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SOCIÉTÉ FRANÇAISE D'ÉLECTROPHORÈSE & D'ANALYSE PROTÉOMIQUE n°40, Décembre 2005 Association loi 1901. Membre du Conseil International des Sociétés d'électrophorèse (ICES). Siège Social : http://sfeap.free.fr ESPCI, LECA 10 rue Vauquelin 75005 PARIS. Responsable de la publication : Hubert Hondermarck ; Rédacteur en chef : F.Xavier Desvaux Rédacteur adjoint : Michel Perrot Éditorial Deux mois et demi déjà depuis le symposium de Montpellier, qui a été une réussite totale. Les organisateurs ont réussi le tour de force de réunir des scientifiques d’horizons parfois très différents, en gardant une homogénéité remarquable. Un grand merci à eux! Ils ont ouvert la voie de futurs symposiums, qui seront sans nul doute tout aussi intéressants. L’essentiel de ce numéro sera consacré au compte rendu de ce congrès, et de celui de Munich (4e Congrès international HUPO) rédigé par les lauréats des bourses attribuées par la SFEAP. Cette année a vu aussi un changement du Conseil d’administration de notre société, conformément à ses statuts. Réservez dès aujourd’hui sur vos agendas les dates du prochain congrès à Saint Malo, la cité corsaire, qui se tiendra du 16 au 18 octobre prochain. Et puisque c’est la saison, je profite de l’occasion pour vous souhaiter de très joyeuses fêtes, et une très bonne et heureuse année 2006. F.Xavier Desvaux Sommaire Montpellier, l'aqueduc Saint Clément (Photo D.Godfrin) Le mot du nouveau Président ................................................................................................................. Le nouveau Conseil d'Administration .................................................................................................... Le Club Jeune de la SFEAP....................................................................................................................... Compte-rendu de la 1ère journée thématique du Club Jeune............................................................ Le Symposium de Montpellier................................................................................................................... Compte-rendu du Symposium de Montpellier...................................................................................... Compte rendu du congrès HUPO (Munich, 2005) ................................................................................ Nos partenaires........................................................................................................................................... Pour les prochaines manifestations, reportez vous au site http://sfeap.free.fr page 2 page 3 page 4 page 5 page 6 page 8 page 20 page 26 Page 2 Le mot du président L'intérêt pour l'analyse du protéome et la protéomique est actuellement en pleine expansion et cette vague de fond traverse tous les domaines des sciences biologiques tant aux niveaux académique qu'industriel. Dans ce contexte, une société savante comme la nôtre a un rôle important à jouer comme instrument d'information, de rassemblement et d'aide. Information. Il y a tout d'abord une réelle demande d'information sur les projets en cours et l'évolution des méthodologies attenantes. Pour répondre à cette attente, la SFEAP organise deux journées scientifiques chaque année (l'une en Février, l'autre en Juin). L'année passée, les thématiques retenues étaient "Protéines membranaires" et "Applications biomédicales de la protéomique". Pour 2006 nous organiserons une journée sur "Les problèmes analytiques en spectrométrie de masse et protéomique" le 9 Mars. Pour la seconde, à ce stade, les suggestions sont les bienvenues. De plus, la lettre de la SFEAP (merci à Xavier Desvaux !) ainsi que notre site Web http://sfeap.free.fr (merci à Michel Perrot !) sont également des moyens d'information très utiles. Rassemblement. L'organisation d'un congrès, chaque année, permet de rassembler les adhérents et d' échanger les expériences, difficultés, réussites et projets de chacun. En 2006, le congrès organisé dans le cadre de la SFCBA a Montpellier a clairement été un grand succès. En 2007, notre congrès annuel sera organisé à St-Malo du 16 au 18 Octobre par Charles Pineau. Enfin, on peut souligner que le "Club jeunes" de la SFEAP, qui a été créé l'an dernier, rencontre un vif succès (merci à Clémence Belleannée) et ce dynamisme de notre "sang neuf" est clairement de très bon augure pour l'avenir de notre société. Aide. Outre l'aide qu'apporte la SFEAP en diffusant l'information et en organisant des congrès et journées scientifiques, le forum d'échange email "[email protected]" permet à chacun de s'adresser à l'ensemble des membres de la communauté pour des questions spécifiques. De plus, il faut rappeler que les adresses électroniques des membres du CA sont sur le site Web de la SFEAP et que chacun de nous sera heureux de répondre aux questions et interrogations. Le rôle d'une société comme la nôtre peut également être de participer à la mise en place de programmes nationaux et internationaux et de représenter en quelque sorte la communauté protéomique Française. Notre Société participe ainsi aux réflexions en cours au sein du réseau national des génopoles, de HUPO (notre correspondant vis à vis de cette organisation est Pierre Legrain) ou de EuPA (Société européenne de protéomique- correspondant Thierry Rabilloud) et cet aspect de l'activité de notre Société- notamment sur le plan international- devrait être amené à s'intensifier dans les années à venir ne serait-ce que par la multiplication des programmes et initiatives liés à la protéomique. Enfin, en terme d'aide, la Société continuera à attribuer des bourses pour participer aux congrès nationaux et internationaux ; cette action s'amplifiera même puisque lors de sa réunion de Montpellier le CA a décidé d'augmenter le nombre de bourses. Je vous informerai dans un prochain mail du nombre et de la nature des bourses qui seront proposées en 2006. Il me reste à rappeler que notre Société ne peut fonctionner que grâce à et par ses adhérents et leur implication. Propositions, idées ou suggestions visant à maintenir un esprit et un fonctionnement novateurs et nécessaires à la constante adaptation de notre Société sont donc les bienvenus. Hubert Hondermarck Page 3 Le nouveau Conseil d’Administration Hubert HONDERMARCK , président ERI-8 INSERM, UPRES-EA 1033, bâtiment SN3 Université des Sciences et Technologies de Lille 59655 Villeneuve d'Ascq Tel : (+33) (0)3 20 43 40 97 ; Fax : (+33) (0)3 20 43 40 38 Bernard MONSARRAT , vice-président IPBS, Centre national de la recherche scientifique 205 Route de Narbonne, 31077 Toulouse Cedex 4 Tel : (+33) (0)5 61 17 59 00 ; Fax : (+33) (0)5 61 17 59 93 Marc BONNEU, trésorier 1 rue Camille Saint Saëns, 33077 Bordeaux Cedex Tel : (+33) (0)5 56 99 90 18 ; Fax : (+33) (0)5 56 99 90 68 Jean-Jacques DIAZ, secrétaire Laboratoire de Biologie Moléculaire et Endocrinologie, INSERM U369 Faculté de Médecine Lyon-Laennec, Rue Guillaume Paradin, 69372 Lyon Cedex 08 Tel : (+33) (0)4 78 77 87 17 Stéphanie DESCROIX, secrétaire adjoint ESPCI, LECA, Allergie & Environnement 10 rue Vauquelin, 75005 Paris Tel : (+33) (0)1 40 79 46 44 ; Fax : (+33) (0)1 40 79 46 54 Clémence BELLEANNEE (présidente du CJSFEAP) UMR INRA-CNRS 6175, 37380 Nouzilly Tel : (+33) (0)2 47 42 79 49 ; Fax : (+33) (0)2 47 42 77 43 Christine BRUN Laboratoire de Génétique et Physiologie du Développement UMR6545 CNRS, Case 907 Parc Scientifique et Technologique de Luminy 13288 MARSEILLE, Cedex 09 Tel : (+33) (0)4 91 26 93 22 ; Fax : (+33) (0)4 91 82 06 82 Jérôme GARIN ERM 0201 CEA Grenoble 17, rue des martyrs 38054 Grenoble Tel : (+33) (0)4 38 78 96 56 ; Fax : (+33) (0)4 38 78 98 08 Alain JACQUIER Unité de Génétique des Interactions Macromoléculaires, URA 2171-CNRS Département des Biotechnologies, Institut Pasteur, 28, rue du Dr. Roux 75724 Paris Cedex 15 Tel : (+33) (0)1-4061 3205 ; Fax : (+33) (0)1-4568 8790 Dominique JOB UMR CNRS 2847/BayerCropSciences 14-20, rue Pierre Baizet 69009 Lyon Tel : (+33) (0)4 72 85 21 79 ; Fax : (+33) (0)4 72 85 22 97 Jean LABARRE Laboratoire de physiogénomique, Service de Biochimie et Génétique Moléculaire DBJC/DSV Centre de Saclay 91191 Gif sur Yvette Cedex Tel : (+33) (0)1 69 08 22 31 ; Fax : (+33) (0)1 69 08 47 12 Pierre LEGRAIN Département de Biologie Joliot Curie CEA Saclay 91191 Gif-sur-Yvette Tel : (+33) (0)1 69 08 40 35 ; Fax : (+33) (0)1 69 08 43 89 Thierry RABILLOUD DRDC/ICH INSERM U548 CEA Grenoble 17, rue des martyrs 38054 Grenoble Tel : (+33) (0)4 38 78 32 12 ; Fax : (+33) (0)4 38 78 98 03 Jean-Louis ROCCA Université Claude Bernard (Lyon I), bat. 308 43 Bvd du 11 Novembre 1918 69622 Villeurbanne Cedex Tel : (+33) (0)4 72 44 82 17 ; Fax : (+33) (0)4 72 43 10 78 Véronique SANTONI INRA / ENSA-M Biochimie & Physiologie Moléculaire des Plantes, 34060 Montpellier Cedex 1 Tel : (+33) (0)4 99 61 20 20 ; Fax : (+33) (0)4 67 52 57 37 Bertrand SERAPHIN CGM-CNRS Avenue de la Terrasse 91198 Gif sur Yvette Cedex Tel : (+33) (0)1 69 82 38 84 ; Fax : (+33) (0)1 69 82 38 77 Alain VAN DORSSELAER Laboratoire de Spectrométrie de Masse BioOrganique ECPM, 25, Rue Becquerel, 67087 Strasbourg Cedex 2 Tel : (+33) (0)3 90 24 27 82 ; Fax : (+33) (0)3 90 24 27 81 Page 4 Club-Jeunes Le Club Jeunes de la SFEAP a fêté son 1er anniversaire en septembre dernier. Ce club en plein essor a pour objectif de créer un réseau de relations entre les jeunes protéomistes pour qu’ils puissent échanger leur expérience, leurs problèmes et leurs solutions à des difficultés rencontrées en protéomique. Tous les étudiants (Master, thèse), post doctorants, jeunes chercheurs et jeunes recrutés de moins de 35 ans membres de la SFEAP peuvent adhérer à ce club et participer aux diverses rencontres organisées dans l’année. Le 16 juin 2005, une première journée thématique a été organisée à Lyon sur « La mise en évidence de modifications post-traductionnelles par l’utilisation de l’électrophorèse 2D ». Les 55 membres du CJSFEAP qui étaient présents ont pu assister à des présentations de spécialistes qui ont suscité l’engouement de tous. Une rencontre conjointe entre le Club Jeunes de la SFSM et le Club Jeunes de la SFEAP a également été organisée à l’occasion du 1er Symposium de Chimie et Biochimie Analytique de Montpellier le 25 septembre 2005. Cette journée qui a regroupé une soixantaine de personnes a été l’occasion d’assister à des présentations de membres de chacun des deux clubs, de partager des connaissances et favoriser les échanges entre les deux Club Jeunes. A noter sur vos tablettes : La prochaine rencontre du Club Jeunes SFEAP se déroulera à l’ESPCI le 10 mars 2006 (le lendemain de la journée thématique co-organisée par la SFEAP et la SFSM), avec la possibilité de passer la nuit en Auberge de Jeunesse pour une ambiance plus conviviale et à moindre coût. Cette journée sera l’occasion pour quelques étudiants (en thèse…) de présenter leurs travaux en cours dans un environnement moins formel que celui d’un congrès, ainsi que de renouveler une partie du bureau et d’accueillir les nouveaux membres … Venez nombreux ! La prochaine journée thématique « Outils informtiques appliqués à la protéomique » aura lieu fin mai 2006. Des précisions vous seront communiquées en début d’année 2006. Contact : [email protected] Informations : http://cjsfeap.free.fr/ Page 5 Compte-rendu de la 1ère Journée thématique du Club-Jeunes Mise en évidence de modifications posttraductionnelles par l’utilisation de l’électrophorèse 2D En la belle et ensoleillée ville de Lyon a eu lieu, le 16 juin 2005, la première journée thématique du Club-Jeunes de la SFEAP. La qualité des orateurs et l’importance croissante pour l’étude des modifications posttraductionnelles ont motivé tout de même 55 inscriptions. La bonne humeur générale et une organisation sans faille ont marqué le déroulement de la journée et la disponibilité des intervenants s’est traduite par un riche échange et des discussions scientifiques qui se sont prolongées lors des pauses café et du repas. Cette première journée est sans conteste un succès qui appelle à récidive. Elle n’aurait pas été possible sans le soutien financier de la SFEAP, de SigmaAldrich (repas du midi et du soir), ni sans le prêt des locaux par Bayer Cropscience. Encore grand merci à tous les orateurs de la journée pour leurs présentations de qualité : ils se sont montrés didactiques, disponibles, riches d’enseignement pour les jeunes protéomiciens et ont abordé des sujets assez variés pour intéresser d’un point de vue thématique la totalité des auditeurs. Les orateurs et le titre de leur présentation ont été dans l’ordre chronologique : Thierry Rabilloud, DRDC/ICH, INSERM U 548 : Introduction . Mise en évidence de modifications post-traductionnelles par l’utilisation de l’électrophorèse 2D : exemple des suroxydations des cystéines Paulette Decottignies, Chimie des Protéines, Institut de Biochimie et Biophysique Moléculaire et Cellulaire, UMR 8619 : Réduction de ponts disulfures: recherche de nouvelles cibles de thiorédoxine et de glutarédoxine Virginie Redeker, ESPCI, CNRS UMR 7637 : Analyse de la diversité biochimique des tubulines : caractérisation de deux polymodifications : la polyglutamylation et la polyglycylation Klaus Herick, Sigma : Analyse des Phosphopeptides et Quantification en Spectrométrie de masse Raymonde Joubert-Caron, Laboratoire de Biochimie des Protéines et Protéomique, EA 3408 : Stratégie d’étude du phosphoprotéome : Utilisation des gels bidimensionnels et de la chromatographie d’affinité pour interroger la partie cachée du protéome Klaus Herick, Sigma : Puces à Protéines Sabrina Laugesen, Proteomics Laboratory, UMR 1199 INRA : L’étude des modifications posttraductionnelles : the bottelneck of proteomics Et enfin un grand merci à tous les participants pour leur esprit positif et leur bonne humeur. Ils se reconnaîtront sur la photo. Le bureau du Club-Jeunes. Page 6 Le Symposium de Montpellier Symposium de Chimie et Biologie Analytiques : un bilan prometteur. Le Premier Symposium de Chimie et de Biologie Analytiques a rassemblé 700 participants au Corum de Montpellier du Dimanche 25 Septembre au Jeudi 29 Septembre 2005. biologie. Par exemple, le développement très prometteur dans les années qui viennent de l’imagerie par spectrométrie de masse a été abordé par A. BRUNELLE Cette manifestation a atteint l’objectif que s’étaient fixé quatre sociétés savantes (AFSEP, SBCN, SFEAP et SFSM) en décidant de tenir ensemble par ce symposium leurs manifestations annuelles : permettre par leur rassemblement dans un même lieu à toutes les personnes impliquées dans le contrôle analytique une actualisation de leurs compétences et leur croisement. - le domaine de recherches toujours majeur de l’accroissement des possibilités des couplages GC/GC/MS et LC/LC/MS a été traité par le biais de 3 conférences sur les avancées chromatographie/ spectrométrie de masse dans la recherche des peptides et des protéines : celles de I. WILSON et G. BRIAND mais aussi celle de J-P CHERVET qui a notamment permis d’évaluer ces avancées dans le couplage LC/MS en matière de sensibilité Le bilan scientifique du Symposium est largement positif. Les conférences prononcées sur des thématiques très diverses ont rencontré un grand écho auprès des congressistes ; une mention spéciale doit être décernée à la conférence inaugurale du Professeur R.G. COOKS qui a fait découvrir des perspectives très prometteuses de la spectrométrie de masse pour la miniaturisation de cette technique ainsi que pour son aptitude à constituer une technique préparative de séparation de protéines. Durant le symposium, la présentation a été faite d’exemples de contrôle analytique dans des domaines très divers : - le fait que les couplages chromatographiespectrométrie de masse soient utilisés dans des secteurs très différents de ceux relevant de la chimie et de la biologie dans lesquels son emploi est bien établi : Science de l’Evolution (Conférence de J-J JAEGER), restauration d’œuvres d’art, études spatiales,… - le domaine des études plus fondamentales a été évoqué à travers deux contributions se rapportant d’une part à l’apport de la chimie théorique en spectrométrie de masse (Docteur M. YANEZ) et la mise au point de nouvelles phases stationnaires pour les séparations chromatographiques par une approche sol-gel (Docteur. A.MALIK) - Caractéristique importante du symposium ,la plupart des thématiques abordées ont concerné des domaines relevant à la fois de la chimie et de la - tout contrôle analytique nécessite deux étapes initiales ; trois conférences ont concerné ces deux étapes : celle de M-C HENNION sur la préparation de l’échantillon et celles de G. DESMET et K. ALBERT sur les procédures de séparation - évidemment, une part importante des thématiques abordées ont eu trait au contrôle analytique dans les études protéomiques et ce sous différentes facettes. Deux d’entre elles se rapportent à deux thématiques bien particulières : la protéomique végétale évoquée par M. ZIVY et le recours à la bioinformatique pour l’identification des protéines illustré par A . ESTREICHER. Toutefois, l’essentiel des présentations en protéomique a relevé des deux secteurs constituant le cœur des travaux du contrôle analytique en protéomique. Il s’agit d’abord, de diverses avancées structurales : tagging électrochimique (N. LION), miniaturisation des outils de contrôle (J. ROSSIER) et possibilités accrues de contrôle par l’emploi de biochips (J-P CLOAREC) et méthodologiques : mise en évidence de modifications multisites de protéines (O. JENSEN) et mise en évidence de nouvelles classes de protéines (C. ROLANDO). Il s’agit ensuite de deux interventions sur des acquis récents en matière de contrôle analytique dans des applications de recherches cliniques à travers trois conférences présentées par M. DUNN (transplantation du cœur), H. HONDERMARCK (contrôle dans le développement du cancer du sein) et S.D. PATTERSON ( apport dans la démarche de Drug Development). .../... Page 7 Le Symposium de Montpellier Symposium de Chimie et Biologie Analytiques : un bilan prometteur (suite et fin). - contribution active des congressistes ainsi qu’en témoigne le nombre élevé de communications par affiche (340). - implication très forte de l’ensemble des sociétés industrielles concernées par le contrôle analytique. Dans le hall d’exposition, il y a eu 45 stands. Deux faits sont à noter à propos de ces sociétés : d’abord leur taille très diverse (société implantée des deux côtés de l’Atlantique mais aussi start-up courageusement créé par quelques chimistes grâce à la procédure de l’essaimage) et ensuite le souci de certaines sociétés d’assurer un plein succès à la manifestation ce qui s’est traduit par une contribution supplémentaire de Thermo Electron (apéritif dinatoire du Dimanche 25), Waters (participation à la mise en place de la soirée de gala animée (!) et réussie), Bruker Daltonique (fourniture des sacs à dos pour les congressistes : format inédit et sympathique pour recueillir les documents du symposium),Vivascience (financement des prix Poster),… Deux autres manifestations de taille plus réduite se sont également tenues le Dimanche 25 Septembre à l’occasion du Symposium : la journée de formation de la SFSM sur : « La quantification en spectrométrie de masse (J-P ANTIGNAC et E. RATARHAO) ainsi que la réunion des clubs jeunes de la SFSM et de la SFEAP. Certes, le Symposium a donc été à tous égards un succès. Notre sentiment forgé durant sa préparation et confirmé par son excellent déroulement est que ce succès résulte pour une large part de ce que le contrôle analytique en chimie et biologie est récemment devenu une discipline majeure et ce pour plusieurs raisons : nécessité de l’acquisition simultanée des connaissances fondamentales et de leur croisement dans les divers domaines que sont : la chimie, la chimie analytique, la biochimie, la biologie et l’informatique, ensuite, possibilités d’application dans des secteurs d’activités cruciaux et variés et enfin, existence pour répondre à ce défi d’une communauté scientifique à l’échelle nationale à la fois jeune et ayant la taille requise. Un constat de l’audience acquise par les travaux des chercheurs de notre communauté et de leur intérêt réside dans le soutien très conséquent que divers partenaires nous ont apporté : Collectivités locales (Région Languedoc-Roussillon, Conseil Général de l’Hérault et Communauté d’agglomération de Montpellier), Acteurs institutionnels de la recherche scientifique (CNRS, INRA, Pôle Européen de Montpellier et Société Française de Chimie)et Industries pharmaceutiques (SanofiAventis et Servier). La conclusion qui s’impose à l’issue du Symposium se situe dans une perspective dynamique. Dans des temps très proches, de nouveaux concepts et des applications inédites vont surgir. Dans le concert international, nos quatre sociétés savantes tant par le travail de leurs membres que par le renforcement des liens entre elles, assumeront leur mission en répondant à ces nouveaux défis. Jean-Louis AUBAGNAC ([email protected]) et Christine ENJALBAL ([email protected]) ( UMR 5810- cc19 – Université de Montpellier II – 34095 Montpellier Cedex 5). Entrée du musée du vieux Montpellier. (Photo D.Godfrin) A l’issue de ce Symposium, il est possible d’en dégager les principales caractéristiques : Page 5 Compte-rendu du Symposium de Montpellier Merci aux boursiers de la SFEAP, J.-X. Roca Martinez, L. Negroni, Y. François, C. Broussard, C.Loussert, M. Wisztorski, M.Couvet, D. Lapaillerie pour les résumés qu'ils ont fait des principales sessions du Symposium de Montpellier Conférence plenière du lundi 26 septembre 2005 “ Proteomics of the transplanted heart” Michael J. DUNN Michael J. DUNN, président de la « British Society for Proteome Research » est professeur de protéomique biomédicale de la fondation scientifique irlandaise à l’institut Conway de recherche biomoléculaire et biomédicale située à l’Université de Dublin. Éditeur en chef du journal «Proteomics» et membre fondateur de HUPO (HUman Proteome Organisation), ses travaux ont permis de développer les techniques de protéomique, de l’électrophorèse sur gel et de leurs applications. Sa conférence était axée sur l’utilisation de la protéomique pour le suivi de patients ayant subi une greffe du cœur. Les problèmes cardiaques sont parmi les causes majeures de mortalité en Europe et en Amérique du Nord. La greffe est devenue la solution pour le traitement de pathologies cardiaques avancés. Cependant, les problèmes de rejets des organes greffés représentent le paramètre crucial pour la survie des patients. Ainsi, La survie à long terme est souvent compromise par des maladies de type Tx-CAD (Transplant associated coronary artery disease) qui affecte 42% des greffés dans les 5 ans. Les méthodes de diagnostic concernant ce type d’évolution de la greffe sont difficiles à utiliser et le laboratoire de M. Dunn a réalisé une analyse protéomique à partir d’échantillon de sérum de manière à rechercher des marqueurs biologiques capables de suivre l’évolution de la greffe. Afin de contourner la vaste gamme dynamique de protéines contenues dans le sérum, les travaux ont été orientés vers la mise en évidence d’une réaction immunitaire dirigée contre les protéines issues des cellules endothéliales. L’approche protéomique a permis d’identifier la vimentine et l’anticorps correspondant comme marqueur capable de prédire les patients qui risquent de développer des complications de ce type. Dans une seconde partie, les travaux de M. Dunn se sont orientés sur des patients qui dix ans après la greffe n’ont pas contracté de complications de type Tx-CAD. L’hypothèse mise en place est que ces patients expriment des protéines qui «protègent» la greffe du développement de Tx-CAD. Des biopsies ont été réalisées de manière à comparer les différents types de patients greffés. L’analyse a montré que la présence de HSP27 diphosphorylée est un facteur associé au bon pronostic suite à la transplantation cardiaque. Ainsi, la compréhension du mécanisme protecteur ouvre de nouvelles perspectives d’étude concernant la greffe du cœur. Les travaux de M. Dunn s’inscrivent dans un contexte médical qui montre l’intérêt de l’analyse protéomique dans un domaine qui cherche perpétuellement à améliorer la compréhension des phénomènes pathologiques et la qualité des soins apportés aux patients. La protéomique permet d’ouvrir de nouvelles perspectives dans le domaine médical et les applications dans la recherche de cibles thérapeutiques se font nombreuses. Ici, l’originalité vient de la recherche d’agents protecteurs chez des patients ne développant pas de complications, un concept qui va peut-être permettre de trouver un moyen de stabiliser les greffes du cœur. J.-X. ROCA MARTINEZ Page 9 Compte-rendu du Symposium de Montpellier (suite) Conférence plénière : How to Cope with a Dynamic range of 1010 in proteomics. J.P. Chervet, R. Swart, G. Trementin. J.P. Chervet a présenté une revue des techniques utilisées dans le cadre de l’analyse Topdown (de la protéine entière à l’identification, souvent basée sur l’électrophorèse 2D) et de l’analyse Bottom-up (de l’hydrolysat de peptides à l’identification, basée sur la chromatographie liquide). La séparation des mélanges complexes de peptides par chromatographie multidimensionnelle permet l’identification de protéines par dizaines, voire centaines, mais les informations associées à la protéine entière (PM, pI) sont perdues lors de l’hydrolyse. L’approche Top-down via les gels 2D conserve cette information mais est laborieuse et n’est que partiellement automatisable. Les progrès en terme d’appareillages chromatographiques (chromatographie multidimensionnelle entièrement automatisée, nanoLC reproductible) et en terme de phase solide (colonne monolithique et silice 1.5 µm) permettent raisonnablement une approche Top-down basée sur la chromatographie liquide. J.P Chervet a détaillé les intérêts d’une analyse Top-down en 3D-LC. Dans cette configuration, le mélange protéique est séparé par une chromatographie orthogonale (IEX- puis RP-HPLC). Les fractions obtenues sont digérées et les peptides résultants analysées par nanoLC-MS/MS. Cette 2D-LC des protéines avant digestions permet notamment d’augmenter la gamme dynamique et la couverture de séquence des protéines identifiées. L. Négroni, IFR50, Nice NB: en spectrométrie de masse, le terme Top-down désigne l’analyse MS et MS/MS de protéine entière (sans digestion enzymatique). Cette approche est une application croissante des appareils haute résolution. Conférence plenière : The evolving role of proteomics in drug development Scott D. PATTERSON Le professeur S.D. Patterson, un des pionniers de la recherche protéomique, occupe au sein de la société AMGEN® la place de directeur de département scientifique. Il a développé les technologies de la protéomique (telle que la spectrométrie de masse), pour caractériser de nouveaux médicaments. Au cours de sa conférence, S.D. Patterson a présenté l’utilisation de « l’outil protéomique » au sein d’une société pharmaceutique. Les études cliniques sont divisées en quatre phases de recherche dans le cadre du développement d’un médicament : la validation de l’innocuité de la molécule, la validation des doses utilisées, la validation de l’efficacité et de la tolérance à grande échelle et enfin le recueil de données sur l’utilisation après commercialisation (source : AMGEN®, www.amgen.fr). La phase discutée par S.D. Patterson est l’analyse des relations entre dose et effet thérapeutique de la molécule active sur le patient. Cette étape implique la connaissance de la pharmacocinétique (PC) et de la pharmacodynamique (PD) de la molécule. L’utilisation des technologies de protéomique permet d’identifier des biomarqueurs de ces deux paramètres (PC et PD). De plus, cet outil peut permettre la validation de cibles potentielles d’un médicament, d’augmenter la compréhension de son mécanisme, de son devenir dans l’organisme, ainsi que ses interactions possibles avec d’autres voies métaboliques. L’identification de ces biomarqueurs peut être réalisée selon 3 approches : - la spectrométrie de masse : qui permet la surveillance d’élements de faible masse (tels que des fragments issus de phénomènes de protéolyse consécutive à la réponse du patient). - l’immunodétection en plaque et chimioluminescence : qui permet l’étude de la présence, tant qualitative que quantitative, dans le sang (ou d’autres fluides), de protéines associées à la voie métabolique visée par le médicament - la cytométrie de flux : qui permet de suivre l’action de la molécule active au sein de la cellule (flux calcique, pH intracellulaire, potentiel de membrane,...). L’impact de la protéomique sur la recherche pharmaceutique, et plus précisément sur le développement de nouveaux médicaments, est incontestable. Cependant, l’utilisation de ces approches nécessite une grande reproductibilité des expériences ainsi qu’une adéquation des techniques «haut débit». C’est sur ce coté méthodologique qu’a insisté P.D. Patterson dans la suite de sa .../... Page 10 Compte-rendu du Symposium de Montpellier (suite) présentation, relevant l’importance du nombre de répétions des expériences, l’incidence du patient et de son environnement. En conclusion, la potentialité de la protéomique dans la recherche pharmaceutique n’est plus à démontrer et quand la technique gagnera en sensibilité et en reproductibilité, elle pourra permettre d’identifier, à haut débit, des biomarqueurs protéiques pouvant être utilisés dans les diagnostics, référencer des maladies, localiser des protéines comme des cibles potentielles de médicaments. En remarque personnelle, je rajouterai que cette conférence nous a permis d’envisager la protéomique sous un angle différent. Dans le milieu académique, la protéomique est plutôt utilisée dans le but de répondre à une question biologique spécifique comme : l’état de phosphorylation d’une protéine, ou l’implication d’une interaction protéine dans l’adressage subcellulaire. Au travers de cet exposé, c’est la protéomique en tant qu’outil de l’industrie pharmaceutique qui a été présentée, mettant en relief des problématiques propres à cette application. C.Loussert Modifications post-traductionnelles Cette session, au cours de laquelle la phosphorylation a tenu une place de choix, a donné la parole à quatre intervenants. La première conférence de cette cession a fait intervenir Ole Jensen (Protein Research Group, Danemark). Celui-ci a présenté les améliorations et nouveautés apportées par son équipe à la phosphoprotéomique, dans le but d’identifier les modifications subies par les protéines dans des conditions données et expliquer leur fonction. Le fractionnement multidimensionnel de l’échantillon a notamment été mis en avant. Ainsi, l’utilisation successive de plusieurs micro-colonnes (IMAC, puis chromatographie sur colonne POROS R1, R2 et R3 et enfin sur poudre de graphite) avant l’analyse par spectrométrie de masse permet un enrichissement séquentiel en phosphopeptides. C’est aussi le cas lors de la combinaison d’une IMAC avec une chromatographie échangeuse de cations (SCX: Strong Cation Exchange Chromatography). D’autre part, la technique de dépôt sur cible peut être optimisée en utilisant comme matrice un mélange d’acide phosphorique et de DHB, conduisant à une meilleure détection des phosphopeptides par MALDI-MS. Ole Jensen a par ailleurs insisté sur l’aspect multidimensionnel de l’analyse en spectrométrie de masse. Ainsi la LC-MS par spectrométrie de masse IT-FTICR permet la détection et le séquençage des phosphopeptides avec une précision et une spécificité exceptionnelles, grâce respectivement aux analyses MS2 et MS3. Il sera ainsi possible de différencier par exemple une Lysine acétylée d’une Lysine triméthylée, de même masse nominale. L’analyse des données issues de la spectrométrie de masse permet notamment, grâce au logiciel VEMS mis au point par R. Matthiesen, de traiter des résultats de protéomique quantitative, de séquençage de novo et d’analyser les séquences fonctionnelles. Grâce à ce logiciel, il est possible d’assigner des modifications posttraductionnelles à la séquence peptidique. Les résultats présentés par Ole Jensen s’appuient plus particulièrement sur deux études. La première vise à déterminer les résidus phosphorylés du récepteur à l’EGF sous différentes conditions de culture. Les récepteurs à l’EGF issus des différentes cultures cellulaires (HeLa ou ECV304) sont précipités, séparés par SDS-PAGE et digérés à la trypsine. Les mélanges peptidiques obtenus sont fractionnés afin d’augmenter le nombre de phosphopeptides détectables. La stratégie analytique retenue pour cela est une analyse par spectrométrie de masse MALDI en tandem, précédée d’un enrichissement séquentiel en phosphopeptides sur des colonnes miniaturisées évoquées auparavant. Elle a conduit à la découverte d’un nouveau site de phosphorylation, révélé des phosphorylations constitutives, et montré que le nombre et les positions des phosphorylations sur les récepteurs à l'EGF variaient en fonction de la stimulation. La deuxième étude qui a illustré cette conférence concerne la phosphoprotéomique quantitative, avec pour modèle d'étude les protéines de levure impliquées dans la voie de signalisation des phéromones. Cette étude vise à identifier et quantifier les modifications de l’état de phosphorylation de ces protéines. Pour cela, les protéines extraites de deux Page 11 Compte-rendu du Symposium de Montpellier (suite) cultures cellulaires, l’une marquée par des isotopes stables (SILAC) et l’autre traitée aux phéromones, sont digérées. L’enrichissement en phosphopeptides se fait par chromatographie échangeuse de cations et IMAC, et leur identification par spectrométrie de masse IT-FTICR (LC-MS3). Sur plusieurs centaines de phosphopeptides identifiés, 139 sont régulés différentiellement lors de la réponse aux phéromones, parmi lesquels on trouve des régulateurs de la transcription et du cycle cellulaire. Les récepteurs, les protéines kinases et leurs substrats sont identifiés. Ces deux exemples démontrent d’une part la possibilité d’analyser de manière systématique, par spectrométrie de masse, des molécules impliquées dans des voies de signalisation ; et d’autre part la possibilité de faire de la phosphoprotéomique fonctionnelle quantitative en utilisant la spectrométrie de masse. J. Lemoine nous a présenté des travaux effectués sur un spectromètre de masse modifié au sein du laboratoire de Spectrométrie Ionique et Moléculaire (Villeurbanne, France). Un piège à ions quadripolaire a été couplé à un laser UV dont on peut faire varier la longueur d’onde: on obtient ainsi une trappe ionique pouvant faire du CID (CollisionInduced Dissociation) ou du LID (Laser-Induced Dissociation). Pour un même peptide phosphorylé, il a été constaté une perte de neutres caractéristique de -80 Da (HPO3) ou -98 Da (H3PO4) en CID, et une perte de chaîne latérale d’acide aminé aromatique en LID à 220 nm. Des expériences de LID/CID MS3 ont été réalisées. Elles consistent à introduire un site radicalaire par photodissociation à 220 nm sur le spectre CID des ions précurseurs mono et diprotonés de peptides phosphorylés possédant un résidu d’acide aminé aromatique. La spectrométrie de masse LID/CID MS3 engendre une forte inhibition de la perte du phosphate, ce qui permet d’accéder à la séquence et à la localisation de la phosphorylation sur le peptide. L’équipe de C. Rolando (Equipe Physico-Chimie pour l’Analyse et la Biologie, Villeneuve d’Ascq, France) a développé des réactifs visant à enrichir un échantillon en protéines oxydées/glycosylées et/ou détecter ces dernières sur gel. L’acide phenylborique et l’acide hydroazino-benzoïque, permettant respectivement de reconnaître les glycosy- lations et les oxydations, sont couplés par l’intermédiaire d’un bras espaceur (spacer arm) à une biotine en vue d’un isolement par affinité, ou à une sonde fluorescente permettant la détection et la quantification sur gel d’électrophorèse. Le réactif détectant les glycoprotéines (ASC-GLY-FLUO) est 5 fois plus sensible que l’APS (Acide Périodique Schiff ). Parallèlement, cette équipe a cherché à améliorer les propriétés séparatives des gels électrophorétiques, en testant plusieurs paramètres tels que la quantité de cross-linker, la composition en monomères (l’hexaethylcellulose au lieu du dextran) ou encore l’introduction de monomères hydrophobes pour la séparation des protéines membranaires. La photopolymérisation et la "dépolymérisation" ont aussi été étudiées. Enfin, C. Rolando nous a présenté le développement et l’optimisation de divers complexes fluorescents, permettant de lier les protéines de différentes façons. N. Delcourt (Institut de Génomique Fonctionnelle, Montpellier, France) a présenté une étude visant à comparer les phosphoprotéomes de neurones en culture induits par 2 types d’agents neuroprotecteurs: l’IGF1 (Insulin-like Growth Factor-1) et le PACAP (Pituitary Adenylate Cyclase Activating Polypeptide), qui sont à l’origine de cascades de signalisation différentes. Après traitement des cultures neuronales par l’un ou l’autre de ces neuroprotecteurs, les cellules sont lysées et l’extrait protéique total enrichi en phosphoprotéines par chromatographie d’affinité sur colonne de métal (PMAC). Des expériences de Western blot et de marquage au 32P ont démontré la capacité de la colonne à retenir les protéines phosphorylées et à enrichir un sous-protéome, mais aussi une absence de spécificité absolue vis-à-vis des protéines phosphorylées. Après cette étape d’enrichissement en phosphoprotéines, celles-ci sont séparées par électrophorèse bidimensionnelle, mettant en évidence une augmentation importante de l’intensité et du nombre de spots protéiques après traitement à l’IGF1 ou au PACAP. Les spots prélevés sur les gels issus d’un traitement à l’IGF1 ou au PACAP ont permis d’identifier environ 75 protéines différentes à partir de leur empreinte peptidique massique (MALDI-TOF). Une grande proportion d’entre elles étant commune Page 12 Compte-rendu du Symposium de Montpellier (suite) aux deux traitements, ceci démontre que des molécules neurotrophiques aussi différentes que l’IGF1 et le PACAP sont capables de modifier un pool commun de protéines dans les neurones, bien qu’à l’origine de cascades de phosphorylation extrêmement différentes. L’existence de mécanismes anti-apoptotiques communs médiés par ces deux traitements a donc été suggérée, de même que celle d’une transactivation entre le récepteur de l’IGF1 et celui du PACAP. M.Couvet Session développements en protéomique Cette session montrait l’apport de la spectrométrie de masse dans les développements de nouvelles stratégies d’analyses. Dans la conférence « from DNA microarrays to chips for proteomics : surface chemistry, implementation methods, characterization. » Jean-Pierre Cloarec (Laboratoire d’Electronique, Optoélectronique et Microsystème, École centrale, Lyon) a présenté les développements effectués au sein de son laboratoire et notamment le passage de la technologie de fabrication de puces à ADN à la conception et réalisation de puces à protéines. Ce passage nécessite des transferts de technologie. Le but de ces développements est de s’affranchir des limites de détection, d’augmenter la gamme dynamique, de diminuer le temps d’analyse, de faire de la détection sans marquage et de diminuer le temps de développement de la puce, tout en évitant des prix trop élevés. L’un des premiers points évoqués fût la modification de la surface avec une fonctionnalisation et une optimisation des supports adaptés à l’immobilisation des oligopeptides. Une difficulté supplémentaire est liée à la fragilité des peptides. Il est impératif de conserver les biomolécules avec leur géométrie. Si la chimie de surface n’est pas adaptée, des interactions secondaires peuvent apparaître et rendre la surface non contrôlable et non stable. Pour stabiliser la surface, des travaux ont été menés concernant la formation de monocouches ou couches mono-assemblées. L’application de silane permet la formation de monocouches mono-assemblées avec une protection de la terminaison pour éviter les réactions secondaires puis une fonctionnalisation biologique et une inactivation des terminaisons non fonctionnalisées. Par ailleurs, l’utilisation de la technique de microcontact printing permet d’avoir deux fonctionnalités sur une seule puce. Pour la synthèse de peptides, tout le processus a du être réadapté pour passer petit à petit d’une synthèse à l’échelle macroscopique à une synthèse sur microsystème. D’autres travaux sont également menés pour utiliser des moyens de détection autre que la fluorescence. Les systèmes envisagés reposent sur des détections de type enzymatique, clivage par photo- induction et couplage LC-MS. Le développement d’un système de microréacteurs permet la diminution des quantités de réactifs et donc de limiter le coût. La dernière étape dans ces développements est de vérifier si le peptide immobilisé va réagir de même façon qu’un peptide classique. D’autres axes de recherche sont en cours. La possibilité de fabriquer des puces à anticorps est explorée mais pour l’instant l’orientation de l’anticorps sur la surface reste problématique. Les perspectives de ces travaux sont de s’affranchir de la détection par fluorescence au profit de couplage avec LC-MS ou MALDI, la possibilité de faire des micro-ELISA pour effectuer un typing rapide d’échantillons sanguins et enfin le développement de systèmes intégrés de type Lab-on-Chip. La deuxième conférence portait sur une approche originale en plein essor : L’imagerie par spectrométrie de masse. Le groupe dirigé par François Berger travaille actuellement pour adapter la technologie SELDI-TOF à cette approche en réalisant des analyses directes de sous-protéomes à partir de l’apposition de tissus frais ou de coupes fraiches d’organes sur les surfaces chromatographiques des barrettes SELDI. Les résultats obtenus par apposition directe montrent des spectres plus riches que lors d’analyse de lysats cellulaires. De plus l’analyse peut s’effectuer en quelques minutes car cela ne Page 13 Compte-rendu du Symposium de Montpellier (suite) nécessite que de quelques secondes d’apposition pour avoir des résultats et pouvoir différencier des tumeurs de différents types. En conclusion, l’apport de surface chromatographique dans l’analyse directe de tissu va permettre la distinction de différents profils provenant de différents grades de cancer difficilement différenciables par les techniques d’anatomopathologie. La troisième conférence, de Joëlle Vinh avait pour objet l’utilisation de la spectrométrie de masse de type FT-ICR pour l’analyse protéomique des HUVEC (cellules endothéliales de la veine ombilicale humaine) dans le but d’établir une carte de référence. Ce modèle est très représentatif des événements biologiques dans l’ensemble des vaisseaux du corps humain. Des analyses en électrophorèse bidimensionnelle ont permit d’identifier environ 140 spots, mais la carte reste incomplète et extrêmement complexe. Pour obtenir une carte plus détaillée, le choix a été fait d’utiliser la combinaison des techniques d’électrophorèse bidimensionnelle et LC-LTQ-FT MS/MS. La découpe du gel 2D se fait en aveugle par carré de 1 x 1 cm² puis les peptides digérés sont séparés par couplage LC-LTQ-FT. Un séquençage automatique des fractions est réalisé en mode MS/MS. L’identification est réalisée par interrogation d’une banque uniprot-swissprot non indexée avec des paramètres d’identification des protéines assez discriminants. Les résultats montrent que pour un carré où un seul spot est détecté en bleu de Coomassie et trois en argent, 20 peptides différents sont identifiés au total par la technique de couplage. Au total cette technique permet l’identification de 567 protéines non redondantes. Dans les perspectives, l’utilisation de la chromatographie liquide en deux dimensions a été évoquée pour réduire la complexité des échantillons. Pour conclure cette session, Sandrine Sagan de l’université Paris 6 nous a présenté ses travaux sur une méthode de quantification directe des peptides internalisés, par spectrométrie de masse MALDI-TOF. Les CPP (cell penetrating peptide) sont des peptides capables de passer les membranes biologiques des cellules selon un mécanisme protéine-indépendant mal connu. Comme exemple de CPP on peut citer les pénétratines, les Arg 9…Tous possèdent des acides aminés basiques qui sont essentiels pour l’internalisation dans les cellules. La quantification s’avère difficile car il faut distinguer les peptides intracellulaires, les peptides liés à la membrane, et les peptides qui peuvent se trouver dégradés ou modifiés. Classiquement des techniques de radiomarquages sont utilisées pour détecter les peptides vecteurs à l’intérieur des cellules. Le problème est que ces résultats sont indirects, généralement peu quantitatifs et des artefacts sont possibles. Une nouvelle méthode de quantification directe par spectrométrie de masse a été développée en utilisant un peptide porteur d’isotope stable comme calibrant. Après une incubation avec le peptide vecteur sous forme hydrogène, des lavages et un traitement à la trypsine, les cellules sont additionnées d’une quantité connue de peptides sous forme deutérés, lysées puis chauffées 15 minutes à 100°C. Les billes greffées à la streptavidine, qui ont permis de purifier les peptides internalisés et les calibrants, sont directement déposées dans la matrice HCCA sur la cible MALDI-TOF pour analyse. Cette méthode est simple, rapide et reproductible. Elle permet : - Une quantification directe des CPP - Une discrimination non ambigüe des peptides - L’analyse des dégradations - L’étude de l’internalisation relative des peptides - La quantification d’un cargo transporté par un CPP. M. Wisztorski Page 14 Compte-rendu du Symposium de Montpellier (suite) Protéomique des Plantes et des Microorganismes Michel ZIVY (INRA Gif-sur-Yvette) La protéomique en biologie végétale : un outil à l’intersection entre la génomique, la génétique et la physiologie Michel a commencé sa présentation en rappelant que les végétaux contrairement aux animaux devaient obligatoirement s’adapter sur place pour faire face à un environnement défavorable. Dans un 1er temps, il a rappelé que la protéomique descriptive permet d’établir un inventaire des protéines présentes à un moment donné. La protéomique "inventaire" permet en plus de caractériser ces protéines : identification de la structure primaire, correction des annotations des séquences génomiques, preuve expérimentale de l’expression du gène, localisation de la protéine, composition des complexes protéiques, modifications post-traductionnelles. Dans la protéomique descriptive l’objet de l’analyse est donc uniquement centré sur la protéine en elle-même. A contrario, la protéomique comparative est basée sur l’analyse des modifications du protéome en réponse par exemple à un stress. L’objet analysé dans ce cas est la relation entre les protéines et les phénomènes physiologiques mis en œuvre face à ce stress. Pour illustrer ses propos, Michel a montré un travail de son labo concernant l’étude comparative de la feuille de maïs en réponse à la sécheresse. Cette réponse est fonction du type cellulaire et du stade de différenciation. Au cours de son développement, la zone d’élongation de la feuille de maïs pousse les cellules les plus anciennes vers l’extrémité de la feuille. Lors du stress hydrique, la croissance foliaire est ralentie et la taille de la zone d’élongation est réduite. Le découpage de la feuille de maïs en différents segments correspondants aux différents états de différenciation va permettre d’étudier la croissance liée au développement de la plante versus un stress hydrique modéré et sévère. Au total, 250 gels ont été générés et 850 spots ont été analysés. Il en résulte que la COMT est exprimée de façon différentielle avec une concentration plus élevée dans le cas d’un déficit hydrique faible que dans un déficit hydrique important. La quantité de COMT que l’on peut observer résulte donc de sa synthèse spontanée avant le stress. La synthèse de la lignine qui est reliée à celle de la COMT est quand à elle réprimée lors du stress hydrique. Cette étude a permis de montrer des variations d’expression du protéome selon le stade de croissance cellulaire et des réponses du maïs au déficit hydrique. Mauld LAMARQUE (CNRS, Montpellier) Inventaire protéomique de la vacuole digestive du parasite Plasmodium falciparum Après avoir rappelé les risques de la malaria engendrés par Plasmodium falciparum, M. Lamarque a retracé le cycle de vie extrêmement complexe du parasite dans le moustique puis dans le foie de l’homme jusqu’à son envahissement dans les globules rouges. Par la suite, elle a décrit la vacuole digestive du parasite dans ce stade érythrocytaire, de son rôle primordial dans la dégradation de l’hémoglobine des érythrocytes en hème toxique pour le parasite et de sa conversion en hémozoïne inoffensive pour lui. Elle s’est donc intéressée à ce compartiment cellulaire et tout particulièrement à en faire l’inventaire protéique (peu connu en dehors des protéases de l’hémoglobine) par une approche protéomique classique. Ceci dans le but de comprendre les mécanismes d’action de drogues développées au sein de son laboratoire ainsi que de trouver de nouvelles cibles thérapeutiques. Elle a d’abord isolé la vacuole digestive puis réalisé un gel SDSPAGE monodimensionnel qui a ensuite été découpé de manière systématique en une soixantaine de bandes. Ces bandes ont été digérées à la trypsine et les peptides générés ont été analysés par LC-MS-MS. Avec 2 analyses indépendantes, 177 protéines ont été identifiées dont 51 jouent un rôle dans la synthèse protéique du parasite. Parmi les protéines restantes, 63 ont été identifiées avec au moins 2 peptides et 54 avec 1 seul peptide. La majorité des protéines identifiées étaient connues comme appartenant à la vacuole digestive. Mauld a focalisé son attention sur 37 protéines hypothétiques décrites dans la banque de données Page 15 Compte-rendu du Symposium de Montpellier (suite) plasmoDB. Après analyse bio-informatique, 16 de ces protéines ont été retenues, fusionnées avec la GST et 13 ont été purifiées par affinité avec succès. Ces 13 protéines fusionnées ont ensuite été localisées par immunofluorescence dans la vacuole digestive pour tenter de leur assigner une fonction. Abdelkader NAMANE (Institut Pasteur Paris) Différentes approches en spectrométrie de masse quantitative pour l’étude de l’ordre d’assemblage des protéines dans les particules pré-ribosomales A. Namane s’est intéressé aux protéines intervenant dans les complexes pré-ribosomaux et surtout l’ordre dans lequel s’associent les protéines qui assurent la maturation des particules pré-60S chez la levure. Par une approche TAP-TAG, il a ainsi mis en évidence que la protéine Rlp24 ne pouvait s’accrocher au complexe que si la protéine Nog1 était déjà présente dans le complexe naissant. Ce résultat conforte ainsi l’hypothèse que l’association des protéines pré-ribosomales était séquentielle. De plus, en mutant Nog1, la protéine Sss1 s’accumule ce qui suggère qu’elle appartient à un complexe qui intervient en amont de la déplétion de Nog1 alors que Nog2 appartiendrait à un complexe en aval de cette déplétion. Ensuite avec la méthode SILAC, il a pu mettre également en évidence les protéines du complexe qui s’associent en amont et en aval d’une souche de levure déplétée en Nog1. Cette méthode par rapport au TAP-TAG permet de quantifier les protéines identifiées appartenant au complexe. Enfin à la différence des 2 précédentes méthodes où il est nécessaire de faire 1 gel monodimensionnel suivi d’une MS simple, il a évoqué la méthode iTRAQ pour retrouver les résultats précédents. Au final, la méthode SILAC répétée de nombreuses fois a permis d’identifier 31 protéines spécifiques du pré-ribosome ainsi que 39 autres protéines non spécifiques. L’iTRAQ réalisé une seule fois a permis d’identifier 27 protéines préribosomales et 79 autres protéines non préribosomales. Parmi les protéines pré-ribosomales, 19 ont été retrouvées à la fois par la méthode SILAC et iTRAQ. Ceci démontre d’une manière générale que les techniques employées dans les études de complexes protéomiques ne sont pas exhaustives et que les méthodes SILAC et iTRAQ sont 2 méthodes quantitatives complémentaires pour étudier la dynamique des complexes moléculaires. Néanmoins, il est nécessaire de répéter les expériences pour valider les mesures de quantification réalisées, d’être plus reproductible dans la préparation des échantillons et d’augmenter la sensibilité pour voir les complexes peu abondants. Il ne faut pas aussi perdre de vue de toujours valider la protéine identifiée pour vérifier que cette protéine appartient bien au processus de maturation et qu’il ne s’agit pas d’un contaminant. Véronique SANTONI (INRA Montpellier) Apport de la protéomique dans l’étude de la méthylation de la Lys et du Glu impliquées dans la régulation de l’expression des aquaporines V. Santon nous a parlé de la régulation des aquaporines. Ces protéines canaux à 6 domaines transmembranaires de la membrane plasmique transportent l’eau et les petits solutés au travers de cette membrane. Ces protéines sont présentent dans tous les règnes mais le monde végétal possède le plus grand nombre de gènes codant pour des aquaporines et diverses localisations subcellulaires. Il est connu que des modifications post-traductionnelles régulent le degré d’ouverture et de fermeture de ces canaux ainsi que l’adressage de ces protéines. Pour son étude, Véronique a choisi de travailler sur un organe majeur de l’absorption de l’eau, les racines d’Arabidopsis thaliana riches en aquaporines. Elle a étudié les modifications post-traductionnelles qui régulent les aquaporines. Elle a mis en évidence 6 isoformes d’aquaporines de la membrane plasmique par ESI-MS/MS dont certaines sont homologues à plus de 92% comme PIP2.1 et PIP2.2. Par la suite, elle a montré la présence de modifications post-traductionnelles à l’aide d’un western-blot anti-PIP sur un gel d’électrophorèse bidimensionnelle. L’anticorps a révélé une dizaine de PIP en chapelet avec des pI détectés très éloignés des pI théoriques. Par homologie avec les banques de données et à l’aide de l’outil bioinformatique FindMod (disponible sur le serveur Page 16 Expasy), il s’avère que les peptides non matchés en analyse par spectrométrie de masse de ces PIP immunoréactives correspondent à des phosphorylations (+80 Da) et à des méthylations (+14 Da). Il a alors été prédit que la Met en N-terminal était clivée ou acétylée, que des phosphorylations étaient présentes en C-terminal sur les acides aminés Ser277 et Ser280 et que des méthylations non encore décrites chez les aquaporines étaient situées en N-terminal sur la Lys3 et le Glu6 avec parfois une diméthylation pour Lys3. L’utilisation de divers mutants démontrent que la diméthylation de Lys3 est un marqueur de l’expression des aquaporines à la membrane plasmique tandis que la triméthylation de Lys3 ou la monométhylation de Glu6 conduisent à l’expression de ces protéines dans les compartiments intracellulaires. Elle a montré également une interaction entre Glu6 et Lys3 : Glu6 conditionne le degré de méthylation de Lys3. Par ailleurs, quelque soit le degré de méthylation des aquaporines, le transport de l’eau n’est jamais altéré. Par contre, les mutants montre une accumulation des aquaporines au sein du réticulum endoplasmique ce qui suggère que les méthylations sont bien impliquées dans les mécanismes d’adressage avec une localisation à la membrane plasmique dans les cas d’une diméthylation de la Lys et une localisation à la membrane du réticulum dans le cas d’une triméthylation. Les perspectives de ce travail sont maintenant de mettre en évidence les méthyltransférases impliquées ainsi que les partenaires protéiques des aquaporines en fonction de leur site et/ou degré de méthylation comme cela a été réalisé pour les histones. Cédric BROUSSARD Applications biomédicales et pharmaceutiques Cette session a été ouverte par l’excellente présentation d’Hubert Hondermarck. Lors d’une introduction atypique, en se référant au tableau Agnès Sorel représentée en Vierge par Jean Fouquet Compte-rendu du Symposium de Montpellier (suite) d’Agnès Sorel, il nous a présenté le sein comme un élément de vie (l’enfant), d’attraction sexuelle (les anges rouges) mais aussi de mort (les anges noirs). Son travail, porte d’une part sur la recherche de marqueurs spécifiques du cancer du sein et, d’autre part, sur la découverte de nouvelles cibles thérapeutiques. Actuellement, le cancer du sein affecte une femme sur huit en Europe et aux Etats-Unis. Parmi les cancers, le cancer du sein est la première cause de mortalité chez la femme. Les objectifs du travail présenté par Hubert Hondermarck sont multiples. D’abord, mettre en évidence de nouveaux marqueurs permettant d’assurer la détection précoce du cancer du sein. Ensuite, découvrir des marqueurs capables d’effectuer un typage permettant d’adapter les traitements en les rendant plus efficaces. Enfin, découvrir des mécanismes de signalisation mis en place lors du processus de cancérisation. Les protéines issues de cellules saines ou cancéreuses ont été séparées par électrophorèse mono ou bidimensionnelle, puis identifiées par spectrométrie de masse. L’analyse comparative des gels d’électrophorèse a révélé un nombre limité de variation confirmant que les cellules cancéreuses sont moléculairement peu différentes des cellules saines. Toutefois, cette analyse différentielle a mis en évidence des différences qui ont été ensuite Page 17 Compte-rendu du Symposium de Montpellier (suite) validées par Western Blot ou par immunohistochimie sur des biopsies tumorales provenant de plusieurs centaines de patientes. Cette approche a permis de montrer une diminution de la quantité de deux protéines dans les cellules cancéreuses : la serine protease inhibitor Maspin et de la molecular chaperone 14-3-3. En utilisant la LC/MS/MS, une autre protéine, absente dans les cellules saines, a été mise en évidence spécifiquement dans les cellules cancéreuses. Etonnamment, cette protéine a été identifiée comme étant le Nerve Growth Factor (NGF). L’expression spécifique de cette protéine dans les cellules du cancer du sein a été validée par Western Blot et tissue array. Une analyse de l’expression du gène du NGF a, par ailleurs, démontré l’absence de transcrit au niveau des cellules saines. Ainsi, du fait de sa présence spécifique dans les cellules du cancer du sein, le NGF apparaît comme un marqueur tumoral d’exception avec un intérêt clinique potentiel. Le NGF a également un effet sur la prolifération des tumeurs. En effet, il stimule les cellules pour leur multiplication, il est mitogène et antiapoptotique. Le NGF intervient dans une boucle autocrine produite par les cellules cancéreuses qui assurent ainsi leur prolifération. Chez la souris SCID, l’inhibition de la voie de signalisation du NGF se traduit par une forte diminution de la croissance des cellules cancéreuses et une diminution corrélée des tumeurs et des métastases. En conclusion, le NGF et sa voie de signalisation se retrouvent présenter un intérêt clinique potentiel pour le traitement des cancers du sein. A la question pourquoi y a-t-il de l’expression du NGF au niveau du sein ? Hubert Hondermarck en se référant au tableau ci-contre nous rappelle que le sein est une partie du corps particulièrement sensible. La session s’est poursuivie par l’exposé d’Alain Beck. En biotechnologie, la production d’anticorps monoclonaux pour des utilisations thérapeutiques est en plein essor. À ce jour, une vingtaine d’anticorps ont déjà reçu une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) et une centaine est en cours d’évaluation pré-clinique. L’insulin-like growth factor-1 receptor (IGF-1R) est une protéine surexprimée dans de nombreux Gabrielle d'Estrées et l'une de ses soeurs, École de Fontainebleau ©RMN/René-Gabriel Odéja types de cellules tumorales. Actuellement, des anticorps monoclonaux humanisés dirigés contre cette protéine ont été produits dans des cellules CHO. Afin de valider la structure des anticorps produits, une analyse de la structure primaire des anticorps a été réalisée par microséquençage, spectrométrie de masse et carte peptidique. De manière surprenante, les chaînes lourdes, outre les modifications post-traductionnelles attendues, contenaient une séquence de 24 acides aminés surnuméraires. Cette séquence additionnelle correspond à la traduction d’un intron localisé entre les domaines constant et variable de la chaîne lourde. Cette différence n’avait pas pu être mise en évidence par les méthodes analytiques traditionnelles comme l’électrophorèse monodimensionnelle ou l’isoélectrofocalisation. Un bon conseil : « Pour valider une structure ou identifier des anomalies, mieux vaut utiliser plusieurs technologies différentes ». Un exposé plein de suspense, celui de Nicolas Sommerer, nous a présenté une cartographie de gels 2D de protéines de salive humaine. Cette étude a montré que l’alpha amylase précédemment décrite comme étant très stable, se retrouvait dans le gel au niveau d’une soixantaine de spots. Une analyse fine par carte peptidique de chacun des spots a montré la présence d’amylase native glycosylée ou non glycosylée, et d’amylase présentant des délétions au niveau des extrémités N et/ou C terminale. De manière tout à fait surprenante, certains spots ne peuvent s’expliquer que par des délétions simples ou multiples : Il n’y a pas eu que “le machouilleur de parafilm” qui a salivé… Page 18 Compte-rendu du Symposium de Montpellier (suite) Cette session s’est achevée par la communication orale d’Olivia Dekeyzer dont l’objectif était de nous présenter l’utilisation de l’approche SELDITOF pour identifier des bio-marqueurs associés à une pathologie cardio-vasculaire. Cette étude qui a d’abord été mise au point à partir de 4 échantillons contrôle et de 4 échantillons de patients atteints, a révélé l’existence de 7 pics différentiellement exprimés. Ces 7 pics ont été validés en utilisant 15 nouveaux échantillons contrôle et 15 échantillons de patients atteints. Chaque pic a ensuite été purifié à l’aide d’une colonne de chromatographie puis séparé sur gel d’électrophorèse, et enfin analysé en MALDI-TOF et LC-MS/MS. Hélas, les résultats étant valorisables, ils n’ont pu être portés à notre connaissance ! D. Lapaillerie Analyse à haut et moyen débit Cette session a débuté par la présentation de Joël Rossier (DiagnoSwiss SA, Suisse) sur «l’opportunité de miniaturiser les outils d’analyse protéomique et de diagnostique : Off-Gel IEF – nanoLC MS/MS et immuno-analyse en microfluidique ». Dans son introduction, M. Rossier a bien distingué l’analyse protéomique, dont le but est de trouver de nouvelles protéines (méthode non spécifique, détection universelle), et le diagnostic dont le but est de mesurer la présence d’une protéine spécifique dans l’échantillon (sélectivité par affinité, détection spécifique). La première partie de cet exposé a été consacrée à la miniaturisation dans l’analyse protéomique. M. Rossier a décrit une méthode qui met en oeuvre l’utilisation de la focalisation isolectrique Off-Gel (IEF) afin de réaliser une préconcentration efficace des protéines et/ou des peptides et ainsi avoir une analyse MS/MS de qualité. Cette méthode consiste dans un premier temps à faire sur l’échantillon une “immunodéplétion” afin d’éliminer certaines protéines (albumine, IgG, IgA…) puis une IEF entre les pH 4 et 7. Quatre fractions de protéines (résolution de 0,15 unité pH) sont ensuite récupérées et digérées individuellement. Chaque digestion de protéines est soumise à une IEF (pH 3 à 10) et séparée en 15 fractions (résolution de 0,4 unité pH). Chaque fraction de peptides est enfin analysée par LCMS/MS. Des applications sur le plasma humain, le fluide amniotique et la découverte de protéines dégénératives dans le liquide cérébro-spinal ont illustré les bons résultats de cette méthode. La deuxième partie a été consacrée à la miniaturisation pour des applications en diagnostique. Le principe consiste à miniaturiser des immunoanalyses (diminution des volumes d’échantillon, amélioration des limites de détection, diminution du temps d’analyse) à l’aide d’un dispositif microfluidique. Le protocole mis en place consiste dans un premier temps à pré-concentrer la protéine étudiée avec l’utilisation de micro-canaux de 50 nL greffés avec des anticorps et l’utilisation d’une enzyme puis de réaliser une détection ampérométrique in-situ. La miniaturisation dans ce domaine est donc plus simple lorsque la molécule étudiée est connue et lorsque l’amplification du signal est possible. La deuxième conférence de cette session a été présentée par William D. Van Dongen (TNO Quality of Life, Pays-Bas) et a porté sur la « mise en œuvre de stratégies analytiques complètes dans la recherche sur le métabolome ». La métabolomique est une nouvelle étape de compréhension dans la recherche sur le génome. D’un point de vue biochimique, le métabolome est l’analyse des métabolites constituant la cellule et son étude permet de mieux comprendre les fonctions biologiques. Cette conférence a eu pour sujet le développement par TNO d’une nouvelle plate-forme compatible pour l’analyse du métabolome de microorganismes. Cet outil permet d’obtenir une analyse chimique complète, un prétraitement et une étude multivariée des données. Les principales techniques analytiques mises en œuvre avec cet outil sont la GC-MS, et la LC-MS. M. Van Dongen a ensuite détaillé les résultats obtenus sur l’étude du métabolome du B. Subtilis Page 19 Compte-rendu du Symposium de Montpellier (suite et fin) en indiquant que la combinaison de ces deux méthodes analytiques a permis l’analyse d’environ 98% de ses métabolites disponibles commercialement. Ceci en validant les méthodes suivant la sensitivité, la robustesse et la quantification. L’amélioration des résultats dans ce domaine de recherche passera par un développement de nouvelles techniques analytiques compatibles et par un approfondissement dans l’analyse des données. Cette session s’est poursuivie par la conférence de Julia Chamot-Rooke (DCMR, Ecole Polytechnique, Paris) qui a porté sur la “electron capture dissociation” (ECD) de peptides dérivés avec une charge fixe : caractérisation des modifications post-traductionnelles ». L’interaction sucre (ou phosphate)-acide aminé étant très labile, ceci représente un véritable problème de l’analyse structurale (localisation du groupement) de ces peptides en spectrométrie de masse. Les résultats présentés dans cette conférence ont porté sur la caractérisation de glycopeptides et phosphopeptides dérivés par des espèces acétyl phosphonium (TMPP-Ac), et analysés en Nanospray-ECD et en MALDI-SORI CAD. L’étude a été réalisée sur un spectromètre de masse 7.0 Brucker Apex III FT-ICR équipé de deux sources, nanospray et MALDI. Cet exposé a été consacré à la description du couplage entre un spectromètre de masse à trappe ionique et un laser UV OPO réglable. Le principe de ce couplage consiste au passage du rayon laser directement dans la trappe ionique préalablement forée de deux trous de 2 millimètres de diamètre. A chaque longueur d’onde (compris entre 215 et 700nm), les ions parents sont dans un premier temps isolés dans le piège, puis irradiés avec le laser pour être finalement analysés à l’aide du spectromètre de masse. Ce couplage permet donc d’enregistrer des coupes spectrales mais aussi de réaliser des expériences permettant plusieurs étapes d’analyse comme LID/LID, CID/LID et LID/CID (LID : Laser Induced Dissociation, CID : Collision Induced Dissociation). Une application sur ce nouveau type d’appareillage a été réalisée pour déterminer les propriétés optiques et structurales sur des peptides métalliques. D’autre part, il a été montré que les spécificités de ce couplage permettent de proposer des perspectives intéressantes dans le domaine de la chimie analytique avec le développement de la LIRD (Laser Induced Radicalar Dissociation). Yannis FRANCOIS L’analyse sur les glycopeptides dérivés TMPP-Ac en MALDI-SORI CAD, a permis, sur des composés cationiques chargés une fois (sur le phosphonium), d’obtenir sur les ions précurseurs des spectres contenants principalement les ions a et b portant le glycan. Dans ces conditions, la localisation des emplacements de glycolisation est donc possible. L’étude ECD a été effectuée sur des composés doublement chargés et a permis d’obtenir une série d’ions c couvrant la séquence entière. Par contre, il apparaît que l’efficacité de la fragmentation est meilleure sur les résultats des expériences d’ECD sur des formes non dérivées. Des résultats similaires ont été obtenus pour les phosphopeptides, mais l’étude en ECD s’avère être plus efficace avec ces phosphopeptides. La dernière conférence de cette session a été donnée par Rodolphe Antoine (Laboratoire de Spectrométrie Ionique et Moléculaire, Villeurbanne). Cette conférence avait pour objet le “couplage d’une trappe ionique avec un laser UV OPO : étude de la photodissociation de peptides”. Une rue de Montpellier (photo D. Godfrin) Page 20 Montpellier Si vous n’avez pas eu le temps de visiter la ville de Montpellier je vais essayer de vous en faire respirer l’air. C’est le côté un peu secret de la ville que j’ai humé le matin et le soir en me rendant de notre hôtel au Forum. Car ce qui caractérise Montpellier se sont ses nombreux hôtels particuliers datant du 18ème siècle dont la plupart restent fermés. Le premier soir après avoir assisté aux conférences nous sommes entrés dans le musée du vieux Montpellier mais l’heure était tardive et il était fermé. Cependant un petit groupe écoutait attentivement une guide lui expliquer qu’il fallait oser s’introduire le matin derrière le facteur ou suivre une personne pour visiter ces hôtels si particuliers. Franchissez le portail en bois, souvent décoré d’un heurtoir et une entrée vous conduira à un escalier monumental, disait- elle. Chaque hôtel en possède un simple ou double dont le style lui est propre et qui fait la fierté de ses habitants. Proche de cet escalier une cour pavée emprisonnée entre les hauts murs de la maison conserve la fraîcheur au sein des étés très chauds du midi méditerranéen. La ville compte plusieurs dizaines de ces hôtels dont vous avez pu voir les portes et les grandes fenêtres donnant sur les rues étroites et fraîches de la vieille ville de Montpellier, qui a une forme d’écusson. Je ne vous décrirai pas la place de la comédie car je pense que tout comme moi vous l’avez traversée au moins le matin pour vous rendre de votre hôtel au forum et soir dans le sens inverse en vous arrêtant dans un de ces petits restaurants si nombreux dans cette ville estudiantine. Texte de H. Sénéchal Photos de D. Godfrin Page 21 Compte-rendu du Congrès HUPO de Munich Le 4e congrès d’HUPO (Human Proteomics Organisation) s’est déroulé à Munich (Allemagne) du 28 aout au 1er septembre 2005. Plus de 2000 participants de 69 pays différents étaient présents à ces journées, plus de 1000 posters ont été affichés durant les 3 sessions prévues à cet effet et 109 communications orales ont été présentées. Un programme dense, varié et complet nous a été proposé durant ces quatre jours où nous avons assisté à: - une journée de formation sur les différentes techniques de protéomique en « vogue » (2D DIGE, MudPIT, MALDI, LC-MS /MS) ainsi que sur les thématiques importantes abordées en protéomique (Modifications post-traductionnelles, analyses quantitatives, études bioinformatiques), - des sessions plénières qui ont suscité l’engouement de tous grâce à la participation de grands noms de la protéomique, - des sessions parallèles traitant des différents domaines pour lesquelles les outils de protéomique sont utilisés (Recherche de biomarqueurs en cancérologie, développement d’outils cliniques pour les diagnostics, utilisation d’anticorps pour la caractérisation de pathologies, le développement des nanotechnologies, … Lors de la cérémonie d’ouverture, les organisateurs du congrès -le président d’HUPO, John Bergeron (Canada) ainsi que Matthias Mann (Allemagne) et Angelika Görg (Allemagne)- ont pris la parole pour définir l’enjeu et les objectifs de ce 4e congrès d’HUPO. John Bergeron a insisté sur la nécessité de ne pas voir la Protéomique comme un outils à générer des bases de données inexploitées mais comme le moyen d’accéder au Graal et percer le mystère de certains systèmes biologiques. C’est pourquoi ce 4ème congrès a été orienté sur la thématique : « From defining the proteome to understanding function ». Alors que Matthias Mann, décrivait la protéomique comme "une jeune adolescente pleine d’énergie, pleine de ressources et qui ne demande qu’à s’émanciper ", Samir Hanash (USA) - une des figures historiques de la protéomique - insistait sur l’importance d’organiser et d’homogénéiser les recherches ainsi que d’intégrer les résultats pour former un consensus de développement en protéomique. Les pionniers de la protéomique Parmi les conférences plénières, une session a été dédiée aux pionniers qui ont donné vie aux termes «protéomique» et « spectrométrie de masse ». Parmi ceux-ci, Patrick O’Farrell qui est à la l’origine de la séparation bidimensionnelle, nous a présenté ses travaux…de thèse (1969-1974) ! Ses travaux étant basés sur l’expression précoce et tardive du génome des bactériophages, l’absence de complexité du mélange et l’inexistance du suffixe « omics » ne nécessitaient alors pas de haute technique de résolution. S’intéressant par la suite à l’ensemble complexe des protéines exprimées dans les cellules eucaryotes, le passage entre une simple résolution 1D à la séparation 2D s’imposait. O’Farrell nous a retracé avec beaucoup d’humour le contexte ainsi que les différentes étapes qui se sont succédé pour aboutir avec succès en 1974 à la 1ère séparation 2D. Après le refus de publication de ses travaux par le journal JBC qui lui a répondu que « The paper is more appropriate for publication in a journal specializing in biochemical methods… » soutenu par l’avis du referee de l’article :« I found the study, as presented to this manuscript, to be "analysed" far beyond the physical limits of the measurements, to be hightly speculative in places, and to be extrapolated, in terms of usefulness, far beyond what the author has any reason to expect », O’Farrell a eu, avec cette technique, le succès que nous lui connaissons aujourd’hui du fait de la grande sensibilité de détection de protéines issues de mélanges complexes et la possibilité de l’appliquer à de nombreux systèmes biologiques. A 25 ans, le doctorant O’Farrell donnait des cours de protéomique à des « étudiants » répondant aux noms de Fotis Kafatos, Bruce Ames, et Peter Gieduscheck. Ça laisse rêveur… Page 22 Compte-rendu du Congrès HUPO de Munich En ce qui concerne le domaine de la Spectrométrie de Masse, John Fenn (USA) est un des pionniers de l’ionisation par électrospray qui a remporté le Prix Nobel de Chimie en 2002 avec Koichi Tanaka (Japon) et Kurt Wüthrich (Suisse) grâce au développement de méthodes de désorption-ionisation douces pour l'analyse par spectrométrie de masse des macromolécules biologiques telles que les protéines. Aujourd'hui, c’est grâce à ces travaux, que d’importantes techniques chimiques que sont que la spectrométrie de masse et la résonance magnétique nucléaire (RMN) sont utilisées pour l'analyse des biomolécules. Du haut de ses 86 ans, John Fenn nous a présenté une rétrospective des découvertes qui ont été faites en spectrométrie de masse pour l’identification et l’analyse structurale de macromolécules. Ses travaux ont commencé en 1960 avec l’aide de Bob Drake et de Michel Boudart par la conception du précurseur de l’électrospray. (Figure ci contre). Entouré de ses étudiants (M.Yamashita, C.M. Whitehouse et M. Mann), John Fenn a réalisé un travail important sur les brouillards et les aérosols soumis à des champs électriques intenses. Le principe de l’électrospray avait déjà été envisagé en 1968 par Malcolm Dole, lors d’études sur les faisceaux de gros ions moléculaires désolvatés par des gaz inertes. C’est en utilisant un gaz desséchant à contre-courant que John Fenn a pu, en 1984, observer des ions produits sous pression atmosphérique. Puis, il a étudié l’ionisation de polyéthylène glycols de très hautes masses moléculaires et portant plus de mille charges positives. Il a par la suite appliqué sa méthode aux molécules de taille moyenne (peptides et polysaccharides), puis aux protéines. De cette technique, les modes ion-spray et nanospray ont été développés, permettant l’étude de mélanges de plus en plus complexes et la détection de quantités de matière toujours plus faibles (de l’ordre de la zemptomole, soit 10-21 mole). Protein atlas Le séquençage et l’annotation du génome humain nous orientent vers une ère post-génomique où un intérêt grandissant est porté sur les produits des 22118 gènes séquencés. Mathias Uhler est venu à Munich présenter le projet HPR (Human Proteome Resource) qui a pour objectif la production systématique d’anticorps dirigés contre les produits de l’ensemble du génome afin de constituer une banque d’anticorps. Ce projet a débuté en juillet 2003 et a permis de générer une banque de plus de 700 anticorps qui ont servi à étudier l'expression et la localisation des protéines dans 48 tissus humains normaux et 20 tissus cancéreux. Pour ne citer que quelques chiffres, 576 coupes immunohistochimiques (représentant 20 Giga) ont été digitalisées pour chacun des 700 anticorps puis analysées et annotées à temps plein par 26 pathologistes afin de quantifier et de localiser les protéines spécifiques des différents types cellulaires. Tous les résultats de ces analyses ont été regroupés dans une base de données accessible en ligne sur le site www.proteinatlas.org. Cette première version qui contient plus de 400 000 images de coupes immunohistochimiques de haute résolution est une importante source de connaissance pour l’étude fonctionnelle de protéines et la découverte de nouvelles cibles thérapeutiques en recherche médicale. Les « Equilizer beads » de Righetti ou Comment atteindre la face cachée de l’iceberg ? Le congrès de Hupo s’est clôturé par un véritable « One man show » à l’italienne avec Pier-Giorgio Righetti de l’Université de Vérone sur le devant de la scène. Ce personnage haut en couleur nous a présenté une nouvelle technologie très prometteuse permettant de concentrer les protéines peu représentées dans un mélange complexe de protéines (comme par exemple le serum) en déplettant les protéines majoritaires. Page 23 Compte-rendu du Congrès HUPO de Munich (suite) Les protéines minoritaires représentent en moyenne 46% d’un protéome total contre 13% pour les protéines abondantes. Par exemple, dans le blanc d’œuf, 6 protéines représentent à elles seules 99% en masse du protéome total. Afin de connaître la composition des 1% de protéines noyées et de faire immerger la face cachée de l’iceberg, Pier-Giorgio Righetti a mis au point une méthode consistant à équilibrer la concentration des protéines avant séparation. Cette méthode est basée sur l’utilisation de billes recouvertes d’une librairie de peptides hexamériques ligands réalisés à partir des 20 acides aminés naturels (contenant donc en principe 64 millions de ligands différents). Ces ligands étant capables de capturer tous les composants d’un mélange protéique, la concentration des protéines très faiblement représentées est augmentée par rapport aux protéines majoritaires. En effet, après séparation bidimensionnelle de protéines de sérum humain seulement 195 spots sont détectés contre 523 avec la même quantité d’échantillon traité sur ces billes. Lors de la cérémonie de clôture, John Yates et Peipei Ping nous ont présenté un diaporama haut en couleur sur Long Beach (Californie) où se déroulera le 5e congrès d’HUPO du 28 octobre au 1er novembre 2006. Des prix ont été décernés à diverses personnalités pour leur contribution dans le domaine de la protéomique. D’un point de vue personnel, ce congrès a été très enrichissant et formateur. Enrichissant par l’abondance des informations qui ont été présentées (que ce soit sous forme de posters ou de communications orales) et par les rencontres qui sont privilégiées dans ce genre de congrès, et formateur car ce congrès a été pour moi l’occasion de présenter mes travaux dans la langue de Shakespeare (…ou presque). Au niveau touristique, ce congrès m’a donné l’opportunité de visiter Munich ("By night" essentiellement), de savourer la bière allemande en terrasse et d’ "apprécier" la gastronomie Bavaroise à la soirée de gala de HUPO (photo ci-dessus). Je garderai un très bon souvenir de ce congrès dont je vous ai fait partager quelques séquences le temps de ces quelques lignes… Je tiens vivement à remercier la SFEAP de m’avoir attribué cette bourse. Elle m’ a permis de rencontrer toutes les "pointures" qui sont à l’origine du concept de la « protéomique », et de me familiariser avec toutes les techniques de pointe qui sont actuellement développées de part le monde dans ce domaine. Clémence Belleannee L’objectif ultime de HUPO (Human Proteome Organisation) est l’amélioration de la santé humaine par l’utilisation de la protéomique, un domaine devenu très intéressant grâce aux avancées technologiques importantes et aux multiples applications dans la recherche biomédicale. Soulignant le thème de la fonction biologique des protéines, « From defining the proteome to understanding function », le 4e congrès HUPO s’est déroulé à Munich (Allemagne) du 28 Août au 1er Septembre 2005 avec plus de 2000 participants de 69 pays et 1050 résumés soumis et acceptés soit pour des communications orales (109) soit pour des présentations sous forme d’affiche (941 posters). Ce congrès a commencé officieusement le 28 Août avec une journée « éducationnelle » dédiée aux jeunes chercheurs. Plusieurs centaines de participants y ont assisté dans l’intérêt de réviser, d’apprendre ou même de découvrir les bases de la protéomique. A l’attente de tous, les organisateurs Angelika Gorg et Mathias Mann ont proposé un programme scientifique riche en informations dont les objectifs étaient de faciliter l’étude et la caractérisation des protéines dans les différents protéomes ainsi que l’identification de biomarqueurs potentiels et de cibles thérapeutiques. Une attention particulière a été portée sur l’application et la standardisation des protocoles utilisés en protéomique. Ce programme a été présenté sous 4 volets : i) Techniques protéomiques basées ou non sur gel : Dans un premier temps les invités ont rappelé sous forme d’un cours concentré les grands principes de l’électrophorèse bidimensionnelle (2D), l’électrophorèse différentielle (DIGE), la technologie d’identification des protéines en plusieurs dimensions (MudPIT), la chromatographie liquide bidimensionnelle (2DLC) et multi-dimensionnelle (MDLC). Page 24 Compte-rendu du Congrès HUPO de Munich (suite) Dans un second temps d’autres aspects plus pratiques ont été abordés tels que la préparation des échantillons, la solubilisation, la précipitation et la digestion des protéines, le pré-fractionnement, les multiples méthodes de détection, les avantages de la détection en fluorescence, l’automatisation, etc. Toutes ces informations nous ont prouvé dès le début du congrès le besoin des pionniers de la protéomique à initier les jeunes chercheurs de ce domaine en pleine expansion. ii) Identification des protéines : Dans cette partie du programme les chercheurs d’une équipe Danoise dirigée par le professeur Peter Roepstorff nous ont montré les avancées dans l’identification de protéines par MALDI-TOF MS. Après une description détaillée de cette technologie et de l’utilisation de la PMF (peptide mass fingerprint) dans la protéomique, une attention très particulière a été portée sur l’analyse des résultats et les problèmes qui leurs sont liés (les pics faux positifs, les contaminations, les calibrations, etc.). Pour résoudre ces difficultés, il a été proposé le programme «PeakErazor» (http://welcome.to/GPMAW) basé sur le simple concept de comparer toutes les valeurs de masse à une base de données comprenant une liste de contaminants connus. Ceci permet d’éliminer ces derniers et de corriger le spectre de masse mettant en évidence des pics avec des valeurs statistiques correctes. iii) Phospho-protéomique : Des modifications post-traductionnelles ou PTM peuvent affecter la majorité des protéines eucaryotes. Plusieurs de ces modifications (phosphorylation, glycosylation, acétylation, etc.) qui régulent l’activité des protéines, leur localisation et leur stabilité dirigent des processus cellulaires fondamentaux. Pour caractériser et quantifier les PTM et, tout particulièrement la phosphorylation, différentes techniques protéomiques ont été utilisées telles que MALDI MS et MS/MS, ESI MS et MS/MS, etc. Il a été signalé que l’enrichissement des échantillons en protéines phosphorylées et l’optimisation de la préparation des échantillons sont primordiaux pour détecter les signaux PTM en calculant les différences de masses (?m). De plus, pour l’enrichissement et la purification des phospho-peptides, les orateurs ont proposé d’effectuer une chromatographie d’affinité avec des métaux immobilisés (IMAC) en utilisant des colonnes de dioxyde de titanium (TiO2). iv) Bioinformatique pour la protéomique : Jour après jour, la nécessité de nouveaux outils informatiques et leurs importance dans la protéomique augmentent. Dans l’objectif de nous proposer les nouveautés en terme de recherche dans les bases de données et de logiciels protéomiques, deux intervenants de l’Institut Européen de Bioinformatique (EMBL-EBI) et l’Institut Swiss de Bioinformatique (SIB) ont présenté l’avancement des travaux de leurs organismes. D’une part, différents aspects ont été développés allant de la recherche d’une séquence protéique sur Swiss-Prot jusqu’à la classification fonctionnelle (GO), l’identification (PRIDE) et même la détermination des interactions (IntAct) des protéines. D’autres part, les orateurs ont insisté sur l’importance de la variabilité et de la reproductibilité des données, sur la nécessité de valider et d’interpréter correctement les résultats obtenus par MS en les confirmant avec d’autres techniques et en choisissant le logiciel bioinformatique approprié. La 1ère journée intense en informations et en partage de connaissances sur les différentes applications dans le domaine de la protéomique s’est achevée avec la réception de bienvenue organisée avec la participation de 59 compagnies exposant leur produit et service au cours du congrès. La cérémonie d’ouverture du congrès a eu lieu le 29 Août annonçant le début du congrès. Lors de cette cérémonie plusieurs intervenants ont souligné l’importance de la protéomique pour la recherche fondamentale et appliquée et l’intérêt de favoriser le transfert de la recherche fondamentale vers l’appliquée tout particulièrement dans le domaine des sciences du vivant. « HUPO est la conséquence de la vision et du défi des scientifiques de tous les domaines », c’est avec ces mots que J. Bergeron, le président de HUPO, a commencé son discours en précisant que la protéomique a beaucoup avancé dans l’étude des pathologies humaines grâce à l’aide et à la participation des scientifiques tels que les organisateurs de ce congrès. Le président de la fondation de la recherche allemande (DFG), Prof. E.L. Winnacker, a insisté à son tour sur l’importance de la protéomique et les besoins dans ce domaine pour étudier les intérêts biologiques et pathologiques des protéines. Il a ensuite consacré le restant de son discours au développement de la recherche en Allemagne et en Europe précisément dans le Page 25 Compte-rendu du Congrès HUPO de Munich (suite et fin) domaine de la protéomique. Il s’avère que l’Union Européenne aurait besoin de 7000 scientifiques jusqu’à l’an 2010 et que le gouvernement allemand a décidé dans cet objectif de financer la recherche à raison de 380 millions d’euros par an. Le Prof. Winnacker considère que toutes les activités en Allemagne et dans l’UE sont importantes pour lancer des collaborations et que le congrès HUPO jouit d’une bonne réputation pour faciliter ce genre de contact due à la communauté scientifique et aux organisateurs. protéomes, phosphoprotéomes, les protéines membranaires, etc. Cette année, en plus des initiatives en cours, d’autres propositions ont été soumises aux siège principal de HUPO et sont en cours de validation : i) HUPO Cancer Proteomics, ii) Disease Biomarker Initiative, iii) Kidney Biomarker Initiative et iv) Cardiovascular Biomarker Initiative. S. Hanash a terminé son discours en précisant que l’organisation du proteome humain existe grâce à l’aide financière et au soutien provenant du gouvernement, des fondations et surtout des industries. S. Hanash, le fondateur de HUPO, est intervenu à la fin de la cérémonie d’ouverture pour parler en détail des initiatives de HUPO en cours et des critères pour proposer de nouvelles initiatives. Les membres conseillers de ces projets se sont réunis la veille du congrès à Munich pour déterminer ces critères (www.hupo.org). Selon S. Hanash le besoin de rechercher des informations à partir du protéome sont essentielles et cette recherche serait favorisée si nous joignons nos efforts car aucune personne ou même aucun pays ne pourrait le faire tout seul. Il considère que la protéomique est un « pool » de technologies très diverses mais insuffisantes et pour pousser ces techniques à leurs limites il faudrait prendre des initiatives et surtout collaborer. Les initiatives de HUPO au cours des deux dernières années se sont focalisées sur 3 tissus : le foie, le cerveau et le sérum/plasma. Les progrès réalisés dans ces projets sont satisfaisants et ils sont menés avec rigueur dans l’identification des protéines et même dans la redéfinition de certains gènes (non identifié dans le génome) à travers la protéomique. Une autre initiative a été de créer un catalogue d’anticorps validés issus de différentes sources et de construire un Atlas de protéines utiles pour la localisation et l’expression des protéines humaines dans les cellules normales et pathologiques. Les demandes de l’année dernière au cours du 3e Congrès à Pékin avaient été faites dans le but d’élargir les initiatives pour étudier d’autres tissus tels que le muscle, les reins, les poumons, les seins, la prostate et les fluides biologiques (urine, salive, CSF, etc.) ainsi que des sub-protéomes comme les glyco- Une conférence plénière a été présentée par John Yates III, un des pionniers de la spectrométrie de masse. L’orateur a souligné l’importance et les limites de l’utilisation de la spectrométrie de masse pour les études biologiques. Il a insisté dans un premier temps sur l’identification des cibles en effectuant des multidigestions enzymatiques. Dans un second temps, il a évoqué la recherche ciblée des sites de phosphorylation par MudPIT et a proposé le fractionnement pour faciliter l’étude de la phosphorylation et pour augmenter la résolution et la sensibilité des spectres tout en projetant dans une analyse protéomique spécifique à chaque organe. Un autre maître de la spectrométrie de masse et l’un des organisateurs du congrès, Mathias Mann, a lui aussi présenté les avancées dans ce domaine plus précisément à l’interface LC/MS. Il a accentué l’importance de la protéomique quantitative par marquage isotopique in vitro soit avec chromatographie d’affinité ICAT, soit sans SILAC. Les exemples proposés concernaient l’étude de la phosphorylation dans des lignées cellulaires cancéreuses incubées avec des acides aminés marqués. Il a ciblé plus particulièrement les récepteurs tyrosine kinases de la famille ErbB activés avec le facteur de croissance EGF, il a suivi la cinétique de phosphorylation en étudiant les phospho-peptides par MS Je tiens à remercier le Société Française d’Electrophorèse et d’Analyse Protéomique de m’avoir attribué une bourse pour participer au congrès international HUPO 2005. Garabet YERETSSIAN. Merci aux boursiers de la SFEAP, Clémence Belleannée et Garbet Yeretssian pour les résumés qu'ils ont fait du Congrès HUPO de Munich Page 26 Nos partenaires Les sociétés commerciales dont les noms suivent accordent leur soutien à la SFEAP en souscrivant comme partenaire. Nous les remercions pour leur concours. APPLIED BIOSYSTEMS Applera France S. A. 25 avenue de la Baltique, BP96 91943 Courtaboeuf Cedex Tél 01 69 59 85 85 ; Fax 01 69 59 85 00 Courriel : [email protected] http://www.appliedbiosystems.com AGILENT Division Sciences de la Vie 1 rue Galvani 91745 Massy Cedex Tél 01 64 53 51 55 ; Fax 01 64 63 56 39 Courriel : [email protected] http://www.agilent.com ALPHELYS Ferme des Ebisoires Impasse Paul Langevin 78370 Plaisir Tél 01 30 07 52 95 ; 06 81 05 16 19 Fax 01 30 07 51 56 Courriel : [email protected] http://www.alphelys.com AMERSHAM BIOSCIENCES Groupe GE Healthcare Parc technologique, Rue René Razel Saclay, 91898 Orsay Cedex Tél 01 69 35 67 00 ; Fax 01 69 41 96 77 Courriel : [email protected] http://www.amershambiosciences.com BIO-RAD 3 bd Raymond Poincaré 92430 Marnes-la-Coquette Tél 01 47 95 69 65 ; Fax 01 47 95 61 21 http://www.discover.bio-rad.com BRUKER 34 rue de l'Industrie 67166 Wissembourg Cedex Tél 03 88 73 68 30 ; Fax 03 88 73 68 79 http://www.bruker.fr CIPHERGEN BIOSYSTEMS, Inc Isabelle Buckle 36 rue des Augustins 92160 Antony Tél 01 42 37 60 74 ; Mob 06 20 25 62 11 Courriel : [email protected] http://www.ciphergen.com DIONEX S. 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