JULIE-VICTOIRE DAUBIÉ (1824

JULIE-VICTOIRE DAUBIÉ (1824-1874)
En août 1861, l'Académie de Lyon décerne le baccalauréat ès lettres à une femme dont la candidature
avait été refusée auparavant par l'Académie de Paris et par celle de Lyon. À trente sept ans,
Julie-Victoire Daubié devient la première bachelière de France. Il lui faut encore plusieurs mois et
l'intervention de l'impératrice Eugénie pour obtenir la remise de son diplôme qui "ridiculise" le ministère
de l'Instruction publique, du moins au dire de son titulaire. En 1871, Julie-Victoire obtient la licence ès
lettres qu'elle a préparée seule, puisque l'assistance aux cours lui est interdite. Elle meurt peu de temps
avant la soutenance de son doctorat. En ouvrant ces portes, Julie-Victoire est une pionnière qui montre
le chemin de l'émancipation des femmes seules de milieu modeste qui doivent travailler pour vivre et
affirme en actes l'égalité nécessaire des hommes et des femmes dans l'enseignement.
Son combat passe également par l'écriture d'articles et de livres. Un industriel saint-simonien l'a
introduite dans le milieu fermé des économistes lyonnais : elle écrit des articles dans divers périodiques
de prestige. Sa passion et sa révolte éclatent dans son ouvrage principal, La Femme pauvre au XIXe
siècle, paru entre 1866 et 1869, qui analyse la condition économique, morale et politique des femmes et
qui est le résultat d'une enquête très vaste. "Elle est la première à faire des femmes un objet
d'investigation ... et elle montre la spécificité de la pauvreté féminine liée au statut des femmes dans la
société civile et à l'insuffisance de leur éducation." (Michelle Perrot). Enquête très documentée sur les
emplois féminins, les salaires, la précarité et les solutions que l'on pourrait proposer pour sortir les
femmes de la misère. Ses positions sur la prostitution ont eu une influence importante sur la naissance
du mouvement abolitionniste de J.Butler en Grande Bretagne. Elle est une des premières à prendre
position pour le suffrage des femmes, juste avant que se développent les campagnes d'Hubertine
Auclert.
On sait peu de choses de la vie privée de cette Vosgienne discrète, fille d'un caissier,
préceptrice, célibataire... Est-ce pour cela que l'histoire tend à ne retenir d'elle que la date de son
baccalauréat ?
Civisme et démocratie – CIDEM