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Rôle futur des câblo-opérateurs dans l’émergence de la maison numérique en Europe POLICY SERIES Liberty Global Policy Series Rôle futur des câblo-opérateurs dans l’émergence de la maison numérique en Europe par Booz Allen Hamilton TABLE DES MATIÈRES I. Synthèse 1 II. L’émergence de la maison numérique de l’an 2010 en Europe 8 1. Vision : la maison numérique de l’an 2010 8 2. Fort taux d’adoption attendu : suscite un intérêt immédiat 10 3. Pourquoi agir ? : l’Europe accuse un certain retard par rapport aux Etats-Unis et à l’Asie 12 III. IV. V. Un paysage concurrentiel évolutif pour le marché de la maison numérique 17 1. La convergence de l’industrie est devenue une réalité commerciale 17 2. Les règles changent : les tendances émergentes du nouveau paysage concurrentiel 20 3. Le contenu premium est la clé du succès : la concurrence va encore s’intensifier 29 Les difficultés auxquelles seront confrontés les organismes de réglementation pour soutenir la maison numérique en 2010 31 « Les dividendes numériques » du marché de la maison numérique 35 1. Les scénarios de développement de la maison numérique d’ici à 2010 35 2. Le marché de la maison numérique de l’an 2010 promet d’importants « dividendes numériques » en matière de croissance, d’investissements et d’emplois 3. 38 Retarder l’émergence de la maison numérique affecterait considérablement les « dividendes numériques »—la réglementation représentant un catalyseur clé ou un obstacle 44 3.1 Une adaptation trop lente du cadre réglementaire aurait d’importantes répercussions 46 3.2 Les structures industrielles déséquilibrées pourraient ralentir l’évolution vers la maison numérique VI. 46 Recommandations 47 1. Recommandations pour les décideurs et les régulateurs 47 1.1 Recentrer l’attention du haut débit sur la convergence / télévision numérique 47 1.2 Garantir l’équilibre concurrentiel au sein d’un monde numérique convergent 47 1.3 Trouver un juste équilibre entre la protection de l’usager et les objectifs d’emploi et d’investissements à long terme 2. 50 1.4 Rediriger la réglementation vers la concurrence équitable entre opérateurs de réseaux 50 Recommandations pour l’industrie du câble 51 I. SYNTHÈSE Emergence de la maison numérique en Europe—Enseignements clés Après le haut débit et la téléphonie, la télédiffusion représente le prochain marché touché par la révolution numérique avec l’apparition de nouveaux concurrents tels que les opérateurs de télécommunications. En termes de taux de pénétration des foyers européens, nous pouvons nous attendre à ce que la télévision numérique dépasse le haut débit dans les cinq prochaines années, et qu’elle devienne l’élément moteur du développement de la maison numérique et d’une société numérique ouverte à tous. Le développement de la maison numérique offre des avantages considérables pour l’usager : un choix plus vaste, une plus grande facilité de contrôle et une valeur de divertissement plus élevée—les marchés avancés montrent que l’usager adopte les nouveaux services rapidement dès qu’il en a perçu les avantages. La concurrence s’orientera vers des offres multi produit (télévision, Internet, téléphonie) couvrant tous les besoins domestiques et conduisant à un seul marché unifié de la maison numérique. Cette convergence permettra des économies d’échelles de plus en plus importantes dans le paysage concurrentiel, permettant ainsi d’effectuer les investissements initiaux nécessaires à la constitution d’un avantage concurrentiel. Les opérateurs historiques seront bien positionnés pour dominer le marché de la maison numérique dans la mesure où ils jouissent d’une large base de clients, dans une proportion de 1 à 10 en comparaison des câblo-opérateurs. Néanmoins, sur de nombreux marchés, les câblo-opérateurs seront leurs seuls concurrents significatifs. Les avantages liés au développement accéléré de la maison numérique sont considérables : des investissements cumulés à hauteur de 100 milliards d’euros d’ici à 2010 permettraient la création de 100.000 nouveaux emplois. Ainsi, le développement de la maison numérique—généré en grande partie par celui de la télévision numérique—s’avérera être un catalyseur clé pour mettre en œuvre le programme i2010 de l’Union Européene. Les câblo-opérateurs représenteraient le moteur d’emplois le plus important et totaliseraient plus d’un tiers de tous les emplois créés par les opérateurs de réseaux. Retarder l’émergence de la maison numérique altérerait considérablement ces perspectives positives—39 milliards d’euros d’investissements cumulés et près de 90.000 emplois pourraient être perdus ou retardés. Pour garantir le développement accéléré de la maison numérique en Europe, les décideurs doivent se concentrer sur quatre actions clés: 1. Recentrer l’attention du haut débit sur la convergence / télévision numérique 2. Garantir l’équilibre de la concurrence et de la structure du marché. 3. Trouver un juste équilibre entre la protection de l’usager et les objectifs d’emploi et d’investissements à long terme. 4. Rediriger la réglementation vers la concurrence équitable entre opérateurs de réseaux utilisant différentes technologies. Page 1 Créer la maison numérique en Europe Malgré un démarrage relativement lent dans la plupart des pays européens, la révolution numérique progresse à un rythme de plus en plus rapide. Les usagers modifient leurs usages et leurs dépenses en faveur des nouveaux médias numériques. Grâce à un parc d’ordinateurs personnels et à une pénétration du haut débit en constante augmentation, la façon dont les usagers accèdent à l’information, consomment des services de divertissement et font leurs courses, a changé considérablement dans la plupart des économies occidentales. Les usagers passent plus de temps en ligne qu’à lire les journaux et les magazines. Près de la moitié des matériels et logiciels grand public sont déjà achetés en ligne aux Etats-Unis. Au RoyaumeUni et en Allemagne, un album de musique sur cinq sera commandé en ligne cette année. C’est à présent au tour de la télévision, deuxième élément de la vie quotidienne, par ordre d’importance, d’être radicalement transformée par la révolution numérique. Certains pays européens comme le Royaume-Uni, et dans une moindre mesure la France, font d’énormes progrès en termes de taux de pénétration de la télévision numérique. Toutefois, les benchmarks internationaux montrent que l’UE accuse un retard considérable par rapport à d’autres régions, notamment les Etats-Unis et certains pays asiatiques, quant au taux de pénétration et de disponibilité de ces services. Plus de la moitié des foyers américains bénéficient déjà de services de télévision numérique, avec un taux de croissance soutenu, contre seulement 20% en moyenne européenne. Notre benchmark international indique que le développement croissant de la télévision numérique (TN) constituera l’un des plus importants moteurs d’innovation et de croissance dans le secteur de la technologie de l’information et de la communication (TIC) : (1) À elle seule, la TN représentera l’un des plus gros segments de croissance sur le marché de la TIC. (2) La TN constituera une plateforme de croissance pour l’industrie de la diffusion de contenu local, offrant un niveau de diversité inconnu jusqu’ici (3) La TN en tant que technologie et média de masse dominant s’avérera cruciale pour l’intégration numérique, en offrant tout le potentiel des services interactifs à certaines couches de la société qui, sans elle, auraient pu se voir exclues d’un monde numérique uniquement fondé sur les ordinateurs personnels. (4) Enfin et surtout, la TN servira de catalyseur pour la convergence, en restructurant le paysage concurrentiel des services de communication et de divertissement, ainsi qu’en favorisant une croissance économique importante et qu’en permettant la création de nombreux emplois. Page 2 Notre vision à moyen terme : La « maison numérique d’ici à 2010 » Malgré un rythme de changement de plus en plus rapide, des points de repère commencent à émerger dans le futur paysage numérique : une analyse quantitative fine et sophistiquée exploitant les évolutions des marchés les plus avancés nous a permis de développer une solide vision à moyen terme de ce que nous appelons « la maison numérique de l’an 2010 ». C’est sur cette perspective de développement futur que les décideurs de l’industrie et les régulateurs baseront leur réflexion. Dans les cinq prochaines années, la plupart des foyers européens pourront être reliés à des services de communication avancés, y compris l’Internet haut débit et la télévision numérique. En fait, nous pensons que d’ici à 2010, la télévision numérique aura déjà dépassé l’Internet haut débit. Les usagers profiteront de ce développement à plus d’un titre: un choix et une qualité accrus mais aussi une facilité de contrôle et une meilleure interactivité révolutionneront l’expérience de l’utilisateur de la télévision de demain. La plupart des usagers européens auront accès à une diversité de contenu encore inconnue aujourd’hui dans la plupart des pays d’Europe. Depuis l’an 2000, le nombre de chaînes de télévision disponibles en Europe a doublé pour atteindre le nombre vertigineux de 1.600 chaînes—au Royaume-Uni où le marché de la télévision est le plus avancé en Europe, les usagers peuvent choisir parmi plus de 400 émissions télévisées. Mais la quantité n’est pas le seul critère. Les usagers ont également accès à un contenu de meilleure qualité : des événements sportifs ou films « premium » aux grands documentaires, en passant par les émissions de contenu local ou européen. En outre, les usagers recevront une image de qualité accrue, basée sur la technologie TVHD (la télévision haute définition). Les taux d’adoption de la TVHD sont en forte croissance aux Etats-Unis et au Japon et la demande de postes TVHD connaît également une forte croissante en Europe, ce qui prouve l’intérêt des usagers pour ces services. En outre, ils maîtriseront mieux leur expérience de téléspectateur. Les guides de programmes interactifs (IPG, Interactive Program Guides) faciliteront la navigation et la sélection du contenu—dont une grande partie leur sera proposé « à la demande ». Par ailleurs, ils pourront aisément enregistrer les émissions et films souhaités sur un enregistreur numérique personnel (ENP) et les visionner au moment qui leur convient. Là encore, l’expérience du marché aux Etats-Unis laisse supposer que les usagers adopteront ces nouveaux services dès qu’ils seront disponibles. Gemstar, le principal fournisseur d’IPG—proposé à 12 millions de foyers aux Etats-Unis—rapporte des données d’utilisation équivalentes au taux d’utilisation total des internautes privés aux Etats-Unis. Comcast, un fournisseur américain de télévision par câble (CATV), pense distribuer plus d’un milliard de séances à la demande sur son réseau cette année—soit plus de 20 séances par abonné actif par mois. Enfin et surtout, la télévision deviendra interactive, ce qui permettra aux usagers de réagir et d’inter agir directement, en utilisant les boutons de leur télécommande. Mis à part les services purement commerciaux et les services de divertissement, le développement interactif offre également une occasion aux autorités et à d’autres services d’information de toucher un nombre bien supérieur de foyers. Depuis août 2004, la télévision interactive permet aux téléspectateurs de la Community Channel au Royaume-Uni de faire des dons d’argent à plusieurs œuvres de bienfaisance par le biais du décodeur de leur téléviseur. Un des plus grands succès fut l’appel de fonds pour le Tsunami en décembre 2004, qui a réussi à collecter plus de 1,25 millions de livres sterling. On peut également constater des développements similaires dans certains pays asiatiques et aux Etats-Unis où 20 millions de foyers peuvent accéder à des informations sur les conventions nationales républicaines et démocrates ainsi qu’à des débats présidentiels en VoD. Un paysage concurrentiel évolutif pour le marché de la maison numérique Les services proposés vont changer, de même que la façon dont ils seront commercialisés. La majorité des maisons numériques pourra s’adresser à un même prestataire pour recevoir les services vidéo et télévisuels décrits ci-dessus ainsi que l’Internet haut débit et les services de téléphonie. Concernant les marchés les plus avancés, les usagers pourront acheter leurs services auprès d’un éventail de prestataires—dans la plupart des cas, les opérateurs de télécommunications et les câblo-opérateurs—et se verront proposer un choix de technologies (fibre optique, fibre coaxiale hybride ou DSL). Les fournisseurs d’infrastructure joueront un rôle pro actif très important dans la définition de ce nouvel environnement convergent. Le développement du haut débit en Europe indique déjà que les pays dans lesquels règne une forte concurrence entre opérateurs de réseaux / d’infrastructures, sont souvent les premiers en termes de taux de pénétration globale desdits services auprès des foyers. Leurs investissements ouvriront la voie au succès d’autres acteurs de ce marché, notamment les fournisseurs de solutions techniques, d’équipements et de contenus. Tous les opérateurs de réseaux de télécommunications, y compris les opérateurs historiques, se sont engagés dans une lutte pour se positionner sur le marché de la maison numérique. Cela signifie qu’ils investissent pour être en mesure de fournir les services « triple play » (voix, données et télévision). Toutefois, leurs objectifs varient. Si les câblo-opérateurs ainsi que les opérateurs de télécommunications nouveaux entrants considèrent le marché de la maison numérique comme un axe de croissance de leur chiffre d’affaires, les opérateurs historiques cherchent surtout à se protéger. En effet, la téléphonie fixe souffre déjà de la concurrence de la téléphonie mobile et de la VoIP en zone dégroupée et / ou couverte par le câble. Ils perçoivent les services vidéo, et notamment la télévision, non seulement comme un levier de croissance mais également comme un moyen efficace de préserver leur base de clients vis-à-vis d’autres acteurs disposant d’infrastructures différentes. Les analyses de marchés montrent que les usagers sont disposés à n’utiliser qu’un seul fournisseur pour l’ensemble de leurs services (TV, Internet haut débit et téléphonie) si l’offre proposée est compétitive. Les conséquences sont doubles pour le paysage concurrentiel. Tout d’abord, tout acteur majeur du marché de la maison numérique doit pouvoir offrir toute la gamme de services. A moyen terme, les câblo-opérateurs restent les seuls rivaux crédibles des opérateurs de télécommunications. Tous les autres acteurs se livrent à une concurrence technologique (par exemple, la diffusion directe par satellite de programmes de télévision et la diffusion terrestre de programmes de télévision) qui ne leur permet pas (encore) de fournir les services « triple play ». Par ailleurs, la taille deviendra un critère de compétitivité de plus en plus important, les services numériques offrant des économies d’échelle significatives. En d’autres termes: plus le nombre d’abonnés desservis est important, plus les marges seront élevées—ce qui accroît la capacité de réinvestissement dans la mise à niveau des réseaux, l’élaboration d’autres plateformes et l’offre de contenu de haute qualité, pour accroître l’avantage concurrentiel. Pour les autres acteurs de la chaîne de valeur de la maison numérique (comme les fournisseurs de contenu) il importe également de réaliser des économies d’échelles condition essentielle pour viabiliser les nouveaux modèles commerciaux. La taille et les économies d’échelle permet aux opérateurs historiques de se retrouver nettement en tête dans la conquête du marché de la maison numérique. Sur la plupart des marchés, les opérateurs historiques tels que Deutsche Telekom, France Télécom, BT ou KPN dépassent les plus gros câblo-opérateurs, en termes de revenus et / ou de nombre d’abonnés, par un facteur d’au moins 10 à 1. Page 3 Les difficultés auxquelles sont confrontés les régulateurs pour permettre le développement de la maison numérique d’ici à 2010 Les développements technologiques, le jeu concurrentiel et les préférences des utilisateurs changent radicalement l’environnement réglementaire actuel. Par exemple, la diffusion était généralement considérée comme un goulot d’étranglement, contraignant ainsi les régulateurs à adopter une position défensive visà-vis des fournisseurs de contenu afin de leur garantir la possibilité de diffuser leur contenu. Ce n’est plus le cas avec la maison numérique au sein de laquelle la disponibilité du spectre et la largeur de bande sont moins problématiques. A contrario, nous pourrions nous trouver dans une situation de sur capacité de diffusion et d’insuffisance de contenu disponible. Pour protéger les utilisateurs, les niveaux tarifaires ont souvent été réglementés et la concentration des diffuseurs interdites. Toutefois, dans l’ère de la maison numérique, les usagers pourront choisir parmi différents fournisseurs de média, et le marché se chargera de réglementer les prix. En maintenant les cadres réglementaires existants, on risque au contraire d’entraver significativement le développement de la maison numérique, ce qui finira par limiter la croissance de l’industrie et frustrer l’utilisateur. Les autorités de réglementation nationales et européennes se rendent compte de l’importance accrue que le jeu concurrentiel prendra dans l’environnement du marché convergent et elles essaient d’en tirer les conséquences réglementaires. Au niveau européen, d’importantes initiatives réglementaires et de politique publique ont été prises afin de faciliter le développement de la convergence : introduction du programme i2010, initiatives politiques pour combler le fossé numérique, communication sur l’accélération du passage à la diffusion de la télévision numérique, et application des principes de la libre concurrence sur l’accès au contenu (et l’exploitation des droits s’y référant) pour différentes plateformes de diffusion. Dans l’avenir, plusieurs dispositions contribueront à la restructuration du cadre réglementaire à l’échelle de l’UE : prochaine révision de la directive Télévision sans frontières (TVWF, Television without Frontiers), révision du cadre réglementaire pour les services et réseaux électroniques de communication (NRF, New Regulatory Framework, Nouveau Cadre réglementaire) en vue de l’introduction des « réseaux de nouvelle génération » mais également examen de la liste des marchés des produits et des services pertinents recommandés par la Commission dans le cadre du NRF. Page 4 Pourtant, la plupart des décideurs et responsables en charge des réglementations nationales ont du mal à mettre en œuvre les politiques publiques et les instruments réglementaires cohérents pour suivre, à moyen terme, le rythme des développements technologiques et commerciaux, et garantir l’égalité des chances pour toutes les acteurs désireux d’investir dans ce domaine. La Commission Européenne a déjà fait un premier pas dans la bonne direction en confiant à un Commissaire la responsabilité du suivi de la Société de l’Information et des Médias, faisant de lui le commissaire en charge de la convergence. Toutefois, la plupart des pays européens continuent à réglementer les médias et les télécommunications sans beaucoup de coordination entre les autorités. De ce fait, la réglementation est élaborée dans des conditions peu optimale pour permettre le développement de la convergence. « Les dividendes numériques » du marché de la maison numérique Booz Allen Hamilton a entrepris de nombreuses études et analysé le futur développement du marché de la maison numérique européenne, sur la base de différents scénarios d’évolution du marché. Les résultats sont encourageants mais mettent également en avant la nécessité d’une action rapide. En supposant un climat économique propice et un régime réglementaire favorable, les gains (« les dividendes numériques ») à tirer du développement de la maison numérique sont très importants : D’ici à 2010, plus de 60% des foyers européens pourraient être recevoir les services de télévision numérique, D’ici là, la télévision numérique pourrait rattraper le haut débit en termes de taux de pénétration dans les ménages—ce qui permettrait à la télévision numérique de jouer le rôle de catalyseur principal dans une société numérique qui n’exclut personne, D’ici à 2010, l’industrie investirait 100 milliards d’euros pour développer les technologies et les réseaux nécessaires au développement du marché de la maison numérique, Près de 100.000 emplois pourraient être créés, la télévision par câble étant le levier de création d’emplois le plus important, D’ici à 2010, le contenu local croiteraît de manière significative du contenu local, avec 35 milliards d’euros consacrés au développement du contenu pour la télévision numérique. Les enjeux sont donc considérables, mais il reste un certain nombre d’obstacles à surmonter. De nombreux acteurs de la chaîne de valeur doivent aligner leurs stratégies et leurs modèles économiques permettant à chacun de capturer la valeur correspondant à sa prise de risque. Cependant, notre analyse montre clairement que le levier le plus important sera le cadre réglementaire, garantissant l’égalité des chances pour tous les acteurs désireux d’investir dans cette opportunité. Près des deux tiers des investissements nécessaires serraient réalisés par les opérateurs de réseau. Ces investissements vont avoir des répercussions importantes, notamment dans le domaine du développement du contenu et des innovations au niveau de l’équipement du foyer. Par conséquent, il faut s’assurer que la concurrence sera loyale en ce qui concerne l’infrastructure. Sur la base de l’analyse du développement des marchés européens et nord américains nous estimons que seule une concurrence équilibrée et basée sur l’infrastructure / les réseaux garantira un développement rapide et durable de ce marché. Les pays où la concurrence entre opérateurs de réseaux pour les accès haut débit est importante, notamment de la part des câblo-opérateurs, connaissent des taux de pénétration plus élevés et offrent un meilleur rapport qualité / prix pour l’utilisateur final. Nous pouvons nous attendre à une dynamique comparable en ce qui concerne la maison numérique. Mais une telle dynamique de marché comparable à celle du haut débit dans les pays les plus avancés, par exemple le Royaume-Uni et la Belgique, ne pourra émerger que lorsque plusieurs offres « triple play » seront disponibles. Cela souligne le caractère stratégique des décisions que vont prendre les autorités de réglementation. On peut s’attendre à des retards importants si l’on ne stimule pas suffisamment les investissements dans les infrastructures réseaux et si—dans une certaine mesure— le régime réglementaire ne les protège pas. Près de la moitié des investissements cumulés—environ 40 milliards d’euros—seraient retardés ou même perdus au niveau européen si les obstacles réglementaires n’étaient pas supprimés. L’impact sera encore plus important sur le marché du travail : 90.000 emplois sur les 100.000 à générer dans les industries convergentes pourraient être perdus. Recommandations pour les décideurs et les régulateurs Les enjeux du succès sont élevés—les décideurs et les régulateurs doivent agir de manière décisive. En nous fondant sur notre analyse, nous dégageons quatre thèmes clés sur lesquels les organismes de réglementation doivent porter leur attention : 1. Recentrer l’effort réalisé sur haut débit vers la convergence / télévision numérique A ce jour, les décideurs et les régulateurs se sont principalement focalisés sur le haut débit pour permettre l’avènement de la société de l’information. Notre analyse montre que la télévision numérique prend de l’importance et on peut s’attendre à ce qu’elle dépasse le taux de pénétration du haut débit d’ici 2010. Etant donné que la télévision numérique devient le principal instrument d’intégration dans la société numérique, une perspective politique et réglementaire plus équilibrée entre haut débit et télévision numérique parait justifiée. Les décideurs et les gouvernements nationaux doivent se rendre compte de l’importance de la migration analogique — numérique, et soutenir par conséquent les initiatives entreprises par les acteurs de l’industrie. 2. Garantir l’équilibre de la concurrence et du jeu concurrentiel dans un monde numérique convergent Pour garantir l’équilibre du jeu concurrentiel, les décideurs doivent prendre en considération l’impact de la convergence des marchés de la télévision et du haut débit. Notamment, la relation entre les différents marchés horizontaux (par exemple, la télédiffusion et l’accès haut débit), et les interdépendances de plus en plus fortes qui existent entre eux. Une position dominante aujourd’hui dans la télédiffusion peut être aisément éclipsée demain par la mise en concurrence avec des acteurs dont la taille peutêtre dix fois supérieure en termes de revenus et de nombre de clients. Par ailleurs, l’interaction sur la chaîne de valeur, en particulier entre les opérateurs de réseaux et les fournisseurs de contenu, doit être mise (ou maintenue) en équilibre. Traditionnellement, les structures de marché quasiment monopolistiques, en termes de diffusion, plaçaient les diffuseurs dans une position avantageuse, et elles ne pouvaient donc pas pénétrer le marché du contenu. Dans la mesure où la diffusion ne constituera plus un goulot d’étranglement, il est temps de repenser ces éléments de réglementation. L’avènement de la convergence nécessite donc de repenser les cadres réglementaires établis et notamment l’interdiction faite aux diffuseurs de se positionner dans la production de contenu. Par conséquent, les Page 5 cadres réglementaires concernant les consolidations verticales et horizontales doivent intégrer ces nouvelles réalités commerciales. La consolidation de l’industrie sera nécessaire dans la plupart des pays européens pour permettre une concurrence loyale. A ce titre, le marché convergent lance un défi particulier aux autorités de réglementation. En effet, bien souvent, le marché de la maison numérique est réglementé par diverses autorités (par exemple, un organisme réglementaire pour les télécommunications, un autre pour les médias) dont les objectifs diffèrent. Or, la convergence de la télévision, du haut débit et de la téléphonie nécessitera une coordination plus étroite—voire une fusion—entre les divers organismes réglementaires et la définition de stratégies industrielles, appuyées par un ensemble plus vaste de politiques publiques cohérentes. Le passage de la télévision analogique à la télévision numérique est un défi important pour tous les acteurs industriels. Tout soutien inéquitable de technologies et / ou de plateformes risque de provoquer un déséquilibre et un ralentissement du développement global des marchés. Par conséquent, les décideurs devraient privilégier la migration rapide de l’utilisateur vers le numérique, indépendamment de la technologie de la plateforme de diffusion, par le biais de campagnes publicitaires ou la fixation de dates marquant la fin de l’exploitation de l’analogique. A ce titre, la migration vers le numérique devrait rester neutre sur le plan technologique. 3. Trouver un juste équilibre entre la protection de l’utilisateur et les objectifs de création d’emplois et d’investissements à long terme Les décideurs doivent concilier les intérêts de l’usager à court terme (par exemple, les niveaux tarifaires) et les objectifs à moyen terme en matière de croissance économique et de création d’emplois. Pour le régulateur, le besoin de soutenir cet équilibre implique la cohérence des cadres réglementaires des différents services (télévision, haut débit, téléphonie), et ce à travers les différents types de réseaux de diffusion (câble, DSL, satellite, terrestre), ainsi que tout au long de la chaîne de valeur. Lors de la prise de décisions sur des abus de position dominante ou sur la protection de l’usager, les décideurs doivent faire un compromis entre les gains à court terme et les conséquences positives à long terme sur les investissements, les créations d’emplois et le jeu concurrentiel. Ils doivent s’assurer que les solutions palliatives à court terme (par exemple, la réglementation tarifaire, l’accès au réseau) n’ont pas d’impacts négatifs sur les investissements nécessaires à la croissance sur le long terme. Page 6 4. Rediriger la réglementation vers la concurrence équitable entre opérateurs de réseaux Les décideurs devraient stimuler la concurrence en matière d’infrastructure au lieu de se focaliser trop fortement sur la concurrence entre services, pour encourager le choix de l’utilisateur. En effet, seule la concurrence au niveau des réseaux / infrastructures se montre véritablement fructueuse en termes d’investissements, d’innovations technologiques et de création d’emplois dans le pays. Favoriser la concurrence en matière de services plutôt qu’entre infrastructures dissuaderait les opérateurs de réaliser les importants investissements dans les infrastructure faute de pouvoir les rentabiliser. Un défaut d’investissement dans les infrastructures induirait des taux de pénétration plus faibles de la maison numérique. Etant donné le caractère stratégique du développement du marché de la maison numérique, l’impact d’une montée en puissance trop lente pourrait se révéler néfaste pour l’économie : l’engagement d’importants investissements dans le contenu numérique et la création de nouvelles entreprises seraient retardés ; les petites et moyennes entreprises seraient privées des toutes dernières fonctionnalités de communication, et l’intégration numérique ne serait pas réalisée aussi rapidement que possible. En outre, les régulateurs doivent réaliser que la concurrence entre services sur un réseau risque d’entraîner une dégradation de la qualité du service, pour les clients du fournisseur de service et pour ceux du fournisseur d’infrastructure. L’ouverture des réseaux aux fournisseurs de services tiers risque également de limiter la protection efficace des droits du contenu. Recommandations pour l’industrie du câble Tour à tour, les acteurs de l’industrie doivent s’adapter aux nouvelles réalités pour permettre le développement de la maison numérique. Aujourd’hui, l’industrie du câble se trouve sur un marché de produits grand public, pour lequel les entreprises doivent faire face à une évolution rapide des besoins. Pour chacun de ces produits, plusieurs concurrents crédibles tentent de s’approprier une forte part de marché. Pour bien mener le développement de la maison numérique, les opérateurs du câble affrontent donc trois défis clés : (1) Réaliser d’importants investissements initiaux, (2) S’assurer rapidement l’intérêt du grand public et (3) Capturer de nouvelles sources de revenus. Pour répondre à ces défis et être moteur dans le développement de la maison numérique, les câblo-opérateurs devraient suivre six impératifs stratégiques : 1. Comprendre les besoins finaux des clients : développer des offres de divertissement de bout en bout répondant aux besoins des utilisateurs, 2. Offrir des offres complètes multi produits : « triple play », 3. Convaincre les utilisateurs : développer des compétences marketing et commerciales, 4. Donner à l’utilisateur ce qu’il désire : migrer proactivement les clients vers le numérique, 5. Construire la taille critique : développer une économie d’échelle viable dans chaque pays, 6. Développer un « jeu d’équipe » : mettre en place de nouveaux modèles économiques et de nouveaux partenariats pour développer des services toujours plus sophistiqués. Afin que la maison numérique devienne une réalité, les régulateurs doivent relever un double défi : garantir un environnement concurrentiel équitable et favoriser les investissements des acteurs intéressés. Une fois ce défi relevé et les investissements des acteurs réalisés, l’Europe pourra se préparer avec enthousiasme à entrer dans l’ère numérique. Page 7 II. L’ÉMERGENCE DE LA MAISON NUMÉRIQUE DE L’AN 2010 EN EUROPE 1. Vision : La maison numérique d’ici à 2010 La numérisation et la convergence ne sont plus de vains mots à la mode mais sont devenus une réalité commerciale; Les industries de la communication et des médias continuent de connaître des innovations technologiques rapides dans divers domaines : services numériques, réseaux de diffusion numérique et équipements utilisateurs. De même, la technologie de diffusion de la télévision migre de plus en plus de l’analogique vers le numérique. Et enfin, les acteurs de l’industrie lancent des services toujours plus nombreux et sortent de leurs domaines d’activités traditionnels pour empiéter sur les domaines de prédilection de leurs concurrents. Toutes ces évolutions confirment La convergence numérique une tendance fondamendes infrastructures de tale : la convergence télévision, d’accès haut du divertissement, des débit et de téléphonie est à communications, et de la base du développement l’informatique vers ce de la maison numérique que nous appelons la d’ici à 2010 « maison numérique ». La convergence aura essentiellement pour effet de renforcer la concurrence entre les opérateurs de réseaux en facilitant l’entrée de multiples plateformes de diffusion sur le marché. Ces plateformes seront destinées à fournir les services de télévision numérique, d’accès haut débit et de téléphonie. Ces services, qui auparavant étaient fournis séparément par le biais de réseaux différents, sont de plus en plus offerts aux maisons numériques européennes sous la forme d’offres intégrées « multi play », fournies via une seule infrastructure de diffusion à large bande passante (Illustration 1). En conséquence, les utilisateurs auront le choix entre différents fournisseurs de plateformes de diffusion, d’un coté les acteurs de la diffusion terrestre, par câble ou par satellite et de l’autre les acteurs de télécommunication. Ces derniers comptent offrir une suite complète de services d’information, de communication, et de divertissement aux maisons numériques, empiétant ainsi sur les principaux marchés habituels de leurs concurrents. Un des thèmes phares de l’industrie ces 10 dernières années devient aujourd’hui une réalité commerciale. Les utilisateurs belges peuvent déjà choisir une offre groupée complète (triple play) comprenant la télévision, le haut débit et la téléphonie, proposée par leurs câblo-opérateurs (par exemple, Telenet) ou par leur opérateur historique (Belgacom). De même, les utilisateurs français peuvent s’abonner aux offres de services « triple play » proposées par les câblo-opérateurs (par exemple, UPC Noos) ou par France Télécom. Des infrastructures numériques à large bande passante sont nécessaires pour offrir les nouveaux services numériques, tels que la télévision interactive, les jeux interactifs ou la vidéo sur demande au foyer. Illustration 1 : Convergence de la maison numérique Aujourd’hui : Structure traditionnelle du foyer DTH Télévision Demain : Services « Triple Play » pour la maison numérique Terrestre Câble Maison numérique Télévision Internet haut débit Sources : Forrester Research, analyse de Booz Allen Hamilton Page 8 Câble, DSL, DTH, DTT Téléphonie Triple Play Téléphonie Internet haut débit Télévision La fourniture de services convergents à des millions de foyers implique d’énormes investissements initiaux de mise à niveau des anciennes infrastructures et de mise en œuvre de nouvelles. Pour couvrir ces frais fixes, les opérateurs de réseau devront atteindre des taux de pénétration élevés et maintenir ou capturer des parts de marché importantes. Ce gros effort commercial de la part des opérateurs est important pour la montée en puissance de ce marché. L’obtention rapide d’économies d’échelle pour offrir des services « multi play » en capturant un maximum d’abonnés le plus rapidement possible est la seule stratégie envisageable dans cette activité d’infrastructure qui génère des coûts fixes ne dépendant pas du nombre de clients. Etant donné les énormes investissements d’infrastructure et de contenu déjà réalisés par de nombreux acteurs du marché et certains nouveaux venus, la convergence vers la maison numérique est une tendance irréversible. numérisation a déjà considérablement augmenté le nombre de nouvelles chaînes lancées. Depuis 2003, plus de 200 nouvelles chaînes ont été lancées chaque année en Europe (Illustration 2). Ce développement annonce l’émergence d’un contenu visant des créneaux spécifiques du marché, favorisant la diversité culturelle (par exemple, contenu destiné aux minorités, contenu relatif à une activité spécifique). La spécialisation du contenu reflète la segmentation accrue du public audiovisuel. La gamme du contenu premium va se diversifier et s’élargir, fournissant aux téléspectateurs un large éventail de programmes parmi lesquels ils pourront choisir. Pour satisfaire les préférences fragmentées des clients, davantage d’investissements se feront dans les émissions. En parallèle, de nouveaux services vont apparaître avec l’introduction d’une plus grande interactivité des réseaux de nouvelle génération. Les services numériques avancés permettent aux utilisateurs de contrôler directement les médias—et ainsi d’accéder au contenu de Les avantages du développement leur choix, au moment voulu (IPG, de la maison numérique en Europe ENP, VoD). De plus, les maisons Le développement de la maison sont considérables pour l’utilisateur. numériques peuvent s’attendre à une numérique offre des avantages Il aura le choix entre plusieurs platequalité accrue de l’image et du son. considérables à l’utilisateur formes de diffusion interactives Actuellement, aux Etats-Unis, les d’avant-garde, toutes proposant abonnés aux services numériques d’offrir une offre complète de services « triple play ». bénéficient déjà de ces options (Illustration 3)— Chaque plateforme de diffusion fournira une multitude et en font un usage intensif. Les usagers pourront de possibilités de programmation des chaînes actuellefinalement sélectionner le périphérique sur lequel ils ment disponibles en clair, offrant ainsi un contenu local, souhaitent consulter le contenu de leur choix et en national et européen de nature culturelle, éducative profiter dans le confort de leur foyer. De surcroît, les et divertissante. Au cours des dernières années, la maisons numériques accéderont, au-delà des services Illustration 2 : Développement des chaînes de télévision européennes (1995-2005) Nombre de chaînes 1800 1600 1400 1200 1000 800 600 400 200 0 1995 Chaînes de télévision existantes 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Lancements Source : Screen Digest Page 9 Illustration 3 : Services de télévision numérique aux Etats-Unis (exemples) EPG Guide des programmes à l’écran Exemple Comcast Mini-Guide Information s’affichant à l’écran tout en regardant la télévision Cinéma numérique Films premium et autres programmes HDTV (8 à 15 chaînes) A la demande Offres gratuites et payantes Chaînes de films spécialisées Passerelles interactives Courrier électronique Météo Jeux Divertissement avec accès Internet à haut débit, à un débit de 6 Mbps Télévision Offres en langues étrangères numérique par exemple, offrant plus de langues latines, Chinois 150 chaînes Sources : comcast.com, analyse de Booz Allen Hamilton audiovisuels, à d’autres services interactifs. Les services de téléphonie numérique (VoIP) deviendront aussi courants que l’accès à Internet, et seront adaptés aux besoins spécifiques de l’utilisateur. Finalement, le maison numérique permettra une meilleure intégration dans la société. Chaque maison numérique bénéficiera d’un accès interactif aux services et au contenu d’intérêt public (par exemple, services des administrations locales, services médicaux, chaînes parlementaires et ministérielles) et pourra inter agir avec les administrations / organismes publics et également participer de manière pro active, à une société démocratique (en votant électroniquement, par exemple). En Italie, les usagers peuvent déjà accéder à des informations locales grâce à leur téléviseur. Des numéros utiles et les heures d’ouverture des organismes gouvernementaux s’affichent ainsi que toutes les offres d’emplois de l’agence pour l’emploi locale. 2. Fort taux d’adoption attendu : suscite un intérêt immédiat Malgré une certaine inertie de la part de l’usager, les tendances des dépenses indiquent que les usagers européens investissent dans de nouvelles technologies destinées à améliorer leur expérience télévisuelle, notamment les grands écrans plats à cristaux liquides et les téléviseurs plasma (Illustration 4). Dès qu’une Page 10 offre attirante est disponible, l’intérêt des usagers pour les services numériques et les dépenses consacrées sont singuliers . Dans le domaine de la musique, Apple a réussi à faire une offre si alléchante, avec son iPod et son iTunes, qu’elle a révolutionné l’industrie de la musique quasiment du jour au lendemain. A ce jour, les téléchargements dépassent globalement 500 millions de chansons. Apple a fait des téléchargements musicaux numériques un succès commercial ahurissant. Au deuxième trimestre de l’année 2005, Apple a réalisé des recettes de 1,2 milliards de Les usagers sont prêts à dollars US grâce à s’adapter à un nouvel équipement l’iPod—plus d’un pour recevoir des services tiers des recettes interactifs ou à consommer des totales de Apple. médias améliorés—et sont prêts En octobre 2005, à en payer le prix Apple a annoncé le lancement de la vidéo sur iPod, qui pourrait révolutionner l’industrie de la vidéo numérique (portable) de manière similaire. Les usagers comprennent les avantages des services numériques et ont exprimé leur intérêt. Toutefois, ils s’intéressent encore davantage aux nouveaux services et fonctionnalités numériques après avoir eu l’occasion d’en faire l’expérience (Illustration 5). L’industrie doit être consciente de la nature passive de la demande de l’usager de façon à offrir, de manière pro active, de nouveaux services numériques présentant de faibles obstacles à l’achat et à commercialiser Illustration 4 : Intérêt de l’usager européen pour l’équipement de télévision de la « nouvelle génération » Intérêt pour les grands écrans LCD et les téléviseurs Plasma (Europe occidentale) Unités (en milliers) La télévision haute définition (TVHD) offre des images de qualité « home cinéma » et un son de qualité CD—permettant à l’usager de vivre une expérience cinématographique dans son salon. Nous prévoyons que le championnat du monde de football de 2006 en Allemagne, qui sera diffusé en télévision haute définition TVHD, suscite beaucoup d’intérêt pour le service. Le Japon et les Etats-Unis se trouvent actuellement en tête en matière de télévision haute définition. A la fin de l’année 2004, 90% des foyers américains en bénéficiaient. TCAM 83% 3000 2000 TCAM 88% 1000 Ecrans LCD Téléviseurs Plasma 0 2003 2004 93% des clients de TiVo trouvent que le service est sensationnel, citant en particulier l’interface utilisateur supérieure de TiVo qui rend le produit si convivial. 2005e Sources : IDC 2004, analyse de Booz Allen Hamilton activement ces services. Un exemple de cette passivité de l’usager est sa réaction à « TiVo », le service ENP aux Etats-Unis. Tout d’abord, la société a eu du mal à persuader les usagers de la valeur ajoutée du service. Elle a commencé à fournir le service gratuitement au cours des premiers mois d’essai et a constaté que l’abonnement était rarement annulé. Désormais, Les services de vidéo à la demande incitent davantage l’usager à utiliser et à adopter la télévision numérique. Il est en effet plus facile de saisir les avantages de la vidéo à la demande, Services de télévision lorsque l’on peut améliorés : les usagers les comparer sa qualité et veulent... mais ils essaient sa convivialité à des avant d’acheter services existants tels que la location de vidéo / DVD. A ce titre, la vidéo à la demande est considérée comme l’un des premiers services interactifs présentant un attrait réel pour le grand public. Aux Etats-Unis, Comcast, le leader de l’industrie, offre une vaste bibliothèque de contenu à la demande à la fois payant Illustration 5 : Evaluation des nouveaux services numériques et interactifs par l’usager Très attrayant Exemple Pays-Bas 9 rieure Image supé 8 7 V Attrait 6 EP 5 EPG SVoD 4 3 2 1 Très déplaisant 0 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100% Notoriété Usagers des services analogiques Usagers de la télévision numérique Sources : SKIM Research 2004, analyse de Booz Allen Hamilton Page 11 et gratuit. Sur l’ensemble des ménages utilisant la vidéo à la demande, plus de 65% sont des utilisateurs actifs et les nouveaux clients de Comcast passent en moyenne 23 commandes par mois. 3. Pourquoi agir ? : l’Europe accuse un certain retard par rapport aux Etats-Unis et à l’Asie Bien que l’Europe s’oriente clairement vers le maison numérique, une comparaison des marchés internationaux montre que d’autres régions sont loin devant en termes de taux de pénétration et de disponibilité de service. De nombreux pays européens accusent désormais un sérieux retard par rapport aux Etats-Unis en termes de taux de pénétration de la télévision numérique (Illustration 6). Le taux moyen de taux de pénétration de la télévision numérique d’environ 20% en Europe soutient mal la comparaison avec les Etats-Unis, où la moitié des ménages sont abonnés aux services de télévision numérique. Non seulement le marché américain est plus vaste mais il croît également plus rapidement. Il en résulte une forte croissance du développement du contenu et des services numériques aux Etats-Unis, tandis qu’en Europe, les services améliorés comme le guide de programmes électroniques (EPG), la vidéo à la demande et l’ENP viennent seulement d’être lancés sur la plupart des marchés. En matière de service haut débit, l’Europe est très en retard par rapport à l’Asie. Avec un taux moyen de taux de pénétration d’environ 24%, l’Europe ne se situe pas très loin des Etats-Unis, mais en revanche elle se fait nettement distancer par les grands pays asiatiques comme le Japon, Taiwan, Hong Kong, et surtout la Corée (Illustration 6). Avec un taux de pénétration des méL’Europe est en retard par nages de près de rapport aux Etats-Unis, 80%, la Corée illustre en matière de taux de bien la façon dont le pénétration de la télévision haut débit peut influnumérique, et se situe derrière encer positivement la l’Asie en ce qui concerne les société. Les achats services à haut débit en ligne constituent déjà presque 12% de toutes les ventes de détail du pays. Dans la mesure où que la Corée approche de la saturation en termes de taux de pénétration, les opérateurs tels que Korea Telecom réagissent et visent désormais à devenir des « fournisseurs de communication à haut débit » offrant à leurs clients des services de communication haut débit à grande vitesse et à haute valeur ajoutée tels que le transfert de fichiers, les services vidéo, et la communication peer-to-peer. Illustration 6 : Pénétration de la télévision numérique et du haut débit en 2004 Pénétration de la télévision numérique en 2004 – Courbe de maturité – Pénétration du haut débit en 2004 – Courbe de maturité – Pénétration du haut débit (% des foyers numériques) Pénétration de la télévision numérique (% des foyers numériques) 100% 100% République Tchèque 2.1% Hongrie4.0% Grèce5.2% 80% Pays-Bas 5.8% Autriche7.0% Pologne 7.4% Belgique 9.5% Allemagne 11.4% 60% Japon 13.7% Suisse 14.7% Portugal 15.2% Espagne 17.1% Italie 18.3% 40% Danemark 19.2% France 21.5% Finlande 26.6% Hong Kong 32.0% Nouvelle Zélande 36.0% Malaysie 36.0% Suède 37.8% Canada: 42.0% Irlande 1) 45.3% Etats-Unis 47.0% Royaume-Uni 1) 57.2% 20% 80% Chine 4.0% République Tchèque 4.1% Malaysie 4.6% Pologne 6.9% Hongrie 9.6% 60% Irlande 9.8% Portugal 25.6% Suède 25.8% France 26.5% Etats-Unis 27.4% Danemark 34.9% Belgique 37.1% Slovénie 16.3 Allemagne 19.1% Royaume-Uni 23.1% Espagne 23.9% Autriche 24.1% 40% 20% 0% Corée 79.2% Suisse 41.4% Pays-Bas 44.3% Singapour 42.2% Japon 43.0% Taïwan 56.1% Hong Kong 65.5% 0% émergent en pleine expansion en pleine maturité stades de développement de la télévision numérique Pays européens émergent en pleine expansion en pleine maturité Stades de développement du haut débit Pays non-européens (1) Numérisation assurée essentiellement par la DTH au Royaume-Uni et en Irlande Sources : Informa 2004, ADL Broadband Update 2005, Forrester European Residential Broadband Forecast 2005, Screen Digest 2005, JP Morgan 2005, analyse de Booz Allen Hamilton Page 12 Le gouvernement coréen montre l’exemple pour stimuler le commerce électronique. Rapidement, le gouvernement a adopté un service d’achats public basé sur le commerce électronique. En 2001, plus de 80% des achats du secteur public étaient effectués La Corée illustre en ligne. L’adoption du les avantages des commerce électronique technologies de la maison par le gouvernement a eu numérique : le haut débit un effet d’entraînement est un catalyseur pour sur le monde des l’éducation, l’innovation, la affaires parce d’une croissance économique et part les entreprises la création d’emplois font des offres en ligne pour les contrats gouvernementaux, et d’autre part, le gouvernement utilise également les sites B2B pour acquérir des biens et des services. Ces exemples tirés d’une économie avancée en matière de haut débit dénotent l’importance du haut débit comme catalyseur de l’éducation, de l’innovation, de la croissance économique et de la création d’emplois. Tout un écosystème d’entreprises exploitant l’infrastructure du haut débit prospère autour des fournisseurs d’accès à haut débit. En retour, cet environnement favorise la croissance économique qui génère de nouvelles possibilités d’emploi. Pour ce qui est de la télévision numérique, l’impact du taux de pénétration sur le développement des nouveaux services numériques est incontestable sur des marchés plus avancés tels que les Etats-Unis (Illustration 7). La plus grande diversité des chaînes et la meilleure qualité de l’image et du son ont dynamisé la croissance initiale de la télévision numérique, permettant ainsi aux usagers de tirer profit de leurs investissements dans les grands écrans et les autres systèmes de divertissement. Le nombre de canaux numériques s’est considérablement accru, essentiellement en raison du regroupement de l’industrie du câble après 1996. Les investissements de l’industrie du câble Les Etats-Unis ont prouvé ont conduit à la les avantages des services création d’un nombre de télévision numérique croissant de réseaux avancés et leur acceptation câblés : les radiodifpar les usagers. Davantage fuseurs affiliés aux de choix, une plus grande câblo-opérateurs. Sefacilité d’utilisation, plus de lon les estimations divertissement de qualité et de l’Association une industrie en croissance— Nationale du Câble la télévision numérique devient et des Télécomun instrument important pour munications (NCTA, l’intégration numérique National Cable and Telecommunications Association) et les données de l’agence gouvernementale américaine FCC (Federal Communications Commission), le nombre de réseaux nationaux de câbles assurant la fourniture de contenu aux câblo-opérateurs est passé de 145 en 1996 à 390 à la fin de l’année 2004— soit une hausse de 269% en 8 ans (Illustration 8). Les émissions ne se sont jamais autant diversifiées qu’au cours de cette période. Un nombre important de programmes destinés aux publics ethniques et minoritaires ont été ajoutés, notamment « Black Family Channel » (la chaîne de la famille noire), « Black Starz! » ou « Discovery en Espanol » (A la découverte en espagnol). Les contenus locaux et régionaux se sont également multipliés au cours des 19 dernières années : 25 réseaux câblés publiques et Illustration 7 : Intérêt de l’ENP et de la VoD aux Etats-Unis en comparaison avec l’Europe Pénétration ENP % des foyers Pénétration VoD % des foyers 17,9% 13,0% 11,3% 6,5% 6,0% 3,8% 1,0% 0,0% 2001 Europe 0,2% 2005 2001 0,3% 2002 1,0% 2003 1,7% 2004 Etats-Unis Sources : EMEA 2004, Kagan Research 2005, Screen Digest 2005, analyse de Booz Allen Hamilton Page 13 30 réseaux câblés régionaux, offrent désormais une couverture approfondie de l’actualités et des affaires publiques, à l’échelon local, régional et national. La deuxième vague de croissance—caractérisée par une meilleure qualité et un plus grand nombre de chaînes— est portée par le succès de la fonctionnalité ENP et par les services de vidéo à la demande. Les deux technologies permettent aux usagers de mieux recevoir ce qu’ils veulent, au moment où ils le souhaitent. En outre, les services interactifs leur offrent une expérience plus enrichissante, en leur donnant la possibilité de participer activement aux émissions (Illustration 3). D’autres services interactifs contribuent efficacement au développement de l’intégration numérique parce qu’ils sont proposés sur un écran de téléviseur et non pas sur un écran d’ordinateur. Par exemple, Cablevision, un câbloopérateur ayant une forte présence à New York, offre des services interactifs, par le biais de sa plateforme numérique Optimum (iO) telle que « Metro Weather Interactive » proposant des prévisions météorologiques localisées, « Metro Traffic Interactive », qui projette en direct des images de routes embouteillées ; et le « iO Dashboard », qui permet aux usagers d’accéder aux actualités, aux sports, à la météo, et à leur horoscope. Les Etats-Unis ont prouvé les avantages des services de télévision numérique avancés et leur acceptation par les usagers. Davantage de choix, une plus grande facilité d’utilisation, plus de divertissement de qualité et une industrie en croissance—la télévision numérique devient un instrument important pour l’intégration numérique. La concurrence, basée auparavant sur le nombre de chaînes s’oriente maintenant sur l’étendue et la qualité des services numériques avancés, en permettant davantage de participation et d’interactivité. Les grands pays de la télévision numérique, tels que le Royaume-Uni, ont établi une forte culture de télévision payante, ce qui permet la diffusion de nouveaux contenus. L’analyse des dépenses de programmes des chaînes de télévision britanniques au cours des premières années de la numérisation fait ressortir clairement cette tendance, avec un doublement des dépenses de programme entre 1998 et 2003 (Illustration 9). Ainsi, le RoyaumeUni offre environ Des exemples en Europe quatre fois plus de montrent que les usagers de chaînes de télévila télévision et des ordinateurs sion payantes que adoptent rapidement les l’Allemagne qui nouveaux services interactifs— connaît des taux à condition que la valeur de pénétration du ajoutée de ces services soit numérique légèrevéritablement attrayante et bien ment au-dessus communiquée de 10% (Illustration 10). Comme le montre l’illustration 10, le nombre de chaînes de télévision spécialisées payantes est Illustration 8 : Développement des réseaux nationaux du câble aux Etats-Unis1) Chaînes de télévision (1996-2004) Nombre de réseaux du câble 400 350 300 250 200 150 100 50 0 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 (1) Les réseaux du câble programment des services qui distribuent des offres d’information ou de divertissement par satellite aux systèmes de télévision par câble. Les câblo-opérateurs utilisent alors le câble pour rediffuser les programmes du réseau aux résidences dans leurs zones locales franchisées Sources : FCC, NCTA Page 14 fortement corrélé au taux de pénétration de la télévision numérique dans un pays, ce qui crée un cycle vertueux : un contenu attrayant sur télévision payante attire des téléspectateurs et favorise la pénétration du numérique, de même une forte pénétration du numérique améliore l’attrait financier pour les fournisseurs de contenu qui sont ainsi en mesure de proposer davantage de chaînes. Des exemples en Europe montrent que les usagers de la télévision et des ordinateurs adoptent rapidement les nouveaux services interactifs—à condition que la valeur ajoutée de ces services soit véritablement attrayante et bien communiquée. Illustration 9 : Développement des dépenses de programmation liées à la la numérisation (en millions de livres sterling, cas du Royaume-Uni) Cas du Royaume-Uni 4305 +97% 1560 48 118 Les taux élevés de taux de pénétration de la télévision numérique au Royaume-Uni et en Irlande sont dus essentiellement au succès du bouquet satellitaire BSkyB, qui est devenu la plus grande plateforme de télévision numérique en Grande-Bretagne, avec 7,3 millions d’abonnés. BSkyB possède et exploite 22 chaînes axées sur la diffusion de contenus premium du type divertissements (par exemple, Sky Movies) et événements sportifs (Sky Sports). Pour stimuler davantage la demande, la société a lancé Freeview, un joint-venture avec la BBC (British Broadcasting Corporation), offrant à ses clients un accès aux chaînes numériques sans abonnement mensuel. Tout l’intérêt de Freeview réside dans le fait que les clients peuvent passer à Sky pour recevoir un choix plus vaste de chaînes de télévision. La société a également introduit Sky+, un ENP qui permet aux clients d’enregistrer numériquement des spectacles télévisés sur un disque dur intégré. En partie grâce à ces stratégies, 57% Autres chaînes numériques 436 Chaînes numériques de la BBC 153 Five Channel 4 817 ITV 1 356 BBC 2 665 774 BBC 1 1998 2003 2185 209 380 691 331 Programmes analogiques Programmes numériques Source : Analyse de Booz Allen Hamilton des maisons numériques possèdent désormais une télévision numérique (Illustration 6). Le succès de BSkyB repose sur trois facteurs clés pouvant servir d’exemple à tous les acteurs migrant vers les services numériques. Tout d’abord, BSkyB a accordé dès le départ, une grande importance au contenu de haute qualité. BSkyB offre ainsi une grande diversité de chaînes proposant un contenu premium (en particulier dans les domaines sportif et cinémato- Illustration 10 : Comparatif des chaînes de télévision payantes spécialisées dans la pénétration du numérique (pays européens sélectionnés) Pénétration du numérique en % Nombre de chaînes 450 60 400 50 350 300 40 250 30 200 150 20 100 10 50 0 0 Royaume-Uni Nombre de chaînes France Italie Espagne Allemagne Pénétration du numérique Source : Screen Digest Page 15 graphique). Etant donné le choix limité des émissions des chaînes en clair au Royaume-Uni, BSkyB était ainsi en mesure de définir une offre très attrayante et différenciée pour les usagers. Dans les pays européens proposant de nombreuses chaînes analogiques en clair, les opérateurs ont généralement plus de mal à différencier leur offre numérique et à démontrer sa valeur ajoutée par rapport à l’offre analogique actuelle. Cependant, comme nous l’avons vu aux Etats-Unis, un nombre élevé de chaînes analogiques n’est pas nécessairement un frein au succès grand public de la télévision numérique. Deuxièmement, BSkyB a mis en place un modèle commercial payant attractif. Les abonnés numériques au service standard reçoivent seulement le bouquet de base mais ont également la possibilité d’élargir leur offre grâce à des achats « à la carte »—fonction de leurs besoins et de leurs moyens financiers. L’attrait du modèle BSkyB pour les autres fournisseurs de contenu est tout aussi important. Lorsque les fournisseurs de contenu utilisent la plateforme satellitaire de BSkyB, ils reçoivent une part équitable des Page 16 recettes et sont récompensés par des contrats à long terme, ce qui constitue un gage de stabilité. Troisièmement, BSkyB a démontré l’importance de posséder d’excellentes compétences de vente et de marketing. Grâce à son contenu premium, BSkyB a ainsi été en mesure d’établir une marque forte synonyme d’offre de qualité. Pour résumer cette analyse, il est important pour l’industrie et les responsables de la réglementation de ne pas se concentrer exclusivement sur l’accès haut débit, comme étant la seule infrastructure numérique existante. Les besoins des usagers en matière de services interactifs, de divertissement et d’information peuvent être satisfaits non seulement par l’accès haut débit, mais aussi par la télévision numérique. En fait, dans les pays plus avancés tels que le Royaume-Uni, la télévision numérique a déjà dépassé le haut débit en termes de taux de pénétration et on s’attend à ce qu’elle continue à offrir un nombre croissant de services numériques à la majorité de la population. III. UN PAYSAGE CONCURRENTIEL ÉVOLUTIF POUR LE MARCHÉ DE LA MAISON NUMÉRIQUE 1. La convergence de l’industrie est devenue une réalité commerciale Dans de nombreux pays européens, les câblo-opérateurs ont délaissé le marché traditionnel de la télévision et développé leur offre de service : tout d’abord avec l’accès haut débit à Internet puis avec la téléphonie. Pour les câblo-opérateurs, ce passage au haut débit et à la téléphonie a été un moyen d’augmenter leurs revenus en élargissant leur offre de services. Sur les marchés où la concurrence entre infrastructure est importante, les câbloopérateurs ont réussi à faire progresser la pénétration du haut débit (Illustration 11). En conséquence, les pays dont la part du câble est importante dans les accès haut débit, ont dans l’ensemble des taux de pénétration élevés du haut débit. Les pays ayant un fort développement du câble, notamment les PaysBas, la Belgique ou la Suisse, sont clairement parmi les premiers pays Européen, en matière de taux de pénétration du haut débit, avec des taux supérieurs à 37%. De nombreux câbloopérateurs ont réussi à déployer des services de haut débit et de téléphonie en Europe—une concurrence équilibrée entre différentes infrastructure a dynamisé l’innovation et développé l’intérêt pour ces services Illustration 11 : Pénétration du haut débit et du haut débit par câble (en Europe, en 2004) Pénétration du haut débit (en % du total des foyers) 50 NL CH 40 B DK FIN 30 F E S 20 AT UK LUX EE D Sl 10 HU IRE PL 0 0 10 20 30 40 Pénétration du haut débit par câble (en % du total des foyers bénéficiant du haut débit) Sources : Screen Digest 2005, analyse de Booz Allen Hamilton 50 En revanche, les pays tels que l’Allemagne ou la France, où l’intérêt s’est porté sur l’accès à la concurrence dans le haut débit (par exemple, le dégroupage de la boucle locale) a entraîné des taux de pénétration moyens respectivement de 19% et 27%. Le rôle des câblo-opérateurs en tant que vecteur de croissance de la pénétration est encore plus évident lorsqu’on compare les vitesses d’accès et les prix moyens (Illustration 12). Les câblo-opérateurs proposent généralement une offre plus intéressantes pour les usagers : un accès haut débit plus rapide à moindre prix, par rapport aux opérateurs des télécommunications historiques. Comme le montre l’illustration 12, dans les pays où le câble est très présent, les câblo-opérateurs offrent une vitesse d’accès plus de deux fois supérieure ainsi que des remises financières importantes par rapport aux opérateurs historiques des télécommunications. Les opérateurs historiques Les opérateurs de des télécommunications télécommunications sont en train de rattraper historiques réagissent rapidement leur retard, et ajoutent des services en investissant dans des télévisuels et vidéo à programmes de mises à leur offre niveau de leurs réseaux et en pénétrant de manière agressive le monde de la télévision numérique avec leurs services télévisuels par DSL (Illustration 13). C’est le cas de France Télécom avec son offre d’accès télévisuel par DSL « MaLigne ». France Télécom a récemment investi avec Canal+, 50 millions d’euros sur 3 ans dans une offre exclusive de diffusion de matchs de football par réseau filaire (Illustration 26). Les opérateurs de télécommunications investissent également dans des mises à niveau de réseaux : par exemple, Belgacom a investi plus de 300 millions d’euros dans des mises à niveau planifiées du DSL vers le très haut débit (VDSL). Pour les opérateurs historiques de télécommunication, le passage à la télévision et à la vidéo s’est avéré être essentiellement une action défensive pour protéger leurs base de clients disposant d’une ligne fixe (Illustration 14). Au cours des dernières années, la clientèle d’abonnés à une ligne fixe a été fortement sollicitée par d’autres offres attractives, provenant non seulement des câblo-opérateurs, mais également d’opérateurs mobiles et des fournisseurs d’accès en zone dégroupée. Dans la mesure où le marché de la télédiffusion, d’une valeur approximative de 21 milliards d’euros, est rela- Page 17 Illustration 12 : Comparatif des offres de haut débit – câblo-opérateurs et opérateurs de télécommunications (tarifs fixes pour l’accès illimité, en sept. 2005) UK CH B NL AT 20,4 Vitesse de téléchargement max. (Mbps) 12,3 10,0 2,0 4,0 6,0 2,4 8,0 4,0 2,0 32,37 26,80 26,70 20,70 18,57 13,73 Prix par mois par Mbps (€) 9,99 5,99 3,90 7,24 Sources : Renseignements fournis par les opérateurs, analyse de Booz Allen Hamilton Illustration 13 : Offres télévisuelles des opérateurs de télécommunications historiques (exemples) Opérateur Prix et offres Offre télévisiuelle de base MaLigne TV à 16 € (comprend une gamme de films VoD et de spectacles télévisés spéciaux) Commentaires Lancement commercial des services TVoDSL à la fin 2003, déploiement important Vaste bibliothèque de VoD (modèle à la carte) « TPS Panoramic » à 35 € (sauf la couverture du football, les chaînes de films, les programmes de musique, toutes les chaînes françaises et de nombreuses chaînes internationales) BTiPlayer plus Freeview à 126 € Décodeur Sky+ box et Sky TV à 125 € (y compris le bouquet de chaînes Sky+, ENP, mémoire tampons [pause live TV] et rembobinage instantané) L’offre comprend l’EPG et les fonctionnalités d’interactivité : répondeur, SMS et courrier électronique à l’écran de télévision L’offre Sky comporte l’ENP TV et VoD par l’ADSL : – Offre « Classic+ » à 9,95 € par mois – Offre de football entre 15 et 25 € par mois – Football payable au match (jeux du samedi soir) à 8 €/jeu – VoD à partir de 2-6 € à l’unité et 24 heures L’offre comporte l’ENP Propose actuellement une offre de VoD Permet de recevoir les services VoD, des programmes de télévision supplémentaires, les services de courrier électronique Films entre 0,95 € et 4,95 € par film et à l’unité Les services interactifs proposés sont les suivants : élections et commerce en ligne, services d’information, courrier électronique et SMS à l’écran de télévision Services prévus pour le 4ème trimestre 2005 : EPG, Triple play, interactivité (courrier électronique et informations à l’écran de télévision) Sources : Sites web des sociétés, Communications Week International, analyse de Booz Allen Hamilton Page 18 Illustration 14 : Motifs du « Triple Play » invoqués par les opérateurs de télécommunications Internet haut débit Téléphonie Défendre la relation avec le client Télévision Offrir des remises sur l’ensemble des services Développer l’attrait des services pour l’Internet haut débit Offre groupée/forfait - Source : Analyse de Booz Allen Hamilton tivement petit par rapport à celui de la téléphonie fixe qui s’élève à environ 90 milliards d’euros en Europe, les opérateurs de historiques télécommunications ne peuvent pas s’attendre à une augmentation considérable de leurs recettes du fait de leur entrée sur le marché de la télévision. Par exemple, France Télécom a lancé son offre « MaLigne TV » en décembre 2003 pour réagir à la perte de parts de marché du haut débit et à la chute des prix de gros. La clientèle s’est développée rapidement pour atteindre 100.000 abonnés au premier trimestre 2005. L’extension géographique rapide aux grandes villes françaises a permis au service télévisuel d’avoir accès à un auditoire potentiel de 8,5 millions foyers (33%), qui doit être porté à 10 millions de foyers d’ici la fin de l’année. En parallèle, d’autres fournisseurs de télécommunications développent également leur portefeuille de services. Fastweb, le deuxième opérateur de réseau fixe italien, a été le premier à lancer l’offre de télévision via une connexion haut débit. Il a commencé à proposer la vidéo à la demande dès 2001 et a ensuite présenté un service télévisuel complet par DSL au cours de l’été 2003. La stratégie du contenu de divertissement (télédiffusion, télévision payante, vidéo à la demande) est essentielle à la réussite de Fastweb : elle suscite D’autres fournisseurs de télécommunications utilisent de plus en plus les offres « triple play » pour se démarquer de la concurrence Objectif : devenir le seul fournisseur de services de communication au sein du foyer l’intérêt pour des produits de télécommunication de base (voix sur IP, accès haut débit à Internet). Fastweb propose également avec succès une offre complète de divertissements « triple play » à travers son réseau à fibre optique et se différencie ainsi de Telecom Italia. En 2004, 35% de tous les clients résidentiels abonnés à l’offre groupée « Tutto Senza Limiti » (appels téléphoniques illimités et Internet) et 10% des nouveaux clients ont sélectionné l’offre groupée premium « Fastweb Total ». La faible pénétration des ordinateurs personnels (environ 50% en Italie) n’a pas constitué un obstacle à cette croissance : il était indispensable de proposer un contenu télévisé attrayant pour attirer également les usagers qui ne disposent pas d’ordinateur personnel. A ce titre, environ 20% des clients de Fastweb ne possèdent pas d’ordinateur personnel. De même, « Free » de Iliad en France, offre actuellement une suite complète « triple play », à 29,99 euros par mois. A la fin du deuxième trimestre 2005, Free comptait 1,3 millions d’abonnés ADSL, 1,1 millions d’usagers du téléphone, 1 million d’abonnés aux services « triple play » avec l’offre télévisuelle de base (80 chaînes), et 130.000 abonnés à la télévision payante (jusqu’à 260 chaînes de télévision). Ces chiffres d’exploitation placent Iliad au premier rang des fournisseurs de télévision et d’accès téléphonique par DSL en Europe. Page 19 2. Les règles changent : tendances émergentes du nouveau paysage concurrentiel L’accès Internet haut débit a été le premier champ de bataille dans ce nouvel espace convergent, (Illustration 15). En matière de haut débit, les câblo-opérateurs et les sociétés de télécommunications se disputent cette part de marché en améliorant constamment les vitesses d’accès au profit de l’usager. C’est la téléphonie classique qui a ensuite fait l’objet d’une lutte commerciale et désormais le marché de la télévision / vidéo est un nouveau marché convoité. Plusieurs fournisseurs d’infrastructure se font concurrence sur le futur marché de la télédiffusion. Le passage de la télévision analogique à la télévision numérique accélèrera les changements de structure du marché de la télévision parce que les services de télévision numérique nécessitent à ce stade un décodeur numérique (STB). l’usager devra prendre une décision d’achat et offrira par là même aux concurrents une opportunité d’entrer sur le marché. Différents types de fournisseurs vont essayer de profiter de la conversion analogique-numérique pour s’implanter sur le marché de la télédiffusion (Illustration 16). La future concurrence dans le paysage convergent portera en grande partie sur les offres « triple Après le haut débit et la téléphonie, la télédiffusion est le prochain marché disputé par les nouveaux concurrents play » ou les offres « multiplay ». Les usagers auront le choix entre plusieurs plateformes de diffusion qui serviront de point d’accés unique pour la fourniture des services « triple play ». Des exemples de réussite dans des marchés avancés sont aisément identifiables not-amment l’offre Telewest au Royaume-Uni ou l’offre groupée SBC / Bell South / Cingular aux Etats-Unis (Illustration 17). Les offres groupées « multiplay » jouent un rôle central dans l’offre commerciale des services de Telewest. 30% de ses clients actuels sont abonnés à une offre groupée « triple play » tandis que 80% des nouveaux clients de Telewest sont abonnés à plusieurs services. Il en va de même pour NTL au Royaume-Uni, dont 25% des abonnés sont des clients « triple play » et dont plus de 70% de l’ensemble des abonnés utilisent plusieurs services. Toutefois, les plateformes n’ont pas toutes le même potentiel technique leur permettant d’offrir les services « triple play ». La télévision numérique terrestre (TNT) a assuré une couverture géographique considérable. Pourtant, la plateforme présente de nombreux inconvénients : elle dispose d’une plus petite capacité vidéo par rapport aux autres technologies et n’offre pas la possibilité de fournir la téléphonie ou le haut débit. Des contraintes existent également pour la diffusion numérique par satellite (DTH), qui ne permet pas de bénéficier de l’ensemble des services « triple play » mais seulement des possibilités de haut débit et de téléphonie. En outre, une importante mise à niveau des satellites existants est nécessaire à moyen terme Illustration 15 : Concurrence dans l’espace de convergence (marchés européens sélectionnés) Télévision Téléphonie à ligne fixe Haut débit Câbloopérateurs Opérateurs de télécommunications Entrée des télécoms sur le marché de la TV Part de marché de la télévision (France) – Recettes en 2004 : 1.178 m d’euros – Concurrence à part entière dans le haut débit Entrée du câble sur le marché de la téléphonie Part du marché du haut débit (Autriche) – Recettes en 2004 : 317 m d’euros – France Telecom Maligne TV 1% (estimation) Part de marché de la téléphonie (Belgique) – Recettes en 2004 : 920 m d’euros – Téléphonie par câble 12% Internet par câble 49% Exemples Télévision par câble 99% Telekom Autriche DSL 51% Belgacom ligne fixe 88% Note : Le total des recettes ne représente pas la taille totale du marché mais seulement les recettes des opérateurs historiques et de l’industrie du câble Sources: Screen Digest, sites web des sociétés, analyse de Booz Allen Hamilton Page 20 Illustration 16 : Différents fournisseurs sur le marché de la télédiffusion Type d’acteur Opérateurs Incumbents historiques Plateforme Succès initial Exemples Défendre / développer l’activité principale Entrer sur le marché du « triple play » Câble numérique Bonne acceptation de l’usager, si la présentation est bien faite Comcast, US Défendre / développer l’activité principale Satellite numérique (DTH) Grand succès pour les services télévisuels gratuits et payants en Europe Astra, pan-Europe Sky, Royaume-Uni Opérateurs historiques de télécommunication Défendre / développer l’activité principale (Téléphonie / Internet) Entrer sur le marché du « triple play » TVoDSL Premières tentatives France Télécom, F réussies Telefónica, ES Possibilité d'extension à la diffusion mobile Nouveaux acteurs de la télécommunication Entrer sur le marché du « triple play » Fibre optique à domicile (FTTH) Accélération significative du nombre d’abonnés Fastweb, IT Free, F Développer de nouvelles activités dans le numérique DTT Succès variable bonne dynamique due essentiellement au marché des chaînes en clair Freeview, RoyaumeUni Digitenne, NL CATV Nouveaux entrants New Entrants Orientation stratégique DTH Fournisseurs DTT Source : Analyse de Booz Allen Hamilton pour proposer des possibilités d’accès haut débit et une bande passante plus importante—avec tous les risques associés au déploiement de la technologie dans des engins spatiaux. Mais cependant, les fournisseurs de télévision par satellite présentent La concurrence sera d’une très grande réacportera de plus en plus sur tivité marché, bénéfiles offres groupées multi cient de faibles coûts produit (Télévision, Internet, de maintenance et ont Téléphonie) qui couvrent fait preuve de grande tous les besoins du foyer— capacité d’innovation les cas de réussite du « en développant des triple play » deviennent une fonctionnalités vidéo réalité internationale différenciées telles que les ENP ou la quasi-vidéo à la demande. Les plateformes spécialisées exclusivement dans la télédiffusion seront désavantagées parce qu’elles ne peuvent pas fournir l’ensemble des services « triple play ». Le succès précoce de la numérisation de la DTH a déclenché une réaction forte de la part des autres plateformes concurrentes. La DSL a introduit plus rapidement le haut débit dans les foyers européens, étant donné que les coûts d’investissement par ménage sont inférieurs à ceux du câble et que les rapports résultant à court terme sont fructueux. Toutefois, en arrivant sur le marché de la télévision numérique, cette plateforme doit tout de même faire face au défi que représentent les importantes mises à niveau nécessaire pour assurer les services numériques évolués. La technologie du câble est actuellement la référence en Les plateformes spécialisées matière de capacité exclusivement dans de différenciation de la télédiffusion seront la vidéo. Outre l’ENP, désavantagées parce la vidéo à la demande, qu’elles ne peuvent pas l’EPG, et autres fournir l’ensemble des services du même services « triple play » genre, le câble offre une capacité intégrée « triple play » et une très large bande passante pour la vidéo et les données. Même si les mises à niveau de réseau sont nécessaires à moyen terme, le câble offre des possibilités techniques supérieures comme plateforme de diffusion. Afin de gagner les faveurs des usager dans La taille sera de plus en l’environnement du marché plus importante dans le des services « triple play », paysage concurrentiel la taille économique et les convergent afin d’amortir compétences des acteurs les investissements seront déterminantes. initiaux nécessaires Le développement de la et offrir des services maison numérique exige complets « triple play » de gros investissements initiaux qui ne sont pas dépendant de la taille du portefeuille client ; en d’autres termes, les investissements Page 21 Illustration 17 : Cas de réussite de l’offre groupée et du « Triple Play » (exemples) Cas de réussite de l’offre groupée (US) Cas de réussite « Triple Play » (Royaume-Uni) Progression du « Triple Play » - %, 1er trimestre 2004-1er trimestre 2005 30% 27% 24% 22% 19% Approche Stratégie de groupage complet de l’offre Intégration des activités fixes / mobile Partenariats avec Yahoo (DSL) et EchoStar (Télévision par satellite) Services groupés : téléphonie, services de gestion d’appels, services téléphonie mobile, télévision par satellite, approche DSL – à la carte Produits intégrés : une seule boîte aux lettres filaire-sans fil, réacheminement en fonction du mode d’accès, partage des données... 1Q04 Impact Forte adoption de l’offre groupée Pénétration de l’offre groupée de produits-clés1) 2Q05 à 66% Fortes ventes de l’offre avec le mobile Hausse des recettes : Les clients achètent davantage de services Réduction du taux d’attrition : Le taux d’attrition est de 40% inférieur pour les clients ayant deux produits clés 2Q04 3Q04 4Q04 1Q05 Les clients du « Triple Play » (sur le net) - %, 1Q04-1Q05 24% 25% 4Q04 1Q05 22% Pénétration de l’offre groupée de produits clés de SBC (%)1) 23% 31% 36% 44% 50% 54% 58% 61% 64% 1Q04 66% Répartition des clients (sur le net) - en milliers, 1Q04-1Q05 - 1Q03 2Q03 3Q03 4Q03 1Q04 2Q04 3Q04 4Q04 1Q05 2Q05 (1) Pourcentage des clients ayant une ligne d’accès direct et au moins un service clé (longue distance, DSL, facture commune : offre mobile Cingular, télévision par satellite SBC/Dish Network) Sources : Informations sur les entreprises, analyse de Booz Allen Hamilton doivent être engagés longtemps avant que les clients s’abonnent au service. Les coûts fixes obligatoires englobent les mises à niveau de réseau, le développement du nouveau contenu numérique, et les dépenses marketing pour migrer les usagers vers la plateforme numérique (Illustration 18). Les acteurs ont besoin d’une capacité financière considérable pour supporter les importants investissements initiaux et gérer les risques inhérents. Les opérateurs disposant d’importants cash-flows stables et bénéficiant d’un libre accès aux marchés financiers sont donc avantagés. Une large base d’abonnés est également cruciale pour amortir les investissements initiaux et ainsi les coûts moyens par abonné. Par ailleurs, les plus gros acteurs peuvent utiliser leurs clientèles existantes comme tremplin pour les nouveaux services. Une condition de succès est de disposer d’une masse critique pour réussir la commercialisation auprès du grand public, notamment par le biais de campagnes télévisées. Page 22 2923 3008 3P 632 740 2P 1448 1375 1P 843 900 1Q04 1Q05 25% 3P subs Même si les opérateurs de télécommunications et de câble conduisent tous les deux la migration vers le maison numérique, il est difficile de les mettre sur un pied d’égalité. Dans une industrie convergente où les offres groupées « triple play » sont à la base l’offre, les opérateurs tirent partie de leur grande capacité financière provenant de leurs activités de téléphonie, haut débit et télévision, pour faire face à la concurrence (Illustration 19). Les grands opérateurs de télécommunications historiques bénéficient ainsi d’une position de départ privilégiée dans cette nouvelle industrie. Dans de nombreux pays, notamment ceux ayant une affinité pour le câble comme les Pays-Bas et la Belgique, la taille de l’opérateur des télécommunications historique est plus de sept fois supérieure à celle de l’ensemble de l’industrie du câble (Illustration 19). La situation s’est aggravée parce que l’industrie du câble est éclatée en franchises régionales, qui sont en concurrence avec l’opérateur des télécommunications historique implanté sur l’ensemble du pays. Si l’on compare par exemple, KPN, l’opérateur historique à UPC, le plus grand opérateur de câble néerlandais, le rapport est de 14 pour 1. Illustration 18 : Importance de la taille dans l’évolution de la maison numérique Domaines clés Infrastructure / Nombre d’abonnés Marketing/Ventes La plus grande couverture du réseau / nombre d’abonnés permet une pénétration plus rapide des nouveaux services La vitesse de pénétration est le facteur clé d’influence économique pour les nouveaux services Le grand nombre d’abonnés permet d’utiliser des outils marketing plus efficaces : par exemple, la publicité à la télévision n'est pas adaptée aux franchises régionales, la vente croisée est meilleure en raison d’un grand nombre d’abonnés (coût inférieur par client) Opérations Principales opérations : service à la clientèle ; les plateformes de technologie de l’information présentent des économies d’échelle et il en résulte un moindre coût par abonné Puissance financière Les activités basées sur l’infrastructure nécessitent de forts capitaux : des cash flows plus importants et un meilleur accès aux marchés financiers permettent une plus grande souplesse pour agir rapidement, s’il y a lieu La taille devient de plus en plus importante dans la concurrence pour la maison numérique (c-à-d. Triple Play) Source : Analyse de Booz Allen Hamilton Grâce à leurs services de téléphonie fixe et mobile, les opérateurs des télécommunications historiques génèrent encore d’énormes cash-flows qu’ils sont prêts à dépenser pour entrer sur le marché du maison numérique. Ce déséquilibre, comme l’indique l’illustration Les opérateurs 19, pourrait s’avérer probhistoriques des lématique pour le déveltélécommunications oppement de la maison seront bien placés pour numérique. Par conséquent, dominer le marché de il est essentiel d’adopter la maison numérique une vue plus globale de l’espace de convergence. Avant de pouvoir développer et présenter une offre EPG ou VoD à l’usager, il importe de mettre en place l’infrastructure bidirectionnelle adaptée. Les possibilités de voie de retour et de communication point à point font défaut à la diffusion numérique par satellite (DTH) et la diffusion terrestre (DTT) ; Ces possibilités sont requises pour les services numériques évolués à haute valeur ajoutée (par exemple, les services interactifs et la vidéo à la demande). Par conséquent, les fournisseurs de plateformes de premier choix qui piloteront la numérisation dans l’espace de convergence seront Sur de nombreux marchés, uniquement les opérales câblo-opérateurs teurs de télécommuseront les seuls rivaux nications et les câblocrédibles, disputant aux opérateurs : en effet, opérateurs historiques ils sont les seuls à des télécommunications, pouvoir proposer des une part du marché de la offres intégrées « triple maison numérique play » comprenant les services d’accès haut débit à Internet, les services télévisuels numériques, et la téléphonie fixe. Les deux fournisseurs devront développer les modèles commerciaux pour toute l’industrie ; il leur incombe de faire fonctionner la convergence sur toute la chaîne de valeur et de mettre au point des solutions gagnantes pour toutes les parties. Ces fournisseurs de plateformes affichent également les meilleurs retour de revenu sur les investissements d’infrastructure : de l’ordre de 20%. Les acteurs des télécommunications et du câble finiront par entrer en concurrence directe sur les trois marchés—haut débit, téléphonie et télévision—si le câble peut réaliser les économies d’échelle nécessaires pour contrebalancer l’emprise des opérateurs de télécommunications sur le marché (Illustration 20). Les deux acteurs se doivent de défendre leur parts de marché tout en développant de nouvelles sources de revenus. La DTH restera une solide plateforme pour les services numériques Une consolidation de premium et de base, l’industrie améliorerait la en raison de l’approche capacité concurrentielle des intégrée des fourniscâblo-opérateurs par rapport seurs de services par à celle des opérateurs satellite. Toutefois, la historiques et stimulerait le DTT sera très probadéveloppement du marché blement un acteur de « niche » dans la plupart des pays (Illustration 21). Les acteurs DTH et DTT n’entreront donc en concurrence que sur le marché de la télédiffusion (Illustration 20). La numérisation de la télévision nécessite de nouveaux modèles commerciaux « win-win » et de nouveaux partenariats, pour permettre aux différents acteurs d’amortir leurs investissements initiaux. A la différence des pays européens, les Etats-Unis présentent les avantages d’un paysage industriel plus homogène et mieux équilibré, dans lequel les câblo-opérateurs sont autorisés à se regrouper pour concurrencer les acteurs des télécommunications (Illustration 22). Page 23 Illustration 19 : Recettes des opérateurs de télécommunications historiques par rapport à celles de l’industrie du câble (en milliards d’euros, 2004) Total des recettes internes des opérateurs historiques D 35,1 32,7 F 8,7 NL 4,8 B 3,6 AT 0 20 10:1 Segmentation des câblo-opérateurs (nombre de câblo-opérateurs pour obtenir une part de marché combinée de 80%) 3,5 23:1 4 1,4 8:1 24,2 UK Total des recettes de l’industrie du câble 3 2,9 2 7:1 1,2 3 7:1 0,7 >5 9:1 0,4 >5 40 0 20 40 Note : Les recettes comprennent la téléphonie fixe, la téléphonie mobile, l’accès à Internet et la télédiffusion Sources : ABN Amro 2004, Screen Digest 2005, Informations sur les entreprises, analyse de Booz Allen Hamilton Illustration 20 : Marchés convergents en Europe1) Opérateurs des télécommunications historiques Téléphonie fixe Taille : 90 milliards d’euros Opérateurs CATV Attack Defend Marché principal Nouveaux marchéx Internet haut débit Taille : 14 milliards d’euros Attack Nouveau marché Télédiffusion Taille : 21 milliards d’euros fen De d Opérateurs de la DTT Marché principal Defend Defend Opérateurs de la DTH (1) Comprend les pays suivants : Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, République Tchèque, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Slovaquie, Slovénie, Suède, et la Suisse Sources : EITO 2005, analyse de Booz Allen Hamilton Page 24 Contrairement à la situation prévalant en Europe, l’industrie américaine du câble a connu un regroupement majeur des acteurs au cours des 10 dernières années, notamment suite à la déréglementation survenue après 1996. Ce regroupement a permis la réalisation d’importants investissements dans le contenu et le développement de nouveaux services La numérisation de la télévision numériques (Illusnécessite de nouveaux tration 23). Les inmodèles commerciaux vestissements des « win-win » et de nouveaux câblo-opérateurs partenariats, pour permettre américains dans les aux différents acteurs d’amortir émissions se sont leurs investissements initiaux accrus continuellement, passant de 3,8 milliards de dollars US (1992) à quasiment 12,7 milliards de dollars US (2004). Il en résulte un choix plus vaste et des émissions de qualité supérieure pour les usagers. Par exemple, la taille de Comcast a joué un rôle-clé pour encourager de nouveaux services numériques et de contenu, notamment une offre de video à la demande gratuite qui donne en outre la possibilité aux usagers de se renseigner sur des services prospectifs. L’opportunité est intéressante mais exige une forte volonté entrepreneuriale. De nombreux acteurs différents 160 151,52) 140 120 100 80 60 51,2 5,6 40 Opérateurs des télécommunications Numérique CATV Analogique 4. Charter 5,0 5. Cablevision 3,1 6. MediaCom 1,1 7. Insight 1,0 27,4 20,3 13,8 3. Sprint 4. Bellsouth 5. Qwest Le plus grand câblo-opérateur national en Europe (KDG) a à peu près la même taille que le 6ème plus grand acteur américain (recettes de KDG en 2004 = 1,044 milliards d’euros) Note : Les acteurs ne se font pas nécessairement concurrence dans la même région géographique Sources : Vintage Research, A.G. Edwards, Rapports annuels, analyse de Booz Allen Hamilton Total des recettes de vidéo par abonné de base, en dollars US 6,4 2. SBC Pénétration de l’ENP (en tant que % du nombre d’abonnés numériques) 3. Cox 40,8 DTT doivent investir dans une opportunité commune. Les fabricants de matériels et de logiciels doivent développer une infrastructure et des décodeurs à bas coût. Les distributeurs doivent investir dans une nouvelle infrastructure et accroître leur clientèle / assurer sa migration. Les fournisseurs de contenu doivent développer un nouveau contenu interactif qui risque de n’attirer, au début, qu’un public restreint. Au final, toutes 71,3 1. Verizon 2. Time Warner Cable 11,1 DTH (1) Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Italie, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Suède, et la Suisse (2) Pour les opérateurs des télécommunications, le chiffre indiqué ne comprend que le nombre d’abonnés aux opérateurs historiques Sources : Screen Digest 2005, ABN Amro 2004, Informa 2004, analyse de Booz Allen Hamilton Opérateurs des télécommunications 20,3 6,7 15,5 0 Comparaison des recettes des opérateurs de télécommunications et des câblo-opérateurs - en milliards de dollars US, en 2004 - 1. Comcast 20,7 45,6 20 Illustration 22 : Paysage concurrentiel aux Etats-Unis Câblo-opérateurs 36,2 Evolution du chiffre d’affaires moyen par utilisateur pour la video - Comcast, 2002-2004 $ 53,7 $ 56,3 $ 60,0 2002 2003 2004 Pénétration de l’ENP chez les abonnés numériques - 1Q03–1Q05 15% 10% Comcast 5% 0% 1Q 03 3Q 03 1Q 04 3Q 04 1Q 05 Les acteurs du câble européens sont de taille bien plus modeste que leurs homologues américains. Les recettes de Comcast, le plus gros acteur américain du câble, sont plus de 20 fois supérieures à celles de Kabel Deutschland (KDG), le principal acteur de câble national en Europe. Illustration 21 : Abonnés aux plateformes en Europe1) (en millions d’abonnés, en 2004) Page 25 Illustration 23 : Investissements américains dans les programmes par câble (en milliards de dollars US, 1992-2004) En milliards de dollars US 14 12,6 12 10,9 10 7,4 8 8,0 8,8 11,5 9,2 6,4 6 4 3,8 4,0 1992 1993 5,6 4,9 4,3 2 0 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Note : Les dépenses de programmes comprennent les frais de licence, les redevances de droits d’auteur et les investissements dans la programmation locale Sources : Les estimations de la NCTA s’appuient sur les données fournies par Kagan Research, LLC et l’office américain de la propriété intellectuelle les parties doivent profiter de l’avantage que représente une hausse de l’ensemble des recettes. La livraison des services de la maison numérique est complexe et exige généralement l’implication de plusieurs acteurs différents sur la chaîne de valeur : les opérateurs de réseau, les diffuseurs, les producteurs de contenu ainsi que les fournisseurs de services. Par conséquent, l’un des défis-clés pour tous les acteurs du nouveau monde numérique convergent consiste à développer de nouveaux modèles commerciaux et de nouvelles formes de partenariat. L’illustration 24 représente une petite partie de la source de revenus entre les distrib- Illustration 24 : Evolution des modèles commerciaux dans le monde numérique Recettes de publicité Monde analogique (aujourd’hui) Paie le contenu/ les droits de copie Producteur de contenu Diffuseur Paie le contenu/ les droits de copie Distributeur Frais d’abonnement Frais de distribution La migration implique des risques élevés Recettes de publicité Monde numérique (demain) Paie le contenu/ les droits de copie + part des frais d’abonnement Producteur de contenu/ Fournisseur de services Paie le contenu/ les droits de copie Source : Analyse de Booz Allen Hamilton Page 26 Diffuseur Recettes des services interactifs (Télécommerce par exemple) Distributeur Frais de distribution Frais d’abonnement et frais par séance/ à l’utilisation uteurs et les fournisseurs de contenu. De nos jours, les diffuseurs s’appuient sur le modèle commercial éprouvé du monde analogique. Ce modèle solidement fondé sur les recettes de publicité, consiste à fournir le contenu à autant de téléspectateurs que possible. L’adoption des opérations numériques présente des défis financiers aux distributeurs et aux diffuseurs. Pour les distributeurs, le passage au numérique nécessite de gros investissements initiaux (coûts fixes) qui ne sont pas aisément amortis. Par conséquent, ils vont essayer de développer de nouveaux services attrayants, à l’unité de programmes audiovisuels (pay-perview, PPV) ou à l’utilisation (pay-per-use). D’autre part, les réalisateurs et les diffuseurs de contenus vont faire face la perte d’une partie des recettes de publicité dans l’environnement plus personnalisé de la télévision numérique, où il importe davantage de cibler un profil requis plutôt qu’un grand nombre de téléspectateurs. Dans le monde numérique de demain, cette perte potentielle sera largement compensée par des gains plus élevés provenant des abonnements et par des frais de distribution inférieurs. Le développement de ces nouveaux modèles commerciaux constituera un défi clé qui peut être surmonté, comme les marchés plus avancés l’ont montré. Les diffuseurs de petite à moyenne taille, en particulier, auront l’occasion de voir leur part de revenus croître, notamment grâce à l’élargissement de leur bouquet de chaînes. Les plus petits diffuseurs, auparavant écarté en raison des goulots d’étranglement de la capacité de transmission dans le monde analogique, trouveront qu’il est plus facile d’accéder à l’usager qui peut désormais choisir librement entre différentes plateformes de diffusion. Un bon exemple d’un modèle commercial réussi est celui du partenariat entre BSkyB et Eurosport, par le biais duquel Sky fournit un contenu premium d’événements sportifs et Eurosport, le contenu non premium d’événements sportifs. Sur la base d’un partenariat stratégique à long terme et d’un modèle de partage des recettes équitables avec BSkyB, Eurosport a été en mesure de développer une nouvelle chaîne numérique, appelée Eurosport 2, qui est davantage centrée sur les événements en direct et l’actualité sportive. Toutes les parties de la chaîne de valeur doivent convenir du potentiel de croissance global offert par le monde numérique et s’y engager. La croissance proviendra d’annonces interactives et ciblées, de recettes plus élevées pour l’abonnement à des services et un contenu amélioré, ainsi que de nouveaux revenus provenant des services interactifs, tels que les informations ciblées, les achats en ligne et les jeux. En Italie, par le biais du module d’accès conditionnel prévu dans le décodeur, le diffuseur Mediaset Illustration 25 : Coût des droits pour les matchs de première division1) (coût total par pays, en millions d’euros) En millions d’euros TCAM (95-05) 800 Royaume-Uni 16% 700 600 France2) 45% Allemagne 14% Pays-Bas 14% 500 400 300 200 100 0 19941995 19951996 19961997 19971998 19981999 19992000 20002001 20012002 20022003 20032004 20042005 20052006 20062007 20072008 (1) Coût des droits de la France avant 1999, estimé à 10 millions d’euros, basés sur l’offre de 10,7 millions d’euros de TF1 en 1999. (2) Le coût des droits comprend le prix total payé pour toutes les offres faites, pour les droits des ligues nationales de football, c-à-d le prix payé par les différentes parties. Sources : E&Y, KeK, Euromarketing Crain Communications, Reuters, analyse de Booz Allen Hamilton Page 27 illustration 26 : Concurrence pour les droits de contenu exclusif de football (exemples) France Telecom 50 millions d’euros pour 3 ans Belgacom 36 millions d’euros par an Versatel 30 millions d’euros pour 3 ans Canal+ a acheté des droits exclusifs à la ligue de football, s’élevant à 600 millions d’euros par an pour 2005-2008 FT a obtenu une exclusivité en ligne pour 7 des 10 matchs, d’une valeur déclarée de 50 millions d’euros pour 2005-2008 Belgacom a acheté des droits exclusifs à la ligue Jupiler, constituant l’élément vedette de l’offre télévisuelle qu’elle à lancée au milieu de l’année 2005 Toutefois, la couverture nationale n’est pas attendue d'ici la fin 2006 Les droits ont été vendus sur une base exclusive avant le lancement télévisuel par DSL, en vraie grandeur. Au cours de la phase de démarrage, seuls plusieurs dizaines de milliers d’abonnés néerlandais ont accès aux matchs en direct Eredivisie. Sources : Informations sur les entreprises, analyse de Booz Allen Hamilton Illustration 27 : Différents niveaux d’exclusivité de contenu Degrés d’exclusivité des droits Augmenter le niveau d’exclusivité Avantages Inconvénients 1. Exclusivité de la plateforme : Droits exclusifs conférés à une ou plusieurs plateformes, n’étant pas mis à la disposition d'autres plateformes (par exemple, Versatel avec les matchs en direct Eredivisie aux Pays-Bas) Prend en charge l’adoption des nouvelles plateformes/ technologies Limite la disponibilité de ce contenu pour sélectionner un groupe de téléspectateurs. Créé un paysage concurrentiel défavorable 2a. Exclusivité complète de la chaîne et propriété des clients potentiels de la chaîne : Les droits sont achetés exclusivement par une seule chaîne. Cette chaîne détient la relation avec le client (par exemple, Canal+ en France) Permet de créer des chaînes concurrentielles. Diffusion à un public aussi étendu que possible Accroît la dépendance des distributeurs vis-à-vis des détenteurs de droits premium Plus grande complexité pour les usagers 2b. Exclusivité de la chaîne et propriété des clients potentiels du distributeur : Les droits sont achetés exclusivement par une seule chaîne, qui vend le contenu en bloc à toutes les autres plateformes, à des conditions commerciales raisonnables (par exemple, Sky Movies et Sports au Royaume-Uni) Permet de créer des chaînes concurrentielles Diffusion à un public aussi étendu que possible Nécessite l’intervention des organismes de réglementation pour fixer des conditions « justes et raisonnables » 3. Segmentation des droits par plateformes : Les droits sont partagés et soumissionnés par plateforme d’accès (droits spécifique pour la 3G mobile, la DSL, etc.) Garantit la disponibilité étendue du contenu Limite la capacité de différenciation des nouvelles plateformes 4. Tous les droits mis à la disposition de toutes les chaînes et plateformes Disponibilité la plus étendue possible du contenu Limite la valeur pour les détenteurs de droits Restreint les possibilités d'entrer sur le marché pour les nouvelles plateformes Source : Analyse de Booz Allen Hamilton Page 28 Illustration 28 : Exclusivité de plateforme ou de chaîne Exclusivité de plateforme : le cas de Foot+ en France Exclusivité de la chaîne : le cas de SKY Sports au Royaume-Uni Sky Sports a le contenu exclusif sur sa chaîne de marque La chaîne est vendue en bloc à d’autres plateformes (câble comme NTL) à des conditions commerciales raisonnables Avantages Encourage l’adoption d’une nouvelle plateforme (TV par DSL) Limite la disponibilité du contenu spécifique pour sélectionner un groupe de téléspectateurs Le contenu (premium) fragmenté est réparti sur plusieurs plateformes, ce qui est déroutant et complexe pour les clients. Les usagers doivent adopter plusieurs technologies pour avoir accès à tout le contenu disponible. Inconvénients Inconvénients Avantages Canal+ a acheté des droits exclusifs à la ligue française pour 600 millions d'euros par an pour 2005-2008 FT a obtenu l’exclusivité en ligne pour 7 matchs sur 10 (foot+) d’une valeur déclarée de 50 millions d’euros pour 2005 -2008 Contenu mis à la disposition de toutes les plateformes si les clients décident de retenir ces chaînes. Les clients peuvent choisir leur plateforme de diffusion préférée sans limites de disponibilité de contenu. Grande disponibilité de contenu Permet aux chaînes de développer leur marque sur plusieurs plateformes. Peut nécessiter l’intervention des organismes de réglementation pour fixer des conditions « justes et raisonnables » Sources : Informations sur les entreprises, analyse de Booz Allen Hamilton offre déjà un contenu premium payant à l’unité de programmes. Une carte prépayée spéciale et anonyme peut être achetée dans n’importe quel magasin et utilisée pour l’événement ou l’offre spéciale que l’usager décide de regarder. Elle peut être rechargée plusieurs fois et doit être remplacée à la date d’expiration— les recettes sont partagées entre toutes les parties concernées. Le succès de cette offre interactive à bas prix est stupéfiant : 4 mois après son lancement, 1,2 millions de cartes smart prépayées ont été vendues. 3. Le contenu premium est la clé du succès : la concurrence va s’intensifier encore davantage Sur le marché convergent, les différentes infrastructures sont capables de fournir des offres de plus en plus similaires. Il n’est Le contenu sera le donc plus nécessaire de différenciateur le plus s’abonner à un fournisimportant dans la bataille seur de télécommunipour la maison numérique cations pour bénéficier d’un service de téléphonie fiable. L’importance de l’infrastructure et de la technologie sous-jacente va diminuer : le contenu et les services constitueront le seul intérêt réel de l’usager. Dans cet environnement, les distributeurs devront se démarquer de leurs concurrents. Il y a essentiellement trois façons de se différencier : (1) Offre de contenu, y compris offre à la demande, (2) Fonctionnalités du service (par ex., TVHD, IPG, ENP), et (3) Prix. A cet égard, le contenu est de La concurrence pour loin le facteur de différentiale contenu (premium) tion le plus important pour les s’intensifi era avec le distributeurs parce qu’il dicte développement de la l’attrait global d’une offre et maison numérique en fin de compte les parts de marché. Tous les marchés de la télévision numérique montrent qu’un contenu de haute qualité est nécessaire pour favoriser le taux de pénétration. Aux Etats-Unis, c’est l’offre d’un choix de chaînes considérablement plus grand qui a provoqué la première vague de taux de pénétration de la télévision numérique. Les usagers s’abonneront aux services de la télévision numérique pour accéder à un contenu plus diversifié et de meilleure qualité. Les fonctionnalités du service en elles-mêmes ne suffiront pas pour favoriser la pénétration parce qu’en général, elles attirent (tout d’abord) des niches de client plutôt que le grand public. Cependant, elles constituent un « supplé- Page 29 ment » important pour profiter entièrement du contenu et améliorer l’expérience globale de la télévision numérique. Par ailleurs, certaines des fonctionnalités, telles que l’IPG, sont de toutes façons requises pour faire face à la variété accrue du contenu. Un contenu intéressant est donc un « must » tandis que les fonctionnalités du service sont un plus. En fin de compte, le prix peut également servir de différenciateur dans l’environnement concurrentiel. Toutefois, le prix à lui seul ne favorisera pas la pénétration. C’est le rapport qualité / prix qui sera l’élément moteur. Un contenu attrayant à un niveau de prix acceptable sera crucial. La concurrence relative au contenu, notamment le contenu premium, s’intensifiera à mesure que les distributeurs s’efforceront d’encourager la pénétration numérique dans son ensemble et de conquérir une part du marché de la diffusion. Comme illustré ci-dessus, le nombre de chaînes de télévision payantes (premium) est lié aux taux de pénétration globale des services numériques dans les différents pays européens (Illustration 10). Le foot premium est l’un des domaines clé du contenu premium en Europe ; la concurrence pour les droits du foot s’est accrue considérablement, ce qui a fait flamber les prix (Illustration 25). Au Royaume-Uni, Sky a réussi à hisser le modèle de la télévision payante à une position de leader sur le marché, et fait face actuellement à des restrictions sur les droits de « premiership » qu’elle peut acheter à l’avenir. En Allemagne (1997) et en France (1999) les prix des droits sont montés en flèche : les dizaines de millions sont devenus des centaines de millions lorsque Premiere et Canal+ ont fait leur entrée sur le marché. Dernièrement, le contenu du foot premium sert à stimuler les offres DSL de télévision : aux Pays-Bas, celles de Versatel sont axées sur les matchs en direct de Eredivisie (la première ligue néerlandaise) ; Belgacom vise à susciter l’intérêt de la télévision par DSL, par le biais de la diffusion exclusive de la ligue Jupiler (la première ligue belge) (Illustration 26). Les droits du sport premium exclusifs sont clairement des promoteurs de plateforme mais souvent ne génèrent pas de bénéfices à eux seuls pour les distributeurs et les aggrégateurs de contenu. A l’avenir, la concurrence intensifiée pour le contenu premium va très probablement entraîner une hausse supplémentaire des prix pour les distributeurs. Par conséquent, dans la concurrence pour le contenu premium, la taille et la capacité financières d’un distributeur prendront une importance croissante, ce qui avantagera encore les opérateurs historiques des télécommunications. Page 30 Un accès équitable au contenu premium est nécessaire pour garantir l’équilibre de la concurrence. La valeur du contenu premium est généralement protégée par des droits d’exclusivité. Toutefois, il existe plusieurs niveau d’exclusivité possibles, allant de l’exclusivité absolue de la plateforme à la disponibilité des droits à l’ensemble des chaînes et plateformes (Illustration 27). Un accès équitable au contenu premium soutient les objectifs d’intérêt public Les niveau d’exclusivité ont des impacts variés (positifs et négatifs) sur l’industrie de la diffusion et sur la mise à disposition du contenu pour les usagers. Même si le renforcement du niveau d’exclusivité de la plateforme peut susciter l’intérêt pour de nouveaux services (de cette plateforme), il peut aussi bien exclure l’accès des usagers au contenu parce qu’ils se sont abonnés à une autre plateforme de diffusion. Par exemple, France Télécom est la plateforme téléphonie fixe exclusive pour assurer la diffusion de contenu premium de football en France et prive ainsi les abonnés de câble de ce contenu (Exhibit 28). A l’inverse, un contenu premium mis à la disposition de toutes les chaînes et plateformes, ce qui implique l’absence totale d’exclusivité, pourrait permettre de toucher un public plus vaste. En revanche, il réduit la valeur des droits pour le propriétaire du contenu d’origine, limitant potentiellement le développement des droits premium. Une telle pratique peut également restreindre l’entrée de nouvelles chaînes ou plateformes parce qu’elles ne parviennent pas à se différencier des offres existantes. L’exclusivité de la chaîne est une autre alternative (Illustration 28). Dans ce cas, une chaîne détient des droits de contenu exclusifs mais le contenu est diffusé sur plusieurs plateformes pour atteindre un grand nombre de téléspectateurs. Grâce à l’accord d’exclusivité, la chaîne peut différencier et établir une marque différenciée telle que Sky Sports qui est une marque d’événements sportifs premium. Dans le cas de l’exclusivité de la chaîne, le défi consiste à définir des modalités de partage de revenus équitables entre la chaîne et le distributeur. En effet, si la chaîne est affiliée ou intégrée verticalement à une plateforme de diffusion, l’accès équitable des distributeurs tiers pourrait devenir problématique. IV. LES DÉFIS LANCÉS AUX ORGANISMES DE RÉGLEMENTATION POUR SOUTENIR LE MAISON NUMÉRIQUE EN 2010 Les développements technologiques, les manœuvres concurrentielles et les préférences des usagers modifient de plus en plus rapidement les nombreuses hypothèses fondatrices du régime régleL’évolution vers la mentaire actuel. Comptetenu maison numérique a du développement de la changé les hypothèses maison numérique et de la fondatrices des cadres convergence des marchés des réglementaires actuels médias et des communications, les décideurs doivent repenser et ajuster certains fondements de la réglementation traditionnelle des médias et des télécommunications. dreront une forte augmentation de la demande de contenu nouveau et feront flamber la valeur des droits du contenu premium, notamment le contenu sportif. Par conséquent, les forces du marché auront véritablement la possibilité de stimuler la compétitivité de l’industrie audiovisuelle européenne. Les distributeurs s’efforçant de différencier leur offre, nous assisterons à la production d’une surabondance de contenu. Enfin, certains pays, tels l’Allemagne, l’Italie, la Suède et l’Autriche maintiennent que le soutien public est nécessaire pour introduire certaines technologies de diffusion numérique, notamment la DTT au sein des foyers. Toutefois, étant donné que l’évolution des Notamment l’opinion traditionnelle où la diffusion des marchés de la diffusion dépend de la concurrence, un médias est un goulot d’étranglement. Dans le passé, soutien technologique partial risquerait de créer un à la suite de limitations perçues dans la capacité de déséquilibre artificiel et une distorsion du marché. Dans diffusion et le manque d’innovation dans les services son dernier jugement du 9 novembre 2005 à Berlinaudiovisuels, les organismes de réglementation Brandenbourg, la Commission Européenne a interdit adoptaient souvent une position défensive vis-à-vis aux états d’accorder aux diffuseurs commerciaux des des fournisseurs de contenu afin de leur garantir la subventions pour l’utilisation de la DTT—dans le cadre possibilité de diffuser. Cela a changé des règlements de l’UE en matière de dans l’environnement de la maison subvention de l’Etat. La Commission avait numérique : la fréquence et la capacité approuvé précédemment une aide à la Les réglementations de la bande passante sont moins DTT en Autriche. La Commission souligne existantes peuvent problématiques. En réalité, nous que dans le cadre desdits règlements, les ralentir la progression pourrions être prochainement confronté politiques publiques destinées à soutenir vers la maison numérique à une sur capacité dans la diffusion et le passage à la diffusion numérique une insuffisance de contenu.Selon le devraient être limitées aux interventions paradigme classique, les distributeurs réglementaires (neutre sur le plan de médias sont des monopoles (régionaux). Ici encore, technologique), à l’assistance financière des clients, la concurrence du monde numérique a connu un à des campagnes d’information ou à des subventions changement fon-damental. La concurrence au niveau visant à combler certaines déficiences du marché ou à de la diffusion devient de plus en plus évidente et va garantir une cohésion sociale ou régionale. s’intensifier encore davantage. Le comportement du secteur de la distribution vis-à-vis des fournisseurs de La structure de l’industrie, articulée autour de la contenu sur le marché sera de plus en plus entravé maison numérique est très dynamique et les progrès par l’arrivée des nouvelles plateformes. Les usagers technologiques interviennent rapidement. Par conséauront le choix entre plusieurs distributeurs de médias quent, le défi des organismes de réglementation et pourront sélectionner eux-mêmes l’offre présentant consiste à réviser continuellement leurs politiques le meilleur rapport qualité-prix. et hypothèses réglementaires et à les adapter à de nouvelles réalités. Selon une autre perspective classique, l’industrie audiovisuelle européenne nécessite un soutien gouSi nous ne tenons pas compte des changements liées vernemental et réglementaire notamment par le biais à la maison numérique, son développement s’en troude quotas de diffusion du contenu local. Dans le monde vera considérablement ralenti, engendrant ainsi des numérique, cette perspective n’est pas nécessairement conséquences importantes sur la croissance de la TIC. vrai étant donné que les obstacles d’entrée sont bien Une définition trop étroite du marché risque de donner moindres pour les fournisseurs de contenus européens lieu à des décisions erronées au sujet de des perspecet que les chaînes destinées à un créneau spécifique tives du marché, risquant de limiter la croissance de du marché évoluent. L’augmentation de la concurrence l’industrie à la suite de l’application de réglementations multi plateforme et des services « triple play » engeninappropriées. Page 31 Nous pouvons considérer, par exemple, que l’adoption isolée de mesures empêchant une concentration horizontal sur un marché du câble ait été justifiable par le passé. Il s’agissait alors d’empêcher un détenteur de monopole régional d’abuser de sa position dominante vis-à-vis du client. Dans un environnement de marché convergent, ce cas de regroupement devient plus complexe. Le fournisseur de câble doit lutter contre un opérateur des télécommunications historique dont la couverture nationale et la taille sont considérablement supérieures à la sienne. Dans ce contexte, la même mesure renforcera les déséquilibres dans la structure du marché au détriment éventuel des usagers. Par exemple, le Bundeskartellamt a bloqué plusieurs tentatives de regroupement du câble en Allemagne. En conséquence, les niveaux d’investissement se sont considérablement réduits et le déploiement des services numériques s’est ralenti— au détriment de l’usager. De la même manière, l’intégration verticale entre les fournisseurs L’UE est consciente de contenu et les distributeurs du défi et a lancé peut favoriser la pénétration plusieurs initiatives, de la maison numérique. Cela notamment le s’explique par le fait que les programme i2010 acteurs d’infrastructure doivent se démarquer sur un marché de la diffusion de plus en plus concurrentiel. Et l’un des différenciateurs clés sera le contenu. Par conséquent, il est clair que la diffusion n’est plus un monopole et que d’autres infrastructures sont disponibles; de ce fait, une plus grande liberté d’acquisition du contenu, notamment à travers l’intégration verticale, serait bénéfique au développement de la maison numérique. Au cours de son sommet de Lisbonne en 2000, l’Union Européenne (UE) s’est fixée pour objectif de transformer l’UE d’ici 2010 en « l’économie la plus concurrentielle du monde, fondée sur le savoir ». Désormais, à mi-chemin de 2010, peu de progrès ont été réalisés pour encourager la propagation du haut débit, du commerce en ligne, et plus récemment de la télévision numérique. En conséquence, les gouvernements et les organismes de réglementation redéfinissent actuellement leurs rôles dans cette industrie en mutation rapide, tout en affrontant le défi de stimuler un environnement sain, concurrentiel et équilibré et de protéger l’intérêt de l’usager. La Commission Européenne a identifié le besoin d’instaurer des politiques pro actives qui répondent aux changements fondamentaux en matière de développement technologique et d’adoption par les usagers. Parallèlement à la convergence numérique, la convergence des politiques doit avoir lieu afin de refléter la nouvelle économie numérique. En reconnais- Page 32 sant la contribution importante du secteur de la technologie de l’information et de la communication (TIC) à la croissance long terme et à l’emploi en Europe, la Commission Européenne a également lancé en mai 2005 une nouvelle structure de politique stratégique, « i2010—une société européenne de l’information en 2010 ». Au sein de cette structure, la Commission propose trois priorités politiques pour les médias et la société de l’information en Europe : 1. L’achèvement d’un espace d’information européen unique qui assure la promotion d’un marché ouvert et concurrentiel pour la société de l’information et des médias, 2. Le renforcement de l’innovation et de l’investissement dans la recherche de la TIC pour promouvoir la croissance mais aussi développer des emplois et améliorer les conditions de travail, 3. Le développement d’une Société de l’information européenne respectant la cohésion sociale, destinée à promouvoir la croissance et l’emploi d’une manière qui soit non seulement compatible avec le développement durable mais qui accorde également la priorité à des services publics plus performants et à une meilleure qualité de vie. D’autres initiatives réglementaires et politiques de l’UE reflètent les défis d’une nouvelle société de l’information convergente : les initiatives visant à combler le fossé numérique et à accélérer le passage de la diffusion analogique à la diffusion numérique (terrestre). La Commission s’est à la fois engagée dans un processus d’application des principes de libre concurrence sur l’accès aux droits du contenu et à leur exploitation sur différentes plateformes de diffusion, mais également dans une prochaine révision de la directive Télévision sans frontières. Le cadre réglementaire actuel concernant les services et réseaux électroniques de communication (« NRF ») fera l’objet d’une révision, dans l’attente des réseaux de nouvelle génération. Par ailleurs, les répercussions de la convergence et de la concurrence multiplateforme sur les marchés actuellement réglementés seront prises en compte lors d’une prochaine révision de la liste des marchés pertinents des produits et services, comme le recommande la Commission dans le cadre du NRF. Les avantages potentiels provenant du développement de la maison numérique en Europe sont significatifs. Les usagers auront accès à un contenu plus diversifié, à la fois éducatif et divertissant. La numérisation et la convergence annoncent également l’émergence d’un contenu davantage axé sur des segments spécifiques du marché, favorisant la diversité culturelle (par exem- ple, contenu minoritaire, contenu dans une langue de spécialité, contenu local et européen). En ajoutant un élément interactif à la plateforme médias la plus couramment utilisée, la télévision numérique contribuera fortement à l’intégration numérique : la télévision a la capacité de toucher le grand public grâce aux services interactifs qui ne sont actuellement proposés qu’aux foyers disposant d’ordinateurs personnels et bénéficiant d’un accès à Internet. Ainsi, tous les usagers européens pourront de façon réaliste s’attendre à accéder aux services interactifs, notamment le contenu à la carte, le contenu éducatif, les informations gouvernementales et parlementaires ou les possibilités transactionnelles. Les actions de la Commission Européenne pour stimuler activement les politiques de basculement vers le numérique pour les services télévisuels terrestres d’ici 2012 devraient faciliter ce développement et permettre l’établissement de politiques plus larges qui reflètent une vue cohérente du processus de numérisation de tous les réseaux de diffusion. Après avoir mis l’accent sur la libéralisation des marchés des télécommunications européens dans les années 1990, les politiques de la Société de l’information de l’UE ont visé en grande partie à stimuler le déploiement du haut débit dans l’UE. La politique et les réglementations de l’UE ont défini d’importants paramètres pour stimuler la concurrence de l’infrastructure, favorisant ainsi le déploiement des services d’accès à haut débit. La pénétration du haut débit s’est accélérée et a apporté des avantages tangibles pour l’usager, notamment dans les pays qui connaissent une forte concurrence entre le câble et le DSL (Illustration 9). Malgré les importants progrès réalisés pour accélérer les taux de pénétration du haut débit, la politique de l’UE en la matière n’a toutefois pas réalisé les objectifs de croissance ambitieux décidés lors du sommet de Lisbonne en 2000. Le fossé numérique est toujours problématique dans la plupart des pays européens, en net contraste avec l’objectif de la politique de l’UE aspirant à une société de l’information ouverte à tous. Parallèlement, le développement de la maison numérique, stimulé par une concurrence intense d’accès au foyer, pourrait dynamiser fortement la croissance de l’industrie et la création d’emplois. Celle-ci exigera des investissements élevés parce que les distributeurs de médias et les fournisseurs de contenu se préparent à lancer de nouveaux services numériques répondant aux attentes des clients. La convergence nécessite d’importants efforts de coordination entre les politiques des médias et des télécommunications. La Commission Européenne a déjà fait un premier pas dans cette direction en confiant à un seul Commissaire, la responsabilité de la Société de l’Information et des Médias, ce qui revenait à mettre en place un commissaire de la convergence. De même, au Royaume-Uni, Ofcom est le seul organisme de réglementation et de contrôle de la concurrence de l’industrie des télécommunications britannique. Cet organisme exerce des responsabilités dans les services suivants : télévision, radio, télécommunications et communications sans fil. Toutefois, la plupart des pays européens continuent à réglementer les médias et les télécommunications sans beaucoup de coordination entre les autorités, ce qui rend souvent la réglementation et l’élaboration de politiques extrêmement difficile et vulnérables à l’impact de mauvaises décisions. Les usagers, les acteurs de l’industrie et les décideurs conviennent qu’il y a énormément de travail à faire pour rattraper le niveau d’accès au haut débit et à la télévision numérique disponible aux Etats-Unis et en Asie et ainsi atteindre les objectifs de i2010. Toutefois, il existe deux grands courants de pensée parmi les décideurs : ceux qui sont partisans d’une réglementation accrue, visant à imposer des contraintes aux acteurs existants et ceux qui sont en faveur d’une réglementation plus réduite visant à augmenter la concurrence De nombreuses dictée par le marché. Cerinitiatives en cours tains instruments réglemenmontrent la marche à taires du passé, notamment suivre mais certains le dégroupage de la boucle domaines doivent mieux locale, n’ont pas réussi à refléter les nouvelles changer fondamentalement réalités du marché l’équilibre des forces entre les opérateurs historiques et les nouveaux arrivants (infrastructure) sur le marché du haut débit. Comme le recommande la Commission Européenne, les autorités réglementaires nationales considèrent actuellement la nécessité d’une nouvelle intervention réglementaire pour remédier aux déficiences du marché sur un ensemble de segments pertinents. A cette fin, elles feront appel à des études de marché nationales dans le nouveau cadre réglementaire pour les services et réseaux électroniques de communication (NRF). Le développement de la maison numérique peut devenir une force motrice pour faire progresser l’ambitieux programme i2010, qui vise à favoriser la croissance et des emplois durables en Europe grâce aux technologies d’information et de communication Toutefois, les organismes de réglementation doivent tenir compte de la convergence des marchés à tous les niveaux et éviter les définitions trop étroites, lorsqu’ils déterminent la position dominante d’un opérateur. En élargissant la réglementation du contenu linéaire au contenu non linéaire, la révision de la directive Page 33 Télévision sans Frontières (TVWF, Television without Frontiers) risque d’imposer un poids réglementaire injustifié qui risquerait de freiner le développement de la nouvelle industrie européenne des médias—par exemple en imposant des quotas au niveau de la production et du contenu sur les fournisseurs européens de nouveaux services convergents. De plus, la mise en place de contraintes réglementaires disproportionnées à propos de la fourniture du contenu sur des plateformes de diffusion traditionnelles (câble, satellite et terrestre) par rapport aux nouvelles plateformes de diffusion (IPTV) pourrait entraîner des désavantages concurrentiels, notamment en élevant le coût du contenu pour les opérateurs des plateformes de diffusion traditionnelles. Cette élévation des coûts pourrait à son tour réduire leur flexibilité au niveau du choix des programmes et de la définition de nouveaux modèles commerciaux. La directive risque donc de dépasser son objectif d’origine, qui était de créer un marché interne du contenu et d’empiéter sur un domaine où elle influence la compétitivité des divers fournisseurs des plateformes de diffusion vidéo. Par conséquent, cette directive pourrait être incompatible avec le nouveau cadre réglementaire pour les services et réseaux électroniques de communication. L’accès équitable au contenu premium figure également parmi les priorités des organismes de réglementation. Page 34 Il est nécessaire de contrôler l’accès plus strictement pour éviter tout abus de position dominante sur le marché. Position qui empêcherait les plateformes de diffusion concurrentielles d’avoir accès à un contenu attrayant. En effet, dans les cas d’un marché déséquilibré, il deviendrait indispensable d’intervenir au niveau de la structure pour proscrire l’abus de position dominante en matière d’acquisition et d’exploitation des droits du contenu premium. Un tel cas pourrait, par exemple, se présenter sur les marchés non développés de la télévision payante : un acteur dominant pourrait passer des accords d’exclusivité à long terme pour empêcher l’entrée de nouveaux concurrents. Le cas échéant, les organismes de réglementation peuvent demander que l’accord d’exclusivité soit limité dans le temps. De même, des droits de contenu « non utilisés » signalent généralement une puissance d’exclusivité démesurée : un acteur dominant acquiert des droits de contenu sans les exploiter, essentiellement pour porter préjudice aux concurrents, c’est-à-dire sans intention de diffusion. Cette situation pourrait se produire lorsque de gros opérateurs acquièrent des offres de contenu premium importantes sans les exploiter et les mettre à disposition d’autres distributeurs (« mise à l’écart des droits »). V. LES « DIVIDENDES NUMÉRIQUES » DU MARCHÉ DE LA MAISON NUMÉRIQUE 1. Scénarios de développement du marché de la maison numérique de 2010 L’objectif de cette étude est d’évaluer les « dividendes numériques » (croissance de l’industrie, investissements, création d’emploi et lancement de nouveaux services), qui pourraient être tirés d’une pénétration accélérée ou perdus à la suite d’une pénétration lente de la maison numérique en Europe. d’une réglementation plus souple ? Parmi les paramètres en rapport avec la réglementation qui ont fait l’objet d’une analyse, nous pouvons citer les obstacles à l’intégration horizontale ou verticale ainsi que l’imposition d’obligations réglementaires de diffusion, le plafonnement des prix ou les offres de réseau ouvert. Evolution de l’environnement concurrentiel L’incertitude sur l’environnement concurrentiel est Une évaluation chiffrée a double : premièrement, le niveau de concurrence dans Le développement futur permis de faire des préla zone de diffusion et deuxièmement, le niveau de de la maison numérique visions concernant la concurrence tout au long de la chaîne de valeur entre promet des « dividendes numérisation, les recetles producteurs de contenu et les distributeurs. Dans numériques » dans quatre tes et la structure de les deux cas, la question clé consiste à savoir si des domaines : croissance de l’industrie jusqu’à 2010. acteurs dominants apparaîtront ou si plusieurs acteurs l’industrie, investissement, La modélisation se fonde de même calibre coexisteront et se disputeront la même création d’emplois et sur plusieurs données : clientèle. L’environnement concurrentiel sera affecté pénétration des services étude de marché, travaux par le niveau de segmentation (des distributeurs ou de recherche et de prédes fournisseurs de contenu par exemple) et l’arrivée vision menés en permanence dans ce domaine, dernières de nouveaux acteurs sur le marché. L’environnement statistiques fournies par des instituts de recherche concurrentiel réalise un impact particulier sur d’une spécialisés dans les médias et les télécommunications, part les opérateurs historiques qui tirent profit de leur ainsi que des rapports financiers et d’analystes. Pour puissance financière et de leur clientèle et sur d’autre finir, plus de 30 entretiens approfondis ont été menés pas les acteurs de contenu qui prennent plus ou moins avec une palette d’experts de l’industrie, depuis les de poids. Les stratégies des sociétés de divertissegrands fournisseurs de plateformes comme Comcast ment comme Time Warner illustrent bien la montée en et les acteurs de contenu comme MTV jusqu’aux puissance potentielle des fournisseurs de contenus dirigeants des divers organismes de réglementation intégrés qui conjuguent les métiers (diffusion et contenu). et consultants experts. L’analyse du marché de la Enfin, il est possible que des producteurs de matériels maison numérique comporte des évaluations bottom-up et de logiciels tels que Sony ou Microsoft cherchent et top-down de différents marchés également à saisir l’opportunité de ainsi que des comparaisons pousdévelopper leurs positions respecLe développement de la sées de divers acteurs européens tives pour s’accaparer une part du maison numérique de 2010 afin de comprendre le rôle des nouveau marché. est affecté par deux grands différents leviers comme la technoldomaines d’incertitude : ogie, les usagers ou la réglementaL’élaboration de scénarios fait appel l’environnement réglementaire tion. à une approche pragmatique dont le et le paysage concurrentiel but est de comprendre des situations Le développement du marché et donc les « dividendes complexes à venir. Booz numériques » sont très dépendants de deux grands paraAllen Hamilton utilise Une modélisation avancée mètres dans l’avenir : l’environnement réglementaire et souvent cette méthode a été utilisée pour analyser les évolutions du paysage concurrentiel. Pour évaluer dans un contexte profeset mesurer l’impact des l’impact de ces paramètres, nous avons élaboré des sionnel. La création incertitudes sur le marché scénarios qui permettent de répondre aux questions de scénarios se base de la maison numérique— les plus cruciales : sur une compréhencette modélisation se base sion et une analyse à la fois sur des données Evolution de l’environnement réglementaire approfondies des tenfactuelles et sur les grandes dances de l’industrie inconnues du marché Quelles seraient les conséquences probables d’un déjà observables sur cadre réglementaire très contraignant ? Quels seraient le marché (Illustration 29). Les tendances sont les avantages et les inconvénients de la mise en place classées en fonction de leur degrés d’incertitude. Page 35 Illustration 29 : Méthode de création des scénarios Identification de la tendance Tendances avec une faible incertitude Scénarios Tendances avec forte incertitude Quantification de l’impact (modèle) Recommandations Espace optionnel Analyses et preuves à l’appui Source : Analyse de Booz Allen Hamilton Pour comprendre les tendances décrites ci-dessus, des scénarios cohérents sont élaborés à partir de l’analyse approfondie des facteurs qui favorisent ou freinent le développement du marché de la maison numérique. Ces scénarios établissent alors une base d’hypothèses permettant d’élaborer un modèle économique. Au cours de cette étude, quatre scénarios possibles ont été retenus (Illustration 30). Quatre scénarios différents ont été établis afin d’évaluer les « dividendes numériques » associés à l’évolution du marché de la maison numérique en Europe (Illustration 30). Chaque scénario présente l’un des visages possibles du marché de la maison numérique à horizon 2010. Scénario 1: Affrontement direct dans le numérique Dans ce scénario d’affrontement direct, l’égalité des chances conduit à une concurrence loyale entre des acteurs de même taille, créant un environnement de croissance qui stimule l’investissement et la création d’emploi. Dans ce scénario, les organismes de réglementation s’adaptent rapidement au nouveau marché, après avoir adopté une démarche souple sur les questions antitrust et les contraintes de diffusion, permettant ainsi des regroupements évenQuatre scénarios ont été tuels et une concurélaborés afin de présenter rence saine au et de quantifier l’évolution niveau des infrastrucprobable du marché de la tures. Pour ses décimaison numérique en Europe sions clés, la structure réglementaire s’appuie sur un scénario de marché convergent. Alliant ainsi, réglementations souples, comme au RoyaumeUni, et une réglementation favorisant la concurrence des infrastructures comme en Suisse ou en Autriche. Ainsi, dans la plupart des pays, une structure de marché se met en place dans laquelle plusieurs puissants acteurs de distribution sont en concurrence sur un pied de quasi-égalité. Ces acteurs réalisent de gros investissements et sont donc en mesure de proposer des offres groupées et de négocier un contenu numérique novateur. Ce contexte encourage l’arrivée sur le marché de nouveaux réalisateurs qui offrent des contenus locaux ou spécialisés. En conséquence, davantage de clients décident d’adopter pour ces services, ce qui stimule d’autres investissements. Un cercle vertueux est donc engagé. Illustration 30 : Quatre scénarios pour le marché de la maison numérique en Europe en 2010 Scénario 1 2 3 Affrontement direct dans le numérique Industrie dans l’impasse Les géants des télécommunications 4 Règles sur le contenu Source : Analyse de Booz Allen Hamilton Page 36 Description Réglementation souple : regroupement horizontal autorisé, intervention très limitée Concurrence équilibrée au niveau des infrastructures Forts investissements, grande diversité de services, adoption rapide de l'usager Réglementation lourde : interdiction des regroupements, stricte protection de l’usager Numérisation dans l’impasse (attitude attentiste) Faiblesse de l’innovation et des investissements, lente adoption de l’usager Prédominance de l’opérateur des télécommunications national sur le marché de la maison numérique Concurrence déséquilibrée : les câblo-opérateurs sont mis dans l’impossibilité de se regrouper au niveau national Prix monopolistiques, lent développement des services, adoption normale de l’usager Déséquilibre tout au long de la chaîne de valeur : des distributeurs fragmentés contre des fournisseurs de contenu dominants (regroupés) Les fournisseurs de contenu s’accaparent des locations (excessives) ; investissement limité de la part des distributeurs. Faible développement du service/contenu, adoption lente de l’usager. En règle générale, les services offerts aux usagers sont nettement améliorés du point de vue de la quantité, de la qualité et du prix ; par ailleurs, la demande pour de nouveaux services et pour des vitesses de haut débit supérieures, jouent un rôle positif. Les usagers sont disposés à payer en plus de leur abonnement de base, pour des services numériques attractifs, ainsi que pour des offres de contenu « premium » et de services interactifs. Les taux de pénétration de la télévision numérique et du haut débit augmentent nettement tandis que le coût moyen du service baisse (comme nous avons pu le voir à ce jour dans l’évolution du haut débit en Europe, en particulier en Autriche et aux Pays-Bas ; voir Illustration 11 et Illustration 12). Scénario 2 : Industrie dans l’impasse Cette situation d’impasse rappelle beaucoup celle de certains pays européens (comme l’Allemagne), qui accusent un retard très important en matière de taux de pénétration du numérique et d’offres de services novateurs. Dans ces pays, des politiques réglementaires défavorables et incertaines freinent les investissements. Les nouveaux services ne sont pas développés du fait d’un manque de déploiement des infrastructures numériques et d’une hausse limitée du nombre d’abonnés aux plateformes numérique. Dans ce scénario d’impasse, nous supposons qu’aucun pays supprime les obstacles en place et que certains pays adoptent des politiques réglementaires encore plus restrictives. Dans ce contexte, les organismes de réglementation cherchent essentiellement à contrôler les plateformes télévisuelles en appliquant des mesures court terme de protection des usagers: obligations de diffusion, quotas sur le contenu, plafonnement des prix et interdiction de regroupement. Cette situation engendre une certaine autosatisfaction de la part des principaux acteurs de l’industrie et conduit à une absence de concurrence qui favorise les stratégies d’écrémage du marché au dépens d’investissements importants. Tout comme les industries de la diffusion et du contenu, les usagers adoptent une attitude attentiste parce qu’ils ont peu d’occasions de découvrir par eux-mêmes le service numérique et d’apprécier ainsi la valeur ajoutée qu’il offre. Par conséquent, sur le long terme, une approche réglementaire contraignante limite considérablement les avantages pour les usagers. Scénario 3 : Apparition de géants des télécommunications Ce scénario de géants des télécommunications se fonde sur les opérateurs des télécommunications historiques européens comme Deutsche Telekom, France Télécom ou KPN qui profitent de leur taille pour se montrer agressifs et dominer le marché de la maison numérique. A l’inverse, les câblo-opérateurs sont mis dans l’impossibilité de se regrouper au niveau national et ne peuvent donc lutter à armes égales contre les ressources et la puissance marketing des géants. Lorsque les câblo-opérateurs et les opérateurs de télécommunications commencent à empiéter sur leurs principaux marchés respectifs, nous constatons, dans un premier temps, une croissance des investissements dans le haut débit et le « triple play ». Cependant ces investissements diminuent nettement dès que les opérateurs historiques parviennent à dominer leurs concurrents. Nous assistons alors à une augmentation progressive des frais d’abonnement sur 5 ans, les opérateurs de télécommunication tirant profit de leur position pour imposer des prix monopolistiques. Cela conduit à un taux d’adoption inférieur des services numériques par l’usager. Scénario 4: Règles sur le contenu Dans le scénario des « Règles sur le contenu », les fournisseurs de contenu s’accaparent une grande part de la chaîne de la valeur, ce qui limite les opportunités d’investissement pour les distributeurs. Les producteurs de contenu dominants parviennent à augmenter régulièrement leurs prix parce qu’ils peuvent exploiter la taille de leur marché et les marques de leur programmes. En fin de compte, les propriétaires de droits et les fournisseurs de services L’analyse des « dividendes télévisuels payants numériques » se base sur un sont intégrés verticalemodèle de marché complet ment, et dictent leurs couvrant 19 pays européens, termes et conditions à soit 99% des foyers toute l’industrie. Cette télévisuels européens situation limite considérablement la capacité d’investir des fournisseurs d’infrastructures et leur fait perdre toute motivation. Etant donné que les distributeurs investissent peu dans le marketing (subvention des décodeurs ou grandes campagnes marketing), les consommateurs n’adoptent que très lentement les nouveaux services. L’analyse des « dividendes du numérique » se base sur l’évaluation approfondie de chacun de ces quatre scénarios dans six pays (Autriche, France, Allemagne, Pays-Bas, Pologne et Royaume-Uni) et une extrapolation à 13 pays supplémentaires (Belgique, République Tchèque, Danemark, Finlande, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Portugal, Roumanie, Espagne, Suède et Suisse), soit un total de 19 pays européens et de 186,6 millions de foyers télévisuels. (Illustration 31). Page 37 Illustration 31 : Pays couverts par le modèle de marché de la maison numérique Dans les pays d’envergure et les groupe de pays Groupe Câble peu implanté, très numérisé Câble et DSL très implantés Groupe Câble implanté en partie, apparition de la DSL (UE de l’ouest) Pays France Royaume-Uni Italie Espagne Pays-Bas Allemagne Suède Suisse Danemark Belgique Finlande Modelé en détail Câble implanté en partie, apparition de la DSL (UE de l’est) Pays Pologne Roumanie République Tchèque Hongrie Autriche Danemark Pays-Bas Portugal Irlande Grèce Suède Irlande Extrapolation par le biais des groupes RU Foyers télévisés européens1) - En millions, 2004 - 21 13 13 7 7 4 4 4 4 4 3 3 3 3 2 1 1 Finlande 1 0,2 187 Allemagne République Tchèque Hongrie Belgique France Italie Portugal 25 Pologne Roumanie Espagne Grèce 26 38 Suisse D UK F I E PL ROM NL B CZ S HU GR AT P CH DK FIN IRE Sl EE LUX Total Modelé en détail Autriche Extrapolation par le biais des groupes Modelé en détail : 60% des foyers télévisés Extrapolation par le biais des groupes : 39% des foyers numérisés (1) 25 foyers de l’UE sont représentés ainsi que la Roumanie et la Suisse, mais à l’exception des pays suivants : Chypre, Lettonie, Lituanie, Malte et Slovaquie Sources : Screen Digest 2005, analyse de Booz Allen Hamilton 2. Le marché de la maison numérique de l’an 2010 promet d’importants « dividendes numériques » en matière de croissance, d’investissements et d’emplois décrit ci-dessus, montre les avantages d’un tel environnement, s’il peut être mis en place rapidement au niveau européen. Tous les autres scénarios impliquent un ralentissement général ou des déséquilibres dans la structure du marché et donnent ainsi des résultats moins satisfaisants. Nous allons décrire en détail les « dividendes numériques » auxquels nous pouvons nous 1. La réglementation, attendre en reproduisant, dans la plupart des pays, ce cercle vertueux engendré par l’affrontement direct des 2. Le paysage concurrentiel qui en résulte, différents acteurs du marché. Nous nous intéresserons ensuite aux facteurs qui entraînent les conséquences 3. L’acceptation de l’usager les plus négatives et nous analyseRéussir la migration vers le (stimulée en partie par la rons leur impact sur le développemaison numérique de 2010 concurrence, dans la mesure ment du marché. présente de gros avantages au où il s’agit d’un marché qui niveau européen puisqu’elle emploie des stratégies de Réussir la migration vers la maison stimulera la croissance des pression). numérique présente un avantage recettes, des investissements et important au niveau européen. Le des emplois dans ce secteur Les résultats démontrent que le scénario de la confrontation directe principal moteur d’un dévelopest celui qui donne les meilleurs pement réussi est une concurrence équilibrée, plus résultats. Il peut être considéré comme étant idéal particulièrement au niveau de l’infrastructure. Le pour le développement de l’industrie. Dans ce scénario, scénario de l’affrontement direct dans le numérique, nous pouvons nous attendre à voir au moins un doubleNotre analyse des différents scénarios démontre l’importance des trois facteurs indépendants suivants : Page 38 ment des recettes, des investissements, des emplois et des taux de pénétration jusqu’en 2010. Les taux de croissance annuelle seront bien supérieurs Nous pouvons nous à 10%, dépassant attendre à ce que la nettement la croissance télévision numérique du PNB. Les services dépasse le haut débit dans numériques vont un délai de 5 ans : 64% de foisonner et les taux de pénétration des deux tiers des foyers foyers (TN) contre 53% européens les auront (haut débit)– la télévision adoptés d’ici à 2010. numérique serait alors le De plus, la télévision meilleur moyen de parvenir numérique délogera à l’intégration numérique le haut débit de sa place de première plateforme numérique au monde. L’illustration 32 donne les résultats abrégés du scénario de la confrontation directe. Pour ce qui est du haut débit, le nombre des abonnés Internet par le câble augmentera beaucoup plus rapidement que pour les connexions DSL, notamment en raison de vitesses supérieures et d’offres groupées plus attractives proposées par les câblo-opérateurs (Illustration 33). Nous pouvons déjà observer cette situation sur le marché développé de la télévision numérique aux Etats-Unis : Comcast ajoute un contenu attrayant à l’accès à Internet — la messagerie téléphonique, PhotoShow Deluxe, un lecteur multimédia et Dans le cas d’un taux un contenu premium d’adoption optimal, les provenant des grandes recettes globales tirées des maisons d’édition— abonnements atteindront ainsi que des jeux en 80 milliards d’euros d’ici ligne diffusés par de à 2010, dont environ 50 grands éditeurs comme milliards d’euro pour la Atari et Strategy First. télévision numérique Cette offre inclut un accès illimité, permettant aux usagers de jouer aussi longtemps qu’ils le souhaitent sans frais supplémentaires. Les recettes tirées des abonnements connaîtront une hausse impressionnante de 14% par an et atteindront 80 milliards d’euros d’ici à 2010. Elles feront plus que doubler non pas suite à une augmentation des tarifs mais principalement grâce à la vente de services plus complets. L’achat de services améliorés dépend de la demande de l’usager. C’est parce que l’opérateur lui propose des services numériques plus diversifiés et de meilleure qualité répondant à ses attentes, que l’usager décide d’accepter les offres groupées ou d’augmenter les services qu’il reçoit déjà. C’est déjà le cas aux EtatsUnis où les taux de pénétration de la VoD et de la TVHD ont nettement progressé. Les nouveaux services ou les services améliorés de la maison numérique comprendront des chaînes TVHD, des événements sportifs premium et des bouquets cinémas, des chaînes thématiques et en langue étrangère ainsi que des services interactifs du type VoD / PPV, EPG, jeux, élections, rencontres, et services d’informations (Illustration 34). Ces nouveaux services changeront la nature de la télévision. Au lieu d’être une plateforme de divertissement passive, la télévision numérique se transformera en une plateforme interactive d’information, de communication et de divertissement. En dehors des services purement commerciaux, elle favorisera également le commerce électronique, le gouvernement télévisé et d’autres services d’informations qui permettront d’atteindre un nombre de foyers bien supérieur. Dans certaines régions d’Italie, les usagers peuvent déjà contacter le gouvernement local par le biais de leur téléviseur et de leur télécommande. Ils peuvent ainsi consulter des numéros de téléphone importants, se renseigner sur les heures d’ouverture, télécharger des formulaires, etc. Nous pouvons également constater des développements similaires dans certains pays asiatiques et aux Etats-Unis : par exemple, 20 millions de foyers peuvent accéder à des informations sur les conventions nationales républicaines et démocrates ainsi qu’à des débats présidentiels sur VoD. L’adoption du numérique modifiera les parts de marché, comme à chaque bouleverseLa généralisation de ment important du paysage la maison numérique industriel. Le nombre de entraînera des maison numérique par satellite changement de parts continuera à augmenter de de marché, aussi bien près de 20 millions malgré les pour le haut débit inconvénients que présente que pour la télévision cette plate-forme dans un numérique environnement « triple play ». Cela s’explique par la position très forte d’acteurs majeurs comme BskyB, qui offre essentiellement ses produits et son contenu par le biais de contrat de location. La télévision par DSL connaîtra également une reprise du développement parce qu’elle réussira à vendre des services améliorés à un grand nombre d’abonnés (une fois les problèmes techniques entièrement résolus, probablement à partir de 2007). Le nombre d’abonnés au câble augmentera plus rapidement et cette réussite sera due avant tout à la maturité technique et à la capacité de réaliser rapidement des économies d’échelle afin de pouvoir investir dans les infrastructures et le contenu. Le nombre des abonnés à la télévision numérique terrestre doublera lui aussi, mais restera relativement faible étant donné les limites techniques de la plateforme et les intérêts économiques divergents des différents acteurs. Ce dernier point souligne clairement l’importance des partenariats et des alliances dans le monde numérique. Page 39 Illustration 32 : Résultats résumés du scénario de l’affrontement direct dans le numérique Total des recettes annuelles des abonnés - en milliards d’euros, Europe1), 2004 et 2010 100 Total des investissements annuels2) - en milliards d’euros, Europe1), 2004 et 2010 - Total des emplois additionnel créés - en milliers, Europe1), 2004-2010 - 30 80 23 15-30 20 50 0 60 35 10 0 Status Quo Scénario d’affrontement (2004) direct dans le numérique (2010) Status Quo Scénario d’affrontement (2004) direct dans le numérique (2010) 64% 50% 40% 30% 20% 9-17 7 Taux global de pénétration de la télévision numérique - %, Europe1), 2004 et 2010 70% 60% 84-107 Taux global de pénétration du haut débit - %, Europe1), 2004 et 2010 70% 60% 50% 40% 30% 20% 20% Total de Contenu Effets Total la diffusion multiplicateurs3) 53% 24% 10% 0% 10% 0% Status Quo Scénario d’affrontement (2004) direct dans le numérique (2010) Status Quo Scénario d’affrontement (2004) direct dans le numérique (2010) (1) Comprend les pays suivants : Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République Tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Suède, et la Suisse (2) Investissements dans les dépenses en capital et les dépenses d’exploitation des programmes (3) Les effets multiplicateurs permettent de mesurer les emplois supplémentaires générés par les fournisseurs et autres activités associées, liées au développement de l’industrie de la diffusion : infrastructure du réseau ou décodeur, par exemple. Source : Analyse de Booz Allen Hamilton Illustration 33 : Développement des services de la maison numérique dans le scénario de l’affrontement direct dans le numérique Nombre de foyers équipés de la télévision numérique par plateforme - m, Europe1), 2004 et 2010 - Nombre de foyers disposant du haut débit par plateforme - m, Europe1), 2004 et 2010 - 121 14 Taux global de la numérisation 2004 : 20% 2010 : 64% 39 Taux global de pénétration du haut débit 2004 : 24% 2010 : 53% 24 22 7 2004 Câble 71 45 36 6 1 101 DSL DTH 44 36 2010 9 2004 DTT DSL haut débit 30 2010 Câble haut débit (1) Comprend les pays suivants : Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République Tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Suède, et la Suisse Source : Analyse de Booz Allen Hamilton Page 40 Certaines sociétés devront s’unir pour faciliter la de force entre les grands diffuseurs et les câblo-opérapénétration de la maison numérique. Nous pouvons teurs en Allemagne, à propos de la fourniture simulciter en exemple, l’alliance mondiale entre Microsoft et tanée de signaux analogiques et numériques met en Alcatel, annoncée en février 2005 : « Les deux sociétés évidence cette interdépendance. commercialiseront ensemble une solution IPTV intégrée, destinée aux fournisseurs de haut débit du monde La fourniture de services plus nombreux à un plus grand entier ; celle-ci sera basée sur les équipements d’accès nombre d’usagers conduira à la création d’environ au réseau et les services d’intégration de systèmes 100.000 emplois, dont 60.000 dans les plateformes d’Alcatel et la plateforme logicielle « Microsoft TV IPTV de diffusion. C’est le câble qui remportera la palme Edition ». Grâce à cette alliance, Microsoft et Alcatel « de l’emploi avec la création de 22.000 postes. (Ce espèrent réduire les coûts de l’IPTV, accélérer la commerchiffre prend déjà en compte le processus de regroupecialisation et offrir de nouveaux ment associé.) De plus, de 9.000 à services aux usagers » (microsoft. 17.000 emplois seront créés dans 100.000 emplois seraient com). D’autres partenariats, comme l’industrie du contenu, reflétant la créés dans cet environnement celui conclu entre Nokia et plusieurs demande des usagers qui réclament propice, la télévision par câble diffuseurs asiatiques locaux, viennent un contenu numérique local, les étant le plus gros secteur confirmer l’importance de ces investissements associés des distribgénérateur d’emploi alliances. Cependant les partenariats uteurs et le désir des producteurs de qui échoueront ou les déséquilibres sur le marché contenu de développer des services novateurs. Nous constitueront un frein puissant au développement de la pouvons également nous attendre à des répercussions maison numérique. En effet, si par exemple, les fournissupplémentaires sur les fournisseurs de l’industrie et seurs de contenu ou les diffuseurs sont peu disposés d’autres activités associées liées au développement de à produire en quantité suffisante un contenu numérique l’industrie de la diffusion. Elles concerneront également nouveau, le déploiement du réseau nécessaire à la les constructeurs d’infrastructures de réseau et de diffusion des services numériques s’en trouvera ralenti, matériel d’équipement des foyers. Il en résultera (puisque l’adoption du numérique par l’usager dépend 15.000 à 30.000 emplois supplémentaires dans en grande partie d’un contenu attrayant). Les rapports toute l’Europe. Tout ceci démontre l’importance des Illustration 34 : Recettes des abonnés dans le scénario de l’affrontement direct dans le numérique Répartition des recettes des abonnés par plateforme de diffusion - 2010 - Total des recettes des abonnés – en milliards d’euros, Europe1), 2004 et 2010 -80 DTT 7% 30 35 19 14 DSL (TV/BB) 37% 3 25 9 9 2004 Cable (TV/BB) 36% DTH 20% 4 2 2010 Analogique de base Numérique de base Services interactifs Haut débit (câble et DSL) Offres premium (1) Comprend les pays suivants : Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République Tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Suède, et la Suisse Note : les chiffres sont hors TVA et ne sont pas indexés sur l’inflation Source : Analyse de Booz Allen Hamilton Page 41 Illustration 35 : Total des emplois créés dans le scénario de l’affrontement direct dans le numérique Nombre d’emplois additionnels par plateforme de diffusion - en milliers, Europe1), 2004- 2010 - Total des emplois additionnels créés - en milliers, Europe1), 2004-2010 - DTT 5 15-30 84-107 Effets multiplicateurs2) Total 9-17 DTH 15 Câble (TV/Haut débit) 22 DSL (TV/Haut débit) 18 60 Total de la diffusion Contenu (1) Comprend les pays suivants : Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République Tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Suède, et la Suisse (2) Les effets multiplicateurs permettent de mesurer les emplois supplémentaires générés par les fournisseurs et autres activités associées, liées au développement de l’industrie de la diffusion : infrastructure du réseau ou décodeur, par exemple Source : Analyse de Booz Allen Hamilton fournisseurs d’infrastructure en tant que moteurs de l’investissement et de l’emploi dans les autres industries. clients ayant opté pour les services télévisuels) alors que les investissements dans la DTH concerneront essentiellement le contenu « premium » ou « de luxe » (Illustration 36). Avec 85 à 90% Outre les conséquences de de frais d’exploitation globaux, Le total les investissements l’élargissement de l’industrie de la BSkyB est un excellent exemple. cumulés atteignent près de 100 diffusion sur l’accès au numérique et La location de capacité satellitaire milliards d’euros sur 7 ans en sur l’emploi, l’impact sur les niveau est l’un des postes majeur des supposant une accélération du d’investissements sera lui aussi frais d’exploitation mais ce sont les développement du marché très important. L’un des objectifs programmes, qui avec près de 60%, d’i2010 est la mise en place d’une infrastructure de représentent de loin le poste le plus important. communications moderne qui jouera un rôle fondamental dans le développement d’autres entreprises. Ces prévisions sont clairement validées par ce qui a Dans ce scénario idéal, le total des investissements pu être observé aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. cumulés—y compris les dépenses en capital et les Le montant total des investissements de base dans dépenses d’exploitation des programmes de contenu — les programmes des câblo-opérateurs américains s’élèverait à 98 milliards d’euros sur 7 ans. Les invesest passé de 1,4 milliards de dollars en 1990 à 9,2 tissements annuels de l’industrie de la diffusion passemilliards de dollars en 2002 (soit un taux de croissance raient de 7,5 milliards d’euros à 23 milliards d’euros annuel cumulé de 17%—voir Illustration 23). Mais la de 2004 à 2010. Le croissance des investissements dans le contenu n’est câble bénéficierait pas limitée aux Etats-Unis. Dans le marché mature de Sur une durée de 7 ans, des plus gros invesla télévision numérique au Royaume-Uni, les dépenses nous pouvons nous attendre tissements de toutes de programmation ont doublées entre 1998 et 2003, à 35 milliards d’euros les plateformes grâce période pendant laquelle la numérisation a pris son d’investissements dans des à des dépenses dans essor (Illustration 9). programmes, ce qui donnera des infrastructures de une forte impulsion à la haut débit et dans le D’après les estimations de l’industrie, 30 à 60% des production de contenu local contenu numérique. dépenses consacrées à la programmation servent au Les investissements dans la DSL reposeront essendéveloppement du contenu local, ce qui représente 10 tiellement sur les dépenses en capital portant sur les à 20 milliards d’euros d’investissements supplémeninfrastructures (partant d’une base très restreinte de taires dans le contenu européen (local). Ces investisse- Page 42 Illustration 36 : Total des investissements cumulés (en milliards d’euros, Europe1), 2004-2010) 18 33 6 98 35 Dépenses d’exploitation de programmes 63 Dépenses en capital dans l’infrastructure 41 Câble DSL DTH DTT Investissements cumulés 2004-2010 (1) Comprend : Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République Tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Suède, et la Suisse Source : Analyse de Booz Allen Hamilton ments renforceront de manière significative l’industrie audiovisuelle européenne. L’Europe entière tirera profit de l’accélération de la numérisation. En 2004, les divers taux de pénétration de la télévision numérique allaient de 2 à 6% (République Tchèque ou Pays-Bas) à 57% (Royaume-Uni). D’ici à 2010, les pays émergents du numérique atteindront des taux de pénétration de 45% ou plus et les marchés établis seront quasiment entièrement numérisés avec des taux de pénétration bien supérieurs à 90%. Dans un environnement L’écart entre les pays favorable, chaque pays se sera donc légèreobtiendra un taux ment réduit. La maison de pénétration de la numérique présente télévision numérique d’au en particulier de belles moins 40% ; les pays déjà perspectives et de fortement numérisés en bonnes opportunités de 2004 seront proches d’un croissance dans les pays taux de numérisation de d’Europe de l’est où les 100% d’ici à 2010 taux de pénétration de 2 à plus de 40% correspondent à plus de 50% de taux de croissance annuel composé (TCAC). Pour ces pays, l’éventualité de rattraper un jour leurs homologues occidentaux constitue une perspective attrayante. L’Allemagne a un rôle capital à jouer pour permettre à l’Europe d’atteindre ses objectifs de numérisation. En tant que la plus vaste économie européenne et avec plus de 38 millions de foyers télévisuels, elle représente environ 21% des foyers télévisuels de toute l’Europe. Malheureusement, ce pays est en retard La progression de l’Allemagne à plus d’un titre. En sera essentielle pour permettre effet, non seulement à l’UE d’atteindre ses objectifs les taux de pénétrade numérisation tion actuels du haut débit et de la télévision numérique y sont faibles, mais les activités d’investissement sont insuffisantes. L’Allemagne n’effectue par exemple que la moitié des investissements en infrastructures et contenu numérique par rapport au Royaume-Uni, le deuxième marché par ordre d’importance. Il est donc essentiel pour l’ensemble de l’Europe que les acteurs allemands sortent de cette impasse et réalisent des investisseUn régime régulé qui ments qui permettront à permet une structure ce pays de se rapprocher industrielle équilibrée est des économies numériques la condition clé décisive matures comme le de l’accélération de la Royaume-Uni et la Suède. pénétration de la maison Pour parvenir à accélérer numérique le taux de pénétration de la maison numérique, il est nécessaire de remplir plusieurs conditions préalables (Illustration 37). Premièrement, il est nécessaire de pouvoir prendre appui sur une structure de marché équilibrée pour faciliter les investissements dans le développement des nouveaux services numériques. Nous observons que les niveaux d’investissement sont plus élevés lorsque plusieurs acteurs nationaux puissants s’affrontent dans un paysage concurrentiel équitable. Deuxièmement, il faut un régime réglementaire qui favorise l’investissement et l’innovation. Cette approche en matière de réglementation consiste entre autres à considérer l’ensemble du paysage concurrentiel dans le cadre d’un marché convergent, en adoptant par exemple une définition de marché plus larges lors des décisions sur les regroupements et en promettant à tous les acteurs que la réglementation n’érodera pas la valeur de leur investissement, notamment par le biais d’une réglementation des prix ou d’une offre de réseau ouvert. Ces deux conditions préalables peuvent être considérées comme étant des pré requis ; c’est-à-dire que ces éléments doivent être en place afin de ne pas entraver l’adoption de la maison numérique, mais elles ne constituent pas pour autant des conditions suffisantes pour stimuler l’adoption de la technologie. Pour qu’un décollage de cette adoption ait lieu, deux conditions supplémentaires doivent être remplies : développement des recettes et des emplois. Ces Page 43 Illustration 37 : Conditions décisives et moteurs du développement accélérés du maison numérique Conditions préalables Régime réglementaire favorable aux investissements et à l’innovation Argumentaire Le cadre réglementaire doit refléter la concurrence dans le marché convergent, c'est-à-dire qu’il doit appliquer une définition large du marché lors des décisions sur la dominance du marché ou SMP La réglementation doit tenir compte des besoins d’investissements qu’elle doit favoriser Structure équilibrée du marché Les investissements favorisent l’adoption de nouveaux services numériques Les niveaux d’investissements sont plus élevés dans un paysage équilibré où la concurrence est établie au niveau de l’infrastructure Investissements initiaux et méthode de marketing proactive pour assurer la migration des clients Des investissements initiaux élevés sont nécessaires pour favoriser l’adoption des services Les services devraient être adaptés aux besoins et aux goûts des clients Des méthodes de marketing proactives sont essentielles pour former et convaincre les clients Apparition de nouveaux modèles commerciaux / partenariats L’augmentation des recettes tirées des abonnés fait appel à de nouveaux modèles commerciaux Les fournisseurs de contenu et les distributeurs doivent créer des partenariats gagnants pour développer et commercialiser de nouveaux services numériques « Les pré requis » Si elles ne sont pas remplies, ces conditions préalables peuvent entraver l’adoption du maison numérique – mais elles ne favoriseront pas l’adoption par elles-mêmes « Les moteurs » Ces conditions préalables sont essentielles à la croissance des revenus, des investissements et des emplois générés par l’adoption de la maison numérique—elles ne seront vraiment efficaces que si les « pré requis » sont présents Source : Analyse de Booz Allen Hamilton « moteurs de la croissance » permettront véritablement de réaliser la croissance des investissements à conditions que les deux pré requis mentionnés soient en place. Par ailleurs, les distributeurs devront faire des investissements immédiats et adopter une approche Tout retard dans la marketing pro actives afin pénétration de la maison d’encourager la migration numérique entraîne des des clients vers les services risques importants : numériques. des investissements cumulés de 39 milliards d’euros et quelques 89.000 emplois pourraient être perdus ou retardés modèles commerciaux. Cependant, il sera nécessaire de favoriser des situations acceptables pour toutes les parties afin de permettre aux diffuseurs et aux distributeurs de réussir le développement et la commercialisation des nouveaux services numériques (Illustration 37). 3. Retarder l’émergence de la maison numérique affecterait considérablement les « dividendes numériques » la réglementation constituant soit un catalyseur soit un obstacle clé Pour ce faire, les acteurs Une gestion maîtrisée du passage à la maison devront entre autres numérique offrira d’importants avantages pour la adapter le mieux possible société européenne tandis que les scénarios alterles nouveaux services natifs démontrent clairement les risques potentiels aux goûts et aux besoins pour les investissements et les emplois. Développer des clients et minimiser un nouveau marché exige une gestion optimale de la autant que possible les obstacles part des sociétés et des organà l’adoption des services de la ismes de réglementation, laissant Des investissements immédiats, maison numérique, soit par le biais aussi aux innovations technoun marketing pro actif et de d’un marketing pro actif mettant en logiques et aux usagers un rôle à nouveaux partenariats seront les exergue les avantages de la nouvelle jouer. Parmi les différents moteurs « moteurs » clés d’une pénétration technologie, soit en subventionnant de croissance: la technologie, les optimale de la maison numérique des décodeurs (comme c’est le cas usagers et les organismes de réglede BskyB). Enfin, tous les acteurs devront reconnaître mentation, c’est le cadre réglementaire qui est le plus la présence de nouveaux modèles et partenariats et susceptible de ralentir le développement. Une fois ces s’y préparer. La baisse des sources de revenus (publiciproblèmes résolus, l’industrie aura le champ libre pour taires) traditionnels stimulera la création de nouveaux décider de la vitesse à adopter. Page 44 Illustration 38 : Investissements et emplois menacés dans le scénario de l’industrie dans l’impasse Investissements cumulés1) - en milliards d’euros, Europe2), 2004-2010 - 98 Nombre d’emplois additionnels - en milliards d’euros, Europe2), 2004-2010 107 39 89 59 18 Scénario de Investissements l’affrontement direct menacés dans le numérique Scénario de l’industrie dans l’impasse Scénario de Investissements l’affrontement direct menacés dans le numérique Scénario de l’industrie dans l’impasse (1) Investissements dans les dépenses en capital et les dépenses d’exploitation des programmes (2) Comprend les pays suivants : Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République Tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Suède, et la Suisse Source : Analyse de Booz Allen Hamilton Illustration 39 : Investissements menacés dans les scénarios des géants des télécommunications et des règles sur le contenu Investissements annuels de l’industrie de la diffusion - en milliards d’euros, Europe1), 2010 - Investissements annuels de l’industrie de la diffusion - en milliards d’euros, Europe1), 2010 23 23 Insuffisance d’investissement annuelle -8 milliards d’euros Insuffisance d’investissement annuelle -11 milliards d’euros 15 12 Scénario de l’affrontement direct dans le numérique Investissements menacés Scénario des géants des télécommunications Scénario de l’affrontement direct dans le numérique Investissements Scénario des menacés règles sur le contenu (1) Comprend les pays suivants : Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République Tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Suède, et la Suisse Source : Analyse de Booz Allen Hamilton Page 45 3.1 Une adaptation trop lente du cadre réglementaire aurait d’importantes répercussions 3.2 Les structures industrielles déséquilibrées pourraient ralentir le développement en faveur de la maison numérique Dans le scénario de l’impasse, l’attitude attentiste des usagers et des acteurs de l’industrie entraînera une Dans le scénario des géants des télécommunications baisse des investissements cumulés de 39 milliards comme dans celui des « Règles sur le contenu», les d’euros par rapport au scénario de déséquilibres du marché se traduiront confrontation directe. Cela signifie par une distorsion du développement La prédominance d’un seul 89.000 emplois en moins par de l’industrie. Ces déséquilibres sur acteur menace gravement le rapport au scénario de confrontale marché de la maison numérique développement de la maison tion directe (Illustration 38). Ces conduiront en fin de compte à des numérique et aurait un différences considérables par structures de marché monopolistiques impact considérable sur les rapport à la situation de référence ainsi qu’à une attitude complaisante, investissements et les emplois s’expliquent par le manque de focalisée exclusivement sur les profits déploiement des infrastructures. des acteurs dominants. Ce manque Le retard dans la mise en place des infrastructures d’entrain et de capitaux propres de l’industrie de la numériques empêche en effet, les fournisseurs de diffusion se traduiront par des investissements moins plateformes de fournir des services novateurs et importants aussi bien dans le contenu novateur que des offres groupées. Les usagers ne sont donc pas dans l’infrastructure. Les « gagnants » seront respectiveconvaincus de l’intérêt de passer au numérique et ment les opérateurs de télécommunications historiques les réalisateurs sont donc moins enclins à produire et l’industrie du contenu mais les « perdants » seront du contenu numérique. Aucun acteur ne fera le toute la société européenne qui investira en moins de premier pas. 8 à 11 milliards d’euros (Illustration 39). Page 46 VI. RECOMMANDATIONS Le développement accéléré de la maison numérique sera essentiel pour faire progresser les objectifs en matière d’économie numérique de l’UE, exprimés dans le programme i2010. Il existent des « dividendes numériques » importants à gagner. Afin d’atteindre les objectifs d’une économie numérique, les décideurs et les acteurs de l’industrie doivent agir maintenant. 1. Recommandations pour les décideurs et les régulateurs Les réglementations ont un impact particulièrement fort sur le développement du marché et les enjeux sont considérables : des décisions réglementaires défavorables pourraient empêcher ou retarder des investissements cumulés pouvant aller jusqu’à 39 milliards d’euros (2004-2010), ce qui ralentirait énormément la croissance de l’emploi dans l’industrie (2% contre 8% par an). Dans l’espace de convergence, l’impact négatif des « mauvaises » décisions touchera un marché beaucoup plus vaste qu’auparavant. Des décisions doivent être prises aussi bien dans l’optique des marchés convergents que dans une perspective européenne. Les frais d’abonnement à la télévision payante et à l’Internet haut débit représentent un marché européen de 35 milliards d’euros en 2004 et une industrie employant environ 100.000 personnes. Les revenus vocaux sur ligne fixe représentent 90 milliards de plus et la communication mobile environ 125 milliards d’euros. C’est pourquoi les décideurs doivent avoir pleinement conscience de l’impact considérable de leurs décisions. La marge d’erreur est de plus en plus faible. Pour encourager le développement de la maisons numériques en Europe, l’action des décideurs doit se concentrer sur quatre domaines clés : 1. Recentrer l’attention du haut débit sur la convergence / télévision numérique, 2. Garantir l’équilibre de la concurrence et de la structure de marché dans un monde numérique convergent, 3. Trouver un juste équilibre entre la protection de l’usager et les objectifs d’emploi et d’investissement à long terme, 4. Rééquilibrer la réglementation en faveur de la concurrence basée sur l’infrastructure. 1.1 Recentrer l’attention du haut débit sur la convergence / télévision numérique A ce jour, les décideurs et les responsables de la réglementation ont dans l’ensemble concentré leurs efforts sur le haut débit pour réaliser leurs objectifs d’économie numérique. Les politiques ont cherché à favoriser l’implantation du haut débit dans toute l’UE. Dans ce cas, notre analyse montre que la télévision numérique prend de l’importance et nous pouvons nous attendre à ce qu’elle dépasse la pénétration du haut débit d’ici 2010. Etant donné que la télévision numérique devient le principal instrument d’intégration d’une société numérique n’excluant personne, une perspective politique plus équilibrée sur le haut débit et la télévision numérique se justifie. Les décideurs et les gouvernements nationaux doivent se rendre compte de l’importance de la migration analogique-numérique, et soutenir par conséquent les tentatives de migration faites par les acteurs de l’industrie. 1.2 Garantir l’équilibre concurrentiel au sein d’un monde numérique convergent L’analyse des scénarios montre qu’une concurrence directe et équilibrée entre des acteurs nationaux puissants engendre de plus grands bénéfices économiques, un plus grande taux de pénétration du numérique et une plus grande propagation des nouveaux services. Par contre, une dominance incontestée (par exemple celle d’un opérateur de télécommunications, d’un câblo-opérateur, d’un diffuseur DTH ou d’un fournisseur de contenu) dans le marché de la maison numérique conduit à des investissements et à des niveaux de création d’emploi nettement inférieurs ainsi qu’à des services nettement moins diversifiés. Cinq grands points d’action permettront d’atteindre une structure équilibrée dans l’industrie : 1. Elargir les définitions du marché pour refléter la convergence des marchés de la télévision, du haut débit et de la téléphonie, 2. Permettre un regroupement national pour favoriser la mise en place de distributeurs nationaux de même force, 3. Eviter de privilégier des technologies de diffusion spécifiques pour ne pas fausser le développement de l’industrie, 4. Permettre l’exclusivité du contenu et l’intégration verticale afin de faciliter la différenciation du service — et n’intervenir qu’en cas d’abus de l’équilibre des forces du marché, 5. Regrouper les organismes de réglementation fragmentés. Page 47 La convergence des marchés (TV, haut débit, téléphonie) exige de nouvelles définitions pour les «marchés concernés» (TV, haut débit, téléphonie) surtout lorsque sont appliqués des concepts de type SMP (SMP, Significant Market Power, Puissance significative sur le marché). Des industries dans Elargir la définition du marché le passé entièrepour refléter la convergence des ment séparées marchés de la télévision, du haut comme les télédébit et de la téléphonie communications ou la télédiffusion sont maintenant en concurrence directe sur leurs marchés coeur et regroupent leurs différents services en une même industrie celle de la maison numérique. Dans ce nouveau contexte, la taille économique devient de plus en plus importante, surtout pour les acteurs qui jadis occupaient des segments de marché et qui maintenant doivent faire face à d’anciens opérateurs de télécommunication historiques qui bénéficiaient auparavant de situations monopolistiques. Cependant, l’importance des acteurs doit être mesurée par rapport à la base convergente. Cette nouvelle donne sur le marché doit être prise en compte surtout lorsqu’il s’agit d’évaluer l’acteur dominant ou les degrés d’abus de position dominante. Dans la plupart des pays européens, les acteurs de la DTH et des télécommunications offrent leurs services au niveau national tandis que Permettre un regroupement les câblo-opérateurs national pour favoriser la sont soumis à une création de distributeurs structure franchisée nationaux de même force au niveau régional. Par ailleurs, les économies d’échelle sont indispensables pour permettre d’importants investissements initiaux dans l’espace de convergence. Pour garantir une concurrence loyale, les câblo-opérateurs doivent être libres de réaliser des économies d’échelle tout en établissant une présence nationale. Si nous considérons la téléphonie fixe aujourd’hui, nous nous apercevons que diverses entités sont déjà en concurrence—opérateurs de télécommunication historiques, câblo-opérateurs et prestataires potentiels de service VoIP comme Skype— offrant le même service sur le même marché au même client. Cependant, la taille de ces entreprises varie considérablement. Par conséquent, en empêchant les acteurs plus modestes de se regrouper, nous permettons à une situation inégale de perdurer dans l’avenir. En revanche, une distribution égale des investissements et des outils de marketing entraîne une concurrence saine bénéfique pour tous : l’usager a plus de choix à des tarifs inférieurs, l’industrie, investit davantage et crée plus d’emplois, et la société atteint un plus haut niveau de numérisation. Page 48 Au cours des dix dernières années, nous avons assisté à d’importants regroupements dans l’industrie du câble au Royaume-Uni. Le pays passant de 29 Eviter de privilégier des sociétés (en 1992) technologies de distribution à 13 (en 1997) puis spécifiques pour éviter de fausser à 2 (en 2003). Plus le développement de l’industrie récemment, les deux derniers opérateurs (NTL et Telewest) ont annoncé leur intention de fusionner pour mieux lutter contre BSkyB et British Telecom au niveau national. De même, aux Etats-Unis, une déréglementation précoce (la loi sur les télécommunications [Telecommunications Act] de 1996) a amené une vague de regroupements parmi les câblo-opérateurs, leur permettant ainsi d’atteindre une taille suffisante pour réaliser des investissements importants au niveau du contenu. Les investissements dans les programmes de base sont passés de 1,4 milliards de dollars (en 1992) à 9,2 milliards de dollars (en 2002). Ces investissements ont permis aux câblo-opérateurs américains d’offrir une profusion de services numériques avancés dont la vidéo à la demande, l’ENP, le guide de programmes électronique (EPG), la télévision haute définition, des services d’information et des jeux. Une évolution similaire est probable en Europe. Pour sortir l’industrie de l’impasse où elle se trouve, il devient donc essentiel d’assurer la migration rapide de l’usager vers le numérique, d’encourager les investissements et de permettre à la fois la croissance et l’intégration du numérique. Il n’y a pas lieu de croire que la répartition entre les plateformes numériques (DSL, câble, DTH et DTT) doive être calquée sur les parts de marché de l’analogique. Les organismes de réglementation devraient plutôt se préoccuper d’offrir aux usagers la possibilité de choisir leur plateforme de diffusion en se basant sur des informations complètes sur les capacités de chacune. La diffusion par satellite ne permet pas encore d’offrir un service complet de vidéo à la demande. La technologie numérique terrestre n’offre pas encore l’accès haut débit à Internet et la technologie télévisuelle par DSL est encore loin d’être généralisée parmi le grand public. Enfin, le succès commercial rapide d’une plate-forme particulière peut entraîner des réactions très fortes de la part des autres distributeurs, comme aux Etats-Unis où, à la suite du lancement d’un service satellite numérique puissant, les câblo-opérateurs ont décidé de réaliser de gros investissements pour faire face à la concurrence (dont des investissements dans une infrastructure câblée d’environ 1.300 $ par client). Les décideurs devraient soutenir la migration rapide de l’usager vers la maison numérique, indépendamment de la technologie de la plateforme de diffusion, par le biais de campagnes publicitaires ou de dates fixes d’arrêt de la diffusion analogique. Dans ce cadre, la prise en charge du passage vers le numérique devrait être Permettre l’exclusivité du neutre sur le plan techcontenu et l’intégration nologique. Cependant, verticale afin de faciliter la plupart des pays ont la différenciation du tendance à se concenservice—et n’intervenir trer uniquement sur qu’en cas d’abus des le basculement de la forces du marché technologie terrestre. Il convient également d’éviter de soutenir à l’excès des technologies de distribution spécifiques (en subventionnant exclusivement les DTT par exemple). Cette pratique fausse le développement d’un marché performant et va à l’encontre de la politique de l’UE, comme l’a clairement prouvé le récent jugement de la Commission Européenne au sujet des subventions des DTT à Berlin-Brandenbourg en Allemagne. Le passage de l’analogique au numérique représente un défi risqué pour tous les acteurs de l’industrie ; toute partialité visà-vis de certaines technologies et / ou de plateformes particulières risque d’entraîner un déséquilibre dans la structure de l’industrie et un ralentissement du développement global du marché. Les décideurs devraient également s’assurer que la concurrence est loyale et équilibrée tout au long de la chaîne de valeur, à savoir entre les fournisseurs de contenu et les distributeurs. L’analyse des scénarios porte à croire que le déséquilibre engendré par une prédominance forte des fournisseurs de contenu risque de réduire fortement les niveaux d’investissement effectués par les distributeurs (le scénario « Règles sur le contenu » prévoit que 11 milliards d’euros d’investissements annuels pourraient être concernés). Il en résulte un moindre développement du contenu et des services, entraînant un ralentissement de l’adoption globale de la maison numérique et la réduction du choix des consommateurs. En général, l’industrie du contenu et l’industrie de la diffusion sont mutuellement dépendantes l’une de l’autre : les fournisseurs de contenu ont besoin d’un vaste champ d’action et donc d’homologues solides dans le secteur de la diffusion. Quant aux distributeurs, ils doivent pouvoir s’appuyer sur un contenu solide pour proposer une offre attrayante. Traditionnellement, les structures de marché quasiment monopolistiques, en termes de diffusion, avantageaient les plateformes, les empêchant ainsi de prendre pied sur le marché du contenu. Etant donné que la diffusion ne constituera plus un goulot d’étranglement important, il est temps de repenser cette dépendance dans l’espace de convergence. Bien au contraire, une fois les infrastructures concurrentielles en place, le contenu, et tout particulièrement le contenu « premium », représentera un facteur de différenciation clé. La réalité changeante d’aujourd’hui ouvre la voie à de nouvelles relations et à l’intégration du contenu et de la diffusion. Notre analyse indique que, dans la plupart des cas, les forces du marché conduiront à une relation d’équilibre entre les fournisseurs de contenu et les distributeurs. Par conséquent, seuls les cas extrêmes de blocage abusif de plateformes ou de traitements de contenu discriminatoires nécessiteront une intervention des organismes de réglementation. Les nouveaux services comme la vidéo à la demande et l’ENP permettront aux usagers de mieux gérer les programmes de leur choix. Ils décideront eux-mêmes ce qu’ils souhaitent regarder et à quel moment. De même, le haut débit permet aux usagers d’accéder à une mine d’informations et de services qu’ils peuvent récupérer et gérer comme bon leur semble. Pour favoriser le développement des nouveaux services numériques et permettre leur différenciation, les organismes de réglementation devraient, en règle générale, permettre l’intégration verticale entre les fournisseurs de contenu et les distributeurs. Les décideurs ne doivent intervenir que dans le cas où un acteur jouirait d’une position dominante en matière de contenu en tirerait injustement profit au niveau de la diffusion et vice-versa. La différenciation par le biais de l’exclusivité du contenu facilitera la pénétration de certaines plateformes. Cependant, dans certains cas, des exclusivités déséquilibrées au niveau du contenu pourraient avoir un effet négatif sur la concurrence et la structure de l’industrie à long terme. Par conséquent, les décideurs ne devraient limiter l’exclusivité du contenu qu’en cas d’abus des forces du marché. Comme nous l’avons mentionné plus haut, il sera nécessaire de définir ce que l’on entend par « abus des forces du marché » dans le contexte d’un marché convergent. Pour éviter les abus, les organismes de réglementation pourront décider d’intervenir pour limiter l’ampleur et la durée d’un accord d’exclusivité ou obliger les détenteurs des droits à offrir le contenu à d’autres acteurs à un tarif équitable. L’intervention de l’organisme de réglementation dans la fusion de Telepiu / Stream en Italie démontre pourquoi il est important de garantir une concurrence loyale : l’entité DTH fusionnée n’est pas autorisée à acquérir (et à mettre à l’écart) des droits exclusifs pour d’autres plateformes de diffusion afin de garantir une concurrence saine et d’en faire bénéficier, en fin de compte, l’usager. A ce jour, le marché de la maison numérique est souvent réglementé par différentes autorités (par exemple, un organisme réglementaire pour les télécommunica- Page 49 tions, un autre pour les médias) opérant de manière isolée. Toutefois, la convergence de la télévision, du haut débit et de la téléphonie nécessitera une coordination bien plus étroite, voire une fusion, entre les divers organismes réglementaires. Par exemple, en 2003, le Royaume-Uni a réagi positivement aux nouveaux défis de la convergence du marché en fusionnant en une seule entité les cinq autorités de réglementation des médias et des télécommunications : la Broadcasting standards Commission, l’Independent Television Commission, Oftel, la Radio Authority et la Radiocommunications Agency. Ofcom Regrouper les organismes est maintenant le seul réglementaires séparés organisme de réglemenpour obtenir une vue tation et la seule autorité d’ensemble du marché de de la concurrence pour la convergence l’industrie des communications britannique et ses responsabilités couvrent la télévision, la radio, les télécommunications et les communications sans fil. Ainsi, Ofcom possède une vue d’ensemble de la domination du marché et de l’abus des forces dans toutes les industries des communications. De même, l’UE a confié à un seul Commissaire la responsabilité de la Société de l’information et des médias. Très souvent, un tel regroupement est difficile à réaliser en raison des structures rigides ou de la dissémination des rôles et responsabilités comme en Allemagne où les télécommunications sont sous la responsabilité de la législation fédérale, tandis que la télévision dépend des Länder. Il est néanmoins essentiel de trouver des solutions pour éviter un grave ralentissement de l’évolution du marché et de la technologie. 1.3 Trouver un juste équilibre entre la protection de l’usager et les objectifs d’emploi et d’investissements à long terme Les décideurs font face au défi de concilier les intérêts de l’usager à court terme (par exemple, les bas prix) avec les objectifs à moyen terme (croissance économique et d’emploi). Pour le responsable de la réglementation, le besoin de soutenir cet équilibre implique la définition d’un cadre réglementaire cohérent dans tous les services (télévision, haut débit, téléphonie), infrastructures de diffusion (câble, DSL, satellite, terrestre), et tout au long de la chaîne de valeur (contenu contre diffusion). Les décisions réglementaires doivent être replacées dans leur contexte et les conséquences à long terme prises en compte. En se concentrant sur le développement de l’industrie à long terme, nous pouvons créer un service plus varié, contribuant en fin de compte, Page 50 à élargir le choix des usagers. Il n’y a aucune raison d’accepter des tarifs excessifs dans des situations de type monopole. Cependant, lors de la prise de décisions sur la protection de l’usager, les décideurs doivent réaliser un compromis entre les gains à court terme et les conséquences positives à long terme, notamment en terme d’investissements, d’emplois et de structure de l’industrie. Ils doivent s’assurer que les solutions palliatives à court terme (par exemple, la réglementation des prix, l’accès au réseau) n’empêchent pas les investissements dans la croissance à long terme, en particulier dans un environnement extrêmement compétitif. Dans le cas de la réglementation des prix par exemple, les organismes de réglementation doivent réfléchir au fait que des prix réglementés auront un impact sur le cash-flow des distributeurs et donc sur leur capacité à investir. A l’époque des Faire porter les mesures franchises régionales isoréglementaires sur lées, la question ne se le développement de posait pas de la même l’industrie à long terme façon. Mais sur le marché afin d’en faire bénéficier de la convergence, les au maximum la société câblo-opérateurs ont besoin de beaucoup investir dans la croissance future pour éviter d’être désavantagés par rapport à d’autres plateformes (DSL, DTH) qui disposent souvent de cash-flow beaucoup plus importants. Des mesures strictes de protection des usagers, à court terme, entraîneront une diffusion moindre de la maison numérique au risque d’aller à l’encontre du but recherché par de telles mesures. Par conséquent, les décisions des organismes de réglementation doivent être replacées dans le contexte plus large du marché et prendre en compte à la fois les répercussions sur les marchés associés et les perspectives à moyen et long terme de l’industrie dans son ensemble. 1.4 Rediriger la réglementation vers la concurrence équitable entre opérateurs de réseaux La concurrence au niveau de l’infrastructure est plus fructueuse en termes d’investissements, d’innovations technologiques et de création d’emplois dans le pays. La forte concurrence au niveau de l’infrastructure a fait de la Suisse l’un des pays les plus à la pointe de l’Europe en matière de haut débit et de télévision numérique. Cablecom, le câblo-opérateur suisse, offrait déjà des services haut débit dès 1998 et des services de téléphonie en 2003. Dans le cadre de la télévision numérique, le câblo-opérateur offre plus de 130 chaînes numériques et plusieurs bouquets « premium » (chaînes de films, chaînes en langues étrangères). De même, les autorités de réglementation de télécommunications autrichiennes sont en faveur d’une forte concurrence au niveau des infrastructures de haut débit. grande partie de la construction des infrastructures. Aujourd’hui, l’industrie du câble se trouve sur un marché de produits grand public, au sein duquel les entreprises doivent répondre à une diversité de besoins en évolution rapide avec de nombreux produits différents. De plus, pour chacun de ces produits, plusieurs concurrents crédibles tentent de s’approprier leur part de marché. Pour bien mener le développement de la maison numérique, les câblo-opérateurs affrontent donc trois défis clés : réaliser d’importants investissements initiaux, gagner rapidement l’intérêt du grand public et changer les sources de revenus. Par contre, la concurrence au niveau des services entraîne, en général, une baisse des investissements des fournisseurs d’infrastructure incapables de protéger suffisamment leurs actifs. Les créations d’emploi diminuent et le risque de délocalisation augmente. En outre, les responsables de la réglementation doivent se rendre compte que la concurrence des services sur un réseau risque Réaliser d’importants investissements initiaux : le Encourager la d’entraîner une dégradation passage à l’ère numérique exige des investissements concurrence au niveau de la qualité du service, pour considérables de la part de l’industrie de la diffusion de l’infrastructure les clients du fournisseur du câble : mise à niveau des réseaux, équipement des plutôt qu’au niveau des de service et pour ceux du foyers, campagnes marketing et (conjointement avec les service pour accroître fournisseur d’infrastructure. producteurs de contenu) contenu numérique novateur les choix des usagers L’ouverture des réseaux et nouveaux services interactifs. La plupart des invesaux fournisseurs de service tissements doivent être réalisés immédiatement, ce qui tiers pourrait également limiter la protection efficace entraîne des risques importants et un certain niveau des droits du contenu par l’apparition de nouveaux d’incertitude dans le cas des entreprises du câble. acteurs venus d’autres territoires juridiques sur le De plus, la plupart de ces investissements représenmarché. Pour stimuler l’innovation et la croissance de tent des coûts fixes ; autrement dit, ils sont dans une l’industrie, les décideurs doivent prendre en compte la grande majorité indépendants du nombre d’abonnés. nécessité de protéger les actifs et les investissements Cela pose des problèmes particuliers pour les pays des fournisseurs d’infrastructure. Augmenter la concurcâblés plus fragmentés. rence des services au niveau de l’infrastructure des distributeurs dissuadera les fournisseurs de réaliser Gagner rapidement l’intérêt du grand public : la plupart d’importants investissements initiaux d’infrastructure des personnes qui ont utilisé des services télévisuels en les empêchant d’obtenir un numériques se sont déclarées très rendement suffisant sur ces invesintéressées par ces services. A Fournir une sécurité tissements. S’il y a moins d’investisl’évidence, les usagers choisissent suffisante au niveau des sement dans les infrastructures, il en d’investir de plus en plus souvent investissements pour sera de même pour la pénétration de la dans des équipements domestiques encourager l’industrie à maison numérique dans son ensemble. numériques pour améliorer leur mettre les réseaux à niveau Etant donné que la maison numérique expérience télévisuelle et du haut représente bien plus qu’une nouvelle mode de diverdébit. Cependant, ceux qui n’ont pas encore goûté aux tissement, l’impact d’une lente pénétration est très services interactifs numériques tels que l’ENP et l’EPG fort. L’engagement d’importants investissements dans et au contenu à la demande ne reconnaissent pas le contenu numérique et la création de nouvelles entreimmédiatement la valeur ajoutée apportée par de tels prises prendraient du retard ; les petites et moyennes services. La difficulté consistera donc à encourager le entreprises se verraient privées des toutes dernières grand public à adopter la maison numérique. fonctionnalités de communication, et l’intégration numérique ne serait pas réalisée dans la mesure du Changer les sources de revenus : le monde du numérique possible. offre l’opportunité de bénéficier de nouveaux services numériques et donc de nouvelles sources de revenus 2. Recommandations pour l’industrie du câble comme les informations ciblées, les jeux en ligne ou la téléphonie vidéo. Pour pouvoir lancer ces nouveaux L’industrie du câble doit faire face à des règles du jeu services d’informations et de divertissement sur le en perpétuelle mutation. Par le passé, l’industrie faisait marché, il faut que de nombreux acteurs, tout le long de (souvent) appel à un modèle commercial réglementé, la chaîne de valeur, unissent leurs efforts. Cependant, calqué sur les utilités, consistant à fournir un produit gérer des partenariats multiples, établir des recettes bien conçu au plus grand nombre de foyers possible. équitables et / ou des structures de partage des coûts La rapidité d’expansion de la clientèle dépendait en ne sera pas chose facile. Page 51 En plus de la complexité croissante engendrée par les nouveaux services et partenariats, le marché domestique numérique révélera un terrain concurrentiel entièrement nouveau pour de nombreuses sociétés : à ce jour, les entreprises de télécommunications ont une expérience limitée du contenu télévisuel et dans de nombreux pays, les fournisseurs de services câblés connaissent mal le marché de la téléphonie. Il sera donc nécessaire d’acquérir rapidement de nouvelles compétences. Ces défis et le résultat de l’analyse des scénarios nous conduisent à six impératifs stratégiques que l’industrie du câble devra prendre en compte pour prendre la tête de la maison numérique en Europe : 1. Comprendre le client : développer des offres de divertissement complètes, axées sur l’usager, 2. Servir l’ensemble de la maison numérique : offres groupées intéressantes, 3. Convaincre les usagers : développer des compétences marketing et de ventes, 4. Donner à l’usager ce qu’il désire : assurer une migration pro active de la clientèle vers le numérique, 5. Développer des économies d’échelle dans le pays, 6. Développer un « jeu d’équipe » : développer de nouveaux modèles commerciaux et former des partenariats pour des services numériques supérieurs. 2.1 Comprendre le client : développer des offres de divertissement complètes, axées sur l’usager Pour encourager l’usager à adopter les services numériques et fournir des services numériques en quantité et en qualité sans cesse croissante, les câblo-opérateurs doivent développer des offres attractives de divertissement complètes. Elles peuvent être axées sur trois éléments différenciateurs clés : (1) Le contenu, (2) Les fonctionnalités / services (ex : TVHD, ENP, IPG), et (3) Le prix. L’élément différentiateur le plus important est le contenu car c’est lui qui stimulera les taux de pénétration et jouera un rôle déterminant dans l’acquisition des parts de marché. Au départ, il s’agira de proposer, au même prix, une offre de contenu numérique de base plus solide et plus attrayante que celle du contenu analogique. Il faudra alors offrir aux abonnés souhaitant une plus grande diversité de contenu et des nouveaux services, la possibilité de passer à un service supérieur. Pour ce faire, il sera nécessaire d’adapter les offres à des segments Page 52 de clientèle spécifiques. Les services numériques améliorés devront offrir une valeur ajoutée incontestable pour l’usager, bien au-delà de ce que le service analogique propose aujourd’hui et indépendamment de leur plate-forme télévisuelle actuelle. En plus d’offrir un contenu attrayant, l’industrie devrait se concentrer sur les services susceptibles d’attirer le client (ex : vidéo à la demande, télévision haute définition). L’industrie de la distribution devrait également se concentrer sur le développement de services indépendants des réseaux mais faisant néanmoins partie intégrante de l’expérience audiovisuelle numérique (ex : EPG, ENP). L’industrie du câble occupe une position idéale pour piloter ce développement. En effet, elle entretient des relations très étroites avec les producteurs de contenu traditionnels et innovateurs, ainsi qu’avec les diffuseurs. Il serait possible de tirer parti de ces contacts avec le secteur du divertissement télévisuel pour lancer de nouveaux produits sur le marché et établir une marque crédible dans le monde numérique. Le fait que le câble ait déjà la réputation d’offrir des services de télévision d’avant-garde et des connexions Internet ultrarapides représente un excellent point de départ. Mais contrairement à ce que nous avons connu pendant l’ère analogique, l’industrie du câble devra apprendre à faire face à des offres et services que les clients décideront de ne pas adopter. Il est possible, par exemple, que le vote électronique ne remporte pas le succès escompté. Dans ce cas, le tarif et le service lui-même devront être modifiés et adaptés aux besoins du client. Il deviendra nécessaire de réaliser le suivi de toute une gamme de services différents au fil du temps et de les gérer en fonction de la croissance de la clientèle. L’introduction d’une application «phare» unique permettant une migration totale de tous les usagers au numérique n’est pas envisageable. Par contre, il convient de mettre en place une gamme complexe de fonctionnalités de produit et de bien la gérer : services nouveaux (vidéo à la demande, télévision haute définition, EPG), contenu « premium », nouveau matériel (décodeur et ENP), ainsi qu’un tarif adapté pour toutes ces applications. 2.2 Desservir l’ensemble de la maison numérique : offres groupées intéressantes Le maison numérique sera caractérisé par des services « triple play » intégrés : téléphonie, Internet haut débit et TV, fournis par une même société. Cette convergence de services différents en une plate-forme unique rend la différenciation entre les technologies obsolète. Bien entendu, il restera quelques différences technologiques mais les usagers savent qu’ils peuvent obtenir un bon service télévisuel numérique de base, aussi bien par les opérateurs par satellite que par les câblo-opérateurs. Les lignes d’accès numériques ne tarderont pas à suivre. Aux Etats-Unis, la concurrence est déjà centrée sur les offres groupées et le meilleur service disponible est une offre « triple play » assortie d’une facture et d’un point de contact uniques. Bien entendu, en dehors du service, un prix attrayant représentera un motif de satisfaction clé pour l’usager. Au fur et à mesure de l’évolution des préférences du consommateur et de la technologie, ces offres groupées devront être modifiées. A l’avenir, la téléphonie mobile deviendra sans aucun doute incontournable et le développement de solution de réseau domestique convaincante sera la prochaine étape clé. fois un bon rendement économique et un lancement au moment opportun. Il faudra absolument agir vite pour minimiser les risques liés à des investissements initiaux considérables. Il sera cependant nécessaire de moduler la rapidité de lancement de ces nouveaux produits afin de prendre en compte les pressions de la concurrence et les spécificités des franchises du câble (ex : autres plateformes numériques, réglementation nationale). 2.3 Convaincre les usagers : développer des capacités marketing et de vente Les économies d’échelle seront de plus en plus importantes. Seule une industrie du câble regroupée trouvera la taille et les ressources nécessaires pour faire face à la concurrence d’autres plateformes implantées au niveau national. C’est pourquoi, les câblo-opérateurs devraient privilégier l’expansion géographique afin de servir un grand nombre de foyers sur le plan national— voire une couverture nationale complète. Pour élargir cette couverture, les câblo-opérateurs doivent se développer par le biais d’acquisitions (câble, autres plateformes) et / ou construire d’autres infrastructures impliquant éventuellement des technologies de diffusion alternatives. Lors de cette expansion, les opérateurs devraient chercher en priorité à élargir leur présence sur le marché national plutôt que de tenter de s’implanter sur d’autres marchés. Bien que l’outil marketing soit un élément essentiel du succès du numérique, il est tout aussi important d’avoir une stratégie de vente convaincante. Dans l’ensemble, l’industrie du câble n’a pas su, dans de nombreuses régions, s’orienter suffisamment vers le client. Cependant le développement et le lancement réussis de nouveaux produits de divertissement requièrent des compétences de marketing et de vente approfondies. Les câblo-opérateurs doivent donc se focaliser davantage sur le client pour répondre clairement à leurs besoins de services et sur la façon dont ils communiquent avec le marché. Pour ce faire, il sera nécessaire d’adopter une approche sophistiquée de segmentation de la clientèle et de proposer des produits parfaitement adaptés. Il est possible que tous les usagers n’optent pas immédiatement pour l’offre complète « triple play » et que tout les usagers ne souhaitent pas nécessairement payer le même tarif. Par ailleurs, tous les usagers ne sont pas sensibles aux arguments technologiques. Il faudra par contre bien «éduquer» le client sur les avantages des nouveaux services de divertissement numériques. Pour prendre pied de manière pro active sur le marché et encourager un taux d’adoption rapide, les câblo-opérateurs doivent développer et mettre en œuvre des campagnes marketing ciblées. De plus, la concurrence de plus en plus intense sur le marché convergent obligera les câblo-opérateurs à établir une marque forte, aussi bien pour leurs produits que pour leur société. Et dans ce domaine, de nombreux acteurs accusent un retard par rapport à de nouveaux concurrents potentiels. 2.4 Donner à l’usager ce qu’il désire : assurer une migration pro active de la clientèle vers le numérique Ces capacités de marketing et de vente améliorées doivent soutenir une stratégie de migration vers le numérique. Par exemple, la mise en place d’une campagne marketing et une migration ciblées par quartier ou par segment de clientèle assurera à la 2.5 Atteindre la taille critique : développer des économies d’échelle dans le pays La nécessité de faire des économies d’échelle se justifie avant tout par les investissements initiaux indispensables pour passer au numérique. L’infrastructure nécessaire est bien sûr un facteur important, mais les efforts de marketing nécessaires et le pouvoir d’achat ne doivent pas non plus être sous-estimés. Pour pouvoir accéder au contenu (premium), les câblo-opérateurs doivent faire face à la concurrence des opérateurs par satellite bien établis comme BskyB ou Canal Plus. Au cours des dix dernières années, leur stratégie a été de promouvoir leur plateforme en proposant un contenu exclusif malgré un pouvoir d’achat bien inférieur à celui des opérateurs de télécommunication historiques. Si ces derniers décident d’utiliser leurs fantastiques cashflows pour prendre pied sur le marché de la maison numérique, les autres opérateurs de plateforme devront offrir des produits supérieurs et mettre en œuvre une stratégie de marché ingénieuse. Mais d’abord et surtout, ils devront acquérir une taille suffisante. 2.6 Il s’agit d’un « jeu d’équipe » : développer de nouveaux modèles commerciaux et former des partenariats pour des services numériques supérieurs La migration numérique créera de nouvelles opportunités commerciales propices à l’évolution des modèles Page 53 commerciaux et à la modification de la structure de l’industrie dans son ensemble. Au fur et à mesure que de nouveaux acteurs se manifesteront et prendront pied sur le marché (essentiellement dans le secteur du contenu et des services), les acteurs traditionnels n’auront d’autre choix que de s’adapter. Ils devront élaborer de nouveaux modèles commerciaux « win-win » avec les fournisseurs de contenu / de service et les diffuseurs afin d’établir des partages recettes et /ou des programmes de coûts équitables. Pour atténuer les risques inhérents dans ce paysage numérique émergent, il s’avérera utile de créer des partenariats et des accords de coopération à long terme. Les câbloopérateurs devront établir des accords de coopération Page 54 non seulement avec les fournisseurs de contenu et de service mais aussi avec des fournisseurs de matériels et de logiciels pour concevoir des équipements conviviaux. Afin de garantir une expérience riche et favoriser l’adoption des nouveaux produits, l’usager devra pouvoir impérativement naviguer facilement dans la maison numérique. Les responsables de la réglementation sont mis au défi de garantir l’égalité des chances et la sécurité d’investissement pour tous les acteurs désireux d’investir, afin que la maison numérique devienne une réalité. Une fois chose faite et lorsque tous les acteurs auront profité de cette opportunité, l’Europe pourra se préparer avec enthousiasme à entrer dans l’ère numérique. Auteurs de l’étude Thomas Künstner Vice-président [email protected] Tel: +49 211 3890 143 Gero Steinröder Associé principal [email protected] Tel: +49 89 54525 545 Dr. Hannes Gmelin Associé [email protected] Tel: +49 211 3890 263 Page 55 Bureaux mondiaux Abu Dhabi Brisbane Francfort Madrid Philadelphie Stockholm 971-2-6-270882 61-7-3230-6400 49-69-97167-0 34-91-411-8450 267-330-7900 46-8-506-190-00 Amsterdam Buenos Aires Helsinki McLean, VA Rio de Janeiro Sydney 31-20-504-1900 54-1-14-131-0400 358-9-61-54-600 703-902-5000 55-21-2237-8400 61-2-9321-1900 Atlanta Caracas Hong Kong Melbourne Rome Tampa 404-659-3600 58-212-285-3522 852-3579-8222 61-3-9221-1900 39-06-69-20-73-1 813-281-4900 Bangkok Chicago Honolulu Mexico San Diego Tokyo 66-2-653-2255 312-346-1900 808-545-6800 52-55-9178-4200 619-725-6500 81-3-3436-8631 Beijing Cleveland Houston Milan San Francisco Vienne 8610-8520-0036 216-696-1900 713-650-4100 390-2-72-50-91 415-391-1900 43-1-518-22-900 Beyrouth Colorado Springs Jakarta Munich Santiago Varsovie 961-1-336433 719-597-8005 6221-577-0077 49-89-54525-0 562-445-5100 48-22-630-6301 Berlin Copenhague Lexington Park New York São Paulo Washington, DC 49-30-88705-0 45-33-18-70-00 301-862-3110 212-697-1900 55-11-5501-6200 703-902-5000 Bogotá Dallas Londres Oslo Séoul Wellington 57-1-628-5050 214-746-6500 44-20-7393-3333 47-23-11-39-00 82-2-6050-2500 64-4-915-7777 Boston Düsseldorf Charles El-Hage Marco Kesteloo Lee Falkenstrom Tim Jackson Edward Tse Charles El-Hage René Perillieux Jaime Maldonado John Harris 617-428-4400 IMPRIME EN ALLEMAGNE ©2005 Booz Allen Hamilton Inc. Tim Jackson Ivan De Souza José Gregorio Baquero Vinay Couto Mark Moran Glen Bruels Torsten Moe Mitch Rosenbleeth Rainer Bernnat Timo Leino Edward Tse Chuck Jones Matt McKenna Tim Jackson Cynthia Broyles Shumeet Banerji Mercedes Mostajo Eric Spiegel Tim Jackson Jaime Maldonado Enrico Strada Jörg Krings David Knott Karl Høie Molly Finn Paolo Pigorini Fernando Napolitano Dave Karp Paul Kocourek Leticia Costa Letícia Costa Jong Chang Jan-Olof Dahlén Tim Jackson Joe Garner Steve Wheeler Helmut Meier Adrian Foster Eric Spiegel Tim Jackson Los Angeles Tom Hansson Paris Shanghai Zurich Thomas Künstner 49-211-38900 310-297-2100 33-1-44-34-3131 86-21-6340-6633 41-1-20-64-05-0 Bertrand Kleinmann Edward Tse Jens Schädler