Dossier de fin de Master - Departamento de Traducción e
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Dossier de fin de Master - Departamento de Traducción e
UNIVERSITE D’ALICANTE Dossier de fin de Master Master de Traduction Institutionnelle Aziliz MANACH Année scolaire 2010-2011 Tuteur de Stage : Madame Valderrey Cristina Sommaire Introduction ........................................................................................................................................ 3 Partie théorique: ................................................................................................................................. 5 Réflexions théoriques et pratiques autour de la traduction juridique .......................................... 5 Connaissances et techniques de traduction acquises durant le Master et appliquées à la traduction. ....................................................................................................................................... 15 Partie pratique .................................................................................................................................. 27 Premier document: Code de Déontologie ..................................................................................... 27 Deuxième document : texte de nature judiciaire .......................................................................... 36 Glossaire bilingue ............................................................................................................................. 50 Conclusion ....................................................................................................................................... 53 Bibliographie .................................................................................................................................... 55 Sources électroniques ....................................................................................................................... 56 2 Introduction Afin de conclure le Master de Traduction Institutionnelle, chaque élève doit rédiger un travail final. Voici le mien. Ce dossier contient une partie théorique et une autre pratique. Il prétend faire une recompilation des connaissances apprises au cours de cette année (et plus particulièrement dans le domaine de la traduction juridique) et de les mettre en pratique par la réalisation d’un stage. N’ayant pas trouvé de stage en entreprise j’ai choisi l’option « Stage Virtuel ». Il s’agit de la réalisation d’une traduction juridique chez soi. Par le biais de l’Université d’Alicante j’ai reçu une commande d’un de leurs collaborateurs. En réalité il s’agit de deux commandes. D’une part j’ai eu en ma possession un document de nature juridique. Le code de déontologie de l’Ordre des Diplômés en droit du Travail d’Alicante accompagné d’une attestation de changement d’adhésion et de fiches d’informations concernant les différents types d’adhésion. C’était un document de 17 pages, soit 3 902 mots. D’autre part, le deuxième document était de nature judiciaire émanant directement d’un organe judiciaire (le Tribunal Suprême). Il s’agissait d’un procès opposant JVC Espagne S.A. aux associations espagnoles de protection de la propriété intellectuelle. S’agissant d’un document relativement long, j’ai eu à traduire qu’une partie du jugement, soit 8 pages (6 027 mots). Les clients de ces traductions étaient l’Ordre de Diplômés en Droit du Travail luimême, dans le premier cas, et, l’UAIPIT dans le deuxième cas. L’UAIPIT est un portail juridique international qui est spécialisé en Droit de la Propriété Industrielle et Intellectuelle ainsi que dans les aspects juridiques de la Société de l’Information. Ce portail juridique offre la possibilité de ce documenter sur le thème grâce aux ressources législatives et à la jurisprudence qu’on peut y trouver. De plus, il est régulièrement actualisé grâce à la publication des dernières nouveautés sur la protection des inventions, des brevets, des 3 marques, des Droits d’auteur et du Droit (européen, international et d’autres pays) de la Société d’Information. Pour la traduction je me suis essentiellement aidée de ressources Internet que j’avais utilisé précédemment en cours. A savoir, la base de terminologie de l’Union Européenne, IATE ; la base de terminologie de Proz, les dictionnaires du site internet www.lexilogos.com et la base de terminologie de Termium. Par ailleurs j’ai également utilisé les sources documentaires facilitées par mes professeurs et dont vous trouverez les références dans la bibliographie, à la fin de mon dossier. Dans la partie théorique j’aborderai un thème récurrent qui fait l’objet de nombreuses études : la distinction entre traduction juridique, traduction judiciaire, et traduction assermentée. Ayant lu un certain nombre d’ouvrages à ce sujet je m’intéresserai uniquement aux propositions de certains auteurs. Je parlerai également des procédés de traduction et des problèmes de traduction. Une fois encore, il y aura lieu de distinguer certaines notions souvent confuses. 4 Partie théorique: Réflexions théoriques et pratiques autour de la traduction juridique Tout d’abord, en suivant la méthodologie appliquée lors de la matière « traducción jurada » j’aborderai la confusion qu’il existe entre traduction assermentée, traduction juridique et traduction judiciaire et les diverses caractéristiques qui permet de les séparer. Lorsque je me suis inscrite à ce Master je n’avais aucune idée de ce que distinguait ces trois types de traduction. Je croyais que la traduction juridique travaillait avec des textes de nature juridique, la traduction judiciaire, avec des textes de nature judiciaire et la traduction assermentée… je n’en avais aucune idée ! De plus je ne soupçonnais pas que ces trois types de traduction cachaient un éventail impressionnant de documents de nature différente. Pour être sincère, pour ce qui concerne les documents juridiques je pensais essentiellement au´il s´agissait d´actes de divorce et de mariage quand ils unissent deux étrangers ! Dans le cas des documents judiciaires, c’était très flou… je ne voyais pas trop à quoi ça faisait référence. En résumé, je ne m’imaginais pas du tout ce que j’allais découvrir durant ce Master ! Et je trouve que c’est bien car je n’avais pas d’attentes particulières. J’ai donc appris beaucoup de choses et en suis très satisfaite. A présent, j’aborderai ce sujet en m’inspirant de ce qu’a écrit Emilio Ortega Arjonilla 1. 1 ORTEGA ARJONILLO, E. (2005): La traducción jurídica, jurada y judicial: aspectos teóricos, metodológicos y profesionales. Monzo Nebot, E. y A. Borja Albi (eds.): La traducción y la interpretación en las relaciones jurídicas internacionales, Castello de la Plana: Universitat Jaume I. 5 Il est en effet difficile de distinguer la traduction juridique, la traduction judiciaire et la traduction assermentée. Et lorsqu’on essaye de les définir on imagine que ses trois disciplines travaillent avec des documents de nature différente (respectivement, documents juridiques, et documents judiciaires) comme c’est le cas en traduction littéraire : la traduction poétique traduit des poèmes et des poésies, la traduction théâtrale, des pièces de théâtre, etc. Mais alors, que traduit la traduction assermentée ? Nous pouvons situer la traduction judiciaire entre la traduction assermentée et la traduction juridique parce qu’elle partage des points communs avec l’une et l’autre. Les traductions assermentée et judiciaire engagent le traducteur dans ces choix de traduction et par conséquent il est considéré responsable de choix adoptés. Ses traductions pourront être révisées et en cas d’erreur qui porterait préjudice au client, il pourrait être poursuivi en justice. Ceci, surtout dans le cas de la traduction judiciaire. Ces deux types de traduction nécessitent la présence du texte original en annexe pour acquérir une valeur légale. Au contraire, l’auteur d’une traduction juridique ne s’expose à aucun risque. Sa traduction n’a pas de valeur légale et ne nécessite pas la présence de l’original. La traduction juridique et la traduction judiciaire travaillent avec des documents de nature juridique et économique (dans le cas de la première). Par conséquent, la traduction juridique évolue uniquement dans les domaines juridique et économique. Quant à elle, la traduction assermentée ne se limite pas à un domaine en particulier. Elle peut traduire des contrats, des comptes rendus, des documents administratifs, judiciaires, scolaires, économiques, juridiques, etc. En résumé, tout type de document tant qu’elle s’engage à ce que la traduction soit authentifiée. 6 Les documents que traduit la traduction judiciaire peuvent être d’un registre de langue très distinct, allant d’un niveau soutenu à un niveau colloquial. C’est évident, car elle travail avec tous les documents relatifs à un procès. Par conséquent, une fois traduit, le document prend une valeur légale car il forme un élément supplémentaire dans l’instruction. L’auteur d’une traduction assermentée est un traducteur assermenté élu par une autorité compétente (qui dépend des pays) ; celui d’une traduction judiciaire peut être un traducteur assermenté, un traducteur rattaché à un Tribunal, un traducteur désigné par le juge ; enfin, celui d’une traduction juridique est un traducteur mais pas nécessairement un traducteur assermenté. Suite à ces caractéristiques, en ce qui concerne les deux documents que j’ai traduit, je peux dire que j’ai réalisé une traduction juridique. L’un des documents est de nature judiciaire, l’autre de nature juridique. Cependant, il convient de rappeler que cette proposition de caractéristiques propres à chaque type de traduction est l’œuvre d’ Emilio Ortega Arjonilla. Tous les spécialistes qui se sont intéressés à la question ne s’accordent pas forcément en ce qui concerne ce sujet. Ainsi, comme dans tous les domaines de recherche il existe plusieurs « tendances », plusieurs courants. Emilio Ortega Arjonilla nous expose les différents courants. Il existe le courant maximaliste, le courant minimaliste, et le courant de nature professionnel-universitaire. Le premier groupe de spécialistes (la tendance maximaliste), « rangent », en quelque sorte, tous les textes dans le domaine de la traduction juridique. Pour ces spécialistes, la traduction juridique travaille avec des textes du domaine du Droit, des textes de nature économique et du domaine des entreprises, des textes émis par les institutions internationales, et enfin les textes propres à la traduction assermentée. C’est une classification un peu vague. Ces spécialistes sont généralement des professionnels qui proposent ces classifications en s’inspirant de ce qui se passe dans la pratique. Opposés à eux, se trouve les spécialistes du domaine universitaire. 7 Par conséquent, eux, basent leur proposition davantage sur la théorie. C’est le courant minimaliste. Ceux-ci proposent une théorie pour chaque sous-domaine : le domaine juridique, le domaine économique, le domaine de l’entreprise, le domaine commercial, etc. C’est une classification en peu stricte, trop théorique. Ainsi, jusqu’ici nous avons deux tendances totalement opposées, l’une se fondant sur la théorie, et l’autre, sur la pratique. Il faut nuancer ces deux positions. Pour cela, il existe le courant professionnel-universitaire. Ces spécialistes (à la fois traducteurs et chercheurs spécialisés en traduction) offrent une proposition intermédiaire. Ils appliquent leurs connaissances universitaires aux problèmes rencontrés dans la pratique de leur métier. Par conséquent, en suivant les propositions du « courant intermédiaire », Emilio Ortega Arjonilla précise qu’il y à trois critères à observer avec précaution. Premièrement, il est indispensable de créer une séparation conceptuelle respectant les realidades textuales o traductologicas homogeneas2 ; ensuite il ne faut pas croire que les traductions juridique, institutionnelle et assermentée sont équivalentes ; puis, il faudrait diviser la traduction juridique en sous-domaines. Alors Emilio Ortega propose une autre division des types de traduction, différente à celle dont j’ai parlé précédemment et qui comprend cette fois la traduction économique et institutionnelle. Pour ces distinctions entre les types de traduction il se base sur différentes perspectives, s’inspirant des critères exposés juste avant. Depuis la perspective de l’activité traductologique, en pratique, la nature des documents caractérise le type de traduction appliqué (par exemple, on parle de traduction économique pour un texte de nature économique). D’après cette perspective, j’aurai réalisé une traduction juridique pour le premier texte que j’ai traduit puisqu’il s’agit d’un Code de Déontologie et une traduction 2 ORTEGA ARJONILLA, Emilio (2009): La Traducción Judicial (Francés-Español/ Español-Francés) a examen : conceptualización, práctica profesional y aplicaciones didácticas, 2ª edición 8 judiciaire pour le second texte puisqu’il s’agit d’un texte de nature judiciaire (arrêt). La deuxième perspective dont parle Ortega Arjonilla est linguistique. Les traductions juridique et assermentée présentent un registre de langue soutenu. Les autres types de traduction offrent des registres de langue très divers (c’est le cas de la traduction économique, institutionnelle et judiciaire), mais pas uniquement : la traduction institutionnelle, en plus de traiter des textes ayant des registres de langue différents, travaille également sur des documents de nature très différente. En ce qui concerne la traduction judiciaire, ça ce complique davantage : elle traduit des textes de thèmes et de domaines variés aussi bien oraux (témoignages) qu’écrit. Le premier texte que j’ai traduit présentait un registre de langue soutenu. Quant au deuxième texte, de nature judiciaire, à part dans les passages purement juridiques, j’ai remarqué beaucoup de fautes de ponctuation et de rédaction. Je l’explique par le fait que la décision judiciaire a été rendue oralement et qu’elle est retranscrit « en direct » par un greffier. Elle n’est apparemment pas révisée, ce qui expliquerait les fautes d’orthographe et de syntaxe. La dernière perspective est la culturelle. Dans cette perspective la difficulté réside dans l’existence de plusieurs systèmes juridiques et plusieurs langues. Pour la traduction économique, les termes linguistiques sont différents entre les pays. Cependant on observe une réglementation de la terminologie pour ces documents. La traduction institutionnelle travaille dans le cadre d’un système juridique commun mais plusieurs langues de travail. Dans le domaine judiciaire, d’une part il y a les documents émis à l’échelle nationale et d’autre part les documents émis par les Cours de justice à l’échelle internationale. Dans le premier cas, nous travaillons donc avec deux systèmes juridiques et deux langues et dans le second cas, on respecte un système juridique de référence et des langues de travail officielles. Dans ce dernier cas il existe des bases de terminologie, des termes propres aux traductions de l’UE et de l’ONU. Pour la traduction assermentée et la juridique le niveau de variabilité est très élevé. Par exemple une même langue peut avoir des systèmes juridiques différents comme c’est le 9 cas de l’espagnol qui est parlé en Amérique Latine et dans la Péninsule Ibérique. Ou à l’inverse un document émis par un système juridique dans un Etat où il y a plusieurs langues officielles comme c’est le cas de la Belgique. De nombreux termes équivalents ou des propositions de traduction sont répertoriés dans des bases de terminologie, mais la linguistique est un domaine en évolution permanente et la traduction est une activité qui nécessite une réflexion. Chaque traduction est différente, un terme qui conviendrait dans un cas ne le sera pas pour un autre texte. La traduction ne peut rentrer dans un cadre, une législation, une réglementation rigide. Chaque document présente des difficultés de traduction qui lui sont propres. Après avoir exposé les différences de ces types de traduction, Ortega Arjonilla propose de les regrouper selon leurs points communs, en partant des mêmes perspectives. Alors, suivant la perspective culturelle, les traductions juridique (à l’échelle nationale), assermentée et judiciaire travaillent avec des textes de natures très variées, ce qui est moins le cas des traductions institutionnelle et juridique à l’échelle internationale. D’après la perspective linguistique, la variété de texte est plus importante en traduction judiciaire et économique que dans les autres domaines. Quand à la diversité des thèmes traités, ce sont les traductions institutionnelle, judiciaire et assermentée qui traduisent des documents dont les thèmes sont infiniment variés et même des documents contenant plusieurs thèmes (textes hybrides). D’après la perspective de la mise en pratique, le même document peut être le fruit d’une traduction judiciaire, juridique et assermentée. Donc, pour résumer, la traduction juridique, la traduction économique, la traduction judiciaire, la traduction institutionnelle et la traduction assermentée sont cinq types de traduction distincts que l’on peut observer dans le domaine de la traduction de textes de spécialité. 10 Dans le domaine de la traduction judiciaire, il convient de distinguer les documents émis à l’échelle internationale et ceux émis à l’échelle nationale (comme c’est le cas du deuxième document que j’ai traduit). Dans le premier cas, comme je l’ai dis précédemment, la traduction est relativement « réglementée », dans le sens où il existe des bases de terminologie officielles telles que IATE (pour l’UE) et UNTERM (pour l’ONU). Les documents émis par les organes internationaux se basent sur un système juridique en particulier et les langues de travail sont réduites à six. A ce niveau, le document traduit acquière une valeur légale au même titre que le document d’origine. Dans le deuxième cas, ce peut être des documents émis par un tribunal d’un Etat ayant un système juridique et une langue différentes. Dans ce cas, les documents traduits n’ont pas de valeur légale, et les difficultés de traduction sont diverses car il n’existe pas forcément d’équivalents. Enfin, le troisième cas, serait l’émission de document dans le cadre d’une collaboration judiciaire (une commission rogatoire par exemple). Dans la plupart des cas, ces documents qui font partie d’accords et de traités de coopération judiciaire, sont réglementés par des conventions internationales (terminologie à respecter, formulaires types, présentation générale du document, etc.) mais il existe encore des exceptions pour lesquelles il n’y a pas de bases de terminologie entre les deux cultures juridiques. Le document que j’ai eu à traduire est un arrêt (datant de 2008) qui provient des archives judiciaires espagnoles. Il ne provient ni d’une institution internationale ni d’une coopération judiciaire internationale. Le texte original a une valeur légale puisque c’est un arrêt qui émane du Tribunal Suprême espagnol. Cependant le texte traduit n’a qu’une valeur informative. J’affirme ceci car aucune des parties présentes au procès n’est françaises, c’est une affaire uniquement nationale (espagnole), aucune coopération n’entre en jeu ici. Le fait que ce document émane d’un tribunal espagnol minimise les difficultés de traduction car la France et 11 l’Espagne ont les mêmes sources de Droit. De plus, l’existence de termes et de références équivalents m’a facilité certains problèmes de traduction. A présent, voyons plus en détail la traduction juridique. La traduction juridique est une activité complexe et comme la caractérise Teresa Marin Hita, c’est une activité « multidisciplinaria »3. En effet, y interviennent la linguistique et les sciences juridiques. La traduction juridique est, non seulement le passage d’une langue à une autre, mais également d’un système juridique à un autre. Dans la plupart des cas elle a une valeur inaliénable. La traduction juridique à d’autres caractéristiques : le texte juridique d’origine et étroitement lié au système juridique du pays auquel il appartient, par conséquent il faut être très prudent au moment de le traduire quant aux différences entre les systèmes juridiques. Autres points avec lesquels il faut être prudent, est avec l’organisation argumentative et le fait que les textes juridiques abordent des codes, ou des lois que le traducteur doit bien comprendre avant de traduire. Certains documents sont écrits dans le but d’être traduit ensuite, mais il en existe d’autres, comme les documents que j’ai traduit, qui n’avaient pas cette vocation de départ. Si nous nous situons dans le cadre de l’Union Européenne, nous pouvons affirmer que les documents officiels émis par ses institutions seront traduits dans les langues de ses Etats membres. Mais des documents émis à l’échelle nationale ne soupçonnent pas qu’ils seront traduits un jour pour quelque besoin qu’il soit. Ainsi nous abordons une première problématique de la traduction juridique. Dans le premier cas que j’ai cité il s’agit d’un seul système juridique (le droit communautaire) et de plusieurs langues. Dans le deuxième cas, s’il s’agit par exemple 3 SAN GINES AGUILAR, P. y E. ORTEGA ARJONILLA (eds.) (1997): Introducción a la traducción jurídica y jurada (ingles-español), Granada, Comares, colección Interlingua (2ª ed.) (1ª ed. De 1996) 12 d’un acte de naissance espagnol traduit en français pour l’Administration française, nous sommes en présence de deux systèmes juridiques et deux langues distinctes. A ceci peut être ajouté d’autre cas d’une complexité majeure : le cas du Canada, deux systèmes juridiques, deux langues officielles (l’anglais > Common Law ; le français pour le droit civil) ; le cas de la Belgique : un système juridique, deux langues officielles (le néerlandais et le français). Dans notre cas, les deux documents ont été produit sans but d’être traduit un jour. Nous nous situons dans le cas « deux systèmes juridiques, deux langues ». En comparaison avec le Canada, la traduction est moins complexe car nous nous situons dans un système juridique commun : le Droit Civil. Nos deux documents sont des textes juridiques car leur vocabulaire (expressions et termes juridiques) est clairement juridique. C’est un vocabulaire propre aux législateurs (dans le premier cas) et aux tribunaux (dans le deuxième cas). En allant plus loin dans la caractérisation des deux documents, et en utilisant ce que dit Teresa Marin Hita (en citant à Gémar), le premier texte fait partie de la catégorie des « Lois et Règlements » et le deuxième, celle des « Décisions judiciaires et des actes de procédure ». Toujours dans le même ouvrage mais selon la classification d’A. Lane, le premier document est un document officiel émis par l’Ordre des diplômés en Droit du Travail d’Alicante et le deuxième document est émis par un tribunal. Dans mon cas, la traduction à une valeur inaliénable puisque le procès est terminé. Enfin, pour terminer avec la description des documents d’origine, le premier présente des termes généraux mais qui ont un sens propre dans le contexte juridique et le deuxième présente des termes techniques de caractère juridique. Pour sa complexité, un texte juridique entraîne des problèmes de traduction. Tout d’abord le choix d’un terme précis est extrêmement important. Le choix d’un mauvais terme peut 13 entraîner des conséquences non négligeables pour un client. Par exemple, dans le cas d’une procédure judiciaire les conséquences pourraient porter préjudice à l’une des parties. De manière générale, les dictionnaires bilingues sont à utiliser avec précaution et d’autant plus dans le domaine juridique car ils offrent des termes assez généraux. Dans ce cas il est conseillé d’utiliser également un dictionnaire unilingue. Comme je l’ai dit précédemment le passage d’un système juridique à un autre entraîne avec lui des problèmes. Dans notre cas, les difficultés sont limitées car la France et l’Espagne ont les mêmes sources de Droit (le Droit Continental). Cependant, la grande différence qui oppose ces deux pays est que la France est un pays où l’Administration est centralisée alors que l’Espagne est un Etat qu’un caractériserait plutôt de fédéral. Cependant ce n’est pas tant à ce niveau que j’ai eu des difficultés de traduction, puisque les institutions énoncées dans mon document avaient des équivalents connus mais davantage dans le domaine de l’éducation et des métiers (premier document). Dans ce cas, le traducteur dispose de plusieurs techniques de traduction. Nous les aborderons plus loin. En ce qui concerne les deux documents que j’ai traduit, je n’ai pas rencontré de difficulté à ce sujet car il n’y avait pas de lois détaillées ni de dispositions légales particulières. Presque tous les termes techniques présents dans les documents avaient des équivalents répertoriés. 14 Connaissances et techniques de traduction acquises durant le Master et appliquées à la traduction. Je vais dans un premier temps aborder cette partie d’un point du vue général en m’aidant d’une étude d’Amparo Hurtado Albir4. Tout d’abord elle affirme qu’il faut distinguer procédés, techniques et stratégies et méthode de traduction. Ce sont des notions qu’on a tendance à confondre. Les premiers auteurs à avoir présenté une classification de procédés de traduction sont Vinay et Darbelnet. Ils les classent selon deux catégories : traduction littérale et traduction oblique. En traduction littérale on trouve l’emprunt, le calque et le procédé de traduction littérale. La transposition, la modulation, l’équivalence et l’adaptation sont caractéristiques de la traduction oblique. Mais Hurtado Albir signale que cette classification entraine une confusion quant à la distinction entre procédé et technique, en commençant par mettre en avant que le titre de l’œuvre de Vinay et Darbelnet est « Méthode de Traduction » et qu’ensuite ils utilisent la notion de « procédé » ! Pour Hurtado Albir la différence est la suivante : les procédés de traduction ont une influence sur le résultat ; les stratégies de traduction sont en relation avec les « mécanismes » choisis et appliqués par le traducteur pour résoudre les problèmes rencontrés (ce sont des types particuliers de procédés) ; la méthode concerne le processus traducteur sur l’ensemble du texte et les techniques renvoient au résultat sur certaines parties du texte. Par conséquent pour parler des procédés de traduction nous allons parler des techniques de traduction. Je parlerai uniquement des procédés de traduction. Hurtado en propose une classification. Cette classification contient 18 techniques de traduction : 4 HURTADO ALBIR A. (2008) : Traducción y traductologia : introducción a la traductologia, Ediciones Cátedra, 4ª edición 15 1- L’Adaptation. C’est le remplacement d’un élément de la culture d’origine par un élément de la culture cible. 2- L’étoffement. Il s’agit d’ajouter des éléments linguistiques à la traduction. 3- L’amplification. Le traducteur ajoute des précisions absentes dans le texte d’origine, telles que des informations entre parenthèses, une note du traducteur, etc. 4- Le Calque. C’est la traduction littérale d’un mot ou d’un syntagme. 5- La compensation. C’est l’ajout d’un élément dans le texte d’arrivée qui était à un autre endroit dans le texte d’origine. Pour ne pas avoir pu le placer à ce même endroit, on le place ailleurs dans le texte traduit. 6- Compensation linguistique. Il s’agit de synthétiser des éléments linguistiques. 7- La création du discours. On établit une traduction hors contexte ; C’est une équivalence éphémère. 8- La Description. C’est le fait de remplacer un terme ou une expression par sa description. 9- Omission. C’est le fait d’omettre un élément du texte original. 10- L’équivalence. On utilise un terme reconnu pour être l’équivalent dans la langue cible. 11- La généralisation. C’est l’utilisation d’un terme plus général ou neutre. 12- La modulation. Il s’agit de réaliser un changement de point de vue par rapport au texte d’origine. 13- La particularisation. C’est l’utilisation d’un terme plus précis ou plus concret. 16 14- L’emprunt. On intègre dans la traduction un terme de la langue d’origine tel quel. 15- La substitution. On remplace un élément linguistique par un élément paralinguistique ou inversement. 16- La traduction littérale. On traduit mot pour mot une phrase. 17- La transposition. On réalise un changement de catégorie grammaticale. 18- La variation. On change des éléments linguistiques ou paralinguistiques qui ont une incidence sur les aspects linguistiques, comme la ton, le style, le dialecte, etc. Dans le même ouvrage, Hurtado aborde les problèmes de traduction et encore une fois elle met l’accent sur le fait qu’il faut distinguer problème de traduction et difficulté de traduction. Elle cite une auteur qui s’est intéressée au sujet et dit qu’un problème de traduction fait référence à un problème que tout traducteur (indépendamment de sa formation) rencontre lors d’une traduction et qu’il doit résoudre. En revanche une difficulté de traduction est propre à un traducteur, et est en relation avec sa manière de travailler. C’est une notion subjective alors qu’un problème de traduction est une notion objective. Par conséquent cette auteur cite quatre types de difficultés : les particularités d’un texte (sa compréhension), les difficultés de l’auteur lui-même, les difficultés pragmatiques et les techniques (en relation avec le thème). En ce qui concerne les problèmes de traduction, elle en distingue quatre : le problème textuel, pragmatique, culturel et linguistique. Aux problèmes de traduction sont étroitement liées les erreurs de traduction. Parmi celles-ci on trouve le faux sens, le contre-sens, le sin sentido, l’ajout, l’omission, l’ hipertraducción, la sobretraducción, et la sous-traduction. 17 A présent, je vais m’intéresser aux stratégies de traduction propres à la traduction juridique et proposées durant l’année scolaire. Afin de réaliser correctement une traduction juridique il est nécessaire avoir des notions de droits comparés. La matière « ordenamientos jurídicos comparados » nous a offert les outils et les ressources documentaires pour s’informer correctement sur les systèmes juridiques français, espagnol et européen. Maintenant, la première étape lorsque que je traduis un texte de nature juridique est de reconnaitre de quoi il s’agit. J’identifie la source de droit, de quel organe provient le document, de quel code, etc. Je me documente afin de cerner le sens du texte et cherche des textes parallèles, la documentation parallèle dans la langue cible, et les thermes équivalents connus et répertoriés. Comme le dit Emilio Ortega Arjonilla, la traduction d’un texte de nature juridique consiste à l’interpréter au niveau linguistique et juridique. De plus, il précise qu’il ne fait pas oublier la fonction particulière de chaque document à traduire. Ortega propose trois étapes dans le processus de traduction. La première étape consiste en l’analyse et la compréhension du texte. Elle se divise en trois sous étapes : a- rapprocher le texte au lecteur ou le lecteur au texte. La traduction telle qu’on l’entend ici, c'est-à-dire traduire à une langue étrangère, facilite l’approche du lecteur au texte. Dans l’autre cas, il s’agit d’une traduction dans la même langue. C'est-à-dire, expliquer un texte de spécialité en utilisant le langage commun, compris de tous. La deuxième sous étape : b- qu’elle est l’objectif du texte ? la diffusion à l’échelle internationale ou dans un cadre socioculturel défini ? Enfin, la troisième sous étape, c- le texte en lui-même. Qui a écrit le texte ? Dans quelles conditions ? Pour qui ? Dans cette première étape, Emilio Ortega Arjonilla suggère une lecture appliquée du texte pour en saisir le sens. Dans un premier temps, nous devons observer la syntaxe et la sémantique du texte d’un point de vue linguistique. Ensuite, nous arrêter quelques instants sur le langage du texte. Que dit le texte ? 18 Quel sens a-t-il ? Il y a-t-il un message caché ? Si oui, lequel ? Qu’elle est son intention ? Que comprend le lecteur ? Puis, il nous dit d’étudier les facteurs significatifs du texte. Il faut trouver la problématique du texte. De quoi parle le texte ? Quel est le cadre spatio-temporel de sa production ? A qui se dirige t-il ? Une analyse au niveau syntactique, sémantique et stylistique est également suggérée. Nous pouvons appliquer la première étape aux deux documents que j’ai traduit. Je vais commencer par l’analyse du premier document. Pour la traduction de se document il s’agit de rapprocher le lecteur au texte. Le document a une vocation locale car c’est le Code de Déontologie de la profession de diplômé en Droit du Travail d’une part, et il est propre à l’Ordre d’Alicante d’autre part. Même le texte traduit à une vocation locale puisque c’est l’Ordre lui-même le client de la traduction. Cette traduction restera au sein de l’Ordre et se dirigera aux spécialistes en Droit du Travail français désireux d’adhérer à l’Ordre. Selon moi le document se divise en trois parties : l’attestation, les fiches d’information et le Code de Déontologie. Les trois parties se dirigent aux diplômés en Droit du Travail désireux d’adhérer à l’Ordre d’Alicante. L’attestation et les fiches d’information ont été rédigé par l’Ordre d’Alicante. Quant au Code de Déontologie je suppose qu’il est le fruit d’un groupe de personnes et, que c’est à l’origine le Code de la profession toute entière. Ensuite l’Ordre d’Alicante l’adapte à ses règles et lui apporte des modifications si nécessaire. Dans les deux cas, il est difficile d’identifier un auteur particulier. Le Code de Déontologie s’est rédigé en se basant sur des sources de Droit et des règles acceptées de tous (en Espagne). Comme l’attestation et les fiches d’information ne présentent pas de problèmes de traduction pour l’absence d’une terminologie spécialisée, je m’intéresserai essentiellement au Code de déontologie. Le texte est une énumération de règles classée par thèmes, numérotés eux aussi. Ce sont de règles, par conséquent on observe l’emploi de l’impératif, des formules 19 d’interdiction, d’obligation, des structures syntaxiques redondantes, etc. Il a une fonction injonctive (ou conative) car il influence le comportement des professionnels, en dictant les règles à suivre dans l’exercice de la profession de diplômé en Droit du travail. Si on observe de plus près le document, d’un point de vue de la syntaxe on observe la répétition de syntagmes (El graduado social + verbe d’obligation), l’emploi de longues phrases, énumération, verbes à l’infinitif pour exprimer les devoirs. Tous les titres sont construits de la même manière (obligaciones …). Du point de vue de la sémantique, on observe une terminologie propre à un règlement (normas, normativa, regimen, principios, ordenamiento juridico, etc.), les qualités propres à la profession, le champ lexical en relation avec le respect et le non-respect des règles (cumplimiento, inobservancia, sancion, infraccion, etc.). Nous sommes en présence d’une structure type d’un règlement : introduction, principes généraux, et les autres articles commençant tous par le même mot (obligación (de)) ainsi que la numérotation des règles. A présent je vais appliquer la même analyse au deuxième document. C’est un texte de nature judiciaire dont la vocation est nationale, rattachée au système juridique du pays auquel il appartient (Espagne). Le document en ma possession est un document qui émane du Tribunal Supremo dans le cadre d’une affaire de l’ordre civil. C’est en fait la retranscription d’une décision de justice (un arrêt) rendue par le Tribunal Supremo. Donc le texte de base est oral, il est retranscrit « en direct » par le greffier et maintenant je dois le traduire. L’arrêt se dirige à l’ensemble des parties participantes au procès et à la Justice de manière générale. Ce document reprend toute la procédure de l’affaire. Affaire qui oppose JVC Espagne contre les associations espagnoles qui défendent la propriété intellectuelle. JVC Espagne leur reproche d’avoir perçues les versements des droits d’auteur sur chaque vidéo vendue sur une certaine période de manière illégale et demande le remboursement de ces sommes. Le client de la 20 traduction est le portail juridique UAIPIT. Comme c’est un site à vocation internationale, il y a une volonté de traduire la jurisprudence espagnole aux langues étrangères en contact avec ce site. Le document est rédigé suivant le modèle d’une décision de justice espagnole : l’encabezamiento (citant la juridiction, le magistrat, le numéro de dossier, la date et les charges), l’introduction (Visto), les antecedentes de hecho (numérotés), les fundamentos de derecho (numérotés) y le fallo. D’un point de vue général, la partie que j’ai eu à traduire est une séquence de narration car c’est un rappel des faits, une description de faits passés (déictiques spatiaux et temporels, emploi du passé). L’intention d’une décision de justice comme celle-ci, est, à partir des faits et des procédures passés, rendre une décision finale (vu qu’on est devant le Tribunal Supremo, juridiction suprême de l’organisation de la Justice) et en avertir les parties concernées. Du point de vue de la syntaxe, nous sommes en présence de phrases interminables, avec une multitude de virgules ; un seul sujet en début de phrase et puis des verbes un peu partout, à tel point que par moment on a des difficultés à reconnaitre le sujet des verbes. Ce sont des phrases types d’une décision, comme « fallo.que estimando….desestimando…confirmando…declarando… ». Pour annoncer les moyens, ils utilisent une énumération commençant par « por lo que la… », « a tenor de… », « Respecto de … ». On observe également l’emploi de formes impersonnelles (que se dicte sentencia, se aceptan, etc.). J’insiste sur le fait que nous sommes en présence de phrases presque incompréhensibles tant elles sont longues, l’absence de répétition du sujet, l’absence d’auxiliaires, etc. Par conséquent, pour faire face à ses difficultés j’ai appliqué une stratégie de traduction d’abord littérale puis ensuite j’ai étoffé et amplifié certains passages. A l’arrivée, j’admet qu’on a un document presque réécrit mais davantage compréhensible… Ensuite, du point de vue de la sémantique, la terminologie est clairement spécialisée, c’est une terminologie propre aux documents de nature judiciaire : parte demandada, parte 21 demandante, demanda interpuesta por, demanda reconvencional, representacion procesal, procuradora, recurso de amparo, etc. L’interprétation du texte se place en deuxième étape. A ce stade il faut se concentrer sur la structure interne du texte et essayer de trouver les premières solutions aux problèmes rencontrés, en cherchant par exemple des équivalents dans la langue cible. A cette étape on rencontre de nombreux problèmes liés à la traduction : la place de l’auteur dans le texte source est-elle bien marquée? Comment le faire apparaître dans la traduction? Le texte original a-t-il un vocabulaire spécifique qu’il faudra prendre en compte au moment de traduire? Le texte fait-il partie d’un corpus? Est-il la réponse à un autre texte? Va-t-il de paire avec un autre document? Comment se structure le texte du point de vue syntactique? Qu’elle est sa structure interne? Dans quel contexte socioculturel le document a-t-il été produit? Comment le transmettre dans la traduction? Enfin, il faut respecter l’aspect stylistique du texte. Toutes ces questions répondent aux problèmes de terminologie, de documentation, de syntaxe, de style, et culturels. Encore une fois, il est très important d’identifier le lecteur auquel se dirige le texte et de l’avoir constamment en tête. Enfin, la troisième et dernière étape du processus de traduction est la recréation. On pourrait croire que si les deux phases précédentes ont été correctement réalisées, cette étape sera simple. Mais ce n’est pas le cas. Garcia Yebra l’affirme : il est plus facile de comprendre le sens d’un texte que de le réécrire. Attention, il ne s’agit pas d’interpréter le texte et de l’écrire à sa façon! Il faut rester fidèle au texte source. Il ne faut pas oublier que l’une des principales qualités du traducteur est la transparence. 22 En ce qui concerne les stratégies pour la traduction de documents émanant d’une autorité judiciaire, voici quelques pistes abordées au cours de l’année. Dans le cas de la traduction d’une loi d’un système juridique national il n’existe pas toujours d’équivalents directs dans la culture cible. Quand c’est le cas, il faut chercher un équivalent indirect qui serait correct dans la langue d’arrivée. A titre d’exemple, les lois. Le Codigo Civil et le Codigo Penal ont leurs équivalents directs en français : le Code Civil et le Code Pénal. Il est nécessaire d’ajouter l’adjectif « français » (ou « espagnol ») pour que le lecteur comprenne bien qu’il s’agit de l’instrument juridique de l’autre pays. Mais dans le cas de la Ley de la Propiedad Intelectual, ou de la Ley de Procedimiento Civil, comme c’était le cas dans un de mes documents à traduire, on observe au moment de traduire, qu’en français on utilise le terme « code » et non « loi ». Il faut alors trouver un compromis, une sorte de terme hybride. On prend alors en considération le lecteur potentiel de la traduction et on se met à sa place. Il faut savoir qu’en traduction juridique le calque est relativement bien admis. Les lecteurs (en général les autorités compétentes de l’autre pays) « aiment » pouvoir faire un parallèle entre les juridictions ou instruments juridiques des deux pays et être conscients qu’ils ont entre leurs mains un document provenant d’une autorité étrangère. Voici un exemple qui c’était présenté lors d’une traduction en cours : dans un document français apparaissait le « Code de Procédure Pénale ». Comment le traduire ? Codigo de procedimiento penal? Ley de procedimiento penal? En suivant les explications que je viens de donner et en gardant à l’esprit qu’en traduction juridique il faut rester fidèle à l’original, la solution proposée était : Codigo de Procedimiento Penal francés. Il ne faut surtout pas oublier d’ajouter l’adjectif de nationalité pour une meilleure compréhension. Un autre point abordé durant l’année, fût la traduction des organes judiciaires. L’organisation diffère entre l’Espagne (dont l’organisation administrative est décentralisée) et la France 23 (organisation centralisée). Par conséquent l’adaptation des juridictions espagnoles au cadre français en est difficile. Certains termes possèdent des équivalents acceptés de tous et par conséquent il n’y a pas de difficulté majeure (Tribunal de Grande Instance> Tribunal comarcal de Primera Instancia). Pour d’autre cas, ça se complique. Par exemple l’Espagne dispose de juridictions compétentes en matière civile, pénale et « contenciosoadministrativo ». Cette dernière n’existe pas en France. En France on parle de « faire appel » pour quelque appel qu’il soit. En Espagne il existe différentes formes d’appel. Alors face à ses différences nous pouvons opter pour le calque qui est relativement accepté (comme c’est le cas pour la Cour d’Appel : Tribunal de Apelación) ou ajouter une explication avec une note du traducteur (comme pour le cas de recurso de amparo ). Il faut surtout bien identifier la juridiction dont émane le document (ordre civil ou pénal) et à quelle étape de la procédure appartient-il (phase policière, phase de jugement, etc.). Pour la traduction de la terminologie judiciaire, il est intéressant de chercher des textes parallèles et voir comment ont déjà été traduits certains termes redondants dans ce genre de texte (mise en examen, affaire suivie contre, etc.). Quant à la structure d’un document judiciaire, elle est propre à chaque système juridique. Il est nécessaire de se documenter à ce sujet en visitant les pages Internet officielles contenant les sources de droit. Enfin et je le répète, en traduction juridique le texte traduit doit être fidèle au texte d’origine. Dans le cas d’un jugement de divorce par exemple, il ne s’agit pas d’imiter la structure d’un jugement de divorce de la culture d’arrivée. Le lecteur doit savoir qu’il détient un document traduit provenant d’un système juridique différent au sien. Finalement, le texte traduit est un texte hybride car il contient des éléments culturels, linguistiques et juridiques des deux cultures en contact. 24 Pour ce qui concerne la traduction de documents universitaires tels que les relevés de notes, Gemma Andujar Moreno propose quelques procédés de traduction qu’elle a observé suite à une étude faite sur un corpus de documents académiques et de leurs traductions. Il est vrai que les deux documents que j’ai traduit ne sont pas des documents émanant d’une université, mais l’un d’eux présente une difficulté de traduction qu’aborde Gemma Andujar Moreno : la traduction des diplômes de l’enseignement supérieur. Je vais y consacrer un petit paragraphe ici. Dans la partie pratique j’y reviendrai en appliquant un des procédés à ma traduction. Elle aborde différents procédés de traduction qui sont également applicables dans d’autres domaines. Elle précise que, de la même manière que les systèmes juridiques sont différents d’un pays à un autre, les systèmes administratifs le sont aussi. Elle nous dit qu’il s’agit là de trouver un équilibre entre la linguistique et le culturel. Donc, en ce qui concerne la traduction des cursus de l’enseignement supérieur on observe les procédés de traduction qui mettent l’accent sur la culture d’origine, ceux qui préfèrent l’adapter à la culture cible et un procédé intermédiaire. Le premier procédé de traduction qu’on citera est l’emprunt. Le traducteur reste proche à la culture d’origine et écrit donc, dans la traduction, le terme tel qui était écrit dans le texte d’origine. Par exemple : BTS. On garde l’intitulé du diplôme tel qu’on le nomme en France. Ce procédé peut poser des difficultés aux personnes qui ignorent le système éducatif de l’autre pays. Ensuite, il y a l’emprunt accompagné d’une amplification (d’une explication du traducteur en note de bas de page). Ce procédé permet de maintenir (comme avec le procédé précédent) l’intitulé original du diplôme et d´expliquer au lecteur qu’elle serait son équivalence approximative dans leur pays (BTS* *Nota del traductor : el BTS es un título de técnico superior que se obtiene cursando dos años después del bachillerato. Es un título profesional). Le procédé intermédiaire est l’adaptation accompagnée de l’emprunt entre parenthèses. C'est-à-dire que le traducteur cherche le terme équivalent le plus proche dans la langue cible et écrit entre parenthèses le terme original. Ce procédé permet au lecteur de voir 25 que l’équivalence proposée par le traducteur est à nuancer, que ce n’est pas la traduction exacte. Par exemple, une Licence de Langues Modernes : una Diplomatura (Licence) en Lenguas Modernas. Le procédé de l’adaptation accompagné d’une amplification (traduction qui met l’accent sur la culture d’arrivée) inclus une explication absente dans le texte d’origine. C’est une volonté du traducteur pour faciliter la compréhension du lecteur. Par exemple : un Maîtrise : una Licenciatura con tesina. Enfin le dernier procédé est celui qui rapproche la traduction à la culture d’arrivée, c´est l’adaptation. C’est également le procédé le plus adopté par les traducteurs. Il s’agit de trouver l’équivalent le plus proche dans la culture d’arrivée. C’est une traduction cibliste. De cette manière, une Maîtrise française est une Licenciatura espagnole, et une Licence est une Diplomatura. Gemma Andujar Moreno propose ces procédés de traduction appliqués à la traduction de documents académiques mais ils sont également applicables à d’autres domaines. 26 Partie pratique Les difficultés de traduction les plus intéressantes que j´ai rencontré au cours de la traduction. Premier document: Code de Déontologie Le texte en lui-même ne présentait pas de problèmes de traduction particuliers. Après une première lecture, les principales difficultés auxquelles je me suis confrontée furent la traduction de Graduado social, colegio profesional y cambio de residencia. Ensuite, la traduction des diplômes m’a également posé problème. Le plus long et complexe fût de trouver une solution pour Graduado Social étant donné que ce terme revenait tout au long du document. Avant de commencer la traduction, je me suis familiarisée avec le texte en cherchant d’abord les définitions en espagnol, puis les équivalents français. El Excmo Colegio de Graduados Sociales de Alicante Tout d’abord, je me suis intéressée à l’auteur de ce document. Pour bien comprendre de quoi et de qui il s’agissait j’ai cherché le site Internet du « Colegio de Graduados Sociales de Alicante ». « Es una corporación de Derecho Público, está constituido por expertos profesionales que ofrecen sus servicios de asesoramiento integral a empresarios y trabajadores. 27 Los Graduados Sociales son expertos en Derecho del Trabajo y Seguridad Social, desarrollando sus funciones dentro del ejercicio libre de la profesión prestando asesoramiento jurídico en matera laboral y de seguridad social a Empresas, Trabajadores, Pensionistas y Desempleados, así como en todas las materias relacionadas con el amplio campo de las relaciones laborales, de seguridad social, procesales laborales, prevención de riesgos laborales, auditorias laborales, arbitraje y mediación en conflictos laborales, etc. por ello somos los profesionales mejor cualificados para desempeñar dichas funciones. » (http://www.consultor.com/index.php?seccion=introduccion, page consultée le 05/04/11) Colegio profesional Dans un premier temps j’ai cherché la définition générale d’un « colegio profesional ». « Un colegio profesional o colegio oficial es una corporación de derecho público de carácter gremial integrada por quienes ejercen las llamadas profesiones liberales y suelen estar amparados por el Estado. Sus miembros asociados son conocidos como colegiados. Cuando se dedican a actividades manuales o artesanas se emplea el nombre tradicional de gremio. Las finalidades de los colegios profesionales son la ordenación del ejercicio de las profesiones, la representación exclusiva de las mismas y la defensa de los intereses profesionales de los colegiados. El colegio debe velar por el cumplimiento de una buena labor profesional, donde la práctica ética del trabajo se constituye como uno de los principios comunes que ayudan a definir los estatutos de cada corporación. » (http://es.wikipedia.org/wiki/Colegio_profesional, page consultée le 05/04/11) 28 Cette première définition m’a permise de me familiariser avec ce terme. En bas de cette page, j’ai observé le lien « Consejo General de Graduados Sociales ». Pouvant être intéressant, je l’ai visité, et ai obtenu davantage d’informations. « El Consejo General de Colegios Oficiales de Graduados Sociales de España (CGCOGSE), es una Corporación de Derecho Público representativa, coordinadora y de defensa de la profesión de Graduado Social y de los Colegios Oficiales en el ámbito Nacional e Internacional. Está dotado de personalidad jurídica propia y plena capacidad para el cumplimiento de sus fines, teniendo su sede en Madrid y pudiendo celebrar tanto sus Sesiones Plenarias como reuniones, en cualquier lugar del territorio español o extranjero. » (http://es.wikipedia.org/wiki/Consejo_General_de_Graduados_Sociales, page consultée el 05/04/11) A partir de la page Wikipédia espagnole de « colegio profesional », j’ai sélectionné l’équivalent de cette page en français et ouvert la page correspondant à « l’association professionnelle ». Cette page m’offrait des pistes d’équivalents français : « Association professionnelle, corporation, corps, ordre, etc. Elle a le même statut dans les deux pays : Une corporation, dont le mot vient du latin corporari (se former en corps), ou plus exactement un corps, est une personne morale, en général de droit public, instituée par une loi. Ses composantes sont toutes des personnes physiques et/ou morales qui possèdent une même caractéristique (en général l'exercice d'une fonction). On peut distinguer les corps (ou ordres professionnels) non seulement des sociétés, des associations et des syndicats qui sont des regroupements volontaires de droit privé, mais 29 aussi des établissements qui sont des groupements de biens, et de certaines sociétés qui ne sont pas des sujets de droit mais des contrats entre les sociétaires. Le corporatisme désigne la tendance qu'ont les membres d'un corps professionnel ou administratif à privilégier leurs intérêts matériels au détriment de ceux du public qu'ils servent (consommateurs, administrés, justiciables, usagers, élèves, clients, patients, etc.). » (http://fr.wikipedia.org/wiki/Association_professionnelle, page consultée le 05/04/2011) Selon le Centre National de Ressources Textuelles et lexicales, un ordre est un « organisme institué par une loi, chargé d’assurer la réglementation, la discipline et la défense de certaines professions libérales et auquel les membres de la profession sont tenus d’adhérer » (http://www.cnrtl.fr/definition/ordre, page consultée le 05/04/2011). Il donne comme exemple l’Ordre des architectes, l’Ordre des avocats, l’Ordre des médecins, etc. Le terme « association » lui ressemble également. Toujours selon le même dictionnaire, c’est un « groupement permanent de personnes mettant en commun leurs connaissances, leur activité et leurs ressources» (http://www.cnrtl.fr/definition/association, page consultée le 05/04/2011). Mais ici, il manque la notion qu’un cadre légal encadre l’activité de la profession. J’ai donc opté pour la solution de l’Ordre. Graduado social N’étant pas espagnole, j’ignorais totalement ce qu’était un « graduado social ». Ce fût la principale difficulté de ma traduction. De la même manière que pour « colegio profesional » j’ai d’abord cherché sa signification en Espagne, puis en France. Qu’est ce qu’un « graduado social » ? 30 « El Graduado Social, una vez finalizada su carrera universitaria se incorpora obligatoriamente, si pretende ejercer como tal, al Colegio Profesional donde se encuentre ubicado su Despacho Profesional. Ya colegiado se convierte en un Técnico en materias Sociales y Laborales y, como tal, estudia, asesora, representa, gestiona, sin apoderamiento especial, todos aquellos asuntos laborales y de Seguridad Social que le sean encomendados por particulares, administración y terceros. El Graduado Social, entre sus principales competencias asisten en representación ante los Tribunales del Orden Social (Juzgados de lo Social) en todos aquellos asuntos que le sean encomendados por empresas, trabajadores, pensionistas, sindicatos, corporaciones, etc., teniendo en exclusiva como tal Graduado Social, la facultad de confeccionar mensualmente las liquidaciones a la Seguridad Social que realizan las empresas, así como tramitar y asesorar todos los expedientes de jubilación, incapacidad, viudedad, orfandad, favor de familiares y todas aquellas prestaciones que se realizan ante la Seguridad Social. Por todo, el Graduado Social es hoy en nuestra sociedad un valedor importante de todas las actuaciones que se realizan en el mundo del trabajo y de la Seguridad Social » (http://www.graduadosocial.com/?opcion=contenido&plt=definicion, page consultée le 06/04/2011) En réalité cette définition ne m’aidait pas vraiment. Je comprenais qu’elles étaient les fonctions de ce métier en Espagne mais je ne voyais pas quel serait son équivalent en France. Je n’avais jamais entendu parler d’une telle profession auparavant. Serait-ce un avocat ? Je me suis donc lancée dans la recherche d’une profession similaire en France. Mais avant tout, j’ai 31 utilisé Proz pour avoir une première traduction. Cela allait peut être m’aider dans ma compréhension. Selon Proz, un « graduado social » est un Diplômé en relations du travail. A partir de ce moment j’ai commencé à me demander si ce n’était pas une personne spécialisée dans les ressources humaines. J’ai orienté premièrement ma recherche dans le domaine des ressources humaines, et ai trouvé plusieurs métiers. Un directeur des relations humaines (http://www.studyrama.com/formations/fiches-metiers/ressources-humaines/directeurressources-humaines.html, page consultée le 05/04/2011)? ça ne correspond pas. Il est spécialiste des relations entre le personnel d’une entreprise ou d’une administration mais pas du droit du travail. De plus, il n’intervient pas auprès des tribunaux, et ne travail pas pour un cabinet. Un juriste social (http://www.studyrama.com/formations/fiches-metiers/ressourceshumaines/juriste-social.html, page consultée le 05/04/2011)? Ce métier ressemble fortement à celui de « graduado social » : c’est un spécialiste du Code du Travail, il fait soit partie d’un cabinet, soit d’une entreprise, il donne des conseils, il règle les litiges, il est également spécialiste en ressources humaines, il défend les intérêts des entreprises. Cependant il n’intervient pas devant les tribunaux et n’est pas spécialiste de la Sécurité Sociale. Il ne s’occupe pas non plus des retraités, des handicapés, des veufs, des orphelins, etc. La lecture du code de Déontologie, me laissait penser que c’était un avocat spécialiste en droit et relations du travail. Mais, dans ce cas, je ne comprenais pas pourquoi le document espagnol ne le désignait pas par « abogado ». Il y avait surement une raison. J’ai tout de même cherché sur le site du Barreau de Rennes s’il existait des avocats spécialistes du droit et des relations du travail. Sur ce site (http://www.ordre-avocats-rennes.com/barreauRennes.html, page consultée le 06/04/2011), j’ai découvert qu’il existait des avocats spécialistes du droit social. Serait-ce la solution ? Je n’étais toujours pas persuadée. Finalement, je suis arrivée à la conclusion que le but n’était pas de trouver la profession 32 équivalente en France! En effet, ce texte ne s’applique pas à la France mais à l’Espagne. Il se dirige à une personne française désireuse d’exercer sa profession en Espagne. Par conséquent, je devais trouver une traduction qu’un français pouvait comprendre et non pas obligatoirement une profession existante en France. D’ailleurs il n’y a pas d’équivalent exact. Le graduado social n’est pas un avocat mais un spécialiste en Droit du Travail qui, en Espagne, a le droit d’intervenir devant un tribunal. En France, il y a une distinction entre les avocats spécialistes du droit du travail et les spécialistes du droit et des relations du travail. Les seconds ne peuvent pas intervenir devant un tribunal en tant qu’avoué. J’ai donc pensé que je ne devais pas sélectionner un métier précis français qui pourrait être l’équivalent de graduado social car il se pouvait que plusieurs métiers français puissent y correspondre. En définitif, j’ai respecté la définition proposée par Proz et ajouté un terme: diplômé en Droit et Relations du Travail. Après avoir rédigé la traduction dans un premier temps avec « avocat », puis « spécialiste », et encore « spécialiste en Droit du Travail », la proposition de Proz me semblait la plus adéquate. J’ai donc maintenu « diplômé en Droit et Relations du Travail ». Puis, enfin, en lisant les ouvrages de Ortega Arjonilla, j’ai vu qu’il proposait comme traduction « Diplômé en Droit du Travail ». J’ai finalement, validé cette dernière solution. Le titre Au début je ne comprenais pas ce que signifiait cambio de résidencia car je le traduisais littéralement. Mais, j’ai rapidement compris qu’il s’agissait d’un changement d’affiliation à un Ordre. « Avis de changement d’adhésion à un ordre de spécialistes du Droit du Travail » ne me satisfaisait pas. J’ai validé la solution suivante : « Attestation de changement d’Ordre de spécialistes du Droit du Travail ». 33 Les diplômes : Le premier paragraphe du Code de Déontologie fait allusion à trois conditions pour pouvoir prétendre accéder à l’Ordre : Poseer el título de Graduado Social, Poseer el título de Graduado Social Diplomado, Poseer el título de Diplomado en Relaciones Laborales. Ce sont trois types de diplômes propres à l’Espagne. Au cours du Master, nous avons vu que la traduction des diplômes est complexe. Les cursus universitaires français et espagnols sont différents quant aux nombres d’années de chaque cursus. En France, depuis l’harmonisation des diplômes de l’enseignement supérieur (réforme LMD-2006) il existe trois principaux diplômes universitaires : la Licence (3 ans après le Bac), le Master (2 ans après la Licence) et le Doctorat (3 ans après le Master). (Source : http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid20190/organisation-licence-masterdoctorat-l.m.d.html, page consultée le 06/04/2011). En Espagne, on a l’habitude de parler de la carrera universitaria ou grado pour désigner les 5 ans d’études après le bac. Cette carrera universitaria peut se diviser en deux cycles : un premier, de trois à quatre années (après le bac) qu’on appelle la diplomatura, et un deuxième cycle, de un à deux ans supplémentaires qu’on désigne par licenciatura . Ces deux diplômes ( diplomatura et licenciatura) s’inscrivent dans le niveau grado de l’éducation supérieure. Ensuite, vient le niveau postgrado qui regroupe les masters et doctorats. De la même manière qu’en France, il faut avoir validé le premier cycle d’étude supérieure pour être admis dans le second cycle. Les masters ou postgrados durent de un à deux ans selon les formations, et les doctorats ont 34 également une durée variable. Attention, ces informations sont à lire avec précaution. L’Espagne a signé le plan de Bologne et par conséquent le système de l’enseignement supérieur est en train de changer. Désormais le niveau grado ne sera que de 4 ans. Autre difficulté, la traduction de l’intitulé du diplôme lui-même ou des matières. Pour beaucoup d’entre eux, on peut les traduire littéralement (Arts Plastiques > Artes Plasticas) ou chercher un équivalent connu. Par exemple, la Licence LLCE espagnol (Licence Lettre et Civilisation Etrangère. Etude de la littérature et de l’Histoire de l’Espagne et de l’Amérique Latine) à un équivalent de traduction en espagnol : la carrera universitaria Filologia Hispanica. Bien que cette dernière ne présente aucune matière en rapport avec l’Histoire espagnole ni latino-américaine, c’est le diplôme espagnol qui se rapproche le plus à la licence LLCE. La licence LEA n’existe pas en Espagne, il faut donc la traduire littéralement et entièrement : lenguas extranjeras aplicadas. D’après l’explication apportée par Gemma Adujar Moreno, pour faire face à ces problèmes de traduction, le traducteur possède cinq solutions possibles. Il peut, d’une part, choisir de rester proche à la langue/culture d’origine (traduction source) et par conséquent opte soit pour l’emprunt (préstamo) soit pour l’emprunt accompagné d’une explication. Pour le premier choix, le traducteur écrit le nom du diplôme tel qu’il est écrit dans la langue source. Pour le second choix, il fait de même puis ajoute une note (du traducteur) dans laquelle il explique ce qu’est ce diplôme dans le pays origine. Par exemple : BTS > BTS* *Nota del Traducteur : el BTS es un título de técnico superior. Corresponde a dos cursos de un año cada uno en el primer ciclo de la enseñanza superior. D’autre part, il peut choisir de se rapprocher de la langue/culture cible (traduction cibliste). Dans cette démarche il existe trois solutions de traduction : la première, adaptation 35 accompagnée de l’emprunt ; la seconde, l’adaptation accompagnée d’une explication et, enfin, la troisième, l’adaptation. Notre document se dirige à une personne française, désireuse d’exercer son métier en Espagne et d’adhérer à cet Ordre. Par conséquent, il doit pouvoir identifier rapidement si ses diplômes correspondent aux critères d’éligibilité de l’Ordre. De plus, le texte parle de titulo de Graduado Social et graduado social diplomado , il faut donc bien distinguer les deux. Je propose donc d’utiliser l’emprunt accompagné d’une note de l’auteur. Deuxième document : texte de nature judiciaire L’organisation de la structure du jugement et la terminologie judiciaire C’est un des problèmes de traduction pour les documents de nature judiciaire. Les jugements des deux pays sont complètements différents. Que faisons-nous ? Nous adaptons la sentencia española au jugement français, pour qu’il soit le plus ressemblant possible pour faciliter la compréhension du lecteur ? Restons-nous fidèle à la structure du texte espagnol ? Faisonsnous un mélange des deux ? Interrogeons-nous ! Qui est le destinataire ? Tout internaute français qui s’intéresse pour le thème du Droit de la propriété intellectuelle à l’échelle européenne. Je pense que ce lecteur possède des connaissances en Droit, ou a, du moins, une réelle envie de s’informer, un intérêt particulier pour la législation et la jurisprudence. La traduction du document lui facilite déjà la compréhension, alors pourquoi changer la structure du jugement ? Je crains que si j’adapte le document à la structure type des jugements français, le lecteur oublie que le texte origine est 36 espagnol. Ici la solution est la suivante: en traduction assermentée il faut rester le plus proche possible au texte source. Le destinataire sait qu’il a entre ses mains un document provenant d’un système juridique étranger et par conséquent qu’il n’obéit pas aux mêmes règles de présentation que les documents judiciaires de son pays. Finalement, la traduction sera un texte hybride car il maintient la structure espagnole mais utilise des conventions linguistiques françaises. Ci après, voyons les solutions que j’ai trouvé face à mes doutes en relation avec la structure et la terminologie d’un jugement. Dans un premier temps, j’exposerai les solutions terminologiques puis la structure choisie. La Terminologie Judiciaire Sentencia Lors de la matière « ordenamientos jurídicos comparados » nous avions vu que le mot sentencia correspondait à plusieurs termes français : arrêt et jugement. Quel terme choisir ? Selon les définitions proposées par le dictionnaire juridique en ligne (http://www.dictionnairejuridique.com/definition/jugement.php) un jugement est une décision rendu par une juridiction de premier degré. Ceci, au sens général. En réalité, les juges prennent toutes sortes de décision. Par exemple l’ordonnance est une décision provisoire. L’arrêt est une décision collégiale propre aux Cours d’Appel et à la Cour de Cassation. Voici la solution : Arrêt. Antecendentes de Hecho 37 Ayant étudiée en cours la traduction des documents judiciaires j’avais déjà en ma possession quelques pistes. Je connaissais déjà la structure d’un jugement espagnol : 1-encabezamiento, 2- antecedentes de hecho, 3- fundamentos de derecho, 4- fallo. Que… , 5- firma. Je connaissais également la structure d’un jugement français : 1- l’en tête qui contient le nom de la juridiction, le nom du ou des juges, la date, le nom du représentant du ministère public, le nom du secrétaire, le nom des parties ainsi que leur domicile, etc., 2- Faits et Procédure, 3Moyens et prétentions des parties, 4- Motifs, 5- Dispositif. Par conséquent, j’avais déjà la solution grâce aux traductions réalisées au cours de l’année : l’équivalent français est : Faits et procédure. Les Tribunaux Beaucoup de références culturelles ne présentent pas d’équivalents au moment de traduire. Cependant Emilio Ortega Arjonilla nous propose une liste d’exemples des équivalents des tribunaux et autres termes courants en traduction judiciaire. J’avais déjà eu quelques pistes en cours, en ce qui concerne la traduction de Tribunal Supremo ou Juzgado de primera instancia. Le livre d’Emilio Ortega Arjonilla (cf bibliographie) confirmait ceci. D’autre part, Proz traduisait Tribunal Supremo par « Cour Suprême ». Mais, par la suite, en discutant avec mes camarades et un professeur durant une matière, j’ai compris que ma principale erreur était de chercher à traduire à tout prix par un équivalent. Je savais qu’en traduction juridique il est conseillé de rester fidèle au texte source mais mon envie d’adapter le terme à la culture d’arrivée était plus forte. Je me suis demandée si ce n’était pas dû au fait que j’avais d’abord étudié la traduction littéraire, et que mon envie d’être « transparente » ne prenait pas le dessus ? Ou si j’étais trop tentée par une traduction « cibliste »? Je ne sais pas. Quoi qu’il en soit il m’a fallu du temps pour comprendre et accepter que je ne devais pas chercher un équivalent car c’était impossible. C’est impossible car il ne peut exister d’équivalent entre 38 deux pays qui présentent un découpage territorial et administratif différents. Je me répétais sans arrêt qu’en traduction juridique le lecteur doit être conscient d’avoir entre ses mains un texte émanant d’une autre culture. De plus, les noms des tribunaux sont des noms propres. Je ne pouvais pas traduire Tribunal Supremo par « Cour de Cassation » car en pratique on ne peut pas dire qu’ils sont équivalents. La difficulté ici, était davantage au niveau juridique que linguistique. Après avoir longuement réfléchis j’ai décidé qu’il était plus judicieux de traduire par Tribunal Suprême espagnol. La notion d’équivalent m’a beaucoup induis en erreur. C’est faux de dire que la Cour de Cassation est l’équivalent du Tribunal Supremo ou que la région est l’équivalent de la Comunidad Autonoma car dans la réalité ces juridictions sont distinctes, elles n’ont pas les mêmes pouvoirs, ni les mêmes attributions. Il serait plus correct de dire que le Cour de Cassation est la juridiction française qui ressemble le plus au Tribunal Supremo espagnol. Pour Sala de lo civil, je l’avais d’abord traduit par « Salle des Affaires Civiles » mais finalement j’ai opté pour la proposition d’Emilio Ortega Arjonilla : « Chambre Civile ». Pour la traduction d’ Audiencia Provincial (de Madrid), IATE et Proz proposaient une traduction assez littérale : « Tribunal provincial ». J’avais également trouvé la traduction « Cour de Justice Régionale ». Au début, j’ai choisi cette deuxième solution parce qu’elle s’adaptait au découpage administratif de la France et par conséquent facilitait la compréhension du lecteur. En effet, en France il n’y a pas de provinces mais des régions. De plus, on pouvait l’accompagner d’une note du traducteur expliquant l’instance de cette juridiction. Cependant, il s’agissait d’un document espagnol, il ne fallait pas renoncer aux caractéristiques propres du pays de la langue source. Le lecteur est capable de faire le rapprochement. De plus, ce n’est pas tant la localisation géographique qui nous intéressait ici mais plutôt le degré de la juridiction. En lisant la phrase en entier, on comprenait qu’il 39 s’agissait d’une juridiction du second degré. J’ai donc opté pour la solution proposée par IATE « Tribunal Provincial » et ne l’ai pas accompagné de note de bas de page. Cette décision était également influencée par la réflexion que j’avais faite pour la traduction que Tribunal Supremo. Ensuite, était mentionné le juzgado de primera instancia. Emilio Ortega Arjonilla explique que selon les cas, juzgado peut signifier « juge » ou « tribunal ». Dans notre cas, je l’ai traduit pas « Tribunal de première instance ». En ce qui concerne la traduction de juicio de menor cuantia numero 347/96 j’ai eu un moment de doute. Je n’avais jamais entendu parler de ce type de procédure. IATE proposait « procédure de règlement des petits litiges ». N’ayant pas trouvé de solutions qui me convenaient davantage j’ai maintenu la proposition de IATE. El Fallo A la présentation se trouve extrêmement liées deux caractéristiques types d’un jugement. A savoir, « VISTO » et « FALLO. QUE… ». Dans un jugement français, l’emploi de VU est très présent. C’est une caractéristique auquel aucun jugement n’échappe. Le premier paragraphe du jugement espagnol en présente un : “Visto por la Sala Primera del Tribunal Supremo, constituida por los señores al margen anotados, el recurso de casación que con el número 1057/2002, ante la misma pende de resolución, interpuesto por la reprentación procesal de J.V.C. España, S.A. aquí representada por la procuradora Dª Paloma Ortiz Cañavate; la Asociación de Gestión de Derechos Intelectuales, (AGEDI), aquí representada por la procuradora Dª María Dolores Maroto Gómez; la Entidad de Gestión de Derechos de los Procutores Audiovisuales (EGEDA), aquí representada por la procuradora Dª Eva de Guinea Ruenes y por último la Sociedad General de Autores y Editores (SGAE), Asociación de Artistas, Intérpretes o 40 Ejecutantes. Sociedad de Gestión de Estaña (AIE), Artistas Inteérpretes. Sociedad de Gestión (AISGE), Centro Español de Derechos Reprográficos (CEDRO) y Visual Entidad de Gestión de Artistas Plásticos (VEGAP), aquí representados por el Procurador D. Alfonso Blanco Fernández, contra la sentencia dictada en grado de apelación, rollo 441/99, por la Audiencia Provincial de Madrid de fecha 15 de noviembre de 2001, dimanante del juicio de menor cuantía número 347/96 del Juzgado de Primera Instancia número 16 de Madrid .Habiendo efectuado la representación procesal de EGEDA, oposición al recurso de casación interpuesto por JVC, España, S.A.; AGEDI, respecto al recurso de casación de JVC, España, S.A. ; JVC, España S.A. respecto al resto de los recursos y SGAE, AISGE,AIE, CEDRO y VEGAP respecto al recurso interpuesto por JVC, España, S.A. » Dans un premier temps j’ai traduit littéralement. « Vu par la Chambre Civile du Tribunal Suprême, […] » Puis, ensuite, j’ai été tenté d’adapter ce document à la culture cible et de modifier tout le premier paragraphe pour qu’il ressemble le plus possible à une décision judiciaire française. J’obtenais donc la traduction suivante : VU la composition de la Première Salle de la Cour de Cassation, VU la procédure de règlement des petits litiges n° 347/96 du Tribunal de Première Instance n°16 de Madrid du 1er mars 1999, VU le jugement d’appel, dossier 441/99, rendu par la Tribunal Provincial de Madrid, le 15 novembre 2001, VU le recours en cassation numéro 1057/2002 interjeté par JVC Espagne S.A représenté par l’avouée Madame Ortiz Cañavate Paloma ; l’Association de Gestion des Droits d’Auteur, (AGEDI), représentée par l’avouée Madame Maroto Gomez Maria 41 Dolores ; l’Organisme de Gestion des Droits des Producteurs de l’Audiovisuel (EGEDA), représenté par l’avouée Madame de Guinea Ruenes Eva, et enfin, la Société Générale des Auteurs et Editeurs (SGAE), l’association espagnole des Artistes Interprètes (AIE), l’organisme espagnol de gestion des droits de propriété intellectuelle des acteurs, doubleurs, danseurs et metteurs en scène (AISGE), l’association espagnole des auteurs et éditeurs défenseurs de la propriété intellectuelle (CEDRO) et l’association espagnole des auteurs qui gèrent les droits d’auteur des artistes des arts plastiques (VEGAP), représentés par l’avoué Monsieur Blanco Fernandez Alfonso, VU l’opposition d’EGEDA au pourvoi en cassation interjeté par JVC Espagne S.A ; VU l’opposition d’AGEDI au pourvoi en cassation interjeté par JVC Espagne S.A ; VU l’opposition de JVC Espagne S.A aux autres pourvois en cassation ; VU l’opposition de SGAE, AISGE, AIE, CEDRO et VEGAP aux autres pourvois interjetés par JVC Espagne S.A. J’étais particulièrement satisfaite de la traduction parce qu’elle ressemblait énormément à un jugement français et surtout elle était plus compréhensible que le texte original. Mais très vite je me suis souvenue de ce que j’ai écris précédemment et de ce qu’on avait vu en cours. Il ne s’agit pas de transformer le document espagnol en un document tel qu’il serait en français. Il faut rester le plus fidèle possible au texte origine. Je suis donc revenue à ma proposition initiale : VU par la Première Chambre du Tribunal Suprême espagnol, composée des magistrats indiqués dans la marge, le recours en cassation numéro 1057/2002, en attente d’une décision de la part de celle-ci, interjeté par JVC Espagne S.A. représenté par l’avouée Madame Ortiz Cañavate Paloma ; de l’Association de Gestion des Droits d’Auteur, (AGEDI), représentée 42 par l’avouée Madame Maroto Gomez Maria Dolores ; l’Organisme de Gestion des Droits des Producteurs de l’Audiovisuel (EGEDA), représenté par l’avouée Madame de Guinea Ruenes Eva, et enfin, la Société Générale des Auteurs et Editeurs (SGAE), l’association espagnole des Artistes Interprètes (AIE), l’organisme espagnol de gestion des droits de propriété intellectuelle des acteurs, doubleurs, danseurs et metteurs en scène (AISGE), l’association espagnole des auteurs et éditeurs défenseurs de la propriété intellectuelle (CEDRO) et l’association espagnole des auteurs qui gèrent les droits d’auteur des artistes des arts plastiques (VEGAP), représentés par l’avoué Monsieur Blanco Fernandez Alfonso, opposés au jugement dicté en appel, dossier 441/99, par le Tribunal Provincial de Madrid, le 15 novembre 2001, émanant de la procédure de règlement des petits litiges n° 347/96 du Tribunal de Première Instance n°16 de Madrid. VU l’opposition d’EGEDA au pourvoi en cassation interjeté par JVC Espagne S.A ; l’opposition d’AGEDI au pourvoi en cassation interjeté par JVC Espagne S.A ; l’opposition de JVC Espagne S.A aux autres recours en cassation et l’opposition de SGAE, AISGE, AIE, CEDRO et VEGAP aux autres pourvois interjetés par JVC Espagne S.A. L’autre caractéristique d’un jugement espagnol et qui est totalement différent en français est : « FALLO. Que… » et on n’y peut pas échapper car il revient tout au long du texte. Il faut donc trouver une solution qu’on appliquera à chaque fois que ce terme apparait. En espagnol, en plus d’utiliser la première personne du singulier pour exprimer la décision, on utilise beaucoup de formes impersonnelles et l’impératif. En français, on utilise la troisième personne du singulier (ou la première du pluriel) pour exprimer la décision de justice et on emploi les mêmes verbes déclaratifs de manières abondantes. Ainsi, le « fallo que » se 43 traduirais par « le Juge », « le Tribunal », « le jugement rendu par le Tribunal/Juge ». Voici quelques exemples pour illustrer la solution que j’ai adopté : PRIMERO. - El Juzgado de Primera Instancia 16 de Madrid dictó sentencia de 1 de marzo de 1999 en juicio de menor cuantía 347/1996, cuyo fallo dice: «Fallo. Que estimando en parte PREMIEREMENT.- Le jugement rendu par le Tribunal de Première Instance n°16 de Madrid le 1er mars 1999 en procédure de règlement des petits litiges 347/1996 énonce que : « Le Tribunal se prononce partiellement[…] » Absolviendo « Le Tribunal acquitte […] » Y, desestimando « Le Tribunal déboute[…] » «Fallamos. Desestimando los recursos de apelación formulados « Le Tribunal rejette les appels interjetés[…] » Le nom des sources de droit national Le document original site plusieurs lois et instruments juridiques espagnols et sous forme d’abréviations : el RD, LEC, LPI. Pour avoir étudié les systèmes juridiques espagnol, français 44 et européen en début d’année j’ai su les reconnaître et les traduire. « RD » est en fait l’abréviation de Real Decreto qui se traduit pas « Arrêté Royal » selon IATE. « LEC » est la Ley de Enjuicimiento Civil et « LPI » la Ley de Propiedad Intelectual. Pour ces deux derniers il existe bien un équivalent : le Code de Procédure Civil et le Code de la Propriété Intellectuelle. On observe que ce n’est pas un équivalent direct puisqu’on distingue deux rangs légaux : en français on parle d’un Code alors qu’en espagnol il s’agit d’une loi. Comme nous l’avons étudié cette année, dans ce cas il faut trouver un compromis. Dans la pratique, le traducteur à l’habitude d’utiliser un terme « hybride ». Par exemple, lors d’une traduction réalisée en cours, nous avions à traduire à l’espagnol « Code de procédure pénale ». La solution adoptée avait alors été Codigo de Enjuiciamiento Criminal francés. Dans le cas présent je devais traduire au français la Ley de Enjuiciamiento Civil et la ley de Propiedad Intelectual. En m’inspirant de l’exemple précédemment cité, j’ai donc opté pour la solution suivante : la Loi de Procédure Civile espagnole et la Loi de la Propriété Intellectuelle espagnole. Autres difficultés de traduction L’avantage de ce type de document est que, dès l’en-tête, sont cités les thèmes dont traite le jugement. De cette manière, si je résous dès le début ces difficultés de traduction premièrement je capte le sujet du document et ai déjà résolu la plupart des difficultés de traduction qui suivrons car je suis quasiment sûre que ces termes réapparaitront plus tard. Dans ce document, propiedad intelectual, derecho de remuneración compensatoria, cinta de video doméstico de paso igual a 12,7mm et exclusión antes del RD de 1994 étaient les termes qui allaient le plus revenir le long du jugement. Il était donc primordial que je trouve une 45 solution de traduction que je respecterai à chaque fois. Le premier terme a été facile et je l’ai mis de côté rapidement. Les trois suivants m’ont posé davantage de difficultés. En naviguant sur le Net je me suis vite aperçue que cinta video doméstico de paso igual a 12,7mm correspondait en français à « cassette vidéo VHS ». Pour la traduction de derecho de remuneración compensatoria je me suis aidé du Code de la Propriété Intellectuelle. Ils utilisent la phrase « rémunération pour copie privée » pour désigner le versement des droits d’auteur. Dans le paratexte une abréviation m’a posé des difficultés et j’ai du demander à un ami qui a étudié le Droit (en Espagne) s’il connaissait sa signification. Id Cendoj. Je n’ai pas trouvé ce qu’il signifiait. En fait, c’était tout simple. Id Cendoj signifie : identificación del Centro de documentación Judicial. Le nom des associations Le jugement site un grand nombre d’associations espagnoles. Il les site littéralement. Le premier paragraphe du jugement est presque illisible. En effet, des points et des virgules sont situés de-ci de-là sans sens et il y a même plusieurs fautes de frape (reprentación, procutores, etc…). Il m’a fallu chercher sur Internet chaque association pour comprendre leur dénomination. Ainsi j’ai compris que le jugement reprend le nom de l’association tel qu’il est écrit dans l’intitulé de sa page internet (ou de leur en-tête sur des documents officiels). Voici comment ils apparaissent : 1- AGEDI : Asociación de Gestión de Derechos Intelectuales 46 2- EGEDA : Entidad de Gestión de Derechos de los Productores Audiovisuales 3- SGAE : Sociedad General de Autores y Editores 4- AIE : ARTISTAS Intérpretes o ejecutantes. Sociedad de Gestión (Sociedad de Artistas Intérpretes o Ejecutantes de España) 5- CEDRO : Centro Español de derechos reprográficos 6- AISGE : Artistas Interpretes. Sociedad de Gestión 7- VEGAP: Visual Entidad de Gestión de Artistas Plásticos La plupart de ces associations peuvent se traduire littéralement mais les deux dernières nécessitent une autre traduction. Je me suis inspirée de la présentation de leur site Internet pour trouver une traduction correcte. Voici ma proposition de traduction : 1- AGEDI : Asociación de Gestión de Derechos Intelectuales > l’association de Gestion de la Propriété Intellectuelle (je l’ai traduit ainsi suite à ce que j’ai lu sur leur site dans l’onglet « Quiénes somos ? »). 2- EGEDA : Entidad de Gestión de Derechos de los Productores Audiovisuales > l’Organisme de Gestion des Droits des Producteurs de l’Audiovisuel. 3- SGAE : Sociedad General de Autores y Editores > la Société Générale des Auteurs et Editeurs. 4- AIE : ARTISTAS Intérpretes o ejecutantes. Sociedad de Gestión (Sociedad de Artistas Intérpretes o Ejecutantes de España) > l’association espagnole des Artistes Interprètes (je n’ai pas traduit “ejecutante” car la définition espagnole dit que c’est un artiste qui interprète une œuvre musicale. En français « artiste » ou « interprète » sont des termes 47 qui désignent autant les musiciens que les humoristes, les chanteurs, etc. Ils ont un sens large). 5- CEDRO : Centro Español de derechos reprográficos > l’association de gestion des droits de la propriété intellectuelle des auteurs et éditeurs espagnols. 6- AISGE : Artistas Interpretes. Sociedad de Gestión > l’organisme de gestion des droits d’auteur des acteurs, doubleurs, danseurs et metteurs en scène 7- VEGAP: Visual Entidad de Gestión de Artistas Plásticos > l’association espagnole qui gère les droits d’auteur des artistes de l’art visuel Exclusión/ exceptuación reglementaria Avec ces deux termes je me suis confrontée à beaucoup de difficultés ! Je ne comprenais pas la signification de Exclusóon antes del RD de 1994. Dans un premier temps je l’ai traduis par « suppression » mais « antes de » me posait problème. Je n’arrivai pas a obtenir une phrase qui soit correcte. Alors, je l’ai laissé ainsi et ai pensé y revenir plus tard. Ensuite, dans le corps du texte, revenaient régulièrement les expressions exclusión de la remuneración compensatoria et exceptuación reglementaria ou exceptuación de la remuneración compensatoria. Littéralement, exclusión signifie « exclusion » mais la traduction ne me satisfaisait pas. J’ai donc cherché des synonymes d’ « exclusion » et en ai retenu plusieurs : élimination, exception, rejet et suppression. Ensuite, j’ai cherché la traduction d’ « exceptuación » mais ce terme n’existait pas. Ce n’était pas la première fois 48 dans ce jugement qu’un terme utilisé n’existait pas ! Le dictionnaire de la Real Academia me proposait la définition d’ « aceptuar » : “ Excluir a alguien o algo de la generalidad de lo que se trata o de la regla común”. Il était évident que exceptuación était un synonyme d’«exception» et donc d’ « exclusion ». Une amie m’a également suggéré le terme « dérogation ». Selon le dictionnaire CNRTL une dérogation est « le fait de déroger à une loi ». Qu’est-ce que « déroger » alors ? C’est le fait de « manquer aux prescriptions d’une loi, d’une convention, s’écarter d’un principe directeur ». Je ne pense pas que ce terme convienne ici. Les synonymes de « déroger » renforce mon opinion : enfreindre, violer, transgresser, etc. N’étant pas satisfaite des termes trouvé, j’ai réalisé ma traduction en utilisant un terme littéral : exclusion. C’est en relisant et corrigeant ma traduction qu’il m’est venu à l’idée « exonération ». Selon le dictionnaire CNRTL c’est la « dispense de payer des taxes » et parmi ses synonymes ont trouves : exemption, décharge, etc. J’ai donc opté pour la solution d’ « exonération de la rémunération pour copie privée », mais en gardant pour certain cas, le terme « exception » ou encore le terme « exemption ». 49 Glossaire bilingue Termes espagnols Termes français Absolver Relaxer Celo ferveur Colegio profesional Ordre, Association, corporation. Ex: Ordre Definición del Maria Moliner : Asociación des avocats, ordre des architectes, ordre des oficial que forman los individuos de ciertas médecins. profesiones o pertenecientes a cierta clase, que representa y defiende sus intereses colectivos. Contado Paiement comptant Demanda Action en justice Demanda reconvencional Demande reconventionnelle Définition : "Reconventionnelle" est le qualificatif donné à la demande incidente par laquelle, en procédure civile, le défendeur à une instance se porte lui-même demandeur contre le requérant. Les demandes reconventionnelles sont recevables en cause d'appel. L'appel incident fait par un intimé est aussi 50 un "appel reconventionnel". Derecho de remuneración compensatoria Rémunération pour copie privée Desestimar Rejetter, mettre hors de cause Encomendar Confier Escritura pública Acte notarié Estimar Trancher, juger, rendre une décision à l’égard de, statuer sur, décider, se prononcer sur Selon Proz : Diplômé en Droit du Travail Graduado Social Impuesto de Actividades Económicas Taxe professionnelle, (I.A.E) l’activité professionnelle Inobservancia Non-respect, impôt manquement, local sur violation, transgression INSS Institut National de la Sécurité Sociale Instituto nacional de la seguridad social Litigante Partie à l’instance, partie plaidante, plaideur, partie en litige, partie au procès Ponderar confier Proceder a Poursuivre, donner suite, exécuter Recurso de amparo Recours en amparo 51 Définition : Recours judiciaire permettant, dans divers demander pays la hispanophones, protection (amparo) de d'un tribunal pour obtenir le respect d'un droit garanti par la constitution mais violé par le pouvoir judiciaire ou par le pouvoir exécutif. Registro de sociedades profesionales Registre du commerce et des sociétés Sala de lo Civil Chambre Civile Sala Primera Première Chambre Sentencia Jugement ou arrêt Supuestos de excepción Littéralement, hypothèses d’exception. Ici, dérogation (une dérogation constitue une exception dans l’application d’une règle d’origine contractuelle, légale ou administrative) Tribunal Supremo Cour de Cassation Venia Permission Sources : www.termium.gc.ca , www.proz.com, www.iate.europa.eu , www.juritravail.com , et les dictionnaires de www.lexilogos.com 52 Conclusion Après avoir réalisé ce travail, j’aimerai conclure par le fait que même en ayant continuellement gardé en tête qu’il n’existe pas une unique traduction correcte mais plusieurs (tant que les décisions de traduction peuvent se justifier), d’une part, et qu’en traduction juridique il faut rester fidèle au texte source, d’autre part, je me pose toujours autant de questions face à certains termes. J’avais l’impression que je n’allais jamais être satisfaite de ma traduction. A chaque fois que je la relisais, j’avais un œil critique sur certaines propositions de traduction, et de nouvelles réflexions me venaient à l’esprit. La traduction est une activité vraiment passionnante dans le sens où ce n’’est pas une discipline figée et qu’elle donne lieu à de nombreuses conversations tant avec moi-même qu’avec des amis ou des camarades. Le fait de débattre avec ces derniers m’apporte beaucoup et m’aide à trouver des solutions de traduction et surtout expliquer mon choix. D’une certaine façon, heureusement qu’une date était fixée pour rendre le travail sinon je pense que je ne le rendrais jamais, tant j’ai envie de le corriger et de le modifier chaque fois que je le lis. Pour conclure mon dossier de façon plus générale, j’aimerai réagir sur le thème de la différenciation des types de traduction. Comme on l’a vu, plusieurs critères et caractéristiques sont avancés pour tenter de distinguer ces trois types de traduction, et même cinq types de traduction, mais il faut garder en tête que ces catégories ne sont pas figées. Suite à toutes ces réflexions que j’ai lu sur le sujet, je me demande alors pourquoi le Master s’intitule « Master de Traduction Institutionnelle » ? Si je suis les informations fournies par Emilio Ortega la traduction institutionnelle serait la traduction qui travaille sur des textes émanant des institutions européennes et/ou internationale. Il s’agirait de textes de natures et de thèmes très variés. Donc cet intitulé serait erroné. « Master de traduction juridique » ne serait pas non plus 53 approprié. En effet, il s’agirait de traduire uniquement des textes de nature juridique et économique. Pourquoi ne pas l’avoir intitulé « Master de Traduction de textes de spécialité : documents de nature juridique, judiciaire, institutionnel et économique » ? En effet c’est un terme au sens large, qui suppose qu’il s’agit de textes ayant des caractéristiques propres telles que des thèmes de spécialité, une terminologie hautement spécialisée (juridique, financier, économique, judiciaire, etc.), des textes de natures spécifiques. De plus ces documents ont été produit dans une situation de communication officielle ou formelle, les personnes en relation avec ces documents (auteurs/lecteurs) possèdent une formation spécialisée. Toutes ces caractéristiques supposent que le traducteur doit être en possession de quelques compétences telles que la connaissance de ces thèmes, de la terminologie, et des différentes natures de document. Et bien, cette année, la matière « ordenamientos jurídicos comparados » m’a apporté les outils pour me documenter sur les différents systèmes juridiques en action dans ma spécialité (espagnol, français, européen), ensuite avec « traducción jurada », j’ai eu une approche (textes de natures différentes, avec une terminologie propre à chaque texte et une situation de communication différente) pour traduire des documents judiciaires et administratifs ainsi que quelques connaissances sur comment réaliser une traduction assermentée. La matière « traducción para los organismos internacionales » m’a fourni des connaissances de base sur réalisation d’une traduction pour l’ONU et pour l’UE, et ses caractéristiques. On m’a également appris les méthodes de traduction pour traduire un texte de nature économique ou financière. En résumé, ce Master m’a offert un panel général des différents types de texte que je pourrais rencontrer à l’avenir, avec leurs spécificités et les procédés de traduction a appliquer selon les situations. Ce Master m’a appris à me documenter de manière rapide et efficace. Je trouve que l’intitulé « Master de Traduction de textes de spécialité : documents de nature juridique, judiciaire, institutionnel et économique » lui conviendrait davantage. 54 Bibliographie ORTEGA ARJONILLA, Emilio (2009): La Traducción Judicial (Frances-Español/ EspañolFrancés) a examen : conceptualización, práctica profesional y aplicaciones didácticas, 2ª edición, pp. 53-75. ORTEGA ARJONILLO, Emilio (2005): La traducción jurídica, jurada y judicial: aspectos teóricos, metodológicos y profesionales. Monzo Nebot, E. y A. Borja Albi (eds.): La traducción y la interpretación en las relaciones jurídicas internacionales, Castello de la Plana: Universitat Jaume I, pp. 113-129. ANDUJAR MORENO, Gemma (2007): Técnicas de traducción jurada: un análisis contrastivo francés-español, Sendebar. Revista de Traducción e Interpretación, núm. 18, pp. 109-125. SAN GINES AGUILAR, P. y E. ORTEGA ARJONILLA (eds.) (1997): Introducción a la traducción jurídica y jurada (ingles-español), Granada, Comares, colección Interlingua (2ª ed.) (1ª ed. De 1996) HURTADO ALBIR, Amparo (2008) : Traducción y traductología : introducción a la traductología, Ediciones Catedra, 4ª edición 55 Sources électroniques Bases de données : Base de données interactive en 23 langues pour la terminologie de l’Union Européenne. Disponible sur : http://iate.europa.eu Base de terminologie pour traducteurs. Disponible sur : http://www.proz.com Banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada. Disponible sur : http://www.termium.gc.ca Dictionnaires : Site Internet regroupant des dictionnaires bilingues et unilingues de plus d’une centaine de langues. Disponible sur : http://www.lexilogos.com Centre National de Ressources textuelles et lexicales. 56 Disponible sur : http://www.cnrtl.fr Dictionnaire juridique. Disponible sur : www.dictionnaire-juridique.com Liens utiles en français : Service publique pour la diffusion du Droit (codes en vigueur, jurisprudence, publications officielles, etc.). Disponible sur : www.legifrance.gouv.fr Site sur le Droit du Travail en France (lexique, législation, etc.). Disponible sur : http://www.juritravail.com Site d’actualité sur l’orientation et l’emploi des étudiantes. Disponible sur : http://www.studyrama.com/ Site du Barreau de Rennes. Disponible sur : http://www.ordre-avocats-rennes.com/barreau-Rennes.html 57 Site du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. Disponible sur : http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid20190/organisation- licence-master-doctorat-l.m.d.html Liens utiles en espagnol : Portail international de l’Université d’Alicante sur la Propriété Industrielle et Intellectuelle et la Société de l’Information : Disponible sur : http://www.uaipit.com/es/index.php L’Ordre des Diplômés en Droit du Travail d’Alicante. Disponible sur : http://www.consultor.com/index.php?seccion=presentacion Encyclopédie Wikipédia. Disponible sur : http://www.es.wikipedia.org 58