juillet 2009

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juillet 2009
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UNICEM
magazine
Le magazine de
l’Union Nationale
des Industries
de Carrières et
Matériaux de
Construction
La vie de l’UNICEM
Accord sur
la rémunération
des apprentis
Nos métiers
Le grès joue la
carte “design”
Régions
Aquitaine :
la gestion des
déchets du BTP
Dossier
Réaménagement des carrières
Un capital
de savoir-faire
N° 749 á Juillet 2009
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Sommaire N° 749 á Juillet 2009
© Charte Environnement / Charles Hostallier – Roussillon Agrégats
n Nos métiers
n Éditorial
page 8
page 4
n La vie de l’Unicem
page 5
Charte Environnement :
5 nouveaux thèmes de progrès
l
l
l
Point sur la conjoncture
Le grès jour la carte “design”
Minéraux industriels : succès
des journées européennes
l
n DOSSIER
Réaménagement
des carrières
© D.R.
Un capital
de savoir-faire
page 13
Mortiers industriels :
nouveau site Internet
l
Redevances de fortage :
l’action de l’UNICEM
l
n Régions
Formation des conducteurs
routiers
l Nouvelle
rencontre autour
de la biodiversité
page 12
© D.R.
l
© D.R.
l
l
Carrières à cœur ouvert
Le béton en maison
individuelle
Languedoc-Roussillon
l Bilan environnemental
Île-de-France
l Le projet Roselière
l
Rémunération des apprentis
Aquitaine
la gestion des déchets du BTP
page 25
l
page 26
n Agenda
n Vient de paraître
page 7
page 9
n Carnet
Haute-Normandie
l 13 sites au niveau 4/4
page 27
n Répertoire
page 11
page 28
UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009
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L a vie de l’UNICEM
Éditorial
Charte Environnement
Faire partie du paysage
UNICEM Magazine
Le magazine de l’Union Nationale des
Industries de Carrières et Matériaux
de Construction.
3, rue Alfred Roll, 75849 Paris Cedex 17
Tél. : 01 44 01 47 01
[email protected] - www.unicem.fr
Directeur de la publication :
Antoine Arrault
Rédactrice en chef : Ginette Charron
Comité de rédaction : Dominique
Hoestlandt, Christian Piketty, Nathalie
Ponsart, Alain Pasquier, Michel Buzot,
Tama Pichet, Ginette Charron
Ont participé à la rédaction de ce
numéro : Christine Bonnet, Ginette
Charron, Dominique Hoestlandt,
Jean-Bernard Lauze, Tama Pichet,
Carole Schecklé
Conception et maquette :
Richard Girolet
Réalisation et coordination : Directives
ISSN 09815406
Annonceurs de ce numéro :
Cabinet Ectare
Mica
Minelis
Parution trimestrielle
Dépôt légal : à parution
Publicité :
RPI : “Le Millenium”
9, bd Mendès-France
77600 BUSSY-SAINT-GEORGES
Tél. : 01 60 94 22 20 - Fax : 01 64 77 51 82
Réfléchir aux ruptures qu’elles introduiront
dicton. Nombre d’installations indus-
dans l’environnement pendant leur exploita-
trielles, commerciales ou d’équipements
tion n’était pas suffisant, a pensé le législateur.
urbains aimeraient bien l’appliquer. Mais, sauf
Il fallait encore qu’elles aient imaginé leur
à développer une architecture militaire de
réaménagement, fût-il terminé dans cinquante
casemates, aucune installation ne sera jamais
ans.
parfaitement camouflée. Un atelier, un
Doit-on limiter l’impact des carrières ? Certes,
immeuble, un hangar, des silos à grains ne
notamment sur les eaux souterraines ou la
sont pas invisibles. Et quand certaines installa-
circulation routière, pendant leur exploitation.
tions le sont presque, personne ne les
Doit-on amoindrir les ruptures qu’elles intro-
remarque, naturellement. C’est donc de celles
duisent dans leur environnement ? Depuis que
qu’on voit qu’on parle, et parfois pas en bien.
nous savons que ce sont ces ruptures qui
Ne peut-on faire au moins qu’elles se fondent
permettent l’accroissement de la biodiversité
dans le paysage ? Bonne idée. Mais qu’est-ce
observée dans les carrières et les anciennes
qu’un paysage ? Ce qu’on voit au loin, lors-
carrières, nous pensons moins à les amoindrir
qu’on traverse la campagne ? Ce qu’on voit de
qu’à les rendre utiles, notamment vis-à-vis de
chez soi lorsqu’on ouvre ses volets ? Ou n’est-
la trame verte. Doit-on se fondre dans le pay-
ce pas plutôt ce qu’on aimerait voir ou conti-
sage ? A vrai dire, on ne le peut guère : même
nuer de voir, de loin ou de chez soi ? Lorsqu’à
lorsqu’une carrière est presque invisible aux
la fin du film de Jean Becker « Les enfants du
riverains, il reste presque toujours des lieux
marais » (1998), on voit une zone commerciale
d’où on la verra un peu. Et surtout, comment
recouvrir l’ancien marais, on sent bien qu’au-
se fondre dans un imaginaire pluriel, s’il reste
delà d’un site emblématique, c’est d’un passé à
inexprimé ?
jamais révolu qu’on veut parler.
C’est pourtant à cet exercice singulier que se
Mais dès lors que le paysage serait moins une
livrent les carriers depuis des dizaines d’années.
réalité géographique objective que la projec-
En proposant de nouvelles donnes paysagères
tion d’attentes inexprimées, parfois contradic-
plus qu’en cherchant à disparaître aux yeux de
toires, on voit toute la difficulté de vouloir s’y
tous. Ces paysages sont d’abord des construits
fondre : peut-on s’immerger dans l’imaginaire
sociaux, rarement une donnée de nature : il
collectif et pluriel des habitants d’un site ou de
faut donc, pour en décider, discuter avec des
ses usagers occasionnels (passants, prome-
élus, des riverains, des associations. Cahin-
neurs, touristes) ?
caha, il s’agit de s’accorder sur des paysages et
Les carrières sont une des rares activités à inté-
des modes d’occupation d’après-demain…
grer dès leur conception la question de leur
Exercice difficile, mais possible : vous en
après-carrière. Demande-t-on à l’architecte,
trouverez quelques exemples dans les pages
lors du permis de construire, d’imaginer le
qui suivent.
devenir du site lorsque son bâtiment aura été
déconstruit ? Non. Mais on demande aux
carrières, avant de les autoriser, d’y avoir pensé.
4
UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009
Dominique Hoestlandt
Président de l’UNICEM
Cinq nouveaux thèmes de progrès
Pour renforcer la mise en œuvre des bonnes pratiques, l’association
Charte Environnement propose maintenant à ses adhérents une
démarche complémentaire au référentiel de progrès environnemental.
P
oursuivant sa démarche de progrès, et forte des résultats obtenus
depuis sa mise en place, l’association
Charte Environnement des industries
de carrières lance maintenant des outils
de progrès complémentaires au référentiel actuel. Cinq nouvelles thématiques vont être proposées aux adhérents : concertation et territoire, transport, eau, biodiversité, énergie.
L’objectif initial et prioritaire de la
Charte reste inchangé : favoriser la
mise en œuvre d’un socle commun de
bonnes pratiques, le Référentiel de progrès environnemental, qui permet d’atteindre le niveau 4/4 du Chemin de
progrès. En proposant ces nouvelles
thématiques, la Charte veut encourager les sites ayant atteint le niveau 4/4
du Chemin de progrès à poursuivre
leurs efforts en s’impliquant dans l’un
des thèmes proposés. Quel que soit leur
La gestion de l’eau en carrières :
l’un des 5 thèmes de progrès proposés
© Charte Environnement / Michel Mancini – Carrières Maroncelli
© UNICEM/M. Labelle
P
our vivre heureux, vivons cachés, dit le
positionnement sur le Chemin de progrès, les autres sites pourront également approfondir un thème jugé particulièrement sensible, comme la gestion
de l’eau, ou travailler sur un thème peu
abordé dans le RPE, comme l’énergie,
le transport ou la biodiversité.
Depuis sa création en 1992, la Charte
définit les principes de bonnes pratiques environnementales et d’une
réelle concertation. Avec le renforcement des engagements en 2004, la
démarche de progrès environnemental continue à porter ses fruits, comme
en témoigne la progression constante
des pratiques depuis 2005. Le bilan
des audits réalisés en 2008 sur les 870
sites concernés par la démarche de
progrès révèle des améliorations significatives, notamment dans la gestion
des poussières ou la formation du personnel. Le taux moyen de respect des
80 bonnes pratiques figurant dans le
référentiel commun a augmenté de
façon régulière depuis le lancement
de la démarche. n
â
EN SAVOIR PLUS
Rapport annuel 2008 de la Charte
Environnement disponible auprès de
Marianne du Pontavice au 01 44 01 47 31.
Les entreprises engagées dans la Charte
peuvent obtenir la documentation de
présentation des nouveaux outils auprès
de Camille Moulin au 01 44 01 47 83.
Point sur la conjoncture
C
ompte tenu des évolutions constatées durant les premiers mois de l’année, la commission Économique de l’UNICEM a confirmé, à la mi-mai, les prévisions qu’elle avait établies en novembre dernier concernant les volumes de production pour 2009. Cette année, par
rapport à 2008, elle estime la baisse de production de - 12 % pour les granulats et de - 13 %
pour le béton prêt à l’emploi. n
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L a vie de l’UNICEM
© Charte Environnement / Émilien
Monnet – Granulats Bourgogne Auvergne
AGENDA
Redevances de fortage
Aboutissement d’une action menée
par l’UNICEM
La Fédération a fait reconnaître la légitimité des pratiques
comptables des exploitants de carrières en matière de
redevance de fortage.
S
en charges constatées d’avance, et en
charges de l’exercice au cours duquel sont
extraits les matériaux correspondants.
Une décision très importante
pour l’ensemble de la
Profession
Cette décision du CNC, très importante
pour l’ensemble de la Profession, est
l’aboutissement d’un long travail mené
par l’UNICEM pour faire reconnaître la
légitimité de l’analyse et de la pratique
comptable des entreprises en matière de
redevances de fortage.
Toutes les entreprises adhérentes de
l’UNICEM ont en effet toujours comptabi-
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UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009
RENCONTRES INTERRÉGIONALES
SUR LA BIODIVERSITÉ
n Les prochaines Rencontres interrégionales sur la contribution des
carrières à la biodiversité se dérouleront :
n le 6 octobre 2009, à Tours,
Nouveaux accords
Centre Vinci (notre photo)
Formation des
conducteurs routiers
à Bordeaux, Cité mondiale.
L
l’UNICEM :
’UNICEM et les cinq fédérations de salariés ont conclu,
le 30 avril 2009, un accord paritaire national pour adapter la formation des conducteurs routiers aux nouvelles exigences réglementaires de la formation continue obligatoire.
Cet accord concerne plus spécifiquement les conducteurs
routiers relevant du secteur du béton prêt à l’emploi.
Le nouveau régime de la formation des chauffeurs routiers,
en compte propre et pour compte d’autrui, entrera en application le 10 septembre 2009. A l’origine de cette réforme, le
décret du 11 septembre 2007 qui modifie le dispositif
conventionnel de la formation professionnelle des
conducteurs routiers des véhicules de plus de 3,5 tonnes.
Conséquence : l’accord de branche du 30 juin 1999 jusqu’alors
applicable est rendu caduc. De nouvelles règles remplacent
la qualification initiale (ex FIMO - Formation initiale minimale obligatoire) et la qualification continue (ex FCOS Formation continue obligatoire de sécurité) et s’appliquent à
tout salarié affecté à un poste de conducteur de véhicule de
transport de marchandises, pour compte propre ou pour
compte d’autrui, exercé à temps plein ou occasionnellement.
Pour être applicable, cet accord doit maintenant être étendu
par un arrêté ministériel. Dans l’attente de l’arrêté d’extension, il semble toutefois opportun de développer les modifications apportées. n
©Charte Environnement / Jean-Louis Chabut – La Brousse
aisi par l’UNICEM, le Conseil
National de la Comptabilité (CNC) a
adopté officiellement, le 10 avril 2009, un
avis relatif au traitement comptable des
redevances de fortage versées par les
exploitants de carrières aux propriétaires
fonciers.
Cet avis confirme que les redevances
variables doivent être comptabilisées en
charges au fur et à mesure de l’extraction
des matériaux, en contrepartie d’un compte de tiers, à solder au moment du versement de la redevance correspondante. S’il
a été démontré qu’elles sont imputables
sur les extractions futures, les redevances
minimales garanties sont comptabilisées
lisé en charges de l’exercice les redevances de fortage qu’elles versent au fur et
à mesure de l’exploitation, confortées en
cela par l’avis de conformité du CNC n° 18
du 21 décembre 1983 rendu sous l’égide
de l’ancien plan comptable général.
A l’occasion de contrôles récents, certains services fiscaux avaient prétendu
remettre en cause cette pratique comptable professionnelle, en considérant
que les redevances de fortage payées
par les entreprises constitueraient la
contrepartie de l’acquisition d’un droit
d’exploiter, et donc d’un élément incorporel de l’actif immobilisé amortissable
sur la durée du contrat de fortage.
L’avis du CNC corrobore donc sans
ambiguïté la comptabilisation des redevances de fortage et confirme très clairement le bien-fondé des usages professionnels en la matière. n
TOURS - BORDEAUX
Rémunération
des apprentis
L
’UNICEM et les cinq fédérations de salariés ont signé un
accord daté du 30 avril 2009 relatif à la rémunération
des apprentis. Cet accord, qui abroge l’accord de juin 1982,
est entré en vigueur le 1er juin 2009 et concerne tous les
contrats d’apprentissage en cours.
Depuis cette date, la rémunération des apprentis est calculée en fonction du SMIC uniquement. Le taux de rémunération est désormais fonction de deux critères : l’âge de l’apprenti et l’année d’exécution du contrat.
n le 5 novembre 2009
Pour tous renseignements
complémentaires, contactez
le service Communication de
[email protected].
MULHOUSE - DU 20 AU 23 OCTOBRE 2009
CONGRÈS – EXPOSITION DE LA SIM
n Rendez-vous incontournable de la profession, le congrès de la SIM
(Société de l’industrie minérale) proposera aux congressistes des ateliers de
travail sur les thèmes suivants : le patrimoine minier en Alsace et en
Lorraine, les méthodes d’extraction des gisements alluvionnaires sous eau,
le broyage fin, les ressources minérales régionales et les bonnes pratiques
industrielles dans l’industrie minérale.
Pour la 6e année consécutive, le groupe Formation de la SIM organisera un
forum jeunes pour faire découvrir le secteur des industries minérales aux
jeunes collégiens et lycéens. Le programme, établi par demi-journée, comprendra deux étapes : une visite de carrière et d’installations industrielles
suivie de l’accueil sur le forum lui-même. Une bourse à l’emploi et aux
stages se déroulera pendant toute la durée du congrès.
Avec la participation, notamment, de l’UNICEM et de son association Charte
Environnement, de l’UNICEM Alsace, de CEFICEM, FORCEMAT, d’Imerys et
de l’École des Mines d’Alès.
En savoir plus : www.lasim.org
PARIS, MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE,
26 NOVEMBRE 2009, DE 9 H À 13 H
(report de la réunion initialement prévue le 30 juin 2009)
LES CARRIÈRES, UNE OPPORTUNITÉ
POUR LA BIODIVERSITÉ
n Ce forum clôturera la campagne d’information menée depuis l’automne
2008 en régions sur la contribution des carrières à la biodiversité. Les participants de ce forum seront invités à venir débattre des propositions formulées par les industries extractives pour contribuer aux politiques publiques
en matière de biodiversité.
Pour tous renseignements : UNICEM – UNPG
Christèle Langlois, tél. : 01 44 01 47 33 - forumbiodiversité@unicem.fr
UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009
7
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N os
métiers
Le grès joue la carte
Mortiers industriels
“design”
www.desmortiersdesidees.com
Belle pierre naturelle exploitée en Alsace, le grès des Vosges
est encore trop peu souvent utilisé dans le monde du design.
A
ssocié à la cathédrale de Strasbourg
ou à l’architecture populaire des
années 50/60, le grès souffre d’une image
trop traditionnellelle. Pourtant, avec leur
texture rugueuse renvoyant bien la
lumière et une palette de coloris allant
du rouge au gris, en passant par le rose,
le blanc, le jaune ou le bigarré, les grès
peuvent facilement trouver leur place
dans l’habitat contemporain.
C’est donc tout naturellement que
l’Union des producteurs de grès des
Vosges s’est associée à l’initiative « Parcours du design », manifestation organisée à Strasbourg par la Chambre de
Commerce et d’Industrie de Strasbourg
et du Bas-Rhin, avec le soutien de l’Institut français du Design. Du 4 au 14 juin,
un vaste programme d’expositions, de
rencontres partout dans Strasbourg, a
réuni créateurs, industriels, commerçants, public, amateurs et novices… Pour
l’occasion, les producteurs de grès des
Vosges avaient lancé un appel à projets
auprès de designers et d’étudiants des
Arts Déco pour faire valoir les qualités de
ce matériau dans le mobilier contemporain. Parmi la dizaine de propositions,
trois projets ont été retenus : les modules
articulés du designer Laurent Olhagaray
(étagères, tables basses), les appuiefesses et la lampe de Jean-Baptiste
Ricatte, étudiant à l’ESAD (École supérieures des arts décoratifs). Des assises
cubiques ont également retenu toute
l’attention des participants mais leur réalisation a été postposée pour des raisons
techniques. Une entreprise a également
mis à profit cette émulation d’idées pour
se lancer seule dans l’aventure, en réalisant des modules en forme de U, dont
l’assemblage permet de créer des supports, étagères et autres éléments utilitaires ou décoratifs.
Toutes ces initiatives attestent que le
grès peut être détourné de ses emplois
traditionnels. En l’utilisant pour créer
des assises cubiques et des modules
d’étagères, le concepteur a voulu confirmer la noblesse du grès, en imaginant
une évolution de son usage, alliant la
beauté intrinsèque du matériau (massivité, textures, teintes) à des formes résolument simples. Pour le luminaire, tout
en se jouant de la lourdeur du matériau,
ce sont les qualités esthétiques de la
matière – couleur, brillance – que le designer a mises en avant, la beauté du grès
se révélant vraiment lorsqu’il est éclairé.
Ces projets de mobilier en grès ont été
exposés à la salle Mozart - rue du Miroir
à Strasbourg - sous le thème « Bouillon
de culture », où étaient regroupés tous
les prototypes. Ils ont suscité un grand
intérêt de la part des visiteurs venus
nombreux durant ces 10 jours, et principalement des designers et des industriels. n
L’industrie du
grès des Vosges
en bref
©UNICEM Alsace
n Affiliée à l’UNICEM, l'Union des
producteurs de grès des Vosges
rassemble les professionnels
exerçant une activité extractive et
de façonnage du grès en Alsace.
Elle regroupe actuellement
7 exploitants produisant environ
20 000 tonnes par an et employant
une centaine de salariés.
8
UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009
Succès pour les
journées européennes
D
u 15 au 17 mai 2009, partout en Europe, mais aussi en
Turquie, des carrières exploitant des minéraux industriels ont ouvert leurs portes au public.
En France, une trentaine de sites ont accueilli des visiteurs.
IMERYS, SIBELCO France, RIO TINTO Luzenac et HOLCIM ont
permis à un large public – riverains, élus, scolaires – de
découvrir leurs installations, mais aussi de visiter d'anciens
sites réhabilités avec leur grand potentiel faunistique et floristique, d’enrichir leurs connaissances sur les applications
très variées des minéraux industriels et de poursuivre le
dialogue engagé, souvent depuis de nombreuses années pour
une démarche en faveur du développement durable.
L
e SNMI –
Syndicat national
des mortiers industriels – vient d’ouvrir
son site Internet
entièrement consacré aux mortiers
industriels et à leurs
applications, offrant
aux internautes d’en
savoir plus sur
toutes les solutions
techniques et décoratives qu’apportent ces matériaux hautes performances…
Pour la première fois, l’ensemble des acteurs de la filière dispose
ainsi d’une information claire, transversale et objective sur ces
matériaux variés que l’on retrouve à toutes les étapes de la
construction. n
VIENT DE PARAÎTRE
DÉVELOPPER LE RECYCLAGE DES
GRANULATS POUR CONSTRUIRE
DURABLEMENT
n Cette plaquette en 3 volets publiée par la
commission Recyclage de l’UNPG – Union
nationale des producteurs de granulats – identifie les 3 pistes de
progrès (sur les
chantiers routiers,
sur les chantiers
de déconstruction
du bâtiment et
dans le secteur
industriel) et dresse la liste des 7
conditions à réunir
pour favoriser le
développement du recyclage.
EN SAVOIR PLUS :
Ce document est disponible auprès de l’UNPG,
Lisette Cournand, au 01 44 01 47 01 ou téléchargeable sur le site Internet www.unicem.fr.
GUIDE DE PRÉVENTION DES
RISQUES SUR POMPE À BÉTON
n Créé en 2003, le SNPB – Syndicat national
du pompage du béton – vient de publier la 3e
version réactualisée de son guide consacré à la
Prévention des risques sur pompe à béton.
Évaluer les risques est une obligation. Les éviter en les combattant à la source requiert une
vigilance quotidienne qui passe d’abord par le
respect des règles élémentaires de sécurité.
Ce guide aidera tous les acteurs concernés à
poursuivre cette démarche. www.snpb.org
CONDUITE DES CAMIONS TOUPIES
n Édité par le SNBPE, Syndicat national du
béton prêt à l’emploi, ce dépliant de 3 pages
donne les consignes à respecter en ce qui
concerne la conduite des camions toupies :
temps de conduite, interruption de conduite,
repos et disponibilité.
EN SAVOIR PLUS :
www.snbpe.org / [email protected]
PRODUITS DE RECYCLAGE ISSUS
DU TERRASSEMENT DE BÂTIMENTS,
DE VOIRIES, DE RÉSEAUX
n Deuxième de la série « Les outils de la filière recyclage », ce dépliant de 3 pages précise
comment sélectionner les produits issus du
terrassement de bâtiments, de voiries et de
réseaux. Il décrit également les différentes
étapes pour un meilleur traitement et une
meilleure valorisation.
Réalisé par l’UNPG, l’UNED (Union nationale
des exploitants du déchet) et par la FNTP
(Fédération nationale des travaux publics), ce
document est disponible auprès de l’UNPG,
Lisette Cournand, au 01 44 01 47 01 ou téléchargeable sur le site Internet www.unicem.fr.
©D.R.
©Jean-Baptiste Ricatte
Minéraux industriels
UNICEM Magazine n° 745 á JUILLET 2008
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N os
métiers
CARNET
NOMINATIONS
EN RÉGIONS
Première opération nationale
Auvergne (Erratum)
Contrairement à ce qui a été
annoncé dans le n° 748
d’UNICEM Magazine, le nouveau président de l’UNICEM
Auvergne, Dominique DURON,
n’a pas été élu à cette fonction
mais il a succédé à Sébastien
LANGLOIS, démissionnaire.
Dominique DURON assumera
sa nouvelle fonction jusqu’à la
prochaine assemblée générale.
“Carrières à cœur ouvert”,
les 25 et 26 septembre
Lors de la première opération nationale Portes ouvertes dans les
carrières de granulats, environ 150 sites ouvriront leurs portes
simultanément les 25 et 26 septembre 2009.
Bretagne
L
’opération « Carrières à coeur
ouvert » est organisée en premier
lieu à l'intention des personnes vivant
à proximité des sites. Son objectif est
de leur permettre d'accéder exceptionnellement à des carrières exploitées sur leurs communes depuis parfois plusieurs décennies et habituellement fermées au public.
Ces journées Portes ouvertes offrent
une opportunité unique d'appréhender
concrètement la réalité de la carrière et
de dialoguer avec les professionnels
dans une ambiance conviviale.
Basées sur l'échange, les visites proposées sont surprenantes à bien des
égards. Elles donnent à voir des sites
souvent imposants qui produisent des
volumes considérables, des engins et
installations énormes, des tapis roulants parfois longs de plusieurs kilomètres...
Trois messages à transmettre aux visiteurs
© UNICEM
l Les 2 700 carrières de granulats que
compte la France jouent un rôle majeur sur le
plan économique. Premier maillon de la filière du bâtiment et des travaux publics, elles
produisent chaque jour un million de tonnes
de sables et graviers, nécessaires à la
construction des logements, hôpitaux, écoles,
routes, voies ferrées...
Implantées en milieu rural, les carrières participent en outre au développement économique local, par les taxes versées aux collectivités et les emplois variés et stables qu'elles
offrent dans des unités à taille humaine.
Les journées Portes ouvertes offrent une
opportunité unique d’appréhender la réalité des
carrières.
10
UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009
l Leur rôle est tout aussi essentiel sur le
plan environnemental puisque, dans ce
domaine, les pratiques des exploitants de
carrières ont évolué de manière radicale au
cours des 20 dernières années. Cette « nou-
Accueillis et guidés par des équipes
très mobilisées et heureuses de présenter leur activité, les visiteurs découvrent les zones d’extraction avec leurs
fronts de taille, les installations de traitement et les travaux de réaménagement. Ils bénéficient d'animations et
ateliers pédagogiques de qualité,
adaptés à tous les publics : baptême de
conduite d’engins, observation des
oiseaux, chasse au trésor... n
velle » réalité, reconnue par bon nombre d’interlocuteurs extérieurs à la profession, mérite
d’être dévoilée plus largement. En l'occurrence, pour accélérer l’évolution des pratiques
sur les sites de production, les industriels ont
lancé en 2005 une démarche volontaire de
progrès environnemental, adaptée à leur activité. La moitié des carrières de granulats sont
déjà engagées dans ce processus d’amélioration continue.
l Les carrières jouent enfin un rôle inattendu
et précieux : elles constituent de véritables
opportunités pour la biodiversité. Des études
scientifiques ont en effet révélé la richesse du
patrimoine écologique des carrières, en
exploitation ou réaménagées. Ces sites abritent environ la moitié des espèces d’oiseaux,
reptiles, amphibiens et libellules présents sur
le territoire national et sont des refuges pour
de nombreuses espèces protégées.
De gauche à droite :
Stéphane Durand-Guyomard,
Jean-Marc Dubois et David Henry
Le comité régional de la
Charte Bretagne, réuni le 22
avril, a réélu Jean-Marc
DUBOIS à sa présidence et
Stéphane DURAND-GUYOMARD
au poste de trésorier.
Le comité a également coopté
David HENRY, dirigeant des
Sociétés CARRIÈRES DU GUÉMORIN et HENRY FRÈRES, au
poste de vice-président du
comité.
Lorraine
Lors de l’Assemblée générale
du 26 juin 2009, Marc BLANC a
été réélu à la présidence de
l’UNICEM Lorraine.
Philippe
TOFFOLINI,
50 ans, a été
élu le 22 avril
2009 à la présidence du
collège Granulats de Lorraine
pour succéder à Marc BLANC,
qui ne se représentait pas.
Entré chez le groupe Screg en
1989, Philippe TOFFOLINI est
actuellement directeur adjoint
du département matériaux de
Colas Est/Screg Est/ Sacer.
Pays de la Loire
Réunis en Assemblée générale
le 12 juin 2009, les adhérents de
l'UNICEM Pays de la Loire ont
élu à la présidence, pour un
mandat de 3
ans, Patrick
LECOMTE, qui
succède à
Jean-Marc GOLBERG. Entré
chez GSM en 1995, il y dirige,
depuis 2003, le développement
de la Région Ouest Pays de la
Loire.
Le 7 mai 2009,
Bernard
GUSPARO a été
élu à la présidence du collège Béton Prêt à
l’Emploi des Pays de la Loire. Il
succède à Daniel ROBIN (VM
Matériaux) qui a exercé deux
mandats successifs. Bernard
GUSPARO est directeur de
l’agence Centre Ouest chez
Lafarge Béton Ouest.
Alain VAILLANT (ChasséEurovia) a été réélu le 1er avril
2009 à la présidence du collège
régional Granulats-Carrières
Île-de-France
Le 9 juin 2009,
Alain PLANTIER, 51 ans, a
pris la présidence du collège Granulats
d’Île-de-France. Directeur de
la région CEMEX Granulats Val
de Seine depuis 1994, il gère
les activités de granulats de la
région, se consacrant égale-
ment à la logistique fluviale et
aux sites portuaires. Il succède
à Louis CHAVANE qui, récemment nommé à la tête de ce
même collège Granulats et
appelé à de nouvelles fonctions
au sein de son entreprise, n’a
pu poursuivre son mandat.
UN NOUVEAU
PRÉSIDENT POUR
LE SNMI
Alain DELCOURT a été élu à la
présidence
du Syndicat
national des
mortiers
industriels
(SNMI) lors
de l’Assemblée générale du
10 juin 2009. Alain DELCOURT
succède à Walter VAN DAM.
Président de Desvres-Cermix
(leader des carreaux de céramique) depuis 1995, directeur
général de France Alpha (producteur français de carreaux
de céramique) et de Wavin
Canalisation, Alain DELCOURT
est également vice-président
de Cérame-Unie, Confédération européenne de la
céramique.
Béton prêt à l’emploi
Le béton en maison individuelle et petit collectif
D
epuis des décennies, les performances
techniques et les qualités innovantes du
béton prêt à l’emploi sont largement reconnues, en génie civil comme dans la mise en
oeuvre des ouvrages d’art. Les réticences
demeurent quand il s’agit de recourir à ce
matériau pour la construction de maisons
individuelles alors que ses qualités d’isolation
thermique, acoustique, sa réelle longévité et
son faible coût d’entretien plaident en faveur
de son utilisation.
C’est pour faire connaître tous les atouts de
ce matériau que le SNBPE1, en partenariat
avec Cimbéton2, le Synad3 et le SNPB4, vient
de lancer une grande campagne d’information sur « Le béton prêt à l’emploi dans la
maison individuelle et le petit collectif ».
Développement durable, qualité environnementale des bâtiments, confort thermique,
acoustique, sécurité, innovations, facilitations
de mise en œuvre et solutions constructives
en maison individuelle sont les thèmes retenus pour cette grande campagne de communication qui va s’étaler sur deux ans. n
(1) Syndicat national du béton prêt à l’emploi
(2) Centre d’information sur le ciment et ses applications
(3) Syndicat national des adjuvants pour bétons et mortiers
(4) Syndicat national du pompage du béton
â
EN SAVOIR PLUS www.snbpe.org
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L E DOSSIER
R égions
ernard Chevassus-au-Louis, président du Conseil scientifique de
l’Agence de l’eau Seine-Normandie, a
tout d’abord pris la parole pour donner sa
définition de la biodiversité, en insistant
sur les services rendus à la collectivité
par la nature « ordinaire ».
Philippe Ducrocq, directeur régional,
DREAL1 Haute-Normandie, Louis
Hubert, directeur régional de l’environnement, DIREN2 Île-de-France, des personnalités du monde scientifique, des
délégués des conservatoires des sites
naturels, des membres de bureaux
d’études se sont ensuite succédé à la tribune pour évoquer, avec des représentants de la profession, l’évolution des
politiques publiques nationales en faveur
de la biodiversité et les compétences
Classé en réserve
naturelle et arrêté de
protection de biotope
sur une trentaine
d’hectares, le site de
Dannes-Camiers et
sa gestion écologique
sont aujourd’hui
“parrainés”
par l’exploitant.
12
UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009
acquises par les carriers en matière de
réaménagement de sites.
Parmi les sujets évoqués au cours de la
matinée, on trouve notamment la trame
verte et bleue et les partenariats mis en
place par la profession avec les conservatoires des sites naturels de HauteNormandie et du Nord–Pas-de-Calais.
Outil d’aménagement du territoire, la
trame verte est constituée de grands
ensembles naturels et de corridors les
reliant entre eux. Complétée par la trame
bleue, elle va permettre de créer une
continuité territoriale.
Une contribution
à la trame verte
En engendrant une modification ponctuelle du milieu, les carrières peuvent
© Conservatoire des Sites naturels du Nord – Pas-de-Calais
B
(1) DREAL : Direction régionale de l’environnement,
de l’aménagement et du logement
(2) DIREN : Direction régionale de l’environnement
UN CAPITAL DE SAVOIR-FAIRE
Depuis la fin des années 70, les exploitants de carrières ont acquis un réel savoir-faire en
matière de réaménagement de sites. Tandis que les connaissances et les techniques ne
cessaient de progresser, une attention particulière était portée à la participation de toutes
les parties prenantes dans la définition du projet, puis dans la gestion du site réaménagé.
Aujourd’hui, les exemples de réaménagements exemplaires foisonnent. Pour la plus grande satisfaction des élus, des associations et des riverains. Autant de réussites sur lesquelles
la profession s’est peut-être montrée trop modeste.
S
ur tous les sites d’extraction, l’obligation réglementaire qui s’impose aux
carriers est la remise en état des lieux, plus
précisément la sécurisation et l’insertion
paysagère de telle sorte que le site ne détone pas par rapport à son environnement.
Il reste, et les carriers le savent mieux que
© D.R. J. B. Clavel
Rennes, Pont-à-Mousson, Avignon, Dijon, les réunions se poursuivent en
régions sur le thème de la contribution des carrières à la biodiversité. Le
12 mai 2009, à Rouen, les exploitants de carrières des régions
Normandie, Île-de-France, Picardie et Nord – Pas-de-Calais ont à leur
tour convié tous leurs interlocuteurs intéressés par ce thème pour un
point sur les avancées scientifiques, techniques et politiques dans ce
domaine.
Le réaménagement des carrières
n LES TROIS DATES CLÉS
DE LA RÉGLEMENTATION
© Concours Photos Charte Environnement / Dominique Olive – FCH Sablières Capoulade
Nouvelle rencontre autour
de la biodiversité
contribuer à la trame verte. Pour Vincent
Graffin, conseiller Développement
durable au Muséum national d’histoire
naturelle, « Les nouveaux milieux générés par les carrières possèdent des caractéristiques souvent plus intéressantes que
celles du milieu initial. Les inventaires
écologiques réalisés par des scientifiques,
à la demande de l’UNICEM, démontrent
la richesse biologique des espaces en
exploitation ou réaménagés. La France
accueille 3 000 carrières, soit une moyenne de 30 par département. » Et Vincent
Graffin de souligner : « Cette densité de
sites doit être considérée comme un atout
important dans la création de la trame
verte. Les carrières peuvent en effet participer à la mise en place d’une connectivité entre les sites d’intérêt écologique, en
contribuant au maillage du territoire avec
des corridors écologiques. »
Partenaires essentiels dans la connaissance, la protection et la gestion du patrimoine naturel, les conservatoires des
sites collaborent avec les carriers pour
préserver et valoriser l’environnement.
La carrière de Dannes, dans le Pas-deCalais, en est un bel exemple. Dans le
cadre d’un projet d’extension, le groupe
Holcim s’est engagé à mettre en œuvre
des mesures de protection réglementaire
des coteaux calcaires. Avec la contribution scientifique et technique du conservatoire des sites naturels du Nord et du
Pas-de-Calais, l’exploitant a permis la
protection des pelouses calcicoles, en
classant le coteau de Dannes-Camiers en
réserve naturelle. Afin de maintenir et
favoriser ces milieux, l’exploitant a en
outre confié la gestion de cette réserve
naturelle au conservatoire des sites sous
la forme d’un bail emphytéotique de 30
ans. Une dynamique qui aboutit aujourd’hui à une forme originale de mécénat
puisque le site de Dannes « parraine » la
réserve naturelle des coteaux de
Dannes-Camiers et participe financièrement à des actions de protection des
coteaux calcaires du Nord–Pas-deCalais. n
1972 l L’obligation de remise en état des
sites s’impose aux carriers.
Les centres d’enfouissement techniques
constituent la seule autre activité concernée.
quiconque, qu’un réaménagement bien
mené, c’est-à-dire l’aboutissement d’un
projet qui va bien au-delà de la simple
remise en état, est porteur d’enjeux déterminants. Dans un premier temps, la qualité du projet de réaménagement et son
adéquation avec les attentes locales conditionnent largement l’autorisation d’ouverture de carrière. Puis, pendant toute la
durée de l’exploitation et jusqu’à son terme,
les travaux de réaménagement contribuent
à transformer le regard porté sur la carrière par les élus, les associations et les riverains. Cette nouvelle image s’impose
définitivement avec le passage de relais au
gestionnaire du site.
(Suite page 14)
1979 l Afin de favoriser l’intégration paysagère de la carrière, le réaménagement doit
être effectué de manière coordonnée à l’exploitation.
1994 l Dans le but d’éviter les abandons de
carrières sans remise en état préalable, tout
exploitant doit constituer des garanties financières, sous la forme d’une caution bancaire,
destinées à couvrir le coût des travaux de
remise en état en cas de défaillance.
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L E DOSSIER
Les réaménagements écologiques
ont un coût important.
Les quatre conditions d’un
réaménagement adapté
n Prendre en compte les caractéristiques physiques du milieu
La taille du site, du gisement, ses caractéristiques géologiques et hydrogéologiques, le climat et le paysage déterminent la ou les vocations possibles de l’aprèscarrière.
n Respecter les souhaits du propriétaire
Le choix du type de réaménagement, à condition qu’il soit réalisable, lui revient.
n Intégrer les attentes des acteurs locaux
L’exploitant organise et pilote la concertation qui rassemble les élus, les associations, les riverains ainsi que l’administration. L’objectif consiste à intégrer les
attentes de chacun tout en garantissant la cohérence du projet avec les politiques
locales de développement et d’aménagement du territoire.
n Assurer la faisabilité financière des travaux
La capacité de l’entreprise à supporter le coût du réaménagement détermine
l’ouverture de la carrière.
Ces quatre points font l’objet d’une évaluation dans l’étude d’impact.
14
UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009
L’aspect paysager prend une importance grandissante dans les
réaménagements. L’enjeu consiste à reconstituer un paysage
en fonction des caractéristiques géologiques du site. Précisions
avec Éric CARENCO, président du collège Granulats RhôneAlpes et membre de la commission Environnement de l’UEPG
(Union européenne des producteurs de granulats).
Dessiner le futur
L'aspect paysager va prendre une place
déterminante dans les études d'impact
Aujourd’hui, le réaménagement fait-il
partie intégrante de la vie d’une carrière ?
Éric Carenco : Absolument, y compris
dans les carrières de roches massives où
l’exercice est plus complexe. Le principe
consiste à réaménager au fur et à mesure
les surfaces qui ont été exploitées en
réservant, par endroits, des zones avec
des fonctionnalités spécifiques. Cela suppose d’effectuer un travail sur la topographie lié à la géologie et de disposer d’un
projet global de réaménagement dès le
début de l’exploitation.
Il revient à l’exploitant de proposer ce
projet et d’être prêt à jouer le jeu de la
concertation pendant plusieurs mois,
voire un ou deux ans, pour aboutir à un
projet partagé. Aujourd’hui, le sujet
concerne surtout les carrières en extension où la qualité du réaménagement
déjà mené conditionne directement la
poursuite de l’exploitation.
préalables de modification des zones de
carrière dans les documents d’urbanisme
(POS1 ou PLU2) et pour la crédibilité des
projets à venir.
© Charte Environnement / Thomas Tridillac – Lazard Aigues Vives
modestes. Nous avons souvent communiqué sur cette diversité d’engagements et de
résultats, mais pas assez sur les difficultés
techniques de réalisation des travaux et sur
leur coût. » Lorsqu’ils réalisent un réaménagement écologique, cas de plus en plus
fréquent, les carriers dépensent en effet plusieurs dizaines de milliers d’euros par hectare, un montant qui s’explique par le coût
des bureaux d’étude, du génie écologique,
des terrassements.
Dans chaque réaménagement, l’entreprise
fait en effet beaucoup plus que la simple
remise en état en apportant du savoir-faire
et des bonnes pratiques, non seulement sur
le plan technique mais aussi sur le plan
méthodologique. « Engagée dans cette
dynamique depuis trente ans, la profession
n’a pas bien mesuré le capital apporté par
les travaux effectués en plus de ses strictes
obligations réglementaires, reprend Christian Béranger. Il nous faut aujourd’hui évaluer cet écart et le faire valoir dans le cadre
des réflexions en cours sur la compensation. ». n
Quelle est la place de l’aspect paysager
dans les réaménagements ?
E. C. : L’aspect paysager va prendre une
place déterminante dans les études d’impact. Les décideurs – élus et administrations
– attendent de nous que nous dessinions le
futur paysage et son évolution avec la plus
grande expertise.
En tant que géologue, notre responsabilité
consiste à dessiner le paysage futur à partir
des formations géologiques présentes et des
composantes naturelles du paysage environnant. Nous pouvons ainsi reconstituer un
nouveau paysage qui pourra mettre en
valeur le patrimoine géologique local.
Les professionnels de l’UNICEM RhôneAlpes travaillent actuellement avec la
DIREN sur le patrimoine géologique de la
région et, avec la DIREN et la DRIRE, sur la
définition de la meilleure commande d’un
carrier à un paysagiste. Les enjeux de ce
travail sont fondamentaux pour les études
Quel est l’impact d’un projet de réaménagement sur l’acceptabilité d’une carrière ?
E. C. : Le projet de réaménagement a un
impact décisif en termes d’acceptabilité.
Au stade de la conception du projet, il est
essentiel de rencontrer non seulement les
élus, mais aussi les riverains et les associations locales. Plus le projet aura été expliqué et modifié en tenant compte des
observations constructives, plus il sera
rendu acceptable. Ensuite, il faut être en
mesure de montrer que le paysage peut
évoluer avec le temps. Dès lors, nous
gagnons en crédibilité parce que nous nous
engageons sur des réalisations très
concrètes. Aujourd’hui, il serait inconcevable de présenter un projet d’exploitation
sans parler du futur avec beaucoup de précision.
Dans quels domaines les techniques et les
savoir-faire sur le réaménagement des carrières ont-ils particulièrement progressé
depuis trente ans ?
E. C. : Avant tout, il faut considérer le
nombre important de chantiers de réaménagement qui ont été menés en France. Leur
qualité a également progressé de manière
significative dans les domaines de la biodiversité, des corridors écologiques et aujourd’hui du paysage. Il faut souligner à ce sujet
que l’UNPG a largement participé à la diffusion des études sur la faune, la flore et, plus
généralement, sur les bonnes pratiques
environnementales au regard de la biodiversité. Quant aux techniques – vues paysagères en trois dimensions et maquettes –,
nous les possédons depuis vingt ans.
Dessiner le paysage du futur, c’est mettre en
cohérence les fondamentaux que sont l’expertise géologique, le paysage, les fonctionnalités écologiques et la vision prospective
du carrier pour pérenniser l’accès à la ressource minérale. n
(1) POS : Plan d’occupation des sols
(2) PLU : Plan local d’urbanisme
UN SPÉCIALISTE DES RÉAMÉNAGEMENTS
© D.R.
© Charte Environnement / Yvonnick Prodhomme – Lafarge Granulats Ouest
« La profession fait aujourd’hui la promotion de
la capacité des entreprises à répondre à tous
leurs engagements réglementaires, aux
attentes des élus, des propriétaires…, souligne Christian Béranger, président de la
commission environnementale de l’UNPG.
Mais nous avons sans doute été trop
Réaménagement des carrières
á Docteur en hydrogéologie, Éric Carenco a d’abord eu la
responsabilité de l’antenne lyonnaise d’Encem avant de
rejoindre de grands groupes et, en dernier lieu, le groupe Vicat
où il a notamment occupé les fonctions de responsable du service foncier et environnement, puis du développement durable.
Aujourd’hui directeur du développement dans une PME, Les
Carrières de la Loire, il se consacre à un projet exemplaire et de
grande ampleur sur le site de Bellegarde-en-Forez.
Éric Carenco a commencé à travailler sur les réaménagements
de carrière en 1980. Depuis cette date, il a supervisé plus de 400 dossiers.
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L E DOSSIER
Réaménagement des carrières
UNE GRANDE DIVERSITÉ DE RÉAMÉNAGEMENTS
L’art de mettre à profit les potentialités d’un site
Sur le site de Pontarcher, à Vic-sur-Aisne (Aisne), Bertrand
Desmarest a réussi à rassembler toutes les compétences locales au
sein d’une association chargée de la mise en valeur pédagogique
des surfaces déjà exploitées.
A
u sein de la Sablière Desmarest, la politique de limitation des incidences liées
à l’exploitation du site est une préoccupation
de longue date. De même que l’engagement
en faveur de l’environnement : dès 1956, les
carrières Desmarest organisaient des visites et
informaient le public sur l’avancement des travaux destinés à préserver la faune et la flore.
« Dans le comité de suivi du site de Pontarcher,
j’ai tenu à intégrer des gens réfractaires aux
carrières, explique Bertrand Desmarest, gérant
de la sablière, afin d’assurer au mieux la surveillance des pratiques et la prise en compte
de tous les points de vue. » Une fois l’exploitation terminée sur la cinquantaine d’hectares
soumis à la vigilance du comité de suivi, Bertrand Desmarest a souhaité pérenniser cette
concertation qui avait si bien fonctionné pour
l’appliquer au réaménagement. L’association
“Site Nature Arlaines” a donc été créée pour
rassembler les membres du comité de suivi et
s’ouvrir à d’autres compétences. C’est ainsi
qu’elle regroupe aujourd’hui l’essentiel des
forces vives sur le plan local.
Tous les membres de l’association ont adhéré
à l’idée de Bertrand Desmarest de réaménager le site en circuit pédagogique. « Mais je
suis carrier, pas pédagogue, dit-il. J’ai donc
présenté ce projet au rectorat d’Amiens qui
s’est montré intéressé et s’est impliqué en
tant que partie prenante. »
Plus précisément, le projet était axé sur l’environnement, mais pas seulement. « Nous souhaitions conserver un rapport avec la
carrière », souligne Bertrand Desmarest. Une
vingtaine d’ateliers pédagogiques ont été définis (voir encadré), tous animés par les associations et les acteurs les plus compétents.
« Avec eux, ajoute Bertrand Desmarest, notre
accord prévoit qu’ils ont une totale liberté d’accès au site et que j’attends un retour scientifique des activités qu’ils mènent sur la carrière.
Je constitue ainsi une base de données qui
m’est utile pour la régulation des espèces. »
Cette belle réalisation a déjà un prolongement. La communauté de communes, qui travaille à la gestion d’une zone acquise il y a
quelques années, a pris contact avec Bertrand
Desmarest dans le but de mettre les moyens
en commun. Et le tout devrait déboucher sur
des emplois. n
En complément des ateliers environnementaux, un atelier
sur les premiers éleveurs et agriculteurs bénéficient des traces
d’une maison du néolithique présente sur le site.
Cet atelier est animé par l’INRAP, Institut national de recherches
archéologiques préventives.
À l’automne 2009, ces ateliers seront ouverts aux scolaires :
á les gestes éco-citoyens - les vergers conservatoires - les oiseaux - les hérons - les végétaux - les arbres - les abeilles le gibier - la carrière - les minéraux et fossiles - les poissons - la prairie - le fourrage - l’eau et le milieu aquatique - les premiers
éleveurs et agriculteurs - les aurochs - le temps.
À terme, une salle de classe HQE (Haute qualité environnementale) sera installée sur le site.
Frédéric
DELAVIÈRE
áCHARGÉ
DE MISSION
À L’ACTION
CULTURELLE AU RECTORAT
D’AMIENS
“Un projet
pédagogique
remarquable ”
« M. Desmarest a tenu à ce que l’Éducation nationale soit associée à son projet
de circuit pédagogique.
Il nous a demandé de le suivre et de
l’adapter, ce que nous avons accepté
aussitôt car la démarche est extrêmement intéressante.
Avec ma collègue Myriam Cappe, nous
enseignons les sciences de la vie et de la
terre tout en assurant, dans le cadre de
notre mission au rectorat, un soutien aux
enseignants pour les aider à construire
leurs projets pédagogiques. L’Éducation
nationale souhaite généraliser la formation des élèves au développement
durable. Le site de Pontarcher se prête
particulièrement bien à cet enseignement dans la mesure où il allie les
aspects écologiques et économiques du
développement durable avec un étang
riche en biodiversité et un site d’extraction. De plus, le site nous permet d’inscrire ces actions pédagogiques dans le
contexte local, ce qui est toujours préférable car beaucoup plus concret.
Sans compter que le lieu est également
exemplaire à un autre titre compte tenu
des multiples acteurs que M. Desmarest
a réussi à fédérer, tels que la LPO1 et la
fédération de chasse.»
(1) LPO : Ligue pour la protection des oiseaux
16
UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009
UN THÉÂTRE DE VERDURE
Un lieu culturel sur le site
de l’ancienne carrière
À Montceaux-Ragny, en Saône-et-Loire, l’ancienne carrière, devenue décharge
sauvage, a été transformée en un lieu de spectacle de 430 places.
©Holcim Granulats
UN CIRCUIT PÉDAGOGIQUE
L
orsque la société Carrières Bourgogne Sud,
filiale de Holcim Granulats, a repris la carrière de Sennecey-le-Grand (Saône-et-Loire), en
1999, la question de la réhabilitation du site voisin de Montceaux-Ragny s’est rapidement posée.
« Cette ancienne carrière abandonnée depuis les
années 30 était devenue une décharge d’ordures
ménagères, indique Gilles Streit, responsable foncier environnement pour la région Centre Est
chez Holcim Granulats. Nous ne l’avons jamais
exploitée mais, dans le cadre du comité de suivi
du site de Sennecey-le-Grand, la commune de
Jean UNTERMAIER
Montceaux-Ragny nous a demandé de supprimer ce point noir. » L’idée de l’aménager en
théâtre de verdure est venue du maire, Jean
Untermaier (voir ci-dessous) par ailleurs directeur
de l’Institut du droit de l’environnement à l’Université Lyon III.
Après évacuation des déchets, les travaux ont été
réalisés dans une optique de préservation et de
valorisation de la carrière originelle. Ainsi, le front
de taille est devenu fond de scène et le renfort de
la pente a offert une aire de 430 places assises sur
la pierre nue. n
á
MAIRE DE MONTCEAUX-RAGNY
“Un lieu d’animation ”
« Avant l’arrivée d’Holcim Granulats, nous avons eu pendant longtemps des rapports
conflictuels avec un carrier d’une commune voisine qui exploitait fort mal. Par la suite, la
situation a bien évolué et nous sommes aujourd’hui avec Holcim Granulats dans une relation partenariale.
Lorsque j’ai proposé le réaménagement de la carrière en théâtre de verdure, l’UNICEM régionale et la société
des carrières de Bourgogne Sud, filiale d’Holcim, ont même vu dans ce projet une opportunité pour réaliser une
opération exemplaire. Le théâtre a été inauguré le 2 septembre 2006. Il accueille pendant l’été des spectacles
de théâtre et de musique selon une programmation établie par l’Association des amis du théâtre. Aujourd’hui, le
rayonnement de ce site dépasse largement les limites de la commune pour attirer des spectateurs qui n’auraient
jamais eu l’occasion de découvrir ce village. »
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L E DOSSIER
Réaménagement des carrières
UNE GRANDE DIVERSITÉ DE RÉAMÉNAGEMENTS
Les carrières protègent Nîmes
À Caveirac, commune limitrophe de Nîmes, le site de la Devèze a
été aménagé en bassin de retenue des eaux de ruissellement. À
plusieurs reprises, le dispositif a déjà fait la preuve de son efficacité.
© GSM
Les carrières offrent des capacités
de stockage considérables à la ville
de Nîmes.
A
u lendemain des terribles orages cévenols du 3 octobre 1988, la ville de
Nîmes se réveille sous le choc. Les précipitations diluviennes ont fait d’énormes dégâts et,
surtout, onze victimes. Dès lors, une réflexion
s’engage sur les moyens à mettre en œuvre
pour prévenir de telles catastrophes.
L’idée retenue par la ville de Nîmes dans son
Plan de protection contre les inondations
(PPCI) consiste à éviter le ruissellement de
l’eau des collines vers la ville le long des
cadereaux, des ruisseaux habituellement à
sec qui dévalent des garrigues du nord de la
ville. Le PPCI prévoit que les eaux de crue
seront retenues dans vingt et un bassins écrêteurs à réaliser par la construction de barrages. « À l’époque, nous avions l’intention de
demander une autorisation d’approfondissement de la carrière, explique Bruno Maestri,
responsable foncier et environnement chez
GSM pour le secteur Languedoc. Notre
demande a donc pris en compte la nécessité
18
UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009
d’utiliser la carrière comme bassin écrêteur de
crues. »
La ville et GSM signent alors une convention
qui prévoit, en cas de crue, la déviation d’une
partie des eaux du Rianse et de deux autres
cadereaux dans la carrière afin de limiter for-
tement les risques d’inondation à l’aval, en
particulier dans la zone d’activités de SaintCésaire où sont installées une cinquantaine
d’entreprises.
En novembre 2000, GSM lance les travaux de
construction d’un barrage sélectif qui permettra de limiter le débit des cadereaux à
1m3/seconde, le reste s’écoulant dans la carrière. Avec la mise en place d’un système de
pompage, le coût total des travaux se monte
à 400 000 euros entièrement pris en charge
par l’exploitant. « L’ouvrage a fait la preuve
de son utilité en 2002 et en 2005, reprend
Bruno Maestri, en évitant notamment des
inondations importantes dans la zone d’activité. » En 2002, la carrière a recueilli 500 000
m3 d’eau de crue, soit l’équivalent du tiers des
précipitations reçues sur le bassin versant.
En 2005, la capacité de stockage atteignait
1 million de m3. À terme, elle passera à plus
de 1,5 million de m3. « En cas de crue, l’eau
est stockée pendant une durée définie par la
ville, précise Bruno Maestri. En prévision de
ce chômage technique, nous préparons des
stocks de matériaux à proximité de l’usine. »
À la fin de l’exploitation de la carrière, les terrains, propriété de GSM et de la commune de
Caveirac, ainsi que les installations de pompage seront rétrocédés à la ville de Nîmes qui
deviendra alors le gestionnaire du site. n
Vincent ALTIER
á
CHEF DU SERVICE PLUVIAL DE LA VILLE DE NÎMES
“Des stockages précieux”
« Les carrières constituent pour la ville de Nîmes un stockage hydraulique quasi infini.
Elles nous sont extrêmement précieuses au point que nous souhaiterions en compter davantage.
Lorsque nous créons un bassin de rétention, le coût se situe aux alentours de 30 euros par m3
d’eau stockée. À l’inverse, lorsqu’une carrière est mise en exploitation, nous sommes sur des
capacités de stockage considérables sans que cela ne coûte à la Ville ! L’intérêt est donc évident.
Nous avons en projet deux carrières destinées à intercepter le ruissellement des cadereaux.
Mais créer une carrière à vocation hydraulique repose sur un montage juridique complexe.
Cela suppose, en effet, de donner à l’exploitation privée un caractère d’intérêt public. Ainsi,
d’ici à la fin de l’année, nous lancerons un marché d’assistance à maîtrise d’ouvrage car notre
méconnaissance du milieu des carrières nous impose de recourir à un bureau d’études. »
UNE RÉSERVE D’EAU POTABLE
L’évolution concertée d’un projet
Dans les années 70, la carrière de Millery (Rhône) devait être
réaménagée en base de loisirs, puis en parc de l’eau et de la
nature. Ce sera finalement une réserve d’eau d’une très bonne
qualité qui assurera l’approvisionnement de 100 000 habitants au
sud-ouest de Lyon.
O
uverte dans les années 50, la carrière de Millery verra son exploitation s’achever à la fin de 2011. Son
réaménagement, préparé de longue date,
devait d’abord permettre de créer une
base de loisirs. Dans les années 80, le projet a évolué vers un parc de l’eau et de la
nature à vocation pédagogique.
C’est alors que se met en place le syndicat
mixte d’aménagement des carrières de la
vallée du Garon qui rassemble notamment
la commune, le conseil général et les syndicats des eaux. Sur la base des études
réalisées par l’exploitant de la carrière,
l’intérêt de la nappe se fait jour. Il est
© Lafarge Granulats Sud
UN BASSIN ÉCRÊTEUR DE CRUES
confirmé par les syndicats des eaux et l’hydrogéologue du département.
« En 2000, lorsque nous avons présenté le
dossier de renouvellement, précise Dominique Evrard, directeur foncier environnement Lafarge Granulats Sud, nous avons
obtenu la levée d’une déclaration d’utilité
publique qui protégeait un captage de
secours. En contrepartie, nous nous
sommes engagés à réaliser une réserve
d’eau et à restituer le plan d’eau à titre
gracieux aux syndicats des eaux qui en
assureront la gestion après la fermeture de
la carrière. »
Lafarge Granulats s’est également engagé
à suivre la qualité des eaux de la nappe
jusqu’en 2015, soit trois années après la
remise des clés qui interviendra en
décembre 2012. Un suivi mensuel est effectué grâce à huit piézomètres. Il est complété par une étude biannuelle de la potabilité
des eaux. n
Les études réalisées par l’exploitant
de la carrière ont mis en évidence
l’intérêt de la nappe.
Marc CLIET á MAIRE DE MILLERY
“Une richesse extraordinaire”
« Grâce à des échanges constructifs et réguliers avec Lafarge Granulats,
le projet de réaménagement a pu évoluer dans de bonnes conditions.
Dans ce type de situation, il est important de ne pas rester prisonnier d’un
projet et de pouvoir l’adapter au fur et à mesure de l’évolution des mentalités.
Lorsque nous avons abandonné l’idée d’un réaménagement en espace de
loisirs pour retenir le projet d’une réserve d’eau potable, les habitants de la
commune ont ressenti une certaine déception. Dans le même temps, ils ont bien compris que la
préservation de la nappe d’eau potable constituait une priorité.
La commune n’a pas de besoins particuliers en eau potable. Cela dit, et compte tenu de la
fragilité de cette ressource, nous nous plaçons dans une vision à long terme. Cette nappe constitue
une richesse extraordinaire que nous nous devons de laisser en héritage à nos enfants. »
UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009
19
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L E DOSSIER
Réaménagement des carrières
RÉAMÉNAGEMENTS ET BIODIVERSITÉ
UN PARC DE LOISIRS ET UN SITE D’OBSERVATION DES OISEAUX
Véronique Gauduchon
Le plus vaste plan d’eau de la Vienne
á
UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009
(1) LPO : Ligue pour la protection des oiseaux.
Françoise BRISSET á DIRECTRICE ADJOINTE DE LA SAGA2
“Un environnement exceptionnel”
« Le parc de Saint-Cyr est la propriété d’un ensemble de communes qui ont confié à la SAGA, société
d’économie mixte, l’exploitation et la promotion du site. Les élus souhaitaient en effet mettre à la
disposition des habitants un lieu de détente, de sport et de loisirs dans un environnement exceptionnel par sa qualité. En 2008, le parc de loisirs a reçu près de 300 000 visiteurs. Une étude récente
montre qu’il s’agit essentiellement d’une fréquentation de proximité – les visiteurs viennent d’une
cinquantaine de kilomètres à la ronde – ainsi que de touristes qui font halte au camping.
La cohabitation du parc de loisirs et de la LPO est excellente. Nous travaillons actuellement à un
projet commun de classes découverte autour du golf et de l’environnement. »
(2) SAGA : Société anonyme pour la gestion et l'animation du parc de loisirs de Saint-Cyr.
« Je siège à la Commission
départementale des carrières
et, avec l’entreprise
Ragonneau, nous avons été
parmi les pionniers des
réaménagements orientés
vers la biodiversité. Dès la création de la gravière
de Saint-Cyr, nous avons vu sur le site un intérêt
pour l’avifaune et nous avons proposé un réaménagement. Celui-ci s’est concrétisé plus tard,
lorsqu’une partie du lac a été libérée par des
pêcheurs et une fois que nous avons pu boucler
le financement. Sur 40 hectares ont été réalisés
des chenaux, des hauts fonds, des bas fonds, des
roselières, des prairies… Nous avons également
aménagé deux cheminements et six observatoires pour les visiteurs.
Avec ce projet, nous avons aussi voulu démontrer
que la protection de l’environnement est compatible avec d’autres activités sur des espaces bien
définis où chacun respecte l’autre. »
Avec la mise en place de la trame verte et
bleue, les carriers ont l’opportunité de
démontrer l’utilité de leurs réaménagements, explique Christian BÉRANGER, président de la commission Environnement de
l’UNPG1.
© M. Labelle
©D.R.
20
d’un plan d’eau de 85 hectares où sont proposées de nombreuses activités nautiques.
Au total, il s’étend sur 300 hectares et com-
prend un golf, un camping, des restaurants…
Au début des années 2000, après l’abandon
par les pêcheurs de la partie du plan d’eau qui
leur était réservée, la LPO1 a proposé un projet de réaménagement écologique. À l’issue
de deux ans et demi de travaux, il vient d’ouvrir aux visiteurs. n
©D.R.
L
e plan d’eau de Saint-Cyr a été voulu par
la ville de Poitiers qui, au début des
années 80, souhaitait se doter d’un parc de loisirs. Le site, à 20 km de Poitiers et 12 km de
Châtellerault, se prêtait particulièrement bien
à ce projet d’autant qu’il fournissait une réserve de granulats pour la construction du Futuroscope voisin. « La mairie a alors lancé un
appel d’offres, se souvient Christian Royère,
secrétaire général de l’UNICEM Poitou-Charentes, auquel ont répondu un carrier indépendant, l’entreprise Ragonneau, et le groupe
Lafarge qui ont ensuite extrait 10 millions de
tonnes de matériaux jusqu’en 1995. »
À l’issue de l’exploitation, les travaux de
réaménagement du site ont été lancés. Le
parc de loisirs s’organise aujourd’hui autour
Une contrainte ou une
opportunité pour les carriers
DIRECTRICE DE LA LPO VIENNE
“Des activités
parfaitement
compatibles”
©D.R.
S’étendant sur 85 hectares, le plan d’eau de Saint-Cyr se partage
entre un parc de loisirs et une zone de 40 hectares réservée à la
protection et à l’observation des oiseaux.
LA TRAME VERTE ET BLEUE
Les contours de la trame verte et bleue2 se
sont-ils précisés au cours de ces derniers
mois ?
Christian Béranger : Le Grenelle de l’environnement a construit le projet de trame
verte et bleue sous deux formes : dans la loi
Grenelle 2 et dans un guide. La loi, attendue
à l’automne, n’est pas encore totalement
finalisée. On sait cependant qu’elle comprendra un article mettant en place des schémas
de cohérence écologique pour la création
d’une trame verte et bleue.
Le Grenelle a également travaillé à un guide
d’élaboration de la trame sorti en mai dernier. Ce document se limite à des principes,
sans donner de méthode technique ou scientifique, ce qui n’est pas suffisant pour travailler.
Que peut-on attendre dans les étapes à
venir ?
C.B. : Je pense, pour ma part, que les naturalistes auront un rôle déterminant, sur le
plan national et surtout local. À partir des
cartes des ZNIEFF (zones naturelles d’intérêt
écologique, faunistique et floristique), des
périmètres des parcs et des conservatoires,
des cartographies vont faire apparaître des
zones potentiellement « tramables ».
La région devra assurer la mise en œuvre de
ces documents et les schémas départementaux des carrières intégreront des orientations
dans des formes restant à définir.
Quelles seront les conséquences sur les
réaménagements de carrières ?
C.B : Une trame verte et bleue n’a pas de
portée juridique sur un arrêté préfectoral de
carrière. Pour les nouveaux projets, le préfet
se montrera plus attentif au type de réaménagement proposé sans que, pour autant, il
existe une obligation de répondre à la trame.
Pour les carriers, la trame verte et bleue peut
se présenter comme une contrainte ou une
opportunité. L’enjeu consistera à faire preuve
de solidarité au niveau d’une vallée ou d’un
bassin d’activité pour démontrer que la
somme de nos réaménagements est utile à la
trame. Nous changeons d’échelle. Cela signifie que les UNICEM régionales devront définir des potentialités de réaménagement et les
faire inscrire dans les schémas départementaux des carrières. n
(1) Union nationale des producteurs de granulats
(2) Outil d’aménagement du territoire, la trame verte et
bleue vise à (re)constituer un réseau d’échanges cohérent à l’échelle du territoire national pour que les espèces
animales et végétales puissent, à l’instar de l’homme,
communiquer, circuler, s’alimenter, se reproduire, se
reposer,... en d’autres termes assurer leur survie.
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L E DOSSIER
RÉAMÉNAGEMENTS ET BIODIVERSITÉ
La double vocation du site – zone de divagation de l’Adour et zone
naturelle de quiétude pour la faune et la flore – a convaincu tous les
participants à la concertation.
L
des années 90, à la suite de réserves émises par
les services de l’État, ce projet fut abandonné.
L’idée est alors venue de créer une zone à
double usage. « La décision de réaliser un
réaménagement orienté notamment vers la
biodiversité s’est imposée d’elle-même au
milieu des années 90, se souvient Pierre Pécout,
chef de département chez Gama, alors propriétaire de 100 hectares sur 220. On parlait
encore peu de biodiversité, mais cette solution
répondait parfaitement aux caractéristiques du
site, en particulier à la richesse de la faune et
de la flore ainsi qu’à sa configuration. » Il s’agit
© Franck Delétang / Écosphère / Gama
e réaménagement de la carrière située sur
les communes de Bordères, Cazères-surAdour et Renung (Landes) peut être considéré comme exemplaire. Conçu pour permettre
la divagation de l’Adour et la préservation de
la biodiversité, le site actuel donne en effet
satisfaction à toutes les parties prenantes : associations, riverains, communes et départements
concernés mais aussi les fédérations de chasse et de pêche.
À l’origine, le site, qui a été exploité de 1985 à
1999, devait se transformer, après réaménagement, en bassin écrêteur de crues. Au début
en effet d’une unité quasi rectangulaire qui
permettait de créer une zone de quiétude disposant d’une réelle continuité environnementale.
Dès lors, l’institution Adour, émanation des
quatre départements traversés par le fleuve et
propriétaire des 120 hectares restants, a pris en
main la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise
d’œuvre du projet de réaménagement. Après
avoir fait réaliser un état des lieux hydraulique,
faunistique et floristique, elle a organisé, avec
Gama, des réunions de concertation qui ont rassemblé des associations, des riverains, des élus
ainsi que les fédérations de chasse et de pêche.
Entre 1995 et 2002, les travaux de réaménagement ont été réalisés par Gama en liaison
avec l’institution Adour. « Le réaménagement
bien mené de ce premier site nous a été utile
© Charte Environnement / Olivier Melsens – Lafarge Granulats Sud
Consensus autour du site de Bordères
pour ouvrir le deuxième, situé à 10 km »,
reprend Pierre Pécout. Aux associations ainsi
qu’aux fédérations de chasse et de pêche, l’exploitant a démontré son ouverture à la concertation et sa capacité à réaliser des
réaménagements d’une grande qualité environnementale, très favorables à la biodiversité. Vis-à-vis des élus, il a prouvé qu’il était force
de proposition dans la résolution de leurs problèmes.
« À l’époque, nous débutions dans ce type de
réaménagement, ajoute Pierre Pécout. Nous
avons surtout écouté et appris tout en apportant notre expertise technique. Aujourd’hui,
nous nous entourons toujours de spécialistes
car réaménager n’est pas notre métier même
si nous avons acquis une connaissance des
règles à respecter lors de l’ouverture d’un site
et de son exploitation. »
Pierre Pécout distingue une autre évolution
notable : « Les carriers ont d’abord considéré
ces réaménagements comme une contrainte
à laquelle ils ne pouvaient se soustraire.
Aujourd’hui, l’exercice est devenu un plaisir
pour bon nombre d’entre eux. Mettre en
œuvre des techniques d’exploitation et de
réaménagement plus respectueuses de l’environnement, plus variées et plus orientées
vers la biodiversité apporte de vraies satisfactions. » n
Un guide destiné aux professionnels,
mais aussi aux publics externes
EN PRÉPARATION
Bonnes pratiques pour
la biodiversité dans les carrières
de roches massives
Prolongement de l’étude sur les potentialités écologiques de carrières de
roches massives, un guide de réaménagement devrait paraître fin 2009.
Il est directement issu des pratiques du terrain.
Jean CARPI á RIVERAIN
“J’ai changé d’avis
sur les carrières”
Une faune et une flore spécifiques
« L’existence d’une zone d’expansion de crues a créé des zones humides et des espaces semi-aquatiques, indique Jessica
Ramière, garde-nature au Conseil général des Landes. D’où la présence d’une faune et d’une flore spécifiques. »
L’inventaire mené sur l’ensemble des groupes a ainsi mis en évidence la présence d’espèces phares telles que le
crapaud calamite, qui ne vit que sur les sables et les graviers, la cistude d’Europe, une tortue aquatique endémique,
ou le cuivré des marais, un papillon protégé au niveau national. Le site accueille également tout le cortège des
oiseaux hivernants (canards, sarcelles…) ainsi que des hérons et des aigrettes.
« Le milieu est particulièrement intéressant, précise Jessica Ramière, grâce à la présence de terrasses alluviales sur
lesquelles s’étendent des pelouses sèches composées d’une association de plantes très favorable à certaines espèces. »
22
UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009
L'exploitant a démontré sa capacité à
réaliser des réaménagements d'une
grande qualité environnementale
« J’ai été intégré à la concertation à l’occasion
de l’enquête d’utilité publique. Par ailleurs,
j’avais de bonnes relations avec le directeur de
la gravière. Au cours de la concertation, j’ai pu
m’exprimer et j’ai été entendu.
Le résultat du réaménagement est une réussite.
De plus, le site est parfaitement bien géré par
l’institution Adour. À la suite de cette démonstration sur le terrain, j’ai changé d’avis sur les
carrières. »
C
e guide est élaboré à partir des
contributions des carriers, bureaux
d’études et gestionnaires de site qui ont
observé des résultats intéressants en matière de biodiversité. Il contient donc essentiellement des préconisations pratiques
déclinées par secteurs de la carrière : fronts
de taille, remblais, carreaux, bassins de
décantation…
« Ce guide est d’abord destiné aux professionnels, indique Patrick Lecomte, en
charge du pôle Biodiversité à la commission Environnement de l’UNICEM. Sa
parution précédera d’ailleurs de peu la
formation sur la biodiversité organisée
en 2010 par l’association « Charte Envi-
ronnement des industries de carrière. »
Vis-à-vis des publics externes – administrations, en particulier DIREN, et associations –, ce guide donnera à l’UNICEM une
nouvelle occasion de montrer les outils
dont se dote la profession pour progresser
encore. Et de renforcer ainsi sa crédibilité.
« De plus, souligne Patrick Lecomte,
nous espérons que ce travail contribuera
à lever un paradoxe. Il se trouve en effet
que des espèces « apparaissent » souvent
après l’ouverture d’une carrière.
Or lorsque nous demandons une extension, nous rencontrons régulièrement des
difficultés en raison …de la présence de
ces espèces ! » n
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L E DOSSIER
R égions
Aquitaine
Du montage du projet de réaménagement
au départ de l’exploitant
Comment l’exploitant mène-t-il la
démarche de concertation pour aboutir à
un projet partagé ?
Vincent Raynaud : La démarche est menée
en concertation avec, au minimum, les
communes concernées. En fonction des
caractéristiques du site, nous présentons
des propositions de réaménagement aux
communes et nous nous mettons à leur
écoute. Il s’agit de déterminer comment la
pièce de puzzle que nous allons modifier
peut s’insérer au mieux dans l’ensemble du
puzzle qui correspond au territoire de la
commune.
La concertation peut inclure d’autres participants : autres collectivités, association de
protection de la nature, riverains, porteurs
de projet… Sur la base des grandes lignes
que nous proposons, chacun peut affiner le
projet de réaménagement et faire valoir ses
compétences. Une fois la décision arrêtée,
c’est nous qui la portons. En ce qui nous
concerne, nous n’avons généralement pas
de préférence sur le type de réaménagement car nous sommes capables de nous
adapter. Nous sommes tout autant en mesure
de réaliser un lac de pêche, un lac à vocation
écologique ou une base de loisirs.
Au-delà de la concertation initiale, nous maintenons des contacts réguliers pour vérifier que
nous sommes sur la bonne voie et que nos
interlocuteurs n’ont pas changé d’avis.
La démarche est-elle très différente si le
site appartient à un propriétaire privé ?
V.R. : Dans ce cas, l’exploitant discute
directement avec le propriétaire, qui le reste
au terme de l’extraction, avec une implication de la commune dont nous nous efforçons de prendre en compte les attentes en
Le bon matériau au bon endroit
É
viter la surqualité dans les ouvrages en
adoptant le principe du « bon matériau au
bon endroit » : c’est au nom de l’économie de
la ressource alluvionnaire et du développement
de pratiques respectueuses de l’environnement
qu’a été signée, le 7 avril 2009, la convention de
mise en œuvre du plan départemental de gestion des déchets du BTP de Lot-et-Garonne.
Parmi les signataires figurent Michel Rivière,
président de l’UNICEM Aquitaine, les présidents de la FRTP1 Aquitaine, de la FFB2 et de
la CAPEB3 de Lot-et-Garonne, le préfet Lionel
Beffre ainsi que Pierre Camani, président du
Conseil général. Rappelons que cette convention avait été demandée par l’UNICEM Aquitaine lors de l’élaboration du schéma
départemental des carrières qui avait donc retenu ce principe.
rapprochant les points de vue s’ils sont différents.
En fait, le projet a déjà été balisé en amont
dans la mesure où l’autorisation de carrière
n’est pas accordée sans un avis favorable de
la commune. Il reste que le propriétaire sera
le maître d’ouvrage du réaménagement.
La difficulté tient à ce que notre activité se
situe dans le long terme. Nos autorisations
portent souvent sur dix, vingt ou trente ans
et il est souvent difficile pour les décideurs
de se projeter aussi loin.
Les exploitants confient-ils toujours à un
tiers la gestion du site réaménagé ?
V.R. : Notre métier consiste à exploiter des
carrières. C’est le domaine dans lequel
nous sommes compétents. Nous sommes
très rarement gestionnaires de sites réaménagés et, le plus souvent, nous déléguons
la gestion. Effectuer l’entretien écologique
d’un site ou la gestion piscicole d’un lac, ce
n’est pas notre vocation. D’où l’intérêt, dès
le début du réaménagement, de trouver le
gestionnaire pérenne et compétent qui
nous succédera dans l’utilisation des
terrains. n
Pour promouvoir l’utilisation rationnelle des
matériaux de construction et la valorisation des
matériaux recyclés, les parties signataires s’engagent à appliquer et faire respecter divers
modes opératoires : intégration systématique
du principe du retraitement des matériaux et
réduction de l’utilisation des alluvionnaires pour
les travaux de remblaiement ou les couches de
forme. En outre, les appels d’offres des marchés
publics devront autoriser ou prévoir des
variantes pour inclure les matériaux recyclés
dans les ouvrages. Les projets de création de
plates-formes d’accueil et de traitement des
matériaux de recyclage seront encouragés pour
accroître l’offre d’accueil des matériaux issus
de la déconstruction et disposer de sites implantés au plus près des zones de production, limitant ainsi l’impact du transport.
© UNICEM Aquitaine
© Cemex
Comment se construit le projet de réaménagement ? Comment se prépare la gestion du site
réaménagé ? Les réponses de Vincent RAYNAUD,
directeur environnement et foncier de CEMEX pour
le Sud-Ouest.
CONVENTION POUR LA GESTION DES DÉCHETS DU BTP
Un groupe de travail, composé de représentants des signataires de cette convention, se
réunira une fois par an pour faire le point sur sa
mise en œuvre et formuler toutes propositions
en vue d’assurer les évolutions souhaitables. n
(1) FRTP : Fédération régionale des travaux publics
(2) FFB : Fédération française du bâtiment
(3) CAPEB : Confédération de l'artisanat et des petites
entreprises du bâtiment
Lors des premiers contacts de CEMEX avec la commune d’Izon, en Gironde, en 1991-92, celleci souhaitait un réaménagement orienté vers les loisirs, avec un lac de pêche et un plan d’eau
destiné à la baignade et aux activités nautiques. Le projet ne connaît pas d’évolution jusqu’à
2008, soit deux ans avant la fin de l’autorisation d’exploitation. À cette date, l’équipe municipale fait deux constats. D’une part, la gestion d’une base de loisirs n’est pas sans risques pour
des élus. La commune doit en effet surveiller la qualité de l’eau, employer un maître-nageur…
Second constat : comme le souligne un conseiller municipal ornithologue, il apparaît qu’il existe un réel potentiel écologique sur ce site. Cet intérêt est confirmé par la LPO Aquitaine qui a
présenté en mai dernier des propositions de réaménagement écologique.
Après accord de la commune, gestionnaire final, il est décidé que l’étang de pêche, déjà réalisé, sera conservé et constituera une zone de transition. Sur le plan d’eau, les suivis de biodiversité seront assurés par la LPO qui sera le maître d’œuvre du réaménagement écologique.
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UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009
© Cemex
À Izon, l’évolution d’un projet de réaménagement
UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009
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R égions
CHARTE ENVIRONNEMENT
Le comité régional présente
son bilan environnemental
© UNICEM Languedoc-Rousillon
A la tribune, Bruno
Maestri, président
du comité régional
de la Charte
Environnement
L
a rencontre annuelle du Comité
régional de la Charte Environnement
des industries de carrières s’est tenue le
12 juin 2009, à la carrière des Roches
Bleues de Saint Thibéry-Bessan (Hérault).
Cette rencontre a été l’occasion, pour les
exploitants de la région, de faire le point
avec leurs partenaires sur le déploiement
de la démarche de progrès environnemental proposée par la Charte.
Organisée dans un souci de transparence,
LES 6 SITES AYANT ATTEINT LE NIVEAU 4/4
Aude
n Carrière de Montredon-des-Corbières – Domitia
Granulats
Gard
n Sablière d’Aigues-Vives – Soc. Lazard
Hérault
n Carrière de la Galiberte à Béziers – Soc. Castille
n Sablière de Thézan-les-Béziers – Soc. Castille
n Carrière de Saint-Thibéry-Bessan – Soc. des
Carrières des Roches Bleues
Pyrénées-Orientales
n Carrières de Baixas – Soc. des Carrières de la
Madeleine
La Charte en Languedoc-Roussillon, ce sont
17 entreprises signataires, soit 30 sites, dont 10
au niveau 4/4.
26
UNICEM Magazine n° 749 á JUILLET 2009
au cœur même des ateliers de la carrière,
cette réunion a rassemblé plus de 150 participants, parmi lesquels des professionnels des carrières, des représentants des
administrations, des élus, associations,
commissaires enquêteurs…
Catherine Bonin-Lechenault, présidente
du Comité national de la Charte, et Bruno
Maestri, président du Comité régional, ont
démontré, chiffres à l’appui, les progrès
accomplis par les entreprises signataires,
tant sur le plan national qu’au niveau
régional.
Six carrières de la région Languedoc-Roussillon ont été distinguées pour avoir atteint
le 4e et meilleur niveau de la démarche de
progrès. Chaque site lauréat a présenté
les actions qu’il a engagées sur le terrain
de la protection de l’environnement (valorisation optimale du gisement, modernisation des installations, maîtrise des
poussières, remise en état, concertation
locale, prise en compte de la biodiversité…). Plusieurs maires et représentants de
l’État (DRIRE1 et DIREN2) avaient fait le
déplacement pour saluer les efforts et les
progrès indéniables des carriers.
Les lauréats régionaux du concours photos
2008 de la Charte ont également été mis à
l’honneur à l’occasion de cette réunion.
Bruno Maestri et Pascal Ringot, président
de l’UNICEM Languedoc-Roussillon, ont
invité un maximum d’entreprises à
rejoindre la démarche de progrès pour
amplifier encore davantage les effets positifs de la Charte et permettre à la profession d’obtenir la juste reconnaissance de
son engagement dans la préservation de
la nature et du cadre de vie. n
(1) DRIRE : Direction régionale de l’industrie, de la
recherche et de l’environnement,
(2) DIREN : Direction régionale de l’environnement
Île-de-France
Haute-Normandie
Mesurer
la biodiversité
en carrière
grâce au projet
Roselière
CHARTE ENVIRONNEMENT
’Association des naturalistes de la vallée du Loing et du massif de Fontainebleau (ANVL) travaille depuis de
nombreuses années avec des carriers de la
Bassée pour améliorer les réaménagements écologiques des carrières alluvionnaires, les gérer et y suivre la faune et la
flore. Elle vient de signer une convention
de partenariat avec l’UNPG* et l’UNICEM
Île-de-France visant au développement et
à la mise en place de suivis scientifiques
standardisés de la biodiversité en carrière.
Sous l’appellation ROSELIÈRE (Réseau
d’observation des sablières en eau libre à
intérêt écologique et réaménagement
environnemental), ce projet a pour but de
mettre en place des protocoles, scientifiquement rigoureux et statistiquement
fiables, afin de comparer les sites entre eux,
de connaître leur évolution dans le temps
et leurs interactions avec les autres milieux.
Ces suivis pourront servir de base pour la
création d’indicateurs de biodiversité.
La convention a été signée pour une durée
de quatre ans et les travaux seront financés par l’UNICEM Île-de-France et
l’UNPG.
A la fin de cette convention, l’ANVL s’engage à rendre le résultat des analyses,
c’est-à-dire les enseignements à en tirer en
termes d’indicateurs potentiels et de
conseils en réaménagements. Elle s’engage également à promouvoir la méthode
auprès d’autres partenaires associatifs pour
augmenter le réseau de données et à faire
les démarches nécessaires à la validation
scientifique de la méthode. n
*UNPG : Union nationale des producteurs de gra-
Premier palmarès de sites au niveau 4/4
La Charte en Haute-Normandie,
ce sont 10 entreprises signataires,
soit 30 sites, dont 13 au niveau 4/4.
L
nulats
LES 13 SITES AYANT ATTEINT
LE NIVEAU 4/4
Eure
n Acquigny ; lieu-dit : Les Diguets,
© UNICEM Normandie
Languedoc-Roussillon
Le 10 avril dernier, à Bouafles, dans l’Eure, le comité régional de la Charte
Environnement de Haute-Normandie a décerné un premier palmarès.
J
ean-Yves Cadieux, président de
l’UNICEM Normandie, a récompensé treize sites hauts-normands pour avoir
atteint le niveau 4/4 de la démarche de
progrès définie par la Charte Environnement des industries de carrières. Ces
actions en faveur de l’environnement,
dont certaines ont été développées avec
le Conservatoire des sites naturels de
Haute-Normandie, prennent d’autant plus
de valeur que de nombreux sites se trouvent dans un contexte environnemental
sensible, au sein du parc naturel régional
des Boucles de la Seine normande.
Des aménagements particuliers de
zones humides ont permis le retour d’es-
pèces animales ou végétales rares. C’est
le cas du Crapaud calamite et de l’Oedicnème criard qui ont trouvé dans les
carrières réaménagées un milieu favorable à leur implantation.
Certains sites ont développé le transport fluvial, évitant ainsi la circulation
de milliers de camions par an sur les
routes, tandis que d’autres ont réaménagé les anciennes carrières en bases
de loisirs ou en parcours pédagogiques
pour la découverte de la faune et la
flore. « Les exploitants de carrières ont été
précurseurs dans ce type de démarche,
souligne Jean-Yves Cadieux, … une
démarche qui s’inscrit dans la durée.» n
La Noé – Lafarge Granulats Seine
Nord
n Authevernes ; lieu-dit : les
Mureaux – Carrières & Ballastières
de Normandie
n Bernières-sur-Seine – Lafarge
Granulats Seine Nord
n Bouafles ; lieu-dit : Les Vallots –
Cemex Granulats
n Gaillon ; lieu-dit : Le Pot à l’Eau –
Lafarge Granulats Seine Nord
n Martot ; lieu-dit : Les Fiefs
Mancels – Société Parisienne des
Sablières
n Muids ; lieu-dit : Le Gorgeon des
Rues – Lafarge Granulats Seine
Nord
n Muids/Daubeuf-près-Vatteville –
Lafarge Granulats Seine Nord
n Val de Reuil ; lieu-dit : La
Flamiche – Cemex Granulats
Seine-Maritime
n Anneville-Ambourville ; lieu-dit :
Sente du Colombier – FCH –
Sablières Capoulade
n Berville-sur-Seine ; lieu-dit : Le
Haridon et La Plaine du Manoir
Brésil – Cemex Granulats
n Saint-Riquier-en-Rivière Entreprise ETC
n Yville-sur-Seine – Carrières &
Ballastières de Normandie
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