CR Réunion régionale Loutre 20 04 09

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CR Réunion régionale Loutre 20 04 09
« PLAN NATIONAL D’ACTIONS POUR LA LOUTRE EN FRANCE »
Compte rendu de la réunion inter régionale Auvergne-Limousin
20 avril 2009 – Meymac (Corrèze)
Participants :
Monsieur Philippe BARRY, Conseil Régional du Limousin
Monsieur Dominique ROUCHER, Conseil Général de la Corrèze
Monsieur Patrick CHEGRANI, DIREN Auvergne
Monsieur Frédéric GISCLARD, DIREN Limousin
Monsieur Christian LACROIX, DDAF Allier
Madame Fanny DALLA BETTA, PNR Millevaches en Limousin
Monsieur Gérard JOBERTON, PNR Millevaches en Limousin
Madame Nadège GUIMARD, PNR des Volcans d’Auvergne
Monsieur Pierre-Jean ALEM, PNR des Volcans d’Auvergne
Monsieur Stéphane HIPPOLYTE, PNR Périgord-Limousin
Monsieur Jean-Pierre FRESQUET, ONCFS Délégation Auvergne-Languedoc-Roussillon
Monsieur Bernard DUBREUIL, ONCFS Creuse
Monsieur Ludovic HUCHEROT, ONEMA Corrèze
Madame Emilie JAUNAY, Fédération Régionale des Chasseurs du Limousin
Monsieur Bernard LACHAUD, Fédération de Pêche de la Corrèze
Monsieur Yvon LARATTE, Syndicat des Propriétaires d’Etangs de la Creuse
Monsieur Gino LEFEBVRE, Syndicat des Etangs Corréziens
Monsieur Max SICARD, Syndicat des Etangs Corréziens
Madame Florence COMPAIN, CPIE Corrèze
Monsieur Philippe RAYNARD, Association Pic Noir
Monsieur Frédéric LEBLANC, GMHL et CREN Limousin
Monsieur Stéphane RAIMOND, Pisciculteur à Bugeat
Mademoiselle Rachel KUHN, Société Française d’Etude et de Protection des Mammifères
Monsieur Christian BOUCHARDY, CSRPN Auvergne
Monsieur Charles LEMARCHAND, Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon et Groupe Mammalogique
d’Auvergne
Etaient excusés :
Monsieur François HOLLANDE, Président du Conseil Général de la Corrèze
Monsieur Jean-Jacques LOZACH, Président du Conseil Général de la Creuse
Monsieur Christian AMBLARD, Président du CSRPN Auvergne
Monsieur le Président de la Fédération de Pêche de la Haute-Vienne
Monsieur Thierry MERLAUD, SNCF
Monsieur Patrice LEBRUN, ASF
Monsieur Philippe CHAVAREN, ASF
Monsieur Karim GUERBAA, RNN Tourbière des Dauges
Monsieur Romuald DOHOGNE, CSRPN Limousin
Monsieur Guillaume PONSONNAILE, Syndicat Interdépartemental de Gestion de l’Alagnon et ses
affluents
Monsieur Laurent BERNARD, Syndicat Mixte d’Aménagement de Haut-Allier
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Monsieur Willy GUIEAU, CPIE du Velay
Monsieur Mathieu NESEN, CPIE du Pays Creusois
Madame Anne-Laure MARCHAND, EDF
Madame Véronique MOREL, Conseil Général de Haute-Loire
Madame Béatrice MICHALLAND, DDEA Puy-de-Dôme
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En ouverture de cette réunion inter régionale relative au plan national d’actions sur la loutre en
France, M. GISCLARD indique que cette réunion a été organisée par les DIREN Auvergne et
Limousin. et sera animée par Mlle KUHN qui est chargée de l’élaboration du plan pour le compte du
prestataire choisi par le Ministère, la S.F.E.P.M.
Le plan national d’actions sur la loutre s’inscrit dans le programme mis en place par le Ministère
depuis 1996 en vue de la réalisation des plans de restauration, aujourd’hui appelés plans nationaux
d’actions, pour des espèces dont l’état de conservation n’est pas favorable. Ce dispositif, conduisant à
des propositions d’actions pour restaurer les espèces et leurs habitats, vient en complément du
dispositif réglementaire relatif à la protection de la flore et de la faune menacées.
Le comité de pilotage national du plan, réuni le 17 mars dernier à Limoges pour le lancement de
l’élaboration du plan, a décidé la création d’un comité scientifique et a proposé que des réunions
d’échanges sur la problématique loutre soient organisées régionalement afin de faciliter le travail du
prestataire pour le recueil d’informations et de propositions. La présente réunion rassemble les acteurs
concernés en Auvergne et Limousin et est la première de plusieurs organisées en régions à l’initiative
des DIREN, de la SFEPM et d’associations locales.
Présentation du programme d’élaboration du plan (Mlle KUHN)
Présente sur l’ensemble du territoire national au début du XXème siècle, la loutre a connu ensuite
un déclin de sa répartition jusque dans les années 1970-1980 où elle n’était signalée de façon
significative que sur une partie de la façade atlantique et en Limousin. En 2005, selon la SFEPM , elle
est surtout présente dans tous les départements maritimes de Bretagne, des Pays de Loire et
d’Aquitaine, dans les parties ouest et sud Massif Central et dans le piémont pyrénéen. Des indices de
recolonisation récente ont été notamment observés en Dordogne, Charente et Aveyron.
La loutre est une espèce protégée (Loi de Protection de la Nature, Convention de Berne, Directive
Habitats, Convention de Washington) qui nécessite un suivi spécifique ; la rédaction du plan doit
permettre une réactualisation des connaissances, une harmonisation des données et faciliter les
échanges et la communication.
Les problématiques actuelles sont :
- l’impact dans les piscicultures ;
- la mortalité routière ;
- la conservation des habitats ;
- l’utilisation des corridors biologiques ;
- les effets des pollutions ;
- la collecte des cadavres ;
- les études scientifiques ;
- l’homogénéisation des protocoles de terrain ;
- la communication intra et extra réseau ;
- la centralisation des informations.
Le plan devra présenter : l’état des lieux, le diagnostic des enjeux et des besoins de conservation, et
les actions à conduire au niveau national et régional dans les domaines des études, de la protection et
de la communication. Trois réunions du comité de pilotage national (mars, juin et octobre) et une des
coordinateurs régionaux (juin) sont prévues ; les membres du comité scientifique seront consultés tout
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au long de l’élaboration du plan. Après la phase de consultation interministérielle et les dernières
corrections, le plan devra être présenté pour validation à la Commission Faune du CNPN (octobre ou
décembre).
Présentation sur la Loutre en Auvergne (M. BOUCHARDY)
Parties d’un noyau limousin (sud Creuse – nord Corrèze), les populations de loutres ont évolué à
partir des années 1980 vers le Puy-de-Dôme, puis vers le Cantal et la Haute-Loire, par franchissement
des têtes de bassin. Les bassins de la Haute-Dordogne, du Haut-Allier, des Couzes et de la Sioule ont
ainsi été progressivement reconquis. Actuellement, la loutre est présente sur l’ensemble des
départements du Cantal et du Puy-de-Dôme et sur une grande partie du département de la Haute-Loire.
L’axe Allier est pratiquement reconquis dans sa totalité sur la région Auvergne. Dans le département
de l’Allier, les populations de loutres sont assez clairsemées sur les bassins du Cher et de la Loire,
mais le manque de connaissance est très important sur ce département. Concernant le fleuve Loire
proprement dit, la situation est globalement bien connue jusqu'au Puy-en-Velay. La partie située à
l'aval, depuis le Puy-en-Velay jusqu'à Nevers, pour laquelle des informations commencent à nous
parvenir, se caractérise par un important manque de connaissances globales. Compte tenu de la
dynamique constatée dans le reste de la région et de la présence des deux grands barrages de Grangent
et Villerest sur la Loire, le suivi de la loutre dans ce secteur est particulièrement intéressant et
nécessaire dans la perspective de la poursuite de la recolonisation de l'intégralité du bassin de la Loire.
M. LEMARCHAND fait état des travaux de recherche en écotoxicologie qui sont conduits sur la
Loutre par l’Ecole Vétérinaire de Lyon : ainsi notamment, les pesticides, PCB, métaux lourds, anticoagulants sont analysés sur les épreintes et cadavres collectés. Les résultats mettent en évidence une
contamination des loutres étudiées qui n’engendre pas de mortalité directe ; les synergies des produits
toxiques peuvent toutefois avoir un impact sur le comportement des individus touchés et sur
l’ensemble de la chaîne alimentaire. Cette étude sera poursuivie par l’analyse des triazines et
organophosphorés et sera étendue au bassin de la Loire. Le but de ces travaux est de suivre au fur et à
mesure la recolonisation, ainsi que d’anticiper les possibles impacts de substances toxiques sur l’état
de conservation de la loutre.
Sur l’autoroute A89, ce sont une trentaine de passages à loutres qui ont été aménagés. Un suivi
régulier par recueil d’indices de présence et photographies permet de conclure à un bilan très
satisfaisant de l’efficacité de ces aménagements techniques simples, basés sur des principes très
pragmatiques.
Présentation sur la Loutre en Limousin (M. LEBLANC)
La recolonisation, dans les années 1980 à partir du noyau haut-limousin, a concerné les bassins de
la Creuse, de la Gartempe, de la Vienne, de la Dordogne, de la Vézère et de la Dronne. La jonction
entre les populations installées en Auvergne–Limousin et celles de la façade atlantique a ensuite
concerné la Haute-Vienne, la Charente et la Dordogne par des corridors de recolonisation.
L’amélioration de la qualité des eaux constatée depuis une vingtaine d’années, l’évolution de la
disponibilité alimentaire avec notamment de nouvelles espèces invasives à forte densité (écrevisses
américaines) constituent des facteurs qui ont pu favoriser cette expansion.
Parmi les facteurs potentiellement défavorables, les barrages n’ont finalement pas constitué des
obstacles à la recolonisation des loutres vers l’aval ou vers l’amont. Le trafic routier est responsable de
mortalités certainement sous-estimées (une quinzaine de cadavres recensés en 4 ans en Limousin) ; le
réseau routier limousin, en dehors de l’A89, n’est pas équipé d’ouvrages conçus spécifiquement.
Ponctuellement, des piégeages autour de piscicultures ou des empoisonnements par la bromadiolone
(pourtant non prouvés) ont pu occasionner des pertes dans les populations de Loutre.
Des actions ont déjà été conduites :
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sur une pisciculture à Bugeat : suite à d’importants prélèvements de truites dans les bassins par
des loutres, des études ont été réalisées par l’association LNE et ont abouti à l’installation de
dispositifs expérimentaux empêchant l’introduction des loutres dans l’établissement ; les
professionnels ont pu bénéficier de conseils techniques reposant sur les solutions ainsi
expérimentées ;
- restauration de milieux : des conseils ont pu être apportés aux techniciens surtout en Corrèze.
Le plan Loutre permettrait de répondre aux attentes suivantes :
- développer le rôle de médiateur sauvage notamment auprès des pisciculteurs et des exploitants
d’étangs (conseils techniques) ;
- équiper le réseau routier d’aménagements propices aux passages des loutres ;
- mettre en place des actions « loutre » dans les sites Natura 2000 ;
- réactualiser régulièrement les données sur les zones de reconquête récente.
Echanges et propositions
Répartition locale des populations :
Aux interrogations des représentants des propriétaires d’étangs sur la réalité des effectifs en
évolution depuis 20 ans et l’impact de l’espèce sur la ressource en poissons, les spécialistes indiquent
que :
- aucun comptage précis des effectifs n’a pu être fait ; seules existent des estimations (entre
1500 et 3000 pour le Limousin selon une estimation faite en 2005) ;
- le nombre de loutres par kilomètre de rivière est faible avec une ressource alimentaire trop
faible pour permettre l’installation de populations importantes ;
- la loutre est un animal territorial dont l’importance du territoire est conditionnée par
l’abondance de la ressource ;
- le comportement alimentaire de la loutre et ses conséquences sur du cheptel piscicole ne sont
en rien comparables à ceux du cormoran (pas de concentration de loutres).
Pour M. BOUCHARDY, la raison principale de la recolonisation naturelle de la loutre est la
protection légale dont bénéficie cette espèce depuis une trentaine d’années qui a conduit tout d’abord à
une stabilisation des effectifs avant la reconquête constatée ; l’état des populations reste toutefois
encore fragile.
Régulation des populations :
Les représentants de la chasse expriment le souhait de ne pas exclure toute possibilité
d’envisager à l’avenir une régulation des populations de loutres comme pour le cerf ou le cormoran.
Les spécialistes indiquent que ce type de mesure, qui irait contre le droit européen, leur semble
inopportune car ce sont les facteurs naturels et les caractéristiques biologiques et comportementales de
l’espèce qui limitent naturellement les populations. Ce patrimoine biologique doit être préservé au
niveau national et international. Les effectifs de loutres sont par ailleurs relativement réduits.
Prédation dans les élevages piscicoles :
Les représentants des propriétaires d’étangs font état de témoignages de plus en plus nombreux de
la prédation significative des loutres sur les piscicultures d’étangs, notamment dans les bassins de
stockage. Le représentant de l’ONEMA et les spécialistes s’étonnent de l’importance donnée à ce
phénomène dans des élevages extensifs en étangs par rapport à la situation plus vulnérable des
salmonicultures en bassins ; des solutions techniques et financières sont toutefois à rechercher avec
l’ensemble des partenaires. Aucune diminution de la biomasse piscicole, imputable à la prédation par
des loutres, n’a été observée en rivière comme en atteste le témoignage du représentant des pêcheurs.
M. BOUCHARDY a suggéré qu’une étude soit réalisée pour estimer les prélèvements de poissons
par les loutres en étangs. Cette étude pourrait porter sur un échantillon représentatif d’étangs (selon la
taille de l’étang et son usage (professionnel ou récréatif)), et elle déterminerait les poissons pêchés en
priorité par les loutres et les quantités respectives (sur la base d’épreintes de loutres et d’estimations de
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la biomasse de l’étang). Il s’agirait d’apporter au débat des éléments objectifs. Ce protocole reste à
affiner. Cette étude pourrait être proposée pour le plan national d’actions pour la loutre.
Mortalité :
La mortalité routière touche essentiellement des sujets jeunes en quête de nouveaux territoires.
En dehors des aménagements existant tout au long de l’autoroute A89, tout ou presque reste à faire sur
le reste du réseau routier, notamment à l’occasion des rénovations d’ouvrages comme ce qui est réalisé
en Bretagne. M. ROUCHER reconnaît que la problématique doit être mieux prise en compte par les
services techniques du Conseil Général de la Corrèze, en priorité sur les ouvrages nouveaux ;
l’information et la formation technique des agents est indispensable.
En Limousin, aucune collecte des cadavres retrouvés au bord des routes n’est organisée. Pour le
bassin de la Loire, M. LEMARCHAND indique que les cadavres sont collectés et acheminés dans des
centres de stockage avant analyses éco-toxicologiques. Il y a une véritable nécessité d’organiser cette
collecte au niveau national.
Pour les représentants de l’O.N.C.F.S. et des chasseurs, il est souhaitable de sensibiliser les
associations de piégeurs à la vulnérabilité des loutres à certains pièges qu’ils utilisent.
Collecte de données :
Les représentants de l’ONCFS informent que les données comme les indices de présence ou la
situation des cadavres observés seront mises à la disposition du prestataire.
Mlle KUHN souligne que le plan permettra une réactualisation de la carte de présence de l’espèce
en France et devra proposer une méthodologie adaptée pour le recensement.
Divers :
Pour M. BOUCHARDY, il est primordial de travailler sur des mesures de prévention en tenant
compte des objectifs de la directive Cadre sur l’eau et des nouveaux aménagements hydro-électriques
que pourraient engendrer la nouvelle politique énergétique. La préservation des zones humides, non
directement liées aux cours d’eau, est également importante car elles sont souvent un facteur positif à
la recolonisation d’un bassin à un autre.
Les représentants des P.N.R. attendent du plan que les propositions concrètes d’actions aillent audelà des actions déjà conduites et que la notion de corridors écologiques soit considérée. Pour M.
HIPPOLYTE, le plan doit prioritairement proposer des solutions aux problèmes de conflits d’usages
(piscicultures, étangs, routes,…).
A la remarque de Mme COMPAIN qui regrette, pour des raisons d’animations pédagogiques,
qu’il n’existe pas dans la région de lieu d’observation directe de loutres, M. RAIMOND indique que
sa pisciculture constitue un observatoire reconnu et notamment fréquenté par les naturalistes et par des
photographes animaliers.
Pour M. LEBLANC, les échanges réguliers d’information seront utiles même si le niveau de
connaissance et de propositions d’actions est disparate d’une région à l’autre. Le financement des
actions du plan constituera toutefois un élément important pour la réussite de leur mise en œuvre.
Bilan des propositions de sujets de fiches-actions :
Les discussions ont fait ressortir plusieurs sujets qui pourraient faire l’objet de fiches-actions du
plan national d’actions pour la loutre en écho aux problématiques exposées au début de la réunion :
Réalisation d’une étude des prélèvements de poissons par les loutres en étangs.
Information et formation technique des maîtres d’ouvrage de projets routiers (bilan de retours
d’expérience, guide de bonnes pratiques par ex.).
Organisation de la collecte de cadavres.
Sensibilisation des associations de piégeurs.
Préservation et restauration des corridors écologiques.
Préservation des zones humides de têtes de bassin.
Actions de communication et d’information.
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En conclusion, Mlle KUHN annonce que les coordinateurs régionaux seront réunis début juin pour
travailler sur les propositions de fiches-actions qu’elle préparera, avant la prochaine réunion du comité
de pilotage national prévue le 11 juin. M. CHEGRANI demande que les participants aux réunions
régionales soient également consultés en amont de la phase de validation finale ; M. GISCLARD
propose que les DIREN constituent le relais de ces échanges avec le prestataire. Mlle KUHN souligne
qu’il lui sera très difficile, compte tenu du calendrier très serré qu’il lui est imposé, d’assurer ellemême la consultation de chacun sur les projets de fiches-actions, ce rôle relevant plutôt des
coordinateurs régionaux.
M. GISCLARD remercie les participants et indique que l’ensemble des invités à la réunion sera
destinataire du compte rendu et de la copie du diaporama de présentation effectuée par Mlle KUHN.
DIREN Auvergne
DIREN Limousin