Février 2011 - La Distillerie
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Février 2011 - La Distillerie
.TV E I R GN LLE I L I EN IST .D W WW U EA JOURNAL DE LA DISTILLERIE Édition no.23, FéV. 2011 GUEULE DE BOIS Quand l’aéroport où tu descends a adopté le nom de Louis Armstrong, et bien tu te dis qu’immanquablement, tu vas avoir un bon temps, là, dans cette ville où, à en croire l’adage, on les laisse rouler. C’était pas prévu à l’«almanaque», pas organisé, pas planifié et, à la limite, pas vraiment une bonne idée : c’était définitivement trop beau pour être vrai. Il y avait un an, presque jour pour jour, j’avais loadé ma VISA pour noyer sa peine d’amour avec du scotch, en Écosse. Donc un an plus tard, quand je l’ai à mon tour regardé avec mes yeux d’adolescent qui n’a pas demandé à venir au monde et que le lui annoncé que j’arrêtais de boire… Pour une quarantaine… Que j’arrêtais de boire le temps du carême… Ce qui est bien, avec lui, c’est qu’il arrive à comprendre quand ça ne sert à rien. Et là, ça ne servait à rien d’essayer de me raisonner. Je n’étais pas sans savoir que mon idée était grotesque. Je n’étais pas sans savoir que je ne tiendrais pas une semaine. Mais je n’étais pas sans savoir que je n’étais pas prêt à l’entendre, pas de ma bouche, alors encore moins de la sienne. Le mois de février et l’hiver qui ne finissait pas m’avaient mis en tête qu’il était temps que les choses changent, et entendons ici par «choses» : «moi». Il me fallait me prouver quelque Lâche pas la patate chose, mais je n’avais pas la moindre idée quoi. En regardant l’année qui venait de passer avec l’objectivité d’un gars en manque de soleil et à deux doigts de la crise de nerfs, j’en suis venu au constat que je n’avais jamais rien fini dans ma triste vie, rien à part mes relations amoureuses et mes verres. Si j’arrivais à passer 40 jours sans boire, qui sait ? Peut-être que ma prochaine idylle allait durer plus d’un mois et demi. Ça valait presque la peine d’essayer. - Toi, t’es sérieux avec tes histoires de carême ? - Si tu l’es, je le suis. De plus en plus. Pour combattre ma dépression saisonnière, quelques jours à la Big Easy me semblaient être le meilleur traitement de luminothérapie imaginable. Beaucoup plus efficace que la lampe que j’avais reçue de la part de ma maman inquiète. À un bar de l’aéroport de Miami, première et seule escale avant de fouler enfin le sol de New Or’lins, je lui ai demandé en me trouvant «farce» : Avant que mon élan de foi nouvelle ne me pousse à faire mon jeûne sur le chemin de Saint-Jacques, il a pris son ordi, cherché le prochain vol disponible pour la Nouvelle-Orléans et a loadé, à son tour, sa carte de crédit. - De quoi c’est le plan de match ? - Le plan de match ? C’est assez simple garçon. Le plan, c’est de laisser les bons temps rouler. C’est de boire et manger et écouter de la musique. Et puis quand on a plus soif, plus faim, plus envie de danser, ben on recommence. Le plan c’est de faire le tour du - On s’en va se claquer le plus gros Mardi Gras de ta vie. - T’es sérieux ? Autour du tonneau PAR ALEXANDRE LEFEBVRE L’industrie des spiritueux se voit encensée de prix lorsqu’un de ses membres élabore un alcool de qualité, mais parfois, on doit s’en remettre à l’expertise d’une deuxième voire troisième transformation avant d’arriver à assouvir les palais distingués. Voici un bref historique relatant l’ingéniosité et le bon goût d’un homme qui avait l’hospitalité à cœur. À La Nouvelle-Orléans, durant la deuxième moitié du 19e siècle, un barman se trouva confronté à un problème. Le whisky, arrivant via le Mississippi, n’a pas de marque, outre une estampe certifiant qu’il vient du Kentucky, et on ne peut vraiment savoir de quelle distillerie provient le spiritueux. Dépourvu de constance, le contenu de chaque nouveau baril étant différent du précédent, il était plus que difficile d’offrir un breuvage distinctif à qui venait s’asseoir à un bar. Qu’à cela ne tienne, c’est grâce à cette inconstance que le Southern Comfort a vu le jour! Martin Wilkes Heron, né en Irlande à l’époque de la famine de patate, immigre aux États-Unis, alors qu’il n’est qu’un poupon. Barman au McCauley’s Tavern, tout près de Bourbon Street, Heron se met au défi d’offrir à ses patrons un breuvage plus raffiné que ce que les barils de whisky révèlent au hasard des arrivages. Soucieux de qualité, Heron entreprend de rectifier et d’améliorer le produit. Son travail commence avec la recherche d’un bon whisky, puis son ouvrage consiste à créer une macération qui, le bec verseur La fête attire chaque année plus de 700 000 personnes et constitue un événement majeur. Le Mardi Gras, qui tient ses origines dans la tradition catholique, est tenu juste avant le mercredi des Cendres, marquant le début du carême et constituant l’ultime occasion de se remplir la panse avant que quarante jours de disette ne viennent nous aider à retrouver notre ligne. Le Mardi Gras est aussi connu sous le nom de Carnaval, signifiant « viande » (carne) et « enlever » (levare). Le terme Carnaval fait donc référence au fait que l’on retirera la viande de la table sous peu. En effet, le carême consiste à se priver de viande pendant les quarante jours menant à Pâques. Devant une de autres établisse mande croissante des change le nom ments de la ville, Heron un patronyme de son invention pour région et de l’é plus emblématique de la ta se trouve lorsqu t d’esprit dans lequel on ’on liquide : « Sout déguste le précieux hern Comfort.» sa liqueur, Heron fait breveter et embouteiller son invention et appose le slogan « None Genuine But Mine.» (Nul n’est véritable sauf le mien.) En 1889, quinze ans après avoir lancé le « Southern Comfort», son créateur décide de répandre la bonne nouvelle et d’apporter un peu de La Nouvelle-Orléans dans le reste du pays. Il entreprend le même voyage que les barils de whisky avaient fait pour se rendre à lui, mais à l’envers. Heron remonte le Mississippi et fonde d’abord un établissement dans la ville de Memphis. Il continue son périple jusqu’à St-Louis, où son bar devient un des endroits par excellence pour prendre un bon verre. On y invente d’ailleurs le « St-Louis Cocktail »; une libation aux notes d’amandes, et pourvue de l’avertissement suivant : « Limit two per customer. No gentleman would ask for more.» (Limite de deux par client. Aucun gentilhomme n’en demanderait plus.) C’est d’ailleurs à St-Louis que Martin Wilkes Heron s’est éteint, après une vie industrieuse, quelques mois après qu’un acte des plus révoltants, celui de Volstead, l’ait privé de son entreprise. En effet, M.W. Heron passa l’arme à gauche peu de temps après la mise en place de la prohibition à l’âge de 70 ans. Son héritage resplendit aujourd’hui et son travail nous permet toujours d’apprécier une création inspirée par « Crescent City », et servie dans plus de 80 pays à travers le monde. La signature du maître trône encore sur chaque bouteille et demeure, à ce jour, un gage de qualité et de raffinement. Bon Temps qui roule n’amasse pas mousse rades qui prennent les rues de la ville. Ces événements familiaux sont l’occasion par excellence de faire un pique-nique, d’apprécier la musique et de contempler la beauté et l’extravagance des chars. On y va aussi pour crier: « Throw me something mister! » afin de recevoir un collier de billes, ainsi qu’une multitude d’objets arborant les thèmes de la parade. Parmi les objets les plus prisés, on retrouve les noix de coco, peintes à la main, et pour lesquelles on doit redoubler d’ingéniosité afin d’attirer l’attention des lanceurs. Certains de ces trophées deviendront des bibelots chez les gens venus visiter « La Grosse Facile », d’autres, en multitudes resteront accrochés aux arbres, fils électriques, galeries, voitures, bref partout pendant plusieurs semaines; souvenirs durables de l’ambiance exaltante qui a pris la ville. Dans la tradition Cajun, il était coutume pour un groupe de villageois de « voyager leur flag » jusque chez les nobles et de demander de la nourriture : plus l’offrande est de qualité, plus l’estime du seigneur est considérable. La www.distillerie.tv Vieux Carré jusqu’à ce qu’on soit étourdis pour la peine. C’est de bouffer quatre fois ton poids en gombo pis en jambalaya, en muffuletta, en po-boys, en crawfish pis en alligator frit. C’est de boire un Sazerac préparé avec amour et savoir-faire, juste avant de te brûler la langue avec le Hurricane le plus fort que t’auras jamais goûté pis «qui te fait zire». C’est payer des Scarlett O’Hara à de respectables demoiselles à qui tu risques de lancer des colliers de perles au grand jour du Carnaval, parce qu’elles auront, pour notre plus grand bonheur, tout à coup plus grands choses de «demoiselles respectables». What a wonderful world ! Le plan, c’est d’oublier qu’on est venu jusqu’ici pour oublier quelque chose. Le plan, c’est qu’au matin du Mercredi des Cendres, le jeûne de quarante jours dans lequel tu t’embarques ne soit plus seulement qu’un acte désespérément dramatique, plus rien qu’un caprice de diva, mais une nécessité. Le but très avoué du plan, c’est que tu sois soulagé de ne pas avoir le droit de boire un verre d’alcool avant Pâques. Par rapport que tu vas avoir la tête encore remplie de chansons, le cœur aussi chaud que le soleil de la Louisiane pis le souvenir de femmes généreuses dans les yeux. Ça, pis l’envie de dormir pour le mois à venir. « None Genuine but mine. » malgré le fait que la recette exacte reste secrète à ce jour, consisterait en quelques cosses de vanille exotique, cannelle du Maroc quelques autres épices rares et des quartiers de citrons et d’oranges. M.W. Heron laisse le temps aux saveurs de se marier, ajoute du miel, et constate qu’il a créé une liqueur des plus agréables, annulant les notes rêches du whisky d’origine et conférant à son breuvage une douceur sucrée des plus plaisantes. Ses clients apprécient, et Heron s’empresse de mettre son produit sur le marché. À l’époque, une liqueur du nom de « Hats & Tails » est populaire et se voit être l’infortuné compétiteur de la création de Heron à laquelle il donne d’abord le sobriquet de « Cuffs & Buttons.» Le « Cuffs & Buttons » fait vite fi du « Hats & Tails» et devient un élixir prisé par un grand nombre de visiteurs en soif de La Nouvelle-Orléans. Le « Hats & Tails » sombrant dans l’oubli, et devant une demande croissante des autres établissements de la ville, Heron change le nom de son invention pour un patronyme plus emblématique de la région et de l’état d’esprit dans lequel on se trouve lorsqu’on déguste le précieux liquide : « Southern Comfort.» Constatant son énorme succès, alors que certaines personnes viennent à La Nouvelle-Orléans expressément pour goûter Le Mardi Gras s’avère donc un exutoire des plus importants et il n’y a pas meilleur endroit pour y prendre part qu’à La Nouvelle-Orléans! La fête attire chaque année plus de 700 000 personnes et constitue un événement majeur. Chars allégoriques, costumes en tous genres, colliers de perles et femmes en tenues légères abondent dans les rues et sur les galeries de la ville. La musique retentit, les rires fusent de partout, verres et assiettes sont remplis, vidés puis regarnis tout le jour durant. Une folie contagieuse prend la ville et le chaos qui s’en suit fait de cette fête le plus festif des rites religieux connus depuis les bacchanales. Comment célébrer le Mardi Gras? Tout d’abord, vous aurez besoin d’un costume et d’un masque. Les couleurs traditionnelles du Mardi Gras sont : le violet, le vert et l’or. Le violet représente la justice, le vert symbolise la foi et l’or signifie le pouvoir. Une fois que vous serez paré de votre déguisement, vous aurez besoin de vous rendre dans le « Garden District » pour assister à l’une des nombreuses pa- JOURNAL DE LA DISTILLERIE Édition no.23, FéV. 2011 ÉDITORIAL PAR LE BUVEUR Le plan, c’e s bons temps t de laisser les boire et ma rouler. C’est de n la musique ger et écouter de . plus soif, p Et puis quand on a lus fa danser, ben im, plus envie de on recomm ence. PAR ALEXANDRE LEFEBVRE masse entonnait hymnes et chants et se promenait de maison en maison à la recherche de victuailles. Concours et jeux prenaient place tout le jour durant. La nourriture amassée était mise à cuire dans un énorme chaudron et on nourrissait toute la troupe avec les denrées du jour alors que la fête s’étirait jusqu’à tard dans la nuit. Et c’est ça, le Mardi Gras : une occasion d’être ensemble, de célébrer les bonnes choses de la vie, de chanter et rire. Le Carnaval, c’est oublier les temps durs passés et à venir pour se concentrer sur les bons temps et les laisser libres de rouler, rouler toujours! Un vers dans le nez Last Call/Dernier Service PAR ALEXANDRE LEFEBVRE DESIGN GRAPHIQUE : EKTOPLASME.COM velletion que La Nou la pu po sa ns C’est da ariage des son unicité; le m Orléans trouve ltures offrent malgame des cu l’a et s ce en ér » un terreau diff de la « Big Easy it fa i qu se es une rich temps fertile aux bons Who dat? Depuis sa fondation, comme comptoir commercial français, la Nouvelle-Orléans a connu triomphes et catastrophes en quantités. Nous nous penchons sur une ville qui fascine, intrigue et invite. 1718, Jean-Baptiste Le Moyne, Montréalais d’origine, découvre un croissant de terre dans un des derniers méandres du Mississippi. Il estime que la situation géographique de l’endroit protègerait une éventuelle ville des inondations et des ouragans et entreprend de bâtir ce qui allait devenir La Nouvelle-Orléans. Nommée en l’honneur de Phillipe II, duc d’Orléans, la « ville croissant » (Crescent City) devient rapidement un port d’importance et voit sa population augmenter malgré la maladie et les difficultés de l’époque. La construction s’avère ardue, et l’on réalise, après quelques inondations, l’urgente nécessité de construire une série de digues afin de protéger la future cité. En 1720, Adrien de Pauger dessine les plans du « Vieux Carré,» mieux connu sous le nom de « French Quarter » aujourd’hui. Ces plans sont emblématiques de ce que devait être une « Ville Nouvelle » à cette époque et consiste en un quadrilatère de 1.3 km carré. Le style français du « Vieux Carré » ne fera pas long feu; un incendie prend la majorité des bâtisses et force une reconstruction quasi totale. L’empire espagnol assurant alors la gouvernance de la ville, c’est le style que les Catalans considéraient comme moderne qui allait définir l’allure du « French Quarter.» Les pignons sont remplacés par des toits plats et les façades en bois se voient être proscrites. Les devantures en stuc, ignifuges, deviennent la norme et sont peintes dans des tons pastel. Des galeries sont aussi installées sur la gran- de majorité des constructions, et leurs rambardes en fer forgé sont un des attraits du « Vieux Carré » ebvre encore à ce jour. Alexandre Lef En 1803, la Louisiane devient Américaine après avoir été vendue par Napoléon pour 80 millions de francs; cette vente amène vague après vague de nouveaux habitants : américains et créoles. La ville devient multiculturelle et continue de se développer à un rythme effréné. Et c’est dans sa population que La Nouvelle-Orléans trouve son unicité; le mariage des différences et l’amalgame des cultures offrent une richesse qui fait de la « Big Easy » un terreau fertile aux bons temps et à l’innovation. Les arts prospèrent, mais c’est sans doute la musique qui porte la ville aux plus hauts sommets. Ville natale de plusieurs grands, dont Louis Armstrong, La Nouvelle-Orléans incarne le laboratoire musical parfait; une ambiance festive, des moeurs libres et une immense quantité de talent donnent naissance à des styles musicaux révolutionnaires : le Jazz et le Blues. Les rues résonnent de musique en Nouvelle Orléans, chanteurs et musiciens peuvent être entendus à toute heure revisitant les grands classiques ou créant librement les hymnes de demain. Autre point marquant de la culture de la ville: la nourriture. Une abondance de fruits de mer, de recettes venues des quatre coins du globe et une passion pour les bonnes choses font des tables les plus simples des banquets inoubliables. Gumbo, Jambalya, Muffuletta, Po-boys et Écrevisses à l’étouffée sont autant de délices qui marquent à jamais le palais des néophytes et semblent traduire en saveur la philosophie et le bon goût des habitants. Que vous marchiez sur Canal Street avant de vous perdre corps et âme dans Bourbon Street ou que vous découvriez la ville dans un de ces tramways distinctifs : vous n’avez rien vu tant que vous n’avez pas vu La Nouvelle-Orléans. Ce mois-ci, voyagez votre flag pour le Mardi Gras et laissez les bons temps rouler! ÉCRIT PAR ALEXANDRE LEFEBVRE Promener le bateau sur le bassin Les cocodriles ronflent dans le bayou Et je veux briser en chanson. C’est que, ma chère, je pense à vous Au roulement de nos temps bons. La brûlure de ta peau, ma jolie, La douceur sucrée de ton corps, Est tout en Sud, en accalmie Et m’offre le plus grand confort. La rivière jaune est notre lit, Ses croissants, les nœuds dans nos draps. Mon cœur s’en va en folie Quand je te tiens serrée dans mes bras. Tu es la plus belle, en bas le soleil Mais mon amour est un péché Mon amour est plein d’orgueil Jamais je vais m’en confesser. Sur mon bateau, je me fais croire Que mon dur labeur est fini. Que tu m’es là, que c’est le soir Et qu’on danse à l’infini. Chanter le bonheur qui est mien. Tu es dans moi comme l’Acadie, Si tu me faisais pas tant de bien Tu serais la plus grande maladie. Ma chanson coule sur l’eau Flotte vers toi sur le vent Je jure par tout ce qui est beau : Tu es mon prochain ouragan. “ Ce n’est pas que nous ignorons la gravité de notre situation, mais parfois il faut rire pour ne pas pleurer. Mardi Gras est un peu comme une thérapie de groupe pour nous.” - Arthur Hardy - JOURNAL DE LA DISTILLERIE Édition no.23, FéV. 2011 www.distillerie.tv Mar Tous cocktails possèdent leurs parts quasi égales de mythes et de réalités ; lorsque la mixture en question est aussi légendaire que celle qui nous intéresse ce moisci, la frontière entre «fables» et «faits» se fait du coup plus discrète. Les dates deviennent élastiques. Les noms, d’un récit à l’autre, jouent à la chaise rie-Ève musicale. N’y a de constanBouras sa ce que le plus important : le Sazerac, ce cocktail qui demeure inchangé depuis 1850 – environ – et qui est encore souvent considéré comme le premier cocktail américain. L’histoire commence avec un homme, Antoine Amédée Peychaud, et une recette de famille. Peychaud quitte Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti) lorsqu’il est encore enfant. Il est en effet l’un des nombreux immigrants de colonie française aux racines créoles qui trouvera refuge en NouvelleOrléans entre 1791 et 1804, en pleine Révolution Haïtienne. Le jeune Peychaud grandit donc en sol louisianais et devient apothicaire. C’est dans sa pharmacie du 437 rue Royale, en plein cœur du Vieux Carré, que celui-ci sert une concoction aux Le Sazerac vertus digestives en voie de devenir prisée pour des raisons bien autres que médicales. C’est que dans le «bagage créole» de Antoine Amédée Peychaud, il y avait une recette. Et cette recette, c’était celle d’un amer. À une époque où l’alcool était souvent prescrit comme remède, Peychaud servait à ses convives ses fameux amers dans un coquetier (oui, oui) rempli de cognac. Parlons un peu du coquetier, car le récipient servant d’ordinaire à tenir l’œuf à la coque est empreint, lui aussi, de mythes. Pourvu d’un double fond, il aurait peut-être été le premier instrument de mesure des bartenders de la vieille Amérique. Mais la légende ne s’arrête pas là : prononcé à l’anglaise, «coquetier» serait peu à peu devenu «cocktays», puis «cocktails». Nous sommes aux alentours de 1838, et la boutique de Peychaud, membre de certaines confréries (Maçon, Concorde Blue Lodge), devient rapidement un lieu de rassemblement respecté. Fort est à parier que les «brandy cock-tays» de l’apothicaire avaient quelque chose à voir avec cette popularité. Entre 1850 et 1859, la mixture est adoptée par le Sazerac Coffee House, situé au 13 Exchange Alley, toujours dans le Quartier Français. À cette époque, le cognac de la maison française Sazerac-de-Forge et fils fait l’unanimité et John Schiller, copropriétaire du Sazerac Coffee Hou- histoires de pub PAR MARIE-ÈVE BOURASSA se, en est le représentant en sol américain – d’où le nom de son établissement, ce même sobriquet qui sera octroyé au maintenant célèbre brandycocktail de Peychaud. Mais le Sazerac cocktail n’est pas encore celui que l’on connaît… Schiller s’éteint en 1869 et John Hardy, son secrétaire, s’installe à la barre du débit de boisson. C’est sous son règne que le cognac est remplacé par le «rye whiskey» et qu’une touche d’absinthe est ajoutée à la boisson qui n’a plus du tout allure de remède. Mais si le cocktail était déjà populaire, pourquoi en avoir changé le principal ingrédient? Selon Hardy, et Stanley Clisby Arthur dans son ouvrage «Famous New Orleans Drinks & How to mix ‘em» (1937), l’Américain préfère le spiritueux «rouge», «red likker», au pâle brandy français. Mais, à en croire les années et l’épidémie de phylloxéra qui ravage alors les vignobles européens, c’est probablement une question de coût et de disponibilité du produit qui força Hardy à donner congé au cognac. Un mal pour un bien diront certains, car depuis, non seulement le cocktail n’a pas perdu en popularité, mais est demeuré inchangé. Boire (et voir) un Sazerac bien apprêté, c’est comprendre pourquoi et comment ce classique est toujours un incontournable de la invention d’un barman nommé Cayetano Ferrer, l’«Absinthe Frappé», que la maison gagne réputation et nom. Oscar Wilde et Mark Twain, P.T. Barnum et Théodore Roosevelt, Jean Lafitte et Andrew Jackson y auraient tous partagé de grandes idées. NAPOLEON HOUSE «Since 1797» En 1912, l’absinthe est déclarée illégale. Qu’à cela ne tienne : l’enseigne du Old Absinthe House continue de se dresser fièrement au dessus de la porte et on y sert le plus illégal des spiritueux pendant encore 20 ans. Forcé d’arrêter ses activités suite à une descente – les belles années de la prohibition – Old Absinthe House reprend du service dès que possible. L’absinthe étant toujours illégale chez Oncle Sam, on y sert dorénavant le «Herbsaint Frappé». Inventé tout de suite après la prohibition, le produit de J.M. Legendre, qui avait appris l’art de faire de l’absinthe en France lors de la Première Guerre mondiale, est un substitut de la liqueur maudite ne contenant pas d’absinthe. Sur la première étiquette, en 1934, on pouvait d’ailleurs y lire : «Legendre Absinthe New Orleans». Depuis 1914, c’est la famille Impastato qui est à la tête du Napoleon House, reconnu pour avoir popularisé le britannique Pimm’s Cup en Amérique. PAT O’BRIEN’S «Have Fun !» Outre le Pimm’s Cup, le Napoleon House offre un menu composé de grands classiques de la gastronomie de ce coin de pays cajun. Jambalaya, gombo, po-boys et muffuletta, sandwich italien composé de jambon, salami de gènes, pastrami, fromage suisse, provolone et salade d’olives épicée. OLD ABSINTHE HOUSE «Everyone you have known or ever will know, eventually ends up at the Old Absinthe House.» D’abord une maison d’importation, une épicerie puis une cordonnerie, c’est en 1846 que l’édifice de grand renom au coin des rues Bourbon et Bienville abrite son premier débit de boisson : Aleix’s Coffee House. Ce n’est pourtant pas avant 1874 et la savoureuse Avant d’être l’institution qu’il est aujourd’hui, le local de la rue St-Peter abritait un speakeasy, «The Tipperary». C’est une fois la prohibition histoire du passé que O’Brien ouvre en toute légitimité son bar, celui qui, encore aujourd’hui, vendrait le plus de boisson alcoolique… au monde ! Quelque part entre 1939 et 1945, aux prises avec une trop grande provision de rhum, O’Brien décida qu’il devait à tout prix trouver un moyen de liquider ses stocks. Et ce qu’il trouva, c’est le Hurricane : le cocktail qui, sans mauvais jeux de mots, cause chaque année bien des ravages sur Bourbon Street un certain mardi du mois de février. Malheureusement, il n’est plus possible de boire un Hur- en garniture... Du français en Louisiane ? Oui, il y en a encore, mais plus tellement en Nouvelle-Orléans. Principalement situées dans les régions de Lafayette et de Bâton Rouge, ces communautés francophones parlent un français bien à eux, franc de leur culture «cadienne», teinté ci et là des diverses inspirations créoles, anglaises et espagnoles qui ont aussi peuplé ce qui fut, jadis, le bout de notre NouvelleFrance. Afin de célébrer l’acharnement de ces gens qui, envers et contre tous, font eux aussi survivre la langue française dans un coin de l’Amérique du Nord, nous vous offrons ce mois-ci un bref «lexique cadien-louisianais». On ne met pas de l’essence dans les voitures, en Louisiane. On met plutôt de la gazoline ou de l’huile dans nos «chars». Essence signifie parfum, alors qu’une voiture, c’est que les chevaux traînaient, «dans le bon vieux temps». Comme ici, en Louisiane, on «part un char», mais là-bas, on le «navigue» (conduit) pour aller, par exemple, à la «grosserie» (épicerie). «Quoi ce que tu jongles ?» serait «À quoi tu penses ?» et «je préfère cuire qu’aller au restaurant»… Vous aurez deviné. Des grosses «bibittes», il y en a, en Louisiane. Des insectes, on s’entend. C’est qu’il faut faire attention à ce que l’on dit et où on le dit : pour un francophone de la Louisiane, le terme «bibittes» fait allusion aux parties génitales des hommes. Inversement, Mesdemoiselles, ne soyez pas offusquées si un beau cajun vous invite à «jouer à la pelote». Il vous invite à une partie de baseball, de soccer ou de football. Pour parler de votre «intimité», on utilisera plutôt des termes tels que «galette» ou «cocotte». Dans le même ordre d’idées, ou presque, «faire l’amour» peut ne vouloir dire que «courtiser». Avant d’aller au lit, les femmes enfilent une «blouse» ou une «camisole», mieux connue ici comme «jaquette» ou «robe de nuit». On donne au vêtement porté par la femme dans le jour le nom de «corsage». Un soutien-gorge, c’est le «corsage du d’sous». Enfiler son «capot», c’est mettre son manteau. JOURNAL DE LA DISTILLERIE Édition no.23, FéV. 2011 Nouvelle-Orléans. Alors qu’un premier verre refroidit, un deuxième accueille sucre, amer et eau (jusqu’à dissolution complète), puis une généreuse portion de rye. Le tout est remué une vingtaine de secondes, jusqu’à ce que l’élixir ait atteint la température adéquate. On se départit des glaçons qui refroidissaient le premier verre que l’on rince d’absinthe. Les bartenders de la Big Easy ont développé une technique consistant à lancer le verre en l’air pour que la fée verte s’y répartisse uniformément et que le surplus, si surplus il y a, s’en échappe. C’est un amalgame d’un peu tout ça qui fait du Sazerac un cocktail inoubliable. venues au Sazerac Les femmes n’étaient les bien rdi Gras Ma de r jou le Bar que Be Nice Or Leave Des incontournables, en Nouvelle-Orléans, il y a en partout. Trop pour un article, trop pour un numéro de ce journal. En voici néanmoins quatre, même pas la moitié d’un avant goût, question de vous mettre en appétit. La construction de l’édifice de la rue Chartres fut entreprise par Claude François Girod en 1797, mais c’est son frère, Nicholas Girod, maire de la Nouvelle-Orléans, qui est à l’origine de la partie abritant aujourd’hui le Napoleon House. C’est aussi lui qui, en 1821, offre asile à Napoléon, alors en exile. Selon la légende, le célèbre pirate de la Big Easy, Jean Lafitte, devait se charger du transport en envoyant un navire, La Séraphine, cueillir «le petit caporal» sur son île. Ce dernier meurt avant le départ du vaisseau. Bien qu’il n’y ait jamais vécu, le 500 Chartres gardera le nom du regretté empereur. PAR MARIE-ÈVE BOURASSA ricane fraîchement préparé dans les bars de la Big Easy, même pas chez Pat : on apprête dorénavant le cocktail à l’aide d’une préparation en poudre signée O’Brien. Ne vous reste plus qu’à ajouter une généreuse part de rhum à la mixture rouge : un genre de «Pimp my Kool-Aid». Même si le cocktail servit dans un verre en forme de lampe «hurricane» n’est plus ce qu’il a déjà dû être, on ne peut aller en Nouvelle-Orléans sans se commander un «Hurricane to go» de chez Pat O’Brien’s. Il est de ces incontournables… SAZERAC BAR «Any bar can make a drink. Few make history.» Le Sazerac Coffee House, lourdement affecté par 1. la prohibition et 2. La Deuxième Guerre mondiale, se voit dans l’obligation de fermer ses portes en 1949. La Nouvelle-Orléans perd le porte-étendard d’une des ses fiertés nationales. Heureusement, vers la fin des années 1950, le Roosevelt, devenu le Fairmont, le très chic hôtel, celui où Huey Long en personne savourait ses Ramos Gin Fizz adorés, accueille le Sazerac et lui offre la place de bar principal. Fortement ébranlé par Katrina, le Sazerac Bar a rouvert ses portes en 2009. Rénové dans le plus grand respect de l’époque et de l’histoire, on peut toujours boire les deux cocktails qui on fait non seulement sa renommée, mais celle de la ville dans laquelle ils ont été créés. Y commander un Ramos Gin Fizz, c’est un peu comme visiter le «Imperial Cabaret Saloon» et le «Stag» des frères Ramos. Y siroter un Sazerac, c’est aussi le faire assis au bar du «Sazerac Coffee House». Peut-être même, un peu, à la pharmacie d’Antoine Amédée Peychaud. PAR MARIE-ÈVE BOURASSA Si on dit de vous que vous êtes «drôle», n’allez pas croire que vous êtes amusant pour autant. En effet, quelqu’un de «drôle» est étrange et marginal, dans le mauvais sens du terme. Si vous faites une bonne blague, on dira plutôt que vous êtes «farce». chèvre, «souris chaude» pour chauve-souris, «suce-fleur» pour colibri et «barbue» pour poisson-chat, barbotte. Une «fromille» est une fourmi, une «mouche à miel», une abeille, une «moiselle», une libellule et une «cheval du diable», une mante religieuse. Vous voulez faire patienter quelqu’un ? Vous devez lui dire «Espère !» et non pas «Attend !». En effet, «attendre» signifie «entendre», si bien que lorsque l’on dit que quelqu’un qu’il «attend dur», on veut dire qu’il a la dure oreille. Pour savoir si quelqu’un est prêt, on lui demande s’il est «paré». De toutes leurs expressions riches en images, une des favorites des francophones de la Louisiane, tout de suite après «Laisser les bons temps rouler», est sans doute «Lâche pas la patate !» Quoi faire ? Par rapport que ça veut dire qu’il faut tenir bon, et quand ça a à voir avec la survie de sa culture, ça prend tout son sens ! Nos tournures de phrases et nos expressions sont peut-être différentes, mais nous partageons tout de même beaucoup de mots. Asteur (maintenant), icitte (ici), fin de semaine (weekend), mouche à feu, laveuse, sécheuse, ouvrage… Là-bas aussi, il «mouille». Parfois on a même droit à une «avalasse» (grosse pluie) ou à un coup de temps (tempête) ; ça, c’est quand les «châteaux de pluie» (nuages) se percent. Le glossaire animalier est lui aussi très imagé, empruntant souvent à l’amérindien et au créole. Entre autres, on dira «cocodril» pour alligator, «chaoui» pour raton-laveur, «carencro» pour vautour, «cabri» pour www.distillerie.tv DESIGN GRAPHIQUE : EKTOPLASME.COM LE CLASSE...HIC! C’est dan s en plein sa pharmacie d u 437 rue cœur du V sert une R concocti ieux Carré, que c oyale, en voie d on aux v e ertus dig lui-ci e deven bien autr ir prisée pour des estives es que m édicales raisons . Comfort avec son “Heron Avenue.” Alexandre Lefebvre fait appel à votre héroïsme avec son “Justice League.” Claude Bonin, quant à lui, vous invite à un voyage aigre-doux avec son “Southern Tart.” Santé! JUSTICE LEAGUE 8.50 SOUTHERN TART 8.50/17 HERON AVENUE 8.50 1 oz 0.5 0.5 oz 1.5 oz 1.5 oz 0.5 oz 0.75 oz 1 oz 0.5 oz 0.75 oz 0.75 oz 0.25 oz 0.25 oz 0.5 oz Southern Comfort Chambord liqueur de Banane jus d’ananas Quartier de citron pressé Southern Comfort Galliano purée de pêche jus d’orange grenadine maison Préparation : Agiter tous les ingrédients, verser dans un verre Old Fashioned, et garnir d’un zeste d’orange flambé. Préparation : Incorporer tous les ingrédients dans un verre Boston, agiter vigoureusement et compléter avec une liqueur douce aux arômes de citron et de lime. Garnir d’un quartier d’orange. Préparation : Assembler les ingrédients dans un verre Boston, agiter, et passer au tamis tout en versant dans un verre à Martini. Garnir d’une “plume” de citron. Southern Comfort Bourbon Calvados purée de fruit de la passion grenadine maison carte de la distillerie Les Allongés Les cocktails (choix de format : 14oz ou notre fameux POT MASON) (Type Martini) Les Short Drinks (généralement + concentrés en alcool) BITTERSWEET SYMPHONY 10,50 BACARDI MOJITO 8,50/17 ANGRY PIRATE 9,50 Bacardi Superior, menthe, lime, sirop simple, soda Captain Morgan Spiced, Sortilège, cubes orange pilés, angostura, servi sur glace concassée EDEN 9,50 BASILIC ROMANTIQUE 9,50/19 CASTRO FLAMBÉ 10,50 Bombay Sapphire, Campari, Dubonnet, Cordial d’hibiscus Bombay Sapphire, Calvados, jus de pomme, jus de citron, sirop d’orgeat, trait de cannelle Lillet, Bombay Sapphire, basilic, lime, purée de fraise, sirop simple, Martini Asti FRAGGLE ROCK 9,50 BLUE HAWAII 8,50/17 Cazadores, Chartreuse, nectar d’agave, jus de lime, concombre Bacardi Coco, Bacardi Limon, Blue Curaçao, jus de citron, sirop simple, crème, jus ananas H&H 11,50 COOLER LIME-GINGEMBRE 8,50/17 Hendrick’s, cordial d’hibiscus, concombre City Dry Gin, Triple Sec, jus de lime, sirop de gingembre, amers Regan’s, Ginger Ale POIRE ASIATIQUE 8,50 Skyy, Soho, Midori, purée de poire, jus de citron, sirop simple HURRICANE 8,50/17 Bacardi Superior, Bacardi Black, purée de fruit de la passion, jus de lime, grenadine, jus d’orange, sirop simple STRAWBERRY FIELDS 8,50 M’PEACHED 8,50/17 Jim Beam, purée de fraise, cordial de sureau, extrait de café Canadian Club, pamplemousse, purée de pêche, jus de citron, sirop simple, 7up WHITE LADY #2 8,50 MISSIONARY’S DOWNFALL 9/18 Bombay Sapphire, Lillet, Cointreau, jus de citron, sirop simple, blanc d’œuf, verre rincé à l’Absinthe Hill’s Bacardi Superior, Schnapp’s au pêche, cubes ananas, menthe, 7up, jus de lime, sirop simple WORD UP! 8,50 Bombay Sapphire, Noilly Prat, Chartreuse, purée de framboise, cordial de sureau, poivre ROCK’A’RULA 8,50/17 Bacardi 8 ans, sirop simple, cubes de lime pilés, angostura flambé CHASSE & PÊCHE 8,50 Canadian Club, Triple Sec, basilic, purée de pêche, sirop simple, jus de citron CUCUMBER RICKEY 9,50 Bombay Sapphire, jus de lime, sirop simple, amers Reagan’s concombre HERBES D’ARANDAS 9,50 Cazadores, Apfelkorn, jus de lime, sirop d’orgeat, amers Reagan’s MAI TAI 9,50 Bacardi 8 ans, Bacardi Gold, Triple Sec, sirop d’orgeat, jus de lime, servi sur glace concassée OMFG 9 Jim Beam, Cynar, cubes de pamplemousse pilés, sirop simple XEPEC KAIPIROSKA 8,50 Skyy, Xérès Fino, jus d’aloès, cubes de lime pilés, sirop simple Amarula, angostura, blanc d’œuf, Root Beer NOUS SOMMES OUVERTS YARIBA YARIBA! 9,50/19 7 JOURS Cazadores, Triple Sec, jus de lime, jus de citron, sirop simple, grenadine maison, 7up À PARTIR DE 16H! l’armoire à boissOn Hendrick’s 8/11,50 Tanqueray 7/9,50 Boulard (calvados) 8/11,50 Tanqueray 10 8/11,50 Cognac VS Global 7/9,50 Gaston de LaGrange VS 8/12,50 RHUM/SPIRITUEUX DE CANNE À SUCRE Gaston de LaGrange VSOP 11/19,50 Appleton Reserve 8/11,50 Grappa De Negri 7/9,50 Appleton V/X 7/9,50 Pisco Soldeica 7/9,50 Bacardi 8 ans 8/11,50 Raynal VSOP Brandy 6/8,50 Bacardi Big Apple 7/9,50 Rémy Martin Grand Cru VS 9/13,50 Bacardi Blanc 6/8,50 Rémy Martin VSOP 12/20,00 Bacardi Coco 7/9,50 GIN Bacardi Gold 7/9,50 Bacardi Limón 7/9,50 Beefeater 24 8/11,50 7/9,50 Broker’s 7/9,50 Bacardi Razz Cachaça Leblon 7/9,50 Bombay Sapphire 7/9,50 Cachaça Pitù 7/9,50 Citadelle 7/9,50 Captain Morgan Brun 7/9,50 CITY Dry Gin 6/8,50 Captain Morgan Spiced 7/9,50 BRANDY ** IMPORTATION PRIVÉE NOTEZ, LES DISPOS PEUVENT VARIER SELON LA SAQ Cockspur 12 9/13,50 Havanah 7 ans 8/11,50 Havanah Anejo 7/9,50 Sailor Jerry Spiced Rhum** 8/11,50 St-James agricole Ambré 8/11,50 WHISKEY ÉCOSSE Balvenie Double Wood Bowmore 12 Chivas 12 Dewar’s Glenfiddich 12 Glenfiddich 18 Glenlivet 12 Glenmorangie 10 Grant’s Jonnie Walker RED LABEL Lagavulin 16 JOURNAL DE LA DISTILLERIE Édition no.23, FéV. 2011 11/18,50 11/18,50 9/14,50 6/8,50 8/11,50 13/22,00 9/13,50 12/20,00 7/9,50 7/9,50 15/25,00 Macallan 12 12/20,00 Grey Goose Citron Grey Goose Orange TEQUILA Grey Goose Poire** Cazadores Z Reposado** 7/9,50 Ketel One Don Julio Anejo** 15/25,00 Moskovskaya Don Julio Blanco** 11/16,50 Skyy Don Julio Reposado** 13/21,00 Zubrowka Hornitos Plata** 11/16,50 WHISK(E)Y DU MONDE Hornitos Reposado** 13/21,00 Jose Cuervo Tradicional ** 8/11,50 Basil Hayden’s Tres Generaciones Anejo** 14/23,00 Blanton’s Tres Generaciones Plata** 12/20,00 Booker’s Tres Generaciones Bulleit Bourbon** Reposado** 13/21,00 Bushmills Canadian Club Premium VODKA Canadian Club 12 ans 42 Below** 7/9,50 Canadian Club 20 ans Grey Goose 9/12,50 Canadian Club 30 ans www.distillerie.tv 9/12,50 9/12,50 9/12,50 7/9,50 7/9,50 6/8,50 7/9,50 9/13,50 9/13,50 13/21,00 8/11,50 8/11,50 6/8,50 7/9,50 12/20,00 28/45,00 Canadian Club Sherry cask Crown Royal Evan William’s Gentleman Jack Jack Daniel’s Jack Single Barrel Jameson Jim Beam Jim Beam Black Label Knob Creek 9 ans Maker’s Mark** Wild Turkey Wiser’s Woodford Reserve 11/16,50 7/9,50 10/14,50 8/11,50 7/9,50 9/13,50 7/9,50 6/8,50 8/11,50 9/13,50 8/11,50 7/9,50 6/8,50 9/13,50 Photos par Danny Rock - photographienomade.com DESIGN GRAPHIQUE : EKTOPLASME.COM COCKTAILS DU MOIS. Ce mois-ci, faites-le plein de sensations agréables grâce à nos trois cocktails à base de Southern Comfort. Alexandre Genest rend hommage au barman qui créé le Southern
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