Guinot-Mary Cohr : la cliente au cœur de la stratégie
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Guinot-Mary Cohr : la cliente au cœur de la stratégie
DEVELOPPER & MANAGER / 05 L’art du management passe par les émotions DOSSIER / 08 Piloter l’innovation ou comment voir loin et viser juste FINANCER POUR INNOVER / 14 Le crowdfunding, pour faciliter l’accès au crédit Été 2015 # 21 ILE-DE-FRANCE Entretien Guinot-Mary Cohr : la cliente au cœur de la stratégie © D.R. Jean-Daniel Mondin, P-DG et fondateur du groupe Guinot-Mary Cohr SOMMAIRE 04 LES RÉGIONS INNOVENT SUR… DECIDEURSENREGION.FR INNOVER EN ILE-DE-FRANCE DÉVELOPPER ET MANAGER 05 L’art du management passe par les émotions 07 Bigre ! Un véritable projet d’économie sociale DOSSIER 08 Piloter l’innovation ou comment voir loin et viser juste 12 Quelles stratégies gagnantes pour mieux piloter son innovation ? 13 Pilotage de l’innovation, le cas exemplaire de Valeo FINANCER POUR INNOVER 14 Le crowdfunding, pour faciliter l’accès au crédit PAROLE D'EXPERTS 16 Technologies réflexives : quand le numérique révolutionne le rapport à soi-même 17 Z : une génération à conquérir SOLUTION 18 Épargne salariale : fidélisez vos collaborateurs À VOS CÔTÉS 19 CEIDF Capital Investissement : pari tenu ! RETROUVEZ TOUTE L’ACTUALITÉ DES ACTEURS ÉCONOMIQUES QUI INNOVENT SUR LEUR TERRITOIRE : www.decideursenregion.fr @Decideursregion Guinot-Mary Cohr : la cliente au cœur de la stratégie Il a lancé un premier institut de beauté à Paris, en 1971. Il est à présent à la tête d’un des groupes de soins esthétiques les plus en vue à travers le monde. Jean-Daniel Mondin, P-DG et fondateur du groupe Guinot-Mary Cohr, revient sur la stratégie qui a permis l’expansion de ses activités. Il évoque notamment la volonté de l’entreprise de développer un réseau d’instituts à son nom, où la cliente occupe une place centrale. DÉCIDEURS EN RÉGION : En 1971, alors jeune docteur en pharmacie, vous décidez de lancer un institut de beauté. Pourquoi avezvous fait ce choix ? Jean-Daniel Mondin : Je me suis rendu compte que les produits de beauté étaient, en moyenne, bien plus chers que les médicaments. Or, les premiers ne bénéficiaient pas du même régime que les seconds, prescrits après une consultation. Personne n’observait la peau des clientes démaquillées afin de réaliser un diagnostic et leur proposer le meilleur produit. J’ai donc estimé q u e l e s p ro d u i t s d e b e a u t é pouvaient bénéficier de davantage d’attention. D’où l’idée de transformer l’esthéticienne en une « docteur en beauté ». Celle qui travaillait dans le petit institut que j’ai lancé à Paris, en 1971, avait une méthodologie et des principes de travail précis afin de comprendre la peau et les problèmes esthétiques des clientes, et de leur proposer les bons traitements. Ce professionnalisme a payé : la clientèle du salon s’est rapidement étoffée. J’ai alors Été 2015 eu les fonds nécessaires pour développer rapidement la marque et l’entreprise. Cette volonté de transmettre des méthodes de travail aux instituts de beauté passe aujourd’hui, outre la diffusion de vos produits et protocoles de soins, par le développement d’un réseau de franchisés... À l’instar du secteur des salons de coiffure, nous avons décidé de créer le concept d’institut affilié qui doit apporter aux esthéticiennes un environnement de commerce organisé, où les clientes auront envie d’entrer. Il y a actuellement 120 enseignes Guinot ou Mary Cohr. Elles devraient être 180 d’ici la fin de l’année. Nous leur offrons des moyens de développement dont des instituts indépendants ne peuvent bénéficier. Un coach personnel peut par exemple assurer le suivi de leur activité. Les esthéticiennes peuvent également acquérir des logiciels d’audit qu’une de nos filiales conçoit. C’est la mutualisation offerte par le réseau qui rend ces services accessibles. Ils doivent 2 www.decideursenregion.fr © D.R. UNE INNOVATION POUR « RAJEUNIR LA PEAU » L’entreprise possède en Seine-et-Marne une usine de production et un laboratoire. Une vingtaine de personnes travaillent dans sa cellule recherche-développement à la mise au point de nouveaux soins. « Nous sommes une société tournée vers l’innovation, assure Jean-Daniel Mondin. Nous avons été les premiers à introduire dans nos produits de la mélanine mais aussi des milieux de culture cellulaire. » Guinot met aujourd’hui en avant « un traitement qui permet tout à la fois de satisfaire “l’objectif beauté’’ de la cliente (hydratation, éclat...), mais également de rajeunir sa peau. » Pour ce faire, l’énergie cellulaire est augmentée grâce à deux principes : l’apport de chaleur au contact de la peau et l’ionisation dynamique, qui favorise l’agitation moléculaire. Une innovation qui permet de « recréer des fibres élastiques et donc de rajeunir la peau ». Aujourd'hui, tout se construit autour du réseau de distribution leur donner, in fine, les moyens d’accroître leur chiffre d’affaires. Proposez-vous également des services numériques ? Oui, car le monde du digital représente l’avenir. Nous allons proposer à nos instituts un service qui permettra à leurs clientes d’être connectées via leur smartphone. Où qu’elles soient, elles pourront visiter l’institut, avoir accès aux soins qu’elles ont pratiqués, connaître les promotions en cours... La cliente est aujourd’hui au centre du système, toute l’activité doit être orientée en sa direction. Son institut doit donc l’accompagner, lui fournir des informations. Des études ont démontré l’importance de cette interactivité. Aux États-Unis, les magasins connectés sont ceux dont le chiffre d’affaires a nettement augmenté ces dernières années. Le développement de ce modèle et de ces services s’étend-il à l’international ? Guinot-Mary Cohr est déjà présent à travers ses produits et ses méthodologies dans 13 000 instituts à travers le monde (États-Unis, Japon, Australie...). Mais l’entreprise va également étendre son propre réseau de magasins à l’étranger, ce qui permettra de développer l’exportation de ses produits. Les logiques se sont inversées, puisque auparavant on exportait nos produits pour qu’ils arrivent dans des magasins. Cela montre que les valeurs centrales d’une entreprise ont évolué : il y a cinquante ans, il s’agissait de l’usine, de la bonne formule, des ingénieurs chimistes... Aujourd’hui, tout se construit autour du réseau de distribution et, avec lui, du professionnalisme dans le magasin, et de la communication faite via les réseaux sociaux. Nous sommes passés d’un modèle économique centré sur la production à un autre basé sur la distribution. Jean-Daniel Mondin, P-DG et fondateur du groupe Guinot-Mary Cohr Quel regard portez-vous sur l’action de la Caisse d’Epargne à vos côtés ? La Caisse d’Epargne a un grand avantage : c’est une banque qui cherche à comprendre notre métier en tant qu’entrepreneur. Ses agents ne restent pas dans leur bureau mais viennent à notre contact pour mieux appréhender l’activité de Guinot-Mary Cohr. Et cette volonté d’une bonne compréhension est importante car si elle agit ainsi à notre égard, elle en fera de même pour nos clients. Une académie pour contrôler la formation en esthétique Du CAP à la licence professionnelle en passant par le BTS, l’académie Guinot-Mary Cohr assure une formation aux métiers de l’esthétique et de la cosmétique. Fondé à Paris en 2012, l’établissement accueille environ 300 élèves (probablement 400 à la prochaine rentrée prochaine) en formation initiale ou en alternance. Une fois diplômés, certains pourront lancer un institut en ouvrant un centre affilié, « un modèle prêt à l’emploi », assure Jean-Daniel Mondin. Été 2015 3 www.decideursenregion.fr LES RÉGIONS INNOVENT Sur decideursenregion.fr © D.R. © L. Cipriani découvrez les témoignages complets de personnalités marquantes. Sophie Keller, experte associée à l’Essec, spécialiste de l’ESS, co–auteure du livre « Stratégie et financement des entreprises sociales et solidaires ». www.decideursenregion.fr/ Ile-de-France/FinancerPour-innover © D.R. La diversification des ressources de l’ESS est déjà à l’œuvre avec un engagement de plus en plus prononcé du secteur privé ” Développer et manager Le design thinking est une approche fondée sur l’humain, sur ses pratiques et la façon dont il vit ” Exemple d’une pratique collaborative d’une collectivité locale : Gare Remix, pour réinventer la Gare Saint-Paul à Lyon. ” Émile Hooge, consultant et Directeur associé au sein de l’agence d’études et de conseils Nova 7 www.decideursenregion.fr/ Picardie/Paroles-d-experts © D.R. Paroles d’experts Financer pour innover Paroles d’experts L’économie de la fonctionnalité et de la coopération est un modèle basé sur la vente de la valeur d’usage d’un service intégré” Christophe Sempels, professeur à Skema Business School, cofondateur de l’Institut européen de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération et Directeur scientifique du Club Cap EF. Alain Cadix, administrateur délégué du Centre Michel Serres et ancien Directeur de l’ENSCI – Les Ateliers www.decideursenregion.fr/ Alsace/Developper-Manager www.decideursenregion.fr/ Midi-Pyrenees/Paroles-dexpertsDevelopper-Manager/ Suivez-nous aussi sur twitter.com/Decideursregion Été 2015 4 www.decideursenregion.fr © F. Caputo DÉVELOPPER & MANAGER L’art du management passe par les émotions Longtemps mal vues sur le lieu de travail, les émotions y font un retour en force. Savoir les gérer peut représenter un véritable atout pour un manager qui peut les transformer en facteur de réussite organisationnelle pour l’entreprise. C ’était quasiment un tabou. Sur le lieu de travail, on n’en parlait pas, on ne les montrait pas. Haut lieu de la rationalité et de l’objectivité, l’entreprise a longtemps banni les émotions et leur expression, souvent perçues comme signe de faiblesse. À raison ? Pas du tout si l’on en croit toute une école de chercheurs et d’universitaires issue des États-Unis. Les travaux de ces derniers ont abouti à donner naissance au concept « d’intelligence émotionnelle ». Mieux, cette intelligence émotionnelle, qui implique l’aptitude à contrôler ses émotions et celles des autres, serait davantage facteur de réussite individuelle et organisa- tionnelle qu’une logique purement rationaliste. Si certaines de leurs conclusions les plus radicales font encore l’objet de discussions, un fait reste certain : leurs travaux ont réhabilité les émotions au sein de l’entreprise. LE MAL-ÊTRE COÛTE CHER Selon une étude publiée par l’Union européenne en 2014, le coût des risques psycho-sociaux liés au travail (absentéisme, baisse de la productivité…) s’est monté à 617 milliards d’euros à l’échelle du continent. Été 2015 5 www.decideursenregion.fr UNE SOURCE DE VALEUR AJOUTÉE « La rationalisation très poussée du début du XXe siècle a laissé jusqu’à aujourd’hui son empreinte sur le modèle opérationnel de l’entreprise, confirme Alain Duluc, coresponsable de l’offre Développement personnel appliqué chez Cegos, première entreprise de formation continue en France. Dans ce cadre, les émotions n’avaient pas droit de cité, considérées au mieux comme de mauvaises conseillères. Aujourd’hui, on le sait, rien n’est plus faux. Bien gérées, elles sont, très certainement, source de valeur ajoutée. Elles peuvent être moteur de performance. » DÉVELOPPER & MANAGER COMPRENDRE, REPÉRER ET VERBALISER LES ÉMOTIONS Mais faut-il encore savoir comment puiser dans cette boîte à outils personnelle. « La première des choses à faire, c’est d’accepter d’être soi-même à l’écoute de ses propres émotions, indique Alain Duluc. Il faut les comprendre et accepter de les vivre. C’est cela notre radar personnel. Sans cela, on ne pourra pas comprendre l’autre. » Mais cela ne suffit pas. Ces émotions, un manager doit être en capacité de les détecter chez le reste de l’équipe. « Il faut être attentif aux gestes, postures, attitudes, détaille Alain Duluc. Ce sont ces signaux qu’il est nécessaire de scruter pour pouvoir agir. » Enfin, troisième étape, après les avoir repérées, il faut pouvoir verbaliser les émotions. « Est-ce de la colère, de la jalousie, de la tristesse ou encore autre chose ? On manque parfois de vocabulaire pour les nommer. Il faut pourtant © D.R. UNE PRISE DE CONSCIENCE Dans l’Hexagone, les entreprises sont en train d’en prendre conscience. La preuve avec le succès que rencontrent les formations du type « Gérer les émotions et les conflits ». « L’année dernière, chez Cegos, la demande a été très forte, souligne Alain Duluc. En 2014, la croissance du programme y afférent a, incontestablement, été supérieure aux autres. » Le but ? Dans de nombreux cas, il s’agit de faire de la gestion des émotions une nouvelle compétence pour les managers. « La plupart des problèmes que rencontre une équipe proviennent de problèmes relationnels, complète Alain Duluc. Pour pouvoir les traiter et les régler, le manager doit être en capacité de les reconnaître. Or, il faut bien le dire, il n’a, dans l’immense majorité des cas, pas été formé à le faire. » Pourtant, comme tout un chacun, il dispose de cette intelligence émotionnelle qui lui permettrait d’être efficace quand une crise se présente. le faire, rappelle Alain Duluc. C’est la seule manière d’apporter une réponse adéquate. » Dans un modèle horizontal et décloisonné, la qualité des relations devient déterminante pour faire aboutir un projet.” Alain Duluc, psychologue, coresponsable de l’offre Développement personnel appliqué chez Cegos. ENJEU GLOBAL L’irruption progressive de la gestion des émotions dans le modèle opérationnel de l’entreprise répond désormais à des défis de taille. D’abord parce que cette dernière connaît actuellement des bouleversements importants. « Son organisation change. Dans un modèle horizontal et décloisonné, la qualité des relations devient déterminante pour faire aboutir un projet. La capacité à dialoguer devient primordiale. Les études ont démontré que la première source de stress est l’environnement relationnel et non la charge de travail. Dans ce contexte, la gestion des émotions relève clairement de l’indispensable », affirme Alain Duluc. Aujourd’hui, en quête du « bienêtre » pour leurs collaborateurs, certaines entreprises vont même beaucoup plus loin. Aux États-Unis, les décideurs de la Silicon Valley ont par exemple leur rendez-vous annuel : Wisdom 2.0. Dans ce cadre, les participants travaillent à la maîtrise des émotions grâce à la « mindfulness » (état de pleine conscience) dispensée par des experts de la méditation et des maîtres du yoga. Et le concept s’exporte désormais partout… Gérer les émotions pour augmenter l’efficacité professionnelle Les quatre émotions les plus souvent identifiées au travail sont : la peur, la colère, la joie et la tristesse. Savoir les gérer, c’est augmenter son efficacité professionnelle. À titre d’exemple, canaliser ses émotions permet d’augmenter sa crédibilité et ses performances. En étant maître de ces dernières, on affine sa concentration, on laisse de la place pour analyser objectivement la situation et trouver la réponse la meilleure. Même la colère peut être transformée en véritable valeur ajoutée*… Ainsi, en cas de : COLÈRE EXACERBÉE COLÈRE DÉGUISÉE (j’explose à tout propos), il faut se recentrer sur soi ; (je fais des remarques insidieuses), il faut adopter les 4 « P » : Présenter les faits, Partager les émotions, Proposer des solutions, Produire du futur ; COLÈRE EN ESCALADE (je monte dans les tours), il faut prendre l’initiative en stoppant l’emballement ; COLÈRE INHIBÉE COLÈRE PROVOQUÉE (je n’ose pas m'exprimer), il faut s’autoriser à être dans le jugement… (je suis piqué à vif), il faut amortir le choc. * Selon l’ouvrage Transformez votre colère en énergie positive de Nathalie Dedebant, Jean-Louis Muller, Emmanuel Portanéry, Catherine Tournier. Été 2015 6 www.decideursenregion.fr © Witte Brood Media L’art du management passe par les émotions DÉVELOPPER & MANAGER Bigre ! Un véritable projet d’économie sociale © Maïa Taïeb Bigre ! est un bel exemple de « mutuelle de travail associé ». Quatre Sociétés coopératives et participatives – SCOP – ont décidé de s’unir à SMartFr pour expérimenter une forme novatrice d’organisation économique et sociale. Bigre ! c’est aussi l’opportunité de mutualiser les savoirfaire. Chaque coopérative a développé des mécanismes très intéressants, mais qui n’étaient partagés qu’en interne. Avec ce regroupement, chaque structure distille son expertise aux autres.” Stéphane Veyer, cofondateur de Bigre ! et de la coopérative Coopaname. Bigre ! a été créée fin 2014 et constitue une première en France. Quatre SCOP – Oxalis, Coopaname, Grands Ensemble et Vecteur Activités –, issues des mouvements de la coopération d’activités et d’emploi, ont décidé de s’unir à SMartFr, la Scic française du groupe mutualiste SMart pour expérimenter une forme novatrice d’organisation économique et sociale. UNE VOLONTÉ DE TRAVAILLER AUTREMENT Depuis la loi Madelin de 1995, le mouvement de promotion et d’incitation à la création d’entreprise n’a pas cessé de prendre de l’ampleur en France. En presque quinze ans d’existence, les coopératives d’activités et d’emploi, les sociétés coopératives et participatives, les sociétés coopératives d’intérêt collectif, etc. se sont appliquées à développer en leur sein de nouvelles pratiques, des modes d’organisation ou de management différents. Ce mouvement a répondu à une aspiration croissante des individus à « travailler autrement ». Au sein de l’ESS (Économie sociale et solidaire), ces manières d’entreprendre ont impulsé de nouveaux cadres et fait émerger des « mutuelles de travail », c’est-à-dire des entreprises collectives dans lesquelles les personnes se protègent mutuellement, dans la durée et leurs parcours professionnels. UNE DIVERSITÉ DE MÉTIERS Aujourd’hui, Bigre ! représente 7 000 personnes réparties dans 25 établissements sur toute la France. Ce maillage d’entreprises, sous forme de coopératives d’économie sociale ou autogérées, regroupe une diversité de savoir-faire et de métiers. Ce sont des artistes, jardiniers, informaticiennes, interprètes, journalistes, prestataires de services, free-lance, bergers, consultants, menuisières, artisans, techniciennes du spectacle, e-commerçants, auteures, saisonniers, etc. qui souhaitent inventer un autre cadre de travail. Leur volonté est de dépasser l’alternative travail salarié subordonné et travail indépendant précarisé. REFONDER DES SOLIDARITÉS C’est aussi une communauté d’entreprises ouverte à toute nouvelle personne ou organisation, désireuse de concevoir en son sein des formes émancipatrices de rapport au travail. Chaque sociétaire apporte ainsi sa pierre au projet commun qui a pour ambition de refonder des solidarités interprofessionnelles et des coopérations. Cette collaboration leur permet de se garantir mutuellement la possibilité de bien faire leurs métiers respectifs et d’en vivre. À ce titre, ce groupement coopératif permet de mutualiser les fonctions support en matière d’administration, comptabilité ou gestion du statut juridique des personnes, etc. Ce fonctionnement met en place des mécanismes de protection collectifs (mutualisation des moyens et des risques) qui sont une manière de lutter contre la précarisation. La volonté de partage a donné naissance à la Manufacture coopérative. Une entité qui rassemble des personnes issues des entreprises membres de Bigre ! avec un point commun : leur expérience des mandats sociaux dans l’économie sociale. Fortes de leurs connaissances en la matière, elles participent, via la Manufacture coopérative, à des accompagnements mutuels sur toutes les questions liées à la vie d’une organisation, à la construction de son projet, à l’élaboration de ses rouages démocratiques ou encore à la dynamique de son sociétariat. Été 2015 7 www.decideursenregion.fr DOSSIER Piloter l'innovation ou comment voir loin et viser juste Le secteur de l’innovation est en pleine mutation dans les entreprises. Et pour cause : l’augmentation des cadences de renouvellement des produits et la concurrence aiguisée appellent aujourd’hui à un pilotage exigeant de l’effort de Recherche & Développement. © erhui 1979 P. 12 : Quelles stratégies gagnantes P. 13 : Pilotage de l’innovation, pour mieux piloter son innovation ? le cas exemplaire de Valeo Été 2015 8 www.decideursenregion.fr DOSSIER © D.R. P Au-delà de l'organisation, c'est ‘l'intention stratégique’ qui doit être définie par le management. C'est là l'une de ses tâches essentielles. Elle va permettre de donner un sens à l'action collective.” Dominique Vellin, professeur affilié à l'ENSTA Paris Tech (École nationale supérieure des techniques avancées). Été 2015 armi les spécialistes du pilotage de l’innovation en entreprise, on appelle cela un « océan bleu ». Il s’agit d’un espace dégagé des affrontements incessants avec la concurrence. Un secteur que la société a réussi à trouver elle-même en développant un produit ou un concept que n’avaient pas imaginé jusqu’alors les organisations avec lesquelles elle se partage le marché. Ce bleu s’oppose à la couleur d’un autre océan, le rouge, où au contraire, la lutte est féroce et où le sang des requins qui s’affrontent colore une eau où ils épuisent leurs énergies créatrices. Ce « pas de côté » dans la stratégie d’innovation, qui permet d’atteindre des eaux clémentes, correspond précisément au management qu’a mené Apple lorsqu’il a lancé le premier iPhone en 2007. Tous ses concurrents s’affrontaient sur le terrain de la durée d’autonomie des mobiles. Le téléphone proposé par le géant californien ignora superbement le sujet, se concentrant sur de nouvelles propriétés qui allaient créer une petite révolution dans le secteur des portables. L’océan bleu était trouvé, il allait assurer un succès considérable à l’entreprise. C’est ainsi par un pilotage audacieux de l’innovation qu’Apple a réussi à remporter un succès commercial planétaire. Un cas exemplaire… Une importance considérable Cette discipline qui consiste à manager habilement l’innovation a donc une importance considérable pour le devenir d’une société. Face à une concurrence aiguisée, une erreur en ce domaine peut d’ailleurs être fatale à certaines sociétés. Les entreprises françaises ont-elles aujourd’hui conscience de cet enjeu ? Pour Laure Morel, professeur à l’université de Lorraine et directrice du laboratoire Équipe de recherche sur les processus innovatifs (ERPI), « il est bien compris au niveau des grands groupes mais n’est pas toujours vraiment intégré par les PME ». Dominique Vellin, professeur affilié à l’ENSTA Paris Tech (École nationale supérieure des techniques avancées) a lui aussi un sentiment nuancé sur la question : « Globalement, les dirigeants sont très conscients de l’importance de l’innovation comme moteur de la croissance de leur entreprise. Cela se traduit dans les priorités stratégiques qu’ils affichent ou encore dans les ressources qu’ils consacrent à la R&D. Dans le même temps, des avancées non négligeables ont été réalisées au cours des dernières décennies dans le sens d’une meilleure domestication des processus d’innovation. » Mais Dominique Vellin relève également des écueils, et notamment « des carences dans la génération d'idées innovantes. D’importants progrès restent à faire pour apprendre à systématiser les démarches de conception innovante. Pour générer des idées susceptibles de nourrir leur croissance, trop d’entreprises se contentent de l’intuition et se limitent à de simples brainstormings. Trop d’entre elles se contentent de raisonner dans le cadre de ‘dominant design’, c’est-à-dire des façons habituelles de concevoir et d’utiliser les produits. 9 www.decideursenregion.fr DOSSIER Piloter l'innovation UN OUTIL POUR ÉVALUER SON MANAGEMENT DE L’INNOVATION © neyro 2008 Associée à l’École nationale supérieure en génie des systèmes et de l’innovation, l’Équipe de recherche sur les processus innovatifs (ERPI) de l’université de Lorraine a mis au point un diagnostic en ligne gratuit mesurant la capacité des entreprises à innover (www.innovation-on-the-web.com). Il permet d’évaluer la présence ou l’absence d’un ensemble de bonnes pratiques et donnera des axes de progression aux sociétés désireuses d’optimiser leur pilotage de l’innovation. Certains travaux de recherche menés en partenariat avec des entreprises diverses permettent aujourd’hui de mieux structurer les démarches de conception innovantes. On dispose désormais de méthodologies éprouvées pour gérer conjointement l’exploration de nouveaux champs de connaissances et la génération de concepts de produits nouveaux. » L’ère de la « chronocompétition » Pour se persuader de l’importance d’une politique de management de l’innovation poussée, il n’est pourtant qu’à se pencher sur la conjoncture économique et l’évolution des marchés de consommation. Les entreprises doivent faire face à de multiples défis : crise économique, mutations technologiques à répétition, renouvellement des modèles de consommation... En a découlé une accentuation de la compétition entre organisations © D.R. Une étape clé est d’estimer les moyens financiers, techniques, humains nécessaires, afin que l'innovation soit favorable à l'entreprise. Laure Morel, Professeur à l'université de Lorraine et Directrice du laboratoire Équipe de recherche sur les processus innovatifs (ERPI). et une course à l’innovation qui a raccourci considérablement les temps de renouvellement des produits. « Dans le monde industriel, la cadence des projets d'innovation et des lancements de produits s'est très nettement accélérée. Pour le meilleur et pour le pire, l’époque est celle d’un capitalisme de l’innovation intensive, où la concurrence se joue notamment sur la vitesse de conception de nouveaux produits », indique Dominique Vellin. Nous sommes ainsi entrés dans l’ère de la « chronocompétition ». Tout d’abord dans l’organisation interne Comment, dès lors, adapter la fonction des organisations à cette réalité des marchés ? Les évolutions se retrouvent tout d’abord dans l’organisation interne des sociétés. Cela passe par un développement quantitatif des efforts portés à l’innovation. « Depuis les années 1990, Été 2015 10 www.decideursenregion.fr on a vu se multiplier les services, cellules, groupes, départements ‘innovation’. La croissance des effectifs impliqués dans les activités d’innovation, dans les entreprises, s’est accélérée. Les profils des acteurs impliqués se sont par ailleurs diversifiés. À l’opposé du modèle de l’innovation solo (portée par un inventeur isolé), ou de celui de l’innovation duo (qui ne concerne que la R&D et le marketing), la tendance est plutôt à l’innovation ouverte, impliquant des designers, des ingénieurs aux compétences variées, des spécialistes de la production, du marketing, mais aussi des centres techniques, des universités, etc. », relève Dominique Vellin. L’organisation de l’entreprise ellemême évolue donc face à l’effort accru demandé. La présence sur un même site de l’ensemble des services de l’entreprise peut également être une stratégie favorable au processus d’innovation. « Beaucoup d’entreprises n’ont pas réalisé que la délocalisation de leurs activités manufacturières allait affaiblir fortement leurs capacités d’innovation. Elles n’ont pas toujours perçu à quel point ces capacités dépendent des interactions entre les acteurs de la R&D et ceux de la production. » Leur présence à proximité des services de Recherche & Développe- DOSSIER Piloter l'innovation ment favorisant les synergies et, ce faisant, l’efficacité du processus innovant. Un sens à l’action collective Au-delà de l’organisation, « le management doit définir une intention stratégique, et donc une vision, une mission et des valeurs porteuses de sens. C'est là l’une de ses tâches essentielles. Cette intention doit être sincère, noble, cohérente par rapport à l’identité de l’entreprise. En l’absence d’intention stratégique claire, la stratégie reste un mystère pour ceux qui sont censés l’appliquer ou l’analyser. Ils doivent interpréter par eux-mêmes ce que fait l’organisation et pourquoi. Cette intention a des conséquences directes sur les activités d’innovation » indique Dominique Vellin. De l’audace Le cœur de l’innovation doit également faire l’objet d’une réflexion stratégique. Le comportement des consommateurs a évolué, il est bien moins fidèle qu’avant à une marque, à un produit. En conséquence, les entreprises ne peuvent plus se reposer sur leurs acquis, en l’occurrence des produits qui ont fait leur succès. Il faut donc proposer régulièrement aux clients des évolutions aux solutions existantes. Si elle doit toujours garder un lien avec ce qui fait la ligne directrice de l’entreprise, l’innovation a également tout intérêt à se révéler audacieuse. Face aux concurrents, la prise de risque peut même s’avérer nécessaire. De l’open innovation Enfin, le cadre dans lequel s’orchestre la réflex ion stratégique de l’entreprise est amené à s’élargir. La capacité de l’entreprise à piloter son innovation se mesure aujourd’hui à sa faculté à mettre en mouvement un vaste réseau autour d’elle. « L’open innovation constitue une tendance très forte parmi les sociétés, relève Laure Morel. Elle doit leur permettre de générer de nouvelles idées en se tournant aussi vers des structures extérieures. » Les partenariats se multiplient donc entre entreprises. Des grands groupes se montrent particulièrement attirés par la vitalité innovante de jeunes startups. Des sociétés peuvent même s’allier parfois avec des concurrents. Le management doit définir une intention stratégique, et donc une vision, une mission et des valeurs porteuses de sens. C'est là l’une de ses tâches essentielles.” Dominique Vellin L’avis des consommateurs Cette ouverture ne se limite pas aux organisations. Un nombre croissant de sociétés pilotent leur innovation Lorsque les entreprises décident de mettre en œuvre une « stratégie ouverte », elles ne se tournent pas seulement vers des acteurs hors de leurs murs. Ce sont aussi les salariés qui vont être sollicités. Cas exemplaire, Atos, qui compte plus de 70 000 collaborateurs, a ainsi mis en place un système en ligne où chacun peut proposer des idées innovantes. Un système de « likes » permet à la communautés des salariés de plébisciter telle ou telle proposition. « L’innovation n’est ainsi pas le fait d’un petit cénacle », résume Dominique Vellin. © Enot Maks Solliciter les salariés Été 2015 11 www.decideursenregion.fr en prenant appui sur l’avis des consommateurs eux-mêmes. « La voix du client compte énormément, poursuit la directrice du laboratoire ERPI. Des consommateurs vont donc être écoutés dès les phases de créativité et de conception, afin qu’ils guident l’entreprise pour qu’elle mette au point un produit réellement attendu par le marché. » Ils vont ainsi tester des prototypes. Lorsqu’une société lance une nouvelle application Web, un système de traceur des yeux va par exemple permettre de comprendre sur quelles parties des pages les utilisateurs posent leur regard et ainsi mieux saisir l’usage qui est fait de la solution, et les évolutions à apporter. Des consommateurs qui sont également sollicités pour donner directement des idées innovantes. Certaines d’entre elles ont ainsi permis à la société Lego d’édifier de nouvelles collections. Estimer les moyens financiers, techniques, humains Le champ du pilotage de l’innovation apparaît ainsi des plus vastes. Il doit toujours être précédé par une « réelle évaluation de sa capacité à supporter la création d’innovation. Il faut estimer les moyens financiers, techniques, humains nécessaires, afin que l’innovation soit favorable à l’entreprise et ne devienne pas au contraire une source de difficultés, indique Laure Morel. Il permettra par exemple à une société vendant ses produits en magasin de savoir si elle peut innover en se lançant dans la distribution en ligne. » Avant d’innover en ce sens, il sera primordial pour elle d’évaluer sa capacité à gérer de nouveaux réseaux logistiques, de nouveaux métiers et de nouveaux besoins en trésorerie. Le pilotage de l’innovation est un vaste programme mais les conséquences positives à en attendre sont innombrables. DOSSIER Piloter l'innovation Quelles stratégies gagnantes pour mieux piloter son innovation ? Le pilotage de l’innovation est un axe stratégique essentiel. En résumé : 10 points clés pour aller vers la réussite. 1 Évaluer les capacités de l’entreprise 2 Se démarquer de la concurrence 5 Pour un produit donné, ne plus chercher à innover sur les mêmes fonctionnalités que ses concurrents. Concentrer ses efforts sur des axes inédits. Chercher « l’océan bleu ». 7 Solliciter l’imagination des salariés Mettre en place un espace collaboratif permettant aux salariés de proposer des idées innovantes. Une initiative qui a des retombées positives sur l’adhésion des collaborateurs. Réinvestir les profits dans l’entreprise Privilégier la stratégie du « retain and reinvest » : réinvestir les profits au sein de l’entreprise pour la renforcer en permanence. 8 Adapter son organisation Accorder une place importante aux effectifs dédiés à la R&D et à l’innovation. Diversifier les profils de postes travaillant sur la conception innovante. 9 3 Développer l’open innovation Travailler à la mise en place de partenariats avec de grandes entreprises, startups, universités. Ils permettront de mutualiser avantageusement idées et ressources. Été 2015 12 www.decideursenregion.fr Accélérer les cadences de développement Face à une concurrence accrue, introduire fréquemment des évolutions à ses produits pour maintenir le lien avec des consommateurs friands de nouveautés. Donner un sens à l’action collective en définissant la mission de l’entreprise, sa visée, ses valeurs et ses plans et objectifs stratégiques. S’assurer que les moyens financiers, techniques et humains sont adaptés avant de se lancer dans le déploiement d’une innovation. 4 Définir son « intention stratégique » 6 Regrouper sur un même site l’ensemble de ses services Rapprocher du pôle R&D les autres services et, notamment, les activités de production manufacturière. La circulation des idées est favorable au processus créatif. 10 Échanger régulièrement avec les consommateurs Faire tester les prototypes aux consommateurs pour voir si les innovations trouveront leur marché. Les clients peuvent également être sollicités pour donner directement des idées. DOSSIER Piloter l'innovation Pilotage de l’innovation, le cas exemplaire de Valeo L’équipementier Valeo est l’un des poids lourds de l’innovation en France avec, en 2014, plus de 1 100 brevets déposés dans le monde. Une innovation dont le pilotage est mûrement réfléchi, comme l’explique Guillaume Devauchelle. Directeur de l'innovation chez Valeo. LA R&D DE VALEO EN CHIFFRES (2014) Quelles sont les conséquences de la compétition croissante dans l'innovation ? Le cadencement de l’industrie automobile est remis en cause. Ces évolutions impliquent-elles une organisation particulière dans la conduite de l’innovation ? Nous avons un plan de développement technologique qui consiste à nous projeter dans dix ans. De là, nous déclinons nos objectifs pour l’année. C'est avec une telle feuille de route qu’on développe notamment les technologies d ’assistance aux manœuvres de parking. Nous nous sommes d’abord concentrés sur les créneaux, puis sur les manœuvres perpendiculaires, puis sur celles réalisées à par tir d’un smar tphone. Nous construisons aujourd’hui les prochaines étapes. Nous proposons tous les ans des évolutions qui permettent de construire progressivement le véhicule autonome. Et les réactions des consommateurs et de nos clients constructeurs sont là pour nous faire comprendre si nos idées ont été ou non judicieuses. 10 400 collaborateurs 1,13 milliard d’euros d'investissement © A. Belomcinsky Quels sont les axes de cette stratégie ? Nous en avons identifié quatre. L’open innovation avec de grands groupes. Des partenariats avec des universités, pour lesquelles plus de 50 contrats ont été établis à travers le monde. Des partenariats avec des startups. Enfin, nous nous tournons aussi vers les moins de 25 ans à travers un concours mondial d’innovation, le “Valeo Innovation Challenge”. On s’organise donc pour que l’entreprise ne soit pas seule au monde, mais au contraire entourée de compétences de natures différentes. Vos collaborateurs sont-ils incités eux-mêmes à s’ouvrir vers l'extérieur ? Oui, nous incitons nos experts à avoir un réseau et à faire vivre leur communauté. C’est indispensable pour qu’ils soient au courant des Nous avons évolutions de leur secteur. Un peu un plan de développement moins d’un millier de collaboratechnologique teurs possède le titre d’expert chez Valeo. Il est attribué pour trois ans qui consiste à renouvelables. Pour l’obtenir, il nous projeter faut être innovant mais également dans dix ans.” démontrer sa capacité à animer un Guillaume réseau, par exemple en donnant Devauchelle, des cours à l’université. © D.R. DÉCIDEURS EN RÉGION : Comment pilotez-vous l’innovation ? Vous avez notamment établi un partenariat avec Safran… Guillaume Devauchelle : L’open innovation est en effet une stratégie essentielle pour nous. Cela nous apporte des technologies de pointe, dans les secteurs de l’aéronautique, de la défense et de la sécurité dans le cas de Safran. Nous les déclinons alors en technologies automobiles. Nos avancées dans le secteur automobile leur sont, en retour, très utiles. De tels partenariats peuvent naître dans d’autres secteurs : électroménager, médical, luxe, etc. Et dans cette évolution, toute la difficulté est de parvenir à faire preuve de souplesse, se débarrasser des rigidités tout en conservant son âme. Il ne s’agit pas d’aller trop vite et de prendre le risque de sortir des innovations inopérantes. Dans le même temps, notre défi est de faire cohabiter des mondes aux vitesses d’exécution différentes : longues pour les « académiques », bien plus rapides pour les startups. Été 2015 13 www.decideursenregion.fr FINANCER POUR INNOVER Le crowdfunding, pour faciliter l’accès au crédit © J. Henze Le crowdfunding est en passe de devenir un outil de financement de poids pour les PME et TPE, en complément des financements bancaires classiques. Focus sur cette pratique. © D.R. L Le crowdfunding est une vraie source de financement pour les entreprises. ” Bernard Cohen-Hadad, Président de la Commission financement des entreprises de la CGPME. e financement participatif connaît une progression exponentielle : les sites de crowdfunding ont collecté 16,2 milliards de dollars dans le monde en 2014, une croissance de 167 %. Pratique confortée par la réglementation D’abord essentiellement cantonné au domaine de la culture, le crowdfunding vient aujourd’hui en renfort des projets des entrepreneurs. D’autant qu’aucun frein réglementaire ne se pose plus. Les deux textes adoptés l’année dernière sont venus favoriser et consolider le développement de cette pratique. Il s’agit de l’ordonnance du 30 mai 2014 et de son décret d’application du 16 septembre, qui ont défini des statuts référents et imposent des conditions d’accès et des règles de bonne conduite strictes. Ils ont ainsi précisé les conditions permettant de prêter de l’argent aux entreprises contre une rémunération sous forme d’intérêts financiers. Vraie source de financement pour les entreprises de richesse et d’emplois. On ne peut tout miser sur l’international. » Le modèle du financement participatif est adapté aux besoins de financement des entreprises. Il ne s’agit pas dans ce cas de participer à la création d’une PME mais de permettre de mener à bien les projets entrepreneuriaux de structures existantes : recherche et développement, extension, création d’une nouvelle identité visuelle, création d’un poste pour le déploiement à l’international, test de produits, etc. « Le crowdfunding est une vraie source de financement pour les entreprises , indique Bernard Cohen-Hadad, associé gérant de BCH Assurances, et président de la Commission financement des entreprises de la CGPME. Il constitue un financement de proximité et présente un grand intérêt pour développer l’économie locale : c’est un engagement de proximité, où sont privilégiées les relations entre particuliers et entrepreneurs pour le développement de l’économie locale, ce qui entraîne la création Le rôle primordial du financement bancaire Été 2015 14 www.decideursenregion.fr Dans le cadre du financement des TPE et PME, le crowdfunding permet de lever des fonds qui viennent compléter et augmenter un apport personnel dans le but de réaliser un projet entrepreneurial. La finance participative, pour mémoire André Jaunay, Vice-président de Financement Participatif France, donne cette définition : « La finance participative est un mode de financement dans lequel l’épargnant choisit lui-même la destination finale, le projet ou l’entreprise qui va recevoir son argent, que ce soit sous la forme de don (souvent avec contrepartie), de prêt ou de capital. Les nombreuses plateformes Internet spécialisées qui organisent ces mises en relation permettent que chacun des projets puisse être financé par la ‘foule’. » Un système sécurisé Le recours au financement participatif pour les TPE et PME doit répondre à une éthique. « Il faut respecter des règles de transparence, souligne Bernard Cohen-Hadad. Les investisseurs doivent être traités de manière responsable.» Il s’agit là de sécuriser le système, en matière de taux pratiqués, de garantie des risques et de solvabilité, avec des informations fiables fournies aux investisseurs : « Il leur faut avoir connaissance du projet et de la démarche entrepreneuriale », note Bernard Cohen-Hadad. Les plateformes ont d’ailleurs des exigences de scoring, à l’instar des banques (mais ne doivent pas être plus chères). Un facteur de reprise ? Le financement participatif s’est ainsi engagé dans la problématique de développement du territoire et de soutien à toutes les entreprises. « La croissance du crowdfunding est exponentielle, souhaitée et valorisée, conclut Bernard CohenHadad. C’est un ballon d’oxygène, un levier pour créer de la richesse : l’économie contributive peut amorcer une dynamique de reprise. » INTERVIEW Un partenariat entérinant la complémentarité entre financements bancaires et crowdfunding La SIAGI, société de caution mutuelle de l’artisanat et des activités de proximité, a signé en début d’année un partenariat avec une plateforme de crowdfunding, Lendopolis. Le point sur cette collaboration avec Bernard Stalter, Président de la SIAGI et Président de la Chambre des métiers d’Alsace. DÉCIDEURS EN RÉGION : Quel est le but de ce partenariat ? Bernard Stalter : Ce partenariat a pour objectif de faciliter l’accès au crédit bancaire en complétant son apport via le financement participatif. De nombreux prêts sont refusés par manque d’apport, l’idée est donc d’aider les demandes qui risquent de ne pas passer en les orientant vers les plateformes de crowdfunding. C’est un moyen de prégarantir le crédit, sous condition d’obtenir la somme demandée sur la plateforme. Les banques ne voient pas cette initiative comme de la concurrence, au contraire. Elles sont partantes sur le principe, d’autant qu’aujourd’hui les dossiers se font rares, il y a une autocensure des entrepreneurs. Le crowdfunding est un outil de financement supplémentaire d’accepter des projets plus risqués, et d’assurer la pérennité de son modèle. © D.R. Ce complément en capital, apporté par des particuliers ou d’autres personnes morales, doit servir d’effet levier auprès des banques. Le crowdfunding est complémentaire du financement bancaire. « Il ne faut pas se leurrer, le financement bancaire reste la principale source de financement des PME et TPE : on a besoin de banques fortes pour des PME fortes, explique Bernard Cohen-Hadad. Si la colonne vertébrale du système reste la banque – garante de sécurité, rapidité et stabilité –, pour des raisons bilancielles et de régulation, elle ne peut pas tout faire ». Le recours au financement participatif n’est qu’une alternative parmi les autres solutions de partenariat qui s’offrent aux entrepreneurs (capital investissement, titrisation, bourse des PME, Business Angels…). Le rôle des banques reste donc fondamental. Bernard Stalter Président de la SIAGI et Président de la Chambre des métiers d’Alsace, présente cette collaboration. Pourquoi vous être associé ? Comme les banques avant d’accorder certains crédits, Lendopolis cherche un 2e regard sur les projets à mettre en ligne pour s’assurer qu’ils sont réalistes. Elle trouve ce 2e regard dans l’expertise de la SIAGI. De notre côté, nous apprécions la stratégie de gestion des risques de Lendopolis qui consiste à analyser, à mettre en place une échelle des risques permettant Été 2015 15 www.decideursenregion.fr Quel est l’intérêt pour les entrepreneurs ? En tant que moyen de compléter un apport, le crowdfunding a un côté très positif pour la vitalité des projets, tout redevient envisageable. Il ne faut pas non plus minimiser le critère de gestion de l’image : la mise en ligne assure une campagne de communication gratuite. Le crowdfunding est un outil de financement supplémentaire. La SIAGI est un assembleur de financements, c’est notre marque de fabrique. Nous travaillons avec les fonds régionaux de garantie, les conseils généraux, les fonds européens, ou encore Bpifrance. Nous trouvons une garantie adaptée à chaque projet. En intégrant des plateformes de crowdfunding, on élargit la palette. PAROLES D’EXPERTS Technologies réflexives : © HONGLI quand le numérique révolutionne le rapport à soi-même Après avoir bouleversé notre rapport aux autres via les réseaux sociaux, le numérique est en train de modifier le rapport à soi-même comme le montre le succès grandissant des objets connectés. Pour quelles conséquences ? L’analyse de Christophe Deshayes, Président de la société Tech2innovate et cofondateur du projet « Innerly ». © D.R. DÉCIDEURS EN RÉGION : Les technologies réflexives se démocratisent par le biais des objets connectés. Ces dernières nous renseignent sur nousmêmes (nombre de pas que l’on fait dans une journée, etc.). Pour Dans une vous, cela va-t-il plus loin que le décennie, simple gadget ? les volumes Christophe Deshayes : Pour moi, seront considérables. ” ce qui est en train d’arriver est aussi important que le Web 2.0 quand, il y a 10 ans, l’informatique Christophe a impacté la sphère sociale. On Deshayes, Président de n ’a v a i t p a s i m a g i n é q u e l e la société numérique allait digitaliser notre Tech2innovate relation à l’autre. Aujourd’hui, et cofondateur nous vivons quelque chose de du projet similaire à bien des égards. Je « Innerly ». v e u x p a r l e r d e l ’a r r i v é e d u numérique dans la psychologie, donc dans le rapport à soi-même. La technologie va amener un supplément d’informations et de conseils pour nous amener à changer nos comportements. En termes d’innovation, quels sont les produits ou solutions proposés au public qui vont pousser à la digitalisation du rapport à soi ? Aujourd’hui, on constate deux directions principales. Il y a d’abord les objets comme les bracelets et les montres connectés. Ces derniers prennent, à l’aide de capteurs, des mesures concernant l’environnement ou l’activité des personnes qui les portent et dont e l l e s n ’o n t p a s f o r c é m e n t conscience. Soit un ensemble d’informations qui doivent aider ces personnes à changer de comportement. Ce mouvement date de plusieurs années aujourd’hui et il continue à se développer. Mais à côté de ce dernier, on trouve un autre type de technologie fondé sur le propre ressenti des personnes. Je pense en particulier à deux outils : d’abord « Spire », développé par un chercheur aux États-Unis, qui aide un particulier à lui faire prendre conscience de son état de stress via la respiration, et l’aide à respirer plus calmement pour parvenir à évacuer ce stress. Et puis, il y a Été 2015 16 www.decideursenregion.fr ce projet que nous portons chez Tech2innovate. Baptisé « Innerly », il s’agit d’un journal intime vocal qui contribue au bien-être de l’utilisateur. Il l’aide à mettre de côté les moments mémorables de sa vie, à se les remémorer, et à en partager quelques-uns avec des proches. Ce marché des technologies réflexives, vous le voyez vraiment décoller à quel horizon ? L’ordre de grandeurs, c’est encore une bonne dizaine d’années. Ce sera donc progressif mais, dans une décennie, les volumes seront considérables. Avec de véritables conséquences économiques. Les montres connectées (déjà un million de ventes pour Apple) et les bijoux connectés vont prochainement transformer leurs secteurs respectifs. Il ne s’agit que d’un premier exemple de marché des technologies réflexives. La santé au sens large et l’assurance ne tarderont pas à être impactées à leur tour. Z : une génération à conquérir © R. Skjoldborg Ces jeunes que l’on regroupe sous le nom de « génération Z » jugent plutôt sévèrement le monde de l’entreprise. Les conséquences à en attendre sont toutefois à relativiser selon Véronique Speltdoorn, fondatrice du cabinet de recrutement Accile. Une rupture à relativiser Et c’est peut-être là la véritable rupture avec les générations précédentes. Les « Z » se présentent quasiment comme une génération d’entrepreneurs nés. Pour le reste « il est nécessaire de relativiser, estime Véronique Speltdoorn, fondatrice-consultante associée du cabinet de recrutement Accile. La vision du monde de l’entreprise Les entreprises qu’ont ces jeunes est largement conditionnée par la crise. Ils ont vont devoir vu leurs parents se faire licencier mettre en ou risquer de l’être, leurs grands place les frères et sœurs enchaîner les CDD. mécanismes Dans ces conditions, on peut comadéquats prendre qu’une certaine méfiance qui leur se soit installée ». permettront de garder leurs Pour autant, pas question d’en exameilleurs gérer les conséquences. « On a pu éléments. ” lire ici ou là que les exigences de la génération Z allaient forcer l’entreVéronique prise à s’adapter, parfois de manière Speltdoorn, fondatrice-consul- drastique. Mais cette dernière n’a tante associée du pas attendu cette génération pour cabinet de recrute- entamer sa transformation », comment Accile. plète Véronique Speltdoorn. © D.R. Du fil à retordre. Voilà ce que devrait donner aux entreprises la « génération Z », celle des jeunes nés après 1995. Âgés d’à peine 20 ans, ils n’ont pas encore, pour beaucoup d’entre eux, fait leur entrée sur le marché du travail, mais portent un regard très critique sur celui-ci. Triste, compliqué, impitoyable… les « Z » jugent souvent l’entreprise plutôt durement. Bref, tout le contraire du lieu d’épanouissement dont rêvent ces jeunes pour lesquels l’entreprise devrait être ouverte, égalitaire, humaine, plus flexible en termes d’horaires, de rythme et de lieu de travail. Dans le collimateur des « Z », figurent particulièrement les modes de management. Dans ce contexte, la hiérarchie se doit d’être moins complexe et plus souple. Ce n’est pas l’autorité qui fait le bon manager, mais sa capacité à faire confiance à l’équipe et à ses qualités d’écoute. L’enjeu de la fidélisation « La crise, les nouvelles technologies et une somme d’autres facteurs influent sur le devenir de l’entreprise. Dans cet ensemble, les demandes exprimées par les ‘Z’ ne peuvent jouer qu’un rôle marginal », souligne Véronique Speltdoorn. Elle reconnaît toutefois qu’il est un domaine où il va falloir véritablement batailler : celui de la fidélisation des collaborateurs. « Le sentiment d’appartenance n’est pas le fort de la génération Z. Les entreprises vont devoir mettre en place les mécanismes adéquats qui leur permettront de garder leurs meilleurs éléments sous peine de les voir partir très rapidement ailleurs en cas d’insatisfaction. » À bon entendeur… X, Y, Z, OU LE TABLEAU PÉRIODIQUE DES GÉNÉRATIONS Il est généralement admis que la génération X désigne celle des enfants des baby-boomers. Il s’agit des personnes nées entre 1960 et 1980. Celles nées entre 1980 et 1995 représentent la génération Y. Enfin, la génération Z est celle des jeunes nés après 1995. Une de ses caractéristiques est qu’elle ne conçoit pas la vie sans les outils numériques, du smartphone jusqu’aux objets connectés. Été 2015 17 www.decideursenregion.fr CAISSE D’EPARGNE ILE-DE-FRANCE… SOLUTION Épargne salariale : fidélisez vos collaborateurs VOS BESOINS En tant que dirigeant d’entreprise vous cherchez un moyen de motiver vos salariés tout en maîtrisant vos coûts. Les solutions d’épargne salariale de votre Caisse d’Epargne peuvent répondre à vos besoins. Ce dispositif offre une très grande souplesse, tant à l’entreprise qu’à ses salariés. Les plus … Des dispositifs souples : vous déterminez librement les modalités de l’abondement et choisissez de mettre un ou plusieurs dispositifs en place. Une fiscalité avantageuse puisqu’elle permet de bénéficier d’exonérations tant pour la rémunération versée par l’entreprise que pour celle perçue par le salarié(1). NOTRE PRODUIT Le service Les formules PRIMISSIME (Plan d’épargne entreprise) et PERCO&CO (Plan d’épargne retraite collectif) permettent au chef d’entreprise de proposer à ses collaborateurs un complément de rémunération et une solution d’épargne fiscalement avantageuse du point de vue de l’employeur et du bénéficiaire(1). Cerise sur le gâteau, les dirigeants peuvent également en bénéficier sous conditions(2). Le PEE permet d’épargner à moyen terme pour les projets personnels (5 ans minimum sauf cas de déblocage anticipé). Le PERCO, quant à lui, est un placement long terme qui donne l’opportunité de se constituer un complément d’épargne pour la retraite, préoccupation forte des Français. Pour les plus petites structures (– de 50 salariés), la Caisse d’Epargne propose également une offre packagée qui comprend un Plan d’épargne interentreprises (PEI) et un Plan d’épargne retraite collectif interentreprises (PERCO-I). Les chefs d’entreprise qui ont 1 à 250 salariés peuvent aussi en profiter, de même que leur conjoint collaborateur ou associé. “Il est possible d’épargner des jours de repos.” Comment ça marche ? La mise en place de ces solutions se fait unilatéralement ou de façon négociée au sein de l’entreprise. Le PERCO ne peut être mis en place que si un PEE existe déjà. Ces deux dispositifs peuvent être alimentés par l’employeur (participation, intéressement et/ou abondement), et/ou par le versement volontaire du salarié(3). Afin de bénéficier pleinement des avantages fiscaux et sociaux(1) liés à ces dispositifs, il est nécessaire de respecter un certain nombre de règles : la participation, l’intéressement et l’abondement doivent respecter des montants minimum et maximum définis contractuellement. Valérie Scheibel, Chef de produits Ingénierie Sociale et Services, Marketing épargne et Capital Investissement de BPCE – réseau Caisse d’Epargne. Les bénéfices Ces dispositifs peuvent s’avérer très intéressants pour l’entreprise et les salariés. Prenons pour exemple l’abondement. Pour l’entreprise, le montant global de l’abondement versé est exonéré de charges patronales (hors forfait social de 20 % et contribution de 8,2 % sur la fraction de l’abondement versé dans le PERCO qui excède 2 300 €), de taxe sur les salaires et déductible du bénéfice imposable (sous conditions). Pour l’épargnant, l’abondement échappe aux charges sociales (hors CSG et CRDS), à l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les plusvalues réalisées (hors prélèvements sociaux). “Ces dispositifs s’intègrent pleinement dans la politique sociale de l’entreprise. En effet, une passerelle entre le Compte épargne temps (CET) et le PERCO est désormais possible. Les salariés qui ont placé des jours de repos sur leur CET peuvent les transférer (jusqu’à 10 jours maximum par an) sur leur PERCO et ainsi augmenter leur épargne retraite. Les droits CET transférés seront ainsi exonérés d’impôt sur le revenu, de cotisations salariales (sauf CSG et CRDS) et d’une partie des charges patronales. Dans les entreprises qui n’ont pas de CET, il reste possible de transférer 5 jours de repos non pris sur un PERCO.” (1) Selon les conditions fiscales en vigueur. (2) Seuls les dirigeants ou chefs d’entreprise employant habituellement entre 1 et 250 salariés sont éligibles. (3) Dans la limite de 25 % du salaire brut annuel. Été 2015 18 www.decideursenregion.fr CAISSE D’EPARGNE ILE-DE-FRANCE… À VOS CÔTÉS © D.R. CEIDF Capital Investissement : pari tenu ! Lancé en octobre dernier, CEIDF Capital Investissement, fonds de soutien aux PME franciliennes de la Caisse d’Epargne Ile-de-France, connaît déjà ses 1ers succès. L’occasion de faire un premier bilan avec Charles-Henri Booter, responsable de cette nouvelle activité. DÉCIDEURS EN RÉGION : Pouvezvous nous rappeler en quelques mots les principes de fonctionnement de CEIDF Capital Investissement ? Charles-Henri Booter : CEIDF Capital Investissement a vocation à soutenir les sociétés présentes sur le territoire francilien et qui « ont besoin d’apports en capitaux pour dynamiser leur croissance et ainsi favoriser l’emploi. Notre fonds est doté de 100 millions d’euros. Il vise à prendre des participations minoritaires au sein de PME réalisant un chiffre d’affaires compris entre 2 et 100 millions d’euros. Les montants investis, en capital ou en obligations convertibles, se situent dans une fourchette comprise entre 250 000 euros et 1 million d’euros. Comment se sont déroulés ces premiers mois d’activité ? Comme tout lancement d’activité, la première étape stratégique est de développer sa notoriété tant en interne, au sein de la Caisse d’Epargne Ile-de-France, qu’en externe. Cet objectif a été atteint rapidement et porte désormais ses fruits, puisque nous recevons chaque semaine de plus en plus d’opportunités d’investissement. Pour quels types de dossiers êtes-vous sollicités et comment vous parviennent-ils ? Nous sommes principalement sollicités dans le cadre de levées de fonds pour financer la croissance mais aussi pour des projets de transmission (départ à la retraite du dirigeant, transmission familiale...). Notre réseau est notre force ! 70 % de nos dossiers viennent de nos 14 Centres d’affaires entreprises répartis en Ile-de-France et 30 % de nos apporteurs d’affaires (banques d’affaires, experts-comptables...). Vous venez de signer vos deux premières participations. Pouvezvous nous en dire quelques mots ? CEIDF Capital Investissement est devenue actionnaire de deux groupes clients de la Caisse d’Epargne IDF, l’un dans le secteur de l’imprimerie (ST Finance) et l’autre dans la parfumerie (INCC). Nous sommes fiers d’accompagner deux groupes de grande qualité et en pleine ascension : croissance externe structurante pour ST Finance et développement international pour INCC qui gère les licences parfums pour Mercedes-Benz, Monaco et tout récemment Claudia Schiffer. Qu’est-ce qui différencie CEIDF Capital Investissement d’un fonds d’investissement « classique » ? Notre société d’investissement véhicule une image rassurante car elle est filiale d’un groupe bancaire reconnu et solide financièrement : la Caisse d’Epargne Ile-de-France. Nous investissons sur fonds propres ce qui nous permet d’accompagner des groupes dans la durée et de présenter un objectif de rendement plus modéré que nos concurrents. Cela nous positionne comme un véritable « accompagnateur de développement » et non pas comme un simple partenaire financier. ST Finance GROUPE IMPRIMERIE ROTATIVES CA : 100 millions d’euros Président fondateur : Jean-Paul Leveaux 2e au rang national des imprimeries rotatives INCC Parfums Création et distribution sélective de parfums en marques propres et sous licences CA : 12 millions d’euros (99 % à l’international) Président : Rémy Deslandes Licence mondiale Parfums Mercedes-Benz, Monaco, Claudia Schiffer Votre contact : Charles-Henri Booter, Tél. : 01 58 06 68 58 Port. : 06 46 36 00 32 Décideurs en Région est publié par BPCE - Société anonyme à Directoire et Conseil de surveillance au capital de 155 742 320 euros. Siège social : 50 avenue Pierre Mendès-France - 75201 Paris cedex 13. RCS Paris n° 493455042, BPCE intermédiaire d’assurance inscrit à l’ORIAS sous le n° 08045 100. Vous pouvez exercer vos droits d’accès, de rectification et d’opposition au traitement pour motifs légitimes en vous adressant par écrit à Caisse d’Epargne Ile-de-France – Service Clients – 26-28 rue Neuve Tolbiac - CS 91 344 – 75633 Paris Cedex 13. Directeur de la publication : François Pérol. Directeur des publications Caisse d’Epargne : Cédric Mignon. Directeur de la rédaction : Thierry Martinez. Directeur adjoint de la rédaction : Christelle Body. Rédactrice en chef : Christel Chaton. Comité de rédaction BPCE : Ludovic Aublin, Laëtitia Droniou, Anne Latty, Frédéric Piat, Nathalie Portenguen-Leduc, Marie-Agnès Ripot. Rédaction CEIDF : Stéphane Bouffart, Delphine Schmidt. Conception-réalisation : Verbe. Impression : Editions de l’Epargne. EdEp 19445.06.2015 ISSN : 2114-2890 Été 2015 19 www.decideursenregion.fr 751
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