L`argus des accidents technologiques
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L`argus des accidents technologiques
Risques et pollutions industriels L’argus des accidents technologiques Ces risques qu’on ne saurait ignorer… De nombreux accidents mettent en cause de petites installations soumises ou non à simple déclaration, par exemple les piscines. En septembre et octobre 2011, 309 événements, dont 293 en France, ont été répertoriés dans la base de données Aria. Parmi ces derniers, plusieurs accidents notables dans des installations classées, à l’image de la dizaine présentée ci-après, mais aussi 52 canalisations de gaz naturel endommagées lors de travaux de voirie, 25 sinistres – dont 22 incendies – concernant des exploitations agricoles, 22 événements impliquant un transport de matières dangereuses – pour moitié des accidents de la route –, 5 incendies de casse auto, plusieurs accidents enfin impliquant de l’ammoniac utilisé comme frigorigène ou du chlore mis en œuvre dans des stations d’épurationdes eaux ou des piscines. « Cachez-moi ces petits accidents que je ne saurais voir ». Moins médiatiques, c’est certain, ces derniers ne sont pour autant potentiellement pas moins dangereux pour l’homme et l’environnement. Une réalité qui peut s’avérer mortelle, mais aussi l’illustration de l’acceptation d’un certain risque, que d’aucun nomme sociétal. D’une apparente banalité, mais en nombre quasi-constant chaque bimestre, ils ne devraient pas être ignorés, mais utilisés pour alerter les différents acteurs concernés, à l’image de ce que représentent les incidents et presque-accidents au sein des établissementsindustriels. Concernant les exploitations agricoles, une année globalement sèche, un mauvais mois de juillet et un « été indien » prolongé jusqu’au mois d’octobre ont logiquement accru les risques d’incendie ; 22 sinistres ont ainsi été répertoriés sur le bimestre (contre 18 en juillet-août, période traditionnellement marquée par les incendies), illustrant souvent le nonrespect des principes de prévention et des recommandations soulignés dans une synthèses du Barpi publiée en 2010 sur les activités liées à l’élevage 1. Les endommagements de canalisations – principalement de distribution du gaz naturel – lors de travaux de voirie sont journaliers 2, malgré les dispositions réglementaires en vigueur, demandes de renseignements (DR) et déclarations d’intention de commencement de travaux (DICT) notamment. La réforme du décret du 14 octobre 1991 et l’instauration du guichet unique visent ainsi à améliorer la cartographie des réseaux et la préparation des chantiers en amont pour prévenir ces accidents. Enfin, il est utile de rappeler que de nombreux produits largement utilisés par tout un chacun contiennent des substances dangereuses nécessitant des mesures de précaution lors de leur mise en œuvre et leur élimination ; huiles, solvants, acides et bases, produits d’entretien, aérosols divers doivent ainsi être utilisés et éliminés à bon escient conformément aux préconisations des fabricants et installateurs. Isabelle Hubert Ministère de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement Direction générale de la prévention des risques - BARPI Photo Sdis aria.developpement-durable.gouv.fr * Cf. sur le site Aria les accidents no 40862, 40808, 40782, 40392, 40123, 39008… 1. Cette étude est téléchargeable à l’adresse suivante : http://www.aria.developpement-durable. gouv.fr/Accidents-et-incidents-dans-les-activites-d-elevage--5686.html 2. Les endommagements de canalisation sélectionnés pour la base Aria notamment en fonction de leurs conséquences – plusieurs dizaines par bimestre, toutes causes confondues – ne représentent en effet qu’une faible portion de tous ces événements. Pour vous tenir informé(e) de ses dernières parutions relatives au retour d’expérience sur accidents industriels, le BARPI vous propose de vous abonner à sa newsletter bimestrielle sur www.aria.developpement-durable.gouv.fr. N° 121 - Janvier-février 2012 - Préventique 75 Risques et pollutions industriels Activités agricoles n 13/09/2011 de 4 plaques métalliques visées en partie basse de la virole de la cellule. La zone est ensuite interdite d’accès jusqu’à la visite d’un expert d’assurance. L’intervention des secours, qui a mobilisé quarante pompiers et 16 engins de secours, s’achève le 1/10. Selon la presse, les fortes chaleurs de la semaine précédente pourraient être à l’origine du sinistre. 01.47 - Élevage de volailles n 06/10/2011 65 - argeles 47 – TONNEINS Un feu et une explosion ravagent à 8 h un bâtiment d’élevage avicole de 212 m² chauffé au gaz par des radiants et des lampes chauffantes. L’accès au site est difficile. En présence d’amiante dans les matériaux de construction, les pompiers équipés d’ARI éteignent l’incendie avec 1 lance à eau. Le bâtiment est détruit et les 4 500 poussins sont tués. L’exploitant est en chômage technique. Le sinistre est imputable au chauffage ou à l’installation électrique. 46.21 - Commerce de gros de céréales, de tabac non manufacturé, de semences et d’aliments pour le bétail Une cellule métallique de 150 t de maïs d’un silo d’une coopérative agricole se rompt sur 1,5 m en partie basse vers 20 h 30, provoquant un épandage de grains et la déformation du toit de la capacité par dépression. Un employé qui s’était rendu au pied de l’installation après avoir entendu un bruit anormal est légèrement blessé par l’écoulement de céréales. Redoutant l’effondrement de la cellule sur un second silo, les secours mettent en place un périmètre de sécurité et barrent la route voisine ; les alimentations en énergie du site sont interrompues. Une surveillance est mise en place pour la nuit. Le lendemain, une centaine de tonnes de maïs est évacuée par le système de vidange normal de la cellule, après sa modification par une entreprise privée pour permettre notamment de commander l’intervention à distance. À partir de 15 h, la quarantaine de tonnes restante est récupérée à l’aide d’un aspirateur à grains. L’intervention des secours s’achève vers 16 h 30. Selon la presse, la cellule mise en place dans les années 1990 ne présentait pas de signes de vétusté apparents. L’exploitant fait expertiser la capacité pour déterminer l’origine de la rupture. n 26/09/2011 12 - SEVERAC-LE-CHATEAU Photo Sdis 12 01.45 - Élevage d’ovins et de caprins Une explosion suivie de feu se produit à 8 h dans un bâtiment agricole de 800 m² contenant 400 t de paille, 25 t d’engrais (nitrate d’ammonium) et du matériel agricole. Les secours établissent un périmètre de sécurité de 50 m, déploient 3 lances à eau et installent des barrages pour protéger les ruisseaux ; les 1 100 caprins de l’élevage sont mis à l’abri. Après l’accord d’un organisme spécialisé et de la préfecture et en l’absence de risque de pollution des sols, les pompiers décident de noyer l’engrais pour empêcher son explosion avant de le dégager des gravats le lendemain. La direction départementale en charge de l’agriculture (DDT), la chambre d’agriculture et l’exploitant conviennent d’épandre en plein champ les eaux d’extinction piégées dans une rétention, après contrôle de leur teneur en nitrates. n 28/09/2011 77 - COURTACON 01.50 - Culture et élevage associés Photo Sdis 47 Un feu se déclare vers 20 h dans un silo métallique de foin de 22 m de haut et 9 mètres de diamètre (cap : 800 m³) d’un élevage de bovins. Les pompiers maîtrisent le sinistre après 3 h d’intervention mais une combustion persiste sur une partie du fourrage ; une surveillance est mise en place pour la nuit. Le lendemain après des tentatives infructueuses de vidange par les trappes existantes, 2 spécialistes des « feux de silo » se rendent sur place pour définir avec les pompiers une stratégie d’intervention. Le foin est finalement évacué à l’aide d’une tractopelle après stabilisation du silo avec 2 engins de levage, dont un camion-grue d’une entreprise privée, et démontage 76 Préventique - N° 121 - Janvier-février 2012 Risques et pollutions industriels Canalisations n 10/09/201 38 – SASSENAGE 49.50 - Transports par conduites Photo Exploitant Une alarme signalant une fuite retentit à 23 h 30 dans la salle de supervision d’un saumoduc (diamètre 350 mm, pression 25 bar). Les opérateurs arrêtent le transport de saumure (chlorure de sodium à 314 g/l), l’équipe d’astreinte ferme les vannes du pipe et inspectent les points sensibles du trajet. La fuite est localisée le lendemain matin en bordure d’un chemin agricole ; 900 m³ de saumure se sont écoulés et infiltrés dans le sol. Les cultures atteintes font l’objet d’une indemnisation. L’exploitant démonte et fait analyser la section endommagée. Une fissure longitudinale de 65 cm de long est observée sur la génératrice inférieure de la canalisation en fonte. Des analyses métallurgiques réalisées sur le tronçon révèlent une perte d’épaisseur locale due à une corrosion caverneuse de la fonte. Cette corrosion a été engendrée par des fissurations des revêtements intérieurs et extérieurs provoquées par des chocs sur le tuyau lors de sa pose. Le transporteur a déjà observé ce type de dégradation par le passé qui n’avait cependant jamais donné lieu à une rupture brutale, vraisemblablement en raison d’une pression d’exploitationmoins importante. n 08/09/2011 13 - FOS-SUR-MER 52.10 - Entreposage et stockage Une fuite est détectée vers 11 h 30 au niveau de la semelle de supportage d’une canalisation d’essence dans un dépôt pétrolier. La conduite est vidangée et mise en dépression avant installation d’un collier d’étanchéité et essai de montée en pression. La quantité évaluée de produit perdu est inférieure à 100 l. L’exploitant répand de l’adsorbant sur les terres polluées. La fuite est due à la corrosion consécutive à une infiltration d’eau au niveau du contact entre la semelle et la canalisation qui étaient collées à la résine et non pas soudées selon les règles de l’art. Un diagnostic immédiat de l’exploitant le conduit à remplacer 40 m de canalisation d’essence en plus des 200 m présentant de la corrosion externes qui étaient en cours de renouvellement au moment du rejet. L’ensemble des semelles seront soudées. […] Une nouvelle fuite est détectée au même endroit le 13/09 vers 16 h 10. La ligne est arrêtée et mise en dépression. Les opérateurs resserrent le collier d’étanchéitéet installent des contre-écrous. Un essai de mise en pression montre un défaut d’étanchéité. La conduite est vidangée et le collier remplacé. La quantité d’essence perdue est inférieure à 100 l. L’analyse établit que le premier collier était inadapté (1 film nitrile et un autre en matériau inadéquat au lieu des 2 films nitrile attendus). De plus, la mise en oeuvre n’était pas conforme : serrage effectué sans clé dynamométrique et essai de montée en pression ne respectant pas la procédure. n 29/09/2011 76 - LE GRAND-QUEVILLY 20.15 - Fabrication de produits azotés et d’engrais Une explosion, accompagnée d’une abondante fumée noire, se produit à 8 h 50 dans une usine d’engrais azotés. Une fuite enflammée d’hydrogène (H2) dans l’unité de fabrication d’ammoniac (NH3) s’est propagée au niveau du circuit sous pression transportant du gaz de synthèse (mélange d’azote N2, d’H2 et d’NH3 déjà synthétisé). Les 7 opérateurs actionnent l’arrêt d’urgence et évacuent l’unité. L’exploitant déclenche son POI vers 9 h 15. Les pompiers mobilisent 70 hommes, 25 engins et une cellule mobile d’intervention chimique (CMIC). Ils prennent le relais des pompiers internes qui arrosent l’unité accidentée avec 3 lances pour empêcher la propagation de l’incendie. Dans la salle de contrôle, l’équipe de production purge à l’azote le circuit des gaz de synthèse afin d’éliminer l’H2 et arrête les machines de l’atelier alors qu’une explosion secondaire plus faible est perceptible. L’exploitant obture les réseaux d’eaux du site pour éviter une pollution de la Seine par les eaux d’extinction. Faute de combustible, l’incendie s’éteint progressivement vers 9 h 55. La vidange du circuit gaz de synthèse à l’atmosphère provoquant une dispersion d’NH3, des mesures de toxicités sont réalisées dans l’unité et autour du site par des capteurs fixes et mobiles. Les mesures effectuées sous le vent (10 km/h) autour du site ne révèlent pas de concentration dangereuse […], mais des odeurs caractéristiques d’NH3 sont perceptibles. Le POI est levé à 10 h 55 ; l’unité accidentée est mise en arrêt froid. Le souffle de l’explosion a endommagé un mur de parpaing proche du compresseur. Le toit en tôle du local a été atteint quant à lui par les effets thermiques de l’incendie. Le compresseur est également endommagé à la suite de son arrêt brutal et de la surchauffe de ses axes privés d’huile. La fourniture d’NH3 étant vitale pour la synthèse des différents engrais azotés, le site perd durant plusieurs semaines 40 % de sa capacité de production (plusieurs millions d’euros de perte). Les premiers éléments de l’enquête montrent que la rupture d’une canalisation au niveau d’un robinet (D1) transportant du gaz de synthèse sous 200 bars à proximité d’un compresseur de l’unité, aurait provoqué un éclatement pneumatique à l’origine de la déflagration perçue. Une autre hypothèse serait la formation d’un UVCE suite à une fuite de gaz de synthèse contenant de l’H2 facilement inflammable. […] N° 121 - Janvier-février 2012 - Préventique 77 Risques et pollutions industriels Foudre, pluies et réseaux pluviaux n 17/09/2011 69 – FEYZIN Photo Exploitant 19.20 - Raffinage du pétrole Plusieurs impacts de foudre sont relevés dans une raffinerie à 19 h 25. L’un d’entre eux provoque l’explosion du ciel gazeux d’un bac tampon d’un volume total de 2 000 m³ de collecte et de décantation rempli de 770 m³ d’eau phénolée provenant d’un craqueur catalytique. Les hydrocarbures présents s’enflamment et génèrent un incendie. L’exploitant déclenche le POI à 19 h 45 et arrête plusieurs unités de production, la préfecture active le centre opérationnel départemental à 20 h 09. Le maire met en place à 20 h 00 le plan communal de sauvegarde (PCS) et informe les riverains (message téléphonique, SMS et site internet). Les pompiers du site éteignent les flammes à 20 h 10 et l’exploitant procède au refroidissement de l’installation. Un tapis de mousse d’extinction est épandu sur le fond du bac pour écarter tout risque. Les pompiers publics, présents sur les lieux, n’ont pas été sollicités. Les eaux d’extinction chargées de mousse polluent légèrement le Rhône par le réseau d’eaux pluviales du site. La raffinerie installe des barrages flottants. […]. Le toit du bac fortement endommagé est accroché sur une partie de la couronne et pend à l’extérieur de la paroi. L’exploitant le sécurise le lendemain et met en place un by-pass du bac tampon. Le bac disposait d’un dispositif de mise à la terre. L’explosion fait suite à l’ignition par la foudre des vapeurs sortant par l’évent. L’administration autorise le redémarrage des unités qui ont été arrêtées et demande un examen du bac ainsi qu’une analyse sur l’absence d’efficacité des dispositifsde protectiondes installations contre la foudre. n 11/10/2011 61 - FLERS 20.42 - Fabrication de parfums et de produits pour la toilette Vers 12 h, une usine de parfums et de produits de toilette rejette des hydrocarbures et du produit moussant dans la Verette via le réseau des eaux pluviales. Les secours mesurent un pH compris entre 6 et 7, mais observent une importante mortalité piscicole. Ils préviennent l’exploitant qui stoppe ses rejets et les stocke sur son site avant évacuation en camionciterne. Les pompiers installent des barrages absorbants pour empêcher une pollution de la Vere en aval 78 Préventique - N° 121 - Janvier-février 2012 et une société spécialisée pompe les polluants (3 m³ seront pompés). […]. L’exploitant recherche en vain une fuite pendant plusieurs heures à l’aide d’un hydrocureur, video inspection et traceur. Il constate que les différents réseaux (pluvial et assainissement) constituent un enchevêtrement de canalisations neuves (années 2000) et anciennes (années 60) et que les différentes canalisations sont difficilement identifiables, même entre les parties de l’entreprise et celles de la commune. Afin d’approfondir ses investigation, il construit provisoirement un réseau aérien d’acheminement des effluents vers la station d’épuration. n 28/10/2011 11 - NARBONNE 46.21 - Commerce de gros de céréales, de tabac non manufacturé, de semences et d’aliments pour le bétail Un camion-benne de 3 t de chaux vive et 10 t d’engrais biologique azoté est déchargé sous une pluie battante dans une société commercialisant des produits agricoles. Un big-bag de 600 kg de chaux se rompt à 8 h 35, le produit réagit exothermiquement avec la pluie et contamine 4 autres big-bags. Le dernier sac, intact, est entreposé à l’extérieur sans précaution particulière. Selon un organisme spécialisé dans les situations d’urgence, la fumée irritante émise, composée de dihydroxyde de calcium, n’est pas toxique. Malgré les consignes de la fiche de sécurité du produit (FDS), les pompiers arrosent la chaux. En outre, ils ne disposent pas de la FDS de l’engrais. Le site ne disposant d’aucune rétention, le fossé naturel entourant le site est obstrué avec un barrage en terre pour éviter la pollution alcaline du milieu naturel. Le pH est suivi et le fossé sera réouvert lorsque le pH sera inférieur à 8. Les pompiers isolent les produits dans 2 bennes (1 de chaux en réaction, 1 de mélange de chaux et d’engrais) avec une tractopelle de la municipalité. Le 02/11, le mélange de chaux et d’engrais de 7 m³ émet toujours de la fumée. Les pompiers mesurent une température de 250 °C alors que la littérature scientifique indique que la température maximale de cette réaction ne peut dépasser 150 °C. Pour stopper la réaction, la chaux est mélangée à de la dolomie dans des proportion 1/3 - 2/3. Le 03/11, un engin de chantier excave le sol souillé par la chaux et place la terre dans la benne du mélange. Le sol étant naturellement basique sur cette zone, aucun effet à moyen et long terme sur l’environnement n’est redouté. L’inspection des installations classées relève que le site ne dispose d’aucune procédure de gestion des accidents ni de déchargement, d’aucun plan de stockage et d’aucun moyen de rétention. Un arrêté préfectoral d’urgence impose à l’exploitant de faire cesser la réaction chimique, d’éliminer les déchets et de mettre le site en conformité. Le big-bag à l’origine de l’accident a pu être fragilisé lors de précédents chargements ; les big-bags sont parfois poussés par les caristes pour rentrer les chargementsdans le camion. Risques et pollutions industriels Pyrotechnie n 09/09/2011 33 – AILLAS Une série d’explosions suivie d’un incendie se produit vers 11 h 15 dans une installation d’artifices de divertissement dédiée à la préparation et au stockage de feux montés, au sein d’un établissement soumis à autorisation. Le bâtiment concerné de 160 m² abrite 25 kg d’artifices, des cartons et des tables. Les 5 employés évacuent le site, les secours établissent un périmètre de sécurité de 100 m. Les pompiers déploient 3 lances à eau. Le bâtiment menaçant de s’écrouler, un engin de chantier troue l’un des murs pour permettre l’extinction des foyers secondaires. Une ronde est effectuée dans la nuit. Aucune des structures avoisinantes n’est atteinte et aucun blessé n’est à déplorer. L’exploitant éliminera les déchets du sinistre conformément à la réglementation. Des artifices en « retour de tir », déchets à détruire, seraient à l’origine du sinistre. En raison d’un retard dans la destruction des déchets, ils ont été stockés (trop longtemps ?) dans un bâtiment non prévu à cet effet. L’inspection constate également que l’aire de destruction de déchets ne permet pas une exploitation en sécurité : structure métallique abîmée, aire non débroussaillée, déchets épars et cendres à l’extérieur… L’exploitation du site (hors dépôt) est suspendue jusqu’à remise en état du bâtiment endommagé et de l’aire de brûlage des déchets. L’exploitant devra prévoir, dans la mise à jour quinquennale de son étude de dangers, un emplacement dédié dans la zone pyrotechnique pour stocker les « retours de tirs » en sécurité (à distance des autres bâtiments, règles de stockage…). n 03/10/2011 21 - VONGES 20.51 - Fabrication de produits explosifs Dans une usine de fabrication de d’explosifs, une explosion se produit vers 6 h 30, 5 min après le début du brûlage de 15 kg de déchets d’explosifs encartouchés (émulsions en cartouches de calibre 30/400). Aucune victime n’est à déplorer mais la sole du brûloir est déformée (percée au centre du lieu de positionnement du produit et dessoudée sur les côtés), la rampe de brûlage est arrachée et projetée à 19 m et la pelle manuelle permettant d’étaler le produit est également projetée et son manche détruit. Conformément à l’étude de sécurité et l’étude de dangers de l’installation, les effets sont restés contenus sur l’aire, aucun élément n’a été projeté en dehors du site. L’exploitant informe la municipalité vers 7 h ainsi que l’inspection des IC. Les produits en attente de brûlage sont évacués du site. Photo Dreal Aquitaine 20.51 - Fabrication de produits explosifs Aillas Un incident similaire s’était produit sur la même aire de brûlage en 2006 (Aria 33538) ; l’exploitant effectue une analyse par arbre des causes. Aucune dérive dans l’application des conditions de sécurité n’est constatée. L’exploitant envisage plusieurs hypothèses : – composition nominale du produit différente suite à une erreur de fabrication : rejetée après analyses conformes du lot restant et des matières premières ; – présence d’un corps étranger, introduction d’un carton sur la sole avant étalement et conditions météorologiques : rejetées par l’ensemble du groupe d’investigation ; – produit constitué de cartouches présentant des défauts ; – mauvaise répartition du produit sur la sole. L’exploitant prévoit d’installer un système d’enregistrement des opérations de brûlage afin de pouvoir visionner les images lors d’un incident. n 12/09/2011 ITALIE – ARPINO 20.51 - Fabrication de produits explosifs Une série de 4 explosions suivie d’un violent incendie se produit à 14 h 45 dans une usine pyrotechnique. Le propriétaire de 70 ans, ses 2 fils exploitants et 3 employés sont tués. Les flammes ravagent 2 des 3 bâtiments de l’exploitation, se propagent à la forêt voisine et menacent quelques habitations proches qui sont évacuées. Les secours établissent un périmètre de sécurité. En raison de forts risques d’explosion, les pompiers, venus de plusieurs casernes, opèrent à distance ; 2 hélicoptères, 5 ambulances et 2 véhicules médicalisés prennent en charge les victimes. Le maire de la commune s’est rendu sur place. Le procureur et la police de l’environnement effectuent une enquête. La première explosion se serait produite lors de la fabrication manuelle d’artifices de divertissement (erreur lors d’un mélange de poudre ? électricité statique ?). L’usine disposait de zones de travail séparées (atelier/laboratoire/presse…), de matériel certifié Atex, d’un système de surveillance, ainsi que de ressources en eau pour lutter contre un sinistre. N° 121 - Janvier-février 2012 - Préventique 79 Risques et pollutions industriels NH3 et Chlore répandu dans la cave de l’habitation et infiltré dans le sol avant que les secours ne puissent intervenir pour la pomper ; aucune concentration anormale en Cl2 ne sera cependant mesurée dans les égouts. n 31/10/2011 n 13/09/2011 55 - AUBREVILLE 10.51 - Exploitation de laiteries et fabrication de fromage Voulant nettoyer le bâtiment d’une ancienne fromagerie à l’arrêt depuis 20 ans, son actuel propriétaire réalisant des travaux pour remblayer une fosse sectionne une tuyauterie sans se douter qu’elle était reliée à un réservoir d’ammoniac (NH3 de réfrigération ou NH4OH utilisé pour le nettoyage et l’entretien des installations ?) non mis en sécurité avant abandon des installations. Une importante émission d’NH3 gazeux envahit le bâtiment. La gendarmerie sera alertée 48 h plus tard à 13 h 30 par un voisin qui constate que son jardin potager situé à quelques mètres de l’établissement en cause est « brûlé ». Des pompiers spécialisés dans les risques chimiques se rendent sur place et un périmètre de sécurité est établi. Les secours équipés de scaphandres colmatent la fuite à 16 h et vident la cuve. L’accès au bâtiment est interdit en raison de la présence possible de résidus de produit ; dans l’affirmative, la préfecture pourrait demander une décontaminationdu bâtiment. n 11/10/2011 04 - FORCALQUIER Photo Sdis 04 36.00 - Captage, traitement et distribution d’eau Vérification de fin de ventilation le lendemain de l’intervention des secours. Pénétrant à 17 h 22 dans un local technique au 1er étage d’une usine de production d’eau potable, un employé est incommodé par une fuite de chlore (Cl2) et donne l’alerte. La concentration en Cl2 dans ce dernier aurait atteint 7,5 ppm. Les 2 bouteilles de 35 kg de Cl2 utilisées avaient été changées le matin même, 2 fûts de 25 l d’hypochlorite de sodium (Javel) sont également stockés sur les lieux. D’importants moyens d’intervention sont mobilisés : 37 pompiers et 11 véhicules, 6 gendarmes. Les secours confinent 60 personnes dans un rayon de 200 m. Deux pompiers et un technicien de la société des eaux et 2 pompiers en scaphandres isolent les bouteilles à 18 h 15. Le périmètre de sécurité et les mesures de confinement sont levés vers 19 h 30. Après ventilation des locaux, l’intervention des secours s’achève le lendemain à 11 h 43. Les causes et circonstances de la fuite ne sont pas précisées. n 31/10/2011 08 - WARCQ 00.00 - Particuliers À la suite d’une erreur de dosage, des émanations chlorées (Cl2) intoxiquent un particulier entretenant sa piscine ; les pompiers évacuent par précaution ce dernier vers l’hôpital. Un m³ d’eau chlorée s’est 80 Préventique - N° 121 - Janvier-février 2012 57 - FLORANGE 24.10 - Sidérurgie Dans une usine sidérurgique, une fuite d’ammoniac (NH3) se produit vers 9 h lors du démantèlement d’une ancienne installation de réfrigération. L’accident qui met en cause une canalisation, fait suite à un problème de by-pass (installation insuffisamment vidangée/mise en sécurité avant travaux ?). Les 8 employés chargés de l’opération sont transférés vers un hôpital par précaution ; l’un d’eux a été légèrement brûlé au visage par un jet de frigorigène, les 7 autres ont été plus ou moins incommodés. Les pompiers mesurent 5 ppm d’NH3 dans l’air, leurs explosimètres saturés à proximité de la fuite, indiquant 0 % de la Lie à 1,5 m de cette dernière. Un périmètre de sécurité de 250 m est établi. L’intervention des secours s’achève vers 11 h 50, une société privée purgera l’installation. La police s’est rendue sur les lieux pour effectuer une enquête. n 07/09/2011 35 - CESSON-SEVIGNE 93.11 - Gestion d’installations sportives À 11 h 30, des émanations chlorées (Cl2) envahissent une piscine publique. Le personnel ventile les locaux avant l’arri vée des pompiers. Sur 20 personnes présentes (employés et nageurs), 6 dont 2 enfants sont évacuées par précaution vers l’hôpital en raison d’une légère intoxication. Le Cl2 qui s’est formé dans les conduites du système de traitement d’un bassin venant d’être vidangé, a été émis à l’atmosphère à la remise en service du système. L’agence régionale de santé (ARS) effectue des analyses, la piscinerestera fermée 5 jours durant. n 05/10/2011 69 - LYON 70.22 - Conseil pour les affaires et autres conseils de gestion Une fuite d’ammoniac (NH3) de réfrigération se produit vers 9 h 50 sur un réfrigérateur au 1er des 7 étages d’un immeuble de bureaux. Les secours qui mesurent une concentration 200 ppm d’NH3 dans les locaux, évacuent 70 personnes et ventilent le bâtiment. Après contrôle ne révélant plus de concentrations anormales, les employés regagnent leurs bureaux vers 11 h. Un incident comparable est répertoriédans un hôpital en octobre 2011 (Aria 41113). n Malgré tout le soin apporté à la réalisation de cette synthèse, il est possible que des inexactitudes persistent dans les éléments présentés. Merci au lecteur de bien vouloir signaler toute anomalie avec mention des sources d’information au Barpi, 5 place Jules-Ferry, 69006 Lyon. Courriel : [email protected].
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