100 interdits
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A 2 V 0 R 0 I L 8 N° 16 Sommaire Dossier : 100 interdits ! p.2/3 Livres p.4 Ciné p.5 Musique p.6 Interview : Têtes Raides p.7 La petite histoire : p.8 L'inconnu du mois p.9 Ici et là p.10 Sortie D'Ce Cours interactif p.11 Bons plans p.12 Édito Toi fidèle lecteur de SDCC à qui on interdit de fumer, de boire, de n*q*er (NDLR : ben ouais, les maladies vénériennes !!!), ne ressens-tu pas une envie de révolte, de rébellion qui couve, tandis que se murmure à ton oreille cette chanson de Dutronc : « Fais pas ci fais pas ça ! À dada prout prout cadet ! À cheval sur mon bidet, mets pas ton doigt dans le nez ! » ! Marre qu'on nous prenne pour des gamins, qu'on nous juge irresponsable ... Mince on est adulte après tout (à dire avec une voix fluette de pré-pubère en pleine mue) ! Alors à bas les barrières et sus aux interdits (Bah c'est sale !) Le comité de censure est enfermé dans une malle, les rédacteurs ne supportant plus l'interdit ! Et bizarrement, unilatéralement (bam, deux adverbes !), ils ont décidé de consacrer le dossier au si peu agréable thème de l'interdiction qu'ils ont tant subis. Ô grands martyrs de la presse : nous reprenons notre liberté ... Mince ! Nous v'là reperé ! Fuyons tant qu'il a le dos tourné !!! Nous 100 interdits 2 L’éducation « Sadimentale » Le livre dont il est question n’aurait été vendu que sous le manteau avant 1950… Notre comité de censure SDCC a autorisé, par chance, que l’on traite des débordements de notre cher marquis de Sade et de sa fameuse Philosophie dans le boudoir. Ce livre a été publié en 1795, a été ensuite censuré et il faudra attendre le XXème siècle ainsi que l’appui de certains grands auteurs tels que Flaubert pour qu’il fasse partie de notre bibliothèque et pour que le nom de Sade soit reconnu comme celui d’un philosophe. Le livre se présente sous forme de dialogues et pourrait être considéré comme une véritable pièce de théâtre avec une unité de lieu, de temps et d’action ainsi que des didascalies précises. La langue employée est à la fois très soutenue comme très vulgaire. L’auteur jure et philosophe avec une grande habileté au point de convertir (ou presque) ses lecteurs. Eugénie, jeune fille de 15 ans à peine sortie du couvent vient rendre visite, contre l’accord de sa mère, à Mme de Saint Ange (ne vous fiez pas au nom, par pitié !). Cette dernière a pour projet d’éduquer la jeune fille aux plaisirs de la chair, pour ne pas dire aux vices qu’elle prône sans aucune retenue. Pour ce faire, elle demande de l’aide à un certain Dolmancé, l’une des plus grandes pointures en matière de libertinage qui au fil de la pièce nous présentera sa philosophie, de la théorie jusqu’à la pratique. Il ne s’agit pas uniquement de littérature érotique mais également de réflexions sensées et fondées pour la plupart sur la Nature. Dolmancé incarne un professeur débauché qui instruit son élève avec ses propres convictions. Mme de Saint Ange, sa charmante assistante est là pour guider et rassurer cette étudiante novice qui se laisse facilement convaincre par les principes libertins. La religion, les mœurs sont des sujets qui servent de pilier au philosophe pour démolir la vertu et faire accepter le vice. Néanmoins, Sade est dans l’excès et même si dans un premier temps, son analyse peut paraître plausible, elle présente alors quelques failles et des nonsens lorsqu’on achève le livre. La liberté est le mot clé de cette œuvre mais de cette liberté extrême, il en résulte l’esclavage, l’esclavage de l’homme pour cette Nature que le marquis de Sade aborde à plusieurs reprises.Ceci dit, à l’issue de cet ouvrage, le libertinage n’aura plus de secrets pour vous… Libre à vous d’adhérer, d’adapter ou peut être même de rejeter ce mode de pensée mais soyez lecteurs avisés et ne passez pas la préface de ce livre qui vous est exclusivement adressée. B.B Verbieten ! запрещать Il aurait fallu interdire ... Traumatisé! Ah si ! Je pèse mes mots : traumatisés, tels sont ceux qui comme moi, un jour ont entendu les 2 Be 3 ! Que dire des paroles… à part que des fois vaut mieux se taire ! Que dire de cette déjection sonore… aussi agréable à écouter que le son du violon désaccordé que tente de produire ma voisine ! Que dire du groupe en lui même à part que c’est à cause de ce genre de représentation de la gente masculine, qu’une génération opprimée de garçons doit subir la tyrannie des « biscotos » et « abdos » Vous l’aurez dons compris interdire les 2 Be 3 et proposer la destruction de leurs CD’s aurait été à mon avis salutaire, entre autre pour le repos de nos oreilles, Amen ! Ryo Parlons d'interdit A mon sens, nous devrions interdire... les convenances. Toutes ces formules de politesse qui polluent nos relations humaines, j'en ai plus qu'assez ! Nous sommes face, chers amis, à une démesure évidente de la politesse. Prenons-en conscience. Il faut s’insurger, j'ose dire : zut alors où allons-nous ? Je vous le demande ! Alors, certes il ne faut pas heurter la sensibilité de certains. Mais bon sang où est passé la liberté d'expression ? Si vous êtes un grand dadais, il est temps que quelqu'un vous fasse la remarque. Vous le serez déjà nettement moins ayant appris la nouvelle. Un peu plus de clarté, de franchise ne ferait de mal à personne. Grand dieu, la forme ne devrait jamais prendre le dessus sur le fond ! Hier encore j’osai dire à Charles-Antoine que son col de chemise était mal repassé, nous avons pris les mesures nécessaires en renvoyant la bonne responsable de ce travail de sagouin, une autre a repris la tâche et tout le monde était ravis! (En raison de ses propos subversifs, la baronne de *** a préféré garder l'anonymat.) Propos recueillis par CM Il faudrait interdire .... Puisque le comité de censure a pris le pouvoir au sein de la feuille de choux que tu tiens et qu’il a décidé de célébrer les 40 ans de mai 68 en abordant le thème de l’interdit, je me suis vu contraint et forcer d’obéir. Il convient donc d’interdire : les chansons des Musclés, les vieux de plus de 80ans, Marc Olivier Fogiel, la bourrée, Bernard Menez, les haricots verts, les présentateurs météo, les pièces de 1 centime, les gaines, les cons, la Tecktonik, la géographie, les horoscopes, le retour de Sex Pistols, le rap, la biographie de Loana, les chansons de Gilbert Montagné, Eric et Ramzy, les tripes, les bals musettes ... Semperfi Les vrais dégénérés QUI ont interdit les faux En 1937, à Munich, est organisée une exposition présentant l’Entartete Kunst, en français l’Art Dégénéré. Qu’est-ce que c’est ? Ce sont des peintures, des toiles que l’on range maintenant dans l’art dit classique : l’Expressionnisme, le Cubisme, le Fauvisme et autres. Tous ces mouvements artistiques qui ont révolutionné la peinture au début du XXème siècle se sont attirés les foudres du régime nazi. Les dirigeants, dans leur fanatisme pour la race pure, prônaient un art d’un banal affligeant et complètement aliénant (avec des blonds partout) : l’art héroïque. A Munich, les toiles d’art moderne étaient au milieu de dessins d’enfants ou d’handicapés mentaux, pour montrer au public le manque d’intérêt et le côté malsain de cet art nouveau. Des légendes moqueuses accompagnaient les tableaux pour influencer les visiteurs. Et comme Goebbels, le ministre de la propagande, l’avait souhaité, l’exposition a été un succès. Eh oui, ce n’est pas un ministre de la culture qui s’en occupait, c’était Goebbels. Et l’on devine pourquoi. Les nazis se préoccupaient bien peu de l’art, ils n’y voyaient qu’un moyen de briser une éventuelle révolte et/ou un regain de conscience en empêchant l’expression artistique. Pour Hitler, l’art devait représenter le peuple, non pas un mouvement, ou une époque, mais l’éternité de la race allemande. Le monde devait être stable, nettoyé de tous ses vices, et rester ainsi pour toujours : Nous, nous voulons un art allemand à valeur éternelle. Depuis 1933, un comité de censure, bien qu’il ne l’aient pas évidemment pas nommé ainsi mais Chambre de la Culture (ça sonne mieux, forcement), était obligatoire pour tous les artistes, et celui d’entre eux qui sortait du moule subissait la censure de ses œuvres. Parmi eux : Otto Dix, Paul Klee ou Ernst Ludwig Kirchner. Les peintres allemands ne furent pas les seuls à en être victimes, de nombreux artistes étrangers furent interdits et dénigrés : Van Gogh, Picasso et Gauguin notamment. Pour n’en citer que quelques uns… Au final, ce fut presque 5000 toiles qui furent brûlées. Le premier autodafé eu lieu à Berlin en 1933 et d’autres suivirent jusqu’à la veille de la guerre. Pendant ces six ans, la vague s’élargit et toucha plus de domaines. La musique (Bartok, Schönberg), la littérature (Brecht, Freud, Marx, Remarque, Zweig) et le cinéma (Fritz Lang) payèrent aussi le prix de leur inventivité. Finalement, ce massacre cessa avec la guerre et la victoire des alliés. Malheureusement encore aujourd’hui, des autodafés ont lieu et toutes les œuvres d’arts ne sont pas permises partout. Lou 3 La règle de l'interdit A la fin de la seconde guerre mondiale, quatre hauts dignitaires de la République fasciste de Salo, font capturer un groupe de neuf jeunes hommes et neuf jeunes filles, s'emparent de leurs existences en les faisant passer pour morts puis les enferment dans un palais. Epaulés par un groupe armé, ils vont les soumettre et les instrumentaliser totalement, afin de satisfaire leurs propres perversions. Ces dernières font l'objet d'une véritable mise en scène : pour chaque type de dégradation, une conteusemaquerelle fait le récit de ses expériences afin de stimuler l'imagination des tortionnaires et de susciter leur désir. Dans le palais, ne règne qu'une seule loi : celle de dominant à dominé. Toutes les règles se tissent autour de ce rapport. Tout ordre moral, religieux, humain est soit effacé soit parodié. Les quatre maîtres s'octroient tous les droits sur les corps et les âmes de ceux qui sont devenus leur esclaves, dans une suite de supplices qui mêlent à une cruauté croissante, un raffinement de plus en plus recherché. Pier Paolo Pasolini, l'un des plus grands réalisateurs de l'histoire du cinéma, signe avec Salo et les 120 journées de Sodome son dernier film. Il meurt assassiné quelques jours plus tard sur la plage d'Ostie dans des circonstances obscures et violentes. La brutalité de sa mort nous renvoie implicitement à l'atmosphère de son ultime oeuvre cinématographique, extrêmement dure et choquante mais extrêmement riche également d'un point de vue artistique et philosophique. Salo est un film qui ne se laisse pas regarder pas mais qui se ressent, chaque image est une épreuve, provoquant viscéralement dégoût et fascination. La première impression est physique, on ressort de ces visions véritablement sonné, puis la réflexion reprend peu à peu ses droits, tant le film lui ouvre de pistes, lui offre d'accroches concernant les questions de domination, d'humanité, de civilisation, de morale, de « mal radical »... On sait que ces images nous accompagneront longtemps. En adaptant le roman de Sade, les 120 journées de Sodome, dans le contexte de l'italie fasciste, Pasolini donne un second souffle aux évènements, un cadre plus réaliste que celui de l'oeuvre littéraire et ce n'est certainement pas son caractère le moins déstabilisant. EF Il faudrait interdire .... Les lundis matins, ces moments où le réveil nous hurle dans l'oreille qu'il faut se lever, que les animateurs radios débilitants parlent d'une belle et grande nouvelle semaine qui démarre, à mener dans la joie et la bonne humeur ! Mais m**** ! Laissez moi dormir ! Korgon Il faudrait interdire .... Les faux semblants, les sourires en coin, l’hypocrisie ... Bref on devrait interdire toutes les choses qui nous empêchent d’exister comme des individus vrais et authentiques. Halte aux compromissions et aux discours à double sens des arrivistes et des prétentieux qui se multiplient de nos jours à une vitesse exponentielle. Interdisons les obstacles pour une liberté absolue et sans fioriture. EL J'aime les interdits! Mais y'a des limites... J'aime ce vent qui te pousse à commettre des erreurs, mais de bonnes ! Celles qui manquent dans une vie bien rangée, celles qui pimentent la langue quand tu les fais! Sinon, à interdire, ben les albums de Cat Power, les prochains de Bloc Party, et pleins d'autres trucs inutiles! Un homme. Il faudrait interdire .... Ces p****** de clowns. Depuis toujours je les déteste parce qu’ils sont l’antithèse parfaite de l’humour et de la drôlerie et qu’ils prétendent le contraire ce qui les rend pathétiques. Parce que Stephen King a écrit Ça et qu’il a bien eu raison : les clowns sont un cauchemar vivant avec leurs fringues de mauvais goût, leurs chaussures pointure 56 et leurs maquillages outranciers. Alors fuyez grands et petits quand approche un de ces vils guignols aux nez rouges qui veulent absolument entarter la moitié de l’humanité. Anne de Beaumont 禁じる Prohibir ! Envers et contre tous… L’histoire de Sula est celle d’une femme qui a refusé les interdictions et les compromissions, tout se déroule dans l’Amérique profonde de 1919 à 1965, ultra raciste et ségrégationniste. Le Fond est un quartier réservé aux noirs dans la charmante et paisible ville de Medallion dans l’Ohio, où « les Noirs peuplaient les hauteurs environnantes, puisant une maigre consolation dans le fait de pouvoir chaque jour littéralement regarder les Blancs de haut ». Deux petites filles vivent là, elles sont amies et passent les longues journées d’été à jouer, à rêver, à inventer un univers qui n’appartient qu’elles seules. Elles sont liées par leur couleur, leur âge et un même secret qui est le point de départ de leur progressive et certaine dissension. Sula Peace devient La Scandaleuse du Fond, suivant ses désirs et son bon vouloir, téméraire et vive elle inspire très tôt la crainte de ses voisins notamment à cause d’une étrange tâche de naissance au dessus de son œil qui ressemble à une rose noire. Son amie de toujours Nel est d’un caractère calme, soumis et dévoué, éduqué par sa mère dans la foi la plus strict. Ces deux femmes évoluent dans un monde de Blancs où tout leur est interdit à commencer par exister, pire que d’être noir, être un femme noire….les interdictions s’en trouvent démultiplier. Nel l’obéissante se conforme aux règles de la communauté et se marie avec un homme qu’elle aime modérément, tandis que Sula prend sa vie en main et décide de quitter Médallion. Le portrait de ces deux personnages est un témoignage unique d’une époque où pour certaines personnes les murs s’élevaient sans fin vers l’infini, où le quotidien était une lutte pour la dignité. Toni Morrison, de son vrai nom Chloe Anthony Wofford, nous offre un roman complexe avec une temporalité déconstruite et des personnages abondants souvent hauts en couleur (comme l’étrange fondateur du National Suicide Day !) ce qui peut rendre l’histoire au premier abord difficile d’accès. Sula -publié en 1973- comme la majorité des œuvres de Toni Morrison est un hymne à la force et à la volonté de la femme noire américaine qui lutte et a toujours lutté pour exister. Son style rythmé, complexe, poignant et narratif ont fait mouche auprès de l’Académie de Stockholm qui lui décerne en 1993 le prix Nobel de littérature, seule Afro-américaine a avoir reçu pareil distinction ; et elle reçoit également le prix Pulitzer en 1988 pour son roman cultissime Beloved. Bien que complexe, Sula peut être résumé par un mot « Magistral! ». EL Livres Marilyn dernières séances de Michel Schneider 4 La nuit de l'oracle de Paul Auster -Roman français sur l’Amérique des années 1960 -L’intérieur d’une icône Cette femme est connue du monde entier, aujourd’hui encore et plus que jamais on retrouve son image partout : Marilyn Monroe. Cet ouvrage ne vient pas s’ajouter aux nombreuses biographies qui existent sur la star, c’est un roman qui relate l’histoire d’un couple qui fut mythique dans cette Amérique des années 1960, un couple hors du commun celui du psy Ralph Greenson de son vrai nom Roméo Greenschpoon et de la plus célèbre actrice du monde. Michel Schneider emmène le lecteur explorer les deux dernières années de la vie de Marilyn à travers cette psychanalyse si particulière de janvier 1960 au 4 août 1962. Ralph Greenson est à cette époque un psy influent et réputé de tout Hollywood, il est freudien, mais au cours de cette psychanalyse, il va prendre le contre pied de ses méthodes habituelles, invitant sa patiente chez lui, la voyant tous les jours plusieurs heures durant et devenant presque sa mère de substitution. Il va tout décider de la vie de Marilyn, négociant ses cachets, et allant jusqu’à superviser les cadrages et les scripts. Au cours de ce roman, le lecteur voit se créer cette dépendance entre le psy et sa patiente, chacun ayant besoin de l’autre. Alors arrive la fin et tout le monde se demande si cette histoire ne les a pas tué tous les deux, on ne sait pas. On voit dans ce roman une Marilyn usée, paradoxale, qui va donner son corps à celui qui le veut, pour qui les photos servent à rassurer, qui semble forte mais qui est rongée par la douleur, la tristesse et le mal de vivre, une femme intelligente souvent considérée comme seulement un corps. C’est un roman captivant où les personnages sont vrais et leurs propos tirés de notes, récits, dictées, lettres ou entretiens. Roman passionnant où on découvre la douleur d’une femme, sa vie et le monde qui l’entoure. Roman triste car personne ne connaît une fin heureuse, ils se sont cherchés et ne se sont pas trouvés, elle meurt trop tôt et laisse derrière elle un Ralph Greenson désoeuvré. Michel Schneider ne tient pas à donner son avis sur la mort de Marilyn, il présente les faits et tout ce qui l’a intéressé et qui nous intéresse, c’est cette histoire d’amour improbable. La blonde Lupin Mourir à 10 ans De Claude Couderc - Recueil - Le suicide des jeunes Mourir à 10 ans est un petit livre composé de deux parties. Il est en effet composé tout d’abord, de dix récits, et ensuite d’un écrit du Professeur Mazet, s’intitulant La tentation du suicide. Ils ont dix, treize, quinze ou dix-sept ans. Ils ont voulu mourir, certains ont réussi. D’autres récidiveront. Tous ont cru que la mort était la seule issue à leur mal de vivre ! Dans notre société, le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les jeunes de moins de 25 ans. Au-delà de la stupéfaction, de la douleur, des questions obsédantes : Pourquoi ? Comment déceler l’infime moment où tout peut basculer ? Comment redonner espoir et confiance à l’enfant ou à l’adolescent qui a accompli ce geste terrible ? C’est là que ce livre prend toute son importance. Il apporte en effet quelques réponses. En suivant les itinéraires douloureux de dix enfants, dans l’exposé du professeur Mazet, dans les mots simples de Loïc qui, après la mort de Kevin, son petit frère âgé de dix ans, s’écrie : « La tête d’un enfant, c’est tellement petit qu’une parole suffit pour vraiment tout casser à l’intérieur. C’est fragile un enfant » … Ce livre, malgré sa petite taille, nous montre que la famille d’une personne qui a accompli ce geste peut réagir différemment. Certaines sont dans le déni le plus total, ou elles culpabilisent. Toutes en tout cas se sentent coupable car elles n’ont rien vu dans le comportement du jeune. Elles sont complètement démunies puisque personne ne s’attend à ce que son enfant commette cet acte terrible pour tout le monde. C’est vrai que cela ne fais pas partie de notre pensée lorsque l’on se met à imaginer la vie de nos proches. Mais pourtant il faut y penser ! Toutes les histoires qui sont présentées dans ce livre sont assez touchantes. Elles touchent cette partie de nous qui fais que l’on éprouve de la peine pour la mort d’un enfant même si on ne le connaît pas. Puisque la mort d’un enfant est le pire obstacle qu’une famille ait à affronter ! Il est vrai que la famille souffre de cet acte, mais la personne qui le commet ne souhaite pas faire souffrir ses proches, mais veut être bien et ne plus souffrir. Même si pour cela, elle doit mourir. Je conseille ce livre à toutes les personnes qui ont été en contact avec une personne qui s’est suicidée. Mais aussi à tous ceux qui ont pensé à se suicider, et il y en a plus qu’on ne le croit. Personne n’est à « l’abri », puisque nous ne savons pas ce que l’avenir nous réserve !!! Nicolas M. - Puissance narrative et intrigue transcendante... - Plongée dans les obsessions de l'écrivain Sidney, écrivain, sort d'une longue maladie qui l'a cloîtré de longs mois à l'hôpital. Il n'a plus écrit depuis très longtemps, se sent comme vidé de l'inspiration, et pire encore de l'envie d'écrire. Il essaye de reprendre goût à la vie par de longues promenades dans les rues de New-York. Lors d'une de ses sorties quotidiennes, il découvre un petit magasin qui attire tout de suite son regard. Le genre de petite boutique coincée parmi d'autres mais qui, par un charme quasi magique, nous pousse à y entrer. C'est une papeterie tenue par un certain Chang. Sidney y trouve ce qui va bouleverser sa vie: un petit carnet bleu. De retour chez lui, il commence à réécrire jusqu'à épuisement, les idées lui viennent instantanément. Son point de départ : Nick, directeur littéraire dans une maison d'édition new-yorkaise, vit paisiblement avec sa femme Eva lorsqu'un soir, allant porter une lettre, il manque d'être écrasé par la chute d'une gargouille qui s'est détachée d'une façade. Frôlant de peu la mort, Nick décide que sa vie ne sera jamais plus la même. « Je suis le type qui a été frappé par la foudre, rappelez-vous. Je suis mort et, quoi que j'aie pu être avant, ça n'a pas d'importance. La seule chose qui compte, c'est maintenant. » Nick plaque tout, femme et travail, sans une explication, ni même un au revoir, et décide de partir loin pour tout recommencer. Sid, l'écrivain, le père de cette histoire, n'est plus le même depuis qu'il a commencé ce récit dans le banal (ou presque) petit carnet bleu. Malgré les avertissements d'un ami, malgré la tension, les secrets que sa femme Grace a pour lui, Sidney n'a plus qu'une obsession : écrire. Écrire comme il n'a jamais écrit, jusqu'à l'épuisement. Ce roman de Paul Auster, La nuit de l'oracle, marqué par de fascinantes mises en abyme de l'art de l'écriture, est un récit passionnant, voire envoûtant. Et quoi de plus intrigant pour quelqu'un qui « essaie » d'écrire que de se plonger dans la passion, les tumultes, les obsessions de cet art si particulier. ML 5 Cinéma Soyez sympas rembobinez (Be Kind Rewind) de Michel Gondry - Ciné Jazzy Après Human Nature, Eternal Sunshine et la Science des Rêves, Michel Gondry, le plus atypique, brillant et américain des réalisateurs français nous revient avec un nouveau long métrage, qui regorge d’inventivité, Soyez sympas rembobinez (Be Kind Rewind en V.O., c’est quand même plus classe). L’histoire tourne autour d’un vidéo-club « old-school » d’une petite ville du New Jersey, Passaïc, où travaille Mike (Mos Def). Ne proposant que des VHS (vous savez c’est cet ancien standard de la vidéo, ces grosses cassettes qui passaient dans nos vieux magnétoscopes), à l’âge du DVD, l’enseigne court tout droit au dépôt de bilan et le bâtiment est menacé de démolition par la Mairie. Et comme si la situation n’était pas déjà assez catastrophique, après un sabotage raté d’une centrale électrique, Jerry (Jack Black), le meilleur ami déluré de Mike, devenu aimanté, efface sans le vouloir toutes les bandes des VHS du magasin. Pour remédier à la situation et satisfaire les rares clients qui font encore tourner la boutique, les deux amis décident de réaliser leur propre version des films perdus. Contre toute attente leurs petits films « fait maison » rencontrent un véritable succès ! Pour désigner ces « remakes » de films réalisés par des amateurs avec de petits moyens, Gondry utilise le terme « sweded » ou « suédé » , mot insensé inventé pour l’occasion. Précisons que ce résumé ne dresse que les grandes lignes du film. L’intrigue est moins simple et naïve qu’il n’y paraît. Le film ne tourne pas seulement autour d’une succession de sketchs mettant en scène le tournage des différents « remakes » (on vous laisse la surprise des films « suédés »). C’est un véritable hymne au cinéma et à la solidarité, un éloge de la vie communautaire et des mérites du fait main. Soyez sympas rembobinez loin d’être le meilleur film du réalisateur est néanmoins son œuvre la plus accessible, personnelle et émouvante. Gondry y réalise un travail de mise en abyme de son cinéma fait de bric à brac et d’idées décalées. L’aspect bricolé et les trouvailles visuelles du réalisateur participent ici à donner une dimension burlesque follement originale à l’ensemble. En outre, cet aspect est renforcé par un duo d’acteurs magistral, digne des grands couples de l’age d’or de la comédie hollywoodienne, dégageant une énergie communicative. Jack Black se déchaîne dans un rôle qui lui va à merveille. Mos Def, calme et profond, en constitue le contrepoids idéal. Sur fond de jazz, blues, soul, cette fable humaniste et utopique nous fait passer un exellent moment de cinéma. Alors, c’est sans originalité que je vous dirais « Soyez sympas, allez-y ! » NG. Festen de Thomas Vinterberg - Dîner pas très festif Ahh le Danemark ! On en parle jamais mais il s’y passe des choses tout de même !! Notamment au niveau cinématographique. Et Monsieur Thomas Vinterberg, en particulier, petit prodige du grand écran, nous livre avec Festen l’aboutissement de son talent de réalisateur, talent déjà récompensé d’un prix du public en 1993 au festival du court-métrage de notre bonne vieille ville de Clermont-Ferrand pour Le garçon qui marchait à reculons. Il faut avoir le cœur bien accroché pour se plonger Festen, parce qu’il traite de l’horreur. Cruelle banalité qui à l’heure actuelle choque sans choquer. Car ce film nous ramène à la lourde réalité de l’inceste : le secret qui pèse sur les victimes souhaitant innocemment préserver leur famille. Un secret difficile à porter, à cacher, et à révéler surtout lorsque l’omission n’est plus de mise. Un choc : le suicide d’une sœur tant aimée qui a subi le même supplice, et dont il se sentait si proche, et les souvenirs du personnage principal (Christian) remontent à la surface. Le désir de vengeance n’est pas perceptible, il y a juste volonté de faire savoir sa douleur en affrontant l’ennemi si familier pendant le « festin » qui s’organise pour les 60 ans du papa admiré de tous. Tout un attroupement de bourgeois bien intentionnés autour du patriarche. La scène est placée. Et là, la révélation. Des mots d’enfants émanant du corps d’un adulte meurtri. Quoiqu’il en soit le trouble-festin se fait copieusement insulter, et renvoyer du manoir où toute la petite famille s’était réunie, sous prétexte d’une folie passagère due au traumatisme de la mort de sa sœur. On assiste ainsi à une mise à tabac en règle de la part du frangin (Mickaël, Thomas Bo Larsen), tellement frustré de sa misérable existence qu’il s’en prend à celui qui lui projette ses échecs en pleine figure. C’est à ce moment là que nous commençons à bouillir, à avoir envie d’intervenir, tellement le rythme de la mise en scène essouffle et que la rage exprimée par l’acteur (Ulrich Thomsen, extrêmement talentueux) est communicative. Face à une telle détermination, la famille commence alors à se poser des questions sur l’impossible éventualité, après avoir souffert d’une léthargie collective. Une rumeur sourde, un vent de malaise se dégage et refroidit le sang. Le bourreau nie les faits, mais on sent malgré tout les fantômes de la culpabilité rôder autour de lui. Et puis, le dénouement final, un semblant de dignité autour du petit déjeuner, mais pas d’excuses « officielles » envers Christian. Tout le monde sait, mais plus personne ne dira jamais rien, parce que la fierté familiale perdure. Un silence qui en dit long. Le bourreau est alors devenu victime, victime de sa proche lâcheté. Un film à voir absolument, car on en ressort pas indemne. Mimifourmi Attention : série choc ! Canal + avait gratifié ses abonnés d'un petit bijou dernièrement : Jekyll ! Le mythe crée par Stevenson du docteur « Hyde » Jackman et de son double psychopate au caractère bestial. Une série de 6 épisodes (court mais bon !) porté par le magnifique jeu d'acteur de James Nesbitt et son look ... ravageur ! A trouver sur le web lecteur adoré ! Korgon Cavalcade de Steve Suissa - Drame comique Adaptation du roman autobiographique de Bruno de Stabenrath (éditions Robert Laffont). Un film touchant sur la vie de ce jet-setter branché, entouré d'amour et d'argent. Léo a tout mais n’en prend vraiment conscience qu’après l'accident qui aurait pu lui coûter la vie mais qui finalement ne lui coûtera « que » ses jambes. Il devra d’abord accepter ce corps qui lui est étranger pour lentement se réadapter à son ancienne existence. Le soutien et l’aide de ses proches lui seront indispensables. Chacun contribue à sa manière à sa réintégration, le frère s’occupe de la paperasse tandis qu’une amie (jouée par une Axelle Laffont pétillante et attachante) s’inquiète de la reprise de sa vie sexuelle. On découvre la surprenante solidarité jet-setienne et le lourd quotidien d’un paraplégique, toujours avec dérision, pudeur, respect. Un sujet grave traité avec émotion mais sans sensiblerie. Un drame qui rend heureux, une tragédie qui vous met de bonne humeur. C’est une rééducation au bonheur du spectateur. Une fois les remords, les reproches mis de côté, Léo accepte le bonheur qui s’offre à lui. Certainement même encore plus sur ses roues qu’autrefois sur ses jambes. C’est un film qui vous motive à prendre les escaliers plutôt que l’ascenseur et à prendre conscience du bonheur que c’est que d’avoir mal aux cuisses et d’être essoufflé après s’être tapé les six étages de votre immeuble ! Mais même pas seulement du bonheur d'être valide pour ceux qui le sont, surtout du bonheur d'être en vie, d'être là. Un bonheur que tout le monde peut avoir, il suffit d'en prendre conscience. Le scénario est joliment servi par une équipe d’acteurs sympathiques et justes, très souvent inattendus. Avec dans le rôle titre, Titoff, que l'on connaît plus pour ses one-man shows, que l’on apprécie ou pas mais qu'on oublie en tous cas grâce à sa performance d’acteur. Il est tout simplement le personnage. On peut aussi se réjouir de voir défiler de nombreux « guests » comme la récemment oscarisée Marion Cotillard ou encore le rauque Richard Bohringer dans un rôle de médecin tout aussi éraillé. Une belle démonstration de l’humanité de notre espèce. CM Musique Melting-pot musical Amour toujours Par ici les oreilles !! Attardez-vous quelques instants sur mes mots pour en savoir un peu plus sur ma découverte musicale du moment, même si je pense ne pas vous apprendre grand chose, étant donné que ce petit bout d’bonhomme passe désormais on the radio. Justin Nozuka : né à New-York d’un père japonais et d’une mère américaine, il part vivre à Toronto à l’âge de huit ans. Elevé dans une famille de sept enfants tous musicos, à douze ans, il se met à la guitare et à quatorze, il commence à composer et écrire certaines chansons comme « Supposed to grow old », incluse dans l’album Holly (du nom de sa maman : c’est zoli !!) que je vous présente ici. Mélodies simples, mais efficaces, de bons musiciens derrière. Surtout une maturité surprenante dans les textes. Comme « Save him » sur le grave sujet de la violence conjugale. Sans juger, il nous chante juste le désenchantement amoureux, de manière tellement vraie. Tous les styles se confondent : blues, pop, folk, pour donner un savoureux mélange saupoudré d’une voix à tomber à la renverse (attention les filles vous faîtes pas trop mal !!), et d’une souplesse digne d’un chanteur de soul (écouter « Be back soon »). A chaque chanson son univers, mais quand même beaucoup d’amour et on ne va pas s’en plaindre !! « After tonigh » donne envie de partir au bord de la mer, de s’asseoir autour d’un feu et de l’écouter jouer d’la gratte en claquant des doigts, si si j’vous jure !! Chose étrange, quand on regarde le clip, on s’aperçoit qu’il est assis autour d’un feu en compagnie d’amis et qu’il chante !! Petit morceau dédié à sa môman (« Oh Momma », il le fallait bien, il est encore tout bébé puisqu’il a tout juste 20 ans !) Pour le contrarier, on écoutera aussi la chanson cachée : « Don’t listen to a word you’ve heard », un petit bijou. Je vous laisse aussi l’apprécier sur Youtube avec sa reprise de « Sitting on the dock of the bay », et pour pas trop me mouiller, je dirais que c’est aussi bien que l’original !!! Ah et pis si vous l’avez râté au mois de novembre à Paris (non non ne culpabilisez pas, moi non plus j’y étais pas !), séance de rattrapage le 15 avril à Lyon (et là ce coup-ci j’y serai !!). Bien à vous. Holly (Outcast Records) www.myspace.com/justinnozuka Mimifourmi 6 The re -Turn of the folk Country folk beau gosse Si tu aimes la danse en ligne, le banjo, les santiags et les clichés à 2€, cet album … n’est pas pour toi. De la country, de la folk ; ça sonne très Texas, cow-boys et rodéo tout ça. No way, que nenni cher lecteur ! Frank Turner est un beau gosse arrivé tout droit du pays de la marmelade et des petits pois à la menthe. Avec dans ses bagages une voix suave et légèrement éraillée, un style qui lui est propre, des mélodies qui accrochent le cœur et des paroles qui percutent l’esprit, Frank Turner nous emmène dans un autre monde, tout aussi réaliste que le nôtre, pauvres terriens, mais Ô combien plus poétique. Après avoir officié en tant que guitariste-chanteur au sein du groupe punk rock Million Dead, le front-man Turner s’offre une escapade folk en solo. Et s’il clame haut et fort dans une de ses chansons que le punk rock lui a sauvé la vie, la country folk est alors une renaissance, tellement on le sent dans son élément, accompagné de sa guitare. Et pas besoin de gros ceinturon à tête d’aigle et de peau de bête devant la cheminée (quoique, personnellement je ne refuserai pas) pour être viril et tenir tête aux grands virtuoses du banjo et du rocking chair. A travers 13 titres, il nous raconte avec humour sa vie de fêtard qui a du mal à se remettre (vous savez, les dimanche matins où l’on se réveille sans savoir où on est), il nous parle de ses amis (vous savez, ceux qui nourrissent de grandes ambitions mais qui finalement restent des gens dans la norme), de ses amours (vous savez, celles qui font qu’on apprend à jouer de la guitare et qu’on écrit des tas de chansons mielleuses), de son ancienne vie engagée (vous savez, ces journées à crier dans les rues pour un plus de ci, moins de çà alors qu’il est clair que le gouvernement fait la sourde oreille). Il nous décrit aussi les Londoniennes (vous savez, celles qu’on aperçoit vite fait et qui repartent à jamais, comme un été en Angleterre). Maintenant, tu n’as plus d’excuse, cher lecteur. Tu as sous les yeux une infime partie de la traduction des textes si accrocheurs de Frank Turner. Je ne veux pas entendre de « Je ne comprends rien à ce qu’il raconte, je comprends pas l’anglais, l’anglais c’est nul, et pourquoi d’abord tout le monde y parlerait pas français, à la place ? … ». Un peu d’ouverture d’esprit, que diable ! En bref, un article bourré de clichés certes, mais un artiste (plutôt mignon, rappelons-le car ce n’est pas négligeable) bourré de talent, très certainement. A suivre donc, et suivre de près la sortie de son nouvel album LOVE IRE & SONG. Sleep is for the Week (Xtra Miles Recordings) www.myspace.com/frankturner Kay Tom is on your back now. Une nuit noire, noire comme un gasoil bon marché qui colle aux pattes quand on s’y trempe. Une nuit de poudre mauve, verdâtre par moment, couleur d’une vase spongieuse mais qui, comme un bain moussant, délasse. Il y a là quelques prostituées en mal de vicelards qui gèlent sur le trottoir de cette ville sale, tellement sale. Nous sommes dans le quartier le plus pourri du monde, où tout le monde parle la même langue, celle de la crasse, de la saleté la plus collante. Une qui vous tient même parfumé, et vingt années plus tard. Tout est si dérangeant que plus rien ne l’est, que tout est acceptable et que notre homme prend corps. Il est un corps endolori par le temps mais toujours aussi râleur. Sa voix est plus celle à la fois d’une cartouche de clope et d’une caisse de vieux bourbon que la sienne. Elle a disparu en même temps que toute harmonie. C’est l’histoire d’un homme qui peut prétendre avoir vécu là, parmi nous, dans le monde. Mais qui surtout, a tout connu. Un poète chantant non la misère, mais la vie. Violente et cruelle, elle peut aussi se teinter de pastels parfois. Une cuve à ciel ouvert, un caveau supportable. Ou pas. Une scène où tout est rôle et où tout change constamment. C’est pour cela qu’il créé, sans s’arrêter, des fois qu’il ne puisse plus reprendre, qu’il essaie, qu’il s’essaie à tout ce qui le touche. Il marche, indolent, et voit les infos, la rue, les putes, son passé, cette jeune femme, ce chien… Tient il pleut. Et il écrit, il réécrit. Ce qu’il se passe et qui semble devoir tenir bon, qui doit rester dans les esprits, il le dénote. Et il le chante. La rage et le chaos, comme les douleurs et l’amour. Il chante, pas pour manger, mais parce qu’il y a ce je ne sais quoi en lui qui lui susurre de continuer. Inlassablement il continuera, et tant qu’il lui restera des forces, il les forcera. Et généreux, les partagera. C’est l’histoire d’un génie qui n’a plus rien à prouver depuis longtemps et qui continue à le faire pourtant. C’est l’histoire d’un jeune homme dans la force de l’age qui se détruit dans les excès, et à la fois d’un vieil homme qui encore aujourd’hui ne veut rien lâcher. C’est ce qu’est Tom Waits. Un homme qui parle, chante, et hurle. Parce qu’il est vivant. Je ne peux rien dire de plus sur Orphans, son dernier volume (car c’est plus que de la musique). Avis aux âmes sensibles de s’abstenir. Pour les autres, sachez juste ne jamais vous arrêter, car lui ne s’arrêtera pas là. Et peu importe que la musique fasse profit, car la poésie fait vie. The Orphans Tour www.myspace.com/tomwaits Un homme. Interview : les Têtes Raides 7 Une interview, c’est jamais facile, et là pour ne rien te cacher lecteur adoré, ça n’a pas été tout rose. Mais il en ressort une expérience appréciable, et des réponses très intéressantes. Un entretien qui se fit au son des voitures derrière la Coopé, interdiction de fumer à l’intérieur oblige, car après quelques heures de balance, Christian Olivier, chanteur et poète des Têtes Raides avait envie de s'oxigéner un brin. Un bon moment passé réellement entre amis ! SDCC : Ça vous emmerde pas trop de jouer à Clermont ? C'est une question rituelle. C'est parce qu'on a parfois un peu l'impression d'être perdus au milieu de nulle part ici. Christian Olivier : Ben non pourquoi ? Pour nous tu sais y'a pas de « perdu », on fait de la musique pour tout le monde donc que ce soit à Clermont, à Montpellier, à Lille ou à Brest, y'a des gens et nous on fait de la musique pour eux. En plus on a déjà fait des concerts à Clermont et en général ça s'est plutôt bien passé. SDCC : Un mot pour décrire chacun des Têtes Raides ? CO : Un mot pour décrire chacun des Têtes Raides ? Je commence par lequel ? Un mot pour décrire chacun des Têtes Raides ? (Il soupire devant l'ampleur de la tâche). SDCC : Vous avez pas des surnoms entre vous par exemple ? CO : Ben Iso. Le saxophoniste, c'est Iso. SDCC : Et pourquoi « Iso » ? (re soupir) C'est trop loin ? CO : Oui c'est loin et puis surtout c'est des conneries tu vois alors bon. Enfin bon pour répondre à cette question, faudrait que tu passes une demi-heure dans le camion avec nous et puis tu verrais (rires). Pour décrire les Têtes Raides, c'est que déjà il y a des individus assez différents dans notre groupe, c'est ça l'intérêt de ce collectif c'est qu'on est tous des individualités très fortes et y'a en même temps quelque chose qui converge au moment où on est en train de faire de la musique. SDCC : Comment est-ce que vous composez ? Vos textes sont travaillés, il y a une vraie poésie, est-ce que vous les écrivez avant de les mettre en musique ou est-ce que c'est la musique qui inspire vos textes ? CO : En général ça part plutôt du texte. C'est moi qui écris, très vite je mets une mélodie dessus quand même, au bout des quelques phrases déjà je commence à chanter, avec un petit dictaphone comme ça (il désigne le nôtre). Et puis après ça avance au fur et à mesure comme ça mais ça démarre plutôt par les mots en fait. Quand j'arrive, y'a la mélodie du chant, et puis après on met ça dans la marmite et tout le monde compose. SDCC : Oui parce qu'il y a des grands passages musicaux quand même. CO : Oui y'a les arrangements aussi. Au début c'est super libre, on bosse chacun de notre côté, on part un peu dans tous les sens, ensuite chacun essaie des trucs comme ça, et puis on commence à nettoyer, à choisir les ambiances, à choisir les couleurs. SDCC : J'ai lu quelque part que vous aimiez les poètes surréalistes. Lesquels en particulier ? CO : Entre autres. Ben y'en a plein. On en a mis en musique et on en lit beaucoup. Ben toute la bande là : Desnos, Poe, Michaux, Artaud et d'autres ! Dans pratiquement tous les albums on a mis des auteurs en musique. SDCC : Comme dans « Tomber des Nues ». CO : Oui ça c'est la plus connue, c'est Desnos. Sur notre dernier album, y'a un texte de Stig Dagerman, sur Fragile, y'avait Boris Vian et Joyce Mansour. Voilà, à chaque fois pratiquement y'a eu des « invités », on aime bien avoir une autre plume que la nôtre. La littérature c'est quelque chose d'important pour nous. SDCC : Oui parce qu'on sent qu'au-delà de la musique, y'a tout un univers qui est aussi littéraire, graphique... CO : Ben moi je fais partie des Chats Pelés aussi, le groupe des graphistes, enfin on est deux à bosser là-dessus depuis 8 ans. La musique, le graphisme, l'illustration, j'ai tout commencé en même temps. C'est vrai que c'est un tout. SDCC : Vous êtes un groupe suivi par un vrai noyau dur de fans, encensé par la critique mais vous semblez garder du recul par rapport à la médiatisation, presque une sorte de refus. Pourquoi ? CO : Ben le refus, il vient pas de nous. Par exemple, là tu nous poses des questions et nous on répond. On n'a jamais refusé quoique ce soit. SDCC : Même pas des apparitions aux Victoires de la Musique ? CO : Non, non quand on était invités, on y est toujours allés. En 2000, on y avait joué « Dépêche-toi ». On a dû faire 5 ou 6 passages télé. Maintenant voilà c'est vrai qu'on est moins médiatisés que d'autres mais ça vient pas d'un refus de notre part. SDCC : Et vous pensez que vous l'êtes moins que d'autres pour quoi ? CO : Ça je sais pas il faut leur demander. Ça tient peut-être à la nature de notre musique. Et puis à la télé, ils prennent pas forcément beaucoup de risques. SDCC : Est-ce qu'il a des groupes ou artistes que vous aimez particulièrement et que vous aimeriez nous faire connaître ? CO : Ben tous les artistes du Slip, quoi (NDLR : Mon Slip, label des Têtes raides). Ce soir y'a les Lombrics qui jouent aussi par exemple. Dans le Slip, y'a Mell, y'a Pusse, y'a un groupe qui s'appelle Chet Nuneta qui va sortir un album là, fin Mars, c'est un groupe de 4 chanteuses qui font de la musique du monde avec un percu, c'est super. Y'a une chanteuse aussi qui s'appelle Valhere. On travaille sur les découvertes aussi. SDCC : Vous avez fait pas mal de collaborations avec d'autres artistes. Laquelle vous a marquée particulièrement ? CO : Ben toutes. Avec Noir Désir c'était un truc, avec Tiersen c'était un truc... à chaque fois c'est une rencontre, et c'est super. C'est différent à chaque fois donc... Quand on le fait en général, on le fait à fond et les gens avec qui on le fait sont sur la même longueur d'ondes. SDCC : Quelle chanson vous avez le plus de plaisir à jouer ces temps-ci ? Plutôt des anciennes ou plutôt des récentes ? CO : Oh ben les deux. On fait aussi des versions revisitées des anciennes. Bon là, à priori on va jouer surtout des chansons du dernier album. Mais après faut voir aussi la manière de réagir du public. Y'a des morceaux comme « Expulsez-moi » ou le morceau avec le texte de Stig Lagerman, c'est un morceau de 20 minutes mais c'est étonnant ce qui se passe dans la salle, pour eux les 20 minutes c'est pas un problème et c'est super de voir ça. SDCC: Alors là, la question, elle est un peu plus dure. Comme nous on s'appelle Sortie d'ce cours, on se demandait au vu de la situation - on est dans un beau merdier ces temps-ci - est-ce que vous avez une sortie de secours à proposer ? CO : Entendre de la poésie. Et puis défendre la culture. Quand dans un pays la culture commence à être boiteuse et à aller mal, c'est un signe qui ne trompe pas au niveau d'un système, on va dire. SDCC: Est-ce que vous avez un truc auquel vous pensez et qui devrait être interdit ? Ça peut être n'importe quoi. CO : Ouais. Le Président de la République par exemple. EF et Un homme. La petite histoire 8 La paix, enfin Ja ck était étendu sur une chaise longue. Les couchers de soleils sont remarquables sur la côte australienne. L’éclat mourrant de l’astre illuminait d’une couleur dorée, pour quelques minutes encore, les rares nuages qui flottaient au-dessus de la mer. Le ciel prenait une couleur apocalyptique, une porte s’ouvrant sur un autre monde, et si l’on tendait l’oreille, on pouvait trouver au vent des airs de symphonie, ce qui accompagnait à merveille le sublime de la scène. Jack était partagé entre la contemplation passive du panorama qui s’offrait à lui, et l’émoi dû à la nouvelle qui circulait en ce moment même sur les ondes de la planète entière. Il laissait flâner sa main au ras de l’herbe, trouvant à la vision paradisiaque un tout autre sens en cet instant. Il ne s’était jamais lassé de ce spectacle, qui éveillait chaque soir une foule d’émotions toujours différentes, justifiant le caractère unique de ce prodige céleste. Seulement, aujourd’hui était un jour particulier, l’humanité avait atteint un stade qui relevait de la plus pure utopie depuis des siècles et des siècles, sans qu’aucune prophétie n’ait annoncé cet aboutissement. Oui, les médias le claironnaient avec stupeur depuis bientôt une heure : la terre était en paix. La paix. Ce mot, à force d’être utilisé, s’était vidé de son sens, pour s’imposer alors que plus personne n’y croyait, avec une puissance inimaginable, qui stupéfia l’humanité entière. Le concept abstrait avait réussit à se frayer un chemin jusqu’à la réalité de notre monde. Les spécialistes, historiens et sociologues, ne s’entendaient pas sur les causes de cette paix universelle, d’où elle provenait, comment on en était arrivé là. Mais ils n’élevaient pas la voix. Toute violence avait disparue, comme si la nécessité même de se battre était devenue dépassée. Seuls quelques personnes encore occupaient les bancs des églises, mais le goût de la viande était devenu à tous intolérable. Seules les inégalités étaient encore bien réelles, mais on pouvait supposer que les meurtres et violences même avaient disparu. C’était une simple constatation : on s’apercevait soudainement qu’aucun pays n’était en guerre, que les prisons ne se remplissaient plus, que les forces de l’ordre étaient désœuvrées. Jack regarda sa main et la replia. Il chercha au fond de lui un sentiment de haine, de rage. Il pensa aux personnes qu’il pouvait avoir envie de tuer, mais renonça très vite : il en était incapable, incapable de produire la moindre pensée agressive. Il en vint à se demander ce qu’était la haine. C’était un peu frustrant de sentir que nous ne sommes pas l’exception à la règle, et que si un phénomène contamine l’humanité, il n’y a aucune raison pour que nous soyons épargné. Mais cette fois, ni la destruction, ni le chaos ne menaçaient la terre, ce n’était pas la peste, ou une vague de haine qui submergeait l’espèce humaine. Tout s’arrangerait avec un peu de temps, à partir de maintenant. Si la guerre disparaissait, la notion de paix devenait par là même inutile, vide de sens. Si la nuit n’existe pas, qui penserait à trouver un nom au jour ? Plongé dans ses pensées, il ne fit pas attention au murmure léger de sa femme qui se rapprochait. Un baiser d’une douceur infinie déposé sur son front le fit émerger de sa rêverie. Il soupira de contentement : pourquoi chercher la souffrance quand on pouvait vivre de bonheur et d’amour? Elle vint se blottir dans ses bras, ses yeux pâles fixés sur le soleil qui s’évanouissait paresseusement à l’horizon. « A quoi penses-tu ? demanda-t-elle d’une voix douce. - A la même chose que le monde entier en ce moment, Sally. » Elle rit, de ce petit rire qui la rendait irrésistible à son mari. Elle savait très bien à quoi il pensait, car la vie de son mari n’avait été qu’une lutte incessante, justement pour faire cesser toutes les luttes. « Et maintenant ? » Elle l’avait deviné, c’était la question qui le préoccupait le plus. Il essaya tout de même d’y répondre, sans trop s’engager : « Tu as toujours été mon unique raison de vivre. Ce… Cette pause de l’histoire m’assure que tu ne risqueras pas de m’être enlevé par d’autres causes que naturelles. » La jeune femme, avec son habituel sourire équivoque sur le coin des lèvres, mélange subtil d’ironie, de rêverie et d’amour, continua de le questionner. « Alors, qu’est-ce qui te préoccupe ? » Sally avait un don pour rassurer les gens, par de petites questions très générales, qui les aidait à y voir plus clair et à deviner par eux-mêmes une solution à leur problème. Cette habilité lui était sans doute hérité de sa passion pour tout ce qui touchait à l’astrologie. Jack ne cessait d’admirer sa femme, en plus de l’affection qu’il lui portait. Mais cette fois-ci, elle semblait tout de même légèrement perturbée, bien qu’elle n’en laissa rien paraître. Seulement, le degré de connivence entre eux deux était si élevé qu’ils n’avaient besoin que de demi-mots pour se comprendre. Ils restèrent un moment sans parler, chacun goûtant la présence de l’autre dans un silence complice. Il se dit qu’il aimait la sentir un peu déstabilisée, qu’elle montre pour une fois un signe de faiblesse, elle qui semblait toujours si sûre d’elle, à juste titre et sans prétention aucune. Cela lui permettrait peut-être, pour une fois, de jouer le rôle de celui qui rassure, même s’il se sentait autant réservé qu’elle. « J’ai l’impression de rêver , avoua-t-il enfin. - Et c’est un rêve agréable ? » demanda-t-elle en tournant la tête vers lui, ses yeux bleus assombrissant le ciel un instant. Ils se contemplèrent, et il sentit son visage s’embraser sous l’effet d’une vague de bonheur soudaine et irrésistible. « Le plus agréable de tous les rêves que l’on puisse faire. » A l’horizon, imperturbable, le soleil disparaissait. Cette ultime présence avant qu’il ne se couche complètement était aussi la plus intense, car ses rayons inondaient le ciel de toute leur force, promesse d’un lendemain radieux. Et, pour la première fois depuis qu’il connaissait sa femme, même si cela n’en avait pas la forme, il l’entendit poser une question exprimant son inquiétude : « Je me demande comment les hommes vont s’occuper maintenant. » Jack compris alors combien la nouvelle l’avait troublée. Il l’entoura de ses bras avec délicatesse, et jetant un regard circulaire au large, à l’instant où le soleil ne fut plus pour eux jusqu’au lendemain : « Il reste tant de choses à découvrir. » M.V. L'inconnu du mois 9 Ce qui suit est une « interview d’inconnu ». C’est-à-dire qu’un pool d’intervieweur se promène en ville à la recherche d’une personne au faciès engageant et d’apparence disponible, puis l’approche amicalement et le convainc de répondre aux questions. Ajoutons que le sujet, quelle que soit sa qualité, est rémunéré à la hauteur d’un bonbon à la menthe. Oubli des bonbons à la menthe et pas de piles dans le dictaphone : l’interview qui suit s’est faite à l’ancienne, : papier, stylo, difficultés à suivre et crampes à la main, dans le sas de célèbre banque de l’écureuil . L’illustre inconnu de ce mois-ci est Bahedja, bénévole pour Médecins du Monde, à la recherche de comptes en banques à vider. Une des intervieweuses s’est fait gentiment abordé par ce jeune homme et a cédé à sa bonne conscience (ou sa grande naïveté). Echange de bon procédés, Bahedja s’est prêté à l’interview. SDCC : Y a t’il quelque chose dans la vie qui te passionne ? B : Waah euh… La musique. Je suis passionné par la musique. (« Précisément ? ») La soul : Amy Winehouse, Patrice… Et les voyages : je suis de Mayotte, puis je suis allé en Martinique, et maintenant je suis là ! SDCC : Est-ce que tu as un cactus chez-toi ou penses-tu en acquérir un rapidement ? B : Non, je vis pas dans le désert (rires) Ça s’arrose pas. J’aime bien me lever le matin et arroser des plantes, ne pas les arroser ça me plaît pas. (« Quelles plantes? ») Je connais pas leurs noms . J’aime bien être entouré d’êtres vivants. (Ndlr : Les plantes ?!) SDCC : As-tu dans ta famille, présente ou plutôt passée, quelqu’un de connu, voire illustre? B : Non. L’australopithèque Lucy, je pense qu’elle est de ma famille. (NDLR : c’est impossible en fait, nous sommes des Homos Sapiens, non pas des australopithèques (oui on étale notre science)) SDCC : Est-ce que tu as un livre très chiant, que tu nous conseillerais de ne pas lire ? B : Non, parce que je lis pas les trucs chiants. Je les repère de loin. A la couverture, ou au titre, je devine les livre chiants. SDCC : Quel est ton parfum de glace préféré? B : J’aime pas trop les glaces, mais sinon ce serait la vanille. SDCC : As-tu un endroit à Clermont que tu aimes particulièrement ? B : Jaude, parce que c’est là qu’il y a le plus de monde ! Puis j’aime pas les rues sombres. SDCC : Peux-tu nous sortir une phrase prophétique, là maintenant? B : Je suis pas prophète malheureusement. (Cherche dans son sac, puis cherche désespérément dans ses papiers.) Ah ! « Nous luttons contre toutes les maladies, même l’injustice » Ca c’est vraiment important. SDCC : Aimes-tu les animaux domestiques ? Ça ne te choque pas qu’on les nourrisse alors qu’ils ne travaillent pas ? B : Ça me choque vraiment. Moi les animaux, je les manges. Bon pas les chiens, ni les chats. J’aime bien les petits chiens, mais on peut pas les élever dans un appart’. SDCC : Le mot de la fin? Un peu de pub? B : Faîtes des dons à Médecins du Monde ! Kay & Lou 10 Ici et là Médiaquête Tu quoque, mi Bibendum ! Est-ce utile de rappeler au lecteur l’emplacement du musée RogerQuilliot ? Si vous boycottez le tram, suivez les rails jusqu’à l’arrêt… RogerQuilliot. Ce bâtiment aux salles rutilantes abrite jusqu’au 31 août une exposition dont l’affiche vous a forcément frappé, tant du point de vue graphique que quantitatif : le célèbre bonhomme à l’allure débonnaire figé dans un flou artistique (interprétation : symbole d’une mascotte à la fois fidèle à son imagerie d’origine, sans pour autant stagner en sachant évoluer avec son temps). Les frères André et Édouard Michelin, à l’époque où ils tenaient un stand pour leur modeste entreprise, devinent une silhouette dans un empilement de pneu. Le dessinateur O’Galop se chargera de donner un corps à cette vision : le cigare au coin de la bouche, deux monocles posés sur les yeux, un air rassurant de dandy capitaliste, Bibendum est né. Jouant sur l’adage latin « Nunc est bibendum », qui signifie « C'est maintenant qu'il faut boire », le pneu Michelin « boit l'obstacle ». La galerie retrace 110 ans de publicité avec Bibendum comme égérie, et vous invite à découvrir son univers publicitaire, de 1898 à nos jours. Pour cela, il investit deux étages où sont exposés des planches originales de sa création au toutes dernières réalisations en 3D. Figurent aussi des statues, dont la célèbre fontaine de l’ancienne piscine de l’ASM, et un superbe vitrail, reproduction de celui de la « Michelin House », bâtiment au centre de Londres à la gloire du géant de la pneumatique, ainsi que des projections de publicités télévisées de différents pays. Il est dommage que l'exposition ne joue pas plus sur l'interactivitée, mais c'est toujours intéressant de comprendre les relations entre le symbole et le produit qu'il représente. L'entrée est gratuite pour les étudiants, et vous pouvez toujours allez revoir les peintures de Gustave Doré du côté permanent. M.V. Hourrrrrrrrrrra! La Médiathèque de Jaude vient de rouvrir ses portes. Bref, comme tout rédacteur mégalomane qui a plus d’ego que de talent, je tiens à fêter avec tous mes « sur-moi » ma première année à la tête de cette modeste rubrique. Pour que cet anniversaire soit réussi, je reviens aux sources avec un DVD 100% bizarre et des personnages déjantés à souhait ! Adam’s Apples de Anders Thomas Jensen Un antipathique skinhead Adam ( interprété par la star danoise Ulrich Thomsen) débarque dans la modeste paroisse du pasteur Ivan (alias Mads Mikkelsen), qui a pour mission de réhabiliter d’anciens détenus et d’en faire des citoyens dignes de confiance et de respect. Mais les choses avec Adam ne sont pas si simple, ce dernier se désigne comme l’incarnation du mal absolu et met son temps à profit pour démontrer au pasteur Ivan que sa foi en Dieu n’est qu’illusion. Cette étrange fable met en scène deux hommes mais surtout deux points de vue radicalement opposés sur le monde, l’un érige une foi inébranlable en la bonté de l’espèce humaine, quitte à créer un décalage et à modifier la réalité des choses, des faits et des gens qui l’entour, donnant ainsi au film un ton humoristique et très caustique. De l’autre côté de la bonté et de la candeur, il y a Adam qui entreprend de démontrer par tous les moyens à Ivan la laideur du monde et l’inexistence de Dieu pour le détruire au sens propre comme au sens figuré. Les deux personnages principaux sont les illustrations d’un monde manichéen tellement poussé à l’extrême qu’elles en deviennent absurdes. Un conte biblique qui oppose Dieu au Diable : qui des deux fous gagnera ce combat ? L’univers du film est unique à plusieurs aspects : par exemple l’esthétisme de l’image très soignée crée une atmosphère digne d’un monde parallèle complément givré, où Dieu cherche désespérément à convertir le Diable et à lui faire fermer boutique. Victime littéralement des pires malheurs de la terre comme l’inceste, la maladie, la mort d’un être aimé, le handicap, Ivan trouve dans la foi son énergie vitale pour avancer mais il avance à sa façon, c’est à dire en niant les évidences de sa propre infortune et de la folie des pensionnaires qu’il cherche à tout prix à mettre sur le chemin de la rédemption. Cette histoire insolite joue avec la morale, la foi, la violence et nous embarque dans des recoins insoupçonnés de la folie, du rire et de la réflexion. Ce petit bijou cinématographique danois est à votre entière disposions à la médiathèque en version danoise sous-titré en français, alors n’hésitez pas! EL Splendeur orientale Aujourd’hui lecteur je me lance dans une nouvelle discipline, la critique culinaire. Si l’adage veut que la critique soit facile alors que l’art, lui, est difficile je vais te prouver que la sagesse populaire a souvent tort et SDCC toujours raison. Car il est bien question d’art et la cuisine de La tente berbère taquine les muses. Ce restaurant est une invitation au voyage, dès le pas de porte franchi, tu te retrouves sous une tente au pied de l’Atlas, d’ailleurs il est vrai que l’endroit était prédestiné car la rue des Jacobins, c’est un peu le désert. Le dépaysement est total si bien que même en plein Clermont le gourmet se retrouve à faire tâche dans ce décor des Mille et Une nuits. Le personnel est très accueillant, d’ailleurs ton humble serviteur s’est même vu offrir un thé à la menthe dont la douceur n’a que peu d’égal. La carte est variée, et tu pourras déguster des dizaines de tajines et des coucous accompagnés, bien sur, de pâtisseries orientales. Laisse toi porter, de toute façon, tout est délicieux et abordable même pour la bourse de l’étudiant. La seul déception provoquée par cet endroit est qu’en sortant on aimerait se trouver dans une rue du souk de Marrakech cependant nous sommes toujours a Clermont. La tente berbère : 38 rue des Jacobins / Tél : 04 73 90 42 42 Semperfi Rétro c'est trop Ici et là, il y a une faculté d'histoire, avec ses histoires drôles, ses secrets d'anciens, ou ses mystères établis . Petit détour sur les bancs embrumés des siècles passés ... « Nous sommes en Irlande au début du XIVème siècle. Sur cette île farouche, conquise avec beaucoup de difficultés par ses ancêtres au cours du siècle précédent, la main du roi anglais est plutôt lourde et, de toutes les vexations, la moins bien admise par les fiers propriétaires irlandais est l'impôt royal. En 1319 ou 1320, deux agents royaux se présentent pour lever l'impôt sur la propriété d'un certain William Burgis. Notre homme fait appel à deux religieux de passage, qui se mettent aussitôt à psalmodier avec la plus grande conviction une règle du grammairien latin Donat sur le bon usage des pronoms. Ignorant la langue de Cicéron, les collecteurs croient à une formule d'excommunication et ... s'enfuient. Si, d'aventure, vous êtes un latiniste émérite, la rédaction décline toute responsabilité au cas où vous seriez tenté d'utiliser la méthode à l'égard de votre percepteur ... » J.-L. Fray (professeur d'histoire médiévale à Clermont II spécialistes des relations villes et campagnes au Moyen-Âge et de l'histoire de l'Europe Centrale) Merci pour votre gentillesse et pour votre promptitude à nous fournir cette anecdote. 11 Sortie d'ce cours interactif Le petit monde merveilleux de MySpace MySpace, ça sert à quoi ? C’est très simple, MySpace permet aux groupes qui n’ont pas encore de label, de diffuser leur musique sur Internet, en permettant l’écoute et le téléchargement de certains titres de leur album, ou même parfois seulement des démo qu’ils ont réalisé.es Ces téléchargements sont légaux -puisque autorisés par les groupes eux-mêmesdonc pas de panique, tu ne risques rien. Sortie d’ce cours te propose d’aller écouter tout seul, comme un grand, certains groupes trouvés aux hasards de ses pérégrinations sur la toile mondiale. Sélection. Next Friday : Les punk-rockers clermontois ont trouvé leur maillon fort : Next Friday. Avec un punk énergique distillé par 5 gais lurons, après un album, une tournée, une coopé avec Messeigneurs Uncommonmenfrommars, ils reviennent à la charge avec un nouvel EP (The Science of Distance), en préparation, et un concert à Clermont, le 11 avril, au Ratpack, l’ancienne Bibina, près du palais de justice, avec Stetson et Crackboom. www.myspace.com/nextfriday Inara George : Découverte, pour ma part en première partie de Nada Surf, cette petite bulle de savon qui gigote dans tous les sens sur scène sait nous emmener avec elle, sur la lune. Oui, la lune : une pop lunaire, légère. La pesanteur n’a pas d’effet. On s’envole grâce a la délicatesse de la voix d’Inara George, aux musiques douces. Mais il faut bien avouer que le myspace n’est pas très engageant, il ne reflète pas vraiment l’idée de ce groupe. http://www.myspace.com/inarageorge Hocus Pocus : Ca, c’est du hip hop français comme on en mangerait à tous les repas. Des mélodies, de l’inspiration, une présence sur scène et la reconnaissance : leur dernier album Place 54 a été nominé aux Victoires de la Musique dans la catégorie meilleur album urbain de l'année, les plaçant au même rang que Iam et MC Solaar ! Un groupe qui ose critiquer son propre style, affirme que, comme tout le monde il est manipulé par les médias. Mais ils rassurent tout le monde en nous montrant qu’ils font vraiment ça pour le plaisir. www.myspace.com/hocuspocushiphop Kay Internet, raconte moi une bétise ... En bon étudiant que nous sommes tous (sic), Wikipédia est pour nous un ami fidèle, alors qu’il est hautement conspué par nos professeurs ! Pour dérider ces derniers, je vous propose de leur montrer le site que je vais vous présenter : http://desencyclopedie.wikia.com ! Et oui ! La Désencyclopédie ! Basée sur le système du Wiki qui a fait le succès de Wikipédia, permettant à tout internaute inscrit de modifier comme il le veut (sous la vigilance d’un comité de censure ici aussi) des articles traitant de tous les sujets possibles et inimaginables ! Sauf que dans la Désencyclopédie, ce n’est pas l’apport d’informations qui prime, mais la dérision avant tout ! Les stars glamour se font tailler en pièces (ah, Tom Cruise …), les plus belles théories du monde sont déformées pour notre plus grand plaisir, et de nombreux délires égaieront vos moments de solitude sur la toile. Ainsi, la présentation de notre chère région pourra en faire rire certains, avec notre cher coté « radin », et de notre bonne vieille ville de Clermont-Ferrand, « ville pleine de montées et de descentes, avec que des mecs qui aiment le rugby » (si si, cherchez bien !) Bref, pour une bonne dose de dérision, passez donc sur ce site histoire de vous poiler et de trouver des citations imparables pour vous la péter en société. PS : vous savez ce qu’est un étudiant ? « un être qui vit dans des ruches collectives appelées résidences étudiantes […], qui n’aime pas la tête de son compte en banque et la machine à café (je lui demande un capuccino sans sucre, elle me sort un capuccino sans gobelet !), ou encore travailler et se lever tôt. Pas si loin que ça de la réalité vous ai-je entendu dire ??? Korgon Bienvenue au Groland Vous aimez rire ? Vous aimez les satires de l’actualité ? Et vous aimez l’humour caustique et « vulgaire », un peu comme celui du professeur Choron ? Alors vous connaissez surement les joyeux drilles de la prinsipauté du Groland, j’ai nommé Jules-Edouard Moustic, Benoît Delépine, Francis Küntz, Gustave de Kervern et le président Christophe Salengro (pour ne citer que les plus illustres), présentateurs de cette émission diffusée sur Canal+ tous les Sâdi (c'est-à-dire samedi en langage du Groland). Il se trouve qu’il existe quelques sites internet très officiels pour les fans : Tout d’abord, le site du ministère du dedans (sorte de ministère de l’intérieur grolandais : www.ministeredudedans.com. Vous y trouverez quelques informations sur ce fabuleux pays, comme son hymne national, sa devise (« Je mourirai pour toi »), son guide du citoyen téléchargeable, et l’adresse de son ambassade en France par exemple (oui, oui, il y a une ambassade où vous pouvez demander par courrier un passeport, une carte d’identité et des autocollants). Vous avez aussi le site du fournisseur d’accès internet grolandais WANAGRO (www.wanagro.com) ou encore le moteur de recherche internet www.grogueule.fr qui récence pas moins de 51 sites grolandais, que ce soit de l’administration grolandaise ou de commerce (!!!). Et oui, ce pays existe bien virtuellement. Personnellement j’en suis déjà citoyen (la demande de naturalisation était facile, je suis né en Picardie). Allez ! Surfez bien et… BANZAÏ !!!! Un Ch’ti gô eud’ Picardie alias T.D « MySpace est un service de réseautage social, qui met gratuitement à disposition de ses membres enregistrés un espace web personnalisé, permettant d'y faire un blog, d'y entreposer ses compositions musicales et d'y remplir diverses informations personnelles. » Le Myspace de Sortie D'Ce Cours est un service ... rien qu'un service ! Mais pour que ce service est une utilité il faut que toi, lecteur de papier, tu deviennes lecteur numérique et que tes clics soient agiles et prompts ! Que la force du Web t'englobe et que du lobe tu le lorgnes ... www.myspace.com/sortiedcecours Nous 12 Bons plans Bon plan , bon app' ! Il existe une rue dans Clermont qui est une bénédiction si on a très faim et qu’on veut bien manger : la rue saint Vincent de Paul, pas très loin du centre Jaude. Dans ce lieu magique, vous trouverez de quoi satisfaire les papilles les plus exigeantes et ce grâce à deux adresses à retenir absolument : la Grotte à vins et le Devant. C’est là que tout se complique : comment choisir entre les deux ? Autant dire que je ne trancherai pas pour vous, je vais juste vous donner quelques indications afin de vous aider. Si je vous parle de ces deux restaurants c’est bien sûr que l’on y mange extrêmement bien et que le personnel est très sympathique et de bon conseil. Les plats sont souvent à base de produits régionaux, on peut par exemple manger de la viande salers à faire se damner Benoit XVI à la Grotte à vins. Un autre conseil si vous allez à la Grotte à vins : prenez les crêpes en dessert. Des crêpes me direz vous, mais je peux en faire chez moi ! Non vous ne pourrez jamais faire des crêpes comme cela : croustillantes, délicieuses cela ne peut se décrire mais juste se savourer les yeux fermés. Dernier petit truc : si vous ne finissez pas votre bouteille de vin, vous pourrez repartir avec. Au Devant vous mangerez aussi très bien et en fin de repas pour les amateurs de digestifs et de whisky vous aurez la possibilité de vous rendre dans la cave où vous attend Vincent, grand spécialiste de tout ce qui est bon en alcools divers et variés. En route pour une dégustation, guidé par les bons conseils du maître des céans. Et les prix me direz-vous, jeunes étudiants sans argent ? Pour le prix de deux très mauvais repas au Mc do vous pourrez déjà commander un plat dans un de ces deux endroits. Et comme une bonne démonstration vaut mieux qu’une longue explication rendez vous un de ces soirs dans un des ces deux restaurants. Anne de Beaumont Mille et une nuits… Un bon plan lecture pour une fois. Une fois n’est pas coutume comme vous savez sans doute… Il s’agit d’une maison d’édition qui vaut le coup, et qui reste une des moins coûteuses du marché : Mille et une nuits. Elle propose le texte, rien que le texte, dans un format poche ultra-réduit. On y trouve un peu tous les classiques, surtout quelques bons morceaux de philosophies diverses et variées qu’il est bon de connaître. Bonne lecture ! Un homme. Il va falloir coopérer Les concerts immanquables de la Coopérative de Mai Jeudi 03/04> Gonzales et le Together Ensemble : Gonzales est un drôle de type : pianiste virtuose, compositeur électro, crooner, rappeur alternatif, producteur de feist et de peaches, bref touche-à-tout mais avant tout génie de profession. Un énergumène à la mégalomanie assumée dont la dégaine improbable est un prélude à une musique profondément originale, inclassable et personnelle. A voir absolument ! 18€50 Spécialités vietMIAMiennes… Il est très important d’être curieux quand il s’agit de cuisine et de gastronomie. Si vos parents ne vous ont pas encouragé - devrais-je dire forcé ? - à goûter une purée de topinambours, si vous n’avez jamais touché à un morceau de poisson cru il est grand temps de remettre les pendules à l’heure. Dans notre belle époque teintée de mondialisation il vous faut vous tourner vers d’autres cultures et pousser la porte de ce bon restaurant pour offrir à vos papilles LA grande exploration. Direction Le Palais impérial, ouvert depuis 1982 et situé en plein cœur de Clermont, un resto qui a de la bouteille ! Il vous sera proposé des spécialités asiatiques et plus particulièrement vietnamiennes, le tout dans un cadre exceptionnel : une grande pièce aux murs sombres, des orchidées dans des vases longilignes, des tables en verre ; le tout confère une ambiance zen. Venez à midi et vous trouverez des menus variés (à 12€) qui vous feront découvrir une vaste gamme de sushis, viandes, poissons et crustacés accompagnés de sauces au caramel, champignons, aigres-douces, de desserts exotiques… Un vrai délice ! Je vous livre LA nouvelle en avant première : le mois d’avril arrive avec la carte printemps-été…Au menu : Phénix (pâtes de riz frites + poulet/crevettes), Écrevisses au safran, Cheese cake et Fondue au chocolat. Un service ainsi qu’un accueil irréprochable que vous soyez étudiants ou autres… Un coin où l’on se sent vraiment bien ! Petit conseil si vous comptez venir à plusieurs à midi en semaine : passez pour réserver pour ne pas devoir changer de plan en dernière minute… Le Palais impérial est souvent complet ! Vivez aussi l’ambiance Sud sur les terrasses une fois le beau temps arrivé et n’hésitez pas à emporter les petits plats préparés avec soin (-15% sur les tarifs à la carte) ! Samedi 05/04> Editors : Interpol n'a encore jamais donné de concert à Clermont, alors en espérant un éventuelle venue du combo le plus classe de New York, Editors, seulement trois dates en France, peut s'avérer un palliatif agréable... effet placebo non garanti. 23€ 5, Rue du Puits Artézien / Tél : 04 73 35 52 95 ES Mercredi 09/04> Daniel Darc : Daniel Darc, ancien chanteur du groupe Taxi girl, passe par Clermont avec un nouvel album de poésies rock cramées qui doit faire oublier son terrible et merveilleux Creve-coeur. 18€50 Dimanche 27/04> Les femmes s'en mêlent : Autre date incontournable de ce mois d'avril, le festival les femmes s'en mêlent avec cinq groupes composés presque exclusivement de filles à l'affiche. De l'electro au rock en passant par la pop : los campenisos, les france cartigny, lesbians on ecstasy, dj sandy volt et surtout The go team !, un groupe à la musique péchue, complexe et métissée. Du genre à vous faire sauter partout dans la fosse. 17€ E.F Rédaction : Areal Thomas, Blanc Joseph, Bonnin Barbara, Buisson Élodie, Casildas Sylvain, Constancias Marion, Didier Thomas, Fauvart Anne, Fourré Estelle, Giraud Nicolas, Jourdan Mylène, Lollia Émeraude, Langevin Marine, Mauler Clara, Mayoux Nicolas, Seiller Élodie, Severac Julien, Taillandier Anne, Valeriano Michaël, Weichselgartner Viki (Guest : J.-L. Fray) Dessin : Sandrine Girard Logo : Gauthier Lafont Pour nous contacter : [email protected]