PDF - 744.8 ko - Université Blaise Pascal, Clermont

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Novembre
2009
N°26
Sommaire
Dossier : Corrompus p.2/3
Livres p.4
Cinéma p.5
Musique p.6
L'inconnue du mois p.7
Interview : Anais p.8
Interview (bis) :
Orelsan p.8
Ici et là p.10
Sortie D'Ce Cours te
cultive p.11
Bons plans p.12
Edito
« Les hommes oublient plus vite la mort de leur père que la perte de leur patrimoine. » Machiavel, Le Prince, chapitre 17.
Une fois n’est pas coutume, commençons ce premier édito de l’année par un grand merci à l’Humanité dont la propension à s’avilir devant l’argent ou toute autre
forme de pouvoir restera toujours un sujet d’étonnement pour votre chère éditorialiste. Non, nous ne nous attarderons pas plus que de raison sur cette épidémie
bien plus répandue de par le monde que la grippe H1N1 sous peine de finir tel un Moundir perdu dans la jungle, s’époumonant contre l’ignominie de la société de
ses pairs... Ce sont donc les affreux corrompus qui bénéficient des honneurs du dossier de ce mois-ci. Tu pourras toujours tenter de te réconcilier avec le genre
humain en parcourant les pages suivantes et le compte-rendu de nos rencontres avec la très franche Anaïs et le très sympathique Orelsan. Bonne lecture !
Nous
Pourquoi être aussi corrompu ? Éducation de
merde ! Aucun honneur ! Aucune dignité !
II
Al Pacino contre Ripoux
Ah ! Voilà un classique du cinéma américain avec des flics corrompus, des narcotrafiquants, des
course-poursuites, des meurtres, Al Pacino dans le rôle principal et Sydney Lumet aux
commandes…
Et bien pas vraiment. Al joue le rôle d’un policier américain d’origine italienne qui combat la
corruption. Surprise ! D’autant plus que Serpico a été tourné entre les deux premiers volumes du
parrain, en 1973, par le réalisateur d’Un après-midi de chien, film culte relatant l’histoire vraie d’un
braquage qui tourne mal, avec le même Al Pacino en vedette.
Serpico est également une histoire vraie relatée dans un livre de Peter Maas. C’est l’histoire d’une
jeune recrue issue de Little Italy, quartier historique des italiens de New-York immortalisé par
Scorcese. Brisant les idées reçues, il va se battre pour l’honneur de la police. L’intouchable Franck Serpico refuse les pots de vin, lutte contre
le crime, mais plus il reste droit, plus il s’ostracise au sein de son unité. Il commence à recevoir des menaces et des coups de pression…
Serpico est un personnage haut en couleur, au caractère bien trempé. Seul contre le reste du monde, il est le centre du film et il y avait bien
matière à réaliser un biopic, car le personnage éponyme est mi-ange, mi-démon. Il combat le crime et les escrocs en bleu mais, dans le même
temps, délaisse sa compagne voire la violente. La révolte se manifeste même physiquement, sur le visage et dans le style du policier : Look
christique et veste militaire façon John Lennon.
Ce n’est pas un film sur la corruption elle-même, mais sur un homme seul face à cette pieuvre, luttant avec plus ou moins de réussite , avec
ses forces et ses faiblesses. Or, on ne sait toujours pas à la fin du film si Franck Serpico a déchiré la toile ou s’il en est encore prisonnier.
Techniquement, le duo Lumet-Pacino fonctionne à merveille. Le premier réalise de manière simple et sobre, mettant bien en valeur la vérité
de l’histoire. Quant à Al, il est captivant, hypnotisant même. Il parvient à faire oublier le personnage de Michael Corleone, transmet son
enthousiasme au spectateur. La rage se lit sur son visage. On vit son combat, on vibre pour sa cause…de la belle ouvrage. D’ailleurs les
professionnels de l’époque ne s’y sont pas trompés : Un Golden Globe et une nomination aux Oscars, c’est une belle performance.
Chardon d’Herbet
Petit
manuel
de
corruption à l’usage
des candides
A 17 ans, lorsque Gil Blas quitte son village
natal pour découvrir le monde, ses parents
voient en lui « un habile garçon » formé par
des années d’études de latin, de grec et de
logique qui lui ont « appris à raisonner
beaucoup ». Son avenir semble alors tout
tracé : il deviendra professeur à l’université de
Salamanque. En réalité, pas plus fin qu’un autre
mais plutôt doté d’une naïveté assez ridicule,
Gil Blas va d’abord faire le difficile
apprentissage des mœurs de son temps et de
son pays, l’Espagne – mais c’est en fait un
tableau moral au vitriol de la France du XVIIIe
siècle que Lesage dépeint ici – . Lors de ses
premières et savoureuses péripéties, cet
imbécile de Gil Blas, très sensible à la flatterie,
s’emploie inconsciemment à se faire dépouiller
de son pécule par les diverses personnes qu’il
croise : un aubergiste, un officier de police etc.
D’où la conclusion tirée de ces premières
épreuves : « Loin de m’exhorter à ne tromper
personne, mes parents devaient me
recommander de ne pas me laisser duper. »
Gil Blas n’est pourtant pas un champion de la
vertu morale, mais son attitude relativement
honnête, cordiale et inoffensive ne cesse de le
mettre en danger dans un univers foncièrement
corrompu. Par la force des évènements, il va
faire l’apprentissage du vice, d’abord malgré
lui : il deviendra entre autres voleur de grand
chemin puis médecin, ce qui équivaut à cette
époque à assassin. A la suite de diverses
rencontres qui sont autant d’exemples de
friponnerie à l’usage de Gil Blas, celui-ci,
gravissant l’échelle sociale en même temps que
celle de la malhonnêteté, parvient à se faire
admettre à la cour, royaume de la vanité, de la
flagornerie et de la corruption, où il parvient à
se constituer une assise ferme ainsi qu’une
immense fortune. Comme le dit une duègne
hypocrite à Gil Blas : « Il y a longtemps que je
possède le grand art de me masquer, et je puis
dire que je suis doublement heureuse, puisque
je jouis tout ensemble de la commodité du vice
et de la réputation que donne la vertu. Entre
nous, le monde n’est guère vertueux que de
cette façon. »
EF
La belle de l’Intourist
De Vladimir Kounine
Stalingrad, dans les
années 70. Intelligente
et
volontaire,
la
superbe Tanja travaille
comme
interne
à
l’hôpital le jour, et
comme
hôtesse
à
l’Intourist la nuit. Elle
accompagne les clients
occidentaux qui
y
séjournent.
Son
quotidien est jalonné de
trafics de médicaments et policiers véreux contre
lesquels elle doit sans cesse faire front.
Lorsqu’un de ses clients suédois la demande en
mariage, Tanja accepte. Elle croit que sera ainsi
réalisé son espoir de lendemains meilleurs. Elle
est lasse de la corruption qui l’environne. Mais
elle devra encore affronter des administrations
tatillonnes, en plus du chantage de ses amies et de
son propre père.
Une fois en Suède, elle se rend compte que même
là tout n’est pas rose. Quelques années de cette
vie et l’engrenage de misère, d’alcoolisme et de
corruption aboutira à son résultat final.
Ce roman est relativement court et rédigé à la
première personne. Ce point de vue nous plonge
d’autant mieux dans la réalité de l’URSS de
l’époque, gangrenée par la pauvreté et la
corruption qui en découle. La fin inexorable de
l’histoire se fait sentir à chaque ligne. Ce roman
est à prendre comme la métaphore d’un État qui,
comme nous le savons, est allé droit dans le mur.
Pink Lady
III
L’artiste le plus corrompu de tous les temps….
…et le Rapace d’Or est attribué à…Damien Hirst !!
Malheureusement mondialement connu pour ses œuvres gratuitement (enfin c’est un mauvais
jeu de mots) tapageuses, et pour la plupart d’un manque de profondeur flagrant, Damien Hirst
est aussi connu comme l’artiste le plus cher du monde (et il est encore vivant !!!), dont les ventes
de ses très nombreuses productions, atteignent des sommets grâce aux richissimes businessmen
qui recherchent davantage un placement financier, qu’une œuvre d’art à proprement parler !
Presque aussi arrogant que Bono, et moins sympathique que Pasqua, Hirst est d’un cynisme
déconcertant, ouvertement conscient d’affoler les compteurs sur le marché de l’art, pour son
plus grand profit ($$$).
Bien que certaines des œuvres du britannique peuvent susciter un intérêt non négligeable et
même salutaire dans notre société où les gens sont plus préoccupés par le string de Paris Hilton
qu’aux questions existentielles posées par Nietzsche. Hirst (45 ans) nous met face à des
perspectives inhérentes à la vie des mortels que nous sommes, telles la mort et la maladie.
L’atmosphère nauséabonde qui provient de cet artiste n’est pas uniquement dû à sa série sur les
animaux entiers, découpés et plongés dans du formol (à voir pour vous faire une opinion
personnelle de ses talents de plasticiens, l’œuvre « Death Explained » ou « God alone Knows »)
mais en grande partie en son absence totale de conscience artistique.
N’y a t il pas une sorte d’engagement moral pour l’artiste, de serment sacré: « Je ne vendrai pas mes sculptures des millions, mes œuvres seront
accessibles à tous, je ne vendrai pas mon âme à de riches bulgares à tendance mafieuse… » de diffuser ses œuvres à tous et pas uniquement de
vendre à de riches collectionneurs qui ont davantage le souci d’acquérir ce qu’il y a de plus clinquant et de plus cher, dans un élan
désespéré de se rassurer sur le vide cosmique de leur vie intérieure et culturelle.
Un cynisme et une cupidité assumés en interview, un artiste qui ne réalise aucune de ses œuvres, se contentant de faire les croquis et de
laisser la réalisation à ses assistants. Des œuvres axés sur la mort, la maladie et la répétition. Thèmes toujours très vendeurs, par une
démarche sujette à caution qui étouffe le message artistique s’il y en avait un ! Effectivement il y a un univers qui sépare Vincent Van
Gogh (qui n’a vendu de son vivant que 3 tableaux) et Damien Hirst dont la dernière vente à Sotheby’s à Londres en Septembre 2008 lui a
rapporté (et oui directement dans sa poche puisqu’il a supprimé les intermédiaires, soit les Galeries d’art), la très rondelette somme de 139
millions d’euros ! De quoi faire naître des vocations, s’il a réussi à le faire, pourquoi pas vous ?
ELB
Un antihéros au non service de la corruption
Bob Dylan, alias Robert Allen Zimmerman évoque à lui seul une large part de la musique populaire folk et blues de la dernière moitié du 20 e siècle, avec un
style inimitable… Vous commencez à écouter quelques phrases… c’est du folk ? C’est du blues ? C’est du country ? Non, c’est du Bon Dylan…
Et au-delà de la musique, ce sont les textes qui sont remarquables, riches et prégnant, aussi bien car ils sont beaux qu’ils ont leur mots à dire, dénoncent,
s’indignent, jugent, attaquent toutes les dérives et abus de la société. Ce qui est caractéristique chez Dylan, c’est la condamnation de l’injuste, un thème que
l’on retrouve sous des formes multiples, politique, sociale, économique, … Le racisme est aussi souvent évoqué, et le cas de la condamnation de Rubin
Carter, dans la chanson « The Hurricane » en 1975 est un bon exemple de chanson « dylanesque » qui mêle une histoire vraie et classique (la condamnation d’un
noir pour un meurtre qu’il n’a pas commis) avec les thématiques de l’injuste, du racisme et de la corruption…
La corruption, parlons en. Que serait un bon vieux milieu de pourris si souvent présent dans les récits de Bob, sans une bonne vieille corruption ? Depuis le
début des années 60’, l’engagement social de Dylan est marqué, avec certes des vagues, musicales et idéologiques. Mais l’on retrouve souvent la dénonciation
d’un monde où « le pouvoir et la cupidité et le germe de la corruption semblent être tout ce qui existe » (extrait de « Blind Willie Mctell »). Le chanteur est un homme très
inspiré par la littérature et la poésie, il utilise aussi des références historiques, mythologiques, religieuses, et en ressort souvent des morales à la fois très dures
mais très réelles. Celles-ci replacent l’homme à un statut d’homme faible, corruptible, et où finalement les hommes les plus « simples » et sans
reconnaissance sont épargnés de l’appât du gain et du pouvoir. Dans sa chanson « I Am A Lonesome Hobo » (Je suis un clochard solitaire), le premier couplet
est assez parlant :
I am a lonesome hobo
Without family or friends,
Where another man's life might begin,
That's exactly where mine ends.
I have tried my hand at bribery,
Blackmail and deceit,
And I've served time for ev'rything
'Cept beggin' on the street
Je suis un clochard solitaire
Sans famille ni amis,
Là où la vie d'un homme pourrait commencer,
C'est là que finit la mienne.
J'ai touché à la corruption,
Au chantage et à la tromperie,
Et j'ai été condamné pour tout
A part mendier dans la rue.
A conclure dans cette chanson que la voie de la corruption et du vice mène à la perte de l’être. La corruption est chez Dylan une voie de soumission de l’être,
et une marque de faiblesse. C’est aussi un signe de pouvoir et l’absence d’amour propre, plus précisément l’effacement du regard que l’on porte à soi.
Corruption rythme généralement avec l’injustice et abus. Dylan visionnaire ? Plutôt un contemporain de son temps qui réinventait et réinvente encore la
chanson dite populaire et contestataire… Et il va y en avoir besoin, dans un siècle où la corruption et l’injustice ont encore un bel avenir devant elles.
Yvain
Livres
IV
Un grand massacre
de A. Kastler, M. Damien, J-C Nouët
- Au nom de l’homme
Lecteur, je n’ai pas trouvé de livre récent traitant du sujet que je voulais aborder (ça prouve à quel point ça intéresse la société…
ou la dérange.) Alors je me suis contentée d’un livre malheureusement vieux de 28 ans. Peu importe en fait puisque les dérives qui
y sont décrites n’ont évolué que pour empirer.
Un grand massacre est le livre révélateur de l’enfer de l’élevage moderne. Poules entassées et poussins mâles broyés, porcelets castrés
au rasoir et isolés dans des bulles de plastique (sans rire), veaux arrachés à leur mère et enchainés dans de minuscules box… en
bref, des animaux torturés physiquement et psychiquement qui finissent dans vos assiettes de consommateurs non-informés (ou
inconscients), voilà la réalité de l’élevage depuis des décennies.
La première partie du livre traite des différentes méthodes d’élevage pour diverses espèces, toutes plus cruelles et aberrantes les unes que les autres : pas au
point, très coûteuses, peu rentables et pour un résultat vraiment douteux. (Vous n’imaginez pas ce que vous mangez par le biais de la viande.) C’est l’ affreux
spectacle de la vie vaincue. Les camps de concentration (humains) ressembleraient à des camps de vacances pour ces animaux. Incomparable? Non. Il s’agit d’un
génocide de l’espèce animale. Peu veulent l’entendre, très peu le croient, beaucoup s’en moquent, mais c’est peut-être l’aspect le plus moche de notre société.
La deuxième partie est axée sur les conséquences socio-économiques de l’élevage intensif. Malheureusement les chiffres sont obsolètes aujourd’hui, mais le
déficit économique était déjà considérable à l’époque et n’a fait qu’empirer, et les millions de mal-nourris privés d’aliments par le non-sens de cet élevage sont
devenus des milliards, les animaux maltraités sont passés de milliards à dizaines de milliards. Mais sans parler de chiffres, l’idée est là, hier comme aujourd’hui :
le système capitaliste, l’être humain, commettent des crimes contre la vie. Dans un monde où la famine sévit, cette forme d’élevage a pu paraître prometteuse pour le bien-être
de nos semblables, à défaut de l’être pour les animaux entassés. En fait, il n’allège en rien la misère des populations démunies. Les viandes et sous-produits obtenus demeurent en circuit
fermé dans les pays nantis. Une question culte de nos interviews SDCC me revient à l’esprit, celle sur les animaux domestiques nourris alors qu’ils n’en fichent pas
une. Savez-vous que la quantité de nourriture destinée aux animaux de compagnie est plus que négligeable? Ce sont les animaux d’élevage qui consomment les
2/3 de la production céréalière de nos pays, au détriment des affamés. Mais les animaux s’en passeraient volontiers, et ils retourneraient à une vie logique et
naturelle si l’irraison humaine ne les en privait.
Maintenant, tout est question d’ignorance ou de cruauté. L’élevage concentrationnaire n’est possible que parce que la population ne sait à peu près rien, mais accepte d’emblée.
Il faut faire des choix, au niveau individuel. Noël approche, passez-vous du foie gras, symbole ultime de l’égoïsme des nations riches, de leur irresponsabilité, de leur
inconscience dans la joie fêtarde du gaspillage organisé. Maintenant que vous m’avez lue, vous n’avez plus l’excuse de l’ignorance. Ne reste que la cruauté, celle de laisser
faire.
Au fait, l’élevage industriel n’est pas bon non plus pour le chômage et l’environnement.
Lou
Mathias Sandorf
de Jules Verne
Vous connaissez souvent de Jules Verne
des grands classiques, ces derniers qui ont
la particularité, comme le disait Marc
Twain, d’être des livres que tout le monde
veut avoir lu, mais que personne ne veut
lire… Mais on oublie aussi de Jules Verne
plusieurs douzaines de livres débordant
d’imagination et qui n’ont pas éteint le
panthéon des classiques.
En parlant de classiques… vous avez
sûrement eu connaissance du Comte de
Monte Christo, d’Alexandre Dumas, que
vous n’avez peut-être encore eu le
courage d’ouvrir, comme l’aurait subodoré
ce cher Twain. Alors, quel lien entre cet
ouvrage archi connu, et les bouquins
(quasi) inconnus de Jules Verne ? La
réponse est Mathias Sandorf… et l’histoire
qu’il renferme éveillera certainement
votre curiosité…
Passionné par de nombreux auteurs de son
temps, dont Alexandre Dumas et Edgar
Allan Poe, Jules Verne s’est pris au jeu de
reprendre la trame de fond du Comte de
Monte Christo, en l’arrangeant bien sur à
sa sauce, au terme d’aventures diverses et
variées, alternant les voyages plus ou
moins exotiques et les inventions
nouvelles. Mais cet ouvrage de 1885, fort
méconnu, offre son lot de surprises. On se
retrouve à la fois dans l’esprit du chef
d’œuvre de Dumas, mais avec un nombre
croissant
d’incertitudes
et
des
retournements de situations frisant parfois
avec le farfelu, même si la limite n’est
jamais franchie. L’alliance de l’aventure et
du mystère est agréable, et on ne se heurte
pas en de longues descriptions (un fait
parfois reproché à Jules Verne). Pour tous
les amateurs d’Histoire, Mathias Sandorf a
aussi sa place. Ce personnage du milieu
du 19e siècle est avant tout un nationaliste
hongrois victime de trahison et qui ne
tarde pas à finir dans les prisons
autrichiennes… tout un symbole au
moment de la montée des nationalismes et
l’affirmation de la Prusse et de l’Autriche
Hongrie. Une fois le Comte en prison, vous
l’avez deviné, il s’évade quelques années
après, change d’identité et prépare sa
vengeance… Le nouveau Mathias Sandorf
est fidèle à l’esprit de Jules Verne,
aventureux, savant, étrange, et ses
péripéties recoupent le fond historique et
les schémas classiques du roman
d’aventure, avec des méchants… vraiment
méchants, et des traîtres pourris et
corrompus jusqu’à la moelle.
N’en disons pas plus. Ce livre est à
découvrir, simple à la lecture, et
généralement vite lu (mais ne lisez pas
que les belles 111 illustrations de Benett…).
Pour tous les amateurs du roman
d’aventure !
Yvain
L’ombre du vent
de Carloz Ruiz Zafón
- Roman d’aventure
- Fresque historique
« Chaque livre a une âme. Celle de celui qui
l’a écrit et de ceux qui l’ont lu, ont vécu et
rêvé avec lui ». Il est certains romans qui,
comme de belles rencontres, peuvent
vous faire évoluer, progresser, changer
votre regard sur le monde. L’ombre du
vent fait incontestablement partie de
cette catégorie. Pour son quatrième ouvrage, le premier traduit en
français, l’auteur espagnol Carloz Ruiz Zafón conte, dans un roman
initiatique flirtant avec fantastique, les aventures de Daniel Sempere,
fils d’un libraire orphelin de sa mère, dans la Barcelone gothique de
l’après Guerre civile. A l’âge de 10 ans, le père de Daniel le conduit au
Cimetière des Livres Oubliés dans lequel il doit choisir un bouquin et
l’adopter. Il tombe sur L’ombre du vent, le roman d’un mystérieux
auteur, Julien Carax dont l’œuvre et l’existence semblent être tombées
dans l’oubli. Curieux et admiratif, il va chercher à en savoir plus sur
cet homme et la légende noire qui semble le précéder. C’est le départ
pour lui d’une formidable et difficile quête qui va accompagner son
enfance, puis son adolescence jusqu’à l’âge adulte tout au long « d’une
histoire de livres maudits, de l’homme qui les a écrits, d’un personnage
qui s’est échappé des pages d’un roman pour les brûler, d’une trahison
et d’une amitié perdue. »
Roman dense et rythmé, à la structure narrative à la fois ambitieuse et
complexe où la vie du héros se confond et se croise avec celle du
mystérieux auteur dans un fascinant jeu de miroirs, L’ombre du vent
fourmi d’énigmes haletantes et de personnages hauts en couleur à la
psychologie très travaillée. Une histoire magnifique et émouvante en
même temps qu’une fresque historique sur la période la plus
douloureuse de l’Espagne contemporaine dont les personnages
accompagneront le lecteur longtemps après avoir refermé le livre.
Laín Coubert
Cinéma
Un film qui
Swing
Swing n’est pas le film le plus
connu de Tony Gatlif et pourtant
il mérite, à bien des égards, qu’on
s’y intéresse. Le réalisateur,
connu pour ses productions
imprégnées de l’univers des
Roms, ne fait pas exception dans
Swing : Max, un garçon de dix
ans, est en vacances chez sa grand-mère, et davantage
passionné par la musique tzigane que par l’univers bourgeois
qui l’entoure, profite de sa liberté pour aller acheter une
guitare dans le quartier des gitans. Très vite adopté, il
apprend la guitare avec Miraldo, (interprété par Tchavolo
Schmitt, un musicien virtuose) et se lie d’amitié avec
l’étrange Swing, le jeune personnage éponyme.
Le scénario n’a rien de très original, mais là n’est pas l’intérêt
du film. Plus appréciables : le traitement de la relation entre
les deux enfants, innocente, gamine, mais parfois sensuelle,
ainsi que l’ambiguïté qui entoure le personnage de Swing, et
qui met un long moment à être levée.
La deuxième - et immense - qualité du film, c’est sa bande
sonore. Tony Gatlif est passionné de musique gitane et s’en
donne à cœur joie. Le jeune héros évoluant dans un univers
de musicien, on est sans cesse bercé par la musique, et on
en redemande. On y écoute des berceuses gitanes, une
interprétation des Yeux Noirs et d’autres grands classiques,
bien sûr, mais l’un des morceaux les plus émouvants est celui
où divers musiciens se réunissent pour chanter le chant de la
paix, en yiddish, en rom et en arabe. Beau symbole. À son
image, le film ne propose pas de grandes leçons pédantes sur
la vie ni d’innovations techniques originales, mais fait passer
un beau moment, dans le plaisir de l’émotion et surtout de
l’écoute.
C.D.
V
Let me introduce you to
one of my friends …
James Stewart, allégorie du positivisme dans l’inconscient
collectif, est souvent assimilé à de grands noms de la
réalisation tels que Frank Capra ou Alfred Hitchcock.
Pourtant, son rôle référent reste l’atypique Elwood P.
Dowd, dans Harvey.
Dès la première scène, on découvre un homme entre deux
âges, entre les deux dimensions que sont le rêve et la folie.
Mais ce qui fait son attrait, ce ne sont pas tant ses
manières farfelues, comme donner sa carte à de parfaits
inconnus, ni son goût prononcé pour les soirées
improvisées : c’est bien son ami Harvey qu’il présente à
tout bout de champ.
Mais comment présenter un lapin de plus de deux mètres
de haut ? Tout le ressort comique du film réside dans ce décalage surréaliste et sur le désintérêt
marqué d’Elwood pour le monde qui l’entoure. Ainsi, parmi les scènes savoureuses, on notera le
moment où il commande deux martinis alors qu’il est seul au comptoir. Sous le regard incrédule
du barman, il lance un « Let’s drink it up! » à ce Harvey qu’on ressent complice sans jamais qu’il
apparaisse à l’écran.
Ici réside toute la qualité du jeu de James Stewart, acteur expérimenté qui maîtrise à merveille tour
à tour le mime, la réplique culte et la gestuelle pointue. Loin de moi l’idée de dire que le film
repose entièrement sur la performance de Jimmy : la réalisation d’Henry Koster constitue une
grande réussite puisqu’elle parvient à transposer à l’écran l’atmosphère magique de la pièce de
Mary Chase, par ailleurs récompensée en 1945 par le fameux prix Pulitzer. La mise en scène joue
sur la symbolique avec brio, comme lorsque Harvey, l’esprit magique, semble ouvrir une porte.
Ce « Pooka » est-il réel ou suffit-il de croire en lui pour qu’il existe ?
A vrai dire, une question reste en suspens, plane sur tout le film : Elwood est-il un fou, comme le
perçoit son entourage, ou est-ce un Peter Pan, sorti tout droit du conte de Barrie ? Nous parle-ton de la vision sociétale de la folie ou nous raconte-t-on une histoire féerique ? Chacun répondra
selon son degré d’accord avec Baudelaire lorsqu’il décrivait le génie comme l’aptitude à rester
enfant.
Quoiqu’il en soit le spectateur ne pourra résister au tandem comique Harvey/Elwood et l’on se
demandera, pour terminer, lequel est le plus irréel tant Elwood est maladroit sur terre comme
l’albatros de Baudelaire et tant Harvey semble omniprésent.
Chardon d’Herbet
Hôtel Woodstock
(Taking
Woodstock)
d’Ang Lee
- Woodstock…ou presque !
40 ans déjà que le festival d’ « Art et de
Musique de Woodstock » (15 – 18 août
1965), un des plus grands moments de
l’histoire du Rock & Roll (Oh yeah !!!),
faisait vibrer et planer près de 500 000 participants venues des quatre coins
des États-Unis autour d‘une scène où défilèrent entre autres Jimi Hendrix,
Janis Joplin et The Who. Ce rassemblement emblématique de la culture
hippie des années 60 n’eut pas lieu à Woodstock mais, à une soixantaine de
kilomètres de là, à Bethel, au nord de l’état de New-York. Woodstock n’est
que la ville où se situait le studio du producteur Michel Lang, l’un des
organisateurs du concert. Cet été, l’anniversaire de ces « trois jours de paix
et de musique » a fait refleurir les témoignages des éternels « j’y étais ».
Parallèlement à cette commémoration, le réalisateur taïwanais, Ang Lee,
élevé en partie aux Etats-Unis à et à qui l’ont doit des films comme le
virevoltant Tigre et Dragon et le bouleversant le Secret de Brokeback
Mountain, nous offre avec son dernier long métrage apporte un regard neuf
sur ce mythe fondateur de la culture des seventies.
Elliot Tiber, jeune décorateur à Greenwich Village, retourne chez lui aider
ses parents, tenanciers calamiteux d’un motel décrépit à Bethel. Alors que
leur situation financière est tout simplement catastrophique (l’hôtel est
menacé de saisie), Elliot apprend que la bourgade voisine a finalement
refusé d’accueillir un festival de musique hippie. Voyant là une opportunité
inespéré, il décide de contacter les producteurs … Trois semaines plus tard
500 000 personnes envahissent le champ de son
voisin et Elliot se retrouve embarqué dans l’aventure
qui va changer sa vie pour toujours ainsi que celle de
toute une génération.
Ang Lee en adaptant le livre autobiographique
d’Eliott Tiber, Taking Woodstock, A True Story of a
Riot, A Concert, and A Life nous offre une comédie
d‘une enthousiasmante énergie. Le cinéaste choisit un
angle original et quelque peu frustrant: Ang Lee
préfère filmer les coulisses, les à-côtés, l’âme d’une
époque et ce grand souffle peace and love qui
contamina même les moins réceptifs. On n’assiste
pas au concert (ce fut l’affaire du documentaire de
trois heure de Michael Wadleigh sorti en 1970).
L’évènement n’est ici qu’un déclic intime plus qu’une
apothéose dans la vie du personnage principal. Cette astuce du scénario
évite au film de tomber dans le piège de l’hommage et permet surtout de se
focaliser sur l’organisation du festival et de s’attacher aux personnages
souvent décalés, entiers et humainement riches. Parmi eux, mention
spéciale à Imelda Staunton (Dolores Ombrage dans Harry Potter et
l’Ordre du Phoenix) méconnaissable dans le rôle de la mère d’Eliott,
véritable dragon, parano, vénale, pingre et pourtant terriblement attachante.
Ang Lee a su aussi convaincre une multitude d’acteurs de talents de faire
des apparitions plus ou moins courtes : Emile Hirsch (Into the Wild) en
petit vétéran du Vietnam local ou bien Liev Schreiber (Wolverine) en exmarine travesti venu faire la sécurité.
Si Ang Lee n’a pas tous les moyens de ses ambitions et manque parfois de
fantaisie, ce Hôtel Woodstock libère néanmoins un vrai parfum de liberté et
de plaisir. Le cinéaste nous ravit par la qualité de sa mise en scène et son
soin du détail. La reconstitution est brillante. Le cinéaste arrive à nous faire
regretter de ne pas avoir participé à l’évènement.
NG
Musique
VI
Les vétérans du Rock !
Imaginez que 5 « dieux » du rock se réunissent dans un studio californien histoire de passer un bon moment en
musique (non je ne parle pas de boys band, nous sommes dans la rubrique musique tout de même) et bien ça finit
par la formation d'un super groupe, les Traveling Wilburys ! Pour mieux vous convaincre je n’ai qu’à vous citer
Bob Dylan, George Harrison (membre des Beatles), Tom Petty, Jeff Lynne, Roy Orbison ! Même si tous ces noms
ne vous évoquent pas forcément quelque chose, ils sont incontournables dans le monde de la musique et
notamment du rock. Ainsi né en 1988 les Traveling Wilburys est un groupe où chaque membre apparaît sous un
pseudo se faisant passer pour 5 frères ! Loin d’être l’histoire d’une fratrie déglinguée, les Traveling Wilburys est
l’histoire de cinq potes s’amusant à faire ce qu’ils font de mieux, à savoir, du Rock’n’roll ! C’est en seulement 10
jours qu’ils écrivent et enregistrent leur premier album Traveling Wilburys vol.1 d’où est tiré la chanson « Tweeter and
the Monkey Man » ou leurs voix et leurs guitares s'en donnent à coeur joie. L’enregistrement de leur deuxième
album est interrompu par le décès de Roy Orbison. Cependant l’album Traveling Wilburys vol.3, le dernier, voit le
jour en 1990 en hommage au cinquième Wilbury autrement dit Roy Orbison notamment dans le clip de la
chanson « End of the Line » où l’on peut voir une chaise à bascule se balançant au moment ou Orbison chante. Leur
musique est un mélange du talent et du savoir faire de chacun et propose un son enivrant à l'image de ces cinq pionniers du rock. Traveling Wilburys un voyage
dans l'atmosphère du rock de la fin des années 80, un rock au tournant de son histoire! Alors après toutes ces bonnes paroles, tous sur Youtube (avec une bière
à la main vous serez plus dans l’ambiance) ou je vous laisse aller découvrir ce super groupe et apprécier ces quelques notes qui vous donneront je l’espère un
peu de rock’n’roll attitude dans ce monde de sourds !
A.Z.
Piqué par le son !
Depuis quelques temps, les vieux qui
ont fait les grandes heures du « hard
rock » ont fait leur grand retour sur
scène, avec un nouvel album qui s’est
plus ou moins bien vendu. Ainsi,
avons-nous eu l’occasion de voir
débarquer dans notre « petit » zénith
des grands vieux ou vieux grands,
question de point de vue, comme
Deep Purple, Scorpions ou d’autres
encore. Peu importe ce que l’on peut
penser de ces vieux du rock qui
ressortent, j’ai envie de dire que c’est
dans les vieux disques qu’on peut
trouver quelques belles perles. En
témoigne un vieil album dont je ne me
suis encore jamais lassée : Love At
First Sting, de Scorpions. Quelquesunes de ces neuf chansons,
enregistrées en 1984, sont connues du
grand public, représentant bien le
style du rock de l’époque, avec,
notamment, des solos de guitare longs
et qui peuvent être déchirants à
souhait
si
on
se
souvient
soudainement que nous sommes en
2009 et que la technologie a progressé
depuis… Mais Scorpions et sa
discographie ne sont pas que cela.
Love At First Sting n’exclue pas de
bons vieux morceaux de heavy metal
qui rappelleront à tous les grands
morceaux les plus connus des groupes
qui ont marqué cette époque, comme
Iron Maiden. Mais Love At First Sting
n’est pas qu’un bon album où l’on
trouve un résumé du rock de l’époque,
ce n’est pas non plus un album dont
les seuls morceaux qui offrent autre
chose que la puissance de la bizarre
voix
Klaus
Meine,
quasiindescriptible à mes yeux, sont toutes
les ballades calmes et romantiques
que la postérité a retenues et qui sont
diffusées encore et encore sur les
ondes préférées de nos parents.
Certes, l’album n’est pas sous-tendu
par une construction recherchée et
étudiée comme on peut en trouver
chez certains artistes, il ressemble
plutôt à un assemblage de titres
composés à la même période, mais il
est un titre à citer qui ouvre à cet
album les portes des anthologies du
rock, à mes yeux en tout cas :
« Crossfire ». Ce titre est un
réquisitoire contre la guerre, tout
bonnement. Cette chanson nous fait
vivre le cauchemar d’un homme qui
se retrouve au milieu d’un échange de
tirs qu’il n’a pas réclamé, qu’il ne
comprend pas mais dont il connaît
l’issue, même s’il la refuse : « We are
much too young to die ». La voix de
Klaus Meine sert à merveille cette
expérience qui nous est dépeinte (avec
une certaine qualité d’écriture à mes
yeux), d’autant que la batterie rythme
la marche de la guerre, nous mime
l’avancée de combats et sa violence,
comme si nous finissions par être
entouré de ces combats qui tuent la
vie du narrateur de cette petite œuvre
poétique et déchirante. En somme, cet
album porte bien son nom puisque,
pour des raisons diverses telles que les
légendaires ballades, les chansons
gonflées aux basses, signature des
maîtres de rock (mais qui ne peuvent
être limitées à de bons titres), ou
encore cette voix qui ne peut laisser
indifférent, l’aiguillon du plaisir
musical (on n’ira pas jusqu’à parler
d’amour là !) me pique.
L.A.
Nettoyage à sec
Τoujours partante quand il s’agit de te faire du mal, lecteur, après
l’album pour rêver tout l’été (voir SDCC de mai 2009), voici
l’album pour rêver DE l’été. Une pochette avec des gens dans
l’eau, par des températures que l’on imagine volontiers
caniculaires, au large d’une plage bondée. De la pop tropicale,
douce et rythmée, nostalgique et inventive, rêveuse et surprenante.
Bref, la totale pour te faire souffrir (et aimer ça !) dans les premiers
frimas du mois de novembre. Voici Life Of Leisure, le premier EP
d’Ernest Greene aka Washed Out, un illustre inconnu, ce qui ne
saurait durer étant données les pépites que recèle ce premier
album.
Pour les plus fauchés d’entre vous, la découverte de ce jeune artiste
très prometteur se fera via Myspace où tous les morceaux de l’EP
sont disponibles en écoute intégrale à l’heure où j’écris cet article.
Vous aurez peut-être un peu le mal de mer en écoutant les
premières mesures de « You’ll See It », mais le malaise est voulu et il
est pleinement constitutif de cette sublime balade nostalgique à la
ligne mélodique irrésistible. A l’image de ces fins de soirées entre
amis trop arrosées où le corps chancelle mais où l’esprit vogue,
libéré, entre plénitude et nostalgie. « Hold Out » est un superbe tube
en puissance qui mixe basses disco et chœurs éthérés. Alors que la
rythmique incite à danser dans une chaleur moite, le chant invite
plutôt à l’évasion onirique.
C’est là l’essence de Washed Out qui
produit à l’aide de sons pensés pour
les dancefloors une musique rêveuse
et contemplative, et fait naître de
vieux ingrédients (influences très
eighties) un sentiment de fraîcheur.
A ne pas louper non plus, les très
beaux « Feel It around » et « Belong ».
Les mélodies sont plus denses,
moins
« ambient »
que
chez
Lindström, plus élégiaques peut-être aussi que chez Air France,
deux autres excellents représentants du courant « tropical » actuel.
Sachant que ces derniers sont scandinaves (Washed Out est
américain), mon article paraîtra peut-être un peu moins hors sujet
en ce mois de novembre...
EF
Life Of Leisure (Mexican Summer)
www.myspace.com/thebabeinthewoods
L'inconnue du mois
VII
Ce qui suit est une « interview d’inconnue ».
C’est-à-dire qu’un pool d’intervieweur se promène en ville à la recherche d’une personne au faciès
engageant et d’apparence disponible, puis l’approche amicalement et le convainc de répondre aux
questions.
Ce mois-ci, nos deux interviewers, sont partis comme chaque mois à la recherche d’une personne susceptible
de répondre à leurs questions étranges. Intrigués par le sens énigmatique d’une certaine enseigne de
librairie, ils se sont retrouvés dans l’antre d’un papyvore (un mangeur de papys ?) pas très amène qui, en
une dissertation fumeuse et peu convaincante sur l’inutilité de la fac, la commodité des aides financières
du CROUS et l’attrait des bistros clermontois, a tenté de leur expliquer pourquoi il ne voulait rien avoir à
faire avec des étudiants, aussi sympathiques soient-ils. Dépités de s’être ainsi fait jeter par le papyphage, nos
jeunes et tenaces étudiants, ont vite été consolés par le sourire avenant de Marie-Line, 28 ans, et de son ami
Sébastien.
SDCC : Est-ce que tu as appris quelque chose aujourd’hui que tu aimerais révéler au monde entier ?
Marie-Line : On en apprend tous les jours mais c’est difficile d’avoir quelque chose d’extraordinaire à raconter.
SDCC : Est-ce qu’il y a un livre, un disque ou un film que tu as découvert récemment et que tu as particulièrement apprécié ?
M-L : Le dernier Lacrimosa.
SDCC : Est-ce qu’il y a un endroit à Clermont que tu aimes particulièrement ?
M-L : La cathédrale. (Pourquoi ?) C’est un joli monument architecturalement parlant. Ça va être coupé j’espère ? (Non ma jolie, en
journalistes scrupuleux, nous transcrivons mesquinement tout ce qui parvient à nos oreilles)
SDCC : Le dernier rêve dont tu te souviennes ?
M-L : Trucider le géniteur de mes filles ?! (Next question).
SDCC : Qu’est-ce qui va causer la fin du monde ?
M-L : Le réchauffement de la planète.
SDCC : Une date ?
M-L : Le plus tard possible ! (une date précise ?) Non on ne va pas parler de 2012 !!! Même si c’est soit-disant marqué dans le calendrier
maya on va espérer que ce ne soit pas vrai quand même !
SDCC : Qui va sauver le monde à ce moment-là ?
M-L : Personne. Parce que, est-ce que les gens en valent le coup de toute
manière ?
SDCC : Peux-tu te décrire en 3 adjectifs spontanément ?
M-L : Perfectionniste, chiante et maman. C’est ce qui me décrit le mieux.
SDCC : Si tu étais Miss Auvergne que dirais-tu à Jean-Pierre Foucault
pour être élue Miss France ?
Sébastien (faisant soudain irruption dans notre interview) : Pauv’tâche ! (une
miss douée de discernement ?)
M-L : Que je suis tout simplement moi et qu’on me prend avec ce que j’ai :
mes défauts et mes qualités.
SDCC : Comment te sens-tu en ce moment ?
M-L : Euphorique. (c’est donc l’effet qu’on provoque)
SDCC : Quel animal as-tu toujours rêvé d’être ?
M-L : Une licorne. (Pourquoi ?) Le cheval déjà c’est un animal noble et le côté fantastique ça fait rêver.
SDCC : As-tu une question à nous poser là maintenant ?
M-L (éclate de rire) : Est-ce que j’ai l’air con ?
SDCC : Dernière question : tu trouves pas que les Auvergnats sont particulièrement agressifs ?
M-L : Comment dire ... (T’es auvergnate ?). Non absolument pas, je suis Normande et fière de l’être. Non je dirai simplement qu’ils sont
intolérants et très fermés. (incompréhension culturelle bien connue entre Normands et Auvergnats et que nous décidons de prendre avec humour)
EF & AZ
Interview : Anaïs !
VIII
De passage en mai dernier à la Coopé, la sympathique et très franche Anaïs nous a offert une
occasion de discuter avec elle de la musique, de ses concerts et même, de la crise !
Sortie D’Ce Cours : Tu trouves pas qu’en France on porte souvent plus d’attention aux textes qu’à la musique proprement
parler ?
Anaïs : Y’a un côté très chanson en France. Je trouve même que les années 80 étaient plus ouvertes sur le côté pop parce que les Rita
Mitsouko et Niagara ont plus trop d’équivalent. Moi je suis pop naturellement je suis chanson car j’aime les textes et le folk mais j’aime
bien quand ça pète un peu et puis j’ai beaucoup de références anglo-saxonnes. Mais je remarque que c’est pas facile à faire passer. Là on
est en plein revival chanson et les gens s’en sont toujours pas lassés...
SDCC : Est-ce qu’il y a une part autobiographique dans ta musique ou estce que tu crées des personnages de toutes pièces ?
A : Je me crée 20000 personnages et en même temps ils sont tous moi. C’est
toujours un mélange d’autobiographie, d’observation des gens qui pourraient
être rattachés au thème dont je veux parler et l’imaginaire qui part sur la feuille
et qui emmène le thème beaucoup plus loin.
SDCC : Quel artiste français aimes-tu ou quel artiste de renommée
mondiale ?
A : Je suis très bon public. Parfois je vais kiffer à fond un single mais pas
forcément l’album. J’ai toujours une grand tendance pour les grands
performers, Robbie Williams, des grands showmen, des Beyoncé ou Pink, je
suis très « soupe populaire » comme on dit mais j’aime bien ceux qui savent
tout faire avec un grand professionnalisme et une voix de ouf sinon j’ai un petit
côté punky, une petite tendresse pour l’électro-clash.
SDCC : Ton plus fort moment sur scène ?
A : Y’en a eu plusieurs. Ils ont tous été empreints de peur et en même temps à chaque fois joués devant des milliers de personnes. Je me
souviens des Francopholies de la Rochelle où j’ai été très malade et où je n’aurais pas dû être sur scène et où c’est le public qui m’a donné
l’énergie, là je me suis dit « Ouh la la ». C’est quand même un métier incroyable mais quand même dangereux parce que ça faisait quand
même quelques concerts en me demandant où je puisais mon énergie et là je voyais bien que j’en avais plus, la seule réserve que je
trouvais c’est chez les gens et je me suis dit « Tu stoppes chérie ! ». Sinon y’a eu Les Eurockéennes où j’ai halluciné, je suis allée
directement de l’hôtel au concert et je me suis retrouvée sur scène avant les Deftones, et puis je sors de scène hyper triste parce que j’ai eu
un blanc de 2 mn sur Chistina, le truc horrible, et je sors de scène y’avait plein de gens mais ils s’en foutaient, ils regardaient sur les côtés
y’avait des écrans géants, ils en avaient rien à foutre, oui c’était un énorme festival. Je me suis dit : « T’es vraiment conne c’est pas
possible ». (ça arrive à tout les artistes non ?) Ben non , le truc c’est que j’ai pas très confiance en moi et si je peux trouver le truc pour
m’envoyer des coups de couteaux et me flageller je le trouve !
SDCC : Avec quels artistes aimeraient-tu travailler ?
A : J’aimerais beaucoup travailler avec Jack White, ça c’est sûr. J’avais un projet avec Chris Isaac mais ça s’est pas fait. Pink j’aimerais
bien aussi mais faudrait trouver quoi.
SDCC : Comment est-ce que tu composes ? Est-ce que tu as un processus
particulier ou est-ce que c’est différent à chaque fois ?
A : Alors non justement je n’ai pas de processus particulier et ça m’emmerde
bien car je sais absolument pas comment je réussis à écrire une chanson et
comment je la finis. Alors je suis devant ma page blanche à chaque fois et je me
dis « Non mais c’est pas possible, comment tu fais ? » et elles sortent. C’est
facile d’avoir une phrase, un début de couplet mais écrire une chanson entière
c’est difficile et c’est là qu’arrive le vrai travail. Là je m’enferme toute seule
dans la baraque familiale en Ardèche et je continue à écrire ma chanson.
SDCC : Dans le contexte actuel qui n’est pas brillant est-ce que tu aurais
une sortie de secours à nous proposer ?
A : Pas brillant pourquoi ? (économiquement etc...) Ben écoutez on m’a fait
signer une pétition qui essaie d’inscrire les transports en commun, l’éducation
nationale, la santé dans la constitution. Bon ça passera jamais mais j’ai signé. Je
me sens pas du tout « artiste engagée » mais je me dis que plus ça va et plus on
en revient à une espèce de féodalité totale avec un patronat et des parachutes
dorés de plus en plus ouf et puis la presse ouvre plus sa gueule quand des gens
comme Tapie touchent des indemnités de 150 millions d’euros, tout passe comme une lettre à la Poste, y’a des grêves mais tout le monde
s’en fout. Moi j’ai pas de solution... Moi en ce moment je sais pas quoi faire, je fais des chansons pour que les gens oublient ça en gros.
EF & CD
Interview (bis) : Orelsan !
IX
C'est dans une loge avec Coca, Perrier et Regalas que nous avons retrouvé Orelsan à l'aise pour son
passage à Clermont, dans le cadre d'une tournée affectée par la polémique de la chanson sale pute. Malgré
les attaques médiatiques et politiques, il reste plebiscité par le public et par le net. Le point sur un jeune
rappeur qui interpelle déjà l'opinion publique.
Sortie D'Ce Cours : Au niveau de ton actualité, tu viens de remporter la sélection française des MTV Europe Awards. Tu peux nous en dire plus ?
Orelsan : J'ai remporté le premier round face à Rohff, Sliimy, Olivia Ruiz et David Guetta. Comme le vote se déroulait sur Internet, ma côté de popularité sur
le web a été un plus. C'est vrai qu'au niveau européen, les choses seront différentes : la chaîne est plus confidentielle en France que dans le reste de l'Europe.
SDCC : Il y a eu une grosse polémique autour de ta chanson...
O : Quelle polémique ? (Alors, est-ce une opération de communication politique ou vas-tu réellement avoir des ennuis ?) Non, je n'aurai pas d'ennuis légaux. Ils n'ont pas de
fondement pour m'attaquer en justice. Le seul ennui, c'est que les mairies subissent des pressions de la part des associations. On menace de retirer des
subventions. Du coup, j'ai été déprogrammé dans quelques villes comme Saint-Brieuc. Et même lorsque l'idée ne pose pas problème, en pratique, les moyens de
sécurité autour de mon concert découragent les programmateurs.
SDCC : On te soutient plus à droite ou à gauche ?
O : Au Printemps de Bourges, la gauche m'a défendue et aux Francofolies, c'était la droite. Chacun y va de son petit commentaire, mais la plupart des personnes
que je croise dans les nombreux débats auxquels j'ai participé n'ont pas écouté la chanson. Ils n'ont écouté que des morceaux de la chanson et cela a fait monter
la polémique. Je ne comprends pas les manifestations pour annuler mes concerts, même si je comprends la cause défendue, c'est évident. Pourquoi faire cela
sans avoir écouté ma musique? Ils ont une bonne cause mais ils tapent au mauvais endroit. La chanson en question, je ne la chante même plus.
SDCC : Et la tourmente médiatique ? la censure ?
O : Il faut bien savoir utiliser les médias, parce qu'ils sont là pour t'abattre. Des fois, tu es obligé de t'autocensurer, même si j'essaie de le faire le moins possible,
car la musique sera nulle. Ce n'est que de la musique, tu as le droit de dire ce que tu veux. On n'est pas des politiques. La chanson était une fiction, un
personnage.
SDCC : Plus jeune tu écoutais du rock. Qu'est ce qui t'a fait passer au rap ?
O : Je faisais du basket, et le basket et le rap sont deux choses très liées. Mes potes m'ont fait écouter des sons et j'ai commencé à apprendre des textes par
cœur, notamment ceux de NTM, IAM ou encore Public Enemy.
SDCC : Que penses-tu du dernier buzz dans le rap MC jean Gab'1 ? Aurais-tu aimé faire une chanson comme « J't'emmerde » ?
O : Ca me fait rire, mais si je connaissais les personnes dont il parle, j'apprécierais moins. Personnellement, je n'ai pas envie de critiquer les autres artistes : ça
donne un côté people. En plus, quand je rencontre d'autres artistes, même si je n'aime pas leur musique, je peux les trouver sympas et je n'ai pas envie de les
clasher.
SDCC : Pourtant, tu as dit que te comparer à TTC, c'était t'insulter …
O : On a cru que j'avais copié sur TTC pour "Saint-Valentin" alors que cette chanson, je l'ai faite il y a quatre ans. Ils font du rap pour ceux qui n'aiment pas
cette musique. Ils sont sur un mode alternatif, sans passer par les bases, alors qu'en tant que fan de rap, je veux faire pleinement partie de cette musique.(Et te
comparer à Eminem ?) Ça fait plaisir, même si c'est facile : moi aussi je suis blanc, rigolo, j'ai la voix aiguë, je mets des déguisements... Mais jamais je ne l'ai copié.
En France, ils rêvaient qu'il y ait un Eminem français, mais il a eu une vie beaucoup plus dure. Aux USA, il y a un mouvement de rappeurs blancs tantôt drôles
tantôt sombres, comme Cage, qui me correspondent plus. Du reste, au niveau des thèmes, je me rapproche plus de The Streets.
SDCC : Après le phénomène que tu as déclenché, n'as-tu pas peur de ton deuxième album ?
O : Ben si ! À mort ! Je ne peux pas recréer le phénomène. La base c'est de faire des bonnes chansons, trouver
des nouveaux thèmes. Mon premier album parlait de mes 15/25 ans, aujourd'hui j'en ai 27, je ne ressent plus
les mêmes choses, forcément. Peut-être que plus tard je rapperai sur comment élever des gosses ...
SDCC : Skyrock a-t-elle tué le rap ?
O : Ce n'est pas vrai. Je pense que ça l'a démocratisé. C'était la première radio rap... qui d'autre l'aurait fait ? Il y
a des émissions comme la nocturne ou Cut Killer qui ont fait découvrir plein de titres à plein de gens. Les
parisiens ont Génération, mais là où j'étais, il n'y avait que Skyrock pour écouter du rap. J'ai découvert Assassin
ou Doc gynéco ! Que doit Skyrock au rap ? Ils font ce qu'ils veulent, c'est une entreprise. Le rap est un
mouvement qui s'est émancipé. Beaucoup de gamins découvrent encore le rap par cette station et participent à
l'évolution du genre. (N'as tu pas l'impression que le rap s'est dépolitisé ?) Le problème s'est posé pour beaucoup de
mouvements musicaux. Dès le départ, ne serait-ce qu'avec "Rapper's Delight", le rap a pu être festif. Il faut un
peu de tout. Même Public Enemy a fait des chansons pour le fun alors que leur message était très
contestataire. J'aime quand la contestation se fait entre les lignes. Le rap n'est peut-être plus le meilleur moyen
de revendiquer. Ça peut même être contre-productif pour la musique
SDCC : Es-tu un nostalgique ?
O : Oui, j'aime les sons à l'ancienne. Il y a encore des classiques que je découvre ! J'ai vu Kurtis Blow en
concert mais c'est un peu vieux pour moi. Je m'arrête à KRS-one ou Run-D.M.C. J'écoute des sons encore
plus old school que moi, mais les techniques d'enregistrement ont évolué tout de même. (Tu vas évoluer vers des
productions plus expérimentales alors ?) Oui, tout à fait ! Le premier album, on pose les bases. Pour le deuxième
album, je vais faire appel à d'autres producteurs que Skread, pour faire des sons électros par exemple. Tous les
styles de musique peuvent se marier avec le rap.*
SDCC : Tu utilises beaucoup de codes Geek : jusqu'à quel point l'es-tu ?
R: Oui, je suis pas mal geek! (rires). J'ai pas mal joué aux jeux vidéo. Je lis beaucoup de mangas et j'aime le cinéma et la littérature asiatique. Dans mon premier
clip, je me déguise comme dans Naruto, j'ai porté le costume de Batman jusque sur scène et je mets des T-shirts Mario ! Mais je ne voudrais pas faire une
chanson sur ce phénomène. On est tous un peu des geeks maintenant à l'heure d'Internet. Je suis un geek raisonnable.
* Gringe, l'autre Casseur flowteur nous a confié après le concert qu'Orelsan préparait son album pour Avril 2010 et qu'il avait déjà enregistré 6 chansons.
EF & Chardon d'Herbet
Ici et là
X
Médiaquête
D’ici et d’ailleurs
Tribulations gourmandes
Temple de la culture clermontoise pour les radins et autres fauchés, la
Médiathèque de Jaude est toujours un lieu accueillant, ouvert à tous (enfin
quand il n’y a pas grève !), qui se tient fièrement derrière un autre temple
(plus mercantile) dédié au Dieu-Shopping-Crédit-Revolving ! Alors pour
ceux qui auraient manqués le principe de cette chronique (réveillez vous ça
fait quand même 3 ans!) c’est de mettre en lumière un film ou un CD dispo
à la Médiathèque et de très humblement attirer votre attention sur des
œuvres atypiques et originales !
The Bubble
« D’ici et d’ailleurs »… D’emblée, le nom de
ce restaurant annonce un réjouissant
programme, un dépaysement opéré par le
mélange des saveurs et des coutumes. Si l’on
ajoute les très bonnes critiques qui auréolent
ce restaurant, on convaincrait le moindre
gourmet de s’y aventurer ! Mais les faits ne
sont pas forcément à la hauteur des
espérances. Certes, l’endroit est beau, coloré
de jaune et de rouge, le cadre très agréable.
La musique de fond n’est pas envahissante et
peut être baissée à la demande des clients.
Cependant, lorsqu’au bout de 20 minutes, les
serveurs ne sont toujours pas venus prendre
la commande, on commence quelque peu à
s’impatienter… Retard sans doute dû à
l’affluence des samedis soirs, alors passons.
Plus embêtant, néanmoins : les serveurs,
visiblement mal organisés, ont la désagréable
habitude d’apporter les apéritifs et les entrées
presque en même temps, et d’enlever, à peine
quelques minutes après les avoir posées, les
assiettes de biscuits apéritifs. Quand bien
même leurs clients ont encore la main
dedans… Cela, c’est du savoir-vivre, me
direz-vous. Le plus important, c’est la qualité
de la cuisine. Mais, de ce point de vue aussi,
nous n’avons pas été conquis.
On s’attendait à un mélange des saveurs,
original et goûteux. En réalité, il s’agit la
plupart du temps de mélanges d’aliments très
simples, qu’on relève fortement, pour leur
donner leur prétendue originalité. Ne
crachons pas dessus, cela fonctionne bien
pour certains plats, agréables à manger même
s’ils sont beaucoup moins raffinés que la
carte voudrait le laisser croire, mais pour
d’autres le mélange des saveurs est assez peu
réussi, voire raté… On vous déconseille
fortement, par exemple, le tartare de
courgettes aux crevettes, fade et mal
composé. Bref, certaines bonnes idées mais
beaucoup de snobisme pour une cuisine qui
n’a rien de bien original ni d’extraordinaire.
Reste que le prix est correct (environ 20 €
pour le menu du soir comprenant une entrée,
un plat et un dessert) et que, si vous voulez
changer de vos adresses habituelles, cela peut
faire une bonne sortie.
C.D.
de Eytan Fox
Non loin de Tel Aviv, à un Check point, se rencontre
un jeune réserviste israélien Noam et un jeune arabe
des territoires occupés, l’énigmatique Ashraf ! Le
coup de foudre est immédiat et une relation
passionnelle va naître entre les deux hommes!
The Bubble est une histoire israélienne racontée par
des israéliens, loin des idées reçues sur le quotidien
des habitants de Tel Aviv ! C’est aussi l’histoire de
trois amis, trois colocataires, Noam le séduisant
réserviste et disquaire dans le civil, Yali le gérant d’un café ultra branché de la rue Shenkin, et Lulu vendeuse
dans une boutiques de savons de luxe qui attend le grand amour !
Connue pour être l’autre nom de la rue Shenkin à Tel Aviv, (quartiers des yuppies, des artistes en tout genre et
de la scène underground israélienne), The Bubble (soit la bulle) est le reflet d’un monde bigarré, artificiel, en
marge d’un conflit qui gangrène la région. Fier porte-drapeau de Tel Aviv l’inconsciente, la provocante, la
tolérante, la fêtarde !
The Bubble est la fin de l’innocence, de la vie hermétique et protégée dans une bulle, qui est vouée à exploser.
L’arrivée inopinée d’Ashraf dans cet univers va profondément remettre en question la vie de nos protagonistes.
Film mélangeant subtilement les genres, passant de la comédie romantique gay, à un carnet de voyage dans les
territoires occupés, offrant un visage inédit aux relations (humaines) israélo-palestiniennes, un visage humain et
proche.
Eytan Fox filme dans son environnement puisqu’il vit dans cette rue depuis de nombreuses années, dépeint les
situations avec instinct, et douceur. Bien que The Bubble ne révolutionne pas les codes stylistiques et narratifs des
cinéastes occidentaux (auxquels Eytan Fox s’inspire), ce film reste une œuvre rare, un scénario unique (le vrai
point fort du film), indispensable dans le cinéma international.
ELB
Rétro ... c'est trop !
Ici et là, il y a une faculté d'histoire, avec ses
histoires drôles, ses secrets d'anciens, ou ses
mystères établis . Petit détour sur les bancs
embrumés des siècles passés …
L’Histoire est plein de grands personnages connus pour leurs
actions qui ont bouleversé la situation en leurs temps. En revanche,
d’autres ont sombrés dans l’oubli, soit parce qu’ils n’ont rien fait
du tout, soit parce qu’ils ont fait quelque chose de particulier qui
n’est pas très reluisant au regard de l’histoire glorifiante telle
qu’on aime (trop) souvent à la pratiquer.
Prenons le roi de France (vous remarquerez qu’ils leur arrivent
souvent des tuiles à ceux-là) Raoul Ier, duc de Bourgogne
parachuté sur le trône de France en 923. Son règne est partagé
entre anarchie nobiliaire et combats féroces pour tenter de
préserver la valeur du pouvoir royal (ce qui est partiellement
réussi, accordons-lui cela tout de même).
Mais ce roi mérite d’être connu pour sa mort. Treize années après son accession au trône, il décède après
avoir été malade pendant plus d’un, de pédiculose corporelle. Mais qu’est-ce donc me demanderez-vous ???
Accrochez vous à vos estomacs, cette maladie correspond à une « prolifération de poux, de morpions et de
vermines sur tout le corps ». Raoul-goutant, non ?
Korgon (qui va mettre ça dans son mémoire de Master 2)
Sortie D'Ce Cours te cultive
XI
Nom : Martin Monestier
Profession : historien du crade
Nul doute, aucun prof d’histoire ne donne ses ouvrages en bibliographie. Vous voulez approfondir un
sujet ? Personne ne vous conseillera de jeter un œil à la riche production de cet historien. Un écrivain
banni ? Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il traite de sujets tabous. Et comme la civilisation en
regorge, on tait ses travaux.
Une femme nue, que l’on voit de dos, les mains posées sur les jambes écartées, assise sur le trône,
tourne légèrement la tête pour aguicher le lecteur. C’est osé, la couverture d’un de ses livres présente
une femme qui coule un bronze. Écrit aussi gros qu’une pêche, le titre est dégoûtant : Histoire et
bizarrerie sociale des excréments, des origines à nos jours.
Martin Monestier s’est fait une spécialité. Il rassemble une encyclopédie de ce que l’on a toujours voulu
savoir sans risquer de le demander. Les poils, les seins, le cannibalisme humain, les enfants assassins,
les mouches (« le pire ennemi de l’homme » d’après lui), les monstres humains, tout ce qui nous fait
vomir… (sauf les seins !) Pourtant, dans le plus grand secret, ses lecteurs sont assidus et nombreux. Du
sujet lourd (les gueules cassées de la Première Guerre mondiale) à la subtilité des Pouvoirs cachés et langages secrets des fleurs, tout y passe.
Le Cherche-Midi, la maison d’édition de Martin Monestier, le qualifie d’« archéologue du pire », terme peu flatteur, mais c’est son fond de
commerce ! En historien appliqué, il sonde ses sources et met les mains dans les endroits souillés, pour en sortir les fondements de
l’humanité : de l’indicible partout.
Peu de monde se promène avec un bouquin de Monestier sous le bras. Vous pensez, quelle honte de se faire remarquer avec une
couverture sur laquelle une tête d’homme dessinée est arrosée d’un liquide gluant ! Surtout avec ce titre trivial : Le crachat, beautés,
techniques, et bizarreries des mollards, glaviots et autres gluaux. Mais quel est l’intérêt d’une telle recherche ? Vendre : car le dégueulasse
fascine. Plus c’est interdit, plus c’est tentant. Tous ceux qui jouent les personnes outrées sont les premières à lire les égouts de la presse
écrite (Voici, Closer, etc.). Et puis ce sont des objets d’études déterminants : si le crachat fait un retour irrésistible dans le monde occidental
(où près de 60 % des jeunes générations expectorent), il n’y a aucune raison de ne pas en parler. La salive, c’est dangereux, ça véhicule la
grippe A, donc c’est un sujet hautement scientifique. Enfin, il ne faut pas oublier la portée de ces historiettes de l’immonde qui ont fait
l’Histoire de nos grands hommes. Si Eugène Delacroix n’avait pas été porté sur la chose, et qu’il avait peint une Liberté pudique, pensezvous que la Révolution de juillet aurait la même saveur ?
Cap’tain Bigleux
Les 400 coups en Si tu n’as pas d’amis, lis ce qui
Seine Saint-Denis ... suit…
A une époque où l’Éducation scolaire va de
plus en plus mal, on pourrait penser qu’il est de
plus en plus dur pour les gens responsables de
ce secteur de rire dans leur métier. Un CPE du
9-3 a entrepris depuis maintenant quelques
mois de prouver le contraire. Via son blog
« Educator », il a entrepris de recenser des
anecdotes plus cocasses les unes que les autres.
Replantons le décor. Educator (ou Batman, ça
dépend des jours) est CPE dans un lycée
professionnel du 9-3. Son quotidien, c’est ses
élèves (tous rebaptisés par les doux prénoms de
« Kevin » et « Jennyfer »), c’est les petits tracas
du quotidien (les mecs du collège d’en face qui
viennent fracasser un élève de son bahut, une classe entière qui attrape la syphilis, …),
c’est l’imbécillité de certains professeurs (le GC* qui redécore la Tour Eiffel avec deux
testicules, …. Le tout est présenté sous forme de billets, à la manière de brèves de
bureau, toujours avec une belle note d’humour et parfois un soupçon de cynisme.
Donc si vous êtes un actuel préparant du CAPES, ou si vous travaillez dans l’Éduc’
Nat’, ou tout simplement pour vous détendre un peu, passez sur son blog, vous ne
serez pas déçu du voyage. Reprenez vraiment du début histoire de comprendre les
codes employés par ce cher Educator, et appréciez. Une petite pour la route ?
Kevin, 18 ans : « Ben quoi? J'vous ai pas insulté, J'vous ai juste dit que vous êtes chiant ! »
Korgon
http://educator.hautetfort.com/
Si toi aussi, tu est avide de nouvelle rencontre et que tu as déjà
tout tenté même auprès de ta vieille voisine mais en vain, alors il
te reste une solution : youNco.com ! Mais qu’est ce dont ?
C’est tout simplement un site qui organise des dîners dans des
restaurants avec cinq personnes, cinq inconnus ayant à peu prés le
même age que vous (plus ou moins cinq ans) ! Le groupe ainsi
formé est composé de trois femmes et de trois hommes (oui oui, il
ne faut pas croire que vous allez vous constituer un harem aussi
facilement !)
Ce service est monnayé cinq euros plus le restaurant ! Le site
propose aussi des soirées à thème. Une fois la soirée organisé, le
rendez vous est fixé à 21 heures au restaurant, et après il en est du
ressort du hasard. Je vous conseille d’aller lire les différents
témoignages et pourquoi pas de tenter cette expérience, après tout
que risquez-vous ? Bon bien sûr si vous êtes asocial, ce site n’est
pas pour vous, sauf dans le cas d’une thérapie.
A.Z.
www.younco.com/
Bons plans
XII
Y a t’il quelque chose de pourri au royaume du
Danemark ?
Comme vous l’aurez certainement noté, Cinéfac a repris ses coupables activités depuis le mois de septembre.
Pour les néo-clermontois je rappelle brièvement le principe : les mardis soirs à 20h30 à l’amphithéâtre
Gergovia boulevard Gergovia (la vie fait bien les choses) des films de qualité vous sont projetés pour la
modique somme de 2€ si vous êtes étudiants, chômeurs ou RMIstes et 3€ pour le reste du monde et de la
galaxie.
Après avoir eu la chance de voir Indiana Jones et la dernière croisade au mois d’octobre, que se passera t’il au
mois de novembre ? Afin d’honorer l’automne, son vent et ses feuilles mortes, l’équipe de Cinéfac vous
propose un cycle Danemark. Mais point de pasteur luthérien, de sombres forêts de résineux ou autre festin
de Babette ici (excellent film au demeurant qu’il faut absolument voir) mais plutôt la volonté de présenter
une sélection surprenante : le 10 novembre, Les Bouchers verts d’Anders Thomas Jensen que je n’ai pas vu, une comédie noire sur 2 copains
qui montent une boucherie et on peut légitimement supposer que tout cela va virer au gore très rapidement.
On enchaîne sans faiblir avec Pusher 3 de Nicolas Winding Refn, dernier opus de la trilogie des Pusher, jusque là je ne vous apprends rien
de très définitif. Il s’agit d’une histoire de dealer et de drogues et de violence mais je ne pourrai vous en dire plus celui là je ne l’ai pas vu
non plus.
Enfin le 24 novembre Elements of crime du très pénible Lars von Trier. Oui Lars von Trier me casse les pieds, je le considère comme un
insupportable poseur et son cinéma est à son image. Quand je pense à un de ses films j’ai envie de revoir Die Hard 1 et 2. Bien sûr je n’ai
pas vu ce film là non plus. Il date de 1985 alors peut être que cette œuvre est un peu moins maniérée que les suivantes.
La morale de tout cela ? On peut parfaitement parler de films que l’on n’a jamais vus. Le fils Sarkozy a bien failli être bombardé à la tête du
plus gros centre d’affaires de France alors que ses connaissances en droit des affaires sont aussi brillantes que les miennes en physique
quantique. Gardez espoir, la fin est proche.
Anne de Beaumont
Nos coups de cœur théâtre pour le mois de novembre
La cour des Trois Coquins (12 rue Agrippa d’Aubigné / 04 73 14 10 88)
Women 68, même pas mort de Nadège Prugnard : Trois mémés « rouges », restées soixante-huitardes dans l’âme, sortent de leurs maisons de retraite pour exprimer
vertement leur désapprobation : non, Mai 68 n’est pas qu’un mauvais souvenir. Et, oui, le féminisme existe toujours ! Pièce de théâtre engagée à découvrir le 24
novembre à 20h30. Tarif réduit : 10€.
La Nuit des Rois de Shakespeare : une pièce maitresse du théâtre anglais revisitée par les comédiens de l’Académie Internationale des Arts du Spectacle. Une
bonne occasion de réviser ses classiques et de savourer un spectacle qui s’annonce total, puisque chants, duels, danses et cascades seront aussi au rendez-vous. À
voir les 27 et 28 novembre à 20h30, et le 29 à 17h. Tarif réduit : 10€.
Le Petit Vélo (10 rue de Fontgiève / 04 73 36 36 36)
L’Anniversaire d’Harold Pinter : Meg et Peter tiennent une pension de famille mais vivent presque seuls. Ils n’ont qu’un seul pensionnaire, l’étrange Stanley
Weber, qui a du mal à tomber de son lit le matin et refuse toute forme de travail. Jusqu’au jour où deux inquiétants visiteurs arrivent et décident, lors de la soirée
d’anniversaire de Stanley, de prendre ce dernier en main… Du 17 au 20 novembre, à 21h. Tarif réduit : 14€.
C.D.
Il va falloir coopérer...
Les concerts immanquables de la Coopérative de Mai
12/04 > Après 10 ans de silence et alors qu’il montera uniquement sur 3 scènes
françaises cette année avant de s’en retourner vers l’Australie, celui qui aurait pu
rester la voix maudite du Rock, Peter Walsh de The Apartements, viendra
émouvoir et réjouir à coup sûr les fans de pop-rock. 10€
13/04 > Parce qu’à la Coopé il y en a toujours pour
tous les goûts vous pourrez aller vous enivrer des
rimes jamais aussi délicates et à la fois cinglantes
d’Oxmo Puccino qui partagera sur la scène
auvergnate son retour aux sources du hip-hop. 14€
29/04 > Vous pensiez que le Punk était mort ? Et
bien The Toy Dolls viendront jusqu’à ClermontFerrand vous prouver le contraire, délirants, endiablés,
ils enflammeront la scène de la Coopé. Un événement
à ne surtout pas manquer ! 18€
Lilou
Rédaction : Aguilar Laure, Areal Thomas, Buisson Élodie, Cortese
Pierre, Coste Yvain, Dain Émilie, Daniel Cécile, Fourré Estelle,
Giraud Nicolas, Grenier Pierre-Louis, Lollia-Belguidoum Émeraude,
Perona Matthieu, Taillandier Anne, Ydri Naïma, Zito Anthony
Logo : Gauthier Lafont
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Dépôt légal en cours.