Question orale posée par Jean-Baptiste Luccioni
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Question orale posée par Jean-Baptiste Luccioni
COLLECTIVITE TERRITORIALE DE CORSE ASSEMBLEE DE CORSE 1ERE SESSION ORDINAIRE POUR 2013 REUNION DES 14 ET 15 MARS N° 2013/O1/014 QUESTION ORALE DEPOSEE PAR M. Jean-Baptiste LUCCIONI AU NOM DU GROUPE «CORSE SOCIAL-DEMOCRATE » OBJET : Réflexion politique sur le football insulaire. Monsieur le président, « Le printemps » du football insulaire a-t-il vécu ? Il y a tout juste un an, aux quatre coins de l’île, la population toute entière applaudissait des deux mains lors de la montée des différents clubs Corses. Les scènes de liesse barraient la une des journaux. On reparlait de nouveau des valeurs du sport. Celles qui font dire aux éminents sociologues qu’elles sont un vecteur d’éducation et d’éveil à la citoyenneté. Qu’elles sont porteuses d’un message humaniste, dont l’Olympisme Coubertinien en est l’exemple le plus parlant….. Aujourd’hui, le constat est tout autre. L’euphorie a laissé place au désenchantement. Une nouvelle fois, ce qui devait être une fête s’est transformée en psychodrame. Pourquoi ? En effet, chacun sait que le stade de Furiani a été le théâtre d’affrontements violents entre supporters Ajacciens et Bastiais. Certains, auront beau jeu d’évoquer le sempiternel antagonisme entre les deux principales villes de l’île. On entend déjà revenir en leitmotiv la frontière de Vizzavona, point de cassure entre « deux Corse » qui se tourneraient le dos…. Et quand bien même, voilà une vision assez simpliste de la situation. C’est aussi une vision tronquée. Personne n’a oublié en effet l’élan de solidarité consécutif à la catastrophe de Furiani. L’effondrement de la tribune qui provoqua 18 morts et 2000 blessés fut marqué au sceau de l’union sans faille de tout un peuple. En corollaire, le Sporting pu jouer ses matchs durant presque la totalité d’une saison, sur un stade prêté par un club Ajaccien. Voilà qui montre mieux que de longs discours que le « clivage Nord-Sud » sait s’estomper au hasard des situations. Raison de plus, pour dire que les élus que nous sommes ne peuvent se satisfaire de ce seul commentaire. Au-delà de ce fait divers déplorable à tous égards. En faisant abstraction de l’épilogue judiciaire qui interviendra inévitablement. Et sans vouloir nous transformer ici en procureurs de circonstance, il convient, cependant, que notre Assemblée réfléchisse sur la portée sociétale que délivre implicitement cet affrontement. Car rien n’interdit de penser qu’il s’agit en l’occurrence du reflet de notre société happée par la déliquescence. Une société qui parait être en quête de lisibilité comme de repères. Il convient, au nom de la vérité, de dire que ce fait-divers , déplorable à tous égards, prend en l’occurrence les traits d’un fait de société. Aussi, chers collègues, il convient de condamner les errements qui se sont produits lors de la rencontre. Il faut tout autant rappeler que nous avons une responsabilité sinon morale, à tout le moins financière, à l’égard de ces clubs. A l’heure où la commission « violence » poursuit ses travaux, il serait opportun de rattacher ce qui est loin d’être un épiphénomène, cette question, à notre réflexion commune. Par ailleurs, ne serait-il pas opportun de demander aux dirigeants respectifs de veiller à ce que dorénavant, les subventions que nous leur allouons seront conditionnées par le calme et la tranquillité qui doivent régner dans les stades et à proximité. Osons penser qu’un tel avertissement ne sera pas pris comme une sanction, encore moins comme une défiance envers ceux qui les reçoivent. Mais plutôt comme un sursaut. Car eux aussi doivent savoir que le football est d’abord et avant tout un message d’exemple, notamment pour notre jeunesse. Elle se trouve paralysée par l’image renvoyée aujourd’hui. A cet égard, il conviendrait aussi de mettre en exergue le rôle fondamental qu’ont à remplir les éducateurs dans leur mission quotidienne. Car n’oublions jamais cette citation d’Albert Camus : « Tout ce que je sais de la morale des hommes, je la dois au football ». Je vous remercie.