27. Accélérer les autres procédures en réduisant par exemple les motifs d’objection et de notification. 28. Limiter les frais judiciaires à un pourcentage maximal du montant réclamé. 29. Simplifier le code de procédures civiles (session préliminaire, nombre d’appels, abus…). 30. Introduire des tribunaux et des procédures spéciaux pour les petits montants. 31. Informatiser les greffes. 32. Revoir la législation sur la médiation, et former le personnel public (magistrats, greffiers) et privé (avocats). 33. Revoir les mesures de faillite. 34. Créer des moyens de règlement alternatifs des conflits hors des tribunaux, y compris pour les banques avec leurs clients. 35. (Il y en a encore mais il n’y a plus de place…) Postface Comme un poisson dans l’eau r d c l . 1 9 8 6 - 2 0 1 2 « Au lieu de donner un poisson à un pauvre, apprenez-lui à pêcher ». Depuis que ce Chinois illuminé a lancé sa phrase ingénieuse entre toutes, les digressions n’ont pas cessé de fuser. Et les Libanais ont vite fait de prendre l’affaire en main, dont un pêcheur de longue date. Robert Fadel (Fonds Bader) a remarqué que la pêche, même bonne, a quand même ses limites en termes de revenus. Alors il lui a conseillé d’agrandir son bateau, puis d’ouvrir un restaurant de poissons. Semaan Bassil (Byblos Bank), qui se promenait à ce moment-là par le port de Jbeil, a même offert de lui avancer l’argent. Khater Bou Habib (Kafalat), lui a emboîté le pas en amenant sa garantie, ce qui fait, avec le support de Riad Salamé, que le taux d’intérêt a presque disparu. Une fois que le restaurant a démarré, et rencontré un franc succès, on allait presque oublier l’affaire chinoise et ses digressions. Sauf que Charles Arbid (Lebanese Franchise Association) se plante là un jour après un bon déjeuner et lui recommande de franchiser son savoir-faire dans les pays limitrophes. Stéphane Attali (ESA) lui a même ouvert les portes de son établissement pour une formation adaptée, afin d’éviter les mauvaises surprises. Mais des mauvaises surprises, il en a eues aussi. Le ministère du Tourisme lui a fait remarquer qu’il devait payer pour des places de parking, bien qu’inexistantes. La CNSS l’a averti qu’il devait mettre la moitié de ses profits en réserve pour l’indemnité de fin de service de ses 8 employés, même s’il verse une cotisation pour le même objectif. Le 42 ministère des Finances a envoyé 2 inspecteurs pour lui imposer un redressement fiscal d’abord, vérifier ses comptes ensuite. Le ministère de la Justice lui a ri au nez lorsqu’il a émis le souhait de porter plainte contre un gros client mauvais payeur. Le ministère des Travaux Publics vient de lui signifier, lors de sa demande d’agrandissement, que le coefficient d’exploitation de son terrain a été modifié à la baisse, et celui de ses voisins à la hausse. Même le ministère de l’Agriculture a remarqué, mécontent, que certaines des ses poissons étaient enceintes, ce qui mettait l’espèce des Jarbidi en danger… Il allait lâcher prise, lui qui était il y a quelque temps habitué à traiter juste avec des poissons, muets comme une carpe. C’est à ce moment qu’il s’est mis à scruter les success stories de centaines de jeunes entrepreneurs comme lui. Certains ont même été cooptés au RDCL. C’est pour dire. Alors il s’est dit qu’après tout, il ne va pas terminer son aventure en queue de poisson. Et que, même s’il n’est pas sûr de réussir son entreprise poissonnière… il n’a pas envie de pêcher par omission. Nicolas Sbeih booz.com/me Essential Advantage At Booz & Company we believe passionately that essential advantage lies within and that a few differentiating capabilities drive any organization’s identity and success. We work with our clients to discover and build those capabilities that give them the right to win their chosen markets. This philosophy has been at the heart of our company since its formation in 1914. It's lived every day by more than 3,000 Booz & Company people across 58 offices in over 30 countries. And it's more relevant today than ever before. Visit booz.com/me to learn more. 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