L`argus des accidents technologiques
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L`argus des accidents technologiques
Risques et pollutions industriels L’argus des accidents technologiques Attention… Travaux Les phases de travaux et maintenance dans les installations classées constituent les circonstances de 12 % des événements répertoriés dans Aria, mais sont à l’origine de 30 % des accidents mortels. En janvier et février 2011, 266 accidents ou incidents sont répertoriés dans la base de données Aria du ministère du développement durable. Au-delà des fuites – qui restent nombreuses – de gaz naturel sur des canalisations de distribution atteintes lors de terrassements réalisés par des tiers, une douzaine d’accidents de « travaux », lors de maintenance préventive ou curative et de modifications ou démantèlement d’installations survenue durant ce bimestre peuvent interpeller. Ces événements mettent le plus souvent en cause des défaillances organisationnelles et/ou erreurs humaines ; permis de feu délivré après une analyse insuffisante des risques en préalable à l’installation d’une rambarde sur des boisseaux d’un silo à Brazey-en-Plaine (21), nettoyage et vérification perfectible d’une canalisation lors du démantèlement d’un atelier à Sorgues (84), mauvaise évaluation du risque d’endommagement des équipements d’un bac sur un site pétrochimique à Saint-Avold (57), absence de procédure écrite pour la maintenance de filtres de fioul lourd dans une chaufferie urbaine à Paris (75), pour citer quelques illustrations. Ces accidents peuvent entraîner des dommages matériels, pertes d’exploitation et conséquences environnementales, mais aussi des victimes comme à Nogent-sur-Seine (10) où une explosion d’hydrogène durant la maintenance d’un bac de pâte à papier est à l’origine du décès d’un intérimaire employé par un sous-traitant, alors qu’il utilisait un appareil de meulage. À l’approche des mois de juillet et août, période traditionnelle des travaux de maintenance ou de modification d’installations, porter de l’attention à une gestion rigoureuse des interventions sera sans doute de nature à limiter le nombre de ces accidents ou la gravité de leurs conséquences. Cette démarche ne peut alors s’affranchir d’une analyse préalable des risques notamment ceux liés à l’emploi d’outils générant des « points chauds » (soudage, perçage, tronçonnage…), de mesures de prévention/protection appropriées et connues des intervenants, d’une surveillance effective de la bonne réalisation de l’intervention et de la réception des travaux avant le redémarrage des installations. En l’absence de vigilance renforcée lors des travaux, de nouveaux accidents pourraient alimenter la chronique des faits divers… et la base Aria. Christian Céribac Ministère de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement Direction générale de la prévention des risques - BARPI Photo Drire aria.developpement-durable.gouv.fr * Cf. sur le site Aria les accidents nos 5232, 5464, 7956, 11931, 19919, 19967, 20340, 27182, 28539, 34520, 35709… Pour vous tenir informé de ses dernières parutions relatives au retour d’expérience sur accidents industriels, le BARPI vous propose de vous abonner à sa newsletter bimestrielle sur www.aria.developpement-durable.gouv.fr. N° 117 - Mai-juin 2011 - Préventique Sécurité 67 Risques et pollutions industriels n 10/01/2011 75 - PARIS 35.30 - Production et distribution de vapeur et d’air conditionné Vers 8 h 30, des agents d’une chaufferie urbaine entreprennent le nettoyage simultané des 2 filtres à froid de fioul lourd d’une chaudière à l’arrêt. Une importante fuite de fioul se produit alors qu’ils croient avoir coupé l’alimentation au niveau de la vanne de positionnement en amont des filtres. Des vapeurs d’hydrocarbures se forment au contact d’équipements chauds (purgeurs) situés aux points bas. Une partie du produit s’écoule également vers le sous-sol du bâtiment via une galerie technique où passent des canalisations ; 6 à 7 m³ de fioul fuient sur le sol jusqu’à la fermeture de la vanne entre le réservoir et les filtres par le chef de quart, alerté par l’agent de maintenance. L’exploitant fait appel à une société spécialisée pour le nettoyage des lieux pour un coût de 29 Keuros. Une forte odeur de fioul est constatée autour du site. Selon l’exploitant, l’exceptionnelle fluidité du fioul lourd dans le réservoir a favorisé son écoulement. Il précise également que les agents de maintenance auraient dû fermer la vanne du réservoir et non faire appel au chef de quart. Lors d’une visite le 17/01, l’inspection des installations classées constate l’absence de procédure écrite pour le nettoyage des filtres. Elle prescrit sous 1 mois la rédaction d’une telle procédure et sous 8 mois l’installation de vannes de sectionnement à l’amont immédiat des filtres à froid à fioul pour les chaudières qui n’en disposaient pas, la fermeture du caniveau technique par lequel l’hydrocarbure a pénétré au soussol, le rehaussement des regards dans la chaufferie et reliés au réseau public des eaux usées, ainsi que la mise en place d’une ventilation efficace pour éviter la formation d’une atmosphère explosible en cas de fuite dans la chaufferie. n 18/01/2011 10 - NOGENT-SUR-SEINE 17.12 - Fabrication de papier et de carton Dans une papeterie soumise à autorisation, une cuve de 1 000 m³ remplie à 95 % avec de la pâte à papier explose vers 8 h 40 lors d’une opération de maintenance réalisée par un sous-traitant spécialisé en chaudronnerie ; 2 employés intérimaires de cette entreprise travaillent sur la capacité avec une disqueuse au moment des faits. L’un des ouvriers est projeté et retombe sur un toit en faisant une chute de 15 m de haut, l’autre est psychologiquement choqué. Les pompiers arrivent sur le site à 8 h 55. L’usine est arrêtée. La cuve étant endommagée au niveau du 68 Préventique Sécurité - N° 117 - Mai-juin 2011 toit, l’exploitant matérialise la zone pour éviter un suraccident. Des mesures d’explosimétrie, d’hydrogène sulfuré, de méthane, de monoxyde de carbone et d’ammoniac sont réalisées et ne révèlent aucun danger. Le blessé, évacué par hélicoptère à 11 h 30 vers un hôpital parisien, décède dans la soirée. L’inspection des installations classées effectue une enquête le jour même et propose au Préfet un arrêté suspendant le fonctionnement de la tour de stockage de pâte à papier et prescrivant différentes mesures dont : la mise en sécurité des installations, la recherche des causes de l’accident, la mise à jour de l’étude de dangers et les modalités de redémarrage. L’exploitant fait inspecter le silo par un organisme spécialisé qui estime que la partie inférieure de la cuve est intacte et que celle-ci peut être remplie à moitié. La capacité est vidangée, inspectée visuellement pour s’assurer qu’elle ne se déformera pas, dégazée et le toit déposé en utilisantune technologie plasma qui évite les étincelles. Les zones Atex autour des silos de pâte à papier sont redéfinies. La papeterie est autorisée à reprendre ses activités le 22/01, les 2 cuves de pâte à papier voisines fonctionnant avec un niveau réduit. L’inspection des installations classées considère que l’explosion ne peut être due qu’à la présence d’une atmosphère explosible dans le silo. Une enquête judiciaire est effectuée. Selon un organisme spécialisé, l’explosion serait due à une présence d’hydrogène dans la tour. Les pertes d’exploitation, 4 à 5 000 t de papier, sont estimées entre 1,5 et 1,8 M d’euros. n 25/01/2011 57 - SAINT-AVOLD 20.16 - Fabrication de matières plastiques de base Sur un site pétrochimique, un engin de chantier réalisant des travaux sur un bac de stockage heurte vers 18 h la vanne d’une canalisation (diamètre 50), provoquant une importante fuite de naphta. L’exploitant déclenche le POI et ferme l’alimentation de la canalisation. Une flaque de naphta de 100 m sur 5 m s’est formée dans la cuvette du stockage, les pompiers du site la recouvrent avec 600 m³ de mousse. Ils sont appuyés par d’importants renforts des services de secours publics : 4 fourgons, 1 motopompe et 52 pompiers. Un second tapis de mousse est établi à proximité de la cokerie. L’exploitant alerte les maires des communes voisines et les autres entreprises de Nogent-sur-Seine Photo Dreal Champagne-Ardennes Travaux et maintenance Risques et pollutions industriels la plate-forme. Les pompiers effectuent des mesures d’explosimétrie à l’intérieur et à l’extérieur du site, dans les communes voisines. La teneur maximale de benzène détecté dans l’air à 19 h est de 400 ppm. Vers 21 h 30, les mesures d’explosimétrie se révèlent négatives et les pompiers ne perçoivent pas d’odeur de benzène sur les lieux contrôlés, leur dispositif est levé le lendemain à 8 h 30. L’exploitant pompe le naphta déversé dans la cuvette et redémarre son activité. C’est le troisième accident avec fuite de produit en moins d’un an : une fuite d’éthylène 3 mois avant (Aria 39195) et une fuite enflammée de naphta non clarifiée 9 mois avant (Aria 38207). n 8/02/2011 84 - SORGUES 20.51 - Fabrication de produits explosifs Un feu se déclare à 11 h dans un ancien atelier de fabrication de produits phytosanitaires en démantèlement. Un reliquat de produit s’enflamme dans une canalisation en cours de découpe au chalumeau. L’incendie se propage au bardage en plastique de l’une des façades du bâtiment, produisant d’épaisses fumées noires. Le POI est déclenché. Les secours internes maîtrisent le feu à 11 h 35. Les pompiers n’ont pas à intervenir et quittent les lieux à 12 h. Les eaux d’extinction sont récupérées dans la rétention du bâtiment et évacuées pour destruction. n 24/02/2011 21 - BRAZEY-EN-PLAINE 11.06 - Fabrication de malt Alerté par une odeur de brûlé, un employé détecte vers 23 h une combustion dans 2 des 6 boisseaux de 40 t d’orge d’un silo d’une malterie ; les secours sont alertés. Les pompiers maîtrisent le sinistre en pulvérisant de l’eau à partir de la colonne sèche et en vidangeant les capacités. Des contrôles de points chauds sont réalisés avec une caméra thermique sur les boisseaux et la chaîne d’extraction des céréales. L’intervention des secours s’achève en début de matinée. Des rondes de surveillance sont effectuées par les employés toutes les heures. Des travaux de soudage lors de la mise en place d’une rambarde sur la toiture métallique des boisseaux en béton, sont à l’origine de la combustion de poussièresdéposées à la liaison des parois et de la tôle de toit. Un plan de prévention avait été établi entre le soustraitant effectuant les travaux et l’exploitant du site. Un permis de feu avait également été délivré, mais le risque dû aux travaux n’a vraisemblablement pas été analysé avec suffisamment de rigueur. L’exploitant doit nettoyer ses boisseaux, adresser à l’inspection des installations classées un rapport sur les causes et circonstances de l’accident, ainsi que les mesures prévues pour réduire la probabilité de renouvellement d’un tel événement. Accidents de transport un autre véhicule s’achève le lendemain à 1 h ; une entreprisespécialisée évacue le camion accidenté. n 17/01/2011 13 - AIX-EN-PROVENCE 49.41 - Transports routiers de fret Un véhicule-citerne de propane s’immobilise vers 12 h sur la bande d’arrêt d’urgence au PK 14 de l’A 51, dans le sens sud/nord, à la suite d’une fuite au niveau du trou d’homme de la citerne. Un périmètre de sécurité de 500 m est mis en place et l’autoroute est fermée dans les 2 sens de circulation. Les secours colmatent la fuite puis le semiremorque est escorté par la police jusqu’à la gare de transport de marchandises d’Aix les Milles. La circulation autoroutière est rétablie dans le sens nord/sud puis vers 14 h dans 2 sens. Les pompiers ont maintenu un dispositif de sécurité auprès du véhicule jusqu’à son retour à son lieu de chargement d’origine. n 10/01/2011 26 - LA BÉGUDE-DE-MAZENC 49.41 - Transports routiers de fret Photo Sdis 26 Photo Sdis 13 Vers 9 h, lors de la mise en place d’un camion-citerne de 11 m³ de propane avant une livraison de gaz chez un particulier, le sol gorgé d’eau s’affaisse sous le poids du véhicule. Le poids lourd entraîné en marche avant le long d’une pente herbeuse puis d’un enrochement de plus de 3 m de haut s’immobilise à la verticale dans la cour d’une maison en contrebas. Le chauffeur qui était à l’extérieur de la cabine n’est pas blessé et aucune fuite de GPL n’est constatée. Un périmètre de sécurité de 200 m est mis en place et 3 riverains sont évacués. Le transfert du propane de la citerne dans N° 117 - Mai-juin 2011 - Préventique Sécurité 69 Risques et pollutions industriels Rejets de matières dangereuses n 6/01/2011 47 - BOE 11.01 - Production de boissons alcooliques distillées Photo Sdis 47 À 14 h 30, une odeur inhabituelle permet aux employés d’une usine de boissons de découvrir une fuite de produit désinfectant à base d’acide peracétique (CH3CO3H, 9 %) et de peroxyde d’hydrogène (H2O2, 12,6 %) après qu’une canalisation se soit déboîtée d’un grand récipient vrac (GRV) de 1 m³ ; 200 l de produit s’écoulent dans la rétention et 200 l sur le sol. Le produit se répand ensuite dans le réseau d’eaux usées interne et externe. Les 39 salariés évacuent le site. Une équipe de pompiers intervient sous scaphandre, colmate la fuite, répand de la terre de diatomée pour récupérer le produit au sol et le dilue dans la rétention avant son pompage. Redoutant une réaction des parois sandwichs des murs de l’atelier avec le produit déversé, les secours contrôlent l’absence de points chauds dans ces derniers. À l’extérieur, les mesures de pH réalisées avec l’exploitant de la STEP sur le réseau d’eaux usées sont comprises entre 7 et 8. Les secours neutralisent les effluents avec du carbonate de calcium et bouchent le réseau d’eaux usées du site. À 17 h 50, le dépotage du produit resté dans le GRV est terminé, la terre de diatomée polluée est mise en fût, le local est rincé et le dispositif d’obturation du circuit d’eaux usées de l’établissement est retiré. L’intervention des secours s’achève vers 19 h. Un élu s’est rendu sur place. Les équipes de 1ère intervention du site, munies de masques respiratoires, sont relayées par les pompiers d’une cellule mobile d’intervention contre les risques chimiques qui déploient un périmètre de sécurité. Équipés d’ARI pour certains et de scaphandres pour d’autres, les pompiers neutralisent l’acide avec du carbonate de sodium (Na2CO3) et mettent en place un obturateur pour limiter le déversement dans un puisard de l’établissement via le réseau des eaux pluviales. En parallèle, ils vidangent l’eau acidifiée d’un dégazeur (capacité de 200 l remplie d’eau qui traite les vapeurs émises lors du remplissage de la cuve) situé à proximité du réservoir. Le mélange de Na2CO3 et de HCl forme une « croûte » de chlorure de sodium (sel) qui est récupérée dans des emballages spécifiques pour élimination. Une société privée pompe l’écoulement d’acide au niveau du puisard, récupérant ainsi la totalité de l’HCl déversé dans ce dernier et dans le réseau d’eaux pluviales. Selon le constructeur, une sécurité de niveau haut équipe le réservoir pour prévenir tout débordement vers le dégazeur, mais personne n’a fait état de cette alarme ou signalé son fonctionnement lors des événements. Les traces visibles en partie basse du mur situé derrière la cuve et l’analyse des eaux du dégazeur (concentration en acide mesurée : 31 %) montrent que l’HCl s’est écoulé par la ligne de collecte des vapeurs vers le dégazeur puis par l’évent de ce dernier. Le personnel précise que, la jauge n’étant pas fiable, il effectue des calculs à partir des quantités utilisées pour estimer le volume restant dans le réservoir et déclencher les réapprovisionnements. L’exploitant revoit la procédure et les consignes de dépotage ainsi que l’ensemble des barrières de sécurité visant à prévenir tout débordement par surremplissage. L’inspection des installations classées et la police se sont rendues sur place. n 24/02/2011 76 - SAINT-ÉTIENNE-DU-ROUVRAY À 9 h 30, une usine de formulation et conditionnement de produits d’entretien réceptionne un chargement d’acide chlorhydrique (HCl) à 30 % livré par camion-citerne. Ne connaissant pas le volume d’HCl dans la cuve de 30 m³ en raison d’un dysfonctionnement de la jauge (flotteur), le chauffeur livreur sur-remplit le réservoir ; 500 l d’acide se répandent sur le sol étanche mais ne formant pas rétention et atteignent le réseau d’eaux pluviales, provoquant des émanations acides. Les 40 employés sont évacués ; l’un d’entre eux, asthmatique, qui ressent une gêne respiratoire est examiné à l’hôpital, sans conséquence. 70 Préventique Sécurité - N° 117 - Mai-juin 2011 Photo Dreal Haute-Normandie 20.41 - Fabrication de savons, détergents et produits d’entretien Risques et pollutions industriels Incendies et explosions n 6/01/2011 13 - MARTIGUES À 8 h 50, sur un site de conditionnement de gaz industriels liquéfiés classé Seveso, une violente explosion se produit dans l’atelier de détoxification de bouteilles vides de chlore (Cl2) retournées par les clients. Un employé dégazant une bouteille est tué et 2 intervenants extérieurs sont blessés (un par projection et l’autre intoxiqué par du chlore). Le souffle de l’explosion détruit le mur en parpaing séparant l’atelier de transvasement du local compresseur, arrache des marches de l’escalier permettant d’accéder à la mezzanine et détruit 200 m² de toiture en fibrociment. Des fragments de bouteille sont projetés à plus de 100 m, dont l’un atteint une autre société située à 500 m. Alertés par l’exploitant, les services de secours interviennent vers 9 h avec 15 véhicules et 25 hommes, appuyés par des pompiers de la raffinerie voisine. Ils arrosent le lieu de l’accident pour éviter la dispersion du Cl2 qui aurait pu s’échapper. Une fuite sur une cuve d’eau de javel de 15 m³ est obturée, après avoir perdu 6 m³ dans sa cuvette de rétention. Des vapeurs de Cl2 sont détectées dans le bâtiment (120 ppm selon les pompiers, 60 ppm selon l’exploitant) mais pas à l’extérieur. Une bouteille retrouvée fuyarde est mise dans un sarcophage étanche fourni par l’exploitant. Six employés, indemnes mais choqués, sont pris en charge par une cellule psychologique. L’exploitant met les installations en sécurité et déclenche le POI. La police sécurise les accès autour du site et dévie la circulation vers l’A55. Une centaine de salariés des sites voisins se confine dès l’explosion, de l’autre côté du canal quelques écoles confinent brièvement leurs élèves suite au bruit généré par l’explosion ou par la sirène POI. L’exploitant émet un communiqué de presse dans la matinée. Le maire de la commune et un représentant du préfet se rendent sur place, la mairie reçoit un fax de l’exploitant vers 10 h 50. L’accident a lieu dans une installation de dégazage lors d’une opération manuelle de transfert entre une bouteille vide « source » et une bouteille « cible » de récupération du chlore résiduel. L’opérateur vérifie d’abord la présence de Cl2 dans la bouteille source par ouverture du robinet et pulvérisation d’une solution d’ammoniac qui doit produire un panache blanc. Il dégaze ensuite la bouteille source vers une tour de neutralisation pour atteindre la tension de vapeur du chlore liquide, puis la pressurise à l’air comprimé (8 bar). Il bascule la bouteille source tête en bas et ouvre progressivement la vanne de mise en communication des 2 bouteilles reliées par un flexible, le chlore est chassé vers la bouteille cible par la différencede pression. Photo Dreal PACA 20.11 - Fabrication de gaz industriels Les premières investigations montrent que l’explosion se serait produite pendant la phase de transvasement d’une bouteille source d’un volume de 40 l et d’une capacité de 39 kg, fabriquée il y a plus de 40 ans et issue d’un stock de vieilles bouteilles récupérées sur le site, qui n‘apparaissait pas dans le système de suivi mis en place 10 ans avant l’accident. La bouteille cible, d’un volume de 40 l et d’une capacité de 50 kg, avait été fabriquée 2 ans avant pour l’exploitant. C’est la bouteille cible qui aurait explosé, ses fragments perforant la bouteille source et une dizaine d’autres bouteilles présente dans l’atelier. Des traces de combustion (dépôts de suie sur les bouteilles accidentées et le manomètre de transvasement), et une bouffée de fumée noire vue par un autre opérateur, laissent penser à une réaction exothermique qui aurait provoqué l’éclatement de la bouteille cible. Un véhicule d’analyse spectrométrique, envoyé par les services de secours dans l’après midi, détecte la présence de trichloroéthane sur un prélèvement du contenu de la bouteille cible. Ce solvant chloré peut former un mélange explosif en présence de Cl2 liquide. Le scénario d’explosion de bouteille ne fait pas partie de l’étude des dangers produite par l’exploitant. n 3/02/2011 69 - CHASSIEU 46.75 - Commerce de gros de produits chimiques Un feu se déclare à 19 h 25 dans un dépôt de produits chimiques classé Seveso seuil haut, sans activité lors des faits. Un commercial de l’entreprise alerte les secours. Les flammes concernent la zone de stockage des acides, bases et peroxydes, rassemblant 28 cuves dans une rétention générale compartimentée selon la nature des produits. Cette zone est séparée de celle accueillant les produits inflammables. L’entreprise est implantée en zone industrielle entre l’aéroport de Lyon-Bron, Eurexpo et le contournement Est de l’agglomération. Une aire d’accueil de gens du voyage est à 500 m. Le POI du site et le PPI de la préfecture sont déclenchés. Les pompiers équipés d’ARI installent un rideau d’eau pour éviter la propagation des flammes, puis N° 117 - Mai-juin 2011 - Préventique Sécurité 71 Risques et pollutions industriels 30 t de formaldéhyde (formol, CH2O, 30 m³), 30 m³ de NaOH (50 m³), 30 m³ d’hypochlorite de sodium (eau de Javel ou NaClO, 40 m³) ; - 3 cuves de NaOH sont intactes : 36 m³ (50 m³), 1 vide (50 m³), 8 m³ (50 m³). La surchauffe d’une épingle de réchauffage dans une cuve de NaOH vide serait à l’origine du sinistre. Le matériau des cuves et non les produits a servi de combustible pour alimenter le feu. L’étude de dangers du site ne mentionne aucun scénario d’incendie sur la zone de stockage des acides et bases en raison du manque de connaissances dans ce domaine. La remise en fonctionnement des installations est subordonnée à l’élaboration d’une nouvelle étude de dangers. L’exploitant déconnecte les dispositifs de réchauffage de cuves sur tous ses sites en France. n 10/02/2011 Photo Dreal Rhône-Alpes 25 - SANCEY-LE-GRAND 72 Préventique Sécurité - N° 117 - Mai-juin 2011 Dans une usine d’emballages en plastique de 2 000 m² sur 2 étages, un feu se déclare vers 10 h 55 sur un stock de 30 t de matières plastiques en granulés. Les secours évacuent les 10 employés présents et protégent une cuve de 2 000 l de fioul ainsi qu’un transformateur privé ; un stock de 200 l d’encre est également présent. La stabilité de la structure métallique du bâtiment est compromise et le volume de fumée dans celui-ci est très important. Les pompiers protègent les bâtiments attenant (la poste et un magasin). Le feu est maîtrisé vers 15 h 10. L’exploitant de la station d’épuration est alerté de la pollution à venir et les effluents sont stockés dans un bassin tampon. Les égouts du site sont obturés. Les pompiers éteignent l’incendie vers 14 h avec 4 lances. Une société spécialisée pompe les 10 m³ d’eaux d’extinction, de fioul et d’encre recouvrant 600 m² de l’usine. Le pompage débute vers 19 h 40 et se termine le lendemain vers 7 h. Le risque d’effondrement du bâtiment subsistant, le site est sécurisé en attendant le démontage de l’imprimeuse de 8 t. Les pompiers quittent les lieux vers 2 h. Les dommages matériels sont importants, mais le matériel de production est épargné ; les 17 employés risquent d’être en chômage technique. Le feu serait dû à un court-circuit sur un compresseur. n Photo Sdis 25 Malgré tout le soin apporté à la réalisation de cette synthèse, il est possible que des inexactitudes persistent dans les éléments présentés. Merci au lecteur de bien vouloir signaler toute anomalie avec mention des sources d’information au Barpi, Dreal Rhône–Alpes, site Charial, 69509 Lyon Cedex 03. Courriel : srt.barpi@ developpement-durable.gouv.fr. attaquent le sinistre à la mousse. Les moyens mousse de la raffineriede Feyzin arrivant en renfort seront renvoyés avant d’arriver à destination. Le réseau d’évacuation des eaux du site est isolé dès le début de l’intervention. Les forces de l’ordre établissent un périmètre de sécurité de 800 m et confinent les hôtels. La municipalité, le service d’assainissement et l’inspection des installations classées se rendent sur place. Le feu est maîtrisé à 22 h 15 et le PPI est levé. Les secours surveillent les lieux durant la nuit. Au final, près de 200 pompiers et policiers se sont relayés. Lors de l’intervention, 1 pompier a chuté dans la rétention et s’est légèrement brûlé aux mollets ; il sera brièvement hospitalisé. Les dégâts n’impactent que 10 % de l’activé de l’entreprise employant 65 personnes. Un communiqué de presse a été établi. Un peu de mousse est sorti de la rétention, le pH des eaux dans le réseau du site est neutre. Les mesures atmosphériques indiquent 10 ppm de HCl au-dessus de la rétention, mais aucunes traces de HCl, de NH3 et de Cl2 ne sont relevées en périphérie du site. L’inspection des installations classées retourne sur place le lendemain. L’exploitant organise le dépotage des rétentions et des cuves endommagées ainsi que le nettoyage des réseaux d’eaux. Les différents déchets seront éliminés en centre de traitement. La cuvette de rétention ne semble pas avoir souffert de l’accident. Les flammes ont atteint plusieurs cuves de produits (la première valeur correspond à la quantité de produit dans la cuve, celle entre parenthèse à sa capacité) : - 6 sont détruites: 50 t d’acide chlorhydrique (HCl, 30 m³), 23 t de potasse (KOH, 30 m³), 41 t de floculant (50 m³), 22 t de solution alcaline (50 m³), 1 cuve vide de soude (NaOH, 50 m³) et 2 à 3 000 l de NaOH (50 m³) ; - 5 sont endommagées par les flammes : 43 t de chlorure ferrique (FeCl3, 50 m³), 50 t de HCl (50 m³), 22.22 - Fabrication d’emballages en matières plastiques
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