Chapitre 3 – Les régimes totalitaires dans l`entre-deux
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Chapitre 3 – Les régimes totalitaires dans l`entre-deux
M. Parchemin – Lycée Saint-Exupéry – Année 2013-2014 Classe de première scientifique Chapitre 3 – Les régimes totalitaires dans l’entre-deux-guerre NOTIONS : totalitarisme : anti-parlementarisme, parti-État, endoctrinement (propagande, culte de la personnalité), embrigadement (organisatº de jeunesse, etc.), répression (police pol., camps de concentration, Goulag) idéologie : communisme, fascisme, nazisme, racisme (antisémitisme), nationalisme, expansionnisme → Dans quelle mesure les totalitarismes sont-ils des régimes exceptionnels ? Faut-il parler d’un totalitarisme ou de totalitarismes ? I – La genèse des régimes totalitaires → Comment ces régimes sont-ils apparu ? A – Un contexte d’après-guerre particulièrement troublé B – L’ascension au pouvoir de trois chefs II – Des spécificités idéologiques → Quelles sont les spécificités de chacun de ces trois régimes ? A – Le communisme soviétique, une idéologie de la classe B – Le fascisme italien, une idéologie de la nation C – Le nazisme allemand, une idéologie de la race III – Le fonctionnement des États totalitaires : des caractéristiques communes → Les régimes totalitaires présentent-ils toutefois des caractéristiques communes ? A – Une société asservie par le parti-État B – L’économie dirigée par l’État Alors qu’en 1918, les démocraties libérales telles que la France, le Royaume-Uni et les États-Unis l’ont emporté sur des monarchies autoritaires, trois dictatures d’un type nouveau surgissent dans les années 1920 et 1930. Malgré leurs différences, le terme « totalitarisme » est utilisé dès l’entre-deuxguerres pour désigner la parenté entre ces trois régimes politiques : le fascisme italien, le nazisme allemand et le communisme en URSS. À l’origine l’adjectif « totalitaire » a été créé par des opposants italiens pour dénoncer le fascisme mais ce terme est repris et assumé par Benito Mussolini. Dénoncé par les opposants, assumé par ces régimes, le terme « totalitarisme » est enfin utilisé par les historiens, les philosophes et les politologues pour caractériser ces régimes d’un type nouveau : au départ des dictatures avec un homme seul au pouvoir soutenu par un parti unique mais qui finalement dépassent la simple dictature autoritaire. La notion est toutefois controversée car elle implique de placer sur le même plan des régimes qui présentent toutefois des différences. Dans quelle mesure les totalitarismes sont-ils des régimes exceptionnels qui ont profondément marqué le XX e siècle ? I – La genèse des régimes totalitaires Comment ces régimes sont-ils apparu ? A – Un contexte d’après-guerre particulièrement troublé D’une certaine manière, le totalitarisme trouve son origine dans la violence extrême de la Première Guerre mondiale : l’horreur de la mort de masse a contribué à rehausser le seuil de tolérance à la violence. Certains historiens parlent de « brutalisation » ou d’« ensauvagement » de la vie politique après la Première Guerre mondiale (ex. batailles de rues entre extrême-droite et extrêmegauche en Allemagne, assassinats politiques). Les États sont mis en difficulté face à une triple crise : morale, économique et politique. 1 Crise morale En Russie, le Révolution de 1917 porte les Bolcheviks (dirigés par Lénine) au pouvoir qui mettent en place des mesures communistes. La situation dérive en guerre civile entre Rouges et Blancs. L’Allemagne est humiliée par le traité de Versailles : elle perd 15 % de son territoire et 10 % de sa population ainsi que son empire colonial. Son armée est limitée à 100 000 hommes (tout armement moderne est interdit : flotte, avions, tanks, artillerie), la rive occidentale du Rhin est démilitarisée. L’Allemagne doit enfin payer de fortes réparations de guerre aux pays vainqueurs (132 milliards de marks or). L’Italie s’était engagé en 1915 du côté de la Triple Entente dans l’espoir de récupérer les terres irrédentes sur l’Autriche-Hongrie. L’Italie dénonce une « victoire mutilée » car elle gagne certes le Trentin et Trieste mais Fiume et la Dalmatie sont attribuées à la nouveau Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (rebaptisé Yougoslavie en 1929). Crise économique En Russie, la situation économique est catastrophique : pour gagner la guerre civile, les Bolcheviks réquisitionnent la production et les vivres (« communisme de guerre ») ce qui provoque une grave famine (5 millions de morts). La production industrielle a presque disparue, les transports sont désorganisés, le rouble n’a plus de valeur (retour au troc). En Italie, la situation économique est également difficile : le pays est endetté, l’inflation est forte (prix quadruplés par rapport à avant la guerre). Face à la flambée des prix et les faillites d’usines, les ouvriers organisent des grandes grèves et les paysans sans terres occupent les grandes propriétés privées. En Allemagne, l’économie est mise en difficulté par le montant exorbitant des réparations exigées par la France. Jugeant le paiement insuffisamment rapide, la France décide de ses payer directement en charbon en occupant militairement la Ruhr. L’Allemagne demande à ses mineurs de cesser le travail mais doit continuer à payer les mineurs. Pour cela, l’État imprime des billets en grande quantité ce qui déclenche une phénomène d’hyperinflation. Crise politique En Russie, la guerre civile fait rage. En Italie, la monarchie constitutionnelle est une démocratie récente (le suffrage universel masculin date de 1912). Le gouvernement est impuissant en raison de l’instabilité gouvernementale. Les occupations d’usines et des grands domaines agricoles font peur aux classes moyennes et supérieurs qui craignent une révolution comme en Russie. En Allemagne, la République de Weimar est une démocratie née seulement en 1919. Elle est immédiatement agitée par la révolte spartakiste (extrême-gauche) mâtée par la police et l’armée, aidée par les milices d’extrême-droite. La violence politique est donc importante (plusieurs centaines d’assassinats politiques visant même des ministres). En résumé : Le contexte d’après guerre est très difficile pour ces pays : crise morale et économique mais aussi violence politique. Aucun de ces trois pays n’a de tradition démocratique bien ancrée. La situation est exploitée par des partis politiques extrémistes pour parvenir au pouvoir. 2 B – L’ascension au pouvoir de trois chefs Staline Pendant la guerre civile russe, les communistes mettent en place une dictature dirigée par Lénine mais dans laquelle Staline a un rôle important. Après la mort de Lénine en 1924, une lutte pour le pouvoir s’engage alors : Joseph Staline élimine progressivement ses rivaux (comme Trotski, exilé en 1929 puis assassiné en 1940). Seul maître de l’URSS en 1929, Staline lance le pays dans une industrialisation accélérée en donnant la priorité à l’industrie lourde. Il procède également à une collectivisation forcée des terres agricoles. Les paysans sont expulsés, exécutés ou déportés dans des camps de travail. Grâce au dirigisme économique, Staline parvient à faire de l’URSS la troisième puissance industrielle derrière les États-Unis et l’Allemagne à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Il règne par la terreur jusqu’à sa mort en 1953. En résumé : Staline arrive donc au pouvoir alors que le régime communiste est déjà en place : il transforme la dictature communiste de Lénine en véritable système totalitaire. Mussolini Benito Mussolini fonde en 1919 les « faisceaux de combat », mouvement politique qui devient en 1921 le Partito Nazionale Fascista (PNF). Il regroupe notamment des anciens combattants organisés dans un groupe paramilitaire (les squadristi ou « chemises noires ») qui fait régner la terreur : ils montent des expéditions punitives contre les grévistes et les organisations de gauche. Ils disent aider à rétablir l’ordre et bénéficient de la complicité passive de la police. Le PNF est financé par les grands propriétaires et les industriels pour lequel Mussolini est un rempart contre le communisme. Les 27 et 28 octobre 1922, Mussolini organise la « Marche sur Rome ». 25 000 chemises noires marchent vers la capitale ce qui incite le roi Victor-Emmanuel III à nommer Mussolini chef du gouvernement. Il ne s’agit pas d’un coup d’État, les fascistes n’ayant pas utilisé la violence mais leur démonstration de force a impressionné. Une fois au pouvoir Mussolini obtient les pleins pouvoirs et se proclame Duce (guide). En 1924, le PNF obtient 65 % des voix aux élections législatives en usant de l’intimidation et de la violence des chemises noires. Le député socialiste Matteoti dénonce le trucage des élections : il est assassiné. En 1925, les « lois fascistissimes » permettent de combattre « légalement » les adversaires du régime : la liberté de la presse est supprimée, le PNF est le seul parti autorisé, le droit de grève est supprimé, un syndicat fasciste unique est créé. L’administration, l’armée et l’enseignement sont épurés. En résumé : Mussolini arrive donc au pouvoir légalement mais non démocratiquement : il installe rapidement un régime totalitaire. Hitler Ancien combattant de la Première Guerre mondiale, Adolf Hitler est révolté par l’humiliation du traité de Versailles. Employé par l’armée pour surveiller le Deutsche Arbeiterpartei (parti des travailleurs allemands) dans le contexte d’agitation politique d’extrême-gauche, Hitler y commence sa carrière politique. Il transforme le nom du parti en National-Sozialistisch Deutsche Arbeiterpartei (NSDAP abrégé en parti nazi) : il s’agit d’un parti nationaliste, antidémocratique, anticapitaliste et antisémite. En marge du parti il créé les SA et SS : des milices qui luttent contre les communistes... 3 En 1923, Hitler tente un coup d’État à Munich. Il échoue et se retrouve en prison où il écrit Mein kampf (mon combat) : il y développe sa vision d’un État fort, ayant pour mission de préserver la race aryenne des Juifs, dont la trahison explique seule, d’après lui, la défaite de 1918. Si la deuxième moitié des années 1920 est marquée par un retour à la prospérité, l’Allemagne est durement touchée par la crise des années 1930 (le chômage triple). Par peur du communisme, les industriels se rallient à Hitler. Aux élections de 1932, le NSDAP devient le premier parti politique allemand. Hitler est nommé chancelier le 30 janvier 1933. Peu après son arrivée au pouvoir, le Reichstag est incendié : les nazis accusent un jeune communiste et en profitent pour suspendre les libertés individuelles et d’interdire le parti communiste puis les autres partis. Les premiers camps de concentrations sont ouverts dès 1933 pour y incarcérer les opposants (communistes en premier lieu). En 1934, lorsque le président Hindenburg meurt, Hitler se fait proclamer Reichsführer : il cumule les pouvoirs de chancelier et de président. En résumé : Hitler arrive au pouvoir démocratiquement en exploitant la rancoeur des Allemands (traité de Versailles et crise économique) puis met rapidement en place un régime totalitaire. En résumé : Mussolini, Staline et Hitler arrivent au pouvoir de trois manières différentes mais mettent tous les trois en place un régime totalitaire très rapidement et avec beaucoup d’efficacité. II – Des spécificités idéologiques Quelles sont les spécificités de chacun de ces trois régimes ? Idéologie : système d’explication du monde proposant un projet d’évolution de l’humanité vers un stade final et parfait. Dans les trois cas, l’objectif est de conduire le pays vers une société parfaite (à leurs yeux) et de construire un « homme nouveau ». Les trois régimes se basent sur trois idéologies différentes. A – Le communisme soviétique, une idéologie de la classe Staline ne développe pas d’idéologie propre, il reprend l’idéologie communiste créée par Karl Marx au XIXe siècle et adaptée par Lénine (marxisme-léninisme). L’objectif poursuivi est une société sans classe et sans État où tous les hommes sont égaux, où l’exploitation de l’homme par l’homme n’existe pas. Ce bonheur universel passe par une étape de dictature du prolétariat (et l’élimination de la classe bourgeoise) qui organise la suppression de la propriété privée et le collectivisme. Le communisme dénonce aussi le nationalisme et le colonialisme. B – Le fascisme italien, une idéologie de la nation L’idéologie fasciste repose sur : – l’exaltation de la nation italienne à travers le culte de la grandeur passée (retrouver la puissance de la Rome antique) – la puissance de l’État qui doit assurer la paix intérieure et le progrès économique et social – le militarisme : volonté d’insuffler à la société civile un esprit militaire (discipline, sens du sacrifice, goût de la guerre) C – Le nazisme allemand, une idéologie de la race L’idéologie nationale-socialiste reprend l’idéologie fasciste en y ajoutant une dimension raciste. Hitler 4 considère que les races humaines sont inégales (Aryens, autres peuples germaniques, peuples latins, peuples slaves, noirs et juifs) leur attribuant un statut en fonction de leur position supposée (dominants, associés, tolérés, réduits en esclavage, élimination physique). C’est donc une idéologie raciste dont l’antisémitisme a conduit à un génocide (voir cours sur la Seconde Guerre mondiale). Selon l’idéologie nazie, le peuple allemand doit se prémunir de la contamination des races inférieures mais aussi des asociaux (alcooliques, homosexuels, etc.) qui sont également envoyés en camps de concentrations voire éliminés (ex. handicapés). Cette idéologie est également expansionniste : la race supérieure doit dominer, les Allemands doivent étendre leur espace vital sur les territoires de l’Est, les nations occidentales doivent être soumises au Reich. Trois visions différentes de ce que doit être « l’homme nouveau » et des ennemis désignés : Chacune des trois idéologies définit ainsi ce que doit être l’homme nouveau : – pour les communistes, l’homme nouveau est un prolétaire libéré de l’exploitation bourgeoise – pour les fasciste, l’homme nouveau est un homme viril et fort au service de la nation – pour les nazis, l’homme nouveau est un aryen de race pure qui domine les autres peuples Elles définissent donc aussi les cibles de la répression de chaque régime : – en URSS, les ennemis de classes (bourgeois, koulaks) – en Italie, les opposants à la grandeur de la nation (ex. communistes) – en Allemagne, ceux qui menace la pureté du sang allemand (Juifs, Tsiganes, handicapés, asociaux) III – Le fonctionnement des États totalitaires : des caractéristiques communes Les régimes totalitaires présentent-ils toutefois des caractéristiques communes ? A – Une société asservie par le parti-État Le totalitarisme est un système politique caractérisé par le pouvoir d’un parti unique dont l’ambition est d’englober toute la société. Aucune opposition n’est tolérée. L’État et le parti sont confondus. Ce parti-État tend à confisqué la totalité des activités de la société et utilise trois moyens pour cela : Endoctrinement (le contrôle des esprits) : Le contrôle des esprits passe par la propagande qui constitue toujours un ministère important (ex. Goebbels en Allemagne). Tous les médias sont contrôlés par le parti-État qui peut ainsi inculquer sont idéologie et glorifier son chef. À la tête du parti figure un homme seul, considéré comme infaillible. Le chef fait l’objet d’un véritable culte : il est présenté comme un individu extraordinaire qui sacrifie son existence au service au peuple et de l’État. Le culte de la personnalité est une dimension importante du totalitarisme : – Staline « l’homme d’acier » : portraits et statues le présentent comme un homme bienveillant et protecteur (« le petit père des peuples »). – Mussolini : le « duce », guide infaillible qui redonne à l’Italie la grandeur de l’Empire romain – Hitler : le « führer », guide pour relever son peuple de l’humiliation et assurer la domination de l’Allemagne. Par la propagande, on cherche l’adhésion des masses en promettant un avenir jugé « positif » (grandeur nationale, pureté raciale, société sans classe et sans État) c’est-à-ire conforme à 5 l’idéologie du parti. Embrigadement (le contrôle social) : Les anciennes institutions sont remplacées par des organisations liées au parti unique : syndicats et associations sont interdits en dehors du contrôle du parti. Même la famille est progressivement remplacée comme institution de socialisation. L’individu est nié car seul compte le groupe dirigé par le chef unique. L’individu est encadré dès son plus jeune âge : – En Allemagne : Jeunesses hitlérienne ou Ligue des Jeunes Filles allemandes – En URSS : Pionniers (10-14 ans) puis Komsomol (Union des jeunesses léninistes communistes) – En Italie : Enfants de la louve (4-8 ans), Ballillas (8-14 ans), Jeunesses fascistes (8-21 ans) Pour les adultes aussi, le parti contrôle l’ensemble de la société aussi bien au travail (corporations) que dans les loisirs (qui sont organisés par le parti). Cet encadrement permet d’insérer tous les individus (personne n’est isolé dans ce système) et donc de faciliter la mobilisation au service de l’idéologie du parti. Ces organisations permettent donc d’inculquer l’idéologie du parti et de déceler qui s’y oppose. L’inscription au parti est obligatoire pour accéder à des postes de responsabilités. La répression : Les régimes totalitaires reposent en grande partie sur différents organismes chargés de la répression : – la police politique : OVRA (Organisation de vigilance et de répression de l’antifascisme) en Italie, Gestapo ou SS en Allemagne, Guépéou (Direction politique d’État) puis NKVD (Commissariat du peuple aux Affaires intérieures) en URSS – le système judiciaire est modifié (renforcement de l’arbitraire juridique, instruction à charge, non respect des droits de la défense) – le système concentrationnaire (bagne sur les îles en Italie, camp de concentration de Dachau en Allemagne dès 1933, camps du Goulag en URSS) Le bilan de la répression des régimes totalitaires est cependant assez différent : Italie fasciste Allemagne nazie URSS stalinienne - 5600 opposants politiques Prisonniers et déportés - 8000 juifs italiens déportés par les nazis Morts - 50 exécutions d’opposants - 7300 juifs morts dans les camps nazis - 1,6 million de détenus dans les camps de concentration - 1 million d’expulsés des territoires annexés au Reich - 8 millions ouvriers ou de prisonniers de guerre envoyés en Allemagne - 15 millions de détenus dans les camps du Goulag - 1,5 millions de koulaks (petits propriétaires terriens) déportés - 3 millions de déportés appartenant à des minorités - 5 millions de juifs et 750 000 tsiganes morts dans les camps d’extermination - 3,3 millions de prisonniers de guerre soviétiques - 1,1 million de détenus dans les camps de concentration - 12 millions de morts dans les camps du Goulag - 4 à 5 millions de victimes de la famine en Ukraine (1932-33) - 700 000 victimes de la « Grande terreur » (1937-38) Source : L’Histoire, n°205, décembre 1996 et Renzo De Felice, Mussolini, 1965-1988 En résumé : L’asservissement des sociétés par les régimes totalitaires est permis par l’endoctrinement (propagande), l’embrigadement (contrôle social par des organisations) et la répression (condamnation). 6 B – L’économie dirigée par l’État Dans les trois régimes, le parti-État joue un rôle important dans l’économie avec toutefois une certaine différence entre l’URSS d’une part et l’Italie et l’Allemagne d’autre part. En URSS En URSS, l’économie est de type socialiste toute entière sous le contrôle de l’État qui collectivise les moyens de productions et planifie la production. Dès sa prise de pouvoir, Staline décide la collectivisation des terres. La propriété privée est abolie et les exploitations sont remplacées par des kolkhozes et des sovkhozes. Les Koulaks (paysans propriétaires) sont désignés ennemis de classe : la répression est impitoyable (exécutions, déportation et surtout organisation d’une grande famine qui fait 6 à 8 millions de morts). Mais la priorité absolue du régime est l’industrie lourde qui reçoit la majorité des investissements. Pour stimuler la productivité, la propagande exploite le cas du mineur Stakhanov qui a pulvérisé les normes de productions de charbon en une journée (102 tonnes extraites en 6 heures contre une norme de 7 tonnes). Le parti communiste promeut alors le « stakhanovisme », synonyme de sacrifice personnel et d’émulation entre travailleurs pour produire toujours plus au service de l’URSS. Les résultats de l’économie dirigiste sont spectaculaires car l’URSS devient rapidement la troisième puissance industrielle mondiale. Ces progrès sont toutefois faits au détriments des libertés et du droit de propriété. Ces succès ne doivent toutefois pas cacher certaines faiblesses : la production des biens de consommation a diminuée et l’industrialisation s’est faite au dépend du monde rural. En Italie et en Allemagne Les mécanismes de l’économie libérale subsiste mais l’État intervient fortement (dirigisme économique). Initialement Mussolini comme Hitler avaient des conceptions plus révolutionnaires en matière économiques, toutefois ils ont dus modifier leurs projet pour obtenir le soutien des grands industriels qui leur ont permis d’accéder au pouvoir. La propriété privée n’est donc pas remise en cause en Italie et en Allemagne, les groupes industriels vont au contraire fortement bénéficier des politiques fascistes et nazies : – politique de grands travaux pour donner de l’emploi aux nombreux chômeurs et développer le pays (ex. autoroutes en Allemagne ; bataille du blé en Italie grâce à la bonification des marais pour parvenir à l’autarcie alimentaire) – commandes d’armement En résumé : Dans les trois pays, l’économie est contrôlée par le parti-État et on constate des réussites économiques (baisse du chômage en Allemagne, autarcie alimentaire en Italie, industrialisation en URSS ; modernisation globale dans les trois pays) mais faite au prix d’un asservissement des travailleurs et de la mise en scène de la performance. Conclusion : Les régimes totalitaires constituent une expérience politique majeure du XX e siècle qui a abouti aux plus grandes violences jamais constatées dans l’histoire de l’humanité (par le nombre de victimes mais aussi par les moyens employés). Après la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne (de l’Ouest) et l’Italie retrouvent la démocratie mais la lutte contre le totalitarisme continue à travers la Guerre froide. Les Américains utiliseront d’ailleurs la propagande et opposeront leur propre idéologie pour combattre le monde communiste même si la volonté de contrôle de la totalité des activités d’une société est contraire aux principes démocratiques du camp occidental. 7
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