Texte de Laurence Tardieu - Maison des écrivains et de la littérature
Transcription
Texte de Laurence Tardieu - Maison des écrivains et de la littérature
Laurence Tardieu Patrick Modiano C’est un plaisir, une joie, même, de me voir offrir la possibilité de parler de Patrick Modiano, écrivain dont j’aime tant l’œuvre, qui m’a nourrie et a sans doute, de manière souterraine, laissé son empreinte dans mon propre cheminement d’écriture, au travers d’archives télévisées, lui dont on s’est tant plu à dire, « C’est un écrivain qui ne sait pas parler ». Evoquer l’œuvre de Modiano, et l’émotion que j’éprouve à observer Modiano parlant de son travail, c’est bien sûr avoir la possibilité de rendre hommage à un écrivain qui n’a cessé, de livre en livre, de résonner chez moi de manière très intime, de m’interroger, de faire de la littérature une terre d’enchantement tout en livrant, par le prisme de cet enchantement, une réflexion singulière sur l’identité et le temps ; mais c’est aussi réfléchir à l’origine, chez sans doute nombre d’écrivains, de l’écriture, de ce qui la déclenche, la rend nécessaire, et que je formulerai dans un premier temps très simplement : on écrit parce qu’on ne peut pas dire. On écrit parce que le chemin qui va de soi à la parole ressemble à une route coupée : coupée par l’oubli, par la honte, par l’effroi, par la douleur ; par le passé qui ne passe pas ; et c’est bien le tour de force de l’écriture que de permettre, au terme d’un long tâtonnement, de par la traversée qu’elle opère, de mot en mot, fouillant de l’autre côté du silence, de re-construire la route, d’ouvrir une voie (une voix) là où il n’y en avait plus. La découverte de Modiano, à vingt ans, avec La Place de l’Etoile, c’est la découverte d’une musique. Moi qui aime les contes depuis toujours, je découvre chez cet auteur un effet du même ordre que celui que les contes produisent sur moi : une forme d’envoûtement. Je plonge dans l’œuvre de Modiano, je lis Ronde de Nuit, Villa Triste, Livret de Famille, chaque fois le même effet se produit, je lis et un charme singulier, puissant, agit sur moi. Il se trouve que c’est à la même période que je découvre Duras, dont la lecture elle aussi est un choc. Je découvre dans le même temps ces deux auteurs et je découvre alors, de manière évidente, que la littérature est, avant tout, musique. 1 Modiano, au fur et à mesure que je m’imprègne de son œuvre, que je lis en ayant la sensation d’être en plein rêve éveillé, m’atteint, je le comprends peu à peu, par l’absolue indissociabilité de sa langue et de ce que celle-ci cherche à exprimer. Les obsessions auxquelles Modiano n’en finit pas de revenir d’un livre à l’autre sont celles qu’il formule dès son premier roman, La Place de l’Etoile, et qu’il évoque dans cette première séquence télévisée, alors qu’il n’a pas encore trente ans. Toute son œuvre est déjà là, en lui, devant lui. Ces obsessions, ce sont l’effacement, la disparition, l’anonymat des êtres, « paillettes », comme il le dit lui-même, « refluées par le temps ». Et écrire, n’est-ce pas ça : explorer sans relâche et de manière obsessionnelle cela même qu’on ne comprend pas, qui nous hante et manque de nous aspirer, et qu’on s’efforce de saisir tout au long de l’écriture d’un livre, traversée au cours de laquelle on aura l’illusion de parvenir enfin à attraper quelque chose de ce qui se dérobait tant à nous ; et pourtant, chaque fois, sans doute, cela ne sera pas suffisant, rien n’aura été ni assez déblayé ni assez cerné, puisque bientôt la nécessité d’un nouveau livre s’imposera et qu’une fois encore on repartira à l’assaut - comme si, en définitive, tout parcours d’écriture relevait d’un combat entre soi et soi ? Toute l’œuvre de Modiano n’est-elle pas le manifeste éclatant de ce processus de quête jamais achevée et sans cesse recommencée ? De ce point de vue, la cohérence et la très grande unité de l’œuvre de Modiano provoquent chez moi depuis toujours une intense émotion, révélant au jour l’inlassable mise en jeu et, dans le même temps, l’immense vulnérabilité de tout écrivain. Modiano tourne autour de ces plaies du passé jamais refermées, demeurées ouvertes et à l’origine de gouffres dans lesquels les personnages manquent de tomber à chaque instant. Il intériorise l’histoire, transmuant des faits réels en séquences oniriques, sa mémoire gravitant autour de zones d’ombre qu’il ne cherche jamais à percer, ni à rendre à la lumière : on tourne autour, on n’entre pas dedans. Sans doute parce qu’on ne peut rentrer dans ce qui vous brûlera peut-être, dans ce qui vous perdra certainement. Mais s’en approcher au plus près, de manière circulaire, tenter de le cerner, c’est peut-être l’unique manière de ne pas laisser ce passé vous engloutir tout à fait. Car, chez Modiano, le passé ne passe pas : il fait vaciller le présent, l’empêchant d’être le temps de l’unité et de la lumière, et d’ouvrir sur l’avenir. Et c’est bien la langue de Modiano, alternant registre lexical de l’incertain, du trouble, du flou, et détails extrêmement précis, fluide mais entrecoupée de silences, apparemment linéaire dans l’avancée des récits et pourtant circulaire, qui rend compte au plus près de ce reflux lancinant du passé. Dans les livres de Modiano fourmillent mille détails réels agissant comme 2 par magnétisme, tels de vieux numéros de téléphone, des adresses, des noms, autour desquels vient se greffer un monde dont on ne sait s’il est réel ou onirique, monde vacillant se raccrochant à ces quelques saillies du réel comme les personnages de Modiano, à la dérive, tentent désespérément de se raccrocher à quelque chose : les bottins et les archives sont la preuve que vous n’avez pas rêvé quand vous avez vécu. Ce qui m’a frappée en observant Patrick Modiano parler de son travail, c’est combien ce qu’il tente d’exprimer est en parfaite cohérence avec l’écrivain qu’il est : Modiano, dans la première séquence télévisée, qui date de 1975, demeure pendant tout l’entretien dans une attitude de tension très grande qui traduit, me semble-t-il, cette route coupée que j’évoquais précédemment. On demande à Modiano de parler, d’expliquer son roman, en l’occurrence Villa Triste, or comment retranscrire verbalement, simplement, clairement, ce qui n’a été possible qu’au travers de l’expérience incertaine et opaque de l’écriture ? Comment reconstruire, avec des paroles, la route coupée ? Il faut croire que les mots du langage oral ne sont pas ceux de l’écriture : ils ne permettent pas le même chemin. Modiano demeure les bras croisés, et ne les décroisera qu’à très peu de reprises, pour effectuer alors des mouvements circulaires du bras ou de la main, mouvements souvent observés chez lui, lors d’autres entretiens, qui à moi m’évoquent de façon saisissante ce flux et reflux incessant qui traverse son œuvre. Le temps ne passe pas, chez Modiano, il ne se déroule pas. Il effectue des boucles successives, et ces boucles ne se disent pas, ne se racontent pas ; et son corps, lorsque l’impossibilité du langage se fait trop grande, vient à la rescousse, pour les signifier. Le regard de Modiano durant tout l’entretien est comme tourné vers l’intérieur, happé par une énergie intérieure. On se demande ce qui l’aspire tant audedans de lui. On se demande si ce ne serait pas les mêmes trous noirs qui le font écrire. Il commence des phrases qu’il ne peut amener à leur terme, en reprend plusieurs fois le commencement, de la même manière que, dans ses livres, il ne peut dérouler son récit et semble contraint, comme si une force souterraine agissait sur lui, à sans cesse revenir au passé dans lequel ses personnages semblent englués. Alors, il reprend inlassablement des termes, des mots, des débuts de phrases. Est-ce pour autant qu’il ne parvient pas à dire ? Evidemment non. Comment mieux traduire, au contraire, ce qu’il exprime dans son œuvre ? Comment être plus fidèle à soi ? Modiano est en lutte, on le sent, au cours de tout l’entretien avec Pivot, pour tenter de dire et ne pas laisser le silence tout recouvrir, comme ses personnages sont en lutte pour tenter de vivre et ne pas laisser le passé tout engloutir. La dernière phrase est, à ce titre, poignante : lorsque Pivot, pensant lui faire plaisir, lui dit que la prochaine fois, il sera sans 3 doute l’un des écrivains sachant le mieux parler, il s’en effraie – évidemment - et lâche : « Mais alors… J’écrirai peut-être moins bien… » Pour moi, cette phrase révèle de manière éclatante la route coupée et la nécessité, alors, de l’écriture : l’écriture, chez Modiano, n’est pas détachée de la vie. Elle n’est pas en plus, elle n’est pas à côté. Elle est ce qui permet la vie, ce qui comble – un peu - l’insoutenable. Et, l’insoutenable, sans doute, apparaît dans les phrasés hachés de l’écrivain, dans ces blancs pleins de vide, d’effroi. Bien entendu, ce ne sont pas seulement le corps et l’attitude, qui rendent compte de l’écrivain qu’est Modiano. Ce sont aussi les phrases qu’il prononce, qu’il ne développe pas et expriment la nécessité qu’il y a pour lui à écrire : « On écrit parce qu’on a l’impression qu’on n’existe pas », « Quand j’écris, ça donne une espèce de condensation à quelque chose qui est un peu flou », et enfin, parlant de ses personnages, « Des épaves (…), comme des espèces de paillettes refluées par le temps (…), des naufragés du temps ». Tout l’univers de Modiano ne tient-il pas dans ces mots ? Cohérence de l’homme et de l’écrivain, encore. Dix ans séparent le premier entretien du second. On serait en droit de penser, comme le suggérait Pivot, que Modiano a acquis une certaine facilité à parler de son travail, et c’est précisément l’inverse qui s’est produit : dix années ont passé, une œuvre importante est en train de se construire, Modiano de livre en livre va toujours plus loin dans l’exploration de ses propres obsessions, allant chercher « du plus loin de l’oubli » ; et plus il plonge, moins il sait en parler. Si j’ai choisi cette deuxième séquence, c’est parce qu’elle me semble révéler de manière plus évidente encore, et plus émouvante, le rapport qu’entretient Patrick Modiano avec son travail : On sent, plus encore que lors de la première séquence, combien Patrick Modiano cherche pendant qu’il parle : tout - son attitude, la tension de son corps, son regard sur Pivot, ses phrases sans cesse recommencées - révèle combien Modiano n’est pas en maîtrise de son propre travail, celui-ci pourtant achevé. Modiano, même lorsqu’il en a fini avec un livre, n’en est pas sorti. Et c’est sans doute parce qu’il n’en sort jamais, parce qu’il n’a jamais la sensation d’en avoir fini, que chacun de ses livres peut apparaître comme l’éclat chaque fois renouvelé d’une même interrogation, d’une même quête. Si Modiano chaque fois revient rôder autour des mêmes zones d’ombre, c’est bien parce que, même au terme de l’écriture d’un livre, il n’a pas le sentiment d’avoir cerné ce qui lui échappait et qu’il s’efforce, jusqu’au vertige, de traquer dans tous ses livres. Alors, toujours il revient, de livre en livre, sur les 4 mêmes lieux : ceux de son oubli. L’écriture n’achève rien : elle creuse, toujours plus, les brûlures, les abîmes. Tout au long de l’entretien, chaque fois que Modiano est interrogé par Pivot, il me semble regarder Pivot comme un enfant regarderait un professeur qui l’interroge : comme s’il avait peur d’être pris en défaut de ne pas savoir ! J’aurais tant aimé avoir la possibilité de faire des arrêts sur image, pour faire apparaître de manière plus évidente encore combien le regard de Modiano exprime à la fois l’inquiétude et un très grand embarras. Comme si lui, Modiano, ne se sentait pas légitime, et presque imposteur - comme ces personnages auxquels il donne vie dans ses livres. C’est d’autant plus flagrant que, très rapidement, Simone Signoret se positionne durant l’entretien comme la figure maternante et rassurante : elle vole au secours de Patrick Modiano dès qu’elle le peut. Il est émouvant de constater, lors d’un gros plan sur elle pendant que Modiano parle, combien elle l’écoute avec une extrême attention, presque sur le qui-vive, prête à intervenir si besoin. Tout ceci apparaît clairement lorsqu’on observe combien les interventions de Simone Signoret provoquent chaque fois un saisissant changement d’attitude chez Modiano : pendant les premières minutes de l’entretien, minutes au cours desquelles la conversation ne se tient qu’entre Modiano et Pivot, le visage et le corps de Modiano expriment une grande tension, seuls ses mains et ses avant-bras, dans un mouvement circulaire comme lors du précédent entretien, tentent parfois d’exprimer ce qui ne passe pas la barrière du langage : combien de fois tente-t-il de formuler la même phrase, au début de l’interview : « Et en plus c’est dans un Paris… c’est l’été… c’est un Paris… complètement désert… ». Il utilise, à ce moment-là de l’entretien, des formules et des mots qui reviennent souvent et traduisent sa difficulté à fixer ce qu’il veut dire : « des espèces de… », « c’est bizarre… », « c’est-à-dire… ». Or, pour la première fois, un sourire apparaît sur son visage lorsque Simone Signoret intervient. On sent un soulagement immense chez Modiano, une légèreté soudaine, comme si tout à coup le vent tournait sur le plateau. Le regard de Modiano, désormais, se raccroche à celle qui le rassure, qui interrompt le « devoir parler, devoir expliquer ». Lors de ce sourire et des minutes qui suivent, au cours desquelles Modiano et Signoret échangent et évoquent un souvenir d’enfance, le visage de Modiano semble incroyablement rajeuni : l’embarras, pour un moment, est chassé. D’ailleurs, signe concret de cette fluidité qui gagne soudain le plateau après la tension du début, Pivot luimême s’engouffre dans cette légèreté : « Vous êtes charmants tous les deux, c’est bien… ». Simone Signoret doit apparaître d’autant plus rassurante pour Modiano qu’elle raconte un passé commun, évoqué en termes précis et heureux. Simone Signoret, c’est celle qui comprend Modiano, qui a les mots clairs, et grâce à qui le passé de Modiano, pour un instant, 5 est retrouvé. Au cours de cette interview, Simone Signoret est celle qui change les ombres en lumière. Lorsque Pivot tente de reprendre le fil de l’entretien et propose « quelques petites questions » à Patrick Modiano, celui-ci aussitôt se raidit à nouveau : son corps se tend, plus aucune trace de sourire sur son visage, une de ses mains se pose sur son poignet comme pour tenter d’être « un peu plus prêt » : il s’agit une nouvelle fois de « répondre ». A nouveau on lit dans son regard une appréhension, et le basculement est d’autant plus émouvant qu’il se fait en un éclair. Modiano pourtant prononce quelques phrases qui révèlent avec acuité la nature de son travail. Celle-ci par exemple : « Finalement, les annuaires sont les seuls livres où il reste des traces de toute une vie ». Mais, si Modiano peut parfois exprimer par fulgurances ce qui soustend son travail d’écriture, il est désemparé lorsqu’il s’agit de répondre à des questions comme : « pourquoi Irwin Shaw ? » ou « pourquoi le vert ? ». Il est désemparé car il n’a pas choisi délibérément le vert, ou Irwin Shaw. Ecrire ne relève pas du choix ni de la décision, écrire est chercher, tâtonner, jusqu’à trouver le cadre le plus libre et le plus cohérent pour, à l’intérieur de ce cadre, y couler et faire entendre une énergie, un son, un cri, que l’on portait au plus profond de soi, et que l’on reconnaît à l’instant où on le libère. C’est bien là le mystère du processus de création : l’écriture n’est pas un acte cérébral, mais procède d’une énergie… Et, d’une certaine manière, ce n’est pas l’auteur qui est aux commandes, mais la forme. L’auteur, lui, accompagne ce mouvement. En ce sens, Modiano n’a pas choisi le vert, ni Irwin Shaw. Ce sont eux, d’une certaine manière, qui se sont coulés dans son texte, s’y sont imposés. D’ailleurs, au « pourquoi » le vert, Modiano préfèrera le « comment » : et c’est bien la seule réponse possible en effet : ce n’est pas « pourquoi le vert », mais parce que ce vert est « glauque », qu’il est « pâle », qu’il « donne une luminosité un peu bizarre », qu’il est, à ce moment là du texte, et à plusieurs reprises ensuite, nécessaire, évident. A nouveau, Simone Signoret volera au secours de Modiano : tandis qu’il s’empêtre dans un début de phrase qu’il reprend plusieurs fois pour tenter de répondre à la question : « Pourquoi Irwin Shaw », Simone Signoret, impériale, révèle en termes clairs qu’elle connaît très bien cet auteur américain : elle met des mots précis là où il n’y en avait pas pour Modiano et Modiano éclate de rire, et on sent, à ce brusque éclat de rire, l’immense soulagement qu’il ressent. Simone Signoret, en parlant, éloigne les questions auxquelles il n’a nulle réponse. Elle comble, à sa manière, les blancs de Modiano, que lui ne peut combler. Ce sont des blancs qui ne se combleront jamais, et tant mieux : ce sont eux qui sont à l’origine de l’écriture. 6 J’ai relu récemment tous les livres de Patrick Modiano. Il m’a semblé ne lire qu’un seul et long livre, que j’aurais pu commencer n’importe où, ouvrir à n’importe quelle page, l’ensemble formant un tout, une unité, saisissantes. J’ai tout relu et, comme toujours lorsque je lis Modiano, il me semblait être en plein rêve éveillé. Quelqu’un prenait ma main et lentement me guidait, et moi, les yeux fermés, je me laissais entraîner. C’était hypnotique. A plusieurs moments cependant de la lecture je me réveillais brutalement : quelque chose m’avait sauté à la gorge, quelque chose que Modiano dévoilait le temps d’un éclair, déchirant le très léger voile qu’il avait glissé devant mes yeux, avant de le replacer aussitôt, de m’attirer à nouveau dans son rêve. J’aimerais citer quelques phrases d’Un Pedigree. Modiano parle de sa mère : « C’était une jolie fille au cœur sec. Son fiancé lui avait offert un chow-chow mais elle ne s’occupait pas de lui et le confiait à différentes personnes, comme elle le fera plus tard avec moi. Le chow-chow s’était suicidé en se jetant par la fenêtre. Ce chien figure sur deux ou trois photos et je dois avouer qu’il me touche infiniment et que je me sens très proche de lui. » Voilà ce qui brutalement me réveillait : la douleur, d’ordinaire si peu mise en avant dans l’œuvre de Modiano, soudain un instant mise à nu. Chez Modiano, nous ne sommes pas en plein rêve. Nous sommes dans la vie. La vie dans ce qu’elle a plus violent, de plus précaire. Mais c’est tout l’art de Modiano de nous faire croire que ses livres sont des rêves. Et ça a été tout l’art de la télévision de ces années-là, exigeante, ambitieuse, raffinée, d’être un espace où la parole était accordée à ceux qui créaient, qui s’interrogeaient, qui cherchaient, avec tous les doutes, les silences et les fragilités que cela implique. 7