dossier sans sang
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INNE GORIS & DOMINIQUE PAUWELS D’après le roman de Alessandro Baricco SANS SANG 1 SANS SANG ‘Même si la vie est incompréhensible, nous la traversons probablement avec le seul désir de revenir à l’enfer qui nous a engendré, et d’y habiter auprès de qui, un jour, de cet enfer, nous a sauvé. (…) Dans un long enfer identique à celui d’où nous venons. Mais clément tout à coup. Et sans sang.’ | Sans sang, Alessandro Baricco | 2 SANS SANG CRÉDITS Concept & mise en scène Inne Goris Texte Peter Verhelst d’après Senza Sangue de Alessandro Baricco Musique Dominique Pauwels Lumière et décor Stef Stessel Avec Lieve Meeussen, Johan Leysen et 2 enfants Production LOD muziektheater Coproduction Kaaitheater, LIFT Festival, SPECTRA Ensemble, House On Fire Commissioné par LIFT, coprésenté par Crying Out Loud en collaboration avec The Place (Londres) Tournée 2016-2017 A House on Fire co-production; with the support of the Culture Programme of the European Union 3 SANS SANG TOURNÉE 2015-2016 2016 14 avril Kaaitheater Bruxelles (BE) 15 avril Kaaitheater Bruxelles (BE) 16 avril Kaaitheater Bruxelles (BE) 20 mai NTGent Gand (BE) 21 mai NTGent Gand (BE) 6-8 juin The Place LIFT Festival Londres (UK) 4 © Kurt Van der Elst SANS SANG L’ABSURDE FIDÉLITÉ À L’HORREUR La créatrice de théâtre Inne Goris s’intéresse au revers sombre de la personnalité humaine. Son théâtre pose des questions ardues : à partir de quel moment franchit-on une frontière, fait-on des choses qu’on ne veut pas faire, perd-on son innocence ? Et que se passe-t-il quand on a franchi cette frontière ? Qu’est-ce que cela vous fait d’accéder à la face nocturne de votre moi ? En même temps, elle révèle l’étonnante résilience et la combativité de l’être humain confronté à des situations difficiles, voire atroces. Ses personnages sont souvent des enfants, encore plus souvent des filles. Elles perdent leur innocence ou luttent pour la retrouver. Dans l’installation théâtrale et musicale Hautes Herbes, Goris avait déjà abordé la guerre en compagnie de Dominique Pauwels, et plus spécialement la problématique des enfants soldats, afin d’explorer la zone de tension entre la culpabilité et l’innocence, entre notre rêve de l’enfance idyllique et la réalité d’une maturité imposée beaucoup trop tôt. VENGEANCE ET RÉCONCILIATION Invitée à travailler autour de la Première Guerre mondiale, Inne Goris s’est mise à la lecture. Mais elle a rapidement compris que cette Grande Guerre était trop énorme pour elle, qu’elle ne parviendrait pas à la transposer au théâtre. « Je ne peux rien en tirer », dit-elle. « Je ne suis pas une documentariste au théâtre. Et la douleur de cette Grande Guerre est tellement immense qu’elle risque de s’absorber dans le nombre inimaginable de victimes. Je préfère distiller les grandes questions et les émotions cuisantes à partir d’un microcosme, de noyaux familiaux, de familles. On dit parfois que mon théâtre n’est pas politique, mais je ne suis pas d’accord. Pour moi, la dynamique des rapports entre l’homme et la femme, à l’intérieur d’un couple d’amoureux, entre des parents et leurs enfants est politique, elle aussi. En tant que créatrice, je préfère observer au microscope un contexte de petite envergure, afin de démontrer et de rendre perceptible l’influence des grandes structures dans lesquelles se déroulent ces événements. Lors de mes recherches d’un point de départ, je suis sans cesse revenue à Sans Sang, un bref roman d’Alessandro Baricco (né en 1958), surtout connu pour un autre roman court, Soie. J’ai immédiatement senti que je pourrais en tirer quelque chose. Et aussi qu’il fallait de la musique pour l’accompagner. Sans Sang est l’histoire d’une action de vengeance en temps de guerre et de la tentative, bien des années après, du coupable – un jeune homme au moment des faits – et d’une victime – une jeune fille à l’époque – de se réconcilier, l’un avec l’autre et avec le traumatisme commun. La nature de cette guerre reste indéterminée, ce qui, à mon sens, élève la thématique à un niveau plus abstrait et universel. La vengeance et les tentatives de réconciliation sont de tous les temps – pensez à Sarajevo, pensez au Rwanda. De plus, en ramenant la douleur de la guerre aux rapports étranges entre un coupable et une victime – qui plus est, entre un homme et une femme – elle devient horriblement tangible. Et également horriblement complexe et à multiples niveaux. C’est justement cette ambiguïté qui me fascine. » ... 5 ... © Tito Faraci L’INTIMITÉ ENTRE COUPABLE ET VICTIME « Le livre se compose de deux parties. Dans la première, qui se déroule vers la fin de la guerre, des soldats s’introduisent dans une ferme pour une action de vengeance envers un médecin soupçonné d’avoir torturé des soldats blessés. L’homme a juste le temps de cacher sa fille sous une trappe dans le plancher. Tapie sous les planches, la jeune fille entend tout ce qui se passe – les bruits de verre brisé, les cris des hommes, des tirs de fusil ; elle entend son père supplier de le laisser en vie, elle entend entrer son frère. Elle entend comment son père et son frère sont exécutés. En fouillant la maison, l’un des hommes remarque que des paniers ont été poussés sur le côté. Il découvre la trappe, l’ouvre et voit la jeune fille, lovée dans le trou dans une attitude fœtale parfaite. Ils n’échangent pas un mot, mais se regardent longuement. Puis le jeune soldat referme la trappe, ne révèle pas ce qu’il a vu à ses camarades et sauve ainsi la vie de la fille. Dans la seconde partie, nous avons fait un saut d’un demi-siècle dans le temps. Une dame d’un certain âge achète un billet de loterie à un kiosque, puis elle demande au vendeur âgé d’aller boire un verre avec elle. Quand ils sont assis l’un en face de l’autre, l’homme dit : “Je sais qui tu es et je sais ce que tu viens faire.” Lui, c’est le soldat, elle est la jeune fille. Il l’a cherchée toute sa vie, doutant qu’elle ait survécu ; il a entendu raconter des histoires sur elle. Pendant ce temps-là, les autres soldats ayant participé à l’opération sont morts l’un après l’autre dans des circonstances suspectes. Il pense que son tour est venu à présent. Alors qu’il regarde la mort en face au cours de cette conversation dans le grand café vide – ou qu’il le pense, du moins –, elle lui demande – non, elle l’y oblige – d’expliquer pourquoi. Pourquoi il a tué un homme et un garçon qu’il ne connaissait pas, qu’il n’avait jamais vus. Il ne parvient pas vraiment à dépasser les lieux communs : parce que c’était la guerre. Parce que nous en avions reçu l’ordre. Parce que nous voulions un monde meilleur, et tant pis s’il fallait abattre un garçon pour y arriver. Mais il y a aussi une question plus essentielle : pourquoi l’a-t-il laissée en vie, elle ? “Parce que tu semblais parfaite”, répond-il. Plus tard, la femme avoue qu’en voyant le jeune homme, elle a pensé : “Voilà le garçon qui va m’emmener”. Un instant proche du coup de foudre. Muet. Et impossible à cause des circonstances, même si – coupable et victime, homme et femme – ils ont ainsi été condamnés l’un à l’autre pour toute une vie. Finalement, la fille âgée demande au garçon âgé de l’accompagner à l’hôtel et de faire l’amour avec elle. Après l’instant d’intimité, l’homme se retourne, prêt à subir son sort : être tué par elle en tant que dernier des camarades. Mais il sent soudain qu’elle appuie sa tête contre son dos en reprenant l’attitude fœtale parfaite. A-t-elle tué les autres hommes, ... 6 ... finira-t-elle par le tuer ? Tout cela reste indécis. L’intimité est là, mais pour combien de temps encore ? Baricco laisse la fin ouverte, ce qui, à mon avis, donne une très grande puissance au livre. » SOUVENIRS À VOIX MULTIPLES « Dominique (Pauwels) et moi, nous envisageons pour le moment de plonger la première partie dans l’obscurité ; le spectateur entend uniquement les bruits que la fille perçoit sous sa trappe. Un paysage sonore évocateur, sans paroles. Pour la seconde partie il nous fait deux interprètes d’un certain âge. C’est absolument nécessaire, car le spectateur doit sentir qu’entre leur regard fatal et la rencontre au kiosque, ils ont vécu toute une vie. Qu’ils ont pris le recul nécessaire pour avoir la conversation qu’ils ont. Mais en même temps, je vois aussi une jeune fille déambuler dans ce grand café où les deux personnes âgées sont assises l’une en face de l’autre. Comme un chat qui traîne dans la maison, perturbateur, mais en même temps catalyseur de la conversation. D’un point de vue musical, j’entends des voix, mais plutôt des voix masculines. Dans le livre, l’homme se perd très souvent dans ses pensées, qu’il ne partage pas avec la femme. Mais qui entend-on : le jeune homme, ou celui qui a cherché sans cesse la jeune fille alors qu’il avait trente, quarante ou cinquante ans, ou le vieillard présent au café ? En dédoublant cet homme en tous ceux qu’il a été, donc en lui donnant des voix multiples, on évoque l’obsession que lui a inspiré la fille pendant toute sa vie, ce souvenir de son crime. Mais aussi l’instant d’intimité insondable, leur regard échangé, l’attitude parfaite de la fille, genoux relevés, chevilles jointes. Cet enchevêtrement d’innocence, d’érotisme, de violence et de compassion. La fin n’est peut-être pas une réconciliation, mais elle scelle de toute façon la complicité entre le coupable et la victime. Ils étaient tous deux condamnés à retourner sans cesse dans leur enfer familier – donc l’un vers l’autre. Baricco appelle cela aussi leur « absurde fidélité à l’horreur ». La fidélité au traumatisme. Peut-être est-ce cela qui m’intéresse encore plus que la violence initiale : l’obligation des gens à vivre avec l’horreur après un événement aussi déstabilisant et ébranlant que la guerre, ce qu’ils font pour éviter de devenir fous de remords ou de soif de vengeance. Comment une victime est capable d’appuyer sa tête au dos de l’homme qui a tué son père et son frère. » | Wannes Gyselinck | 7 SANS SANG BIOGRAPHIES Les spectacles d’Inne Goris se voient de préférence dans une ville lointaine et en solitaire. Il faut pouvoir y rester quelque temps par la suite, comme entre les contours encore chauds qu’un corps a imprimé dans l’oreiller. Ces spectacles articulent plusieurs vérités à la fois, mais celles-ci se comprennent uniquement quelque part à hauteur du cœur. – Wouter Hillaert © Kurt Van der Elst | INNE GORIS | obtient en 1997 son diplôme de la Toneelacademie Maastricht avec le spectacle Niet in staat tot slechte dingen. Après des passages à BRONKS, en tant que collaboratrice éducative, et chez Ultima Vez (Wim Vandekeybus), comme dramaturge, elle crée sa compagnie ZEVEN. Ce nom est un verbe qui signifie « tamiser », action qui sert de moteur au trajet d’Inne Goris. Elle recherche activement les vestiges d’un ensemble plus vaste, elle tente de révéler ce qui est caché, l’essence même des choses. Les résultats de cette approche sont des spectacles très personnels balançant sur le fil entre l’art plastique, le théâtre et la danse. Ces créations vous entraînent dans un autre monde, vibrant d’émotions contenues, d’images et de mouvements captivants. Son théâtre ne doit pas toujours être « juste », mais il veut surprendre et il peut déstabiliser. C’est sous l’égide de BRONKS qu’Inne Goris crée Zeven. Elle y trouve sa voie; ce spectacle est le point de départ de son trajet artistique. Drie zusters (2003), la première production de sa compagnie ZEVEN, s’inspire librement du grand classique Les Trois Sœurs de Tchekhov. La pièce remporte le Prix 1000Watt du spectacle jeune public le plus impressionnant de Flandre et des Pays-Bas. Pride&Prejudice (2004) est également nommé au Prix 1000Watt. De dood en het meisje (2005), d’après le quatuor à cordes La Jeune fille et la Mort de Schubert, est une création visuelle et musicale sur le sentiment de perte, interprété par six adolescentes. La petite fille qui aimait trop les allumettes (2006), d’après le roman éponyme de Gaétan Soucy, est le premier spectacle pour adultes de ZEVEN. Naar Medeia (D’après Médée – 2008) et Nachtevening (Équinoxe – 2009), deux spectacles inspirés du mythe de Médée, s’adressent également à un public adulte. Depuis 2009 Inne Goris crée ses spectacles dans le cadre de LOD, dont Nachtevening (Équinoxe – 2009), Muur (Mur, 2010), Droomtijd (Rêveries, 2011), Vader, Moeder, Ik en Wij (Papa, Maman, Moi et Nous, 2011) et Hoog Gras (Hautes Herbes, 2012). Elle continue dans la même veine qu’auparavant, en proposant au public du théâtre à savourer des cinq sens. En 2013 Inne Goris et LOD ont présenté plusieurs de ses spectacles au Manchester International Festival. C’est là qu’a eu lieu la création de Zigzag Zigzag (2013), spectacle qui a tourné en Belgique en 2014 ; il a été sélectionné par le jury d’enfants du Theaterfestival 2014. En 2015 sera créé Sneeuw (La Neige), la première collaboration d’Inne Goris avec Thomas Smetryns, l’un des compositeurs de LOD. En 2015 La Neige a été créé, sa première collaboration avec Thomas Smetryns. En 2016, elle collaborera de nouveau avec Dominique Pauwels pour Sans Sang, d’après le roman de Alessandro Barrico. ... 8 SANS SANG BIOGRAPHIES ... © Kurt Van der Elst | DOMINIQUE PAUWELS | étudie au Conservatoire de Gand, au Sweelinck Conservatorium d’Amsterdam et à l’IRCAM de Paris. En 1991, il obtient son diplôme de fin de cycle en composition musicale et cinématographique au Berklee College of Music de Boston, dans le Massachusetts. Ensuite, il s’intéresse de plus en plus aux technologies informatiques et aux logiciels de composition. Depuis 1991, Dominique Pauwels compose régulièrement pour la télévision, notamment pour les émissions flamandes Het Eiland, De Parelvissers, De slimste mens ou De Ronde. Il enregistre aussi une série de disques (notamment avec Chris Whitley, New York) et se voit fréquemment confier différents projets de composition pour le théâtre (musical), le cinéma et la publicité. Il est notamment l’auteur de la musique de Lifestyle (1998, Victoria), Pas tous les Marocains sont des voleurs (2001, Arne Sierens), No Comment (2003, Needcompany, Jan Lauwers), et DeadDogsDon’tDance/DjamesDjoyceDeaD (2003, Jan Lauwers & Ballett Frankfurt). Pour le Quatuor Diotima, il écrit son premier quatuor à cordes (2004) et en 2006, il collabore à la musique de Looking for Alfred, un court métrage de Johan Grimonprez, lauréat de l’European Media Award. Depuis 2004, Dominique Pauwels est compositeur en résidence à LOD. Il collabore étroitement avec la chorégraphe et danseuse Karine Ponties et le metteur en scène Guy Cassiers, avec qui il crée Onegin, Wolfskers/Belladone, Sang et Roses et MCBTH. Avec Inne Goris, il a créé MUUR (2010), l’installation musicale Rêveries (LOD & Manchester International Festival, 2011), la production pour familles Papa, Maman, Moi et Nous (2011) et l’installation vidéo théâtrale Hautes Herbes (2012). Ensemble avec Fabrice Murgia, il a créé Ghost Road (2012), la première partie d’un trilogie. La première de la deuxième partie, Children of Nowhere (Ghost Road 2) est prévu pour janvier 2015. Pour l’instant il est en train de travailler sur son nouvel opéra L’Autre Hiver (2015), en collaboration avec Denis Marleau et Stéphanie Jasmin. ... 9 SANS SANG BIOGRAPHIES ... | JOHAN LEYSEN | est un acteur flamand qui mène une carrière européenne au théâtre et au cinéma. Après avoir terminé ses études au Studio Herman Teirlinck en 1974, il a fait partie de plusieurs compagnies néerlandaises, dont De Appel, Ro-theater, Baal et Publiekstheater. Il a créé Wittgenstein Incorporated en collaboration avec Jan Ritsema, d’après un texte de Peter Verburgt. En Belgique, on a également pu le voir dans Medeamaterial d’Anne Teresa De Keersmaeker et Julius Caesar de Jan Lauwers & Needcompany. Il a également travaillé pour l’Ensemble Modern de Heiner Goebbels. En 1983, s’étant vu proposer un rôle dans Je vous salue, Marie de Jean-Luc Godard, il est parti vivre en France. Ont alors suivi des participations à de nombreux films en France et dans d’autres pays, comprenant même des rôles en espagnol et en japonais. Récemment, il a tenu pendant deux saisons le rôle de Hirohito dans Wolfskers de Toneelhuis ; la saison dernière, il a participé à Romeo en Julia, également de Toneelhuis, et il était le « commentateur » dans le spectacle de théâtre End de Kris Verdonck. En 1993 Johan Leysen a remporté le prix du meilleur acteur au Festival des Films du Monde de Montréal pour son rôle dans Trahir. En 1997 il a été nommé au « Veau d’Or » du meilleur acteur au Nederlands Film Festival pour son rôle dans Tralievader ; en 1998 il a remporté ce même prix pour le rôle principal dans Felice… Felice… Vous avez pu le voir ces derniers mois dans Het vonnis de Jan Verheyen et dans le film à succès Jeune et jolie de François Ozon, aux côtés de Charlotte Rampling. En 2010 il était dans The American, aux côtés de George Clooney. Leysen se produit actuellement dans Trauerzeit avec Isabelle Royanette, qui a travaillé avec le grand metteur en scène Peter Brook. 10 SANS SANG PROJETS DE INNE GORIS AVEC LOD muziektheater La passion selon Judas 2009 Dominique Pauwels Pieter De Buysser Nachtevening 2009Eavesdropper Peter Verhelst Mur 2010 Dominique Pauwels Pieter De Buysser Rêveries 2011 Dominique Pauwels Ruimtevaarders Papa, maman, moi et nous 2011 Dominique Pauwels Kurt D’Haeseleer Ruimtevaarders Hautes Herbes 2012 Dominique Pauwels La neige 2015 Thomas Smetryns Sans sang 2016 Dominique Pauwels «Le pays allait de l’avant, bien loin de la guerre, à une vitesse incroyable, en oubliant tout. Mais il y avait tout un monde qui n’en était jamais sorti, de la guerre, et qui dans ce pays heureux n’arrivait pas à redémarrer.» Extrait de “Sans Sang” 11 SANS SANG LA PRESSE SUR LE TRAVAIL DE INNE GORIS “Rêveries est une expérience extrêmement brève, mais hautement recommandable. Le meilleur et le plus pur de ce que peut offrir le théâtre.”- Knack.be “Rêveries de LOD, a été un véritable succès.”– De Gentenaar “ Papa, Maman, moi et nous est un analgésique pour âmes d’enfant. (…) un décor d’une merveilleuse s implicité, particulièrement stimulant (…). Au moyen d’un langage visuel sensible et d’un texte concis mais crucial, Inne Goris parvient à rendre un thème complexe abordable et assimilable. Les projections silencieuses et absolument magnifiques du vidéaste Kurt d’Haeseleer sont d’une efficacité enchanteresse.”- De Morgen “ Avec Muur, Goris prouve qu’elle est une créatrice de théâtre passée maître dans la pensée en image.”- Corpus Kunstkritiek “Muur est une œuvre à la fois brillante et intrigante. Elle ne devrait pas manquer de succès partout où il existe un public désireux de porter la réflexion sur les mythes anciens et modernes.”- The British theatre guide “Après la représentation, plusieurs spectateurs sont encore restés pour s’imprégner de l’ambiance du moment. Je ne peux que conseiller cette représentation aux personnes désireuses de vivre une expérience théâtrale intense et impressionnante.”- Blog Noorderzon “Rigoureuse et précise, la forme de Hoog Gras (Hautes Herbes) entend explorer la frontière ténue qui sépare la victime du bourreau à travers des récits contemporains d’enfants soldats.”- Libération “Hautes Herbes est un voyage théâtral intense et impressionnant.”– De Morgen 12 SANS SANG DOMINIQUE PAUWELS ET LE THÉÂTRE MUSICAL CONFESSIONS D’UN ÉQUILIBRISTE FONCTIONNEL? Tout le monde connaît la musique de Dominique Pauwels. Ou plutôt : ceux qui vivent en Flandre ou aux Pays-Bas connaissent certainement l’une des innombrables musiques de générique qu’il a composées pour des programmes de la BRTN et de Woestijnvis (Alles kan beter, Man bijt hond...). De la « musique fonctionnelle », c’est ainsi qu’il appelle cette partie de son œuvre. À strictement parler ses musiques de film, écrites notamment pour les productions du réalisateur Jan Eelen (Het Eiland et De Ronde), et ses compositions pour le théâtre appartiennent, elles aussi, à cette catégorie, même si les cloisons entre ce qui est fonctionnel et ce qui ne l’est pas ne sont pas toujours étanches. Depuis 2004, Dominique Pauwels est l’un des composteurs attitrés de LOD. En complicité avec ses compagnons de route Guy Cassiers (Onéguine ; Belledonne ; Sang et Roses) et Inne Goris (MUR ; Papa, Maman, Moi et Nous ; Hautes Herbes) il explore les multiples rapports possibles entre le théâtre et la musique. Dominique Pauwels est un équilibriste musical. Son travail balance entre l’expérimentation et le lyrisme, entre la technologie et l’intuition, entre l’autonomie musicale et la plus-value théâtrale qu’il peut apporter à un spectacle grâce à sa musique. Lorsque Dominique Pauwels écrit de la musique pour le théâtre, la composition peut en principe aussi être interprétée en dehors du spectacle. Jusqu’ici, cela s’est en autres fait pour son Requiem, écrit à l’origine pour Autopsie van een gebroken hart ; une version de concert de l’œuvre a été donnée par le Chœur de chambre Aquarius, en confrontation avec une messe des morts de Clemens non Papa. « Pour moi, la pure fonctionnalité, la musique illustrant ou soulignant tout au plus ce qui se passe en scène, n’est pas intéressante. La musique que j’écris pour le théâtre doit pouvoir se mesurer au spectacle. La somme des deux éléments est plus grande quand la musique ne suit pas servilement la structure et la dynamique de la pièce de théâtre. J’essaie d’en arriver à une forme musicale personnelle possédant un pouvoir expressif à côté de la forme théâtrale et indépendamment d’elle. Si la forme musicale procède du concept théâtral initial, elle a aussi une valeur autonome. Le spectacle s’enrichit ainsi, il acquiert de multiples niveaux. Je considère qu’une œuvre musicale écrite pour le théâtre est réussie quand sa fonctionnalité semble fortuite, même si elle ne l’est pas, bien évidemment. » LYRISME ET EXPÉRIMENTATION L’œuvre de Dominique Pauwels est d’une grande diversité, allant du générique accrocheur au quatuor à cordes complexe et accompli. Il faut dire que sa formation est d’une même ampleur, puisqu’il a étudié la composition classique à Gand et à Berklee, s’est spécialisé en musique de film et composition algorithmique, a approfondi ses connaissances de la musique électronique à l’IRCAM et a étudié l’écriture complexe de compositeurs tels que Tristan Murail et Gérard Grisey. Les idées de ces derniers, que l’on appelle les ... 13 ... « spectralistes », sont une source d’inspiration majeure pour Dominique Pauwels. Dans les années 1970, ils ont continué à développer plus avant les expériences sonores des impressionnistes français tels que Debussy et les travaux de Giacinto Scelsi. Ils furent les premiers à mettre la dimension du son et du timbre au premier plan musical. L’analyse sonore numérique permet de révéler le spectre sonore à la base d’une sonorité déterminée. En effet, celle-ci se compose d’un ensemble spécifique de fréquences et d’une série fixe d’harmoniques. Il est donc possible de manipuler les sons en filtrant des fréquences pour les atténuer ou, au contraire, en les renforçant. De plus, l’harmonie et la rythmique intérieure des sonorités peuvent être utilisées comme fil conducteur lors de la composition. Cette exploration « verticale » approfondie des sons par les spectralistes a considérablement enrichi la tradition musicale occidentale, qui jusque-là s’était surtout concentrée sur la dimension horizontale de la musique, c’est-à-dire la répartition des sons dans le temps par le biais de l’harmonie, des progressions et de la rythmique. Même si Dominique Pauwels admire beaucoup les compositeurs innovants comme Grisey, Francesconi et bien sûr Ligeti, son champ d’action en tant que compositeur pour le théâtre musical est limité par l’environnement dans lequel doit fonctionner sa musique. « La musique utilisée au théâtre doit toujours privilégier la communication avec le public et l’interaction avec l’expression théâtrale », précise Pauwels. « Voilà pourquoi j’ancre toujours mes expériences sonores dans une structure traditionnelle, souvent symétrique. Ces formes traditionnelles sont disponibles, elles prouvent leur utilité depuis des siècles. Pourquoi alors ne pas s’en servir ? Ma musique doit fonctionner pour les spectateurs au théâtre qui n’ont pas nécessairement un important bagage musical. Mais cette restriction a en même temps un effet libérateur pour moi. C’est précisément cela qui me semble tellement beau dans le théâtre musical, cette quête permanente de l’expressivité, mais avec des moyens d’expression que j’emprunte à l’avant-garde musicale. Pour chaque spectacle, il faut à nouveau rechercher l’équilibre entre la clarté et l’expérimentation. » La clarté et l’accessibilité formelles caractérisant la musique de Dominique Pauwels créent donc l’espace nécessaire à une expérimentation parfois poussée au niveau des sonorités et le timbre, même si cette expérimentation n’est jamais gratuite. L’effet sur le public est toujours la principale préoccupation. La structure « horizontale » limpide et l’expérimentation sonore « verticale » poussée doivent s’équilibrer mutuellement. Leur interaction et leurs rapports changeants déterminent la dynamique et la force expressive des compositions. Des grappes de sons complexes et grossis, par exemple, peuvent être mises en œuvre d’une manière fonctionnelle afin de renforcer le lyrisme et la transparence du passage suivant. LA MUSIQUE DES PORTES QUI CLAQUENT Lors de son travail de composition, Dominique Pauwels fait avant tout confiance à ses instincts en matière de musique. Son langage musical est lyrique et explicitement empreint de romantisme. Même si la tonalité est considérablement élargie, elle reste le cadre de référence au sein duquel – ou en dehors duquel – il travaille en tant que compositeur, également dans les œuvres où priment l’électronique et les sonorités synthétiques. L’électronique est d’ailleurs omniprésente dans les compositions de Dominique Pauwels, mais il n’y a jamais recours sans raison. Il faut toujours qu’une logique conceptuelle ou musicale gouverne l’irruption des sonorités électroniques dans la musique acoustique. Le point de départ est toujours la musique composée traditionnellement pour un ensemble d’instru- ... 14 ... ments acoustiques. L’électronique doit ensuite s’insérer tout naturellement dans l’environnement acoustique en fonction d’une logique conceptuelle ou musicale. Ce processus peut démarrer comme une perturbation d’apparence involontaire qui s’étend progressivement jusqu’à s’immiscer dans les parties acoustiques. Les bruits ambiants et la musique concrète – portes qui claquent, bruits de respiration, bribes de texte – peuvent également servir de matériau sonore. « J’ai vraiment l’impression que ces nouvelles technologies ne marquent pas seulement la musique en tant que moyen d’expression ou qu’outil, mais qu’elles influencent aussi considérablement notre façon de considérer la musique et la pratique de composition en tant que telle. Je remarque, par exemple, que je laisse de plus en plus souvent le hasard jouer un rôle dans le travail de composition. Pour moi, c’est terriblement passionnant, justement parce que je ne sais pas où je vais finir par atterrir. “Organiser le hasard” est bien évidemment paradoxal, mais c’est ce que j’essaie de faire de plus en plus en tant que compositeur. Cette ouverture toujours plus grande au hasard, à ce qui est naturel, aux permutations infinies que peuvent subir les compositions est sûrement liée à mon expérience des technologies contemporaines, des algorithmes, et au recours à l’informatique pour le travail de composition. » La nature forcément fragmentaire de la musique dans le contexte théâtral fascine tout autant Dominique Pauwels. Comment suggérer la continuité à travers une succession de passages musicaux ? Comment, en tant qu’auditeur, prolonger les pistes esquissées dans ces fragments ? Comment écrire la musique de façon à ce que l’auditeur soit mis au défi de mettre en rapport les bribes entre eux et avec le spectacle dans son ensemble ? LA MUSIQUE EN TANT QUE DRAMATURGIE Pour les spectacles de théâtre musical, Dominique Pauwels collabore étroitement avec le metteur en scène, souvent en partant de zéro. il en résulte des situations passionnantes permettant au compositeur de contribuer à définir la trajectoire dramaturgique du spectacle. Même si son approche colle toujours de très près au projet, cette plus-value conceptuelle est un fil conducteur dans son travail pour le théâtre musical. Il part à chaque fois d’une analyse approfondie, tant conceptuelle que formelle, du point de départ théâtral. Il peut s’agir d’un roman, comme pour Autopsie van een gebroken hart, où il avait interprété comme un requiem pour un amour perdu l’œuvre originale de Marcelle Sauvageot, Commentaire. Dans ce spectacle, les mouvements traditionnels du requiem déterminaient le rythme dramatique et constituaient la trame naturelle à l’intérieur de laquelle le thème du chagrin d’amour pouvait être abstrait et extrait de la dimension particulière. Pour Ghost Road (Fabrice Murgia), un spectacle sur le dépérissement d’une civilisation et les traces qu’elle peut laisser, sa contribution dramaturgique a commencé par le choix de la cantatrice. Sur le plateau, la célèbre soprano Jacqueline Van Quaille est la doublure musicale de la comédienne Viviane De Muynck. La soprano, une grande dame lyrique d’un certain âge, chante des airs évoquant sa carrière foisonnante, mais accompagnés et traversés par de nouvelles compositions. Cette intervention musicale crée une plus-value théâtrale et conceptuelle. Les traces du passé et les éléments radicalement nouveaux s’entrechoquent visiblement, mais sans que ce choc soit littéral. Le choix des airs, quant à lui, est aussi subtil que significatif : les œuvres du romantisme tardif telles que les Kindertotenlieder étaient déjà en soi un adieu retentissant à une époque révolue. « À mes ... 15 ... yeux, c’est aussi très intéressant du point de vue musical. En fait, il s’agit d’un “remix”, mais envisagé sous l’angle de la musique classique et présenté dans le cadre de la pratique d’interprétation classique », explique Pauwels. Parfois, l’élément théâtral a ses origines dans un concept musical ; ce fut le cas pour La Passion selon Judas (sur un texte de Pieter De Buysser). Comme souvent chez Dominique Pauwels, ce point de départ musical a débouché sur une installation musicale enrichissant clairement la scénographie : les membres du Collegium Vocale n’étaient pas réellement en scène, mais y étaient représentés par le même nombre de petits haut-parleurs. À mesure qu’avançait le spectacle, chacun des chanteurs/haut-parleurs était doublé par un instrumentiste à cordes interprétant sa partie en direct. L’installation se transformait ainsi petit à petit en un orchestre à cordes complet. Dans MCBTH, le conflit entre le monde du théâtre et l’univers musical est même la métaphore principale utilisée pour exprimer l’isolement absolu et l’aliénation de Macbeth. Progressivement, l’expression musicale remplace le moyen d’expression de Macbeth, qui est le théâtre. Des chanteurs prennent la place des acteurs, l’orchestre envahit les dialogues, jusqu’à ce que Macbeth soit l’unique acteur parlant dans un environnement devenu purement musical. Ses répliques parlées reçoivent pour seule réponse un langage métamorphosé en musique. Pour finir, le langage parlé de Macbeth devient un matériau sonore orchestré selon des règles purement musicales ; leur phrasé, articulation et intonation ne sont plus que de vagues réminiscences des paroles prononcées au début de la pièce. En extirpant Macbeth de son univers théâtral et en le laissant s’égarer dans un mode d’expression qui lui est étranger, son isolation totale est exacerbée. Ici, la musique et la dramaturgie se confondent. 16 SANS SANG À PROPOS DE NOUS | LOD muziektheater | est une maison de production gantoise. Une maison d’artistes dont les créations dans le domaine de l’opéra et du théâtre musical contemporains ont marqué le paysage artistique national et international depuis 25 ans. LOD s’organise autour des collaborations avec les compositeurs Kris Defoort, Dominique Pauwels, Jan Kuijken, Dick van der Harst, Daan Janssens et Thomas Smetryns et les metteurs en scène Josse de Pauw et Inne Goris. A leurs côtés, d’autres artistes s’associent à LOD au fil des saisons, Fabrice Murgia, Pieter de Buysser, Patrick Corillon, François Sarhan, Raven Ruëll et bien d’autres. Autour de ces artistes LOD encourage la création d’un répertoire ambitieux et novateur d’envergure internationale. Des productions comme The Woman who walked into doors et House of the sleeping beauties (Kris Defoort, Guy Cassiers), L’Ame des termites et Les pendus (Jan Kuijken, Josse de Pauw), Ghost Road (Dominique Pauwels, Fabrice Murgia), The house taken over (Katie Mitchell, Vasco Mendonça), An old monk (Josse de Pauw & Kris Defoort)… témoignent de la profusion et de l’excellence de propositions artistiques toutes orchestrées autour d’un lieu de création et d’une équipe de production dédiée au parcours des artistes. Les compositeurs de LOD sont appréciés pour leur approche contemporaine du théâtre musical. Leur travail est extrêmement hybride et difficile à catégoriser, mais toujours le résultat d’une recherche artistique poussée. Depuis 2011, LOD est chaque année invité à mettre l’accent sur ses artistes lors de festivals prestigieux en Europe. En 2013, le festival international de Manchester présente plusieurs créations de Inne Goris et Dominique Pauwels. LOD prépare également de nouvelles productions, notamment HUIS, la prochaine création de Josse de Pauw et Jan Kuijken qui sera présentée au festival d’Avignon en juillet 2014 – Madame Rainbow qui réunit Dominique Pauwels, Normand Chaurette, Denis Marleau et Stéphanie Jasmin dans un projet de coopération autour de Gand, Mons capitale culturelle 2015 et le Québec. WWW.LOD.BE 17 SANS SANG CONTACT | Valérie Martino | Développement artistique & relations internationales [email protected] M + 32 484 59 61 78 | Marianne Cattoir | Presse & communication [email protected] T +32 9 266 11 39 | LOD théâtre musical | Bijlokekaai 3 B-9000, Gent [email protected] T +32 9 266 11 33 www.lod.be 18
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