Lésions virales à HPV, de haut grade, d`origine malpighienne
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Lésions virales à HPV, de haut grade, d`origine malpighienne
L’ A N A PAT H P O U R L E G Y N É C O L O G U E Lésions virales à HPV, de haut grade, d’origine malpighienne L. ZÉRAT, Laboratoire Lavergne, Paris En l’absence de traitement, ces lésions liées au papillomavirus évoluent le plus souvent vers un carcinome épidermoïde invasif. logiques subjectives et peu reproductibles. Il entre maintenant dans le cadre général des CIN 3 (figure 3). omme nous l’avons vu précédemment (cf. Gynécologie Obstétrique Pratique n°171), les lésions virales à HPV sont divisées en deux catégories dont les aspects cytologiques, colposcopiques, histologiques, biologiques et pronostiques sont différents. Il s’agit des lésions de bas grade, régressant spontanément dans un bon nombre de cas, et des lésions de haut grade, objets de cet article. Le carcinome in situ entre maintenant dans le cadre général des CIN 3. C Définition histologique d’une CIN de haut grade C’est une lésion précancéreuse, strictement intra-épithéliale, Classiquement, on sépare encore les CIN 2 et les CIN 3, qui entrent dans le cadre des CIN de haut grade. Rappelons, cependant, que la prise en charge des CIN 2 et CIN 3 est identique. définie par des anomalies cytologiques, de nombreuses mitoses, parfois atypiques (mitoses multipolaires par exemple) et une désorganisation architecturale siégeant sur plus du tiers inférieur de l’épithélium. Les anomalies cytologiques correspondent aux anomalies décrites depuis longtemps comme « critères cytologiques de malignité » (augmentation de la taille du noyau avec augmentation du rapport nucléocytoplasmique, irrégularités des contours nucléaires, hyperchromatisme avec distribution irrégulière de la chromatine, nucléoles proéminents…), mais dont le terme est inadapté du fait que l’on ne doit pas parler de malignité pour des lésions précancéreuses strictement limitées à l’épithélium. Les CIN 2 Pour une CIN 2, les anomalies siégent sur plus du tiers inférieur de l’épithélium, mais sur moins des deux tiers de la hauteur épithéliale (figure 1). Les CIN 3 Pour une CIN 3, l’atteinte dépasse les deux tiers de la hauteur épithéliale (figure 2). Et le carcinome in situ (CIS) ? À l’origine, il était distingué des CIN 3 par des différences histo- Comment se fait le diagnostic cytologique de HSIL ? Lorsque l’on pratique un frottis, nous l’avons vu avec les lésions de bas grade, le prélèvement intéresse la partie supérieure de l’épithélium. La présence, sur un frottis, de cellules malpighiennes basales immatures dysplasiques, prouve qu’elles siègent obligatoirement sur plus du tiers inférieur de l’épithélium et qu’il s’agit Figure 1. CIN 2 (CIN de haut grade). Les koïlocytes peuvent se voir sur un frottis HSIL. En effet, ils peuvent se voir encore au sein d’une CIN 2 ou 3. De plus, des CIN de bas grade coexistent souvent avec des CIN de haut grade et, Figure 4. Frottis HSIL. Il persiste des koïlocytes en surface (objectif 40). } d’une lésion de haut grade (figure 4). De plus, les atypies nucléaires sont plus marquées que pour les LSIL. En résumé : – lorsque les atypies intéressent des cellules malpighiennes superficielles et des grandes intermédiaires (cf. Gynécologie Obstétrique Pratique n° 170), c’est une LSIL ; – lorsque les atypies touchent des cellules malpighiennes basales et des petites intermédiaires, c’est une HSIL. En utilisant ces définitions décrites avec le système de Bethesda, il existe une très bonne corrélation cyto-histologique, même si elle ne peut pas être parfaite. Amas de petites cellules malpighiennes intermédiaires à noyaux augmentés de volume, hyperchromatiques , à contours irréguliers (objectif 40). Désorganisation architecturale et atypies nucléaires sur les deux tiers de la hauteur épithéliale. Figure 5. Frottis ASC-H. Figure 2. CIN 3 (CIN de haut grade). Désorganisation architecturale et atypies nucléaires de plus des deux tiers de la hauteur épithéliale (ici, sur toute la hauteur). On ne voit plus de koïlocytes dans ce cas (objectif 40). } Les cellules malpighiennes régénératives peuvent parfois ressembler à des cellules dysplasiques (objectif 40). Figure 3. CIN de haut grade développée sur une métaplasie malpighienne immature (objectif 40). Figure 6. Réépithélialisation. La densité cellulaire élevée et les anomalies nucléaires peuvent parfois être difficiles à distinguer d’une CIN de haut grade (objectif 40). 8 N°172 - Février 2005 La stimulation ovarienne simple Figure 7. Réépithélialisation. donc, tous les éléments cellulaires représentant les différents aspects se retrouvent sur un frottis. Diagnostic différentiel cytologique et frottis ASC-H Description du frottis ASC-H Un frottis ASC-H est un frottis qui présente des cellules malpighiennes basales (ou des petites intermédiaires) anormales, pouvant ressembler à de véritables cellules dysplasiques, mais dont on ne peut affirmer avec certitude l’origine dysplasique (figure 5). Il existe des situations où l’on trouve des cellules immatures : la régénération épithéliale (un épithélium malpighien qui régénère commence toujours par des petites cellules immatures), la métaplasie malpighienne immature (constituée, comme son nom l’indique, en partie, de cellules immatures). Il ne faut donc pas s’attendre à trouver une CIN 1 après un frottis ASC-H, mais soit une CIN de haut grade, soit des aspects non dysplasiques, non liés à l’HPV (le terme de dystrophie est un terme qui n’existe dans aucune des terminologies publiées depuis ces 20 dernières années). Dans notre expérience, les frottis ASCH représentent 0,3 % des frottis : – 50 % correspondent histologiquement à des CIN de haut grade ; – 15 % à des CIN de bas grade ; – et 35 % à de la métaplasie immature ou de la régénération épithéliale. Un frottis ASC-H n’est pas un frottis HSIL Un frottis HSIL affirme l’existence d’une CIN de haut grade. Si la biopsie ne le montre pas, le cytologiste doit revoir le frottis et clairement exprimer si c’est un faux positif ou s’il faut aller plus loin dans les investigations, c’est-à-dire pratiquer une conisation diagnostique si la zone de jonction n’est pas bien vue. Un frottis ASC-H n’affirme pas l’existence d’une CIN de haut grade, mais ne peut l’éliminer. Il est rare de ne pas voir de transformation atypique de grade 2 (TA2) en colposcopie dans un cas de frottis ASC-H. Le TA2 colposcopique correspondant le plus souvent histologiquement soit à une CIN de haut grade, soit à de la régénération ou de la métaplasie malpighienne immature. Un frottis ASC-H n’affirme pas l’existence d’une CIN de haut grade, mais ne peut l’éliminer. Diagnostic différentiel histologique des CIN 3 Il s’agit, comme en cytologie, des phénomènes de réépithélialisation et des métaplasies immatures qui peuvent, dans certains cas, être difficiles à distinguer d’une CIN 3. Une étude de la prolifération cellulaire avec un immunomarquage spécifique par anticorps anti-Ki67 peut être utile. Dans les CIN 3, le marquage nucléaire intéresse des très nombreuses cellules, sur plus des deux tiers de la hauteur épithéliale. ASC-H : cellule malpighienne atypique ne pouvant éliminer une lésion de haut grade ASC-US : cellule malpighienne atypique de signification indéterminée (Atypical Squamous Cell of Undetermined Significance) CIN : néoplasie cervicale intraépithéliale (Cervical Intraepithelial Neoplasia) CIS : carcinome in situ HSIL : lésion malpighienne intra-épithéliale de haut grade (High grade Squamous Intraepithelial Lesion) LSIL : lésion malpighienne intra-épithéliale de bas grade (Low grade Squamous Intraepithelial Lesion) 3 Quel bilan ovarien clinique et hormonal réaliser avant stimulation ? Diagnostic Bilan hormonal • La clinique(1, 2) – Cycles anormaux (< 21 jours, > 35 jours, aménorrhée) – Ménotherme sans décalage franc • L’échographie : croissance folliculaire inadéquate • L’hormonologie : progestéronémie vers (3) J22 • La biopsie d’endomètre (J18-J24)(3) À réaliser le 3e (ou 4e) jour des règles ou en aménorrhée lorsque celle-ci « résiste » au progestatif. En plus de paramètres ovariens et gonadotropes, on étudie certains paramètres endocriniens à « retentissement (4) ovarien potentiel » . Un bilan androgénique minimal (testostérone biodisponible) ne paraît pas abusif lors du bilan d’un trouble ovulatoire. En présence de signes d’hyperandrogénie, il doit obligatoirement être complété (testostérone mais également ∆4 androstène(4) dione, SDHA, 17OH progestérone) . Le dépistage des dysthyroïdies se justifie par leur fréquence, et leur intervention possible dans la stérilité(4). Bilan ovarien Le bilan ovarien vise ensuite à : • Expliquer le trouble de l’ovulation • Confirmer l’indication de la stimulation ovarienne • Prédire la réponse à la stimulation, donc choisir le protocole Bilan obligatoire* Interrogatoire et examen • Âge • Consommation de tabac, de psychotropes, etc. • Antécédents familiaux (thrombo-embolies, ménopause précoce) et personnels somatiques (chirurgie ovarienne, chimiothérapie, etc.) ou psychologiques • L’histoire des cycles menstruels • L’efficacité d’un test au progestatif en cas d’aménorrhée • Des bouffées vasomotrices • Le poids, le tour de taille • Des signes d’hyperandrogénie • 17 β E2 < 50 pg/mL • LH : 1,0 - 4,6 UI/L • FSH : 2,3 - 6,5 UI/L • Prolactine : 1,0 - 25 ng/mL *Normes indicatives en début de phase folliculaire (4). Bilan échographique : indispensable À réaliser en début de cycle, l’échographie montre parfois l’expression morphologique caractéristique d’un type d’anovulation (SOPK, anovulation hypothalamique), évoque l’insuffisance ovarienne ou fait découvrir un kyste. Quelles sont les autres explorations nécessaires avant stimulation ? 4 Malgré sa pénibilité, elle doit être réalisée avant stimulation, à la recherche d’une pathologie tubaire (qui vouerait la stimulation à l’échec), d’une malformation utérine (risque de grossesse multiple), ou (5) d’une autre anomalie utérine . facteurs II et V, D-dimères (Elisa), antithrombine III, protéine C, protéine S, résistance à la protéine C activée. Toute anomalie rend nécessaire un avis spécialisé. La stimulation peut être contre-indiquée ou nécessiter des mesures préventives de la thromboembolie. Spermogramme Sérologies(4) Hystérosalpingographie La fréquence de la stérilité « multifactorielle » pousse à vérifier les principaux paramètres de la fécondité avant de traiter le trouble de l’ovulation. Paramètres du spermogramme (OMS) Volume Numération Vitalité Mobilité totale Spermatozoïdes typiques Cellules rondes Leucocytes (6) 2- 6,5 mL 20 à 200 x 106/mL 1 heure > 75 % 4 heures > 65 % 1 heure > 50 % 4 heures > 30 % > 50 % des spermatozoïdes < 5 x 106/mL 6 < 10 /mL (7) Recherche de thrombophilie Des antécédents personnels ou familiaux de thromboembolie (sujets jeunes) imposent le dépistage de thrombophilie : TP, TCA, fibrinogène, temps de thrombine, Les sérodiagnostics de rubéole et de toxoplasmose seront vérifiés. Le sérodiagnostic de chlamydiae est de pratique courante. Bilan sénologique(2) L’éventuel impact mammaire de la stimulation (par le biais de l’hyperestrogénie) fait recommander la mammographie (et l’échographie) avant stimulation à partir de 35 ans, voire plus tôt en cas d’antécédent mammaire familial. Références 1 à 4. JR Zorn & M. Savalle. Stérilité du couple. Éditions Masson ; p 69, p 72-74, p 210-211, p 92-103. 5. Recommandation de Bonne Pratique, médicaments inducteurs de l’ovulation. AFSSAPS, édition avril 2004 : p 11. 6. Vendrely E, Merviel P. Stérilité et hypofertilités masculines. Encycl Med Chir 1998 ; 10-032-E-10 ; 14 p. 7. La thrombose veineuse et ses traitements. Hématologie FMC : p 60 + Recommandation de Bonne Pratique, médicaments inducteurs de l’ovulation. AFSSAPS, édition avril 2004 : p 91-92. Iconographie : Dr Yves Ardaens - Conception : Dr Rémy Leroy À paraître le mois prochain 5- Qu’apporte l’échographie dans le bilan d’infécondité ? 6- Comment surveiller la stimulation ? TA : transformation atypique Réalisé en collaboration avec les laboratoires Organon 9 N°172 - Février 2005 FRA05PUR 003-1 Densité cellulaire élevée, noyaux volumineux à nucléoles proéminents. Ces aspects peuvent parfois être difficiles à distinguer d’une CIN de haut grade, surtout en l’absence de signes d’inflammation (objectif 40). Questions pratiques Dr Maryse Leroy-Billiard, hôpital Jeanne de Flandre, Lille
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