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UNICEM n°749:749 07 09 07/07/09 10:56 Page1 UNICEM magazine Le magazine de l’Union Nationale des Industries de Carrières et Matériaux de Construction La vie de l’UNICEM Accord sur la rémunération des apprentis Nos métiers Le grès joue la carte “design” Régions Aquitaine : la gestion des déchets du BTP Dossier Réaménagement des carrières Un capital de savoir-faire N° 749 á Juillet 2009 UNICEM n°749:749 07 09 07/07/09 10:56 Page2 Sommaire N° 749 á Juillet 2009 © Charte Environnement / Charles Hostallier – Roussillon Agrégats n Nos métiers n Éditorial page 8 page 4 n La vie de l’Unicem page 5 Charte Environnement : 5 nouveaux thèmes de progrès l l l Point sur la conjoncture Le grès jour la carte “design” Minéraux industriels : succès des journées européennes l n DOSSIER Réaménagement des carrières © D.R. Un capital de savoir-faire page 13 Mortiers industriels : nouveau site Internet l Redevances de fortage : l’action de l’UNICEM l n Régions Formation des conducteurs routiers l Nouvelle rencontre autour de la biodiversité page 12 © D.R. l © D.R. l l Carrières à cœur ouvert Le béton en maison individuelle Languedoc-Roussillon l Bilan environnemental Île-de-France l Le projet Roselière l Rémunération des apprentis Aquitaine la gestion des déchets du BTP page 25 l page 26 n Agenda n Vient de paraître page 7 page 9 n Carnet Haute-Normandie l 13 sites au niveau 4/4 page 27 n Répertoire page 11 page 28 UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 3 UNICEM n°749:749 07 09 07/07/09 10:56 Page4 L a vie de l’UNICEM Éditorial Charte Environnement Faire partie du paysage UNICEM Magazine Le magazine de l’Union Nationale des Industries de Carrières et Matériaux de Construction. 3, rue Alfred Roll, 75849 Paris Cedex 17 Tél. : 01 44 01 47 01 [email protected] - www.unicem.fr Directeur de la publication : Antoine Arrault Rédactrice en chef : Ginette Charron Comité de rédaction : Dominique Hoestlandt, Christian Piketty, Nathalie Ponsart, Alain Pasquier, Michel Buzot, Tama Pichet, Ginette Charron Ont participé à la rédaction de ce numéro : Christine Bonnet, Ginette Charron, Dominique Hoestlandt, Jean-Bernard Lauze, Tama Pichet, Carole Schecklé Conception et maquette : Richard Girolet Réalisation et coordination : Directives ISSN 09815406 Annonceurs de ce numéro : Cabinet Ectare Mica Minelis Parution trimestrielle Dépôt légal : à parution Publicité : RPI : “Le Millenium” 9, bd Mendès-France 77600 BUSSY-SAINT-GEORGES Tél. : 01 60 94 22 20 - Fax : 01 64 77 51 82 Réfléchir aux ruptures qu’elles introduiront dicton. Nombre d’installations indus- dans l’environnement pendant leur exploita- trielles, commerciales ou d’équipements tion n’était pas suffisant, a pensé le législateur. urbains aimeraient bien l’appliquer. Mais, sauf Il fallait encore qu’elles aient imaginé leur à développer une architecture militaire de réaménagement, fût-il terminé dans cinquante casemates, aucune installation ne sera jamais ans. parfaitement camouflée. Un atelier, un Doit-on limiter l’impact des carrières ? Certes, immeuble, un hangar, des silos à grains ne notamment sur les eaux souterraines ou la sont pas invisibles. Et quand certaines installa- circulation routière, pendant leur exploitation. tions le sont presque, personne ne les Doit-on amoindrir les ruptures qu’elles intro- remarque, naturellement. C’est donc de celles duisent dans leur environnement ? Depuis que qu’on voit qu’on parle, et parfois pas en bien. nous savons que ce sont ces ruptures qui Ne peut-on faire au moins qu’elles se fondent permettent l’accroissement de la biodiversité dans le paysage ? Bonne idée. Mais qu’est-ce observée dans les carrières et les anciennes qu’un paysage ? Ce qu’on voit au loin, lors- carrières, nous pensons moins à les amoindrir qu’on traverse la campagne ? Ce qu’on voit de qu’à les rendre utiles, notamment vis-à-vis de chez soi lorsqu’on ouvre ses volets ? Ou n’est- la trame verte. Doit-on se fondre dans le pay- ce pas plutôt ce qu’on aimerait voir ou conti- sage ? A vrai dire, on ne le peut guère : même nuer de voir, de loin ou de chez soi ? Lorsqu’à lorsqu’une carrière est presque invisible aux la fin du film de Jean Becker « Les enfants du riverains, il reste presque toujours des lieux marais » (1998), on voit une zone commerciale d’où on la verra un peu. Et surtout, comment recouvrir l’ancien marais, on sent bien qu’au- se fondre dans un imaginaire pluriel, s’il reste delà d’un site emblématique, c’est d’un passé à inexprimé ? jamais révolu qu’on veut parler. C’est pourtant à cet exercice singulier que se Mais dès lors que le paysage serait moins une livrent les carriers depuis des dizaines d’années. réalité géographique objective que la projec- En proposant de nouvelles donnes paysagères tion d’attentes inexprimées, parfois contradic- plus qu’en cherchant à disparaître aux yeux de toires, on voit toute la difficulté de vouloir s’y tous. Ces paysages sont d’abord des construits fondre : peut-on s’immerger dans l’imaginaire sociaux, rarement une donnée de nature : il collectif et pluriel des habitants d’un site ou de faut donc, pour en décider, discuter avec des ses usagers occasionnels (passants, prome- élus, des riverains, des associations. Cahin- neurs, touristes) ? caha, il s’agit de s’accorder sur des paysages et Les carrières sont une des rares activités à inté- des modes d’occupation d’après-demain… grer dès leur conception la question de leur Exercice difficile, mais possible : vous en après-carrière. Demande-t-on à l’architecte, trouverez quelques exemples dans les pages lors du permis de construire, d’imaginer le qui suivent. devenir du site lorsque son bâtiment aura été déconstruit ? Non. Mais on demande aux carrières, avant de les autoriser, d’y avoir pensé. 4 UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 Dominique Hoestlandt Président de l’UNICEM Cinq nouveaux thèmes de progrès Pour renforcer la mise en œuvre des bonnes pratiques, l’association Charte Environnement propose maintenant à ses adhérents une démarche complémentaire au référentiel de progrès environnemental. P oursuivant sa démarche de progrès, et forte des résultats obtenus depuis sa mise en place, l’association Charte Environnement des industries de carrières lance maintenant des outils de progrès complémentaires au référentiel actuel. Cinq nouvelles thématiques vont être proposées aux adhérents : concertation et territoire, transport, eau, biodiversité, énergie. L’objectif initial et prioritaire de la Charte reste inchangé : favoriser la mise en œuvre d’un socle commun de bonnes pratiques, le Référentiel de progrès environnemental, qui permet d’atteindre le niveau 4/4 du Chemin de progrès. En proposant ces nouvelles thématiques, la Charte veut encourager les sites ayant atteint le niveau 4/4 du Chemin de progrès à poursuivre leurs efforts en s’impliquant dans l’un des thèmes proposés. Quel que soit leur La gestion de l’eau en carrières : l’un des 5 thèmes de progrès proposés © Charte Environnement / Michel Mancini – Carrières Maroncelli © UNICEM/M. Labelle P our vivre heureux, vivons cachés, dit le positionnement sur le Chemin de progrès, les autres sites pourront également approfondir un thème jugé particulièrement sensible, comme la gestion de l’eau, ou travailler sur un thème peu abordé dans le RPE, comme l’énergie, le transport ou la biodiversité. Depuis sa création en 1992, la Charte définit les principes de bonnes pratiques environnementales et d’une réelle concertation. Avec le renforcement des engagements en 2004, la démarche de progrès environnemental continue à porter ses fruits, comme en témoigne la progression constante des pratiques depuis 2005. Le bilan des audits réalisés en 2008 sur les 870 sites concernés par la démarche de progrès révèle des améliorations significatives, notamment dans la gestion des poussières ou la formation du personnel. Le taux moyen de respect des 80 bonnes pratiques figurant dans le référentiel commun a augmenté de façon régulière depuis le lancement de la démarche. n â EN SAVOIR PLUS Rapport annuel 2008 de la Charte Environnement disponible auprès de Marianne du Pontavice au 01 44 01 47 31. Les entreprises engagées dans la Charte peuvent obtenir la documentation de présentation des nouveaux outils auprès de Camille Moulin au 01 44 01 47 83. Point sur la conjoncture C ompte tenu des évolutions constatées durant les premiers mois de l’année, la commission Économique de l’UNICEM a confirmé, à la mi-mai, les prévisions qu’elle avait établies en novembre dernier concernant les volumes de production pour 2009. Cette année, par rapport à 2008, elle estime la baisse de production de - 12 % pour les granulats et de - 13 % pour le béton prêt à l’emploi. n UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 5 UNICEM n°749:749 07 09 07/07/09 10:56 Page6 L a vie de l’UNICEM © Charte Environnement / Émilien Monnet – Granulats Bourgogne Auvergne AGENDA Redevances de fortage Aboutissement d’une action menée par l’UNICEM La Fédération a fait reconnaître la légitimité des pratiques comptables des exploitants de carrières en matière de redevance de fortage. S en charges constatées d’avance, et en charges de l’exercice au cours duquel sont extraits les matériaux correspondants. Une décision très importante pour l’ensemble de la Profession Cette décision du CNC, très importante pour l’ensemble de la Profession, est l’aboutissement d’un long travail mené par l’UNICEM pour faire reconnaître la légitimité de l’analyse et de la pratique comptable des entreprises en matière de redevances de fortage. Toutes les entreprises adhérentes de l’UNICEM ont en effet toujours comptabi- 6 UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 RENCONTRES INTERRÉGIONALES SUR LA BIODIVERSITÉ n Les prochaines Rencontres interrégionales sur la contribution des carrières à la biodiversité se dérouleront : n le 6 octobre 2009, à Tours, Nouveaux accords Centre Vinci (notre photo) Formation des conducteurs routiers à Bordeaux, Cité mondiale. L l’UNICEM : ’UNICEM et les cinq fédérations de salariés ont conclu, le 30 avril 2009, un accord paritaire national pour adapter la formation des conducteurs routiers aux nouvelles exigences réglementaires de la formation continue obligatoire. Cet accord concerne plus spécifiquement les conducteurs routiers relevant du secteur du béton prêt à l’emploi. Le nouveau régime de la formation des chauffeurs routiers, en compte propre et pour compte d’autrui, entrera en application le 10 septembre 2009. A l’origine de cette réforme, le décret du 11 septembre 2007 qui modifie le dispositif conventionnel de la formation professionnelle des conducteurs routiers des véhicules de plus de 3,5 tonnes. Conséquence : l’accord de branche du 30 juin 1999 jusqu’alors applicable est rendu caduc. De nouvelles règles remplacent la qualification initiale (ex FIMO - Formation initiale minimale obligatoire) et la qualification continue (ex FCOS Formation continue obligatoire de sécurité) et s’appliquent à tout salarié affecté à un poste de conducteur de véhicule de transport de marchandises, pour compte propre ou pour compte d’autrui, exercé à temps plein ou occasionnellement. Pour être applicable, cet accord doit maintenant être étendu par un arrêté ministériel. Dans l’attente de l’arrêté d’extension, il semble toutefois opportun de développer les modifications apportées. n ©Charte Environnement / Jean-Louis Chabut – La Brousse aisi par l’UNICEM, le Conseil National de la Comptabilité (CNC) a adopté officiellement, le 10 avril 2009, un avis relatif au traitement comptable des redevances de fortage versées par les exploitants de carrières aux propriétaires fonciers. Cet avis confirme que les redevances variables doivent être comptabilisées en charges au fur et à mesure de l’extraction des matériaux, en contrepartie d’un compte de tiers, à solder au moment du versement de la redevance correspondante. S’il a été démontré qu’elles sont imputables sur les extractions futures, les redevances minimales garanties sont comptabilisées lisé en charges de l’exercice les redevances de fortage qu’elles versent au fur et à mesure de l’exploitation, confortées en cela par l’avis de conformité du CNC n° 18 du 21 décembre 1983 rendu sous l’égide de l’ancien plan comptable général. A l’occasion de contrôles récents, certains services fiscaux avaient prétendu remettre en cause cette pratique comptable professionnelle, en considérant que les redevances de fortage payées par les entreprises constitueraient la contrepartie de l’acquisition d’un droit d’exploiter, et donc d’un élément incorporel de l’actif immobilisé amortissable sur la durée du contrat de fortage. L’avis du CNC corrobore donc sans ambiguïté la comptabilisation des redevances de fortage et confirme très clairement le bien-fondé des usages professionnels en la matière. n TOURS - BORDEAUX Rémunération des apprentis L ’UNICEM et les cinq fédérations de salariés ont signé un accord daté du 30 avril 2009 relatif à la rémunération des apprentis. Cet accord, qui abroge l’accord de juin 1982, est entré en vigueur le 1er juin 2009 et concerne tous les contrats d’apprentissage en cours. Depuis cette date, la rémunération des apprentis est calculée en fonction du SMIC uniquement. Le taux de rémunération est désormais fonction de deux critères : l’âge de l’apprenti et l’année d’exécution du contrat. n le 5 novembre 2009 Pour tous renseignements complémentaires, contactez le service Communication de [email protected]. MULHOUSE - DU 20 AU 23 OCTOBRE 2009 CONGRÈS – EXPOSITION DE LA SIM n Rendez-vous incontournable de la profession, le congrès de la SIM (Société de l’industrie minérale) proposera aux congressistes des ateliers de travail sur les thèmes suivants : le patrimoine minier en Alsace et en Lorraine, les méthodes d’extraction des gisements alluvionnaires sous eau, le broyage fin, les ressources minérales régionales et les bonnes pratiques industrielles dans l’industrie minérale. Pour la 6e année consécutive, le groupe Formation de la SIM organisera un forum jeunes pour faire découvrir le secteur des industries minérales aux jeunes collégiens et lycéens. Le programme, établi par demi-journée, comprendra deux étapes : une visite de carrière et d’installations industrielles suivie de l’accueil sur le forum lui-même. Une bourse à l’emploi et aux stages se déroulera pendant toute la durée du congrès. Avec la participation, notamment, de l’UNICEM et de son association Charte Environnement, de l’UNICEM Alsace, de CEFICEM, FORCEMAT, d’Imerys et de l’École des Mines d’Alès. En savoir plus : www.lasim.org PARIS, MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE, 26 NOVEMBRE 2009, DE 9 H À 13 H (report de la réunion initialement prévue le 30 juin 2009) LES CARRIÈRES, UNE OPPORTUNITÉ POUR LA BIODIVERSITÉ n Ce forum clôturera la campagne d’information menée depuis l’automne 2008 en régions sur la contribution des carrières à la biodiversité. Les participants de ce forum seront invités à venir débattre des propositions formulées par les industries extractives pour contribuer aux politiques publiques en matière de biodiversité. Pour tous renseignements : UNICEM – UNPG Christèle Langlois, tél. : 01 44 01 47 33 - forumbiodiversité@unicem.fr UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 7 UNICEM n°749:749 07 09 07/07/09 10:56 Page8 N os métiers Le grès joue la carte Mortiers industriels “design” www.desmortiersdesidees.com Belle pierre naturelle exploitée en Alsace, le grès des Vosges est encore trop peu souvent utilisé dans le monde du design. A ssocié à la cathédrale de Strasbourg ou à l’architecture populaire des années 50/60, le grès souffre d’une image trop traditionnellelle. Pourtant, avec leur texture rugueuse renvoyant bien la lumière et une palette de coloris allant du rouge au gris, en passant par le rose, le blanc, le jaune ou le bigarré, les grès peuvent facilement trouver leur place dans l’habitat contemporain. C’est donc tout naturellement que l’Union des producteurs de grès des Vosges s’est associée à l’initiative « Parcours du design », manifestation organisée à Strasbourg par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Strasbourg et du Bas-Rhin, avec le soutien de l’Institut français du Design. Du 4 au 14 juin, un vaste programme d’expositions, de rencontres partout dans Strasbourg, a réuni créateurs, industriels, commerçants, public, amateurs et novices… Pour l’occasion, les producteurs de grès des Vosges avaient lancé un appel à projets auprès de designers et d’étudiants des Arts Déco pour faire valoir les qualités de ce matériau dans le mobilier contemporain. Parmi la dizaine de propositions, trois projets ont été retenus : les modules articulés du designer Laurent Olhagaray (étagères, tables basses), les appuiefesses et la lampe de Jean-Baptiste Ricatte, étudiant à l’ESAD (École supérieures des arts décoratifs). Des assises cubiques ont également retenu toute l’attention des participants mais leur réalisation a été postposée pour des raisons techniques. Une entreprise a également mis à profit cette émulation d’idées pour se lancer seule dans l’aventure, en réalisant des modules en forme de U, dont l’assemblage permet de créer des supports, étagères et autres éléments utilitaires ou décoratifs. Toutes ces initiatives attestent que le grès peut être détourné de ses emplois traditionnels. En l’utilisant pour créer des assises cubiques et des modules d’étagères, le concepteur a voulu confirmer la noblesse du grès, en imaginant une évolution de son usage, alliant la beauté intrinsèque du matériau (massivité, textures, teintes) à des formes résolument simples. Pour le luminaire, tout en se jouant de la lourdeur du matériau, ce sont les qualités esthétiques de la matière – couleur, brillance – que le designer a mises en avant, la beauté du grès se révélant vraiment lorsqu’il est éclairé. Ces projets de mobilier en grès ont été exposés à la salle Mozart - rue du Miroir à Strasbourg - sous le thème « Bouillon de culture », où étaient regroupés tous les prototypes. Ils ont suscité un grand intérêt de la part des visiteurs venus nombreux durant ces 10 jours, et principalement des designers et des industriels. n L’industrie du grès des Vosges en bref ©UNICEM Alsace n Affiliée à l’UNICEM, l'Union des producteurs de grès des Vosges rassemble les professionnels exerçant une activité extractive et de façonnage du grès en Alsace. Elle regroupe actuellement 7 exploitants produisant environ 20 000 tonnes par an et employant une centaine de salariés. 8 UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 Succès pour les journées européennes D u 15 au 17 mai 2009, partout en Europe, mais aussi en Turquie, des carrières exploitant des minéraux industriels ont ouvert leurs portes au public. En France, une trentaine de sites ont accueilli des visiteurs. IMERYS, SIBELCO France, RIO TINTO Luzenac et HOLCIM ont permis à un large public – riverains, élus, scolaires – de découvrir leurs installations, mais aussi de visiter d'anciens sites réhabilités avec leur grand potentiel faunistique et floristique, d’enrichir leurs connaissances sur les applications très variées des minéraux industriels et de poursuivre le dialogue engagé, souvent depuis de nombreuses années pour une démarche en faveur du développement durable. L e SNMI – Syndicat national des mortiers industriels – vient d’ouvrir son site Internet entièrement consacré aux mortiers industriels et à leurs applications, offrant aux internautes d’en savoir plus sur toutes les solutions techniques et décoratives qu’apportent ces matériaux hautes performances… Pour la première fois, l’ensemble des acteurs de la filière dispose ainsi d’une information claire, transversale et objective sur ces matériaux variés que l’on retrouve à toutes les étapes de la construction. n VIENT DE PARAÎTRE DÉVELOPPER LE RECYCLAGE DES GRANULATS POUR CONSTRUIRE DURABLEMENT n Cette plaquette en 3 volets publiée par la commission Recyclage de l’UNPG – Union nationale des producteurs de granulats – identifie les 3 pistes de progrès (sur les chantiers routiers, sur les chantiers de déconstruction du bâtiment et dans le secteur industriel) et dresse la liste des 7 conditions à réunir pour favoriser le développement du recyclage. EN SAVOIR PLUS : Ce document est disponible auprès de l’UNPG, Lisette Cournand, au 01 44 01 47 01 ou téléchargeable sur le site Internet www.unicem.fr. GUIDE DE PRÉVENTION DES RISQUES SUR POMPE À BÉTON n Créé en 2003, le SNPB – Syndicat national du pompage du béton – vient de publier la 3e version réactualisée de son guide consacré à la Prévention des risques sur pompe à béton. Évaluer les risques est une obligation. Les éviter en les combattant à la source requiert une vigilance quotidienne qui passe d’abord par le respect des règles élémentaires de sécurité. Ce guide aidera tous les acteurs concernés à poursuivre cette démarche. www.snpb.org CONDUITE DES CAMIONS TOUPIES n Édité par le SNBPE, Syndicat national du béton prêt à l’emploi, ce dépliant de 3 pages donne les consignes à respecter en ce qui concerne la conduite des camions toupies : temps de conduite, interruption de conduite, repos et disponibilité. EN SAVOIR PLUS : www.snbpe.org / [email protected] PRODUITS DE RECYCLAGE ISSUS DU TERRASSEMENT DE BÂTIMENTS, DE VOIRIES, DE RÉSEAUX n Deuxième de la série « Les outils de la filière recyclage », ce dépliant de 3 pages précise comment sélectionner les produits issus du terrassement de bâtiments, de voiries et de réseaux. Il décrit également les différentes étapes pour un meilleur traitement et une meilleure valorisation. Réalisé par l’UNPG, l’UNED (Union nationale des exploitants du déchet) et par la FNTP (Fédération nationale des travaux publics), ce document est disponible auprès de l’UNPG, Lisette Cournand, au 01 44 01 47 01 ou téléchargeable sur le site Internet www.unicem.fr. ©D.R. ©Jean-Baptiste Ricatte Minéraux industriels UNICEM Magazine n° 745 á JUILLET 2008 9 UNICEM n°749:749 07 09 07/07/09 10:56 Page10 N os métiers CARNET NOMINATIONS EN RÉGIONS Première opération nationale Auvergne (Erratum) Contrairement à ce qui a été annoncé dans le n° 748 d’UNICEM Magazine, le nouveau président de l’UNICEM Auvergne, Dominique DURON, n’a pas été élu à cette fonction mais il a succédé à Sébastien LANGLOIS, démissionnaire. Dominique DURON assumera sa nouvelle fonction jusqu’à la prochaine assemblée générale. “Carrières à cœur ouvert”, les 25 et 26 septembre Lors de la première opération nationale Portes ouvertes dans les carrières de granulats, environ 150 sites ouvriront leurs portes simultanément les 25 et 26 septembre 2009. Bretagne L ’opération « Carrières à coeur ouvert » est organisée en premier lieu à l'intention des personnes vivant à proximité des sites. Son objectif est de leur permettre d'accéder exceptionnellement à des carrières exploitées sur leurs communes depuis parfois plusieurs décennies et habituellement fermées au public. Ces journées Portes ouvertes offrent une opportunité unique d'appréhender concrètement la réalité de la carrière et de dialoguer avec les professionnels dans une ambiance conviviale. Basées sur l'échange, les visites proposées sont surprenantes à bien des égards. Elles donnent à voir des sites souvent imposants qui produisent des volumes considérables, des engins et installations énormes, des tapis roulants parfois longs de plusieurs kilomètres... Trois messages à transmettre aux visiteurs © UNICEM l Les 2 700 carrières de granulats que compte la France jouent un rôle majeur sur le plan économique. Premier maillon de la filière du bâtiment et des travaux publics, elles produisent chaque jour un million de tonnes de sables et graviers, nécessaires à la construction des logements, hôpitaux, écoles, routes, voies ferrées... Implantées en milieu rural, les carrières participent en outre au développement économique local, par les taxes versées aux collectivités et les emplois variés et stables qu'elles offrent dans des unités à taille humaine. Les journées Portes ouvertes offrent une opportunité unique d’appréhender la réalité des carrières. 10 UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 l Leur rôle est tout aussi essentiel sur le plan environnemental puisque, dans ce domaine, les pratiques des exploitants de carrières ont évolué de manière radicale au cours des 20 dernières années. Cette « nou- Accueillis et guidés par des équipes très mobilisées et heureuses de présenter leur activité, les visiteurs découvrent les zones d’extraction avec leurs fronts de taille, les installations de traitement et les travaux de réaménagement. Ils bénéficient d'animations et ateliers pédagogiques de qualité, adaptés à tous les publics : baptême de conduite d’engins, observation des oiseaux, chasse au trésor... n velle » réalité, reconnue par bon nombre d’interlocuteurs extérieurs à la profession, mérite d’être dévoilée plus largement. En l'occurrence, pour accélérer l’évolution des pratiques sur les sites de production, les industriels ont lancé en 2005 une démarche volontaire de progrès environnemental, adaptée à leur activité. La moitié des carrières de granulats sont déjà engagées dans ce processus d’amélioration continue. l Les carrières jouent enfin un rôle inattendu et précieux : elles constituent de véritables opportunités pour la biodiversité. Des études scientifiques ont en effet révélé la richesse du patrimoine écologique des carrières, en exploitation ou réaménagées. Ces sites abritent environ la moitié des espèces d’oiseaux, reptiles, amphibiens et libellules présents sur le territoire national et sont des refuges pour de nombreuses espèces protégées. De gauche à droite : Stéphane Durand-Guyomard, Jean-Marc Dubois et David Henry Le comité régional de la Charte Bretagne, réuni le 22 avril, a réélu Jean-Marc DUBOIS à sa présidence et Stéphane DURAND-GUYOMARD au poste de trésorier. Le comité a également coopté David HENRY, dirigeant des Sociétés CARRIÈRES DU GUÉMORIN et HENRY FRÈRES, au poste de vice-président du comité. Lorraine Lors de l’Assemblée générale du 26 juin 2009, Marc BLANC a été réélu à la présidence de l’UNICEM Lorraine. Philippe TOFFOLINI, 50 ans, a été élu le 22 avril 2009 à la présidence du collège Granulats de Lorraine pour succéder à Marc BLANC, qui ne se représentait pas. Entré chez le groupe Screg en 1989, Philippe TOFFOLINI est actuellement directeur adjoint du département matériaux de Colas Est/Screg Est/ Sacer. Pays de la Loire Réunis en Assemblée générale le 12 juin 2009, les adhérents de l'UNICEM Pays de la Loire ont élu à la présidence, pour un mandat de 3 ans, Patrick LECOMTE, qui succède à Jean-Marc GOLBERG. Entré chez GSM en 1995, il y dirige, depuis 2003, le développement de la Région Ouest Pays de la Loire. Le 7 mai 2009, Bernard GUSPARO a été élu à la présidence du collège Béton Prêt à l’Emploi des Pays de la Loire. Il succède à Daniel ROBIN (VM Matériaux) qui a exercé deux mandats successifs. Bernard GUSPARO est directeur de l’agence Centre Ouest chez Lafarge Béton Ouest. Alain VAILLANT (ChasséEurovia) a été réélu le 1er avril 2009 à la présidence du collège régional Granulats-Carrières Île-de-France Le 9 juin 2009, Alain PLANTIER, 51 ans, a pris la présidence du collège Granulats d’Île-de-France. Directeur de la région CEMEX Granulats Val de Seine depuis 1994, il gère les activités de granulats de la région, se consacrant égale- ment à la logistique fluviale et aux sites portuaires. Il succède à Louis CHAVANE qui, récemment nommé à la tête de ce même collège Granulats et appelé à de nouvelles fonctions au sein de son entreprise, n’a pu poursuivre son mandat. UN NOUVEAU PRÉSIDENT POUR LE SNMI Alain DELCOURT a été élu à la présidence du Syndicat national des mortiers industriels (SNMI) lors de l’Assemblée générale du 10 juin 2009. Alain DELCOURT succède à Walter VAN DAM. Président de Desvres-Cermix (leader des carreaux de céramique) depuis 1995, directeur général de France Alpha (producteur français de carreaux de céramique) et de Wavin Canalisation, Alain DELCOURT est également vice-président de Cérame-Unie, Confédération européenne de la céramique. Béton prêt à l’emploi Le béton en maison individuelle et petit collectif D epuis des décennies, les performances techniques et les qualités innovantes du béton prêt à l’emploi sont largement reconnues, en génie civil comme dans la mise en oeuvre des ouvrages d’art. Les réticences demeurent quand il s’agit de recourir à ce matériau pour la construction de maisons individuelles alors que ses qualités d’isolation thermique, acoustique, sa réelle longévité et son faible coût d’entretien plaident en faveur de son utilisation. C’est pour faire connaître tous les atouts de ce matériau que le SNBPE1, en partenariat avec Cimbéton2, le Synad3 et le SNPB4, vient de lancer une grande campagne d’information sur « Le béton prêt à l’emploi dans la maison individuelle et le petit collectif ». Développement durable, qualité environnementale des bâtiments, confort thermique, acoustique, sécurité, innovations, facilitations de mise en œuvre et solutions constructives en maison individuelle sont les thèmes retenus pour cette grande campagne de communication qui va s’étaler sur deux ans. n (1) Syndicat national du béton prêt à l’emploi (2) Centre d’information sur le ciment et ses applications (3) Syndicat national des adjuvants pour bétons et mortiers (4) Syndicat national du pompage du béton â EN SAVOIR PLUS www.snbpe.org UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 11 UNICEM n°749:749 07 09 07/07/09 10:57 Page12 L E DOSSIER R égions ernard Chevassus-au-Louis, président du Conseil scientifique de l’Agence de l’eau Seine-Normandie, a tout d’abord pris la parole pour donner sa définition de la biodiversité, en insistant sur les services rendus à la collectivité par la nature « ordinaire ». Philippe Ducrocq, directeur régional, DREAL1 Haute-Normandie, Louis Hubert, directeur régional de l’environnement, DIREN2 Île-de-France, des personnalités du monde scientifique, des délégués des conservatoires des sites naturels, des membres de bureaux d’études se sont ensuite succédé à la tribune pour évoquer, avec des représentants de la profession, l’évolution des politiques publiques nationales en faveur de la biodiversité et les compétences Classé en réserve naturelle et arrêté de protection de biotope sur une trentaine d’hectares, le site de Dannes-Camiers et sa gestion écologique sont aujourd’hui “parrainés” par l’exploitant. 12 UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 acquises par les carriers en matière de réaménagement de sites. Parmi les sujets évoqués au cours de la matinée, on trouve notamment la trame verte et bleue et les partenariats mis en place par la profession avec les conservatoires des sites naturels de HauteNormandie et du Nord–Pas-de-Calais. Outil d’aménagement du territoire, la trame verte est constituée de grands ensembles naturels et de corridors les reliant entre eux. Complétée par la trame bleue, elle va permettre de créer une continuité territoriale. Une contribution à la trame verte En engendrant une modification ponctuelle du milieu, les carrières peuvent © Conservatoire des Sites naturels du Nord – Pas-de-Calais B (1) DREAL : Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (2) DIREN : Direction régionale de l’environnement UN CAPITAL DE SAVOIR-FAIRE Depuis la fin des années 70, les exploitants de carrières ont acquis un réel savoir-faire en matière de réaménagement de sites. Tandis que les connaissances et les techniques ne cessaient de progresser, une attention particulière était portée à la participation de toutes les parties prenantes dans la définition du projet, puis dans la gestion du site réaménagé. Aujourd’hui, les exemples de réaménagements exemplaires foisonnent. Pour la plus grande satisfaction des élus, des associations et des riverains. Autant de réussites sur lesquelles la profession s’est peut-être montrée trop modeste. S ur tous les sites d’extraction, l’obligation réglementaire qui s’impose aux carriers est la remise en état des lieux, plus précisément la sécurisation et l’insertion paysagère de telle sorte que le site ne détone pas par rapport à son environnement. Il reste, et les carriers le savent mieux que © D.R. J. B. Clavel Rennes, Pont-à-Mousson, Avignon, Dijon, les réunions se poursuivent en régions sur le thème de la contribution des carrières à la biodiversité. Le 12 mai 2009, à Rouen, les exploitants de carrières des régions Normandie, Île-de-France, Picardie et Nord – Pas-de-Calais ont à leur tour convié tous leurs interlocuteurs intéressés par ce thème pour un point sur les avancées scientifiques, techniques et politiques dans ce domaine. Le réaménagement des carrières n LES TROIS DATES CLÉS DE LA RÉGLEMENTATION © Concours Photos Charte Environnement / Dominique Olive – FCH Sablières Capoulade Nouvelle rencontre autour de la biodiversité contribuer à la trame verte. Pour Vincent Graffin, conseiller Développement durable au Muséum national d’histoire naturelle, « Les nouveaux milieux générés par les carrières possèdent des caractéristiques souvent plus intéressantes que celles du milieu initial. Les inventaires écologiques réalisés par des scientifiques, à la demande de l’UNICEM, démontrent la richesse biologique des espaces en exploitation ou réaménagés. La France accueille 3 000 carrières, soit une moyenne de 30 par département. » Et Vincent Graffin de souligner : « Cette densité de sites doit être considérée comme un atout important dans la création de la trame verte. Les carrières peuvent en effet participer à la mise en place d’une connectivité entre les sites d’intérêt écologique, en contribuant au maillage du territoire avec des corridors écologiques. » Partenaires essentiels dans la connaissance, la protection et la gestion du patrimoine naturel, les conservatoires des sites collaborent avec les carriers pour préserver et valoriser l’environnement. La carrière de Dannes, dans le Pas-deCalais, en est un bel exemple. Dans le cadre d’un projet d’extension, le groupe Holcim s’est engagé à mettre en œuvre des mesures de protection réglementaire des coteaux calcaires. Avec la contribution scientifique et technique du conservatoire des sites naturels du Nord et du Pas-de-Calais, l’exploitant a permis la protection des pelouses calcicoles, en classant le coteau de Dannes-Camiers en réserve naturelle. Afin de maintenir et favoriser ces milieux, l’exploitant a en outre confié la gestion de cette réserve naturelle au conservatoire des sites sous la forme d’un bail emphytéotique de 30 ans. Une dynamique qui aboutit aujourd’hui à une forme originale de mécénat puisque le site de Dannes « parraine » la réserve naturelle des coteaux de Dannes-Camiers et participe financièrement à des actions de protection des coteaux calcaires du Nord–Pas-deCalais. n 1972 l L’obligation de remise en état des sites s’impose aux carriers. Les centres d’enfouissement techniques constituent la seule autre activité concernée. quiconque, qu’un réaménagement bien mené, c’est-à-dire l’aboutissement d’un projet qui va bien au-delà de la simple remise en état, est porteur d’enjeux déterminants. Dans un premier temps, la qualité du projet de réaménagement et son adéquation avec les attentes locales conditionnent largement l’autorisation d’ouverture de carrière. Puis, pendant toute la durée de l’exploitation et jusqu’à son terme, les travaux de réaménagement contribuent à transformer le regard porté sur la carrière par les élus, les associations et les riverains. Cette nouvelle image s’impose définitivement avec le passage de relais au gestionnaire du site. (Suite page 14) 1979 l Afin de favoriser l’intégration paysagère de la carrière, le réaménagement doit être effectué de manière coordonnée à l’exploitation. 1994 l Dans le but d’éviter les abandons de carrières sans remise en état préalable, tout exploitant doit constituer des garanties financières, sous la forme d’une caution bancaire, destinées à couvrir le coût des travaux de remise en état en cas de défaillance. UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 13 UNICEM n°749:749 07 09 07/07/09 10:57 Page14 L E DOSSIER Les réaménagements écologiques ont un coût important. Les quatre conditions d’un réaménagement adapté n Prendre en compte les caractéristiques physiques du milieu La taille du site, du gisement, ses caractéristiques géologiques et hydrogéologiques, le climat et le paysage déterminent la ou les vocations possibles de l’aprèscarrière. n Respecter les souhaits du propriétaire Le choix du type de réaménagement, à condition qu’il soit réalisable, lui revient. n Intégrer les attentes des acteurs locaux L’exploitant organise et pilote la concertation qui rassemble les élus, les associations, les riverains ainsi que l’administration. L’objectif consiste à intégrer les attentes de chacun tout en garantissant la cohérence du projet avec les politiques locales de développement et d’aménagement du territoire. n Assurer la faisabilité financière des travaux La capacité de l’entreprise à supporter le coût du réaménagement détermine l’ouverture de la carrière. Ces quatre points font l’objet d’une évaluation dans l’étude d’impact. 14 UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 L’aspect paysager prend une importance grandissante dans les réaménagements. L’enjeu consiste à reconstituer un paysage en fonction des caractéristiques géologiques du site. Précisions avec Éric CARENCO, président du collège Granulats RhôneAlpes et membre de la commission Environnement de l’UEPG (Union européenne des producteurs de granulats). Dessiner le futur L'aspect paysager va prendre une place déterminante dans les études d'impact Aujourd’hui, le réaménagement fait-il partie intégrante de la vie d’une carrière ? Éric Carenco : Absolument, y compris dans les carrières de roches massives où l’exercice est plus complexe. Le principe consiste à réaménager au fur et à mesure les surfaces qui ont été exploitées en réservant, par endroits, des zones avec des fonctionnalités spécifiques. Cela suppose d’effectuer un travail sur la topographie lié à la géologie et de disposer d’un projet global de réaménagement dès le début de l’exploitation. Il revient à l’exploitant de proposer ce projet et d’être prêt à jouer le jeu de la concertation pendant plusieurs mois, voire un ou deux ans, pour aboutir à un projet partagé. Aujourd’hui, le sujet concerne surtout les carrières en extension où la qualité du réaménagement déjà mené conditionne directement la poursuite de l’exploitation. préalables de modification des zones de carrière dans les documents d’urbanisme (POS1 ou PLU2) et pour la crédibilité des projets à venir. © Charte Environnement / Thomas Tridillac – Lazard Aigues Vives modestes. Nous avons souvent communiqué sur cette diversité d’engagements et de résultats, mais pas assez sur les difficultés techniques de réalisation des travaux et sur leur coût. » Lorsqu’ils réalisent un réaménagement écologique, cas de plus en plus fréquent, les carriers dépensent en effet plusieurs dizaines de milliers d’euros par hectare, un montant qui s’explique par le coût des bureaux d’étude, du génie écologique, des terrassements. Dans chaque réaménagement, l’entreprise fait en effet beaucoup plus que la simple remise en état en apportant du savoir-faire et des bonnes pratiques, non seulement sur le plan technique mais aussi sur le plan méthodologique. « Engagée dans cette dynamique depuis trente ans, la profession n’a pas bien mesuré le capital apporté par les travaux effectués en plus de ses strictes obligations réglementaires, reprend Christian Béranger. Il nous faut aujourd’hui évaluer cet écart et le faire valoir dans le cadre des réflexions en cours sur la compensation. ». n Quelle est la place de l’aspect paysager dans les réaménagements ? E. C. : L’aspect paysager va prendre une place déterminante dans les études d’impact. Les décideurs – élus et administrations – attendent de nous que nous dessinions le futur paysage et son évolution avec la plus grande expertise. En tant que géologue, notre responsabilité consiste à dessiner le paysage futur à partir des formations géologiques présentes et des composantes naturelles du paysage environnant. Nous pouvons ainsi reconstituer un nouveau paysage qui pourra mettre en valeur le patrimoine géologique local. Les professionnels de l’UNICEM RhôneAlpes travaillent actuellement avec la DIREN sur le patrimoine géologique de la région et, avec la DIREN et la DRIRE, sur la définition de la meilleure commande d’un carrier à un paysagiste. Les enjeux de ce travail sont fondamentaux pour les études Quel est l’impact d’un projet de réaménagement sur l’acceptabilité d’une carrière ? E. C. : Le projet de réaménagement a un impact décisif en termes d’acceptabilité. Au stade de la conception du projet, il est essentiel de rencontrer non seulement les élus, mais aussi les riverains et les associations locales. Plus le projet aura été expliqué et modifié en tenant compte des observations constructives, plus il sera rendu acceptable. Ensuite, il faut être en mesure de montrer que le paysage peut évoluer avec le temps. Dès lors, nous gagnons en crédibilité parce que nous nous engageons sur des réalisations très concrètes. Aujourd’hui, il serait inconcevable de présenter un projet d’exploitation sans parler du futur avec beaucoup de précision. Dans quels domaines les techniques et les savoir-faire sur le réaménagement des carrières ont-ils particulièrement progressé depuis trente ans ? E. C. : Avant tout, il faut considérer le nombre important de chantiers de réaménagement qui ont été menés en France. Leur qualité a également progressé de manière significative dans les domaines de la biodiversité, des corridors écologiques et aujourd’hui du paysage. Il faut souligner à ce sujet que l’UNPG a largement participé à la diffusion des études sur la faune, la flore et, plus généralement, sur les bonnes pratiques environnementales au regard de la biodiversité. Quant aux techniques – vues paysagères en trois dimensions et maquettes –, nous les possédons depuis vingt ans. Dessiner le paysage du futur, c’est mettre en cohérence les fondamentaux que sont l’expertise géologique, le paysage, les fonctionnalités écologiques et la vision prospective du carrier pour pérenniser l’accès à la ressource minérale. n (1) POS : Plan d’occupation des sols (2) PLU : Plan local d’urbanisme UN SPÉCIALISTE DES RÉAMÉNAGEMENTS © D.R. © Charte Environnement / Yvonnick Prodhomme – Lafarge Granulats Ouest « La profession fait aujourd’hui la promotion de la capacité des entreprises à répondre à tous leurs engagements réglementaires, aux attentes des élus, des propriétaires…, souligne Christian Béranger, président de la commission environnementale de l’UNPG. Mais nous avons sans doute été trop Réaménagement des carrières á Docteur en hydrogéologie, Éric Carenco a d’abord eu la responsabilité de l’antenne lyonnaise d’Encem avant de rejoindre de grands groupes et, en dernier lieu, le groupe Vicat où il a notamment occupé les fonctions de responsable du service foncier et environnement, puis du développement durable. Aujourd’hui directeur du développement dans une PME, Les Carrières de la Loire, il se consacre à un projet exemplaire et de grande ampleur sur le site de Bellegarde-en-Forez. Éric Carenco a commencé à travailler sur les réaménagements de carrière en 1980. Depuis cette date, il a supervisé plus de 400 dossiers. UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 15 UNICEM n°749:749 07 09 07/07/09 10:57 Page16 L E DOSSIER Réaménagement des carrières UNE GRANDE DIVERSITÉ DE RÉAMÉNAGEMENTS L’art de mettre à profit les potentialités d’un site Sur le site de Pontarcher, à Vic-sur-Aisne (Aisne), Bertrand Desmarest a réussi à rassembler toutes les compétences locales au sein d’une association chargée de la mise en valeur pédagogique des surfaces déjà exploitées. A u sein de la Sablière Desmarest, la politique de limitation des incidences liées à l’exploitation du site est une préoccupation de longue date. De même que l’engagement en faveur de l’environnement : dès 1956, les carrières Desmarest organisaient des visites et informaient le public sur l’avancement des travaux destinés à préserver la faune et la flore. « Dans le comité de suivi du site de Pontarcher, j’ai tenu à intégrer des gens réfractaires aux carrières, explique Bertrand Desmarest, gérant de la sablière, afin d’assurer au mieux la surveillance des pratiques et la prise en compte de tous les points de vue. » Une fois l’exploitation terminée sur la cinquantaine d’hectares soumis à la vigilance du comité de suivi, Bertrand Desmarest a souhaité pérenniser cette concertation qui avait si bien fonctionné pour l’appliquer au réaménagement. L’association “Site Nature Arlaines” a donc été créée pour rassembler les membres du comité de suivi et s’ouvrir à d’autres compétences. C’est ainsi qu’elle regroupe aujourd’hui l’essentiel des forces vives sur le plan local. Tous les membres de l’association ont adhéré à l’idée de Bertrand Desmarest de réaménager le site en circuit pédagogique. « Mais je suis carrier, pas pédagogue, dit-il. J’ai donc présenté ce projet au rectorat d’Amiens qui s’est montré intéressé et s’est impliqué en tant que partie prenante. » Plus précisément, le projet était axé sur l’environnement, mais pas seulement. « Nous souhaitions conserver un rapport avec la carrière », souligne Bertrand Desmarest. Une vingtaine d’ateliers pédagogiques ont été définis (voir encadré), tous animés par les associations et les acteurs les plus compétents. « Avec eux, ajoute Bertrand Desmarest, notre accord prévoit qu’ils ont une totale liberté d’accès au site et que j’attends un retour scientifique des activités qu’ils mènent sur la carrière. Je constitue ainsi une base de données qui m’est utile pour la régulation des espèces. » Cette belle réalisation a déjà un prolongement. La communauté de communes, qui travaille à la gestion d’une zone acquise il y a quelques années, a pris contact avec Bertrand Desmarest dans le but de mettre les moyens en commun. Et le tout devrait déboucher sur des emplois. n En complément des ateliers environnementaux, un atelier sur les premiers éleveurs et agriculteurs bénéficient des traces d’une maison du néolithique présente sur le site. Cet atelier est animé par l’INRAP, Institut national de recherches archéologiques préventives. À l’automne 2009, ces ateliers seront ouverts aux scolaires : á les gestes éco-citoyens - les vergers conservatoires - les oiseaux - les hérons - les végétaux - les arbres - les abeilles le gibier - la carrière - les minéraux et fossiles - les poissons - la prairie - le fourrage - l’eau et le milieu aquatique - les premiers éleveurs et agriculteurs - les aurochs - le temps. À terme, une salle de classe HQE (Haute qualité environnementale) sera installée sur le site. Frédéric DELAVIÈRE áCHARGÉ DE MISSION À L’ACTION CULTURELLE AU RECTORAT D’AMIENS “Un projet pédagogique remarquable ” « M. Desmarest a tenu à ce que l’Éducation nationale soit associée à son projet de circuit pédagogique. Il nous a demandé de le suivre et de l’adapter, ce que nous avons accepté aussitôt car la démarche est extrêmement intéressante. Avec ma collègue Myriam Cappe, nous enseignons les sciences de la vie et de la terre tout en assurant, dans le cadre de notre mission au rectorat, un soutien aux enseignants pour les aider à construire leurs projets pédagogiques. L’Éducation nationale souhaite généraliser la formation des élèves au développement durable. Le site de Pontarcher se prête particulièrement bien à cet enseignement dans la mesure où il allie les aspects écologiques et économiques du développement durable avec un étang riche en biodiversité et un site d’extraction. De plus, le site nous permet d’inscrire ces actions pédagogiques dans le contexte local, ce qui est toujours préférable car beaucoup plus concret. Sans compter que le lieu est également exemplaire à un autre titre compte tenu des multiples acteurs que M. Desmarest a réussi à fédérer, tels que la LPO1 et la fédération de chasse.» (1) LPO : Ligue pour la protection des oiseaux 16 UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 UN THÉÂTRE DE VERDURE Un lieu culturel sur le site de l’ancienne carrière À Montceaux-Ragny, en Saône-et-Loire, l’ancienne carrière, devenue décharge sauvage, a été transformée en un lieu de spectacle de 430 places. ©Holcim Granulats UN CIRCUIT PÉDAGOGIQUE L orsque la société Carrières Bourgogne Sud, filiale de Holcim Granulats, a repris la carrière de Sennecey-le-Grand (Saône-et-Loire), en 1999, la question de la réhabilitation du site voisin de Montceaux-Ragny s’est rapidement posée. « Cette ancienne carrière abandonnée depuis les années 30 était devenue une décharge d’ordures ménagères, indique Gilles Streit, responsable foncier environnement pour la région Centre Est chez Holcim Granulats. Nous ne l’avons jamais exploitée mais, dans le cadre du comité de suivi du site de Sennecey-le-Grand, la commune de Jean UNTERMAIER Montceaux-Ragny nous a demandé de supprimer ce point noir. » L’idée de l’aménager en théâtre de verdure est venue du maire, Jean Untermaier (voir ci-dessous) par ailleurs directeur de l’Institut du droit de l’environnement à l’Université Lyon III. Après évacuation des déchets, les travaux ont été réalisés dans une optique de préservation et de valorisation de la carrière originelle. Ainsi, le front de taille est devenu fond de scène et le renfort de la pente a offert une aire de 430 places assises sur la pierre nue. n á MAIRE DE MONTCEAUX-RAGNY “Un lieu d’animation ” « Avant l’arrivée d’Holcim Granulats, nous avons eu pendant longtemps des rapports conflictuels avec un carrier d’une commune voisine qui exploitait fort mal. Par la suite, la situation a bien évolué et nous sommes aujourd’hui avec Holcim Granulats dans une relation partenariale. Lorsque j’ai proposé le réaménagement de la carrière en théâtre de verdure, l’UNICEM régionale et la société des carrières de Bourgogne Sud, filiale d’Holcim, ont même vu dans ce projet une opportunité pour réaliser une opération exemplaire. Le théâtre a été inauguré le 2 septembre 2006. Il accueille pendant l’été des spectacles de théâtre et de musique selon une programmation établie par l’Association des amis du théâtre. Aujourd’hui, le rayonnement de ce site dépasse largement les limites de la commune pour attirer des spectateurs qui n’auraient jamais eu l’occasion de découvrir ce village. » UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 17 UNICEM n°749:749 07 09 07/07/09 10:57 Page18 L E DOSSIER Réaménagement des carrières UNE GRANDE DIVERSITÉ DE RÉAMÉNAGEMENTS Les carrières protègent Nîmes À Caveirac, commune limitrophe de Nîmes, le site de la Devèze a été aménagé en bassin de retenue des eaux de ruissellement. À plusieurs reprises, le dispositif a déjà fait la preuve de son efficacité. © GSM Les carrières offrent des capacités de stockage considérables à la ville de Nîmes. A u lendemain des terribles orages cévenols du 3 octobre 1988, la ville de Nîmes se réveille sous le choc. Les précipitations diluviennes ont fait d’énormes dégâts et, surtout, onze victimes. Dès lors, une réflexion s’engage sur les moyens à mettre en œuvre pour prévenir de telles catastrophes. L’idée retenue par la ville de Nîmes dans son Plan de protection contre les inondations (PPCI) consiste à éviter le ruissellement de l’eau des collines vers la ville le long des cadereaux, des ruisseaux habituellement à sec qui dévalent des garrigues du nord de la ville. Le PPCI prévoit que les eaux de crue seront retenues dans vingt et un bassins écrêteurs à réaliser par la construction de barrages. « À l’époque, nous avions l’intention de demander une autorisation d’approfondissement de la carrière, explique Bruno Maestri, responsable foncier et environnement chez GSM pour le secteur Languedoc. Notre demande a donc pris en compte la nécessité 18 UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 d’utiliser la carrière comme bassin écrêteur de crues. » La ville et GSM signent alors une convention qui prévoit, en cas de crue, la déviation d’une partie des eaux du Rianse et de deux autres cadereaux dans la carrière afin de limiter for- tement les risques d’inondation à l’aval, en particulier dans la zone d’activités de SaintCésaire où sont installées une cinquantaine d’entreprises. En novembre 2000, GSM lance les travaux de construction d’un barrage sélectif qui permettra de limiter le débit des cadereaux à 1m3/seconde, le reste s’écoulant dans la carrière. Avec la mise en place d’un système de pompage, le coût total des travaux se monte à 400 000 euros entièrement pris en charge par l’exploitant. « L’ouvrage a fait la preuve de son utilité en 2002 et en 2005, reprend Bruno Maestri, en évitant notamment des inondations importantes dans la zone d’activité. » En 2002, la carrière a recueilli 500 000 m3 d’eau de crue, soit l’équivalent du tiers des précipitations reçues sur le bassin versant. En 2005, la capacité de stockage atteignait 1 million de m3. À terme, elle passera à plus de 1,5 million de m3. « En cas de crue, l’eau est stockée pendant une durée définie par la ville, précise Bruno Maestri. En prévision de ce chômage technique, nous préparons des stocks de matériaux à proximité de l’usine. » À la fin de l’exploitation de la carrière, les terrains, propriété de GSM et de la commune de Caveirac, ainsi que les installations de pompage seront rétrocédés à la ville de Nîmes qui deviendra alors le gestionnaire du site. n Vincent ALTIER á CHEF DU SERVICE PLUVIAL DE LA VILLE DE NÎMES “Des stockages précieux” « Les carrières constituent pour la ville de Nîmes un stockage hydraulique quasi infini. Elles nous sont extrêmement précieuses au point que nous souhaiterions en compter davantage. Lorsque nous créons un bassin de rétention, le coût se situe aux alentours de 30 euros par m3 d’eau stockée. À l’inverse, lorsqu’une carrière est mise en exploitation, nous sommes sur des capacités de stockage considérables sans que cela ne coûte à la Ville ! L’intérêt est donc évident. Nous avons en projet deux carrières destinées à intercepter le ruissellement des cadereaux. Mais créer une carrière à vocation hydraulique repose sur un montage juridique complexe. Cela suppose, en effet, de donner à l’exploitation privée un caractère d’intérêt public. Ainsi, d’ici à la fin de l’année, nous lancerons un marché d’assistance à maîtrise d’ouvrage car notre méconnaissance du milieu des carrières nous impose de recourir à un bureau d’études. » UNE RÉSERVE D’EAU POTABLE L’évolution concertée d’un projet Dans les années 70, la carrière de Millery (Rhône) devait être réaménagée en base de loisirs, puis en parc de l’eau et de la nature. Ce sera finalement une réserve d’eau d’une très bonne qualité qui assurera l’approvisionnement de 100 000 habitants au sud-ouest de Lyon. O uverte dans les années 50, la carrière de Millery verra son exploitation s’achever à la fin de 2011. Son réaménagement, préparé de longue date, devait d’abord permettre de créer une base de loisirs. Dans les années 80, le projet a évolué vers un parc de l’eau et de la nature à vocation pédagogique. C’est alors que se met en place le syndicat mixte d’aménagement des carrières de la vallée du Garon qui rassemble notamment la commune, le conseil général et les syndicats des eaux. Sur la base des études réalisées par l’exploitant de la carrière, l’intérêt de la nappe se fait jour. Il est © Lafarge Granulats Sud UN BASSIN ÉCRÊTEUR DE CRUES confirmé par les syndicats des eaux et l’hydrogéologue du département. « En 2000, lorsque nous avons présenté le dossier de renouvellement, précise Dominique Evrard, directeur foncier environnement Lafarge Granulats Sud, nous avons obtenu la levée d’une déclaration d’utilité publique qui protégeait un captage de secours. En contrepartie, nous nous sommes engagés à réaliser une réserve d’eau et à restituer le plan d’eau à titre gracieux aux syndicats des eaux qui en assureront la gestion après la fermeture de la carrière. » Lafarge Granulats s’est également engagé à suivre la qualité des eaux de la nappe jusqu’en 2015, soit trois années après la remise des clés qui interviendra en décembre 2012. Un suivi mensuel est effectué grâce à huit piézomètres. Il est complété par une étude biannuelle de la potabilité des eaux. n Les études réalisées par l’exploitant de la carrière ont mis en évidence l’intérêt de la nappe. Marc CLIET á MAIRE DE MILLERY “Une richesse extraordinaire” « Grâce à des échanges constructifs et réguliers avec Lafarge Granulats, le projet de réaménagement a pu évoluer dans de bonnes conditions. Dans ce type de situation, il est important de ne pas rester prisonnier d’un projet et de pouvoir l’adapter au fur et à mesure de l’évolution des mentalités. Lorsque nous avons abandonné l’idée d’un réaménagement en espace de loisirs pour retenir le projet d’une réserve d’eau potable, les habitants de la commune ont ressenti une certaine déception. Dans le même temps, ils ont bien compris que la préservation de la nappe d’eau potable constituait une priorité. La commune n’a pas de besoins particuliers en eau potable. Cela dit, et compte tenu de la fragilité de cette ressource, nous nous plaçons dans une vision à long terme. Cette nappe constitue une richesse extraordinaire que nous nous devons de laisser en héritage à nos enfants. » UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 19 UNICEM n°749:749 07 09 07/07/09 10:57 Page20 L E DOSSIER Réaménagement des carrières RÉAMÉNAGEMENTS ET BIODIVERSITÉ UN PARC DE LOISIRS ET UN SITE D’OBSERVATION DES OISEAUX Véronique Gauduchon Le plus vaste plan d’eau de la Vienne á UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 (1) LPO : Ligue pour la protection des oiseaux. Françoise BRISSET á DIRECTRICE ADJOINTE DE LA SAGA2 “Un environnement exceptionnel” « Le parc de Saint-Cyr est la propriété d’un ensemble de communes qui ont confié à la SAGA, société d’économie mixte, l’exploitation et la promotion du site. Les élus souhaitaient en effet mettre à la disposition des habitants un lieu de détente, de sport et de loisirs dans un environnement exceptionnel par sa qualité. En 2008, le parc de loisirs a reçu près de 300 000 visiteurs. Une étude récente montre qu’il s’agit essentiellement d’une fréquentation de proximité – les visiteurs viennent d’une cinquantaine de kilomètres à la ronde – ainsi que de touristes qui font halte au camping. La cohabitation du parc de loisirs et de la LPO est excellente. Nous travaillons actuellement à un projet commun de classes découverte autour du golf et de l’environnement. » (2) SAGA : Société anonyme pour la gestion et l'animation du parc de loisirs de Saint-Cyr. « Je siège à la Commission départementale des carrières et, avec l’entreprise Ragonneau, nous avons été parmi les pionniers des réaménagements orientés vers la biodiversité. Dès la création de la gravière de Saint-Cyr, nous avons vu sur le site un intérêt pour l’avifaune et nous avons proposé un réaménagement. Celui-ci s’est concrétisé plus tard, lorsqu’une partie du lac a été libérée par des pêcheurs et une fois que nous avons pu boucler le financement. Sur 40 hectares ont été réalisés des chenaux, des hauts fonds, des bas fonds, des roselières, des prairies… Nous avons également aménagé deux cheminements et six observatoires pour les visiteurs. Avec ce projet, nous avons aussi voulu démontrer que la protection de l’environnement est compatible avec d’autres activités sur des espaces bien définis où chacun respecte l’autre. » Avec la mise en place de la trame verte et bleue, les carriers ont l’opportunité de démontrer l’utilité de leurs réaménagements, explique Christian BÉRANGER, président de la commission Environnement de l’UNPG1. © M. Labelle ©D.R. 20 d’un plan d’eau de 85 hectares où sont proposées de nombreuses activités nautiques. Au total, il s’étend sur 300 hectares et com- prend un golf, un camping, des restaurants… Au début des années 2000, après l’abandon par les pêcheurs de la partie du plan d’eau qui leur était réservée, la LPO1 a proposé un projet de réaménagement écologique. À l’issue de deux ans et demi de travaux, il vient d’ouvrir aux visiteurs. n ©D.R. L e plan d’eau de Saint-Cyr a été voulu par la ville de Poitiers qui, au début des années 80, souhaitait se doter d’un parc de loisirs. Le site, à 20 km de Poitiers et 12 km de Châtellerault, se prêtait particulièrement bien à ce projet d’autant qu’il fournissait une réserve de granulats pour la construction du Futuroscope voisin. « La mairie a alors lancé un appel d’offres, se souvient Christian Royère, secrétaire général de l’UNICEM Poitou-Charentes, auquel ont répondu un carrier indépendant, l’entreprise Ragonneau, et le groupe Lafarge qui ont ensuite extrait 10 millions de tonnes de matériaux jusqu’en 1995. » À l’issue de l’exploitation, les travaux de réaménagement du site ont été lancés. Le parc de loisirs s’organise aujourd’hui autour Une contrainte ou une opportunité pour les carriers DIRECTRICE DE LA LPO VIENNE “Des activités parfaitement compatibles” ©D.R. S’étendant sur 85 hectares, le plan d’eau de Saint-Cyr se partage entre un parc de loisirs et une zone de 40 hectares réservée à la protection et à l’observation des oiseaux. LA TRAME VERTE ET BLEUE Les contours de la trame verte et bleue2 se sont-ils précisés au cours de ces derniers mois ? Christian Béranger : Le Grenelle de l’environnement a construit le projet de trame verte et bleue sous deux formes : dans la loi Grenelle 2 et dans un guide. La loi, attendue à l’automne, n’est pas encore totalement finalisée. On sait cependant qu’elle comprendra un article mettant en place des schémas de cohérence écologique pour la création d’une trame verte et bleue. Le Grenelle a également travaillé à un guide d’élaboration de la trame sorti en mai dernier. Ce document se limite à des principes, sans donner de méthode technique ou scientifique, ce qui n’est pas suffisant pour travailler. Que peut-on attendre dans les étapes à venir ? C.B. : Je pense, pour ma part, que les naturalistes auront un rôle déterminant, sur le plan national et surtout local. À partir des cartes des ZNIEFF (zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique), des périmètres des parcs et des conservatoires, des cartographies vont faire apparaître des zones potentiellement « tramables ». La région devra assurer la mise en œuvre de ces documents et les schémas départementaux des carrières intégreront des orientations dans des formes restant à définir. Quelles seront les conséquences sur les réaménagements de carrières ? C.B : Une trame verte et bleue n’a pas de portée juridique sur un arrêté préfectoral de carrière. Pour les nouveaux projets, le préfet se montrera plus attentif au type de réaménagement proposé sans que, pour autant, il existe une obligation de répondre à la trame. Pour les carriers, la trame verte et bleue peut se présenter comme une contrainte ou une opportunité. L’enjeu consistera à faire preuve de solidarité au niveau d’une vallée ou d’un bassin d’activité pour démontrer que la somme de nos réaménagements est utile à la trame. Nous changeons d’échelle. Cela signifie que les UNICEM régionales devront définir des potentialités de réaménagement et les faire inscrire dans les schémas départementaux des carrières. n (1) Union nationale des producteurs de granulats (2) Outil d’aménagement du territoire, la trame verte et bleue vise à (re)constituer un réseau d’échanges cohérent à l’échelle du territoire national pour que les espèces animales et végétales puissent, à l’instar de l’homme, communiquer, circuler, s’alimenter, se reproduire, se reposer,... en d’autres termes assurer leur survie. UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 21 UNICEM n°749:749 07 09 07/07/09 10:57 Page22 L E DOSSIER RÉAMÉNAGEMENTS ET BIODIVERSITÉ La double vocation du site – zone de divagation de l’Adour et zone naturelle de quiétude pour la faune et la flore – a convaincu tous les participants à la concertation. L des années 90, à la suite de réserves émises par les services de l’État, ce projet fut abandonné. L’idée est alors venue de créer une zone à double usage. « La décision de réaliser un réaménagement orienté notamment vers la biodiversité s’est imposée d’elle-même au milieu des années 90, se souvient Pierre Pécout, chef de département chez Gama, alors propriétaire de 100 hectares sur 220. On parlait encore peu de biodiversité, mais cette solution répondait parfaitement aux caractéristiques du site, en particulier à la richesse de la faune et de la flore ainsi qu’à sa configuration. » Il s’agit © Franck Delétang / Écosphère / Gama e réaménagement de la carrière située sur les communes de Bordères, Cazères-surAdour et Renung (Landes) peut être considéré comme exemplaire. Conçu pour permettre la divagation de l’Adour et la préservation de la biodiversité, le site actuel donne en effet satisfaction à toutes les parties prenantes : associations, riverains, communes et départements concernés mais aussi les fédérations de chasse et de pêche. À l’origine, le site, qui a été exploité de 1985 à 1999, devait se transformer, après réaménagement, en bassin écrêteur de crues. Au début en effet d’une unité quasi rectangulaire qui permettait de créer une zone de quiétude disposant d’une réelle continuité environnementale. Dès lors, l’institution Adour, émanation des quatre départements traversés par le fleuve et propriétaire des 120 hectares restants, a pris en main la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre du projet de réaménagement. Après avoir fait réaliser un état des lieux hydraulique, faunistique et floristique, elle a organisé, avec Gama, des réunions de concertation qui ont rassemblé des associations, des riverains, des élus ainsi que les fédérations de chasse et de pêche. Entre 1995 et 2002, les travaux de réaménagement ont été réalisés par Gama en liaison avec l’institution Adour. « Le réaménagement bien mené de ce premier site nous a été utile © Charte Environnement / Olivier Melsens – Lafarge Granulats Sud Consensus autour du site de Bordères pour ouvrir le deuxième, situé à 10 km », reprend Pierre Pécout. Aux associations ainsi qu’aux fédérations de chasse et de pêche, l’exploitant a démontré son ouverture à la concertation et sa capacité à réaliser des réaménagements d’une grande qualité environnementale, très favorables à la biodiversité. Vis-à-vis des élus, il a prouvé qu’il était force de proposition dans la résolution de leurs problèmes. « À l’époque, nous débutions dans ce type de réaménagement, ajoute Pierre Pécout. Nous avons surtout écouté et appris tout en apportant notre expertise technique. Aujourd’hui, nous nous entourons toujours de spécialistes car réaménager n’est pas notre métier même si nous avons acquis une connaissance des règles à respecter lors de l’ouverture d’un site et de son exploitation. » Pierre Pécout distingue une autre évolution notable : « Les carriers ont d’abord considéré ces réaménagements comme une contrainte à laquelle ils ne pouvaient se soustraire. Aujourd’hui, l’exercice est devenu un plaisir pour bon nombre d’entre eux. Mettre en œuvre des techniques d’exploitation et de réaménagement plus respectueuses de l’environnement, plus variées et plus orientées vers la biodiversité apporte de vraies satisfactions. » n Un guide destiné aux professionnels, mais aussi aux publics externes EN PRÉPARATION Bonnes pratiques pour la biodiversité dans les carrières de roches massives Prolongement de l’étude sur les potentialités écologiques de carrières de roches massives, un guide de réaménagement devrait paraître fin 2009. Il est directement issu des pratiques du terrain. Jean CARPI á RIVERAIN “J’ai changé d’avis sur les carrières” Une faune et une flore spécifiques « L’existence d’une zone d’expansion de crues a créé des zones humides et des espaces semi-aquatiques, indique Jessica Ramière, garde-nature au Conseil général des Landes. D’où la présence d’une faune et d’une flore spécifiques. » L’inventaire mené sur l’ensemble des groupes a ainsi mis en évidence la présence d’espèces phares telles que le crapaud calamite, qui ne vit que sur les sables et les graviers, la cistude d’Europe, une tortue aquatique endémique, ou le cuivré des marais, un papillon protégé au niveau national. Le site accueille également tout le cortège des oiseaux hivernants (canards, sarcelles…) ainsi que des hérons et des aigrettes. « Le milieu est particulièrement intéressant, précise Jessica Ramière, grâce à la présence de terrasses alluviales sur lesquelles s’étendent des pelouses sèches composées d’une association de plantes très favorable à certaines espèces. » 22 UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 L'exploitant a démontré sa capacité à réaliser des réaménagements d'une grande qualité environnementale « J’ai été intégré à la concertation à l’occasion de l’enquête d’utilité publique. Par ailleurs, j’avais de bonnes relations avec le directeur de la gravière. Au cours de la concertation, j’ai pu m’exprimer et j’ai été entendu. Le résultat du réaménagement est une réussite. De plus, le site est parfaitement bien géré par l’institution Adour. À la suite de cette démonstration sur le terrain, j’ai changé d’avis sur les carrières. » C e guide est élaboré à partir des contributions des carriers, bureaux d’études et gestionnaires de site qui ont observé des résultats intéressants en matière de biodiversité. Il contient donc essentiellement des préconisations pratiques déclinées par secteurs de la carrière : fronts de taille, remblais, carreaux, bassins de décantation… « Ce guide est d’abord destiné aux professionnels, indique Patrick Lecomte, en charge du pôle Biodiversité à la commission Environnement de l’UNICEM. Sa parution précédera d’ailleurs de peu la formation sur la biodiversité organisée en 2010 par l’association « Charte Envi- ronnement des industries de carrière. » Vis-à-vis des publics externes – administrations, en particulier DIREN, et associations –, ce guide donnera à l’UNICEM une nouvelle occasion de montrer les outils dont se dote la profession pour progresser encore. Et de renforcer ainsi sa crédibilité. « De plus, souligne Patrick Lecomte, nous espérons que ce travail contribuera à lever un paradoxe. Il se trouve en effet que des espèces « apparaissent » souvent après l’ouverture d’une carrière. Or lorsque nous demandons une extension, nous rencontrons régulièrement des difficultés en raison …de la présence de ces espèces ! » n UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 23 UNICEM n°749:749 07 09 07/07/09 10:57 Page24 L E DOSSIER R égions Aquitaine Du montage du projet de réaménagement au départ de l’exploitant Comment l’exploitant mène-t-il la démarche de concertation pour aboutir à un projet partagé ? Vincent Raynaud : La démarche est menée en concertation avec, au minimum, les communes concernées. En fonction des caractéristiques du site, nous présentons des propositions de réaménagement aux communes et nous nous mettons à leur écoute. Il s’agit de déterminer comment la pièce de puzzle que nous allons modifier peut s’insérer au mieux dans l’ensemble du puzzle qui correspond au territoire de la commune. La concertation peut inclure d’autres participants : autres collectivités, association de protection de la nature, riverains, porteurs de projet… Sur la base des grandes lignes que nous proposons, chacun peut affiner le projet de réaménagement et faire valoir ses compétences. Une fois la décision arrêtée, c’est nous qui la portons. En ce qui nous concerne, nous n’avons généralement pas de préférence sur le type de réaménagement car nous sommes capables de nous adapter. Nous sommes tout autant en mesure de réaliser un lac de pêche, un lac à vocation écologique ou une base de loisirs. Au-delà de la concertation initiale, nous maintenons des contacts réguliers pour vérifier que nous sommes sur la bonne voie et que nos interlocuteurs n’ont pas changé d’avis. La démarche est-elle très différente si le site appartient à un propriétaire privé ? V.R. : Dans ce cas, l’exploitant discute directement avec le propriétaire, qui le reste au terme de l’extraction, avec une implication de la commune dont nous nous efforçons de prendre en compte les attentes en Le bon matériau au bon endroit É viter la surqualité dans les ouvrages en adoptant le principe du « bon matériau au bon endroit » : c’est au nom de l’économie de la ressource alluvionnaire et du développement de pratiques respectueuses de l’environnement qu’a été signée, le 7 avril 2009, la convention de mise en œuvre du plan départemental de gestion des déchets du BTP de Lot-et-Garonne. Parmi les signataires figurent Michel Rivière, président de l’UNICEM Aquitaine, les présidents de la FRTP1 Aquitaine, de la FFB2 et de la CAPEB3 de Lot-et-Garonne, le préfet Lionel Beffre ainsi que Pierre Camani, président du Conseil général. Rappelons que cette convention avait été demandée par l’UNICEM Aquitaine lors de l’élaboration du schéma départemental des carrières qui avait donc retenu ce principe. rapprochant les points de vue s’ils sont différents. En fait, le projet a déjà été balisé en amont dans la mesure où l’autorisation de carrière n’est pas accordée sans un avis favorable de la commune. Il reste que le propriétaire sera le maître d’ouvrage du réaménagement. La difficulté tient à ce que notre activité se situe dans le long terme. Nos autorisations portent souvent sur dix, vingt ou trente ans et il est souvent difficile pour les décideurs de se projeter aussi loin. Les exploitants confient-ils toujours à un tiers la gestion du site réaménagé ? V.R. : Notre métier consiste à exploiter des carrières. C’est le domaine dans lequel nous sommes compétents. Nous sommes très rarement gestionnaires de sites réaménagés et, le plus souvent, nous déléguons la gestion. Effectuer l’entretien écologique d’un site ou la gestion piscicole d’un lac, ce n’est pas notre vocation. D’où l’intérêt, dès le début du réaménagement, de trouver le gestionnaire pérenne et compétent qui nous succédera dans l’utilisation des terrains. n Pour promouvoir l’utilisation rationnelle des matériaux de construction et la valorisation des matériaux recyclés, les parties signataires s’engagent à appliquer et faire respecter divers modes opératoires : intégration systématique du principe du retraitement des matériaux et réduction de l’utilisation des alluvionnaires pour les travaux de remblaiement ou les couches de forme. En outre, les appels d’offres des marchés publics devront autoriser ou prévoir des variantes pour inclure les matériaux recyclés dans les ouvrages. Les projets de création de plates-formes d’accueil et de traitement des matériaux de recyclage seront encouragés pour accroître l’offre d’accueil des matériaux issus de la déconstruction et disposer de sites implantés au plus près des zones de production, limitant ainsi l’impact du transport. © UNICEM Aquitaine © Cemex Comment se construit le projet de réaménagement ? Comment se prépare la gestion du site réaménagé ? Les réponses de Vincent RAYNAUD, directeur environnement et foncier de CEMEX pour le Sud-Ouest. CONVENTION POUR LA GESTION DES DÉCHETS DU BTP Un groupe de travail, composé de représentants des signataires de cette convention, se réunira une fois par an pour faire le point sur sa mise en œuvre et formuler toutes propositions en vue d’assurer les évolutions souhaitables. n (1) FRTP : Fédération régionale des travaux publics (2) FFB : Fédération française du bâtiment (3) CAPEB : Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment Lors des premiers contacts de CEMEX avec la commune d’Izon, en Gironde, en 1991-92, celleci souhaitait un réaménagement orienté vers les loisirs, avec un lac de pêche et un plan d’eau destiné à la baignade et aux activités nautiques. Le projet ne connaît pas d’évolution jusqu’à 2008, soit deux ans avant la fin de l’autorisation d’exploitation. À cette date, l’équipe municipale fait deux constats. D’une part, la gestion d’une base de loisirs n’est pas sans risques pour des élus. La commune doit en effet surveiller la qualité de l’eau, employer un maître-nageur… Second constat : comme le souligne un conseiller municipal ornithologue, il apparaît qu’il existe un réel potentiel écologique sur ce site. Cet intérêt est confirmé par la LPO Aquitaine qui a présenté en mai dernier des propositions de réaménagement écologique. Après accord de la commune, gestionnaire final, il est décidé que l’étang de pêche, déjà réalisé, sera conservé et constituera une zone de transition. Sur le plan d’eau, les suivis de biodiversité seront assurés par la LPO qui sera le maître d’œuvre du réaménagement écologique. 24 UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 © Cemex À Izon, l’évolution d’un projet de réaménagement UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 25 UNICEM n°749:749 07 09 07/07/09 10:57 Page26 R égions CHARTE ENVIRONNEMENT Le comité régional présente son bilan environnemental © UNICEM Languedoc-Rousillon A la tribune, Bruno Maestri, président du comité régional de la Charte Environnement L a rencontre annuelle du Comité régional de la Charte Environnement des industries de carrières s’est tenue le 12 juin 2009, à la carrière des Roches Bleues de Saint Thibéry-Bessan (Hérault). Cette rencontre a été l’occasion, pour les exploitants de la région, de faire le point avec leurs partenaires sur le déploiement de la démarche de progrès environnemental proposée par la Charte. Organisée dans un souci de transparence, LES 6 SITES AYANT ATTEINT LE NIVEAU 4/4 Aude n Carrière de Montredon-des-Corbières – Domitia Granulats Gard n Sablière d’Aigues-Vives – Soc. Lazard Hérault n Carrière de la Galiberte à Béziers – Soc. Castille n Sablière de Thézan-les-Béziers – Soc. Castille n Carrière de Saint-Thibéry-Bessan – Soc. des Carrières des Roches Bleues Pyrénées-Orientales n Carrières de Baixas – Soc. des Carrières de la Madeleine La Charte en Languedoc-Roussillon, ce sont 17 entreprises signataires, soit 30 sites, dont 10 au niveau 4/4. 26 UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 au cœur même des ateliers de la carrière, cette réunion a rassemblé plus de 150 participants, parmi lesquels des professionnels des carrières, des représentants des administrations, des élus, associations, commissaires enquêteurs… Catherine Bonin-Lechenault, présidente du Comité national de la Charte, et Bruno Maestri, président du Comité régional, ont démontré, chiffres à l’appui, les progrès accomplis par les entreprises signataires, tant sur le plan national qu’au niveau régional. Six carrières de la région Languedoc-Roussillon ont été distinguées pour avoir atteint le 4e et meilleur niveau de la démarche de progrès. Chaque site lauréat a présenté les actions qu’il a engagées sur le terrain de la protection de l’environnement (valorisation optimale du gisement, modernisation des installations, maîtrise des poussières, remise en état, concertation locale, prise en compte de la biodiversité…). Plusieurs maires et représentants de l’État (DRIRE1 et DIREN2) avaient fait le déplacement pour saluer les efforts et les progrès indéniables des carriers. Les lauréats régionaux du concours photos 2008 de la Charte ont également été mis à l’honneur à l’occasion de cette réunion. Bruno Maestri et Pascal Ringot, président de l’UNICEM Languedoc-Roussillon, ont invité un maximum d’entreprises à rejoindre la démarche de progrès pour amplifier encore davantage les effets positifs de la Charte et permettre à la profession d’obtenir la juste reconnaissance de son engagement dans la préservation de la nature et du cadre de vie. n (1) DRIRE : Direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement, (2) DIREN : Direction régionale de l’environnement Île-de-France Haute-Normandie Mesurer la biodiversité en carrière grâce au projet Roselière CHARTE ENVIRONNEMENT ’Association des naturalistes de la vallée du Loing et du massif de Fontainebleau (ANVL) travaille depuis de nombreuses années avec des carriers de la Bassée pour améliorer les réaménagements écologiques des carrières alluvionnaires, les gérer et y suivre la faune et la flore. Elle vient de signer une convention de partenariat avec l’UNPG* et l’UNICEM Île-de-France visant au développement et à la mise en place de suivis scientifiques standardisés de la biodiversité en carrière. Sous l’appellation ROSELIÈRE (Réseau d’observation des sablières en eau libre à intérêt écologique et réaménagement environnemental), ce projet a pour but de mettre en place des protocoles, scientifiquement rigoureux et statistiquement fiables, afin de comparer les sites entre eux, de connaître leur évolution dans le temps et leurs interactions avec les autres milieux. Ces suivis pourront servir de base pour la création d’indicateurs de biodiversité. La convention a été signée pour une durée de quatre ans et les travaux seront financés par l’UNICEM Île-de-France et l’UNPG. A la fin de cette convention, l’ANVL s’engage à rendre le résultat des analyses, c’est-à-dire les enseignements à en tirer en termes d’indicateurs potentiels et de conseils en réaménagements. Elle s’engage également à promouvoir la méthode auprès d’autres partenaires associatifs pour augmenter le réseau de données et à faire les démarches nécessaires à la validation scientifique de la méthode. n *UNPG : Union nationale des producteurs de gra- Premier palmarès de sites au niveau 4/4 La Charte en Haute-Normandie, ce sont 10 entreprises signataires, soit 30 sites, dont 13 au niveau 4/4. L nulats LES 13 SITES AYANT ATTEINT LE NIVEAU 4/4 Eure n Acquigny ; lieu-dit : Les Diguets, © UNICEM Normandie Languedoc-Roussillon Le 10 avril dernier, à Bouafles, dans l’Eure, le comité régional de la Charte Environnement de Haute-Normandie a décerné un premier palmarès. J ean-Yves Cadieux, président de l’UNICEM Normandie, a récompensé treize sites hauts-normands pour avoir atteint le niveau 4/4 de la démarche de progrès définie par la Charte Environnement des industries de carrières. Ces actions en faveur de l’environnement, dont certaines ont été développées avec le Conservatoire des sites naturels de Haute-Normandie, prennent d’autant plus de valeur que de nombreux sites se trouvent dans un contexte environnemental sensible, au sein du parc naturel régional des Boucles de la Seine normande. Des aménagements particuliers de zones humides ont permis le retour d’es- pèces animales ou végétales rares. C’est le cas du Crapaud calamite et de l’Oedicnème criard qui ont trouvé dans les carrières réaménagées un milieu favorable à leur implantation. Certains sites ont développé le transport fluvial, évitant ainsi la circulation de milliers de camions par an sur les routes, tandis que d’autres ont réaménagé les anciennes carrières en bases de loisirs ou en parcours pédagogiques pour la découverte de la faune et la flore. « Les exploitants de carrières ont été précurseurs dans ce type de démarche, souligne Jean-Yves Cadieux, … une démarche qui s’inscrit dans la durée.» n La Noé – Lafarge Granulats Seine Nord n Authevernes ; lieu-dit : les Mureaux – Carrières & Ballastières de Normandie n Bernières-sur-Seine – Lafarge Granulats Seine Nord n Bouafles ; lieu-dit : Les Vallots – Cemex Granulats n Gaillon ; lieu-dit : Le Pot à l’Eau – Lafarge Granulats Seine Nord n Martot ; lieu-dit : Les Fiefs Mancels – Société Parisienne des Sablières n Muids ; lieu-dit : Le Gorgeon des Rues – Lafarge Granulats Seine Nord n Muids/Daubeuf-près-Vatteville – Lafarge Granulats Seine Nord n Val de Reuil ; lieu-dit : La Flamiche – Cemex Granulats Seine-Maritime n Anneville-Ambourville ; lieu-dit : Sente du Colombier – FCH – Sablières Capoulade n Berville-sur-Seine ; lieu-dit : Le Haridon et La Plaine du Manoir Brésil – Cemex Granulats n Saint-Riquier-en-Rivière Entreprise ETC n Yville-sur-Seine – Carrières & Ballastières de Normandie UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009 27