Musique du film muet « Metropolis
Transcription
HISTOIRE des ARTS / EDUCATION MUSICALE Musique du film muet « Metropolis » réalisé en 1927 à Berlin . Questions : 1°) Quel est le contexte politique et artistique du moment ? En ce début de XXème siècle, l’Allemagne traverse une période de crise profonde : le climat social et politique est très tendu . Il va s’exprimer dans tous les domaines , artistiques, notamment, et voir naître le courant expressioniste . Metropolis , film muet , en noir et blanc, nous offre un champ d’action pluri-artistique dans lequel la musique va jouer un rôle de premier ordre , créant des atmosphères très contrastées et inquiètantes , annonçant des perspectives menaçantes qui prendront toute leur ampleur avec le IIIème reich. C’est pendant la république de Weimar , ou, entre les deux guerres, que vont petit à petit , s’instaurer les ruptures avec la tradition . En littérature Thomas Mann ,Franz Kafka et Bertolt Brecht , par exemple, qui vont adopter un style très réaliste et critique sur la société , la psychanalyse qui voit le jour avec Sigmund Freud , les nouveaux courants expressionistes et dadaistes en peinture qui vont choquer par leur réalisme , le Bauhaus en architecture qui bouscule toutes les normes antérieures en matière d’habitat, et enfin , tous les changements qui vont s’opèrer en musique avec, pour ne citer que lui, Arnold Schoenberg et ses recherches sur une nouvelle manière de composer qui aboutiront au dodécaphonisme, entre autres : tous ces bouleversements , nés en Allemagne , reflètent une période très instable . Le cinéma sera également un vecteur idéal pour colporter de nouvelles idées … 2°) En 1927, où en sommes-nous dans l’évolution du film muet ? Quelques dates importantes : 1891 : 1ers films muets de Thomas Edison 1895 : 1ers films des frères Lumière 1927 : « Le chanteur de jazz », 1er film parlant…. 3°) Quel est le rôle de la musique dans ces films ? a) La musique est jouée à l’exterieur pour attirer le client b) La musique « sert »à masquer les bruits de montage et de projection. c) La musique donne une dimension aux images diffusées sur l’écran d) La musique « combat »le silence … 4°) Quel genre de musique ? Pour les 1ers films, qui étaient courts (de 1mn à 15mn), l’accompagnement se faisait , gnlt, au piano. ;et pouvait n’avoir aucun rapport avec l’image ! Cela pouvait être du « ragtime »… Apparaissent , petit à petit, des catalogues d’extraits ou d’œuvres déjà existantes ( Wagner, Chopin,Beethoven…) , qui serviront à mieux accompagner les scènes.. ; Selon les salles et les budgets, on peut avoir aussi des musiciens d’orchestre qui jouent dans une « fosse »… Se pose alors la question du synchronisme ou improvisation, de la musique d’habillage ou originale ? 5°) Pouvez-vous présenter le film « Metropolis » ? Ce film a été réalisé par Fritz Lang et adapté du roman de Théa von Arbou, sa compagne (qui avait très clairement, des affinités avec le parti nazi…), sur une musique de Gottfried Huppertz. Il fût présenté à Berlin en janvier 1927. Fritz Lang va utiliser toutes les techniques cinématographiques les plus récentes (prises de vue avec miroirs, procédés d’animation, caméras dernier cri…) afin de donner au film une grande modernité. a) Synopsis Le film se décompose en trois actes, prélude (66 min.), Intermède) (28 min.) et Furioso (52 min.). En 2026, Metropolis est une mégapole dans une société divisée en une ville haute, où vivent les familles intellectuelles dirigeantes, dans l'oisiveté, le luxe et le divertissement, et une ville basse, où les travailleurs font fonctionner la ville et sont opprimés par la classe dirigeante. L’industriel Joh Fredersen règne sur Metropolis. Son fils Freder s’éprend de Maria, une jeune femme qui défend les enfants d’ouvriers. Parti à sa recherche, Freder est témoin d’une explosion dans la grande salle des machines de la ville. Il se rend compte que le luxe de la haute société repose sur l’exploitation du prolétariat. Dans les catacombes situées sous la ville ouvrière, Freder retrouve enfin Maria. Joh Fredersen, qui a entendu parler de l’influence de Maria sur « ses » ouvriers, découvre les expériences de l’inventeur Rotwang qui a créé une femme-machine. Il ordonne à Rotwang de donner le visage de Maria au robot afin de l’envoyer dans la ville souterraine et de semer la discorde chez les ouvriers. Ceux-ci entrent en révolte et provoquent l’inondation de la ville ouvrière… b) Analyse musicale , en rapport avec l’image, du début du prélude ( de 0’ à 5’40’’ ) Metropolis---Fritz-Lang---Les-deux-mondes--la-cit-des-travaillleurs-et-le-Club-des-Fils.mp4 La musique a été composée par Gottfried HUPPERTZ(1887-1937), chanteur d’opera, acteur et compositeur allemand : il composera sur 2 films de Fritz Lang Les « Nibelungen » ( voir Wagner…) et « Metropolis » Il accompagnait au piano pendant le tournage… Image 1 / L’orchestre était composé de 66 musiciens. «Entre le cerveau et la main, le médiateur doit être le cœur » Des cloches sonnent + ostinato des cordes frottées dans l’aigu Image 2 / La ville futuriste… Sonneries de cuivres en arpèges /ostinato des cordes aigues… Image 3/ engrenages des machines dont l’image vient en sur-impression/ les cordes frottées dans le registre grave annoncent les engrenages /ostinato (formule qui revient en boucle) Image 4/ 1er intermède/repos … Marimba et cordes graves… Image 5/ Retour des cuivres et accélération… Image 6 / L’horloge et ses secondes qui passent/ 2ème intermède…+ léger Image 7 / Midi : des soupapes se libèrent/cheminées /accord FFF de l’orgue Image 8 / 1er « carton » /La relève ( 1’30)/silence…vue d’ensemble des ouvriers… Image 9/ Une colonne d’ouvriers avance vers les ascenceurs et croise une autre colonne qui sort des ascenceurs / le tempo est très lent, ponctué par des cloches (le glas ?) : le pas des ouvriers qui vont travailler est doublé/ Image 10/2ème carton/ Le générique descend !!! La descente (2’29) les ouvriers qui ont fini leur journée sont présentés de dos, tête baissée, comme des automates, en rangs bien réguliers…, accablés Ils descendent :la musique est dramatique, inquiètante , accentuée par des Sons de timbale . La musique , ici, nous rappelle Hindemith, Schoenberg… Il s’agit de musique atonale , aucunement composée pour plaire…. Image 11/ arrivée dans la cité des travailleurs , déshumanisée… On entend le piano dans son registre grave , un bourdon… 4’26’’ Image 12/3ème carton (4’30) Le générique remonte !!! Le club des fils…changement de décor et d’ambiance … A nouveau des ostinatos…mais à des fins différentes…On valorise ici Le sport, l’effort…ce qui annonce le 3ème Reich.. ; 6°) Pouvez-vous donner les caractéristiques musicales de cette œuvre ? - La musique composée par G.Huppertz est jouée par un orchestre symphonique : Compte tenu du fait que l’orchestre , ici, ne fait qu’accompagner l’image montre que, Fritz Lang ne regardait pas à la dépense ! Le budget a été considérable… - Les familles des cuivres et des cordes sont omniprésentes (on peut d’ailleurs évoquer l’importance des cuivres dans la musique de Wagner qui a tellement influencé ses successeurs) : on note également quelques singularités comme la présence du marimba et de l’orgue. - Les harmonies sont, pour la plupart atonales ( à expliquer…) , ce qui nous immerge dans un nouveau monde musical propre à ce début de siècle, initié par P.Hindemith, et A.Schoenberg (expliquer…) - comme Fritz Lang, il utilise de nouveaux procédés…Son travail a été ici de rendre en musique ce que l’image véhicule :du drame , de la souffrance , de l’accablement, des contrastes d’ambiance qui viennent aiguiser nos sens . Formules répétées, instruments utilisés dans des registres appropriés, timbres évocateurs, accélérations, décélérations, nuances contrastées Conclusion Au travers de ce court extrait, nous pouvons évidemment constater que Huppertz a été formé à l’école d’illustres compositeurs tels Richard Wagner et Richard Strauss : cependant ,comme ses contemporains, il se dégage petit à petit du langage dit « classique » pour venir s’inscrire dans le mouvement expressionniste de ce début de siècle.
Documents pareils
3 synopsis en francais - Galerie Jocelyn Wolff
Les jeunes femmes, un groupe social qui avait du temps pour voyager, ont été les cibles désignées de
cette campagne publicitaire menée par l’agence Dentsu pour maintenir élevé le niveau de voyages
...
Metropolis (film, 1927)
toujours à l'orchestre, le troisième vers (« Coget omnes ante thronum ») de la troisième
strophe Tuba mirum (ce « Coget omnes » est proche du troisième vers de la première strophe,
seule diffère la...
METROPOLIS, FILM POLITIQUE... Depuis sa sortie en 1927 et jusqu
résoudre un problème social d'une manière puérile. Je dois d'ailleurs en accepter la responsabilité,
bien qu'elle ne soit peut-être pas tout à fait mienne ». le cinéaste allemand fait allusion ici...
Métropolis – Fritz Lang (1927)
fonctionnement de la cité rivés à des machines avilissantes. Un jour, Freder, le fils de Fredersen, va rencontrer Maria, esclave de la
ville basse qui prêche la bonne parole aux travailleurs. Avec ...