Ambiguïté narrative et fragmentation dans Dora
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Ambiguïté narrative et fragmentation dans Dora
The South Carolina Modern Language Review Volume 6, Number 1 Ambiguïté narrative et fragmentation dans Dora Bruder de Patrick Modiano by Dominique Linchet Birmingham-Southern College Jean-Patrick Modiano est né à Boulogne-Billancourt le 30 juin 1945, d’un père juif et d’une mère d’origine flamande. Ses parents se connurent et se marièrent durant l’Occupation et Patrick naquit quelques mois après la Libération. Modiano passa sa jeunesse à Paris, dans un appartement avec vue sur la Seine et le quai Conti. Son frère cadet, Rudy, mourut enfant. Son père ne semble pas avoir été très présent durant l’enfance de l’écrivain ; il est vraisemblable que ses parents se soient séparés lorsque Patrick était encore enfant. Modiano fit une année d’études universitaires en 1966 mais ne poursuivit pas au-delà. Marié en 1970, il réside maintenant à Paris avec sa femme et ses enfants, et vit des revenus de ses publications. Jusqu’ici, Modiano a publié vingt romans ainsi que des nouvelles et le script du film de Louis Malle, Lacombe Lucien. Il obtint le Prix Fénéon en 1968 pour son premier roman, La place de l’étoile, une œuvre dans laquelle il aborde entre autre le problème de l’identité juive. Dora Bruder, publié en 1997, s’inscrit au sein d’un corpus dont une des préoccupations centrales est également la recherche d’une identité—à la fois personnelle et collective—à travers la reconstruction minutieuse d’événements situés durant l’Occupation allemande. Comme le note Katheryn Wright : Modiano’s novels are voyages into the past by first-person narrators who sift through memories in search of a personal and collective identity. The space in which they move is characterized by instability, chance encounters, and compromise. It is a fragile, dysfunctional world in which 46 The South Carolina Modern Language Review Volume 6, Number 1 the past is superimposed on the present and where the memory that retains that past is as fragmented as the world it portrays. (265) Dans cette étude, j’aimerais me pencher sur la technique narrative de Modiano, en particulier sur ce que j’appellerai ici, faute d’une meilleure caractérisation, la fragmentation du discours modianien. Je tâcherai de montrer que l’ambiguïté narrative, l’apparent chaos de sa narration, ainsi que les hésitations et incertitudes du narrateur, reflètent une réticence à se souvenir avec cohérence et de façon uniforme, de la période traumatique de l’occupation. Je montrerai aussi que le seul point d’ancrage de la quête menée par le narrateur de Dora Bruder semble se situer dans la topographie parisienne ; il suggère selon moi le poids et la responsabilité qui pèsent encore aujourd’hui sur la ville et ses habitants, témoins de l’occupation. Dora Bruder retrace l’enquête anxieuse et décousue des derniers moments d’une adolescente avant son internement à Drancy puis sa déportation à Auschwitz. L’ouvrage débute avec la voix du narrateur qui explique comment en 1988, il trouva, par hasard dans « un vieux journal, Paris-Soir, qui datait du 31 décembre 1941 » (Bruder 7) l’avis de recherche placé par les parents d’une jeune fille juive de quinze ans. Cette annonce lance Modiano sur la trace de la disparue, et en quête de réponses pour savoir comment Dora, en pleine occupation, s’échappa du pensionnat catholique où on la cachait, et ce qu’il advint d’elle. Le seul document que le narrateur déclare avoir trouvé et où le nom de Dora est mentionné, est une liste de juifs déportés de Drancy à Auschwitz en septembre 1942. Outre ces deux documents, il ne trouve rien de concret. Cela n’empêche toutefois pas le narrateur de poursuivre sa recherche, de tenter d’élucider le mystère de la disparition de Dora, et de combler les lacunes de son enquête à l’aide de spéculations et de questions qui demeurent pour la plupart sans réponse. 47 The South Carolina Modern Language Review Volume 6, Number 1 Tout au long du récit, le narrateur essaie d’obtenir des renseignements, soit par l’intermédiaire de documents (annonces de journaux, photos, lettre d’un homme appartenant au même convoi que Dora etc.)i, soit grâce à des conversations entreprises avec des témoins oculaires (cousine de Dora, par exemple) ou des contemporains de la jeune fille (un brocanteur qui aurait pu la rencontrer). Malgré ses efforts apparents pour fournir au lecteur les détails les plus minutieux de la vie et du destin de Dora, son récit est fait de bribes et d’anecdotes décousues. Il passe de façon arbitraire, du récit de sa recherche sur le destin de Dora, à des souvenirs personnels d’enfance et d’adolescence, ainsi qu’à des passages qui relatent des épisodes de la vie de son père durant l’occupation. Parlant par exemple de la fugue de Dora du pensionnat où elle avait trouvé refuge, il se souvient de la sienne : Je me souviens de l’impression forte que j’ai éprouvée lors de ma fugue de janvier 1960 (77) Ailleurs, le narrateur imagine une rencontre entre son père et Dora lors de son arrestation: C’était en février pensai-je qu’ »ils » avaient dû la prendre dans leurs filets […] Ce mois de février, le soir de l’entrée en vigueur de l’ ordonnance allemande, mon père avait été pris dans une rafle, aux Champs-Elysées […] Ils l’avaient embarqué. Dans le panier à salade qui l’emmenait des Champs-Elysées à la rue Greffulhe, siège de la police des questions juives, il avait remarqué, parmi d’autres ombres, une jeune fille d’environ dix-huit ans […] Alors, la présence de cette jeune fille dans le panier à salade avec mon père et d’autres inconnus, cette nuit de février, m’est remontée à la mémoire et bientôt je me suis demandé si elle n’était pas Dora Bruder […] Peut-être ai-je voulu qu’ ils se croisent, mon père et elle, en cet hiver 1942. Si différents qu’ils aient été, l’un et l’autre, on les avait classés, cet hiver-là, dans la même catégorie des réprouvés. (62-3) La narration est donc de nature fragmentaire : la quête de Dora est interrompue par des associations apparemment autobiographiques, des passages traitant de son père, ainsi que des éléments contextuels historiques et littéraires associés à l’occupation (collaboration et 48 The South Carolina Modern Language Review Volume 6, Number 1 déportations en particulier), mais pas directement liés à la disparition de Dora, événement sur lequel est pourtant centré le récit.ii Des critiques ont appelé ces phénomènes « dispersion narrative ». Marja Warehime, par exemple, remarque que Rue des Boutiques Obscures, un autre roman de Modiano, est divisé en courts chapitres de longueurs variées et présentant entre autre tantôt une série de photos, tantôt une annonce de journal, tantôt un retour en arrière en apparence biographique. (Originality 337) De même et d’emblée, le lecteur se voit mené à mettre en question la compétence de la voix narrative, celle de ce « je » qui se charge de témoigner sur une époque et une page d’histoire qu’il n’a pas lui-même vécues. Au début du quatrième chapitre en effet, après nous avoir appris la naissance de Dora le 25 février 1926 ainsi que sa disparition durant l’hiver 1942, le narrateur nous informe qu’en 1965, « il eut vingt ans à Vienne » (Bruder 21) et qu’il n’a donc pas eu direct accès, en tant que témoin, à la période et aux événements qu’il décrit dans son roman. En outre, il reconnaît sa propre insignifiance lorsqu’il déclare « Je n’étais rien » (8). Il note aussi sa confusion quant aux périodes dont il se souvient : Les perspectives se brouillent pour moi, les hivers se mêlent l’un à l’autre. Celui de 1965 et celui de 1942. (10) De plus, l’enquête est également mise en doute par l’usage fréquent de la forme interrogative. Les questions sur le sort de Dora abondent, ainsi que des expressions qui mettent en doute la fiabilité du narrateur : « Comment le savoir ? » (22), « Qui sait ? » (59), la répétition de « peut-être » (22, 35, 40, 47, 59, 63, 73, 76, 110, 117, 129), « j’/on ignore » (59, 74, 88), « j’hésite » (14), « je devine » (39),« il est probable » (23), « je suppose » (25, 39, 58) « on imagine » (76),« on ne saura jamais » (76, 108), « il se peut » 49 The South Carolina Modern Language Review Volume 6, Number 1 (64). Autant d’éléments narratifs qui diminuent la confiance que le lecteur aurait pu porter au narrateur. Finalement, lorsqu’il ajoute des détails à l’histoire de Dora, il ne cite pas souvent ses sources. Il écrit par exemple « je ne suis jamais allé vérifier » (8), « je n’ai trouvé aucun témoin, aucun indice » (89) et « j’en étais réduit aux suppositions » (61). Parfois, il informe directement le lecteur de certains détails non fondés : Ainsi, j’ai fini par savoir que Dora Bruder et ses parents habitaient déjà l’hôtel du boulevard Ornano dans les années 1937 et 1938. Ils occupaient une chambre avec cuisine au cinquième étage, là où un balcon de fer court autour des deux immeubles. (13) De même, lorsqu’il parle des parents de Dora, il spécule sur leurs conditions de vie sans raison apparente : Les années qui ont suivi leur mariage, après la naissance de Dora, ils ont toujours habité dans des chambres d’hôtel. (27) Ou, lorsqu’il cite ses sources--un membre de la famille Bruder, par exemple--il souligne leur manque de fiabilité : J’ai retrouvé une nièce d’Ernest et de Cécile Bruder. Je lui ai parlé au téléphone. Les souvenirs qu’elle garde d’eux sont des souvenirs d’enfance, flous et précis en même temps. (28) Et un peu plus loin : D’après sa nièce, elle était employée dans un atelier, du côté de la rue du Ruisseau, mais elle n’en est pas sûre. (31) Il note aussi l’inutilité de sources possibles : Tant que je n’aurai pas recueilli le témoignage de l’une de ses anciennes camarades, je serai réduit aux suppositions. […] Mais après tout, qu’aurait-elle pu m’apprendre ? (42-3) L’enquête de détective à laquelle se livre le narrateur de façon apparemment minutieuse, ne présente donc pas les caractéristiques qui permettraient au lecteur de lui 50 The South Carolina Modern Language Review Volume 6, Number 1 accorder crédence. Parlant d’autres romans de Modiano, Paul Raymond Côté a noté « un style où domine une vision fragmentaire et onirique de l’enfance, où sont privilégiés l’énigme, le flou et l’incertain. » (316) Alan Morris quant à lui remarque : Modiano’s protagonists, understandably, would always like to know everything there is to know about the années noires, but they are for ever frustrated […] Fragmentation occurs, vagueness creeps in, and doubts crop up, the formal result of which is that, along side the wealth of precise detail in the oeuvre modianesque, we also get the exact opposite: absences, omissions and blank space—all of which are signs of an inability to remember which leads us back to amnesia. (236) Bref, la quête ne mène qu’à l’incertitude et à l’effritement ; les questions abondent, les pistes se disloquent et les témoins s’avèrent absents, inutiles ou incompétents. Le texte de Modiano semble ainsi résister cohérence et résolution.iii Je suggèrerai ici que l’instabilité, l’ambiguïté de la narration de Modiano iv reflètent celles de l’occupation, période trouble où les gens disparaissent et où leurs traces s’effacent. Face à un passé flou que l’on préférerait oublier, face à un narrateur instable et à une narration fragmentée, le lecteur se voit amené à questionner et à reconstruire ce qui apu se passer. Il devient lui-même détective tant au niveau biographique (la vie de Dora, du narrateur et celle de son père) qu’historique (la période de l’occupation en France et le destin des juifs européens). C’est son désir d’explications et de dénouement qui active la narration/quête, ou comme le remarque Akane Kawakami : The desire to know, to find an answer is at the root of all narratives, inconclusive as they may and must be. And perhaps […] the original source of narrative desire […] is not very important, as long as it sparks off a proliferation of narratives in accordance with the order of narration, involving the reader in the ceaseless activity of sense-making. (33) Ainsi, le nœud du problème, le noyau de la quête n’est certes pas Dora. Il nous faut plutôt remonter à la période qui engloutit Dora, la redécouvrir. Il s’agit de nous souvenir 51 The South Carolina Modern Language Review Volume 6, Number 1 et de recréer, par la mémoire, cette période d’occupation faite d’ambiguïté. L’écriture, le récit, sa déconstruction à travers la fragmentation narrative, et sa reconstruction dans l’échange textuel permettent à la mémoire collective de s’activer, et aux événements racontés d’échapper à l’oubli. C’est bien ce rôle qu’envisage le narrateur de Dora Bruder: Si je n’étais pas là pour l’écrire, il n’y aurait aucune trace de la présence de cette inconnue et de celle de mon père dans un panier à salade en février 1942, sur les Champs-Elysées. (65) Chez Modiano, comme le souligne Bertrand Westphal, « l’écriture comble le vide du temps. » (111) La seule trace concrète de l’occupation, la certitude où peut s’ancrer le souvenir se situe dans l’existence de la ville, des bâtiments et des rues de Paris. La ville est faite d’empreintes, inscrites dans la pierre, et grâce à elles, « la ville d’hier [m’]apparaît en reflets furtifs derrière celle d’aujourd’hui » (51). Le narrateur suit les traces de Dora au fil des rues parisiennes et retrouve les lieux par lesquels passa la jeune fille. Il se souvient avoir traîné dans les cafés du boulevard Ornano, non loin du numéro 41, dernière adresse de Dora. Il devine la jeune fille et ses parents, « en filigrane », comme il traverse le square de Clignancourt, descend vers Simplon et le boulevard Ornano. Il reconnaît un cinéma et traverse la rue Hermel pour arriver « devant l’immeuble du 41 boulevard Ornano, l’adresse indiquée dans l’avis de recherche de Dora Bruder. » (11) Toutefois, la ville elle aussi présente une certaine mouvance qui menace d’effacement et d’oubli. Ainsi, devant la prison des Tourelles, lieu de transit avant la déportation de Dora vers Auschwitz, le narrateur déclare : 52 The South Carolina Modern Language Review Volume 6, Number 1 Un haut mur entoure l’ancienne caserne des Tourelles et cache les bâtiments de celle-ci. J’ai longé ce mur. Une plaque y est fixée sur laquelle j’ai lu : ZONE MILITAIRE DEFENSE DE FILMER OU DE PHOTOGRAPHIER Je me suis dit que plus personne ne se souvenait de rien. Derrière le mur s’étendait un no man’s land, une zone de vide et d’oubli. (131) Mais le narrateur rectifie bientôt ce commentaire : Et pourtant, sous cette couche épaisse d’amnésie, on sentait bien quelque chose, de temps en temps, un écho lointain, étouffé, mais on aurait été incapable de dire quoi, précisément. (131) L’identité du narrateur semble d’ailleurs dépendre de la stabilité de cet environnement. v Ainsi, le remarque Martine Guyot-Bender, « in Modiano’s novels questions create suspense and directly engage readers in the interpretative process. (29) Ou, comme le note Timothy Scherman nous pouvons noter chez Modiano un processus de «défamiliarisation caractéristique du Nouveau Roman » et dont le but est de déranger la passivité du lecteur. (299) Mettant en question une représentation définitive du passé et la capacité d’une personne, le narrateur, d’interpréter le passé, Modiano souligne les dangers d’une vision simpliste de l’histoire. La représentation de l’occupation n’est pas faite de « témoignage ou de confession, […] mais plutôt d’une évocation fabulée et sans cesse soumise à l’éclatement, à la dislocation de toute chronologie» (Khalifa 100). La fragmentation au sein du récit «reproduces the chaos of memory and the vast gap between past events and what can be understood of them.» (Guyot-Bender 28). Selon Modiano, son évocation de la France occupée est en réalité moins une description ancrée dans une vérité historique que la création d’ «une atmosphère, un rêve, un fantasme» (Khalifa 100). De même, comme le remarque Gerhard Gerhardi : L’Occupation, chez Modiano, n’est donc pas une époque qu’on 53 The South Carolina Modern Language Review Volume 6, Number 1 décrit, tel un romancier réaliste, en amassant des détails historiques, politiques et sociaux, mais plutôt une atmosphère trouble qu’il ne fait que suggérer, un arrière-plan vague et flou, un état d’incertitude et d’angoisse où s’infiltre à peine la lumière crue de la conscience. (115-6) Dans Dora Bruder, les hésitations du narrateur exposent les problèmes de transmission de l’histoire. Dans le cas de Modiano, l’histoire de l’Occupation est d’une part, une histoire non pas vécue au premier degré, mais héritée de la génération de ses parents et vécue dans la clandestinité par son père juif. La fragmentation de la narration, le manque de contrôle du narrateur de Dora, représente ses difficultés à intégrer cette expérience traumatique. Comme l’explique Susan Brison, «the undoing of the self in trauma involves a radical disruption of memory, a severing of past from present, and typically, an inability to envision a future. » (Bal 39). Cette intégration serait donc importante car elle permettrait au sujet de se reconstruire, de rétablir son identité, et d’envisager avec plus de clarté, ce passé traumatique. De plus, le remarque Mieke Bal, « the incapacitation of the subject –whose trauma or wound precludes memory as a healing integration-can be overcome only in an interaction with others » (x). Ainsi, c’est dans l’échange entre texte et lecteur que s’inscrirait la possibilité d’intégration. Or, comme nous l’avons vu, la narration modianesque résiste à la fois à toute cohérence et intégration. A travers la fragmentation de sa narration, Modiano rejette donc avec sa génération-et son lecteur-, « l’honneur inventé » basé sur « l’exorcisme de Vichy » de de Gaulle, ainsi que « l’histoire sainte et édifiante de la Résistance » (Rousso 111-12). Ses hésitations sur l’histoire, ses ambiguïtés narratives et linguistiques s ont autant d’insistances sur les dangers d’une résolution.vi En outre, la topographie parisienne, 54 The South Carolina Modern Language Review Volume 6, Number 1 ancre le souvenir et permet au narrateur, malgré l’échec apparent de sa quête, d’échapper à l’amnésie. Ou, comme l’écrit Gerald Prince : Something happened. That’s the story. The Occupation. Drancy. Auschwitz […] Something happened and nothing can ever be the same. […] On the one hand, little remained of what was […] Two or three yellowed photographs, a name in some telephone book or directory, a few vague and contradictory indications make up what is left of the past, of a life. On the other hand, the past—so ephemeral, so hazy— is with us […] This riding school is where my father hid. In this street, the Gestapo had its headquarters. (37-9) Le passé refuse d’être oublié car la ville porte en elle les cicatrices du trauma hérité par auteur, narrateur et lecteur. 55 The South Carolina Modern Language Review Volume 6, Number 1 Ouvrages cités Bal, Mieke, Jonathan Crewe, and Leo Spitzer, eds. Acts of Memory. Cultural Recall in the Present. Hanover, NH: Dartmouth College University Press, 1999. Côté, Paul-Raymond. “Aux Rives du Léthé : Mnémosyne et la quête des origines chez Patrick Modiano.» Symposium 45:1 (Spring 1991) : 315-28. Gerhardi, Gerhard. « Topographie et histoire : Paris et l’Occupation dans l’œuvre de Patrick Modiano.» IN Wolfgang Drost, Géraldi Leroy,, Jacqueline Magnou et Peter Seibert, ed. Paris sous l’occupation. Universitätverlag C. Winter Heidelberg, 1995. Guyot-Bender, Martine. “Making Sense of Narrative Ambiguity.” IN Paradigms of Memory. 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University Press of Florida, 1995. 57 The South Carolina Modern Language Review Volume 6, Number 1 i Marja Warehime a noté la difficulté de classer l’œuvre de Modiano au sein d’une catégorie littéraire spécifique et elle remarque aussi la nature fragmentée de ses romans : Modiano’s works are themselves « threshold » works in literary terms : documentary and autobiographical without fitting neatly in either category; fragmentary works in which others’ voices replace that of the narrator, works not quite “literary” in their desire to preserve or collect fragments or traces of the real: letters, newspaper articles, conversations, photographs, police reports, street signs and graffiti. (Paris 99) ii Akane Kawakami a aussi remarqué que nombre de détails fournis par les narrateurs des romans de Modiano sont souvent non pertinents au mystère ou à l’enquête. Ils ont en fait tendance à embrouiller les pistes plutôt qu’à résoudre la situation. iii Selon Akane Kawakami, l’oeuvre de Modiano est post-moderne au sens où elle présente ironie et incertitude ontologique. Kawakami remarque : By ‘postmodern’ I indicate an aesthetic whose characteristics display an ironical awareness of ontological uncertainty, both of themselves in the history of their production, and of the world in which they exist. It is an awareness which does not lead to resolution through logical or metaphorical explanations, but prefers to dissolve into play and parody. On the level of narrative, the postmodern manifests itself in the form of instances of self-reflexivity, parody, a questioning of the distinction between history/biography and fiction, decentring of the narrating self and disordered narrative. (3) iv Au sujet de l’ambiguïté narrative de Modiano, Martine Guyot -Bender parle de discontinuité. Elle écrit : Discontinuity within individual texts reproduces the chaos of memory and the vast gap between past events and what can be understood of them. (28) v Warehime écrit, à propos de Guy Roland, protagoniste de Rue des Boutiques Obscures : His sense of self is less an identity than an itinerary where names and streets and places figure prominently […] Ultimately, it is in the emotions called up by the places, more durable than the emotions themselves, that Guy « locates » his strongest sense of self. (340) vi Martine Guyot-Bender remarque : Occupation’s dramatic coherence propagated by the post-Liberation era’s distinct categorization of enemies/traitors and allies. While continuously drawing the reader’s attention to the chaos and the tragic dimension of the period, the novelist rejects its “totemisation”, to borrow a term from Geoffrey Hartman, who, by his own account, believes in representation but recognizes “distortion [is] inherent in every attempt to achieve stability and closure, as history changes into memory and its institutionalization. Institutionalization, rigidly framing the Occupation, thus emptying it of its incoherence and of the questions that remain, making it intelligible, seems to be exactly what Modiano attempts to bypass. (29) 58