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20 novembre 2008 C O M M U N I Q U E D E P R E S S E Contre le monopole de Myriad Genetics sur les tests de prédisposition aux cancers du sein et de l’ovaire Revirement de situation à l’Office Européen des Brevets A l’issue des procédures d’appel qui ont eu lieu du 12 au 19 novembre 2008, l’Office Européen des Brevets (Munich) est revenu partiellement sur sa décision, en attribuant à l’Université de l’Utah, désormais propriétaire des brevets de Myriad Genetics, un brevet sur un certain type de mutation. Elle « possède » en théorie à ce jour plus de la moitié des mutations identifiées sur le gène BRCA1. L’Institut Curie, l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris et l’Institut Gustave-Roussy, soutenus par l’Institut National du Cancer (INCa), ainsi que les autres opposants européens, contestent depuis 2001 le monopole imposé par les trop larges revendications de Myriad Genetics, licencié exclusif de ces brevets. Bien que les deux brevets réexaminés soient réduits, les institutions restent inquiètes quant aux conséquences que peut avoir une telle décision sur la faisabilité des tests génétiques de recherche de prédisposition aux cancers du sein et de l’ovaire. Dans l’optique où Myriad Genetics saisirait la justice française pour revendiquer ces droits sur ces deux brevets, comment cette dernière interpréterait-t-elle ces brevets ? A l’issue des procédures d’appel qui ont eu lieu du 12 au 19 novembre 2008, l’Université de l’Utah, désormais propriétaire des brevets de Myriad Genetics, s’est vu accordé un brevet sur le gène de prédisposition aux cancers du sein et de l’ovaire, BRCA1, plus large qu’escompté au vu des résultats des oppositions déposées par l’Institut Curie, l’IGR, l’AP-HP, et diverses sociétés de génétique européennes auprès de l’OEB depuis 2001. Une épée de Damoclès sur la santé publique Le brevet porte désormais sur un certain type de mutations de ce gène de prédisposition aux cancers du sein et de l’ovaire et les méthodes permettant leur détection. Le Pr Dominique StoppaLyonnet, chef du service de Génétique de l’Institut Curie et professeur à l’Université Paris Descartes, précise que bien que « sous une forme plus restreinte, ce brevet reste une menace pour notre conception de la santé publique ». En effet, cette décision de l’OEB peut avoir diverses suites. Myriad A ce jour, plus de 15 000 Genetics peut attaquer les laboratoires pratiquant les tests pour consultations de génétique contrefaçon. « L’interprétation de ce brevet complexe sera alors dans les sont pratiquées en France mains de la justice française » conclue Jacques Warcoin, Conseil en chez des femmes appartenant propriété industrielle au Cabinet Regimbeau. L’université de l’Utah et à des familles identifiées Myriad Genetics peuvent aussi décider de négocier avec les différents comme à risque. 4 000 tests laboratoires, voire abandonner le brevet compte tenu des difficultés liées à de recherche de première sa mise en œuvre. mutation dans les gènes BRCA1 et BRCA2 sont « Le brevet tel que validé représente donc une épée de Damoclès, selon le effectués et 15 % des mutation Pr Gilbert Lenoir, directeur de la recherche à l’Institut Gustave-Roussy, et les s identifiées deviennent la base institutions opposantes doivent rester en alerte. » de tests génétiques. Les brevets accordés par l’OEB à l’Université de l’Utah, ont une portée restreinte par rapport à celle originellement demandée par Myriad Genetics. Mais une menace demeure en raison du flou lié à leur interprétation. Ces brevets semblent toutefois difficilement applicables en droit français. En effet, la définition de l’invention repose sur le résultat de la recherche de mutations et non sur la recherche de mutation ellemême. Quoi qu’il en soit si ces brevets étaient jugés valables par la justice française, le système des licences d’office pourrait alors servir de rempart. La législation française contient en effet une disposition permettant de soumettre un médicament à une licence d'office si les exigences financières du breveté apparaissent contraires à l'intérêt de la santé publique. Depuis 2004, grâce à la mobilisation des institutions françaises, cette disposition a été élargie à tous les brevets liés à la santé publique, et notamment aux méthodes de dépistage génétique. En France, cette disposition pourrait inciter Myriad Genetics à négocier plutôt qu’à se lancer dans une confrontation. Quoi qu’il en soit, cette décision est un revirement de situation car l’OEB avait au préalable considéré que les mutations déposées par Myriad Genetics n’étaient pas brevetables selon la convention européenne des brevets. En outre, la Chambre de recours de l’OEB refuse de saisir la Grande chambre de recours. Pour les généticiens européens, cette décision peu claire de l’OEB est un non-sens et les laboratoires devraient poursuivre leur activité. Une décision « à moitié » de l’OEB En 2001, trois brevets européens, ayant pour objet la séquence du gène BRCA1 et des mutations utilisables pour le diagnostic d’une prédisposition aux cancers du sein et de l’ovaire, avaient été délivrés à la société Myriad Genetics. Des oppositions avaient alors été déposées, par l’Institut Curie, l’IGR, l’AP-HP, et diverses sociétés de génétique européennes auprès de l’OEB, à l’encontre de chacun de ces brevets, en particulier pour défaut de nouveauté et d’activité inventive au regard des publications disponibles lors du dépôt des demandes de brevet. Les divisions d’opposition ont décidé dans deux des trois cas de maintenir les brevets sous une forme très restreinte par rapport aux brevets délivrés, et dans le troisième cas de révoquer le brevet dans sa totalité. Le titulaire des brevets a déposé un recours contre chacune de ces décisions. Le recours concernant le brevet EP 705 902 a confirmé la limitation du brevet à une sonde – et non plus au gène complet – en octobre 2007. Les procédures concernant les brevets EP 699 754 et 705 903 viennent d’aboutir à un revirement partiel de situation à l’OEB. Brevet 1 EP 699 754 « Méthode diagnostique d'une prédisposition à un cancer du sein ou de l'ovaire associé au gène BRCA1 » A l'issue de la procédure d’appel qui a eu lieu du 18 au 19 novembre 2008 à Munich, le brevet a été réduit à certaines mutations du gène BRCA1 et aux méthodes diagnostiques permettant de les découvrir. Le brevet ne couvre donc plus la recherche de toutes les mutations du gène BRCA1 qui avait été l’objet de la première révocation en raison du trop grand nombre d’insuffisances présentes dans la séquence déposée par Myriad Genetics. La Chambre de recours a considéré que le cœur de l’invention n’était pas la séquence de référence de ce gène mais le cadre de lecture. Le brevet porte désormais sur environ plus de la moitié des mutations identifiées à ce jour dans le gène de prédisposition aux cancers du sein et de l’ovaire et les méthodes permettant leur détection. Ce brevet ne peut plus être contesté au niveau européen, mais peut être remis en question par les tribunaux nationaux qui seuls possèdent la capacité de juger les brevets européens. Brevet 2 EP 705 903 « Mutations du gène BRCA1 liées aux prédispositions aux cancers du sein ou de l'ovaire » A l'issue de la procédure d’appel qui a eu lieu du 12 au 14 novembre 2008 à Munich, le breveté a pu obtenir une revendication un peu plus large que celle d’origine. En effet, les revendications qui lui ont été finalement accordées portent sur les méthodes diagnostiques permettant de mettre en évidence la mutation 185delAG, une délétion de deux nucléotides ; alors que la procédure d’opposition avait restreint ce brevet à l’utilisation d’une seule sonde de 15 à 30 nucléotides encadrant la mutation 185delAG. Il s'agit d'une mutation fréquente, en particulier dans la population juive ashkénaze nord américaine. Ce brevet est donc accordé dans une forme limitée par rapport aux revendications originales de Myriad Genetics. Pour mémoire : En février 2002, plusieurs oppositions sont déposées auprès de l'OEB contre le brevet européen EP 705 903 intitulé "mutations du gène BRCA1 liées aux prédispositions aux cancers du sein et/ou de l’ovaire" et délivré en mai 2001. L’opposition française : Institut Curie, AP-HP et IGR, soutenus par la Fédération Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer et la Fédération Hospitalière de France ; Les autres oppositions : Ministères belges de la Santé, des Affaires sociales et de la Recherche scientifique - Ministère de la Santé hollandais - Centres belges et hollandais de génétique humaine - Ligue allemande contre le cancer - Greenpeace Allemagne. En août 2002, plusieurs oppositions sont déposées auprès de l'OEB contre le brevet européen EP 705 902 intitulé "gène de susceptibilité aux cancers du sein et des ovaires associé à 17Q" et délivré en novembre 2001. L’opposition française : Institut Curie, AP–HP et IGR, soutenus par la Fédération Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer et la Fédération Hospitalière de France, les ministères français de la Santé et de la Recherche, et le Parlement européen ; Les autres oppositions : Société belge de génétique humaine, réunissant les centres belges et hollandais de génétique humaine, les sociétés de génétique allemande, danoise, tchèque, suisse, autrichienne, italienne, finlandaise et britannique, le Centre national de la recherche scientifique grec, l’Institut suisse pour la recherche appliquée sur le cancer, ainsi que deux associations de patients (Belgique et Hollande) Ministère de la Santé hollandais - Ministère de la Santé autrichien - Parti social démocrate suisse Greenpeace Allemagne - Dr Wihelms (Allemagne). En mai 2004, la division d’opposition de l'Office européen des brevets (OEB) révoque le brevet européen EP 699 754 détenu par Myriad Genetics portant sur une "méthode pour le diagnostic d'une prédisposition à un cancer du sein ou de l'ovaire". Le grand nombre d’insuffisances mises en évidence, notamment dans la séquence du gène, a conduit la division d’opposition à rejeter le brevet et ses nombreuses requêtes auxiliaires pour défaut d’inventivité (article 56). En novembre 2004, la société Myriad Genetics cède toutes ses parts des brevets BRCA1 et BRCA2 à la fondation de recherche de l’Université de l’Utah, déjà copropriétaire des brevets sur BRCA1. Désormais, Myriad Genetics n’est donc plus propriétaire desdits brevets mais détient des licences d‘exploitation exclusives. En janvier 2005, la fondation de recherche de l’Université de l’Utah et les Etats-Unis d’Amérique, désormais uniques propriétaires du brevet EP 699 754, font appel de la décision de mai 2004 révoquant le brevet EP 699 754, dans le cadre d'une procédure de deuxième instance devant une chambre de recours technique de l'OEB En octobre 2007, la chambre de recours de l'Office Européen des Brevets a rejeté l'appel de Myriad Genetics/Université de Utah et maintenu la révocation partielle du brevet EP 705 902 portant sur le gène BRCA1 et ses applications. Ce brevet revendiquait le gène BRCA1 isolé (molécule chimique), la protéine correspondante et les applications thérapeutiques envisageables (thérapie génique, criblage de médicaments, animal transgénique...), ainsi que des kits diagnostiques (utilisation de sondes ou d’amorces spécifiques de certaines mutations). Tous les documents sur : www.curie.fr (rubrique « presse et publications ») L’étude de l’Université de McGill : http://www.theinnovationpartnership.org/ Contacts presse : Institut Curie Catherine Goupillon-Senghor/ Céline Giustranti AP-HP Florence Dauchy IGR Chloé Louys Tél 01 56 24 55 23/24 [email protected] Tél 01 46 27 37 22 Tél 01 42 11 50 59 [email protected] [email protected] Tests de prédisposition aux cancers du sein et de l’ovaire liés au gène BRCA1 2. Réception des prélèvements sanguins 1. Consultation du conseiller en génétique 3. Prélèvement sur carte FTA (frottis jugal) 4. Extraction sur colonne de l’ADN 5. Préparation du Mix-PCR 6. PCR 8. Plate-forme génomique : purification des produits de séquence 7. Dépôt sur gel d’agarose Crédit images : Noak / Le Bar Floréal / Institut Curie Images libres de droits disponibles à l’Institut Curie : [email protected] ou 01 44 32 40 51