pour un tourisme a valeur ajoutee en corse
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POUR UN TOURISME A VALEUR AJOUTEE, PIERRE ANGULAIRE D’UN NOUVEAU MODELE DE DEVELOPPEMENT DURABLE POUR LA CORSE MAI 2011 V5.1 (révision 09/2011) __________________________________________________ Placer le tourisme au centre de la stratégie économique régionale et… Remplacer une activité de « cueillette » peu organisée, presque subie, faiblement redistributrice, à la fois source et cible de pratiques prédatrices par… Une industrie structurée et à taille humaine, génératrice de valeur ajoutée économique et sociale, dans le respect du patrimoine environnemental et culturel. ___________________________________________________ LE CERCLE DES GRANDES MAISONS CORSES ASSOCIATION LOI 1901 - IDENTIFIANT W2B5000292 C/O HÔTEL LA VILLA - ROUTE DE ND DE LA SERRA 20260 CALVI - FRANCE WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 2 Table des matières 1. Avant-propos ..................................................................................................................................... 4 L’économie Corse ........................................................................................................................................... 6 Le Tourisme en Corse .................................................................................................................................... 8 Le Cercle des Grandes Maisons Corses ........................................................................................................10 2. Notre Objectif .................................................................................................................................. 14 Changer en profondeur le modèle touristique de la Corse ..........................................................................14 Comment agir dans ce but ? .........................................................................................................................15 Quels moyens pour y parvenir ? ...................................................................................................................15 3. Des mesures d’équité et d’incitation fiscales et sociales .................................................................... 16 L’ajustement et la prorogation du Crédit d’impôt pour l’Investissement en Corse.....................................16 L’indispensable prorogation des aides à l’emploi dans les CHR en Corse....................................................18 La lutte contre le foisonnement récent de l’offre touristique para-commerciale .......................................20 4. Agir sur l’offre de financement des entreprises ................................................................................. 22 Une offre de financement bancaire plus rare et coûteuse en Corse qu’ailleurs..........................................22 Inscrire les FIP Corse dans la durée ..............................................................................................................24 5. Des mesures en faveur de l’emploi et de la formation ....................................................................... 25 La création du « CDI du saisonnier » dans le cadre d’une expérimentation régionale ................................25 La création d’une école supérieure d’hôtellerie en Corse ...........................................................................27 6. Placer le tourisme au cœur des stratégies publiques de développement de la Corse .......................... 30 L’Etat doit jouer un rôle accru dans le développement du transport aérien et maritime ..........................30 Prise en compte du tourisme à valeur ajoutée dans les Contrats de Projets et le PEI ................................32 Prise en compte du tourisme à valeur ajoutée dans l’élaboration du PADDUC ..........................................34 Annexes ............................................................................................................................................... 36 A. Approche comparative Corse - Sardaigne .................................................................................................... B. Crédit d’impôt & autres mesures fiscales : analyses du Medef et de la DGFP............................................. C. « CDI du saisonnier » : note de Pôle Emploi ................................................................................................. D. Propositions communes à la CTC sur la desserte aérienne (CGMC – MEDEF – UMIH – CGPME) ............... WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 3 1. AVANT-PROPOS L’économie corse : Un important retard de développement, source de chômage et d’inégalités L’ensemble des indicateurs dans le rouge Le PIB par habitant en Corse, à 23 800 €, se situe toujours 20% en dessous de la moyenne nationale en 2009, plaçant la Corse au 17e rang des régions françaises. Le PIB régional a stagné en en 2009 et devrait régresser en 2010. Son évolution ne suffit plus à compenser la forte progression de la population, qui s’appauvrit dans son ensemble (+2% d’accroissement démographique par an par le seul biais du solde migratoire depuis plusieurs années, faisant de la Corse une « Côte d’Azur du pauvre et du fonctionnaire en quête de soleil »). De plus, selon les plus récentes statistiques publiques, le nombre de demandeurs d’emplois en Corse a progressé de 32% entre fin décembre 2007 et fin décembre 2010 (dernières données disponibles). Cette hausse est de 44% pour les moins de 25 ans. Loin d’être linéaire, cette évolution s’est fortement accélérée depuis le début de l’hiver 2009. Conséquence du retard de développement historique et des évolutions récentes, le taux de pauvreté en Corse était le plus élevé des régions de France métropolitaine en 2008 (dernières données disponibles), touchant 20% de la population insulaire. La région est aussi la seconde en matière de disparité des revenus entre la frange aux revenus les plus élevés et celle disposant des revenus les plus faibles. Un tissu économique morcelé, comportant quelques oligopoles et reposant fortement sur la dépense publique Le fait est que le modèle économique de la Corse est aujourd’hui, selon les points de vue, au mieux fragile, au pire indigent : il repose essentiellement, d’une part, sur des emplois pléthoriques dans le secteur public (39% de l’emploi salarié), mais aussi, d’autre part, sur la dynamique bien souvent spéculative, court-termiste et faiblement créatrice d’emplois qualifiés dans l’immobilier et le BTP (construction de maisons individuelles et autres « mini-villas ») renforcée par une importante commande publique (PEI), et, enfin, sur une activité touristique faiblement organisée, s’assimilant à de la « cueillette », concentrée sur une courte période de pointe chaque année. L’ensemble du tissu économique est morcelé et fragile, à l’exception de quelques oligopoles dans les domaines de la distribution de gros et de détail, de l’immobilier et du BTP. Le Plan Exceptionnel d’Investissements pour la Corse, malgré l’effort considérable qu’il a représenté, n’a pas modifié cet état de fait : seule une poignée de grosses PME locales du BTP et du négoce de matériaux en ayant bénéficié économiquement. Un système productif inefficace et faiblement redistributeur, des décideurs politiques peu impliqués dans l’économie Ainsi que rappelé plus haut, le système productif insulaire n’assure aujourd’hui qu’une très faible redistribution des richesses, insuffisante pour assurer des créations d’emplois et rattraper le retard économique et social de la région. Pourtant, le dynamisme économique de la Corse n’intéresse que faiblement la classe politique locale, toutes tendances confondues. Ceci peut s’expliquer par la part du secteur public dans les emplois et l’effet « anesthésiant » que ceci entraîne sur l’opinion publique. Il convient donc urgemment d’envisager quels changements impulser à l’économie corse, pour la réorienter en profondeur vers la voie de la prospérité économique et sociale. WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 4 Milliers PIB annuel par habitant 35 29,7 € 30,4 € 29,6 € 28,5 € 27,4 € 26,6 € 25,1 € 25,7 € 23,8 € 23,8 € 23,7 € 24,5 € 25 22,2 € 22,8 € 21,0 € 20,9 € 19,8 € 20 17,9 € 18,9 € 19,3 € 30 15 10 -20% -24% -23% -23% 2001 2002 -23% -22% -23% -22% -23% -22% 5 0 2000 Corse 2003 2004 France 2005 2006 2007 2008 2009 Différentiel Corse/France Demandeurs d'Emploi en Corse ABC en milliers 16,8 (+32%) 12,7 3,1 (+44%) 2,1 Décembre 2007 Décembre 2010 Ensemble ABC dont -25 ans Taux de pauvreté & Disparités des revenus données 2008 7,0 20,0% 13,0% 5,9 5,4 13,2% Taux de pauvreté Rapport de disparité des revenus France métropolitaine Province Corse Part des emplois publics dans l'emploi salarié total Agents de l'Etat et des Collectivités Locales au 31/12/2008 100% 75% 50% 25% 26,4% 38,8% 0% France Secteur public Corse Secteur privé Sources : INSEE, Pôle Emploi & DARES (janvier 2011). Taux de pauvreté : part de la population disposant d’un niveau de vie inférieur à 60% du niveau de vie médian au niveau national. Rapport de disparité des revenus : rapport entre les revenus salariaux du premier décile et ceux du dernier décile. WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 5 Le tourisme en Corse : 1er secteur contributeur de l’économie locale 20% du PIB et 15% des emplois De l’avis de l’ensemble des économistes publics et privés, la consommation touristique représente - au bas mot - plus de 20% du PIB de la Corse (contre 7% au niveau national) et 10 à 15% des emplois (5% pour l’ensemble de la France). Elle constitue le moteur essentiel (unique ?) de l’économie locale. En 2010, 3,3 millions de touristes se sont rendus en Corse et y ont passé 33 millions de nuitées, générant une dépense touristique sur place d’environ 1,5 milliards d’Euros. Il convient ici de préciser que bien que communément et publiquement reconnus, y compris par les statisticiens publics, ce poids se traduit mal dans les données officielles de la statistique publique. Ainsi, l’INSEE ne prend en compte le poids du tourisme en Corse qu’au travers (i), pour l’emploi, de décomptes d’effectifs au 31 décembre, soit durant le point zéro annuel du secteur, alors même que les enquêtes mensuelles révèlent une saisonnalité régionale de l’emploi du secteur qui va du simple (décembre) au triple (juillet-août), et (ii), pour la dépense, les seules recettes des activités caractéristiques du tourisme (hébergement, restauration et transports), alors que les relevés d’activité (recettes de TVA par exemple) de l’ensemble des secteurs économiques de l’île révèlent une saisonnalité variant du simple au double, notamment dans le secteur du commerce de gros et de détail. Enfin, dans sa composante « résidences secondaires » le tourisme insulaire est également l’un des plus puissants moteurs du BTP et de l’immobilier, sans lequel ces secteurs connaîtraient de grandes difficultés. Une fréquentation touristique très (trop) concentrée dans l’année La fréquentation touristique est concentrée sur quelques mois de l’année : 80% des nuitées annuelles sont effectuées en 7 mois, et 49% en seulement 2 mois. Au pic de la saison touristique, la Corse enregistre ainsi une augmentation de près de 150% de sa population. Ce phénomène s’explique principalement par deux facteurs : des coûts d’accès prohibitifs et une faible offre de transports hors période estivale, d’importantes lacunes en matière d’activités et d’infrastructures de loisirs (golfs, etc.) ou dédiées au tourisme d’affaires et de congrès, aptes à attirer une clientèle « désaisonnalisée ». L’hyper-saisonnalité du tourisme corse pose en conséquence les problèmes suivants : la difficile rentabilisation des investissements réalisés dans le secteur touristique, en raison d’une fréquentation limitée dans le temps, avec des outils sous-utilisés la moitié de l’année, un nombre important d’emplois précaires, au-delà des activités touristiques pures, pour une majeure partie du secteur privé, et une surfréquentation territoriale pendant deux mois, menaçant l’équilibre des espaces naturels, et rendant nécessaire le surdimensionnement des infrastructures publiques (énergie, voirie, assainissement, santé, etc.) par rapport aux besoins moyens de l’année. WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 6 Heures salariées totales de l'Hôtellerie-Restauration par rapport à l'ensemble des secteurs en 2008 France y compris DOM France métropolitaine Province Corse Provence-Alpes-Côte d'Azur Languedoc-Roussillon Martinique Guadeloupe Ile-de-France Aquitaine Rhône-Alpes Alsace Basse-Normandie Bretagne Guyane Poitou-Charentes Midi-Pyrénées La Réunion Auvergne Bourgogne Limousin Lorraine Centre Pays de la Loire Champagne-Ardenne Nord-Pas-de-Calais Picardie Haute-Normandie Franche-Comté 4,35% 4,34% 4,03% 11,18% 0% 2% 4% 6% 8% 10% 12% Source : INSEE, DADS 2008 Entrées moins sorties aériennes & maritimes, Source : Office des Transports de la Corse (OTC) Répartition des nuitées touristiques en 2010 en Corse 11% 5 mois 20% Novembre à Mars (Hors-Saison) Avril à Juin (Avant-Saison) 3 mois 49% Juillet & Août (Haute-Saison) 2 mois 2 mois 19% Période Nuitées Septembre & Octobre (Arrière-Saison) Source : Agence du Tourisme de la Corse (ATC) WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 7 Une croissance en volume qui ne se retrouve plus dans la création de valeur Depuis le début des années 2000, la forte croissance en volume de la fréquentation touristique n’a pas créé de retombées équivalentes en termes de consommation touristique totale, et donc d’emploi et de création de valeur. Ceci s’explique, au mieux, par la stagnation voire, plus vraisemblablement, par la baisse significative de la dépense touristique journalière sur place. Le constat est sans appel à la fin de la décennie qui vient de s’achever : un touriste dépense chaque jour en Corse moins qu’en Tunisie, et deux fois moins que sur l’île voisine, la Sardaigne ! Dépense touristique journalière moyenne hors coûts d'accès - approche comparative 98 € 75 € 47 € Corse * 105 € 84 € 53 € Tunisie ** Malte * Baléares ** Maroc **** Sardaigne *** Sources : Corse, ATC ; Tunisie, ONTT ; Malte, NSO ; Baléares, IET ; Maroc, BEI ; Sardaigne, Oss. Economico della Sardegna Dernières années disponibles : *2010, **2009, ***2007, ****2006 [ cf. Approche comparative Corse - Sardaigne détaillée en annexe ] Ce niveau anormalement bas de dépense, et donc de la performance touristique de la destination Corse est la conséquence de : la prépondérance des offres d’hébergement non-marchandes (76% des lits touristiques) ou marchandes à faible valeur ajoutée (campings, villages de vacances, résidences de tourisme, etc.) au regard de la capacité totale, la stagnation de la desserte aérienne, pourtant porteuse d’une clientèle à plus fort pouvoir d’achat et présente plus longtemps dans l’année ; nous le verrons plus tard, le problème ne résidant pas dans le manque de demande, mais bien dans le manque de capacité commercialisée à un coût acceptable, et ce malgré des centaines de millions d’Euros de subventions annuelles ; l’absence de services et d’infrastructures touristiques « désaisonnalisantes » (… et payantes, la plage, praticable seulement l’été, est … gratuite). Une acceptation de plus en plus difficile par la population L’activité touristique est ainsi majoritairement vécue par la population comme un mal (nécessaire), car elle peine à redistribuer de la valeur économique et sociale (emplois précaires et faiblement qualifiés, para-commercialisme), tout en créant une impression de saturation et de saccage du territoire (surfréquentation saisonnière et spéculation immobilière induite). WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 8 Offre d'hébergement touristique en Corse en nombre de lits au 1/1/2009 - total : 514 582 lits déclarés Hôtels dont CGMC 22 384 1881 4% 0,4% Campings 58 230 11% Villages de vacances 13 339 3% Résidences de tourisme 12 843 3% Meublés, Gîtes & Chambres d'Hôtes 15 642 3% Résidences secondaires 392 444 76% Offre, Nuitées et Dépenses en Corse selon le type d'hébergement - marchand/non-marchand en 2010 - Offre, Nuitées et Dépenses en Corse selon le type d'hébergement - détail pour les hébergements marchands en 2010 - 49,1% 58,0% 79,3% 50,9% 42,0% 20,7% 50,9% 42,0% Part de l'Offre (lits) Part des nuitées Part des dépenses Offre marchande 8,3% 7,7% 10,2% 11,3% 2,6% 2,5% 4,3% 20,7% Part de l'Offre (lits) Offre non-marchande 12,7% 7,8% 10,3% 15,9% 20,0% Part des Nuitées Part des dépenses Hôtels Résidences de tourisme Villages de vacances Campings Source : INSEE, DGCIS et ATC Millions Trafic passager depuis et vers la Corse - évolution 2001/2010 - 2001 Aérien : 42% Maritime : 58% 8 7 6 5 4 3 2 1 0 3,5 3,7 3,8 3,6 3,6 3,9 4,1 2,5 2,5 2,5 2,3 2,3 2,4 2,5 4,3 2,7 4,5 2,8 4,7 2,6 2010 Aérien : 36% Maritime : 64% 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Aérien Maritime Source : ORTC WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 9 Le Cercle des Grandes Maisons Corses Quelques dizaines d’entreprises du secteur, ayant fait le pari que sa proximité des grandes capitales européennes, son patrimoine naturel, culturel et gastronomique uniques font de la Corse une destination d’avenir, tentent d’emprunter la voie de l’efficacité économique au moyen de l’excellence, de l’investissement sur le long terme, du développement durable et de la redistribution sociale. Ces entreprises sont les fondatrices du Cercle des Grandes Maisons Corses. Le Cercle des Grandes Maisons Corses en bref : Environ 80M€ de C.A en 2010, autant en dépense hors des établissements, soit 10% de la dépense touristique totale, pour seulement 2% de la capacité d’hébergement marchand et 5ha de foncier bâti 730 salariés en moyenne (ETP), près de 1200 en saison en 2010, les mieux rémunérés et formés de la région Le plus fort impact du secteur en matière d’investissements et d’approvisionnement auprès des entreprises, de l’artisanat et de l’agro-alimentaire local Des entreprises à taille humaine et capital familial, pour une reconnaissance internationale La locomotive du tourisme insulaire Notre association regroupe les professionnels corses du tourisme parmi les plus reconnus et respectés, qui sont regroupés en filière, celle du tourisme à forte valeur ajoutée économique et sociale, dans le respect du patrimoine culturel et environnemental de notre île. Les membres du Cercle sont les pionniers du tourisme de qualité, moderne et structuré qui, ayant surmonté les troubles politiques, économiques et sociaux qui ont agité la Corse depuis une trentaine d’années, sont parvenus à créer, développer et maintenir en vie des établissements dont la réputation traverse, pour certains, les frontières européennes. Cette filière, responsable de plus de 1200 emplois directs chaque année, dont la plupart sont pérennes, réalise des investissements bien supérieurs à la moyenne : elle est la « locomotive » du tourisme insulaire. Elle bénéficie directement à de nombreuses entreprises de secteurs connexes, tels que les services de loisirs, l’artisanat, le bâtiment, l’agriculture fermière et le commerce de gros comme de détail. Elle est aussi la « bonne élève » du secteur touristique insulaire en termes de redistribution salariale, de politique de recrutement et de formation des collaborateurs, et de respect des obligations réglementaires, fiscales et sociales. Une conjoncture difficile depuis fin 2008, une profession contrainte aujourd’hui par le choix d’investir lourdement hier Comme ailleurs, elle a été durement touchée par la crise économique, qui a commencé à faire sentir ses effets en Corse à la fin de l’année 2008, obligeant près d’un quart de ses entreprises à prendre contact avec les Tribunaux de Commerce depuis lors. Depuis une dizaine d’années, la totalité des marges bénéficiaires de la filière a été exclusivement utilisée pour les investissements dans la modernisation des établissements en période de croissance. Plus récemment, les quelques réserves, qui avaient été patiemment constituées, notamment pendant la période d’application de la Zone Franche désormais terminée, ont servi à financer les pertes d’exploitation des années 2009 et 2010. WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 10 Impact économique & social des principaux types d'hébergement marchand en Corse Capacité en lits 2% 18% Investissements 27% 10% Chiffre d'Affaires 66% 22% Valeur Ajoutée 44% 22% Salaires & Traitements 49% 28% Hôtels CGMC 11% 45% 24% Effectif Salarié Moyen 53% 41% Autres Hôtels Rés. de Tourisme & Vill. Vacances 13% 17% 16% 16% 17% 15% 15% 15% 15% Campings Impact environnemental & social 124,9x 1 588 59 319 29 797 € 24 065 € 23 376 € 19 349 € 30 213 62,8x 701 20 137 481 475 12,7x 2,5x 1 750 Lits construits Hôtels CGMC Salariés ETP Autres Hôtels Lits / ETP Rés. de Tourisme & Vill. Vacances Salaire moyen / ETP Campings Données 2007 Source : Etude INSEE réalisée pour le compte du CGMC, INSEE DGCIS & comptes sociaux CGMC WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 11 Des atouts pour envisager sereinement la reprise Notre filière dispose néanmoins de nombreux atouts (excellence reconnue, insertion au sein d’un environnement exceptionnel, proximité des capitales européennes, établissements de caractère, à taille humaine, etc.) qui lui permettent d’envisager une reprise de son activité à moyen terme, à la condition que ses potentialités soient prises en compte dans la fixation du contexte réglementaire, économique et social insulaire. Notre philosophie de réflexion et d’action Notre démarche est le fruit de plusieurs décennies d’expérience et d’observation de l’activité touristique, au niveau local mais aussi international. Elle est aussi le fruit d’innombrables propositions adressées aux décideurs politiques de tous bords, propositions quasiment toutes restées lettre morte. Elle est tout sauf corporatiste : la nature large de nos propositions les rendent potentiellement bénéfiques à un grand nombre de filières économiques autres que la nôtre. Nous sommes ainsi convaincus que le développement de notre filière doit nécessairement s’accompagner par l’accompagnement de tout un tissu d’activités connexes. Si notre ambition est de créer un contexte favorable à une création efficiente de valeur ajoutée économique et sociale par le tourisme en Corse, notre démarche est avant tout entrepreneuriale et patrimoniale, portée par des PME privilégiant la pérennité et le développement de leurs outils de travail sur le long terme, se situant donc à l’opposé de logiques capitalistiques courttermistes et faiblement redistributrices. WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 12 Données 2007 Campings Rés. de tourisme & Villages Vac. Hôtels hors CGMC Cercle des Grandes Maisons Corses Nombre de lits 59 319 30 213 20 137 1 750 Salariés équivalents temps plein 475 481 1 588 701 Chiffres d'affaires annuels en millions 52 € 56 € 148 € 71 € Valeur Ajoutée annuelle en millions 27 € 25 € 70 € 39 € Salaires & Traitements versés par an en millions 11 € 11 € 31 € 21 € Investissements annuels en millions 9€ 7€ 43 € 7€ Chiffre d'Affaires / lit / an 881 € 1 866 € 7 336 € 40 682 € Valeur ajoutée / lit / an 447 € 823 € 3 460 € 22 191 € 24 065 € 23 376 € 19 349 € 29 797 € Investissements réalisés / lit / an 144 € 237 € 2 132 € 3 850 € Lits nécessaires pour un emploi ETP 124,9 62,8 12,7 2,5 Rémunération annuelle brute moyenne Source : Etude INSEE réalisée pour le compte du CGMC, INSEE DGCIS & comptes sociaux CGMC WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 13 2. NOTRE OBJECTIF : Changer en profondeur le modèle touristique de la Corse Notre objectif est que le tourisme, pratiqué dans une logique maîtrisée et réfléchie de développement durable, génératrice avant tout d’emplois qualifiés et pérennes, porteuse d’une faible empreinte environnementale, devienne la pierre angulaire de l’édifice économique et social de l’île. Cet édifice que nous espérons prospère et solide, sera à la base d’un nouveau projet de société bénéfique à la Corse et aux Corses. En vue de structurer le secteur touristique, sans verser dans une mono-activité de type industriel, telle que pratiquée par certains de nos voisins méditerranéens, il convient de se tourner vers un modèle touristique durable, issu de PME développant une activité à forte valeur ajoutée, s’appuyant sur les valeurs de la Corse : il faut passer de la cueillette à « l’artisanat d’art ». La viabilité de ce modèle repose sur : 1. L’allongement de la saison touristique, actuellement limitée à 7 mois, avec une période de pointe de seulement 8 semaines et une période d’activité nulle de 5 mois, vers une période d’activité étalée sur 9 à 10 mois, à l’instar que de nombreuses destinations similaires à la Corse sont parvenues à mettre en place ; 2. Une attractivité accrue envers une clientèle générant une plus forte dépense en Corse, tant en matière de politique commerciale, que de services et d’infrastructures mis à disposition, notamment de loisirs et d’affaires : le potentiel considérable du tourisme golfique et d’affaires (incentives, congrès et séminaires) est ainsi très faiblement exploité en Corse ; 3. Des politiques en faveur du développement des structures touristiques « à forte densité de valeur ajoutée » économique et sociale, et visant à l’inverse à contingenter le développement de l’hébergement non-marchand ou à faible valeur ajoutée, fortement consommateur d’emprises pour peu de retombées générées ; 4. La préservation du patrimoine environnemental, culturel et des terroirs corses, seuls véritables facteurs de différenciation de la destination face à l’essor des destinations balnéaires à bas coûts en Méditerranée. Les potentialités du tourisme vert, du tourisme culturel, de la thalassothérapie et du thermalisme, de l’agro-tourisme et de l’oeno-tourisme en Corse sont importantes, notamment dans leurs variantes « haut de gamme », et actuellement totalement inexploitées : elles méritent non seulement une impulsion politique forte pour les installer au côté du tourisme balnéaire, mais aussi une stratégie coordonnée de développement sur le long terme. Cette voie seule garantit sur le long terme, tout d’abord une acceptation de la population, mais aussi la préservation et la mise en valeur du patrimoine environnemental et culturel de la Corse, et enfin une redistribution juste et efficace de la valeur ajoutée générée par le tourisme dans l’île. WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 14 Comment agir dans ce but? Une politique de développement touristique forcément élargie à l’ensemble des secteurs connexes L’ensemble de nos membres a pu constater, à de multiples reprises dans le passé, l’inefficacité, de mesures d’incitation de court-terme et/ou limitées à un segment d’activité de l’économie corse. Ainsi par exemple, l’expérience nous démontre que toute action se limitant à agir sur les entreprises touristiques réceptives (hôtels, résidences de tourisme, campings, restaurants, etc.), n’aurait qu’un effet limité sur le secteur touristique insulaire. Trop souvent, ce type d’initiatives partielles ou à courte vue se sont traduites pour notre région par de simples rattrapages - partiels - des retards pris en raison des handicaps liés à l’insularité, par des effets d’aubaine de courte durée voire, dans certains cas, par des démarches prédatrices ou spéculatives, sans redistribution réelle vers le tissu économique et la population insulaires. Nous souhaitons au contraire que soit menée une série d’actions en faveur du tourisme à forte valeur ajoutée en Corse, pensée dans sa globalité comme élargie à l’ensemble des secteurs connexes, nécessaires à la compétitivité des établissements réceptifs, à l’utilisation des capacités existantes sur une plus longue période dans l’année, et donc à la création d’emplois. Des mesures pensées pour le moyen et le long-terme Pour porter ses fruits, cette série d’actions doit nécessairement s’inscrire dans le long-terme, avec une durée minimale de 10 ans. Enfin, cette politique doit nécessairement être conditionnée au respect des principes du développement durable, la préservation des atouts naturels et culturels de la Corse étant sa meilleure chance de conserver son pouvoir d’attractivité sur le long terme. Quels moyens pour y parvenir ? Nous avons identifié, de manière non limitative, plusieurs outils pour parvenir à cet objectif, dont la mise en œuvre s’effectue selon les cas, au niveau national ou régional. Ces deux niveaux d’action, par leur imbrication, devront nécessairement être menés de front et complémentairement. Certains outils, tels que l’équité et l’incitation fiscales et sociales, ainsi que l’amélioration des mécanismes de financement des entreprises sont du ressort des services de l’Etat. D’autres sont le fruit de compétences partagées entre l’Etat et les collectivités locales : les initiatives en faveur de l’emploi et de la formation, et la prise en compte du potentiel touristique dans les stratégies publiques de développement et les schémas d’aménagement de la Corse. Ces outils sont exposés ci-après. WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 15 3. DES MESURES D’EQUITE ET D’INCITATION FISCALES ET SOCIALES Le crédit d’impôt pour l’investissement en Corse : Un nécessaire aménagement des modalités de remboursement, une prorogation porteuse d’espoir pour l’avenir Un dispositif qui a porté ses fruits, un coût modéré pour les finances publiques, une fin proche « Le développement économique de l'île doit être au centre de toute action » estimait M. le Président Sarkozy dès 2002, alors qu’il annonçait le renforcement du crédit d’impôt pour l’investissement en Corse, visant à remplacer le statut de zone franche jusqu’alors en vigueur. Ce dispositif vient à expiration à la fin de l’année 2011. Les effets d’entraînement espérés de cette incitation fiscale on bien eu lieu durant la période de rattrapage économique qu’a connu la Corse jusqu’en 2007, même si les montants réellement investis sont resté en deçà des prévisions de la DLF 2002 (cf. annexe). En revanche, les entreprises, notamment touristiques, ont joué le jeu au point que la Corse est devenue la première région du secteur en France pour les investissements par actif occupé. Ceux-ci ont ainsi représenté 80 millions d’Euros en moyenne annuelle entre 2003 et 2007 pour la seule hôtellerie-restauration soit, à titre d’illustration, la moitié des financements d’Etat apportés annuellement dans le cadre du PEI. Ces investissements ont en immense partie été réinjectés dans le tissu économique insulaire, et expliquent en partie la période d’expansion économique qu’à connu l’île durant cette période. Un mécanisme toutefois rigide et peu adapté aux retournements de conjoncture Toutefois, à l’occasion du retournement conjoncturel ayant fait sentir ses effets à partir de la fin 2008, le mécanisme du crédit d’impôt s’est retourné contre les entreprises ayant consenti des investissements sur le long terme. En effet, les rigidités de son mécanisme de remboursement et les pénalités prévues font qu’en période déficitaire ou faiblement bénéficiaire, il est impossible pour les entreprises de recouvrer le crédit d’impôt dont elles sont pourtant titulaires, et ce alors même que ces entreprises doivent continuer d’honorer les dettes bancaires qu’elles ont contracté en vue d’effectuer leurs investissements (qui, faute d’être réalisés, les auraient exclus du marché.) Ce mécanisme s’est ainsi transformé en piège inattendu pour nombre d’entreprises engagées sur des investissements productifs à l’amortissement long. Dans le secteur touristique, ceci a eu pour conséquence un fort ralentissement des dépenses structurantes pour nombre d’entreprises, et ce à mi-chemin du dispositif. La fin proche du crédit d’impôt pour l’investissement en Corse, malgré ses imperfections, annonce de sombres perspectives quant au développement des structures existantes ou nouvelles. Notre proposition : prorogation et alignement sur le régime du Crédit d’Impôt Recherche Un dialogue a récemment été entamé avec M. le Ministre du Budget quant à l’alignement des modalités de remboursement des (faibles) montants dus au titre du crédit d’impôt corse sur celles du crédit d’impôt recherche, ainsi que sa prorogation pour une durée substantielle. Eu égard à la nature longue de l’amortissement des investissements touristiques, qui constituent l’essentiel des investissements réalisés par les entreprises en Corse, nous estimons la durée minimale nécessaire de cette prorogation à 7 années. Le détail des aménagements au régime actuel qui vous jugeons souhaitables est exposé en annexe. WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 16 Investissements par actif occupé dans l'Hôtellerie-Restauration en milliers d'Euros 12,3 11,3 10,3 9,1 9,0 7,8 6,7 6,5 6,3 2003 2004 2005 Corse 2006 85,6 € 2003 2007 France Investissements corporels dans l'hôtellerie-restauration en Corse par an en millions 69,0 € 7,5 98,5 € 83,2 € 66,8 € 2004 2005 2006 2007 Source : Eurostat, données structurelles sur les services au niveau régional WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 17 Paquet fiscal et social des CHR (baisse de la TVA et fin des aides à l’emploi) : La Corse doit bénéficier d’une prorogation des mesures d’aides à l’emploi Au niveau national : baisse de la TVA contre revalorisations salariales et fin des aides Le gouvernement a décidé et obtenu pour le secteur de la restauration et de l’hôtellerie une baisse de la TVA de 14,1% (baisse de 19,6% à 5,5% pour la vente de nourriture et boissons non alcoolisées). Cette baisse a été accordée en l’échange de la suppression d’aides à l’emploi spécifiques au secteur. De manière quasi-simultanée, une hausse nationale de près de 6% des salaires et traitements a été agréée par les partenaires sociaux, sous la forme d’un avenant à la convention collective régissant les CHR, qui est entrée en vigueur le 1er mars 2010. En Corse : les nouveaux coûts sont supérieurs aux bénéfices de la mesure Les entreprises Corses du secteur sont les seules perdantes de cette évolution. En effet, elles n’ont aucunement ou presque bénéficié de la baisse de TVA, en raison de taux réduits préexistants introduits historiquement en raison des surcoûts importants d’approvisionnement liés à l’insularité. Ce durcissement sans précédent des conditions fiscales et sociales, aboutit à un différentiel négatif dans les conditions d’exploitation compris entre 4% et 9% du chiffre d’affaires, entre les établissements situés en Corse et ceux sur le Continent. Ce différentiel est porté à 4,5% pour les hôtels-restaurants et 10% pour les établissements touristiques à forte valeur ajoutée. Or, ceux-ci génèrent des bénéfices après impôts, hors période de crise actuelle, généralement situés autour de 5% de leur chiffre d’affaires. Des conditions d’exploitations déjà préalablement plus difficiles qu’ailleurs La Corse bénéficie déjà de conditions d’exploitation dégradées par rapport à ses homologues continentales. Elle se situe ainsi dans le premier tiers des régions dans lesquelles le coût de la main d’œuvre est le plus élevé du secteur, voire certainement le 1er quart, si l’on prend en compte les frais de recherche et de logement, plus élevés qu’ailleurs. Les coûts d’approvisionnement, en raison de l’insularité et de la concentration locale des intermédiaires pour l’hôtellerie et la restauration, y sont aussi substantiellement plus élevés qu’ailleurs. Tout ceci avec des besoins d’investissement et des frais fixes aussi importants que dans des régions à l’activité moins saisonnière. L’effet est potentiellement désastreux pour les conditions d’exploitation du secteur en Corse : réduction accrue des marges, perte totale de compétitivité par rapport aux destinations continentales, impossibilité de mettre en œuvre les objectifs de baisse de prix annoncés par la profession. Notre proposition : reconduction des aides au CHR pour la Corse Le décret n° 2009-1395 du 16 novembre 2009 portant maintien des aides à l’emploi dans les CHR en Corse a permis de prolonger pour 18 mois, jusqu’à la fin de l’année 2010, les mesures autrefois en place d’aide à l’emploi dans les CHR. Ici encore, il ne s’agit pas de demander l’octroi d’avantages hors du droit commun, mais de compenser, même partiellement, une série de mesures qui conduisent à une iniquité dans les conditions d’exploitation des établissements insulaires comparées à celles de l’ensemble du territoire. Ainsi que rappelé à M. Baroin il y a quelques mois, la seule issue équitable en la matière consisterait à reconduire le décret mentionné ci-dessus pour une période de 5 années. WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 18 Gains / Coûts relatifs à la réduction de la TVA dans les CHR Données exprimées en % du C.A Cas 1 : Hôtel-Restaurant Continent Gain lié à la baisse de la TVA 4,37% Perte liée à la suppression des aides HCR -0,75% Pertes liées à la modification de la Convention Collective -1,74% Total Gain ou Perte 1,88% Différentiel Corse / France continentale Corse 0,78% -1,05% -1,74% -2,01% -3,89% CGMC 0,82% -1,22% -2,24% -2,65% -4,52% Cas 2 : Restaurant traditionnel Continent Gain lié à la baisse de la TVA 11,28% Perte liée à la suppression des aides HCR -1,85% Pertes liées à la modification de la Convention Collective -1,81% Total Gain ou Perte 7,62% Différentiel Corse / France continentale Corse 2,00% -1,96% -1,81% -1,77% -9,39% CGMC 1,88% -2,22% -2,24% -2,58% -10,20% Source : estimations CGMC d’après données INSEE et DADS 2008 Salaires annuels bruts moyens pour un équivalent temps plein Tous secteurs France métropolitaine Province Corse 33 674 € 30 670 € 28 446 € Hôtellerie-Restauration Province France métropolitaine Cercle des Grandes Maisons Corses Ile de France PACA Alsace Rhône-Alpes Aquitaine Pays de la Loire Midi-Pyrénées Corse Champagne-Ardenne Basse-Normandie Bourgogne Haute-Normandie Nord-Pas-de-Calais Bretagne Centre Languedoc-Roussillon Picardie Poitou-Charentes Auvergne Franche-Comté Lorraine Limousin 23 642 € 24 706 € 29 29797 725 €€ 26 977 € 24 788 € 24 403 € 23 934 € 23 611 € 23 482 € 23 415 € 23 359 € 23 300 € 23 297 € 23 289 € 23 277 € 23 258 € 23 255 € 23 235 € 23 061 € 23 017 € 22 915 € 22 912 € 22 843 € 22 791 € 22 476 € - € 5 000 € 10 000 € 15 000 € 20 000 € 25 000 € 30 000 € 35 000 € Source : INSEE, DADS 2007 et CGMC Coût horaire moyen de la main d'oeuvre dans l'hôtellerie-restauration - comparaisons internationales - 20,69 € 14,32 € 11,24 € 7,01 € 7,05 € 7,10 € 7,38 € 3,42 € 1,26 € 1,63 € 1,80 € Source : Eurostat – OCDE – instituts statistiques nationaux – Données 2007 WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 19 Lutter contre le foisonnement récent de l’offre touristique para-commerciale Préalable : le but n’est pas ici de stigmatiser telle ou telle forme d’hébergement, nombre de maisons d’hôtes et gîtes accomplissant un travail remarquable de qualité en Corse. Ce que nous visons ici est l’économie informelle du tourisme dans l’île : celle qui, sans aucune forme d’existence légale, se développe de manière clandestine, à vitesse exponentielle, au détriment des professionnels du secteur, soumis eux à de nombreuses réglementations et régulièrement contrôlés par les services de l’Etat. 68 000 lits commercialisés sans déclaration : 37% de l’offre et 36% des nuitées marchandes Les entreprises du secteur touristique pâtissent depuis quelques années du fort essor d’une véritable industrie parallèle, devenue une puissante forme de concurrence déloyale. En 2010, ce sont 7,3 millions de nuitées qui sont effectuées dans des établissements sans existence légale, soit 36% des nuitées en hébergement marchand et 25% des nuitées totales (marchandes et non-marchandes) effectuées entre Avril et Octobre 2010 en Corse. Ce secteur non-déclaré représenterait ainsi plus de 68 000 lits, soit 37% de l’offre marchande d’hébergement. Un détournement massif de l’usage de logements, officiellement résidences principales, résidences secondaires et logements « vacants ». On comprend aisément qu’en la matière, le problème principal n’est pas la sous-déclaration de fréquentation, mais l’absence pure et simple de toute déclaration d’activité elle-même, prenant souvent la forme d’un détournement d’une structure de son usage officiel non-marchand en un usage marchand bien réel. Cette capacité clandestine est le plus souvent constituée de résidences à usage officiel d’habitation détournées en véritables « hôtels », non-déclarés, mais commercialisés comme tels, parfois de grand standing. Il s’agit aussi de « gîtes » ou « chambres d’hôtes » n’ayant fait l’objet d’aucune déclaration en Mairie, encore moins auprès des fédérations agrées. La mise en marché des résidences secondaires au travers d’Internet : principal facteur explicatif Le développement récent de l’industrie parallèle en Corse s’appuie massivement sur l’extraordinaire réservoir de capacité constitué par les résidences secondaires (près de 400 000 lits), désormais commercialisé via internet, devenu un outil industriel de commercialisation ayant supplanté le traditionnel « bouche à oreille » (cf. ci-contre). Niches fiscales indues et absence de contrôles Ces structures non déclarées permettent parfois de bénéficier de « niches » fiscales telles que celles introduites par la loi Scellier, qui ne permet pourtant pas en théorie de bénéficier de réductions fiscales pour la location saisonnière (hors résidences de tourisme classées), par exemple. N’étant enregistrées auprès d’aucune administration, bien qu’opérant au grand jour et présentes dans de nombreux canaux de distribution commerciale, y compris Internet, elles ne font l’objet que de très peu de contrôles. Les services de l’Etat doivent intensifier leur lutte contre les pratiques para-commerciales en Corse Seule une action vigoureuse des administrations concernées à l’encontre du para-commercialisme sera en mesure d’en juguler les effets néfastes pour l’économie insulaire. Une attention particulière devra être portée aux cas suivants : non-déclaration sanctionnée par les articles R324-1-2 et R-32416 du Code du Tourisme, publicité mensongère (faux « hôtels », « gites », etc.), non-déclaration d’activité (aisément vérifiable par les services fiscaux, plannings et coordonnées du propriétaire souvent disponibles en ligne), respect des normes de sécurité, incendie, accessibilité et autres. De surcroît, la communication des registres municipaux d’hébergements touristiques doit systématiquement être demandée par les services concernés de l’Etat, afin de fournir une base fiable pour les contrôles de tous ordres. Ces phénomènes ne sont pas propres à la Corse : une adaptation réglementaire doit être envisagée Les articles R324-1-2 et R-324-16 du Code du Tourisme sanctionnent la non-déclaration en mairie d’un meublé ou d’une chambre d’hôtes par une contravention de 3e classe (450€ d’amende). Au regard des bénéfices économiques potentiels de la simple location d’un studio meublé (800€ par semaine en période estivale, au minimum), cette sanction n’est pas dissuasive et doit être remplacée par une contravention de 5e classe (1500€ d’amende). WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 20 Analyse du poids du paracommercialisme dans l'hébergement touristique en Corse Nuitées totales effectuées en Corse entre début Avril et fin Octobre 2010 dont Nuitées marchandes (68,9% du total) dont Nuitées en Meublés, Gîtes & Chambres d'Hôtes (27,7% du total) (A) Source : Enquête lourde ATC, 214 jours de début Avril à fin Octobre 2010 Capacité déclarée des Meublés, Gîtes & Ch. d'Hôtes au 1/1/2010 (en lits) Hypothèse de Taux d'Occupation d'Avril à Octobre 2010 (214 jours) Nuitées des Meublés, Gîtes & Ch. d'Hôtes déclarés, en fonction du TO retenu (B) Nuitées dans les Meublés, Gîtes et Ch. d'Hôtes non déclarés (= A-B) Nuitées dans les établissements non déclarés / Nuitées marchandes Nuitées dans les établissements non déclarés / Nuitées totales Capacité induite des établissements non déclarés, en fonction du TO retenu + Capacité marchande déclarée au 1/1/2010 = Capacité marchande déclarée + capacité non-déclarée Capacité des établissements non déclarés / Capacité marchande réelle 29 322 436 20 203 158 8 122 315 Hypothèse centrale 7 712 40% 660 147 7 712 50% 825 184 7 712 60% 990 221 7 462 168 37% 25% 7 297 131 36% 25% 7 132 094 35% 24% 87 175 68 197 117 264 185 461 37% 55 546 204 439 43% 172 810 32% Sources : INSEE - DGCIS pour les capacités déclarées en mairie au 1er janvier 2010, « Enquête Lourde » de l’ATC pour les déclarations des nuitées par mode d’hébergement sur la période Avril-Octobre 2010 Poids du paracommercialisme dans l’hébergement touristique marchand en Corse - Avril-Octobre 2010 Capacité (lits) Nuitées Hôtels 12% Etablissements non déclarés 37% Résidences de Tourisme 8% Etablissements non déclarés 36% Hôtels 14% Résidences de Tourisme 11% Villages Vacances 7% Meublés, Gîtes & Ch. d'Hôtes déclarés 4% Campings 32% Meublés, Gîtes & Ch. d'Hôtes déclarés 4% Villages Vacances 12% Campings 23% Source : CGMC, d’après les données INSEE & ATC ci-dessus (hypothèse centrale). En janvier 2011, ce site internet proposait 3 459 offres de location, soit le double de la capacité officiellement déclarée de 1 762 meublés de tourisme en Corse. WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 21 4. AGIR SUR L’OFFRE DE FINANCEMENT DES ENTREPRISES Des modalités de financement bancaire difficiles, un crédit rare et cher : Oséo et le Médiateur du Crédit ont un rôle crucial à jouer Le crédit est rare pour les entreprises corses La mobilisation des banques en Corse est largement insuffisante, ainsi que le révèle le ratio de couverture des crédits accordés par les dépôts effectués en Corse communiqué par la Banque de France la fin de l’année 2010 : 74%, à comparer à 120% sur le territoire national. Ceci se traduit en pratique par le refus du financement de nombre de projets viables qui ne voient en conséquence pas le jour, dans nombre de secteurs, bien que portés par des entrepreneurs solvables, et à l’historique de gestion honorable. Des tarifs bancaires et des taux parmi les plus élevés de France, des pratiques contestables Lors d’une enquête menée au niveau national, une grande association de consommateurs (UFC Que Choisir) a établi en octobre 2010 que les banques présentes en Corse pratiquent, de très loin, les tarifs les plus élevés de France pour leurs services. Ceci confirme les constatations quotidiennes des entreprises insulaires, qui subissent non seulement des taux d’intérêt largement supérieurs à ce qui se pratique partout ailleurs sur le territoire national, mais aussi des demandes de garanties (y compris sur le patrimoine personnel des dirigeants) extraordinaires au regard des pratiques nationales, voire semblant parfois en contradiction avec la règlementation en vigueur. Des surcoûts et des réticences irrationnelles au vu du faible taux de défaillance des entreprises Ces refus et ces surcoûts sont souvent le fait d’une insuffisante liberté dans les autorisations locales d’engagement de la part des institutions bancaires, avec un déport des décisions sur le continent, le tout en raison d’un prétendu « risque particulier à la Corse ». Pourtant, au vu des - bonnes - statistiques en matière de défaillances ou de recouvrement de l’impôt, la Corse n’est pas, bien au contraire, le Mezzogiorno imaginaire qui semble servir de justification à de telles pratiques : à 1,3% en 2009, le taux de défaillance des entreprises en Corse était ainsi inférieur de 23% à la moyenne nationale, une proportion qui se retrouve de manière constante dans les statistiques historiques en la matière. Oséo : un acteur historiquement absent aux côtés du tourisme, un début d’engagement à confirmer Bien que très actif dans le BTP, Oséo a fait preuve d’une absence totale d’engagement en faveur du tourisme jusqu’à très récemment. Ainsi, pendant le plan de relance gouvernemental, et jusqu’au mois d’octobre 2010, aucun engagement direct n’a été enregistré dans le tourisme, l’établissement se limitant à consentir des contre-garanties aux établissements bancaires. Cet état de fait a seulement été modifié à partir du mois d’octobre 2010, date depuis laquelle Oséo a consenti 4M€ d’engagements directs au tourisme insulaire, certes au profit de seulement 5 (!) entreprises. Bien qu’une bonne volonté d’agir par les représentants locaux de l’institution soit affichée depuis peu, l’intensification du rôle d’Oséo est non seulement à confirmer, mais aussi à intensifier rapidement. Nos propositions : une implication accrue d’Oséo et du Médiateur du Crédit, ainsi qu’une vigilance accrue sur les pratiques des institutions bancaires Afin de résoudre ces difficultés, nous pensons qu’Oséo, faiblement mobilisé en Corse (hors secteur du BTP), mais aussi le Médiateur du Crédit, doivent pleinement jouer le rôle de catalyseur de financement qui est le leur, quitte à solliciter un peu plus les acteurs bancaires. Nos appels en ce sens depuis plus d’un an n’ont connu que de timides – et tardives - réponses. Il conviendrait également d’explorer des voies par lesquelles les établissements bancaires insulaires pourraient être incités à aligner leurs pratiques commerciales sur celles de l’échelon national. WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 22 Ratio Crédits sur Dépôts bancaires - total : particuliers & personnes morales 120,4% 125% 100% 73,7% 75% 50% 25% 2007 2008 2009 France métropolitaine 2010 2011 Corse Source : Banque de France, janvier 2011 Taux de défaillance des entreprises en 2009 - en °/°° à date de jugement 17,04 13,07 Corse France Source : Insee, démographie des entreprises 2009 WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 23 Les FIP Corse : Des effets commençant à peine à se faire sentir, une pérennisation nécessaire Un mécanisme ne devant porter ses fruits qu’à partir de 2011 pour les entreprises corses En raison d’une longue période d’installation et de création des équipes d’investissement (en l’absence de structures similaires sur l’île préalablement à la mesure), l’impact bénéfique des FIP Corse sur les besoins de financement des entreprises devrait tout juste commencer à se faire réellement sentir dans les premiers mois de 2011. De plus, « l’aubaine » créée momentanément par le contexte réglementaire favorable au secteur des centrales photovoltaïques a absorbé presque les 2/3 des premiers fonds disponibles (une quarantaine de millions d’euros), entre 2008 et 2010. Seule une poignée d’entreprises insulaires a ainsi bénéficié de leur intervention à ce jour, pour un montant compris entre 10 et 15 millions d’Euros cumulés, tous FIP confondus. Une seule de ces entreprises agit dans le domaine du tourisme. La fin de la possibilité pour les FIP d’investir dans le secteur photovoltaïque induit une réorientation rapide de l’intégralité des fonds dans le « véritable » système productif. Un dispositif répondant à de réels besoins Les entreprises corses dans leur ensemble, du fait de leur petite taille, de leur actionnariat souvent patrimonial et familial, et en raison de la faible mobilisation de l’épargne et des dépôts en Corse par les institutions bancaires, ont un grand bénéfice à tirer de ces structures. Les besoins des entreprises et les capacités d’investissement des institutions en place se situent autour de 30 millions d’Euros par an, dans une optique de développement économique volontaire (et nécessaire). Une nécessaire incitation fiscale renforcée pour la Corse De l’avis des professionnels du capital-investissement de proximité, en l’absence d’historique de performance (1ers investissements réalisés fin 2008), il est inconcevable d’attirer des capitaux d’ici à 2013 dans un contexte d’incitation fiscale moins favorable que celui actuellement mis en place. Notre proposition : une pérennisation pour 7 ans C’est pourquoi nous jugeons impérative la pérennisation du dispositif FIP Corse pour une durée de 7 années à compter du 1er janvier 2011, en ce qu’elle permettrait à nombre d’entreprises de concevoir des projets structurés et générateurs de valeur sur le long terme. WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 24 5. DES MESURES EN FAVEUR DE L’EMPLOI ET DE LA FORMATION Création, à titre expérimental, du « CDI du saisonnier » : Pérennisation des emplois, qualification des effectifs, possibilité d’étendre dans la durée l’utilisation des capacités touristiques Une réflexion est en cours depuis près d’une dizaine d’années (!), réunissant la Collectivité Territoriale de Corse, les partenaires sociaux et les services de l’Etat, visant à créer un « CDI du saisonnier » spécifique à la région. Malgré l’unanimité affichée par l’ensemble des acteurs impliqués, ce projet peine à se concrétiser, faute apparemment de l’engagement de démarches techniques mais aussi, semble-t-il, d’une certaine aversion au risque, malgré les bonnes volontés affichées et des modalités de fonctionnement quasiment arrêtées. Il s’agit en substance d’utiliser le pouvoir d’adaptation réglementaire régional pour instituer un contrat de travail particulier à la Corse et réservé au secteurs touristique et connexes. Un salarié dont l’entreprise connaît une activité saisonnière serait ainsi employé de manière permanente, la région, l’Etat et les caisses de Sécurité Sociale prenant en charge son salaire et une formation qualifiante durant deux à trois mois de l’année. Ce mécanisme a pour ambition de transformer une part significative de CDD saisonniers (la majorité des emplois touristiques du fait de la saisonnalité) en CDI, et de substituer une période de chômage hivernal incompressible par un temps de formation. Ce dispositif, dont les conséquences ont été étudiées de longue date par l’ensemble des acteurs publics, serait sans surcoût pour les finances publiques et réduirait significativement le nombre de demandeurs d’emploi dans la région, de l’ordre de 2 000 personnes par an à terme, sans compter les effets induits. Il permettrait, la pérennisation des emplois et la qualification, par la formation, des salariés du secteur. Il serait enfin un facteur majeur d’insertion sociale, permettant à une portion significative des salariés insulaires de sortir de la précarité. Pour les entreprises, il permettrait la fidélisation des salariés, une baisse des coûts annexes de main d’œuvre (fourniture de logements, recherche sur le continent, etc.), une amélioration des compétences au sein de leurs entreprises. Enfin et surtout, ce dispositif permettrait de d’amorcer une permanence de l’offre, nécessaire à l’extension de la saison touristique. A notre sens, cette expérimentation, en vue de créer de réels effets bénéfiques, doit avoir une durée de 10 ans, et s’étendre à l’ensemble des secteurs liés directement ou indirectement au tourisme en Corse, tels que les CHR bien sûr, mais aussi les activités de loisir et de pleine nature, les locations de véhicules terrestres et maritimes, le petit commerce dans les stations touristiques, etc. Cette mesure ainsi étendue permettra d’établir ainsi la permanence de l’offre, indispensable pour pérenniser une démarche touristique de qualité. Il ne manque à la concrétisation de ce dispositif qu’une volonté de le finaliser, devant être guidée à notre avis par une équipe dédiée réunissant l’ensemble des acteurs impliqués sous l’égide du Ministère du Travail et de la CTC. WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 25 en Milliers Evolution du nombre de demandeurs d'emploi en Corse catégories ABC - janvier 2008 à août 2011 18,0 17,2 17,0 15,9 16,0 15,0 14,0 13,0 13,3 13,0 12,0 11,2 11,0 13,3 12,4 11,0 11,0 11,4 11,9 11,1 10,0 9,8 9,0 8,0 janv. 14,4 13,9 8,7 juil. janv. 2008 juil. janv. 2009 juil. janv. 2010 Ensemble Corse juil. 2011 Moyenne mobile 12 mois Saisonnalité comparée du nombre de demandeurs d'emploi base 100 = janvier 2008 140 130 120 110 100 90 80 70 60 janv. juil. 2008 janv. juil. 2009 France janv. juil. 2010 janv. juil. 2011 Corse Source : Dares, séries mensuelles régionales et départementales, janvier 2007 – août 2011 WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 26 Création d’une école supérieure d’hôtellerie en Corse : Une structure nécessaire aux entreprises touristiques à forte valeur ajoutée, porteuse d’espoir pour la formation et la qualification de nombreux jeunes et actifs du secteur Il est paradoxal de constater que le secteur représentant 20% du PIB et 15% des emplois en Corse ne dispose pas d’une offre de formation d’excellence, à l’instar de l’ensemble de ses destinations concurrentes, alors même que notre profession peine à recruter des candidats qualifiés localement, et que le taux de chômage des jeunes est en Corse l’un des plus importants de France. Le tourisme est pourtant, d’un point de vue local comme international, une branche attractive tant en termes de créations d’emplois, que de salaires et de perspectives de carrière pour les professionnels qualifiés. C’est pourquoi nous sollicitons l’appui du Ministère de l’Enseignement Supérieur à une démarche régionale de création d’une école à statut mixte ou d’un institut universitaire professionnel de formation aux métiers de l’hôtellerie, intégré à l’Université de Corse. Cette démarche ne peut être conduite selon nous qu’en collaboration avec des organismes de formation professionnelle existants ainsi qu’un établissement à la réputation internationale, qui apporteraient chacun leurs savoirs-faire distincts. Cette école, à forte ouverture internationale, formerait des étudiants bacheliers, jusqu’au niveau Licence et Master, tout en assurant la formation professionnelle des salariés du secteur qui en exprimeraient le besoin, notamment au travers du dispositif à venir du CDI du saisonnier. Cette dualité dans ses missions lui assurerait une taille critique quasi-immédiate Cette conjugaison de compétences pourrait constituer une opportunité unique pour l’emploi de centaines, voire de milliers de jeunes insulaires et de professionnels du secteur, qui pourraient enfin, une fois diplômés, bénéficier des opportunités, réelles, qui existent dans l’industrie touristique, en l’abordant cette fois-ci par le haut, et non plus comme l’aboutissement d’un échec scolaire. Les établissements membres du Cercle des Grandes maisons Corses s’engagent d’ores et déjà à contribuer fortement, à la définition et à l’exercice des missions et des enseignements du futur établissement, puis à l’insertion professionnelle de ses futurs diplômés. WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 27 en Milliers Evolution du nombre de demandeurs d'emploi de - 25 ans en Corse janvier 2008 à août 2011 3,5 3,0 2,7 2,5 2,5 2,0 2,0 1,9 2,1 2,0 1,5 1,6 1,0 0,5 janv. 1,7 1,7 1,6 2,3 2,2 1,5 1,5 1,3 1,1 juil. janv. juil. 2008 2009 ABC -25 ans Corse janv. juil. janv. 2010 juil. 2011 Moyenne mobile 12 mois Source : DARES, 2011 Part des moins de 25 ans non-scolarisés en 2008 54,9% 48,3% 5,6% 3,7% 15-17 ans non-scolarisés 18-24 ans non-scolarisés France métropolitaine Corse Source : INSEE, 2011 WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 28 Niveau de qualification par les diplômes population de 15 ans et plus ayant terminé ses études 100% 90% 9% 11% Enseignement supérieur 80% 70% 60% 38% 40% BEP, CAP & Baccalauréat 50% 40% 30% 20% 43% 37% Sans diplôme, certificat d'études primaire & BEPC 10% 0% France métropolitaine Corse Source : INSEE, 2011 Etablissements de formation continue et d'apprentis - pour 100 000 habitants au 1/1/2009 France France métropolitaine Province Guadeloupe Pays de la Loire Lorraine Limousin Poitou-Charentes Bretagne Rhône-Alpes Nord-Pas-de-Calais Franche-Comté Picardie Provence-Alpes-Côte d'Azur Martinique Bourgogne Centre Midi-Pyrénées Auvergne Haute-Normandie Basse-Normandie Aquitaine Alsace Champagne-Ardenne Ile-de-France Languedoc-Roussillon La Réunion Corse Guyane 5,1 5,1 5,3 3,0 0 2 4 6 8 10 12 Source : INSEE, 2010 WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 29 6. PLACER LE TOURISME AU CŒUR DES STRATEGIES PUBLIQUES DE DEVELOPPEMENT DE LA CORSE L’Etat doit jouer un rôle accru dans le développement du transport aérien et maritime (cf. Annexe D). La desserte aérienne et maritime est soumise depuis plusieurs décennies à un régime de délégation de service public, qui entraîne des monopoles subventionnés sur les principales liaisons entre le Continent et la Corse, en faveur des attributaires des DSP. Ce système créé initialement en vue d’assurer une continuité du service public, devait favoriser l’ouverture de la Corse vers l’extérieur. Il n’en est plus rien aujourd’hui : le dispositif de continuité territoriale ne fait que verrouiller des lignes rentables au profit d’opérateurs historiques désormais privés (hormis Air Corsica, société de droit privé à capital majoritairement public). Les conséquences de ce système, unique en Europe, de monopole subventionné sont les suivantes : Un coût très important pour les finances publiques, sous la forme de subventions versées, approchant les 200M€ annuels, au titre de l’enveloppe de continuité territoriale ; Pour les liaisons maritimes, des surcoûts importants en matière d’acheminement, et plus encore, d’export de marchandises - avec des tarifs constatés 2 à 3 fois supérieurs à ceux constatés entre l’Italie continentale et la Sardaigne, par exemple - assortis de blocages fréquents (plusieurs fois par an au minimum) en raison d’actions catégorielles le plus souvent totalement étrangères à la Corse (syndicats de dockers et marins basés à Marseille), paralysant totalement l’économie insulaire ; En ce qui concerne le trafic aérien, dont la progression est nulle depuis 10 ans : o Une tarification très coûteuse tant pour les résidents corses que pour les nonrésidents (prix doublés par rapport à des destinations concurrentes) o Une sous-capacité significative et chronique, notamment, au printemps et à l’automne, obérant toute tentative d’étalement de la saison touristique ; o Quasiment aucune desserte existante vers les aéroports européens. La Commission Européenne a récemment adressé une mise en garde à l’Office des Transports de la Corse, et rappelé qu’il appartenait à l’autorité délégante de prouver la carence du marché à satisfaire les besoins, avant d’enclencher une procédure de DSP. Dans ce contexte, nous estimons que les administrations concernées de l’Etat doivent : Exercer un devoir de vigilance face aux atteintes qui pourraient être portées à la concurrence lors du renouvellement - tout proche en matière aérienne - des DSP/OSP. Il faudra notamment questionner la nécessité de conserver une DSP sur les routes aériennes desservant Paris : l’instauration d’Obligations de Service Public sur celles-ci semblant plus appropriée à la réalité d’exploitation et aux besoins capacitaires ; Réserver, au titre de la politique d’aménagement du territoire, un important contingent de créneaux aériens supplémentaires en faveur de la Corse, au sein des aéroports parisiens et de celui de Nice, afin de rattraper le retard historique en la matière ; Explorer les possibilités de « saisonnalisation » des taxes liées au transport aérien vers et depuis la Corse, en vue d’alléger le coût du transport hors pic estival, tout en conservant une recette fiscale identique ; Faire valoir la situation particulière de la Corse auprès de la Commission Européenne, en vue d’obtenir un assouplissement des plafonds d’aides publiques aux ouvertures de nouvelles routes aériennes, tant en terme de durée que de montants. Réorienter une partie des fonds FEDER non dépensés - 85% des fonds budgétés dans le POE Corse 2007/2013! - vers les aides aux ouvertures de nouvelles routes aériennes. WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 30 Comparatif tarifaire des liaisons aériennes - Vols directs du samedi au samedi, d'Avril à Octobre 2011 Compagnies régulières et low-cost 254 € 237 € 160 € 134 € 71 € 58 € 48 € Berlin-Palma 120 € 41 € 29 € Londres-Malaga Milan-Olbia Paris-Nice Médiane des 1ers prix proposés pour un A/R TTC Paris-Corse soit à l'heure de vol Source : CGMC, médiane réalisée d’après les tarifs TTC les plus bas communiqués par les compagnies aériennes le 4 mars 2011, sur la base d’un A/R du samedi au samedi suivant, au départ ou l’arrivée d’aéroports principaux, tous les samedis de début avril à fin octobre. Millions Desserte aérienne & maritime de la Corse : trafic passagers Total : 8 7,3 m Total : 5,9 m 7 6 5 4 3,5 58% 2,5 42% 4,7 64% 2,6 36% 3 2 1 0 2001 Aérien 2010 Maritime Source : Office des Transports de la Corse, données annuelles Extraits du Rapport Public Annuel 2011 de la Cour des Comptes … Le choix d’une délégation de service public est inadapté à cette situation d’exclusivité dont bénéficie[nt] [Air France et] la CCM. Ce monopole de fait *…+ favorise indirectement *Air France et+ la CCM. L’absence de concurrence ne donne aucune assurance quant à la réalité de l’équilibre économique du contrat de délégation. *…+ La Cour et la chambre régionale des comptes de Corse formulent *…+ les recommandations suivantes à la Collectivité territoriale de Corse, mais concernant également l’État, en particulier en tant que financeur : - définir clairement le rôle de l’Office des transports dans la conception et la gestion de la continuité territoriale, aussi bien maritime qu’aérienne, et mettre en place une véritable tutelle sur l’établissement ; - renforcer les contrôles de la mise en œuvre, de l’exécution par les compagnies des OSP ; - mettre en place les outils d’évaluation nécessaires à un débat global et objectif sur ce sujet ; - favoriser les conditions de concurrence en anticipant davantage le lancement des procédures d’attribution des délégations de service public. Source : www.ccomptes.fr/fr/CC/Sommaire-25.html (« La Continuité Territoriale avec la Corse ») WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 31 Elaboration des futurs Contrats de Projet Etat-Région : Prise en compte des potentialités du secteur et nécessaire implication des acteurs publics dans le financement des infrastructures touristiques Le secteur touristique est le grand oublié de l’investissement public en Corse depuis des décennies. Il est aujourd’hui sous-doté en grandes infrastructures touristiques aptes à étaler la fréquentation touristique dans l’année. La place du secteur doit ainsi être renforcée dans l’attribution de financements publics tant en termes d’équipements que d’aides aux entreprises. Pour nombre de types d’équipements structurants, les manques de la Corse sont criants. Les projets clés en la matière, qui nous semblent susceptibles de créer un effet d’entraînement sur l’ensemble de l’économie sont les suivants : Création de 6 parcours de golf 18 trous de rang international, respectueux de l’environnement, créés avec l’aide de l’investissement public et opérés par des exploitants privés ; Création de centres d’affaires et de congrès dans les microrégions non dotées en la matière ; Création et amélioration des structures d’accueil de l’aviation privée ; Soutien financier aux communes pour l’amélioration de l’aspect et l’entretien des zones à forte affluence touristique, incluant la facilitation des accès et du stationnement ; Soutien aux initiatives portuaires en faveur de l’accueil de la grande plaisance, y compris soutien aux activités de maintenance et d’avitaillement des grandes unités ; Création, en partenariat avec le Parc Naturel Régional de la Corse, d’un réseau de bergeries et refuges haut de gamme en montagne, qui pourraient être exploités par des opérateurs hôteliers privés, et être insérés à proximité de parties facilement accessibles du GR20 ; Financement de quelques projets culturels ambitieux, aptes à attirer un nombre conséquent de visiteurs ; Aides aux collectivités et agences publiques pour la gestion, la protection et la mise en valeur des sites naturels remarquables (gestion des déchets, prévention des incendies, remises en état, etc.) Financement de la future école supérieure d’hôtellerie. Concernant les entreprises, un soutien financier à la montée en gamme de l’ensemble des hébergements, vers des formes d’accueil à forte valeur ajoutée doit être privilégié, dans le respect des règles européennes relatives aux aides directes : Aides à l’investissement pour les extensions d’hôtels 4* et 5* et aides à la montée en gamme, la modernisation et les mises aux normes de classement, environnementales, de sécurité et d’accessibilité dans l’ensemble de l’hôtellerie classée ; Aide à la création d’hôtels classés de caractère dans l’intérieur de l’île, actuellement sous-doté ; Aide à la création de structures agro et oeno-touristiques, positionnées vers le haut de gamme et d’une capacité d’hébergement suffisante ; Aide à la création d’unités de thalassothérapie et de thermalisme et aux entreprises de services de loisirs et sportifs à vocation touristique et autres secteurs para-touristiques, tels que les transports de personnes et la plaisance, les guides-interprètes, la plongée, etc. Dans son dialogue avec la région lors de l’élaboration d’un futur plan, l’Etat doit faire valoir ses vues stratégiques et favoriser de meilleures conditions d’exploitation pour le premier secteur économique de l’Île dans la répartition des dotations financières. En particulier, quelques grands projets structurants seront préférables à un saupoudrage inefficace. En attendant l’élaboration du futur contrat de projets, au sein duquel les besoins du secteur touristiques devront enfin être pris en compte, nous préconisons ainsi l’inscription au PEI de projets de créations d’infrastructures touristiques, mais aussi la création urgente d’une « task-force » régionale, destinée à apporter un support technique de à la CTC pour une meilleure mobilisation de fonds européens : près de 130 millions d’Euros sur 150 millions budgétés au titre du POE FEDER 2007-2013 n’ont toujours pas été dépensés ! WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 32 Poids du Tourisme en Corse et dotations au secteur dans les contrats Etat-CTC-Europe 20,0% 15,0% 5,3% 4,4% 0,0% Consommation Part dans Dotation en % Dotation en % touristique l'emploi du total du total / PIB régional régional en 2008 Contrat de Plan CPER 2007-2013 2009 2000-2006 PEI Sources : INSEE, Corse Economie, Contrat de Plan Etat-CTC 2000-2006, Contrat de Projets Etat-CTC-FEDER 2007-2013 Il convient de souligner qu’une majorité des fonds affectés au tourisme l’ont été, aussi bien dans l’ancien CPER que dans l’actuel, à la création et au renforcement d’infrastructures publiques, telles que notamment les Offices de Tourisme locaux. Un cas d’école en matière création de valeur par les infrastructures touristiques réside dans la création du Musée Guggenheim de Bilbao. Le musée a été financé et est détenu à 100% par les collectivités locales. Il est exploité par la fondation éponyme. Les 150M€ d’investissement public dans le projet ont rapporté 340 millions de rentrées fiscales, 2,2Mds de contribution au PIB de la région, et permis la création de plus 4 300 emplois permanents entre son ouverture, en 1997, et 2009. WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 33 Elaboration du PADDUC et des schémas d’aménagement de la Corse : La nécessaire prise en compte du secteur touristique dans l’occupation des espaces, à la condition de respecter les principes du développement durable La Corse a fortement souffert depuis une décennie du manque de schéma concerté d’aménagement. On a assisté en effet à une explosion d’une activité immobilière désordonnée qui a parfois dénaturé, ou menace à l’heure actuelle de dénaturer, nombre de sites naturels exceptionnels. Plus largement, la population insulaire permanente souffre aujourd’hui de cette dynamique : multipliés par 2 dans le neuf (voire par 7, voire 10, dans certains secteurs prisés du littoral), les prix des logements ont connu la plus forte appréciation du territoire national depuis 2000, après le Languedoc-Roussillon, sans commune mesure avec la croissance des revenus des ménages (de l’ordre de 30% sur la même période). Il est en conséquence très difficile voire impossible de se loger pour les insulaires. De surcroît, cette activité immobilière a pour objet principal, en valeur, une activité très saisonnière : les résidences secondaires (35% du parc résidentiel en Corse, contre 9% sur l’ensemble du territoire) ou la location estivale meublée. Ceci entraîne une pénurie de biens à la location à l’année ou à objet de résidence principale pour les ménages, autant que des phénomènes de paracommercialisme nuisibles aux entreprises du secteur touristique, dans la mesure ou 76% de l’hébergement touristique en Corse est constitué par des résidences secondaires, la plupart se retrouvant sur le marché de la location saisonnière, régulièrement déclarée, ou pas. Pour les professionnels, du tourisme, mais aussi d’autres secteurs économiques, cette dynamique présente deux autres menaces : celle de la destruction des espaces naturels pour lesquels la clientèle touristique se rend en Corse, et celle de l’impossibilité de développer de nouvelles structures, en raison de la cherté du foncier, qui rend impossible toute rentabilité d’exploitation pour de nouveaux projets. Il nous semble ainsi primordial que soient respectés, micro-région par micro-région, de grands équilibres rationnels en termes d’usage urbanistique et, plus particulièrement, de répartition de capacité entre les différentes formes d’hébergement, marchand et non marchand, en imposant et favorisant les formes d’hébergement créatrices de valeur ajoutée et d’emploi durable et qualifié. Nous demandons donc aux services ministériels concernés de prendre en compte cette approche de réservation d’espaces aux usages permettant une création de valeur ajoutée supérieure à la simple habitation, à empreinte écologique égale, voire inférieure. WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 34 Montant annuel des transactions immobilières base 100 : 2000 275 255 250 225 190 186 177 200 175 150 125 100 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Corse France entière Province Île de France Source : CGEDD Prix des logements neufs en 2009 base 100 = 2000 250 200 202 184 178 172 156 150 150 158 141 100 50 0 Prix au m² des logements collectifs Corse France métropolitaine Prix des logements individuels Province Île de France Source : SEoS, ECLN Part des résidences secondaires dans le total des logements 9,8% France entière Corse Languedoc-Roussillon PACA Basse-Normandie Bretagne Poitou-Charentes Limousin Auvergne Rhône-Alpes Aquitaine Pays de la Loire Midi-Pyrénées Bourgogne Centre Franche-Comté Guadeloupe Picardie Haute-Normandie Martinique Champagne-Ardenne Lorraine Nord-Pas-de-Calais Ile-de-France Guyane Alsace Réunion 0,0% 5,0% 10,0% 34,7% 15,0% 20,0% 25,0% 30,0% 35,0% 40,0% Source : INSEE, données recensement 2007 WWW.LESGRANDESMAISONSCORSES.COM 35