le prix des fruits et legumes - Achat local
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LE PRIX DES FRUITS ET LEGUMES Fiche n°6 Des produits à prix variables Les deux systèmes de tarification des fruits et légumes Les fruits et légumes se distinguent des autres denrées alimentaires en raison des fluctuations de leurs prix. Au cours d’une année, celui-ci varie parfois du simple au triple. Ces variations dépendent du produit (le prix de la carotte est moins volatil que celui de la tomate par exemple) et elles peuvent parfois s’expliquer par des facteurs climatiques. En raison de leur extrême variabilité, les prix des fruits et légumes ne peuvent être bloqués que sur des durées courtes, en général une semaine. Il existe deux façons de fixer le prix des fruits et légumes : Un prix fixe par campagne ? La variation incessante du prix des fruits et légumes gène la planification du budget et multiplie le temps nécessaire au contrôle des factures. Beaucoup pensent qu’une solution serait de fixer un prix par saison pour chaque produit. Ce fonctionnement est aujourd’hui rare mais est possible pour des producteurs ou les fournisseurs travaillant directement avec des producteurs. selon le barème du fournisseur : le fournisseur édite chaque semaine sa mercuriale, et facture les fruits et légumes à ce tarif, éventuellement avec une remise. La mercuriale est envoyée au client dès son premier jour de validité ou parfois avant. Le client connaît ainsi le prix auquel il achète. selon la cotation du SNM (voir fiche n°5) qui donne une référence représentative de l’évolution du prix des fruits et légumes ; le fournisseur fixe son tarif en fonction de cette cotation, en appliquant un pourcentage, soit de baisse, soit de hausse. Le fournisseur a accès à la cotation grâce à un abonnement en ligne. Si l’acheteur souhaite contrôler ses factures, il peut lui aussi souscrire à cet abonnement. La référence choisie est souvent la cotation de la veille ou de l’avant-veille de la livraison. Ainsi, le client ne sait jamais à quel prix il achète, mais son prix est toujours représentatif d’un prix de marché. Ce système n’a été rencontré que dans des structures soumises au code des marchés publics et est détaillé plus loin. La tarification des fruits et légumes dans les marchés publics Dans un marché public, le mode de fixation du prix est stipulé dans le paragraphe « prix » du cahier des clauses administratives particulières (CCAP). Il semble exister autant de formulations que de marchés. Un guide de la DGCCRF datant de 2003 recommandait « d’opter pour le prix ajustable, ce qui nécessite de fixer dans le marché une référence d’ajustement représentative de l’évolution du prix des fruits et légumes commandés, ainsi que les modalités d’application de l’ajustement. Les offres de prix sont formulées par les candidats au marché suivant les modalités fixées dans le règlement de la consultation établi par l’acheteur. Généralement il est prévu que ces offres sont exprimées en termes de pourcentage de baisse (plus rarement de hausse) ou de coefficient de minoration (parfois d’augmentation) par rapport à une référence fixée par l’acheteur. » En pratique, cette référence peut être soit le barème du fournisseur, soit la cotation du SNM. C’est à l’acheteur de choisir sa référence. Sur les 14 structures enquêtées ayant effectué une procédure d’appel d’offre, 10 fonctionnent avec des prix liés à la cotation du SNM de Corbas, et souvant avec une remise, allant de 10 à 23 %. Les limites du système « cotation » Il semblerait que la marge commerciale d’un fournisseur en fruits et légumes soit comprise entre 20 et 30 %. Sachant que la cotation est en théorie représentative du prix moyen auquel achète le fournisseur, les remises parfois annoncées peuvent surprendre. Une première explication à cela réside dans le fait que les gros fournisseurs s’approvisionnent en gros volumes et donc peuvent négocier des prix plus bas. De plus, très peu s’approvisionnent sur le marché de Corbas. Ils fonctionnent pour certains produits en direct avec les producteurs. Pour les grands groupes, les achats sont traités via une centrale, située dans un endroit stratégique en termes logistiques et économiques. En effet, les prix sont fortement dépendant des bassins de production. Ainsi, les fruits d’été sont moins chers dans le Sud, les endives sont moins chères dans le Nord, … D’autres éléments d’explication nous ont été apportés lors des enquêtes. D’abord, certains clients auraient constaté que parfois, le produit facturé ne correspond pas au produit livré (différence de catégorie par exemple, et donc de prix). Par manque de temps, ils ne peuvent vérifier régulièrement et ces pratiques n’ont pu être confirmées. Ensuite, il arrive très souvent que les produits livrés ne soient pas cotés. Nous avons approfondi ce point avec deux structures. Dans un cas, il y a vérification et le fournisseur se justifie en invoquant qu’il ne peut livrer des produits cotés et de qualité. Il semble qu’il applique cependant le prix de la mercuriale SNM pour un produit équivalent. Dans l’autre cas, il n’y a aucun contrôle. Nous avons constaté que cette pratique était très fréquente sur des produits comme la tomate par exemple (sur 21 facturations, 19 intitulés sont des produits non cotés). La non-correspondance du produit côté et du produit facturé a deux origines : une différence de colisage (exemple : colis de 6 kg / vrac) ou une différence de provenance. Lorsque le produit facturé n’est pas côté, le prix appliqué est libre. Ainsi, de la tomate polonaise peut être livrée en juillet et facturée 25% plus cher que la cotation de la tomate française à la même date. Enfin, il semblerait que lorsque la mercuriale du SNM est transmise à l’acheteur par le fournisseur (ce qui est interdit), la date ou certains prix seraient en décalage avec la version éditée par le SNM. Février 2011 Quels contrôles aujourd’hui ? En restauration autogérée et publique, la facturation des fruits et légumes est peu contrôlée pour plusieurs raisons : Au moment de la réception des marchandises, le personnel est souvent très occupé et sa priorité est de fournir les repas dans les temps : il y a peu de contrôle à la réception pour constater que le produit livré et le produit facturé correspondent, ou encore que le produit livré répond au cahier des charges. Le refus d’un produit est délicat si aucune nouvelle livraison n’est possible avant le service. Pour contrôler régulièrement que le prix facturé correspond à la cotation du jour, il faut être abonné au SNM. Ce n’est pas le cas de toutes les structures, même celles qui ont demandé à être facturées selon la cotation. Certains demandent à leur fournisseur de leur fournir la mercuriale éditée par le SNM mais la diffusion des informations payantes du SNM est interdite. Si la structure est abonnée, les contrôles sont possibles mais demandent beaucoup de temps, que n’ont pas souvent les gestionnaires des cuisines. Il faut aussi connaître un minimum les produits, les calibres et les différents conditionnements pour savoir à quelle cotation se référer. Dans le domaine public, il n’est pas rare qu’il y ait un service économique distinct de la cuisine (cas des hôpitaux, cas des collèges - cuisiniers / gestionnaires, …). Ainsi, celui qui reçoit et contrôle la marchandise n’est pas celui qui paye et contrôle la facture. Cela complique les vérifications. Des prix bas, trop bas ? Récapitulatif des points de vigilance Poids des cageots Produit livré = produit facturé Produit livré coté Cotation respectée La qualité des fruits et légumes s’apprécie sur le long terme. Une dégustation ponctuelle n’est pas un gage de qualité pour toute la durée du marché. Ainsi, les critères de qualité des fruits et légumes sont difficiles à juger au moment d’attribuer un marché. De plus, les fournisseurs sont souvent capables de répondre aux mêmes attentes en termes logistiques. Tant que d’autres critères ne sont pas introduits, le prix reste aujourd’hui un critère déterminant. Ainsi, c’est souvent celui qui offre le meilleur rabais sur la cotation du SNM qui emporte le marché. C’est pour cela que la restauration collective est aujourd’hui accusée de tirer les prix vers le bas. Notons que pour des fournisseurs de petite taille, il est impossible de proposer des tarifs inférieurs à la cotation. Si par exemple ils se fournissent au marché de gros de Corbas, ils achètent éventuellement à un prix légèrement inférieur à la cotation, mais doivent ensuite assurer leur marge. Un prix juste pour ces fournisseurs serait plutôt de l’ordre de 20% audessus de la cotation. Vers un nouveau fonctionnement ? L’article 14 de la loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche, datant du 27 juillet 2010, repris par l’article LL441-2-2 du Code de Commerce, stipule qu’un acheteur, un distributeur ou un prestataire de services ne peut bénéficier de remises, rabais et ristournes pour l'achat de fruits et légumes frais. Suite à la découverte de cet article, le CCC France1, INTERFEL2 et l’UNCGFL3 ont rencontré la DGCCRF qui a confirmé que cette interdiction est applicable aux acheteurs publics. « A compter du 28 janvier 2011 aucune facture ne pourra comporter de rabais, remises ou ristournes. Pour les marchés passés avant le 28 juillet 2010, date de la loi, le contrat ou le marché pourra continuer à être exécuté mais sans l'octroi de quelques remises que ce soit sous peine de sanctions. Toute notion de coefficient sur mercuriale pourrait être considérée comme un maquillage de remise et est donc à proscrire. A partir des échanges que nous avons eux avec l’administration centrale, il est à privilégier l'application de barème fournisseur, comme présenté dans les recommandations INTERFEL CCC. Les mercuriales servent alors de repère de variation des tarifs mais ne sont pas un repère de fixation du prix dans vos marchés. Un avenant au marché en cours permet de préciser cette nouvelle modalité. » (www.ccc-france.fr). Cette information a été confirmée par le service juridique du Ministère de l’Agriculture. Les marchés sont en cours de modification, par exemple par avenant. Dorénavant, les fournisseurs doivent éditer leur propre mercuriale. Cette nouvelle législation pourrait mettre fin aux prix excessivement bas. ________ (1) (2) (3) Association de la Restauration Collective en Gestion Directe Interprofession de Fruits et Légumes Frais Union Nationale du Commerce de Gros de Fruits et Légumes Février 2011
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