Vers une approche intégrée de la lutte contre les limaces dans le
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Vers une approche intégrée de la lutte contre les limaces dans le
Institut National Agronomique Paris-Grignon Département AGER Agronomie Environnement 16, rue Claude Bernard 75231 Paris Cedex 05 Initiation à l’ingénierie de projet « Enjeux et stratégies pour les productions végétales : perspectives au plan régional » Vers une approche intégrée de la lutte contre les limaces dans le Sud de la Meuse Etude réalisée par les étudiants de 2ème année de l’INA P-G : Norbert BUYSSE Sarah GILLET Émilie GUILLEMAN Aurélie TOILLIER * Février – Mars 2001 * AVERTISSEMENT Ce rapport, rédigé par les étudiants de deuxième année de l’INA-PG, conclut une séquence d’enseignement de 2 mois axée sur l’initiation à l’ingénierie de projet (INIP), intitulée « Enjeux et stratégies pour les productions végétales : perspectives au plan régional ». En 2001, cette INIP s’est déroulée dans le Barrois de la Meuse. La démarche adoptée pour mener à bien cette étude comprend deux étapes. Tout d’abord, la réalisation d’un diagnostic de l’agriculture dans le Barrois, à partir de l’analyse du milieu physique et du contexte économique, d’enquêtes auprès d’exploitants agricoles et d’entretiens avec les partenaires institutionnels de l’agriculture. Ce diagnostic débouche sur des constats sur lesquels nous nous sommes appuyés pour envisager différents scénarios d’évolution des exploitations agricoles, des productions végétales ou de leur transformation, de l’aménagement de l’espace. Parmi ceux-ci, nous en avons retenu six, constituant des avantprojets, menés par petits groupes d’étudiants, dans l’objectif de contribuer à faire évoluer l’agriculture du Barrois en fonction des atouts, des contraintes et des enjeux de l’agriculture dans cette petite région. Ce rapport est le document de restitution d’un des six projets. Nous tenons à attirer l’attention du lecteur sur le fait qu’il s’agit là d’une initiation au projet d’ingénieur, dont l’objectif est avant tout pédagogique. Ce document ne présente donc pas les conclusions définitives d’un projet, mais ébauche des solutions et des perspectives selon le point de vue des étudiants. D’autre part, certaines hypothèses de travail n’ont pas été discutées en profondeur par manque de temps. Cependant, il nous semble que par la méthodologie développée, l’analyse des productions végétales sur la petite région d’étude et les perspectives proposées, ce document intégralement conçu par les étudiants peut intéresser les acteurs du développement local. L’équipe enseignante Stéphane de Tourdonnet Thierry Doré Jean Roger-Estrade Remerciements Les enseignants du Département AGER (Agronomie et Environnement) de l’INA-PG ainsi que les étudiants qui ont réalisé cette étude tiennent à remercier toutes les personnes qui les ont aidé dans leur démarche en acceptant de répondre à leurs questions. Ils tiennent également à remercier les membres du GVA de la Vallée de la Saulx et son Président, Jean-Pierre Arnould, qui ont largement contribué au succès de cette opération. SOMMAIRE Introduction : ..............................................................................................................................1 I. Biologie des limaces................................................................................................................1 1) Description..........................................................................................................................2 2) Conditions du milieu influençant la densité des populations..............................................4 3) Discussion ...........................................................................................................................5 II. Lutte chimique .......................................................................................................................7 1) Les molluscicides disponibles.............................................................................................7 2) Les paramètres d’efficacité de la lutte chimique ................................................................7 3) La lutte chimique dans le Barrois : comment l’optimiser ? ................................................8 III. Grilles de risque....................................................................................................................9 1) Tableau rotation x sol..........................................................................................................9 2) Pratiques culturales ...........................................................................................................11 IV. Lutte biologique .................................................................................................................16 1) Utilisation des nématodes contre les limaces : .................................................................16 2) Utilisation des carabes contre les limaces.........................................................................18 3) Les robots carnivores (Slugbots) ......................................................................................19 4) Effets d’extraits de plantes sur les limaces .......................................................................19 5) Attractions différentes des limaces pour certaines plantes ...............................................20 Conclusion ................................................................................................................................20 Introduction On observe depuis environ 20 ans une généralisation des dégâts causés aux cultures par les limaces en Lorraine. Les attaques de limaces, très dépendantes du climat, sont aussi favorisées par des facteurs tels que la nature des sols (argileux à argilo-limoneux), les rotations courtes essentiellement composées de cultures d’hiver et la simplification du travail du sol en général. Depuis trois ans, les conditions climatiques ont été particulièrement favorables au développement des populations de limaces : humidité constante et températures douces tout au long de l’année. En conséquence, les attaques ont été plus nombreuses et les dégâts plus importants. Pour les agriculteurs, cette recrudescence des limaces signifie un accroissement des dépenses de traitements (qui n’ont pas toujours l’efficacité escomptée) et parfois l’obligation de ressemer certaines parcelles (avec des conditions d’implantation moins bonnes). Devant l’aggravation du problème en dépit du recours généralisé aux anti-limaces, il est nécessaire d’avoir une approche de lutte intégrée, tenant compte de l’ensemble du système de culture. A partir d’une étude bibliographique et de discussions avec des organismes techniques et des fabricants de molluscicides, nous avons réalisé une synthèse des connaissances concernant le comportement des limaces en interaction avec les facteurs du milieu et du système de culture, ainsi qu’une revue des principales méthodes de lutte. En confrontant ces connaissances aux situations rencontrées dans les exploitations de la zone d’étude (Sud de la Meuse), nous avons cherché dans un premier temps à établir une grille de risques, puis à définir dans chaque situation les améliorations possibles qui permettraient de lutter plus efficacement contre les limaces. Chaque proposition est discutée sachant qu’elle a des répercutions sur l’ensemble de la gestion des cultures. Enfin, nous avons détecté un certain nombre de références restant à acquérir localement pour répondre à des interrogations sur l’effet de certaines pratiques sur les limaces ou encore des données à recueillir concernant le cycle des limaces en Meuse. I. Biologie des limaces Les limaces se déplacent à la surface du sol, surtout la nuit. Le jour, elles restent cachées dans les anfractuosités du sol. Leur activité est conditionnée par la température (principalement entre 13 et 18°C) et l'humidité. Les limaces se nourrissent essentiellement de matière végétale vivante et consomment de façon journalière environ la moitié de leur poids. Parmi les nombreuses limaces présentes dans les cultures, deux espèces sont majoritaires et les plus nuisibles pour les grandes cultures. Il s'agit de Deroceras reticulatum (la limace grise) et de Arion hortensis (la limace noire). D'après des expériences de piégeage réalisées dans les années 80, l'importance relative des espèces ravageuses dans le département de la Meuse serait de 81,6% de limaces grises, 18,4% de limaces noires et 0,04% d'autres espèces. Page 1 1) Description • La limace grise ou Loche (Deroceras reticulatum) D'une taille d'environ 5 cm à l'état adulte, elle est de couleur allant du gris au beige, plus ou moins tacheté. Les oeufs de limace grise éclosent tout au long de l'année. Un individu vit entre neuf mois et un an. Les pontes peuvent avoir lieu toute l'année, mais principalement lorsque la température est moyenne et l'humidité du sol importante, donc de septembre à novembre et de mars à mai. Chaque individu peut pondre entre 30 à 200 œufs sphériques et blancs, translucides, groupés par paquets d'une dizaine. La durée d'incubation varie avec la température : de 15 à 20 jours à 20°C et plus de trois mois à 5°C. Etant donné les exigences climatiques, la répartition des populations sur une grande superficie n'est jamais régulière et dépend des microclimats, donc des abris. Pendant la journée, la limace grise reste cachée proche de la surface du sol ou sous des végétaux ; pendant l'hiver, elle s'enfonce dans le sol pour résister au froid. • Cycle en Lorraine: En général, deux générations s'observent par an, la première génération prend naissance à la fin de l'automne ou au printemps, l'autre à la fin de l'été ou en automne, chacune se renouvelant un an plus tard. Un chevauchement des deux générations se produit donc, la durée de vie étant de neuf mois à un an. - La première génération provient des pontes d'automne : les œufs éclosent quelques semaines ou quelques mois après la ponte, selon les conditions climatiques. Les œufs pondus à la fin de l'automne n'éclosent généralement qu'au début du printemps. Au printemps, on retrouve donc des jeunes limaces ayant passé l'hiver à ce stade ou venant d'éclore des œufs de fin d'automne. Ces individus grandissent et deviennent matures en automne. Les limaces grises se reproduisent, pondent et meurent environ un an après les pontes dont elles proviennent. - La seconde génération provient de la ponte de quelques adultes au printemps. La croissance des limaçons est fortement diminuée pendant la période sèche de l'été, et ils ne deviennent matures qu'au printemps suivant. Les deux cycles sont donc indépendants, mais un passage d'un cycle à l'autre est possible suivant les conditions climatiques. Page 2 C'est ce que l'on observe pour le moment en Lorraine. Des hivers doux et des étés pluvieux s'étant succédés ces trois dernières années, on retrouve des individus de tous âges à tous moments, ce qui rend la lutte beaucoup plus difficile. Génération de Printemps éclosion Printemps Eté Automne éclosion ponte mort Hiver Printemps 2ème éclosion ponte d'automne Hiver Automne ponte mort Génération d'Automne • La limace noire ou horticole (Arion hortensis) Bien que moins active, cette espèce possède un mode de vie assez voisin de celui de la limace grise. Son activité se maintient à des températures plus basses (5°C) que celles qui sont exigées par la Limace grise. Sa durée de vie est un peu plus longue : environ un an. La limace horticole s'enterre plus facilement dans la journée et se déplace dans le sol par les anfractuosités. Cependant, il faut bien souligner que les limaces sont incapables de creuser. La limace horticole est plus attirée par les organes souterrains des végétaux. Elle peut ne pas sortir la nuit et consommer directement les racines ou les collets des plantes. Sa détection est encore plus difficile. Comme pour la limace grise, on trouve dans les champs des individus de tous âges. • Cycle en Lorraine: Le cycle de reproduction de la limace noire n'a été étudié qu'en Belgique et en Angleterre. Ce cycle reste à préciser pour le territoire français, d'autant que les particularités biologiques chez les différentes espèces de limaces noires, récemment différenciées sont insuffisamment connues. Néanmoins, le cycle de Arion distinctus, une espèce très proche de Arion hortensis, qui était confondue avec celle-ci avant 1977, a été étudié en Alsace et en Lorraine. Page 3 Son cycle est très proche de celui de la limace grise, avec une génération d'automne et une génération de printemps, Les limaces noires meurent un peu plus tardivement après la ponte, respectivement en hiver et en été. Génération de Printemps éclosion Printemp Eté éclosion Automne Hiver ponte Printemps mort Eté ponte Automne mort Hiver Génération d'Automne 2) Conditions du milieu influençant la densité des populations. • climat - Les conditions sèches et le gel empêchent l'activité des limaces, mais ne les font pas disparaître. Ils retardent seulement la croissance et augmente de ce fait l'intervalle entre les générations. Les limaces s'enfoncent plus profondément dans le sol pour échapper au gel et à la déshydratation. - Lorsque le sol est humide, la hausse des températures favorise l'activité des limaces. • Sol - Les limaces sont surtout fréquentes dans les sols argileux et argilolimoneux. En effet, les limaces préfèrent les sols suffisamment aérés, avec des cavités qui leur permettent de se déplacer. - Les lits de semence motteux favorisent les dégâts de limaces, mais l'effet de la présence de cailloux est beaucoup moins net. - Les matières végétales en décomposition constituent un aliment et un abri pour les limaces. - Les sols à forte teneur en matière organique favorisent indirectement les limaces par leur rétention en eau élevée. Remarque : Le CETIOM note un lien entre le pourcentage de matière organique et les situations à forts dégâts. Cet effet se confirme surtout en sols argileux et argilolimoneux. Dans ces types de sols, les résidus de récoltes se mélangent moins facilement à la terre et peuvent former des amas. • cultures Il faut considérer les cultures sous plusieurs aspects: -appétence: Les limaces sont polyphages mais elles ont des préférences alimentaires. Ces préférences peuvent provenir de barrières physiques comme la présence de silice dans la plante ou même une forte pilosité. Mais généralement, elles sont dues à la présence de substances anti-appétantes ou phagostimulantes. Il y aurait également un effet "conditionnement" : une limace née dans un champ de tournesol aura des préférences pour le Page 4 tournesol. Pour une même espèce, les limaces manifestent des préférences alimentaires selon les variétés. Dans le cas du colza, qui est très appétant, les variétés à faible taux de glucosinolates sont plus sensibles aux attaques de limaces. C'est le cas des variétés les plus récentes, sélectionnées précisément pour leur faible teneur en glucosinolates (substances qui ne doivent pas dépasser un certain seuil dans les tourteaux destinés à l'alimentation animale). -abris: Les plantes fournissent un couvert et protègent les limaces. Les légumineuses et les crucifères offrent grâce à leur importante couverture végétale un microclimat favorable aux limaces. - rotation : Dans le cas de la Meuse, les rotations colza - blé - orge d'hiver sont très favorables aux limaces car les cultures sont présentes 10 à 11 mois par an. Durant tout ce temps, les limaces ne sont pas dérangées par le travail du sol et sont fournies en nourriture et en abris. Dans une rotation avec culture de printemps, elles sont dérangées à plusieurs époques : été, déchaumage, labour en automne - hiver, reprises au printemps. • ennemis naturels Les limaces possèdent une gamme variée d'ennemis naturels dont l'importance dans la limitation des populations est méconnue. - Parmi les vertébrés, les oiseaux tels que l'étourneau, la mouette rieuse, le vanneau huppé, la corneille, le corbeau freux ou le pigeon domestique forment parfois des bandes importantes dans les grandes cultures, qui pourraient exercer un impact sur les populations de limaces. Cependant, les limaces n'entrent pas ou peu dans leur régime alimentaire. - Parmi les invertébrés, les prédateurs sont principalement les carabes. Ce sont surtout les grandes espèces de carabes qui s'attaquent aux limaces, mais les petites espèces peuvent consommer les œufs. - Les parasites les plus fréquemment signalés sont des protozoaires, des plathelminthes, des nématodes et des diptères. 3) Discussion La biologie de la limace n'est pas parfaitement connue. Le cycle de Arion hortensis soumis aux conditions climatiques françaises n'a jamais été étudié. Or, la maturité et donc la période de ponte, la longévité, sont directement liées au climat. Plus encore, au niveau des populations de limaces, il reste de grandes zones de flou : les mécanismes de fluctuation des populations, leur faculté de déplacements au cours d'une année, les taux de survie et les conditions dans lesquelles elles passent les périodes de sécheresse et de froid, sont des éléments qui restent relativement obscurs. Enfin, on n'a que très peu de données concernant l'importance économique des dégâts provoqués par les limaces en grande culture. Page 5 Tableau récapitulatif des matières actives molluscicides matière active (teneur) métaldéhyde (5%) mode d'action • destruction des mucocytes conduisant à une deshydratation accélérée • paralysie des muscles touchant la nutrition (Bailey 1989) dépolymérisation au soleil sensibilité actif dès 15°C spectre d'action mercaptodiméthur (4%) • toxique nerveux (inhibiteur de la cholinestérase) qui réduit la tonicité musculaire et inhibe les battements cardiaques • attaque fortement les entérocytes hydrolysé en milieu alcalin et instable à pH bas actif dès 6°C sur limaces grises et 16°C sur limaces noires thiodicarbe (4%) bloque le système digestif des limaces par action sur la transmission nerveuse bensultap (5%) bloque au niveau des synapses les sites récepteurs de l'acétylcholine : les limaces meurent par une action neurobloquante irréversible DL50 (mg/kg pour le 630 rat) 100 66 1120 la Xn, dangereux pour le gibier T, dangereux pour les poissons et T, dangereux pour la faune Xn et les chiens le gibier aquatique et les abeilles répulsif pour le gibier à poil et à plumes action répulsive 7 kg/ha soit 30 à 35 granulés 3 kg/ha soit 18 à 20 granulés au 5 kg/ha soit 30 granulés au 7.5 kg/ha soit 60 granulés dose recommandée au m² m² m² au m² 110 à 120 F 150 à 160 F 150 à 160 F 145 à 155 F prix de revient indicatif à l'hectare Métarex RG (De Sangosse, Mesurol, Mesurol RF (VS) et Skipper (Aventis, VH) classé Malice (Jouffray-Drillaud) spécialités VH), Clartex (CDP Garros, Mesurol Pro (Bayer, VH), Xn commerciales VH), Hélarion (Fisons, VV) (fabricant, procédé) la plupart des spécialités contient un répulsif chiens et contient un antipourriture et observations commerciales contiennent un chats un bactéricide, ainsi qu'un complémentaires répulsif amérisant (bitrex) répulsif chiens et chats pour les animaux domestiques classement : Xn = nocif, T = toxique ; procédés de fabrication : VH = voie humide, VV = voie vapeur, VS = voie sèche. classement de matière active Page 6 II. Lutte chimique 1) Les molluscicides disponibles cf. le tableau des matières actives Quatre matières actives sont aujourd’hui exploitées pour leur propriétés molluscicides : le métaldéhyde (limacicide), le mercaptodiméthur (insecticide), le thiodicarbe (insecticide) et le bensultap (acaricide). Ces quatre composés chimiques entrent dans la formulation d’une trentaine de spécialités commerciales conditionnées sous forme de granulés à épandre. Comme tout produit chimique, les molluscicides sont potentiellement dangereux pour la faune sauvage et les animaux domestiques. Il convient donc de prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter des intoxications accidentelles, notamment : stockage dans un local fermé et épandage homogène (et non en tas). Trois procédés sont utilisées pour la fabrication des granulés : la voie sèche, la voie humide et la vapeur (hybride des deux précédentes). La voie humide permet d’obtenir une meilleure résistance des granulés à la pluie sans ajout d’agents collants qui pourraient nuire à l’appétence du granulé. 2) Les paramètres d’efficacité de la lutte chimique L’efficacité de la lutte chimique repose sur différents paramètres : • L’appétence et la résistance du granulé à la pluie : L’appétence du granulé doit garantir l’absorption par la limace de la dose létale de matière active. La résistance à la pluie permet d’allonger la période pendant laquelle le granulé peut être ingéré. En moyenne, les granulés résistent 7 jours en conditions humides (c’est-à-dire en période d’activité des limaces). • Les doses et le mode d’application du molluscicide : Ces deux facteurs vont jouer sur la probabilité de rencontre entre une limace et un granulé. Pendant leurs périodes d’activité (essentiellement nocturnes), les limaces se déplacent en effet au hasard pour trouver leur nourriture et parcourent en moyenne 4 mètres par nuit. Plus la densité de granulés est élevée, plus la probabilité d’ingestion par une limace est grande. Les fabricants d’antilimaces l’ont bien compris et proposent des granulés de plus en plus petits, si bien qu’avec le même poids de produit à l’hectare, le nombre de granulés au mètre carré est plus important. Cependant, la taille des granulés conditionne aussi leur résistance à la pluie et l’homogénéité d’application en cas d’utilisation d’épandeur centrifuge, deux points à ne pas négliger dans le choix du produit. Concernant le mode d’application, un consensus semble se dégager sur la supériorité des traitements en surface, en plein ou sur la ligne de semis (et dans ce cas toujours à la dose pleine). Seule la société BAYER continue de recommander l’application dans la ligne de semis ou en mélange avec la semence. • La période de traitement Le but des traitements antilimaces est d’abord d’éviter les dégâts aux cultures, il est donc nécessaire de raisonner les interventions de manière à protéger les plantes pendant leurs périodes de sensibilité aux limaces. On considère que les périodes critiques s’étalent de la germination à 4 feuilles pour le colza et du semis à 3 feuilles pour le blé. Passés ces stades, les Page 7 plants sont en général suffisamment vigoureux pour se développer malgré les morsures de limaces. Différents essais (ITCF, CETIOM) montrent que les traitements préventifs au semis ou juste après le semis sont les plus intéressants sur blé comme sur colza. En effet, à ce stade de végétation, si les limaces se déplacent en surface, elles n’auront pas d’autre choix pour se nourrir que de manger les granulés. Le traitement au semis peut être complété par un traitement à la levée en cas de présence de limaces sur la parcelle ou si une période humide s’annonce. Surtout ne pas attendre les premiers dégâts pour intervenir. Les traitements chimiques visent également à contrôler voire à diminuer les populations de limaces dans les parcelles. Dans cet objectif, le raisonnement des traitements doit se faire par rapport au cycle des limaces : l’idéal serait d’éliminer les individus avant la période de reproduction, donc avant les pontes qui seront à l’origine de la génération suivante. L’efficacité d’un traitement chimique ne semble pas en revanche dépendre de la matière active utilisée. En particulier, toutes les matières actives montrent un plafond d’efficacité de l’ordre de 75 à 85% de limaces tuées en conditions contrôlées. Dans ces conditions, il est judicieux de choisir le produit le moins nuisible à l’environnement et à la faune auxiliaire. Remarque : Deux techniques de piégeage existent : - les pièges INRA-BAYER sont constitués d'une nappe éponge d'1/5m² recouverte d'une feuille de plastique noire, puis d'une moquette imputrescible de 1/4m² doublée d'un film microperforé sur sa face inférieure et d'une feuille d'aluminium plastifiée sur sa face extérieure. On peut aussi utiliser des cartons ondulés sur la face inférieure et recouvert sur la face supérieure d'un film plastique noir. Selon les cas, on peut disposer un peu d'antilimace sous le piège. Des comptages doivent être réalisés régulièrement sous ces pièges, ceci permet d'évaluer l'activité des limaces. - l'autre méthode consiste à verser de l'alcool (formol) sur une surface déterminée et à compter tous les individus qui sortent à la surface du sol. Cette technique n'est pas aisée à mettre en oeuvre à grande échelle, elle permet néanmoins de déterminer la population de limaces (toutes les limaces vont sortir, pas seulement celles qui sont actives comme pour la méthode précédente). 3) La lutte chimique dans le Barrois : comment l’optimiser ? Nous avons interrogé des agriculteurs du GVA confrontés au problème limaces pour cerner leurs pratiques en matière de lutte chimique. Les 8 réponses reçues mènent aux remarques suivantes : • Le nombre de passages est très variable d’une parcelle à l’autre : de 1 à 5 sur colza et de 1 à 7 sur blé. La plupart des agriculteurs suivent l’activité des limaces par piégeage ou par observation directe, donc raisonnent leurs traitements en fonction de la présence ou non du ravageur dans leurs champs. La règle de décision est du type tout ou rien : il est en effet difficile de définir un seuil de risque à partir duquel il serait impératif de traiter. Pourcentage d’agriculteurs effectuant un traitement à différents stades (sur 8 enquêtés) : Stade culture Avant semis Semis Levée Post-levée 1ers dégâts (environ 8 j) Sur COLZA 37,5% 75% 50% 0% 25% Sur BLE de colza 75% 87,5% 62,5% 37,5% 37,5% Page 8 On constate que les agriculteurs interrogés traitent presque tous au moins une fois au semis, le plus souvent en surface en plein ou sur la ligne de semis, parfois aussi en mélange à la semence. Les autres passages sont plus nombreux sur le blé qui semble plus infesté que le colza. Le traitement avant semis est plus répandu sur blé et souvent conditionné par l’observation de limaces dans la parcelle ; son but est de diminuer la population de limaces avant l’implantation de la culture. Cependant, l’efficacité réelle de ce traitement est discutable : il va toucher les population d’adultes qui sont sur le point de mourir naturellement. Il faudrait savoir si les pontes ont déjà eu lieu. • La plupart des agriculteurs interrogés utilisent du métaldéhyde dont la dose recommandée en plein est d’environ 7 kg/ha pour un prix de revient de 110 à 120F/ha (suivant les spécialités commerciales). Cependant on s’aperçoit que si la dose totale épandue sur une parcelle est bien de l’ordre de 7 kg/ha, les doses apportées par chaque passage sont bien inférieures aux doses recommandées. Ainsi pour un traitement au semis, les quantités épandues varient de 2 à 5 kg/ha. Les doses les plus faibles concernent des traitements en surface sur la seule ligne de semis ou en mélange à la semence. Conclusion : Si les méthodes de surveillance et les périodes de traitement semblent assez bien gérées par les agriculteurs du GVA, on peut craindre que la forte diminution des doses d’antilimaces apportées par chaque passage ne permettent pas une efficacité optimale des traitements. On peut comprendre cette tendance à la réduction des doses dans le soucis de maîtriser les charges et de moins nuire à l’environnement, d’autant que la lutte chimique ne peut plus, à elle seule, stopper les attaques de limaces. Cependant, la lutte intégrée s’envisageant sur le long terme, il est encore utile d’essayer d’enrayer les pullulations par voie chimique. Le principal obstacle aujourd’hui en Meuse est la multiplication des périodes d’éclosion qui aboutit à la coexistence de limaces à des stades biologiques différents. Ceci oblige à multiplier les traitements car les limaçons, du fait de leur taille et de leurs déplacement limités, sont peu enclins à manger les granulés. III. Grilles de risque 1) Tableau rotation x sol Ce tableau a été réalisé à partir de données bibliographiques qui nous ont permis de classer les sols et les types de rotation selon leur capacité à favoriser le développement des limaces. Ensuite, en confrontant les donées obtenues dans les enquêtes aux agriculteurs, nous avons mis en avant la répartition des exploitations dans les différents cas. Ainsi, on obtient des cas plus à risques que les autres. Page 9 1/2 1/3 1/4 + - - Favorable aux limaces + 1/4 + 1 1/5 culture printemps 1/5 + 1 1/5 + 2 Sans colza culture culture printemps printem ps Sols Argileux Sols Argilocalcaire Sols sur marne Sols limoneux Alluvions fluviatiles Nombre d'exploitation compris entre 10 et 15 Nombre d'exploitation compris entre 5 et 10 Nombre d'exploitation compris entre 1 et 5 Aucune exploitation Remarques pour la compréhension du tableau : Les sols sont classés selon leur capacité à favoriser le développement des limaces. Ainsi, les limaces se développent moins sur les sols d’alluvions fluviatiles que sur les sols limoneux. Ce sont sur les sols argileux que les limaces se développent le plus. En ce qui concerne les rotations nous avons pris en compte le nombre de retour du colza dans celles-ci. Le colza est en effet la plante la plus appétente pour les limaces et semble favoriser leur développement dans les cultures qui le suivent. On a classé les rotations de la moins favorable à la plus favorable. Une rotation ½ signifie que l’on retrouve le colza une fois tous les deux ans. Il s’agit des rotations colza – blé. Une rotation ¼ avec une culture de printemps est une rotation où l’on retrouve le colza une fois tous les quatre ans et une culture de printemps comme le maïs, l’orge de printemps, la féverole ou l’avoine. Les rotations sans colza sont : Blé / Orge ; Maïs / Orge de printemps ; Blé / orge / maïs. Les couleurs dans chaque case du tableau correspondent au nombre d’exploitations enquêtées qui se trouvent dans un certain type de combinaison rotation-sol. Page 10 Marges de manœuvres : Les combinaisons sols – rotation les plus sensibles aux limaces sont représentées par les quatre cases encadrées en bleu. Les parcelles dans ces exploitations sont très argileuses, les rotations ne comprennent pas de culture de printemps et le temps maximum de retour du colza dans la rotation est de une fois tous les 3 ans. Propositions : • allonger les rotations et introduire une culture de printemps pour o perturber le cycle des limaces au printemps et à l’automne o diminuer le retour du colza o avoir des terres nues en hivers qui sont défavorables aux limaces puisque celles-ci ne trouvent pas de nourriture Remarques : - Risques de problèmes environnementaux tel que le lessivage de l’azote des sols qui ne sera pas retenu par le couvert végétal. - L'implantation des cultures de printemps n’est pas possible sur tous les types de sols. Pour les autres sols qui sont moins argileux et plus facilement travaillés en conditions favorables, on peut ajouter : Propositions : • • • • • • allonger les rotations et introduire une culture de printemps travailler de manière à affiner l’horizon superficiel pour Þ limiter les déplacements en diminuant la macro porosité intensifier le nombre de passages d’outils pour Þ détruire les refuges Þ éliminer physiquement les limaces Þ exposer les œufs et les limaces aux conditions extérieures. Roulage pour Þ rappuyer le sol afin de diminuer les déplacements horizontaux et les retours aux abris en profondeur semer plus en profondeur pour Þ diminuer les dégâts sur les graines qui sont alors moins faciles à trouver. Avancer la date de semis pour Þ permettre au peuplement de s’implanter avant la reprise de l’activité des limaces. 2) Pratiques culturales Une enquête réalisée auprès des agriculteurs nous a permis d'identifier les différentes techniques culturales qu'ils pratiquent, pour l'ensemble des cultures colza, blé, orges de printemps et d'hiver. Page 11 Travail du sol Travail superficiel Au minimum : 2 passages 3 passages Au maximum : 4 passages 5 passages NB :- avec roulage - sans roulage Gestion de l’interculture Combinaisons Outils utilisés : réalisées : - Déchaumeurs à disques : 3 déchaumages 1 desherbage • cover crop chimique ( terre fine plutôt en surface, fond de travail plus ou moins ondulé et tassé, débris mélangés de 3 déchaumages façon homogène) 1 hersage - 2 déchaumages 1 hersage - 2 déchaumages - 1 déchaumage 1 hersage - Déchaumeurs à dents : • canadian • chisel (1 passage : débris enfouis plutôt en surface ; 2 passages : nivellement, enfouissement homogène et fond de travail plat) Déchaumeurs rouleaux) • combinés (dents disque et lemken Smaragd Cultivateurs légers : • chisel (émiettement, fond du travail plus ou moins marqué aves quelques lissages) • vibroculteurs ( mottes en surface puis mélange de terre fine et petites mottes puis lissages sous le soc si sol à consistance plastique) Herses : • herse rotative (mottes en surface puis 2 cm non rappuyé par le rouleau puis 5 cm rappuyé par le rouleau puis quelques lissages en fond de travail à la consistance semi-plastique) • herse lourde ( peu ou pas de relief en surface, mottes en surface puis mélange de petites mottes et de terre fine puis fond de travail légèrement rappuyé) Page 12 Labour Au minimum : 2 passages 3 passages Au maximum : 3 passages 5 passages Combinaisons réalisées Outils utilisés - 2 déchaumages 1 hersage Déchaumeurs : - 2 déchaumages • Cultivateur lourds (zones émiettées avec peu de terres fines et gros agrégats) - 1 déchaumage 2 hersages Hersage : - 1 déchaumage 1 hersage • Herse lourde • Herse rotative • Herse alternative (mottes en surface puis 2 cm non rappuyé par rouleau puis 5 cm rappuyé par le rouleau puis quelques lissages du fond de travail à la consistance semi-plastique) Souvent, une pratique (caractérisée par un nombre de passages comprenant labour ou non, déchaumage et roulage) est appliquée à l'ensemble d'un système de cultures. Pour un même type de système de culture on observe différentes pratiques, d'une exploitation à l'autre. Cela nous laisse penser qu'il existe une grande marge de manoeuvre pour adapter les techniques culturales à la lutte contre les limaces. La modification des pratiques culturales doit se faire de façon à: - limiter les ressources alimentaires pour les limaces (résidus, repouses et adventices) - limiter leurs abris (mottes, cailloux, macroporosités), ce qui permet aussi de limiter leurs déplacements, la limace n'étant pas fouisseuse. - perturber ou modifier le plus souvent possible leur milieu de vie (passage d'outils, retournement de la terre) qui permet en plus une élimination physique des limaces. Ces modifications sont à conduire d'autant plus que le risque de la parcelle d'être infesté ou de convenir à la survie des limaces est élevé. Le tableau suivant permet de mettre en parallèle les différents facteurs impliqués dans l'évaluation du risque d'une parcelle et d'inscrire l'utilisation des outils dans l'optique d'une diminution ou d'une augmentation du risque. Page 13 RESSOURCES ALIMENTAIRES Résidus COLZA (beaucoup de pailles et mauvaise assimilation en terres argileuses) • TRAVAIL MECANIQUE Interculture Texture du sol Structure du sol Argileux Lit de semence : Culture intermédiai Argilo-calcaire motteux + ou – fin re compacté Argilo- Repousses ou adventices ASSOLEMENTS Utilisation des outils Herse rotative Gestion de l’interculture Pas de travail Pas de travail Interculture courte mécanique mécanique et en desherbage chimique Retour fréquent du colza Limons battants Labour mais conditions humides+sol séché avant 1 passage préparation lit de Horizon labouré (10-30cm): semence meuble et aéré Riche en MO macroporosité permanente limoneux Horizon cm): superficiel (0-10 macroporosité Non labour Enfouissement des pailles avec 1 labour direct Non labour Crosskil en conditions sèches (rappuie sans diminuer macroporosité) 1 seul déchaumage Terre affinée chisel Faible macroporosité Fond de travail fissuré mais pas mis à jour BLE ORGE Faux semis Absence de répétés pailles Lit de semence : Affiné et resserré Non compacté limoneux Semis précoce et profond Horizon superficiel : Mottes détruites Faibles macroporosités Page 14 2 déchaumage et 1 labour 1 ou 2 culture de printemps dans la rotation Roulage précédé Passages d’une herse fréquents rotative Courts délais Rotavative Roulage Pas de culture de printemps Répétition travaux faible profondeur 3 déchaumages dont Sans colza 1 après récolte à Ø Quelques précisions relatives au traitement des résidus de récolte: • Concernant le déchaumage, la technique la plus intéressante pour détruire les limaces, toutes générations confondues, est le brûlage des pailles: - son effet est immédiat sur les cultures à venir - son coût est très faible, mais sa réalisation est difficile: il faut que la paille soit assez sèche mais il ne faut pas que les limaces en soient trop éloignées. Si le chaume a rendu son eau, si le sol est sec en surface, les limaces sont déjà mortes ou enfoncées profondément dans le sol. L'impact sur les oeufs pourrait cependant être non négligeable. Cependant le brûlage des pailles n'est plus conseillé, dans le cadre des nouvelles dispositions environnementales. Il faudrait alors penser davantage à revenir à des techniques de déchaumage par les outils; ces techniques sont à raisonner en termes de : - nombre de passages - dates de déchaumage Le plus conseillé, surtout sur des pailles de colza, est un premier déchaumage juste après la récolte puis un ou deux autres déchaumages pas trop espacés avant le semis. • L'enfouissement des pailles est à banir sur les sols argileux et argilo-limoneux où les résidus de récolte se mélangent moins facilement à la terre et forment des amas. Ø Contraintes jouant sur la gestion de l’interculture : • Les durées d’interculture sont courtes : Succession Minimum Maximum C/B B/Oh B/C B/Op Oh/C 80j 60j 20j 7.5 m 45j 15j 45j 8j 7m 15j C: colza B: Blé Op:orge de printemps Oh: orge d'hiver • - La nature des sols : présence de cailloux : pas de semoir de précision terre argileuse difficile à affiner et retasser pour les sols limoneux battants, la préparation d’un lit de semence fin et rappuyé est incompatible avec une bonne activité du sol. Page 15 • Le climat, souvent humide à l’automne, conditionne les passages de cover crop et cross kill, réalisé préférentiellement en conditions sèches. Ø Les références à acquérir Les améliorations possibles que nous proposons en matière de pratiques culturales n'ont pas été élaborées en connaissances de toutes les causes de prolifération et de survie des limaces. En effet, il reste des références à acquérir: Ø quels sont les mécanismes de l'effet précédent? Est-ce la nature des pailles laissées? Est-ce parce-que le précédent lui-même était déjà infesté? Est-ce l'itinéraire technique du précédent qui est en cause? Est-ce une modification du milieu introduite par le précédent? (comme les racines pivotantes du colza qui aèrent le sol). Ø Quels sont les effets cumulatifs des systèmes de culture? Ø Quels rôles jouent les bordures des parcelles? Quels sont les mécanismes des migrations interparcellaires, s'ils existent? IV. Lutte biologique 1) Utilisation des nématodes contre les limaces : En 1988, au centre de recherche de Long Ashton, en Angleterre a été découvert Phasmarhabditis hermaphrodita. C’est un parasite des limaces. Ses larves vivent dans leur organisme de nombreuses années. • BIOLOGIE des NEMATODES Conditions exigées : Forte humidité = Température optimale de développement de 17°C. Particularités : 2 cycles de vie : 1 mortel et 1 non mortel. • Cycle non mortel Les larves infestantes, au 3ème stade de développement, entrent peut être par voie orale, dans la cavité générale des limaces où elles restent sans se nourrir ni se développer jusqu’à la mort de l’hôte. Puis, elles se nourrissent de bactéries et se développent jusqu’au stade adulte hermaphrodite. A ce stade, elles se reproduisent sur les cadavres des limaces donnant naissance à des larves 2 infestantes à nouveau. • Cycle parasitaire mortel Les larves infestantes pénètrent par un pore situé sur la surface dorsale dans la cavité qui contient un vestige de carapace, accompagnées de bactéries dont elles se nourrissent. Grâce aux bactéries, elles se développent et se reproduisent à l’intérieur de l’hôte. Cette infection produit un gonflement caractéristique du manteau et provoque une perte d’appétit. Si le gonflement est important, la cavité va éclater et entraîner la mort de l’hôte. Page 16 Infection d'une limace par un nématode • UTILISATION en LUTTE BIOLOGIQUE En 1994, l’entreprise Microbio Ltd a commercialisé le produit Nemaslug. • Fabrication C’est à partir de la souche Moraxella osloensis que sont produites les P. hermaphrodita en cultures. Cette souche confère un développement optimal et permet d’obtenir des rendements qui peuvent atteindre plus de 100 000 larves par ml. Ensuite, par centrifugation du milieu de culture, lavages à l’eau, concentration et mixage avec de l’argile, on obtient un produit qui peut être conservé dans des sacs de polyéthylène à basse température pendant 6 mois. • Utilisation Sur sol humide, 300 000 larves par m² suffisent. L’enfouissement permet une amélioration en conditions sèches. Les traitements peuvent être réalisés en même temps que la préparation classique du sol avant l’ensemencement. Les nématodes doivent être répandus à la période de l’année où les stades juvéniles des limaces se développent. • Problèmes Certaines espèces d’escargots sont sensibles aux nématodes. Cependant, après quelques expériences, aucune diminution de population n’a été observée. De plus, les nématodes parcourent rarement plus d’un cm, donc il n’y a pas de diffusion possible. • Difficultés - Coût élevé du produit - Faible survie lors du stockage - Conservation à faible température • Avantages par rapport à la lutte chimique - Atteinte d’un nombre plus important de ravageurs - Reste actif en conditions pluvieuses - N’est pas toxique pour les animaux domestiques ou sauvages, ni pour les invertébrés. Ces nématodes sont actuellement utilisés uniquement dans les cultures maraîchères qui peuvent se permettre des moyens de lutte à des prix élevés. Des expériences ont montré que les nématodes ne meurent pas quand ils sont en présence de métaldéhyde alors que le méthiocarbe a un effet sur leur survie. Ces expériences ont révélé une efficacité accrue lors de l’application simultanée de nématodes et de métaldéhyde. La combinaison de la lutte chimique et de la lutte biologique est peut être un moyen de réduire grandement les populations de limaces. Page 17 2) Utilisation des carabes contre les limaces • Généralités Les carabes appartiennent à l'ordre des coléoptères, ordre géant regroupant plus de 400 000 espèces, et à la famille des carabidae. On nomme communément le genre auquel elles appartiennent le genre carabus. Elles sont carnivores et se nourissent d'escargots, limaces, larves, mais aussi d'autres insectes. C'est ici qu'intervient la notion de leur utilité ; en effet, la majorité de leurs proies s'inscrit dans la catégorie des nuisibles, en particulier pour les agriculteurs. • Reproduction Les femelles carabes pondent leurs oeufs directement dans le sol. L'éclosion a lieu 10 à 20 jours plus tard. Le carabe est un insecte à métamorphose complète. Sa larve est absolument différente de la forme de l'adulte parfait Stades de développement: - l'oeuf - la larve: suivant les espèces, elle peut vivre deux ou trois ans. Les larves ont le corps aplati, des pattes bien développées, des mâchoires acérées. Elles vivent dans des terriers ou se cachent dans les mêmes endroits que les adultes. Elles sont très voraces et carnivores. Comme les adultes, elles suivent parfois leurs proies jusque dans les arbres. La larve du Calosome sycophante fait, par exemple, de véritables massacres de chenilles processionnaires. Elle est donc très utile dans les forêts. - la nymphe: peu avant de se transformer en nymphe, la larve s'enfouit dans le sol. Elle y passe généralement l'hiver. Chez certaines espèces, la nymphose a lieu à la fin de l'été et l'imago en sort 2 à 3 semaines plus tard. • Ennemis Les carabes constituent une espèce menacée. Du simple fait de leur habitat, ils sont les premières victimes de l'usage exagéré des pesticides et des insecticides. Les mammifères insectivores sont aussi les prédateurs des carabes. • Prédation contre les limaces Les carabes sont les prédateurs majoritaires en terme d'abondance et de nombre d'espèces. En ce qui concerne les limaces, celles-ci pourraient sembler des proies faciles car ne possèdent pas de coquilles mais elles ont la capacité de produire de grosses quantités de mucus lorsqu'elles sont attaquées. Dans ce mucus se trouvent des toxines susceptibles d'immobiliser rapidement les petits carabes. Il existe une corrélation entre la taille des carabes et leur capacité à tuer les limaces. Certains prédateurs comme Cychrus caraboides et Carabus violaceus peuvent rapidement et efficacement tuer les limaces en les mordant à la tête avant que des quantités suffisantes de mucus ne soient sécrétées par leur proie. • Expériences réalisées Un certain nombe de recherches a montré un contrôle effectif des populations de limaces dans des parcelles sous conditions semi-naturelles. Trois especes de Carabes (Plocamostethus planiusculus, Holeaspis murconata, Ctenognathus bidens) ont montré de bons résultats dans Page 18 le contrôle de populations de D.reticulatum dans des parcelles de trèfles-herbes. Les succès ont été moindres quand les Carabes ont été introduits aprés la ponte des limaces. Burn en 1988 a montré que le nombre de limaces trouvées dans un champs était supérieur quand les prédateurs étaient exclus. De même quand des pesticides étaient appliqués, le nombre de limaces étaient plus grand. Des pesticides tel le méthiocarbe peuvent réduire le nombre de mollusques dans des temps courts mais en empêchant les prédateurs de limaces de se développer, ils mènent à long terme à une population de limaces de grande taille. Il est donc intéressant de préserver les populations de carabes pour garder des populations de limaces faibles. • Utilisation L'utilisation avec succès des carabes dans la lutte biologique dépend des espèces que l'on utilise et de l'environnement dans lequel on les place. Il faut introduire les carabes dans leurs environnements spécifiques sinon elles s'évaderont vers des parcelles plus favorables à leur développement. De plus, l'utilisation de molluscicides doit être prohibée pendant la période d'activité des adultes. Enfin, des populations plus importantes sont trouvées dans des terres qui ne sont pas travaillées au printemps (Fadl et al, 1996) Cependant, des informations supplémentaires sont nécessaires. Il serait intéressant de connaître les techniques permettant de conserver et d'augmenter le nombre de carabes, ainsi que de voir les différentes conditions de prédation sur les limaces. 3) Les robots carnivores (Slugbots) En Grande-Bretagne, à l’université de Bristol, le laboratoire Intelligent Autonomous Systems a mis au point un robot capable de «chasser » les limaces. C’est un petit véhicule tout terrain avec un bras articulé d’un mètre cinquante de long, une pince redoutable et une caméra. Ce petit véhicule a pour mission de traquer les limaces, de les capturer et des les mettre dans son réservoir où elles seront broyées et permettront de fabriquer de l’énergie directement utilisable par les robots. Chris Melhuish, chercheur du laboratoire explique qu’actuellement ils cherchent à rendre le système capable de survivre seul dans la nature. Mais, ce n’est toujours qu’un prototype, il s’entraîne à repérer et à capturer les limaces pour l’instant. Qui sait, peut être qu’un jour les champs seront remplis de ces petits robots qui la nuit venue se rueront sur les petites limaces !! 4) Effets d’extraits de plantes sur les limaces Certains métabolites produits par les plantes réduisent l'attrait des plantes comme nourriture pour les limaces. Ces métabolites sont : les alcaloïdes, les flavonoïdes, les phénols, les composés saponniques, les tannins et les terpènes. Au contraire, les jeunes plants de colza ont peu de glucosinolates qui protègent le colza des attaques de limaces. Une alternative pour protéger les jeunes plants serait de trouver une autre source de nourriture pour les limaces ou de réduire l'appétence des plantes. Les plantes non appétentes contiennent des métabolites qui repoussent les limaces. Ainsi, en appliquant sur les cotylédons de jeunes plants de colza ces métabolites, les jeunes plants pourraient être protégés pendant la période vulnérable. Des expériences menées par M BARONE and T FRANK en 1999 ont montré que les extraits de Valerianella locusta et Saponaria officinalis avaient une efficacité notable pour repousser les limaces. Page 19 Dans quelques années, les semences seront peut être traitées avec des extraits de plante afin de prévenir les attaques de limaces dans le sol. Cependant, des problèmes de volatilité, de persistance et de coût des extraits de plantes doivent être résolus avant qu'ils puissent être commercialisés et utilisés avec succès. 5) Attractions différentes des limaces pour certaines plantes T. FRANK et J. FRIEDLI ont montré par des expériences en laboratoire que les plantes Veronica persica et C. bursa-pastoris réduisaient le nombre de plants de colza attaqués par les limaces A. lusitanicus et D. reticulatum. Ils supposent que semer ce type d'herbe en grande densité entre les rangs de colza permettrait de réduire le nombre d'attaque sur le colza. Les limaces se nourriraient plus facilement de ces herbes qui sont plus appétentes. Des expériences sont en cours. Conclusion Pour être efficace, la lutte contre les limaces doit s'envisager à trois niveaux : raisonnement de la lutte phytosanitaire, mais aussi du système de culture (modification des assolements : nouvelle tête de rotation comme le lin, introduction de cultures de printemps) et des itinéraires techniques (notamment travail du sol). Il est important de noter que certaines méthodes de lutte contre les limaces vont à l'encontre de bonnes pratiques agronomiques. Par exemple, les repousses de colza constituent à la fois un excellent piège à nitrates et un couvert fournissant abris et nourriture aux limaces. Le travail répété du sol, qui permet de perturber les refuges, peut aussi conduire à un assèchement en surface, nuisible à une bonne implantation du colza. Dans tous les cas, il est nécessaire d'évaluer le risque des parcelles, en tenant compte de l'historique (précédents, infestations passées), des caractéristiques pédologiques et de relevés de population. Page 20
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