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Ecofiscalité : Un outil efficace pour protéger l'environnement ? DOSSIER APPA Nord-Pas de Calais www.appanpc.fr > Outilthèque >Dossiers 1 Document APPA Nord-Pas de Calais – Novembre 2007 – www.appanpc.fr Ecofiscalité : Un outil efficace pour protéger l'environnement ? Mise en ligne : novembre 2007 Différents leviers existent pour combattre les dégradations et nuisances environnementales. On peut les regrouper en 5 familles interdépendantes : les réglementations, les aménagements, les technologies, les dynamiques culturelles et enfin les mesures économiques, comprenant notamment l'écofiscalité. En 2003, on dénombrait en France une soixantaine de taxes ou redevances et presque autant de mesures d’exonération fiscale, favorables à l’environnement. La plupart ont été mises en place depuis les années 1990. Sujet relativement nouveau, à la fois complexe et polémique, l'écofiscalité est de plus en plus souvent évoquée pour lutter contre les problèmes écologiques. Mais de quoi s'agit-il ? Voici quelques éléments d'introduction pour vous aider à mieux comprendre cet outil économique. Définition L'écofiscalité (ou fiscalité verte ou encore fiscalité environnementale) concernent la fiscalité attachée aux produits et services ayant un impact sur l'environnement. On distingue habituellement les réductions ou les exonérations fiscales (ou écofiscalité positive), qui s'appliquent aux biens et services ayant un effet vertueux sur l'environnement, des taxes sur les biens et services ayant un effet négatif sur l'environnement (ou écofiscalité négative). L'Institut français de l'Environnement distingue plus précisément trois catégories de prélèvements : les taxes sur les émissions et produits polluants (ce que l'on appelle les écotaxes au sens strict) les redevances environnementales (paiements en contrepartie de services rendus) les prélèvements sur l'énergie et les transports . La plupart n'ont pas pour finalité première le souci environnemental, mais passant souvent par le budget général, il est souvent considéré que ces recettes servent partiellement ou pourrait/devrait servir à lutter contre les dégradations et nuisances environnementales. L'économiste Vallée distingue de son côté les prélèvements en fonction de leur finalité (voir encart ci-dessous). L'affectation des recettes fiscales est bien entendu une question politique. Voici quelques scénarios classiques de réaffectation : financer la recherche et l'innovation, compenser les détaxes ou exonérations sur des biens vertueux, financer la 2 Document APPA Nord-Pas de Calais – Novembre 2007 – www.appanpc.fr prévention et la réparation des effets négatifs. Un des problèmes concerne ces recettes qui, avant toute affectation, doivent généralement transiter par le budget général. Ce processus est de nature à compliquer la circulation des fonds et, surtout, à entraîner une certaine méfiance quant à la transparence et l'efficacité des affectations. La finalité des prélèvements "La diversité des prélèvements reflète des finalités économiques différentes qui peuvent devenir complémentaires. On peut en effet distinguer : les prélèvements à finalité incitative, dont le but est avant tout de modifier les comportements par le biais d'un signal-prix informant les agents sur les coûts environnementaux de leurs décisions les prélèvements à finalité financière, dont le but essentiel est de produire des recettes qui seront affectées à des dépenses spécifiques de lutte antipollution les prélèvements alimentant le budget général et pouvant avoir un impact environnemental positif ou négatif, par exemple les taxes sur les carburants qui sont des accises (impôts spécifiques sur les biens) englobées dans l'ensemble des recettes fiscales de l'Etat" Extraits d'Economie de l'Environnement, Annie Vallée, Seuil, 2002, pp.172-173. Opportunités et contraintes Si on les compare aux dispositifs d’interdiction, ou de fixation de normes d’activité et d’usage, les mesures fiscales apparaissent bien souvent comme les plus « rentables » à court terme puisqu’elle génèrent des gains financiers réinvestissables. D'autre part, elles respectent la liberté de choix des acteurs entre payer la taxe et polluer ou réduire sa pollution pour payer moins de taxe. L’Agence Européenne de l’Environnement (EEA) indique pour sa part d’autres avantages de ces écotaxes, et notamment : elles constituent des instruments particulièrement efficaces pour internaliser les externalités [explication de ces termes en fin de document] elles peuvent servir d’incitations à la fois pour les consommateurs et les producteurs, afin de les amener à modifier leur comportement en faveur d’une utilisation plus « éco-efficace » des ressources, d’encourager l’innovation et les 3 Document APPA Nord-Pas de Calais – Novembre 2007 – www.appanpc.fr changements structurels et de renforcer le respect des règlements elles peuvent constituer des instruments de politique particulièrement efficaces pour affronter les priorités environnementales actuelles engendrées par des sources de pollution « diffuse » comme les émissions de transport [...] Source : EEA, 1996 elles constituent des « signaux » pour éveiller l’attention, la conscience et l’inquiétude sur des problèmes d’environnement Source : EEA, 2000 http://reports.fr.eea.europa.eu/Environmental_Issues_No_18/fr/index_html_local Cependant, on reproche régulièrement aux écotaxes d’entraîner des retombées négatives sur la compétitivité des entreprises, sur l’emploi, mais aussi de défavoriser les groupes à faibles revenus et d'entraver la liberté de consommation. Elles sont ainsi perçues comme générant d'inutiles surcoûts injustifiés. Enfin, les réductions fiscales sont également souvent critiquées car, bien souvent, elles ne suffisent pas à engranger des sommes conséquentes, ni à entraîner de véritables changements de comportement. Et qu'en pensent les consommateurs ? Les enquêtes montrent, sans surprise, que les réductions fiscales sont préférées aux taxes. lI est vrai que toucher au pouvoir d'achat provoque logiquement des réactions de rejet. A l'instar du phénomène NIMBY, qui montre que les gens souhaitent le développement d'infrastructures d'intérêt collectif, mais pas à côté de chez eux pour éviter les nuisances, nous pourrions ici évoquer un autre phénomène de résistance concernant les écotaxes : le NIMWA (Not In My Wallet). En effet, si le principe du pollueur-payeur semble globalement accepté et perçu comme efficace par les populations (Roussel, Charles et Castano, étude en cours), toute la question reste de savoir qui sont les pollueurs et comment les taxer de façon la plus équitable et la plus juste possible. On rejoint ici le dilemme entre les intérêts individuels et les intérêts collectifs. Un des aspects sensibles auprès des ménages est la réaffectation des fonds constitués par les taxes. On constate en effet une très grande méfiance envers les capacités de l'Etat à gérer des fonds publics: manque de transparence, corruption, affectation des fonds sur des secteurs non prévus à l'origine, etc. En France, on ne compte à ce jour quasiment aucune étude approfondie sur les perceptions et représentations des populations concernant les dispositifs écofiscaux. Par contre, les pays anglo-saxons et scandinaves sont plus actifs, notamment en matière de perception des 4 Document APPA Nord-Pas de Calais – Novembre 2007 – www.appanpc.fr péages urbains. Le résultat le plus intéressant à ce jour est probablement que le niveau de revenu ne constitue pas toujours un réel facteur explicatif. Les représentations et croyances en matière d'écologie sont par contre de bons facteurs prédictifs du consentement à payer. En l'occurrence, les plus favorables aux écotaxes sont ceux qui perçoivent les conséquences dommageables de leurs propres actes sur l'environnement et la santé publique, et qui assument dans le même temps la responsabilité de leurs comportements envers l'environnement. Quelque soit les dispositifs écofiscaux que les décideurs souhaitent mettre en place, il sera nécessaire de mettre en œuvre en amont un dispositif de consultation et d’information auprès de l’ensemble des acteurs concernés, comme le préconise notamment l’Agence Européenne pour l'Environnement. Ces savoirs scientifiques pourront faciliter les nécessaires "grands efforts de pédagogie" invoqués par le groupe de travail Français "D4 pour 2050" (2006). Les coûts externes et leur internalisation "En économie, on désigne sous le terme d’externalités les effets d’un agent économique sur un autre agent sans qu’il y ait transaction monétaire ou convention d’échange entre ces deux agents. Ces effets ne sont pas directement sanctionnés par les mécanismes du marché et le système de prix : ce sont des services rendus non rémunérés et des dommages causés non compensés [...] Lorsqu'il est possible de les "monétariser"- les évaluer selon une unité monétaire - les externalités négatives [...] se traduisent en "coûts externes". On parle d'"internalisation des coûts externes" lorsque, par le biais de politiques ad hoc (pollueur-payeur…) on cherche à assurer la prise en compte d'une externalité dans le processus décisionnel du marché en faisant acquitter tout ou partie de ces coûts aux agents qui en sont supposés responsables. D’ores et déjà, certains effets externes sont partiellement internalisés comme par exemple les accidents de la circulation dont une partie du coût (dommages matériels et frais médicaux) est supportée par les automobilistes par l’intermédiaire de leur assurance automobile." Extraits de "Mobilité et transport en Île-de-France – État des lieux", rapport du STIF, page 3 www.stif.info/IMG/pdf/1.Cout_nuisances_dues_transp.pdf 5 Document APPA Nord-Pas de Calais – Novembre 2007 – www.appanpc.fr Liens Internet : Exemples de mesures fiscales, politiques de tarification, rapports et réflexions scientifiques Transports en commun gratuits : le débat, article rédigé par l'APPA Nord-Pas de Calais (PDF) www.appanpc.fr/doc/Actualites/Articles/A_250607.pdf Mesures écofiscales françaises en 2007. PDF, 18 pages www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/DP_20070123_ecofiscalite.pdf Rapport à la commission des comptes et de l'économie de l'environnement : l'économie de l'environnement en 2003 (Ministère de l'écologie et du développement durable et Institut français de l'environnement, version actualisée en 2005). PDF, 158 pages www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/054000320/index.shtml Récents développements dans l'utilisation des écotaxes au sein de l'Union Européenne, Agence Européenne pour l'Environnement, 2000. Malgré son ancienneté, ce document reste toujours utile quant aux exemples précis de fiscalité verte dans de nombreux pays et pour les analyses qu'il propose. Document PDF en accès libre, 96 pages http://reports.fr.eea.europa.eu/Environmental_Issues_No_18/fr/envissue18_fr.pdf Les coûts environnementaux de l'automobile : une mise en perspective de l'évaluation. Notes de méthode numéro 14, IFEN. Document PDF, 199 pages Probablement le meilleur document pour comprendre comment on traduit les dommages sous forme financières. Sont présentées toutes les incertitudes qui entourent ces calculs. Un seul défaut : le caractère très technique du document www.ifen.fr/uploads/media/nm14.pdf Les nuisances environnementales de l'automobile : rapport pour le Sénat écrit par M.Lepeltier en 2001 Il présente sous un angle technique mais exhaustif les questions de calcul du coût des dommages liés à l'automobile en France et offre un panorama et une réflexion sur les options écofiscales visant à lutter contre ces effets négatifs. http://senat.fr/rap/r01-113/r01-113.html Le point de vue de Jean-Marc Jancovici, expert indépendant en matière d'énergie et d'effet de serre, qui prône un usage plus intensif des écotaxes. www.manicore.com (rubrique Climat, énergie, et quelques milliards d'hommes ... > calculs de coin de table ... > une seule solution : la taxe) Rapport du groupe de travail "Division par 4 des gaz à effet de serre de la France à l'horizon 2050". Ce rapport édité en 2006 est une référence en matière de prospective. Des éléments d'analyse sur les opportunités et contraintes de l'écofiscalité sont évoqués à différents chapitres. Synthétique et facilement accessible pour les non spécialistes. www.industrie.gouv.fr/energie/prospect/facteur4-rapport.pdf 6 Document APPA Nord-Pas de Calais – Novembre 2007 – www.appanpc.fr 7 Document APPA Nord-Pas de Calais – Novembre 2007 – www.appanpc.fr