Lésions virales à HPV, de bas grade, d`origine malpighienne
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N°171 Janvier 2005 - 4,60 € L’ A N A PAT H P O U R L E G Y N É C O L O G U E Lésions virales à HPV, de bas grade, d’origine malpighienne L Z O O M S U R es lésions virales à papillomavirus (HPV) sont divisées en deux catégories dont les aspects, cytologiques, colposcopiques, histologiques, biologiques et pronostiques sont différents. Il s’agit d’une part des lésions de bas grade, régressant spontanément dans un bon nombre de cas et, d’autre part, des lésions de haut grade, évoluant le plus souvent vers un carcinome épidermoïde invasif en l’absence de traitement. Le diagnostic de certitude des CIN est l’histologie qui se fait par la biopsie dirigée sous colposcopie. La cytologie est un excellent outil de dépistage, sensible, qui oriente le diagnostic colpo-histologique définitif. La qualité du diagnostic histologique dépend de multiples facteurs que nous verrons dans une rubrique consacrée aux discordances cytohisto-colposcopiques. Terminologie Il existe une terminologie (OMS, Richart) précise pour l’histologie La contraception d’urgence en 2005 E. AUBENY, Association française pour la Contraception, hôpital Broussais, Paris Les méthodes de contraception d’urgence sont les seuls moyens de prévenir une grossesse indésirée après un rapport non protégé ou mal protégé. Actuellement, deux méthodes sont disponibles : une méthode hormonale et une méthode mécanique, le stérilet. La méthode hormonale La méthode hormonale par levonorgestrel (LNG) (Norlevo ® en France) est actuellement la méthode de référence dans le monde entier. Plus efficace, sans contre-indication et mieux tolérée, elle a remplacé l’association (1) éthinylestradiol et lévonorgestrel ). (méthode de Yuzpe Les récentes améliorations de la méthode ■ Un mode d’administration simplifié (2) Un essai de l’OMS (2002) a montré que la prise en une seule fois de 1,5 mg de LNG en contraception d’urgence (C.U.) est plus efficace (84 % d’efficacité) que l’administration classique de 0,75 mg pris 2 fois à 12 h d’intervalle (79 % d’efficacité), sans augmentation des effets secondaires. Aussi, un comprimé de Norlevo® à 1,5 mg vient d’être mis sur le marché. Cette prise unique devrait faciliter l’utilisation de cette méthode. Cette prise unique devrait faciliter l’utilisation de cette méthode. ■ Une durée de prescription allongée L’essai de l’OMS de 2002 a aussi montré que 1,5 mg de LNG pris en une seule fois avait une efficacité de 68 % jusqu’à 120 h après le rapport non protégé, d’où possibilité de prescription au-delà des 72 h classiques. Les autres modalités d’utilisation n’ont pas changé La contraception d’urgence par levonorgestrel n’a aucune contre- ANAPATH POUR LE GYNÉCOLOGUE Col utérin normal et remaniements sans rapport avec le virus HPV . . . . . . . . . . . . . 1 L. ZÉRAT C’est une lésion précancéreuse, strictement intra-épithéliale, définie par des atypies cytologiques et une désorganisation architecturale siégeant sur le tiers inférieur de l’épithélium. L. ZÉRAT, Laboratoire Lavergne, Paris Nous abordons ici les aspects cytologiques (LSIL) et histologiques (dysplasie légère, CIN 1, CIN de bas grade) des lésions de bas grade, d’origine malpighienne, liées au virus HPV. SOMMAIRE Définition histologique d’une CIN de bas grade (dysplasie, CIN) et une autre terminologie (système de Bethesda) pour la cytologie (LSIL, HSIL). On constate, hélas, une dérive de l’utilisation de ces terminologies car, trop souvent, la terminologie de Bethesda est utilisée, à tort, pour parler de diagnostic histologique. ZOOM SUR… La contraception d’urgence en 2005 . . . . . . . . 1 E. AUBENY QUESTIONS PRATIQUES La stimulation ovarienne simple . . . . . . . . . . . .3 M. LEROY-BILLIARD FMC ÉCHOGRAPHIE N°65 Le cervelet : rappel embryologique . . . . . . . . . 6 J.-M. LEVAILLANT, A.-J. VERGNAUD Les anomalies du tiers inférieur de l’épithélium REVUE DE PRESSE EN CANCÉROLOGIE . . . 6 CAS CLINIQUE Piège en sénologie (13) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Les anomalies cytologiques qui siègent au niveau du tiers inférieur de l’épithélium sont les suivantes : P. DAVID LU POUR VOUS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 VIRUS ET GROSSESSE Oreillons et grossesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Suite page 2 Tableau 1. Rappel des classifications cyto-histologiques. C. GAY, H. JACQUIN, L. MADOZ, C. MOUGIN AVIS D’EXPERT Contre-indications obstétricales au traitement tocolytique . . . . . . . . . . . . . . . . 11 C. D’ERCOLE, F. BRETELLE, R. SHOJAI, R. DESBRIERE, L. BOUBLI OMS (histologie) Dysplasie légère Dysplasie moyenne Dysplasie sévère Richart 1973 (histologie) Richart 1990 (histologie) Bethesda (2001) (cytologie) CIN 1 CIN de bas grade LSIL CIN 2 CIN de haut grade HSIL Céphalées chroniques quotidiennes : les recommandations de l’Anaes . . . . . . . . . . . 15 CIN 3 CIN de haut grade HSIL INFO LABO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 PROFESSION RAISO vo – Réseau et prise en charge du couple stérile, une nouvelle approche . . . .12 J.-P. AYEL BLOC-NOTES Encart Procter . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7-8/9-10 indication ; la pharmacovigilance n’a rapporté aucun autre effet que ceux prévus. Bien sûr, elle ne protége que du rapport qui a eu lieu dans les 120 h précédentes, il faut ensuite prendre des précautions contraceptives. • Les règles surviennent à la date prévue plus ou moins 3 jours ; en cas de retard de plus de 5 jours ou devant des règles modifiées (se méfier d’une GEU), il faut demander un test de grossesse. Des métrorragies peuvent survenir quelques jours après la prise du ® Norlevo ; elles n’ont rien d’inquiétant. La contraception d’urgence peut être utilisée plusieurs fois dans le mois ; dans ces cas-là, des métrorragies peuvent survenir. • La C. U. n’entraîne pas de malformations si la grossesse se poursuit malgré la prise de Norlevo® ; ce n’est pas une indication à une interruption médicale de grossesse. • La contraception par pilule peut être commencée le premier jour des règles suivantes ; certains préfèrent la faire commencer le jour de la prise du Norlevo® en demandant à la patiente de prendre une contraception supplémentaire pendant 7 jours. Si le Norlevo® est pris pour oubli de pilule, il faut continuer à prendre la pilule et prendre les précautions contraceptives habituelles dans ces cas. Ce qui pourrait être amélioré ■ Une information mieux diffusée Une enquête réalisée en 2002 par (3) l’INSERM montre que les Suite page 4 1 À noter dès aujourd’hui sur vos agendas Salon 15 GYNÉCOLOGIE e OBSTÉTRIQUE de PRATIQUE 5e Édition de l’École d’Échographie Pratique 2 es Rencontres d’Andrologie Pratique 1res Rencontres Nouveau d’Oncologie Pratique Mercredi 9, Jeudi 10, Vendredi 11 mars 2005 PALAIS DES CONGRÈS DE PARIS - NIVEAU 2 PLACE DE LA PORTE MAILLOT - 75017 PARIS Pour plus d’infos rendez-vous sur le site : www.gynecologie-pratique.com N°171 - Janvier 2005 L’ANAPATH POUR LE GYNÉCOLOGUE Lésions virales à HPV, de bas grade, d’origine malpighienne Suite de la page 1 – augmentation de la taille du noyau avec augmentation du rapport nucléo-cytoplasmique, – irrégularités des contours nucléaires, – hyperchromatisme avec distribution irrégulière de la chromatine, – nucléoles proéminents…, etc. Ces anomalies correspondent à celles décrites depuis longtemps comme “ critères cytologiques de malignité ”, terme maintenant inadapté, du fait que l’on ne doit pas parler de malignité pour des lésions précancéreuses strictement limitées à l’épithélium. On parle de cancer uniquement si la membrane basale est franchie et que les cellules tumorales infiltrent le chorion. On ne doit pas parler de malignité pour des lésions précancéreuses strictement limitées à l’épithélium. Les anomalies des couches superficielles Que se passe-t-il dans les couches superficielles de l’épithélium ? Il existe aussi des anomalies cytologiques mais différentes de celles observées dans le tiers inférieur. Il s’agit d’une part des koïlocytes : cellules malpighiennes superficielles ou grandes intermédiaires, à noyaux volumineux, hyperchromatique et dont le cytoplasme présente un halo périnucléaire et une condensation en périphérie. D’autre part, des anomalies nucléaires sont observées dans des cellules malpighiennes matures (superficielles ou grandes intermédiaires), à type d’augmentation de la taille des noyaux et d’hyperchromasie (figure 1). Comment se fait le diagnostic cytologique de LSIL ? ressent des cellules basales immatures, ne sont pas retrouvées sur un frottis LSIL puisqu’elles ne peuvent être prélevées. En revanche, si elles sont retrouvées sur un frottis, elles signent une lésion de haut grade, comme nous l’expliquerons dans un prochain numéro. Diagnostic différentiel ` cytologique et frottis ASC-US des lésions virales à HPV ne passent pas inaperçues au frottis. Il peut être mal perçu par la patiente le fait qu’un frottis ASCUS ait été suivi d’une colposcopie normale et d’une recherche de virus HPV à risque négative. Il faut savoir que dans notre expérience, 40 % des frottis ASC-US correspondent à des remaniements inflamma- Les koïlocytes étant présents en plus ou moins grand nombre sur une coupe histologique de CIN 1, on peut comprendre que le frottis puisse ne pas en ramener ; cependant, il existe d’autres signes, notamment les anomalies nucléaires des cellules malpighiennes matures, pour dépister des CIN de bas grade. Les cellules des couches inférieures, qui présentent des anomalies nucléaires très marquées et qui inté- Certaines anomalies réactionnelles non liées à l’HPV peuvent ressembler à celles observées dans les LSIL : c’est l’ASC-US, on ne peut pas faire autrement. Caractéristiques cytologiques des ASC-US Les signes de l’inflammation (légère augmentation de la taille des noyaux, légère hyperchromasie mais avec des contours nucléaires réguliers, binucléation, hyperéosinophilie, fins halos clairs périnucléaires) sont parfois marqués et ressemblent alors beaucoup à ce que l’on voit dans les LSIL en l’absence de koïlocytes. C’est dans ces cas, où on ne peut trancher entre une LSIL et des phénomènes inflammatoires au sens large, que l’on préférera parler de frottis ASC-US (figure 5). Koïlocytes } Désorganisation architecturale et atypies cyto-nucléaires du tiers inférieur de l’épithélium Figure 1. Coupe histologique d’un CIN 1 (objectif x 40). Condensation cytoplasmique Difficultés diagnostiques Le pourcentage de frottis ASC-US ne devrait pas dépasser 3 à 4 % des frottis (2 % dans notre expérience). Ceux qui tendent à mettre le doigt sur la faible reproductibilité interobservateur devraient comprendre qu’il s’agit de frottis à problèmes. L’important est que le pourcentage de frottis ASC-US ne soit pas excessif, qu’il existe une bonne corrélation cyto-colpo-histologique et que Halo clair périnucléaire Noyau volumineux légèrement hyperchromatique La dyskératose Les cellules dyskératosiques sont des petites cellules malpighiennes qui subissent une kératinisation et une rétraction du cytoplasme se traduisant par un cytoplasme très éosinophile et un noyau petit et très hyperchromatique. Dans un contexte d’atrophie, il est fréquent de rencontrer ce type de cellule de façon quasi physiologique. Cependant, chez une femme jeune, dans un contexte de frottis fait de cellules malpighiennes matures, la présence de cellules dyskératosiques peut être associée à une lésion à HPV, surtout si les noyaux présentent de discrètes irrégularités des contours nucléaires. Dans ce cas, il faut considérer ce frottis comme ASC-US (figures 6 à 8). • CIN : néoplasie cervicale intraépithéliale (Cervical Intraepithelial Neoplasia) • ASC-US : cellule malpighienne atypique de signification indéterminée (Atypical Squamous Cell of Undetermined Significance) • LSIL : lésion malpighienne intra-épithéliale de bas grade (Low grade Squamous Intraepithelial Lesion) • HSIL : lésion malpighienne intra-épithéliale de haut grade (High grade Squamous Intraepithelial Lesion) Nous traiterons des lésions intra-épithéliales de haut grade dans un prochain numéro. Figure 2. Frottis LSIL avec koïlocytes (objectif x 40). Koïlocytes Figure 3. Frottis LSIL avec koïlocytes (objectif x 40). Lorsque l’on pratique un frottis, le prélèvement intéresse la partie superficielle de l’épithélium et il faut donc “ faire avec ce que l’on a ”. Nous trouverons soit uniquement des koïlocytes, soit uniquement des cellules malpighiennes matures présentant des atypies nucléaires, soit les deux (figures 2 à 4). La présence de koïlocytes n’est pas le seul argument cytologique d’une LSIL. Clairement, une LSIL peut être diagnostiquée sans présence obligatoire de koïlocytes. toires ou des métaplasies, 50 % correspondent à des CIN de bas grade mais qu’aussi 10 % correspondent à des CIN de haut grade. Cellule dyskératosique non dysplasique Figure 6. Frottis ASC-US (objectif x 40). Deux cellules dyskératosiques entourées de koïlocytes Noyaux augmentés de volumes à contours légèrement irréguliers, à chromatine légèrement densifiée (cellules matures) Figure 7. Coupe histologique d’un CIN 1 (partie superficielle et intermédiaire de l’épithélium) (objectif x 40). Figure 4. Frottis LSIL sans koïlocytes (objectif x 40). Noyau de taille normale Cellules dyskératosiques dysplasiques Légère augmentation de la taille des noyaux avec légère hyperchromasie (cellule mature) Figure 5. Frottis ASC-US (objectif x 40). Figure 8. Frottis SIL (objectif x 40). 2 N°171 - Janvier 2005
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