L`actionnariat salarié est-il un bon placement

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L`actionnariat salarié est-il un bon placement
L’actionnariat salarié est-il un bon placement ?
Investir en Bourse n’est jamais sans risque, mais les avantages de l’actionnariat salarié
réduisent ces risques et augmentent sérieusement le potentiel de gains pour les salariés de
sociétés cotées en Bourse incités à devenir actionnaires de leur entreprise dans ce cadre.
Deontofi.com vous en dit plus. (photo © GPouzin)
Face à la baisse de rendement des placements traditionnels et aux risques des placements
alternatifs ou exotiques, l’actionnariat salarié semble une niche privilégiée pour les
épargnants qui peuvent en bénéficier. Fiscalité et conditions de souscription avantageuses,
quels sont les atouts de l’actionnariat salarié ? Les réponses de Deontofi.com.
Cinq minutes pour comprendre : retrouvez ici l’interview vidéos de Gilles Pouzin
dans l’émission Ecorama sur Boursorama TV le 19/9/2016
1/ L’actionnariat salarié, qu’est-ce que c’est ?
L’actionnariat salarié est un type de placements destiné à une catégorie d’épargnants bien
spécifiques, et malheureusement assez restreinte, presque élitiste d’une certaine manière
puisqu’elle n’est pas accessible à tout le monde.
Il s’agit de l’intersection entre deux sous-ensembles de placements. On a d’un côté
l’épargne salariale, avec ses plans d’épargne d’entreprise (PEE) et ses fonds communs de
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placements d’entreprise (FCPE), qui sont destinés aux salariés, et souvent proposés dans les
entreprises de plus de 50 personnes, notamment dans le cadre de l’intéressement ou de la
participation aux bénéfices de l’entreprise.
D’un autre côté, on a l’actionnariat, c’est-à-dire le fait de posséder des actions d’une
entreprise. Hé bien l’actionnariat salarié, c’est la possibilité, pour des salariés, d’acheter
des actions de l’entreprise dans laquelle ils travaillent, dans le cadre d’un dispositif
d’épargne salariale.
2/ Qui est concerné par l’actionnariat salarié ?
Pour y avoir accès, il faut être salarié dans une entreprise qui propose ce dispositif, qui est
généralement restreint aux sociétés cotées en Bourse. Cela existe aussi dans des sociétés
non cotées en Bourse, mais cela pose davantage de problèmes pour déterminer la
valorisation des actions et surtout pour récupérer son argent.
Selon une récente étude réalisée par le cabinet Eres, spécialisé dans l’épargne salariale,
près de 80% des sociétés cotées en Bourse proposent à leurs salariés de souscrire des
actions de leur entreprise, sur un échantillon de 260 sociétés cotées. Et au sein de ces
sociétés qui le proposent, environ 4 salariés sur 10 sont devenus actionnaires de leur
entreprise.
3/ Comment ça marche ? Quels sont les avantages et les contraintes ?
Le principe est que les entreprises, surtout quand elles sont cotées en Bourse, peuvent
proposer à leurs salariés de souscrire à leurs actions, soit en direct, soit par le biais d’un
fonds d’actionnariat salarié qui n’investit que dans leur entreprise, dans le cadre d’un plan
d’épargne d’entreprise. Ces actions ou ces fonds d’actionnariat salarié supportent quelques
contraintes, principalement le fait que l’argent est normalement bloqué cinq ans, même s’il
y a de nombreuses possibilités de déblocage anticipé.
En contrepartie de ces contraintes, les avantages sont multiples.
D’abord les gains sont exonérés d’impôt sur le revenu et sur les plus-values, à l’exception
des prélèvements sociaux de 15,5%, un peu comme dans un PEA mais sans plafond.
Ensuite les conditions de souscription des actions proposées aux actionnaires salariés sont
doublement avantageuses. Premièrement, ils bénéficient généralement d’une décote, c’està-dire un rabais sur le prix d’achat, qui peut aller jusqu’à 20% par rapport à la valeur des
actions proposées, au moment de leur achat. Par exemple, si le cours de Bourse des actions
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de l’entreprise est de 100€ par action, l’employeur peut proposer à ses salariés d’en acheter
avec 20€ de rabais, à 80€ par action au lieu de 100€. Dans certains cas, le rabais peut même
être porté jusqu’à 30% si les salariés s’engagent à conserver leurs actions pendant dix ans.
Dans la pratique, si l’on prend les opérations analysées par le cabinet Eres, les salariés ont
bénéficié en moyenne d’un rabais de 17%, c’est-à-dire la possibilité d’acheter des actions de
leur entreprise à 83€ quand elles valaient 100€ en Bourse, ce qui représente une plus-value
immédiate de 20% en cas de revente à ce cours.
4/ Quel autre avantage en plus de ce rabais ?
Un rabais de 17% sur le prix d’achat d’un placement permettant une plus-value de 20%,
c’est déjà un sacré avantage par rapport aux conditions d’investissement ordinaires, mais ce
n’est pas le seul avantage, car les sociétés proposant un plan d’actionnariat salarié peuvent
aussi ajouter un coup de pouce supplémentaire pour inciter leurs salariés à devenir
actionnaires de leur entreprise, en prenant en leur offrant un cadeau, appelé abondement,
pour prendre en charge une partie de leur investissement. Ce cadeau, l’abondement de
l’employeur, peut aller jusqu’à trois fois le montant investi par les salariés, dans certaines
limites selon le type d’épargne salariale concernée. Pour l’épargne salariale classique sur un
PEE avec des fonds de placements diversifiés ou sans risque, l’abondement donné par
l’employeur est plafonné à 3 089,28 €. Mais là encore, coup de pouce supplémentaire pour
l’actionnariat salarié, le plafond d’abondement peut aller jusqu’à 5 560,704 € pour inciter
les salariés à acheter des actions ou des certificats d’investissement de leur entreprise. Cet
abondement bénéficie en plus d’une fiscalité favorable puisqu’il est n’est pas taxé comme
les salaires, mais avec quasiment trois fois moins de charges sociales en plus d’une
exonération d’impôt sur le revenu.
En moyenne, l’abondement versé par les entreprises pour inciter leurs salariés à
économiser sur leur PEE, toutes catégories de PEE confondues, est un peu supérieur à 500
euros par an et par salarié dans les PME, et au-dessus de 1000 euros par an et par salarié
dans les 120 principales sociétés cotées en Bourse, selon les statistiques du ministère du
travail (Dares).
Et parmi les sociétés de l’indice SBF 120 ayant proposé des opérations d’actionnariat
salarié, le cabinet Eres a calculé que près de 8 sur 10, 78% précisément, offraient un
abondement de ce type à leurs salariés pour les inciter à souscrire des actions de leur
entreprise.
5/ Les actions sont quand même soumises aux aléas de la Bourse, est-ce que
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l’actionnariat salarié est moins risqué ? Est-ce que ça rapporte ?
Bien sûr, il y a toujours un risque à investir dans des entreprises. Elles peuvent faire faillite
ou traverser des difficultés financières et dans les cas extrêmes, les actionnaires salariés
peuvent perdre leurs économies en plus de leur emploi quand leur entreprise va mal. On a
vu des situations de ce type dans des grands groupes ou des banques cotées en Bourse lors
des krachs de 2002 et de 2008. En même temps, les avantages de l’actionnariat salarié
atténuent les risques de la Bourse grâce aux conditions de souscriptions favorables.
Pour en avoir le cœur net, le cabinet Eres a épluché 123 opérations d’actionnariat salarié
proposées par 42 sociétés de l’indice SBF 120 entre 2006 et 2010, pour calculer si elles
étaient gagnantes ou perdantes cinq ans après, ce qui correspond au délai théorique de
blocage. Dans 7 cas sur 10, 72% précisément, les salariés étaient gagnants, rien qu’avec le
rabais sur le prix de souscription de leurs actions, alors que l’achat d’actions de ces mêmes
entreprises par des épargnants ordinaires, sans le rabais proposé aux salariés, n’était
gagnant que dans 6 cas sur 10. Ces opérations étaient certainement encore plus rentables
en tenant compte de l’abondement donné par l’employeur, mais la plupart des entreprises
ne communiquent pas cette information.
Donc oui, l’actionnariat salarié s’avère moins risqué et plus performant que l’actionnariat
ordinaire dans les mêmes sociétés cotées en Bourse. Ensuite, comme toujours dans la
gestion de patrimoine en bon père de famille, attention à ne pas mettre tous ses œufs dans
le même panier. Dans certaines entreprises, on a vu par exemple des responsables des
ressources humaines émettre des conseils de prudence à leurs salariés en leur
recommandant de ne pas souscrire uniquement aux plans d’actionnariat de l’entreprise,
mais de diversifier aussi leur épargne avec d’autres fonds diversifiés proposés dans leur
PEE. Or, c’était à une époque où l’action de leur entreprise avait tellement la cote que les
salariés insultaient quasiment leur direction pour ces conseils de prudence en les
soupçonnant de vouloir limiter les achats d’actions de l’entreprise qui bénéficiaient d’un
abondement plus favorable. Mais avec la crise bancaire, ces actions ont ensuite perdu 80%
de leur valeur et beaucoup d’actionnaires salariés ont regretté de ne pas avoir diversifié
davantage leur Plan d’épargne entreprise.
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