Magazine n°247
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Magazine n°247
nuance n° 247 aout-septembre 2014 Mensuel protestant réformé évangélique A cran sans écran ? église Oui Seigneur, tu sais que je te « like » ! Société L’écran : une nounou dangereuse ? MéDITATION Je témoigne donc je suis ! En images 1 7 3 6 2 4 3 8 P. 2 5 8 9 1 la Cantate - Ales en Ciel 2 le culte du 15 juin 2014 - Ales en Ciel 3 ERE Cenon 4 Blessed Sisters - Ales en ciel 5 Groupe Aumônerie de l’ERE d’Aix-en-Provence 6 Journée régionale sudouest 29 mai 2014 à Montauban 7 Jascai - Alès en Ciel 8 Sweet Witness - Alès en Ciel 9 7 échos - Alès en Ciel Éditorial Pascal GONZALEZ Rédacteur en chef A cran sans écran ! sommaire Actualités nationales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Actu jeunesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 DOSSIER J’ai longtemps résisté et puis dernièrement j’ai craqué. Je fais maintenant partie des pasteurs « normaux » qui ont un téléphone portable. Je suis donc (en théorie) joignable partout et à n’importe quel moment. On n’arrête pas le progrès ! Mais pour être joignable, il faudra quand-même que je pense à allumer mon téléphone (puisqu’il faut régulièrement l’éteindre pour qu’il ne sonne pas pendant le culte*). Il faudra aussi que je pense à le recharger régulièrement. Sinon il m’arrivera ce qui arrive souvent : c’est au moment où nous en avons le plus besoin que le téléphone ne fonctionne pas ! Et quand il fonctionne, il ne nous aide pas toujours. Je me souviens, par exemple, d’une équipe d’animateurs égarés avec leur groupe d’enfants dans la forêt. L’un d’eux m’a appelé avec son portable. Il a essayé de m’expliquer où ils étaient mais sans succès. Ils n’avaient pas pris de carte IGN puisqu’il s’agissait d’une toute petite ballade… Et puis ils avaient leurs téléphones, ils pensaient sûrement qu’ils ne risquaient rien ! Je leur ai dit de se débrouiller et c’est ce qu’ils ont fait. Ils sont rentrés tard mais ils ont su transformer cette erreur en aventure. Je pense aussi à cette toute nouvelle invention que je viens de voir aux informations nationales : une jolie montre pour enfant équipée d’un GPS. Vous pouvez enregistrer des coordonnées précises et si votre enfant sort de la zone autorisée, la montre émettra un signal qui lui permettra de comprendre qu’il s’éloigne trop. Pour cette invention (comme pour tant d’autres), certains vont crier au loup quand d’autres s’émerveilleront devant le génie humain (et devant toutes les applications possibles). Ce qui est certain, c’est que ces inventions pourraient régulièrement, si nous n’y prenons pas garde, nous éloigner de la nature et de celui qui l’a créée. Nous pouvons nous réjouir du progrès mais nous ne devrions pas trop nous reposer sur cette technologie avancée. Que sommes-nous capables de faire sans électricité et pendant combien de temps ? Savons-nous vivre plus de deux jours sans téléphone ou sans internet ? Passons-nous autant de temps à écouter nos enfants et notre conjoint qu’à regarder nos écrans pour nous « détendre » ? C’est extraordinaire de pouvoir communiquer visuellement avec un ami qui habite à l’autre bout de la terre grâce à internet ! C’est encore plus génial de pouvoir passer une journée et une nuit, coupé de tout, perdu dans un coin de nature magnifique et seul devant Dieu ! Que Dieu vous donne de vivre un bel été, avec ou sans écran, mais certes pas à cran ! église Pascal Gonzalez Oui Seigneur, tu sais que je te « like » ! . 8 société L’écran : une nounou dangereuse ?. . . . . 10 Culture Une brève histoire du Numérique . . . . . . 12 Août - S ep temb re 2 014 - nuance nuance est édité par l’association Nuance Publications, 74, rue Henri-Revoil 30900 Nîmes Président d’honneur : André Chante Site : http://www.unepref.com témoignage Bien vivre à la « Capitelle » * J’ai déjà eu droit à une sonnerie de téléphone (un magnifique « I feel good » !) en pleine Sainte Cène. . . . . . . . . . . . . . . . 14 Méditation Je témoigne donc je suis !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 ANNONCES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 Conseil d’administration Président et directeur de publication : Paul-Aimé Landes 04 66 77 20 58 René Malhautier (vice-président) Gérard Fines (trésorier) Jean-Luc Portalès (secrétaire) Josiane Cambon Émeline Drzazga Jean-Luc Lavabre Pascal Gonzalez Patrick Saint pierre Comité de rédaction Rédacteur en chef Pascal Gonzalez 04 66 52 24 57 [email protected] Membres Serge Regruto, Stephane Kouyo, Dany Benezet, Gaetan Landes et Sylvie Kosianski (secrétaire de rédaction) [email protected] Publicité Jean-Luc Portales [email protected] 04 66 52 87 44 (le soir) Edition (littérature) Commandes à adresser à : Nuance Publications à l’attention de M. Jean-Luc Lavabre 74, rue Henri-Revoil 30900 Nîmes Abonnement - Normal : 35 € - Réduit : 30 € (étudiants, chômeurs, etc.) - Soutien : 50 € Chèques à l’ordre de : Nuance Publications. Envoyer règlement à : Josianne CAMBON « Nuance Abonnement » Lous Ardgiallas 30440 St Julien de la Nef nuance.abonnements@ gmail.com 04 67 82 44 97 ou 06 26 82 14 46 Commission paritaire N° 0412G82173 Conception graphique & exe. Barcelona & co www.barcelona-co.fr 04 66 38 39 66 Impression PRINT TEAM www.printeam.fr 04 66 29 93 90 Crédits photo : Couv.2 © Joël Gonzales, Couv.4 © Gérard Martin P. 3 POUR NOS ÉTUDES, NOUS AVONS CHOISI L’IS2TS POUR LE MÉDICO-SOCIAL ET LA FLEPES POUR L’ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE 9 000 PERSONNES FORMÉES EN 20 ANS 8 TITRES DIPLÔMES D’ÉTAT BACHELOR MASTÈRES D.U. & VAE BAC+5 2 SITES NOUS FORMONS JUSQU’À BAC+5 PARIS ET MONTPELLIER (A 200 M DES TRANSPORTS) POUR EN SAVOIR+ INSCRIVEZ-VOUS À L’UNE DES 200 RÉUNIONS D’INFORMATION ANNUELLES À PARIS ET MONTPELLIER INSTITUT SUPERIEUR TECHNIQUE EN TRAVAIL SOCIAL IS2TS - INITIATIVES www.is2ts.fr www.flepes.fr Site de Paris : 01 41 13 48 23 / Site de Montpellier : 04 67 66 70 65 P. 4 National / International Un poste de la CGE à Bordeaux…. Le poste d’évangélisation de Bordeaux est situé en fait à Cenon. Comment se présente Cenon ? C’est une commune de la rive droite de Bordeaux. Jusqu’au 19ème siècle, c’était une région marécageuse. L’arrivée du chemin de fer a entraîné l’urbanisation. Après la Deuxième Guerre mondiale, la construction des HLM a fait exploser la population puis la désindustrialisation a laissé de vieux bâtiments à l’abandon. Aujourd’hui, il y a un plan pour le réaménagement de cette rive assez populaire. De nouvelles résidences se construisent à quelques pas de l’église et le temple se trouve directement en face d’un arrêt du tramway (mis en place en 2003). Quelle est l’implication de l’Eglise dans ce quartier ? Harriëtte Smit (une missionnaire Néerlandaise envoyée par la GZB) exerce un ministère auprès des jeunes et développe de nombreux contacts avec les habitants du quartier, notamment par le biais d’un club d’enfants. Nous sommes vraiment reconnaissants de bénéficier de son ministère. Cependant, nous ne sommes pas vraiment une Eglise de quartier. Les habitants du quartier sont en minorité et la moitié n’habite même pas à Bordeaux. Une des spécificités du poste d’évangélisation de Bordeaux est de rassembler différents groupes cultuels. Actuellement, le culte anglophone a lieu le dimanche après-midi dans un restaurant au centre-ville. Les Chinois se réunissent le samedi soir au temple de Cenon. Les liens avec les deux communautés de Cénon et d’Anglade sont pastoraux, individuels, cultuels et administratifs. Certains individus appartiennent à deux communautés et participent régulièrement à deux cultes et aux groupes de maison. Au moins trois fois par an, les quatre communautés (gérées par un seul conseil presbytéral) se réunissent dans un seul culte. Après des années de vacances du poste pastoral, nous sommes heureux d’accueillir Tim Mitchell comme pasteur intérimaire de l’Église. « Je suis venu à Bordeaux avec ma femme, Suzanne, en 2012. Nous sommes anglais. J’étais climatologue dans une université britannique mais Dieu m’a appelé au ministère et je suis pasteur en Angleterre depuis 2006. Cependant, nous pouvions voir que l’Angleterre était riche en églises et en pasteurs, comparée à la France. Nous vous aimons et nous sommes donc venus ici pour aider l’église française. Nous avons passé notre première année dans une école de langues. Cette année Suzanne a repris son travail comme éditrice-correctrice et je complète un Master en théologie à la Faculté Jean Calvin. Nous sommes très contents de rester pour servir dans cette Eglise. ». Temple d’Anglade Pasteur Intérimaire Tim Mitchell et sa femme Suzanne L’Église se développe aussi au-delà de Bordeaux, à Blaye. Que s’y passe-t-il ? L’église dans le Blayais date du dix-neuvième siècle. Mais aujourd’hui, cette zone rurale (à une heure de Bordeaux) ne compte plus qu’un seul temple à Anglade. Le culte est assuré principalement par les prédicateurs de Cenon. Une fois par mois il est déplacé vers Blaye dans l’ancien tribunal. Les sympathisants protestants restent nombreux dans la région et, pour les évangéliser, la vision de l’église est l’accueil d’un pasteur-évangéliste qui habitera le Blayais et qui rétablira le témoignage historique de l’Evangile. Interview de Tim Mitchell par Daniel Bruguière La communauté Chinoise qui se réunit le Samedi soir à Cenon… P. 5 Actu jeunesse La Bécède a besoin de ToiTs ! Nous fêterons en 2015 les 20 années de travaux de mise en conformité et de rénovation des bâtiments et du site de la colo. Sans le soutien humain, spirituel et financier des un(e)s et des autres, ce projet d’adaptation des locaux et de promotion du projet de La Bécède ne serait resté qu’un espoir irréalisable. Que de souvenirs, de doutes, d’inquiétudes et de joies sur le chemin de cette persévérante métamorphose… air seront entièrement repensés et un nouvel espace de rangement du matériel leur sera accolé ; aux abords, des bosquets vont être plantés pour de nouveaux aménagements paysagers. Pour La Bécède l’année passée a marqué une étape importante dans le développement du Centre de Vacances. Pour beaucoup c’était une année de crise et de crainte, pour La Bécède c’était une année d’espérance et de foi, et la dernière étape des rénovations entreprises depuis 1995… Comme à chacune des phases de revalorisation des bâtiments, le Comité Bécède a décidé de transformer ces travaux obligatoires de mise aux normes, notamment concernant les toitures, en occasion de fortifier La Bécède. Les bâtiments que vous connaissez : Le bureau, lieu d’accueil central et incontournable mais vétuste, et la lingerie, à l’écart, un peu trop délabrée dans son écrin de verdure, deviennent des unités d’accueil de petits groupes tout au long de l’année et des espaces d’activités ou d’hébergement pendant les colos. Leur physionomie change aussi et ils sont l’un et l’autre embellis et réaménagés aux normes actuelles. Le bureau permettra aux équipes d’animation de se retrouver pour préparer leurs activités, et à l’équipe de direction, d’apprécier de meilleures conditions d’hébergement ; cette reconfiguration permettra aussi aux bénévoles tout au long de l’année de se loger quand le site est occupé par des groupes qui disposent de La Bécède. Vous comprenez bien que tous ces travaux ont un coût. Ils ne sont possibles que parce des bénévoles s’engagent pour réaliser une partie du travail (démolition, peintures ...). Ils sont aussi rendus possibles parce que la Bécède bénéficiera de subventions et parce que nous avons su mettre de l’argent de côté (tout au long de 10 années d’économies) soit 60 000€ de provisions budgétaires. Au final, sur 500 000€, il nous reste à trouver 30 000€ sous forme de dons. Nous sommes évidemment conscients de l’effort que représente un don ou un prêt pour La Bécède, et le Comité remercie par avance ceux et celles qui répondront à cet appel. Par la confiance que vous nous accordez, nous pourrons ensemble entreprendre les travaux grâce à vos dons et/ou vos prêts. Pour le Comité Bécède Martine JAUVERT GALY Présidente L’ex-lingerie devient le pavillon et pourra permettre à des personnes handicapées par l’âge, ou pour raison de santé, de profiter de vacances. A son bord, les sanitaires de plein PS : Le mois dernier les façades étaient terminées et le nouveau sanitaire préados était également prêt à accueillir les jeunes dès le début de la première session de l’été. Pour toute information complémentaire : Tél. : 04.66.54.82.56 - Fax : 04.66.54.91.01 Courriel : [email protected] site : www.labecede.fr P. 6 dossier A cran sans écran ? Nous sommes à la fois émerveillés et effrayés par le progrès technologique dans le domaine du numérique. Et si nous prenions un peu de recul pour découvrir, mieux comprendre et agir ? contributeurs rédactionnels… Oui Seigneur, tu sais que je te « like » ! Bien vivre à la « Capitelle » [email protected] [email protected] L’écran : une nounou dangereuse ? Je témoigne donc je suis ! [email protected] [email protected] Lionel Jauvert Pasteur Dany Benezet Professeur des écoles Angélique Krieger Professeur de Musique PACA Stéphane Kouyo Pasteur ERE Rodez Une brève histoire du Numérique… Jean Pierre Sorbier Professeur Emérite Univ’AixMarseille. A enseigné les télécommunications à Polytech Marseille. [email protected] P. 7 église Union Nationale des Eglises Protestantes Réformées Evangéliques de France Église/organisation religieuse J’aime Simon, Fils de Jean, m’aimes-tu? Oui, Seigneur Jésus-Christ, tu le sais, je te « like » ! Jean 21.15, Traduction très personnelle. Révolution pour certains, fléaux des temps nouveaux pour les autres, Internet et son cortège de nouveautés bousculent nos codes, nos vies, nos relations et même nos églises. Et comme souvent dans l’histoire, ce sont les plus jeunes qui adoptent les nouveaux codes. Instagram, Twitter, YouTube et Facebook* font partie de ces nouveaux outils et il sera bientôt difficile de trouver un ado qui ne dispose ni d’un compte Facebook, ni d’un appareil personnel lui permettant de consulter ceux des autres. Et dans ce monde où la parole est donnée à tous, que font les croyants de la leur ? Il appartient à chacun d’examiner l’usage qu’il fait de ces sites mais à ne pas considérer leur impact, nous passerions probablement à côté de quelque chose. Nous nous penchons donc sur trois composantes de base de ces sites : qui je suis - mon Profil-, ce que je fais -mon Mur- et ce que les autres sont et font -mes Amis-. Mon Profil : Façonner son identité. Le premier contact avec un réseau social type Facebook est toujours le même. Nous y allons pour voir ce qu’y font les autres mais pour cela, il faut s’inscrire et compléter quelques informations nous concernant. Et ce qui est curieux, de mon point de vue, c’est que toutes ces questions sont « détournables » par les jeunes. Certains s’inventent un alias, d’autres omettent l’année de leur naissance (mais pas le jour car on aime trop recevoir un petit mot pour son anniversaire). Certains affichent leurs convictions politiques, religieuses, leurs relations familiales ou sentimentales quand d’autres les passent sous silence. Facebook offre donc, pour un court moment, l’illusion de pouvoir maîtriser son Identité. Dans les faits, nous sélectionnons et publions ce que nous pensons être le « meilleur de nous-mêmes ». Une fois ce travail fait sur nousmêmes, nous nous dirigeons avec avidité pour contempler (comparer ?) les réalisations des autres. Or à ce petit jeu-là, nous sommes vite battus ! P. 8 église que les jeunes vivent sur ces espaces semble directement lié à la quantité (et non la qualité) des échanges. On se constitue donc très vite un répertoire large d’ « amis », quitte à accepter de dévoiler son profil (son intimité) à ceux qui, dans la réalité, ne nous connaissent pas vraiment. Cela trahit pour moi une attente profonde : les jeunes veulent être connus et aimés. Ils veulent que quelqu’un – un père, une mère, un ami, une connaissance Facebook, n’importe qui – connaisse le bon et le mauvais de leurs vies et qu’on leur réponde, sincèrement, « je vois tout ça… et je t’aime de toute façon ! ». Rapidement je ne me trouve pas assez intelligent, pas assez beau, cool ou même pas assez spirituel ! Les jeunes peuvent alors se retrouver pris dans une spirale. Être « moyen » ne suffit plus. Il faut sortir du lot afin d’obtenir un peu de reconnaissance, ce qui épuise et nous éloigne de notre réelle identité. Mais ne pas être lucide et honnête sur son identité n’est pas une caractéristique des jeunes. Les êtres humains qui se mettent en avant commettent deux erreurs : Ils témoignent contre le « Salut par la Foi » (Eph2.8-9) et ils oublient que leur identité n’est pas à façonner mais qu’elle est un don de Dieu (Gal 2.20). De toutes ces choses qui concernent notre identité, notre appartenance à Christ est la seule qui soit non-négociable et que les croyants doivent assumer, même sur Facebook ! Mon mur : Connecté sans risque ? La seconde étape sur un réseau social est de remplir son Mur. Sur cet espace public, nous pouvons afficher un texte, des photos, des vidéos, des musiques ou des liens vers d’autres espaces Internet. Je suis constamment surpris de voir ce que les jeunes osent poster sur leurs murs. L’inutile, bien-sûr, mais aussi leurs pensées, leurs émotions, leurs peines de cœur. Tout y passe… et tout reçoit approbation ! En effet, lorsque l’on poste, on ne s’expose pas à la gêne (immédiate) d’un regard réprobateur. Facebook n’autorise que le fameux « like » (J’aime), et celui-ci agit ainsi comme un amortisseur entre nos émotions et la réalité. De plus, nous recevons cette approbation de manière quasi-instantanée. Pourtant, dans les temps plus durs, les réseaux sociaux sont d’un faible réconfort. Ils tentent de chasser nos actualités difficiles pour les remplacer au plus vite par d’autres informations plus joyeuses. Si l’ancienne expression faisait des yeux le « miroir de l’âme », je crois que nous disposons maintenant d’un autre accès privilégié aux sentiments de nos jeunes. Dans certains cas la différence est énorme entre la perception que nous avons d’eux à l’église et ce qu’ils partagent en ligne. Mais être auprès d’eux (avec leur accord) sur ce terrain-là aussi rend notre témoignage, nos encouragements, notre soutien et notre amour bien plus parlant. Mes Amis : être connu et être aimé. Une fois votre Profil créé et votre Mur un peu garni, il faut le partager et pour cela on « invite » des « amis ». La valeur de ce La peur n°1 des jeunes de nos jours est d’être seul. La seconde est d’être rejeté (ce qui conduirait à être finalement seul!). Cela se traduit par une utilisation quasi-compulsive des média sociaux. Pourquoi ? La réponse me semble venir tout droit de la Genèse. Être « à L’image de Dieu » a de nombreuses applications ; mais une qui est parfois sous-évaluée est notre désir et notre besoin innés de relation. Notre Dieu – Père, Fils et St-Esprit - existe depuis toujours comme un Dieu Unique mais aussi communautaire. Cette dimension s’est déplacée vers sa créature faite à son image. Et nous aspirons à des relations « intimes », quand bien même aujourd’hui nous les voyons tordues et hésitantes. Par « intime », je veux dire : être connu et aimé au même moment. Or cette bénédiction ne s’obtient que par un Amour engagé. Quand les jeunes s’acceptent les uns les autres comme « amis ». Quand ils partagent leurs journées, les détails insignifiants comme leurs pensées profondes – et reçoivent les réponses et les commentaires des autres- la plupart expérimente alors un (faux) sentiment d’appartenir à une communauté engagée. Ils seront un jour déçus. Dans l’évangile, Dieu sait tout et il dit à ceux qui sont en Christ : « Je t’aime de toute façon ». Nous sommes aimés et connus et nous connaissons l’intimité la plus profonde, la plus authentique et la plus satisfaisante qui soit. Ensuite, nous bâtissons et partageons avec les autres. Lorsque je sais que rien ne m’arrache des mains de Christ (Jn 10), que rien ne me sépare de l’Amour de Dieu (Rom 8) ; alors je sais « qui » et « de qui » je suis. Et la communauté de ceux qui vivent cela c’est l’Eglise. A la différence d’internet, la bible nous invite à la patience, à la méditation, au partage entre frères et sœurs. Mais, paradoxalement, c’est aussi sur Internet, sur Facebook et à ses copains que nous devons faire connaître cette information. Le témoignage et la présence des croyants sont capitales sur la toile et pas forcément sur des sites dédiés ou approuvés mais bien jusqu’aux extrémités du monde « virtuel ». Lionel Jauvert Pasteur • à lire : « La médiation biblique à l’ère du numérique » de Dominique Angers aux éditions Farel. • à consulter pour les jeunes : larebellution.com et creusonslabible.fr • à consulter : le blog évangile21 : http://thegospelcoalition.org/blogs/ francais/ • et à télécharger sur votre Smartphone ou tablette : the Bible app sur https://www.bible.com/fr ou sur le store de votre appareil. • priez pour voir apparaître www.unepref.com • Et bien sûr adoptez la page Facebook de « Union nationale des Eglises Protestantes Réformées Evangéliques de France » ! P. 9 Société L’écran : une nounou dangereuse ? Selon un sondage IFOP réalisé par Psychologies Magazine en décembre 2012, 71 % des français pensent que la place prise par les écrans dans la vie quotidienne nuit à la qualité des relations. A peine moins : 69 % sont préoccupés par la place prise par les écrans dans la vie de leurs enfants. Pourtant, malgré ces aveux d’inquiétude, les adultes continuent à offrir une tablette numérique à Noël à leur bambin de 3 ans, à installer une télévision dans la chambre leur fils de 7 ans et à proposer le dernier smartphone comme récompense à l’entrée en 6ème de l’aîné de 11 ans. Ils s’émerveillent en chœur de la capacité précoce de leur enfant à zapper ou à faire glisser l’écran tout en exprimant leur propre difficulté à stopper les moments de leur enfant devant ces six écrans de la famille (étude Médiamétrie de 2013). Cette nouvelle baby-sitter est-elle bien pratique ou sournoisement dangereuse ? Danger pour le cerveau Michel Desmurget, chercheur spécialisé en neurosciences cognitives, est formel : « Le corps se développe en proportion de ce qu’on lui donne à manger, de comment on le nourrit. Le cerveau fonctionne de la même façon : plus le milieu est riche, plus il est porteur d’éléments de développement, plus le cerveau évolue. De toute évidence, ça n’est pas dans les écrans qu’on trouve de quoi «nourrir» le cerveau.» Offrir une tablette numérique à un enfant de moins de trois ans va appauvrir la nourriture nécessaire au développement de son cerveau, en particulier les repères de temps et d’espace. Pour mettre en place ses repères spatiaux et corporels, le bébé doit se déplacer dans son environnement, porter des jouets à sa bouche, les secouer, les jeter en l’air. « La tablette limite la relation au monde à ce que l’enfant en voit, précise Serge Tisseron, psychiatre, docteur en psychologie et psychanalyste. Il touche l’écran au lieu de saisir l’objet, il ne le flaire pas, ne le mâchouille pas. Il n’a pas d’appréhension des trois dimensions de l’espace. » Il vaut bien mieux offrir des cubes ou des livres à cet âge-là. Pour asseoir les repères temporels, le meilleur instrument reste le livre. «Les écrans nous introduisent à un présent éternel, dénonce Tisseron. L’enfant frotte P. 10 la tablette, une image surgit. Il frotte, une autre arrive. En revanche, quand il tourne les pages d’un livre cartonné, il y a un avant, un pendant et un après. Au-delà de son rôle affectif et dans la maîtrise du langage, l’histoire du soir est un excellent support d’apprentissage de la temporalité.» Sans nul doute la Bible en 365 histoires sera un bel outil dans ce but-là. Les jeux-vidéos, et les écrans de façon plus générale, développent le système attentionnel externe. D’une façon plus claire : c’est le monde qui vient vous chercher plus que Société vous n’avez besoin d’aller à lui. C’est un bonhomme qui arrive à l’écran, par exemple. Quand vous jouez au jeux-vidéos, vous devenez propice à la distraction. Le jeu-vidéo requiert une forme d’attention, c’est vrai, mais qui est strictement à l’opposé de l’attention dont on aura besoin pour une scolarité positive. C’est bien ce que repèrent les enseignants de primaire depuis une quinzaine d’années : une grande difficulté à capter l’attention de leurs élèves, ils s’ennuient devant ces tableaux noirs, ces feuilles blanches et ces exercices même illustrés. Voici un autre des problèmes que posent les écrans : les enfants ne savent plus s’ennuyer. Or l’ennui est fondamental dans le développement des zones associées à l’imaginaire et à la créativité. Qui n’a jamais observé de jeunes enfants jouant avec trois bouts de bois devenus bateaux pirates sur l’océan bleu de la moquette de leur chambre ? Si la télévision est dans la chambre, ils préfèreront certainement regarder le dernier dessin animé. Danger pour les relations Connaissez-vous Grand Theft Auto (GTA pour les joueurs) ? Si vous avez moins de 18 ans, vous ne devriez pas connaître, ce jeu violent est en effet interdit aux mineurs : attaques à main armée, crimes et vols se font en toute impunité. Notre devoir de parents sera donc bien de tenir ferme et de refuser l’achat et l’usage de ce jeu à nos enfants. Ainsi on a constaté que les utilisateurs de jeux violents comme GTA ont tendance à devenir plus insensibles à leur environnement et donc plus enclins à tricher et à se montrer immoraux. Mais attention, le jeu vidéo, même le plus inoffensif, va aussi lui induire des difficultés relationnelles dans la famille: le fameux moment où l’adulte va demander d’arrêter de jouer pour passer à table, se brosser les dents ou aller se coucher. Qui n’a pas connu directement ou indirectement ce moment de frustration générateur de drames et de conflits ? Danger pour la santé L’usage abusif d’écrans induit une hyper sollicitation permanente, source de stress et de fatigue. Il nous prive du temps de repos. Pour terminer le jeu, le jeune va se coucher plus tard et avec l’excitation induite par la victoire ou la défaite l’endormissement va être diffi- cile. Il paraît même que le smartphone est le dernier doudou des pré-ados : sous l’oreiller, toujours branché, il permet d’être en contact 24h/24 et...de ne jamais se reposer ! Les écrans posent également un souci en matière de sédentarité : on bouge nettement moins depuis leur arrivée dans la vie de tous les jours. Or le corps est fait pour bouger, cette sédentarité qu’on lui impose va inévitablement générer des risques d’obésité. Il est plus que temps, je crois, d’interroger notre attitude et notre place d’adulte (parents et grands -parents) dans une nécessaire limitation de l’accès aux écrans qui va bientôt atteindre 5 h par jour pour un enfant de 8 ans. Nous ne serions pas différents des cadres supérieurs des sociétés de pointe de la Silicon Valley qui envoient leurs enfants dans une école... sans ordinateurs ! Ces écoles pratiquant la pédagogie Waldorf estiment que les ordinateurs inhibent la créativité, le mouvement, les interactions sociales et la capacité d’attention. Ah Bon ? Dany Bénézet Professeur des Ecoles Quelques recommandations Disons-le : malgré de nombreux défauts, les écrans n’ont pas à être bannis de l’environnement des enfants et adolescents. Mais à une condition simple : que les usages soient strictement régulés par les parents. Pour cela il n’est jamais trop tard. Formulons donc trois recommandations de bon sens, fondées sur une expérience concrète d’enseignante et de parent : 1) Aucun écran (télévision, console, ordinateur) dans la chambre d’enfant, quel que soit l’âge. 2) Des jours et des heures fixes d’écran, toujours sous la supervision parentale : n’avoir aucune confiance dans les logiciels de contrôle parental et, pour les usages ludiques et de divertissement, préférer les usages créatifs aux usages passifs. 3) Un téléphone le plus tard possible, sans accès à Internet. Le libre usage du numérique exige une maturité à acquérir patiemment, une maturité qui permette à l’enfant de mettre à distance les objets numériques au lieu de l’en rendre dépendant. P. 11 Culture Une brève histoire du numérique L’humanité a toujours cherché à garder la trace d’événements ou de connaissances, mais pour cela, il fallait un support -nous dirions aujourd’hui une mémoire. Le premier des supports fut la pierre, puis vinrent la tablette d’argile, le papyrus, le parchemin et enfin le papier. Sur ce support il fallait utiliser une écriture -nous dirions aujourd’hui un codepour noter les informations connues. A leur tour, les générations suivantes ont ajouté de nouvelles connaissances, contribuant ainsi au progrès général. A ces deux volets –la mémoire et son code- il faut ajouter un troisième volet : la préservation des documents. Pour mettre les écrits à l’abri des intempéries, des prédateurs, des envahisseurs … l’homme a développé des bibliothèques. Quel que soit le lieu où les supports étaient gardés, l’accès à cet espace et l’utilisation des documents qui s’y trouvaient n’étaient réservés qu’à une élite connaissant le code, c’est-à-dire ayant la capacité de lire. L’invention de l’imprimerie apporta une avancée significative dans la conservation et dans la transmission du savoir. C’est ainsi que pendant près de cinq siècles, nous avons été immergés dans le monde du livre imprimé, conditionnés par cet environnement, qui nous est devenu familier et indispensable. Au milieu du 19ème siècle : Un mathématicien anglais, Georges Boole développe une théorie mathématique à base de « 0 » et de « 1 » : l’algèbre binaire était née. Ce qui n’était qu’une curiosité mathématique trouva vite une application dans les communications. En effet l’absence ou la présence d’une tension électrique entre deux fils correspondait successivement à un « 0 » ou un « 1 ». L’alphabet Morse ajouta une sureté supplémentaire à ce code en faisant varier le temps du « 1 » ; les trois points, trois traits, trois points du SOS (Save Our Souls), en est l’illustration même. P. 12 Jusqu’alors, l’information était lue et stockée d’une manière «analogique», c’est-à-dire que la variation de température, par exemple, pouvait être notée grâce à la dilatation du mercure, qui variait de manière «analogue» à cette température. Cette manière de faire a trouvé son apogée avec le disque vinyle ou le magnétophone à bande, dans lequel le son, par exemple, modulait, via un micro, les propriétés magnétiques de cette bande. Les trois clefs du numérique : Echantillonnage, quantification et mémoire : Ce n’est que dans les années 30, sous l’impulsion du physicien américain Shannon que l’algèbre binaire apporta aux communications leur plein développement. L’introduction de l’ «échantillonnage» et de la « quantification » transforma notre manière d’observer, d’entendre et de percevoir notre environnement. L’échantillonnage consiste à prélever un fragment d’information analogique pendant un temps court, et la quantification consiste à transformer cet échantillon d’information analogique en une suite de « 0 » et de « 1 » formant un « mot binaire ». Le clavier de nos ordinateurs n’est qu’une machine à coder, chaque touche ayant son code binaire spécifique. Ainsi l’information, quelle que soit sa nature, parole, écriture, vidéo, photo, est formée d’une suite d’échantillons codés d’une manière binaire. Pour réobtenir une information perceptible par nos sens, il faudra faire Culture Téléphone en bakelite des années 50 le chemin inverse, c’est à dire retransformer ces échantillons binaires en grandeur analogique, puis replacer toutes ces grandeurs analogiques les unes à la suite des autres pour apprécier la neuvième symphonie de Beethoven. Nous sommes habitués à faire de l’échantillonnage, ne serait-ce qu’en goûtant une soupe, grâce à un échantillon que nous prélevons avec une cuillère pour apprécier son goût, mais nous sommes peut-être moins habitués à la quantification qui consiste à transformer un échantillon en données binaires. Il restait cependant un obstacle qui était celui du support physique de la mémoire car avec le numérique il fallait une énorme capacité de mémoire. La bande magnétique a été utilisée un temps, puis délaissée pour le disque « dur », et c’est la microélectronique qui a apporté la solution actuelle : celle de la mémoire statique comme celle de la clef USB (Universal Serial Bus), ou celle de la carte mémoire de nos appareils photos, et c’est encore la microélectronique qui a permis le stockage de notre code confidentiel dans notre carte bancaire, avec un système de sécurité dépassant ce que l’on peut imaginer. Si la microélectronique put apporter une solution satisfaisante au stockage des données, ce fut au prix d’un travail acharné, depuis plus de soixante ans, mettant en compétition d’innombrables « start-up » ainsi que les plus grands groupes industriels internationaux. Un objet pluriel : Voici donc comment nous sommes passés en peu de temps, du téléphone en bakélite noir au téléphone à chiffres, au minitel, au téléphone sans fil pour atteindre aujourd’hui le « smartphone » et la tablette. Ainsi notre nouveau jouet, qui au départ ne cherchait qu’à répondre au désir vivace de pouvoir communiquer, est devenu aujourd’hui un objet pluriel. On peut pratiquement tout y faire, téléphoner bien sûr, mais voir en temps réel, prendre des photos, faire et voir des films, emporter pour les vacances toute une bibliothèque, se repérer par GPS (Global Positioning System), sans oublier un cortège sans fin d’applications toutes plus originales les unes que les autres. le smartphone a 20 ans outre son succès fulgurant dans les turpitudes humaines, c’est ce paradoxe qui pourrait être résumé ainsi : moins nous avons, plus nous désirons et plus nous avons, moins nous désirons. Bien que nous ayons à l’heure actuelle, à portée de main, les bibliothèques du monde entier, force est de constater que la lecture n’est plus « le plaisir préféré des français ». L’écran a envahi nos yeux et comme le dit l’Ecclésiaste « l’œil ne se rassasie pas de voir » (1 :8). Pour nous Chrétiens, bien nommés « gens du Livre », quel défi de satisfaire à la modernité, sans pour autant céder à celle-ci ? Comment continuer de diffuser la connaissance de la Parole de Dieu parmi nos semblables et nos jeunes, sans lever les bras au ciel en damnant la nouvelle génération qui ne lit plus ? D’une part, c’est bien sûr de ne pas fermer la porte au numérique, qui n’est qu’un moyen et non une fin. Le numérique a permis, par sa facilité d’accès, de désacraliser l’imprimé, de remettre en cause les axiomes, de proposer, via les blogs par exemple, une autre vision des choses. C’est ainsi que dans les pays fermés à l’Evangile, le numérique offre la possibilité d’un nouvel accès à la Bible. La seconde, c’est d’encourager les jeunes générations à brandir l’étendard du « peuple du Livre » en leur montrant tout ce qui reste à faire pour diffuser l’évangile, et ce quel qu’en soit le support, papier, numérique, analogique ou, pourquoi pas, par cette magnifique Fidélité sans Fil, ou WIreless Fidelity (WiFi) qui nous relie constamment au Père : la prière. Jean-Pierre Sorbier Jean-Pierre Sorbier Professeur Emérite Univ’Aix-Marseille. A enseigné les télécommunications à Polytech Marseille. Modernité et traditions : Ce qu’il y a d’extraordinaire dans ce tourbillon technologique, P. 13 Témoignage Bien vivre à la « Capitelle ». Angélique Krieger est l’épouse du pasteur François Krieger qui est actuellement aumônier des Armées à Marseille. Dieu a appelé la tempête sur la tête de Jonas car il ne voulait pas se rendre à Ninive. Comme Jonas, nous avons des tempêtes dans nos propres vies. Comment les traversons-nous? Que tirons-nous de ces moments parfois terriblement douloureux ? Notre tempête à nous, un jour, a été le feu et pour reconstruire nous avons trouvé une terre, un îlot isolé, coupé en partie de ce qui fait le confort de notre civilisation. Cette terre, c’était une ancre pour nous et nos enfants, car l’homme a besoin d’un lieu bien à lui pour savoir d’où il vient. Sur cette terre, de l’eau mais pas d’électricité. Un petit toit pour y dormir abrités mais surtout un demi-hectare pour y respirer. Pas de bruit de klaxons, ni de télévision mais les cigales, les grenouilles et le chant des grillons. Ici tout aspire au repos, à la méditation, à la paix de se retrouver avec soi-même. Un décalage qui nous ramène à nos propres vies et nous fait contempler Dieu. l’entrée du chemin P. 14 Ce face-à-face avec soi-même est un un bout du terrain. autre temps, un temps qui n’est pas celui de notre monde mais celui de Dieu en dehors du monde. Ici les enfants ont gratté la terre, habité les arbres, pêché les têtards, monté et démonté des murs de cailloux et le soir venu, après avoir ramassé le bois mort du terrain, sont restés des heures hypnotisés par les flammes de la cheminée. La douche ? Un tuyau et une grande bassine noire qui chauffe au soleil des Cévennes pour une eau à plus de 50° le soir. Il suffit de patienter pour attendre son tour, presque comme à la maison. Le bois, la terre, l’eau, le feu, ces quatre éléments ont suffi longtemps à faire notre bonheur au lieu du fer, du verre, du plastique, du béton qui nous isolent certes des intempéries mais aussi de la nature. Dieu a créé et l’homme a recréé une imitation de cette nature, plus performante, plus rapide. Il fallait ralentir, il fallait respirer, il fallait reconstruire pour se retrouver. Oui, il est facile de jouer avec la terre, les cailloux et les bâtons lorsqu’on a 6 ou 10 ans, mais à 14, 16 ou 18 qu’y fait-on ? Pas d’ordinateur, pas de Wi- Fi, pas de télévision ! C’était vraiment trop nul ! La rébellion commençait à s’installer. Même la rivière perdait de son attrait. Les concessions ont alors commencé... On a raccourci les vacances sans les annuler, on y invitait les cousins et on trouvait d’autres activités plus viriles : guetter le sanglier la nuit est une activité qui prend beaucoup d’énergie, ou sauter plus haut de la falaise dans la rivière ! Mais une chose n’a jamais changé : le plaisir, le soir, d’allumer un feu et de se retrouver devant les flammes à contempler dans le silence la nuit, s’allonger dans l’herbe et le thym pour attendre et compter les étoiles filantes. Prendre une douche bien chaude grâce à la grosse poubelle noire qui a chauffé au soleil toute la journée. C’est une sorte de rituel, une signature de notre passage là-bas. Aujourd’hui on a compris combien le confort est précieux mais que l’on peut s’en passer un peu sans rien déranger de sa vie. La frontière entre le bien-être, l’utile et le futile semble parfois bien mince. Et même si le temps de l’adolescence a compté beaucoup de réticence, de « râlage », aujourd’hui à 16 et 19 ans, ce sont eux qui demandent à aller camper à la « capitelle »1 avec des copains pour y vivre ce temps de camping sauvage et y refaire le monde le soir autour du feu de cheminée. Apprendre à vivre autrement est un enseignement que nous devons laisser à nos enfants. Retrouver le contact des choses simples, apprendre à attendre, à regarder, à sentir seront une force dans leur vie. Nous avons toujours tendance à nous fuir nous-même en nous « abrutissant » de travail, de monde et de bruit. Témoignage la capitelle (ou borie) “ Le temps mûrit toutes choses ; par le temps toutes choses viennent en évidence ; le temps est père de la vérité ” François Rabelais Que fuyons-nous, sinon nous-même, la peur de l’introspection et du temps qui s’arrête ? Prenons le temps de contempler la nature, la vie, nos vies, le temps de nous ressourcer, sans quoi nous passerons à côté de ce que nous sommes réellement et de ce que notre Dieu attend de nous dans le monde. Angélique Krieger Professeur de Musique et Femme de pasteur le groupe de jeunes hollandais avec Harriet Smitt qui étaient venus à St Jean faire des travaux de rénovation à l’issue de l’incendie, Alexandre au bord du bassin à poisson lorsqu’il avait 7 ans, capitelle : c’est une cabane construite en pierre sèche, c’est-à-dire sans mortier, dans les anciennes garrigues des villes du département du Gard et qui en l’occurrence nous sert ici de toilettes ! 1 P. 15 Méditation Je témoigne donc je suis ! Jean 1 : 35 - 51 Bien qu’internet ait pris une place importante dans nos relations, les rapports humains ne se sont pas encore réduits à des flux numériques dématérialisés. Loin de là ! Le témoignage de la foi s’incarne encore dans les rapports entre ‘’vrais gens’’. Les gens dans leur très grande majorité se voient, se parlent, se touchent encore. Heureusement ! C’est donc encore sur le terrain des contacts, des rapports avec les voisins, les collègues, les amis et dans la famille que se joue la mission chrétienne. La question pour nous est donc la suivante : comment témoigner de notre foi dans la vraie vie, là où nous nous trouvons avec les autres ? la lecture de Jean 1 : 35 – 51, les exemples de Jean-Baptiste, André, Pierre, Philippe et Nathanaël nous donnent quelques pistes pour vivre cet engagement fidèle dans le témoignage. sonne entend le message de l’évangile – puis vit une expérience personnelle avec Jésus – ce qui la pousse à en parler à d’autres. Ce processus répond à la mission que le Seigneur a confié à son peuple : « Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde » (Jean 17 :18). Cela montre combien le témoignage des chrétiens est essentiel pour la diffusion de l’évangile. Chacun de nous est un Un mode opératoire : donner ce qu’on a rouage important dans l’œuvre de Dieu. Et reçu ! de ce fait, témoigner de Jésus est à la fois Tout d’abord, leur histoire illustre de un privilège et une responsabilité. façon remarquable un mode opératoire que l’on trouve tout au long de l’histoire du christianisme. La Bonne Nouvelle est transmise de l’un à l’autre : une perP. 16 C’est un immense privilège puisque cela nous confère la qualité de collaborateurs aux côtés du Seigneur. « Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père » (Jean 15 : 15). Il nous fait assez confiance pour nous associer à son projet de salut pour le monde. Quelle grâce ! C’est aussi une responsabilité qui nous incombe. Nous ne pouvons nous dérober, au risque de manquer le projet de Dieu pour nous. Evangéliser, témoigner de sa foi, sont des impératifs devant lequel le Seigneur nous a placés. « Allez, faites de toutes les nations des disciples… » (Matthieu 28 :19). Mais cet ordre est accompagné d’une promesse qui nous en rend l’exécution possible: « …Et voici, je suis avec vous tous les Méditation “ La question pour nous est donc la suivante : comment témoigner de notre foi dans la vraie vie, là où nous nous trouvons avec les autres ? ” jours, jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28 :20). Le Seigneur nous appelle donc à proclamer sa bonne nouvelle. C’est clairement un aspect de la vocation du chrétien. La foi en ce qu’Il est : Dans le texte, Jean-Baptiste a commencé par désigner l’Agneau de Dieu en la personne de Jésus, André a vu en lui le Messie et Philippe a reconnu qu’il est celui dont il est question dans la Loi et les prophètes. Nous constatons qu’il y a chez eux un préalable au témoignage : avoir la conviction Flashmob I Love Jesus par lemainelibre que Jésus est la solution pour le monde ! Il était à leurs yeux plus qu’un simple homme. Ils étaient persuadés que Jésus était celui que tous cherchaient d’une manière ou d’une autre (v.45). Celui qu’ils espéraient dans leur vie, dans leur religion. Celui qu’ils attendaient… peut-être sans le savoir. Mais eux l’avaient trouvé. La seule vraie réponse au problème des hommes et des femmes d’aujourd’hui comme d’hier est en Jésus-Christ, parce que le problème fondamental de notre humanité reste le même : le péché, c’est-à-dire cette rébellion primordiale contre notre Créateur. Et c’est lui qui est venu résoudre ce problème. « Car Dieu a tant aimé de mode, qui a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3 :16). Témoigner de notre foi demande de croire avant tout que Jésus nous a sauvés personnellement et qu’il est bien le sauveur du monde. C’est avoir la foi qu’il est vraiment la seule personne qui puisse répondre aux besoins fondamentaux de ce monde. En sommes-nous vraiment convaincus ? C’est lui qui le fait ! Aussi, cet élan de foi placé dans le Dieu grand et puissant a entraîné chez eux un vrai désir de témoigner et une assurance dans le témoignage. Convaincus que Jésus était bien le Sauveur, ils n’ont pas eu peur ni honte de le désigner comme tel devant les autres, comme lorsque les disciples avaient été puissamment renouvelés dans l’Esprit à la Pentecôte. C’est le sens de la formule: « Viens et vois ! » Elle constitue une invitation à rencontrer le Seigneur, invitation mue par une humble et vraie confiance en la capacité de Jésus à se révéler lui-même à celui qui le cherche. Ils savaient que la seule chose que Jésus souhaite par-dessus tout c’est que les hommes le découvrent et soient sauvés. Leur témoignage a donc consisté à conduire jusqu’au Seigneur et à le laisser faire. Lui qui sonde les cœurs et les reins sait répondre aux aspirations pro- fondes de l’homme. Il est aussi capable de renverser tous les raisonnements et convaincre de la vérité quiconque vient à lui comme ce fut le cas de Nathanaël. Le défi du témoignage chrétien est celui de savoir envisager notre présence au milieu des autres comme une occasion qui nous est donnée de simplement présenter Jésus - sa personne pleine d’amour, de pureté et d’humilité et son sacrifice à la croix – convaincus que c’est bien le seul moyen de trouver le chemin de l’espérance en cette vie. C’est dans une communion entretenue avec le Seigneur que se développe cet intérêt spirituel pour notre prochain. Ne pas cacher qui je suis... Bien sûr, nous savons que nous n’avons pas le pouvoir de convertir. Mais Dieu qui sauve par grâce veut nous utiliser comme moyen de grâce pour les autres. C’est pour cela que l’action de l’Esprit est déterminante dans le témoignage. C’est lui qui peut ôter toutes les barrières qui nous empêchent de témoigner autour de nous. C’est lui qui donne la capacité d’être dans une relation vraie, transparente avec ceux qui nous entourent de telle sorte que notre foi en Dieu ne soit pas tue mais qu’elle fasse l’objet d’un témoignage vivant. Une foi qui ne soit pas dissimulée. Certes il y a des risques de rencontrer de l’hostilité, mais nous pourrions aussi expérimenter de l’intérêt de la part des gens. Or cet intérêt cultivé par des relations vraies et une transparence personnelle peut conduire quelqu’un à découvrir Jésus. Un engagement de foi non dissimulé signifie simplement que les chrétiens que nous sommes ne doivent pas cacher qui ils sont. Notre foi est au cœur de notre façon de penser les choses, de prendre nos décisions, et elle oriente notre manière de faire face aux défis de la vie. Si vous êtes simplement vrai et naturel sans cacher qui Pâques : témoigner de différentes vous êtes vraiment et manières : composition florale de ce que vous faites dans Reina Albracht (ERE d’Aix) votre vie, il apparaîtra sûrement que vous avez une vie à l’église par exemple- ce qui pourrait les intriguer, que vous avez une foi vivante - ce qui ne manquera pas de les interpeller un jour. Les derniers versets sont une invitation à l’émerveillement continuel devant l’œuvre de salut de Dieu qui s’accomplit sous nos yeux. Cette contemplation émerveillée est sûrement le lieu où puiser la force d’être des témoins fidèles et joyeux. Stéphane Kouyo Pasteur à Rodez P. 17 Annonces / Communiqués L’Assemblée du Désert 2014 DIMANCHE 7 SEPTEMBRE au MAS SOUBEYRAN, à MIALET Enfin libres ! D’une mémoire à l’autre. D’un désert à l’autre. D’une libération à l’autre et à d’autres. Après trois ans d’attente, l’Assemblée 2014 nous permet de nous réjouir au souvenir de la libération en octobre 2013, des otages du Sahel, en particulier celle de Daniel Larribe. Le culte à 10 h 30 sera présidé par François CLAVAIROLY, président de la Fédération protestante de France. L’après-midi, on entendra une allocution historique de Ruth WHELAN, professeur à l’Université de Maynooth (Irlande), suivie du témoignage de Françoise et Daniel LARRIBE. Le message final sera donné par Sophie ZENTZAMEDRO, présidente du Conseil Régional de l’Église protestante unie de France en Cévennes-Languedoc-Roussillon. Journées des aumôneries francophones Du 15 au 19 oct 2014 au Centre de la Roche d’Or à Besançon (Franche-Comté) Autour du thème : «Accompagner la personne qui refuse de se soigner» Tous les deux ans, les aumôniers des pays francophones européens organisent à tour de rôle les «Journées des aumôneries francophones». En 2012, elles ont eu lieu à Bordeaux, en 2010 à St Loup en Suisse, en 2008 à Bruxelles… Ces journées regroupent entre 100 et 150 participants : aumôniers, bénévoles, soignants, médecins, personnels administratifs. Elles se veulent œcuméniques. Elles sont organisées cette année par les aumôneries de Besançon, Montbéliard, Mulhouse et Nancy sous l’égide de la Fédération Protestante de France. Renseignements et inscriptions 0388259018 [email protected] http://www.journees-des-aumoneries-francophones.fr P. 18 Je te salue Marie, ma fille 19 ans, un jour et l’éternité ANTOINE SCHLUCHTER, Préface de ROLAND GIRAUD. Un livre hommage au titre évocateur ouvrant sur un horizon de plénitude. Bien que pasteur, Antoine Schluchter ne fait pas de sermon ; mais peut-être nous livre-t-il un message universel : L’amour est plus fort que la mort ! Elle arrive dans sa famille d’adoption après une longue attente juste avant ses deux ans et elle quitte la vie terrestre terriblement en avance, juste après ses 19 ans. Dans ce livre « Je te salue Marie, ma fille » qui vient de paraître aux éditions Favre, son père nous fait découvrir Marie, sa fille cadette, dont le meurtre abject a marqué toute la Suisse romande – et bien au-delà – au printemps 2013. L’auteur a décidé de verser une partie de ses droits à l’orphelinat Philadelphia près de Tuléar (Madagascar), pour l’installation de pompes à chaleur et de panneaux solaires. DIMANCHE 14 SEPTEMBRE 2014 10H CULTE Unepref 9, rue de la Masse Aix-en-Provence Prédication : Etienne Lhermenault, Président du Conseil National des Evangéliques de France—Président du Conseil de la Faculté Libre de Théologie Evangélique 12H30 REPAS dans les Jardins de la Faculté Merci de confirmer votre présence avant le 1er août 2014 www.facultejeancalvin.com [email protected] 04 42 26 13 55 SAMEDI 13 SEPTEMBRE 2014 14H 14H 14H45 15H 17H Accueil Réunion de l’Association des Anciens Etudiants de la Faculté TABLE RONDE Le Calvinisme, une chance pour l’avenir de l’Eglise ? Dr Gérard Bray, Dr Paul Wells 14H30 HISTOIRE 16H D'une Faculté à une autre Pierre Filhol Fondateur et 1er Président du Conseil de Faculté du 1er octobre 1974 au 18 octobre 1986 L'identité théologique de la FLTR : la vision d'Eugène Boyer et de Pierre Courthial Paul Wells Fondateur et Professeur Emérite Le surgissement de la FLTR dans le paysage protestant : un témoignage Marie de Védrines Directeur honoraire à la Banque de France, Membre du Conseil de Faculté dès l’origine et jusqu’en 2000, Secrétaire académique bénévole à la FLTR de 1981 à 1993 La pertinence et l'actualité de la Foi réformée à la fin du 20ème siècle Pierre Berthoud Président du Conseil de Faculté et Professeur Emérite 17h30 INAUGURATION 18H du Centre Académique rénové avec les AMIS ETRANGERS 18H APERITIF DINATOIRE 19H30 PRESENT ET PROJETS autorités de la Ville d’Aix –en Provence 20H CONCERTS 22H Les amis Suisses, Néerlandais, Américains, Coréens, Indonésiens, Irlandais ... Une nouvelle étape de l'histoire de la Faculté Jean Calvin : la vision et les projets d'avenir Michel Johner Pat Berning, Doyen et Professeur d’Ethique et d’Histoire Gospellement Vôtre PAROLES D’ENVOI Sketch Up, Jazz avec Bill Edgar Jean-Raymond Stauffacher Président de l'UNEPREF Crédit photo : Gérard Martin