L`impact des LBO sur la défaillance des entreprises Le cas des PME
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L`impact des LBO sur la défaillance des entreprises Le cas des PME
L’impact des LBO sur la défaillance des entreprises Le cas des entreprises françaises (2000-2007) Nicolas Bedu GRETHA Université Montesquieu Bordeaux IV e-mail : [email protected] Jean-Etienne Palard IRGO IAE de Bordeaux – Université Montesquieu Bordeaux IV e-mail : [email protected] 1 Résumé Cet article étudie l’incidence des opérations de Leveraged Buyouts (LBO) sur la défaillance des entreprises françaises. Selon la théorie de l’agence, l’augmentation du risque de défaillance, induit par la hausse du niveau d’endettement, doit être compensé par le renforcement du contrôle et des mécanismes de governance visant à améliorer la performance financière et réduire in fine le risque de faillite. L’étude empirique est construite sur un modèle d’appariement fondé sur un échantillon initial de 626 opérations de LBO dont 55 ont fait l’objet d’une défaillance financière entre 2000 et 2010. Les résultats des tests paramétriques et non paramétriques montrent que le taux de défaillance des firmes reprises en LBO est significativement plus élevé que celui des entreprises appariées dans le modèle. Par ailleurs, le taux de défaillance est positivement corrélé avec la performance après le LBO. Keywords: Leveraged Buyouts (LBO), défaillance d’entreprise, faillite, structure financière, endettement, théorie de l’agence. Abstract This article investigates whether Leveraged Buyout (LBO) transactions increase or decrease the risk of financial distress of firms. According to agency theory, the increasing risk of failure, induced by rising debt levels, should be offset by the introduction of new governance mechanisms that improve business performance and ultimately reduce the risk of bankruptcy. The empirical study is based on a propensity score matching model which focuses on an original sample of 626 LBOs with 55 operations that have experienced financial distress between 2000 and 2010 in France. The results of the parametric and non-parametric tests show that the failure rate is significantly higher than the matched firms in the model. Moreover, the failure rate is positively correlated with the performance after the LBO. Keywords: Leveraged Buyouts (LBO), financial distress, bankruptcy, financial structure, debt, agency theory. 2 1. Introduction Les deux dernières décennies ont été marquées par un essor considérable des opérations à effet de levier de type LBO (Leveraged Buy-Out) ou MBO (Management Buy-Out)1, ce phénomène se manifestant en Europe par deux vagues successives de rachat opérées à la fin des années 90 et au milieu des années 2000 [Andres, Betzer et al. (2007), Kaplan et Stromberg (2009)]2. Alors que la plupart des travaux en finance ont porté sur des opérations de LBO aux Etats-Unis de taille relativement importante (supérieur à 100 millions $), Wright, Wilson et al. (1996) et rappellent que la grande majorité de rachat en LBO, au Royaume-Uni comme en France, correspondent à des transactions de faible montant (rarement supérieur à 50 millions €) et à des situations spécifiques telle que la transmission d’une entreprise par son fondateur et la cession par un grand groupe d’une filiale ou d’une activité au management en place3. Dans un LBO, un groupe d'investisseurs financiers privés acquiert le contrôle d’une entreprise en finançant l’acquisition des titres de la cible principalement par endettement bancaire. Cette opération est généralement conduite par un fonds de Private Equity, qui joue le rôle de sponsor auprès d’autres investisseurs et élabore le montage financier. L’objectif de ce type de montage consiste, pour le fonds de Private Equity, à profiter d’un triple effet de levier [Demaria (2010)] : un effet de levier financier, qui repose sur l’utilisation massive de la dette permettant de financer l’opération afin de maximiser la rentabilité des fonds propres ; un effet de levier fiscal, en raison notamment de la déductibilité des charges d’intérêt versés par la holding de reprise ; un effet de levier organisationnel, enfin, qui trouve ses fondements dans la transformation de la structure de propriété et la mise en place de mécanismes de contrôle et d’incitation nouveaux conduisant à une rupture dans les relations contractuelles entre dirigeants et apporteurs de capitaux [Jensen (1986), Desbrières et Schatt (2002)]. Comme le soulignent Opler et Titman (1993), l’une des questions importantes posée par ce type de montage consiste à déterminer si l’effet de levier organisationnel permet de compenser du 1 Selon l’Association Française des Investisseurs en Capital : "un Leveraged Buyout peut être défini comme l’achat d’une entreprise, financé partiellement par des dettes, dans le cadre d’un schéma juridique spécifique et fiscalement optimisé où les dirigeants sont associés en partenariat avec des investisseurs professionnels spécialisés". (Source : AFIC, Rapport d’activité 2007 disponible sur www.afic.asso.fr). 2 Le marché français du capital-investissement est particulièrement actif puisqu’il représente le deuxième marché en Europe et le troisième au monde avec près de 2.500 opérations réalisées entre 1998 et 2009 correspondant à environ 60 milliards d’euros investis. (Source : EVCA, Rapports d’activité annuels). 3 Concernant la cession des entreprises familiales en LBO, on peut se référer à l’étude du Center for Management Buy Out Research : Ball, R., Burrows, A., et al. (2008). Private Equity in Family Firms. CMBOR - Nottingham University Business School, Nottingham, Vol. 1, 51 p. 3 risque de faillite induits par la hausse de l’endettement. Autrement dit, les entreprises engagées dans un LBO présentent-elles un taux de défaillance plus élevé que les firmes non engagées dans ce type de restructuration? Si oui, quelle est l’influence relative de l’effet de levier financier par rapport à l’effet de levier organisationnel sur l’évolution du risque de défaillance ? Depuis les travaux fondateurs d’Altman (1968) et Gordon (1971) sur la faillite des entreprises aux Etats-Unis, la problématique de la défaillance a fait l’objet de très nombreux développements théoriques et empiriques dans divers domaines de recherche de l’économie et de la finance. Les recherches sur ce thème se sont orientées vers l’analyse des déterminants de la défaillance [Aharony, Jones et al. (1980), Purnanandam (2008)] et l’impact du contexte réglementaire et juridique sur les faillites d’entreprises [Davydenko et Franks (2008)]. D’autres travaux ont également cherché à déterminer des modèles de prédiction de la faillite fondés sur des techniques d’analyse discriminante [Platt et Platt (1990)] ou des modèles algorithmiques de réseaux de neurones [Coats et Fant (1993)]4. Dans le cadre des opérations de rachat avec effet de levier, les résultats des études empiriques, menées principalement aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, traitant de l’impact des LBO sur la faillite des cibles sont globalement contradictoires. Un première série d’études montre que les opérations de LBO présentent un risque de faillite significativement plus élevé que les autres formes de reprise d’entreprise [Kaplan (1989), Bruner et Eades (1992), Peck (1996), Citron et Wright (2008)]. Kaplan et Stein (1993) et Denis et Denis (1995) observent ainsi que le risque de faillite augmente très sensiblement après le rachat, le taux de défaillance trois ans après l’opération de LBO se situant à des niveaux très élevés entre 20% et 36% selon le secteur d’activité et l’âge de la cible. Andrade et Kaplan (1998) étudient quant à eux deux formes de défaillance financière : la restructuration de la dette, d’une part, qui permet d'éviter que la situation de défaut, et la cessation de paiement, d’autre part. Ils trouvent que le risque de défaillance est d’autant plus faible que les coûts de faillite sont élevés et que le niveau de rentabilité financière est faible une fois l’état de cessation de paiement déclaré. Plus récemment, sur un échantillon 21.397 transactions effectuées par des fonds de Private Equity entre janvier 1970 et juin 2007, Strömberg (2008) observe que 570 opérations ont fait l’objet d’une liquidation judiciaire soit 4 Pour un revue de la littérature des principaux modèles prédictifs de mesure du risque de défaillance, on peut se reporter à l’article de Refait, C. (2004). La prévision de la faillite fondée sur l'analyse financière de l'entreprise : Un état des lieux. Economie et Prévision, Vol. 162, p. 129-147. 4 un taux de défaillance moyen de 2,3%, contre un taux de défaillance de seulement 0,6% pour les société cotées et de 1,6% pour les obligations corporate aux Etats-Unis. A l’inverse, d’autres études établissent que les opérations à fort effet de levier ne sont pas économiquement plus risquées que d’autres formes de rachat. L’étude de Wright, Wilson et al. (1996) montre, par exemple, que le taux de faillite des firmes reprises en LBO qui se situe à 3,1% n’est pas significativement plus élevé que le taux de faillite moyen des PME britanniques (2,1%). Easterwood (1998) observe aussi que l’augmentation du risque de défaillance dans les opérations de LBO n’est pas corrélée avec le niveau d’endettement mais plutôt avec le poids des désinvestissements nécessaires pour générer de la trésorerie à court terme. Halpern, Kieschnick et al. (2009) ajoutent également que la baisse du risque de défaillance des firmes reprises en LBO s’explique davantage par la structuration de la dette (dette senior vs dette subordonnée) que par le niveau d’endettement ou les changements postacquisition opérés en matière de gouvernance et de fonctionnement opérationnel. Plus récemment, l’article de Tykvova et Borell (2012) montre à partir d’un échantillon de 1 862 opérations de LBO réalisées au sein de 15 pays européens que le risque de défaillance n’était pas statistiquement plus élevé par rapport aux sociétés comparables n’ayant pas fait l’objet de ce type de rachat. L’objectif de cet article consiste à analyser la défaillance des opérations de LBO sur un échantillon original de PME françaises au cours de la période 2000-2007. Comme le rappellent Desbrières et Schatt (2002), le contexte français du capital-investissement est particulier dans le sens où ce type de montage est avant tout utilisé dans le cadre de la transmission de PME, principalement familiales, alors que dans le modèle anglo-saxon, les cessions de filiales de groupes industriels sont majoritaires. Le second apport de la recherche est d’étudier si les différentes formes de rachat d’entreprises avec effet de levier (MBO, MBI, LBU,…) ont la même incidence sur taux de défaillance et la probabilité de faillite que le LBO classique. Sur le plan méthodologique, l’originalité de ce travail consiste à utiliser les derniers développement des modèles d’appariement qui ont notamment été utilisés par Boucly, Sraer et al. (2009) pour analyser l’effet des LBO sur l’emploi en France. La défaillance a été définie de manière stricte en considérant l’ensemble des entreprises sous LBO ayant fait l’objet d’une ouverture de redressement ou de liquidation judiciaire directe dans les 3 ans suivant l’opération de rachat, les données ayant été obtenues à partir du fichier défaillance d’Altares5. 5 Dans la définition d’Altares, « les suites de procédures, à savoir les liquidations judiciaires ou plans de redressement jugés après l’ouverture d’un redressement judiciaire ne sont pas prises en compte dans la base. Ne 5 L’article est organisé de la manière suivante. La première section est consacrée au cadre théorique et à la présentation des hypothèses de recherche. La deuxième section porte sur la description de l’échantillon des LBO et la troisième sur la méthodologie relative aux modèles d’appariement. La quatrième section présente les résultats concernant les déterminants de la faillite des LBO. 2. Revue de la littérature théorique et empirique Dans le cas d’une reprise ou d’une transmission d’entreprise, le montage LBO engendre deux effets a priori opposés sur l’évolution du risque de défaillance. D’une part, le risque de défaillance et les coûts de faillite devraient augmenter en raison du poids des charges financières induit par l’accroissement du niveau d’endettement [Halpern, Kieschnick et al. (2009)]. A l’inverse, le rôle joué par le fonds de Private Equity, dans la modification des mécanismes de gouvernance et de contrôle, doit permettre de réduire les coûts d’agence tout en améliorant la performance opérationnelle à long terme [Jensen (1986), Kaplan et Schoar (2005)]. Ainsi, l’augmentation de la rentabilité économique doit compenser l’accroissement du risque lié à la structure financière fortement endettée du montage [Citron et Wright (2008), Bancel (2009)]. 2.1 LBO, levier financier et risque de défaillance D’après les fondements de la théorie financière, le risque de défaillance augmente avec l’effet de levier financier en raison de la hausse de l’endettement et des charges financières qui pèsent sur le niveau des dividendes et de la trésorerie versés par la cible à la holding de reprise. Plus le montant de la dette augmente, plus la probabilité que la holding ne soit pas en mesure d’honorer ses échéances de remboursement s’accroit, dès lors que le niveau des freecash-flows est insuffisant. Dans les modèles développés par Bolton et Freixas (2000) et Purnanandam (2008), l’augmentation du risque de faillite se traduit par une hausse du coût du capital et corrélativement par une baisse du nombre de projets à VAN positive affectant la rentabilité de la firme à long terme. Le modèle de Bolton et Scharfstein (1996) montre, par ailleurs, que la combinaison des différents titres de dette, d’une part, ainsi que le nombre et la sont pas davantage retenues les cessations amiables d’activité. Les défaillances sont comptabilisées à la date du jugement, et non à la date de publication de l’information ». Source : 6 concentration des créanciers, d’autre part, a un effet significatif sur le coût de démantèlement ce qui impacte directement la probabilité de défaillance. Kaplan et Stein (1993) confirment empiriquement ces résultats : les LBO financés par de la dette privée senior sont moins susceptibles de faire faillite que ceux financés par de la dette obligataire convertible. A partir d’un échantillon de 41 LBO réalisés sur des filiales de sociétés US cotées ayant réalisé 134 opérations de désinvestissements entre 1989 et 1992, Easterwood (1998) observe que le taux de faillite est négativement corrélé avec le montant des actifs désinvestis par rapport à l’actif total. On peut supposer : H1 : Le taux de défaillance des entreprises reprises en LBO est plus élevé que celui des firmes comparables n’ayant pas fait l’objet d’un LBO. A l’inverse, les théoriciens de l’agence soulignent que le LBO entraîne une rupture positive dans les relations entre dirigeants et apporteurs de capitaux. Ce type de montage révolutionne les mécanismes de contrôle, de gouvernance et d’incitation au sein de l’entreprise ce qui permet de compenser la hausse du risque de faillite induite par l’accroissement du niveau d’endettement. Selon Jensen (1989), ces mécanismes sont en effet conçus pour réduire les coûts d’agence et mieux gérer l’asymétrie d’information entre dirigeants et actionnaires, d’une part, et entres actionnaires et créanciers, d’autre part. Les travaux empiriques de Opler (1993) ou Billett, Jiang et al. (2010) montrent notamment que la mise en place d’outils incitatifs en matière de financement LBO, tels que les obligations convertibles ou la dette mezzanine, et l’introduction de clauses coercitives (covenants) dans les contrats de dette réduisent de près de 30% le risque de défaillance. Wilson, Wright et al. (2010) ont analysé les caractéristiques de l’ensemble des entreprises ayant fait l’objet d’une faillite au Royaume-Uni entre 1995 et 2009. Certes, le taux de faillite des PME reprises en LBO est en moyenne deux fois supérieur (4,8%) à celui des autres PME britanniques (2,1%), mais cette différence s’explique principalement par le poids dans l’échantillon des premiers LBO réalisés au début des années 90 dont les niveaux d’endettement nets étaient très élevés. Les opérations de LBO/MBO réalisés post-2003 ne sont en effet économiquement pas plus risquées que les autres formes de rachat d’entreprise. D’où, la proposition de l’hypothèse suivante : H2a : Le taux de défaillance des cibles reprises en LBO est positivement corrélé avec le niveau d’endettement après l’opération. 7 H2b : Le taux de défaillance des firmes reprises en LBO est négativement corrélé avec le niveau de la trésorerie avant l’opération. 2.2 LBO, levier organisationnel et risque de défaillance D’après la théorie de l’agence, la modification de la structure de propriété et l’instauration de mécanismes de gouvernance et de contrôle plus efficaces doivent permettre aux nouveaux actionnaires d’agir sur le levier organisationnel de manière à réduire les coûts d’agence et accroître la rentabilité économique de la cible après son rachat. Certes, Jensen (1989) souligne que l’endettement entraîne une augmentation du risque de défaillance et des coûts de faillite à court terme. Mais à moyen terme, ce type de montage permet de réduire le risque de défaillance dans le mesure où la dette joue le rôle de catalyseur dans la réussite du projet et fait porter sur le management la nécessité de générer une rentabilité économique suffisante pour rembourser la dette à l’échéance. Dans ce contexte, l’étude de Bruner et Eades (1992) sur la faillite de la compagnie Revco en 1992 montre que la liquidation de cette société, spécialisée dans la distribution de médicaments aux Etats-Unis, s’explique davantage par une mauvaise structuration de l’endettement entre la dette senior et la dette subordonnée plutôt que par un niveau d’endettement trop élevé au regard des capacités de remboursement du Groupe Revco lors de sa restructuration. L’étude montre notamment que le LBO a permis d’améliorer la rentabilité économique mesurée par le ROCE6, trois années après l’annonce de l’opération grâce à la diminution des stocks et à la cession des points de vente les moins rentables. Ces premiers résultats ont été validées par de nombreuses études empiriques à l’instar des travaux de Bruton, Keelsc et al. (2002) qui montrent sur un échantillon de 39 opérations effectuées sur des cibles US que la surperformance des sociétés reprises en LBO n’est pas corrélé avec leur performance avant l’opération de LBO alors que la performance est positivement corrélée avec le pourcentage de contrôle détenu par les fonds de Private Equity dans la holding de reprise. H3 : Le taux de défaillance des entreprises performantes reprises en LBO est inférieur au taux de défaillance des entreprises peu performante. 6 ROCE : return on capital employed. 8 H4a : Le taux de défaillance des entreprises reprises en LBO est négativement corrélé avec le niveau de rentabilité économique avant (t-1) et après la défaillance (en t+1 et t+3). H4b : Le taux de défaillance des entreprises reprises en LBO est négativement corrélé avec le niveau de rentabilité financière avant (t-1) et après la défaillance (en t+1 et t+3). 2.3 LBO, structure de reprise et risque de défaillance Dans le cadre d’une opération de LBO, Wright, Wilson et al. (1996) montrent que le mode de rachat et la structure du montage juridique utilisé a également une influence significative sur la performance de l’opération et l’évolution du risque de défaillance. Sur un échantillon de 114 opérations de LBO, ils trouvent que les firmes restructurées dans le cadre d’une opération de Management Buy Out (MBO) sont globalement plus performantes présentent un taux de faillite significativement plus faible que les firmes reprises dans le cadre d’un LBO classique (sans programme d’incitation du management) ou d’un LBU. Ils observent également que le risque de faillite est négativement corrélé avec le pourcentage de contrôle détenu par le management dans la nouvelle structure de contrôle. Andrade et Kaplan (1998) expliquent ce résultat par le fait que la structure MBO permet de réduire davantage les coûts d’agence grâce à une meilleure implication du management dans les décisions tout en s’appuyant sur les compétences des fonds de Private Equity en tant que nouvel actionnaire de référence. Opler et Titman (1994) montrent ainsi que le fonds joue un rôle particulier dans la structuration et la négociation du financement avec les partenaires financiers. Ils observent que le coût de la dette est plus faible lorsqu’un fonds de Private Equity structure l’opération de LBO, que dans le cas où aucun fonds n’intervient. Par ailleurs, Citron et Wright (2008) observent que la structure financière des holdings de reprise dans le cadre d’un MBO est moins endettée que dans d’autres formes de restructurations. A partir d’un échantillon de 72 opérations à fort effet de levier (HLT7) lors de la première vague de LBO entre 1985 et 1990, Halpern, Kieschnick et al. (2009) ont analysé la performance et le risque de chaque opération en fonction du type de montage utilisé. Ils observent que les opérations de MBO sont globalement moins endettées et utilisent des des contrats d’endettement moins risqués et dont les clauses sont moins restrictives que d’autres formes de restructuration qui vont privilégier de la dette subordonnée ou mezzanine. 7 HLT : Highly Levered Transactions. 9 H5 : Le risque de défaillance des entreprises reprises en MBO est plus faible que celui des entreprises ayant fait l’objet d’une autre forme de rachat avec effet de levier. 3. Méthodologie de recherche et sélection de l’échantillon Pour évaluer l’impact d’un LBO sur la défaillance d’une entreprise, la méthodologie de recherche est basée sur un modèle d’appariement par score de propension. Ce modèle permet d’identifier les entreprises ayant fait l’objet d’une défaillance, suite à un LBO, en les comparant à un échantillon de contrôle constitué de sociétés dont les caractéristiques sont très proches de l’échantillon initial au moment du LBO8. Dans ce type d’étude, le choix d’un modèle d’appariement rigoureux est primordial compte tenu des résultats contradictoires concernant l’impact du LBO sur le risque de faillite. 3.1 La méthodologie des modèles d’appariement par score de propension (ASP) Les modèles d’appariement par score de propension (ASP) ont été développés par Rosenbaum et Rubin (1983), grâce aux travaux précurseurs de Rubin (1974). Initialement, cette méthodologie a d’abord été utilisée dans les recherches médicales et pharmaceutiques afin d’étudier l’effet d’une thérapie ou d’un médicament sur une population. Cette technique a été reprise, depuis, dans de très nombreux travaux en économie publique et en économie du travail [Pearl (2009)] afin d’identifier l’effet d’un événement sur l’évolution des caractéristiques d’une population, et plus récemment en finance d’entreprise dans les recherches sur les LBO [Le Nadant et Perdreau (2006), Tykvova et Borell (2012)]. L’objectif des modèles de type ASP est de mesurer l’effet d’un traitement, c’est-à-dire l’impact d’un évènement spécifique, sur les caractéristiques d’un individu statistique en identifiant les individus qui ont vécu ou non cet évènement. Cette méthode permet de construire de manière robuste un groupe de contrôle dont les caractéristiques mesurables sont extrêmement proches du groupe d’étude. Elle repose sur une intuition fondamentale, à savoir que le fait de recevoir un traitement ne résulte pas d’un processus de sélection aléatoire mais dépend des caractéristiques initiales de chaque individu « traité ». Le score de propension correspond ainsi à une variable qui résume les caractéristiques initiales liées à l’indication du 8 D’un point de vue méthodologique, il s’agit d’éliminer les biais de sélection pouvant limiter la portée des résultats obtenus sur l’analyse de la défaillance des entreprises sous LBO mise en évidence dans d’autres études. 10 traitement, la variable d’intérêt représentant la caractéristique potentiellement affectée par le traitement. Dans cette étude, la variable de traitement correspond à la mise en œuvre d’un LBO et la variable d’intérêt est représentée par la défaillance ou non de l’entreprise. D’un point de vue méthodologique, cette proposition peut être déterminée de la manière suivante : pour une entreprise i, la probabilité d’être sous LBO ( Z = 1 ) est donnée par ses caractéristiques initiales ( X i ) : e(x i ) = P(Z i = 1 / X i = x i ) Pour une valeur de e(xi), les entreprises sous LBO et les entreprises de contrôle auront globalement les mêmes caractéristiques. Par ailleurs, dans le cadre d’un LBO, il apparaît pertinent de considérer que les entreprises ciblées le soient sur la base de caractéristiques observables. En effet, ces sociétés sont sélectionnées par les fonds de Private Equity à partir de leur rentabilité observable et/ou de leur performance potentielle. En d’autres termes, il s’agit d’affecter aux entreprises d’intérêt, i.e. les entreprises sous LBO, des entreprises de contrôle, i.e. des entreprises qui ne sont pas sous LBO, mais dont les caractéristiques étaient très proches avant le traitement. Le groupe de contrôle ainsi construit constitue une « image » de ce que seraient devenues les entreprises sous LBO si elles n’avaient pas été rachetées9. L’objectif n’est pas tant d’expliquer de manière exhaustive le fait d’être ciblée pour une entreprise que d’affecter à chaque entreprise sous LBO des entreprises de contrôle qui avaient une probabilité similaire d’être ciblée. Plus précisément, un appariement de qualité est conditionné par l’existence pour chaque entreprise d’une ou plusieurs entreprises de contrôle ayant des valeurs identiques pour les caractéristiques observables mobilisées pour expliquer le fait de recevoir le traitement (hypothèse de support commun aux deux groupes). Par extension, il convient de disposer du nombre le plus important possible d’entreprises pouvant servir d’entreprises de contrôle afin de satisfaire l’hypothèse de support commun10. La méthode ASP se fonde, enfin, sur une hypothèse d’indépendance conditionnelle entre le traitement et les résultats observés pour la variable d’intérêt. Autrement dit, on doit considérer que le fait d’être sous LBO pour une entreprise est indépendant de sa défaillance potentielle 9 De manière générale, il convient de distinguer pour les entreprises des deux groupes les effets observés (effets du LBO pour les sociétés ciblées et effets de l’absence de LBO pour les sociétés non ciblées) des effets non observés résultant de situations hypothétiques non observées (effets du LBO pour les ciblées si elles n’avaient pas été ciblées et effets du LBO pour les non ciblées si elles avaient été ciblées). 10 Une des limites principales de l’ASP est de considérer que le fait de recevoir un traitement ne se fonde que sur des caractéristiques observables ou que les caractéristiques inobservables sont données comme identiques pour l’ensemble des individus. Par exemple, cette méthode ne permet pas de tenir compte de caractéristiques telles que les relations entre le dirigeant de l’entreprise ciblée et l’acheteur, la volonté ou la réticence du cédant à vendre son entreprise à un fonds de capital investissement, les raisons de la cession de l’entreprise cible, etc. Néanmoins, il paraît pertinent de considérer que les informations comptables de la cible sont prépondérantes dans la décision de LBO. 11 conditionnellement à certaines variables observables. Dans notre cas, l’hypothèse d’indépendance conditionnelle est valide si le fait qu’une entreprise soit ciblée et qu’une autre ne le soit pas n’est pas le résultat d’anticipations différenciées de la défaillance des entreprises. Ainsi, le taux de défaillances observées dans le groupe de contrôle constitue une estimation valable du taux de défaillances potentiel des entreprises sous LBO si celles-ci n’avaient pas fait l’objet d’un rachat. Les caractéristiques observables des entreprises doivent alors servir à définir une probabilité prédite de recevoir le traitement pour chacune des entreprises. Dans notre cas, elles permettront de définir la probabilité pour une entreprise d’être sous LBO, et d’apparier les entreprises d’intérêt et celles de contrôle sur la base du score de propension. Dans une dernière étape, il s’agira de déterminer le nombre d’entreprises de contrôle conservées pour chaque entreprise sous LBO. Nous avons choisi la méthode de pondération du « plus proche voisin » et retenu les 5 voisins les plus proches, i.e. les 5 entreprises de contrôle dont le score de propension est le plus proche de celui observé pour chaque entreprise sous LBO. Compte tenu du fait que les entreprises de contrôle appariées peuvent être relativement éloignées en termes de probabilité prédite de l’entreprise d’intérêt, nous avons introduit un calibrage (caliper method) de 1x10-7, nettement plus restrictif que les calibrages utilisés communément dans ce genre d’étude [Tykvova et Borell (2012)]. L’appariement entre une entreprise sous LBO et une entreprise de contrôle n’est effectué que si la différence entre le score de propension obtenu respectivement par chaque entreprise n’excède pas la valeur du calibrage. 3.2 La sélection de l’échantillon La base de données a été construite en trois étapes successives. La première étape a permis de recenser les entreprises ayant fait l’objet d’un LBO sur la période 2000 à 2007 dont le montant de la transaction était supérieur à 5 millions d’euros. Deux bases de données ont été mobilisées : ZEPHYR et THOMSON REUTERS, les doublons ayant été éliminées entre ces deux bases. Cette sélection a permis de constituer une population de 1 020 opérations de LBO pour lesquelles un transfert du contrôle majoritaire de la société cible a été identifiée (prise de participation supérieure à 50%). Dans une deuxième étape, nous avons identifié à partir de ce premier échantillon les firmes ayant fait l’objet d’une faillite entre 2000 et 2010 à partir des données d’ALTARES-INSEE, base qui regroupe l’ensemble des procédures collectives classées par établissement sur la période 1998-2010. Parmi ces 1 020 opérations, 89 sociétés cibles ont connu une défaillance sur la période 2000-2010. Nous avons ensuite éliminé les 12 opérations de LBO pre-défaillance, c’est-à-dire les opérations qui correspondent aux sociétés en cours de défaillance qui ont été reprises en LBO. Ce retraitement permet de satisfaire l’hypothèse d’indépendance conditionnelle, puisque la défaillance pre-LBO peut expliquer la reprise en LBO mais aussi une deuxième défaillance post-LBO. La population initiale a ainsi été réduite à 997 entreprises dont 66 défaillantes sur la période, une fois nettoyée des LBO post défaillance. Dans la troisième étape, enfin, nous avons agrégé une base de données comptable sur la période 2000-2007 comprenant l’intégralité des entreprises présentes dans la base DIANE (environ 1,8 millions d’entreprise) sur cette période, en intégrant également les données sur les effectifs salariés par établissement issus des fichiers DADS. L’objectif est de n’imposer aucune restrictions a priori sur la population des entreprises de contrôle, afin de disposer d’une zone de support commun la plus large possible. Sur les 997 entreprises, 371 sociétés ne renseignant pas une ou plusieurs données comptables mobilisées pour l’appariement (cf infra pour la présentation des variables) 1 an avant la transaction ou dont la durée de l’exercice comptable est différent de 12 mois ont été éliminées. Ainsi, l’échantillon final est composé de 626 entreprises dont 55 sociétés ont fait l’objet d’une défaillance sur la période 2000-2010 (cf figure 1) ce qui représente un taux de défaillance de 8,8% ce qui est légèrement supérieur au taux de faillit de 7,2% identifié par Tykvova et Borell (2012) sur un échantillon de 1 842 LBO en Europe au cours de la période 2000-2008. Figure 1 – Evolution des LBO ayant fait l’objet d’une défaillance en France (2000-2010) LBO Défaillances 2000 20 2000 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Total - 2001 41 1 2002 39 3 2003 55 2 2004 85 4 2005 150 3 2006 130 - 2007 106 12 2008 2009 2010 10 10 10 Total 626 55 2001 1 2002 3 - 2003 1 1 2004 1 2 1 2005 1 1 1 2006 - 2007 2 1 2 1 1 5 - 1 3 2 4 3 2008 1 1 6 2 10 2009 2 3 2 3 10 2010 1 2 2 3 2 10 Total 9 4 4 6 4 16 7 5 55 - 12 13 3.3 La sélection des variables Afin de construire le groupe de contrôle de la manière la plus rigoureuse possible, cinq variables ont été retenues dans la procédure d’appariement lors de l’exercice précédent le LBO : le chiffre d’affaires, le résultat net de l’exercice (bénéfice ou perte), l’actif total, le niveau du BFR et l’effectif. Cette procédure est ainsi tout à fait comparable à la méthode d’ASP utilisée dans les études récentes traitant des conséquences économiques des LBO [Amess, Girma et al. (2008), Le Nadant et Perdreau (2012) et Tykvova et Borell (2012)]11. Le choix du type et du nombre de variables retenues a été déterminé par l’adéquation de trois contraintes majeures. La première contrainte est liée à la disponibilité des informations comptables 1 an avant le LBO car certaines données manquantes restreignent le nombre de variables pouvant être intégrées et/ou le nombre d’entreprises pouvant être appariées. Deuxièmement, le choix des variables doit être pertinent au regard des variables retenus par les fonds d’investissement dans le ciblage des entreprises rachetées. Les variables sélectionnés donnent un aperçu de la situation comptable de l’entreprise (bénéfice ou perte), de sa taille (effectif, chiffre d’affaires), de son patrimoine (actif total) et de sa trésorerie (BFR). Troisièmement, la faisabilité de l’appariement dépend directement du nombre de variables utilisées : l’objectif n’est pas d’expliquer le plus précisément possible le fait d’être racheté en LBO mais d’affecter à chaque entreprise sous LBO une ou plusieurs entreprises de contrôle. Par conséquent, l’augmentation du nombre de variables de conditionnement réduit la probabilité d’associer à chaque entreprise sous LBO, une ou plusieurs entreprises de contrôle et réduit le nombre d’entreprises sous LBO que l’on souhaite observer. A partir des variables sélectionnées, deux appariements distincts ont été effectués. Dans le panel A « sans filtre sectoriel », les entreprises sont appariées sans tenir compte du secteur d’activité ; dans le panel B « avec filtre sectoriel », les entreprises d’intérêt et de contrôle sont appariées selon leur secteur d’activité (cf annexe 1). Pour contrôler l’effet des cycles économiques, nous avons effectué les deux types d’appariement pour chaque année entre 2000 et 2007. Enfin, pour évaluer l’impact de l’endettement sur la défaillance des entreprises sous LBO, trois variables ont été retenues : l’endettement de l’entreprise, sa capacité de remboursement et sa solvabilité. Les variables retenues dans cette étude sont représentées 11 A titre d’exemple, Amess, Girma et al. (2008) introduisent 5 variables (le chiffre d’affaires, l’effectif, les salaires, la productivité, l’âge de l’entreprise et un indicateur de tendance conjoncturel). Le Nadant et Perdreau (2012) utilisent 6 variables de conditionnement (le chiffre d’affaires, le ROCE, le taux d’endettement, le niveau d’imposition, la liquidité et le BFR). Tykvova et Borell (2012) apparient les entreprises sous LBO et les entreprises de contrôle appartenant au même secteur d’activité (code à 1 chiffre NACE Rev.2) à partir de 2 variables que sont l’âge des entreprises et l’actif total. 14 dans la figure 2 ci-dessous et les principales statistiques descriptives des échantillons LBO et de contrôle dans la figure 3. Nous avons également distingué deux panels (panels C et D) en fonction de la disponibilité de l’information comptable après le LBO dans les régressions logistiques multivariées (figure 4). Le panel C est similaire en terme de taille à l’échantillon ASP (panels A et B), le panel D est de taille plus restreinte et comprend l’ensemble des entreprises disposant de données comptables avant et après le LBO12. 12 Les échantillons d’entreprises sous LBO dans les régessions logistiques (figure 7) sont de tailles différentes. Cela s’explique par la disponibilité des informations comptables. 15 16 ASP, tests univariés LBO_AV_DEF DEF_t+1 DEF_t+2 DEF_t+3 DEF_t+4 DEF_t+5 RN_t-1_LBO CA_t-1_LBO EFF_t-1_LBO ACTIF_t-1_LBO BFR_t-1_LBO Tests multivariés DEF BFR_t-1_LBO ROA_t-1_LBO ROCE_t-1_LBO ROE_t-1_LBO ROA_t+1_LBO ROCE_t+1_LBO ROE_t+1_LBO SOLV_t+1_LBO DETTE_t-1_LBO DETTE_t+1_LBO CF_DETTE_t+1_LBO MBO AGE VAR_RN_t-1_LBO VAR_CA_t-1_LBO VAR_EFF_t-1_LBO Description de la variable Défaillance du LBO Défaillance du LBO 1 an après Défaillance du LBO 2 ans après Défaillance du LBO 3 ans après Défaillance du LBO 4 ans après Défaillance du LBO 5 ans après Résultat net 1 an avant LBO Chiffres d'affaires 1 an avant LBO Effectif 1 an avant LBO Total de l'actif net 1 an avant LBO BFR 1 an avant LBO Description de la variable Défaillance de l'entreprise BFR en jours 1 an avant LBO ROA 1 an avant LBO ROCE 1 an avant LBO ROE 1 an avant LBO ROA 1 an après LBO ROCE 1 an après LBO ROE 1 an après LBO Solvabilité 1 an après LBO / GEARING 1 an après LBO Endettement 1an avant LBO Endettement 1 an après LBO Capacité de remboursement 1 an après LBO Age de l'entreprise Management Buy-Out Variation du résultat net 1 an avant le LBO Taux de croissance du chiffre d'affaires 1 an avant LBO Taux de croissance de l'effectif 1 an avant LBO Mesure de la variable Dummy : 1 si entreprise sous LBO, 0 si entreprise de contrôle Dummy : 1 si défaillance 1 an après LBO, 0 sinon Dummy : 1 si défaillance 2 ans après LBO, 0 sinon Dummy : 1 si défaillance 3 ans après LBO, 0 sinon Dummy : 1 si défaillance 4 ans après LBO, 0 sinon Dummy : 1 si défaillance 5 ans après LBO, 0 sinon Résultat net 1 an avant LBO Chiffres d'affaires 1 an avant LBO Effectif 1 an avant LBO Total de l'actif net 1 an avant LBO BFR 1 an avant LBO Mesure de la variable Dummy : 1 si défaillance, 0 sinon / Période : 2001-2010 BFR t-1 / CA t-1 Résultat de l'exercice t-1 / Total actif t-1 Résultat d'exploitation t-1 / Total actif écoomique t-1 Résultat de l'exercice t-1 / Capitaux propres t-1 Résultat de l'exercice t+1 / Total actif t+1 Résultat d'exploitation t+1 / Total actif économique t+1 Résultat de l'exercice t+1 / Capitaux propres t+1 Dette t+1 / Capitaux propres t+1 Dette t-1 / Total actif t-1 Dette t+1 / Total actif t+1 Cash-Flows t+1 / Dette t+1 Nombre d'années depuis la création de l'entreprise Dummy MBO : 1 si MBO, 0 si autre type de LBO Dummy : 1 si croissance du bénéfice entre t-2 et t-1 avant LBO) (CAn-1 LBO - CAn-2 LBO) / CAn-2 LBO (EFFECTIFn-1 LBO - EFFECTIFn-2 LBO) /EFFECTIFn-2 LBO Figure 2 – Description et mesure des variables utilisées l’ASP et dans les tests multivariés 17 Entreprises de contrôle Panel B après ASP Entreprises LBO Panel B après ASP Entreprises de contrôle Panel A après ASP Entreprises LBO Nom de la variable Nombre d'entreprises de contrôle Nombre d'entreprises de contrôle avec défaillance RN_t-1_LBO BFR_t-1_LBO CA_t-1_LBO EFF_t-1_LBO ACTIF_t-1_LBO Nom de la variable Nombre d'entreprises LBO Nombre d'entreprises LBO avec défaillance RN_t-1_LBO BFR_t-1_LBO CA_t-1_LBO EFF_t-1_LBO ACTIF_t-1_LBO Nom de la variable Nombre d'entreprises de contrôle Nombre d'entreprises de contrôle avec défaillance RN_t-1_LBO BFR_t-1_LBO CA_t-1_LBO EFF_t-1_LBO ACTIF_t-1_LBO Nom de la variable Nombre d'entreprises LBO Nombre d'entreprises LBO avec défaillance RN_t-1_LBO BFR_t-1_LBO CA_t-1_LBO EFF_t-1_LBO ACTIF_t-1_LBO Panel A après ASP Entreprises LBO Nom de la variable Nombre d'entreprises LBO Nombre d'entreprises LBO avec défaillance RN_t-1_LBO BFR_t-1_LBO CA_t-1_LBO EFF_t-1_LBO ACTIF_t-1_LBO Panel A et B avant ASP 85 582 206 233 668 894 2 929 825 597 Max Nombre d'observations Moyenne Médiane Ecart-type 2822 162 2822 827 219 4 526 2822 8 727 2565.5 20 590 2822 27 277 9 462 56 321 2822 137 52 255 2822 26 927 7 491 81 590 Nombre d'observations Moyenne Médiane Ecart-type 580 55 580 1 167 661 6 468 580 8 692 3 047 16 654 580 29 062 11 526 52 135 580 145 52 260 580 31 936 10 720 79 588 Max Max -64 717 96 947 -32 946 375 581 -539 919 251 0 3 677 18 2 070 392 Min -72 833 60 421 -19 105 193 000 0 668 894 0 2 668 27 1 269 478 Min Nombre d'observations Moyenne Médiane Ecart-type Min Max 2663 106 2663 742 315 8 580 -168 032 295 152 2663 7 015 2 303 15 562 -55 852 251 428 2663 24 972 8 463 61 432 0 1 452 143 2663 114 33 442 0 16 760 2663 25 493 6 689 124 616 14 5 285 037 Nombre d'observations Moyenne Médiane Ecart-type Min 566 55 566 1 013 642 8 610 -104 158 566 7 680 2 783 17 221 -19 032 566 25 699 11 183 47 546 0 566 144 49 288 0 566 28 221 9 615 67 758 27 Nombre d'observations Moyenne Médiane Ecart-type Min Max 626 55 626 2 895 702 32 596 -214 991 647 267 626 11 504 3 107 27 704 -20 207 329 210 626 36 529 12 145 78 044 0 692 310 626 212 54 917 0 20 482 626 61 364 11 862 264 198 27 4 432 551 Figure 3 – Statistiques de l’échantillon LBO et de l’échantillon de contrôle BFR_t-1_LBO ROA_t-1_LBO ROCE_t-1_LBO ROE_t-1_LBO ROA_t+1_LBO ROCE_t+1_LBO ROE_t+1_LBO Panel D SOLV_t+1_LBO DETTE_t-1_LBO DETTE_t+1_LBO CF_DETTE_t+1_LBO AGE VAR_CA_t-1_LBO VAR_EFF_t-1_LBO Nom de la variable BFR_t-1_LBO ROA_t-1_LBO ROCE_t-1_LBO ROE_t-1_LBO Panel C DETTE_t-1_LBO AGE VAR_CA_t-1_LBO VAR_EFF_t-1_LBO Nom de la variable Nombre Moyenne Médiane Ecart-type Min Max d'observations 452 12 490 3 282 29 998 -20 207 329 210 452 0,07 0,07 0,15 -1,04 0,79 452 0,16 0,13 4,00 -73,35 30,86 451 7,08 0,19 151,86 -105,78 3 223,00 450 0,09 0,08 0,19 -1,21 1,28 449 0,19 0,13 0,58 -5,78 4,63 452 -0,49 0,19 10,01 -198,17 6,54 432 6,64 1,27 72,97 -15,46 1 487,33 436 0,52 0,52 0,35 0,00 5,40 431 0,52 0,55 0,25 0,00 1,47 405 0,68 0,20 6,89 -2,86 138,17 452 27 18 26 1 187 425 0,59 0,06 6,78 -1,00 130,61 428 0,19 0,01 1,93 -1,00 32,38 Nombre Moyenne Médiane Ecart-type Min Max d'observations 36 8 537 2 673 14 136 -77 73 358 35 -0,04 0,01 0,28 -1,20 0,45 35 -0,01 0,02 0,33 -1,40 0,68 36 6,31 0,08 27,75 -1,90 158,63 35 -0,05 -0,02 0,15 -0,50 0,29 35 -0,75 0,00 2,99 -15,90 0,48 36 4,00 0,05 24,55 -6,88 147,00 35 -62,27 1,02 377,34 -2 230,50 27,38 35 0,59 0,64 0,40 0,00 1,68 34 0,65 0,64 0,37 0,00 1,74 30 0,00 0,01 0,24 -0,51 0,88 36 24 19 21 0 87 32 0,30 0,04 1,51 -0,97 7,85 30 -0,09 -0,03 0,24 -0,99 0,24 Max -1 100 73 358 -1,20 0,45 -3,01 0,76 -22,84 158,63 0,00 2,02 0 101 -0,97 7,85 -0,99 0,80 Min LBO Nombre Moyenne Médiane Ecart-type Min Max d'observations 571 11 979 3 261 28 737 -20 207 329 210 571 0,06 0,07 0,22 -3,61 0,79 571 0,15 0,13 3,57 -73,35 30,86 570 5,67 0,18 135,08 -105,78 3 223,00 551 0,52 0,53 0,34 0,00 5,40 570 26,06 18 24 1 187 530 0,66 0,07 6,72 -1,00 130,61 539 0,16 0,01 1,74 -1,00 32,38 Défaillances Nombre Moyenne Médiane Ecart-type d'observations 55 6 579 2 503 11 801 53 -0,05 0,01 0,27 53 -0,06 0,02 0,53 54 3,79 0,09 23,06 53 0,67 0,68 0,43 55 25 17 23 47 0,27 0,03 1,29 46 -0,02 -0,02 0,26 Figure 4 – Statistiques des échantillons des régressions logistiques multivariées 18 19 4. Résultats A partir de la base de données LBO et de l’échantillon de contrôle construit par la méthode ASP sur la période 2000-2010, les hypothèses ont été testées en utilisant des tests univariés paramétriques et non paramétriques classiques et des régressions logistiques multivariées. 4.1 Résultats des tests univariés Les résultats des tests paramétriques univariés unilatéraux (figure 5) montrent que le taux de défaillance moyen des entreprises sous LBO est globalement plus élevé que le taux de défaillance moyen de l’échantillon de contrôle (dont les caractéristiques en termes de taille, de secteur d’activité et de rentabilité sont parfaitement comparables). Le taux de défaillance annuel moyen à trois ans (entre t+1 et t+3) est ainsi de 1,83% par an pour l’échantillon LBO contre 0,66% pour l’échantillon de contrôle. Les résultats montrent plus spécifiquement que seules les variables DEF_t+2 et DEF_t+3 sont statistiquement significatives au seuil de 1%, DEF_t+4 et DEF_t+5 n’étant significatives qu’au seuil de 10%. Si on contrôle par l’appartenance au même groupe d’activité, seules DEF_t+2 et DEF_t+3 sont significatives. Autrement dit, les LBO font davantage défaillance dans les deux et trois premières années suivant le rachat alors qu’au-delà de trois ans, le taux de défaillance se stabilise par rapport aux autres entreprises. 20 Figure 5 – Tests paramétriques univariés Panel A "sans filtre sectoriel" DEF_t+1 DEF_t+2 DEF_t+3 DEF_t+4 DEF_t+5 Nb d'observations * Significatif au seuil de 10% ** Significatif au seuil de 5% *** Significatif au seuil de 1% Panel B "avec filtre sectoriel" DEF_t+1 DEF_t+2 DEF_t+3 DEF_t+4 DEF_t+5 Nb d'observations * Significatif au seuil de 10% ** Significatif au seuil de 5% *** Significatif au seuil de 1% Echantillon de contrôle sans filtre sectoriel Dummy LBO = 0 Moyenne 0,00526 0,00939 0,00526 0,01089 0,00451 2 663 Ecart-type 0,00140 0,00187 0,00140 0,00201 0,00130 2 663 Echantillon de contrôle avec filtre sectoriel Dummy LBO = 0 Moyenne 0,01134 0,00921 0,01276 0,01276 0,00638 2 822 Ecart-type 0,00199 0,00180 0,00211 0,00211 0,00150 2 822 Echantillon de LBO sans filtre sectoriel Dummy LBO = 1 Moyenne 0,00707 0,02297 0,02474 0,01767 0,00883 566 Ecart-type 0,00352 0,00630 0,00653 0,00554 0,00393 566 Echantillon de LBO avec filtre sectoriel Dummy LBO = 1 Moyenne 0,00690 0,02241 0,02414 0,01724 0,00862 580 Ecart-type 0,00344 0,00615 0,00637 0,00541 0,00384 580 Test unilatéral de différence de moyenne Entreprises de contrôle vs Entreprises LBO - Moyenne 0,00181 0,01358 0,01948 0,00678 0,00433 Ecart-type 0,00345 0,00499 0,00429 0,00506 0,00335 Z-Value - 0,52520 - 2,72069*** - 4,53879*** - 1,34057* - 1,29204* Test unilatéral de différence de moyenne Entreprises de contrôle vs Entreprises LBO - Moyenne 0,00444 0,01320 0,01138 0,00448 0,00224 Ecart-type 0,00467 0,00485 0,00549 0,00527 0,00374 Z-Value 0,95239 - 2,71990*** - 2,07444** - 0,85169 - 0,60018 4.2 Résultats des tests non paramétriques Les résultats des tests non paramétriques (figure 6) sont similaires à ceux obtenus à partir des tests paramétriques. Il ressort en effet que seules les variables DEF_t+2 et DEF_t+3 sont significatives respectivement au seuil de 1% et de 5%. Ainsi, les entreprises rachetées en LBO ont un taux de faillite globalement plus élevé deux ans et trois ans après leur rachat que les entreprises comparables. On peut donc en affirmer que la variable de traitement, c’est-à-dire le LBO, dans la procédure de construction de la méthode ASP a bien un effet significatif sur la variable d’intérêt, le taux de défaillance. Les tests de robustesse qui intègrent un filtre sectoriel ne modifient pas ces premiers résultats. Les tests univariés permettent donc de conclure que l’hypothèse H1 semble vérifiée. 21 Figure 6 – Tests non paramétriques Tests de Wilcoxon sans filtre sectoriel Valeur observée du T de Wilcoxon DEF_t+1 915 454 DEF_t+2 924 325 DEF_t+3 928 769 DEF_t+4 919 198 DEF_t+5 917 352 Nb d'observations 3 229 * Significatif au seuil de 10% ** Significatif au seuil de 5% *** Significatif au seuil de 1% Espérance du T de Wilcoxon 914 090 914 090 914 090 914 090 914 090 3 229 Variance du T de Wilcoxon 6 746 941 14 154 824 10 462 556 14 522 767 6 374 095 3 229 Z-Value - 0,52512 - 2,72028*** - 4,53814*** - 1,34037 - 1,29184 Tests de Wilcoxon avec filtre sectoriel Valeur observée du T de Wilcoxon DEF_t+1 983 234 DEF_t+2 997 673 DEF_t+3 996 184 DEF_t+4 990 540 DEF_t+5 988 705 Nb d'observations 3 402 * Significatif au seuil de 10% ** Significatif au seuil de 5% *** Significatif au seuil de 1% Espérance du T de Wilcoxon 986 870 986 870 986 870 986 870 986 870 3 402 Variance du T de Wilcoxon 14 579 244 15 780 104 20 164 729 18 573 689 9 350 491 3 402 Z-Value 0,95226 - 2,71950*** - 2,07415** - 0,85156 - 0,60009 4.3 Résultats des régressions logistiques multivariées Afin de mesurer les déterminants de la défaillance des firmes reprises en LBO, des régressions logistiques ont été réalisées à partir des données issues de l’échantillon des 626 firmes reprises en LBO. La variable DEFt a été codée 0, lorsque la société reprise en LBO n’avait pas fait l’objet d’un état de cessation de paiement de la part du tribunal de commerce au cours des 5 ans suivant le rachat, et codée 1, lorsque l’entreprise sous LBO avait fait l’objet d’un redressement judiciaire ou d’une liquidation directe. Différentes tests présentés dans la figure 6 ont été réalisés en prenant en compte les variables observables comptables et financières avant le LBO (t-1) et après le LBO (t+1). L’objectif est d’identifier si la défaillance s’explique par une modification de la rentabilité et/ou de la trésorerie que l’on peut situer avant le LBO ou au contraire par une transformation de la rentabilité et/ou de la trésorerie après le rachat. 22 Figure 7 – Résultats des régressions logistiques sur l’échantillon total (LBO = 1) BFR_t-1_LBO ROA_t-1_LBO ROCE_t-1_LBO ROE_t-1_LBO DETTE_t-1_LBO ROA_t+1_LBO ROCE_t+1_LBO ROE_t+1_LBO Modèle (1)1 Modèle (2) -0,00001 (0,00001) -1,38570* (0,75586) 0,00358 (0,01450) -0,00083* (0,00045) 0,24720 (0,35581) -0,00001 (0,00001) -0,62494 (1,54241) 0,01193 (0,02379) -0,00070 (0,00060) Modèle (3) Modèle (4) -4,71061*** (1,54681) -0,14903 (0,10740) 0,03558* (0,02103) -0,00001 (0,00001) 0,08184 (1,81870) 0,01120 (0,02934) -0,00068 (0,00042) 0,55656 (1,03256) -4,58017*** (2,08562) -0,15742 (0,10564) 0,03494* (0,01951) 0,44178 (1,36286) -0,05027 SOLV_t+1_LBO (0,04886) 1,86272 DETTE_t+1_LBO (1,56401) -1,16366* CF_DETTE_t+1_LBO (0,51933) 0,40283 0,43156 0,65941 0,57211 MBO (0,35211) (0,43707) (0,43284) (0,44333) 0,00417 -0,00212 -0,00117 0,00269 AGE (0,00600) (0,00966) (0,00684) (0,00713) -0,15701 -0,01819 -0,02332 -0,07717 VAR_RN_t-1_LBO (0,36666) (0,50202) (0,45086) (0,45278) -0,85510 -0,27938 -0,88656 -0,83775 VAR_CA_t-1_LBO (0,84657) (0,56992) (0,87873) (0,89089) -0,40890 -1,42456** -1,11202* -1,09299* VAR_EFF_t-1_LBO (0,32262) (0,62887) (0,62635) (0,61894) -2,61351*** -3,73243*** -2,67922*** -2,91375*** CONSTANTE (0,39427) (1,01575) (0,49443) (0,77554) Nb d'obervations 522 381 432 414 5,35% 14,77% 15,70% 15,00% R² ajusté 1 le panel C est utilisé dans le modèle (1), le panel D est utilisé dans les modèles (2) à (7) * Significatif au seuil de 10% ** Significatif au seuil de 5% *** Significatif au seuil de 1% DETTE_t-1_LBO Modèle (5) Modèle (6) Modèle (7) -4,99853** (2,15871) -0,12414 (0,11421) -0,00001 (0,00001) -0,17628 (1,84298) 0,01460 (0,03285) -0,00084 (0,00054) 0,67273 (1,35940) -4,75995** (2,31069) -0,13557 (0,11460) -0,00001 (0,00001) -0,10546 (1,69434) -0,00071 (0,02014) -0,00061 (0,00051) 0,70992 (1,40566) -4,66141** (2,28180) -0,16153 (0,10949) 0,04355 (0,04311) 0,64960 (1,25742) -0,04904 (0,04069) 1,43119 (1,44871) 0,06024 (0,52409) 0,45694 (0,46458) -0,00228 (0,00822) 0,07802 (0,51364) -0,44851 (0,82050) -1,48814** (0,61739) -3,75765*** (0,97566) 382 17,59% -0,04811 (0,04408) 1,42218 (1,50129) 0,03957 (0,56054) 0,42639 (0,46585) -0,00024 (0,00881) 0,05215 (0,53494) -0,30957 (0,67039) -1,51536** (0,62107) -3,69773*** (0,99901) 381 18,14% 1,16205 (1,43859) 0,06544 (0,52264) 0,38732 (0,46526) 0,00005 (0,00872) 0,03335 (0,52860) -0,31761 (0,67016) -1,46516** (0,62681) -3,66714*** (1,00361) 381 17,20% La défaillance des entreprises sous LBO s’explique principalement par le faible niveau performance économique des entreprises 1 an après le LBO, la performance pre-LBO ne semblant pas avoir d’impact sur la probabilité de défaillance. Un deuxième résultat robuste concerne l’effet du taux de croissance de l’effectif 1 an avant le LBO (VAR_EFF_t-1_LBO) puisque les entreprises connaissant une croissance de leur taille ont une probabilité plus faible de connaître une défaillance. En revanche, le niveau d’endettement des entreprises cibles 1 an après le LBO ne semble pas augmenter leur probabilité de défaillance, lorsque l’on contrôle par le niveau d’endettement pre-LBO. L’hypothèse H2a ne semble donc pas validée en raison 23 de l’absence de corrélation entre le niveau d’endettement en t+1 après LBO et la probabilité de connaître un redressement judiciaire. Les résultats des régressions logistiques indiquent également qu’il faille rejeter l’hypothèse H2b puisque le niveau de trésorerie avant le LBO n’est pas corrélé avec le niveau de défaillance. Les indicateurs de rentabilité économique et financière mesurés 1 an avant le LBO n’ont pas d’effet significatif sur la probabilité de défaillance. En d’autres termes, il n’est pas possible de conclure qu’une différence de rentabilité pre-LBO entre les entreprises cibles aurait une influence sur leur risque de défaillance. La rentabilité post-LBO semble dans une certaine mesure ne pas avoir d’effet sur la défaillance des entreprises sous LBO. Cependant, nous observons un résultat contre intuitif dans les modèles (3) et (4) puisque une rentabilité financière élevée augmenterait la défaillance des entreprises cibles. Une explication possible serait que la hausse du ROE entraine chez certains fonds un « appétit » financier plus important dont la conséquence est de réduire les capitaux propres de la cible tout en utilisant ses cash-flows pour rembourser la dette de la holding de reprise. La baisse du niveau des fonds propres, avec pour conséquence une hausse mécanique du ROE, entrainerait donc une augmentation de la probabilité de faillite. De manière générale, ce n’est pas la transformation de la rentabilité après le rachat qui explique la défaillance des entreprises sous LBO. Par ailleurs, la solvabilité et la capacité de remboursement de l’entreprise cible ne semble pas diminuer sa probabilité de défaillance. Finalement, nous ne trouvons pas que le mode de rachat impliquant le management de l’entreprise cible diminue la probabilité pour celle-ci de connaître un redressement judiciaire. Ce résultat robuste aux différentes spécifications va à l’encontre des résultats des études portant sur le Royaume-Uni [Citron et Wright (2008)] ou les Etats-Unis [Halpern, Kieschnick et al. (2009)]. 5. Conclusion et discussion Cet article traite de l’effet des opérations de LBO sur la défaillance des entreprises françaises. Sur la base d’un échantillon de 626 opérations de LBO entre 2000 et 2007 dont 55 ont fait défaillance, nous montrons que le taux de défaillance est plus élevé pour les entreprises cibles que pour les entreprises de contrôle. Ce résultat robuste conduit à deux conclusions principales construit à partir de la méthode ASP. Tout d’abord, un LBO a un impact négatif sur la survie des entreprises dans le cas de la France. Ensuite, l’expertise managériale des fonds de Private Equity est remise en question puisque l’amélioration de la gouvernance de 24 l’entreprise cible suite à la prise de contrôle par un fonds ne permet pas de réduire la probabilité de défaillance. L’analyse des déterminants de la défaillance des firmes reprises en LBO montrent que la performance, la rentabilité économique, la rentabilité financière et le niveau de trésorerie preLBO n’ont pas d’effets sur la probabilité de défaillance des entreprises cibles. Autrement dit, la défaillance des entreprises reprises en LBO ne s’explique pas par sa « santé » ex ante. Ce résultat est confirmé par le fait que la défaillance est corrélée à la performance 1 an après le rachat. Nous pouvons donc conclure que le LBO a un effet très significatif sur la survie de l’entreprise cible et qu’une performance élevée post-LBO permet de diminuer la probabilité de défaillance. Cependant, cette dernière n’est pas liée au niveau d’endettement 1 an après le LBO. Enfin, nous montrons dans le cas de la France qu’un mode de rachat impliquant le management de l’entreprise cible (MBO) n’a pas d’incidence sur la survie de la firme. L’ensemble des ces résultats mettent en évidence qu’un rachat de type LBO pour une entreprise est une opération risquée pour sa survie et ce, d’autant plus que les indicateurs traditionnels de la prévision de la faillite observés 1 an avant le rachat ne semblent pas indiquer un risque pour l’entreprise cible. Les résultats de cet article soulèvent d’autres questions de recherche, notamment une analyse détaillée de l’effet de l’endettement et de la structuration de la dette sur la défaillance et des canaux de transmission de l’effet du LBO sur la survie de l’entreprise cible. 25 Annexe 1 – Filtre sectoriel à 5 secteurs Pour l’appariement avec filtre sectoriel, nous avons regroupé les secteurs d’activité (codes NACE REV.2 à 1 chiffre) en 5 catégories afin d’isoler l’effet du secteur de l’effet du LBO sur la probabilité de défaillance. NACE REV. 2 ACTIVITÉS FINANCIÈRES ET D'ASSURANCE 1 ACTIVITÉS IMMOBILIÈRES ACTIVITÉS SPÉCIALISÉES, SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES ACTIVITÉS DE SERVICES ADMINISTRATIFS ET DE SOUTIEN 2 3 COMMERCE; RÉPARATION D'AUTOMOBILES ET DE MOTOCYCLE CONSTRUCTION TRANSPORTS ET ENTREPOSAGE INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE 4 PRODUCTION ET DISTRIBUTION D'ÉLECTRICITÉ, DE GAZ, DE VAPEUR ET D'AIR CONDITIONNÉ RODUCTION ET DISTRIBUTION D'EAU; ASSAINISSEMENT, GESTION DES DÉCHETS ET DÉPOLLUTION ENSEIGNEMENT SANTÉ HUMAINE ET ACTION SOCIALE 5 HÉBERGEMENT ET RESTAURATION INFORMATION ET COMMUNICATION ARTS, SPECTACLES ET ACTIVITÉS RÉCRÉATIVES 26 Bibliographie Aharony, J., Jones, C., et al. (1980). An analysis of risk characteristics of corporate bankruptcy firms using capital market data. Journal of Finance, Vol. 35, p. 10011016. Altman, E. (1968). Financial ratios, discriminant analysis and the prediction of corporate bankruptcy. Journal of Finance, Vol. 23, p. 589-609. Amess, K., Girma, S., et al. (2008). 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