Du Mexique à l`Espagne, les Libanais redécouvrent leurs
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Du Mexique à l`Espagne, les Libanais redécouvrent leurs
Les Libanais dans le monde lundi 21 mai 2012 Du Mexique à l’Espagne, les Libanais redécouvrent leurs racines Les Libanais voyageant à travers le monde se retrouvent souvent avec des compatriotes dans les tour-opérateurs auxquels ils participent, mais parfois des rencontres inédites viennent égayer leur séjour, comme nous en avons fait l’expérience le mois dernier en Espagne. En effet, lors d’un dîner à Séville au cœur de l’Andalousie, une dame s’assied près d’Élissa, une femme de notre groupe. C’est une journaliste australienne, travaillant à la télévision, qui nous parle de son métier, puis nous lui demandons son nom, elle répond : « Élissa », en épelant les lettres pour nous assurer de l’orthographe. Puis elle nous dit fièrement que c’est un nom très rare en Australie, et malgré le fait qu’elle n’a pas de racines libanaises, elle explique à tout le monde qu’elle porte le nom de la princesse phénicienne qui a fondé Carthage. Nous lui annonçons alors que cela tombe bien car elle est assise juste à côté d’Élissa ! Dans la mosquée de Grenade, sur un promontoire avec vue magnifique sur les jardins et le palais de l’Alhambra ressemblant aux paysages de la montagne libanaise, nous demandons au grand jeune homme responsable des lieux s’il parlait arabe. Il répond qu’il le lit un peu, nous l’informons que nous sommes libanais. Il sursaute : « Ma mère est libanaise, mais je ne sais pas de quelle région du Liban, pays que je n’ai pas encore visité. Elle s’est mariée avec un Anglais, voilà pourquoi je m’appelle Habib Lawson. » Au Mexique, où l’espagnol est aussi pratiqué avec son pourcentage non négligeable de noms communs d’origine arabe, il est plus fréquent de tomber sur des personnes d’origine libanaise. Le père Yaacoub Badaoui, de l’église maronite de Mexico City, est un spécialiste qui fait découvrir à certains leur ascendance libanaise. Ce fut le cas d’un jeune docteur en histoire religieuse, conférencier érudit souvent en voyage, Luis Xavier López Farjeat, rencontré dans une université de Mexico. Le père Yaacoub lui a permis de retrouver les traces de la famille de sa mère, les Farhat, et l’a ainsi amené à sa paroisse où il s’est marié il y a quelques années. À l’aéroport de Mexico, faisant la file pour embarquer dans l’avion en direction de Guadalajara, nous tombons nez à nez avec un Libanais au profil typé que nous abordons en langue arabe. La réaction attendue ne se produisant pas, nous entamons la conversation en espagnol avec un ton amusé. Alfredo Issa, portant sur son tee-shirt une effigie du cèdre du Liban, son nom, ainsi que celui de l’entreprise Issa industrial qu’il dirige à Chihuahua, rentrait pour accueillir le patriarche maronite dans sa ville de résidence au nord du pays. Ce LibanoMexicain de la 3e génération projette également de se rendre très bientôt avec sa famille au Liban. En promenade dans le zócalo, le vieux centre de Puebla, la veille de l’arrivée du patriarche, nous rencontrons Au cours de la réception à l’ambassade du Liban à Mexico City avec, de gauche à droite : Naji Farah, la chargée d’affaires Aline Younès, Máximo Sánchez Miranda et Claudia Ortíz. Manuel Bartlett Díaz, ancien gouverneur et un des hommes politiques mexicains les plus influents, membre du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), en pleine campagne, attablé dans un café-trottoir. Nous lui parlons des échanges culturels avec le Mexique et de notre voyage de retour aux sources programmé cet été au Liban. Son épouse Isabel se lève soudain et nous informe avec un grand sourire qu’elle est libanaise, ce que peu de Libano-Mexicains savent. Elle est de la famille Abdala, et elle se rend souvent au Liban avec son mari et leurs enfants, enchantés de séjourner dans leur pays d’origine. Discours et réceptions Signalons, par ailleurs, qu’au cours d’un déjeuner offert par les associations libano-mexicaines à Mexico City, le patriarche Béchéra Raï a tenu un vigoureux discours en arabe, avec traduction simultanée en espagnol, expliquant son engagement, dès son élection il y a un an, sur le thème « Communion et Amour » : « Je souhaite partager la communion et l’amour avec vous tous ici réunis. Aussi bien au Liban, au Moyen-Orient que dans le monde de l’émigration, nous voulons affirmer l’unité du Christ en tant qu’Églises catholiques. Et nous devons partager la communion et l’amour au niveau œcuménique. Nous devons ainsi appliquer la communion et l’amour entre chrétiens et musulmans au Liban, pays reconnu entre tous au MoyenOrient comme étant une terre 5 Petit déjeuner sur la colline des Bougainvilliers à Guadalajara avec, de gauche à droite, le consul honoraire du Liban, Antoine Gresati, et son épouse, le patriarche Béchara Raï, Lorenza Dipp, le père Pierre al-Balaa, Mgr Georges Abi-Younès et le père Élie Madi. Le patriarche Béchara Raï, Mgr Georges Abi-Younès et l’homme d’affaires Alfredo Miguel Afif, durant le déjeuner avec les associations libano-mexicaines à Mexico City. ouverte à tous, à toutes les religions, à tous les peuples, à toutes les idées. » Puis le patriarche a conclu, en remerciant la chargée d’affaires, Aline Younès, de l’ambassade du Liban à Mexico pour son travail assidu. « Nous sommes fiers de notre pays, qui porte en lui le meilleur cadeau que nous pouvons donner à nos enfants, la nationalité libanaise. » Réception de Mgr Antonio Chedraoui L’évêque grec-orthodoxe de Mexico, Mgr Antonio Chedraoui, a tenu à rendre hommage au patriarche maronite au cours d’un déjeuner donné à son domicile, en présence de l’évêque maronite Georges Abi-Younès, de l’archevêque Élissa l’Australienne et Élissa la « Phénicienne » côte à côte à Séville en Andalousie. de Mexico, le cardinal Norberto Rivera, et d’un grand nombre de personnalités politiques et religieuses libanaises et mexicaines, dont le procureur général de la République, la jeune et belle Marisela Morales Ibáñez. Avant de céder la place aux chants des mariachis, Mgr Chedraoui a dressé un sombre tableau des événements se déroulant au Proche-Orient, qui pour lui ne sont autres que « l’automne arabe ». Naji FARAH Discours de l’évêque grec-orthodoxe de Mexico, Mgr Antonio Chedraoui, lors du déjeuner en l’honneur du patriarche maronite, avec, à droite, Marisela Morales Ibáñez, procureure générale de la République du Mexique. 100 pages pour 10 millions de Libanais dans le monde Lorsque l’aventure commença en novembre 2007, notre volonté de nous lancer à la recherche des grands acteurs de l’émigration libanaise nous amena à découvrir des personnes exceptionnelles à travers le monde, motivées par le désir de porter haut le nom du Liban. Joie et fierté culminent aujourd’hui avec cette 100e édition des Libanais dans le monde. Nos 100 premières pages auront permis de développer le dialogue interculturel prenant comme base les communautés libanaises de l’étranger, avec la participation de nombreuses associations actives dans les quatre coins de la planète. Une expérience unique dans le monde de l’émigration, donnant lieu à une véritable encyclopédie qui sera bientôt accessible sur le site www.rjliban.com avec des résumés, des traductions et des index permettant de retrouver tous les articles ou les personnes et villes qui y sont mentionnés. Le Liban ne finira pas de nous étonner, mais le défi que nous avons relevé ne trouvera son aboutissement que dans une plus grande implication à tous les niveaux des émigrés libanais et de leurs descendants dans les affaires intérieures du Liban. La priorité va à la protection de l’environnement et à l’application de plans d’urbanisme redonnant au pays du Cèdre sa place touristique privilégiée. Sur les pas des Phéniciens en Espagne Bien d’autres missions doivent être menées, comme celle de rendre d’actualité le passé des Phéniciens dans de nombreux pays d’Europe, et en particulier l’Espagne. Un séjour enchanteur au cours de la fête de Pâques entre Madrid et Barcelone, en passant par l’Andalousie, aura ainsi permis de repérer des points essentiels pour l’éla- boration d’un prochain voyage sur les pas des Phéniciens dans la péninsule ibérique. En effet, nos ancêtres sont reconnus comme étant les fondateurs, il y a près de 3 000 ans, de Cadix, Séville, Barcelone, Lisbonne et bien d’autres villes dont les musées contiennent des vestiges notables, confirmant l’importance de l’apport de civilisation venu du Liban. Voyage pastoral au Mexique Quant au Mexique, une de nos destinations privilégiées, il a vibré au passage du patriarche maronite Béchara Raï, qui a parcouru les grandes villes de ce beau pays à la rencontre des Libanais et des Mexicains fidèles à la tradition maronite et à saint Charbel. Après de courts séjours riches en événements à Cancún, Guadalajara, Chihuahua, près de la frontière nord et Puebla, Mgr Raï a été reçu durant cinq jours à Mexico City, avant de partir pour l’Amérique du Nord. D’émouvants moments ont ponctué ce séjour exceptionnel : ainsi à Guadalajara (la vallée de la roche), la rencontre avec le consul honoraire Antoine Gresati a été suivie de la pose de la première pierre d’une nouvelle église Saint-Charbel. Des prières et des mots de remerciements du patriarche Raï et de l’évêque Georges AbiYounès ont été adressés à l’intention de la famille mexicaine d’origine japonaise ayant offert le terrain et la construction, une preuve de plus de la portée du message de paix du Liban. Ce que Mgr Raï n’a pas manqué de relever la veille, lors de son homélie en l’église San Pedro Apóstol devant une foule de fidèles : « Vous portez dans votre sang la culture du Liban, une culture évangélique ouverte à l’unité et à la diversité. » N. F. George Helou, directeur exécutif de la NASA, a fasciné l’assistance au 4e gala annuel de l’USJ NEW YORK, de notre correspondante Sylviane ZEHIL L’astrophysique est à l’honneur à New York. Après la brillante intervention de Charles el-Achi, astrophysicien et directeur de la NASA qui était l’invité d’honneur au dîner de gala de Jamhour Alumni US en septembre dernier, c’est au tour de George Helou, célèbre astrophysicien libanais et actuel directeur exécutif de la NASA, d’être le « Guest of Honor » du quatrième gala annuel de levée de fonds organisé par les Amis de l’USJ qui s’est tenu la semaine dernière à l’Hôtel Roosevelt de Manhattan. C’est dans une ambiance conviviale que l’événement a eu lieu en présence de l’évêque maronite de la côte est des États-Unis, Mgr Gregory Mansour, du recteur de l’USJ, le père René Chamussy s.j., du représentant permanent du Liban auprès de l’ONU, l’ambassadeur Nawaf Salam, qui était accompagné de son épouse, Sahar Baassiri, de l’observateur permanent de la Francophonie auprès de l’ONU, l’ambassadeur Philippe Savado, du consul général de Suisse à New York qui était en poste au Liban, l’ambassadeur François Barras, de la représentante permanente adjointe du Liban, Caroline Ziadé, de Patricia Herdt, observatrice permanente adjointe de la Francophonie à Sylviane Zehil, George Helou, Khalil Karam, Mgr Gregory Mansour, le père René Chamussy, l’ambassadeur Nawaf Salam et le père Pierre Nakhoul. l’ONU, du Pr Khalil Karam, vice-recteur au développement et représentant du président de la République pour la Francophonie, du doyen de la faculté dentaire de l’Université de New York, Ken Beacham, de la créatrice libanaise Reem Acra, et de Thomas Kearns de la faculté de droit de l’Université de Fordham. Consciente du rôle important de l’éducation au Liban, seul gage pour un meilleur avenir, la diaspora libanaise n’a pas hésité à répondre à l’appel de soutien lancé par les organisateurs. L’évêque maronite Gregory Mansour a donné le coup d’envoi de l’événement en bénissant l’assemblée. Prenant la parole, l’organisateur officiel, le Dr Edgar el-Chaar, a mis d’emblée en exergue le pouvoir de l’éducation qui est un facteur de rassemblement. « L’éducation est cruciale pour bâtir une meilleure vie communautaire », a-t-il souligné. Saluant l’exemple tracé par d’autres organisations similaires basées à New York qui œuvrent à New York en faveur de l’éducation au Liban, telles que Teach for Lebanon (TFL), Jamhour Alumni US (JAUS), LAU et AUB, le Dr el-Chaar a mis l’accent sur le rôle-clé de l’éducation au Liban. « Pour assurer un impact, l’éducation devrait atteindre l’ensemble du pays », a-t-il dit. Après avoir relevé que l’USJ compte des campus dans plusieurs coins du Liban, la plaçant dans une position favorable pour l’éducation, il a salué la « compassion, l’intellectualisme, l’esprit d’innovation et de créativité » des pères jésuites. Le campus de l’innovation de l’USJ Dans son allocution, le Pr Khalil Karam a mis l’accent sur l’esprit d’innovation et de créativité de l’USJ en décrivant le concept du campus de l’innovation et du sport (CIS), inauguré le 13 mai 2011 sous le haut patronage et en présence du président libanais Michel Sleiman, du Premier ministre Nagib Mikati, et du président de la Chambre Nabih Berry. Ce campus abrite la faculté des sciences économiques, l’Institut de physiothérapie, l’Institut supérieur d’orthophonie, l’Institut de psychomotricité, le pôle technologie santé (PTS), les chaires de l’innovation et de gestion de la sécurité routière, le Musée des minéraux de Salim Eddé, le Centre sportif et la garderie Saint-Joseph. Développant le processus de création du campus, le Pr Karam a rappelé que son histoire est le reflet de la guerre du Liban. Sélectionné par « ArchDaily » parmi les 5 finalistes de la catégorie « éducation » pour la compétition du meilleur bâtiment pour l’année 2011, le CIS s’intègre dans le contexte culturel, historique et urbain de Beyrouth. Il a par ailleurs souligné que « sur l’axe de l’en- De g. à dr. : le Dr Edgar el-Chaar, le Pr Khalil Karam, Ray Debbane, PDG d’Invus, et le RP René Chamussy sj, recteur de l’USJ. gagement social, l’Opération 7e Jour, née au début de la guerre de juillet 2006, mobilise l’université et ses étudiants et développe des partenariats avec différents types d’organismes : municipalités, ONG, organismes publics... Actuellement, l’intervention touche aux axes suivants : citoyenneté et droits de l’homme, culture et patrimoine, dialogue et médiation, environnement et urbanisme, éducation et développement social, gestion, économie et entrepreneuriat, santé et développement humain. Grâce à cette action, l’USJ figure parmi les lauréats de la Fondation MacJannet et Réseau Talloires pour la citoyenneté mondiale et a décroché le prix Sharjah pour le bénévolat Responsabilités sociales des organismes et des entreprises. Le Pr Karam a conclu en annonçant qu’un projet d’ Espace culturel et artistique est en cours de constitution. L’ECA se propose de coordonner les activités des institutions non académiques de l’USJ et d’offrir à l’étudiant davantage d’occasions pour enrichir sa formation disci- plinaire autour de multiples activités culturelles. L’astrophysicien George Helou Le moment fort de la soirée était réservé pour la fin avec une présentation inédite de l’histoire du cosmos par le Dr George Helou. Bardé d’impressionnants diplômes, cet astrophysicien, originaire de Jezzine ayant grandi à Aïn el-Remmaneh et qui a fait ses études à l’école des Frères de Gemmayzé, a eu un parcours exceptionnel aux États-Unis. « Ayant passé sa jeunesse à regarder les étoiles », il y passera aussi sa vie adulte. Le Pr Hélou est aujourd’hui directeur exécutif de l’IPAC (Infrared Processing and Analysing Center) et professeur à la faculté de mathématiques, de physique et d’astronomie de Caltech de Pasadena. Il est également directeur adjoint du Spitzer Science Center et directeur du Herschel Science Center de la NASA. En tant que tel, il supervise les opé- rations scientifiques pour des missions spatiales et les principales archives astronomiques de la NASA. Il a joué un rôleclé dans la recherche et la gestion des sciences pour tous les projets d’astronomie spatiale majeure infrarouge lancés par la NASA ou l’ESA (Agence spatiale européenne). En un tournemain et à l’aide de magnifiques images du cosmos, des planètes et des étoiles, George Helou a expliqué en termes simples l’histoire de l’univers et du Big Bang. « Aujourd’hui, nous voyons un univers plus organisé en amas d’étoiles et de galaxies. L’une des grandes questions d’actualité est de comprendre comment cet univers s’est développé à partir de cette grande explosion. Nous avons des éléments de réponse, mais il reste toujours beaucoup de points d’interrogation. Les théories sont constamment remises en cause par les nouvelles données », a-t-il expliqué devant un parterre fasciné. Cette page est réalisée en collaboration avec l’association RJLiban. E-mail : [email protected] – www.rjliban.com
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