armee belge : outil de la politique de defense et de securite
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armee belge : outil de la politique de defense et de securite
ARMEE BELGE : OUTIL DE LA POLITIQUE DE DEFENSE ET DE SECURITE EXTERIEURE ETAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES POUR L’AVENIR. Antonio CACI Décembre 2011 Editrice responsable : A. Poutrain – 13, Boulevard de l’Empereur – 1000 Bruxelles Introduction ............................................................................................ 2 A. La Défense nationale, raison d’être d’une armée ............................ 3 B. La vision stratégique : une armée contribuant à la paix et à la sécurité. Des missions et des tâches redéfinies....................................... 5 C. L’Armée comme instrument de la politique étrangère. ................... 6 D. Une organisation plus souple, plus adaptée et plus transversale... 7 1. Organigramme de l’armée belge................................................. 8 2. Les moyens humains et financiers .............................................. 9 E. Les enjeux pour l’avenir : une défense moderne, au service des populations, de la paix et de la solidarité. ............................................. 10 1 Institut Emile Vandervelde – www.iev.be - [email protected] « Les militaires sont une force de la Nation et de la démocratie. » Jean Jaurès, L’Armée nouvelle, Paris, 1910. Introduction Aujourd’hui, quelques 800 militaires belges sont opérations de maintien de la paix sous l’égide Européenne ou de l’Otan : Afghanistan, Liban, démocratique du Congo et encore récemment la et au Kosovo. déployés à l’étranger dans des des Nations Unies, de l’Union côtes de Somalie, République Libye ou auparavant en Bosnie Mais que va donc faire la Belgique à l’étranger dans ces zones de conflits armés ? L’enjeu vaut-il le risque de perdre des vies et de dépenser des millions d’Euros qui pourraient être affectés à d’autres politiques ? Ne faut-il pas plutôt constituer une Armée européenne ou se laisser protéger par le parapluie de l’Armée américaine ? L’image de l’Armée a fort changé depuis la fin de la Guerre froide. Le temps n’est plus à une armée pléthorique dont la mission essentielle était de protéger le territoire national et de celui de l’Alliance atlantique contre les menaces d’invasions de l’Armée Rouge. Le service militaire obligatoire a été suspendu. Il avait fini par dévaloriser l’Armée aux yeux de beaucoup de jeunes qui ne voyaient plus l’intérêt d’aller « perdre » des mois de leur jeunesse à attendre l’ennemi qui ne venait pas, comme dans le Désert des Tartares de Dino Buzzati. La confrontation figée entre les deux anciens blocs de l’Est et de l’Ouest a laissé place à un environnement international imprévisible et complexe. « La fin de la guerre froide a débouché sur une nouvelle vision des conflits excluant les grandes batailles, mais s'éparpillant en une multitude d'affrontements dont l'issue repose avant tout sur la détermination des unités engagées »1 Place désormais à une armée de professionnels, d’hommes et de femmes volontaires et formés pour les métiers de la Défense et de la Sécurité. De 77.000 militaires (dont environ 30.000 miliciens) en 1992, l’effectif s’est réduit à 36.000 militaires en 2010 et ne devrait plus compter que 32.500 militaires fin 2011 pour un budget de 2.726 millions d’Euros, soit 7 % des dépenses primaires de l’Etat (hors pensions du personnel militaire et civil). Pour répondre à ces enjeux, l’Armée belge s’est transformée au gré des différents plans de réformes qui se sont succédés depuis la fin des années 80 1 François Gresle, Sciences Humaines, Hors-série N° 50 - Septembre - Octobre 2005. Nouvelle armée, nouvelles missions 2 Institut Emile Vandervelde – www.iev.be - [email protected] (plan Charlier 12, plan Charlier bis, plan Delcroix (CVP), plan stratégique 20002015 du Ministre Flahaut (PS)- et enfin plan de transformation 2009 de P. De Crem (CD&V)). Quel est aujourd’hui l’état de notre Armée dans le nouveau contexte international ? Quels sont les enjeux auxquels elle devra répondre pour le futur ? Quelle est son image et sa légitimité auprès de la population ? Tel est l’objet de cette analyse. A. La Défense armée nationale, raison d’être d’une Se protéger contre les menaces extérieures et donc préserver son intégrité territoriale, défendre son indépendance et garantir son modèle de société est une des premières fonctions de l’Etat. Il s’agit d’une fonction régalienne ou de souveraineté : la défense nationale.3 La diplomatie et au besoin l’armée sont les moyens institutionnels dont dispose l’Etat pour assurer cette fonction de défense nationale, à l’instar des services de police qui eux permettent de maintenir la sécurité intérieure et la tranquillité des habitants. Ils forment ensemble la force publique fondée sur le monopole de la violence légitime, élément essentiel de tout Etat-nation. Le contrôle démocratique de l’armée a été et est toujours une question importante pour les régimes démocratiques. « Les armées sont au service de la Nation. Cette responsabilité éminente implique que le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif, chacun selon sa compétence, définissent clairement leurs missions sur le territoire et à l’extérieur et leur en donnent les moyens. Les autorités civiles ont aussi la responsabilité d’établir un cadre d’action, des règles d’engagement, des procédures d’instruction et de suivi des actions opérationnelles. Seule une claire répartition des rôles et des responsabilités permet le contrôle démocratique de nos engagements militaires » 4 Selon l’ordre constitutionnel belge, il revient au pouvoir exécutif de conduire la politique extérieure du pays et donc de définir la politique de défense qui lui est 2 Du nom du Lieutenant Général Joseph Charlier, Chef de l’Etat major de l’Armée belge en décembre 1989 date de l’adoption de ce Plan Charlier 1 par le Gouvernement fédéral. Le Plan Charlier 2 a quant à lui été adopté en 1990 à la demande de Guy Coeme, Ministre de la Défense de l’époque. 3 Cfr : J-Y. Dormagen et D. Mouchard, Introduction à la sociologie politique, De Boeck, 2007. A ce sujet, il est d’ailleurs intéressant de se poser la question de savoir qui est premier de la naissance de l’Etat moderne, de la nécessité de se défendre et de faire la guerre. Selon ces auteurs, le moteur du processus historique de construction de l’Etat moderne a été la guerre, qui a joué un rôle essentiel dans sa consolidation et son institutionnalisation compte tenu des exigences administratives et financières des opérations militaires, notamment la nécessité de faire rentrer l’impôt pour payer les soldats. 4 Louis Gautier, Notre défense et la paix. 1re partie : La gauche et les problèmes de la paix – Fondation Jean Jaurès. octobre 2006 3 Institut Emile Vandervelde – www.iev.be - [email protected] liée5. La Constitution impose d’ailleurs au Roi le serment de maintenir « l’indépendance nationale et l’intégrité du territoire » (art. 91 de la Constitution) et pour cela, lui confère le pouvoir de commander les forces armées (art 167), de conférer les grades dans l'armée (art 107), et constater l'état de guerre avec l’obligation d’en informer le Parlement aussitôt que l'intérêt et la sûreté de l'État le permettent. Dans les faits, ces pouvoirs appartiennent au triangle composé du Premier Ministre, du Ministre des affaires étrangères et du Ministre de la défense, et c’est au niveau du « kern » (Conseil ministériel restreint) que se prennent les décisions et se font les grands arbitrages en matière de défense6. Dans ce domaine, le Parlement intervient surtout a postériori pour contrôler et légitimer l’action du Gouvernement. Outre son pouvoir d’adopter le budget, le Parlement détermine le statut des militaires, vote annuellement le contingent de l'armée et lui seul peut autoriser une armée étrangère à se mettre au service de l'État, à occuper ou à traverser le territoire7. Actuellement, il y a toutefois de plus en plus une volonté politique de voir le Parlement informé sans délai de toute nouvelle opération militaire à l’étranger, voire de l’en informer préalablement si possible. Ceci permet en effet au pouvoir législatif d’exercer au mieux son rôle de contrôle par rapport à l’exécutif (Cfr. La récente Déclaration de politique générale fédérale approuvée en décembre 2011). Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, le recours à la guerre par les Etats a été encadré par la Charte des Nations Unies de la sécurité adoptée le 26 juin 1945. Les Etats signataires, dont la Belgique, se sont engagés dans son Protocole « à préserver les générations futures du fléau de la guerre … et à (cette) fin, à vivre en paix l'un avec l'autre dans un esprit de bon voisinage, à unir (leurs) forces pour maintenir la paix et la sécurité internationales et à accepter des principes et instituer des méthodes garantissant qu'il ne sera pas fait usage de la force des armes, sauf dans l'intérêt commun ». En dehors de son droit « naturel » à l’autodéfense en cas d’agression armée8, un Etat n’est « autorisé individuellement ou au sein d’une organisation régionale (l’OTAN et l’Union européenne, en ce qui nous concerne) à recourir à la violence, (que) dans le cadre d’un mandat du Conseil de sécurité, après la constatation d’une menace contre la paix ou un acte d’agression »9. Compte tenu de l’internationalisation des menaces et des conflits armées, les Etats se sont rendus compte de la nécessité de nouer des alliances pour développer une défense intégrée. Pour notre pays, c’est notre engagement dans 5 R Ergec, introduction au droit public, tome 1, le système institutionnel, pages 187 et 188 6 Vincent Moyse et André Dumoulin, le processus décisionnel belge en matière d’opération civilo-militaires, Courrier hebdomadaire du Crisp, numéros 2086 et 2087, 2001. 7 Cfr article 182 et suivants de la Constitution 8 Article 51 de la Charte des Nations Unies. « Aucune disposition de la présente Charte ne porte atteinte au droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un Membre des Nations Unies est l'objet d'une agression armée, jusqu'à ce que le Conseil de sécurité ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales. Les mesures prises par des Membres dans l'exercice de ce droit de légitime défense sont immédiatement portées à la connaissance du Conseil de sécurité et n'affectent en rien le pouvoir et le devoir qu'a le Conseil, en vertu de la présente Charte, d'agir à tout moment de la manière qu'il juge nécessaire pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales. » 9 André Dumoulin et Delphine Resteigne, le militaire belge en opérations : aspects politiques et sociologiques. Courrier hebdomadaire n° 1960, Crisp, 2007, page7. 4 Institut Emile Vandervelde – www.iev.be - [email protected] l’OTAN et plus récemment notre adhésion à la Politique européenne de sécurité et de défense de l’Union européenne (La PESD). L'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) a été créée au début de la Guerre froide comme l'instrument politique et militaire pour empêcher l'invasion des pays d'Europe occidentale par l'Union soviétique et ses alliés. La pierre angulaire de l'Alliance atlantique est son article 5 qui stipule que « les pays membres conviennent de considérer une attaque armée contre l'un d'eux, en Europe ou en Amérique du Nord, comme une attaque dirigée contre tous ». Cet engagement implique pour la Belgique l’obligation de participer au système d'assistance mutuelle automatique en cas d'agression armée en Europe et pour cela de mettre des capacités militaires à disposition de l’OTAN. Notre pays est aussi le pays hôte du Quartier général de l’OTAN à Evere et du SHAPE (commandement opérationnel de l’OTAN pour l’Europe) à Mons. Le changement du contexte international a obligé l’OTAN à revoir sa stratégie, en y prenant plus en compte le développement d’une dimension plus européenne au sein de l'Alliance (Concept appelé « Identité européenne de sécurité et de défense ») et la prévention des conflits et la gestion des crises. Cela a justifié des opérations extérieures au Kosovo, en Afghanistan et plus récemment en Libye auxquelles a participé l’Armée belge. Afin de renforcer son rôle en matière de gestion internationale des crises militaires et civiles, l’Union européenne met en œuvre une politique commune de sécurité et de défense. Le traité de Lisbonne de 2009 fait de la défense commune une partie intégrante de la politique étrangère et de sécurité commune et permet une plus grande coopération militaire européenne. Si la création d'une armée européenne n’est pas encore à l’ordre du jour, la Politique européenne de sécurité et de défense de l’Union européenne (PESD) prévoit que les États membres peuvent mettre des capacités civiles et militaires à la disposition de l'Union dans le cadre d'opérations menées au titre de la politique commune de sécurité et de défense. La participation aux opérations de ce type se fait toujours sur une base volontaire. Ce fut le cas en 2004 pour la participation de la Belgique à l’EUFOR (stabilisation de la situation en Bosnie). Les difficultés budgétaires auxquelles sont confrontés les Etat-membres de l’Union européenne vont certainement accélérer la constitution d’une défense intégrée européenne. B. La vision stratégique : une armée contribuant à la paix et à la sécurité. Des missions et des tâches redéfinies Le plan stratégique pour la modernisation de l’Armée belge 2000-2015 adopté par le gouvernement Verhofstadt I à l’initiative du Ministre de la Défense de l’époque, André Flahaut (PS), a non seulement redéfini les missions de la Défense, mais a aussi transformé les structures et adapté les capacités de 5 Institut Emile Vandervelde – www.iev.be - [email protected] l’Armée au nouveau contexte mondial et aux nouveaux enjeux stratégiques qui en découlaient. Ce renouvellement de la conception de l’Armée s’inspire de la nouvelle stratégie européenne de sécurité et de défense (PESD). « Le principal objectif de la politique de sécurité et de défense belge est de contribuer à la paix et à la sécurité en favorisant une plus grande stabilité dans le monde » (Plan stratégique + Evaluation et Perspectives – 2003). Cela entraine une redéfinition des missions et des tâches de l’Armée. Dans le cadre du « Plan stratégique 2000-2015 », une distinction est opérée entre les « missions » et les « tâches ». Pour le Ministère de la Défense, une « mission » implique l’organisation d’entraînements spécifiques préalables et le consentement à des investissements nécessaires. Les moyens dont l’armée dispose pour les missions peuvent aussi être utilisés pour d’autres objectifs dénommés « tâches ». Les « missions » de l’Armée consistent en : - La protection de l’intégrité du territoire national et celui de l’Alliance (pays de l’OTAN) ; La responsabilité dans les opérations de réponse de crise ; La diplomatie de défense ; Le rapatriement des ressortissants nationaux. A ces missions, s’ajoutent deux « tâches » : l’aide à la nation (par exemple : sauvetage en mer, interventions en appui des services de sécurité civile en cas de catastrophes, ouverture aux civils de l’Hôpital militaire de Neder Over Heembeek) et l’aide humanitaire (par exemple : la mise à disposition d’avions de transports C-130 pour les opérations humanitaires urgentes). C. L’Armée comme instrument de la politique étrangère. La politique de Défense est intimement liée au contexte international dont l’évolution entraîne un changement à la fois du rôle de l’armée et des modalités de l’usage de la force militaire pour assurer la défense des Etats. Aujourd’hui, « la menace visant un Etat-nation particulier s’estompe au profit de menaces aux guerres asymétriques10 (terrorisme, conflits culturels, ethniques et religieux, séparatisme, …) ou dissymétriques11 dont la résolution ne peut se limiter exclusivement au niveau national et dont la durée souvent très courte (guerre du Kosovo ou chute des talibans) est suivie d’une période asymétrique 10 Menaces ou guerres opposant des adversaires dont les objectifs, les forces et les méthodes sont fondamentalement différents. 11 Menaces ou guerres opposant des armées régulières mais aux capacités fortement inégales. 6 Institut Emile Vandervelde – www.iev.be - [email protected] très longue, très instable et parfois très couteuse en vies humaines (Irak) dans la période de stabilisation et de consolidation »12 Quelles en ont été les conséquences pour les armées ? L’option stratégique majeure est qu’« il faut faire la paix dans notre voisinage pour ne pas avoir la guerre chez nous »13, d’où la nécessité d’opérations militaires à l’étranger dans un cadre multinational, car les Etats, même pour les plus importants, se sont rendus compte qu’ils leur étaient impossible budgétairement, politiquement et opérationnellement de mener seuls ces opérations militaires à l’étranger. La conviction aussi que la stratégie de sécurité ne devait plus être lue dans sa seule dimension militaire, mais, qu’elle devait désormais « inclure d’autres dimensions que les seules opérations militaires »14, comme la diplomatie ou la coopération au développement, car est apparu l’impossibilité « de pouvoir dissocier les phénomènes de sécurité extérieure de ceux relevant de la sécurité intérieure »15 Ces nouvelles données stratégiques ont eu des impacts sur l’organisation des armées – pour citer les plus significatives : la professionnalisation des effectifs (militaires volontaires mieux formés et entrainés) ; transformation des unités militaires en capacités plus souples, facilement projetables, modernisation des équipements, unicité du commandement et amplification des coopérations militaires multinationales (par exemple, création de l’Eurocorps). D. Une organisation plus souple, plus adaptée et plus transversale. La structure de la Défense modifiée par le Plan stratégique vise à intégrer les nouveaux concepts de flexibilité, souplesse, aéromobilité et puissance de feu, associés à des interventions multinationales inscrites dans le cadre de la politique européenne de sécurité et de défense de l’Union européenne, des missions de l’ONU et de l’OTAN. L’objectif est bien « d'avoir des troupes opérationnelles à 100 %, mieux équipées, plus rapidement engagées sur le terrain et pouvant être maintenues longtemps sur place »16. Depuis 1992, l’Armée belge ne possède plus qu’un seul Etat-major de Défense interarmes (Structure unique). Les Forces militaires (Force terrestre, Force navale, Force aérienne et Force médicale) sont devenues des composantes 12 André Dumoulin et Delphine Resteigne, le militaire belge en opérations : aspects politiques et sociologiques. Courrier hebdomadaire n° 1960, Crisp, 2007, page7. 13 Alain Joxe, la divergence euro-américaine devient un conflit stratégique, revue « Le débat stratégique », n° 91, mai 2007, www.cirpes.net. 14 André Dumoulin et Delphine Restreigne, op cit, page 10. 15 François Gresle, op cit. 16 André Dumoulin et Delphine Restreigne, op cit, page 15. 7 Institut Emile Vandervelde – www.iev.be - [email protected] opérationnelles sous un seul commandement intégré pour permettre plus de souplesse de fonctionnement et plus de transversalités. Le principal organe est le commandement général (communément appelé l’étatmajor) dirigé par le chef de la défense (CHOD17). Il se compose de cinq départements d'état-major, et de six directions générales (voir le schéma cidessous). 1. Organigramme de l’armée belge18 Ministère de la Défense DG formation DG image et public relations Commandement général ACOS « stratégie » ACOS « évaluation » ACOS « renseignement et sécurité » ACOS « bien-être » DG Form ation DG Imag e et public relati ons ACOS « opérations entraînement » Composante terre Composante air DG « huma n resourc es » DG « resources » DG « budge t et finances » DG « appui juridique médiation » Compo sante marine Composante médicale material et et Les quatre composantes (ex Forces armées) sont les « outils » opérationnels de l’Armée, chacune selon les spécificités de ses missions : la composante « terre » - numériquement la plus importante, la composante « air », la composante « marine » et la composante « médicale », appelée « service médical ». La composante « terre » est composée de diverses unités et de deux brigades : la brigade légère, capacité parachutable composée de trois bataillons rapidement projettables sur des terrains d’opérations extérieures, du Special Force Group 17 18 CHOD = chief of defense (chef de la défense) ACOS = Sous- chef d’Etat-major /DG = Direction générale 8 Institut Emile Vandervelde – www.iev.be - [email protected] (forces spéciales) et la brigade médiane constituée quant à elle de quatre bataillons (2 néerlandophones et 2 francophones). La composante « air » dispose de quatre bases aériennes : les bases aériennes de Beauvechain et de Melsbroek où sont stationnées nos capacités de transport stratégique aérien et d’hélicoptères ; les bases aériennes de Florennes et de Kleine-Brogel pour nos avions de chasse F-16 et enfin la base aérienne de Coxyde avec les hélicoptères de sauvetage en mer. La composante « marine » avec la base navale principale de Zeebrugge où sont amarrés nos deux frégates, nos chasseurs de mines et les autres navires de soutien chargés de missions diverses principalement au service de la population et de tâches civiles (garde-côtes, de garde-pêche, de lutte contre la pollution marine et de sauvetage en mer). 2. Les moyens humains et financiers Au 1er septembre 2011, l’Armée comptait 32.990 militaires et 2.159 civils. A ces militaires de carrière, l’on doit ajouter 6.933 réservistes qui ont effectué plus de 14.000 jours de rappel en 2010. On observe que les sous-officiers sont devenus les plus nombreux (plus de 40 % de l’effectif), « ceci résulte du fait qu’avec les évolutions technologiques et la spécialisation croissante du métier militaire, la majorité des militaires exercent, à présent, des fonctions plus spécialisées »19 Comme toute organisation, l’Armée doit disposer d’un personnel bien formé, correctement entraîné et surtout motivé pour assurer au mieux ses missions dans le nouveau contexte stratégique. Le budget global de l’Armée est pour 2011 de 2,726 milliards €, soit 7 % des dépenses primaires de l’Etat (hors pensions du personnel militaire et civil). La répartition fonctionnelle est approximativement la suivante : 65 % sont affectés aux dépenses de personnel, 24 % au fonctionnement et 11 % aux investissements, soit plus de 290 millions €. L’Armée est en effet un grand investisseur public. De 1999 à 2010, 3.488 millions d’Euros ont été investis en matériel, avec une pointe de 1.381 millions € en 2001 (lié à l’achat des avions A440M). L’Armée dispose de 172 quartiers militaires (bases, implantations immobilières, domaines, casernes) sur l’ensemble du territoire belge, ce qui représente 4.05 millions de m2 construits. 87 quartiers sont situés en Flandre, 78 en Wallonie et 7 à Bruxelles, dont notamment le Quartier général Reine Elisabeth à Evere. Le plan de finalisation de la transformation de l’Armée du Ministre de la Défense Pieter De Crem prévoit la fermeture de 26 quartiers militaires d'ici 2014. Au 1er juillet 2011, 8 quartiers avaient déjà été fermés. Les autres devraient suivre progressivement. Bien que s’inscrivant dans le cadre de la finalisation de la transformation des forces armées en cours depuis plus de 20 ans, le plan De 19 André Dumoulin et Delphine Restreigne, op cit, page 30 9 Institut Emile Vandervelde – www.iev.be - [email protected] Crem avait essentiellement des considérations budgétaires : réaliser une structure militaire payable moyennant la stabilisation du budget et une économie de 97 millions €. Selon le ministre de la Défense, P. De Crem, malgré ce plan, la Belgique devrait maintenir son niveau d’ambition international et donc la plupart de nos engagements envers l’OTAN et l’Union européenne, soit viser à maintenir 1.200 militaires en permanence en opération. Dans la réalité des 3 dernières années on constate cependant que le nombre de militaires à l’étranger tourne plutôt autour d’un peu plus de 800 hommes. Le niveau d’ambition de 1.200 militaires n’a donc plus été atteint. Le plan De Crem devra être actualisé par le prochain gouvernement afin de rétablir une adéquation entre l’ambition que nous voulons assigner à notre Défense et les effectifs de l'armée à la lumière des moyens budgétaires disponibles.(Cfr La récente Déclaration de Politique Générale fédérale approuvée en décembre 2011) E. Les enjeux pour l’avenir : une défense moderne, au service des populations, de la paix et de la solidarité. L’armée constitue une des pierres angulaires de la politique belge de sécurité extérieure. Elle est aujourd’hui à la croisée des chemins. Elle doit finaliser sa transformation pour consolider l’approche stratégique définie dans le Plan stratégique 2000-2015 : celle d’une armée qui se caractérise par sa dimension proactive privilégiant la prévention des risques, le recours en priorité aux instruments civils de prévention des menaces et son intégration au sein d’une défense européenne. Dans cette perspective, il conviendra d’évaluer l’état de réalisation du Plan de transformation du Ministre DeCrem. L’armée doit privilégier une action défensive, et ne pas s’inscrire dans une logique d’agression. L’objectif de l’armée belge doit être de construire et de préserver un environnement international stable et pacifique. L’effort doit porter sur la prévention des conflits et sur la consolidation de la paix comme l’écrivait Paul Quilés, ancien ministre français de la Défense20. La perspective d’une armée de 30.000 militaires à l’horizon 2015 tel que fixée dans la récente déclaration de politique générale fédérale approuvée en décembre 2011, rend nécessaire un nouveau plan stratégique qui fixera le nouveau niveau d’ambition pour la défense belge : réaliste, faisable, adapté à nos moyens actuels et futurs et aux besoins nationaux et internationaux. Dans cette perspective, l’enjeu sera de gérer l’Armée de façon plus progressiste, « en prenant en compte le département avec son potentiel en matière de 20 Paul Quilès et la Commission défense du Parti Socialiste, Les socialistes et la défense, Les Notes de la Fondation Jean-Jaurès, n° 18, janvier 2001 10 Institut Emile Vandervelde – www.iev.be - [email protected] personnel, de matériel, d’infrastructures, de capacités d’actions. Plutôt que de replier cette force sur elle-même, il faut l’ouvrir au maximum vers les autres départements et dégager un ensemble de synergies au profit de la population tout entière et cela pour la paix et la solidarité, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. » 21 Sur le plan international, la Belgique devra poursuivre et renforcer son engagement pour une Europe de la défense, afin de permettre l’émergence d’une réelle stratégie européenne, émancipée de la stratégie américaine actuellement dominante au sein de l’OTAN. A ce sujet, la nécessaire transformation de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ne doit pas conduire celle-ci à mener des opérations militaires à travers le monde, à l’instar d’un gendarme international, et devra se fonder sur le respect de certains principes fondamentaux : la conformité au droit international des opérations OTAN et leur caractère strictement militaire, le maintien de la règle du consensus en matière de prise de décision et de la prise en charge par chaque nation des coûts de son propre engagement. Dans cette perspective, l’Armée belge devra développer davantage les domaines dans lesquels son expertise est reconnue sur le plan international : la lutte contre les mines, la sécurisation d’actions humanitaires, le transport aérien opérationnel pour ne citer que ces exemples. De même, il faudra encourager les collaborations et synergies avec des partenaires européens, à l’instar de ce que la Composante « marine » réalise déjà depuis de nombreuses années avec la Marine militaire des Pays-Bas. Institut Emile Vandervelde Bd de l’Empereur, 13 B-1000 Bruxelles Téléphone : +32 (0)2 548 32 11 Fax : + 32 (02) 513 20 19 [email protected] www.iev.be 21 ,Interview d’Andre Flahaut dans la revue Pyramide sur la reforme de l’Armée, 2011, page 54. 11 Institut Emile Vandervelde – www.iev.be - [email protected]