Prolapsus utérin
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Prolapsus utérin C. Rosenthal Le prolapsus traduit une altération des systèmes de suspension et de soutènement pelvi-périnéaux avec atteinte du niveau II et III de De Lancey. La constitution du tissu cellulaire pelvien semble jouer un rôle plus important que les antécédents obstétricaux. La chirurgie doit être proposée en cas de troubles fonctionnels. Elle peut être réalisée par voie abdominale ou cœlioscopique (promontofixation) et vaginale. L’hystérectomie ne doit pas être réalisée de façon systématique en l’absence de pathologie utérine. L’utilisation de matériau bioprothétique peut aider au renforcement des fascias pelviens déficients, responsables du prolapsus. Elle ne doit pas être systématique et leur utilisation discutée avec la patiente. De nouvelles voies d’abord sont actuellement en cours de validation, voie transobsturatrice et voie postérieure (sacropexie infracoccygienne). INTRODUCTION Prolapsus de l’étage moyen, le prolapsus utérin se caractérise par la descente de l’utérus, du col restant ou du fond vaginal dans le vagin, déroulant les parois antérieure et postérieure à des degrés différents. En théorie, les parois vaginales sont indemnes de toute éventration médiane générant cystocèle en avant et rectocèle en arrière. S’associe très souvent et à des degrés divers l’allongement hypertrophique du col : élongation de la portion supravaginale du col qui concerne soit tout le col, soit le plus souvent la lèvre antérieure lorsque les attaches postérieures sont encore solides, soit la lèvre postérieure surtout après des interventions de fixation utérine ou de cervicocystopexie isolée. PHYSIOPATHOLOGIE Sans revenir sur tous les concepts modernes du prolapsus, on est obligé de se référer aux travaux de De Lancey (1). Celui-ci décrit trois étages au niveau du vagin. Le niveau III, urinaire, ne nous concerne pas sauf en présence d’une incontinence urinaire associée. Le niveau I concerne le tiers supérieur du vagin : « le vagin est suspendu à la paroi pelvienne latérale par des fibres verticales qui se dirigent en arrière vers le sacrum » (2). L’élongation ou la rupture de ces fibres entraîne le prolapsus utérin, du col restant ou du fond vaginal. Le traitement chirurgical sera la promontofixation ou la sacrospinofixation. Le niveau II concerne les amarrages latéraux du vagin à l’arc tendineux du fascia pelvien (ATFP) : le vagin dans son tiers moyen est ainsi maintenu transversalement entre la vessie et le rectum. L’élongation ou la rupture (para vaginal defect) entraîne le décrochage latéral de la paroi vaginale antérieure et accompagne le prolapsus utérin. Le traitement chirurgical sera la fixation à l’ATFP. Le prolapsus utérin isolé sans cystocèle, ni rectocèle est rare. Dans notre expérience, c’est chez la femme jeune que l’on trouve la plus grande fréquence de prolapsus utérin isolé (30 %) et il survient rapidement dans les suites immédiates d’un accouchement sans corrélation obligatoire avec le poids du fœtus, ou l’épisiotomie préventive. MacLennan (3) retrouve une corrélation entre âge, parité, accouchement instrumental et troubles périnéaux, mais aucune différence entre accouchement spontané et césarienne. Son travail laisse supposer que la grossesse et l’âge ont plus d’influence dans la genèse du prolapsus que les modalités de l’accouchement. Cela semble prouver que c’est davantage la nature des fibres conjonctives de soutien qui est en cause, que le 196 Pelvi-périnéologie traumatisme lui-même. Cette inégalité féminine dépend principalement de la proportion relative des différents types de collagène et d’élastine dans la constitution du tissu conjonctif pelvien (4). CLINIQUE Les motifs de consultations sont : non seulement une pesanteur pelvienne, une gêne, une dyspareunie, mais aussi souvent une gêne psychologique qu’entraîne la visualisation de l’extériorisation du col utérin. L’examen clinique en position gynécologique, au repos puis en poussée permet de classer le prolapsus en trois stades : – stade 1 : le col ou le fond vaginal reste intravaginal, mais se trouve au niveau du tiers inférieur du vagin ; – stade 2 : le col ou le fond vaginal apparaît spontanément à l’orifice vulvaire ; – stade 3 : (fig. 1) le prolapsus est extériorisé partiellement ou totalement (stade 4 pour certains auteurs). Fig. 1 – Prolapsus extériorisé type 3. Mais, plus importante que le stade est l’étude du déroulement de la colonne vaginale antérieure traduisant la rupture latérale des fascias et la nécessité éventuelle de refixation à l’arc tendineux du fascia pelvien : une pince de Pozzi saisit délicatement le col et le tire horizontalement en direction opposée au côté observé ; l’effacement du cul-de-sac, au cours de la poussée témoigne du niveau de rupture (fig. 2). Fig. 2 – Effacement du cul-de-sac latéral par rupture latérale des fascias. L’examen au spéculum utilisant alternativement les valves antérieure et postérieure témoigne de l’absence de cystocèle en avant ou d’élytrocèle et/ou de rectocèle en arrière. Après correction du prolapsus par une valve du spéculum accrochant le col, les manœuvres de Bonney et d’Ulmsten recherchent une incontinence urinaire. Les touchers pelviens sont indispensables, séparés pour le dépistage d’une pathologie utérine ou d’une rectocèle, combinés pour l’appréciation de la qualité du noyau fibreux central du périnée. Dans le bilan du prolapsus utérin, parmi les examens complémentaires (colpocystogramme, bilan urodynamique) l’échographie pelvienne est indispensable : elle renseigne sur l’éventuelle pathologie annexielle ou utérine qui conduirait à une hystérectomie associée ou à une voie haute plutôt qu’une voie basse. Elle donne la longueur du col, renseigne sur un résidu postmictionnel et s’assure de l’intégrité du sphincter anal. TRAITEMENT DU PROLAPSUS UTÉRIN « Rien ne se perd, rien ne se crée dans le traitement du prolapsus mais tout se transforme. » Autrefois et aujourd’hui encore : la voie abdominale sous l’influence de l’école Broca avec Ameline et Huguier (5) puis Scali (6), repose sur la promontofixation. Elle a vu apparaître les prothèses de soutien, les hamacs pelviens qui sont Prolapsus utérin aujourd’hui en cours de validation dans la voie vaginale. Aujourd’hui : la voie cœlioscopique sous l’influence de quelques opérateurs entraînés, reproduit et améliore même les résultats de la voie abdominale. Aujourd’hui et demain : la voie vaginale est devenue la voie de référence, mais elle se cherche encore dans le choix de la prothèse idéale et dans celui de ses voies d’abord de fixation (sous-lévatorienne ou transobturatrice). Traitement du prolapsus utérin par voie abdominale Abandonnées aujourd’hui, les opérations abdominales de soutien (vésicofixation, cloisonnement du Douglas), les exclusions dites « douglassectomies », les ligamentopexies utilisant les ligaments ronds, les hystéropexies postérieures aux fils sont sources d’échecs et de complications. La chirurgie abdominale du prolapsus utérin repose sur la promontofixation par prothèses souvent associée à deux temps complémentaires que sont la colpopexie rétropubienne selon Burch et la myorraphie des releveurs par voie vaginale. Très souvent conservatrice de l’utérus, et ayant fait ses preuves de stabilité dans le temps, elle est pour beaucoup l’indication de choix chez la femme jeune. Technique de promontofixation par prothèses avec conservation utérine Après abord du grand ligament prévertébral deux fils non résorbables (MersylèneTM, Nylon O), solides sont placés en attente dans le ligament en évitant le contact osseux et en particulier le disque lombosacré. Le clivage entre la vessie et le col utérin est poussé jusqu’au niveau du col vésical repéré par le ballonnet de la sonde urinaire. Dans une prothèse de ProlèneTM est découpée à la demande, un triangle antérieur avec deux bandes latérales de 2 cm environ de large et de 10 de longueur. La fixation de la prothèse commence par la pointe du triangle au fond du clivage vésicovaginal, sous le col vésical et sera poursuivie latéralement par quelque points de fils non résorbables et non transfixiants. Les deux branches de la prothèse contournent l’isthme et seront tunnelisées en souspéritonéal, et solidarisées sans tension au promontoire grâce aux fils posés en attente. 197 Promontofixation avec hystérectomie subtotale Pour de nombreux auteurs (7) l’hystérectomie subtotale facilite considérablement la technique : « débarras » d’une pathologie utérine associée, elle permet surtout une péritonisation beaucoup plus facile, et l’abord de l’espace recto-vaginal pour une prothèse postérieure associée. Elle présente l’avantage théorique d’une barrière microbienne. Promontofixation avec hystérectomie totale La fermeture de la tranche vaginale doit être soigneuse et utilisera le plus souvent les pinces automatiques. Elle nécessite une prothèse antérieure et une postérieure pour éviter les élytrocèles secondaires. La prothèse postérieure de 4 cm de large environ sera fixée à la paroi vaginale par des points non résorbables et surtout non transfixiants pour éviter des ulcérations et des expositions vaginales secondaires avant de rejoindre en souspéritonéal le promontoire. Technique de Kapandji Pour éviter les risques de la promontofixation (hémorragies, spondylodiscites, incarcérations digestives) certains auteurs (8) préconisent la fixation latérale aux niveaux des épines iliaques antérieures et supérieures d’une bandelette prothétique, tirant la face antérieure du vagin et de l’isthme utérin. L’avantage majeur est le passage rétropéritonéal des bandelettes. Son inconvénient majeur est le risque d’elytrocèle, malgré des douglassorraphies étagées conseillées. Abandonnée pour cette raison, elle connaît aujourd’hui un regain d’intérêt en raison de la facilité technique que lui apporte la voie cœlioscopique. Traitement du prolapsus utérin par voie cœlioscopique La faisabilité de cette technique est certaine, mais encore non évaluée dans le temps et réservée pour l’instant à des opérateurs entraînés (9-10). Reproduisant les mêmes temps opératoires que la voie abdominale, il n’y a aucune raison pour que les résultats à long terme ne soient pas aussi bons. Les avantages de cette technique sont ceux de la cœlioscopie : intégrité pariétale, dissection 198 Pelvi-périnéologie facilitée par le CO2, meilleure vision de tous les plans et fascias, suites opératoires non douloureuses et hospitalisation plus courte. Les inconvénients sont : la courbe d’apprentissage assez longue, la durée de l’intervention qui bien que diminuant avec l’expérience reste supérieure pour beaucoup à la voie abdominale classique et surtout a la voie vaginale, le coût plus élevé lié à l’utilisation de matériel à usage unique. Traitement du prolapsus utérin par voie vaginale La voie vaginale est pour nous la voie de référence, mais en 2004, elle est encore en pleine évolution : l’apparition et l’usage de prothèses synthétiques jusque-là interdites vont permettre de diminuer les risques de récidive des cystocèles, point faible de la voie vaginale. L’utilisation de nouvelles voies d’abord trans-obturatrice en avant, transfessière sous-lévatorienne et/ou transglutéale en arrière seront plus faciles pour tous et surtout moins dangereuses que la spinofixation de Richter pourtant simple, mais il faut savoir attendre car aucune de ces « nouveautés » n’est validée. Avec ou sans hystérectomie (en dehors de toute pathologie) ? Là encore les idées évoluent dans le temps. Depuis quelques années, la facilité de l’hystérectomie par voie vaginale a fait d’elle le premier temps de la cure du prolapsus utérin et la conservation était exceptionnelle sauf chez la femme jeune ou chez celle qui refusait ce geste. Mais, aujourd’hui on peut se demander quel est l’intérêt d’enlever l’utérus de la femme après soixante-dix ans quand on sait qu’il est sain et qu’il a toutes les chances de le rester, quel est l’intérêt d’enlever l’utérus avant la ménopause si la femme souhaite le conserver ? À cet âge, le col utérin, même prolabé reste un moyen de fixation que l’on peut utiliser. Entre les deux, pour diminuer les risques et les difficultés de surveillance et de traitement des ces utérus, certains préconisent l’hystérectomie subtotale (11) ou l’amputation du col utérin surtout s’il existe un allongement hypertrophique (12). Le principe de la chirurgie vaginale du prolapsus utérin repose sur la réparation latérale des fascias pelviens, en avant à l’arc tendineux (para vaginal repair), en arrière au ligament sacrosciatique (Richter). L’intervention classique, validée est la triple intervention périnéale. Elle associe : l’hystérectomie, le traitement de la colonne vaginale antérieure et postérieure. Hystérectomie : quelques points de détails techniques peuvent rendre service Attention aux allongements hypertrophiques du col, la ligne d’incision se trouve parfois très haut située en avant. Il faut se repérer aux derniers plis vaginaux ou au repli vésical. Une incision trop haute est un risque pour la vessie, trop basse le clivage vésicovaginal est difficile et hémorragique. L’incision vaginale postérieure sera triangulaire à pointe vers le bas. Le décollement vaginal est facile et le cul-de-sac de Douglas exposé largement. Son ouverture permettra une douglassectomie sans dissection. Traitement de la colonne vaginale antérieure En l’absence de cystocèle et de décrochage clinique latéral, elle n’est pas systématique. Si l’on décide de traiter la colonne vaginale antérieure, l’incision verticale de la muqueuse vaginale jusqu’au col est de moins en moins réalisée. C’est pour éviter l’exposition des prothèses à ce niveau que l’on remplace la section par un clivage vésico-vaginal sans colpotomie (par retournement). Puis l’on ouvre la fosse prévésicale par perforation de l’aponévrose pelvienne, geste d’autant plus facile que le défect latéral est important. On repère l’arc tendineux, les doigts perpendiculaires à la vulve, crochetant le muscle pubococcygien en remontant de l’épine sciatique vers le pubis. On met en place soit des fils sertis non résorbables (3 points) soit une agrafe DFS 20 (TYCO) munie de deux fils environ 2 cm au dessus de l’épine (13). Les fils seront alors accrochés soit au fascia de Halban, soit aux bords latéraux d’une prothèse sous-vésicale. Les fils tendus, on terminera par la colporraphie sans faire de colpectomie surtout en l’absence de cystocèle. Traitement du fond vaginal et de la colonne postérieure La sacrospinofixation est l’équivalent par voie vaginale de la promontofixation par voie haute. La muqueuse vaginale postérieure peut, comme la muqueuse antérieure être tunellisée Prolapsus utérin jusqu’au tiers inférieur du vagin, le clivage rectovaginal est facile à ce niveau. C’est au niveau du tiers supérieur du vagin que l’on pénètre sans danger dans la fosse pararectale après avoir sectionné le fascia périrectal et découvert une graisse jaune typique. Le doigt s’insinue à 45° et perçoit facilement l’épine sciatique. Une valve postérieure récline le muscle releveur, une valve large de Bresky repousse et protège le rectum et expose le petit ligament sacrosciatique (fig. 3). Celui-ci est aiguillé, le plus souvent par deux fils soit directement (15), soit par l’intermédiaire d’un passe-fils (Nichols), d’une pince 199 fixation transvaginale unilatérale en amarrant les fils non résorbables du ligament sacrosciatique droit, au ligament utérosacré homolatéral. Nous pensons, avec d’autres (19), que la fixation doit être bilatérale replaçant le vagin et l’utérus dans son axe physiologique et évitant un point de faiblesse controlatéral. Sacrospinofixation du dôme vaginal après hystérectomie Comme dans la technique princeps les fils du ligament sacrosciatique seront fixés aux angles du vagin pour refaire un véritable fond vaginal. On peut également confectionner deux bandelettes de vagin de 3 cm de long sur 1 de large environ, à partir du fond vaginal. Chacune de ces bandelettes sera alors fixée à chaque ligament sacrosciatique homolatéral. Techniques d’avenir (non validées) Fig. 3 – Mise en évidence du ligament sacro-épineux. Endostitch (16-17) ou d’une agrafeuse DFS 20 (13, 14). Les fils sont alors fixés soit aux ligaments cardinaux soit latéralement au cul-de-sac vaginaux postérieurs, soit à une bandelette de vagin issue du fond vaginal. Là encore la colporraphie est réalisée sans résection. Elle doit être commencée dans sa moitié supérieure avant la spinofixation, car celle-ci rendrait difficile la suture vaginale haute. Dans les cas de plus en plus fréquents d’une simple tunellisation des muqueuses antérieure et postérieure, on pratique la suture unique transversale haute du vagin avant traction des fils de spinofixation. L’intervention se termine par une périnéorraphie postérieure et pratiquement jamais par une myorraphie devenue non nécessaire surtout en l’absence de rectocèle. Sacrospinofixation avec conservation de l’utérus Dans le but de garder un utérus fonctionnel (grossesse) Richardson (18) a proposé la sacrospino- Prothèses synthétiques Depuis l’excellente tolérance de la bandelette de soutènement sous-urétral TVT, de nombreux chirurgiens utilisent les prothèses synthétiques surtout pour diminuer les risque de récidives des cystocèles. L’étude des différents matériaux prothétiques référencée par Debodinance (20) et Clave (21) indiquent que le polypropylène est le plus utilisé parce qu’il donne le moins de phénomènes d’intolérance (6 %), mais d’autres substances font l’objet d’études et en particulier un implant naturel à base de collagène de porc (Pelvicol et Stratasis). La tolérance du tissu synthétique semble proportionnelle a la surface de la prothèse et à la distance qui la sépare de la cicatrice vaginale. Les prothèses de prolène ont un fort pouvoir de rétraction (30 %). Libres, elles exposent à la récidive et fixées, à des douleurs d’arrachement. Il semblerait que la prothèse « tensionfree » dont les branches sont passées en avant par voie transobturatrice et en arrière par voie transfessière sous-lévatorienne ou translutéale présenterait moins d’inconvénients. Cependant en 2004, la littérature est encore muette. Nouvelles voies d’abord Voie transobturatrice Initialement décrite pour le traitement de l’incontinence urinaire par Delorme (22), utilisant 200 Pelvi-périnéologie comme dans le TVT une bandelette de prolène placée en sous-urétral, elle est un excellent moyen de fixation d’une plaque sous-vésicale en « Tension-free ». Attirant les branches antérieures de la plaque selon les auteurs à travers le muscle pubococcygien (23), en arrière de lui ou au niveau de l’arc tendineux du fascia pelvien elle répare sans fixation le défaut des fascias latéraux et médians. Mais, cette voie commence aussi à être utilisée pour le traitement de la ptose de l’utérus ou du fond vaginal remplaçant l’intervention de Richter (24). Dans ce cas, la pénétration dans le trou obturateur se fait à la partie la plus inférieure de celui-ci, au-dessus de la tubérosité ischiatique. L’aiguille qui tirera la bandelette de problème s’enfonce dans la fosse prévésicale préalablement disséquée, et passe en arrière de l’arc tendineux pour ressortir juste au dessus de l’épine sciatique. La bandelette, connectée à l’aiguille, cravatera le col utérin (en cas de conservation) ou sera solidarisée au fond vaginal (en cas d’hystérectomie) et sera tirée à travers la membrane obturatrice sans fixation, sans tension, en « tension-free ». Voie postérieure Décrite en 1997 par Petros (25), cette « sacropexie infracoccygienne » se veut plus simple, plus facile à réaliser et moins dangereuse que l’intervention de Richter, pouvant être conduite facilement sous anesthésie locale ! La technique est simple : une incision de la paroi recto-vaginale transversale au niveau du fond permet d’ouvrir la fosse pararectale. Pénétrant de part et d’autre de l’anus à 4 cm de celui-ci sur un axe inférieur de 45° un « tuneliseur » glisse sous les muscles élévateurs, pénètre dans la fosse ischiorectale, traverse le fascia recto-vaginal et ressort juste en dedans de l’épine sciatique. Une bandelette de Prolène IVS (TYCO Health. care USA) est ainsi passée des deux côtés. Elle est solidarisée au fond vaginal et si possible au relief des utérosacrés. Après la suture vaginale, la traction des deux bandelettes extériorisées au niveau de la fesse, replace en haut et en arrière le fond vaginal. Farnsworth (26) a rapporté (entre 1998 et 2000) 93 cas de sacropexie postérieure avec 91 % d’excellents résultats, mais deux perforations rectales, une peropératoire, une par érosion ! Là encore, la littérature est très pauvre sur les résultats à distance et ceux-ci, en raison de la fragilité du muscle ilio-coccygien, risquent d’être très aléatoires. Aussi certains utilisent-ils la voie trans-glutéale, traversant le ligament sacro-sciatique dans son milieu pour assurer un montage plus solide. CONCLUSION Chez la femme jeune, le traitement du prolapsus utérien exclusif est très souvent cœlioscopique, mais à partir de la ménopause, il devient essentiellement vaginal. Les nouvelles prothèses et les nouvelles voies d’abord apporteront prochainement plus de facilité, de sécurité et d’efficacité. Cependant la technique de référence du traitement du prolapsus utérin reste encore en 2004 la sacro-spino-fixation de Richter. Références 1. Delancey JO (1994) Anatomy and biomechanics of genital prolapse. Clinical Obstetrics and Gynecology 36: 897-909 2. Faton B (2000) L’anatomie du plancher pelvien. Le choix des armes. Marseille 9-11 mars 3. MacLennan AH et al. 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