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10e EDITION - CONFERENCE INTERNATIONALE ACTES DE LA CONFERENCE Ergo'IA 2006 Bidart/Biarritz France L'humain comme facteur de performance des systèmes complexes 11/12/13 Octobre 2006 6RXVODGLUHFWLRQVFLHQWLILTXHGH E. Brangier - Université de Metz C. Kolski - Université de Valenciennes J.-R. Ruault - DGA Edités par ESTIA & ESTIA.INNOVATION ERGO-IA 2006 Manifestation organisée par : ESTIA & ESTIA.INNOVATION Techopole Izarbel – 64210 Bidart Tél : 05 59 43 84 00 – Fax 05 59 43 84 01 E-mail : [email protected] – http://www.ergoia.estia.fr PARRAINAGE SCIENTIFIQUE ISBN 2-9514772-6-0 La loi du 11 Mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’Article 41, d’une part que les « copies ou reproduction strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1er de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les Articles 425 et suivants du Code Pénal. COMITE SCIENTIFIQUE Présidence Scientifique É. BRANGIER - C. KOLSKI - J-R. RUAULT Université Paul Verlaine Metz & Université de Valenciennes & DGA z Jean-François AUBRY, z z z z z z z z z z z z z z z z z z z z z z Patrick GIRARD, Institut de Sûreté Industrielle, Nancy Jean-Paul BARTHES, Université Technologique de Compiègne Josiane BASQUE, Télé-université du Quebec, Montréal Christian BASTIEN, Université Paris V Marc-Eric BOBILLIER CHAUMON, Université Lyon 2 François BOILLEAU, Giat Industries Guy BOURHIS, Université Metz Christian BRASSAC, Université Nancy 2 Gaëlle CALVARY, Imag, Grenoble Noëlle CARBONELL, Loria, Nancy Valérie CASTEL, Giat Industries Alain COHENCA, Renault, Vice Président de l'AFIS Daniel COINEAU, RATP François DANIELLOU, Université Bordeaux 2 Bertrand DAVID, ECL Lyon Michel DESMARAIS, Ecole Polytechnique de Montréal Iñaki DORRONSORO, Mondragon Corp.Cooperativa Annie DROUIN, Consultante, Paris Henri FANCHINI, Artis Facta Daniel GALARRETA, CNES, Toulouse Michel GALINIER, Thalès Claude GERMAIN, Université Lyon 2 z z z z z z z z z z z z z z z z z z z z z z Université Poitiers, Président de l’AFIHM Jean-Roch GUIRESSE, ESTIA Florence HELLA, INRS Nancy Alain LANCRY, Université Amiens Valérie LEGUAY, DGA Bruno MAGGI, Université Bologne Odile MARTIAL, Consultante, Montréal Gabriel MICHEL, Université Metz Faouzi MOUSSA, Université de Tunis Michel NEBOIT, Président de la Self Anne-Sophie NYSSEN, Université de Liège Dina NOTTE, Ergodin, Belgique Philippe PALANQUE, Université Toulouse 3 Jean PARIES, Dédale René PATESSON, Université Libre de Bruxelles Gérard POULAIN, France Télécom R&D Serge QUAZZOTTI, CRP Henri Tudor, Luxembourg Mouldi SAGAR, Université de Valenciennes Dominique SCAPIN, INRIA Jean-Claude SPERANDIO, Pr Emérite Lab. Ergonomie Informatique, Paris V Daniel TASSET, D.G. de la Sûreté Nucléaire et de la Radioprotection Jean-Claude TUCOULOU, Giat Industries, Dir. Scientifique de l'AFIS Frédéric VANDERHAEGEN, Université de Valenciennes RELECTEURS ADDITIONNELS z Emmanuel ADAM, LAMIH, Univ. Valenciennes z Jean-Daniel FEKETE, INRIA Futurs, LRI, Orsay z Virginie GOVAERE, INRS, Vandoeuvre-les-Nancy z Jean-Luc KOP, Labpsylor, Université Nancy 2 z z z z Karin LUNDGREN-CAYROL, LICEF, Montréal Jacques MARC, INRS, Vandoeuvre-les-Nancy Franck TARPIN-BERNARD, ICTT, Insa Lyon Corinne VAN DE WEERDT, INRS Vandoeuvre-les-Nancy COMITE D’ORGANISATION PRESIDENT Jean-Marie BERCKMANS, Président de la CCI Bayonne Pays Basque MEMBRES Jean-Roch GUIRESSE, ESTIA Sophie PAOLACCI, ESTIA.Innovation Michèle ROUET, ESTIA TABLE DES MATIERES CONFERENCES INVITEES Violations et migrations ordinaires dans les activités à risques : conséquences pour la résilience globale et la gestion du retour d’expérience en entreprise R. Amalberti (IMASSA) ................................................................................................................. 13 Génie système : à la croisée de la science et de l'art A. Faisandier (Directeur, Map Système) ....................................................................................... 21 Vers un prototypage des interfaces graphiques incluant vraiment l'utilisateur final J. Vanderdonckt (BCHI, Université de Louvain-La-Neuve) ........................................................... 31 ARTICLES LONGS DE RECHERCHE Evaluation ergonomique d'un prototype de réalité augmentée par des tests utilisateurs : apports et difficultés M. Anastassova, Ch. Mégard (CEA, LIST), J.M. Burkhardt, J. Breda (Unité d'ergonomie Paris 5) ............................................................................................ 45 Association des réseaux de Pétri et des critères d'ergonomie des logiciels pour la modélisation et la réingénierie de systèmes interactifs, cas de la prescription thérapeutique en milieu hospitalier S. Bernonville (LAMIH, Valenciennes et EVALAB, Lille), N. Leroy (EVALAB), C. Kolski (LAMIH), M.C. Beuscart-Zéphir (EVALAB)................................................................................................... 55 Mémoire des documents familiers : implications pour les systèmes de récupération de fichiers T. Blanc-Brude, D.L. Scapin (INRIA, Le Chesnay)........................................................................ 63 Elaboration et validation d'un questionnaire de mesure de l'acceptation des technologies de l'information et de la communication basé sur le modèle de la symbiose humain-technologieorganisation E. Brangier, S. Hammes (Univ. Metz, ETIC) ................................................................................. 71 Métamorphose des IHM et Plasticité : article de synthèse G. Calvary, V. Ganneau, J. Coutaz, L. Balme, O. Dâassi, A. Demeure, J.S. Sottet (UJF CLIPS IMAG, Grenoble)........................................................................................................................... 79 Importance of peer-to-peer ad hoc collaboration in the development of large software systems S. Cherry, P.N. Robillard (Dpt génie informatique, Ecole Polytechnique Montréal) ...................... 87 Pour une meilleure prise en compte des opérateurs dans la conception de nouveaux produits à partir d’une démarche d’évaluations combinées de l’activité J. Fénix, J-C. Sagot, (UTBM) C. Valot (IMASSA) ........................................................................ 95 Performances et usages d'un environnement d'apprentissage de la programmation " basé sur exemple " N. Guibert, P. Girard, L. Guittet (LISI, Poitiers) ........................................................................... 103 Approches orientées services Web de l'IHM de supervision : nouvelles solutions technologiques pour les ingénieurs et nouvelles problématiques pour les ergonomes ? D. Idoughi (Univ. Mira, Algérie et LAMIH), C. Kolski (LAMIH, Valenciennes) ............................. 111 Les déterminants du choix d’une modalité d’interaction avec une interface multimodale L. Karsenty (IntuiLab, Toulouse) ................................................................................................. 119 Usage des interactions verbales pour la conception d'applications interactives centrée Genre M. Latapy, Ph. Lopistéguy, P. Dagorret, M. Gaio (LIUPPA, IUT Bayonne) ................................. 129 Supports pour la prise en compte des experts et utilisateurs dans le développement de Systèmes Interactifs d'Aide à la Décision S. Lepreux (LAMIH, Univ. Valenciennes).................................................................................... 139 Les modèles de tâches pour la contextualisation des composants A. Lewandowski (LIL, Calais), J.-C.Tarby (Trigone, Lille), G. Bourguin (LIL, Calais) .................. 147 Interaction multimodale pour la recherché d’information d’une base de données de réunions A. Lisowska (ISSCO Univ. Genève), M. Betrancourt (TECFA, Univ. Genève)............................ 155 La prise de décision en sport de haut niveau : un exemple chez une joueuse experte en badminton A.C. Macquet, Ph. Fleurance (Institut National du Sport, Paris) ................................................. 163 Démarche d'aide au choix des dispositifs pour l'ordinateur porté G. Masserey, O. Champalle, B. David, R. Chalon (ICTT-ECL Lyon) .......................................... 171 Une proposition pour améliorer la performance de l'usager au sein du système d'information global de la bibliothèque F. Papy, S. Chauvin (Groupe Doc. numérique et usage, Univ. Paris 8)...................................... 179 Décomposition multimodale de l'Activité : vers un outil d'aide à la conception O. Plos, S. Buisine (ENSAM, Paris)............................................................................................ 185 Comparaison de deux méthodes de prédiction des erreurs humaines en conduite automobile Ph. Polet, A. Chaali-Djelassi, F. Vanderhaegen (LAMIH, Valenciennes) .................................... 193 La programmation sur exemple : principes, utilisation et utilité pour les applications interactives L. Sanou, P. Girard, L. Guittet (LISI, Poitiers) .......................................................................... 201 ARTICLES LONGS APPLIQUES Vigiestrips une IHM innovante intégrée au système aéroport avancé J. Garron (Bertin technologie), J. Journet (Dir. Serv. De la Navigation Aérienne, Athis Mons) ... 211 Utilisation d'une Nouvelle Technologie de l'Information et la Communication - la préparation de commandes avec le guidage vocal V. Govaere, J.F. Schouller (INRS, Vandoeuvre)......................................................................... 221 Démarche centrée utilisateur, intégrée dans la conception d'un DEmonstrateur de Vision INdirecte (DEVIN) L. Kujawa (Giat Industries, Versailles) ........................................................................................ 229 RUP© et conception centrée sur l'utilisateur : une étude de cas F. Lemieux, M.C. Desmarais (Ecole Polytechnique de Montréal) ............................................... 237 Nomenclature de critères ergonomiques pour le vote électronique : éléments d'utilisabilité électorale G. Michel (Univ. Metz), W. Cybis de Abreu (Univ. De Santa Catarina) ....................................... 245 Esquisse de processus visant à améliorer la capacité d’adaptation des systèmes à leurs environnements J.-R. Ruault (DGA, Paris)............................................................................................................ 253 Prise en compte du Facteur Humain dans les études de Sûreté de Fonctionnement des systèmes militaires terrestres A.S. Smouts, V. Castel (Giat Système), F. Colomban (CSSI, Toulon), V. Delebarre (Safe-River, Paris) ................................................................................................. 261 Les savoir-faire de production dans les manufactures du verre et du cristal : des automatismes aux habiletés cognitives D. Wannenmacher (Grefige, LabPsyLor Univ. Nancy)............................................................... 269 Déplacements urbains de personnes non voyantes : étude multifactorielle des difficultés et apports d'une nouvelle interface pour le recueil de données M. Wolff, Ph. Cabon, G. Uzan, J. Nelson, S. Couix (Unité d'ergonomie Paris 5) ........................ 277 Evaluation d'une interface visuelle et auditive prototype pour un équipement militaire de campagne M. Wolff, J.C. Spérandio (Unité d'ergonomie Paris 5), L. Todeschini (DGA, Montreuil).............. 287 ARTICLES COURTS DE RECHERCHE Enjeux et défis de la conception des interfaces pour les assistants numériques personnels S. Baffoun, J.M. Robert (Ecole polytechnique de Montréal)........................................................ 297 Apports croisés des démarches d'inspection et de test d'usage dans l'évaluation de l'accessibilité de E-services M.E. Bobillier Chaumon (ICTT-ECL), F. Sandoz Guermond (ICTT INSA) .................................. 301 Une approche hybride pour une meilleure visualisation de grands ensembles de règles d'association O. Couturier (CRIL, Univ. Artois), J. Rouillard, V. Chevrin (CUEEP, Univ. Lille1) ....................... 305 Les simulations en conduite incidentelle/accidentelle dans le nucléaire : proposition d’un protocole pour l’analyse de l’activité collective Cecilia De la Garza (Univ. Paris 5), Pierre Le-Bot (EDF R&D).................................................... 309 Gestion de disponibilité en communication médiatisée : premiers résultats d'une observation écologique G. Genieys (France Télécom R&D), J. Kahn (France Telecom VSF), J.M.C. Bastien (Univ. Paris 5) ..................................................................................................... 313 Interaction personne handicapée/système à balayage : vers un réglage automatique de la vitesse de défilement adapté à l'utilisateur S. Ghedira, P. Pino, G. Bourhis (LASC, Univ. Metz)................................................................... 317 Ergonomie des logiciels éducatifs pour enfants déficients cognitifs : l'importance des émotions G. Michel, M. Jobert, C. Delcourte, S. Boulakfouf, A. Dibon, G. Petit (labo. Univ. Metz) ............ 321 Comportements des conducteurs vis-à-vis de nouveaux systèmes d'assistance à la conduite automobile en situation critique Ch. Pagot, A. Clarion, C. Petit (Renault Research Dpt, Guyancourt), Ch. Collet (Univ. Lyon 1) ............................................................................................................ 325 Evaluation d'analogies scripturales pour la conception d'une méthode de saisie en mobilité Uni-Glyph F. Poirier, M. Belatar (Labo. VALORIA) ...................................................................................... 333 Un pas vers un outil d'aide aux évaluateurs de systèmes interactifs à base d'agents A.Trabelsi, H. Ezzedine (Lamih, Univ. Valenciennes) ................................................................. 337 Evaluation précoce et conception orientée évaluation J-C. Tarby (Trigone, Lille) ........................................................................................................... 343 ARTICLES COURTS APPLIQUES L'innovation par l'analyse des performances humaines : application de l'ergonomie à la conception de produits cosmétiques E. Brangier (Univ. Metz, ETIC), J.C. Simon (KPSS, Darmstadt)................................................. 349 Applications of human modelling techniques in industrial design context, a multi-agent/multiscale approach M. Shahrokhi, A. Bernard (IRCCyN, Nantes) .............................................................................. 353 Barrier Analysis through Industrial Design Processes M. Shahrokhi, A. Bernard (IRCCyN, Nantes) .............................................................................. 357 POSTERS ET DEMONSTRATIONS Prise en compte du facteur humain pour la conception d'un système informatisé de régulation médicale de théâtre opérationnel W. Guessard (Section technique Armées), A. Puidupin, R. Besses, P.O. Miloche, G. Comtet, V. Di Giusto (Institut de médecine navale) .................................................................................. 363 Modélisation pédagogique : comment choisir les bons outils? V. Heiwy (CRIP5, Univ. Paris 5).................................................................................................. 365 Conception et Réalisation d'un site de E-recrutement avec module Datamining intégré de classification H. Necir (Univ des Sciences de la technologie, Faculté de Bab Ezzouar, Algérie) ..................... 367 IHM et IDM : un tandem prometteur J.S. Sottet, G. Calvary, J. Coutaz, J.M. Favre (UJF CLIPS IMAG, Grenoble)............................. 369 Déplacements urbains de personnes non voyantes : observation et analyse des difficultés M. Wolff, Ph. Cabon, G. Uzan, J. Nelson, S. Couix (Unité d'ergonomie Paris 5) ........................ 371 Déplacements urbains des personnes non voyantes : la fréquence cardiaque comme indicateur potentiel de stress M. Wolff, Ph. Cabon, G. Uzan, J. Nelson, S. Couix (Unité d'ergonomie Paris 5) ........................ 375 INDEX DES AUTEURS ............................................................................................................ 381 CONFERENCES INVITEES ******* Violations et migrations ordinaires dans les activités à risques: conséquences pour la résilience globale et la gestion du retour d’expérience en entreprise René Amalberti IMASSA, BP73, 91223, Brétigny-sur Orge RESUME KEYWORDS : Safety, La question des dérives et des déviances diverses dans les systèmes sûrs trouve une actualité particulière dans la sécurisation progressive des systèmes industriels. En effet, plus on contraint un système, plus le système ainsi bridé augmente ses mécanismes de violations, en général pour satisfaire une performance économique devenue trop contrainte par la sécurité. En s’inspirant du modèle de migration de Rasmussen (1997), l’auteur propose un modèle en trois étapes qui rend compte de ce mécanisme qui fait passer le système d’une ‘violation quasi normale’ (On parle de Border-line Tolerated Conditions of Use – BTCUs) à un accident spectaculaire. Les notions importantes à débattre et à modéliser sont à la fois les mécanismes spontanés des systèmes techniques pour vivre avec les dérives de tous ordres (notamment les effets pervers sur le retour d’expérience) et d’un autre côté les stratégies de sécurisation que l’on peut conseiller pour réguler de façon réaliste le système globalement, et plus localement aux trois phases de la migration. Les notions de cycle de vie des systèmes industriels, de place de la sécurité dans ces cycles de vie, de robustesse (resilience) du système et de modèle dynamique de gestion des risques sont au centre de la conférence. migrations industrial systems, violations, INTRODUCTION Ce texte traite de l’(in)sécurité des grands systèmes socio-techniques (pôles énergétiques, transports publics, médecine). Ces ‘grands systèmes socio-techniques’ présentent trois caractéristiques : x Les processus à contrôler à gérer sont dynamiques, ils évoluent pour eux-mêmes mais peuvent être infléchis par l’intervention humaine. x Ils restent sous le contrôle d’Hommes ‘au contact du processus’ et dans la boucle de ‘management’ ; en anglais on emploie le terme de ‘sharp end’ pour les premiers, et de ‘blunt end’ pour les seconds [23]. Cette propriété de contrôle humain horizontal et vertical ne disparaît pas quelque soit le niveau de technologie employé. x Ils sont à risques; le risque est la mort physique des acteurs et/ou du système lui-même (notamment mort économique) ; cette mort peut être isolée mais s’accompagne le plus souvent d’effets collatéraux. MOTS CLES : Sécurité, systèmes industriels, violations, La sécurité de ces systèmes n’est jamais suffisante. L’espoir d’amélioration continue de cette sécurité repose sur un système de croyances au rang desquelles figurent les cinq principes suivants : migrations, ABSTRACT: The matters of deviance and violations in complex industrial systems are gaining importance with the continuous pressure for improving safety. Indeed, the more the systems are constrained, the more deviances occur to cope with the economic demand. This paper proposes a three phase model derived from Rasmussen’s theory of migration to boundaries to explain the mechanisms by which the deviance occurs, stabilizes, regresses, or progresses to an accident. Two points must be clearly understood: first how systems adapt to deviances and may escape to safety surveillance (including how they twist the reporting systems to hide the deviance), and second, what strategy can be realistically suggested to coping. The concepts of lifecycle of industrial systems, resilience, and dynamic risk management are other key point of the paper. Deux principes sont relativement globaux x La sécurisation réduit les risques d’exposition de l’entreprise à la crise.La réduction du volume et de la survenue des incidents réduit le nombre de plaintes et problèmes avec les clients et riverains. x Il existe une voie commune de sécurisation des systèmes, basée sur l’adoption d’outils/ organisations ayant fait leur preuve: les stratégies de sécurité des meilleurs systèmes (nucléaire, aviation) trace le chemin pour tous les autres systèmes socio- techniques. Trois principes sont plus méthodologiques, et centrés sur la réduction du risque : x La conformité à une marche ‘idéale’ est la voie de sécurisation privilégiée des systèmes. Le 13 x x d’optimisation de tout système socio-technique. Pour bien comprendre ce phénomène paradoxal, le texte propose d’étudier les modèles décrivant les changements de sécurité dans les cycles industriels, puis de façon plus précise le comportement des systèmes approchant leur niveau d’asymptote final, notamment en termes de violation, et enfin, le texte propose de revenir sur les solutions envisageables. retour d’expérience et la démarche qualité sont les outils habituellement retenus pour cette mise en conformité. La réduction des écarts et évènements indésirables conduit naturellement à une meilleure sécurité. Les erreurs sont excusables sinon tolérables, et le système doit développer des barrières pour en réduire l’occurrence et les conséquences [1, 2]. Les barrières s’organisent en trois secteurs complémentaires : Prévention, Récupération, et Atténuation. La distinction entre erreurs patentes (des acteurs de première ligne) et erreurs latentes (de la gouvernance du système) est maintenant admise comme un fait à prendre en compte avec des actions ciblées sur le management [13]. Les violations restent considérées comme des actes délibérées et injustifiables. MODELISER LES CHANGEMENTS DE SECURITE DANS LES CYCLES INDUSTRIELS Le modèle de changement présenté s’inspire des travaux du sociologue Hughes [20] (voir aussi Gras [17] pour un éclairage sur les travaux de Hughes) dont le terrain d’étude privilégié a été pendant longtemps le développement de l’industrie de l’énergie électrique. Le modèle décrit trois phases qui s’étendent sur des cycles de 60 à 90 ans (soit une durée de vie finalement comparable à celle de la vie humaine) (figure1) : Cette conférence veut montrer que le caractère de vérité de ces idées se réduit grandement dans la phase finale Amalberti, R. Optimum system safety and optimum system resilience: agonist or antagonists concepts? In E. Hollnagel, D. Woods, N. Levison, Resilience engineering : concepts and precepts, Aldershot, England: Ashgate, 2006: 238-256 Cycle suivant Cycle des systèmes socio-techniques Systèmes sous pression médiatique Niveau de sécurité Transparence RUPTURE TECHNOLOGIQUE SECURITE TEMPS HEROIQUES TEMPS DE LA JUSTIFICATION QUALITE découvertes fondatrices Ralentissement des progrès Sur optimisation des solutions connues- rigidification des procédures REX TEMPS DE L’ESPOIR, progrès rapides TEMPS HEROIQUES découvertes fondatrices Aucune pression de sécurité 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 années de vie Figure 1 : Cycle de vie des grands systèmes : Ces grands systèmes, à leur échelle, naissent et meurent –on parle de cycle industriel- en connaissant un cours de vie largement reproductible d’un système à l’autre [20]. Attention !! la mort du système n’est pas la mort de la fonction du système ; la fonction renaît de ses cendres dans une nouvelle technologie issue d’une rupture technologique : le cycle reprend, souvent sous une forme différente de couplage ; par exemple l’aéronautique civile s’approche de sa fin de cycle et devrait subir une rupture technologique de très grande envergure vers les années 2030 avec l’arrivée annoncée d’une guidage satellitaire complet du système. Les professions changeront, de même que toute l’économie du système, mais on continuera à prendre des avions pour aller de A à B (continuité du service) 14 a. b. c. règlements). Il en résulte une attitude de plus en plus prudente ; le danger se déplace d’erreur d’action vers des erreurs par défaut d’action. Le système consomme aussi de plus en plus de ressources à se contrôler. Cette consommation, peu perceptible au départ, devient significative quand le système se déploie, particulièrement dans un climat de gestion tendue de personnel. Le déploiement et souvent les dérives des outils de qualité continue sont un bon exemple de ce paradoxe. Les contraintes réglementaires créent aussi des ordres de priorité dans les problèmes traités, en laissant dans l’ombre des secteurs objectivement plus dangereux, mais moins émotionnels, moins soumis à la pression réglementaire et aux contrôles techniques, et de facto moins médiatiques. Une phase de créativité initiale. Quelques individus portent l’innovation et la sécurité n’est pas considérée comme une priorité à ce stade. Une phase de généralisation de masse, qui s’étend souvent sur plusieurs dizaines d’années. A ce stade, l’industrie absorbe l’innovation, la standardise, l’optimise, et la généralise pour un objectif de rentabilité (économique, éthique, bien être). Cette phase se caractérise par le flux continu d’optimisation et le fait que la sécurité évolue en parallèle de la performance. La défense pénale sur des problèmes de défaillances est argumentée sur la dynamique et l’espoir technologique : par exemple, on a longtemps excusé – au sens de la responsabilité - la mort de nombreux patients par la non disponibilité scientifique d’une molécule, d’un vaccin, ou d’une technique efficace au moment de leur maladie. En même temps, on a tenu un discours très fort autour de découvertes qui règleraient dans un avenir très proche le problème des futurs patients atteints de la même maladie. Cette défense, arguant à la fois sur l’inéluctabilité de la mort par défaut de science et sur l’espoir à moyen terme d’un sort meilleur, s’est imposée d’une façon si forte et si naturelle dans l’inconscient collectif des patients et des familles jusqu’aux années 90 aux USA et en France qu’elle a longtemps réduit les plaintes et poursuites en justice. Une phase d’optimisation finale, dite de ‘momentum incontrôlé’. La vitesse des progrès se ralentie et le système devient balistique en tombant souvent dans des sur-optimisations locales au détriment d’une vision stratégique globale. Cette situation génère de nombreux paradoxes. Cette intolérance croissante abaisse le seuil de déclenchement des situations de crises. Les crises sont plus nombreuses, plus imprévisibles, et toujours plus ardues à contrôler. Le déclencheur des crises de sécurité d’une entreprise est particulièrement sensible au regroupement des plaintes et au phénomène de résonance émotionnelle par les médias. Enfin les affaires en justice montrent un glissement sensible de la perception des juges vis-à-vis de la responsabilité des industries et systèmes publics. Aujourd’hui, les marges de progression technologique spectaculaire sont moindres. Le public, et la justice dans son écho à la société civile, tendent à considérer que le risque perçu n’est pas lié à une technologie ou un savoir insuffisant, mais à un arbitrage incorrect donnant la priorité à d’autres dimensions que la sécurité. Dans tous les cas, et contrairement aux principes que l’on a vus dans l’introduction, la sécurisation entraîne toujours un effet paradoxal : la sécurité devient un objet difficile à manier et elle va se mettre à sérieusement freiner la productivité du système. C’est cette ‘impossible sécurité’ doublée d’un ‘frein de productivité’ qui va créer les conditions de l’émergence d’un paradigme de rupture qui permettra de repartir dans un nouveau cycle en fin de vie des systèmes industriels. Le paradoxe dominant fait que les systèmes ainsi devenus très sûrs deviennent en même temps plus fragiles : La société demande plus de transparence sur le risque réel ; cette transparence motive une montée en puissance croissante de tous les moyens de retour d’expérience ; cependant, la possession de l’information rend en retour la société plus intolérante à tous les problèmes résiduels; l’épisode des accidents de charters pendant l’été 2005 autour de l’information détaillée apportée sur l’état des avions en représente un exemple caricatural : plus le public dispose de l’information, plus il est pris de doute sur ce qu’on lui cache derrière cette information. Cette posture rend parfois difficile le déploiement des systèmes d’informations trop transparents, et freine en retour la sécurisation réelle des pratiques. Ainsi, si l’on raisonne en termes de robustesse (‘resilience’, voir le récent livre de Hollnagel, Woods et Levison [19]), le modèle d’évolution de la sécurité des systèmes (il faudrait plutôt parler d’évolution des fonctionnalités assumées : par exemple le transport aérien, la production énergétique, ou la stratégie chirurgicale) prédit des cycles successifs qui vont balayer plusieurs états de sécurité, avec des propriétés associées de productivité et d’organisation des professions [5]. On assiste à une intensification des outils et méthodes qui se sont avérés jusque là porteurs des améliorations (qualité, suppression des risques, contraintes diverses sur le processus, protocoles, Cinq barrières sont plus particulièrement identifiables sur la route de l’ultra sécurité ([3], voir figure 2) : 15 x x x un système où la performance globale est stabilisée et standardisée (interdiction de performance exceptionnelle), mais où la délivrance de ce niveau de performance est garantie par tous les acteurs professionnels (homogénéité du corps professionnel). C’est exactement ce que l’aéronautique arrive à faire : une exploitation interdite par règlements dans tous ses aspects exceptionnels qui ne seraient pas maîtrisés par tous, mais une assurance que ce qui est à faire est faisable par tous au plus haut niveau de sécurité. Il faut limiter la production du système pour progresser vers l’ultra sécurité. A terme, les derniers progrès nécessitent systématiquement d’arbitrer en faveur de la sécurité au détriment de la performance. Il faut limiter l’autonomie des acteurs, et laisser la priorité à des objectifs du groupe qui sont parfois contraires à la réalisation de ses propres priorités. Il faut passer d’un modèle d’artisan, basé sur les différences individuelles et une prime à l’élite, vers un modèle d’acteurs équivalents, renonçant aux différences. La combinaison de la barrière 1 et 3 montre qu’un système sûr est Amalberti, R. Auroy, Y. Berwick, D., Barach, P. (2005) Five System Barriers To Achieving Ultrasafe Health Care, Ann Intern Med. 2005;142, 9: 756-764 5 barrières successives pour devenir ultra sûr Pas de limitation de performance Accroître les marges, imposer des limites Excessive autonomie des acteurs Jouer collectif Accepter de devenir acteur équivalent Attitude d’artisan Sur protection égocentrée des différentes couches Accepter le risque résiduel humaines du système, notamment couche managériale Perte de visibilité du risque, investissements Accepter de questionner paradoxaux, Conduite politique les succès passé et changer de stratégies Vols Hélicoptères Vols charters Alpinisme hymalayen Activités ULM Agricole Aviation Civile Rail (France) Sécurité routière Industrie chimique 10-2 10-3 10-4 Industrie Nucléaire 10-5 10-6 Extrêmement sûr Très peu sûr Pas de systèmes après ce point Transfusion sanguine Risque médical (total) Risque de catastrophe Figure 2 : niveau de sécurité et barrières à franchir pour atteindre l’ultra sécurité x Quand le système devient plus sûr, il se trouve progressivement sous le feu des média (opus cité, phase 3 du modèle de Hughes). Les acteurs du système se renvoient la responsabilité. Il faut absolument éviter qu’une couche du système socio-technique se surprotège car la sanction est en général de mettre les autres couches en situation d’impossibilité d’effectuer le travail, les oblige à commettre plus de violations, avec un bilan x 16 finalement souvent aggravé en matière de sécurité. La bonne maîtrise de la sécurité suppose de maintenir un risque homogènement réparti entre acteurs. La sur réglementation entre dans cette catégorie de défauts. Enfin, devenu très sûr, le système doit préserver la visibilité du risque. Les accidents sont plus rares, et la tentation est de focaliser sur des objets moins pertinents. Le retour d’expérience perd notamment de la valeur ‘charrettes’ contractuelles, enjeux économiques de l’instant, etc.). Cette variation force à des adaptations substantielles qui sont autant de points d’entrée dans des migrations de pratiques. Pour résumer, plus un système se sécurise, plus le problème résiduel à traiter est celui des violations [8]. Les écarts intentionnels aux procédures peuvent alors concerner plus de 50% des procédures en vigueur (exemple de Degani et Wiener sur les check-lists avion [12]) et peuvent surtout représenter plus de 50% des erreurs totales recensées dans le travail des équipes [18]. [5,9]. Il faut changer le mode de traitement de l’information et éviter les pièges de la sur sécurisation. LA GESTION DES VIOLATIONS COMME VOIE COMMUNE FINALE DE SECURITE DES SYSTEMES ULTRA SURS Les systèmes sûrs ont plus de violations que les systèmes peu sûrs L’ajout naturel de contraintes et de normalisation sur lequel repose les paradigmes de sécurisation des systèmes aboutit logiquement à une voie commune finale de sur standardisation. Cette sécurisation n’efface pas le fait qu’il existe une variation naturelle des conditions de l’activité professionnelle (personnels absent, remplaçant, Les migrations et les dérives évoluent en trois phases importantes à comprendre, car l’action correctrice est différente à chaque phase (figure 3). Amalberti, R., Vincent, C., Auroy, Y., de Saint Maurice, G., Framework models of migrations and violations: a consumer guide, Quality and Safety in Healthcare, 2006, supplement Safety by design, ii 22-40 Migrations de performance, transgressions des règles Stopper migration Sanction possible Comprendre les causes des migrations Staffer et réduire la migration par consensus AVANTAGES INDIVIDUELS Réviser les règles si inadaptées au nouveau contexte Migration aux limites sociales Pression du système Performance accrue Rentabilité Espace implicitement négocié hors analyse de sécurité Zone des violations ACCIDENT BTCUs Border Line Tolerated Conditions of Use ESPACE DE FONCTIONNEMENT CONSIDERE COMME SÛR PAR CONCEPTION Technologie Pression Individuelle Migration aux limites économiques Qualité de vie, limitations des savoir-faire, limitation des responsabilité PERFORMANCE Figure 3 : modèle cadre de migrations spontanées des systèmes complexes vers leurs limites de fonctionnement (inspiré au départ de Rasmussen [22]) x x La première phase est celle de la conception. Avec la pression sécuritaire, le système est souvent imaginé sur le papier avec des marges de sécurité très importantes qui satisfont, et vont même parfois au-delà des exigences légales. 17 La deuxième phase correspond à la mise en fonctionnement du système. Très rapidement, et encore plus si les marges de sécurité ont été très exagérées, les pratiques professionnelles se mettent à migrer pour permettre une performance économiquement viable. On parle x de Borderline-Tolerated condition of Use (BTCUs) [4, 21]). Ces écarts sont tolérés par la hiérarchie. Ils s’accompagnent de compensations personnelles pour les opérateurs (avantages personnels) et fixent progressivement une marche officieuse du système, illégale-légale. Tout système conçu avec une sur-sécurité évolue extrêmement rapidement dans cette direction car il bride tellement la performance qu’il en devient irréaliste [10]. Ce niveau de performance basé sur une marche illégale finit par satisfaire à la fois l’entreprise et les salariés ; il devient par habitude considéré comme la norme, et, toujours par habitude, se trouve progressivement exclu du champ du retour d’expérience. Même les inspections et contrôles qualité finissent par éclipser ces comportements naturels, et ne plus les relever. Le système devient alors muet. Certains auteurs ont théorisé le départ de ces dérives en considérant surtout la dimension contextuelle de gestion de conflits d’objectifs [6, 11, 25]. D’autres considèrent cette phase typique d’une culture de sécurité en dérive (Vaughan [26] par la normalisation de la déviance, Reason, Carthey, de Leval [24] avec les syndromes de vulnérabilité) ; mais on peut simplement y lire une adaptation de survie nécessaire aux demandes et conditions changeantes de l’environnement [7], aggravée par une idéalisme de sécurité ayant poussé à l’adoption de contraintes illusoires lors de la conception (des procédures, ou de l’organisation globale [14, 15]). La troisième phase se révèle brutalement, et souvent très tardivement plusieurs mois ou années après le départ de la seconde phase, par des incidents graves. Rarement tout le système, beaucoup plus souvent certains individus, seuls ou en équipe, ont continué à migrer, sans contrôle, et finissent par provoquer la survenue d’incident ou d’accident (voir par exemple l’accident nucléaire de Tokai Mura [16]). x x x (importance des staffs sur les pratiques), ou/et confortée par des observations neutres (rappelons là encore que des professionnels trop proches du domaine ne « voient » plus les migrations). Dans tous les cas, la meilleure façon de contrôler le processus est de le rendre visible, puis de laisser les acteurs s’autoréguler mutuellement. Un ajustement (relâchement) des normes peut parfois être utile pour mieux coller à une réalité nouvelle. Dans les cas de migrations importantes et dangereuses, portées par des individus, des sanctions peuvent être envisagées. Dans tous les cas, découvrir la migration au stade de l’incident avéré doit être considéré comme un échec de la prévention et de l’action de sécurité. CONCLUSIONS : LEÇONS, QUEL MODELE(S) DE RISQUE(S) Le texte a permis de pointer un certain nombre de paradoxes qui battent en brèche les concepts de base sur les lesquels sont fondés les analyses de sécurité x Les questions de sécurité sont une propriété émergente de la fin de vie des systèmes déjà très matures. Les questions de sécurité ne sont qu’épisodiques dans les systèmes très peu sûrs ; elles sont centrales dans la gouvernance des systèmes sûrs. x Les violations sont une propriété fonctionnelle de ce couplage, lié au fait que le processus de sécurisation contraint le système et force à des adaptations illégales pour réaliser la performance. x Le mode de gouvernance est très important dans la robustesse finale et la régulation de ces caractéristiques de sécurité sur le court et moyen terme. x L’industrie n’est pas homogène en matière de sécurité. Il faut plus et mieux le dire au public, en permettant ainsi des tempos différents en matière de pression judiciaire (figure 4). La confusion de genre et la globalisation peut amener le public à avoir des attentes de phase III- au sens du modèle de Hughes, opus citévis-à-vis de secteurs qui sont à peine en début de phase II. Dans ce cas, tout le système va se bloquer précipitamment. Il faut établir une vision plus systémique du risque, et traiter chaque secteur avec des outils de sécurité proportionnés au niveau de sécurité atteint. Peut être certains secteurs peuvent prétendre à copier l’aviation, mais pour la plupart le niveau maximum de sécurité atteignable est sans doute bien inférieur et pour longtemps. x Il faut éviter une sur enchère règlementaire et sécuritaire quand les systèmes deviennent très Les conséquences des migrations sont importantes x La sécurisation d’un système avec les outils de contraintes entraîne mécaniquement une augmentation des migrations et des violations. x La prévention ne doit pas reposer sur une vision idyllique -mais naïve- qui consisterait à empêcher ces violations à tous prix. x En effet, le premier problème est de les identifier. Rappelons que ces migrations sont particulièrement silencieuses. Or cette identification ne peut pas reposer sur le retour d’expérience ; elle doit donc reposer sur une analyse à la base, médiée par le discours 18 x sûrs (phase III de Hughes). Plus on sécurise un secteur d’activité, plus la demande va être forte de continuer à le sécuriser, au point de progressivement sécréter les conditions d’une crise de l’assurance et de la justice Inversement, le contrôle des premières barrières est impératif à terme, notamment le bridage de la performance pour garder le meilleur niveau de sécurité. Mais évidemment, le traitement de ce problème renvoie à une approche plus globale. On entend ici une x approche où tous les acteurs sont concernés, la chaîne politique et hiérarchique bien sûr, les acteurs techniques de première ligne, mais aussi les clients qui devront se responsabiliser. Enfin, quand on a beaucoup amélioré un sous système, on entre inéluctablement dans la transition entre phase II et phase III du modèle de Hugues. Il faudra alors mettre en débat des définitions et des priorités jusque là peu discutées (voir les textes sur la résilience et [5]) Amalberti, R., Hourlier, S. Human error reduction strategies, In (Ed) P. Carayon: Handbook of Human Factors and Ergonomics in Healthcare and Patient Safety, Hillsdale , New Jersey: LEA, 2006: Une vision des changements limitée par le niveau de maturité du système Erreurs humaines Approche centrée sur les acteurs Superviser Responsabiliser Enseigner les compétences non techniques Accepter de gérer la responsabilité Imposer les conditions de travail, Standardiser/protocoliser Améliorer la technique Ajouter des défenses Réduire l’autonomie des acteurs 10-7 Passer au modèle d’acteurs équivalents Changer les Maintenir valeurs de la la visibilité profession du risque Ajouter des lois Changer d’organisation au seul profit de la sécurité Viser un niveau de risque explicite Embaucher des acteurs dédiés à la sécurité Reconnaître les problèmes de sécurité Créer une culture de REX Contrôler la performance imposée Enseigner les compétences techniques Approche centrée sur le système 10-1 Figure 4 : Une synthèse des changements envisageables en fonction du niveau de maturité du système. BIBLIOGRAPHIE 5. Amalberti, R. La conduite de systèmes à risques, 2°ed. Paris: PUF, 1°ed. 1996, 2001. Amalberti, R. Optimum system safety and optimum system resilience: agonist or antagonists concepts? In E. Hollnagel, D. Woods, N. Levison (Eds.), Resilience engineering: concepts and precepts, Aldershot, England: Ashgate, 2006, pp. 238-256. 6. Amalberti, R., Auroy, Y., Berwick, D., Barach, P. Five System Barriers To Achieving Ultrasafe Health Care, Ann Intern Med., 142(9), 2005, pp. 756-764. Ajzen, I. The theory of planned behavior. Organizational Behavior and Human Decision Processes, 50, 1991, pp. 179-211. 7. Ashby, WR. An Introduction to Cybernetics. London: Methuen & Co, 1956. 8. Aslanides, M., Valot, C., Nyssen, A.S., Amalberti, R. Evolution of error and violation description in French air force accident reports: impacts of human 1. Amalberti, R. The paradoxes of almost totally safe transportation systems. Safety Science, 37, 2001, pp. 109-126. 2. 3. 4. Amalberti, R., Vincent, C., Auroy, Y., de Saint Maurice, G., Framework models of migrations and violations: a consumer guide, Quality and Safety in Healthcare, 2006, supplement Safety by design, ii 22-40. 19 factors education, submitted Human Factors and Aerospace safety. prerequisite to effective risk management. Quality in Health Care, 10, 2001: ii21-ii25 Auroy, Y., Amalberti, R., Benhamou, D. Risk assessment and control require analysis of both outcomes and process of care, editorial, Anesthesiology, 104(4), 2004. 25. Parker, D., Manstead, A.S.R., Stradling, S.G., Reason, J.T. Determinants of intention to commit driving violations. Accident Analysis and Prevention, 24, 1992, pp. 117-131. 10. Auroy, Y, De Saint Maurice, G., Vincent, C. Amalberti, R. The natural lifespan of a safety policy: violations and system migration in anaesthesia, Ann Intern Med., 144(9), 2006. 26. Vaughan, D. The Challenger Launch Decision: Risky Technology, Culture, and Deviance at NASA. 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After a brief introduction showing the links between the general theory of systems and and the notion of Systems Engineering as seen today, the paper figures out the necessity of a minimum of rationality when creating these kind of systems explaining some fundamentals, principles or concepts. As an example, the methodological thoughts leads to understand that daily humans do not need products but they need services. Are briefly reminded the systems engineering processes to design systems from the description of stakeholders' needs, as well as the basic models used by the designer. The author is interested by the relations between designers and users of these systems in order to present a simplified model of the intellectual creation mechanism, which proceeds by successive iterations of "analysis / synthesis" cycles ; this mechanism is at the source of innovation opportunities or at the contrary at the source of potential failures of future systems.This paper provides a more precise, and rational definition than those existing in today standards that allow to perform a genuine engineering method applicable to any kind of concerned systems. This definition ensures the cultural continuity from the Greeks till now and compatible with technological and organizational advances. As an example this definition is briefly applied to industrial enterprises. Finally, some limits of Systems Engineering due to human factor are brought up in the context of organizational systems. Cet article s'intéresse uniquement aux systèmes créés et utilisés par l'homme, qu'ils soient d'ordre technologique, stratégique ou organisationnel. Les études et expériences de terrain menées par la communauté des ingénieurs systèmes, représentée par l'International Council On Systems Engineering (INCOSE), tendent vers la définition d'une discipline nouvelle et des plus utiles dans la totalité des secteurs industriels et organisationnels. Après une introduction brève montrant les liens entre la théorie générale des systèmes et la notion d'ingénierie de système telle qu'entrevue aujourd'hui, l'article amène progressivement le lecteur à prendre conscience de la nécessité d'un minimum de rationalité dans la création de ces systèmes via certaines notions fondamentales, principes ou concepts. Par exemple, la réflexion méthodologique amène à comprendre que l'homme n'a pas besoin dans sa vie courante de produits mais de services. Sont brièvement décrits les processus du génie système pour concevoir les systèmes à partir de la description d'un besoin, ainsi que les modèles de bases utilisés par le concepteur. L'auteur s'intéresse au rapport entre concepteurs et utilisateurs de ces systèmes pour présenter un modèle simplifié du mécanisme intellectuel de création par itération de cycles "analyse – synthèse", lesquels cycles donnent naissance à des opportunités d'innovation, ou au contraire à des défaillances potentielles. L'auteur s'est attaché à donner au terme système une définition précise et rationnelle permettant de dérouler une véritable méthode d'ingénierie et applicable à tous les types de systèmes tels que concernés. La définition assure une continuité culturelle depuis les grecs à nos jours, et compatible des avancées technologiques et organisationnelles de notre époque. A titre d'exemple, cette définition est appliquée succinctement aux entreprises industrielles. Enfin quelques limites de l'ingénierie des systèmes dues au facteur humain sont évoquées dans le contexte des systèmes organisationnels. KEYWORDS : System, systems engineering, architec- tural design, human factors. BREVE INTRODUCTION DE LA NOTION DE SYSTEME ET DE GENIE SYSTEME L'article traite uniquement des systèmes créés et utilisés par l'homme, qu'ils soient d'ordre technologique, stratégique ou organisationnel. Les études et expériences de terrain menées par la communauté des ingénieurs systèmes, représentée par l'International Council On Systems Engineering (INCOSE), tendent vers la définition d'une discipline nouvelle et des plus utiles dans la totalité des secteurs industriels et organisationnels. MOTS CLES : Système, ingénierie des systèmes, conception des architectures, facteur humain. Le terme "système" a été utilisé dans le passé en philosophie et en métaphysique bien avant de le retrouver communément cité dans la biologie, les technologies, les affaires, voire dans le quotidien de chacun. Néanmoins si l'on ne prend pas garde à baser les mots sur des concepts et définitions précises, ils perdent leur force, leur valeur et leur sens profond ce qui entraîne progressivement leur abandon. Hélas ce constat est bien réel vis- ABSTRACT This paper deals only with systems created and used by human beings and which can be in the domain of technology, strategy or organizations. Studies and experiments done by the community of systems engineers, represented by the International Council On Systems Engineering (INCOSE), aims to define a new discipline which is very useful for any industrial and organiza- 21 LA CONCEPTION D'UN SYSTEME A PARTIR DE LA DESCRIPTION D'UN BESOIN à-vis du terme "système", même dans la communauté technique, tout simplement par le fait de le substituer au terme "produit" ou vice versa, ce qui l'ampute de sa grande richesse. A notre époque, le terme système est à la source de ce que l'on appelle la "systémique" ou science des systèmes. De façon très succincte, la systémique s'intéresse de nos jours à deux grands domaines : In fine, pour donner naissance au produit, les deux vues du besoin (se déplacer) et de la solution (voiture) devant être liées, le génie système inclut des activités intellectuelles (et abstraites) permettant d'effectuer les transformations nécessaires. La trame de cette succession de transformations est une suite de plusieurs processus, chacun centré sur un thème précis : - La théorie générale des systèmes qui traite des modèles génériques pour tenter d'expliquer le monde et ses phénomènes ; - Les méthodes pour modéliser la vue abstraite de produits complexes. - le processus de définition et d'analyse du besoin des parties prenantes ; - le processus de définition des exigences techniques (par exigences, comprendre les caractéristiques attendues pour satisfaire les besoins) ; L'ingénierie des systèmes ou génie système (par ingénierie, comprendre les activités de spécification, description, création et conception) adresse bien ces deux branches : - le processus de conception de l'architecture fonctionnelle afin de décrire les principes de fonctionnement (hors solution technologique particulière) et le comportement pour satisfaire les exigences ; - La "vision système" des produits et des services pour leur compréhension dans leur contexte d'utilisation (pertinence) ; - Les modèles basiques et les processus génériques pour pouvoir créer les systèmes et représenter leurs caractéristiques (complétude). - le processus de conception de l'architecture organique pour décrire la solution sous forme de constituants concrets (dits organiques) et liés, capable de supporter le comportement attendu et toutes les contraintes identifiées sous forme d'exigences. LE BESOIN DE SERVICES ET L'UTILISATION DE PRODUITS Notre société de consommation se focalise sur les produits, du fait de modèles économiques entropiques dans lesquels on a remplacé les buts (des produits pourquoi faire ?) par les moyens (l'argent). A l'inverse le génie système, du fait de la "vision système ou holistique du monde" se focalise d'abord sur les besoins, c'est-à-dire sur le service à rendre. Le consommateur dit "J'ai besoin d'une voiture (d'un produit)" ; le raisonnable dit "J'ai besoin de me déplacer et de transporter des objets (service)". C'est ainsi que le génie système utilise une définition du terme système liant les deux vues : "combinaison d'éléments interagissant, organisés pour remplir une finalité" (Cf. figure 1). De tels processus génériques existent de façon standardisée (voir ISO 15288, EIA 632, IEEE1220 par exemple), ils décrivent les tâches à effectuer. Mais le travail d'analyse et de synthèse est fait à l'aide de méthodes et de modèles basiques de représentation du système tels qu'indiqués dans la Figure 2 : - Modèle fonctionnel : qui représente des hiérarchies de fonctions ; - Modèle dynamique : qui représente les événements et l'enchaînement des fonctions pour réaliser des scénarios; - Modèle sémantique : qui représente les informations véhiculées par les fonctions et les constituants (modèles de données) ; Un système = un ensemble dynamique d'interactions dans des conditions opérationnelles relation ? ? relation ? - Modèle temporel : qui représente les fonctions et les processus selon des niveaux temporels et décisionnels ; relation ? - Modèle organique : qui est une représentation de l'architecture des constituants réalisables physiquement ; cette architecture organique permet de construire ce que l'on appelle "l'arborescence produit" du projet. relation ? Figure 1: 1ère compréhension de la notion de système. Aux quatre processus, vient s'ajouter un processus dit d'analyses système pour évaluer et comparer des solutions d'architectures par rapport à des critères issus des exigences, contraintes, risques, coûts, délais d'obtention, etc. Ce processus fait appel à des modèles de types ana- 22 ses à l'école. L'INCOSE voudrait que chaque ingénieur sortant de l'école soit définitivement "Problem solving oriented", plutôt que "Solution creating to no problem oriented" pour caricaturer la situation actuelle. Cette activité étant de plus en plus pratiquée dans les entreprises, nous ferons plutôt un zoom sur celle de conception des architectures. D'autant que ce qui nous intéresse dans cet article est le comportement de l'humain vis-à-vis de la notion de génie système et de son "apport rationnel". lytiques en vue de quantifier les performances et autres critères de choix, de simuler des variations pour consolider les choix. Modèles dans les processus d'ingénierie Définir le système Définir les besoins parties prenantes Concevoir le système Définir les exigences techniques Décrire le contexte du système : Concevoir l'architecture fonctionnelle Décrire l'intérieur du système : Limites physiques Limites fonctions Flux échangés Fréquence exécution Concevoir l'architecture organique Constituants Modèles basiques : Sémantique Fonctionnel Dynamique Temporel Une fois le problème posé en terme de caractéristiques attendues, le vrai travail de création commence. Mieux les exigences seront formulées et précises, plus facile sera le travail de synthèse, selon l'adage bien connu que "tout problème correctement posé est à moitié résolu". Néanmoins, nous savons tous que la capacité d'analyse est plus communément répandue que celle de synthèse ou de conception. Ceci provient du fait que le mécanisme de création et ses outils n'est pas bien connu, et donc enseigné pour pouvoir être pratiqué quotidiennement. La plupart du temps l'apprenti concepteur fait un mélange des genres inapproprié du fait qu'il veut utiliser soit un seul point de vue, soit un seul mode de représentation, ou encore la même méthode, etc., faisant fi de leurs limites d'application. La conséquence est que voyant tout à plat, il perd l'aspect multidimensionnel du problème et de sa complexité naturelle d'où les multiples effets d'oublis, d'incohérences, etc. A titre d'illustration les figures 3 et 4 montrent deux approches qui pourraient être rencontrées. Fonctions Flux échangés Fréquence exécution Figure 2: Processus et modèles utilisés en génie système. Si on a une définition récursive de la notion de système (un système est constitué de systèmes), il est alors possible de définir des processus récursifs et généralisés quelque soit le système ou sa situation dans la pyramide de décomposition. De nos jours, l'ingénieur concepteur de systèmes dispose d'un ensemble d'outils intellectuels pour effectuer ses études et donc créer de futurs produits. Il est bien évident que si cet ensemble ne forme pas un ensemble mathématiquement cohérent et prouvé, aucune assurance ne pourrait être donnée quant à la suite des transformations pour trouver à coup sûr au moins une solution correspondant à un besoin défini. D'où l'importance des travaux de recherche allant dans cette voie de preuve, ou du moins pour en fixer les limites – ce type de travaux de recherche n'étant pas hélas très répandu à l'heure actuelle: les ingénieurs essayent de se satisfaire de représentations de type UML dont l'ensemble n'est absolument pas prouvé. Moteur Système Propulser Ensemble moteur Fonction Constituant Mélanger air carburant Contrôler combustion Fonction Fonction En résumé, le génie système, dans l'acceptation restreinte du terme système explicité en introduction, est tout à la fois : Chambre combustion Constituant Tuyère Constituant Calculateur Capteurs Actionneurs Constituant Constituant Constituant Hard Soft Constituant Constituant Ceci n'est pas une décomposition "système", c'est une vue "pseudo-produit" - un état d'esprit qui privilégie la "vision système" c'est à dire vision globalisante d'un monde cohérent et rationnel, Figure 3: Exemple de représentation mélangeant vues fonctionnelle et organique. - une démarche englobant un ensemble de méthodes cohérentes pour bâtir des solutions à un problème complexe, Système Systèmede de propulsion propulsion - un ensemble d'activités regroupées en "processus" permettant de bâtir des produits sur des "principes solides" seuls garant d'une qualité durable. Système Systèmede de combustion combustion LA CONCEPTION DES ARCHITECTURES DE SYSTEMES : UN ART ET UNE SCIENCE Système Systèmede de compression compression Système Systèmede de régulation régulation de delalatuyère tuyère L'activité autour des notions d'exigence et de besoin est essentielle pour la prise de conscience de la chaîne de transformation, et aussi pour changer les attitudes appri- Système Systèmede de régulation régulation Système Systèmede de régulation régulation du ducarburant carburant Système Systèmede de réchauffe réchauffe Système Systèmede de régulation régulationde dela la roue roued'entrée d'entrée Figure 4: Exemple d'arborescence système. 23 Système Systèmede de rotation rotation L'architecture des systèmes est à la fois un art et une science. - Un art parce qu'une partie de la discipline est basée sur l'imagination ainsi que sur des heuristiques qualitatives (leçons apprises de l'expérience) ; elle se rattache à la culture et nécessite des jugements de valeur ; elle manipule des éléments non mesurables physiquement. - Une science parce que l'autre partie est basée sur des techniques analytiques quantitatives (mathématique, scientifique) ; elle nécessite des démonstrations, la rigueur du raisonnement ; elle manipule des éléments mesurables. PERCEVOIR PERCEVOIR RECONNAITRE RECONNAITRE des des mots et des percepts percepts COMPRENDRE ASSOCIER ASSOCIER percepts et et concepts concepts TRIER TRIER les concepts IMAGINER IMAGINER TRANSFORMER TRANSFORMER les les concepts en idées ORGANISER ORGANISER / STRUCTURER STRUCTURER les les idées idées EXPRIMER TRANSCRIRE TRANSCRIRE les les idées idées en mots / en dessins A N A L Y S E S Y N T H È S E Figure 5: Modèle simplifié du mécanisme intellectuel de conception. La pratique de la discipline nécessite donc de faire le lien entre l'imagination (art) et la réalité tangible (science). Les heuristiques ne sont satisfaisantes que dans certaines hypothèses, lesquelles ne sont pas toujours exprimées ; leur justification n'est donc pas souvent mathématiquement sûre. Autrement dit le praticien doit répondre à la question : "Quelle est la faisabilité de mon imagination? Quelle est la distance par rapport à mon appréhension du réel ?" En ce sens, l'architecture des systèmes a des rapports avec ce que l'on met classiquement sous le terme de "facteur humain". L'ANALYSE comprend deux activités essentielles que sont la PERCEPTION et la COMPREHENSION. - Dans la PERCEPTION, il s'agit d'identifier des percepts plus ou moins élaborés à l'aide des sens et de transformations primaires (sons, mots, formes, images, etc.), et donc de "reconnaître" ces éléments, mettant en jeu une mémoire très volatile que l'on peut qualifier d'immédiate. - La COMPREHENSION consiste à associer les percepts à des concepts et de trier parmi les concepts pour vérifier la bonne adéquation percepts/concepts. Si les concepts sont bien enfouis, enracinés dans la mémoire long terme (dit parfois schéma corporel, ou encore archétypes), par contre l'association percepts/concepts siège dans une mémoire court terme relative au moment présent. En résumé, concevoir l'architecture d'un système consiste donc à imaginer de façon structurée, en s'appuyant sur des principes et lois universels traduits sous forme de "patterns" appropriés (c'est-à-dire des modèles fondamentaux) qui reflètent des réalités. Les heuristiques, principes et lois se répartissent sur les domaines fondateurs de l'architecture des systèmes : La SYNTHESE comprend elle aussi deux activités de base que sont l'IMAGINATION et l'EXPRESSION. - Domaine statique : concerne la structure, le groupement et/ou la séparation des constituants, les interfaces ou liens ; - Dans le mécanisme que nous décrivons ici, il s'agit d'imagination dirigée et non d'imagination intuitive dans laquelle l'intellect est en réalité déconnecté. Cette IMAGINATION dirigée consiste à transformer les concepts en idées, à organiser ces idées et les structurer les unes par rapport aux autres selon un certain schéma décidé par le praticien. Ce schéma est une ou des méthodes très basiques qui consistent à rester campé dans un espace culturel de pratiques, d'us et coutumes (attitude peu innovante utilisant par exemple la répétition), ou à explorer un peu les frontières sans trop franchir 'l'interdit" ou les lois de la physique (attitude plus innovante utilisant par exemple la similarité), ou à l'autre extrémité à franchir les limites usuelles, voire défiant certaines lois physiques (espace dans lequel l'artiste excelle). - Domaine dynamique : concerne le comportement, les fonctions et les interactions, les réactions aux événements, les performances (l'efficacité) ; - Domaine temporel : concerne l'invariance temporelle, les fréquences d'exécution, les événements cycliques ou synchrones, les niveaux décisionnels asynchrones ; - Domaine environnemental : concerne la réaction aux agressions naturelles ou provoquées, la survivabilité, l'intégrité. MODELE SIMPLE DU MECANISME INTELLECTUEL DE CONCEPTION Ce mécanisme est résumé sur la figure 5, il se divise en deux grandes activités que sont l'ANALYSE et la SYNTHESE. - Enfin l'EXPRESSION consiste à transcrire les idées en mots, en dessins, etc. selon le mode d'expression choisi plus ou moins riche. 24 il y a un principal ressort duquel tous les autres dépendent, il y a aussi dans tous les systèmes un premier principe auquel sont subordonnées les différentes parties qui le composent." La description de ce mécanisme, de façon un peu sommaire, permet de comprendre deux choses selon que l'on se place du côté de ses défaillances, ou du côté des opportunités qu'il recèle. En effet, chaque activité peut comporter des défaillances et engendrer des conséquences sur les produits conçus (défaut de perception Æ produit incomplet, défaut de compréhension Æ produit inadapté, défaut d'imagination Æ produit non optimisé, défaut d'expression Æ produit non standard ou incompréhensible). A l'inverse, chaque activité peut créer des opportunités, des "breakthrough" en fonction de la richesse culturelle et de la maturité du praticien par rapport aux utilisateurs de sa création. "SYSTEME (philosophie) signifie en général un assemblage ou un enchaînement de principes et de conclusions; ou bien encore, le tout et l'ensemble d'une théorie dont les différentes parties sont liées entre elles, se suivent et dépendent les unes des autres. Ce mot est formé d'un mot grec qui signifie composition ou assemblage. C'est dans ce sens là que l'on dit : un système de philosophie, un système d'astronomie, le système de Descartes, celui de Newton… Les théologiens ont formé une quantité de systèmes sur la grâce." VISION SYSTEME ET HERITAGE CULTUREL Penser système, c'est élargir la vision des choses à des environnements plus vastes, c'est aussi envisager d'autres points de vue pour explorer des dimensions non encore envisagées, donc en quelque sorte c'est s'approcher des limites culturelles à un instant donné dans un contexte de société donné. "SYSTEME (en astronomie) est la supposition d'un certain arrangement des différentes parties qui composent l'univers, d'après laquelle hypothèse les astronomes expliquent tous les phénomènes ou apparences des corps célestes." La "vision système" est aussi un moyen pour innover en imaginant (ou en découvrant) de nouvelles relations entre les objets ; cette vision des choses permet aussi d'inventer de nouveaux objets pour répondre à de nouveaux besoins ou les susciter. Dans le contexte de notre ère matérialiste, et à l'aide de ces considérations, nous pouvons parler de "Système" en tant que concept abstrait qui inclut une finalité et est défini à l'origine par une mission et un périmètre. Tout changement de périmètre et/ou de mission implique la définition d'un autre système. Le créateur / concepteur est néanmoins confronté à ce problème de culture, car il doit savoir jusqu'où il peut aller dans ces limites, au risque d'être incompris ou encore de ne pouvoir vendre sa production du simple fait de rejet. De nombreux exemples, que les spécialistes du marketing sont supposés connaître, existent. Concevoir et construire une voiture particulière remplie d'innovations technologiques, nécessitant une conduite totalement différente du fait d'automatismes ou encore de commandes vocale ou par joystick est quelque chose de techniquement faisable aujourd'hui. Quelle en serait l'adoption par le public? Tout ensemble pour lequel nous ne pouvons pas établir de finalité, de mission et de périmètre ne peut pas être appréhendé comme un système et ne peut être traité selon les principes de l'Ingénierie des Systèmes. C'est spécifiquement le cas quand nous arrivons au niveau élémentaire de constituant dans la décomposition hiérarchisée d'un système (niveau auquel il ne subsiste plus que des caractéristiques physiques), ou quand nous voulons étudier un ensemble de haut niveau d'abstraction tel un "sur-système" fortement complexe, pour lequel la mission ne peut plus être identifiée avec certitude (par exemple, la société humaine). Depuis le début de cet article, nous utilisons le terme système sans en avoir donné une définition actuelle utilisable dans le contexte technologique ou organisationnel. Afin de progresser dans le raisonnement, il est essentiel de considérer notre héritage culturel ; l'auteur a étudié l'Encyclopédie de D. DIDEROT en sa deuxième édition du 18ème siècle [4]. Quinze pages sont consacrées à la notion de système. En voici quelques extraits : VERS UNE DEFINITION MODERNE DE LA NOTION DE SYSTEME Certes les définitions standardisées actuelles sont intéressantes, néanmoins elles sont un peu limitées pour refléter la richesse du concept hérité du passé. A titre d'exemple, voici deux définitions, non traduites pour ne pas fausser ou amputer la compréhension : SYSTEME (métaphysique) n'est autre chose que la disposition des différentes parties d'un art ou d'une science dans un état où elles se soutiennent toutes mutuellement, et où les dernières s'expliquent par les premières. Celles qui rendent raison des autres s'appellent principes ; et le système est d'autant plus parfait que les principes sont en plus petit nombre : il est même à souhaiter qu'on les réduisent à un seul. Car de même que dans une horloge Dans l'ISO/IEC 15288 version 2002 - A system is a combination of interacting elements organized to achieve one or more stated purposes. NOTE 1: A system may be considered as a product or as the services it provides. 25 NOTE 2: In practice, the interpretation of its meaning is frequently clarified by the use of an associative noun, e.g. aircraft system. Alternatively the word system may be substituted simply by a context dependent synonym, e.g. aircraft, though this may then obscure a system principles perspective. [1] besoins et de remplir la mission correspondant à sa finalité. Cette définition peut être modélisée comme le montre la figure 6. Finalité Bien que cette vision soit adaptée aux petits équipements, elle masque en réalité la "vision système", en concentrant l'attention sur un point de vue restreint. Le standard n'englobe pas tous les concepts sous-tendus par l'approche systémique (Théorie des systèmes). Ce qu'on peut en tirer n'est pas assez puissant pour former une base cohérente à la mise en oeuvre d'une véritable "vision système" et, en conséquence, pour concevoir correctement des systèmes complexes. tracée vers Mission Objective Objectifs Objectifs tracée vers tracés vers Besoins & attentes Besoins & attentes Besoins & attentes Dans l'EIA 632 version 1999 - [A system is] an aggregation of end products and enabling products to achieve a given purpose. satisfait par satisfait par Interactions mutuelles System concept: A system consists of both the end products to be used by an acquirer for an intended purpose and the set of enabling products that enable the creation, realization, and use of an end product, or an aggregation of end products. Enabling products are used to perform the associated process functions of the system—develop, produce, test, deploy, and support the end products; train the operators and maintenance staff of the end products; and retire or dispose of end products that are no longer viable for use. Both the end products and the enabling products are either developed or reused, as appropriate. [2] exécutées par constituants exécutées par constituants constituants constituants Figure 6: Un modèle pour définir les systèmes. Pour se rapprocher de la théorie des systèmes [5] et [6], la définition doit également comprendre le principe d'encapsulation, qui postule qu'un système existe dans un système de niveau supérieur et opère en interaction avec d'autres systèmes - voir figure 7. Cette définition ne reflète pas ce que nous appelons la "vision système". Ce standard décrit surtout les activités pour faire l'ingénierie des systèmes comme son titre l'indique. Système externe Système externe e stèm ur sy Sur s Les considérations suivantes et les conséquences d'une définition bien structurée du terme "système" sont utiles pour l'ingénierie de n'importe quel type de système. La définition suivante a été utilisée avec succès par l'auteur de cet article dans le contexte de projets industriels. Système externe ème Sur syst Système étudié Système externe Figure 7: Principe d'encapsulation. "un système est un ensemble de constituants (personnes, équipements, logiciels, matériaux, procédures ou services) coordonnés de sorte que leurs interactions mutuelles, utilisant des ressources dans un contexte donné, satisfassent les besoins et attentes qui sont issus de la mission et des objectifs du système, eux-mêmes issus de sa finalité". MODELISATION DE LA DEFINITION D'UN SYSTEME La figure 8 récapitule les différents concepts qui doivent être pris en compte pendant la définition et l'ingénierie d'un système. Ce modèle peut être appliqué à n'importe quel type de système et en particulier aux organisations et aux entreprises. Ou encore de façon moins complète : ensemble composite de personnels, matériels, logiciels et de processus, organisés de manière à ce que leur inter fonctionnement permette, dans un environnement donné, de satisfaire les 26 Aspect besoins & attentes des flux d'entrées et de sorties et commandent ou déclenchent d'autres fonctions. Système est caractérisé par Finalité Mission L'architecture organique est un ensemble de constituants "physiques et concrets" qui réalisent les fonctions du système. Les constituants échangent les flux d'entrées, de sorties et de contrôle eux-mêmes transportés par des liens physiques. Ces constituants physiques, désignés dans l'ISO 15288 sous le nom de "systems" et de "system elements" peuvent être tangibles ou intangibles. Tangible signifie que le constituant est caractérisé par sa nature (logiciel, humain, service, matériel…), intangible signifie que le constituant est caractérisé par sa propre finalité et mission. Objectifs est déclinée en scénarios opérationnels sont sollicités par réalisent Fonctions Système externe supportent Système externe Aspect frontières constituants Aspect architectures Les interactions de ces constituants tangibles et intangibles sont reprises par la notion d'interface, dont la complexité dépend fortement de la manière dont les différentes architectures ont été conçues. Une partie de l'architecture organique traite des effets connexes à l'exécution des fonctions : utilisation de ressources, production de déchets, génération de vibration, d'effets psychologiques pour l'équipage d'un avion, etc. Figure 8: Eléments caractérisant un système. Quatre aspects principaux doivent être considérés lors de la définition d'un système comme exposé ci-après. 1) L'aspect "besoins et attentes" Pour prétendre à l'appellation de "système", les points suivants nécessitent d'être identifiés : 3) Les aspects "périmètre et interface" Finalité – La finalité détermine la pertinence du système dans le contexte d'une situation donnée. La finalité est la réponse à la question "Pourquoi ce système doit-il exister ?" Cet aspect est directement issu du principe systémique d'encapsulation. Un système, de par sa nature, n'existe que dans l'esprit des hommes. Le périmètre du système dépend de ce que l'on inclut ou pas dans le système. La notion de périmètre est non seulement une question de connexions physiques mais inclut également les limites fonctionnelles. Les interdépendances entre les systèmes sont modélisées en utilisant le concept de "scénario opérationnel". L'ensemble de tous les scénarios opérationnels représente le comportement global du système concernant les multiples situations de sa vie. Mission – La mission est la fonction ultime du système, celle qui englobe toutes les autres, donc celle qui transforme toutes les entrées et sollicitations en sorties et réactions. La mission est la réponse à la question "Que doit faire le système ?" Objectifs – Les objectifs fournissent les aspects quantitatifs et qualitatifs de la finalité et de la mission en tant qu'informations mesurables relatives à l'espace, au temps et à l'efficacité ou la performance. Les objectifs sont les réponses aux questions : "combien d'entrées et de sorties ? Combien d'itérations ? Quelle fréquence ? Quelle fiabilité ? A quel coût ? Etc." 4) L'aspect "hiérarchie" Les systèmes sont décomposés successivement en systèmes de niveaux inférieurs selon un mode hiérarchique, chaque niveau est considéré comme un système caractérisé par sa propre finalité et mission. La décomposition est poursuivie jusqu'à ce que des constituants technologiques soient identifiés par des caractéristiques physiques plutôt que par une finalité. Par exemple, un "segment sol" peut être décomposé en niveaux de "soussystèmes de détection" jusqu'à atteindre le niveau "opérateur radar", "antenne" et "logiciel de surveillance". 2) L'aspect "architecture fonctionnelle et organique" Ces deux vues complémentaires du système fournissent la base fondamentale de l'existence du système. L'architecture fonctionnelle est une structure de fonctions qui permet au système d'exécuter tous les scénarios opérationnels identifiés sur l'ensemble du cycle de vie. Les scénarios opérationnels raffinent la mission en un ensemble de scénarios (ou cas d'utilisation). Un scénario est un ensemble de fonctions et de structures dynamiques qui décrivent comment les différentes parties de la mission seront exécutées. En d'autres termes, une fonction transforme des entrées en sorties telles que les matériaux, l'énergie ou l'information ; les fonctions échangent C'est la vue hiérarchique du système. Mais gardons à l'esprit que n'importe quel système, où qu'il soit situé dans la hiérarchie, possède deux structures : une pour ses fonctions, une autre pour ses constituants physiques. Les divers niveaux d'abstraction doivent former un ensemble cohérent, depuis la fonction ultime qu'est la mission jusqu'aux aux fonctions élémentaires réalisées par les constituants. 27 être décomposé en sous-processus et ainsi de suite. Un processus n'est rien de moins qu'une fonction qui échange des flux d'entrée, de sortie et de commandecontrôle. En conclusion de ce chapitre, la vision système incite à créer des systèmes au travers de vues harmonisées. Celles-ci expriment des missions précises, missions remplies par des constituants auxquels sont allouées les fonctions, et ceci afin d'effectuer des échanges définis par leurs interfaces. L'architecture organique est constituée des différentes entités d'organisation, tel que le Personnel, les Experts, les Gestionnaires, les Dirigeants, structurées dans des Services, Départements, Divisions, Directions, etc. Les entités d'organisation de l'entreprise exécutent les processus qui leur sont attribués. Parce que l'entreprise est basée sur des personnes, les liens physiques entre les entités d'organisation sont de type relationnel/sensoriel accompagnés d'une sémantique reconnue et partagée. La "vision système" permet d'organiser des entités de manière cohérente et harmonisée, où les constituants et leurs fonctions ne se "marchent pas sur leurs platesbandes", mais collaborent pour exécuter des missions précises, où les interfaces sont bien définies et où les interdépendances sont claires. APPLICATION AUX ENTREPRISES INDUSTRIELLES En remarque, il est habituel de présenter l'organigramme de l'entreprise plutôt que le logigramme des processus. Trop souvent, l'aspect dynamique des systèmes est négligé : les entreprises et les organisations tracent facilement des organigrammes ; les difficultés surviennent avec les processus et les procédures qui définissent les interactions entre les entités (vue dynamique et comportementale des flux). Pour considérer une entreprise en tant que système, nous appliquerons à ce contexte les quatre aspects précédemment énoncés. 1) L'aspect des besoins et des attentes La finalité d'une entreprise industrielle est aujourd'hui orientée vers un but économique et social. Une entreprise industrielle peut être vue comme une entité abstraite créée pour enrichir une nation ou des ensembles de personnes, qui permettent l'échange de marchandises, d'énergie et de services entre les personnes, qui aussi emploient et rémunèrent d'autres personnes, etc. Pour trouver la finalité d'une entité, nous recherchons habituellement l'entité de niveau abstraite supérieure. Dans ce cas-ci, elle peut être représentée par la partie culturelle de la société. 3) L'aspect "périmètre et interfaces" Le périmètre d'une entreprise est défini en termes de fonctions (missions opérationnelles) et de constituants physiques (entités d'organisation), selon le domaine servi par l'entreprise. En terme de fonctions, l'entreprise définit généralement ses activités autour de ses métiers de base, sous-traite des services connexes pour acquérir des ressources et/ou sous-traite une partie de ses activités pour livrer les volumes en temps et en heure. Les limites fonctionnelles sont également définies par les objectifs que l'entreprise veut réaliser, sa taille sociale, sa position sur le marché, et ainsi de suite. Les missions pour atteindre cette finalité peuvent être, par exemple, la production de marchandises ou d'énergie, la fourniture de services, le transport des marchandises et des personnes, la maintenance de produits, le retrait de service d'infrastructures, etc. Associés, clients, fournisseurs, concurrents, administrations, couverture géographique (locale, nationale, internationale) représentent le périmètre physique, et bien sûr les interfaces sont définies par rapport à ces contextes. Comme souvent, les interfaces sont le lieu commun de difficultés : par exemple les difficultés pour répartir correctement les activités entre les partenaires, c'est-à-dire quelle est la part et la responsabilité du client, de l'entreprise, des fournisseurs de cette entreprise ? Les objectifs sont les aspects quantitatifs et qualitatifs qui sont associés aux missions et parfois à la finalité : combien de marchandises à produire par jour, combien de personnes à transporter par mois, combien d'étudiants à enseigner par an, etc. ? 2) L'aspect "architectures" L'architecture fonctionnelle est représentée par les fonctions opérationnelles de l'entreprise. Typiquement une entreprise développe de nouveaux produits (Développement) ; les produit (Production) ; les vend (Ventes) ; contrôle tous les moyens internes et fait le lien avec les administrations et les lois qui sont des objets externes au périmètre de l'entreprise (Direction). Ces fonctions de haut niveau sont décomposées en activités ; les activités sont groupées dans des ensembles de processus dédiés à ces activités tels que les processus du domaine technique, processus de soutien logistique, processus contractuel, processus de gestion de projet, processus de support à l'activité de l'entreprise, etc. Chaque processus peut Aujourd'hui, le contexte social et économique change rapidement ; des changements qui apparaissent mineurs au premier abord révèlent dans le temps des effets majeurs et des conséquences importantes, ce qui oblige les entreprises à être capables de s'adapter en permanence. 4) L'aspect "hiérarchies" Chaque entité physique de l'entreprise (Direction, Divisions, Départements, Services) peut être vue à son tour comme un système. Nous devons définir pour chaque entité les quatre aspects qui caractérisent un système 28 comme vu précédemment (finalité, mission, objectifs, périmètre et interfaces, architectures fonctionnelle et physique, hiérarchies). À des niveaux plus bas de décomposition, une entité est physiquement composée de "rôles" tenus par des personnes, de procédures documentées, d'outils et autres moyens. Efficacité de l'approche. Les pratiques d'ingénierie appliquées aux "Systèmes à Humains prépondérants" permettraient de justifier et d'optimiser la portée, les activités, les structures, les moyens, les ressources et les infrastructures de manière efficace et cohérente. Mais l'efficacité est-elle vraiment la caractéristique la plus importante de ce type de système ? Cela dépend de sa finalité et de ses objectifs ; ceci semble évident pour des Systèmes d'Organisation axés sur l'économie : tout le monde espère des bénéfices, et des bénéfices qui augmentent en réduisant la durée et les moyens du développement tout en optimisant le système de production. Le cas de l'OTAN a été étudié et son efficacité opérationnelle ou de fonctionnement pourrait tirer profit d'une telle approche. Mais elle n'est probablement pas aussi évidente pour tous les types d'organisations. Dans une entreprise industrielle, développer un nouveau produit est généralement réalisé par l'intermédiaire d'une "équipe de projet" qui peut être vue comme un système. Ce système doit être considéré comme un système abstrait (un système de mission) généralement appelé "un projet" parce qu'il se concentre sur la mission dans un temps limité (développer un prototype), partageant des moyens et des qualifications fournis par l'entreprise. POURQUOI APPLIQUER CETTE DEMARCHE? 1. Complexité Facteur humain. Dans les "Systèmes à Humains prépondérants" nous faisons face à ce qui s'appelle le facteur humain dans le contexte du travail et de la culture. Le propos de cet article n'est pas d'analyser les facteurs humains, mais quelques idées sont simplement soulignées : – La rationalité est une question culturelle : le raisonnable n'est pas dans la tête de toute les parties d'une société. La vision système oblige les personnes à s'interroger sur ce qui a été fait précédemment, à remettre en cause des acquis. De façon naturelle, un ingénieur concepteur de systèmes doit s'interroger sur sa manière de travailler et remettre en cause les produits qu'il crée pour être sûr de leur pertinence par rapport à leur environnement physique et au contexte culturel. Tout être humain veut-il remettre en cause son travail dans ce sens ? La complexité d'organisations telles que l'OTAN (pour laquelle nous avons appliqué définition et démarche proposés dans cet article), ou de grandes enteprises, réside dans le nombre de départements, d'interactions entre les départements, les buts et les objectifs multiples de chacun, et le partage de moyens et de l'infrastructure. La complexité est évidemment un obstacle à maîtriser pour n'importe quel type d'organisation. La vision système et les méthodes associées sont des moyens pour maîtriser la complexité. La vision système inclut des limitations à respecter : - l'une d'entre elles est liée à la décomposition du système par niveaux, chaque niveau n'excédant pas 5 + 2 sous-systèmes, afin d'éviter la prolifération incontrôlable des interfaces ; – Qui est supposé faire l'ingénierie de tels systèmes ? Devrait-elle être faite par les acteurs du système ou par des ingénieurs ? La démarche d'Ingénierie des Systèmes est difficile à appliquer parce qu'elle exige une expression rigoureuse du besoin et la recherche d'une solution correspondante optimisée, et pas seulement énoncer des solutions par approximations successives qui pourraient satisfaire un hypothétique problème. Généralement, les humains préfèrent travailler directement sur les objets physiques et tangibles plutôt que sur des objets immatériels ; or chose curieuse, les Systèmes d'Organisation sont "virtuels". - une autre est de faire partager une compréhension unique des relations par toutes les parties impliquées. La première limitation améliore la gestion de la complexité, tandis que la seconde semble éviter la réduction de complexité. Mais cette dernière impression devient fausse quand la "vision système" est appliquée comme expliqué en détail dans le chapitre 4. Quand nous considérons l'OTAN comme un ensemble de systèmes interagissant, des simplifications peuvent surgir. En considérant l'OTAN de cette manière, nous faisons face à un ensemble de systèmes, et chaque système peut appliquer le même cadre pour être conçu, utilisé, maintenu, ou retiré du service. – Qui dirigent les entreprises aujourd'hui : les ingénieurs, les avocats d'affaire, les vendeurs, les directeurs financiers, les actionnaires ? Très souvent, sous la pression des résultats économiques espérés, les directeurs (hors du domaine technique) veulent voir une solution réalisée immédiatement : ce problème mène à des solutions rapidement retenues et rédigées avant de définir les besoins les justifiant. Etant donné ce trait particulier du comportement humain, concevoir un Système d'Organisation aurait seulement pour résultat un organigramme sans 2. Système Humain et Facteur humain Une des conséquences de la définition proposée est que des systèmes d'organisation peuvent être conçus comme les systèmes technologiques employant les mêmes pratiques. La question qui se pose réside dans l'adoption des pratiques d'ingénierie par les acteurs de ces "Systèmes à Humains prépondérants". 29 que ce soit du côté du concepteur comme de celui de l'utilisateur, peuvent représenter un obstacle ou au contraire un catalyseur pour l'adoption des pratiques en matière de Vision Système et d'Ingénierie des Systèmes appliquée aux "Systèmes à Humains prépondérants": un vrai paradoxe ! prêter l'attention nécessaire au marché, aux besoins réels ou aux processus. – N'importe quel groupe sérieux est normalement orienté par une finalité, ainsi que des objectifs plus ou moins bien définis. Parce que le contexte ou la composition du groupe pourrait changer dans le temps, l'organisation doit vérifier en permanence si les buts personnels, les objectifs et leur compréhension sont conformes à ceux du groupe, sinon le groupe se désintègre. BIBLIOGRAPHIE 1. ISO-IEC 15288, Systems & Software Engineering – System Life Cycle Processes. 2002. 2. ANSI/EIA 632, Processes for Engineering a System. 1998. 3. Life cycle integration - Study for using ISO/IEC 15288 within NATO context- MAP système NAT/LCI-TECH01/AF-09 – December 2002. 4. Encyclopédie de D. Diderot, 1772. 5. Walliser B. Théorie des Systèmes : Systèmes & modèles. Seuil, 1977. 6. J.L. Lemoigne. Théorie des Systèmes: La théorie du système général. PUF, 1977. CONCLUSION Le propos de cet article était de montrer que des éléments de la Théorie générale des systèmes peuvent être appliqués pour des systèmes créés et utilisés par l'homme aussi bien aux ensembles technologiques qu'aux organisations. Toutes les notions explicitées ont pu être appliquées sans difficulté dans plusieurs contextes industriels et d'organisations. Quoique l'approche développée semble appropriée et attrayante d'une manière générale, les questions soulevées par le facteur humain, 30 Vers un Prototypage des Interfaces Graphiques Incluant Vraiment l’Utilisateur Final Jean Vanderdonckt, Adrien Coyette Belgian Laboratory of Computer-Human Interaction (BCHI), Information Systems Unit (ISYS) Louvain School of Management (IAG), Université catholique de Louvain (UCL) Place des Doyens, 1 – B-1348 Louvain-la-Neuve (Belgique) {jean.vanderdonckt, adrien.coyette}@uclouvain.be – http://www.isys.ucl.ac.be/bchi, http://www.usixml.org RESUME KEYWORDS : computer-aided design, level of fidelity, Le besoins en prototypage des interfaces homme-machine graphiques varient en fonction du moment où ils interviennent dans le cycle de vie de développement de l’application interactive. Dans ce but, la notion de niveau de fidélité du prototypage est introduite, définie et illustrée de façon à être supportée par des outils adéquats. Pour chaque niveau de fidélité, les forces et les faiblesses de ces outils sont développées de façon à identifier quel outil peut le mieux convenir en fonction de la phase de développement. Les niveaux de fidélité basse, modérée et élevée sont respectivement supportés par des outils idoines développés à cet égard : respectivement, un outil d’esquisse d’interface baptisé SketchiXML, un outil de dessin vectoriel, baptisé VisiXML, et un éditeur d’interface avancé, baptisé GrafiXML. Ces outils logiciels sont interopérables par l’échange de spécifications d’une interface homme-machine, rédigées dans le langage UsiXML (USer Interface eXtensible Markup Language), un langage de description d’interface homme-machine basé sur XML. model-driven engineering, prototyping, sketching tool, user interface description language, USer Interface eXtensible Markup Language. MOTS CLES : Approche dirigée par les modèles, con- ception assistée par ordinateur, langage de description d’interface, niveau de fidélité, outil d’esquisse, prototypage, USer Interface eXtensible Markup Language. INTRODUCTION La plupart des acteurs principaux intervenant dans l’équipe de développement d’une application interactive s’accorde généralement à dire que le prototypage de l’application en général [6] et de son interface hommemachine (IHM) en particulier [2] sont des activités à encourager fortement. Notamment pour découvrir le plus rapidement possible les écarts entre les besoins des utilisateurs finaux et les spécifications de l’interface, du système et pour bien d’autres raisons encore [4,25,27]. En revanche, quand il s’agit des moyens à déployer pour assurer la réalisation de ce prototypage et garantir son retour sur investissement, les moyens varient largement en forme, en méthode, en ressource mobilisée, en durée. Et les acteurs si prompts à favoriser le prototypage se retrouvent bien vite démunis quant au moyen le plus approprié pour leur projet et respectant leur budget. Puisque différents moyens de prototypage existent mettant en œuvre des moyens à coût variable, il nous paraît opportun de dégager des grandes familles de méthodes de prototypage d’interface en fonction de différents critères. Tel est l’objectif de cette communication. ABSTRACT The requirements for prototyping graphical user interfaces vary depending on the moment they are considered during the development life cycle of the interactive application. For this purpose, the notion of ‘level of fidelity’ is introduced, defined, and illustrated so as to be supported by appropriate tools. For each level of fidelity, the strengths and the weaknesses of these supporting tools are discussed in order to identify which one is estimated the most appropriate for each step of the development life cycle. The levels of fidelity, respectively low, moderate, and high are supported by individual softwares which have been developed for this purpose: respectively a sketching tool, named SketchiXML, a vectorial drawing tool, named VisiXML, and an advanced interface editor, named GrafiXML. These tools are interoperable by exchanging the specifications of a user interface written in the UsiXML language (USer Interface eXtensible Markup Language), a XML-compliant user interface description language. 31 On considère généralement que le prototypage rapide de l’interface est une méthode particulière qui se situe dans le cycle général de vie de développement de cette interface. Ou bien: “une stratégie spécifique pour conduire l’élicitation des besoins desquels les besoins des utilisateurs finaux sont extraits, présentés, et raffinés sur base d’un modèle de travail de l’application” selon l’interprétation de Boar [6]. Pour ce qui est de l’interface en particulier, il s’agit d’aboutir le plus rapidement possible à des spécifications précises qui rencontrent les besoins exprimés ou perçus comme tels par les utilisateurs finaux. Cette démarche devrait en principe s’opérer de façon à ce que cette découverte soit la plus efficace possible: arriver le plus rapidement en consommant le moins de ressources possible, notamment en évitant de coder directement l’interface, une activité considérée comme coûteuse. Pour ce faire, on remplace l’interface à spécifier par une représentation, un modèle. Puisque l’interface est graphique par nature – ou du moins de modalité Fidélité\Critère Phase de développement Usage Exploration, découverte, évocation, communication Type de prototypage Type d’approche Facilité de changement Coût Temps requis Naturalité de la représentation Niveau de détail Fréquence d’itération Niveau d’interactivité Représentation Horizontal Ascendante (bottom up) Elevée Moyenne Conception continue, validation de l’ergonomie du prototype, application en cours de route Présentation, contenu, layout, début de la navigation Simulation, raffinement, itération, amélioration, validation de l’utilisabilité, test utilisateur Diagonal Expansive (middle-out) Modérée Faible Faible Très élevée Modéré Modéré Modérée Elevé Elevé Faible Faible Très élevée Faible Esquisse Modéré Elevée Modéré Dessin, dessin vectoriel Convient pour… Des applications de grande taille Des applications moyennes Niveau des spécifications Outils en général Abstrait Mixte Elevé Faible Elevé Présentation et navigation réelles Des applications de taille réduite ou des fragments d’autres types d’application Concret Denim [14], FreeForms [24], GUILayout [5], Paper [27], JavaSketchIt [8], SILK [17], SketchREAD [1] SketchiXML [9,10,11] EtchaPad [22], ExcelProto [3], MidFi [12], ProtoMixer [23] Contenu Outils UsiXML URL Basse Elicitation des besoins, conception préliminaire, conceptualisation, début de l’application Présentation surtout Elevée Conception détaillée, application en fin de spécification Présentation et navigation, contenu, layout, fonctionnalités Propagation générale à l’application, spécification finale, documentation, marketing Vertical Descendante (top down) Très faible Editeurs d’interface fournis avec les environnements intégrés de développement VisiXML [30] GrafiXML [19,20], FormiXML [30] http://www.usixml.org/index. http://www.usixml.org/index. http://www.usixml.org/index. php?view=page&idpage=29 php?view=page&idpage=11 php?view=page&idpage=10 Tableau 1: Comparaison des caractéristiques des différents niveaux de fidélité. graphique majoritaire –, il est fondamental que cette représentation soit aussi graphique. Autrement, il est difficile, voire impossible, pour les utilisateurs finaux de réagir sur une autre représentation, de donner leur avis et de valider les spécifications en cours. Des spécifications abstraites, même si elles sont recommandables [10], ne permettent pas de faire intervenir pleinement l’utilisateur car la non-connaissance du langage abstrait demeurera toujours pour eux une barrière infranchissable. Il est donc primordial de d’abord déterminer quelle représentation manipuler, ce qui est abordé dans ce qui suit. UN RÉFÉRENTIEL POUR LE PROTOTYPAGE D’INTERFACES Comme les besoins en prototypage rapide d’interface varient en fonction du projet et des ressources qui lui sont allouées, nous proposons de choisir un prototypage basé sur la notion de fidélité du prototypage. La fidélité du prototypage exprime la similarité entre la représentation de l’interface prototypée et l’interface finale. On dira que la fidélité est élevée (en anglais, high fidelity [26]) si la représentation du prototype est la plus proche possible de celle de l’interface finale, pour ne pas dire qu’elles sont identiques. Dans ce cas, un prototype à un niveau 32 de fidélité élevée devrait être aussi proche que possible de l’interface finale en termes de présentation (quels sont les objets interactifs utilisés), de navigation globale (comment naviguer entre les espaces d’information), de navigation locale (comment naviguer à l’intérieur d’un espace d’information), de contenu, de layout et de fonctionnalités. On dira que la fidélité est faible (en anglais, low fidelity [26]) si la représentation du prototype évoque l’interface finale sans la représenter totalement en détails. Entre les deux, on exprimera que la fidélité est modérée (en anglais, mid fidelity [11,12]). En général, on considère que la fidélité d’un prototype reste constante et ne fait pas intervenir différentes représentations. Cependant, on peut très bien imaginer disposer d’un prototypage mélangeant différents niveaux de fidélité si le prototype est composé de fragments de fidélité différentes. Ceci peut arriver lorsqu’un prototype est imaginé à partir de nouvelles esquisses (fidélité faible), de recopies d’écran estimées applicables (fidélité élevée), ou de dessins issus de logiciel de présentation assistée par ordinateur (fidélité moyenne). Petrie & Schneider [23] présentent ProtoMixer, un outil de support au prototypage mixte mêlant plusieurs niveaux. Le tableau 1 compare les trois niveaux de fidélité ainsi définis sur base d’une même grille d’analyse constituée de critères. Dans la suite du texte, nous reprendrons seulements les critères considérés comme les plus importants de cette grille d’analyse. Le niveau de fidélité basse est applicable surtout au cours des étapes préliminaires du cycle de vie de développement d’une application interactive, principalement lorsque les spécifications de l’interface sont inconnues, incomplètes, restent à découvrir, à explorer. Dans ce cas, l’objectif est surtout d’explorer des conceptions alternatives possibles sans trop les raffiner afin de déterminer les grands contours de l’interface. Puisque cette étape peut être itérée fréquemment, il est fondamental que son coût et son temps de production demeurent faibles. Ceci au prix d’une représentation basse souvent centrée sur la présentation : pas question de développer ici déjà les fonctionnalités avancées de l’application si on n’est pas encore sûr qu’elles correspondent aux besoins des utilisateurs finaux. Au contraire, le niveau de fidélité élevée convient principalement pour les étapes avancées du cycle de vie de développement d’une application interactive. Soit parce que le domaine est suffisamment connu et maîtrisé pour proposer une interface dont on pense raisonnablement qu’elle va s’approcher favorablement de l’interface finale. Soit parce que les itérations répétées du prototypage à un niveau de fidélité plus bas ont permis de dégager les conceptions acceptables et qu’il importe maintenant de les raffiner jusqu’à obtention de l’interface finale. Dans ce cas, l’objectif est surtout de peaufiner l’interface pour qu’elle soit la plus finalisée possible. Par conséquent, son coût et son temps de production sont élevés. Il est donc souhaitable de répéter le moins possible un prototypage à un niveau de fidélité élevée. Prototype à un niveau de fidélité élevée Prototype à un niveau de fidélité modérée Prototype à un niveau de fidélité basse Figure 1: Trajectoires possibles de prototypage. Le prototypage à un niveau de fidélité élevée peut être consécutif à un prototypage à un niveau de fidélité moins élevé comme soulevé ci-dessus, mais pas nécessairement. Toutes les trajectoires de prototypage son théoriquement possibles entre les différents niveaux de fidélité [4,14,23] comme la figure 1 le représente. En principe, le prototypage peut être initié à n’importe quel niveau de fidélité, pour autant que cela corresponde aux besoins des utilisateurs finaux et se terminer à n’importe quel niveau (figure 1). En pratique cependant, on ob- 33 serve très fréquemment le passage d’une fidélité basse ou moyenne à une fidélité élevée pour supporter un prototypage réellement progressif et itératif. Le prototypage peut être itéré à chaque niveau, mais les itérations devraient être moins fréquentes à un niveau de fidélité élevé qu’à un niveau de fidélité bas ou modéré. Il n’est pas nécessaire non plus de traverser chacun des niveaux pour obtenir le prototypage souhaité. Tout dépend de la couverture de l’interface à prototyper. Pour cela, on peut s’appuyer sur différents cadres de référence permettant d’identifier quel type de prototypage est souhaitable. Le cadre de référence de Nielsen (figure 2) distingue deux types de prototypage en fonction du niveau d’interactivité couvert (tableau 1). On peut décomposer une application interactive complète en trois couches : l’interface homme-machine (IHM), la couche d’abstraction et de contrôle de l’application et le noyau fonctionnel comportant les fonctions sémantiques de l’application ; ceci est typique du patron MVC (Model-ViewController) ou PAC (Présentation-Abstraction-Contrôle) de J. Coutaz. Prototype vertical Prototype horizontal Interface homme-machine Couche d’abstraction Application interactive complète Noyau fonctionnel Figure 2: Prototypages vertical vs. horizontal. Le type de prototypage est alors dit horizontal si on souhaite prototyper le maximum des fonctionnalités de l’application au travers de son interface. L’interface est alors prototypée à un niveau de fidélité faible ou modéré pour vérifier que toutes les fonctionnalités sont bien identifiées et couvertes. En revanche, le prototypage n’est pas profond puisque seuls les aspects primordiaux (p. ex. la présentation) priment sur les aspects détaillés (p. ex. les fonctions réellement implémentées). Lorsque la première couche horizontale est finalisée, par exemple au travers d’une validation par les utilisateurs finaux, le prototypage peut se propager vers les niveaux inférieurs de la figure 2. L’interface est d’abord complétée, la couche d’abstraction est entamée, puis les fonctions. Le type de prototypage est dit vertical si on souhaite se concentrer sur quelques fonctionnalités de l’application et que celles-ci doivent être suffisamment avancées pour valider l’approche retenue. L’interface est alors prototypée à un niveau de fidélité élevée pour que ces fonctionnalités soient les plus détaillées possibles. En revanche, le prototypage n’est pas large puisque seuls les aspects détaillés (p. ex. jusqu’à la navigation locale) d’un petit nombre de fonctionnalités comptent. Lorsque la colonne de prototypage vertical est aboutie, le prototypage peut se propager latéralement pour couvrir d’autres fonctionnalités non encore traitées auparavant. tion des besoins informationnels de l’utilisateur final. Au fur et à mesure que la navigation globale se précise, on peut s’attaquer à la présentation particulière de l’unité d’interaction résultant ainsi de la navigation et en préciser quelques éléments de sa navigation locale. La figure 4b montre que la navigation globale est la plus touchée dans ce cas, puis la présentation, puis la navigation locale. Prototype diagonal Interface homme-machine Couche d’abstraction Application interactive complète Noyau fonctionnel Figure 3: Prototypage diagonal. Dans la pratique, cependant, on observe souvent des projets où certains ensembles de fonctionnalités sont tantôt bien maîtrisés (p. ex. suite à l’expérience acquise dans le passé au travers d’autres applications interactives) tantôt presque inconnus (p. ex. aucun autre système semblable n’existe, aucune expérience préalable ou retour d’utilisation n’existe). Dans ce cas, il est possible de combiner les deux types de prototypage dans le prototypage que nous appelons diagonal [10,11] (figure 3). Dans ce type de prototypage, les parties bien maîtrisées sont soumises à un type de prototypage vertical tandis que les parties mal maîtrisées sont soumises à un type de prototypage horizontal. On peut ainsi marier les avantages des deux types sans en souffrir des conséquences négatives. La propagation du prototypage est alors dite expansive puisqu’elle peut s’étendre dans toutes les directions. C’est pourquoi le prototypage à un niveau modéré convient bien pour un type d’approche expansive (tableau 1), par opposition au niveau bas pour une approche ascendante et au niveau élevé pour une approche descendante. Si maintenant nous poursuivons la décomposition de la couche interface homme-machine en trois parties (la présentation, la navigation globale et la navigation locale), le type de prototypage est alors être précisé et des nouvelles trajectoires de prototypage peuvent apparaître (figure 4). Le cas le plus fréquemment pratiqué consiste à initialiser le prototypage de l’interface par la partie la plus facile, la plus visuelle et la plus naturelle pour l’utilisateur final : la présentation des informations. On dit alors qu’il s’agit d’un prototype présentationnel d’abord (figure 4a). Il peut n’avoir aucune navigation ni globale ni locale, auquel cas il s’agit d’une simulation statique. La figure 4a montre une couverture plus large de la présentation pour refléter la partie qui est effectivement prototypée. En général, le prototypage par papier [27] convient bien et est largement éprouvé. Il peut aussi comporter un embryon de navigation, bien souvent globale d’abord, locale ensuite car on préfère spécifier les grands traits de la navigation globale avant de préciser ceux de la navigation locale qui en découlent presque directement. A nouveau, le niveau de fidélité du prototypage est fonction de la couverture à prototyper. Moins fréquemment, on observe le prototype navigationnel global d’abord (figure 4b) dans lequel on élabore une architecture d’unités d’interaction ou d’information dont on ne spécifie que le but et que l’on relie en fonc- 34 Enfin, encore moins fréquemment apparaît le prototype navigationnel local d’abord (figure 4b). Dans celui-ci, on précise quelle interaction l’utilisateur final souhaite avoir avec les différents éléments d’information précis (p. ex. quel filtre de recherche, quel ordre d’encodage, quelle suite de boîte de dialogue dans un « wizard »). Ceci étant précisé, on représente alors physiquement ces éléments d’information (p. ex. au travers des objets interactifs, du contenu) au sein de la présentation et on boucle le tout par spécifier les grands traits de la navigation globale. La figure 4c montre que, dans ce cas, la navigation locale a attiré le centre d’intérêt du prototypage, puis la présentation, puis la navigation globale. Après quoi, un prototypage vertical ou horizontal peut être poursuivi. Prototype présentationnel d’abord Présentation Navigation locale Navigation globale Couche d’abstraction Noyau fonctionnel Prototype navigationnel global d’abord Présentation Navigation globale Navigation locale Couche d’abstraction Noyau fonctionnel Prototype navigationnel local d’abord Présentation Navigation globale Navigation locale Couche d’abstraction Noyau fonctionnel Figure 4: Différents prototypages de l’interface : présentationnel (a), navigationnel global (b), navigationnel local (c). Après avoir analysé quels sont les types de prototypage possibles et après avoir dégagé certaines tendances, voyons à présent comment supporter au mieux chaque niveau de fidélité par des outils logiciels appropriés. Pour chaque niveau de fidélité, nous passerons en revue d’abord les grandes caractéristiques du prototypage à supporter, puis nous citerons quelques outils représentatifs avant de présenter l’outil logiciel que nous avons développé pour chaque niveau. La plupart du temps, les concepteurs et les développeurs se reposent sur les outils qui sont fournis en standard avec les environnements intégrés de développement, tels que les éditeurs d’interface (en anglais, interface builders) d’origine. Par exemple, Microsoft Visual Builder dans l’environnement éponyme. L’ensemble de ces outils est interopérable : ils communiquent entre eux tous les spécifications de l’interface en cours de prototypage au moyen d’un fichier rédigé en UsiXML (USer Interface eXtensible Markup Language, http://www.usixml.org) [19,20]. Ce langage de description d’interface utilisateur (en anglais, User Interface Description Language - UIDL) possède une vocation descriptive (spécifier au mieux les aspects de l’interface en cours de développement) et une vocation générative (autoriser la génération automatique de code ou un rendu automatique de l’interface à partir de ses spécifications). Ce langage de type XML a été créé au sein du projet européen Caméléon (http://giove.cnuce.cnr.it/cameleon. html) et est poursuivi actuellement au sein du réseau d’excellence Similar (http://www.similar.cc). Il couvre notamment les aspects de tâche, du domaine, de l’interface abstraite, de l’interface concrète et du contexte d’utilisation (c’est-à-dire l’utilisateur, sa plate-forme logicielle et matérielle et l’environnement physique dans lequel il est plongé). Dans la suite, seule l’interface concrète sera utilisée. Pour plus de détails, voir [19,20] et le site. Il existe d’autres langages similaires, avec des couvertures plus ou moins différentes et des objectifs différents: l’étude [28] procure un aperçu de ces langages de description sous la forme d’une grille d’analyse. D’un côté, ces éditeurs sont ceux qui offrent la présentation et la navigation native de la plate-forme sur laquelle l’application interactive est développée ; on peut représenter directement l’interface désirée en tirant d’une palette d’objets ceux qui vont constituer l’interface et les placer dans une surface de travail, ce qui constitue un avantage indéniable tant du point de vue fonctionnel que visuel (l’interface graphique étant visuelle par nature). D’un autre côté, ces éditeurs se restreignent souvent à l’édition d’interface graphique basée sur des objets interactifs statiquement prédéfinis. Dès lors qu’il s’agit d’avoir des objets interactifs non natifs, non standards ou dynamiquement gérés (p. ex. une barre de menu variable, une boîte de dialogue fonction du contenu), l’avantage de l’éditeur cesse : il n’est plus possible d’éditer une telle interface et il faut recourir à la programmation manuelle. Il en va de même pour tous les aspects de navigation. Voyons à présent quels sont les outils disponibles en commençant par le niveau de fidélité élevée puisqu’il est censé être le plus proche de l’interface finale que nous espérons. Nous verrons ensuite progressivement les niveaux de fidélité inférieurs. Il est aussi convenable de débuter par ce niveau car il permet de voir comment les différentes représentations de l’interface finale se transforment dans les niveaux de fidélité inférieurs. PROTOTYPAGE À UN NIVEAU DE FIDÉLITÉ ELEVÉE A ce niveau, l’objectif est de maximiser la proximité entre l’interface prototypée et l’interface finale, à obtenir et produire. Quand on parle de proximité, il s’agit de couvrir un maximum des aspects de l’interface (présentation, navigations globale et locale), mais aussi l’ordonnancement dans le temps et dans l’espace de l’utilisation des fonctionnalités. Pour cela, il faudrait que le prototype puisse accepter des entrées au départ des dispositifs d’interaction supportés (le plus souvent, le clavier et la souris) afin de les traiter et de les refléter dans le test des fonctionnalités. Certains prototypes peuvent débuter sur un jeu de données restreint, non nécessairement connectées à une base de données, afin de simplifier le prototype. D’autres, au contraire, mettent en jeu des sousensembles utiles de bases de données. 35 Par conséquent, les éditeurs d’interface s’avèrent appropriés pour les prototypes présentationnels, surtout en horizontal, mais très peu pour les prototypes navigationnels, particulièrement en vertical. En effet, dès qu’il s’agit d’un comportement à développer, il faut recourir à la programmation, dont le coût n’est évidemment pas souhaitable en phase de prototypage. Par analogie, le prototypage diagonal est difficile à supporter. En raison de ces limites, plusieurs personnes se tournent vers des outils ne présentant pas les mêmes lacunes, tels que les outils dits de façade [2,4,27]. Ces outils permettent de prototyper une interface en la construisant sans faire appel à du codage, soit sans nécessairement devoir développer la couche d’abstraction et/ou le noyau fonctionnel. Des outils hypermédia (comme HyperCard), des outils de présentation assistée par ordinateur (comme Microsoft PowerPoint, Aldus Persuasion), des outils auteur pour des applications multimédia (comme Macromedia Director) ont déjà été considérés bien des fois. Effectivement, il est possible de produire une interface à niveau de fidélité élevée avec un minimum de navigation : le prototypage horizontal est mieux supporté et le prototypage vertical ou diagonal, partiellement, les prototypes présentationnel et navigationnel sont mieux supportés dans cette approche. Hélas, l’effort de production est perdu lorsqu’on passe à l’environnement de développement intégré prévu pour l’application complète. Même si un tel outil génère automatiquement du code, en tout ou en partie, ce code généré ne sera pas récupérable pour l’interface finale. Le développeur recommence le développement à zéro, avec une interface à haute fidélité. Figure 5: Interface de GrafiXML en mode de composition de la présentation (prototypage présentationnel). Pour répondre à ces défis, nous avons développé GrafiXML (figure 5), un éditeur d’interface à niveau de fidélité élevée fondé sur le langage UsiXML. A l’instar des éditeurs d’interface, GrafiXML permet de représenter une interface graphique en positionnant les objets interactifs souhaités, que ce soit des objets standards (p. ex. un bouton radio, une liste de sélection) ou des objets ajoutés (p. ex. la saisie d’une heure, un calendrier, un conteneur). Au lieu de générer automatiquement ou semi-automatiquement le code de l’interface ainsi représentée, GrafiXML produit automatiquement des spécifications fonctionnelles et opérationnelles rédigées en UsiXML. Ces spécifications peuvent être dépendantes ou indépendantes d’un contexte d’utilisation. Il est possible aussi de décliner différentes interfaces possibles pour plusieurs contextes d’utilisation associés au même projet. Ceci est particulièrement approprié lorsqu’il faut développer une version multi-plate-forme d’une interface. La figure 5 présente l’outil en fidélité élevée au moment de la spécification de la présentation. Etant donné que cette interface peut être multi-plate-forme, seule une représentation logique est affichée. Pour obtenir en temps réel une interface réelle, il suffit de demander la prévisualisation de l’interface (qui ne fonctionne qu’en Java Swing). Grâce à un système d’export, GrafiXML peut actuellement générer automatiquement le code de l’interface dans plusieurs langages cibles, tels que Java, XHTML ou XUL (http:// www.mozilla.org/ projects/xul/). Par exemple, la figure 6 correspond à l’interface générée en XHTML à partir de celle spécifiée à la figure 5, mais sans feuille de style associée. Il est possible d’adjoindre une feuille de style ultérieurement afin de rendre la présentation adaptée au contexte d’utili- 36 sation en fonction du travail du designer graphique. Cette opération est réalisée extérieurement à l’environnement de GrafiXML. Logiquement, GrafiXML peut simultanément couvrir plusieurs langues pour une même interface en spécifiant les ressources qui varient en fonction de l’utilisateur (p. ex. les ressources textuelles, les images, les libellés, le texte de contenu). Dans ce cas, il ne faut pas dessiner plusieurs interfaces – une seule suffit –, mais bien spécifier les variations de contenu propres à chacune des versions dans les langues différentes. Une autre différence significative de GrafiXML par rapport à d’autres éditeurs concerne sa capacité à accueillir des plug-ins destinés à couvrir des ensembles étendus de fonctionnalités. Par exemple, des plug-ins existent pour transformer une interface existante pour un PDA, pour (dé)composer des interfaces entre elles, pour évaluer leur qualité ergonomique en cours de conception, etc. Figure 6: Interface finale résultant de GrafiXML. PROTOTYPAGE À UN NIVEAU DE FIDÉLITÉ MODÉRÉE Figure 7: Interface de GrafiXML en mode de spécification de la navigation (prototypage navigationnel). Enfin, pour supporter le prototypage navigationnel, GrafiXML offre un mode de spécification de la navigation (figure 7). Dans ce dernier, chaque conteneur (cela peut être une page web, une boîte de regroupement, une fenêtre, une boîte de dialogue) est affiché par sa miniature et les miniatures du projet en cours sont rassemblées sur la partie droite. Il est alors possible de tirer des flèches d’un objet repris dans un conteneur vers un autre conteneur afin de spécifier des navigations globales élémentaires, du genre « fermer la première fenêtre et ouvrir la suivante », « désactiver la première fenêtre, la réduire sous forme iconique et activer la seconde fenêtre ». Le siège de cette navigation globale (entre conteneurs) peut résider dans le chef d’un objet interactif en particulier (p. ex. un bouton de commande) soit dans le chef du conteneur lui-même, signifiant par là un comportement attaché à ce conteneur. Ici aussi, l’outil génère les spécifications détaillées en UsiXML V1.6.4 correspondant au comportement souhaité, tant du point de vue de la présentation et de la navigation, que du contenu et du layout (actuellement, quatre types de layout sont disponibles pour la plupart des situations rencontrées). Actuellement, GrafiXML ne supporte que la navigation globale. Nous sommes en train de développer la partie relative à la spécification de la navigation locale. Ce qui est bien plus complexe étant donné la variation et la complexité des navigations possibles (p. ex. si je sélectionne telle langue dans la liste de sélection, alors activer la valeur X dans le radio bouton et activer le bouton de commande du conteneur). Il est ardu de définir une notation graphique permettant d’exprimer un ensemble significatif de ces comportements. Aussi, nous espérons nous limiter à une stylistique simple. Remarquons enfin que GrafiXML ne dispose pas actuellement de la capacité à incorporer un objet interactif non prédéfini dans UsiXML. Actuellement, il y a une trentaine d’objets, mais cet ensemble peut toujours évoluer en importance. Par conséquent, GrafiXML souffre de la même lacune que les éditeurs concernant les objets métier. Nous verrons cependant qu’une solution partielle à ce problème a été instaurée dans le prototypage à un niveau de fidélité basse. 37 Tant qu’il s’agit de représenter graphiquement la présentation et/ou la navigation dans GrafiXML, le coût et le temps de production semblent rester au moins égal à ceux encourus dans un éditeur d’interface courant, si ce n’est la capacité d’expression plus importante. Ceci mis à part, les spécifications rédigées en UsiXML produites par cet outil (ou par d’autres d’ailleurs) restent toujours disponibles et permettent en principe de ne pas perdre l’effort de prototypage lorsqu’il s’agit de passer à la phase de développement. Si on peut récupérer les spécifications afin de produire du code (capacité générative), un tel code peut être produit par diverses techniques de génération (p. ex. par squelette, par analyse statique de code, par « generative programming »). Pour ce qui est des propriétés avancées de la présentation et de la navigation qui ne font pas l’objet d’une spécification graphique dans GrafiXML, le concepteur a la possibilité de les spécifier dans des feuilles de propriétés ou de laisser le système générer automatiquement des valeurs par défaut pour lui (qui sont réglables et paramétrables). Cette approche convient lorsque l’on connaît bien l’interface finale ou tout au moins que l’on est proche de son résultat. Si on n’est pas trop sûr de la mouture finale de cette interface, on peut vite regretter que le coût et le temps de création deviennent prohibitifs face au retour sur investissement. C’est pourquoi il peut s’avérer judicieux de passer à un niveau de fidélité modérée. Figure 8: Interface de VisiXML en mode de spécification de la présentation (prototypage présentationnel). Dans ce but, nous avons développé VisiXML (figure 8), un éditeur d’interface à niveau de fidélité modérée permettant de se restreindre aux aspects visuels uniquement sans passer par de la programmation ou du codage supplémentaire. VisiXML se présente sous la forme d’un plug-in développé au sein de l’environnement Microsoft Visio Pro agrémenté d’un stencil comportant les icônes de dessin de tous les conteneurs et objets interactifs prévus dans une interface concrète spécifiable par UsiXML (voir partie gauche de la figure 8). Dans VisiXML, le concepteur se résume à dessiner l’interface souhaitée en sélectionnant les conteneurs et objets interactifs individuels souhaités. La différence fondamentale entre GrafiXML (fidélité élevée) et VisiXML (fidélité modérée) réside dans le fait qu’ici, il ne s’agit que d’un dessin vectoriel, en principe plus facilement modifiable, mais dont la présentation est liée à celle d’une plate-forme logicielle cible. Au contraire, dans GrafiXML, l’édition n’est pas liée à un environnement particulier. Comme VisiXML est incorporé à l’environnement Microsoft Visio, on bénéficie de tout ce qui est supporté par cet environnement : on peut dessiner n’importe quel autre objet vectoriel de base tel que de la décoration, du texte, des figures, des dessins. Ceci permet enfin de spécifier des éléments de présentation qui ne seraient pas définis en standard dans UsiXML, mais ces dessins sont perdus dans l’export : quand le concepteur pense avoir terminé sa conception, il peut cliquer sur une première icône qui détermine automatiquement une hiérarchie des objets présentés, puis sur une autre icône permettant de générer automatiquement les spécifications en UsiXML. Lorsqu’il s’agit d’autres éléments de dessin prévus par Visio, mais pas par VisiXML, ces éléments sont sauvegardés dans le prototype de fidélité modérée, mais perdus dans les spécifications générées. Ceci engendre une incohérence latente entre la représentation externe (l’interface dessinée) et la représentation conceptuelle (l’interface spécifiée en UsiXML). En contrepartie, la facilité d’édition est plus importante, permettant de modifier plus rapidement et moins en détails l’interface en cours de prototypage. En effet, le prototypage est restreint aux seules propriétés physiques et pour la plupart des propriétés physiques ayant un impact visuel, des valeurs par défaut sont spécifiées afin de minimiser l’apport du concepteur. Si néanmoins, le concepteur souhaite spécifier des paramètres jugés fort fins pour ce niveau (p. ex. la police de caractères d’un texte, sa taille, sa couleur), il peut le faire via la feuille de propriétés située en bas à droite de la figure 8. Ces propriétés sont retenues dans la génération des spécifications en UsiXML. Là où la capacité de VisiXML s’arrête, c’est lorsqu’il s’agit de passer à une autre plate-forme (ici, seul Microsoft Windows XP est supporté) ou de prototyper à des fins d’exploration de conceptions alternatives. Certes, VisiXML comporte la faculté de dessin, mais sa représentation liée à une plate-forme ne permet pas de faire penser qu’il s’agit d’une interface en pleine évolution : son niveau formel [14] de détails procure l’impression qu’il s’agit déjà d’une interface presque finale, en tout cas dans les yeux de l’utilisateur final. En conclusion, VisiXML, même s’il est restreint à du dessin vectoriel sur une plate-forme donnée, permet de supporter le prototypage présentationnel et navigationnel global. Le prototypage navigationnel local n’est aucunement supporté. 38 Dans la même veine, Berger [4] a imaginé un outil de prototypage d’interface à un niveau de fidélité modérée au sein de l’environnement Microsoft Excel avec la particularité que des comportements minimaux sur les données peuvent être effectués grâce au langage de macrocommande d’Excel. PROTOTYPAGE À UN NIVEAU DE FIDÉLITÉ BASSE Pour ne plus véhiculer l’impression d’une interface dont la représentation est quasi finale, même si sa conception l’est, il est judicieux de passer à un niveau de fidélité basse. Lorsqu’on se situe à un niveau de fidélité basse, la représentation de l’interface que l’on manipule doit être la plus naturelle possible pour ne pas entraver le processus de création, de conception exploratoire. La représentation graphique de l’interface manipulée au sein de l’éditeur est donc fondamentale pour donner l’impression à l’utilisateur qu’il s’agit d’une interface en cours de conception et non d’une interface finale. Le caractère informel [14] des spécifications est à préserver. Figure 9: Interface de GUILayout en mode de spécification de la présentation (prototypage présentationnel). Au bas de l’échelle des représentations graphiques se trouve GUILayout [4] dont l’interface est reproduite à la figure 9. Nous y voyons que le concepteur peut définir des zones contenant des types d’information différents : texte, graphique, vidéo, formulaire. Ces zones informationnelles de base peuvent être récursivement composées au sein de conteneurs de niveau immédiatement supérieur. Pour représenter l’interface finale de la figure 6, le concepteur a ici dessiné un conteneur reprenant les zones de texte (destinées à contenir les informations de guidage) et la zone de formulaire. La représentation graphique manipulée par GUILayout est celle du niveau de fidélité le plus bas que nous connaissons aujourd’hui. Pour donner un aperçu avant développement d’une interface, cette représentation suffit. Mais dès qu’il s’agit de préciser le contenu des zones dessinées, l’utilité de l’outil s’interrompt. Nous jugeons que cette représentation est de niveau trop bas pour être exploitée de manière continue dans la suite du cycle de vie de développement. A un stade moins bas que GUILayout résident les travaux de Meyer [21] avec son outil SketchaPad [22]. Meyer estime pour sa part que même une représentation graphique de l’interface finale qui serait indépendante de la plate-forme (p. ex. la partie gauche de la figure 10) reste insuffisante et risque tout de même de donner l’impression que la conception de l’interface est suffisamment aboutie, précise pour donner l’impression à l’utilisateur final que l’interface est déjà obtenue, finalisée. C’est pourquoi il a développé un algorithme graphique permettant d’affecter automatiquement des contours flous aux représentations graphiques des objets interactifs représentés (la partie droite de la figure 10). Figure 11: Un environnement collaboratif de conception basé sur plusieurs niveaux de fidélité concurrents (source : http://www.isys.ucl.ac.be/bchi/members/jgo/Research.html) Dans cet environnement, un ou plusieurs niveaux de fidélité peuvent se côtoyer : mono-fidélité si un seul des trois niveaux est mobilisé, multi-fidélité si plus d’un niveau de fidélité est mobilisé. On dira que la multifidélité est mixte (comme dans [23]) lorsqu’une représentation mélange plusieurs niveaux de fidélité simultanément ou distribuée lorsque plusieurs représentations ayant chacune une fidélité donnée se côtoient. Figure 10: Deux représentations graphique d’une interface en prototypage à niveau de fidélité basse [21]. A un niveau plus élevé qu’EtchaPad réside une famille d’outils d’esquisse d’interfaces manipulant une représentation dessinée (« esquisse », en anglais, sketching) de l’interface en cours de prototypage. Les représentants les plus caractéristiques de cette famille sont dans l’ordre alphabétique : Denim [14], EtchaPad [22], FreeForms [24, 25], JavaSketchit [8] basé sur la bibliothèque de reconnaissance de forme CALI [13], SILK [16,17], SketchRead [1]. Ces outils partagent un mode de fonctionnement presque commun : au lieu de manipuler une représentation graphique de l‘interface, proche ou éloignée comme dans [21], ils permettent au concepteur de dessiner librement l’interface en cours de conception comme dans un outil de dessin graphique libre. Prototyper une interface à un niveau de fidélité basse permet de découvrir autant de problèmes qu’à un niveau plus élevé. Premièrement, un utilisateur final possède autant la capacité de dessiner une interface qu’un concepteur ou qu’un développeur : dans une étude préliminaire [11], nous n’avons pas décelé de différence statistiquement significative entre la capacité d’un utilisateur final et celle d’un concepteur d’interface pour dessiner une interface. Voici donc un moyen d’inclure vraiment l’utilisateur final dans le prototypage puisqu’il peut luimême dessiner aussi bien que son concepteur. Il est intéressant d’étudier le binôme (concepteur, utilisateur final) en situation collaborative de conception, mais ceci requiert une autre infrastructure qui est celle d’un environnement collaboratif de conception (figure 11). 39 Deuxièmement, ce n’est pas parce que le niveau de fidélité du prototypage s’exprime à un niveau inférieur à celui de la réalité (autrement dit, à un niveau de fidélité moyenne ou basse) que la capacité du prototype à révéler ses avantages et ses inconvénients diminue. En particulier, il a été montré que le nombre de problèmes ergonomiques identifiés à l’aide d’une évaluation heuristique n’est pas moindre avec une fidélité basse qu’avec une fidélité élevée. Troisièmement, plusieurs principes fondamentaux président au prototypage à un niveau de fidélité basse : x x x Principe de naturalité : il faut que l’interface en cours de dessin soit la plus naturelle possible et que son dessin soit le plus naturel possible pour ne pas limiter les capacités exploratrices de son utilisateur, même si sa représentation n’est pas immédiatement similaire à celle de l’interface finale. Principe de non-obstrusion : comme corollaire au principe de naturalité, il faut que le système de support à l’esquisse soit le moins obstrusif possible et perturbe le moins possible le concepteur durant cette phase de prototypage. La représentation en fidélité basse ne doit donc en aucun cas introduire des tâches ou des actions qui soient étrangères à la nature originale de l’activité de prototypage. Principe de continuité : il faut que le système de support à l’esquisse supporte continûment le dessin quelle que soit la nature de l’élément sujet au prototypage (p. ex. un objet interactif, du texte, du dessin, du contenu multimédia). L’utilisateur ne devrait pas changer de mode de dessin si un élément de nature différente doit être représenté. x Principe de récupération : l’effort obtenu suite à l’esquisse ne doit pas être perdu pour le reste du cycle de vie de développement de l’application interactive. En principe, pour minimiser les coûts, l’effort consenti durant ce prototypage, même s’il est de niveau de fidélité basse, devrait être perdu le moins possible ou récupéré le plus possible dans la suite. L’ensemble de ces outils adhère plus ou moins aux trois premiers principes dans une certaine mesure, mais généralement pas au dernier. C’est pourquoi, nous avons développé SketchiXML [9,10,11], un éditeur d’interface à niveau de fidélité basse fondé sur le langage UsiXML, dont l’interface est reproduite à la figure 12. SketchiXML tente donc d’adhérer aux quatre principes fondamentaux introduits ci-avant de la façon suivante : x x x Figure 12: Interface de GUILayout en mode de spécification de la présentation (prototypage présentationnel). x Dans cet outil, le concepteur peut spécifier ou non un profil exprimant un contexte d’utilisation cible (c’est-àdire pour un utilisateur, une plate-forme et un environnement donné). Ensuite, il peut dessiner en dessin libre l’interface en cours de prototypage. Bien que SketchiXML puisse être aussi utilisé sur un ordinateur normal équipé d’un clavier et d’une souris, il trouve sa pleine utilisation sur des plateformes de type TabletPC ou Wacom Cintiq (cfr. http://www.wacom.com/lcdtablets/index .cfm) qui offrent à son utilisateur la capacité d’écrire et de dessiner directement sur l’écran, minimisant ainsi l’écart entre le lieu d’interaction et sa représentation. A tout moment, le concepteur peut demander au système de reconnaître le contenu de l’esquisse pour générer aussi automatiquement que possible des spécifications de base d’une interface en UsiXML. Pour ce faire, chaque objet interactif de base (p. ex. une liste de sélection) a été encodé dans une grammaire graphique sous la forme de trois représentations préférentielles. Ces trois représentations sont issues de tests utilisateur qui ont permis de déterminer quelle sont les trois représentations graphiques préférées des personnes (concepteurs et non-concepteurs) pour chaque objet interactif. Pour les autres, seule l’esquisse demeure et ne donne pas lieu à de la reconnaissance. 40 Principe de naturalité : le dessin et l’écriture du concepteur forment les seules entrées possibles de base pour réaliser une esquisse, l’objectif étant de maximiser la métaphore de l’esquisse papier. Ces deux formes d’expression sont largement reconnues comme supportant largement un processus de conception, hautement créatif par nature [25,27]. Principe de non-obstrusion : si le concepteur le préfère, aucun traitement de l’esquisse n’est effectué en cours de conception. En particulier, aucune reconnaissance des objets interactifs et de l’écriture ne sont opérées. Celles-ci ne sont déclenchées qu’à la demande du concepteur afin de préserver le contrôle explicite et de ne pas perturber le concepteur. La figure 12 montre que certaines formes ont été reconnues et enrichis par le nom de l’objet correspondant. Principe de continuité : tant que le concepteur est en train d’effectuer une esquisse, il reste dans ce mode. Il ne doit pas passer d’un mode à l’autre pour exprimer tantôt un objet interactif, tantôt du contenu, tantôt du texte, tantôt une commande de manipulation de l’esquisse (par exemple, effacer un fragment de l’esquisse, déplacer un fragment). A cette fin, SketchiXML est équipé d’un moteur de reconnaissance de formes basé sur une grammaire graphique existant sous la forme de la bibliothèque CALI [13], d’un moteur de reconnaissance de gestes basé sur le traitement du signal émis par le stylet et d’une bibliothèque de reconnaissance d’écriture. Principe de récupération : contrairement à Denim [14] qui ne supporte aucune reconnaissance et plus loin que FreeForms [24] qui reconnaît moins d’objets, SketchiXML reconnaît environ une trentaine d’objets interactifs, soit tous ceux qui sont définis dans l’interface concrète en UsiXML [19]. Il peut donc exporter le résultat de l’esquisse dans un fichier UsiXML qui est alors récupéré dans l’outil GrafiXML (figures 5, 7) afin d’être affiné jusqu’au niveau de détails demandé. Au terme de ce parcours d’outils, la figure 1 peut être revisitée à la lumière des avancées effectuées et permet de couvrir à présent les trajectoires de la figure 13. Prototype à fidélité élevée : GrafiXML Prototype à fidélité modérée : VisiXML Prototype à fidélité basse : SketchiXML Figure 13: Trajectoires possibles de prototypages en UsiXML. PROTOTYPAGE AVEC D’AUTRES MODALITES BIBLIOGRAPHIE Les outils analysés jusqu’ici se basent évidemment tous sur une même hypothèse de travail : l’interface de l’application à prototyper est de modalité graphique dominante. La question concernant l’adaptation de ces réflexions à d’autres modalités d’interaction ou à des types particuliers d’applications interactive est une question en cours de recherche. Par exemple, SUEDE [15] permet de prototyper rapidement une application vocale en manipulant une abstraction de questions et réponses. La question du niveau de fidélité se pose ici en d’autres termes et n’a pas encore fait l’objet de réflexion. De même, MultiXML [29] permet de prototyper relativement rapidement une interface multimodale (graphique, vocale, tactile ou combinant celles-ci) pour le web, mais la question du niveau de fidélité n’est pas encore résolue non plus. Enfin, Topiary [18] exploite l’expérience acquise dans le développement d’applications sensibles au contexte pour proposer des représentations de natures différentes utiles au prototypage de telles applications. 1. Alvarado, Ch. and Randall, D. SketchREAD: A Multi-domain Sketch Recognition Engine. In Proc. of 17th Annual ACM Symposium on User Interface Software and Technology UIST’2004 (Santa Fe, October 24-27, 2004), ACM Press, New York, 2004, pp. 23-32. 2. Baümer, D., Bischofberger, W.R., Lichter, H., and Züllighoven, H. User Interface Prototyping Concepts, Tools, and Experience. In Proc. of 18th Int. Conf. on Software Engineering ICSE’96 (Berlin, March 25-29, 1996). IEEE Computer Society, Washington, 1996, pp. 532-541. 3. Berger, N. The Excel Story. Interactions, Vol. 13, No. 1, January-February 2006, pp. 14-17. 4. Berkun, S. The Art of User Interface Prototyping, November 2000, accessible at http://www.scottber kun.com/essays/essay12.htm 5. Blankenhorn, K. 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Work-shop on Task Models and Diagrams for user interface design TAMODIA’2004 (Prague, November 15-16, 2004), Ph. Palanque, P. Slavik, M. Winckler (eds.), ACM Press, New York, 2004, pp. 75-82. CONCLUSION Au terme de ce parcours, nous avons montré qu’à l’aide de la trilogie GrafiXML-VisiXML-SketchiXML, il est possible de supporter différents niveaux de fidélité du prototypage d’une interface graphique (élevée, modérée, basse) et qu’il est possible de passer de n’importe quel niveau de fidélité à un autre en principe. VisiXML ne supporte que l’interface graphique pour une plate-forme de type MS Windows au contraire des deux autres outils. Les trajectoires de prototypage de la figure 13 sont couvertes. En comparant les différents outils de support au prototypage, nous avons pu identifier quels sont ceux qui conviennent pour un prototypage horizontal, vertical ou diagonal, présentationnel, navigationnel global ou local. L’expérience acquise jusqu’ici semble révéler que le prototypage à un niveau de fidélité basse est promis à un avenir certain tant la naturalité est importante : le concepteur, l’utilisateur final lui-même ou bien les deux ensembles peuvent pour la première fois collaborer directement au prototype en cours de conception. Gageons que ces nouvelles formes de prototypage procureront à l’utilisateur final un réel sentiment d’implication. REMERCIEMENTS Les auteurs remercient particulièrement le projet ReQuest (Rapid prototyping of e-commerce applications, Programme «WIST» Wallonie Information Science & Technology, Convention n°315592), financé par la Région Wallonne (Belgique), ainsi que le réseau d’excellence SIMILAR (The European research taskforce creating human-machine interfaces SIMILAR to human-human communication, http://www.similar.cc, FP6-IST12003-507609), financé dans le cadre du 6ième Programme Cadre de la Commission Européenne. Ensuite, nous remercions WACOM Research Europe. Nous remercions aussi chaleureusement A. Caetano, N. Goulart, M. Fonseca, et J.A. Jorge (INESC-ID, Portugal) pour nous avoir permis d’utiliser leur bibliothèque CALI. 41 10. Coyette, A., Vanderdonckt, J., Faulkner, S., and Kolp, M. Generating Abstract User Interfaces from an Informal Design. In Proc. of 17th Int. Conf. on Software Engineering and Knowledge Engineering SEKE’2005 (Taipei, July 14-16, 2005), IJSEKE Press, Taiwan, 2005. 11. Coyette, A. and Vanderdonckt, J. A Sketching Tool for Designing Anyuser, Anyplatform, Anywhere User Interfaces. In Proc. of 10th IFIP TC 13 Int. Conf. on Human-Computer Interaction INTERACT’2005 (Rome, 12-16 septembre 2005), M.-F. Costabile, F. Paternò (eds.), Lecture Notes in Computer Science, Vol. 3585, Springer-Verlag, Berlin, 2005, pp. 550-564. 12. Engelberg, D. and Seffah, A. A Framework for Rapid Mid-Fidelity Prototyping of Web Sites. In Proc. of the IFIP 17th World Computer Congress - TC13 Stream on Usability: Gaining a Competitive Edge WC’2002 (August 25-29, 2002), Kluwer Academic Press, Dordrecht, 2002, pp. 203-215. 13. Fonseca, M.J., Pimentel, C. and Jorge, J.A. CALI: An Online Scribble Recognizer for Calligraphic Interfaces. In Proc. of the 2002 AAAI Spring Symposium on Sketch Understanding (Palo Alto, March 2002), AAAI Press, Menlo Park, 2002, pp. 51-58. 14. Hong, J.I., Li, F.C., Lin, J., and Landay, J.A. EndUser Perceptions of Formal and Informal Representations of Web Sites. In Extended Abstracts of Proc. of ACM Conf. on Human Factors in Computing Systems CHI’2001 (Seattle, March 31-April 5, 2001). ACM Press, New York, 2001, pp. 385-386. 15. Klemmer, S.R., Sinha, A.K., Chen, J., Landay, J.A., Aboobaker, N., and Wang, A. Suede: a Wizard of Oz Prototyping Tool for Speech User Interfaces. In Proc. of the 13th Annual ACM Symposium on User Interface Software and Technology UIST’2000 (San Diego, November 6-8, 2000), ACM Press, new York, 2000, pp. 1-10. 16. Landay, J.A. and Myers B.A. Interactive Sketching for the Early Stages of User Interface Design. In Proc. of ACM Conf. on Human Factors in Computing Systems CHI’95 (Denver, May 7-11, 1995), ACM Press, New York, 1995, pp. 43-50. 17. Landay, J. and Myers, B.A. Sketching Interfaces: Toward More Human Interface Design. IEEE Computer, Vol. 34, No. 3, March 2001, pp. 56-64. 18. Li, Y., Hong, J.I., and Landay, J.A. Topiary: a Tool for Prototyping Location-enhanced Applications. In Proc. of the 17th Annual ACM Symposium on User Interface Software and Technology UIST’2004 (Santa Fe, October 24-27, 2004), ACM Press, New York, 2004, pp. 217-226. 19. Limbourg, Q., Vanderdonckt, J., Michotte, B., Bouillon, L., and Lopez, V. UsiXML: a Language Supporting Multi-Path Development of User Interfaces. In Proc. of 9th IFIP Working Conf. on Engineering for HCI jointly with 11th Int. Workshop on Design, Specification, and Verification of Interactive Systems EHCI-DSVIS’2004 (Hamburg, July 1113, 2004). Lecture Notes in Computer Science, Vol. 3425, Springer-Verlag, Berlin, 2005, pp. 200-220. 20. Limbourg, Q. and Vanderdonckt, J. UsiXML: A User Interface Description Language Supporting Multiple Levels of Independence. In Matera, M., Comai, S. (Eds.), Engineering Advanced Web Ap- 42 plications, Rinton Press, Paramus, 2004, pp. 325338. 21. Meyer, J. Creating Informal Looking Interfaces, 2005, accessible at http://www.cybergrain.com/tech/ pubs/lines_technote.html 22. Meyer, J. EtchaPad – Disposable Sketch Based Interfaces. In Proc. of ACM Conf. on Human Factors in Computing Systems CHI’96 (Vancouver, April 13-18, 1996), Conference Companion, ACM Press, New York, 1996, pp. 195-198. 23. Petrie, J.N. and Schneider, K.A. Mixed-Fidelity Prototyping of User Interfaces. In Proc. of 13th Int. Workshop on Design, Specification, and Verification of Interactive Systems DSV-IS’2006 (Dublin, 26-28 July 2006), G. Doherty and A. Blandford (eds.), Lecture Notes in Computer Science, Springer-Verlag, Berlin, 2006. 24. Plimmer, B.E. and Apperley, M. Software for Students to Sketch Interface Designs. In Proc. of 9th IFIP TC 13 Int. Conf. on Human-Computer Interaction INTERACT’2003 (Zurich, 1-5 September 2003), M. Rauterberg, M. Menozzi, J. Wesson (eds.), IOS Press, Amsterdam, 2003, pp. 73-80. 25. Plimmer B., and Apperley M. Interacting with Sketched Interface Designs: An Evaluation Study. In Proc. of ACM Conf. on Human Factors in Computing Systems CHI’2004 (Vienna, April 2004), ACM Press, New York, 2004, pp. 1337-1340. 26. Rudd, J., Stern, K., and Isensee, S. Low vs. HighFidelity Prototyping Debate. Interactions, Vol. 3, No. 1, January 1996, pp. 76-85. 27. Snyder, C. Paper Prototyping: The Fast and Easy Way to Design and Refine User Interfaces. 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ARTICLES LONGS DE RECHERCHE ******* Evaluation ergonomique d’un prototype de réalité augmentée par des tests utilisateurs : apports et difficultés Margarita Anastassova 1,2, Christine Mégard Jean-Marie Burkhardt, Juliette Breda 1 2 Commissariat à l’Energie Atomique Laboratoire d’Intégration des Systèmes et des Technologies (LIST) 18, route du Panorama 92265 Fontenay-aux-Roses Cedex [email protected] [email protected] Unversité René Descartes - Paris 5 Unité d’Ergonomie Laboratoire d’Ergonomie Informatique (LEI) 45, rue des Saints-Pères 75270 Paris Cedex 06 [email protected] [email protected] RESUME tion of such tests of emerging technologies is quite difficult. Cette recherche concerne les apports et les difficultés de l’évaluation d’un prototype de Réalité Augmentée (RA). L’objectif est d’évaluer la qualité ergonomique du dispositif et de voir certains avantages et limites des tests utilisateurs appliqués à une technologie émergente. D’abord, nous présentons les méthodes utilisées pour l’évaluation ergonomique de la RA et les principales conclusions sur l’utilité et l’utilisabilité des systèmes existants. Ensuite, nous exposons la méthodologie de l’étude. Elle repose sur une comparaison de 2 groupes expérimentaux : le premier utilise le prototype de RA et le deuxième utilise une procédure en papier pour la réalisation d’une même tâche de maintenance. Les résultats montrent que les sujets réalisent plus rapidement et plus facilement la tâche en utilisant la procédure en papier. D’un point de vue méthodologique, on constate que les tests utilisateurs sont très utiles pour l’évaluation de la compatibilité du prototype avec la tâche, mais leur mise en œuvre rencontre plusieurs difficultés. KEYWORDS : Augmented reality, maintenance, usability evaluation, user testing. INTRODUCTION La Réalité Augmentée (RA) est un ensemble de technologies qui induisent de nouvelles formes d’interaction homme - machine. Ces technologies sont basées sur l’association sémantique, spatiale et temporelle d’objets réels et virtuels (notion de recalage). Fixes ou mobiles, les systèmes de RA sont construits sur la base d’une architecture comprenant généralement quatre composants principaux: une caméra filmant la scène visionnée par l’utilisateur ; un ordinateur générant les objets virtuels ; des dispositifs d’entrée et de présentation d’information ; des capteurs de position [2]. L’idée d’augmentation renvoie ainsi à l’enrichissement supposé de l’information véhiculée par les objets virtuels, par référence aux seules informations accessibles à l’utilisateur dans l’environnement immédiat du monde réel. MOTS CLES : Evaluation ergonomique, maintenance, réalité augmentée, tests utilisateurs. L’étude présentée dans cet article a une double visée : 1) évaluer l’utilité et l’utilisabilité d’un prototype de RA destiné à l’assistance à la maintenance de trains et 2) discuter des difficultés d’utilisation des méthodes classiques d’évaluation tels des tests utilisateurs. Dans cette étude, l’utilité est considérée comme un avantage significatif pour l’utilisateur dans la tâche de maintenance (ex. : en termes d’efficacité et de rapidité), tandis que l’utilisabilité correspond à un nombre de critères tels que facilité d’apprentissage, utilisation sans erreurs, etc. [6]. Dans la première partie de l’article, nous présentons brièvement les méthodes utilisées pour la conception et l’évaluation ergonomique des systèmes de RA ainsi que les principales conclusions sur leur utilité et utilisabilité. Ensuite sont exposés la méthodologie utilisée et les principaux résultats de notre évaluation. Enfin, nous discutons ces résultats et soulignons certaines limites de la recherche. ABSTRACT This study concerns the difficulties and the benefits from a user evaluation of an Augmented Reality (AR) prototype. The purpose is to assess the utility and the usability of the application and to see some of the advantages and the limits of user testing of emerging technologies. We present the methodology used for the evaluation of AR technologies and the major conclusions on their utility and usability. Then, we expose the methodology of our study, which compares the performance of two groups on the same maintenance task. One of the groups uses paper instructions, and the other – the AR prototype for guiding the assembly. The results show that the assembly task is done faster and easier using the paper instructions. From a methodological point of view, we conclude that user testing is very useful for evaluating the compatibility of the prototype with the task, but the realiza- 45 CONCEPTION ET EVALUATION ERGONOMIQUE DE SYSTEMES DE RA Les tests utilisateurs sont la méthode la plus souvent employée afin d’évaluer la qualité ergonomique des prototypes de RA (ex. [17]). Réalisés en laboratoire d’une manière analytique, en utilisant de petits échantillons, ils comparent différents dispositifs d’interaction afin de déterminer le plus pertinent pour une tâche donnée. Les tâches assignées sont souvent courtes et artificielles, de l’ordre de l’interaction élémentaire plutôt que de l’activité finalisée dans des situations visant à sauvegarder une certaine écologie (pour plus de détails voir [1]). Les indices comportementaux relevés sont principalement le temps de réalisation de la tâche et le nombre d’erreurs. Les évaluations sur le terrain, assez rares, sont conduites par des questionnaires et des entretiens, souvent informels (ex. : [16]). Dans ce cas, l’intérêt porte principalement sur la satisfaction des utilisateurs. Actuellement, les dispositifs de RA font surtout l’objet de recherches technologiques. Par conséquent, il y a très peu de retours d’expérience concernant des utilisateurs réels ainsi que peu de réflexions sur des méthodes d’évaluation adaptées aux technologies émergentes (mais voir [4]). De surcroît, certaines des rares évaluations publiées comportent des biais méthodologiques, voire restent informelles et peu rigoureuses [1]. Connaissances actuelles et orientation des études empiriques Les principes fondés empiriquement pour la conception ergonomique des dispositifs de RA sont encore peu nombreux et très généraux. On trouve par exemple que : x x x les visiocasques posent de nombreux problèmes de charge physique et induisent une certaine surcharge mentale [3]. C’est pourquoi plusieurs auteurs préconisent un port de visiocasques d’une durée relativement limitée ainsi qu’une distribution équitable du poids des dispositifs entre les différentes parties du corps en fonction de l’activité de l’opérateur ; les interfaces tactiles sont difficilement associables à une activité manuelle [3] ; la commande vocale utilisée en entrée n’est pas adaptée aux environnements bruyants ; selon la précision de la reconnaissance vocale, la vitesse de réalisation des tâches peut être fortement affectée, etc. Des auteurs ont également recours à des évaluations expertes bien que l’utilisation de cette méthode soit beaucoup moins documentée dans la littérature sur l’ergonomie de la RA. Actuellement, l’évaluation experte est réalisée sur des maquettes d’écrans, généralement très en amont de la conception des dispositifs. Le principal avantage de l’utilisation de cette méthode dans le cadre d’un projet serait le bon rapport coût / résultats utilisables par la conception [8]. Utilisabilité et compatibilité avec les tâches Les recherches actuelles montrent que les systèmes de RA, basés sur l’utilisation de visiocasques, n’améliorent pas, voire détériorent les performances des sujets par rapport à un système utilisant un écran classique lorsqu’il s’agit de tâches simples telles que la détection, l’identification et le suivi de cibles, la réaction à des alarmes [15, 5]. Ces résultats pourraient être expliqués par nombre de limitations technologiques des casques (ex. : défauts de présentation de la profondeur). En revanche, les visiocasques et le recalage se révèleraient avantageux quand il s’agit de donner un retour rapide sur l’avancement d’une tâche élémentaire réalisée en parallèle avec d’autres tâches, par exemple sur un poste de travail multi-écrans. Une explication possible de la généralité des principes mentionnés ci-dessus est le fait que le recours à des études du contexte spécifique d’utilisation en même temps qu’une analyse fine de la tâche à réaliser restent rares. Pourtant, la multiplication de telles analyses fines et « spécifiques » est également primordiale pour assurer le développement de technologies mieux adaptées. Cela est probablement d’autant plus vrai que l’on se situe hors du domaine classique de la micro-informatique et des interfaces écran-clavier-souris. Les aspects d’ambiances physiques sont, par exemple, importants du fait de la multimodalité des dispositifs d’interaction, de la mobilité et de l’exploitation des objets physiques dans l’environnement. Ainsi aujourd’hui, les recherches réalisées avec des utilisateurs devraient avoir non seulement la fonction de faire avancer la conception de tel ou tel prototype particulier, mais également d’établir les fondations empiriques pour des principes et des méthodes d’évaluation spécifiques à la RA. Le suivi de procédures est l’un des domaines d’application privilégiés de la RA. Les chercheurs arrivent à des conclusions controversées dans les évaluations empiriques qui ont été réalisées. Dans certains cas, on montre que des sujets réalisent une tâche de montage / démontage plus rapidement et avec moins d’erreurs s’ils sont guidés par un système de RA comparativement à un guidage par des manuels papiers [17]. Au contraire, d’autres études (ex. : [7]) n’arrivent pas à montrer la supériorité du guidage à l’aide de la RA par rapport au guidage en utilisant des supports en papier. Il paraît difficile de conclure sur l’effet lié à l’usage d’un système de RA vu que, souvent, une même information peut être présentée différemment en fonction du support et la littérature donne rarement des précisions sur ce point. Les évaluations ergonomiques menées aujourd’hui Bien que l’utilité et les usages des prototypes de RA soient des questions cruciales pour l’ergonomie, dans de nombreux cas, les problèmes relatifs à l’utilisabilité des techniques d’interaction sont les seuls discutés dans la littérature. 46 Un résultat intéressant des études empiriques concerne l’adaptabilité des aides au suivi de procédures en RA à différents contextes de travail et différents modes opératoires. Plusieurs recherches montrent que l’utilisation d’un système de RA réduit la variabilité inter- et intraindividuelle des modes opératoires dans la mesure où l’ordonnancement des tâches est contraint par le système [3]. Nous pouvons nous interroger sur les problèmes et les gains que peut poser une réduction de la variabilité des modes opératoires. Ainsi, l’utilisation d’un système de RA pourrait être avantageux pour des tâches demandant une application stricte de procédures. En revanche, ce phénomène peut être une contrainte dans des contextes de travail hautement dynamiques. des participants aux tests ; (2) le prototype est techniquement et fonctionnellement immature et ce fait engendre un risque de rejet de la technologie. Par conséquent, les tests sont réalisés avec 10 sujets (6H, 4F), tous ingénieurs en informatique et en électronique dans un des laboratoires de recherche participant au projet. Ils sont répartis aléatoirement en deux groupes de 5 sujets en fonction du guidage utilisé : le premier groupe ne dispose que d’instructions en papier, tandis que le deuxième utilise le prototype de RA afin de réaliser la tâche assignée. L’âge des sujets varie entre 26 ans et 46 ans (M=30, ET=6). Neuf sujets sont Français et un sujet est Allemand francophone. Ils ont une connaissance des technologies de RA par leur culture scientifique, mais ne sont que partiellement familiarisés avec leur utilisation. Tous les sujets ont un niveau d’études élevé (Bac + 5 ou plus) et une bonne connaissance de la langue anglaise. Aucun ne présente de problèmes visuels particuliers. UNE ETUDE POUR EVALUER UN SYSTEME DE RA L’étude présentée ici s’appuie sur deux méthodes d’évaluation. La première est le test avec des utilisateurs, ensuite complété par des entretiens semi-dirigés. Une partie des résultats et nos premières conclusions sont exposées dans cet article. Deuxièmement, une étude par inspection est menée au moyen de critères ergonomiques initialement développés pour l’évaluation d’environnements virtuels. Les données obtenues grâce à la deuxième technique sont en cours d’analyse. Le nombre relativement faible de sujets pourrait être expliqué par les contraintes inhérentes au projet, exposées plus haut, et par la nécessité de faire une évaluation assez rapide de la technologie. D’un point de vue méthodologique, cette limite de l’expérimentation a l’avantage de remettre en question la validité théorique et pratique du nombre « magique » de 5 sujets suffisants pour cerner 85% des problèmes d’utilisabilité d’un produit [12]. Objectif de l’étude et questions de recherche Notre étude ergonomique vise à évaluer d’une manière empirique et rapide l’utilité et l’utilisabilité d’un prototype de RA. Ce prototype devrait assister des techniciens de maintenance de trains novices dans la réalisation de leurs tâches en affichant et en annotant certaines parties cachées et visibles d’un transformateur électrique réel. Dans ce cas, l’avantage principal de la RA par rapport à une procédure en papier serait la réduction du nombre d’erreurs et du temps de recherche et de traitement de l’information grâce à la présentation de consignes contextualisées en temps réel, au moment et à l’endroit appropriés. Tâche à réaliser. La tâche à réaliser est une tâche de démontage de la partie latérale et du câblage d’un transformateur électrique présenté par une maquette à taille réelle. La tâche et la maquette physique sont identiques dans la condition « procédure papier » et dans la condition « procédure en RA ». La tâche comporte 9 étapes, une étape consistant en une ou plusieurs actions élémentaires (ex. : vissage, desserrage, etc.). Notre analyse se concentre sur les 8 premières étapes car la maquette physique disponible pour l’expérimentation ne permet pas la réalisation de l’étape 9. En effet à cette étape, il s’agit de retirer un câble qui n’est pas présent sur la maquette. Les résultats de l’évaluation doivent servir à la reconception du prototype développé dans le cadre d’une coopération entre un partenaire industriel et plusieurs laboratoires de recherche. Matériel. La consigne pour la tâche est présentée (en format papier et en format électronique) en anglais puisque les futurs utilisateurs sont anglophones. La procédure papier est imprimée sur deux feuilles A4 au recto. D’un point de vue recherche, l’étude est conduite également afin de réfléchir sur les apports et les limites des tests utilisateurs classiques dans le cadre d’évaluations d’outils issus des technologies émergentes. Une autre question de recherche porte sur l’usage et l’utilité de la RA pour le guidage dans l’exécution de procédures. En RA, l’utilisateur a accès à la procédure par l’intermédiaire d’une interface Windows, Icons, Menus, Pointing (WIMP). Dans une fenêtre centrale sont affichés l’image du transformateur, un modèle numérique en 3 dimensions (3D) de celui-ci ainsi que d’autres entités virtuelles (ex. : texte, flèches dynamiques et statiques). Dans une deuxième fenêtre sous la fenêtre principale apparaît le texte de la procédure à suivre (cf. Fig. 1). Des boutons de contrôle (« Mise en marche / Arrêt de la vidéo», « Arrêt », « Précèdent », « Suivant » concernant le Méthode Sujets. A l’étape actuelle, la participation des futurs uti- lisateurs « réels » ou représentatifs (c’est-à-dire des techniciens spécialisés dans la maintenance de trains) est peu envisageable pour deux raisons : (1) le partenaire industriel n’exprime pas une volonté claire de fournir 47 contrôle du défilement du texte, et « Effacer ») apparaissent au dessus et à droite de la fenêtre principale. Après une courte présentation de la tâche à réaliser, l’utilisateur est laissé libre afin de se familiariser avec le matériel. Ensuite, l’expérimentateur précise au sujet qu’il doit effectuer sur le transformateur une partie des opérations décrites dans la procédure sans contrainte de temps particulière. Il est demandé au sujet d’accompagner l’exécution de la tâche par une explication à haute voix. Les sujets sont libres de poser tout type de questions relatives au vocabulaire et à l’utilisation du système de RA. Les sujets qui utilisent le guidage en RA passent ensuite un entretien portant sur l’utilité du prototype pour la tâche de maintenance, sur les caractéristiques de l’interface (animations, recalage, etc.) et sur d’éventuelles propositions d’amélioration. Figure 1: Ecran principal du logiciel de RA Le dispositif d’entrée d’information utilisé est un stylet. A l’aide du stylet, l’utilisateur valide une étape de la procédure afin de passer à la suivante et fait apparaître des indications textuelles sur les noms des pièces. Les animations se déclanchent automatiquement avec le passage d’une étape de la procédure à l’autre. Données recueillies Les données recueillies sont issues, d’une part, des enregistrements vidéo des passations individuelles et, d’autre part, des entretiens post-expérimentaux retranscrits verbatim et analysés. Afin de ne pas gêner le sujet et à cause de contraintes matérielles, l’écran du dispositif de RA et les actions de l’utilisateur sur l’interface n’ont pas pu être filmés. De plus, les fichiers logs ne sont pas exploitables à des fins d’évaluation ergonomique, car une telle utilisation n’a pas été prévue par les concepteurs du système. Système de RA testé. L’architecture matérielle du système de RA utilisé est la suivante : une caméra haute définition fixée sur un ordinateur portable (Tablette PC) filme une maquette du transformateur électrique à taille réelle. La scène filmée est affichée en temps réel sur l’écran de l’ordinateur portable et enrichie par des éléments virtuels. En raison de la puissance limitée des Tablette PC actuels et des ressources nécessitées par les algorithmes de traitement, une délocalisation des calculs vers un PC distant est nécessaire. Par conséquent, les différents éléments sont reliés par un certain nombre de câbles. Au total, le dispositif porté par l’utilisateur pèse 2 kg. Le sujet passe une sangle reliée à l’ordinateur portable derrière son cou afin de maintenir le prototype (cf. Fig. 2). Méthodes d’analyse. L’analyse des enregistrements vidéo concerne des indicateurs de performance tels que le nombre d’étapes réalisées ; le nombre de déviations de la procédure prescrite ; le temps total de réalisation de chaque étape. Ce dernier se décompose 1) en temps de compréhension de la procédure, mesuré à partir du moment où le sujet prend connaissance de la consigne jusqu’au moment où il débute la réalisation manuelle de la tâche, et 2) en temps de manipulation de la maquette réelle. Les stratégies des sujets sont analysées à partir de la fréquence des allers-retours du regard entre la maquette et le dispositif d’affichage de la procédure ; le type de questions posées (ex. : concernant le prototype de RA et la maquette physique, des demandes d’approbation et de traduction) ; les déplacements et les postures adoptées pendant la réalisation de la tâche. Enfin, l’analyse des entretiens est une analyse du contenu thématique. L’unité d’analyse est définie par l’idée principale exprimée et délimitée par le changement d’idée. Trois grands thèmes se dégagent: les difficultés rencontrées par les sujets, les avantages du prototype évoqués et les améliorations suggérées. Le choix a été fait de faire reposer l’analyse sur des indicateurs statistiques uniquement descriptifs, dans la mesure où le recours à l’inférence (F de Snedecor, t de Student ou encore Chi2) n’est aucunement justifié par les conditions de l’étude expérimentale. D’abord dans le ca- Figure 2: Le dispositif de RA porté par un sujet Procédure. Les passations individuelles sont encadrées par deux ergonomes. Le premier filme l’utilisateur, tandis que le deuxième donne - si nécessaire et à la demande - des explications sur le vocabulaire et le fonctionnement du prototype. 48 dre de ce projet, une généralisation des résultats n’était pas recherchée. Ensuite, l’échantillon n’était ni tiré au hasard ni suivait une distribution normale. Stratégies et comportements observés Une stratégie de recherche de l’information plus longue avec la procédure papier. La stratégie de recher- Résultats Performance dans la réalisation de la tâche Une supériorité de la condition « papier » en termes de nombre d’étapes réalisées. L’analyse des enregis- che et de traitement de l’information, estimée à partir de la fréquence moyenne des allers-retours du regard entre la procédure et la maquette, est légèrement plus longue dans la condition « papier » (Moypap= 1.87, Etypap= 0.95 vs. Moyra=1.77, Etyra= 1.43). trements vidéo montre qu’en moyenne, les sujets du groupe utilisant la procédure en papier (PAP) réalisent 7 étapes sur les 8 possibles (Ety=1), tandis que les sujets du groupe utilisant la réalité augmentée (RA) réalisent en moyenne 6.4 étapes (Ety=1.34). Un nombre plus élevé de questions posées dans la condition « RA ». Le nombre de questions posées en moyenne à chaque étape est plus élevé en RA que dans le groupe PAP (Moypap=5.7, Etypap=2 vs. Moyra=9.3, Etyra=8). Quand les sujets travaillent avec une procédure papier, ils posent plus de questions relatives à la maquette (Taux De Liaison (TDL)=0.22) ainsi que de questions de traduction / localisation (TDL=0.19). Quand les sujets travaillent en RA, leurs questions portent majoritairement sur l’utilisation du dispositif (TDL=0.60). Quelque soit la condition, les sujets posent à peu près le même nombre questions d’approbation (TDL=0.03). Pour les analyses qui suivent, nous avons retenu uniquement les étapes réalisées par au moins 4 sujets dans chaque condition. En effet, les étapes 5 et 7 ont été abordées par très peu de sujets, puisque les consignes respectives étaient ambiguës et, par conséquent, interprétées différemment par les différents participants. Un temps total de réalisation plus court dans la condition « papier ». Globalement, les sujets du groupe Moins de changements de posture dans la condition « RA ». Les sujets en condition « RA » passent en PAP réalisent chaque étape plus rapidement que les sujets du groupe RA (Moy tpap=101s, Etypap=40s vs. Moy tra=121s, Etyra=83s). Il faut, en moyenne, 20 % de temps en plus avec la RA pour réaliser l’ensemble d’une étape par comparaison avec la procédure papier. Une analyse détaillée de l’activité du sujet à chaque étape montre cette même supériorité en termes de vitesse de lecture et de compréhension de la procédure (Moy tpap=53s, Etypap= 34.6s vs. Moy tra=80s, Etyra=72s.), la différence étant encore plus importante (i.e. 50% de temps en plus). moyenne 56% de leur temps debout (Ety=15%), 42% de leur temps accroupi (Ety=16%) et 2% debout penché en avant (Ety=2%) de leur côté, les sujets en condition « papier » passent en moyenne 25% de leur temps debout (Ety=12%), 71% de leur temps accroupi (Ety= 13%) et 4% debout penché en avant (Ety=3%). De plus en moyenne, les sujets en condition « papier » changent plus souvent de posture (Moypap=2.02, Etypap=1.14) que les sujets en condition « RA » (Moyra=1.67, Etyra=0.96). Les données des entretiens Des difficultés avec le prototype de RA liées principalement aux problèmes de recalage. Dans les entretiens Mais un temps de manipulation de la maquette plus important dans la condition « papier ». Le temps de manipulation de la maquette réelle est plus élevé de 16% quand les sujets utilisent la procédure papier (Moy tpap=51s, Etypap=24.9s) que quand ils utilisent le prototype de RA (Moy tra=44s, Etyra=36s). post-expérimentaux, les sujets évoquent essentiellement des problèmes relatifs au recalage (33% des difficultés soulignées par les sujets). En effet, 4 sujets sur les 5 interrogés affirment ne pas avoir perçu et/ou utilisé le recalage. Enfin d’une manière générale et dans les deux conditions, le temps moyen de compréhension de la consigne est plus long que le temps de manipulation effective de la maquette réelle. Dans la condition « papier », cette différence est légère (Moy tpap= 53s, Etypap= 34.6s vs. Moy tpap=51s, Etypap=24.9s). Dans la condition « RA », cette différence est plus prononcée (Moy tra=80s, Etyra=72s vs. Moy tra=44s, Etyra=36s). La conception des animations semble également avoir été problématique (25% des difficultés évoquées). Tous les sujets mentionnent cet aspect au cours des entretiens. Les animations sont jugées trop rapides et pas assez claires d’un point de vue sémantique. Trois sujets évoquent des problèmes relatifs au prototype de RA : le dispositif est jugé encombrant, peu utilisable et peu utile pour la tâche de maintenance. D’autres difficultés exposées moins souvent concernent la clarté de la procédure, l’éclairement du local de l’expérimentation et l’utilisabilité de l’interface du logiciel de RA (ex. l’absence d’aide). Une efficacité comparable des deux guidages en termes de nombre de déviations de la procédure. Au cours de l’expérimentation, le groupe PAP commet autant d’erreurs que le groupe RA. En revanche, la distribution des erreurs est différente dans les deux groupes. Ainsi, les sujets du groupe RA dévient de la procédure uniquement à l’étape 3, tandis qu’aucune erreur n’est constatée à cette étape dans la condition « papier ». 49 Peu de suggestions d’amélioration. Comparativement avec celles de Baber [3] qui suggère que l’utilisation de prototypes de RA uniformiserait les modes opératoires. Cette caractéristique de la technologie serait potentiellement intéressante dans le contexte hautement sécuritaire de la maintenance de trains. au nombre de problèmes évoqués, 3 fois moins de suggestions d’amélioration ont été émises. Elles concernent principalement la conception des animations (ex. ajout de flèches indicatives, changement de couleurs) et le recalage. Il est intéressant de noter que 2 sujets suggèrent de ne pas se servir du recalage pour la tâche à réaliser. Il existe une deuxième piste pour expliquer le nombre égal de déviations de la procédure dans les deux conditions. Dans les entretiens post-expérimentaux, trois sujets rapportent qu’à certains moments de l’expérimentation, ils avaient accès uniquement au modèle 3D du transformateur électrique et non pas à son image réelle recalée par rapport au modèle 3D. Nous pouvons alors présumer que le nombre réduit d’erreurs est la conséquence d’un guidage en utilisant le seul modèle 3D. D’ailleurs, cette conclusion est appuyée par les sujets qui, dans les entretiens, jugent le guidage en utilisant le modèle 3D suffisant pour réaliser la procédure. Ainsi est remise en question l’utilisation du recalage précis, processus technique exigeant beaucoup de ressources machine, pour des tâches de maintenance simples telles que le vissage et le dévissage, pourtant considérées comme des applications privilégiées de la RA. DISCUSSION Au moins deux aspects essentiels des résultats exposés plus haut méritent une discussion plus approfondie. Il s’agit, d’une part, des aspects liés à l’utilité et l’utilisabilité du prototype de RA testé et, d’autre part, des points méthodologiques liés à l’utilisation des tests utilisateurs dans le contexte d’une technologie émergente. L’utilité et l’utilisabilité du prototype de RA testé Le prototype de RA ne semble pas améliorer l’exactitude des sujets quant au suivi de la procédure. Les utilisateurs de la technologie sautent plus d’étapes et commettent autant d’erreurs que les sujets travaillant à l’aide d’une procédure papier classique. Plusieurs hypothèses peuvent être avancées afin d’expliquer ces résultats. En termes de rapidité, le temps total de réalisation de la tâche de maintenance est plus long avec le prototype de RA qu’avec la procédure papier classique. Ce résultat global est également observable pendant la première phase de recherche d’informations et de compréhension des consignes. Cette phase est plus longue en condition RA qu’en condition papier. Afin d’expliquer ces résultats, nous pouvons proposer les mêmes hypothèses que celles avancées pour interpréter le nombre plus important d’étapes sautées dans le groupe « RA » que dans le groupe « papier ». La nouveauté du prototype ainsi que ses défauts d’utilisabilité, notamment le recalage lent et difficile, semblent avoir été déterminants pour les performances inférieures des sujets en RA. Encore une fois, nous pouvons nous interroger sur la valeur ajoutée du recalage dans de telles situations de maintenance. Une première interprétation du nombre plus important d’étapes sautées en RA est liée à la nouveauté de la technologie testée qui pourrait demander plus de temps de familiarisation aux sujets. De surcroît, une technologie émergente susciterait probablement un intérêt plus fort que la tâche de maintenance elle-même, d’autant plus que les utilisateurs sont des ingénieurs travaillant dans le domaine des NTIC. Ainsi, ils accorderaient plus d’attention à l’utilisation de la technologie qu’au suivi de la procédure. Une deuxième interprétation, moins flatteuse pour le prototype de RA, concerne ses défauts d’utilisabilité, notamment son poids assez important ; la concentration de la charge sur le cou de l’opérateur ; la contrainte de la position verticale ; la relative incompatibilité du Tablette PC et du stylet avec les tâches manuelles de maintenance (ex. vissage, dévissage) ; l’existence de câbles de liaison gênant les déplacements des utilisateurs ; les problèmes d’interface logicielle mentionnés dans les entretiens post-expérimentaux (ex. : recalage lent, animations difficilement percevables et/ou compréhensibles). Cependant, il ne s’agit pas ici de prendre une position anti-technologique, mais d’insister sur la nécessité d’une conception centrée sur l’utilisateur des technologies émergentes. Une telle approche assurerait, par exemple, un meilleur choix des tâches à implanter dans les prototypes, une exploitation plus efficace des caractéristiques des objets physiques dans l’environnement ainsi qu’une modélisation plus adéquate des objets virtuels utilisés. De fait, une conception centrée sur l’utilisateur aboutirait à une exploitation plus efficace des potentialités offertes par les technologies émergentes telles que la RA. Le prototype ne semble pas non plus réduire le nombre d’erreurs, mais une analyse détaillée des résultats montre que dans le groupe RA l’ensemble des déviations a lieu à l’étape 3. En condition papier, aucune erreur n’est constatée à cette étape. Les déviations en condition « RA » seraient éventuellement imputables à une mauvaise transcription de la procédure papier qui pourrait concerner, encore une fois, la sémantique ou la visibilité des animations, le texte de la procédure étant le même dans les deux conditions. En excluant les résultats de l’étape 3 des analyses, on arrive à des conclusions concordantes Cette affirmation nous amène naturellement vers une réflexion sur la méthodologie du processus de conception centrée sur l’utilisateur dans le contexte des technologies émergentes et notamment sur la place des tests utilisateurs « classiques » dans ce processus. 50 Quelques points méthodologiques tions du sujet et l’utilisation des fichiers log [9]. En revanche, les problèmes du contrôle de l’environnement physique et la prise en compte des interactions avec celui-ci trouvent peu de solutions satisfaisantes, notamment si les évaluations sont conduites à l’extérieur. Les résultats de l’évaluation ergonomique rapide montrent que les tests utilisateurs ont un apport indéniable à l’évaluation de l’utilité et de la compatibilité de l’application avec la tâche. Cet avantage de la méthode est d’autant plus appréciable que les technologies émergentes, en générale, et la RA, en particulier, sont des technologies en recherche d’applications. Les tests utilisateurs « classiques » de technologies émergentes se heurtent également à d’autres types de contraintes. Ainsi, comme pour l’étude exposée dans cet article, les contraintes temporelles de conception et la position généralement technocentrée des décideurs imposent des évaluations ergonomiques avec de petits échantillons composés fréquemment d’ingénieurs qui ont travaillé sur le projet (ex. : [10]). Cette limitation entraîne à la fois des avantages et des inconvénients. Nous y voyons trois principaux inconvénients, à savoir les connaissances souvent limitées des tâches réelles des futurs utilisateurs ; l’impossibilité de généraliser les résultats de l’évaluation ; le nombre relativement réduit de problèmes d’utilisabilité détectés (une douzaine dans notre cas). En effet, certains auteurs avancent l’idée que les conclusions de Nielsen [12] sur le fait que cinq sujets suffisent pour détecter 85% des défauts d’utilisabilité ne seraient valables que si tous les problèmes ont la même probabilité d’être détectés et si tous les utilisateurs ont la même capacité à découvrir ces problèmes [18] . Une telle configuration paraît peu probable dans le cadre d’évaluations de technologies émergentes, puisque l’expérience de leur utilisation varie beaucoup d’un sujet à un autre. Cependant, les indicateurs comportementaux utilisés, notamment le temps de réalisation de la tâche et le nombre d’erreurs, bien qu’informatifs, semblent insuffisants dans un objectif d’évaluation formative et d’aide à la reconception du dispositif. Le caractère novateur des technologies émergentes pourrait expliquer cette insuffisance. Ainsi, les utilisateurs ciblés et leurs besoins sont mal cernés. De ce fait, le recrutement de sujets « représentatifs » est une tâche peu facile. De surcroît, une grande partie des sujets recrutés n’a pas d’expérience avec le système. En conséquence, les performances varient fortement et les résultats des tests d’évaluation peuvent se révéler peu profitables aux concepteurs, étant donné qu’aucune tendance ne se dégage clairement. Pour ces raisons dans le cadre de reconception de technologies innovantes, une analyse détaillée et qualitative des stratégies d’utilisation et des difficultés rencontrées par chaque utilisateur semble plus appropriée qu’une analyse purement quantitative en termes de performances. Un deuxième argument pour des analyses plus qualitatives est le caractère souvent prototypique des technologies émergentes existantes. D’une part, les prototypes sont extrêmement variés et peu nombreux, donc difficiles à comparer, de même que les études à dupliquer. D’autre part, l’immaturité de la technique rend le travail d’évaluation assez complexe. Par exemple dans notre cas, l’instabilité et le nombre de fonctions limité de l’application a introduit la nécessité d’avoir deux évaluateurs travaillant en même temps. Dans d’autres situations, cette même contrainte pourrait également réduire les possibilités de construire des tâches expérimentales tant soit peu réalistes. Une autre difficulté des tests utilisateurs de technologies émergentes est la mobilité des systèmes à tester. Cette spécificité complique notablement le travail d’évaluation, les défis majeurs étant l’enregistrement des différents comportements de l’utilisateur ; le contrôle du contexte physique (ex. éclairement, environnement sonore, etc.) ; la prise en compte des interactions avec l’environnement réel qui est un élément clé d’un système de RA [4] ; la création de scénarios écologiques d’évaluation [9]. Afin d’enregistrer un maximum de comportements utilisateur dans une situation « écologique » d’interaction, les chercheurs s’orientent majoritairement vers le port par l’utilisateur même de dispositifs d’évaluation assez lourds, à savoir plusieurs caméras plus ou moins miniaturisations filmant les différentes ac- En revanche, le fait d’impliquer d’actuels ou de futurs concepteurs de technologies dans une démarche ergonomique de conception pourrait avoir plusieurs avantages, par exemple une meilleure prise de conscience des difficultés d’utilisation ainsi que du travail de l’ergonome [13]. Enfin, comme dans le cadre d’évaluations ergonomiques de technologies plus classiques, les résultats des tests utilisateurs sont fortement conditionnés par la tâche expérimentale assignée aux sujets. De ce fait, nombre de défauts ergonomiques qui ne seront pas abordés dans une tâche donnée peuvent être masqués. Afin de pallier ce problème, une « triangulation » [11] de plusieurs méthodes d’évaluation semble nécessaire afin de mesurer d’une manière adéquate l’utilité et l’utilisabilité des technologies émergentes. L’utilisation de critères ergonomiques, par exemple, est une possibilité dans cette direction. LIMITES ET PERSPECTIVES Cette recherche a plusieurs limites, à savoir un échantillon d’utilisateurs assez petit, composé de nonspécialistes de la tâche ; un dispositif technologique peu fonctionnel et instable ; des conditions d’évaluation différentes de celles dans une situation réelle de mainte- 51 nance de trains. Par conséquent, les résultats de l’étude ne sont pas généralisables. Cependant, l’évaluation ergonomique du prototype de RA ouvre un nombre de pistes de réflexion. Une partie de ces réflexions ont été exposées plus haut. Une autre partie concerne le besoin de préciser et faire évoluer les apports recherchés à travers les tests utilisateurs aussi bien dans les équipes de conception que dans la communauté IHM. Par exemple, nous pouvons constater que réaliser un seul test utilisateurs dans le cadre d’une évaluation formative, sans analyse détaillée et précise des comportements, fait peu pour avancer les connaissances dans le domaine. Une piste dans cette direction pourrait être un plus grand nombre de recherches et de publications sur des tests utilisateurs de technologies émergentes, qui aideraient à différencier la spécificité de chaque situation étudiée et, ainsi, à dégager des principes plus généraux d’évaluation et de conception. Enfin, un travail futur sur le développement et l’intégration de méthodes systématiques de description des performances et des comportements des utilisateurs semble nécessaire. Azuma, R.T. A Survey of Augmented Reality. Presence: Teleoperators and Virtual Environments, Vol. 6, No. 4, 1997, pp. 355-385. 3. Baber, C. Wearable Computers: a Human Factors Review. International Journal of Human-Computer Interaction, Vol. 13, No. 2, 2001, pp. 123-145. 4. 5. 13. Redish, J., Bias, R.G., Bailey, R., Molich, R., Dumas, J. and Spool, J.M. Usability in Practice: Formative Usability Evaluations – Evolution and Revolution. In Proceedings of the Computer-Human Interaction Conference CHI 2002 (April 20-25, Minneapolis). 14. Shelton, B. and Hedley, N. (2002). Using Augmented Reality for Teaching Earth-Sun Relationships to Undergraduate Geography Students. In Proceedings of the 1st IEEE International Augmented Reality Toolkit Workshop (September 29, Darmstadt). 15. Stedmon, A.W. and Stone, R. Re-viewing Reality: Human Factors Issues in Synthetic Training Environments. International Journal of HumanComputer Studies, Vol. 55, No. 4, 2001, pp. 675698. Bristow, H.W., Baber, C., Cross, J., Knight, J.F. and Wooley, S.I. 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Presence: Teleoperators and Virtual Environments, Vol. 11, No. 4, 2002, pp. 404-424. 6. 9. 11. Kaulio, M. and Karlsson I.C.M. Triangulation Strategies in User Requirements Investigations: a Case Study on the Development of an IT-mediated Service. Behaviour & Information Technology, Vol. 17, No. 2, 1998, pp. 103-112. Anastassova, M., Burkhardt, J.-M., Mégard, C. et Ehanno, P. L’ergonomie de la réalité augmentée pour l’apprentissage : une revue. Le Travail Humain, sous presse. 2. Hix, D., Gabbard, J.L., Swan II, J.E., Livingston, M.A., Höllerer, Julier, S. J., Baillot, Y. and Brown, D. A Cost-effective Usability Evaluation Progression for Novel Interactive Systems. In Proceedings of the 37th Hawaii International Conference on Systems Sciences HICSS 2004 (January 5-8, 2004, Hawaii). 10. Kaufmann, H. and Schmalstieg, D. Mathematics and Geometry Education with Collaborative Augmented Reality. Computers & Graphics, Vol. 27, No.3, 2003, pp. 339-345. BIBLIOGRAPHIE 1. 8. 16. 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Derycke, Cépadèus Éditions: Toulouse, 105-108, 2001 53 Association des Réseaux de Pétri et des critères d’ergonomie des logiciels pour la modélisation et la réingénierie de systèmes interactifs, cas de la prescription thérapeutique en milieu hospitalier Stéphanie Bernonville 1,2, Nicolas Leroy 2 Christophe Kolski 1, Marie-Catherine Beuscart 2 (1) LAMIH-UMR 8530 Le Mont Houy F-50313 Valenciennes cedex 9 [email protected] (2) EVALAB-EA 2694 Faculté de Médicine, 1 place de Verdun F-59045 Lille [email protected] RESUME étroite collaboration avec les concepteurs et développeurs de logiciel. Néanmoins, les spécialistes de l’ingénierie logiciel utilisent leur propre langage, en l’occurrence les méthodes et modèles du Génie Logiciel définies par P. Jaulent [16], comme « un ensemble de procédures, méthodes, langages, ateliers, imposés ou préconisés par les normes adaptées à l’environnement d’utilisation, afin de favoriser la production et la maintenance de composants logiciels de qualité ». Ces différents intervenants proviennent de disciplines aux vocabulaires et méthodes très spécifiques. Des difficultés de dialogue et de compréhension rendent souvent difficile leur coopération [10]. Pour reprendre les propos de Scapin et Bastien dans [8], on peut estimer que la recherche en ergonomie et en IHM devrait conserver l’objectif de concevoir des outils pouvant être utilisés à la fois par des spécialistes et des non spécialistes en spécifications formelle et semiformelle, le problème crucial étant de faciliter les échanges entre les différents intervenants (ergonomes, concepteurs, développeurs), dans un projet de conception de système interactif complexe. L’objectif de la méthode proposée dans cet article, est d’aider à la réingénierie de logiciel interactif en proposant un support commun de travail entre spécialistes du Génie Logiciel et spécialistes des facteurs humains et de l’ergonomie. La méthode proposée combine explicitement réseaux de Petri et critères d’ergonomie des logiciels. Des cas d’étude dans le domaine de la prescription thérapeutique en milieu hospitalier illustrent l’utilisation de cette méthode. MOTS CLES : interaction homme-machine, réseaux de Petri (RdP), critères ergonomiques, réingénierie ABSTRACT The objective of the method proposed in this article is to help existant interactive software reingeneering by proposing a common work support between Software Engineering and Human Factors specialists. The method combines explicitely Petri Nets and ergonomic criteria. Case studies illustrating the method concern medication ordering in healthcare domain. KEYWORDS: human-computer interaction, Petri nets (PN), ergonomic criteria, reingeneering. L’objectif de la méthode proposée dans cet article, est justement d’aider à la réingénierie de logiciel interactif existant en proposant un support commun de travail entre spécialistes du Génie Logiciel et spécialistes des facteurs humains et de l’ergonomie (Figure 1). La méthode proposée vise à contribuer à ce support commun en combinant réseaux de Pétri et critères d’ergonomie des logiciels. Dans la première partie, nous fournissons des éléments bibliographiques en rapport avec l’utilisation des réseaux de Petri en IHM. Puis nous décrivons la méthode proposée, en l’illustrant ensuite de cas réels provenant du domaine de la prescription thérapeutique en milieu hospitalier. INTRODUCTION De nombreuses études ont démontré l’importance de l’ergonomie dans les projets informatiques, notamment en terme de retour sur investissement [21]. Les ergonomes peuvent intervenir dans différentes phases d’un cycle de développement d’un projet, notamment la définition des besoins, la conception et l’évaluation. Pour notre part, nous nous intéressons aux projets dans lesquels il s’agit principalement, pour les spécialistes des facteurs humains et de l’ergonomie, d’analyser et de modéliser la situation de travail, de fournir des recommandations pour la création et la réingénierie des systèmes interactifs. UTILISATION DES RDP EN IHM Dans ce contexte, les spécialistes des facteurs humains et de l’ergonomie doivent travailler en Les réseaux de Pétri sont utilisés depuis près d’une vingtaine d’années en IHM ; par manque de place il n’est pas possible d’être exhaustif quant à la 55 examiner les interfaces et juger de leur respect des principes de l’utilisabilité. Même si certains évaluateurs ne se basent que sur leur expérience et intuitions, il est recommandé de se baser sur certaines règles, compilées dans des guidelines. Parmi les structurations (de règles) les plus couramment utilisées lors des inspections ergonomiques, on retrouve celle sous l’angle des critères ergonomiques provenant de Bastien et Scapin. Ils sont issus d’une synthèse de résultats expérimentaux et de recommandations qui ont été traduites en règles et ensuite regroupés en 8 critères et 13 sous critères [7] (voir figure 2). Une étude expérimentale a notamment montré que les critères ergonomiques étaient plus efficaces que les normes de dialogue ISO/DIS 9241-10 pour détecter les problèmes ergonomiques sur une IHM [6, 9]. description de leur exploitation en IHM, ni concernant les différentes variantes de RdP. Ergonomes Inspection ergonomique du logiciel Analyse de l’activité Tests utilisateurs Proposition de modifications de l’existant Création de maquette Supports d’analyse et d’aide pour la ré-ingénierie Développeurs Développement Analyse des résultats/ prise en compte des contraintes du logiciel Figure 1. Intégration des supports d’analyse et d’aide pour la réingénierie. Notons qu’ils ont été utilisés dans un premier temps pour la modélisation des tâches humaines [2, 4, 19, 22, 25], puis ont été exploitées progressivement pour la spécification et la conception du système interactif visé, sous l’angle particulièrement de sa dynamique [14, 24, 25] ; cf. par exemple les ICO (Interactive Cooperative Objects) [24]. Couplés aux concepts objets, ils servent d’outil de modélisation dans TOOD (Task Object Oriented Design [20, 27] visant à disposer d’une méthode allant de la modélisation des tâches jusqu’à la génération de parties de l’IHM. Dans [13], les RdP ont servi de moyen d’étude des tâches sous l’angle des situations normales et anormales de fonctionnement du système technique dans un but de spécification du système interactif. Les RdP peuvent servir aussi d’outil de comparaison formelle entre tâche humaine prescrite (théorique) et tâche réelle [1, 3, 4]. Ainsi, selon le même état d’esprit que les recherches sur les modèles prédictifs de tâches [15, 18], les RdP nous semblent présenter des potentialités pour contribuer à faciliter des évaluations prédictives, moyennant éventuellement des aménagements pour qu’ils soient plus facilement compréhensibles et exploitables par des spécialistes des sciences cognitives. Nous nous situons dans cet état d’esprit. 1. Guidage 1.1 Incitation 1.2 Groupement/distinction entre items 1.2.1 Groupement/distinction par la localisation 1.2.2 Groupement/distinction par le format 1.3 Feed-back immédiat 1.4 Lisibilité 2. Charge de travail 2.1 Brièveté 2.1.1 Concision 2.1.2 Actions minimales 2.2 Densité informationnelle 3. Contrôle explicite 3.1 Actions explicites 3.2 Contrôle utilisateur 4. Adaptabilité 4.1 Flexibilité 4.2 Prise en compte de l’expérience de l’utilisateur 5. Gestion des erreurs 5.1 Protection contre les erreurs 5.2 Qualité des messages d’erreur 5.3 Correction des erreurs 6. Homogénéité/cohérence 7. Signifiance des codes et dénominations 8. Compatibilité Tableau 1 : Liste des critères et sous-critères ergonomiques. PROPOSITION D’UNE ASSOCIATION DES RESEAUX DE PETRI ET DES CRITERES D’ERGONOMIE DES LOGICIELS Dans [26], Palanque et al. proposent des règles pour effectuer une vérification automatique de modèles du système interactif. Pour notre part, notre proposition consiste en la démarche suivante : après des évaluations, des ergonomes positionnent manuellement (grâce à un éditeur dédié) des problèmes ergonomiques sur un modèle du système interactif, puis expliquent aux informaticiens sur un nouveau modèle comment ce problème pourrait être résolu, avec une visée de réingénierie. Buts de la méthode La méthode que nous proposons, combine les RdP aux critères d’ergonomie des logiciels. Elle a pour vocation de servir de supports d’aide et d’analyse, communs aux informaticiens et aux ergonomes. Nous avons choisi de l’intituler ErgoPNets (Ergonomic criteria associated with Petri Nets). Justification des choix et intérêts de la méthode Nous avons choisi d’utiliser les réseaux de Pétri car ils permettent de représenter graphiquement la description de la dynamique de la tâche et dans notre contexte, de modéliser les procédures prévues par les logiciels et les recommandations données CRITERES D’ERGONOMIE DES LOGICIELS L’inspection ergonomique est une méthode couramment utilisée par les ergonomes [5, 23, 17]. Elle consiste pour un petit panel d’évaluateurs à 56 l’utilisateur d’atteindre son objectif. On distingue donc les procédures correctes (trait noir) et incorrectes (trait gris). Enfin, une explication textuelle des problèmes identifiés, reprenant le nom du critère et éventuellement du sous-critère (au sens du tableau 1), justifie l’emploi des critères d’ergonomie du logiciel. par les ergonomes. Les critères ont été créés dans le but d’aider les évaluateurs à détecter les problèmes lors d’inspections ergonomiques. Ils représentent également les dimensions ergonomiques majeures selon lesquelles un logiciel interactif peut être spécifié ou évalué [5]. Nous les utilisons donc pour catégoriser les problèmes détectés à l’aide d’autres méthodes, telles que les observations ou les tests utilisateurs. En effet, ces critères ont été conçus de manière à pouvoir être utilisés, aussi bien par des spécialistes que par des non spécialistes des facteurs humains [6]. La création de ces supports permet aux ergonomes de décrire de façon standardisée les problèmes d’utilisabilité qu’ils ont détectés, ainsi que les recommandations qui leur sont associées. Explications des différentes méthode ErgoPNets étapes de Critères Icônes Guidage Charge de travail Contrôle explicite Adaptabilité la Gestion des erreurs La première étape consiste à définir l’objectif principal que doit atteindre l’utilisateur du logiciel. Ensuite, il s’agit de décrire la procédure prévue par le logiciel et correspondant à cet objectif, à l’aide des réseaux de Pétri. Pour cela, le formalisme de base est appliqué, c’est-à-dire l’utilisation des places et des transitions, auxquelles ont été ajoutées quelques adaptations pour une meilleure compréhension de tous les acteurs d’un projet. Ainsi, les états du système ou places (représentés par de petits cercles) sont les actions des utilisateurs ou de la machine et les transitions (représentées par de petits rectangles) sont les évènements de changement permettant de passer d’un état à un autre. Chaque place et chaque transition est décrite textuellement et l’utilisation des mots « et », « ou » et « puis » permet la représentation de plusieurs actions ou plusieurs évènements. Le mot « et » n’impose pas d’ordre tandis que le « puis » signifie qu’il y a un ordre. L’étape suivante consiste à associer chacun des 8 critères d’ergonomie des logiciels issus directement des travaux de Bastien et Scapin (Tab. 2), représentés chacun par une icône. Homogénéité Signifiance des codes Compatibilité Tableau 2. Icônes représentatives de critères ergonomiques. A la suite des inspections d’utilisabilité, les ergonomes proposent des solutions aux problèmes identifiés dont certaines peuvent être illustrées par des maquettes. Par conséquent, pour expliquer ces solutions, la prochaine étape consiste à appliquer notre méthode en intégrant les recommandations des ergonomes. Ainsi, nous obtenons deux procédures, l’une concernant l’application existante et l’autre concernant les recommandations. Cette dernière illustre le même objectif que la procédure de l’application existante. Les solutions proposées sont encadrées en trait gras et les icônes précédemment employée(s) pour identifier les problèmes, sont ré–utilisées et cochées à l’aide d’un signe de validation. Une explication textuelle complémentaire est également ajoutée. Tous ces éléments de représentation seront illustrés plus loin dans les figures 3 et 4. Ainsi, l’association des réseaux de Pétri et de ces huit icônes permet de modéliser les problèmes ergonomiques identifiés lors des inspections d’utilisabilité. Pour cela, après avoir décrit les procédures correspondant à l’objectif fixé, il s’agit d’encadrer chaque problème identifié et d’y associer une ou plusieurs des huit icônes. Le niveau de détail dans la description des procédures a été adapté à chaque situation. Ainsi, certains évènements ont été simplifiés car ils ne sont pas nécessaires à l’identification des problèmes ergonomiques. Cependant, ils sont présents pour une représentation complète et logique des procédures répondant à l’objectif de départ. Un code supplémentaire est rajouté lorsqu’il s’agit d’un problème lié au choix de l’utilisateur du logiciel et que ces choix engendrent différents chemins possibles, dont certains ne permettent pas à En conclusion, la modélisation des procédures prévues par le logiciel et des recommandations illustrées par les maquettes, constitue un support d’aide et d’analyse. Les ergonomes peuvent donc utiliser ErgoPNets pour formaliser leurs recommandations de façon plus utilisable par les développeurs. OUTIL SUPPORTANT ERGOPNETS LA METHODE Les modèles ErgoPNets sont réalisés à l’aide du logiciel VISIO©, qui permet la création de 57 diagrammes organisationnels ainsi que de schémas techniques et informatiques. Nous avons créé un gabarit ErgoPNets regroupant les icônes présentées dans le tableau 2 ainsi que les formes figurant dans le tableau 3. La figure 2 montre un exemple d’application de notre méthode au sein du logiciel Visio. Formes médecin à l’aide d’un logiciel de prescription. Plusieurs cas ont été traités, illustrant l’exploitation de 4 critères d’ergonomie des logiciels, parmi les 8 proposés par la méthode. Pour illustrer notre démarche, nous avons choisi, dans cette partie, de montrer deux cas particuliers du logiciel de prescription : la recherche d’un produit et la constitution d’une perfusion. Signification Place (État du système) SYSTEME INFORMATIQUE Transition (Événement) 1. Affichage de la liste des prescriptions du patient Arc (lien entre état du système et événement) 2. Recherche d’un produit cadre (identification des problèmes et recommandations sur le réseau de Pétri) 3. Affichage de la liste des produits correspondant à la recherche Critère ergonomique / sous-critère ergonomique description UTILISATEUR DU SYSTEME 4. Sélection d’un produit Zone de texte (description des problèmes et recommandations) 5. Affichage du masque de saisie pour la prescription du produit Lien (association d’une icône et d’une zone de texte) 9 6. Saisie de la prescription Signe de validation (à placer sur l’icône critère lors de l’identification des recommandations sur le réseau de Pétri) 7. Validation de la prescription 8. Affichage de la liste des prescriptions du patient modifiée Tableau 3. Liste des formes contenues dans le Gabarit Visio supportant ErgoPNets. Tableau 4. Scénario pour la prescription à l’aide du logiciel. Exemples d’application : la recherche produit et la constitution d’une perfusion d’un La constitution des supports d’aide se présente en quatre parties (figures 3 et 4) : (1) la description des procédures prévues par le logiciel existant, (2) l’analyse ergonomique des procédures prévues par le logiciel existant, (3) la description des procédures intégrant les recommandations des ergonomes et (4) l’analyse ergonomique des procédures intégrant les recommandations des ergonomes. Description de la procédure prévue par le logiciel Pour commencer, nous avons défini un objectif à atteindre pour l’utilisateur. Dans nos deux cas (figure 3 et 4), il s’agit : (1) pour le médecin, de constituer une perfusion et pour cela, de commencer par la recherche du produit qu’il désire prescrire et (2) de prescrire un ou plusieurs composant(s) pour constituer une perfusion. Figure 2. Exemple de modélisation avec la méthode ErgoPNets (extrait de l’outil Visio). CAS D’ETUDE DANS LE DOMAINE DE LA PRESCRIPTION THERAPEUTIQUE Nous avons testé notre méthode, dans le cadre d’un projet de réingénierie d’un logiciel de prescription thérapeutique, utilisé dans les hôpitaux par le personnel hospitalier (médecin, infirmière, pharmacien) [11, 28]. Pour la description des procédures, nous avons simulé des scénarios montrant les cas d’utilisation de l’application informatique qui nous intéresse. Le scénario que nous avons choisi pour illustrer la méthode est présenté en tableau 4. Nous avons, pour chacun des cas, d’abord modélisé les procédures « recherche d’un produit » pour le premier cas et « constitution d’une perfusion » pour le deuxième, prévues par le logiciel (réseau de Pétri à gauche sur les figures). Nous avons utilisé les places pour décrire les actions de l’utilisateur ou du système informatique (ex : affichage de la liste des prescriptions du patient, ajout d’un nouveau composant par l’utilisateur, déblocage de la saisie de la durée d’écoulement…) et les transitions qui correspondent aux évènements permettant de passer d’une place à une autre (ex : clic sur bouton Pour l’application d’ErgoPNets, nous nous sommes intéressés à la prescription des médicaments par le 58 solutions. Le second réseau de Pétri répond au même objectif de départ et intègre ces recommandations (réseau de Pétri à droite sur les figures 3 et 4). Pour mieux comprendre la correspondance entre les deux réseaux de Pétri ainsi que les changements liés aux recommandations, nous avons placé les réseaux de Pétri dans un tableau (à gauche la procédure prévue par le logiciel, à droite le réseau de Pétri intégrant les recommandations). Chaque ligne du tableau correspond au découpage des réseaux de Pétri en parties, celles–ci traitant les mêmes étapes pour atteindre l’objectif. Sur la figure 3, on voit qu’une partie a été rajoutée par rapport à la procédure prévue. Tandis que sur la figure 4, on remarque qu’une partie présente des changements importants dans la procédure intégrant les recommandations. « jumelles », produit par voie orale sélectionné par l’utilisateur, quantité de produit saisie…). Nous avons également procédé à des simplifications, identifiées sur les réseaux de Pétri par des astérisques (ex : produit par voie orale sélectionné par l’utilisateur, produit prescrit, heure de début sélectionnée par l’utilisateur…). Ainsi, on obtient une description focalisée sur les actions et évènements pertinents à l’analyse ergonomique. Analyse ergonomique de la procédure prévue par logiciel existant (modélisation des problèmes ergonomiques identifies par les ergonomes) Dans cette partie, il s’agit de modéliser les problèmes ergonomiques concernant la recherche d’un produit (figure 3) et la prescription de composants d’une perfusion (figure 4), mis en évidence lors de l’inspection d’utilisabilité du logiciel. Dans nos exemples d’application, les problèmes identifiés ont été catégorisés respectivement selon les critères d’ergonomie des logiciels suivants : « homogénéité » et « gestion des erreurs » pour la recherche d’un produit (figure 3) et selon les critères « compatibilité » et « charge de travail » pour la prescription de composants d’une perfusion (figure 4). Sur les RdP, la modélisation est la suivante : les problèmes sont encadrés, numérotés et une ou plusieurs icônes (voir tableau 2) leur sont associées. Enfin, des cadres où figure le nom du critère (éventuellement du sous–critère en respectant la classification initiale de Bastien et Scapin), le numéro du problème et une explication textuelle du problème, sont reliés aux icônes. Par exemple, sur la figure 3, on a identifié deux problèmes pour un même ensemble de transitions. Cet ensemble est encadré et deux icônes correspondant aux critères « homogénéité » et « gestion des erreurs » lui sont associés ainsi que des numéros près de chaque icône. Deux cadres portant chacun le numéro du problème et le critère associé (éventuellement le sous–critère, « protection contre les erreurs » pour le critère « gestion des erreurs »), donnent respectivement une explication du problème d’homogénéité et du problème de gestion des erreurs. Enfin, on voit également sur le réseau de Pétri de la figure 3, que les deux chemins proposés sont distingués. Celui en gris correspond au mauvais choix de procédure par rapport à l’objectif de départ. Tandis que celui en noir correspond au choix qui convient. Cette distribution a été rajoutée pour insister sur le fait qu’un problème identifié, est lié au choix de procédure, en l’occurrence pour le problème de gestion des erreurs dans notre exemple. Description de la procédure intégrant recommandations des ergonomes Analyse ergonomique de la procédure intégrant les recommandations (modélisation des solutions proposées par les ergonomes) Pour modéliser les solutions prises en compte dans les réseaux de Pétri que nous venons de voir dans la partie précédente, les ensembles d’actions et d’évènements rajoutés ou modifiés sont encadrés, portent le même numéro que le problème auquel ils correspondent dans le réseau de Pétri situé à gauche. Les icônes correspondant aux critères tels que « homogénéité », « gestion des erreurs », « charge de travail » et « compatibilité » que nous avons utilisés dans la partie analyse ergonomique de la procédure prévue par le logiciel existant, sont à nouveau employés et cochés par un signe de validation(9). Enfin, une explication textuelle de la solution apportée est ajoutée dans le cadre correspondant au problème traité. Par exemple, sur la figure 2, un problème de compatibilité a été identifié et modélisé. Une solution est proposée par les ergonomes et modélisée dans le réseau de Pétri de droite. Un même cadre, relié aux icônes « homogénéité » et « homogénéité » coché d’un signe de validation, portant le numéro 1 et le critère « compatibilité », comporte les explications du problème et de la solution. RESULTATS PRELIMINAIRES Dans le cadre de projets de réingénierie de logiciel de prescription thérapeutique, ErgoPNets a fait l’objet de premiers tests auprès d’une équipe de 5 ergonomes. Au cours de l’utilisation de la méthode, plusieurs types d’utilisation sont ressortis : (1) les ergonomes pouvaient vérifier en permanence la validité de leurs recommandations au cours de la construction de maquettes. En effet, la modélisation des recommandations a souvent permis de détecter d’éventuelles incohérences dans la procédure proposée. les Suite aux problèmes identifiés dans la partie précédente, les ergonomes ont proposé des 59 Procédure prévue par le logiciel existant Procédure intégrant les recommandations des ergonomes PROBLEME Concernant l’icône à cliquer pour rechercher les composants de la 1 * 4 premières lettres du perfusion : pour le premier, il faut produit souhaité saisies cliquer sur l’icône « constitution d’une dans le champ « ajouter nouvelle perfusion », pour les autres, un médicament » Homogénéité il faut cliquer sur l’icône « jumelle » * 4 premières lettres du produit souhaité saisies dans le champ « ajouter un médicament » ( ( ) ) puis Affichage de la liste des prescriptions du patient 1. Homogénéité : Affichage de la liste des prescriptions du patient ( ( Clic bouton « jumelles » ou Touche entrée saisie puis ) ) Clic bouton « constitution d’une nouvelle perfusion » SOLUTION Il n’y a plus qu’un seul bouton pour lancer la recherche. L’affichage du masque de saisie se décide plus tard 2 Gestion des erreurs / dans la procédure. protection contre les Affichage de la liste erreurs des injectables Affichage de la liste des per os et des injectables PROBLEME L’icône permettant de rechercher un composant d’une perfusion et d’afficher le masque de saisie correspondant est éloigné du champ « ajouter un médicament ». Dans la majorité des cas, l’utilisateur a tendance à taper sur l’icône a côté du champ (icône jumelles) ou sur la touche entrée. Par conséquent, il affiche le masque de saisie per os qui ne correspond pas à la saisie des composants d’une perfusion. * Produit injectable par l’utilisateur sélectionné par l’utilisateur ou * Produit injectable sélectionné par l’utilisateur Clic bouton « jumelles » ou Touche entrée saisie 9 1 Affichage des produits * per os sélectionné * injectable sélectionné par l’utilisateur par l’utilisateur Gestion des erreurs /protection contre les erreurs 9 SOLUTION Si le produit est identifié par le logiciel comme un IV, un message lui demande si c’est une perf, une piqûre ou une PCA pour afficher le masque de saisie correspondant. * per os prescrit puis Clic sur le bouton validation de la prescription Affichage d’une fenêtre avec les bouton « piqûre » « PCA » « perfusion » 2 Clic bouton « piqûre » Clic bouton « perfusion » ou Clic bouton « PCA » Affichage du masque de saisie per os Affichage du masque de saisie perfusion Affichage du masque de saisie per os ) ) puis Homogénéité 2. Gestion des erreurs / souscritère protection contre les erreurs : * Produit per os sélectionné *4 premières lettres du produit souhaité saisies dans le champ « ajouter un médicament » ( ( * injectable prescrit puis Clic sur le bouton validation de la prescription Affichage du masque de saisie perfusion ) ( * Perfusion ou PCA prescrits puis Clic sur le bouton validation de la prescription * Per os prescrit puis Clic sur le bouton validation de la prescription * description simplifiée car elle n’est pas nécessaire à l’analyse des problèmes identifiés ici Figure 3. Support d’aide à l’analyse et à la modélisation des problèmes et recommandations ergonomiques, cas de la recherche d’un produit pour la prescription thérapeutique. Procédure intégrant les recommandations des ergonomes Procédure prévue par le logiciel existant Affichage de la liste des prescriptions du patient Affichage de la liste des prescriptions du patient * Recherche d’un * Recherche d’un produit effectuée puis produit effectuée puis * Composant d’une perfusion sélectionné * Composant d’une perfusion sélectionné * Quantité de * Quantité de produit saisie puis Clic sur l’onglet « posologie » 1. Compatibilité : PROBLEME Pour saisir une durée d’écoulement de la perfusion, le médecin doit d’abord saisir une fréquence « toutes les » ou un horaire (perte de temps) Affichage du masque de saisie « posologie » avec l’onglet « fréquence et instants » affiché par défaut * Heure de début sélectionnée par 1 l’utilisateur ou * Fréquence « toutes les » sélectionnée par l’utilisateur Compatibilité Déblocage de la saisie d’une durée d’écoulement Charge de travail/ action minimale clic sur le bouton validation de la prescription Nombre saisi avec la calculette puis Clic sur le bouton « h » Nombre saisi avec la calculette puis Clic sur le bouton « min » Affichage de la durée dans le champ/ Affichage du bouton « h » sur sur fond jaune Affichage de la durée dans le champ/ Affichage du bouton « h » sur sur fond jaune Affichage de la durée dans le champ/ Affichage du bouton « min » sur fond jaune Nombre saisi avec la calculette puis Clic sur le bouton « min » Affichage de la durée dans le champ/ Affichage du bouton « min » sur fond jaune clic sur le bouton validation de la prescription clic sur le bouton validation de la prescription clic sur le bouton validation de la prescription Saisie durée d’écoulement Affichage de la durée égale à 30min dans le champ/ Affichage du bouton « 30min » sur fond jaune Nombre saisi avec la calculette puis Clic sur le bouton « h » 9 Compatibilité 1 2. Charge de travail / sous-critère action minimale : 2 Clic sur le bouton « 30min » SOLUTION L’interface n’impose pas d’ordre de saisie produit saisie puis Clic sur le bouton « validation » PROBLEME Les aller-retour entre la calculette et les boutons pour saisir une durée d’écoulement font perdre du temps SOLUTION La saisie de la durée d’écoulement se fait au clavier ou via une liste déroulante dans un champ spécifique Affichage du masque de saisie « composant » avec une fenêtre constituée des onglets « quantité » et « dose » Affichage du masque de saisie « composant » avec nom du composant et quantité saisie dans le tableau * Fréquence « toutes les » saisie ( ( ou * Moments saisie ou * heure de début saisie ) ) et Taper dans le champ « durée d’écoulement » la durée souhaitée ou Sélectionner dans la liste déroulante la durée d’écoulement souhaitée 9 2 Charge de travail/ action minimale Affichage des informations saisies clic sur le bouton validation de la prescription *description simplifiée car elle n’est pas nécessaire à l’analyse des problèmes identifiés ici Figure 4. Support d’aide à l’analyse et à la modélisation des problèmes et recommandations ergonomiques, cas de la constitution d’une perfusion. 60 Saisie durée d’écoulement Affichage du masque de saisie « composant » avec l’onglet « quantité » affiché par défaut de la méthode des moyens permettant de vérifier différentes propriétés (réseau borné, vivacité d’un réseau, réversibilité d’un réseau, réseau sans blocage) propres aux RdP [12]. (2) Les modèles ErgoPNets ont constitué un support de communication entre ergonomes et informaticiens. En effet, les ergonomes ont testé ErgoPNets pour structurer et modéliser leurs résultats et les présenter aux informaticiens afin de leur rendre compte des éventuels points à considérer concernant le logiciel testé. (3) Si on compare à une description purement textuelle des problèmes et recommandations, l’utilisation des procédures précise la localisation des problèmes et recommandations et permet d’éviter des ambiguïtés d’interprétation pour les développeurs. (4) La création de ces modèles a permis d’alimenter la mémoire du projet (intégration dans la documentation du projet). REMERCIEMENTS Les auteurs remercient la Région Nord-Pas de Calais, le FEDER (projets TAC MIAOU et EUCUE) et le réseau RNTS (projet Presc’Info) qui ont contribué à financer ces recherches. BIBLIOGRAPHIE La caractéristique principale d’ErgoPNets est l’association des réseaux de Pétri et des critères ergonomiques pour l’intégration des problèmes et recommandations ergonomiques au sein des procédures. Son emploi est particulièrement adapté pour décrire les problèmes liés à la dynamique des procédures prévues par le logiciel, qui ne sont pas toujours compatibles avec l’activité réelle des utilisateurs. Ainsi, la description des problèmes relatifs à certains critères tels que « charge de travail », « adaptabilité », « gestion des erreurs », « homogénéité » et « compatibilité » se prêtent efficacement à l’application de notre méthode. En effet, le formalisme permet d’identifier graphiquement l’impact des recommandations des ergonomes sur les procédures existantes. Les résultats préliminaires décrits dans cette partie sont issus des remarques des ergonomes, qui ont réalisé les premiers tests. A ce jour, ErgoPNets doit donc faire l’objet d’une validation plus approfondie. La mise en place d’un protocole de test est en cours de préparation. CONCLUSION ET PERSPECTIVES Grâce aux réseaux de Pétri et aux critères ergonomiques, ErgoPNets prend en compte, d’une part les aspects descriptifs et prescriptifs des procédures, et d’autre part l’aspect évaluatif de l’IHM. Cette méthode a fait l’objet de premières expérimentations en rapport avec la réingénierie d’un logiciel de prescription thérapeutique. De nombreuses perspectives découlent de ce travail. Nous envisageons une analyse profonde des activités des ergonomes et informaticiens utilisant la méthode ErgoPNets, afin en particulier d’étudier l’intégration de la méthode dans leurs activités, ses points forts et points faibles. L’outil peut faire l’objet d’améliorations sous l’angle de différentes aides à l’utilisateur durant la création et la modification des modèles, de même que sous l’angle de l’aide à la documentation dans un projet. Enfin, il sera important de fournir aux utilisateurs 61 1. Abed, M. Méthodes et modèles formels et semi-formels pour la conception et l’évaluation des systèmes homme-machine. Mémoire d’HDR, Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis, Mai 2001. 2. Abed, M. Contribution à la modélisation de la tâche par outils de spécification exploitant les mouvements oculaires : application à la conception et l’évaluation des interfaces homme-machine. Thèse de Doctorat, Université de Valenciennes et du HainautCambrésis, Septembre 1990. 3. Abed, M, Bernard, J.M, Angué, J.C. Method for comparing task model and activity model. Proceedings 11th European annual conference Human Decision Making and Manual Control, Valenciennes, France, 1992. 4. Abed, M., Ezzedine, H. Vers une démarche intégrée de conception-évaluation des systèmes Homme-Machine. Journal of Decision Systems, Vol. 7, 1998, pp. 147-175. 5. Bastien, J. M. C. L’inspection ergonomique des logiciels interactifs : intérêts et limites. In Hoc, J. M., Darses, F. (Eds), Psychologie ergonomique : tendances actuelles. Paris, 2004. 6. Bastien, J. M. C., Scapin, L. D. Ergonomic Criteria for the Evaluation of HumanComputer Interfaces. Rapport technique INRIA, nq156, 1993. 7. Bastien, J. M. C., Scapin, L. D. Evaluating a user interface with ergonomic criteria. Rapport de recherche INRIA n°2326, 1994. 8. Bastien, C., Scapin, L.D. Évaluation des systèmes d’information et Critères Ergonomiques. In Kolski C. (Ed.). 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Stanton (Eds.), Handbook of Task Analysis for Human-Computer Interaction, Lawrence Erlbaum Associates, London, 2003, pp. 83-116. 62 Mémoire des documents familiers : Implications pour les systèmes de récupération de fichiers 7%ODQF%UXGH '/6FDSLQ INRIA 78153 Le Chesnay cedex, France [email protected] INRIA 78153 Le Chesnay cedex, France [email protected] EOH3DUFRQVpTXHQWXQSUREOqPHLPSRUWDQWHVWODFRP SOH[LWpGHODJHVWLRQGHFHVLQIRUPDWLRQVHWSOXVSDUWL FXOLqUHPHQWOHXUUpFXSpUDWLRQ/HVRXWLOVLQIRUPDWLTXHV FODVVLTXHV V DSSX\DQW VXUODPpWDSKRUHGX EXUHDX SK\ VLTXHHWLPSRVDQWXQHRUJDQLVDWLRQGHW\SHKLpUDUFKLTXH GHV ILFKLHUV pOHFWURQLTXHV RQW PRQWUp OHXUV OLPLWHV >@ >@ /H EHVRLQ GH QRXYHDX[ RXWLOV SHUPHWWDQW DX[ XWLOLVDWHXUV GH JpUHU SOXV IDFLOHPHQW OHXUVGRQQpHV DSSDUDvWGRQFFRPPHXQHQpFHVVLWp/HWHUPH3HUVRQDO ,QIRUPDWLRQ0DQDJHPHQW3,0GpVLJQHOHGRPDLQHGH UHFKHUFKHTXLpWXGLHODPDQLqUHGRQWOHVXWLOLVDWHXUVJq UHQW OHXUV GRFXPHQWV SK\VLTXHV OLYUH FDKLHU IHXLOOH HWF RX QXPpULTXHV ILFKLHU HPDLO SDJH ZHE HWF GDQVOHEXWGHFRQFHYRLUGHVRXWLOVLQIRUPDWLTXHVG DLGH j OD JHVWLRQ GH FHV GRFXPHQWV 3,0 WRROV 6HORQ %RDUGPDQ >@ O DFWLYLWp PrPH GH JHVWLRQ GHV GRFX PHQWV SHXW rWUH GpFRPSRVpH HQ VRXVDFWLYLWpV O DF TXLVLWLRQO RUJDQLVDWLRQODPDLQWHQDQFHHWODUpFXSpUD WLRQ GHV GRFXPHQWV 1RXV QRXV LQWpUHVVRQV SOXV SDUWL FXOLqUHPHQW j OD VRXVDFWLYLWp GLWH GH UpFXSpUDWLRQ FDU QRXV SHQVRQV TX HOOHFRQVWLWXHO¶XQGHVSUREOqPHVPD MHXUVOLpVjODJHVWLRQGHVGRFXPHQWV(QHIIHWFRPSWH WHQX GX IDLW TXH OHXU QRPEUH QH FHVVH GH FURvWUH GDQV QRV PDFKLQHV QRV GRFXPHQWV VRQW VRXYHQW GLIILFLOHV j UHWURXYHUGDQVODPDVVH RÉSUMÉ &HWWHpWXGHH[SORUDWRLUHDSRXUEXWGHGpWHUPLQHUTXHOV VRQW OHV DWWULEXWV GRQW OHV XWLOLVDWHXUV VH VRXYLHQQHQW j SURSRVGHOHXUVSURSUHVGRFXPHQWVSDSLHUHWpOHFWURQL TXH HW FRPPHQW LOV OHV UDSSHOOHQW DILQ GH IRXUQLU GHV UHFRPPDQGDWLRQVVXUODPDQLqUHGHFRQFHYRLUGHVV\V WqPHVTXLSHUPHWWHQWDX[XWLOLVDWHXUVGHUHWURXYHUOHXUV ILFKLHUV pOHFWURQLTXHV SOXV HIILFDFHPHQW HW SOXV IDFLOH PHQW 8QH TXDVLH[SpULHQFH D pWp FRQGXLWH DYHF TXD WRU]H SDUWLFLSDQWV GDQV OHXU SURSUH HQYLURQQHPHQW GH WUDYDLO 2Q OHXU GHPDQGDLW WRXW G DERUG GH VH UDSSHOHU GHV FDUDFWpULVWLTXHV G XQ RX SOXVLHXUV GH OHXUV GRFX PHQWVGHWUDYDLOHWGHX[LqPHPHQWGHOHVUHWURXYHU/HV UpVXOWDWV YRQW GDQV OH VHQV G XQ EHVRLQ SRXU GHV RXWLOV GH UpFXSpUDWLRQ SOXV SHUIRUPDQWV ,OV LQGLTXHQW pJDOH PHQWTXHOVVRQWOHVDWWULEXWVTXLVRQWGHERQVFDQGLGDWV SRXU IDFLOLWHU ODUpFXSpUDWLRQHWFRPPHQWH[SORLWHUFHV DWWULEXWVGDQVOHVV\VWqPHVGHUHFKHUFKHGHILFKLHUV MOTS CLES : *HVWLRQ GHV LQIRUPDWLRQV SHUVRQQHOOHV pWXGHVXWLOLVDWHXUV\VWqPHVGHUHFKHUFKHVXUOHEXUHDX UHFKHUFKHG LQIRUPDWLRQPpPRLUHKXPDLQH ABSTRACT 7KLVSUHOLPLQDU\VWXG\DLPVDWILQGLQJRXWZKLFKDWWULE XWHVSHRSOHDFWXDOO\UHFDOODERXWWKHLURZQGRFXPHQWV HOHFWURQLFDQGSDSHUDQGKRZWKH\UHFDOOWKHPLQRU GHUWRSURYLGHUHFRPPHQGDWLRQVRQKRZWRGHVLJQWRROV WKDW DOORZ XVHUV WR UHWULHYH WKHLU HOHFWURQLF ILOHV PRUH HIIHFWLYHO\ DQG PRUH HDVLO\ $ TXDVLH[SHULPHQW ZDV FRQGXFWHGZLWKIRXUWHHQSDUWLFLSDQWVDWWKHLUZRUNSODFH 7KH\ ZHUH DVNHG ILUVW WR UHFDOO IHDWXUHV DERXW RQH RU VHYHUDO RI WKHLU RZQ ZRUN GRFXPHQWV DQG VHFRQGO\ WR ILQG WKHVH GRFXPHQWV5HVXOWV FRUUHODWHV ZLWK WKH QHHG IRU EHWWHU WRROV IRU UHWULHYDO ,Q DGGLWLRQ UHVXOWV LQGLFDWH ZKLFK DWWULEXWHV DUH FDQGLGDWH IRU IDFLOLWDWLQJ ILOHUHWULHYDODQGKRZVHDUFKWRROVVKRXOGXVHWKHVHDW WULEXWHV &HW DUWLFOH SUpVHQWH WRXW G¶DERUG OD SUREOpPDWLTXH GH O¶pWXGHSXLVGpFULWODPpWKRGRORJLHHPSOR\pHDLQVLTXH OHVUpVXOWDWVREWHQXV(QILQODGLVFXVVLRQVHIRFDOLVHVXU OHV LPSOLFDWLRQV GHV UpVXOWDWV SRXU OD FRQFHSWLRQ OD FRQFOXVLRQ pYRTXDQW OHV OLPLWHV GH O¶pWXGH HW OHV SHUV SHFWLYHVRXYHUWHV LE RÔLE DES ATTRIBUTS DE DOCUMENT DANS LEUR RÉCUPÉRATION /HVRXWLOVG DLGHjODJHVWLRQGHVGRFXPHQWVSHUVRQQHOV 3,0 WRROV TX LOV VRLHQW GHV SURWRW\SHV GH UHFKHUFKH RX GHV V\VWqPHV FRPPHUFLDOLVpV H[SORLWHQW GLIIpUHQWV W\SHV G DWWULEXWV GHV GRFXPHQWV SRXU SHUPHWWUH HQWUH DXWUHVOHXUUpFXSpUDWLRQ SDUO XWLOLVDWHXU$LQVLOHVRX WLOVFODVVLTXHVGHVV\VWqPHVG H[SORLWDWLRQFRQoXVVHORQ ODPpWDSKRUHGXEXUHDXSK\VLTXHHWLPSRVDQWXQHRUJD QLVDWLRQ KLpUDUFKLTXH GHV ILFKLHUV IRQW UHSRVHU OD UpFX SpUDWLRQGHVGRFXPHQWVVXUGHX[DWWULEXWVHQSDUWLFXOLHU OD ORFDOLVDWLRQ VSDWLDOH GHV GRFXPHQWV HW OH QRP GHV GRFXPHQWV' DXWUHV3,0WRROVLVVXVGHODUHFKHUFKHHW FRQoXVFRPPHGHVDOWHUQDWLYHVDX[RXWLOVFODVVLTXHVRQW KEYWORDS :3HUVRQDOLQIRUPDWLRQPDQDJHPHQWXVHU VWXGLHV GHVNWRS VHDUFK WRROV LQIRUPDWLRQ UHWULHYDO KXPDQPHPRU\ INTRODUCTION /DTXDQWLWpGHGRQQpHVQXPpULTXHVTXHQRXVDFTXpURQV HWVWRFNRQVGDQVQRVRUGLQDWHXUVGXUDQWQRVDFWLYLWpVGH WUDYDLORXGDQVQRWUHYLHSULYpHHVWGHYHQXHFRQVLGpUD 63 SHUVRQQHOV*RQoDOYHVHW-RUJH>@RQWIDLWXQSDVGDQV FHWWH GLUHFWLRQ HQ GHPDQGDQW j GHV XWLOLVDWHXUV GH UD FRQWHU O KLVWRLUH GH WURLV GRFXPHQWV TX LOV SRVVpGDLHQW SRXULGHQWLILHUOHVW\SHVG DWWULEXWVOHVSOXVVRXYHQWUDS SHOpVHWFRPPHQWFHVDWWULEXWVV HQFKDvQHQWGDQVODQDU UDWLRQ &HSHQGDQW OHXU pWXGH QH QRXV UHQVHLJQH QL VXU ODILDELOLWpGXUDSSHOLHTXHOHVWOHGHJUpG H[DFWLWXGH GX UDSSHO " FHOD GpSHQGWLO GX W\SH G DWWULEXWV " QL VXU OD PDQLqUH GRQW OHV DWWULEXWV VRQW UDSSHOpV LH GH TXHOOHV LQIRUPDWLRQV SUpFLVHV UHODWLYHV j XQ DWWULEXW GRQQp OHV XWLOLVDWHXUV VH VRXYLHQQHQWLOV " DYHF TXHO GHJUpGHSUpFLVLRQV H[SULPHOHUDSSHO"1RXVSHQVRQV TXH FHV LQIRUPDWLRQV VRQW QpFHVVDLUHV SRXU FRQFHYRLU GHV RXWLOV G DLGH j OD UpFXSpUDWLRQ GHV GRFXPHQWV TXL VRLHQW DGDSWpV DX[ FDSDFLWpV GH PpPRULVDWLRQ HW GH UDSSHOGHVXWLOLVDWHXUVHWSHUPHWWHQWGHOHVH[SORLWHUDX PLHX[ / REMHFWLI GH O pWXGH TXH QRXV DOORQV SUpVHQWHU PDLQWHQDQWHVWGHWHQWHUGHUpSRQGUHjFHVTXHVWLRQV FKRLVL G H[SORLWHU HQ SULRULWp G DXWUHV W\SHV G DWWULEXWV FRPPHSDUH[HPSOHOHWHPSVOLpjO XWLOLVDWLRQGHVGR FXPHQWV HJ /LIHVWUHDPV >@ RX OH SURMHW G DSSDUWH QDQFHGHVGRFXPHQWVHJ80($>@(QILQFHUWDLQV 3,0WRROVHJ 3UHVWR>@ +D\VWDFN>@DLQVLTXH OHV RXWLOV GH UHFKHUFKH GHV V\VWqPHV G H[SORLWDWLRQ GH QRVRUGLQDWHXUVHJ6SRWOLJKWGDQV0DF26;7LJHU IRQFWLRQQDOLWp 5HFKHUFKHU GH 06 :LQGRZV 9LVWD WHQWHQWG H[SORLWHUOHPD[LPXPG DWWULEXWVSRXYDQWrWUH XWLOLVpVSDUO XWLOLVDWHXUORUVGHVDUHFKHUFKHHJQRP FRQWHQXGDWHWDLOOHHWF 0DLVFRPPHOHVRXOLJQH%RDUGPDQ>@OHVSURWRW\SHV GHUHFKHUFKHVRXIIUHQWODSOXSDUWGXWHPSVG XQPDQTXH G pYDOXDWLRQ HWRX G XQ UpHO IRQGHPHQW HPSLULTXH RX WKpRULTXHYRLUDXVVL>@4XDQWDX[RXWLOVGHUHFKHU FKH GHV V\VWqPHV G H[SORLWDWLRQ GHV pWXGHV PRQWUHQW TXH OHV XWLOLVDWHXUV QH V HQ VHUYHQW TX HQ GHUQLHU UH FRXUVSUpIpUDQWSDUFRXULUOHVUpSHUWRLUHV>@>@2U QRXV SHQVRQV TX XQH GHV SULQFLSDOHV UDLVRQV SRXU OHV TXHOOHV FHV GHUQLHUV QH VRQW SDV XWLOLVpV HVW TX LOV QH VRQW SDV VXIILVDPPHQW XWLOHVHWXWLOLVDEOHVPrPHVLGH QRXYHOOHV pWXGHV VRQW QpFHVVDLUHV VXU OHV RXWLOV GH UH FKHUFKH GH QRXYHOOH JpQpUDWLRQ HJ 0DF 26 6SR WOLJKW TXL VH VRQW ODUJHPHQW DPpOLRUpV HQ SDUWLFXOLHU HQWHUPHVGHWHPSVGHUpSRQVH1RXVUHMRLJQRQV5DYD VLRHWDO>@SRXUTXLODUDLVRQSRXUODTXHOOHOHVRXWLOV GH UHFKHUFKH GHV V\VWqPHV G H[SORLWDWLRQ QH VRQW SDV XWLOLVpV SRXUUDLW rWUH TXH H[LVWLQJ VHDUFK WRROV KDYH QHYHU EHHQ GHVLJQHG IRU DYHUDJH XVHUV EXW UDWKHU IRU H[SHUWVS MÉTHODOLOGIE Participants 'HX[ JURXSHV GH SDUWLFLSDQWV VHSW FKHUFKHXUV HW VHSW PHPEUHVGXSHUVRQQHODGPLQLVWUDWLIG XQLQVWLWXWGHUH FKHUFKH RQW SDUWLFLSp j QRWUH pWXGH /HV SDUWLFLSDQWV RQWpWpVpOHFWLRQQpVGHPDQLqUHjIRUPHUGHX[JURXSHV GHSHUVRQQHVHIIHFWXDQWGHX[W\SHVGHWUDYDLOTXDOLWDWL YHPHQW GLIIpUHQWV GDQV OH EXW G REWHQLU XQH PHLOOHXUH UHSUpVHQWDWLYLWpGHQRWUHpFKDQWLOORQHWGHWHVWHUOHVHI IHWV pYHQWXHOV GHV FDUDFWpULVWLTXHV GH O DFWLYLWp VXU OD PpPRULVDWLRQ GHV FDUDFWpULVWLTXHV GHV GRFXPHQWV GH WUDYDLO 1RXVSHQVRQVFRPPH/DQVGDOH>@TXHODFRQFHSWLRQ GHV3,0WRROVGRLWSRXUTXHFHVGHUQLHUVVRLHQWDGDSWpV DX[ XWLOLVDWHXUV UHSRVHU VXU O LQYHVWLJDWLRQ GHV PpFD QLVPHVFRJQLWLIVVRXVMDFHQWVjO¶DFWLYLWpGH3,0(QFH TXLFRQFHUQHODUpFXSpUDWLRQGHVGRFXPHQWVOHVXWLOLVD WHXUVHIIHFWXDQWOHXUVUHFKHUFKHVVXUODEDVHGHFHGRQW LOVVHVRXYLHQQHQWjSURSRVGHFHX[FLHJOHXUHPSOD FHPHQWOHXUQRPHWFO LQYHVWLJDWLRQGHVDFWLYLWpVFR JQLWLYHV GH PpPRULVDWLRQ GHV DWWULEXWV GHV GRFXPHQWV VHPEOH GRQF SULPRUGLDOH 'HV pWXGHV H[SpULPHQWDOHV VRQWDOOpHVGDQVFHVHQVHQWHVWDQWODFDSDFLWpGHVXWLOL VDWHXUVjPpPRULVHUHWjUDSSHOHUFHUWDLQVDWWULEXWVHJ ORFDOLVDWLRQ DSSDUHQFH QRPV HWF GDQV GHV WkFKHV GH UpFXSpUDWLRQ GH GRFXPHQWV >@ >@ >@ >@ >@ >@ 6L FHV pWXGHV RQW SHUPLV G REWHQLU GHV UpVXOWDWV WUqV LQWpUHVVDQWV HOOHV SUpVHQWHQW FHSHQGDQW O LQFRQYp QLHQWGXPDQTXHGHYDOLGLWppFRORJLTXHGXPDWpULHOXWL OLVp (Q HIIHW VDQV GRXWH j FDXVH GHV FRQWUDLQWHV TXL V H[HUFHQW VXU OHV H[SpULPHQWDWLRQV FRQWU{OpHV OHV Wk FKHV GH UpFXSpUDWLRQ QH IRQW SDV LQWHUYHQLU OHV GRFX PHQWV SURSUHV DX[ SDUWLFLSDQWV PDLV GHV GRFXPHQWV FROOHFWpV SDU O H[SpULPHQWDWHXU DYHF OHVTXHOV O XWLOLVD WHXU GRLW VH IDPLOLDULVHU GDQV OH FRQWH[WH GH O H[SpUL PHQWDWLRQ $LQVL FHV pWXGHV QH SHUPHWWHQW SDV GH Up SRQGUH j OD TXHVWLRQ VXLYDQWH GH TXRL OHV XWLOLVDWHXUV VHUDSSHOOHQWLOVjSURSRVGHOHXUVSURSUHVGRFXPHQWV Procédure 'HV LQWHUYLHZV VHPLGLULJpHV VXLYLHV G XQH TXDVL H[SpULHQFH RQW pWp FRQGXLWHV ORUV GH VHVVLRQV G¶XQH KHXUHHWGHPLHjGHX[KHXUHVGDQVOHEXUHDXGHVSDUWL FLSDQWV/HVLQWHUYLHZVVHPLGLULJpHVYLVDLHQWjFRQQDv WUH OH FRQWH[WH GH WUDYDLO HW OHV GLIIpUHQWHV WkFKHV GHV SDUWLFLSDQWVSRXURULHQWHUOHFKRL[GHVGRFXPHQWVFLEOHV VSpFLILTXHV VXU OHVTXHOV SRUWDLW OD TXDVLH[SpULHQFH /¶REMHFWLIGHFHWWHTXDVLH[SpULHQFHpWDLWGHGpWHUPLQHU GDQVTXHOOHPHVXUHOHVSDUWLFLSDQWVVHUDSSHOOHQWGHVLQ IRUPDWLRQV RX GHV pYqQHPHQWV OLpV j OHXUV GRFXPHQWV pOHFWURQLTXH HW SDSLHU HW GH GpWHUPLQHU TXHOOHV VRQW OHVFDUDFWpULVWLTXHVTXLVRQWXWLOLVpHVRXQRQSRXUODUp FXSpUDWLRQGHVGRFXPHQWV&HWWHTXDVLH[SpULHQFHSRU WDQWVXUXQGHX[RXWURLVGRFXPHQWVSURSUHVDX[SDUWL FLSDQWVpWDLWFRQVWLWXpHGHGHX[SKDVHV 8QH SKDVH GH ©UDSSHOª H[SORUDQW OD FDUDFWpULVDWLRQ LQWXLWLYH GHV GRFXPHQWV SDU OHV SDUWLFLSDQWV EDVpH VXU OHXU PpPRULVDWLRQ &HWWH SKDVH FRPSRUWDLW GHX[ VHV VLRQV XQH VHVVLRQ GH UDSSHO OLEUH DX FRXUV GH OD TXHOOH RQ GHPDQGDLW DX[ SDUWLFLSDQWV G H[SULPHU OHV SULQFLSDOHV FDUDFWpULVWLTXHV GRQW LOV VH VRXYHQDLHQW j SURSRVGHVGRFXPHQWVHWXQHVHVVLRQGHUDSSHOLQGL FpGDQVODTXHOOHRQOHXUGHPDQGDLWV LOVVHUDSSHODLHQW G DWWULEXWVTX LOVOHXUpWDLHQWSURSRVpVXQSDUXQjSDUWLU 64 UDSSHOHWGHVFRPSRUWHPHQWVREVHUYpVjODSKDVHGHUp FXSpUDWLRQ G XQH OLVWH SUppWDEOLH GH DWWULEXWV &HWWH OLVWH pWDLW FRQVWLWXpH j SDUWLU GHV SULQFLSDX[ DWWULEXWV UHQFRQWUpV GDQVODOLWWpUDWXUHGXGRPDLQH3,0HWGHO HQVHPEOHGHV DWWULEXWV TXH QRXV DYRQV MXJp SHUWLQHQWV SRXU O XWLOLVD WHXUHWGRQFVXVFHSWLEOHVG rWUHPpPRULVpVSDUFHOXLFL /HV DWWULEXWV SURSRVpV pWDLHQW ORFDOLVDWLRQ UpSHUWRLUH pOHFWURQLTXH RX ORFDOLVDWLRQ SK\VLTXH W\SH GH ILFKLHU RXIRUPDWGHGRFXPHQWQRPGHILFKLHUVHXOHPHQWSRXU OHVGRFXPHQWVpOHFWURQLTXHVWLWUHVLDSSURSULpWDLOOH HJ QRPEUH GH SDJHV QRPEUH GH OLJQHV HWF PR PHQW GH GHUQLqUH XWLOLVDWLRQ PRWVFOHIV pOpPHQWV YL VXHOV HJ H[LVWHQFH GH JUDSKLTXHV WDEOHV FRXOHXUV pYqQHPHQWVDVVRFLpVjO¶XWLOLVDWLRQGHVGRFXPHQWVHJ HPDLO DSSHO WpOpSKRQLTXH HWF OLHQV LH GRFXPHQWV OLpV GLIIpUHQWHV YHUVLRQV GX GRFXPHQW HW RSpUDWLRQV LHRSpUDWLRQVHIIHFWXpHVVXUOHGRFXPHQW Phase de rappel 1RWRQV TXH GDQV O HQVHPEOH LO Q¶\ D SDV HX G HIIHW GX W\SHGHSDUWLFLSDQWVFKHUFKHXUYVDGPLQLVWUDWLIVXUOHV UpVXOWDWV VDXI SRXU OH UDSSHO GH O DWWULEXW PRPHQW GH GHUQLqUHXWLOLVDWLRQ/DSURSRUWLRQGHUDSSHOVFRPSRU WDQWGHVHUUHXUVpWDLWSOXVpOHYpHFKH]OHVDGPLQLVWUDWLIV TXHFKH]OHVFKHUFKHXUV'HSOXVWURLVDWWULEXWVRQWIDLW O REMHW GH UDSSHOV GpSHQGDQW GH OD UpFHQFH HWRX IUp TXHQFHG XWLOLVDWLRQGHVGRFXPHQWVPRWVFOHIVWDLOOHHW pOpPHQWVYLVXHOV&HVDWWULEXWVpWDLHQWVLJQLILFDWLYHPHQW RX PDUJLQDOHPHQW SOXV IUpTXHPPHQW RX SOXV H[DFWH PHQWUDSSHOpVTXDQGOHVGRFXPHQWVDYDLHQWpWpXWLOLVpV UpFHPPHQWRXpWDLHQWXWLOLVpVGHPDQLqUHUpFXUUHQWHSDU OHVSDUWLFLSDQWV(QILQQRXVQ DYRQVSDVREVHUYpGHUH ODWLRQ HQWUH OH W\SH GHV GRFXPHQWV (OHFWURQLTXH YV 3DSLHU RX &UpH YV 0RGLILp YV &RQVXOWpV HW OHV SHU IRUPDQFHVjODSKDVHGHUDSSHO 8QH SKDVHGH³UpFXSpUDWLRQ´DXFRXUVGHODTXHOOHRQ GHPDQGDLWDX[ SDUWLFLSDQWVGHUHWURXYHUOHVGRFXPHQWV FLEOHV pYRTXpV GDQV OHXU SURSUH HQYLURQQHPHQW DYHF OHXUVSURSUHVRXWLOV Fréquence des attributs rappelés. (Q FH TXL FRQFHUQH OH UDSSHO OLEUH OHV SULQFLSDOHV FDUDFWpULVWL TXHV GHV GRFXPHQWV H[SULPpHV SDU OHV SDUWLFLSDQWV pWDLHQWFDUDFWpULVWLTXHVGXFRQWHQXGHVGRFXPHQWV HJ UpVXPp VWUXFWXUH SRUWLRQV VSpFLILTXHV GH WH[WH FRPPH OH WLWUH HWF GDQVGHVGHVFULSWLRQVGH GRFXPHQWVpOpPHQWVYLVXHOVHJH[LVWHQFHGHJUD SKLTXHVLPDJHVFRXOHXUVHWFW\SHGHIL FKLHURXIRUPDWGXGRFXPHQWHJWDEOHDX([FHOOL YUHDXIRUPDW$HWF/HVDWWULEXWVTXLRQW pWp UDSSHOpV SOXV PDUJLQDOHPHQW pWDLHQW OD WDLOOH LH QRPEUH GH SDJHV OHV OLHQV LH GRFXPHQWV OLpV DX GRFXPHQW FLEOH HW O DXWHXU /H QRPEUH PR\HQ G DWWUL EXWV GLIIpUHQWV UDSSHOpV SDU SDUWLFLSDQW Q pWDLW TXH GH DWWULEXWV Matériel /HFKRL[GHVGRFXPHQWVpWDLWRULHQWpSDUO H[SpULPHQWD WHXUVXUODEDVHGHVLQIRUPDWLRQVUHFXHLOOLHVjO LVVXHGH O LQWHUYLHZ VHPLGLULJpH &KDTXH GRFXPHQW VpOHFWLRQQp FRUUHVSRQGDLW j XQ GRFXPHQW TXL DYDLW pWp XWLOLVp ORUV G XQHRFFXUUHQFHG XQHGHVWkFKHVpYRTXpHVSDUOHSDU WLFLSDQW HJ OHV GLDSRVLWLYHV GH SUpVHQWDWLRQ XWLOLVpHV SDUXQSDUWLFLSDQWFKHUFKHXUSRXUXQHGHVHVFRPPXQL FDWLRQVRUDOHVjXQHFRQIpUHQFH 6XUO HQVHPEOHGHVGRFXPHQWVFLEOHVVpOHFWLRQQpVLO \DYDLWGRFXPHQWVSDSLHUVHWGRFXPHQWVpOHFWURQL TXHV GRFXPHQWV VXU OHV DYDLHQW pWp FUppV SDU O XWLOLVDWHXU OXLPrPH GRFXPHQWV DYDLHQW MXVWH pWp FRQVXOWpV HW DYDLHQW pWp FRQVXOWpV HW PRGLILpV pWDLHQW GHV GRFXPHQWV DQFLHQV TXL DYDLHQW pWp FUppV FRQVXOWpVRXPRGLILpVLO\DGHPRLVpWDLHQWGHV GRFXPHQWV UpFHQWV TXL DYDLHQW pWp FUppV FRQVXOWpV RX PRGLILpVLO\DGHPRLVHWpWDLHQWGHVGRFXPHQWV UpFXUUHQWV TXL pWDLHQW FRQVXOWpV UpJXOLqUHPHQW /HV GLIIpUHQWV W\SHV GH GRFXPHQWV VpOHFWLRQQpV RQW pWp ILFKLHUVWH[WH3')HW:RUGSDJHV:HERXHQ VHPEOH GH SDJHV :HE ILFKLHUV SUpVHQWDWLRQ 3R ZHU3RLQW69*HPDLOVILFKLHUWDEOHDX([FHO UpSHUWRLUH:LQGRZVHQVHPEOHVGHIHXLOOHVSDSLHU DJUDIpHVRXQRQRXYUDJHVSDSLHUHWHQVHPEOHGH SDJHVGDQVXQFDKLHU (QFHTXLFRQFHUQHOHUDSSHOLQGLFpDWWULEXWVSDUPL OHVSURSRVpVRQWpWpUDSSHOpVGDQVWRXVOHVFDVSDU WRXV OHV SDUWLFLSDQWV HW SRXU WRXV OHV GRFXPHQWV &HV DWWULEXWVVRQWORFDOLVDWLRQW\SHGHILFKLHURXIRUPDWGH GRFXPHQWPRPHQWGHGHUQLqUHXWLOLVDWLRQPRWVFOHIVHW pYqQHPHQWV DVVRFLpV YRLU )LJ /HV DXWUHV DWWULEXWV Q¶RQWSDVWRXMRXUVpWpUDSSHOpVELHQTX¶LOVIDVVHQWSDU WLHGHVDWWULEXWVGHVGRFXPHQWV /HV UpVXOWDWV SUpVHQWpV GDQV OHV VHFWLRQV VXLYDQWHV VH UDSSRUWHQWDX[GRQQpHVFRQFHUQDQWOHVGHX[VHVVLRQVj ODIRLVLHFHOOHGHUDSSHOOLEUHHWFHOOHGHUDSSHOLQGL Fp RESULTATS /¶H[DPHQ GHV GRQQpHV D pWp PHQp j SDUWLU G¶DQDO\VHV TXDQWLWDWLYHVHWTXDOLWDWLYHVGHVUpSRQVHVjODSKDVHGH 7RXWHIRLVO REMHWSULQFLSDOGHQRWUHpWXGHpWDQWODPp PRLUHGHVGRFXPHQWVOHSURFHVVXVGHUpFXSpUDWLRQQ HVW SDVDQDO\VpLFLGHPDQLqUHILQH 65 pWDLW H[DFWH PDLV O DXWUH QRQRX ELHQO LQIRUPDWLRQUDS SHOpHQ pWDLWSDVSUpFLVH2QREVHUYHpJDOHPHQWTXHOHV UDSSHOVOHVPRLQVUREXVWHVFRQFHUQHQWOHVDWWULEXWVWDLOOH HWPRPHQW Caractéristiques des rappels partiels. (Q FH TXL FRQFHUQH OHV PRWV FOHIV WRXV OHV GRFXPHQWV FRQWHQDQW GXWH[WHRQWIDLWO REMHWG XQUDSSHOFRQWHQDQWDXPRLQV XQ PRWFOHI HIIHFWLYHPHQW SUpVHQW GDQV OH WH[WH GXGR FXPHQW 0DLV VXU GH FHV UDSSHOV FRQWH QDLHQW pJDOHPHQW GHV PRWV FOHIV TXL Q pWDLHQW SDV SUp VHQWVGDQVOHWH[WH 7L WUH 7D LO 0 OH RP 0 HQ W ( RW O V ( pPH FOH Yq QH Q WV I V Y P HQ LV X HO V WV D VV RF Lp V /L HQ 2 Sp V UD WL R QV /R F 7\ D OL V DW SH LR R Q X IR UP DW 1 RP GHGRFXPHQWV )LJXUH3RXUFHQWDJHVGHGRFXPHQWVSRXUOHVTXHOVFKDTXH DWWULEXWDpWpUDSSHOp Exactitude des attributs rappelés. 4XDQG FHOD pWDLW SRVVLEOH LH GRFXPHQWV UHWURXYpV RQ D FRPSDUp OHV DWWULEXWV H[SULPpV DYHF OHV DWWULEXWV HIIHFWLYHPHQW SUp VHQWVGDQVOHVGRFXPHQWV/HVDWWULEXWVGHGRFXPHQWVj ODIRLVH[SULPpVHWSUpVHQWVGDQVODSOXSDUWGHVFDVRQW pWpO¶DWWULEXW³W\SHGHILFKLHURXIRUPDWGHGRFXPHQW´HW O¶DWWULEXW³pOpPHQWVYLVXHOV´ODSOXSDUWGHVDXWUHVDWWUL EXWV pWDQW PRLQV RX SDUWLHOOHPHQW UREXVWHV 3DU H[HP SOHOHVUpVXOWDWVLQGLTXHQWTXHVHXOHPHQWGHVGR FXPHQWV RQW IDLW O REMHW GX UDSSHO GH OHXU ORFDOLVDWLRQ H[DFWHDORUVTXHOHVXWLOLVDWHXUVRQWO KDELWXGHGHJpUHU OHXUVGRFXPHQWVGHFHWWHPDQLqUH/H7DEOHDXV\QWKp WLVH OHV UpVXOWDWV FRQFHUQDQW OD TXDOLWp GX UDSSHO SRXU FKDTXHDWWULEXWVDXISRXUOHVDWWULEXWVpYqQHPHQWVDVVR FLpV OLHQV HW RSpUDWLRQV,OHVWWUqVGLIILFLOHHQHIIHWGH YpULILHUO H[DFWLWXGHGHFHX[FLFDULOVFRQFHUQHQWOHVUH ODWLRQVH[LVWDQWHQWUHOHGRFXPHQWHWVRQHQYLURQQHPHQW O XWLOLVDWHXUOHVWkFKHVOHVDXWUHVGRFXPHQWVHWFUHOD WLRQVTXLODLVVHQWUDUHPHQWGHVWUDFHVGDQVOHV\VWqPH /D WDLOOH HW OH PRPHQW GH GHUQLqUH XWLOLVDWLRQ RQW VRX YHQWIDLWO REMHWG XQHDSSUR[LPDWLRQMXVWHHJHQWHU PHV G LQWHUYDOOHV HQWUH HW SDJHV SpULRGHV HQ)pYULHUHWFPDLVUDUHPHQWSUpFLVpPHQWLH HQUDSSHODQWXQQRPEUHH[DFWGHSDJHVRXXQMRXUSUp FLV 3DU H[HPSOH SDUPL OHV GRFXPHQWV GRQW RQ D SX YpULILHUODGDWHH[DFWHGHGHUQLqUHXWLOLVDWLRQXQVHXOD IDLWO REMHWG XQUDSSHOH[DFWDXMRXUSUqV Caractéristiques des rappels erronés. &RQFHUQDQW OHV DWWULEXWVGHWDLOOHHWGHPRPHQWGHGHUQLqUHXWLOLVD WLRQQRXVDYRQVUHPDUTXpTXHODGLVWDQFHHQWUHOHUDS SHO HW OD YpULILFDWLRQ pWDLW VRXYHQW SURSRUWLRQQHOOH DX QRPEUH GH SDJHV H[SULPpHV RX DX WHPSV pFRXOp (Q G DXWUHV WHUPHV OHV UDSSHOV HUURQpV Q pWDLHQW SDV WURS pORLJQpVGHODUpDOLWp3DUH[HPSOHFRQFHUQDQWODWDLOOH XQ SDUWLFLSDQW D GLW HQYLURQ SDJHV SRXU XQ GRFX PHQWTXLHQFRQWHQDLWHQIDLW'HSOXVO pFDUWHQWUH OHQRPEUHUDSSHOpHWOHQRPEUHUpHOpWDLWSURSRUWLRQQHO jODJUDQGHXUGXQRPEUHUDSSHOpODFRUUpODWLRQHVWSR VLWLYHU S(QFHTXLFRQFHUQHOH UDSSHO GX PRPHQWOHVHUUHXUVFRPPLVHVO RQWpWpDYHF XQHPDUJHG HUUHXUDOODQWG¶XQMRXUjVL[PRLVPDLVOD SOXSDUWpWDLHQWLQIpULHXUHVjGHX[PRLV7RXVOHVUDSSHOV HUURQpV FRPPLVORUVG XQHHVWLPDWLRQHQWHUPHVGHMRXU pWDLHQWIDX[jXQMRXUSUqV/HVpFDUWVHQWUHOHVHVWLPD WLRQV HQ WHUPHV GH PRLV HW OD UpDOLWp DOODLHQW GH GHX[ VHPDLQHV j GHX[ PRLV 8QH HUUHXU D pWp FRPPLVH ORUV G XQHHVWLPDWLRQHQWHUPHVG DQQpHHOOHpWDLWIDXVVHGH PRLV/ pFDUWHQWUHOHUDSSHOHWODUpDOLWppWDLWGRQFOD DXVVL SURSRUWLRQQHO DX GHJUp GH SUpFLVLRQ GH O HVWLPD WLRQ 7DEOHDX3RXUFHQWDJHVGHVGRFXPHQWVSRXUOHVTXHOVOH UDSSHOFRQFHUQDQWFKDTXHDWWULEXWpWDLWWRWDOHPHQWH[DFWSDU WLHOOHPHQWH[DFWRXWRWDOHPHQWIDX[ /RFDOLVDWLRQ 7\SHRXIRUPDW 5DSSHOSDU 5DSSHO WRWDOHPHQW WLHOOHPHQW H[DFW H[DFW 5DSSHO WRWDOHPHQW IDX[ 1RP 7LWUH 7DLOOH 0RPHQW 0RWVFOHIV eOpPHQWVYLVXHOV /D ORFDOLVDWLRQ UDSSHOpH Q pWDLW VRXYHQW FRUUHFWH TXH MXVTX j XQ FHUWDLQ SRLQW LH XQH SDUWLH VHXOHPHQW GX FKHPLQ RX GH OD ORFDOLVDWLRQ pWDLW FRUUHFWHPHQW UDSSH OpH 3RXU OHV GRFXPHQWV pOHFWURQLTXHV FH VRQW OHV FDV R OH GpEXW GX FKHPLQ OH RX OHV SUHPLHUVUpSHUWRLUHV pWDLWSDUIDLWHPHQWUDSSHOpPDLVSDVODILQGXFKHPLQOH RXOHVGHUQLHUVUpSHUWRLUHV 3RXUOHVGRFXPHQWVSDSLHU OHV UDSSHOV SDUWLHOOHPHQW H[DFWV pWDLHQW FHX[ SRXU OHV TXHOV XQH ORFDOLVDWLRQ pWDLW IRXUQLH HJ XQ FDUWRQXQ FDKLHUXQHSLOHHWFPDLVRO HPSODFHPHQWjO LQWpULHXU PrPHGHFHWWHORFDOLVDWLRQQ pWDLWSDVSUpFLVp 2Q SHXW FRQVWDWHU TX XQ SRXUFHQWDJH WUqV LPSRUWDQW GH UDSSHOV G DWWULEXWV HVW HQ IDLW SDUWLHOOHPHQW H[DFW HJ PRWVFOHIV QRP HWF F HVWjGLUH TX XQH SDUWLH VHXOH PHQW GHV LQIRUPDWLRQV UDSSHOpHV SDU OHV SDUWLFLSDQWV 66 WURQLTXH O HQYRL HW OH GpSODFHPHQW FKDQJHPHQW GH O HPSODFHPHQWGXGRFXPHQW Moyens d’expressions utilisés.'HVUpVXOWDWVTXDOLWD WLIV RQW pWp REWHQXV VXU OHV GLIIpUHQWV PR\HQV HW W\SHV G XQLWpV GH YDULDEOH XWLOLVpV SDU OHV LQGLYLGXV SRXU H[ SULPHU OHV DSSUR[LPDWLRQV GH WDLOOH HW GH WHPSV HJ HQWUH HW SDJHV HQ )pYULHU HWF(QFH TXL FRQFHUQH OD WDLOOH GDQV XQ SHX PRLQV GH OD PRLWLp GHVFDVVXUOHVSDUWLFLSDQWVRQWHQIDLWUpSRQGXj ODTXHVWLRQHQGRQQDQWXQQRPEUHH[DFWDORUVTXHGDQV XQSHXSOXVGHODPRLWLpGHVFDVVXULOVRQWIDLW XQH DSSUR[LPDWLRQ /HV DSSUR[LPDWLRQV pWDLHQW GH GLI IpUHQWV W\SHV 'DQV GHV FDV OHV SDUWLFLSDQWV GRQQDLHQWXQFKLIIUHURQGDFFRPSDJQpG XQHIRUPHOLQ JXLVWLTXH PDUTXDQW O DSSUR[LPDWLRQ HJ XQH DLQH GH WUDQVSDUHQWV HQYLURQ SDJHV /D GHX[LqPH DSSUR[LPDWLRQODSOXVXWLOLVpHpWDLWODVSpFLILFDWLRQG¶XQ LQWHUYDOOH HJ HQWUH HW SDJHVpFUDQV GDQV GHV FDV &RQFHUQDQW OH PRPHQW OHV GDWHV RQW pWp OH SOXV VRXYHQW IRUPXOpHV VRXV IRUPH GH SpULRGHV GDQVGHVFDV(QIRQFWLRQGXGHJUpGHSUpFL VLRQOHVSpULRGHVpWDLHQWH[SULPpHVHQWHUPHVG DQQpH VHPHVWUHVDLVRQPRLVVHPDLQHMRXUGHPLMRXUQpHRX KHXUH/HVSpULRGHVRQWpWpWUqVPDMRULWDLUHPHQWIRUPX OpHVDXPRLVSUqVHJHQIpYULHU/DGHX[LqPH PDQLqUH GH GRQQHU XQH GDWH pWDLW XQH HVWLPDWLRQ GX WHPSV pFRXOp SDU UDSSRUW DX WHPSV SUpVHQW VRXV OD IRUPHLO\D«HJLO\DGHX[PRLVLO\DXQH TXLQ]DLQHGHMRXUVGDQVGHVFDV (Q FH TXL FRQFHUQH OHV pYqQHPHQWV DVVRFLpV GHV LQIRUPDWLRQV UDSSHOpHV SHXW rWUH PLV HQ UHODWLRQ DYHF XQH WUDFH pOHFWURQLTXH SURGXLWH SDU OH RX OHV pYqQHPHQWVGXFRQWH[WH3DUFRQWUHGHVLQIRU PDWLRQV UDSSHOpHV Q D SURGXLW DXFXQH WUDFH 7RXWHV OHV WUDFHVSURGXLWHVVRQWHQIDLWGHVPDLOVUHoXVRXHQYR\pV SDU O XWLOLVDWHXUHWTXLVRQWOLpVDX[ EXWVGHO XWLOLVDWLRQ GX GRFXPHQW HW FRUUHVSRQGHQW SRXU OD SOXSDUW j GHV pFKDQJHVGHPDLOVDYHFGHVFROODERUDWHXUV8QSHXSOXV GHODPRLWLpGHVWUDFHVPDLOVpWDLWHQFRUHSUpVHQWHVXU OD PDFKLQH GHV SDUWLFLSDQWV WDQGLV TX XQ SHX PRLQV GH ODPRLWLppWDLWDEVHQWHGDQVODSOXSDUWGHVFDVSDUFHTXH OH SDUWLFLSDQWOHVDYDLWVXSSULPpHV/HVpYqQHPHQWVGX FRQWH[WHFLWpVSDUOHVSDUWLFLSDQWVPDLVQ D\DQWSDVODLV VpGHWUDFHVpWDLHQWHQSUHPLHUOLHXGHVFRPPXQLFDWLRQV GLUHFWHVRUDOHVRXWpOpSKRQLTXHVHQWUHOHSDUWLFLSDQWHW GHVFROODERUDWHXUVSURFKHVRXQRQ (Q FH TXL FRQFHUQH OHV OLHQV VXU O HQVHPEOH GHVGRFX PHQWV OLpV DX[ GRFXPHQWV SULQFLSDX[ UDSSHOpV 1 OD PDMRULWp 1 pWDLW HIIHFWLYHPHQW SUpVHQWH GDQV OH V\VWqPH SRXU OHV GRFXPHQWV pOHFWURQLTXHV RX GDQV OH EXUHDX SRXU OHV GRFXPHQWV SDSLHUV /HV GRFX PHQWV UDSSHOpV pWDLHQW OLpV DX GRFXPHQW FLEOH OH SOXV VRXYHQWSDUFHTX LOVSDUWLFLSDLHQWjODPrPHWkFKHRXDX PrPH W\SH GH WkFKH /D SOXSDUW GHV GRFXPHQWV FLEOHV VXUDYDLWDXPRLQVXQGRFXPHQWOLpUDSSHOpGRQW OH OLHQ Q pWDLW SDV VHXOHPHQW DEVWUDLW LH GH FRQWHQX RXGHIRQFWLRQPDLVpJDOHPHQWFRQFUHWLHG DFWLRQ RXGHORFDOLVDWLRQHWGRQFSRWHQWLHOOHPHQWH[SORLWDEOHV SDUXQV\VWqPH$LQVLGHVGRFXPHQWVOLpVUDSSH OpV HW SUpVHQWV SDUWDJHDLW OD PrPH ORFDOLVDWLRQ TXH OH GRFXPHQW FLEOH GDQV OH PrPH GRVVLHU SRXUOHVGRFX PHQWVpOHFWURQLTXHVHWGDQVOHPrPHGRVVLHURXGDQVOD PrPHSLOHSRXUOHVGRFXPHQWVSDSLHU/HVDXWUHVW\SHV GH OLHQV pYRTXpV pWDLHQW OH FRSLHUFROOHU HQWUDQW RX VRUWDQW OH OLHQ K\SHUWH[WH HQWUDQW RX VRUWDQW OD YHU VLRQDQWpULHXUHRXSRVWpULHXUHHWF (QFHTXLFRQFHUQHO H[SUHVVLRQGXW\SHGHVILFKLHUVLO IDXWQRWHUTXHOHVXWLOLVDWHXUVQHIRUPXODLHQWSDVVHXOH PHQW OH W\SH GH OHXUV GRFXPHQWV GX SRLQW GH YXH GX V\VWqPH PDLV pJDOHPHQW G XQ SRLQW GH YXH VpPDQWLTXH GH SOXV KDXW QLYHDX HJ XQH SUpVHQWDWLRQ 3RZHU 3RLQW XQ WDEOHDX ([FHO XQH LPDJH VRXV :RUG XQHQVHPEOHGHVOLGHVHWF Types d'informations rappelées. &RQFHUQDQW OHV pOp PHQWV YLVXHOV OHV GLIIpUHQWHV FDWpJRULHV G LQIRUPDWLRQV UDSSHOpHVpWDLHQWGX SOXVIUpTXHQWDXPRLQVIUpTXHQW ODFRXOHXUHJWLWUHYHUWNDNLSXFHVURXJHERUGHDX[ IRQG EODQF FRXYHUWXUH EOHX FLHO OH IRUPDW HW OD PLVH HQ SDJH HJ GRXEOH FRORQQH WLWUH HQ JURV WDEOH GHV PDWLqUHV OD SUpVHQFH G REMHWV DXWUHV TXH GX WH[WH JUDSKLTXHV LPDJHV WDEOHDX[« HW GHV JUD SKLVPHVIDLVDQWSDUWLHGHODPLVHHQSDJHHQWrWHEDQ GHDX[WUDLWV«8QUpVXOWDWLQWpUHVVDQWHVWTXHOHVpOp PHQWV UDSSHOpV QH FRQFHUQDLHQW SDV VHXOHPHQW OD SUH PLqUHSDJHGXGRFXPHQWVHXOHPHQWGHWRXWHVOHV GHVFULSWLRQVFRPSUHQDLHQWXQLTXHPHQWGHVpOpPHQWVYL VXHOVGHODSUHPLqUHSDJH Phase de récupération des documents 3RXU OHV GRFXPHQWV pOHFWURQLTXHV OD PpWKRGH OD SOXV XWLOLVpH SDU OHV SDUWLFLSDQWV SRXU UHWURXYHU OHXUV GRFX PHQWVpWDLWOH SDUFRXUVGDQVODKLpUDUFKLHGHVUpSHUWRL UHV MXVTX DX UpSHUWRLUH FHQVp FRQWHQLU OH ILFKLHU FLEOH SXLVODUHFKHUFKHYLVXHOOHGXGRFXPHQWFLEOHSDUPLWRXV OHVGRFXPHQWVGXUpSHUWRLUH6HXOXQSDUWLFLSDQWDXWLOL VpODIRQFWLRQUHFKHUFKHUGHVRQ26SDUFHTX LOQ DUUL YDLWSDVjUHWURXYHUOHERQGRVVLHU(QFHTXLFRQFHUQH OHVGRFXPHQWVSDSLHUODPpWKRGHODSOXVFODVVLTXHpWDLW ODORFDOLVDWLRQG XQHQGURLWGRQQpGXEXUHDXGDQVOHTXHO OHGRFXPHQWpWDLWFHQVpVHWURXYHUSXLVO H[DPHQUDSLGH GHVGLIIpUHQWVGRFXPHQWVSUpVHQWVjFHWHQGURLWSRXUUH WURXYHU OH GRFXPHQW FLEOH 'DQV OHV GHX[ GRPDLQHV SK\VLTXHHWpOHFWURQLTXHODUHFKHUFKHGHVGRFXPHQWV 3RXUOHVRSpUDWLRQVXQW\SHG LQIRUPDWLRQIUpTXHPPHQW UDSSHOp pWDLW OD PRGLILFDWLRQ GX GRFXPHQW HJ QRX YHOOH YHUVLRQ G XQ GRFXPHQW UHPSOLVVDJH GHV FKDPSV G XQ IRUPXODLUH pOHFWURQLTXH pFULWXUHG DQQRWDWLRQVVXU XQGRFXPHQWSDSLHU7URLVDXWUHVW\SHVG DFWLRQVDVVH] IUpTXHQWHVpWDLHQWO LPSUHVVLRQSRXUXQGRFXPHQWpOHF 67 WDLQHVpWXGHVVRXOLJQHQWODSHUWLQHQFH>@>@VRQWGHV DWWULEXWV TXL DXUDLHQW pJDOHPHQW PpULWpV GH IDLUH SDUWLH GHQRWUHOLVWHLQGLFpH0DOJUpFHVOLPLWHVQRVUpVXOWDWV DX[VHVVLRQVGHUDSSHOIRXUQLVVHQWGHVLQIRUPDWLRQVVXU OHVGLIIpUHQWVDWWULEXWVGRQWOHVXWLOLVDWHXUVVRQWFDSDEOHV GHVHUDSSHOHU&HODFRQGXLWHQUHWRXUjGHVUHFRPPDQ GDWLRQV SRWHQWLHOOHV VXU OD PDQLqUH GRQW FHV GLIIpUHQWV DWWULEXWV SRXUUDLHQW rWUH H[SORLWpV SDU OHV IXWXUV V\VWq PHV GH UpFXSpUDWLRQ GH GRFXPHQWV &HV UHFRPPDQGD WLRQVSRWHQWLHOOHVVRQWSUpVHQWpHVFLGHVVRXV FRPSRUWDLW GRQF GHX[ SKDVHV XQH SKDVH GH ORFDOLVD WLRQEDVpHVXUOHUDSSHOHWXQHSKDVHGHEDOD\DJHYLVXHO EDVpH VXU OD UHFRQQDLVVDQFH &H UpVXOWDW HVW FRKpUHQW DYHFODSURSRVLWLRQGH/DQVGDOH>@TXHFKDTXHWHQWD WLYHGHUpFXSpUDWLRQG¶LQIRUPDWLRQVLPSOLTXHGHX[SUR FHVVXV SV\FKRORJLTXHV GLVWLQFWV OD UHFKHUFKH GLULJpH SDU OH UDSSHO UHFDOOGLUHFWHG VHDUFK VXLYLH GX ED OD\DJH EDVp VXU OD UHFRQQDLVVDQFH UHFRJQLWLRQEDVHG VFDQQLQJ &LQT SDUWLFLSDQWVQ RQWSDVUpXVVLjUHWURXYHUXQGRFX PHQW FHOD FRQFHUQDLW GRFXPHQWV SDSLHUV HW GRFX PHQW pOHFWURQLTXH 6XU OHV GRFXPHQWV UHWURXYpV Q RQW SDV pWp UHWURXYpV IDFLOHPHQW GRQW SDSLHUV HW pOHFWURQLTXHV'DQVODSOXSDUWGHVFDVVXUVHXOHOD SKDVH GH UHFKHUFKH GLULJpH SDU OH UDSSHO SRVDLW SUR EOqPHOH SDUWLFLSDQWFKHUFKDLWGDQVOHPDXYDLVUpSHU WRLUH RX OH PDXYDLV HPSODFHPHQW 'DQV XQ FDV F HVW VHXOHPHQWODSKDVHGHUHFKHUFKHEDVpHVXUODUHFRQQDLV VDQFH TXL pWDLW GLIILFLOH OH GRFXPHQWFLEOHVHWURXYDLW ELHQ j O HQGURLW UHFKHUFKp PDLV LO GHYDLW rWUH UHFRQQX SDUPL GH QRPEUHX[ FDQGLGDWV LH UHWURXYHU XQ PDLO GDQVXQGRVVLHU'DQVOHVGHX[FDVUHVWDQWOHVSDUWLFL SDQWVRQWpSURXYpGHVGLIILFXOWpVGXUDQWOHVGHX[SKDVHV GHUHFKHUFKH DISCUSSION CONCEPTION ET IMPLICATIONS POUR Favoriser les attributs appropriés /HV DWWULEXWV TXL VRQW OHV SOXV VRXYHQW HWRX OHV PLHX[ UDSSHOpVF HVWjGLUHOHW\SHRXIRUPDWOHVpOpPHQWVYL VXHOVOHVPRWVFOHIVOHVpYqQHPHQWVDVVRFLpVODORFDOL VDWLRQ HW OH PRPHQW GH GHUQLqUH XWLOLVDWLRQ GHYUDLHQW rWUHXWLOLVpVHQSULRULWpGDQVOHVRXWLOVGHUHFKHUFKH/H FRQWHQX PRWVFOHIV HVW OH VHXO DWWULEXW TXL D WRXMRXUV GRQQpOLHXjXQUDSSHOGHOD SDUWGHV SDUWLFLSDQWVHWOH UDSSHO FRQWHQDLW WRXMRXUV DX PRLQV XQ pOpPHQW LH XQ PRWHIIHFWLYHPHQWSUpVHQWGDQVOHGRFXPHQW&HUpVXO WDWHQFRXUDJHO XWLOLVDWLRQGHPRWHXUVGHUHFKHUFKHVXU OHEXUHDX/HW\SHRXIRUPDWTXDQWjOXLHVWjODIRLV XQGHVDWWULEXWVTXLDWRXMRXUVFRQGXLWjXQUDSSHOHWFH OXL GRQW OH UDSSHO HVW OH SOXV ILDEOH LO D OH SOXV IRUW SRXUFHQWDJH GH UDSSHOV WRWDOHPHQW H[DFWV ,O GHYUDLW GRQFILJXUHUHQSUHPLqUHSODFHGDQVOHVRSWLRQVGHILOWUH HWRXGHWULGHVRXWLOVGHUHFKHUFKH(QILQOHVUpVXOWDWV PRQWUHQWTXHOHVXWLOLVDWHXUVVHUDSSHOOHQWSUHVTXHWRX MRXUVG pOpPHQWVYLVXHOV SUpVHQWVGDQVOHXUVGRFXPHQWV HWTX LOVVHWURPSHQWWUqVUDUHPHQWjFHVXMHW8QHSUp VHQWDWLRQ G XQ DSHUoX GH O DVSHFW GX GRFXPHQW OXL PrPHHQSOXVGHODVLPSOHSUpVHQWDWLRQGHO LF{QHFRU UHVSRQGDQW DX W\SH GX GRFXPHQW DSSDUDvW GRQF SHUWL QHQWHSRXUIDFLOLWHUODUHFRQQDLVVDQFHGHVGRFXPHQWV\ FRPSULVFHOOHGHVGRFXPHQWVWH[WXHOV LA /HVUpVXOWDWVGHODSKDVHGHUpFXSpUDWLRQFRQILUPHQWOH IDLWTXHOHVXWLOLVDWHXUVRQWVRXYHQWGHVGLIILFXOWpVjUH WURXYHU OHXUV GRFXPHQWV GDQV OHXU HQYLURQQHPHQW DF WXHO DYHF OHV RXWLOV GRQW LOV GLVSRVHQW 1RXV DYRQV YX TXHF HVWODSUHPLqUHSKDVHGHUHFKHUFKHTXLVHPEOHSR VHUOHSOXVGHSUREOqPHV&HWWHSKDVHpWDQWEDVpHSULQ FLSDOHPHQW VXU XQ SURFHVVXV FRJQLWLI GH UDSSHO OHV Up VXOWDWVTXHQRXVDYRQVUHFXHLOOLVFRQFHUQDQWFHSURFHV VXV HW OHV LPSOLFDWLRQV TXHO RQ SHXWHQWLUHUVRQWGRQF VXVFHSWLEOHV G DLGHU OHV XWLOLVDWHXUV j PLHX[ UHWURXYHU OHXUVGRFXPHQWV'HSOXVLODSSDUDvWTXHOHVVWUDWpJLHV XWLOLVpHV SDU OHV XWLOLVDWHXUV SRXU UHWURXYHU OHXUV GRFX PHQWVQ RQWSDVH[SORLWpODYDULpWpGHVDWWULEXWVGRQWLOV VRQWFDSDEOHVGHVHUDSSHOHUGXUDQWODSKDVHGHUDSSHO LQGLFpHHWODIRQFWLRQQDOLWpGHUHFKHUFKHVXUOHEXUHDX HVW WUqV SHX XWLOLVpH &HOD YD GDQV OH VHQV G XQ EHVRLQ SRXU GHV RXWLOV GH UHFKHUFKH SOXV SHUIRUPDQWV SRXU OD UpFXSpUDWLRQGHVGRFXPHQWVSHUVRQQHOV Favoriser les expressions appropriées /HV PR\HQV G H[SULPHU OH PRPHQW GH GHUQLqUH XWLOLVD WLRQOHVSOXVXWLOLVpVVRQWODVSpFLILFDWLRQG XQHSpULRGH XQ PRLV GDQV OD SOXSDUW GHV FDV HJ HQ IpYULHU HW O LQIRUPDWLRQ UHODWLYH DX 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SDQWVHWOHVLQGLYLGXVDVVRFLpVDX[GRFXPHQWVGRQWFHU Prévoir de la flexibilité dans les requêtes /H IDLW TXH OHV XWLOLVDWHXUV VRLHQW FDSDEOHV GH UDSSHOHU GHV PRWVFOHIV GH OHXUV GRFXPHQWV HQFRXUDJH O XWLOLVD 68 WLRQ GH PRWHXUV GH UHFKHUFKH VXU OH EXUHDX 0DLV FHX[FLGHYUDLHQWSUHQGUHHQFRPSWHOHIDLWTXHOHVXWL OLVDWHXUV QH UDSSHOOHQW SDV VHXOHPHQW GHV PRWVFOHIV H[DFWVPDLVDXVVLGHVPRWVFOHIVHUURQpVSRXUOHPrPH GRFXPHQW HJ SHUPHWWUH O XWLOLVDWLRQ GH SOXVLHXUV FKDPSV GH UHTXrWH WH[WXHOOH DYHF GHV RSWLRQV G DFWLYD WLRQGpVDFWLYDWLRQSRXUFKDTXHFKDPSIRXUQLUGHVVXJ JHVWLRQVSRXUGHVV\QRQ\PHVHWGHVK\SHURQ\PHVHWF (QFHTXLFRQFHUQHO XWLOLVDWLRQGHVDWWULEXWVGHWDLOOHHW GHPRPHQWRQSHXWUHFRPPDQGHUGHIRXUQLUGLIIpUHQWV W\SHVG XQLWpVHJQRPEUHGHSDJHVQRPEUHGHOLJQHV HWF DQQpH PRLV VHPDLQH HWF HW GLIIpUHQWV PR\HQV G H[SULPHUOHVDSSUR[LPDWLRQVHJHQWUH«HW«SD JHV HQYLURQ « SDJHV HWF LO \ D« GXUDQW OD SpULRGH GH« HWF SRXU V DGDSWHU j OD YDULDELOLWp GHV H[SUHVVLRQVGHVXWLOLVDWHXUV Exploiter les relations explicites entre les documents (WDQW GRQQp TXH OHV XWLOLVDWHXUV VRQW FDSDEOHV GH VH UDSSHOHUGHGRFXPHQWVDVVRFLpVDXGRFXPHQWUHFKHUFKp OHVV\VWqPHVGHUHFKHUFKHGHYUDLHQWrWUHFDSDEOHVG HQ UHJLVWUHU FHV DVVRFLDWLRQV SRXU TXH O XWLOLVDWHXU SXLVVH UHWURXYHU XQGRFXPHQWHQ SDUWDQWG XQGRFXPHQWDVVR FLp GpMj UHWURXYp HJ SHUPHWWUH OD UpFXSpUDWLRQ G XQ ILFKLHU HQ PRQWUDQW OHV UHODWLRQV GH FRSLHUFROOHU HQWUH OHVILFKLHUVUpGXLUHODGLVWDQFHHQWUHOHVV\VWqPHVG RU JDQLVDWLRQ GHV ILFKLHUV HW GHV PDLOV SRXU IDFLOLWHU O H[ SORLWDWLRQGHOHXUVUHODWLRQVSRXUODUpFXSpUDWLRQ Fournir les logs de certaines opérations effectuées sur les documents (WDQW GRQQp TXH OHV XWLOLVDWHXUV VRQW FDSDEOHV GH VH UDSSHOHUGHVRSpUDWLRQVTX LOVRQWHIIHFWXpVXUXQGRFX PHQWDXWUHVTXHO RXYHUWXUHHWODPRGLILFDWLRQOHVV\V WqPHVGHUHFKHUFKHGHYUDLHQWrWUHFDSDEOHVG HQUHJLVWUHU FHVRSpUDWLRQVHWGHSHUPHWWUHOHXUXWLOLVDWLRQFRPELQpH j G DXWUHV DWWULEXWV GH ILFKLHUV SRXU OD UpFXSpUDWLRQ GH ILFKLHU HJ UHFKHUFKH G XQ GRFXPHQW LPSULPp HQ )p YULHU Permettre l'extensibilité des résultats &RQFHUQDQWO DWWULEXWGHODORFDOLVDWLRQpWDQWGRQQpTXH OHV XWLOLVDWHXUV VH UDSSHOOHQW SOXV IDFLOHPHQW GHV GRV VLHUV SDUHQWV TXH GHV GHUQLHUV VRXVGRVVLHUV FRQWHQDQW HIIHFWLYHPHQW OH GRFXPHQW UHFKHUFKp OHV V\VWqPHV GH YUDLHQW IRXUQLU XQH YLVXDOLVDWLRQ SRXU pWHQGUH OD YXH FODVVLTXH GX FRQWHQX GHV UpSHUWRLUHV HJ ILFKLHUV FD FKpV GDQV OHV VRXVGRVVLHUV HWF 3RXU FH TXL HVW GH O DWWULEXW WHPSV OH V\VWqPH GHYUDLW IRXUQLU GHV PR\HQV G pWHQGUH OHV UpVXOWDWV GH OD SUHPLqUH HVWLPDWLRQ H[SUL PpHSDUOHVXWLOLVDWHXUVpWDQWGRQQpTXHOHXUUDSSHOHVW VRXYHQW DSSUR[LPDWLI / H[WHQVLELOLWp GHYUDLW rWUH SUR SRUWLRQQHOOH DX W\SH G XQLWp GH WHPSV H[SULPp HJ VL O XWLOLVDWHXU VSpFLILH XQH SpULRGH G XQ PRLV OH V\VWqPH GHYUDLW SHUPHWWUH GH YLVXDOLVHU IDFLOHPHQW DXVVL OHV IL FKLHUVTXLRQWpWpXWLOLVpVGXUDQWOHVPRLVDGMDFHQWV(Q FHTXLFRQFHUQHODWDLOOHpWDQWGRQQpTXHOHUDSSHOGHV XWLOLVDWHXUVHVWVRXYHQWDSSUR[LPDWLIOHV\VWqPHGHYUDLW GRQQHUODSRVVLELOLWpGHYLVXDOLVHUDXVVLOHVILFKLHUVTXL RQW SOXV RX PRLQV OD PrPH WDLOOH TXH FHOOH VSpFLILpH 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la communication basé sur le modèle de la symbiose humain-technologie-organisation Éric Brangier & Sonia Hammes Université Paul Verlaine – Metz. LabPsyLor (EA 3947) Équipe Transdisciplinaire sur l’Interaction et la Cognition Ile du Saulcy. BP30309 - F - 57006, Metz Cedex 1 [email protected] & [email protected] RESUME INTRODUCTION Cet article a pour objet de mieux comprendre les facteurs qui expliquent l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Dans un premier temps, il reprend les éléments d’une théorie de la symbiose humain-technologie-organisation et un modèle formel fait d’équations sémantiques qui permettent de caractériser ce modèle. Dans un second temps, cette communication propose une échelle de mesure de la liaison entre l’humain et les technologies de l’information et de la communication. Cette échelle se présente sous la forme d’un questionnaire composé de 27 items, dont la passation sur un échantillon de 172 personnes tend à montrer la pertinence. Plusieurs recherches récentes portant sur les formes d’appropriation, d’utilisation ou d’acceptation sociales des technologies nouvelles ont insisté sur la notion de symbiose pour caractériser la relation qui se noue entre l’homme et la machine [1, 2, 3, 5, 11, 14]. Dans la continuité de ce champ théorique, l’objectif de cet article est de faire le point sur la notion de symbiose, puis de proposer un questionnaire d’évaluation de la symbiose humain – technologie - organisation. La passation de ce questionnaire sur un échantillon de 172 personnes ouvrira ensuite sur la présentation des résultats obtenus. Finalement, l’interprétation des résultats permettra de discuter la pertinence de l’approche symbiotique par rapport aux autres approches de l’acception sociale des technologies. MOTS CLES : Symbiose, relation homme-technologie- organisation, questionnaire, validation. ABSTRACT ORIENTATION THEORIQUE : LA SYMBIOSE HUMAINTECHNOLOGIE-ORGANISATION Le modèle biologique de la symbiose This article concerns the creation and validation of a questionnaire about human-technology-organisation symbiosis level using a sample of 172 persons, about their use of new technologies. This questionnaire has been devised following symbiosis’ model by Brangier [2, 3]. The interest of this study is, on the one hand, to corroborate Brangier’s model and, on the other hand to give useful information for technological advances Le terme de symbiose est en général utilisé par les sciences de la vie pour définir un état d’interdépendance durable entre deux êtres vivants. Il s’agit d’un fait courant dans le monde animal, végétal et bactérien, dans lequel chaque organisme va profiter des avantages découlant de l’association avec l’autre organisme. On peut tout simplement penser à la fertilisation des fleurs par l’action des insectes butineurs qui bénéficient en échange d’un accès à une nourriture. KEYWORDS: Acceptance, Human-machine symbiosis, human-technology-organisation relationship, questionnaire, validation of a technology use scale. Le lien entre la biologie et les technologies de l’information et de communication (TIC) peut sembler lointain mais si l’on considère cette idée d’un point de vue métaphorique, on peut comprendre l’emploi de ce terme car l’homme d’aujourd’hui entretient une relation durable et profitable avec TIC. En effet, l’homme construit des TIC visant à l’aider dans son travail ou à l’assister dans sa vie quotidienne. Il bénéficie chaque jour de ces dispositifs techniques pour l’accompagner ou totalement le suppléer dans ses activités (en particulier 71 sons que Karahanna et Straub [10] ont fait appel à trois facteurs supplémentaires qui sont la présence sociale, l’influence sociale et le support technique et ont ainsi révisé le TAM de Davis. Mais malgré cette révision, la valeur explicative du TAM cité précédemment tourne autour de 24%, valeur qui est sensiblement la même pour son petit frère le TAM révisé [10]. les plus pénibles). En retour, l’homme « alimente » la technologie, l’améliore et la fait progresser de manière continue. L’émergence de la notion de symbiose humainmachine. Pour l’approche symbiotique, la relation entre l’homme et la technologie est durable et mutuellement profitable. L’application de la notion de symbiose à la caractérisation de la relation entre l’humain et la machine provient des travaux initiaux de Licklider [13] qui, en 1960 avait été le premier à utiliser la notion de symbiose pour dessiner le futur de l’informatique en soulignant que l’ordinateur devait quitter le domaine des « calculs » pour se transformer en outil de communication moderne. Ce faisant, Licklider fut suffisamment clairvoyant pour imaginer que l’ordinateur pourrait devenir une sorte de symbiote technologique destiné à assister l’humain dans sa vie toute entière. L’histoire lui a sans doute donné raison. Du moins, c’est ce que nos résultats tendent à montrer. Un autre modèle intéressant a été développé par Roy et Illia [12]. Les auteurs remarquent que de nombreux modèles explicatifs de l’utilisation des TI ont été développés sans qu’il ne soit jamais fait la liaison entre eux c’est ce qu’ils se proposent de faire en créant un nouveau modèle intégrant les facteurs et les théories utilisés par leurs prédécesseurs. Ces auteurs proposent un « modèle conceptuel intégré » qui met en relation les deux orientations prises par l’étude des interactions homme-machine et définies par Clegg [6], c'est-à-dire le versant ergonomique et le versant psycho-sociologique. Ce modèle conceptuel intégré est assez séduisant car il intègre de nombreuses variables et souligne, d’une part, les relations causales entre les variables et, d’autre part, il permet de comprendre que ces variables forment un système plus ou moins stable et régulé. Mais à ce jour, nous ne connaissons pas de validation de ce modèle, du moins sur le plan statistique. La capacité explicative de ce modèle est plus empirique que statistique. Nous ne savons donc pas quel est le poids relatif de chaque facteur. En bref, ce modèle semble certes intégrer une multitude de facteurs et de théories, mais cela complique singulièrement sa possibilité d’utilisation à des fins d’opérationnalisation et de validation. Il nous semble par ailleurs qu’il serait possible de faire des regroupements entre certains facteurs. C’est ce que nous proposons de faire dans le modèle ci-dessous. Plus récemment, l’approche symbiotique a été développée dans le domaine de la relation entre l’homme et la technologie par Bender, De Haan et Bennett [1] et aussi par De Rosnay [14] qui a contribué à diffuser cette notion. D’un point de vue plus théorique, Brangier [2] a proposé un modèle de la symbiose humain-technologieorganisation que nous ne redévelopperons pas ici, mais que nous opérationnaliserons dans les paragraphes suivants. L’humain agit sur les TIC qui agissent sur l’humain L’idée centrale de la symbiose est de considérer que l’humain et les TIC sont intimement liés et que le genre humain est devenu, sur le plan phylogénétique et ontogénétique un homme technologique. Des théories anthropologiques et des théories organisationnelles importantes soutiennent depuis longtemps que toute action humaine est technique : donc la relation entre homme et technologie n’est pas une nouveauté. L’humain se définit par et en rapport avec la technologie, qui n’est pas un élément qui lui est extérieur mais bien une dimension essentielle de l’existence humaine. L’humain naît, vit, se développe, travaille, joue, consomme, apprend, etc, dans des espaces technologiques qui sont à la fois co-extensifs de la nature humaine et constructifs de l’essence humaine. L’originalité du modèle symbiotique est donc de compléter les modèles classiques de l’acceptation des TIC qui reposent sur une sorte d’apprentissage des interactions ou de gestion des changements socio-organisationnels. Parmi ces modèles, on pense au TAM : Technology Acceptance Model de Davis [7 et 8] qui souligne que l’utilité perçue et la facilité d’utilisation sont des variables déterminant l’acceptation de la technologie. On peut constater immédiatement qu’il manque un versant essentiel à ce modèle qui est celui des considérations psychosociales et socio-organisationelles. C’est sans doute pour ces rai- Modélisation de la symbiose humain-technologieorganisation La symbiose est un processus caractérisant l’acceptation des technologies qui s’enclenche si des conditions particulières de la relation homme-technologie-organisation sont satisfaites. Ces conditions particulières reposent sur la mise en oeuvre de trois facteurs déterminant la symbiose, à savoir : • les fonctionnalités : la symbiose suppose une adaptation optimale des fonctions proposées par la technologie aux objectifs à atteindre par l’homme, par son travail, par son environnement organisationnel. La première condition d’acceptation est donc de considérer qu’une TIC doit être dotée de fonctionnalités utiles, ou du moins évaluées comme telles. • l’utilisabilité : c'est-à-dire la facilité d’utilisation du système technique, souvent exprimée par le niveau de compatibilité entre l’humain, la TIC et la tâche. La deuxième condition d’acceptation repose donc sur la simplicité d’utilisation ce qui correspond encore à l’optimisation ergonomique de la TIC. 72 • les fonctionnalités proposées par la technologie sont conformes à ce que l’homme souhaite réaliser (H(f)) pour effectuer une tâche donnée (T(f)). les formes de régulation liées aux comportements organisationnels : il s’agit des formes d’appropriation, de rejet, d’innovation sociale et autres accommodements construits par l’homme dans un contexte social qui est transformé par l’arrivée d’une technologie. La troisième condition de la symbiose vise donc à restituer l’optimisation de la TIC aux contextes sociaux d’utilisation. Détaillons ces trois points et montrons leur manière de s’agencer. Utilisabilité. Pour profiter pleinement des fonctionnali- tés, il est nécessaire que l’homme puisse s’en servir facilement. Elles doivent donc être adaptées aux caractéristiques humaines, le but étant de réduire au maximum l’écart entre le fonctionnement de l’humain et le système. L’utilisabilité apprécie donc la fluidité des échanges entre l’humain et le système [4]. Fonctionnalités. Une fonctionnalité est une action utile Sur le plan formel, si nous reprenons la fonctionnalité f et sa réalisation par un système technique, soit S(f). L’utilisabilité de cette fonctionnalité serait U(S(f)). L’utilisabilité peut-être formalisée par la proximité des modèles de connaissance en jeu au niveau de l’homme soit H(S(f)) et au niveau de la tâche T(S(f)). Moins il y a de différence entre U(S(f)), H(S(f)) et T(S(f)) et plus l’utilisabilité du système (U(S(f)) est proche de ce que les gens ont dans la tête (H(S(f)) et est proche de la manière dont le travail se retrouve dans le système (T(S(f)) ; alors on peut considérer l’utilisabilité comme appropriée. A ce niveau, la symbiose vise donc à qualifier le type de compatibilité entre les caractéristiques de l’utilisabilité du système U(S(f)), la tâche (T(S(f))) et la représentation que l’homme (H(S(f)) se fait de la fonctionnalité implantée dans l’instrument. réalisée avec un système technique. Les fonctionnalités à mettre en œuvre dans une TIC sont dégagées lors de l’analyse du travail d’un opérateur réalisant ce travail. Il y a symbiose si le système propose des fonctionnalités valides, c'est-à-dire des fonctionnalités dont l’utilisateur a réellement besoin et que le système a la possibilité technique de fournir. D’un point de vue formel, la fonctionnalité « f » proposée par une TIC doit être compatible avec le travail « T » de l’humain « H ». On a alors : • la réalisation de f par le système « S », soit S(f) ; • le modèle mental que l’homme se fait de la réalisation de la fonctionnalité par la technologie soit H(f) ; • la tâche à réaliser avec la fonctionnalité f soit T(f). Si les modèles de connaissance en jeu dans S(f), H(f) et T(f) sont proches, alors on peut dire que la symbiose est optimisée au niveau de la fonctionnalité. Autrement dit, Niveau de la technologie Fonctionnalité Utilisabilité Régulation S(f) U(S(f)) R(S) Conditions de symbiose S(f)§U(A(f))§ R(A) Symbiose optimisée au niveau de la technologie Niveau de l’humain H(f) H(S(f)) R(H) H(f)§H(S(f))§ R(H) Symbiose optimisée au niveau de l’humain Niveau du contexte organisationnel T(f) Conditions de symbiose S(f)§H(f)§ T(f) T(S(f)) R(O) T(f)§T(S(f))§ R(O) Symbiose optimisée au niveau de l’organisation Symbiose optimisée au niveau des fonctionnalités U(S(f))§ H(S(f))§ T(S(f)) R(S)§R(H)§ R(O) Symbiose optimisée au niveau de l’utilisabilité Symbiose optimisée au niveau des régulations Tableau 1 : Modèle de connaissance en jeu aux différents niveaux de l’interaction homme-technologie-organisation croisés avec les processus de la symbiose –fonctionnalité, utilisabilité, régulations (le signe § correspond à la proximité, à la compatibilité des modèles en jeu), selon Brangier [2] et [3]. biotique de tolérance du contexte de l’organisme extérieur par l’hôte). Autrement dit, une condition supplémentaire porte sur les régulations socioorganisationnelles qui généreront des attitudes et des re- Régulations. Pour être utilisée, une technologie ne doit pas seulement fournir des fonctionnalités pertinentes et facilement utilisables ; elle doit encore être située dans un contexte social qui l’accepte (c’est le principe sym- 73 de symbiose, nous cherchons également à produire des données qui peuvent valider ou invalider le modèle proposé. Notre modèle consiste à défendre l’idée que la symbiose entre l’humain, la technologie et l’organisation va dépendre de l’adaptation des fonctionnalités, de l’utilisabilité et des régulations aux différents éléments de la situation (technologie, humain, organisation). La relation symbiotique est donc à rechercher dans les trois lignes et trois colonnes du tableau 1, soit dans les neuf cases. présentations plus ou moins favorables. Lors de l’implantation d’une nouvelle technologie, les humains qui l’utilisent produisent des compromis, des arrangements socialement acceptables avec ces technologies, qui engendrent par conséquent des changements durables des comportements personnels et professionnels. Les hommes doivent mettre en œuvre des moyens nouveaux pour adapter la technologie à leur fonctionnement, s’adapter eux-mêmes ou adapter le mode de fonctionnement social et organisationnel, si la technologie ne s’adapte pas ellemême. En conséquence, le tableau 1 est à lire comme jouant un rôle charnière entre l’explication que nous donnons à la symbiose d’une part, et, l’opérationnalisation d’une échelle quantitative qui permettrait de valider le modèle, d’autre part. Pour ce qui nous concerne, nous proposons une validation quantitative en établissant un questionnaire qui, soumis à une population, servira à mesurer des scores de symbiose. Ce score sera à la fois global et décomposable en plusieurs sous-échelles correspondant à chacune des lignes ou des colonnes (i.e sous-échelles de symbiose ou niveau des fonctionnalités, de l’utilisabilté ou des régulations). Ce sont à la fois les réponses faibles ou fortes et l’organisation statistique des réponses des questionnés qui permettront la discussion de la proposition scientifique de notre modèle de l’acceptation des TIC basé sur la symbiose. On a donc : • des régulations en jeu au niveau de l’homme : R(H) ; c'est-à-dire ses adaptations psychosociales et psychologiques en lien avec la technologie. Selon leurs possibilités, les humains régulent les usages des technologies. • des régulations en jeu au niveau de la technologie : R(S) ; c'est-à-dire son adaptabilité à la situation d’utilisation. • des régulations en jeu au niveau du contexte organisationnel R(O) : c'est-à-dire les modifications collectives (i.e. relatives au groupe social) mises en place lors de l’introduction de la technologie. La régulation est maximisée lorsque l’on peut observer la concordance de ces trois formes de régulations. La symbiose est alors optimisée au niveau des régulations sociales. Attentes Plus que des hypothèses, la validation d’une échelle implique des attentes métriques particulières. Aussi, le questionnaire devrait-il prétendre à : D’une manière générale, la symbiose repose sur une compatibilité cognitive des modèles en jeu [16]. Une technologie sera acceptée si elle correspond à l’idée que s’en fait l’utilisateur, à son mode de fonctionnement, à l’idée qu’il se fait de sa tâche, de lui-même et de son environnement social et professionnel. Le modèle proposé (tableau 1) n’est pas un modèle purement explicatif où telle cause expliquerait tel effet. Les processus (fonctionnalité, utilisabilité, régulation) constituant les éléments de la symbiose sont interdépendants. Ces trois dimensions sont enchevêtrées, tant les variables qui les composent sont nombreuses, diversifiées et complexes. Par ailleurs, il faut signaler que la symbiose, une fois optimisée ne peut pas être prise comme un état stable. La modification d’un des éléments peut modifier l’équilibre d’ensemble et entraîner des changements d’état. La relation symbiotique est donc le résultat d’un processus en équilibre délicat. Il suffit qu’un de ces constituants soit modifié pour que l’équilibre soit rompu et entraîne, par exemple, insatisfaction, résistance, rejet, malveillance, inutilisation, sabotage etc., de la part des humains. 1. 2. 3. 4. PROBLEMATIQUE GENERALE Problème posé. La validation d’un modèle scientifique passe toujours par une confrontation aux données mesurées. Aussi, en proposant de caractériser l’acceptation des TIC par la notion 74 Une bonne corrélation entre l’utilisation réelle des TIC et le score de symbiose mesuré par le questionnaire. Plus les questionnés se déclarent d’intenses utilisateurs, plus le score global de symbiose devra être élevé, et inversement. Une valeur explicative supérieure à celle du TAM [7, 8, 11] soit plus de 24% de la variance expliquée. Une fiabilité ou cohérence interne de l’échelle devrait être élevée, sans quoi nous rejetons le modèle de la symbiose. A l’inverse, si les items ont une relation forte avec la variable latente (notion de symbiose) alors ils auront une forte corrélation entre eux. On s’attendrait donc à un Alpha de Cronbach supérieur à .70. Une échelle fidèle ou stable doit assurer un rapport minimum entre la somme des variances des items et la variance du score total de l'échelle entre les répondants. Plus une échelle présente un cœfficient Alpha élevé, plus sa fidélité est jugée excellente. Une bonne corrélation de tous les items et des souséchelles qui montrerait une relation entre toutes les réponses aux questions. Cela serait un élément de preuve de ce nous appelons l’équivalence (ou la proximité) des modèles en jeu à chaque niveau de la 5. lation gérée, régulation des changements a été dépassée et l’on assiste au développement de conduites inventives (ou innovantes). symbiose [2] et [3]. Si cette corrélation de toutes les réponses aux items existe, nous pouvons alors supposer qu’il serait intéressant, pour mesurer le niveau de symbiose, de ne mesurer qu’un seul niveau (ou du moins d’identifier la sous-échelle qui est la plus déterminante). Nous tenterons par la méthode de régression ascendante de mettre en évidence ce trait particulier. Des résultats ayant une structure factorielle organisée autour d’un seul facteur qui restitue la notion de symbiose. Une forte corrélation inter-items suggère que tous les items partagent une notion commune. Ainsi une échelle unidimensionnelle ou une dimension d’une échelle multidimensionnelle serait un indicateur supplémentaire de la véracité de la notion de symbiose. Ceci nous donne donc un questionnaire à 27 questions, fondées sur les 9 cases du tableau 1 multipliées par les trois niveaux d’intensité. Chaque question correspond à un croisement entre les processus en jeu dans la symbiose et les niveaux de la symbiose. 1. Les TIC sont d’un grand intérêt. 2. Je sais manipuler les TIC. 3. Je n’ai jamais de problème avec les TIC. 4. Je sais comment faire pour réaliser ce que je souhaite à l’aide des TIC. 5. Si une TIC est en panne, j’essaie de « bidouiller » pour la remettre en fonctionnement. 6. Je pense que je suis capable de réparer une TIC en panne. 7. Dans la société, les TIC sont omniprésentes. 8. Les TIC me proposent des fonctions qui me permettent de gagner du temps et d’être plus efficace au quotidien. 9. J’organise ma vie quotidienne (communications, relations, travail) en fonction de ce que les TIC me permettent de faire. 10. Les TIC sont faciles à utiliser. 11. Je peux apprendre rapidement à utiliser les TIC. 12. Le simple fait d’utiliser des TIC m’amuse. 13. Les TIC m’indiquent clairement la manière dont je dois les utiliser. 14. Les concepteurs de TIC tiennent compte de l’avis des utilisateurs. 15. J’aime beaucoup passer du temps à comprendre comment fonctionne une TIC. 16. Pour réaliser mes activités quotidiennes, je trouve que les moyens traditionnels sont souvent moins appropriés que les TIC. 17. J’ai l’impression que les interactions que j’ai avec les TIC sont toujours optimisées. 18. Les opérations proposées par les TIC donnent un côté plus ludique (= plaisant et amusant) à mes activités. 19. Je pense que les TIC sont faites de telle manière qu’elles permettent à l’homme de conserver ses habitudes. 20. J’ai l’impression que l’évolution des TIC va dans le sens d’une meilleure adaptation aux attentes de l’homme. 21. J’ai l’impression que les TIC devancent les besoins humains. 22. L’usage des TIC me transforme mentalement. 23. Je sais gérer les changements que m’imposent les TIC. 24. J’utilise assez souvent les TIC pour autre chose que ce qui est initialement prévu. 25. Les TIC s’intègrent facilement dans la société. 26. Je pense que les changements produits par les TIC dans la société sont prévisibles et donc gérables. 27. Les changements engendrés par les TIC dans la société sont bénéfiques car ils me permettent d’être créatif. Tableau 2 : les 27 items de l’échelle de symbiose humaintechnologie-organisation. METHODOLOGIE Matériel La méthode utilisée repose sur l’élaboration et la validation d’une échelle quantitative de mesure de l’acceptabilité des technologies. Elle se présente sous la forme d’un questionnaire dont la validation fait l’objet du présent article. Ce questionnaire tente de repérer la relation (acceptation/refus) entretenue par les humains avec les TIC. Conscient de la polysémie de ce concept, les TIC sont ici vues d’un point de vue générique. C’est un des avantages de ce questionnaire. Nous nous intéressons donc à toutes les TIC en général, et à leurs représentations chez de nombreux utilisateurs. Le référencement de 19 types de TIC permet aux questionnés de déclarer ce qu’ils utilisent ou pas comme TIC et la durée d’utilisation. Nous avons donc une mesure déclarée (en nombre et en temps) des TIC utilisées par les questionnés. Ce questionnaire reprend à la fois les trois processus à optimiser lors de la mise en place d’une TIC (fonctionnalité, utilisabilité, régulation) ainsi que les trois domaines concernés par la symbiose (homme, technologie et organisation). Les trois processus seront subdivisés à nouveau en trois, représentant des niveaux de symbiose successifs ou en quelque sorte l’intensité de la relation symbiotique (faible, moyenne ou forte) : 1. 2. 3. La fonctionnalité perçue est appréciée par l’idée que l’utilisateur n’a pas le sentiment de maîtriser la TIC, possède une maîtrise opératoire (maîtrise du fonctionnement visible), ou a développé une maîtrise cognitive (maîtrise du fonctionnement interne) de la technologie. L’utilisabilité perçue est également appréciée par trois critères : sans utilisabilité perçue, simplicité et facilité d’utilisation, ou perception d’aisance dans l’utilisation. La régulation sociale perçue est également vue en trois niveaux : sans aucune régulation perçue, régu- Le découpage du questionnaire en six sous-échelles (fonctionnalités, utilisabilité, régulation, technologie, homme, contexte) n’est pas explicité aux questionnés. La passation se fait en auto-administration. Les personnes doivent coter la fréquence avec laquelle ils ressentent 75 • différentes impressions sur une échelle de Lickert en 7 points allant de 0 « jamais ressenti » à 6 « ressenti très fréquemment ». Un score élevé à l’item évoque un niveau élevé de symbiose, à l’inverse un score faible évoque un faible niveau de symbiose. Pour chaque échelle, le score recueilli a la même signification en fonction de son niveau mais correspond plus particulièrement aux fonctionnalités, à l’utilisabilité, à la régulation sociale, au niveau de la technologie, de l’homme ou du contexte. Arbitrairement, nous avons décidé que le score moyen de symbiose serait la moyenne des scores obtenus à chaque question. De la même façon, le score de chaque échelle sera la moyenne des réponses aux questions correspondantes. • à une plus grande qualité du modèle proposé qui balaye bien tout le champ de la relation hommetechnologie-organisation. au type de population choisi qui est tout de même extrêmement typique dans son rapport à la technologie. Nous avons ici en majorité des personnes qui semblent avoir un rapport en tout ou rien à la technologie. Il faudrait tester une nouvelle fois ce critère sur un échantillon plus vaste, représentatif de la population générale. Fidélité : Alpha de Cronbach à 0.9 Le coefficient Alpha de Cronbach obtenu pour l’ensemble des items s’élève à .954, ce qui traduit une excellente cohérence interne de l’échelle. Seuls les items 7, 21 et 25 une fois enlevés augmenteraient la cohérence interne du questionnaire à .956 (pour la question 7) et .955 (pour les questions 21 et 25). Pour augmenter la fidélité, nous pourrions améliorer ces questions pour une prochaine version de l’échelle. Ceci dit, la fidélité du questionnaire est déjà très bonne. Nous pouvons donc conclure que notre questionnaire dispose d’une excellente consistance interne. Presque tous les items contribuent bien à la mesure du score final de symbiose1. La première partie du questionnaire porte sur les caractéristiques du répondant (âge, sexe, expérience...), en particulier dans son rapport aux TIC (nombre de TIC utilisées et durée d’utilisation déclarée). La seconde partie est présentée dans le tableau 2. Participants et procédure L’échantillon était composé de 101 hommes et 71 femmes d’un âge moyen de 38,45 ans (écart-type = 20,68 ; âge minimum = 18 ans ; âge maximum = 84 ans). La passation de ce questionnaire est relativement courte, de 5 à 10 minutes en fonction des sujets. Corrélation des items entre eux, items-échelle, échelle – sous-échelle et sous-échelles entre elles. En ce qui concerne la corrélation des items avec l’échelle globale de symbiose, seuls 2 items (7 et 25) possèdent des corrélations inférieures à .35. Plus de 81% des autres items ont des corrélations supérieures à .60. (p= .01). Excepté les items 7, 21 et 25, tous les items sont au minimum corrélés à r = .30 (p < .01) à 19 autres items. Au total 65,52% des 351 corrélations effectuées sont supérieures à .40 (p = .01). Les sous-échelles, quant à elles, sont toutes très fortement corrélées à l’échelle globale de symbiose (p= .01) avec des corrélations allant de .89 pour l’échelle de régulation à .96 pour l’échelle d’utilisabilité (figure 1). RESULTATS Les résultats sont restitués selon l’ordre des attentes exprimées dans la partie « problématique ». Corrélation entre l’utilisation des TIC et la symbiose : supérieure à 0.6 Pour présager de l’efficacité de l’échelle de symbiose, nous avons donc demandé aux répondants de nous lister les TIC qu’ils utilisaient. Nous les avons comptées, ce qui a permis ensuite de calculer une corrélation entre le nombre de TIC utilisées et le score de symbiose. Il apparaît que le nombre de TIC utilisées suit le score de symbiose (r= .68 ; p < .001). Ce score diminue également avec l’augmentation de l’âge du répondant (r= -.67 ; p < .001). Les sous-échelles sont également fortement corrélées entre elles avec des indices allant de .67 pour les échelles de régulation et de fonctionnalité, à .92 pour les échelles d’utilisabilité et celle du niveau de l’homme. Si l’on étudie les corrélations des sous-échelles deux à deux, elles sont toutes fortement corrélées les unes avec les autres. Valeur explicative supérieure au TAM (46% contre 24%) Une régression par la méthode ascendante effectuée sur la part représentée par le score de symbiose dans l’explication d’une plus ou moins forte utilisation des TIC, montre que la symbiose explique 46% des variations observables dans le nombre de TIC utilisées. De ce point de vue, notre modèle explique 46% de la variation dans l’utilisation des TIC. Ce pourcentage obtenu parait énorme par rapport à celui mis en évidence par Davis [7, 8] dans le TAM et par dans le TAM révisé [11] soit 24%. Nous pouvons penser que ce résultat élevé pour notre modèle soit dû : Comme attendu, le calcul de la régression ascendante permet de mettre en évidence un facteur suffisant ou un trait particulier qui est fortement explicatif de la relation symbiotique. Parmi les sous-échelles, c’est celle d’utilisabilité perçue qui s’avère être la plus explicative des variations du score global de symbiose : environ 92% de la variance provient de cette sous-échelle (r² ajusté= 1 Si l’on tente de savoir comment améliorer encore la fidélité grâce à l’Alpha de l’échelle sans l’item, nous remarquons que la suppression de 3 items améliorerait la fidélité. 76 même d’expliquer le comportement humain dans les environnements techniques. Qui plus est, cette théorie souligne que nos façons de travailler, de vivre et de penser se trouvent transformées en même temps que le système technique dans lequel elles se déroulent. De ce point de vue, la technologie agit sur l’être humain qui, à son tour, agit sur les facteurs technologiques qui le déterminent. C’est donc bien la nature des relations en œuvre qui permet d’expliquer la valeur des nouvelles technologies et l’orientation de la conduite humaine dans les systèmes technologiques. Ces valeurs associées à la technologie relèvent des fonctionnalités proposées, de leur niveau d’utilisabilité perçues et finalement des formes de régulations sociales qui leurs sont attachées. Par voie de conséquence, l’humain évalue les TIC en fonction du modèle de connaissance qu’il s’en construit, ce modèle étant fondé d’abord sur les fonctionnalités, l’utilisabilité et les régulations et sur la compatibilité entre les modèles de connaissances en jeu. Autrement dit, soient : .916). Bien entendu, il s’agit d’une supériorité relative, car les autres sous-échelles ont des pourcentages d’explicativité très élevés également étant donné que toutes sont très fortement corrélées à l’échelle globale. Fonctionnalités Utilisabilité .912 Régulations .957 .889 Symbiose .937 Organisation .953 .948 Homme Technologie • • Une fonctionnalité « f » ; S(f) la réalisation d’une fonctionnalité f par un système technique, • H(f), le modèle mental lié à la fonctionnalité f, • T(f), le travail réalisé avec la fonctionnalité f, • U(S(f)) l’utilisabilité de la fonctionnalité f implantée dans le système S. • H(S(f)) le modèle de connaissance de l’homme, c’est-à-dire la représentation mentale de la fonctionnalité f implémentée dans le dispositif. • T(S(f)) le travail à réaliser avec le système. • R(S) la régulation du système, c’est-à-dire son adaptabilité aux variations de la situation ; • R(H) la régulation de l’homme, c’est-à-dire les processus psychosociaux de son rapport à la technologie ; • R(O) la régulation de l’organisation, les formes de changements organisationnels réactives à la mise en place du nouveau dispositif. Moins il y a de désaccord entre les modèles de connaissances en jeu et plus la relation symbiotique est importante. Autrement dit, plus les niveaux et les processus sont compatibles, plus l’utilisation générale d’une TIC s’en trouve optimisée : plus S(f), H(f), T(f) sont proches ; plus U(S(f)), H(S(f)), T(S(f)) sont également proches ; et plus R(S), R(H), R(O) le sont aussi ; et plus le système technologique est d’une nature symbiotique optimisée. Figure 1 : Corrélations échelle de symbiose avec chacune des sous-échelles (fonctionnalités, utilisabilité, régulation, homme, technologie, organisation) Analyse factorielle La structure factorielle des résultats repose principalement sur un facteur qui comprend 19 items et explique plus de 46% de la variance du score de symbiose. La dissémination des résultats sur les autres facteurs est relativement faible, sauf pour les questions 7, 21, 25 et 26 qui pourraient être révisées. DISCUSSION Cette recherche tente de comprendre et mesurer les facteurs qui expliquent l’acceptation de TIC. L’intérêt de cette question réside dans le fait de mieux comprendre les comportements des utilisateurs et de souligner que ces comportements sont déterminés par une série de cognitions qui relève de la manière dont les humains s’emparent des TIC dans un contexte organisationnel donné. Au-delà de son intérêt explicatif, ce type de recherche a également pour objectif de permettre la prise en compte des facteurs qui déterminent une utilisation harmonieuse des TIC et cherche donc à pronostiquer des succès ou échecs d’utilisation, sur la base d’une échelle composée de 27 items. Aujourd’hui, les modèles [5, 7, 8, 9, 10, 12, 15] dont le manager, l’ergonome, l’ingénieur et l’informaticien disposent sont souvent discutés grâce à des recherches écologiques ou des validations empiriques. Or comme le souligne Illia et Roy [12], les modèles proposés renvoient à des théories distinctes rarement superposables. Il est donc nécessaire de disposer d’une théorie unifiée et de résultats pour valider cette théorie. Pour ce qui nous concerne, nous estimons que notre modèle de la symbiose présente des intérêts scientifiques importants à Les résultats présentés, qui se situent au niveau des représentations (car il s’agit d’un questionnaire), nous amènent à considérer que l’échelle proposée présente des qualités statistiques qui vont dans le sens d’une validation du modèle de la symbiose humain-technologieorganisation. En effet, si l’on s’intéresse aux souséchelles, on s’aperçoit que celles-ci sont toutes très fortement corrélées à l’échelle globale de symbiose. Nous pouvons donc penser que presque tous les items et toutes 77 10. Karahanna, E. & Straub, D.W. (1999). The Psychological origins of perceived usefulness and ease of use. Information and Management, Vol. 35, No. 4, pp. 237-250. les sous-échelles sont une mesure pertinente de la symbiose telle que modélisée dans le tableau 1, c’est sans doute un élément de validation qui souligne (comme attendu dans [5 et 6]) que la symbiose est un phénomène constitué de cognitions interdépendantes et imbriquées les unes dans les autres. 11. Gill, S.K., (Ed). (1996). Human Machine Symbiosis: The Foundations of Human-Centred Systems Design. Springer Verlag. Finalement, le score global de symbiose est conforme à celui que nous attendions, même au-delà. Aussi, avonsnous tendance à penser que ces résultats sont suffisamment significatifs pour que de nouvelles passations de ce questionnaire aient lieu sur un échantillon plus large. 12. Illia, A., & Roy, M.C. (2001). Utilisation des TI par les managers : Vers un modèle conceptuel intégré, Document de Travail 2001-002, 2001. http://www.fsa.ulaval.ca/rd 13. Licklider, J.C.R., (1960). Man-Computer Symbiosis. 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Scapin [3], le critère de guidage/sous-critère retour d’information qui prône l’affichage de l’information là où l’utilisateur est censé regarder pouvait être interprété comme: au moins afficher l’information dans la zone la plus visible de l’écran. Dans ce même référentiel, le critère charge de travail/sous-critère actions minimales qui incite à une longueur de trajectoire d’interaction la plus courte possible était entendu comme: réduire le nombre d’actions physiques (déplacements de la souris, entrées de données) nécessaires à l’accomplissement d’un but. Si la complexité de l’ouvrage pour des IHM classiques s’est toujours soldée par un échec des générateurs d’IHM [14], le déconfinement des IHM complexifie encore le problème. Cet article traite de la métamorphose des Interfaces Homme-Machine (IHM) qui, grâce aux progrès technologiques, passent du centralisé au distribué, du classique à l’exotique, du monomodal au multimodal, de l’explicite à l’implicite, du sédentaire au nomade et du rigide au plastique. L’article se focalise sur la plasticité des IHM, c’est-à-dire la capacité d’une IHM à s’adapter à son contexte d’usage (<utilisateur, plate-forme, environnement>) dans le respect de son utilisabilité. Un espace problème est dressé, recensant les questions à se poser lors de l’ingénierie d’IHM plastiques. Ces questions sont aujourd’hui ouvertes, en l’attente d’un recul suffisant pour l’élaboration peut-être de recommandations ergonomiques servant alors de garde-fou à l’ingénierie d’IHM plastiques. MOTS CLES : Métamorphose des IHM, plasticité des IHM, adaptation, contexte d’usage, utilisabilité. Avec les avancées des réseaux et les progrès en miniaturisation, l’utilisateur est imaginé comme mobile, évoluant dans un environnement varié et recourant, de manière opportuniste, à des plates-formes d’interaction diverses. Si cette vision séduit du point de vue de l’usage, elle pose de nouveaux défis en ingénierie de l’Interaction Homme-Machine. Vous êtes au salon, confortablement installé dans votre canapé quand tout à coup votre mobile, perdu au fin fond de votre sac, vous annonce l’arrivée d’un message (SMS). Dans le meilleur des cas, vous entendez la sonnerie et courez à la recherche de votre mobile. Mais quid alors des critères de guidage et charge de travail? Dans le pire des cas, vous n’entendez pas la sonnerie et découvrez votre message trois jours plus tard. Pourquoi votre SMS ne s’afficherait-il pas sur la surface d’affichage à laquelle vous faîtes face (mur, télévision, etc.), filtrant les éléments du SMS selon votre contexte d’usage? Si typiquement vous êtes en réception, il pourrait être indiscret de dévoiler l’identité de l’émetteur. En revanche, au départ de vos convives, pourquoi la pièce ne vous rappellerait-elle pas l’existence de ce message en attente? Pourquoi ne vous permettrait-elle pas d’y répondre sans grimper à l’étage pour chercher votre mobile? La notion d’espace interactif prend alors tout son sens extirpant le desktop de sa boîte grise. ABSTRACT This paper deals with the metamorphosis of User Interfaces (UI) in ambient intelligence. Thanks to technological advances, UIs can now be distributed, multimodal, exotic in their input and output devices, no more limited to explicit interaction, mobile and plastic. This paper focuses on plasticity. In Human-Computer Interaction, plasticity refers to the ability of a UI to withstand variations of context of use while preserving usability. A problem space is provided. It identifies open issues that computer scientists have to deal with when developing plastic UIs. A revision or extension of traditional ergonomic criteria might be relevant for both guiding developers and sustaining evaluation. KEYWORDS : Metamorphosis of UIs, advanced UIs, plasticity of UIs, adaptation, context of use, usability. INTRODUCTION Jusqu’ici l’interaction Homme-Machine était confinée à une unique plate-forme: l’utilisateur était scotché à son ordinateur boîte grise et interagissait avec ses traditionnels clavier-souris. Les Interfaces Homme-Machine (IHM) étaient conçues selon des méthodes centrées utili- 79 Dans une première section, l’article dresse les lignes de force de la métamorphose des IHM. Parmi elles, nous retenons la plasticité qui, lorsqu’appliquée aux IHM, dénote la capacité d’un système interactif à s’adapter à son contexte d’usage dans le respect de son utilisabilité. Le contexte d’usage est ici défini comme un triplet <utilisateur, plate-forme, environnement>. L’article se focalise sur la plasticité. Il en présente l’espace problème mettant ainsi au jour un ensemble de questions à se poser lors de l’ingénierie d’IHM plastiques. Ces questions, aujourd’hui sans réponse, pourraient justifier une relecture, voire un ré-examen des critères et recommandations ergonomiques actuels pour mieux assister les informaticiens dans la conception et l’évaluation de tels systèmes. exemples, AmbientRoom [12] (Figure 2) qui imaginait les fioles comme dispositifs de sortie ou plus récemment l’IO Brush [23], un pinceau magique permettant de prélever un motif (couleur, texture, mouvement) dans le monde physique puis de le reproduire et le manipuler dans le monde numérique. En produits commercialisés, mentionnons le lapin de Violet (le «Nabaztag») qui allie entrée et sortie (http://www.nabaztag.com). METAMORPHOSE DES IHM Avec les avancées technologiques, les IHM passent: • Du centralisé au distribué. Pour exemples: la métaphore du peintre explorée dans Pick and Drop [20] ou la télécommande universelle développée dans Pebbles [15]. Les IHM ne sont plus concentrées en un unique écran. Elles s’étalent sur un ensemble de plates-formes mettant à profit les caractéristiques intrinsèques et extrinsèques de ces plates-formes. Dans Pick and Drop par exemple (Figure 1), l’assistant personnel (PDA), par son caractère mobile (intrinsèque) est perçu comme une palette d’outils dans laquelle l’enseignant vient piocher couleurs, dessins, films… Figure 2: De l’écran aux fioles en dispositifs de sortie [12]. Si ces dispositifs restent marginaux, ils forcent néanmoins une ouverture d’esprit: les sorties ne sont plus limitées aux seuls écrans et les entrées peuvent être médiées par des dispositifs autres que les claviers-souris. Dès lors, les notions d’entités physiques et de rôles supplantent l’ex triptyque écran-clavier-souris [13]. Un mur est une entité physique appropriée pour jouer le rôle de surface d’affichage. Le doigt ou un stylo par leurs formes allongées peuvent jouer le rôle de dispositifs d’entrée. Quant à la main, certains y voient dans l’alignement des doigts l’opportunité d’un affichage par lignes [1] (Figure 3). Figure 1: La métaphore du peintre dans Pick and Drop [20]. L’IHM de l’éditeur de dessin est distribuée entre un PDA et un PC. • Figure 3: La main en dispositif de sortie [1]. On pourrait imaginer d’autres rôles aux PDA, par exemple, l’affichage d’informations personnelles. Par leur petite taille d’écran et a priori leur proximité de l’utilisateur, l’information devrait en effet y être peu lisible pour des coups d’œil indiscrets; Du classique à l’exotique dans les dispositifs d’entrée/sortie. Alors que nos ordinateurs de bureaux arborent inlassablement le triptyque écranclavier-souris, des prototypes de recherche rivalisent d’imagination tant en entrée qu’en sortie. Pour Ainsi, tout objet de l’environnement, dès lors qu’il est perçu et/ou manipulable par le système, devient dispositif potentiel d’entrée/sortie et prend alors part à la plate-forme au même titre que les anciens écrans-claviers-souris. C’est un déconfinement des IHM au profit du monde physique. Les recherches en systèmes mixtes entrent dans ce cadre; 80 • • • Du monomodal au multimodal. Classiquement, l’interaction Homme-Machine privilégie la vue, le toucher et l’ouie. Les autres sens humains sont négligés. Le projet Exhalia de France Telecom explore l’olfactif. Lorque l’utilisateur navigue sur Internet, des odeurs accompagnent les images. Les recherches sont aujourd’hui prospectives, mais on pourrait imaginer, pour la sécurité, d’exprimer un danger ou d’en renforcer le signal par une odeur diffuse. L’utilisateur n’est alors plus rivé devant l’écran ou le voyant. L’odeur est diffusée là où l’utilisateur se trouve, satisfaisant ainsi l’exigence de retour d’information telle qu’exprimée dans le référentiel de C. Bastien et D. Scapin [3]; De l’explicite à l’implicite. Alors que les actions physiques explicites de l’utilisateur sur les dispositifs d’entrée dirigeaient jusqu’ici l’interaction Homme-Machine, elles perdent aujourd’hui leur monopole. Désormais, la pièce peut vous écouter, comprendre le propos du discours et en compléter la teneur par des informations affichées, par exemple, au mur. C’est de l’interaction implicite; Du sédentaire au nomade. Jusqu’ici scotchées à leur ordinateur d’exécution, les IHM "valsent" désormais dans leur espace interactif, au gré de l’utilisateur, selon l’arrivée et le départ de ressources. Elles migrent partiellement ou totalement, changeant ainsi leur état de distribution et s’adaptant si nécessaire aux capacités de la plate-forme cible. Typiquement, dans les surfaces augmentées de Rekimoto [21], la présentation des objets (tables et chaises) s’adapte à l’inclinaison horizontale (vue de dessus 2D) ou verticale (perspective 3D) de la surface d’affichage (Figure 4). rante de différentes façons et rajoute la date lorsque ceci est possible (Figure 5). Cette forme de plasticité est appelée remodelage: elle joue sur la présentation des concepts du domaine et des tâches utilisateur sans changer l’état de distribution de l’IHM: l’IHM était centralisée sur une certaine machine M. Elle reste centralisée sur cette même machine M. Figure 5 : Dans FlexClock [11], la présentation de l’heure et optionnellement de la date s’adapte à la taille de la fenêtre. C’est un exemple de remodelage. A l’époque, la plasticité n’était étudiée que sous cet angle. C’est plus tardivement que la réflexion est élargie comprenant que la métamorphose des IHM diversifie les leviers de plasticité. Par exemple, dans Sedan-Bouillon [2] (un site web pour la promotion des pays de Sedan et Bouillon, site web plastique développé dans le cadre du projet européen CAMELEON), l’arrivée d’un PDA est vue comme l’opportunité d’étaler l’IHM entre l’actuel PC et ce nouveau PDA. Dans ce prototype, lorsque l’utilisateur Lionel se ballade sur le site web à partir d’un PC (log_Lionel_0 sur la figure 6a) et s’y connecte subitement via un PDA (log_Lionel_1), une proposition de redistribution lui est faite (Figure 6a): le site est structuré en un titre, une barre de navigation et un contenu. Lionel peut afficher là où il le souhaite les différents espaces de travail. Lionel choisit d’avoir le titre et le contenu sur PC (Figure 6b) et souhaite disposer sur PDA du titre et de la navigation (Figure 6c). Cette redistribution lui permet de parcourir le site, confortablement installé dans son canapé. On notera que, dans ce prototype, l’adaptation est placée sous le contrôle de l’utilisateur. Ce contrôle explicite requiert une IHM (Figure 6a). Nous appelons méta-IHM cette IHM de la plasticité. La méta-IHM est en charge de rendre observable et contrôlable à l’utilisateur le processus d’adaptation. Figure 4 : Les objets s’affichent en 2D versus 3D selon l’inclinaison de la surface d’affichage (table horizontale / écran vertical) [21]. • Du rigide au plastique. Alors que jusqu’ici les IHM étaient "de marbre" répondant aux seules actions de l’utilisateur, elles s’adaptent désormais à un contexte d’usage changeant. On parle de plasticité lorsque l’adaptation se fait dans le respect de l’utilisabilité. Un exemple classique est celui de FlexClock [11] qui, selon la taille de la fenêtre, affiche l’heure cou- Si, dans la métamorphose des IHM, la multimodalité (du monomodal au multimodal) est un moyen de remodelage en plasticité, les autres axes relèvent de 81 la redistribution: "du centralisé au distribué" est une redistribution de l’IHM sur la plate-forme; "du classique à l’exotique", une redistribution entre les mondes physique et numérique; "de l’explicite à l’implicite", une redistribution des tâches entre l’utilisateur et le système, "du sédentaire au nomade", une redistribution dynamique. La redistribution est donc un levier fondamental à considérer en cette période de métamorphose des IHM. Elle peut, en pratique, être assortie d’un remodelage pour s’accommoder de capacités différentes entre les plates-formes source et cible. Par exemple, alors que sur PC la barre de navigation figurait en bandeau gauche, elle apparaît horizontalement en partie haute sur PDA (Figure 6c). Jusqu’ici les deux leviers (remodelage et redistribution) ont été étudiés de façon cloisonnée (découverte progressive des difficultés et séparation des préoccupations). La section suivante en propose un espace problème unificateur. PLASTICITE DES IHM La plasticité des IHM est une propriété des systèmes interactifs qui fut introduite en 1998 en réponse à la diversité des plates-formes [25]. Comme à l’évidence l’IHM ne peut être la même sur grand et petit écran, l’idée était de régler, par l’adaptation, les coûts de développement et de maintenance ainsi que les incohérences ergonomiques résultant de développements cloisonnés entre les versions petit et grand écran. Très vite, l’environnement est considéré, l’utilisateur ensuite, pour enfin revenir à la plate-forme comprenant que les IHM n’étaient plus seulement centralisées et sédentaires mais pouvaient se redistribuer au gré du contexte d’usage en termes d’utilisateur, de plate-forme et d’environnement. La définition était alors posée. (a) Le sujet connaît très vite un vif engouement. Différents angles d’attaque se dessinent, en particulier le multiciblage (méthodes et outils pour la construction d’IHM adaptées à un contexte d’usage donné – pour exemple, des outils de forward et reverse engineering tels que Teresa [4] ou WebRevenge [19]), l’information située [24] et la technologie support dite «context aware computing» [7]. Ces différents éclairages confirment la complexité de l’ouvrage. (b) L’ambition de cette section est une prise de recul par rapport aux différentes recherches pour établir un espace problème unique regroupant et structurant les questions clé de l’ingénierie d’IHM plastiques. La structuration s’appuie sur la décomposition fonctionnelle présentée en Figure 7. Cette décomposition fonctionnelle rappelle que la plasticité s’appuie sur des fonctions de reconnaissance du contexte d’usage; qu’elle consiste à calculer l’évolution du système interactif sur changement de ce contexte; que cette évolution peut être apprise; et enfin que l’ensemble du processus peut être placé sous l’observabilité et/ou le contrôle de l’utilisateur via une méta-IHM. Cette section examine chaque fonction. (c) Figure 6 : (a) Méta-IHM rendant observable le contexte d’usage (ici les plates-formes) et proposant à l’utilisateur une redistribution. Lionel demande à disposer sur PC (log_Lionel_0) du titre et du contenu (a et b) et placer sur PDA (log_Lionel_1) la navigation et le titre (a et c). Figure 7 : Décomposition fonctionnelle d’un système interactif plastique. 82 Contexte d’usage La redistribution joue sur l’éparpillement de l’IHM sur les différentes plates-formes. On distinguera les redistributions qui conservent l’état centralisé d’une IHM (migration totale du PC vers le PDA; ces redistributions sont notées CC sur la Figure 9 pour Centralisée vers Centralisée), l’éclatent la faisant passer d’un état centralisé à distribué (c’est le cas de Sedan-Bouillon où le site se répartit entre le PC et le PDA; elles sont notées CD); la reconcentrent sur une unique plate-forme, la faisant ainsi passer d’un état distribué à centralisé (DC) ou en changent l’état de distribution (DD). Dès lors que l’IHM est distribuée, il convient de réfléchir au rôle de chaque plate-forme. Sont-elles par exemple complémentaires en charge chacune d’un sous-ensemble des tâches utilisateur? Agissent-elles en totale équivalence permettant à l’utilisateur de réaliser sa tâche soit sur le PC soit sur le PDA, à sa convenance ? On voit que les propriétés CARE [5] (Complémentarité, Assignation, Redondance, Equivalence) sont ici pertinentes pour raisonner sur la distribution de l’IHM. Si dans la définition de la plasticité, le contexte d’usage est défini en termes d’utilisateur, de plate-forme et d’environnement, dans les faits, les travaux se cloisonnent selon la couverture faite du contexte d’usage. Certains se focalisent sur l’adaptation à l’utilisateur [8]; d’autres sur l’adaptation à la plate-forme [2] tandis que l’environnement reste à notre connaissance encore peu considéré. Reconnaître le contexte d’usage, c’est en premier lieu le percevoir. Dans les travaux de Crowley [6], la perception est dirigée par l’action: ne sont perçus dans le contexte que les éléments jugés pertinents pour diriger l’action, c’est-à-dire l’adaptation. Un modèle de contexte définit les indices à percevoir, par exemple «batterie faible » qui déclenchera un changement de situation. Le contexte est modélisé comme un graphe de situations. Les actions (par exemple, migrer vers la plateforme la plus proche) sont attachées aux changements de situation. Les avantages de l’approche sont nombreux: (a) restreindre la perception à son strict minimum; (b) maintenir l’état courant du contexte et son historique. En pratique, la perception du contexte requiert des capteurs. Rey [22] propose des contexteurs pour la mise à disposition, au bon niveau d’abstraction, des informations de contexte aux systèmes interactifs. Les fonctions d’évolution disposent de ces informations pour calculer et mettre en œuvre la bonne réaction (par exemple, migrer). D’un point de vue de la mise en œuvre de la réaction qu’elle soit de type remodelage et/ou redistribution, six dimensions sont à considérer: • Evolution L’évolution est en charge du calcul et de la mise en œuvre de la réaction. Deux leviers sont identifiés: le remodelage et la redistribution. C’est par l’étude du remodelage que les recherches en plasticité commencèrent. Un premier résultat fut l’identification des niveaux d’abstraction auxquels l’adaptation peut avoir lieu [26]. Le modèle d’architecture logicielle ARCH était mis à profit pour distinguer cinq niveaux d’abstraction: le noyau fonctionnel (NF), l’adaptateur de noyau fonctionnel (ANF), le contrôleur de dialogue (CD), les présentations logique et physique. Les recherches étaient alors menées dans le seul cadre du graphique. Depuis, d’autres modalités sont considérées, en particulier le vocal [4]. Il devient alors pertinent de préciser si les modalités humaines sont préservées ou non lors du remodelage. On parlera de remodelage intra-modal (par exemple graphique vers graphique) lorsque la modalité est préservée, d’inter-modal (aussi dit transmodal, par exemple, graphique vers vocal) pour un changement de modalité et de multimodal dès lors que des modalités sont combinées (par exemple, graphique et vocal dans Teresa [4]). L’intégration de la perspective système de la notion de modalité telle que définie par L. Nigay [17] est un prolongement direct au travail. • • • 83 La granularité de l’adaptation. L’adaptation se faitelle au grain de l’interacteur, compactant par exemple un jeu de boutons radio en un menu déroulant? Se fait-elle au grain de l’espace de travail, c’est-àdire d’un ensemble de tâches logiquement connectées (modification d’un canevas ou d’une fenêtre en graphique)? Ou modifie-t-elle au contraire toute l’IHM? La localisation interne (aussi dite close, notée I) et/ou externe (aussi dite open, notée E) de l’adaptation [18]. Il s’agit ici de décider qui de l’IHM (interacteur, espace de travail ou application) ou d’un tiers (un intergiciel de l’adaptation) embarque les mécanismes d’adaptation. Aucune recommandation n’existe sur le dosage d’interne/externe. Des critères de performance ou d’ouverture peuvent être typiquement considérés. Les approches à service poussent très fort à l’ouverture. L’opportunisme qu’elles laissent percevoir (j’arrive à la gare, je dispose d’un service imprévu) va dans le sens de l’informatique ambiante; Les espaces technologiques au sens de l’Ingénierie Dirigée par les Modèles (IDM ou Model Driven Engineering en anglais), par exemple, JAVA, HTML, etc. …). L’adaptation est-elle intra-espace technologique (par exemple, JAVA vers JAVA), interespaces (par exemple, HTML vers JAVA) ou multiespaces combinant par exemple JAVA et HTML avant et après transformation? La production statique (S) et/ou dynamique (D) des IHM. Les IHM sont-elles préfabriquées (statique) • • rain est quasiment vierge en matière de méta-IHM: aucune théorie, aucun modèle, juste quelques idées de métaphores. Par exemple, nous envisageons les ciseaux (Figure 8a) ou les déchirures (Figure 8b) pour exprimer le caractère détachable ou déchirable d’une IHM: détachable, l’utilisateur peut la découper pour éventuellement la redistribuer; déchirable, c’est à ses risques et périls, une perte d’utilisabilité pouvant s’encourir. Nous envisageons les aimants pour exprimer la compatibilité/incompatibilité d’IHM, les puzzles pour exprimer la complémentarité (CARE). Le domaine du "End-User Programming" est ici à examiner. et/ou générées à la volée (dynamique)? Dans Artistic Resizing [9], c’est un mixte de statique et de dynamique qui est opéré. Les IHM sont préfabriquées à des instants clé de l’interaction (échantillonnage et création par des designers); les transitions sont calculées à la volée; Le déploiement statique (S) ou dynamique (D) de l’adaptation. L’utilisateur doit-il quitter sa session (statique) le temps que l’adaptation se fasse ou l’adaptation se fait-elle à la volée (dynamique) permettant, en parallèle, à l’utilisateur de poursuivre sa tâche? Le grain de reprise, qui permet de mesurer en termes d’actions physiques le coût de l’adaptation pour l’utilisateur. Trois grains sont identifiés: l’action physique (l’utilisateur ne perd aucune action lors de l’adaptation – dans Sedan-Bouillon, si l’utilisateur avait sélectionné «Hotels» sur son site Web, cette sélection est conservée lors de la migration de la barre de navigation sur PDA: l’option «Hotels» y est sélectionnée); la tâche (seules les tâches utilisateur achevées sont alors restaurées – les actions physiques contribuant à la réalisation d’une nouvelle tâche sont perdues); la session (l’utilisateur redémarre de zéro: il a perdu le bénéfice de toutes ses actions). a) b) Figure 8 : Vers de nouvelles métaphores. Ici, les ciseaux et les déchirures pour exprimer le caractère détachable versus déchirable d’espaces de travail. Apprentissage L’apprentissage est une dimension nouvelle en plasticité. L’idée serait ici d’ajuster les règles d’évolution (par exemple, préférer les remodelages aux redistributions) selon les préférences et habitudes utilisateur. Les travaux en User Modeling entrent dans ce cadre. La Figure 9 résume l’espace problème ainsi obtenu. Cet espace problème est à destination des concepteurs pour les aider à (a) imaginer des solutions innovantes et (b) se poser les bonnes questions quant à leur ingénierie. Il ne prétend pas à l’exhaustivité mais compile un ensemble de questions en cours d’exploration dans la littérature ou à investiguer. Méta-IHM La méta-IHM concerne le degré de contrôle accordé à l’utilisateur dans le processus d’adaptation. Au regard du critère de Guidage/sous-critère Retour d’information [3], l’observabilité est le degré minimum. Au delà de cette seule observabilité, une négociation peut être opérée entre l’utilisateur et le système. La dominance de l’utilisateur ou du système est à étudier. Cette réflexion est liée aux critères de contrôle explicite et d’adaptabilité [3] qui méritent d’être ré-examinés sous cet angle. CONCLUSION ET PERSPECTIVES Cet article caractérise, dans un premier temps, la métamorphose des IHM puis se focalise sur la plasticité montrant comment les autres dimensions y sont mises à profit pour passer d’IHM rigides à des IHM capables de s’adapter à leur contexte d’usage. Un espace problème est dressé, compilant des questions essentielles pour l’ingénierie d’IHM plastiques. Au delà des modèles, méthodes et outils permettant la construction, l’exécution et l’évaluation de telles IHM, nous voyons comme perspective au travail l’utilisabilité. Alors que la plasticité revendique dans sa définition la préservation de l’utilisabilité, très peu de travaux sont paradoxalement menés sur cet axe. Des premières règles de dégradation élégante d’IHM apparaissent [10] sans qu’une conciliation et intégration ne soit faite, à notre connaissance, avec les référentiels existants. Le sujet est loin d’être clos s’ouvrant sur de nombreuses communautés. Dans le processus d’adaptation, nous distinguons cinq étapes sujettes à observabilité et/ou contrôle: la reconnaissance du contexte d’usage (rendre observable à l’utilisateur l’arrivée d’un PDA par exemple); l’initiative de l’adaptation, le calcul et la mise en œuvre de la réaction (migrer vers le PDA) et enfin l’évaluation de la réaction et son apprentissage. Ces étapes sont un affinement de Dieterich [8]. Contrairement aux autres fonctions de l’adaptation (contexte, évolution, apprentissage) qui ont déjà fait l’objet de travaux à finalité de plasticité ou autre, le ter- 84 Figure 9 : Espace problème de la plasticité. Dans cet espace, les croix (+) dénotent des valeurs non exclusives contrairement aux tirets (-). . BIBLIOGRAPHIE 1. 2. 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Robillard Département de génie informatique École Polytechnique de Montréal C.P. 6079 succ Centre-ville Montréal, Qc. Canada, H3C 3A7 [email protected] Département de génie informatique École Polytechnique de Montréal C.P. 6079 succ Centre-ville Montréal, Qc, Canada, H3C 3A7 [email protected] ABSTRACT Software development is an intensive cognitive task in which co-located team-mates experience peer-to-peer collaboration, which is composed of face-to-face communications and in e-mail interactions. Global software developments are oriented toward the use of interactive software tools to support and increase the efficiency of globally distributed software developments. This empirical study explores the mechanisms of ad hoc collaboration in a complex industrial software development environment. Observations based on audio-video recording are analyzed with a methodology from the human sciences research domain. The observed characteristics of peer-to-peer ad hoc collaborative activities are presented, showing the impact of the participant roles on the ad hoc communications profile. There is a very great need for ad hoc face-to-face communications in colocated team-work, and these could represent up to 30% of the total team time resources. E-mail interactions were found to be relatively less important. The various profiles of ad hoc communications are compared and global communications patterns are presented. KEY WORDS: Ad hoc collaborations, face-to-face communications, e-mail interactions, empirical studies, team collaborative activties, communications profiles. This shortcoming, according to Perry, Staudenmayer and Votta [8], is primarily the result of the difficulty in quantitatively measuring the human facets of engineering. However, as observed by Seaman [11], more and more studies have been aimed at measuring the so-called “people factors”. Of these factors, communication [12], coordination [4,5] and collaboration [10] among software engineers are relevant aspects on which a number of researchers have focused in the past few years. Along a similar line of study, Perry, Staudenmayer and Votta, who are pioneers in the field, tried to describe how developers spend their time as a software development project unfolds [8]. Their study showed, among other things, that developers spend 75 minutes per day on unplanned informal communications. This observation was later supported by Robillard and Robillard in their study of the different types of collaborative work performed in software engineering [10]. These types are: mandatory meetings, called or scheduled meetings, ad hoc meetings and individual work. A later study by D’Astous and Robillard [3] analyzed the patterns of exchange between team-mates during called meetings. These meetings are scheduled in advance and are mostly peer-review meetings. They built a model to represent the qualitative and quantitative importance of the various exchanges that occur during these meetings. INTRODUCTION Software engineering is becoming increasingly recognized as a human experience, in spite of the fact that the human aspects of software development have been studied little in the past. The whole system is quite complex, since humans interact with computers through various software tools, and they also interact among themselves to share information and synchronize their mental model of the system to be designed. With the rise in global software development, numerous software tools are being built to facilitate distributed development and team interaction. We realized that not much is known about human interaction in co-located teams, which is essentially ad hoc and based on peer-to-peer collaborations and e-mail exchanges. 87 Ad hoc collabaorations are more difficult to study, given their spontaneous nature. They are nevertheless important, since they account for a significant amount of the time spent on a software project, as observed by Perry and his colleagues. These observations convinced them of the importance of these activities to team dynamics, a conviction shared by many other authors in subsequent studies. Herbsleb and Grinter [5] and Seaman and Basili [12] come to mind. Despite a fairly large consensus, no known study has yet described and characterized ad hoc collaborative activities and their corresponding communications patterns. These studies are important for measuring the impact of new technologies such as e-mails and chats on the efficiency of team interaction in building large and complex software projects. col was approved by an independent committee at the École Polytechnique de Montréal, which is mandated to supervise research with human subjects. An Ethics Certificate was issued for this research. RESEARCH METHODOLOGIES The issue of potential bias due to the presence of the camera was addressed by beginning to record three weeks before our desired start date in order to allow our subjects, who were not aware of this buffer period, to become accustomed to the presence of the camera, thus reducing bias to a minimum. During the course of this research, the observer acts as a complete participant for several reasons, the most important being that the topic of this research was to study the efficiency of ad hoc collaborative activites, including their content [1]. The nature of the interactions between the observed software developers required that the observer be in a position to understand the jargon used by observers in their everyday work, as well as the culture of the organization and the sub-culture of the team [6]. Thus, in order to reach this level of understanding, the observer had to become involved fairly actively in the activities of the group. In addition, in order to observe situations that were as valid as possible, the observer had to adopt the viewpoint of an insider, and thus, as discussed above, become an insider himself. However, to avoid introducing subjectivity into the research, the data were validated and analyzed by researchers who were not involved with the team studied. Our observations, based on audio-video recording, were made on a software development team performing in a large software development organization. This team was composed of 13 individuals ranging widely in age, with different levels of schooling from bachelor’s to doctoral degrees in the computer sciences and engineering, and experience ranging from 2 to 16 years in the field and from 9 months to 5 years of service in the company. In addition, even though this team is evolving within a large software organization having a highly standardized process and comprising several thousand software developers in several countries, the setting has the attributes of smaller organizations as well, since development is divided among a number of small teams of up to 15 members each, often located in one place. However, developers regularly need to cooperate with stakeholders from remote locations and in different time zones. This is because they are organized according to their functional expertise as well as by product areas or software components, all of which are ultimately tightly integrated to form a enormous solution of millions of lines of code. In this complex context, collaboration with a wide range of experts is essential. The observation phase was conducted in two successive periods. The first, which we have called the ethnographic period, occupied a time interval of several months during which the observer was integrated within the group as a regular employee. All the necessary measures were put into place to guarantee the ethical use of recordings, and our research proto- 88 The audio-video recording was combined with other methods, including the automatic copying of all electronic e-mail messages exchanged between the members of the group by means of the messaging software used in the company, a daily backup of the source code of the software developed from the versioning system, as well as all the files found on the file server used by the team where working documents were stored. With the audiovideo recordings and e-mail messages, we were confident that we could capture some of the complexity of the cognitive behaviors of software developers in a complex environment. Then, during the two months of the observation and data collection phase, we gathered the following data: • nearly 200 hours of audio-video recordings of working sessions; • around 2,500 e-mail messages exchanged between team-mates; • daily backups of the source code from the versioning system; • all the documents found on the file server shared by the team. This paper reports on the analysis of the peer-to-peer ad hoc collaborations, which is composed of face-to-face (F2F) communications and the e-mail interactions. DATA VALIDATION A detailed analysis was performed on the data obtained from four of the twelve members of the team observed. These subjects were chosen because, through a judged sampling, they were identified during our ethnographic phase as presenting a much more representative behavior than the others. A stratified sample of working sessions was analyzed, and, from that first sample, a number were removed in order to discard bias due to nonrepresentative sessions, where some of the subjects were absent or involved in formal meetings, which prevented them from collaborating with their colleagues as they usually did. Finally, nearly 35 hours of audio-video recordings were analyzed, during which a total of 431 ad hoc collaborative activities were observed involving our four subjects interacting with one another, as well as with other stakeholders. SUBJECT ROLES The observations of the team-mates in their normal dayto-day activities prior to the beginning of recording made it possible for us to identify the role of each of the four subjects within the team dynamics. • • The rookie (MS1) is the new recruit on the team. He tries to gather, consolidate and crystallize all the pieces of information in order to understand the environment as well as the technical content related to developing and maintaining software. The coach (MS2) is the project manager who occupies the formal leadership position. His interests are centered as much on the task as on the person, hoping for little more than adequate output while he tries to convince and motivate his subordinates by making occasional compromises. • The reference (MS3) is responsible for configuration management. While he is not to be considered a guru, he is a fount of knowledge for his colleagues, who often ask him for information or help in solving problems. • The cooperator (MS4) does not play any specific formal or informal role on the team. He is the embodiment of the average developer, performing his tasks well and cooperating fruitfully with his colleagues. MEASUREMENTS OF AD HOC COLLABORATIONS Ad hoc collaborations were identified as activities forming a logical communicative unit of one or more sequences that presents an evident internal continuity, while at the same time being distinct from what precedes or follows it, as defined by [7]. We recall the very specific nature of these collaboration, which are spontaneous, unplanned and of unknown duration. Ad hoc activities, by contrast, are seen by most of the subjects as an interruption of what they are doing. Figure 1 illustrates the importance of ad hoc collaboratons. It shows the average percentages of ad hoc collaborative work observed for each subject throughout the total length of the analyzed recording. For example, MS1 spends 21% of his total working time on ad hoc activities. The two subjects who exhibit leadership in one form or another (MS2 or MS3) spend more 89 time on ad hoc collaboration than the other two subjects. The coach and the reference roles accounted for 29% and 41% of their total time spent on ad hoc collaborative activities respectively. As for the rookie, MS1, and the cooperator, MS4, they spent an average of 21% and 25% percent respectively. 50 41 40 % 30 Ad Hoc Activities 20 29 25 21 10 0 MS1 MS2 MS3 MS4 Participant Figure 1. Average percentages of ad hoc collaborative work observed per participant. On a team basis, the ad hoc activities account for almost 30%, on average, of all their activities. Ad hoc collaborations are only one component of collaborative activities. The other two main collaborative activities are scheduled meetings and mandatory meetings. Team-mates also perform individual work. Ad hoc activities must be initiated by someone. Figure 2 shows the percentage of interactions initiated by each subject. For example, MS1 was involved in 108 ad hoc collaborations, of which he initiated 69, which adds up to 64%. The rookie, MS1, initiated almost twice as many ad hoc collaborations as the other team members. This makes sense, since the rookie was new to the team and on his way up the learning curve. His efficiency depends on gathering more information than the other players. This data may quantify the belief that adding someone new to a project that is late will just delay the project further, since many ad hoc collaborations are initiated by the newcomer to catch up with the team expertise. ad hoc communications is always synchronous, while email interactions could be asynchronous. 80 60 % Initiated 40 Ad Hoc Activities 20 We studied the exchange of e-mail messages to see how this collaboration mechanism compares to F2F communications within this project environment. 0 e-mail messages MS1 MS2 MS3 MS4 60 Team 50 Participant EXT 40 30 Figure 2 Percentage of ad hoc collaborations initiated by the participants. The four observed participants worked as a team on a few components of a large project. In the course of their tasks, they needed to interact with the other 13 participants making up the larger group, and also with three people from outside this larger project group. At the same time, people from outside the observed team needed to interact with the team members. 70 60 Team 50 EXT 40 30 20 10 0 Replied Initiated M S1 Replied Initiated M S2 Replied Initiated Replied M S3 Initiated M S4 Figure 4. Number of e-mail messages responded to and initiated from within and from outside the team. Figure 4 shows that e-mail interaction was not used intensively within the team. The team members seemed to prefer F2F communications. However, e-mail was extensively used by MS2, the manager, to interact with people outside the team, and, by the same token, they used e-mail to interact with him. Comparing Figures 3 and 4, we see that MS2 is the only team member with as many e-mail interactions as F2F communications. 20 PATTERNS OF AD HOC COLLABORATIONS 10 Ad hoc collaboration, F2F communications and e-mail interactions constitute an important component of colocated team dynamics. Below, we integrate the data of all the participants to derive general patterns of ad hoc activities. 0 Replied Initiated Replied Initiated Replied Initiated Replied Initiated MS1 MS2 MS3 MS4 Figure 3. Number of ad hoc collaborations responded to and initiated from within and from outside the team. Figure 3 presents the number of ad hoc collaborations initiated from within and from outside the team for each observed participant. For example, looking at the second pair of columns, starting from the left, we see that MS1 initiated almost 40 ad hoc collaboarations with his teammates, while he responded to almost 30 ad hoc collaborations from someone outside the team. We observe that there is almost as much collaborations between the teammates as with people outside the team. MS2, who occupies the role of manager, is the main link for ad hoc collaborations coming from outside the team, as expected. The Internet, and specifically e-mail interaction, is an important tool for facilitating written ad hoc collaborations, particularly in the software development environment. However, there is an important difference between F2F ad hoc communications and e-mail interactions. F2F 90 The box on the right-hand side of Figure 5 represents the team activities of the four observed participants. In it, we represent the relative percentages of ad hoc collaboration within the team. The upper round arrows indicate that 17% of the total number of ad hoc collaborations are F2F communications among the four observed team members, while the lower round arrows indicate that 4% of the total team collaboration are e-mail interactions among the same participant. The ad hoc activities involving people outside the observed team are represented by the straight and broken arrows on the left-hand side of the team box. The tail of the arrow indicates the origin of those activities. An arrow originating on the left and pointing to the box represents ad hoc activities that are initiated by people outside the team for which observed teammates are responding to. An arrow originating from within the team box and pointing toward the left to the outside represents ad hoc activities that are initiated by one of the four team mem- bers. Straight arrows represent F2F communications, and broken arrows e-mail interactions. Ad hoc collaboration profile F2F communications and e-mail interactions Responded to Face-to-face point from and toward those outside the team, namely 13 other individuals in the organization who have collaborated with the observed participants. Each arrow pointing away from or toward those outside the team refers to the total number of ad hoc collaborations among any of the 18 people involved. For example, MS1 initiated 36 ad hoc collaborations with someone outside the team of four observed participants, and 41 ad hoc collaborations were initiated by someone outside the team. 23% Face-to-face 17% 16% 11% E-mail 4% 9% E-mail Initiated Figure 5. Overview of face-to-face communications and e-mail interactions. The upper arrow pointing to the right, toward the team box, indicates that 23% of the ad hoc F2F communications with one of the team-mates were initiated by a person outside the observed teammates. The second upper arrow pointing to the left, away from the team box, indicates that 16% of the ad hoc F2F communications were initiated by one of the team-mates to a person outside the team. The broken arrow second from the bottom, pointing toward the team box, indicates that 11% of the ad hoc e-mail interactions were initiated by a person outside the team. The broken arrow at the bottom, pointing to the left, away from the team box, indicates that 9% of the ad hoc e-mail interactions were initiated by one of the teammates to people outside the team. We see that F2F communications is still the dominant means for people to collaborate, both within the team and with people outside the team. It should be remembered that this study was conducted on a co-located team, and that the dynamics of ad hoc collaborations could be quite different within teams whose members are scattered. Figure 6 shows some of the previously presented results, combined in the form of a path analysis of the ad hoc collaboration network between the participants and other stakeholders. This diagram stresses the main characteristics of the four participants and their respective roles. The size of the bubbles represents the relative proportion of all collaborations in which each particpant was involved. The size of the arrows depicts the relative number of collaborations initiated by the particpant from whom the arrow originates, and directed to the participant toward whom the arrow is directed. For example, the communication channel MS1-MS2 has 13 communications through MS2, and 8 through MS1. Arrows also 91 Figure 6. Path analysis of the ad hoc collaboration network between the participants and other individuals Figure 6 presents, in detail, the ad hoc collaboration patterns between the team of observed participants and people outside the team. The rookie (MS1) has absorbed information from the team. He mostly initiated ad hoc collaborations to obtain information, as is shown by the fact that there are large arrows pointing away from MS1, and he is rarely involved in responding to requests from within the observed team. This is a quantitative demonstration of the impact of a newcomer on the team dynamics. The cooperator (MS4) was involved with the opposite situation, as shown by the fact that there are many large arrows pointing toward him, which indicates that people have been asking him questions. He was more often interrupted by ad hoc collaborations than he was initiating ad hoc collaborations. This pattern quantitatively confirms his cooperator status. He communicates information in F2F relationships with his colleagues, even though he was not involved in a significantly higher percentage of collaborations than the rookie. The reference (MS3) shows an interesting pattern. He seems to have transferred the information from the outside world to the team. There is a large flow of information coming in from outside, and this flow is propagated, through him, to the team, specifically toward MS2 and MS4. We may recall that MS1 is a junior team member, and so is not likely to have answers to the questions posed by MS3. These data quantify the importance of the reference role to the team dynamics. The coach (MS2) was the main ad hoc collaborator with people outside the team. It is interesting to note that the input from outside the team is almost as important as that for MS4, but, in this case, there is no pattern of internal propagation of the information. MS4 was probably processing the information himself. His ad hoc collaboration with the other team members are more balanced. CONCLUSION This paper presented an empirical study conducted in an industrial software engineering setting with the objective of measuring and analyzing the complexity of the ad hoc collaborative activities observed in a professional software development team. Ad hoc collaborations have been observed in previous studies, but, up to now, there has been little published research on this type of activity, even though it may account for a fairly large proportion of the time spent on a software project. Observational approaches borrow from the social sciences, enabling us to quantitatively measure the activities sustaining ad hoc collaborations. Such studies reveal the importance of face-to-face communications in team activities. This study was conducted in a high-technology environment with experts in software engineering. It is interesting to note that e-mail interactions is not the main channel for collaboration in this setting. Personal contact is an important parameter in team activities. Viewed from the outside, the team seems have good cohesion and capable of working on this project autonomously. This analysis shows that, although the team has good internal cohesion, the members collaborate with the outside world as much as they do among themselves. The need for collaboration in a complex environment is shown to be very important. The ergonomics of the working space for a software development project should take this into account. training is available. Ad hoc collaboration is a kind of ‘just in time’ learning. Some people are friendly and collaborate with everyone, and others act as a kind of a guru who is a resource for all. The cooperator subject of this study exhibited this pattern. This individual is an important team member, either because of his knowledge or his ability to help others, or both. Undue pressure on him for task completion is likely to affect some team members, since a number of teammates rely on him. It is generally acknowledged that managers are fairly busy. In this study, we can see that his ad hoc collaborations with individuals outside the team are more important than those with the observed team-mates. Software development is becoming so complex that team activities are required in most projects. Team activities based on human collaboration are requirements for the emergence of design and new ideas. The social sciences have proven sets of methods and research paradigms to study human collaboration. This paper illustrates how these approaches can be used to derive the exchange patterns of ad hoc collaboration in a team project. Our study provides a deep understanding of the human activities performed within a software development team, and enables us to better understand and quantify the various roles of participants. Although this case study is based on the observation of a specific organization, which constitutes the primary limitation of this type of research, the results can be extrapolated to some extent to a broader set of contexts, any software development organization for example, and possibly any team setting with similar dynamics. ACKNOWLEDGMENT This research would not have been possible without the agreement of the company in which it was conducted, and without the generous participation and patience of the software development team members from which the data were collected. To all these people, we extend our grateful thanks. This research was supported in part by NSERC grant A-0141. BIBLIOGRAPHY This study provides some quantitative basis for evaluating the cost of ad hoc collaborations with respect to the various roles. The reference subject plays an important role in that he is a channel of communication between the team and people outside the team. A significant amount of his time is devoted to this activity. The manager should take this into account in planning the reference subject’s tasks. This analysis stresses the importance of participant roles in ad hoc collaborations. New team members need to achieve team-level expertise, and, in order to do so, they need to communicate on an ad hoc basis even if formal 92 1. Babbie, E. R., The practice of social research, Belmont, CA: Wadsworth Thomson Learning, 2001. 2. Brennan, R. L. and Prediger, D. J., Coefficient Kappa: Some Uses, Misuses, and Alternatives Educational and Psychological Measurement, vol. 6, pp. 687-699, 1981. 3. d'Astous, P. and Robillard, P. N., Empirical study of exchange patterns during software peer review meetings Information and Software Technology, vol. 44, no. 11, pp. 639-48, August 15, 2002. 4. Grinter, R. E., Herbsleb, J. D., and Perry, D. 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Pour une meilleure prise en compte des opérateurs dans la conception de nouveaux produits à partir d'une démarche d’évaluations combinées de l’activité -RKQ)pQL[ -HDQ&ODXGH6DJRW &ODXGH9DORW Chemins de fer fédéraux suisse, Brückfeldstrasse 16, CH-3000 Bern 65 [email protected] Université de Technologie Belfort-Montbeliard, Laboratoire Système et Transport, F-90010 Belfort Cedex [email protected] Institut de Médecine Aérospatiale du Service de Santé des Armées, BP 73, F91220 Brétigny sur Orge Cedex [email protected] KEYWORDS : 'HVLJQ RI QHZ SURGXFWV (UJRQRPLFV &RPELQHGHYDOXDWLRQVRIDFWLYLW\ RESUME 1RV WUDYDX[ V LQWpUHVVHQW j XQH PHLOOHXUH SULVH HQ FRPSWH GHV VDYRLUV HW VDYRLUIDLUH GHV RSpUDWHXUV GDQV OH SURFHVVXV GH FRQFHSWLRQ HW GH GpYHORSSHPHQW GH QRXYHDX[SURGXLWV)DYRUDEOHjO LGpHG XQHHUJRQRPLH GLWH WRWDOH GDQV OH SURFHVVXV F HVWjGLUH G XQH HUJRQRPLH TXL VH GRQQH OHV PR\HQV GH VXLYUH OD FRQFHSWLRQ GX GpEXW j OD ILQ QRV WUDYDX[ PHWWHQW HQ OXPLqUH OHV DYDQWDJHV G¶XQH ©GpPDUFKH G¶pYDOXDWLRQV FRPELQpHV GH O¶DFWLYLWpª &HWWH GpPDUFKH SHUPHW HQ HIIHW G LQWpJUHU GqV OH GpEXW GX SURFHVVXV OD IRQFWLRQ G XVDJH HW G pOLPLQHU WUqV W{W OHV SUHPLHUV SUpFRQFHSWV TXL QH FRUUHVSRQGHQW SDV DX[ DWWHQWHV HW EHVRLQV FH TXH QRXV DYRQV DSSHOp OHV YXOQpUDELOLWpV 'qV ORUV O¶pPHUJHQFH UDSLGH G¶XQ FRQFHSW GH SURGXLW FRQVLGpUp DFFHSWDEOH SRXU O¶HQVHPEOH GHV DFWHXUV GX JURXSH SURMHW HVW IDFLOLWpH /D GpPDUFKH SUpVHQWpH WUDGXLW XQ UpHOLQWpUrWSRXUXQHFRQFHSWLRQTXLVHYHXWFHQWUpHVXU O KRPPHIDFWHXUGHVpFXULWpHWG HIILFDFLWp INTRODUCTION ET PROBLEMATIQUE / REMHFWLI GX SUpVHQW WUDYDLO HVW GH SURSRVHU XQH GpPDUFKH SRXU XQH PHLOOHXUH SULVH HQ FRPSWH GHV VDYRLUV HW VDYRLUIDLUH GHV RSpUDWHXUV GDQV OD FRQFHSWLRQ GH SURGXLWV QRXYHDX[ HQ O RFFXUUHQFH XQ V\VWqPH G DLGH j OD FRQGXLWH IHUURYLDLUH &HWWH GpPDUFKH VH GRQQH SRXU DPELWLRQ GH IDYRULVHU OD VpFXULWpO¶HIILFDFLWpHWOHFRQIRUWGDQVOHWUDLWHPHQWGHV LQIRUPDWLRQV SDU OHV FRQGXFWHXUV HW DLQVL DPpOLRUHU OD SHUIRUPDQFH HW O¶HIILFDFLWp GX V\VWqPH WRXW HQWLHU 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ZRUN FODULILHV WKH DGYDQWDJHV RI D VWHS RI HYDOXDWLRQVFRPELQHGRIWKHDFWLYLW\7KLVVWHSLQGHHG PDNHVLWSRVVLEOHWRLQWHJUDWHYHU\HDUO\LQWKHSURFHVV WKH IXQFWLRQ RI XVH DQG WR HOLPLQDWH DV RI WKH ILUVW FRQFHSWV ZKDW ZH FDOO YXOQHUDELOLWLHV WKXV IDFLOLWDWLQJWKHIDVWHPHUJHQFHRIDFRQFHSWRISURGXFW DFFHSWDEOH WR WKH ZKROH RI WKH DFWRUV RI WKH SURMHFW JURXS 7KLV VWHS LV RI UHDO LQWHUHVW IRU D EHWWHU WDNLQJ LQWR DFFRXQW RI WKH HQGXVHU FRQVHTXHQWO\ VXSSRUWLQJ VDIHW\ FRPIRUW DQG HIIHFWLYHQHVV RI WKH GHYHORSHG SURGXFWV 'DQV OD FRQWLQXLWp GHV WUDYDX[ GX /DERUDWRLUH 6\VWqPHVHW7UDQVSRUWVGHO¶8QLYHUVLWpGH7HFKQRORJLH GH%HOIRUW0RQWEpOLDUG HWHQSDUWLFXOLHUGHVRQpTXLSH GH UHFKHUFKH HQ (5JRQRPLH HW &2QFHSWLRQ GHV 6\VWqPHV (5&26 >@ >@ >@ >@ >@ QRXV QRXV VRPPHV LQWpUHVVpV DX[ SRVVLELOLWpV G¶XQH PHLOOHXUH LQWpJUDWLRQ GX IDFWHXU KXPDLQ j WUDYHUV O¶HUJRQRPLH GDQV OD GpPDUFKH GH FRQFHSWLRQ SDU OD PLVHHQSODFHG¶XQHGpPDUFKHTXHQRXVDYRQVLQWLWXOpH ©GpPDUFKH G¶pYDOXDWLRQV FRPELQpHV GH O¶DFWLYLWpª &HWWHGpPDUFKHTXLVHYHXWSOXULGLVFLSOLQDLUHVHVLWXH GDQVXQFRQWH[WHG¶LQJpQLHULHFRQFRXUDQWH>@HQULFKLH 95 GHV SULQFLSHV GH FRQFHSWLRQ FHQWUpH VXU O¶RSpUDWHXU KXPDLQ>@(OOHODLVVHDLQVLXQHSODFHSUpSRQGpUDQWH DX[ IXWXUV XWLOLVDWHXUV HQ SUHQDQW HQ FRPSWH OHXUV EHVRLQVHWOHXUVDWWHQWHV • /D©GpPDUFKHG¶pYDOXDWLRQVFRPELQpHVGHO¶DFWLYLWpª GRLW LQWHUYHQLU GqV OHV SUHPLqUHV SKDVHV GH OD FRQFHSWLRQ DILQ G¶rWUH j PrPH GH IpGpUHU OHV DFWHXUV GH OD FRQFHSWLRQ DYDQW TXH OD FDSDFLWp UpVLGXHOOH G¶DFWLRQ QH VRLW WURS IDLEOH >@ ,O V¶DJLW GRQF GH SURSRVHU DX JURXSH SURMHW XQH HUJRQRPLH R VHV DFWHXUV GHYURQW rWUH ©DPHQpV j SDVVHU G¶XQ U{OH GH FULWLTXH SDU UDSSRUW DX[ SURSRVLWLRQV GHV FRQFHSWHXUV j XQ U{OH G¶DFWHXU GX SURFHVVXV GH FRQFHSWLRQª>@ 6HORQ QRXV OD PLVH HQ °XYUH GH FHV pYDOXDWLRQV GRLW SUHQGUHHQFRPSWHOHVFULWqUHVVXLYDQWV • OD VpOHFWLRQ GHV PpWKRGHV G¶pYDOXDWLRQ GRLW VH EDVHU VXU OHV REMHFWLIV SRXU OHVTXHOV HOOHV VRQW GHVWLQpHVHWFHFLHQIRQFWLRQGHODVRXUFHGXVDYRLU HWGHVPR\HQVG¶pYDOXDWLRQ • O¶H[SORLWDWLRQ GH OD FRPSOpPHQWDULWp HQWUH OHV GLIIpUHQWV DFWHXUV IXWXUV RSpUDWHXUV H[SHUWV ©HUJRQRPLTXHVª« • OD YDOLGLWp pFRORJLTXH GHV SURQRVWLFV TXL GpFRXOH GHVpYDOXDWLRQV /HV FULWqUHV pQRQFpV SODLGHQW GqV ORUV SRXU OD PLVH HQ °XYUH GH SOXVLHXUV PpWKRGHV G¶pYDOXDWLRQ GDQV OH FDGUH GH OD FRQFHSWLRQ GH SURGXLWV $YDQW G¶LOOXVWUHU QRV SURSRV j WUDYHUV XQ H[HPSOH FRQFUHW QRXV QRXV SURSRVRQV GH UHYHQLU SOXV HQ GpWDLO VXU OHV FULWqUHV pYRTXpV MÉTHODOLOGIE '¶XQHPDQLqUHJpQpUDOHO¶HUJRQRPLHGRLWSHUPHWWUHGH SULYLOpJLHU XQH FRQFHSWLRQ TXL SURSRVH XQH FRQWLQXLWp HQWUH O¶DFWLYLWp DFWXHOOH OH PpWLHU GHV RSpUDWHXUV HW O¶DFWLYLWp IXWXUH ,O V¶DJLW GH YDORULVHU OHV VWUDWpJLHV DFWXHOOHV UpSXWpHV HIILFDFHV GpYHORSSpHV SDU OHV RSpUDWHXUV GDQV OH FDGUH GH O¶DFWLYLWp DFWXHOOH TXL VHUYLUDGHPRGqOHGHEDVHSRXUODFRQFHSWLRQ*URVMHDQ HWFROO>@GDQVOHFDGUHG¶XQHLQWHUYHQWLRQORUVGHOD PLVHHQURXWHG¶XQHEDWWHULHGHIRXUVj&RNHFRQFOXHQW TXH ©SRXU FRQQDvWUH O¶DFWLYLWp IXWXUH RQ GRLW SULYLOpJLHU FKDTXH IRLV TXH F¶HVW SRVVLEOH FH TXH .DUQDV DSSHOOH µO¶H[SpULPHQWDWLRQ GH W\SH ,,¶ XQH H[SpULPHQWDWLRQ GDQV ODTXHOOH VHXOH OD VLWXDWLRQ HVW PRGLILpH PDLV SDV OHV VXMHWVª (Q G¶DXWUHV WHUPHV VL RQPRGLILHOHPpWLHUGHVRSpUDWHXUVRQFRXUWOHULVTXH TXHOHVGLWVRSpUDWHXUVUHSUHQQHQWOHXUVKDELWXGHVHWGH FHIDLWWUDYDLOOHQWGLIIpUHPPHQWGHFHTXLDpWpSUpYX /D SULVH HQ FRPSWH GHV VDYRLUV HW VDYRLUIDLUH GHV RSpUDWHXUVWRXWDXORQJGXSURFHVVXVGHFRQFHSWLRQGRLW VXLYUH XQH GpPDUFKH DSSURSULpH ,QVSLUpV GHV WUDYDX[ SUpFpGHQWVOLpVjODFRQFHSWLRQGHSURGXLWV>@>@HW j OD GpPDUFKH HUJRQRPLTXH SURSRVpH SDU *DUULJRX HW FROO >@ QRXV SURSRVRQV DLQVL XQH GpPDUFKH GH FRQFHSWLRQ HUJRQRPLTXH LWpUDWLYH FRPSUHQDQW OHV pWDSHVVXLYDQWHV • • • HVW LQGLSHQVDEOH j O¶pODERUDWLRQ GH VFpQDULRV TXL VHUYLURQWjODPLVHHQ°XYUHGHVpYDOXDWLRQV&HWWH DFWLYLWp IXWXUH VRXKDLWDEOH GRLW DXVVL LQWpJUHU OHV DWWHQWHVGHO¶HQWUHSULVH ODPLVHHQ°XYUHG¶pYDOXDWLRQVTXLGRLWSHUPHWWUH O¶pPHUJHQFHGHSURQRVWLFVXUO¶DFWLYLWpIXWXUH&HV pYDOXDWLRQV SHUPHWWURQW G¶rWUH j PrPH GDQV XQ SUHPLHU WHPSV G¶DLGHU j OD KLpUDUFKLVDWLRQ GHV SUpFRQFHSWV SURSRVpV SULQFLSHV GH VROXWLRQ HQ YXH GH UHWHQLU XQ FRQFHSW TXL VHUD DFFHSWDEOH SDU WRXVOHVSURWDJRQLVWHVGXJURXSHSURMHW>@'DQV XQ GHX[LqPH WHPSV OHV pYDOXDWLRQV FRQGXLWHV SHUPHWWURQW G RSWLPLVHU HW GH YDOLGHU VXU XQ SODQ HUJRQRPLTXHOHFRQFHSWUHWHQX Sélection de méthodes d’évaluation complémentarité des intervenants et /D VRXUFH GX VDYRLU H[SHUW RX QRQ HW OHV PR\HQV G¶pYDOXDWLRQ DUWLILFLHOV RX UpHOV VRQW OHV SULQFLSDX[ IDFWHXUV TXL FRQGLWLRQQHQW OD VpOHFWLRQ GHV PpWKRGHV G¶pYDOXDWLRQ PDLV OH FKRL[ GH FHV GHUQLqUHV SHXWGRLW DXVVL rWUH SULV SDU UDSSRUW DX[ DWWHQWHV HW EHVRLQV GHV XWLOLVDWHXUVILQDX[8QHSURSRVLWLRQGHFHVDWWHQWHVRX EHVRLQV D pWp SURSRVpH SDU %RQDSDFH >@ HW TXL VRQW SDU RUGUH G¶LPSRUWDQFH D OD VpFXULWp HW OH ELHQrWUH E OHV IRQFWLRQQDOLWpV F OD IDFLOLWp G¶XVDJH HW G OH SODLVLU XQ GLDJQRVWLF GH O¶H[LVWDQW RX FDUDFWpULVDWLRQ j WUDYHUV O¶DQDO\VH GH O¶DFWLYLWp GHV RSpUDWHXUV HW GH O¶HQYLURQQHPHQWDVVRFLp XQ pODUJLVVHPHQW GX FRQWH[WH GH UpIpUHQFH RX JpQpUDOLVDWLRQ j XQ FRQWH[WH SOXV JOREDO EDVp VXU O¶H[SpULHQFH GHV LQWHUYHQDQWV DILQ G¶DLGHU OHV DFWHXUV GX JURXSH SURMHW j SURSRVHU OHV SUHPLHUV SUpFRQFHSWV OD GpILQLWLRQ GX FKDPS GHV DFWLYLWpV IXWXUHV VRXKDLWDEOHVHQDFFRUGDYHFOHVWUDYDX[GH6DJRW HW FROO >@ >@ &HWWH DFWLYLWp UHVWH VRXKDLWDEOH HQWHUPHVGHVpFXULWpG¶HIILFDFLWpHWGHFRQIRUWGHV RSpUDWHXUV (OOH VH EDVH VXU OHV GRQQpHV LVVXHV GH ODFDUDFWpULVDWLRQHQULFKLHVSDUODJpQpUDOLVDWLRQHW 'DQV XQH DSSURFKH SOXULGLVFLSOLQDLUH TXL UHJURXSH HQWUHDXWUHVGHVH[SHUWVGHO¶LQWHUYHQWLRQHUJRQRPLTXH HW GHV XWLOLVDWHXUV ILQDX[ OH JURXSH SURMHW HVW j PrPH G¶XWLOLVHU XQ SDQHO GH PpWKRGHV G¶pYDOXDWLRQ IDLVDQW DSSHO DX[ FRPSpWHQFHV GH WRXV OHV DFWHXUV GX JURXSH SURMHW &KDTXH PpWKRGH SHUPHWWUD G¶DSSRUWHU VRQ ORW G¶DYDQWDJHVDLQVLTXHOHPRQWUHQW%RXWLQHW0DUWLDO>@ VXU O pWXGH GH VLWHV ZHE HQ V DSSX\DQW VXU GHV WHVWV G XWLOLVDELOLWpHWVXUGHVpYDOXDWLRQVKHXULVWLTXHVRFHV PpWKRGHV RQW SX WUDGXLUH XQH UpHOOH FRPSOpPHQWDULWp GDQV OHV UpVXOWDWV REWHQXV $LQVL OD PLVH HQ °XYUH GH 96 PpWKRGHVDQDO\WLTXHVSDUGHVH[SHUWVFRPELQpHVjGHV PpWKRGHV HPSLULTXHV TXL IRQW LQWHUYHQLU OHV IXWXUV RSpUDWHXUV GRLW rWUH HQYLVDJpH j FKDTXH pWDSH GH OD FRQFHSWLRQ /DPLVHHQpYLGHQFHGHODPRGLILFDWLRQGHO¶XWLOLVDWLRQ G¶XQ SURGXLW TXL VH WUDGXLW GDQV XQ HQYLURQQHPHQW G\QDPLTXHSDUXQHXWLOLVDWLRQSOXVJUDQGHGHVPDUJHV &HWWH PRGLILFDWLRQ QH SRXUUD VH SURGXLUH TXH ORUVTXH OHV RSpUDWHXUV DXURQW DFTXLV XQ QLYHDX G¶H[SHUWLVH VXIILVDQWSRXUXWLOLVHUSOXVFRQVpTXHPPHQWOHVPDUJHV GLVSRQLEOHVSKpQRPqQHIDFLOHPHQWREVHUYDEOH 3DU FRQWUH OHV VLPXODWLRQV QH SHXYHQW VH PXOWLSOLHU j O¶LQILQLSRXUGHVUDLVRQVpFRQRPLTXHVpYLGHQWHV'HFH IDLWVRLWO¶RQIDYRULVHODGXUpHGHVWHVWVVRLWOHQRPEUH /HV GHX[ DVSHFWV SHXYHQW rWUH SULV HQ FRPSWH PDLV FHOD LPSOLTXHUD TXH OH QRPEUH G¶pYDOXDWLRQV FURvWUD SURSRUWLRQQHOOHPHQW DX QRPEUH GH WHVWHXUV 1pDQPRLQV VXU OD EDVH GHV WUDYDX[ GH 1LHOVHQ >@ VHXO XQ QRPEUH OLPLWp G¶RSpUDWHXUV GH j VHPEOH VXIILUHjPHQHUjELHQGHVpYDOXDWLRQV 6XU OD EDVH GHV WUDYDX[ GH QRPEUHX[ DXWHXUV >@ >@ >@ >@ >@ >@ >@ HW VHORQ OH EHVRLQ UHFKHUFKp QRXV VRPPHV WHQWpV GH SURSRVHU OHV PpWKRGHV VXLYDQWHV • • • • 6pFXULWp HW ELHQrWUH 35$+5$ HW VLPXODWLRQV HPSLULTXHVSRXUOHVDVSHFWVFRJQLWLIV6LPXODWLRQV YLUWXHOOHV HW HPSLULTXHV SRXU OHV DVSHFWV SOXW{W DQWKURSRPpWULTXHVYRLUHELRPpFDQLTXHV )RQFWLRQQDOLWpV 5pDOLVpHV HVVHQWLHOOHPHQW GDQV OH FDGUH GX GLDJQRVWLF GH O¶DFWLYLWp H[LVWDQWH FDUDFWpULVDWLRQHWHQULFKLHVGHODJpQpUDOLVDWLRQ )DFLOLWp G¶XVDJH (YDOXDWLRQV KHXULVWLTXHV VLPXODWLRQV HPSLULTXHV SRXU OHV DVSHFWV FRJQLWLIV 6LPXODWLRQV YLUWXHOOHV HW HPSLULTXHV SRXU OHV DVSHFWV DQWKURSRPpWULTXHV HW ELRPpFDQLTXHV FRPPHGpMjpYRTXp 3ODLVLU (YDOXDWLRQV UpDOLVpHV GDQV OH FDGUH G¶XQ GLDJQRVWLF G¶XQ ODUJH UHWRXU G¶H[SpULHQFH SDU TXHVWLRQQDLUH APPLICATION Introduction 1RXV DYRQV DSSOLTXp XQH ©GpPDUFKH G¶pYDOXDWLRQV FRPELQpHV GH O¶DFWLYLWpª GDQV OH FDGUH G¶XQ SURMHW GHVWLQpjSURSRVHUXQFRQFHSWG¶LQWHUIDFHSRXUDVVXUHU XQH FRQGXLWH IHUURYLDLUH IOXLGH VHORQ GHV FULWqUHV KRUDLUHV SUpFLV >@ >@ &H SURMHW D FRXYHUW j FH MRXU OD SKDVH GH O¶pWXGH GH IDLVDELOLWp HW GHV pWXGHV SUpOLPLQDLUHVVXUODEDVHGXSURFHVVXVGHFRQFHSWLRQHW GHGpYHORSSHPHQWGHSURGXLWVGpFULWSDU6DJRWHWFROO >@ 9DOLGLWppFRORJLTXH /D TXHVWLRQ GH OD UpHOOH SHUWLQHQFH RX YDOLGLWp pFRORJLTXH DX VHQV GHV FRQGLWLRQV G¶pYDOXDWLRQ GX IRQFWLRQQHPHQW XVXHO UHSUpVHQWDWLYHV GX UDSSRUW WULDQJXODLUHHQWUHOHVLQGLYLGXVO DFWLYLWpRUJDQLVpHGHV LQGLYLGXV HW O HQYLURQQHPHQW GH FHWWH DFWLYLWp GHV pYDOXDWLRQV HIIHFWXpHV HVW XQ VXMHW UpPDQHQW GDQV O¶DSSURFKH HUJRQRPLTXH (Q HIIHW O¶REMHFWLI GHV pYDOXDWLRQVHVWGHSHUPHWWUHO¶pPHUJHQFHGHSURQRVWLFV VXUO¶DFWLYLWpHWYDOLGHUODFRQIRUPLWpHQWUHOHSURGXLWHW OHEHVRLQH[SULPp(QTXDOLWpGHOLHXGHSURMHFWLRQV>@ HW GHVWLQpHV j OD FRQIURQWDWLRQ GHV QRXYHDXWpV DX[ FRQWUDLQWHV HW IDFWHXUV GLYHUV OHV pYDOXDWLRQV GRLYHQW FRQWULEXHU j OD YDOLGDWLRQ RX QRQ GH FHUWDLQV FKRL[ PDLV DXVVL SHUPHWWUH G¶DQWLFLSHU DX SOXV W{W OHV PRGLILFDWLRQV QpFHVVDLUHV (OOHV GRLYHQW SHUPHWWUH VL QpFHVVDLUH©XQHPRGLILFDWLRQGXPRGqOHGHGpSDUWª 'HFHIDLWODYDOLGLWppFRORJLTXHGHVpYDOXDWLRQVQ¶HVW SDV j QpJOLJHU /¶XQ GHV DVSHFWV TXL QRXV VHPEOH SDUWLFXOLqUHPHQW LPSRUWDQW GDQV OH FDGUH GH SURGXLWV LQGXVWULHOV HVW TXH OD IDoRQ G¶XWLOLVHU XQ SURGXLW VH PRGLILH DYHF O¶H[SHUWLVH TX¶DFTXLHUW VRQ RSpUDWHXU >@ >@ &HWWH FDUDFWpULVWLTXH SHXW DYRLU GHV UpSHUFXVVLRQVLPSRUWDQWHVTXLQHVHYHUURQWQRQSDVDX FRXUV GX GpYHORSSHPHQW PDLV ORUV GH O¶XWLOLVDWLRQ UpHOOH$PDOEHUWL>@GDQVVDGpILQLWLRQGHO¶HUJRQRPLH WRWDOH SDUOH ELHQ GH SUpYRLU OH UHWRXU G¶H[SpULHQFH 0DLV OH UHWRXU G¶H[SpULHQFH SHXW V¶DYpUHU LQHIILFDFH SRXUUHPpGLHUjODUpVROXWLRQGHFHUWDLQVSUREOqPHVHW GRQF FHW DVSHFW GRLW rWUH VL SRVVLEOH pYDOXHU ORUV GH OD FRQFHSWLRQ &H SURMHW G¶LQWHUIDFH GHVWLQp j XQ HQYLURQQHPHQW VRFLRWHFKQLTXH FRPSOH[H TXL UHTXLqUH XQ QLYHDX GH VpFXULWp LPSRUWDQW DX[ PXOWLSOHV LQWHUDFWLRQV SUpVHQWDLW XQH IRUWH UHODWLRQ j OD VpFXULWp HW DX PDFUR V\VWqPH &HV UHODWLRQV RQW FRQGLWLRQQp OH FKRL[ GHV PpWKRGHVG¶pYDOXDWLRQXWLOLVpHV 3RXU PHQHU j ELHQ FHV WUDYDX[ XQ JURXSH SURMHW PXOWLGLVFLSOLQDLUH D pWp PLV HQ SODFH HQ IDLVDQW XQH ODUJHSODFHDX[SUHPLHUVFRQFHUQpVOHVFRQGXFWHXUV /H JURXSH SURMHW PLV HQ SODFH D IDLW LQWHUYHQLU GH QRPEUHX[ DFWHXUV UHOHYDQW GH SOXVLHXUV GLVFLSOLQHV HW PpWLHUVWRXWDXORQJGXSURFHVVXVGHFRQFHSWLRQTXLD IDLWXQHSODFHSUpSRQGpUDQWHDX[FRQGXFWHXUVPrPHVL OHXUGLVSRQLELOLWpQ DSDVWRXMRXUVpWpVLPSOHjQpJRFLHU SRXUFHWUDYDLOGHFRQFHSWLRQG ,+0 Diagnostic de l’existant (étude de faisabilité) /D SUHPLqUH pWDSH D pWp GH FRPSUHQGUH OH PpWLHU GH FRQGXLWHHWOHVVWUDWpJLHVGHFRQGXLWHGHVFRQGXFWHXUV &HWWH FRPSUpKHQVLRQ D pWp DFTXLVH SDU O¶REVHUYDWLRQ VXU OH WHUUDLQ GX PpWLHU GH FRQGXLWH SDU OD GLYLVLRQ YR\DJHXUV GHV FKHPLQV GH IHU IpGpUDX[ VXLVVHV &HUWDLQV DVSHFWV RQW G rWUH FRPSOpWpV SDU GHV YHUEDOLVDWLRQV &HV DQDO\VHV RQW PLV HQ pYLGHQFH HQ 97 DFFRUG DYHF GH QRPEUHX[ DXWHXUV TXH O¶DFWLYLWp GH FRQGXLWH DFWXHOOH SHXW rWUH GLIIpUHQWH GH OD FRQGXLWH SUHVFULWH &HWWH GLIIpUHQFH V¶H[SOLTXH SRXU SOXVLHXUV UDLVRQVTXHQRXVQHGpYHORSSHURQVSDVGDQVODSUpVHQWH FRPPXQLFDWLRQ 3RXU UpVXPHU WRXWHIRLV OHV FRQGXFWHXUV PHWWHQW HQ °XYUH GHV VWUDWpJLHV GH FRQGXLWH TXL FKHUFKHQW j RSWLPLVHU j WRXW PRPHQW OD FRQGXLWHDILQG pYLWHUG¶rWUHDUUrWpVjXQVLJQDORXGDQV OHEXWG pFRQRPLVHUGHO¶pQHUJLH&HWWHRSWLPLVDWLRQHVW ODUJHPHQW EDVpH VXU O¶H[SpULHQFH DFTXLVH /HV GLIIpUHQFHV REVHUYpHV HQWUH SUHVFULW HW UpDOLVp TXL VH WUDGXLVHQW SDU GHV VWUDWpJLHV GH FRQGXLWH SURSUHV j FKDTXH FRQGXFWHXU RQW HQ SDUWLFXOLHU JXLGp OD GpILQLWLRQGHO¶DFWLYLWpIXWXUHVRXKDLWDEOH&HWWHDFWLYLWp IXWXUH VRXKDLWDEOH D VHUYL GH EDVH j OD SURSRVLWLRQ GH VFpQDULRV GH FRQGXLWH XWLOLVpV ORUV GHV pYDOXDWLRQV SHUPHWWDQW DLQVL GH IRUPDOLVHU OHV H[LJHQFHV IRQFWLRQQHOOHV /¶DQDO\VH GH O¶DFWLYLWp D SHUPLV GH GpILQLU O DFWLYLWp IXWXUHVRXKDLWDEOHPDLVDXVVLGHPHWWUHHQpYLGHQFHOHV LQIRUPDWLRQV QpFHVVDLUHV j XQH JHVWLRQ WHPSRUHOOH GX WUDLQSDUOHFRQGXFWHXU Evaluation de l’activité future et définition d'un concept (études préliminaires) /HV SURSRVLWLRQV pPLVHV SDU OH JURXSH SURMHW RQW pWp pYDOXpHV JUkFH j OD PLVH HQ °XYUH GH GLIIpUHQWHV PpWKRGHV G¶pYDOXDWLRQ TXL SUpFLVHURQW OHV EHVRLQV GH PRGLILFDWLRQV HW OHV PRGDOLWpV G¶XWLOLVDWLRQ GH O¶LQWHUIDFH MXVTX¶j WHQGUH YHUV XQH GpILQLWLRQ G¶XQ SURGXLW DFFHSWDEOH HW XQH GpILQLWLRQ G¶XQH DFWLYLWp IXWXUH HQYLVDJHDEOH >@ 1RXV FRPSUHQRQV SDU HQYLVDJHDEOHXQHDFWLYLWpTXLDGHIRUWHVFKDQFHVG¶rWUH WUqVSURFKHGHO¶DFWLYLWpIXWXUHUpHOOH /HV PpWKRGHV UHWHQXHV RQW SULYLOpJLp OHV DVSHFWV VpFXULWDLUHV HW O¶LPSRUWDQFH GX PDFUR V\VWqPH &HV PpWKRGHV VRQW D pYDOXDWLRQV DQDO\WLTXHV GH W\SH +5$+XPDQ5HOLDELOLW\$VVHVVPHQWESURWRW\SDJH HWFVLPXODWLRQVHPSLULTXHV $X QLYHDX GHV JHVWLRQQDLUHV GX WUDILF O¶DFWLYLWp GH FRQGXLWH GRLW FRQVLVWHU j DVVXUHU XQH FRQGXLWH FRQIRUPH j OD SODQLILFDWLRQ 0DOKHXUHXVHPHQW FHW REMHFWLI QH SHXW rWUH DWWHLQW TX¶HQ GpILQLVVDQW GHV WROpUDQFHVGHFRQGXLWHSDUUDSSRUWjFHWWHSODQLILFDWLRQ &HV WROpUDQFHV GH FRQGXLWH TXL GRLYHQW DEVRUEHU OHV LQFHUWLWXGHVOLpHVDX[SDUDPqWUHVWHFKQLTXHVDGKpUHQFH UDLOURXH GLIIpUHQFH GH PDVVH GHV WUDLQV « QH SHXYHQW WHQGUH YHUV ]pUR FDU HOOHV GRLYHQW DXVVL SHUPHWWUH GH ODLVVHU DX[ FRQGXFWHXUV XQH PDUJH G¶DXWRQRPLH 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QRXYHDXFRQFHSWG DLGHjODFRQGXLWHIHUURYLDLUH /HVpYDOXDWLRQVFRPELQpHVHWSOXVSDUWLFXOLqUHPHQWOHV VLPXODWLRQV HPSLULTXHV RQW SHUPLV G¶pYDOXHU OHV SHUIRUPDQFHVHVFRPSWDEOHVDYHFOHFRQFHSWG¶LQWHUIDFH UHWHQXILJXUH&HFRQFHSWHVWjPrPHGHIDYRULVHUOD VpFXULWpO HIILFDFLWpHWOHFRQIRUWGHVFRQGXFWHXUV>@ >@ © 2006, CFF SA, P-OP )LJXUH&RQFHSWG¶LQWHUIDFH DISCUSSION 1RWUHWUDYDLOSURSRVHXQHGpPDUFKHSRXUXQHPHLOOHXUH SULVH HQ FRPSWH GHV VDYRLUV HW VDYRLUIDLUH GHV RSpUDWHXUVGDQVODFRQFHSWLRQGHSURGXLWVQRXYHDX[HQ O RFFXUUHQFHXQHQRXYHOOHDLGHjODFRQGXLWHIHUURYLDLUH j WUDYHUV XQH ,+0 TXL IDYRULVHODVpFXULWpO¶HIILFDFLWp HWOHFRQIRUWGDQVOHWUDLWHPHQWGHVLQIRUPDWLRQVSDUOHV FRQGXFWHXUV 99 SURSRVRQV DLQVL ILJXUH XQ PRGqOH TXL UHSUpVHQWH O DUWLFXODWLRQ HUJRQRPLH HW FRQFHSWLRQ TXH QRXV SUpFRQLVRQV &H PRGqOH V DSSXLH VXU OD GpPDUFKH HUJRQRPLTXHSURSRVpHSDU*DUULJRXHWFROO>@HWVXU OH PRGqOH GH FRQFHSWLRQ SURSRVp SDU 6DJRW HW FROO >@ >@ ,O SURSRVH XQH DUWLFXODWLRQ FRPPXQH DX[ GpPDUFKHV PHQWLRQQpHV >@ >@ >@ SHUPHWWDQW GH SURSRVHU XQ FDQHYDV FRPPXQ j FHV GHX[ GpPDUFKHV 3DU UDSSRUW DX PRGqOH GH FRQFHSWLRQ SUpFpGHPHQW SURSRVp >@ >@ OH SUpVHQW PRGqOH ILJXUHLQWURGXLWODQRWLRQG¶pYDOXDWLRQVFRPELQpHV TXL FRQVLVWH j XWLOLVHU SOXVLHXUV PpWKRGHV FRPSOpPHQWDLUHV j FKDTXH pWDSH j FKDTXH SKDVH GX SURFHVVXVGHFRQFHSWLRQ &H PRGqOH ILJXUH VH YHXW XQH DSSURFKH SUDJPDWLTXH PHWWDQW HQ YDOHXU O¶LQWHUYHQWLRQ HUJRQRPLTXH GDQV OD FRQFHSWLRQ GH SURGXLWV TXL IDLW VXLWH j O¶H[SUHVVLRQ G¶XQ EHVRLQ /HV UpVXOWDWV GHV LWpUDWLRQV VXFFHVVLYHV DOLPHQWHURQW OHV GLYHUVHV pWDSHV GH OD GpPDUFKH GH FRQFHSWLRQ SRXU DERXWLU j XQH VROXWLRQ DFFHSWDEOH &HV GLIIpUHQWHV pWDSHV VRQW D O¶pWXGH GH IDLVDELOLWp E OHV pWXGHV SUpOLPLQDLUHV F OHV pWXGHV GH GpWDLOV HW G O¶LQGXVWULDOLVDWLRQ 1RXV DYRQV DXVVL UHSUpVHQWp VXU FH PRGqOH OHV pWDSHV FOpV TXH VRQW OD GpILQLWLRQ GX FDKLHU GHV FKDUJHV OD SURSRVLWLRQ G¶DYDQW SURMHWV RX GH SUpFRQFHSWV O¶pODERUDWLRQ GH PDTXHWWHV RX SURWRW\SHV TXL YLHQQHQW V\QWKpWLVHU FRQFUpWLVHU OHV SKDVHV G¶DQDO\VH &HV pWDSHV FOpV SHXYHQW rWUH FRQVLGpUpHV FRPPH GHV UHSqUHV TXL SHXYHQW IDFLOLWHU O¶LQFRQWRXUQDEOH SKDVDJH WHPSRUHOGHVSURMHWVGHFRQFHSWLRQ BESOIN Étude de faisabilité Généralisation Caractérisation ive s Activité future souhaitable et scénarios uc ce ss Produit pe ss Prototype Ét a Avant-projets / Préconcept Cahier des charges fonctionnelles Industrialisation Études détaillées Études préliminaires Modification souhaitée Évaluations combinées Modification souhaitée Conformité validée Étape suivante Solution intermédiaire acceptable Étape suivante Produit final acceptable )LJXUH0RGqOHG¶DUWLFXODWLRQHQWUHHUJRQRPLHHWFRQFHSWLRQ 6XU OD EDVH GH QRV WUDYDX[ QRXV SHQVRQV TXH OD ©GpPDUFKH G¶pYDOXDWLRQV FRPELQpHV GH O¶DFWLYLWpª GDQVODGpPDUFKHGHFRQFHSWLRQSHUPHW • GH IpGpUHU OHV DFWHXUV GH OD FRQFHSWLRQ GH SDUW OH IDLW TX¶HOOH SURSRVH XQ PR\HQ GH SURMHFWLRQ FRPPXQDXJURXSHSURMHW>@ • XQH UpGXFWLRQ GX WHPSV FRQVDFUp DX[ SKDVHV G¶pYDOXDWLRQV SDU OD PLVH HQ °XYUH GH PpWKRGHV • 100 DQDO\WLTXHV HW FHFL DX QLYHDX GX WHPSV LQYHVWL SRXU GpWHFWHU OHV YXOQpUDELOLWpV &HFL D SRXU HIIHW GH OLPLWHU OH QRPEUH G¶LWpUDWLRQV SRXU WHVWHU GHV VROXWLRQV QRQ VDWLVIDLVDQWHV HW DLQVL DXJPHQWHU OD SHUIRUPDQFH HW O¶HIILFDFLWp GH OD FRQFHSWLRQ GH SURGXLWV GH SHUPHWWUH GHV PRGLILFDWLRQV UDSLGHV JUkFH j XQHGpWHFWLRQWUqVHQDPRQWGXSURFHVVXV • • G¶pYDOXHU OHV SHUIRUPDQFHV DWWHLJQDEOHV HW GH WHQGUH YHUV OD GpILQLWLRQ GH O¶DFWLYLWp IXWXUH HQYLVDJHDEOH SDU OD PLVH HQ °XYUH GH PR\HQV G¶pYDOXDWLRQV TXL SULYLOpJLHQW OD YDOLGLWp pFRORJLTXHHWODPLVHHQYDOHXUGHODPRGLILFDWLRQ GH O¶XWLOLVDWLRQ GX SURGXLW SDU O¶DXJPHQWDWLRQ GH O¶H[SHUWLVHGHVRSpUDWHXUV GH FRQFHYRLU XQ SURGXLW DGDSWp DX[ EHVRLQV HW DWWHQWHV GHV RSpUDWHXUV SDU OHXU LQWpJUDWLRQ j SDUW HQWLqUHGDQVODGpPDUFKHGHFRQFHSWLRQ /D GpPDUFKH SURSRVpH GRLW IDYRULVHU OHV IRQFWLRQV G¶XVDJH HW pOLPLQHU GqV OHV SUHPLHUV SUpFRQFHSWV OHV YXOQpUDELOLWpV IDFLOLWDQW O¶pPHUJHQFH UDSLGH G¶XQ FRQFHSWGHSURGXLWDFFHSWDEOH&HWWHGpPDUFKHSUpVHQWH XQ UpHO LQWpUrW SRXU XQH PHLOOHXUH SULVH HQ FRPSWH GH O¶RSpUDWHXU GDQV OH SURFHVVXV GH 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5 /D FRQGXLWH GHV V\VWqPHV j ULVTXH38) 'DQV O¶DSSOLFDWLRQ pYRTXpH QRXV QRXV VRPPHV DSSX\pV VXU OD PLVH HQ RHXYUH GH VLPXODWLRQV HPSLULTXHVHQFRQGLWLRQVUpHOOHV&HFKRL[DpWpUHWHQX SRXU DXJPHQWHU OD YDOLGLWp pFRORJLTXH HW PHWWUH HQ pYLGHQFH OH FKDQJHPHQW GX PRGH GH O¶XWLOLVDWLRQ DYHF O¶DXJPHQWDWLRQ GX QLYHDX G¶H[SHUWLVH SDU UDSSRUW j O¶LQWHUIDFH GHV FRQGXFWHXUV 0DOKHXUHXVHPHQW GH WHOOHV VLPXODWLRQV QH VRQW SDV WRXMRXUV SRVVLEOHV HW OD UHFKHUFKH GX FKDQJHPHQW GX PRGH G¶XWLOLVDWLRQ VL QpFHVVDLUH GRLW SRXYRLU DXVVL V¶DSSX\HU VXU G¶DXWUHV PpWKRGHV $PDOEHUWL 5 /¶HUJRQRPLH IDFWHXUGHVpFXULWpHW G¶LQQRYDWLRQ5((1SS %pJXLQ 3 :HLO)DVVLQD $ 'H OD VLPXODWLRQ GHV VLWXDWLRQV GH WUDYDLO jODVLWXDWLRQGHVLPXODWLRQ ,Q/DVLPXODWLRQHQHUJRQRPLHFRQQDvWUHDJLUHW LQWHUDJLU &RRUGLQDWHXUV 3 %HJXLQ HW $ :HLO )DVVLQDeGLWLRQV2FWDUHV %RQDSDFH / /LQNLQJ 3URGXFW 3URSHUWLHV WR 3OHDVXUH 7KH 6HQVRULDO 4XDOLW\ $VVHVVPHQW 0HWKRG ± 6(48$0 ,Q 3OHDVXUH ZLWK SURGXFWV %H\RQGXWLOLVDELOLW\(GLWHGE\:6*UHHQDQG 3:-RUGDQ(GLWLRQV7D\ORU)UDQFLV 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Nicolas Guibert, Patrick Girard, Laurent Guittet LISI / ENSMA Téléport 2 - 1 avenue Clément Ader BP 40109 86961 Futuroscope Chasseneuil cedex {guibert,guittet,girard}@ensma.fr RESUME KEYWORDS : Psychology and didactics of programming, Programming by demonstration, Computer-aided learning and teaching, Experimentations. Malgré la place grandissante occupée par l’activité de programmation, en tant qu’outils d’analyse ou instruments de mesure, dans les sciences expérimentales, son apprentissage demeure toujours très difficile. De nombreuses études ont caractérisé les erreurs et difficultés rencontrées par les programmeurs novices. Depuis quelques années, nous explorons l’utilisation d’un paradigme particulier, la programmation sur exemple, dans le but de réduire ces difficultés. INTRODUCTION Alors que micro-ordinateurs et programmes informatiques se sont implantés dans de nombreuses disciplines scientifiques en tant qu’outils d’analyse ou instruments de mesure (physique, chimie, sciences de la vie… on parle même dans ce dernier cas de bio-informatique), l’acquisition des compétences requises pour la conception de programmes ne se fait pas aisément. Käasboll [10] rapporte que, de par le monde, entre 25 et 80 % des étudiants sont en situation d’échec. Pourquoi la programmation est-elle si difficile d’accès ? Nous nous attachons, en préambule, à ébaucher une réponse à cette question. Pour cela, à partir de la littérature en psychologie ou en didactique de la programmation, nous pratiquons une synthèse des différents types de difficultés auxquelles sont confrontés les programmeurs débutants. Le travail présenté ici se veut une évaluation de cette démarche, et sera articulé autour de deux axes, celui de l’analyse des usages et celui de l’efficacité de l’apprentissage. Trois expérimentations de MELBA, l’outil développé dans le cadre du projet, utilisant diverses méthodes d’évaluation, sont ainsi présentées et analysées. MOTS CLES : Psychologie et didactique de la programmation, Programmation sur exemples, Environnement Informatique pour l’Apprentissage Humain, Expérimentations, Occulométrie. Par la suite, nous définissons l’approche suivie pour réduire ces difficultés, et décrivons l’outil réalisé dans la perspective de la mettre en œuvre. Puis, nous présentons une évaluation de l’apprentissage réalisée à partir de deux expérimentations en situation réelle, et discutons du choix et de la pertinence des métriques et du protocole, en comparaison avec d’autres études en psychologie de la programmation. Enfin, nous complétons cette évaluation et analysons les usages de l’environnement à partir des résultats d’une expérience avec un oculomètre. ABSTRACT Although computers and programs have now become essential in experimental sciences such as analysis or measurement tools, many students still find learning Computer Science is extremely difficult. Many studies have characterized the errors and difficulties encountered by novice programmers. For some years, we explore the use of a particular paradigm, programming by example, to lower these difficulties. DIFFICULTES DANS PROGRAMMATION. L’APPRENTISSAGE DE LA Duchâteau propose la définition suivante de la programmation : « faire faire une tâche à un ordinateur » [5]. Cette définition peut être raffinée en un modèle de la conception d’un programme (figure 1), qui nous permet de regrouper les difficultés et les erreurs des programmeurs novices, rencontrées dans la littérature [4; 12; 13]. The work being presented here intends to be an evaluation of this approach, in the perserpective of analysing its efficiency in learning, and how learners appropriate it. Three experiments of MELBA, the tool developed in the context of the project, using different methods and metrics, are thus described and discussed. La première étape, le "quoi faire", consiste à définir précisément la tâche à automatiser pour parvenir aux spéci- 103 fications du programme. Cependant, cette étape est généralement court-circuitée : les tâches concernées sont très (ou trop) simples (pour un humain). Les premières difficultés surviennent donc à l’étape suivante, lorsque l’on s’efforce d’abstraire une stratégie en permettant l’automatisation. l’ « intérieur » de l’ordinateur. Une personne, étudiant la physique, cherche à comprendre des phénomènes qui (pour la physique élémentaire !) lui sont déjà familiers. En revanche, en informatique, l’expérience pratique des ordinateurs (suite bureautique, Internet, jeux vidéos …) est pratiquement inutile pour comprendre la programmation. Après avoir traduit l’algorithme ainsi obtenu dans un langage particulier, et après l’inévitable cortège d’erreurs syntaxiques peu utiles pour modéliser le fonctionnement de l’ordinateur, la dernière étape consiste à valider le programme, par une série de tests, dont l’interprétation des résultats soulève les mêmes difficultés. Il faut attendre cette phase (qui se caractérise par un retour d’information « inversé » dans le temps – 1, 2, 3, figure 1) pour pouvoir juger de la validité de toutes les précédentes. Cette absence d’écho immédiat est la troisième difficulté majeure de la programmation. Blackwell [2] qui, lui, parle de « perte de manipulation directe », note que cette caractéristique est celle qui conditionne l’appellation de « programmation » dans le sens commun. Les gens disent qu’ils « programment » leur magnétoscope, leur site Web en HTML, etc. Cette absence représente bien sûr un important facteur aggravant pour les deux difficultés précédentes… Figure 1: Modèle de conception d’un programme, d’après [5]. Cette activité met en exergue la première difficulté majeure de la programmation, à savoir la difficulté d’abstraction : le programmeur doit factoriser dans le programme l’ensemble des comportements de la tâche. Il en résulte un « syndrome de la page blanche », mis en évidence notamment par Käasboll. Selon les étudiants : « … lorsque le problème est présenté … on le décompose comme ça, comme ça, comme ça. Tout a l’air simple et très logique, et puis c’est à toi et Ouch! Par quoi je commence ? Peut-être que c’est facile, mais le problème c’est que tu ne sais pas par quel bout commencer quand il faut résoudre le problème … » Ces différentes difficultés nous ont conduits à définir trois objectifs pédagogiques spécifiques : 1. Apprendre à modéliser la tâche (abstraire de façon exhaustive son déroulement) 2. Apprendre le modèle d’exécution du programme (être capable de faire le lien entre la position dans le programme et l’état du système). 3. Apprendre le modèle des données (pouvoir manipuler les structures de données informatiques et pouvoir modéliser les objets de la tâche par des structures adaptées). L’étape suivante, « comment faire faire », décrit cette stratégie sous une forme compréhensible par l’exécutantordinateur. Le programmeur débutant est alors confronté à une difficulté importante venant de la distance cognitive séparant sa sémantique de la tâche de la sémantique utilisée par l’ordinateur. Pour ce faire, il nous paraît essentiel de disposer d’un environnement d’apprentissage permettant de séparer le plus possible les activités et les difficultés liées à chaque objectif, afin de supporter un modèle incrémental de la programmation2. Considérons une description informatique d’un triangle par : « int [][] ABC = {{2,2}, {4,13}, {10,6}} ». Cette présentation « formelle » [5], issue de la sémantique de l’ordinateur, diffère grandement de la représentation que l’humain peut se faire des données de la tâche1 (en l’occurrence le triangle). Cette problématique est compliquée par le fait que, comme le fait remarquer Ben-Ari [1] le débutant ne possède aucun modèle « naïf » de 2 En effet, contrairement à la physique (où on étudie d’abord la cinématique du point, puis la mécanique des solides, puis la mécanique des fluides), en programmation, l’apprentissage des différents concepts se fait quasisimultanément. Ceci est en partie du au fait que l’enseignement s’appuie sur des langages et des environnements « professionnels » (dans le sens où ils s’adressent tous à des programmeurs confirmés). 1 Notons bien que ce « fossé cognitif » touche à des représentations « conceptuelles », et qu’il est donc quasiment indépendant du choix du langage de programmation que fera l’enseignant. Par exemple, il sera identique avec Ada, Pascal et C, car tous trois sont des langages procéduraux qui manipulent les même concepts. 104 UNE APPROCHE « BASEE SUR L’EXEMPLE » DE L’APPRENTISSAGE DE LA PROGRAMMATION. Tentant de réduire ces difficultés de conception, Smith introduit avec Pygmalion le concept de « Programmation sur Exemple » ([3] et [9]). Le programme édité est associé à un exemple concret, qui fournit en temps réel un retour sur le comportement du programme. Figure 3: l’environnement Stagecast Creator, pendant la construction d’une simulation de traffic ferroviaire Illustrations de l’approche. Nous nous proposons à présent d’illustrer cette approche à partir de deux exemples tirés de l’état de l’art, à savoir Pygmalion [3], le premier environnement de programmation basé sur l’exemple, et StageCast Creator [9], un environnement permettant de concevoir « sur exemple » des simulations ou des jeux vidéo en 2D. Pertinence et limitations de l’approche « sur exemple ». Dans le cadre de l’apprentissage de la programmation, l’écho immédiat pourrait permettre de construire un modèle mental viable du comportement du programme, et une représentation graphique « pragmatique » de l’état du système devrait faciliter l’évaluation de celui-ci en comblant le gouffre d’évaluation lié à la différence de référentiels. L’apprentissage du modèle informatique de représentation de la tâche serait alors l’étape suivante, et pourrait ainsi s’appuyer sur le socle de connaissances déjà existant. Pygmalion, tout d’abord est un environnement de programmation visuelle « sur exemple » basé sur la métaphore du tableau blanc (ou noir), et sur le langage SmallTalk. Il ne s’agit donc pas d’un langage3 visuel à proprement parler, mais d’un espace de travail graphique. Comme on peut le constater figure 2, les différentes variables et paramètres apparaissent sous la forme de cases, lesquelles contiennent la valeur courante de la variable. L’état du programme peut ainsi être affiché de façon exhaustive et continue, ce qui rétablit le principe de manipulation directe. On peut cependant reprocher aux systèmes « sur exemple » existants deux défauts majeurs. D’une part, ayant pour cible un public d’« utilisateurs finaux », ils s’attachent majoritairement à cacher le programme informatique qu’ils construisent, et donc ne permettent pas de construire la relation programme-état au cœur de nos objectifs pédagogiques. D’autre part, l’évaluation progressive de l’état du système est généralement obtenue en contraignant les possibilités d’interactions avec le programme. En effet, l’écho proposé par le système impose obligatoirement que le programme soit toujours dans un état cohérent. La plupart de ces environnements vont plus loin encore en obligeant le programmeur à entrer les commandes dans l’ordre chronologique. Les facilités apportées par l’évaluation progressive de l’état du système et l’expressivité des commandes sont alors gommées par ces contraintes, que Green [7] désigne sous le terme d’ « engagement prématuré ». Il leur manque le plus souvent la capacité de « revenir en arrière », ce qui génère un grand « degré d’engagement », dans le sens où chaque erreur oblige l’utilisateur à reprendre tout depuis le début. Il est donc conduit à planifier ses actions à l’avance (« prévisualisation forcée ») pour éviter la moindre erreur. Figure 2: l’environnement de programmation Pygmalion ; la figure représente la conception d’un programme calculant n ! . Stagecast Creator, pour sa part, reprend l’approche sur exemple en y ajoutant un aspect « pragmatique », dans le sens où toutes les actions sont exprimées dans le référentiel du domaine de la tâche, et non dans un référentiel informatique (par exemple, avec des trains et des rails, et non pas avec des tableaux, des entiers, ou des «booléens» -figure 3). 3 Pour plus de détail sur la distinction entre langage visuel (comme G pour Labview) et environnement de visualisation de programmes, le lecteur pourra consulter les taxonomies de Myers[10]. 105 Zone de représentation et d’édition du programme (sous la forme d’un arbre d’instructions) Exemple présenté sous forme graphique permettant de visualiser l’état du programme. Zone de sélection des instructions / structures à ajouter au programme Zone de visualisation de la trace d’exécution du programme Zone de changement de mode, permet de basculer en fonctionnement interactif ou pas. La barre contrôle la vitesse d’animation de l’exécution (en mode PLAY) Figure 4 : Vue d’ensemble des composants de l’environnement MELBA. Pour mesurer les apports que pourrait apporter à l’apprentissage l’usage d’un exemple concret pendant la conception du programme, nous avons conçu l’environnement MELBA (Metaphor-based Environment to Learn the Basics of Algorithmic) décrit par la figure 4. ajoutée, l’environnement affiche l’état après exécution de cette instruction, et la trace associée à l’exécution du programme jusqu’à ce point. « Lecture » fonctionne de même, mais propose une animation de l’exécution, et non pas seulement le résultat. Enfin, « stop » désactive l’exécution immédiate, et le programme peut alors être édité de façon « classique ». MELBA : UN ENVIRONNEMENT D’APPRENTISSAGE DE LA PROGRAMMATION « BASE SUR L’EXEMPLE » OBJETS DES ETUDES EXPERIMENTALES L’étudiant interagit avec le système en construisant par insertions et suppressions le programme, qui est présenté sous la forme d’un arbre. A chaque exercice est associé un ensemble spécifique de commandes et de tests, accessibles par menus déroulants dans la zone opération, qui agissent sur un modèle formel du système représenté sous forme graphique dans la fenêtre d’exécution. Alternativement, il est possible de faire des exercices « classiques » manipulant des données informatiques par l’opération d’affectation. Une fenêtre d’historique supporte une représentation de la trace d’exécution du programme. Nous présentons dans les sections suivantes un ensemble d’expérimentations sur l’environnement MELBA pour éclairer la pertinence de l’approche « à base d’exemples » pour l’apprentissage de la programmation. Pour ce faire nous avons testé les hypothèses suivantes : 1. L’évaluation progressive permise par une exécution interactive peut-elle jouer un rôle positif dans l’apprentissage de la programmation ? 2. La programmation « sur exemple », vu qu’elle ajoute des contraintes à l’édition du système, est elle utilisable par un apprenant débutant, ou bien le fait de devoir intégrer simultanément le fonctionnement d’un programme et le fonctionnement de l’environnement crée-t-il chez lui une surcharge cognitive ? 3. Quelles compétences sont alors concernées, du diagnostic et de la compréhension de programmes à leur composition ? Le système peut être piloté suivant 3 modes. En mode « Record », les fenêtres d’exécution et d’historique sont synchronisées avec l’instruction en surbrillance dans le programme. A chaque fois que l’utilisateur clique sur une instruction et à chaque fois qu’une instruction est 106 4. 5. 6. 7. Est-il pertinent d’utiliser la visualisation de programme en apprentissage de l’algorithmique et de la programmation ? Faut-il privilégier en ce cas une approche superficielle (qui permet d’avoir rapidement une vue d’ensemble de l’état du système) ou bien en profondeur (qui fournit une information précise et détaillée, mais nécessite d’être explorée par l’apprenant) ? Ces deux approches peuvent-elles être combinées ? (par exemple en proposant deux représentations simultanées et en partie redondantes entre lesquelles l’utilisateur pourrait créer des liens), ou cela crée-t-il une surcharge cognitive ? L’animation a-t-elle une importance critique dans la visualisation de programme pour l’apprentissage de la programmation ? Ou bien est-il plus pertinent de représenter uniquement l’état du programme à certaines positions importantes (sur le modèle des « points d’arrêts » des debuggers) ? CHOIX DES METRIQUES D’EVALUATION. ET DES l’impact à long terme sur la compréhension. Sur les 65 étudiants suivant le cours, 24 ont utilisé l’environnement MELBA. Le reste de la promotion a suivi un cursus de TD classique (papier-crayon). L’environnement Melba, dans cette expérimentation, était dégradé de telle sorte que seul le mode « sur exemple » (RECORD) était disponible, car cette fonctionnalité constitue le socle de l’approche – et devait donc être évaluée en priorité (pas de programmation « classique » ni d’animation). L’historique n’était pas non plus disponible. Les études sur les facteurs influant sur les résultats aux premiers modules de programmation – telles que [6] - ayant mis en évidence une corrélation importante avec une expérience préalable en programmation, nous avons fait en sorte de « distribuer » uniformément les élèves ayant déjà ces compétences. Les étudiants du groupe machine étaient répartis à un par machine. Les résultats du partiel montrent que le taux d’élève ayant la moyenne aux exercices portant sur les concepts travaillés avec l’outil est supérieure de 18 points dans le groupe avec MELBA (table 1). Cela représente une significativité de 74% (0,26) selon le test khi2. Si, dans l’absolu, un tel résultat est assez faible, au vu de la taille des échantillons, il s’avère suffisant pour ouvrir la voie à des expérimentations plus approfondies. MODALITES Concernant un environnement destiné à l’apprentissage, la mesure de l’utilité couvre deux aspects distincts et cependant connectés [11]. D’une part, on souhaite évaluer l’apprentissage (de la discipline enseignée et non pas de la manipulation du système), et d’autre part on souhaite tester la capacité à réaliser des tâches (exercices de programmation). % de résultats >= moyenne Pour ceci, nous allons utiliser des méthodologies de tests issues de différentes disciplines dont l’objet d’étude est l’apprentissage. On peut pratiquer une première disctinction entre méthodes « quantitatives », qui visent à quantifier l’impact d’un environnement sur la réalisation de tâches et/ou l’apprentissage, ou méthodes « qualitatives » qui permettent de comprendre le cheminement interne de l’apprenant ou de donner des indications sur son degré de conscience face à son apprentissage. D’autre part, on peut distinguer deux types de mesures : « en-ligne », où la mesure se fait pendant la tâche (nombres d’erreurs, temps pour accomplir la tâche, fixations oculaires …) ou « hors-ligne ». Cette seconde approche ne permet pas d’évaluer le comportement de l’étudiant pendant son apprentissage, mais peut donner des informations importantes sur sa compréhension. Groupes PsE (22) 76 % (16) Groupes témoins (43) 58 % (25) Table 1 : Résultats comparés des groupes avec et sans l’outil. La répartition des notes (table 2) montre que les différences se concentrent essentiellement sur les notes les plus faibles et sur les notes moyennes, même si le pourcentage de scores supérieurs à 75% est également supérieur avec l’outil. Ces résultats tendent à confirmer l’hypothèse 1. Répartion des notes (par quart) Q1 Q2 Q3 Q4 2 (9%) 4 (18%) 6 (27%) 10 (45%) Melba Témoin 10 (23%) 8 (19%) 8 (19%) 17 (40%) Table 2 : Répartitions des notes des groupes avec et sans l’outil. PREMIERE EXPERIMENTATION. DEUXIEME EXPERIMENTATION Dans un premier temps, nous avons cherché à obtenir des indicateurs sur la première hypothèse. Pour ce faire, nous avons choisi de pratiquer une évaluation en conditions réelles dans un cours d’initiation à la programmation en L3 pour des bio-informaticiens, comportant 4h de cours et 12 h de Travaux Dirigés (TD). Le choix de la méthode s’est portée sur une évaluation quantitative hors-ligne, sous la forme d’un test (classique dans ce contexte), avec documents, deux semaines après les séances de TD, car notre objectif était de quantifier Nous avons ensuite complété l’outil en ajoutant les autres modes, et en permettant deux types de visualisation. Pour le programme, le composant d’historique complète le panneau du programme, en permettant d’explorer très finement la trace de l’exécution. Pour l’exemple, une vue « système » montrant les structures de données fut rajoutée, pouvant remplacer ou compléter la visualisation graphique de la tâche. Ces nouveaux composants nous permettent dès lors de tester directement les hypo- 107 thèses 4, 5, 6 et 7, par les mêmes modalités que précédemment. Un des enseignements que l’on peut en tirer est que, alors que nous avons observé pendant les TD (évaluation en-ligne qualitative) que de nombreux étudiants faisaient un usage intensif de la fonctionnalité d’animation, les résultats quantitatifs ne sont pas meilleurs pour autant. En parallèle, nous avons noté une désaffection du composant d’historique, et une utilisation exclusive de la représentation la plus synthétique de l’état du système, quand deux vues parallèles étaient proposées. Il semblerait donc que si la visualisation se soit avérée pertinente dans notre cas (4) pour exprimer les relations état-programme, elle doive y être focalisée sur une vue superficielle permettant de donner du premier coup d’œil l’état général du système (5). L’hypothèse 6 sur l’usage en combinaison des deux approches de la visualisation s’est avérée non fondée. Le tableau 4 ci-dessous illustre la répartition des résultats dans les différentes tâches. Celle-ci s’avère plus « uniforme » que lors du premier test, même si le pic au troisième quartant y réapparait lors de la tâche de compréhension, la différence dans Q4 se retrouvant, elle, dans la tâche de rédaction. Nous avons donc mené une deuxième expérience sur un cursus d’ « Initiation à la programmation pour les biologistes » en L1/L2. Celui-ci se décomposait en deux parties : une partie introductive, d’initiation à l’algorithmique (4h de cours et 6h de TD) validée par un partiel, sans document, et une partie consacrée au langage Perl. L’expérimentation avait pour cadre la première partie. Sur les 41 étudiants qui suivaient ce cours, 17 ont formé un groupe de TD travaillant sur MELBA. Pour 15 d’entre eux, ce cours était une première initiation. Pour des raisons logistiques, les étudiants étaient 2 par machine, et non pas seuls face à l’environnement. 24 autres ont suivi un cursus de TD classique, parmi lesquels 18 novices complets. Parmi les exercices du partiel, trois portaient sur un objectif spécifique traité avec l’outil en TD (voir table 3). Ce découpage plus fin doit permettre de tester la troisième question. Ces tâches ont donné les résultats suivants: Notes supérieures à la moyenne Description d’exécution: Rédaction de programme: Compréhension de la tâche: Total : Melba (15) 6 (40%) 6 (40%) 14 (93%) 7 (47%) Répartition des Notes (Description de la trace) : Q1 Q2 Q3 Q4 >=50% 9 (60%) 0% 4 (27%) 2 (13%) 40% 12 (67%) 2 (11%) 2 (11%) 2 (11%) 22% Témoin (18) 4 (22%) 6 (33%) 14 (78%) 5 (28%) Répartition des Notes (Rédaction de programme) : Q1 Q2 Q3 Q4 >=50% 5 (33%) 4 (27%) 2 (13%) 4 (27%) 40% 5 (28%) 7 (39%) 2 (11%) 4 (22%) 33% Table 3 : pourcentages de notes supérieures ou égales à la moyenne dans les deux groupes, selon la tâche demandée. Table 4 : Répartition des notes dans les deux groupes. On retrouve le même type d’écart observé dans l’expérimentation précédente, pour tout ce qui concerne la compréhension (au sens large) de programmes (i.e. +18, +16 et +19 points). Ces écarts sont significatif à respectivement 89, 68 et 86% selon le test du khi2. Le premier et le dernier écart sont donc très significatifs de par la faible taille de l’échantillon. Pour ce qui concerne l’écriture de programmes, l’écart est plus faible (« significatif » à 56% !). USAGES DE L’ENVIRONNEMENT Par ailleurs, dans le but de répondre aux questions tenant plus à l’usage et à l’accomplissement de la tâche (2, par exemple), une évaluation en-ligne s’imposait, car seule cette approche est à même de quantifier les usages et les difficultés d’utilisations éprouvées par les apprenants. Pour cela, une expérimentation a été conduite sur un oculomètre Tobii 1750 par Multicom, à Grenoble, auprès de 6 sujets, 3 étudiants de première année et 3 lycéens de première S. Deux tâches spécifiques (compréhension et correction, rédaction complète) y ont été étudiées. Cette expérience a délivré des traces de deux types, d’une part des indicateurs oculaires, d’autre part le log des clics souris, notamment sur les changements de mode. Cela est étonnant, car le test de la première expérimentation portait essentiellement sur cette activité. Plusieurs hypothèses peuvent être faites à ce sujet, qui prennent en compte deux changements dans le protocole. D’une part, il est possible que placer les étudiants à deux par machine ait changé la donne. Les étudiants ayant eu un rôle moins actif n’auraient pas eu le même bénéfice dans une situation de composition, mais que leur rôle d’observateur leur ait permis de développer la compréhension de programmes. La deuxième hypothèse serait que dans le premier test, les étudiants ayant eu droit aux documents, leur meilleure compréhension des corrigés leur aurait permis de s’en inspirer efficacement. Indicateurs Oculaires Les indicateurs de l’oculomètre (table 5) nous permettent ainsi de répondre rapidement à la dernière question. On constate que la zone d’historique est très peu regardée (respectivement 2,5% et 1,1% des fixations oculaires), les zones les plus pertinentes pour les apprenants étant (sans surprise) le programme, suivi des zones opération et exécution. La deuxième information importante est la 108 forte augmentation du pourcentage de fixations dans les zones programme et opération au détriment de la zone exécution, lors de la tâche 2. firmer cette hypothèse, analysons l’utilisation des différents modes du système. Traces des clics souris Zône d’intérêt Programme Exécution Opérations Historique Modes Popups_erreur Tâche 1 Intéressons-nous en premier lieu à la répartition de l’usage des modes sur l’ensemble des deux tâches, en mesurant le prorata de temps passé dans chaque mode (table 6). Le temps passé en mode interactif (qui fournit un écho actif : RECORD et PLAY) est plus important, ce qui confirme le besoin d’un retour rapide et facile à décrypter. Néanmoins les valeurs importantes de PLAY et STOP semblent également confirmer la difficulté d’intégrer le paradigme d’édition « sur exemple ». Par ailleurs RECORD progresse au détriment de PLAY. Cela n’est qu’à première vue incohérent avec les indicateurs oculaires. En effet, si le nombre de commandes exécutées est de 10, par exemple, le programmeur consulte l’exemple 10 fois en mode PLAY, contre 1 en mode RECORD (l’état final)… Tâche 2 45,5% 24,2% 18,8% 2,5% 3,3% 5,7% 51,9% 9,8% 28,5% 1,1% 1,9% 6,8% Table 5 : Distribution des fixations en pourcentage, pour les tâches de correction (1) et de rédaction de programme (2). Les différences de nature entre les deux tâches peuvent être considérées comme la première raison de ces changements. En effet, la première tâche consiste à corriger un programme existant, donc l’exploration du programme pour le comprendre est essentielle et explique la place prépondérante des zones de programme et d’édition. A contrario, dans la deuxième tâche, le programme manipulé est celui de l’utilisateur, de plus construit progressivement, et ne nécessite donc pas une exploration approfondie pour en inférer le sens. Cette hypothèse est cohérente avec les transitions entre zones (Figures 5a et 5b). Les transitions Programme-Exécution ne diminuent que de 4 points environ, ce qui atteste que c’est l’exploration interne de la zone d’exemple qui diminue dans la seconde tâche, bien plus que les consultations de celle-ci. Mode : RECORD PLAY STOP Debug : Composition : Total : 26,2% 37,6% 31,9% 29,2% 19,3% 24,2% 44,3% 43,1% 43,7% Table 6 : Répartition de l’usage des différents modes du logiciel pour chaque tâche. Ces informations demeurent cependant encore trop générales pour pouvoir tirer des conclusions sur les usages de l’environnement. Les tables 7a et 7b répertorient l’utilisation de chaque mode par chaque sujet. On constate une grande variabilité interindividuelle. On peut cependant extraire trois catégories, une proche de la programmation « sur exemple » (80%+ en mode interactif, édition en RECORD), une correspondant à ce que permettent les environnements de programmation classique (§35% PLAY, 65% STOP) et un profil hybride (§50% interactif). Exercice 1 – Correction d’erreurs Sujet RECORD PLAY STOP Temps S1 73,9% 13,3% 12,2% 17 mn 07 s S2 10,4% 35,5% 53,2% 17 mn 24 s S3 70,4% 11,8% 17,9% 4 mn 52 s S4 0% 34,6% 65,4% 10 mn 24 s S5 2,4% 38,4% 58,4% 2 mn 58 s S6 0% 41,8% 58,2% 4 mn 25 s Figure 5a : Transitions entre les différentes zones de l’interface, dans l’exercice de détection/correction d’erreur. Table 7a : Utilisation de chaque mode par chaque sujet, et temps de réalisation (1° tâche) On peut constater que les trois profils sont équitablement répartis et ne sont pas en corrélation avec le temps d’accomplissement de la tâche. De plus, un individu peut changer de profil d’une tâche à l’autre (tels que S1, S2, et S4). Il se peut que le choix du style d’interaction selon la tâche dépende du style d’apprentissage du sujet ou Figure 5b : Transitions entre les différentes zones de l’interface, dans l’exercice de rédaction de programme. Par ailleurs, ces indicateurs laissent à penser que la recherche d’un écho du système à chaque modification n’est pas systématique, ce qui contredit un peu le paradigme « sur exemple ». Pour pouvoir confirmer ou in- 109 d’une autre caractéristique cognitive. Le confirmer ou pas demandera des investigations ultérieures. programmation. L’association de ces trois profils à des caractéristiques cognitives de l’apprenant est une piste d’approfondissement, tout comme étudier la pertinence de l’approche en enseignement à distance. Exercice 2 – Composition de programme Sujet RECORD PLAY STOP Temps S1 23,2% 12,9% 63,8% 8 mn 10 s S2 78,8% 4,5% 16,7% 16 mn 45 s S3 91,6% 0% 8,4% 4 mn 45 s S4 28,9% 21,4% 49,8% 8 mn 35 s S5 0% 28,7% 71,3% 8 mn 42 s S6 3,1% 48,1% 48,8% 17 mn 07 s REMERCIEMENTS Nous souhaitons remercier les membres de l’équipe Multicom du laboratoire CLIPS-IMAG pour leur conduite de l’expérimentation oculométrique, et leur aide à l’exploitation des résultats. BIBLIOGRAPHIE Table 7b : Utilisation de chaque mode par chaque sujet, et temps de réalisation (2° tâches) 1. Ben-Ari, M. Constructivism in Computer Science Education. in 29th ACM SIGCSE Technical Symposium on Computer Science Education. 1998. Atlanta Georgia: ACM press. 2. Blackwell, A. (2002). What is Programming? PPIG Workshop, Brunel University, London, UK. 3. Cypher, A., ed. Watch What I Do: Programming by Demonstration. . 1993, The MIT Press: Cambridge, Massachusetts. 604. 4. Du Boulay, B., Some Difficulties of Learning to Program, in Studying the Novice Programmer. 1989, Lawrence Erlbaum Asssocites. p. 283-299. 5. Duchâteau, C., Images pour programmer. Vol. 1. 2000. 6. Goold, A. and Rimmer, R. (2000). “Factors affecting Performance in Firs-Year Computing.” SIGCSE Bulletin 32(2): 39-43. 7. Green, T. R. G. (1989). Cognitive dimensions of notations. People and Computers. 8. Käasboll, J., Exploring didactic models for programming. 1998 : Norsk Informatikk-konferanse, Høgskolen i Agder. 9. Lieberman, H., Your Wish is my command. 2001: Morgan Kaufmann. 416. CONCLUSION ET PERSPECTIVES Dans cet article, nous avons étudié la pertinence d’un paradigme alternatif de conception : « la programmation sur exemple » pour supporter l’apprentissage de la programmation. Pour cela, nous avons proposé une synthèse des différents types de difficultés auxquels sont confrontés les étudiants en initiation à la programmation, qui semble attester de l’adéquation de cette approche aux objectifs pédagogiques. Nous avons présenté un environnement d’apprentissage de la programmation, MELBA, basé sur ces concepts, et rapporté les résultats de trois expérimentations menées sur cet outil pour évaluer l’approche. En travaillant sur la base de sept hypothèses, nous sommes arrivés à un certain nombre de conclusions : x L’évaluation progressive permise par une exécution interactive joue un rôle positif dans l’apprentissage d’un modèle d’exécution du programme (H1), en particulier en compréhension de programme, et en recherche / correction d’erreurs (H3). x Pour cela, des techniques de visualisation de programme proposant un modèle graphique de l’état du système sont nécessaires (H4) ; pour être efficaces, elles doivent fournir une vue d’ensemble d’où les informations importantes peuvent être extraites rapidement (H5). x Combiner plusieurs modèles graphiques de la même information semble inutile et superflu (H6). x L’animation de l’exécution du programme, quoique naturellement utilisée par beaucoup d’étudiants, ne semble pas apporter de gain quantifiable (H7). x Les mesures des usages nous indiquent que la programmation « sur l’exemple » est utilisée indifféremment par des néophytes ou par des étudiants plus qualifiés (H2). Cependant, les contraintes qu’elle impose sur l’ordre d’édition n’en font probablement pas le mode d’interaction le plus naturel pour nombre d’apprenants. 10. Myers, B. A. (1986). Visual Programming, Programming by Example, and Program Visualization : A Taxonomy. Human Factors in Computing Systems (CHI'86), New-York, ACM/SIGCHI. 11. Nogry, S. Jean-Daubias, S. Ollagnier-Beldame, M. (2004). Evaluation des EIAH: une nécessaire diverstité des méthodes. TICE 2004, Compiègnes. 12. Pea, R.D., Language-Independent Conceptual “Bugs” in Novice Programming. Journal of Educational Computing Research, 1986. 2(1): p. 25-36. 13. Teaching and Learning Computer Programming, R.E. Mayer, Editor. 1988, Lawrence Erlbaum Associates. p.153-178. Ces mesures nous ont amenés à définir deux autres profils d’utilisation, eux aussi indépendants du niveau en 110 Approches orientées services Web de l'IHM de supervision : nouvelles solutions technologiques pour les ingénieurs et nouvelles problématiques pour les ergonomes ? Djilali Idoughi (1,2) Christophe Kolski (2) (1) Université A. Mira, Béjaia 06000, Algérie. [email protected] (2) LAMIH-UMR CNRS 8530, University of valenciennes and Hainaut Cambrésis, Le Mont Houy 59313, Valenciennes cedex 9, France. [email protected] RESUME les missions de la supervision, en l’occurrence la surveillance, la gestion des alarmes, l’analyse des données, l’amélioration de la maintenance, l’optimisation des procédés, la garantie de la qualité ou encore la gestion de la traçabilité. La facilité d’utilisation des différentes fonctions mises à la disposition de ces différents acteurs sera aussi d’une importance capitale [15]. Dans cet article, nous considérons l’IHM de supervision dans un contexte technologique nouveau et en constante évolution, lequel est caractérisé par des aspects importants comme la mobilité et la coopération entre acteurs d’une part, et l’inter connectivité, l’interopérabilité et l’hétérogénéité des systèmes industriels utilisés d’autre part. De nouvelles solutions technologiques « attrayantes » pour les ingénieurs devraient conduire à de nouvelles problématiques pour les ergonomes. La tendance actuelle dans l’industrie est d’intégrer de tels systèmes de supervision que l'on qualifie de traditionnels, avec de nouvelles fonctions inhérentes au système d’information sous-jacent intégrant les personnes, le(s) process et les informations, lesquels peuvent être accédés désormais en dehors de la salle de contrôle. Grâce à l’évolution au niveau des nouvelles sciences et technologies de l’information et de la communication, différents supports d’information peuvent même être maintenant envisagés (PDA, Pocket PC, téléphones portables, etc.) [8] et font d’ailleurs d’ores et déjà l’objet de nombreuses réalisations dans les industries de process, alors qu’elles n’ont fait l’objet que de peu d’évaluations sous l’angle de l’ergonomie. MOTS CLES : Supervision basée sur le web, Interaction Homme-Machine, Services Web, Architecture orientée services, Processus métier, Intégration de services. ABSTRACT We consider HCI issues for modern supervisory and control systems within a new technological context, in constant evolution. This evolution is characterized by some important features such as mobility, cooperation between human actors, but also interconnectivity, interoperability and heterogeneity of industrial systems. New technological solutions, which are attractive for the engineers, have to lead to new problematics for the ergonomists. Pourtant, différents modes d’utilisation, différentes ressources matérielles imposent des interactions HommeMachine différentes. A l’évidence, l’IHM d’une application ne peut être identique sur un téléphone portable ou sur une station de travail en raison de leurs différences en termes de ressources matérielles (taille de l’écran, absence de claviers, etc.) [25]. Ceci induit non seulement le développement de solutions interactionnelles ou d’IHM dédiées, mais aussi de préciser clairement les différentes classes d’utilisateurs concernées et les différents types de tâches qui sont susceptibles d’évoluer suite à l’apport de ces nouveaux moyens d’interaction. KEYWORDS : Web-based Supervision, HumanComputer Interaction, Web services, Services oriented Architecture, Business processes, Services integration. INTRODUCTION L’Interaction Homme-Machine joue un rôle prépondérant dans tout système de supervision [18,22,23]. Depuis longtemps, on considère que l’opérateur humain en salle de contrôle doit disposer de vue(s) globale(s) sur le système tout en ayant la possibilité de modifier des valeurs de paramètres du procédé supervisé selon la situation en cours [10,16]. De façon plus globale, le système interactif mis à la disposition des différents acteurs (incluant les opérateurs de supervision) de l’organisation mise en place au sein de l’entreprise doit considérer les principa- Dans ces conditions, la nécessité ou le besoin d’une nouvelle approche pour la conception et l’évaluation de ces nouveaux systèmes de supervision de processus industriels devient impératif ; de nouvelles perspectives et problématiques semblent apparaître pour les ergonomes. 111 Certes le concepteur des nouvelles IHM de supervision doit proposer une méthodologie de conception dont le rôle central est l'opérateur humain, mais la supervision conventionnelle ou traditionnelle est profondément différente de celle basée sur les technologies de l'information, notamment celles du web. En ce sens, les besoins et les spécifications de l'opérateur dans le contexte d'une supervision basée sur le web sont ou peuvent être exprimées différemment. Jusqu'à présent, les recherches menées sur l'IHM en général et la supervision en particulier ont proposé des méthodologies de conception d'IHM d'une manière générale où les spécifications de l'opérateur vis-à-vis de l'IHM de supervision ne sont exprimées que par rapport à un contexte centralisé de la supervision (en salle de contrôle), difficilement modifiable. physiquement séparées mais qui coopèrent pour réaliser différentes tâches. Par conséquent, les informations nécessaires à une supervision sont devenues désormais distribuées et l'accès à l'information, son traitement se font souvent dans des lieux différents. Le support de l'information est aussi très hétérogène, dû à la diversité des équipements, des différents systèmes d'exploitation, des langages de programmation, des nombreux types de bases de données. Il apparaît donc nécessaire de considérer la supervision dans un environnement hétérogène et distribué. Un traitement répondant à ce besoin est un traitement ouvert réparti. Généralement, au niveau des différents responsables de départements ou services, comme par exemple des responsables de production, méthodes, qualité, maintenance et autres, la supervision accumule un nombre considérable d'informations devant être traitées et analysées efficacement et fiablement sachant que la complexité d'un système de supervision devient importante dès que les données échangées s’accroissent relativement au nombre de plus en plus important d'équipements qu’il devient possible de superviser. Par conséquent, la supervision doit pouvoir fournir suffisamment d'outils et de méthodes de visualisation et d'extraction d'informations permettant une information synthétique, accessible de partout, au moment voulu et indépendamment des dispositifs d'accès (PC, PDA, Pocket PC, etc...). Peu de travaux ont été réalisés pour obtenir un retour d’expérience quant à l’exploitation et l'utilisation des technologies du Web et d’internet dans le contexte de la supervision, malgré un potentiel mis en évidence par plusieurs auteurs [11,28,32,33]. En réalité, la supervision et le contrôle basés sur Internet sont un nouveau et récent concept où réellement peu de travaux ont été effectués pour développer des méthodes de conception systématiques, dans lesquels des volets importants de conception sont à considérer selon un nouvel angle de vue [33] ; en particulier : la spécification des besoins relatifs aux acteurs de différents types distribués dans le temps et l’espace, la sélection d’architecture ou de modèle d’architecture basé sur le web, la conception d’interface Web, la supervision et le contrôle (et un ensemble de tâches annexes) exploitant les potentialités du web, les tests de sûreté du système totalement distribué et l’accès concurrentiel aux utilisateurs (et donc pas seulement aux opérateurs de la salle de contrôle, mais à un ensemble d’intervenants de différents corps de métier, et de niveaux hiérarchiques variés). Une tendance actuelle tente de mettre la supervision au cœur de l'entreprise où tous les acteurs de cette entreprise puissent interagir avec tous les processus métiers et en apportant de nombreuses possibilités de visualisation ou de vues de l'entreprise selon les besoins et les objectifs de chaque acteur dans un environnement Web exprimés à l’aide de services Web. L'application web de supervision consultée par un opérateur humain résulte en fait de la mise en œuvre de services Web pouvant être assemblés et développés en interne à l'entreprise dans l'objectif d'intégration d'applications d'entreprise, de personnes et de process, et en externe dans le cas de la supervision multi-sites par exemple ou d'ouverture de l'entreprise à l'extérieur pour ses partenaires et fournisseurs. Il s’agit à terme d’intégrer la dimension technologique notamment celle du Web et des sciences et technologies de l’information et de la communication dans le processus de construction d’IHM de supervision basé sur la notion de services Web ; pour cela il devient possible pour les ingénieurs de s’appuyer sur une architecture orientée services dont les principales motivations et objectifs sont exposés brièvement ci-après. ARCHITECTURE ORIENTEE SERVICES (SOA) ET CONCEPT DE L’ORIENTATION SERVICES L'architecture orientée services (SOA) est un moyen de réutiliser l'existant et de le transformer en des services plus agiles [5] (visant une grande interconnexion entre les différents départements, groupes de travail ou simples acteurs de l’entreprise, pour aller vers des capacités de réactivité de plus en plus grandes). La base d'une SOA repose sur des services répondant aux critères suivants : faiblement couplés, distribués, invocables et publiables et orientés métier. Avec ce type d'architecture, les processus métiers, les présentations des informations et contenus (écrans), les logiques applicatives et les données sont séparées dans des couches distinctes et faible- NOUVELLES MOTIVATIONS ET NOUVEAUX OBJECTIFS POUR LES INGENIEURS Le besoin de réseaux de communication est né de l'intérêt de mettre à disposition des utilisateurs, répartis géographiquement, des fonctions de traitement et des ressources informatiques présentes sur un ensemble de stations. Les applications informatiques y compris celles de supervision sont devenues réparties et sont construites à partir de ressources matérielles et logicielles qui sont 112 ment couplées [4]. L'architecture décompose les applications en services, disponibles et réutilisables à travers laquelle le système d'information d'une entreprise peut être totalement intégré, c'est-à-dire qu’il doit permettre une combinaison efficace et flexible de ressources que constituent les personnes, les process et les informations dans un but d'optimisation, par exemple de la production quand il s'agit de la supervision, à travers et au delà de l'entreprise. comme IBM, Epicentric [6], Netgrity/DataChannel regroupés sous l'égide du comité technique WSIA (Web Services Interactive Applications) au sein de l'OASIS (Organization for the Advancement of Structured Information Standards) [19]. Cet accès aux applications et aux services web concerne tant l'accès direct par l'utilisateur aux services via un navigateur web que la gestion de la syndication1 et de l'assemblage de services web par différents intermédiaires avant l'interaction avec l'utilisateur final. Les deux scénarios ayant servi de base à l'élaboration de spécifications décrites ci-dessous sont d'une part : l'accès multi canal des utilisateurs aux services web (PC, PDA, Téléphones cellulaires) et d'autre part, l'agrégation de services web sous une mise en page unique par un intermédiaire d'un canal de distribution qu'est celui de portails (voir plus loin). Mais aussi, des spécifications comme WSFL d'IBM, Xlang de Microsoft ont été élaborées pour assurer l'assemblage en amont des services web. Cet aspect n'est pas considéré dans cet article. L'approche SOA prône une conception désolidarisée des développements traditionnels (conçus le plus souvent selon le découpage suivant : présentation, logique métier, base de données) ; en ce sens, elle sépare la conception selon la présentation, l'interaction, les processus, les services et les bases de données. Par conséquent, le choix en amont d'une telle architecture va guider la manière dont les applications (et donc leurs IHM) vont être conçues, tant sur la manière de concevoir les composants et les services, que sur leurs interactions dans le cadre du système d'information global [5]. Les Services Web s’appuient sur un modèle d’interaction assurant trois rôles : (1) celui de fournisseur de services, (2) celui d’annuaire de services, (3) celui de demandeur de services. Ceci est réalisé selon les trois types d’opérations suivantes : Publication de description de services (Opération Publish/Publier), Recherche et découverte de la bonne description de services (Opération find/Rechercher) et Association ou invocation des services basés sur la description (Opération bind/Lier), d’une part, et d’autre part, en se basant sur un ensemble de standards tels que : http, SOAP [24], WSDL [31] et UDDI [26] facilitant le transport, l’invocation, la description et la recherche de services Web, comme illustré par la figure 1. Les services web [30] forment un des éléments d'une SOA. Ils fournissent la base technologique pour faire communiquer les applications entre elles. Ils ont l'intérêt de réduire les coûts et la complexité dans la mise en œuvre d'une SOA [13], comme expliqué dans la section suivante. DEFINITIONS ET CARACTERISTIQUES TECHNIQUES DES SERVICES WEB Les services web sont des applications auto descriptives, modulaires et faiblement couplées qui fournissent un modèle simple de programmation et de déploiement d’applications, basé sur des normes et s’exécutant aux travers de l’infrastructure Web. Ils réalisent des fonctions allant des simples requêtes aux processus métiers sophistiqués. annuaire de Services Description de services Trouver Les Services Web ont pour objectif d’assurer à travers le réseau Internet ou intranet, l’interaction entre les applications, les ordinateurs et les processus métier via les protocoles Internet et XML [7] en permettant d’accéder de manière uniforme, à partir d’un seul accès Web à plusieurs services applicatifs distants. Ils correspondent donc à de nouveaux composants logiciels dans un système d’interaction fondé sur le Web, et sont déployés sur de multiples canaux de distribution [13]. Publier WSDL, UDDI demandeur de services WSDL,UDDI Invoquer fournisseur de Services Figure 1 : Déploiement des services web LES PRINCIPALES APPROCHES DE SOLUTIONS ORIENTEES SERVICES POUR L’INTERFACE HOMME-MACHINE Dans une SOA basée sur les services web, une application Web est définie comme étant une application au travers d’un ou de plusieurs services Web chargés d’adapter la présentation de l’information au canal de distribution et aux profils des utilisateurs. Ainsi, l’utilisateur final doit disposer en principe de l’information dont il a besoin quel que soit son mode d’accès [4]. Cet accès en aval à ces services web a été la préoccupation d'un groupe de sociétés et d'éditeurs Cette section présente et décrit très brièvement les différentes spécifications concernant les interfaces utilisateurs 1 Syndication : procédé consistant à rendre disponible une partie du contenu d'un site web afin qu'elle soit utilisée par d'autres sites. Pour une définition plus complète, voir : http://www.dicodunet.com/definitions/commenter-430.htm 113 des services Web qui sont : WSUI exploitant XML [32], WSXL d’IBM en utilisant WSDL [12], WSIA [21] et WSRP [20] d'OASIS. tion, (4) les composants de contrôle. L'ensemble de composants de données et de présentation liés par un composant de contrôle forme un conteneur WSXL. WSUI - Web Service User Interface. WSUI a été propo- WSIA - Web Services for Interactive Applications. sé à l’origine par Epicentric. Son objectif vise à décrire : (1) la présentation des services Web à leur utilisateur via des instructions de mise en page des résultats des invocations de ces services ; (2) le modèle des interactions avec l’utilisateur. WSUI peut donc faire office de standard pour la définition d'interfaces utilisateurs relatives aux services web [2]. A ces fins, WSUI introduit et formalise en un dialecte XML les composants suivants : composants et conteneurs, pages et vues, évènements et flux d’interaction. Le composant WSUI, entièrement décrit en XML, est une application Web indépendante de la plate-forme d’exécution, capable d’invoquer des services Web d’une part, et de présenter des informations à l’utilisateur et de réagir à ses commandes c’est-à-dire à un ou plusieurs services Web avec son interface graphique et son modèle d’interactions d’autre part. Le conteneur peut être constitué de plusieurs pages Web ; chaque page Web comporte une ou plusieurs vues sur des composants WSUI. Un composant peut être affiché sous plusieurs vues dans la même application (ex. html pour navigateur Web et WML pour un téléphone WAP). A notre avis, cette possibilité peut être exploitée pour prendre en charge les notions d’adaptabilité en rapport avec celle de plasticité2 d’IHM [3,25]. WSIA [21] est une spécification proposée par l'OASIS dont l'objectif est de fournir un modèle de composants d'interfaces basé sur XML et les services web pour consolider les travaux déjà engagés par IBM avec WSXL d'une part et les efforts engagés par Epicentric avec WSUI d'autre part. WSIA constitue un modèle unifié des interactions avec les services web. WSXL - Web Service Experience WSRP - Web Service Remote Portal. La spécification WSRP [20] concerne l'agrégation de contenus entre portails d'information en formalisant l'architecture de portlets3 sous-jacentes à WSXL. Les Services Web pour Applications Interactives (WSIA) et Services Web pour Portails distants (WSRP) définissent une interface de service web pour accéder et interagir avec des présentations interactives orientées web services indépendamment des canaux de diffusion. APPLICATION A L'IHM DE SUPERVISION Nous nous intéressons aux systèmes ayant la capacité à créer des interfaces utilisateurs pouvant dialoguer avec les processus métiers d’une part, et ayant des capacités de Workflow intégrées permettant d’assigner des tâches aux opérateurs en fonction de leur profil d’autre part. Aussi, l’IHM d’un système de supervision est basée sur le modèle des services Web décrit précédemment. Ce modèle d’IHM propose plusieurs services Web relatifs à la supervision et la communication (interaction) entre différents acteurs humains (opérateurs en salle de contrôle, rondiers, équipes de maintenance, ingénieurs de production, décideurs, managers, experts, etc.) constituant l’organisation globale de l'entreprise. Language. WSXL est la spécification XML écrite par IBM et qui a pour objet la gestion, l'agrégation et syndication des interfaces utilisateurs des applications et des services Web pour l'utilisateur final. L’approche WSXL d’IBM s’inscrit dans le prolongement de modèles orientés objets des interfaces graphiques et s’est inspirée du modèle de référence MVC (Model View Controller), dans lequel les données (modèle), leurs vues et les commandes utilisateurs (Controller) sont séparées [17]. Une application WSXL est constituée d'un ou plusieurs composants de données, d'un ou plusieurs composants de présentation et d'un composant de contrôle (du dialogue homme-machine) qui lie les composants de données et présentation en spécifiant leur comportement collectif en réponse aux commandes de l’utilisateur. WSXL propose donc quatre classes de composants qui sont : (1) Composants de base, dont tous les autres composants héritent, (2) les composants de données, (3) les composants de présentation, (4) les composants de Transformation de scénarios de supervision en services web et en Workflow de tâches opérateurs. Il s'agit de définir les composants du système de supervision pouvant être accédés à l’aide de services Web par un utilisateur. Cet accès peut être solicité soit par une application à travers un service web automatisé, soit par un poste opérateur (humain) demandant une fonction (tâche) à travers un serveur de services. Ce dernier gère la requête en appelant le service stocké dans un référentiel (annuaire), se charge de son exécution puis renvoie la ré- 2 Sur le site de l’Action Spéciale (AS) 160 « Plasticité des interfaces » on trouve actuellement la définition suivante : « Cette AS traite de la plasticité des systèmes interactifs, c’est-à-dire de leur capacité à s’adapter à la diversité des plates-formes d’interaction (PC, assistant personnel, téléphone mobile) et à l’environnement physique dans lequel s’inscrit l’interaction (chez soi, en voiture, en train, etc.). L’adaptation logicielle à la diversité des contextes d’interaction doit se faire à moindre coût pour le développeur tout en préservant l’utilisabilité du système » (Cf. http://insitu.lri.fr/RTP/a_as.htm) 3 Portlet : module intégré à un portail d'entreprise, qui permet à l'utilisateur de disposer, dans la même fenêtre, d'un accès centralisé et convivial à différentes ressources (données, applications, sites Web, etc.), de modifier l'interface du portail selon ses besoins et de personnaliser ainsi son environnement de travail (source : http://www.journaldunet.com/encyclopedie/definition/398/51/20/portle t.shtml). 114 la réponse à l’utilisateur initial sous le format désiré comme illustré par la figure 2. nance à distance : on suppose que ce service peut permettre à un opérateur d’astreinte d'accéder depuis n'importe quel dispositif d'accès (PC, PDA, Pocket PC, Téléphone cellulaire) de partout, pour superviser, diagnostiquer à l'aide des fonctions de diagnostic intégrées et, au besoin, commander via Intranet/Internet les machines et équipements concernés. Utilisateur L’opérateur d’astreinte est contacté par le superviseur en chef selon le principe visible en figure 3. L’opérateur d'astreinte reçoit un message sur son téléphone portable de la part du superviseur en chef (le moyen de communication choisi par cet opérateur pour être joint) ; il consulte et prend connaissance du message qui lui demande d'intervenir pour dénouer une situation délicate de supervision, accepte et confirme la mission. A partir de son téléphone portable, il décide d'accéder au système de supervision de son entreprise à travers son IHM (agrégation et intégration de services), via des portlets implémentant les différents outils et tâches que peut accomplir un opérateur de supervision (Cf. figure 2). … Requêtes/ réponses HTTP Serveur Web Requêtes/ réponses SOAP Puis il s'authentifie. Le système affiche un certain nombre de services sous forme de portlet. L’opérateur choisit le service de maintenance à distance. Il intervient à distance et dénoue la situation pour laquelle il rend compte à son superviseur en chef en lui envoyant différentes vues d’affichage du process en question sur différents dispositifs de sortie avec un courrier électronique adressé au responsable de la maintenance pour traitement ultérieur. Services Web Figure 2. Accès opérateur via un serveur de services web Le scénario d’une tâche de supervision correspond donc à l’invocation d’un ou plusieurs services Web donnant naissance à un ou plusieurs Workflow définissant un service composé [28] et implémenté suivant une chorégraphie de services Web [1]. Services Web Profils opérateurs Les différentes catégories ou classes de services Web que peuvent composer le modèle de supervision sont à titre d’exemple, les services web de Production, Méthodes, Qualité, Maintenance, Approvisionnement, Logistique, Formation, Direction générale, etc. Ce sont des services web orientés non seulement vers les opérateurs de la salle de contrôle, mais aussi vers de nombreux autres membres de l’organisation que ces services web peuvent permettre de faire interagir. Appli. Web Opérateur Services Web Maintenance Services Web Logistique Services Web Approvisionnement … Scénario de supervision. Il s'agit pour les personnels de l'entreprise de pouvoir interagir avec l'interface utilisateur du portail de l'entreprise pour accomplir différentes tâches qui leur sont assignées suivant leur profil, collaborer avec leurs collègues et ceci à travers les différents services Web des activités verticales de l’entreprise implémentés par exemple sous forme de portlets à l’aide de WSRP. L’interface utilisateur peut être déployée sur différents dispositifs de sortie ou même une partie des renseignements requis peut être passée à un autre service Web pour un traitement spécifique comme illustré à travers l’exemple suivant de service de support et mainte- Services web dédiées aux activités verticales de l'entreprise Figure 3. Application web vue en tant qu’agrégation de services web (inspiré de [4]) DISCUSSION : VERS DE NOUVELLES PROBLEMATIQUES ET PISTES DE RCHERCHE POUR LES ERGONOMES De nombreuses questions de recherche vis-à-vis de l’incidence de cette nouvelle approche de supervision se posent potentiellement aux ergonomes. Il est possible 115 d’en recenser sans souci d’exhaustivité, mais surtout de représentativité. exemple, un rondier réalisant une action sur le processus industriel à la demande des opérateurs de la salle de contrôle, tout en s’appuyant sur des informations sur certaines machines, disponibles par l’intermédiaire d’un PDA ou un pocket PC) soient les plus ergonomiques possibles. Il faut à ce sujet préciser que peu de recherches ont été menées relativement à la plasticité des IHM dans un contexte de supervision. C’est un domaine à défricher. D’abord, il s’agit d’analyser et de comprendre les incidences, intérêts et limites de passer à une supervision classique où les opérateurs sont en salle de contrôle, à une supervision où des acteurs hors salle de contrôle ont la possibilité d’utiliser à distance des fonctionnalités de supervision. Il est important de bien analyser les responsabilités et tâches possibles qu’il est possible d’attribuer à ces acteurs, qu’ils soient acteurs directs de la supervision ou non. Les concepts de formation sur le lieu de travail (ou en dehors de celui-ci) peuvent éventuellement faire l’objet aussi d’évolutions tirant profit des concepts de service web. Il est dans ce cas important de réorganiser le travail de manière à ce que des séquences d’auto-formation ou entraînement puissent y être intégrées de manière utile et harmonieuse (portant par exemple sur des procédures d’intervention dans des situations inhabituelles), sans nuire à la qualité du travail en cours, par exemple lors de phases d’attente ou de déplacement. Par exemple, si des fonctionnalités de e-maintenance (maintenance à distance) sont utilisées sur des machines ou composants d’installations industrielles, il est important de faire en sorte que les opérateurs en salle de contrôle soient prévenus automatiquement, de manière à ce qu’ils intègrent ces interventions se voulant les plus transparentes possibles, dans leur processus de raisonnement. CONCLUSION Dans cet article, nous avons mis en avant une nouvelle approche de conception d’IHM de supervision à travers la notion de services Web et les technologies sousjacentes orientées interfaces utilisateurs et pouvant répondre aux nouvelles exigences et contraintes mises en évidence en introduction. Il est important aussi de souligner qu’à partir du moment où des utilisateurs sont nomades et qu’il est important de procéder à des évaluations en terme d’utilité et d’utilisabilité de dispositifs interactifs d’aide aux activités, on se situe dans un challenge difficile et encore peu traité aussi bien au niveau national qu’international, relatif à la nécessité de méthodes d’évaluation adaptées. Voir [14] pour une présentation de plusieurs méthodes utiles à ce sujet. Le modèle orienté services de l’IHM de supervision peut mettre en avant l’agrégation et la syndication de sources d'information indépendantes au niveau de la couche présentation sous le contrôle de l'utilisateur à travers de nouveaux standards d’échange et de présentation de données, oeuvrant à donner une représentation transparente (le plus souvent en se basant sur XML), de la présentation des Web Services et des interactions avec leurs utilisateurs rendant ainsi en principe facile voire automatique leur adaptation aux différents modes d’accès. De manière générale, il serait important d’analyser les nouvelles articulations à trouver concernant les différentes activités de l’entreprise, au travers de ces services à distance. Certaines d’entre elles n’ont peut-être jamais été envisagées ou approfondies. Par exemple, dans des cas de figure particuliers, les chargés de clientèle peuvent avoir intérêt à consulter avant, voire même pendant les interactions chez les clients, des informations relatives à la production en cours ou aux prévisions en terme de production. Aussi, la modélisation des activités d’un opérateur comme service web est un choix de conception qui peut être considéré lors du processus de conception de l'IHM. La supervision utilisant les technologies du Web et d'Internet ouvre beaucoup de perspectives en termes de communication et de partage d'informations au sein d’une entreprise et au plus près des équipements permettent ainsi un transfert vertical d’informations de l’installation (terrain) qui représente le niveau le plus bas de la hiérarchie vers le niveau le plus supérieur qu’est celui du management. Il serait intéressant d’analyser l’apport de ces nouvelles technologies dans un contexte de changement (relève) de poste/d’équipe, phase critique du travail en équipes successives (cf. par exemple [9]). Par exemple, serait-il possible et/ou utile de se préparer à un changement en anticipant sur la consultation d’un ensemble de variables, par exemple significatives de l’état de fonctionnement du procédé, à l’aide par exemple de son téléphone portable ou d’un PDA ? Ces nouvelles technologies très attrayantes pour les ingénieurs sont d’ores et déjà disponibles et même de plus en plus utilisées. Encore faut-il maintenant qu’elles soient connues par les ergonomes, que leurs avantages et inconvénients soient bien cernés, et que de nouvelles Un domaine de recherche très actif est la plasticité des interfaces homme-machine [3,25], concept très intéressant dans une optique de services web. Il est très important que les interfaces homme-machine utilisées par des utilisateurs nomades en lien avec la supervision (par 116 13. Kadima, H., Monfort V. Les services Web : techniques, démarches et outils, XML, WSDL, SOAP, UDDI, Rosetta, UML. Edition Dunod, 2003. méthodes de conception et d’évaluation adaptées apparaissent. REMERCIEMENTS 14. Kjeldskov, J., Stage, J. New techniques for usability evaluation of mobile systems. International Journal of Human-Computer Studies, 60, pp. 599-620, 2004. Les auteurs remercient la Région Nord-Pas de Calais et le FEDER (projets TAC MIAOU et EUCUE, TAT SART) qui ont contribué à financer certaines parties de ces recherches. 15. Kolski, C. Interfaces homme-machine, application aux systèmes industriels complexes. Hermes, Paris, 1997. BIBLIOGRAPHIE 1. 2. 3. Arkin, A. et al. Web Service Choreography Interface (WSCI) 1.0, W3C Note 8, August 2002. Accessible à : http://www.w3.org/TR/wsci/ 16. Lejon, J.C. L'évolution de la conduite sur SNCC. 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Web Services User Interface (WSUI). Accessible à : http://www.service-architecture.com/webservices/articles/web_services_user_interface_wsui.html 118 Les déterminants du choix d’une modalité d’interaction avec une interface multimodale Laurent Karsenty INTUILAB, Prologue 1, La Pyrénéenne, 31672 Labège [email protected] RESUME collaboratifs et les applications de réalité virtuelle (Thalman, 2002), pour ne citer que quelques exemples. Si les premiers travaux significatifs sur la multimodalité ne datent pas d’aujourd’hui, force est de reconnaître que la conception d’interfaces multimodales soulève encore de nombreuses questions. Pour une part, ces questions sont liées à la méconnaissance des déterminants du choix de chaque modalité d’interaction ou combinaison de modalités par l’utilisateur. Pourtant, en analysant les travaux empiriques à notre disposition et en recoupant plusieurs résultats disparates, on s’aperçoit qu’une certaine connaissance est déjà disponible laquelle, si elle est encore insuffisante pour établir une théorie complète et précisément guider les choix de conception, peut néanmoins faciliter certaines décisions des concepteurs. C’est l’objectif de cet article que de rapporter les résultats d’une telle analyse sous forme d’une synthèse des principales observations recueillies sur l’usage d’interfaces multimodales. Cette synthèse permettra de tirer une série d’enseignements et de pistes de réflexion. Pour respecter les limites imposées à cet article, nous nous focaliserons dans la suite sur la multimodalité en entrée. L’usage des modalités vocale et gestuelle sera plus particulièrement traité car elles sont au cœur de nombreuses applications envisagées aujourd’hui. Par gestes, nous entendrons à la fois les gestes 2D ou 3D mais aussi les gestes de manipulation d’une souris, d’un stylet ou de tout autre dispositif de commande. Les applications industrielles des interfaces multimodales touchent de plus en plus de domaines. Pourtant, leur conception soulève encore de nombreuses questions, en partie liées à notre méconnaissance des déterminants du choix d’une modalité d’interaction par l’utilisateur. Cet article rapporte une série d’observations tirées d’expérimentations d’interfaces multimodales qui comblent en partie ce manque. L’effet de certains déterminants est spécifiquement discuté, comme la nature de la tâche et l’évaluation subjective et contextualisée de la performance réalisée par l’utilisateur alors qu’il utilise le système. MOTS CLES : multimodalité, commande vocale, geste ABSTRACT Multimodal interfaces get wider recognition in industry and more and more applications are considered today. However, their design still raises many questions, partly related to our lack of knowledge regarding the determinants of the choice of an interaction modality by users. This article reports a series of observations on the use of multimodal interfaces which partly fill this lack. The effect of some determinants is specifically discussed, such as the nature of the task and the subjective and contextualized evaluation of the performance carried out by users as they are using the system. QUELQUES DEFINITIONS KEYWORDS : multimodality, spoken command, gesture Système multimodal Nous considérerons comme système multimodal tout permettant d’utiliser plusieurs canaux de communication en entrée et/ou en sortie (Nigay et Coutaz, 1996, Martin, Julia et Cheyer, 1998). Nous retiendrons en outre que les systèmes multimodaux offrent une autre source de flexibilité aux utilisateurs : elle concerne le format des informations transmises ou, ce que Bernsen (2002) a proposé d’appeler la modalité représentationnelle. Pour chaque canal, il existe en effet plusieurs façons de « conditionner » l’information à transmettre. Par exemple, en s’adressant à un serveur vocal, l’utilisateur peut formater son message en une suite de mots-clés, de morceaux de phrase simplifiée ou en une expression totalement naturelle. Nous verrons que du point de vue INTRODUCTION Les développements récents de l’informatique et des infrastructures de télécommunication ouvrent aujourd’hui la porte à une interaction plus riche entre l’homme et la machine. En particulier, il devient possible d’avoir recours à une interaction multimodale, dépassant le paradigme clavier-souris-écran pour exploiter plusieurs modalités d’interaction, que ce soit sur un poste fixe ou un terminal mobile. Ces perspectives concernent des applications aussi variées que les bornes publiques d’information (ex., Lamel et al., 2002), les services mobiles de recherche d’information (Karsenty et al., 2005), les systèmes embarqués (ex., Kamp, 1998), les environnements 119 de l’utilisateur, ces deux dimensions, canal de communication et modalité représentationnelle, ne sont pas indépendantes. ou si celui-ci ne trouverait pas plus facile et/ou plus efficace de les enchaîner séquentiellement. On peut aussi se demander s’il préférerait tirer parti des spécificités de chaque modalité et les combiner de façon complémentaire ou, au contraire, chercher à réaliser un acte complet avec seulement une modalité, quitte à être parfois moins efficace. Il est aussi nécessaire de savoir si l’utilisateur adopterait plusieurs modalités indifféremment pour transmettre une même information ou si, au contraire, il ne préférerait pas toujours la même modalité pour une fonctionnalité ou une commande donnée, auquel cas il serait inutile de fournir plusieurs modalités. Enfin, il convient de déterminer s’il n’existe pas plusieurs profils d’utilisateurs face à ces nouvelles interfaces et ce qui les caractériserait. Modes de coordination entre modalités La transmission d’une information peut s’appuyer sur une modalité unique ou sur une combinaison de modalités. Ainsi, pour indiquer une destination souhaitée, on peut dire « Je voudrais aller au 5 rue du Pont » ou désigner le lieu souhaité tout en disant « Je voudrais aller ici. » Avec des systèmes où une combinaison de modalités en entrée est possible, l’utilisateur doit connaître les modes de coordination entre modalités autorisés (Coutaz & Nigay, 1994). L’usage de plusieurs modalités peut être séquentiel ou parallèle. Certains systèmes n’autorisent que des combinaisons séquentielles de modalités, sans recouvrement dans le temps. C’est le cas notamment du prototype MiPad (Huang et al., 2001) où l’utilisateur, pour remplir un champ d’information, doit d’abord cliquer dessus puis parler. D’autres systèmes autorisent des recouvrements de modalités, en faisant intervenir un mécanisme explicite ou implicite de fusion multimodale combinant le sens extrait de chaque modalité. Par exemple, avec le système Intuikit développé par Intuilab1, l’utilisateur peut saisir un objet représentant une valeur boursière avec sa main sur un écran tactile et dire en même temps « Je voudrais en acheter pour 200 euros », par exemple. Quel que soit le mode disponible ou choisi, les modalités peuvent être utilisées de façon complémentaire, redondante ou même concurrente. Deux modalités sont complémentaires si les informations que chacune véhicule constituent une partie du sens global communiqué. Deux modalités utilisées de façon séquentielle ou parallèle sont redondantes si les informations que chacune véhicule sont identiques. Par exemple, un utilisateur peut dire : « Je veux aller à Toulouse » tout en montrant la ville de Toulouse sur une carte. Enfin, deux modalités peuvent être utilisées de façon concurrente, au sens de contradictoire ou conflictuelle. Par exemple, un utilisateur pourrait lancer la commande vocale « tourne à droite » en désignant gestuellement la gauche. Enfin, deux modalités sont équivalentes si l’utilisateur ou le système les utilise indifféremment pour transmettre la même information. Dans le cas inverse, on peut parler de l’assignation d’un type d’information à une modalité donnée. Toutes ces distinctions sont fondamentales pour l’étude des usages de la multimodalité. Si un système offre plusieurs modalités d’entrée, on peut en effet se demander s’il y a intérêt à fournir des mécanismes de fusion multimodale supposant que l’utilisateur agisse en combinant deux modalités (à peu près) en même temps USAGES OBSERVES LORS D’EXPERIMENTATIONS Une synthèse des résultats de plusieurs expérimentations est présentée ici. Soulignons que beaucoup de ces travaux de recherche portent sur des environnements simulant en partie les capacités du système. Pour cette raison, une attitude prudente dans l’interprétation des résultats reste nécessaire. Commandes multimodales vs. monomodales Plusieurs travaux comparent le taux de commandes multimodales au taux de commandes monomodales pour vérifier l’intérêt des premières. Généralement, le terme de commande multimodale y désigne une utilisation complémentaire et parallèle des modalités. De façon générale, on constate la prédominance de commandes uniquement vocales : ainsi, dans des tâches exploitant le plan d’une ville, Oviatt et al. (1997) enregistre 63,5% de commandes effectuées oralement, contre 17,5% effectuées par l’écriture et 19% par des commandes multimodales associant parole et stylet. Dans une tâche de manipulation de fichiers, la même prédominance a été observée (Huls & Bos, 1998) : environ 58% des commandes étaient réalisées à la voix uniquement, alors que seulement 11% environ étaient réalisées de façon multimodale. Toutefois, ces résultats varient en fonction des tâches réalisées par les utilisateurs. Ainsi, dans une tâche d’aménagement d’un salon, impliquant la manipulation et l’organisation d’objets dans l’espace (canapé, table, chaises, etc.), Mignot et Carbonel (1996) ont enregistré 43% de commandes vocales, contre 41% de commandes multimodales (geste+voix) et 16% de commandes uniquement gestuelles. Oviatt et al. (1997) ont constaté de leur côté que les commandes multimodales étaient produites plus fréquemment pour des tâches spatiales de localisation (ajouter, déplacer, modifier ou calculer la distance entre les objets). Enfin, Catinis et Caelen (1995) enregistrent, sur une tâche de dessin, 66% de commandes multimodales. Cela dit, dans ce dernier cas, l’utilisation de la commande vocale était très contrainte : une seule structure syntaxique et un vocabulaire de quelques dizaines de mots seulement étaient autorisés. 1 On pourra consulter une démo de cette application à : http://www.intuilab.com/presentation/202-demos.html 120 Cette spécificité, qui a pu favoriser le recours à la multimodalité, révèle que l’adoption d’une modalité au sens de canal de communication peut dépendre à la fois de la tâche mais aussi du format d’information autorisé. De plus, certaines conditions externes favoriseraient le recours à l’une ou l’autre des modalités. Huls et Bos (1998) ont notamment révélé l’effet de deux facteurs sur ce choix dans une tâche de manipulation de fichiers informatiques (des résultats similaires sont présentés dans Oviatt et al., 1997) : x La longueur des mots (noms de fichier) : les mots courts – 3 à 4 caractères dans cette étude – favorisaient le recours à la modalité vocale (76% des commandes) alors que les mots longs – plus de 8 caractères dans cette même étude – conduisaient à un ré-équilibrage dans le choix des commandes avec 39% de commandes de type manipulation directe (avec la souris), 18% de commandes multimodales (parole + désignation avec la souris) et 43% de commandes vocales. x L’accessibilité visuelle des objets : dans l’expérimentation de Huls et Bos, les fichiers à manipuler pouvaient être visibles à l’écran ou non. Lorsqu’ils n’étaient pas visibles, les utilisateurs avaient préférentiellement recours à la modalité vocale seule pour y faire référence (72% des cas). Par contre, lorsqu’ils étaient visibles, la modalité vocale seule ne représentait plus que 44% des cas. Bien évidemment, la combinaison de ces deux facteurs a produit des résultats encore plus marqués puisque, dans le cas de noms courts et non visibles, 86% des commandes utilisaient la parole seule, alors qu’avec des noms longs visibles, la commande vocale ne représentait plus que 28% des cas. D’autres conditions favoriseraient l’adoption d’une modalité en particulier au détriment des autres. C’est le cas notamment de la modalité de sortie utilisée par le système. Ainsi, on a observé qu’un prompt vocal favorisait le choix de la modalité vocale en entrée alors que plusieurs modalités étaient disponibles (Lamel et al., 2002). On peut supposer qu’une forme de pré-activation intra-modale est possible entre la modalité utilisée en entrée et celle utilisée en sortie. x x Modifications du langage dans un environnement multimodal x Plusieurs auteurs ont montré que l’utilisation de plusieurs modalités modifiait le comportement langagier. Les modifications suivantes ont notamment été relevées : x Simplification du langage : les expressions produites dans un environnement multimodal sont plus brèves et moins complexes que les énoncés unimodaux (Oviatt et al., 1997, Petrelli et al., 1997). Par exemple, si avec la modalité vocale seule, l’utilisateur dit (Oviatt et al., 1997) : « Je voudrais voir la photo de la maison à l’extrémité sud-ouest de Reward Lake», dans un environnement multimodal, il encerclerait la maison avec son stylet tout en 121 disant : "Montre la photo". Les études citées ne disent pas, par contre, si une telle simplification est observée chez tous les utilisateurs. Par contre, ils mentionnent qu’elle implique une amélioration des taux de reconnaissance correcte des commandes vocales. Antériorité du composant de localisation avec le geste : dans les énoncés vocaux, le constituant de localisation est rarement au début (seulement dans 1% des énoncés) ; par contre, les expressions multimodales débutent invariablement avec un geste graphique délivrant l’information de localisation suivi d’un énoncé verbal (Oviatt et al., 1997) . Par exemple, l’utilisateur dessine un cercle et dit : « Ajoute une piscine », alors qu’avec la voix seule, il dirait plus probablement: « Ajoute une piscine + [énoncé de localisation] »). Il faut souligner que l’antériorité du geste sur la parole a été observée systématiquement dans les études sur la communication humaine (cf. Butterworth & Hadar, 1989) et devrait reposer sur des dispositions naturelles mises en œuvre en planifiant un acte multimodal. Apparition de nouvelles formes de référence. Plusieurs études font mention notamment des formes suivantes (Siroux et al.,1995, Petrelli et al., 1997) : o des références déictiques combinées à un geste désignant une localisation (ex. « Y a-t-il des campings ici ? ») ; o l’utilisation redondante de références définies vocales avec un geste déictique (ex. « Donne moi la distance entre Lansing et Morestel » avec une désignation tactile sur chacune des deux villes) ; o des références mixtes, avec une désignation tactile complétant une requête verbale sans référence à un lieu (ex. « Quels sont les campings » + une désignation sur une localisation). Toutefois, il convient de noter que ce dernier type de combinaison est soit observé rarement, soit observé avec des utilisateurs expérimentés. Il ne semble donc pas « naturel » mais pourrait apparaître intéressant avec l’expérience. Conception des expressions référentielles en fonction des caractéristiques perceptives : l’exploitation d’un support visuel peut aussi modifier le langage et, en particulier, les expressions référentielles (Gaiffe & Romary, 1997). Ainsi, l’absence de structuration spatiale et/ou de caractéristiques perceptives contrastant des objets représentés induit des expressions complexes et variables d’un utilisateur à l’autre. Par exemple, pour désigner un point non identifié sur la carte d’une ville, l’utilisateur peut dire : « … entre le Pont Charlemagne et l’avenue Gabriel Péri ». Par contre, Effets de l’expérience si la carte est quadrillée, l’utilisateur pourra employer une expression plus simple telle que «… en A 8». Toutefois, notons que cette analyse ne prévoit pas la difficulté potentielle de l’utilisateur pour savoir quelle(s) caractéristique(s) perceptive(s) il peut exploiter vocalement pour faire référence à un objet présenté visuellement. Toutes ces observations confirment l’idée que la multimodalité a un réel potentiel pour améliorer la performance des utilisateurs et qu’une partie de ce gain au moins peut être acquis naturellement en vertu du fait que l‘action humaine – langagière, manuelle ou autre est fortement contextualisée Un fait à mettre en parallèle avec cette apparente recherche d’efficacité est l’accroissement du taux de commandes multimodales avec l’expérience. Par exemple, Petrelli et al. (1997) notent que des utilisateurs expérimentés réalisent 84% de leurs commandes de façon multimodale alors qu’ils ne sont que 30% parmi les novices. Des résultats moins impressionnants mais démontrant la même tendance ont été enregistrés par Mignot & Carbonell (1996). Toutefois, cette évolution ne concernait alors qu’une moitié des utilisateurs. Globalement, ces observations suggèrent que la réalisation de commandes multimodales apparaît soit peu intuitive à l’utilisateur novice, soit difficile à exécuter ne serait-ce que parce qu’elle demande à combiner deux modalités. Ce n’est qu’avec l’expérience, et donc une certaine maîtrise des commandes à modalité unique, que certains d’entre eux se lanceraient à expérimenter les commandes multimodales. Ils auraient alors la possibilité de constater les gains d’efficacité que leur apporte cette nouvelle forme d‘interaction. Usage complémentaire des modalités La complémentarité a été observée dans plusieurs études. Cette complémentarité concerne le plus souvent la combinaison entre une expression déictique (ici, là, ce, …) et un geste déictique et sert ainsi à faciliter la localisation. Mais elle peut aussi servir d’autres fonctions. Elle permet notamment de combiner un geste anaphorique ou un geste de manipulation avec de la parole. Ainsi, avec le système QuickSet (Cohen et al., 1997), l’utilisateur peut contrôler un environnement multimodal de simulation et lancer des commandes du type : « Jeep 23, suivez cette route d’évacuation » avec un geste (stylet) montrant la direction à suivre. Le geste peut ici simplement consister à indiquer par une flèche la direction à suivre : il possède pour cette raison des vertus anaphoriques. Avec le même système, l’utilisateur peut dessiner un carré tout en disant « Crée une unité médicale ici », la parole donnant alors sens au geste de manipulation de l’outil dessin. Avec un utilisateur entraîné à ces styles d’interaction, le temps de création d’entités a été divisé par 9 par rapport à l’utilisation d’une interface graphique standard (Cohen et al., 1998). Trois types de complémentarité se dessinent donc : x geste déictique + voix ; x geste anaphorique + voix ; x geste de manipulation + voix. Beaucoup de travaux insistent sur le premier type de complémentarité. Pourtant, il se pourrait bien qu’il n’ait qu’un intérêt relatif dans le cadre de l’interaction homme-machine. Une étude sur l’utilisation d’une carte de ville multimodale dans laquelle les utilisateurs pouvaient créer, déplacer, supprimer des objets ou calculer des distances entre des points (Oviatt et al., 1997), a montré que les expressions multimodales du type geste déictique + voix représentaient 14% de l’ensemble des expressions multimodales, les 86% restant étant constitué d’expressions du type geste de manipulation + voix. Ces résultats semblent indiquer que les utilisateurs exploitent avantageusement la multimodalité pour des actions complexes, là où le gain en efficacité devrait être le plus marqué. Usage parallèle ou séquentiel de modalités Théoriquement, les modalités utilisées de façon complémentaire peuvent être mises en œuvre parallèlement ou séquentiellement. Une question importante est de savoir si, spontanément, l’utilisateur aurait le plus souvent recours à un usage parallèle ou séquentiel des modalités. Cette question a souvent été traitée en analysant l’utilisation conjointe d’un geste déictique avec une référence déictique. En fait, les résultats obtenus à ce jour sont contradictoires : x Une étude empirique de la temporalité des modalités (Oviatt et al., 1997) a montré que l’usage parallèle des modalités ne constituait pas la majorité des cas. Le parallélisme entre une expression déictique et un geste déictique (« mets ce triangle ici ») ne concernait alors que 25% de ce type de commande. Le plus souvent, le geste précédait la parole, avec un intervalle de temps moyen de 1 seconde, et un espace de variation allant de 0 à 4 secondes maximum. x D’un autre côté, dans l’expérimentation de Hauptmann & McAvinney (1993) sur des manipulations multimodales de cubes, les gestes étaient réalisés pendant ou après le début de la voix dans 50% des cas. Ils ne commençaient avant la commande vocale que dans 8-9% des cas. Le même type de résultat a été enregistré par Catinis (1998) dans une tâche de dessin. A côté de cela, il est intéressant de constater que des mesures très proches de celles fournies par Oviatt et al. ont été obtenues à partir d’études de la multimodalité geste + parole dans la communication homme-homme (cf. Butterworth & Hadar, 1989). On pourrait donc penser que la précédence du geste sur la parole a un caractère naturel ou spontané intéressant à reproduire en interaction homme-machine. Mais il est aussi possible 122 que suivant le dispositif offert aux utilisateurs (type de microphone, type de dispositif de désignation : main ou stylet, type de geste autorisé : 2D ou 3D, etc.) et suivant les tâches étudiées, cette règle ne s’applique pas de façon identique. aller ici », tout en pointant sur la « Rue Minguy » et le système comprendrait « Je voudrais aller Rue du Séjour » par le canal vocal et « Rue Minguy » par le canal gestuel. La conception des systèmes multimodaux devra permettre à l’utilisateur de détecter ces états d’incohérence et les corriger facilement. Usage redondant des modalités De manière générale, peu de redondance dans les expressions multimodales a été observée. Toutefois, les observations recueillies ne sont pas toutes homogènes. Ainsi, Petrelli et al. (1997) ont constaté que la redondance caractérisait 25% des références quand le référent – il s’agissait de champs d’information à remplir - avait un nom très court (une seule lettre). Par contre, elle ne caractérisait que 10% environ des références quand le référent – toujours un champ - comportait un nom plus long (par ex., « Informations générales »). Les auteurs suggèrent l’idée que la redondance serait favorisée quand le coût de la désignation verbale est faible. Si l’effort est une variable à prendre en compte pour comprendre la redondance multimodale, elle ne semble toutefois pas être la seule. La fiabilité semble aussi jouer un rôle dans la décision d’appliquer deux modalités redondantes. C’est ce qui se dégage de l’analyse des corpus de Catinis (1998) concernant une application de dessin multimodal. Ainsi, l’auteur constate que parmi les actions “dessiner”, “déplacer” et “effacer”, la dernière est celle qui suscite le plus de redondance. Or, cette action est celle qui comporte le plus de risque (aucune demande de confirmation ne suivait l’action d’effacement). La redondance pourrait donc être exploitée aussi pour fiabiliser une commande. Equivalence et assignation des modalités L’équivalence est rarement analysée et n’a été observée que dans peu d’études. Catinis (1998) fait toutefois état d’un nombre assez important de commandes de dessin (38%) qui sont exprimées par les sujets indifféremment par la parole, avec la souris, ou par une combinaison des deux. Par contre, l’assignation est un phénomène qui semble plus largement répandu. Il faut souligner que l’assignation peut concerner soit une modalité dans son ensemble – dans ce cas, l’utilisateur a tendance à utiliser le système toujours avec la même modalité quel que soit le contexte de dialogue – soit une modalité (ou combinaison de modalités) pour une commande donnée (Calvet et al., 2001, Catinis, 1988). L’assignation apparaît moins comme un phénomène s’imposant dès le départ que comme un phénomène émergent d’une succession d‘interactions. Certains auteurs ont d’ailleurs noté que cette stabilisation des usages apparaissait relativement vite, pour certains utilisateurs juste après un ou deux essais (Carbonell et al., 1996). De manière générale, l’assignation semble résulter d’une recherche d’efficacité de l’interaction mais, parfois, elle ne conduit pas forcément l’utilisateur à sélectionner les modes d’interaction les plus efficaces (Mignot et Carbonell, 1996). La question reste toutefois posée quant à savoir si le choix de modalités moins efficaces se fait parce que l’utilisateur y trouve tout de même un intérêt ou s’il se fait par manque de connaissance (voire par oubli) de toutes les possibilités offertes par le système. Usage concurrent de modalités L’application de modalités concurrentes par l’utilisateur a rarement été observée. Dans l’étude de Mignot et Carbonell (1996), un cas est relaté. L’utilisateur demandait au système de changer l’emplacement du canapé et de l’armoire. Tout en formulant cette commande, il se rendît compte qu’un piano se trouvait sur la trajectoire des meubles et le désigna alors pour le traîner vers le centre de la pièce. Un traitement correct de cette séquence supposerait d’interpréter chaque acte – verbal et gestuel – de façon autonome. À cette forme de concurrence, on peut ajouter les erreurs typiques d’orientation (ex., désigner la gauche en disant à droite ou l’inverse) ainsi que les lapsus (ex. désigner un objet tout en en nommant un autre par erreur). Toutefois, ces cas devraient être relativement rares, ce qui ne veut pas dire qu’il faudrait en sous-estimer l’importance en particulier si l’erreur peut avoir des conséquences dommageables. En utilisation réelle, on peut toutefois anticiper qu’un plus grand nombre de cas de concurrence apparaîtra, liés non pas aux actes de l’utilisateur mais aux erreurs de reconnaissance du système. Ainsi, un utilisateur pourrait demander à un système de navigation : « Je voudrais Différences inter-individuelles Plusieurs études font le même constat : la phase d’appropriation d’un système multimodal ne converge pas vers l’adoption des mêmes modalités quel que soit l’utilisateur (Mignot et Carbonell, 1996, Siroux et al., 1997, Calvet et al., 2001 entre autres). Carbonell et al. (1996) parlent de profils ou styles multimodaux individualisés, sans expliquer ce qui conduit les uns ou les autres à préférer telle(s) modalité(s). Calvet & al. (2001) introduisent l’idée de préférences individuelles qui inclineraient chaque utilisateur à adopter plutôt telle(s) modalité(s) ou telle(s) autre(s). Ils précisent que ces préférences semblent être liées à de nombreux facteurs, par exemple un goût pour la nouveauté, une aversion pour le vocal (on sait que 15 à 20% des utilisateurs raccrochent immédiatement quand ils s’aperçoivent qu’ils doivent parler à un serveur vocal), ou encore une tendance prononcée pour l’exploration (ou l’inverse). Ces analyses ne conduisent toutefois pas 123 à penser que l’utilisateur abandonnerait totalement le recours à une modalité non préférée : dans certaines circonstances, on constate en effet une utilisation ponctuelle d’une modalité généralement délaissée. certaines modalités ou combinaisons de modalités à certaines commandes. Dans cette discussion, nous proposons une analyse de l’effet des deux premiers déterminants afin de mieux en comprendre la nature. Changement de modalité face à des erreurs du système Impact de la nature de la tâche Une situation particulière peut justement provoquer un changement de modalité : il s’agit de l’impossibilité de résoudre rapidement une erreur en gardant la même modalité. Par exemple, Catinis (1998) a fait les constats suivants : x après une première erreur, l’utilisateur a réitéré la commande avec le même mode dans 78% des cas dans une tâche de dessin et dans 65% des cas dans une tâche de traitement de texte ; x après le deuxième ou troisième échec, l’utilisateur est passé/e à un autre mode dans 82% des cas pour la tâche de dessin (le calcul n’est pas disponible pour la tâche de traitement de texte). Parallèlement, plusieurs études ont montré que persévérer en ré-appliquant la modalité vocale après une erreur du système conduisait généralement à dégrader les taux de reconnaissance (ex., Karsenty & Botherel, 2005) et qu’un changement de canal de communication ou de modalité représentationnelle était en général plus efficace pour rétablir la compréhension (Karsenty & Botherel, 2005, Suhm & al., 2001). La question est de savoir si l’utilisateur novice aurait tendance à changer par lui-même de modalité lorsqu’il rencontre une erreur répétitive ou s’il a besoin d’incitation pour cela. Certaines études tendraient à montrer que, dans ces conditions, le changement de modalité s’effectue « naturellement » (par ex., Oviatt & VanGent, 1996), au moins chez une partie des utilisateurs. Toutefois, d’autres études non publiées dont nous avons eu connaissance ont révélé que les utilisateurs pouvaient persévérer un grand nombre de fois en répétant les mêmes commandes avant de changer de modalité, voire sans jamais le faire. Il est possible que ces observations contradictoires soient liées à des variations dans les conditions d’expérimentation. Plusieurs études invitent à penser que l’usage d’une interface multimodale dépend de la nature de la tâche. Mais comment l’expliquer ? En s’appuyant sur des travaux de Psychologie Cognitive, on peut avancer que la dépendance tâche-modalité repose en premier lieu sur la nature de la représentation du but que construit chaque utilisateur. Certaines tâches engagent plus facilement à construire des représentations imagées et spatialisées du but, comme par exemple le déplacement ou la manipulation d’un objet ou l’identification d’un lieu, d’une zone ou d’une distance. D’autres induisent plutôt la formation de représentations dites propositionnelles, comme lors d’une recherche d’un numéro de téléphone ou une requête d’action sur un objet donné (ex., supprimer un fichier). Or, il semble que chacun de ces types de représentation ait un pouvoir de pré-activation de certaines modalités d’action (cf. Krauss et al., 2000) : les représentations imagées préactiveraient le plus souvent la modalité gestuelle tandis que les représentations propositionnelles pré-activeraient les modalités de production – orale ou écrite - d’un discours. Par ailleurs, il faut noter qu’un geste ne peut représenter que certaines catégories d’information : une forme ou une distance, une localisation dans l’espace, une trajectoire ou une direction. Tous les concepts ne peuvent donc pas être traduits sous forme de geste. A l’inverse, le discours peut théoriquement traduire tout concept mais cette modalité est simplement parfois beaucoup plus coûteuse - on pourrait aussi dire moins « naturelle » - que d’autres pour transmettre certains d’entre eux. Une autre raison expliquant le lien tâche-modalité est liée aux exigences à satisfaire dans l’atteinte d’un but. Certaines tâches imposent par exemple de réaliser le but très rapidement, ou alors avec aucune erreur, ou encore avec un effort minimum. D’autres n’imposent pas ces exigences. Or, chaque modalité ne satisfait pas de la même façon chacune d’entre elles. DISCUSSION Les observations passées en revue dans cet article permettent d’identifier 4 grandes classes de déterminants du choix d’une modalité par l’utilisateur : x la tâche ; x une fonction d‘évaluation subjective de la performance mise en œuvre par l’utilisateur ; x ses préférences initiales qui le prédisposeraient à opter au départ pour certaines modalités, ou les délaisser, indépendamment de toute autre considération ; x l’expérience, qui semble pouvoir modifier en partie les préférences initiales de l’utilisateur et concourir à développer, d’une part, l’usage combiné de plusieurs modalités et, d’autre part, l’assignation de Evaluation subjective de la performance En fait, on peut supposer que l’utilisateur évalue sa performance avec une modalité donnée – soit avant de l’utiliser, soit en l’utilisant - pour vérifier qu’elle lui permettra de satisfaire ses exigences de tâche. On peut ainsi rendre compte que l’usage de l’écriture manuscrite sur PDA, qui cause encore un taux d’erreur non négligeable, soit jugée comme acceptable dès lors que l’utilisateur a pour principale contrainte de prendre des notes rapidement. Il est intéressant de noter que les trois exigences que nous avons mentionnées, vitesse d’exécution, effort de mise en oeuvre et fiabilité, sont 124 interdépendantes si bien que lorsque la priorité est mise sur l’une, le poids des autres, ou au moins de l’une des autres, est généralement affaibli. Autrement dit, mettre la priorité sur l’une d’elles doit conduire l’utilisateur à être plus tolérant sur la satisfaction des autres et devrait donc rendre plus acceptable des modalités qui ne les satisferaient pas totalement. L’évaluation de la performance repose en partie sur une évaluation de l’effort de mise en œuvre avec chaque modalité. A ce titre, on peut comprendre que certaines caractéristiques de l’interface aient un impact sur le choix d’une modalité : c’est le cas par exemple des dispositifs physiques d’utilisation d’une modalité (ex., le Push-To-Talk pour activer la reconnaissance de parole versus l’utilisation libre de la reconnaissance de parole au téléphone) ou du degré de précision exigée dans la réalisation d’un geste. Autre facteur affectant l’évaluation de performance : les caractéristiques de l’objet de l’action. On a notamment vu que la longueur de son nom ou son niveau d’accessibilité à l’écran affectait directement le choix d’une modalité. Un autre facteur devrait affecter cette évaluation : il s’agit de la modalité sélectionnée pour l’action juste précédente. Catinis (1998) rapporte des travaux ayant montré qu’un changement de modalité entraîne toujours un coût non négligeable. Si l’utilisateur évalue son effort avant d’adopter une modalité donnée dans un contexte donné, ce paramètre doit entrer en jeu et pourrait le conduire à préférer maintenir la modalité active même si elle peut apparaître moins performante lorsqu’elle est considérée isolément. On pourrait expliquer ainsi que certains utilisateurs persévèrent avant de changer de modalité lorsqu’ils rencontrent des erreurs répétées. Cette hypothèse pourrait aussi rendre compte d’une observation inattendue extraite de l’évaluation d’une IHM multimodale sur smartphone (décrite dans Karsenty et al., 2005) : à de nombreuses reprises, les utilisateurs ont confirmé vocalement une requête réalisée en vocal en disant « OK », après avoir activé la reconnaissance de parole en appuyant sur un bouton Push-To-Talk présenté à l’écran, alors que ce même écran présentait un bouton de confirmation « OK », parfaitement visible, sur lequel un simple clic aurait suffit. Dans la très grande majorité des cas, cette confirmation vocale suivait une autre commande vocale. x x x CONCLUSION On peut tirer une série d’enseignements de la synthèse des travaux présentée ici et des éléments d’analyse qui ont suivi : x Pour décider de la pertinence d’une (nouvelle) modalité dans un dispositif d’interaction, les concepteurs devraient prendre en compte en premier lieu la nature même de la tâche et, en particulier, la nature des représentations de but qu’elle induit chez les utilisateurs ainsi que les propriétés des objets sur lesquels ceux-ci vont pouvoir agir (ex. degré d’accessibilité, longueur de leur nom, etc.). 125 Une fois cette analyse menée, on doit considérer qu’il n’y a toutefois pas une modalité qui est préférable aux autres pour tous les utilisateurs, même pour une tâche donnée. Des différences interindividuelles fortes existent, pouvant remettre en cause le lien qui pourrait sembler naturel entre une tâche et une modalité. Idéalement, toute tâche devrait donc être réalisable par la modalité supposée la plus efficace pour une tâche donnée et au moins une modalité supplémentaire, dont le choix doit dépendre des acquis antérieurs de la population ciblée. Au-delà de ces facteurs, le choix d’une modalité par l’utilisateur semble résulter d’une évaluation subjective de sa performance a priori et pendant l’action. Nous avons avancé que la performance avec une modalité donnée était évaluée par rapport à 3 critères inter-dépendants, l’effort de mise en œuvre, la vitesse d’exécution et la fiabilité, tout en reconnaissant que l’utilisateur recherchait probablement le meilleur compromis au vu de ses exigences liées à la tâche. Rien n’empêche donc, par exemple, qu’il choisisse une modalité moins fiable mais plus rapide que les autres si sa principale contrainte est le temps disponible. Par ailleurs, il apparaît que cette évaluation de performance est fortement contextualisée, dépendant tout à la fois de l’état interne de l’utilisateur (ex., phénomène de préactivation intra-modale liée à la sortie du système ; modalité utilisée précédemment par l’utilisateur), de l’état du système, des propriétés de l‘environnement ou encore des autres modalités disponibles – et donc concurrentes - pour une même action. Une conséquence, parmi d’autres, de cette caractéristique est que la conception et l’évaluation des interfaces multimodales accompagnant le lancement de nouveaux produits devraient s’extraire des conditions de laboratoire – prégnantes dans les 15 dernières années - pour s’ancrer maintenant au plus près des contextes d’usage réels amenant leur lot de complexité… mais aussi de représentativité des conditions d’acceptabilité. Enfin, on pourra retenir que la mise en œuvre parallèle de deux modalités – thème au cœur de nombreux travaux de recherche sur la multimodalité - est peu probable par des utilisateurs novices (au moins, tant que cette forme d’interaction n’est pas devenue très répandue). L’usage monomodal ou, éventuellement, multimodal sous forme d’une séquence de commandes semble bien plus probable. Par contre, la multimodalité synergique peut apparaître avantageuse avec l’expérience pour certaines tâches et satisfaire les attentes des utilisateurs fréquents. Dans ce cas, concernant la coordination geste/parole, les concepteurs devraient rechercher à créer des systèmes flexibles, acceptant différents modes de coordination entre le geste et la parole avec certaines limites temporelles entre les deux pour pouvoir distinguer une commande multimodale complémentaire d’une séquence de 2 commandes indépendantes réalisées chacune avec une modalité différente. Gaiffe B. & Romary L. (1997). 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Or, à l’image des interfaces vocales dont on pensait à tort qu’elles pouvaient être naturelles, c-àd., utilisable sans apprentissage (Karsenty, 2002), il apparaît relativement évident que les interfaces multimodales nécessiteront aussi un certain apprentissage. Quelle forme devra-t-il prendre ? Quelles propriétés des interfaces multimodales devront être apprises ? Dans quelle mesure des commandes multimodales pourraient être découvertes dans la continuité des (séquences de) commandes monomodales ? Quelles sont les limites d’acceptabilité des utilisateurs face à cette exigence d’apprentissage ? Voici quelques questions que la recherche sur la multimodalité devra aborder dans un avenir proche. RÉFÉRENCES Bernsen N.O. (2002). Multimodality in language and speech systems. In: B. Granström, D. House and I. Karlsson (eds.) Multimodality in language and speech systems. Kluwer. Butterworth & Hadar, 1989. Gesture, speech, and computational stages: a reply to McNeill. 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VRQW pJDOHPHQW LGHQWLILDEOHV GDQVOHVDSSOLFDWLRQVSpGDJRJLTXHV /D QpFHVVLWp G¶XQLWpV GpPDUFDWLYHV HVW XQH SURSULpWp j YDORULVHU GDQV OH SURFHVVXV GH FRQFHSWLRQ OHXU XWLOLWp GpSHQGDQW GX FDGUH LQWHUDFWLRQQHO (OOHV PDUTXHQW H[SOLFLWHPHQWOHGpEXWHWODILQG¶XQHXQLWpG¶LQWHUDFWLRQ HW VRQW O¶RFFDVLRQ G¶pFKDQJHV VSpFLILTXHV QRWLILFDWLRQ DMXVWHPHQWUpVXOWDWV\QWKqVH« Propriétés d’enchaînement $XFRXUVG¶XQGLDORJXHGHPrPHTXHGDQVXQHVHVVLRQ OHV XQLWpV G¶LQWHUDFWLRQ SHXYHQW V HQFKDvQHU VpTXHQWLHOOHPHQW rWUH LQWHUURPSXHV V HQFKkVVHU RX SURJUHVVHU DOWHUQDWLYHPHQW FKDFXQH FRXYUDQW XQ EXW HW XQHWKpPDWLTXHSURSUH /RUVTXH GDQV XQ GLDORJXH UHVS XQH VHVVLRQ RQ RXYUH XQHQRXYHOOHXQLWpG¶LQWHUDFWLRQTXLVHUWXQEXWRXWUDLWH G¶XQWKqPHYRLVLQjO¶XQLWpHQFRXUVFHWWHQRXYHOOHXQLWp HVWTXDOLILpHGHSDUHQWKpWLTXHVXERUGRQQpH3DUFRQWUHVL OHEXWHWODWKpPDWLTXHVRQWpORLJQpVGHO¶XQLWpHQFRXUV OD QRXYHOOH XQLWp HVW TXDOLILpH GH SDUHQWKpWLTXH G¶LQWHUUXSWLRQ 132 3DU H[HPSOH OHV RSWLRQV RIIHUWHV GDQV XQ SRUWDLO WEB FRQVWLWXHQW GHV LQWHUYHQWLRQV LQLWLDWLYHV GH O¶DSSOLFDWLRQ DX[TXHOOHV O XWLOLVDWHXU SHXW UpSRQGUH SDU XQH LQWHUYHQWLRQ UpDFWLYH TXL IDLW SURJUHVVHU O XQLWp G LQWHUDFWLRQ FRUUHVSRQGDQWH $LQVL GDQV XQH VHVVLRQ j WRXW PRPHQWSOXVLHXUV XQLWpV G LQWHUDFWLRQV SHXYHQWrWUH HQFRXUVHWQRQWHUPLQpHV 5HFRPPDQGDWLRQ 2SWLPLVHUOHQRPEUHG¶XQLWpVG¶LQWHUDFWLRQHQFRXUV 2SWLPLVHU OH QRPEUH G XQLWpV G LQWHUDFWLRQ HQ FRXUV GpSHQG GX JHQUH GH O¶DSSOLFDWLRQ FRQVLGpUpH HW GH VRQ FDGUH LQWHUDFWLRQQHO 6L O XWLOLVDWHXU Q¶HVW SDV H[SHUW FH QRPEUHHVWjPLQLPLVHUSRXUQHSDVURPSUHODWUDPHGX VFpQDULR6LOD WkFKH SRXUDWWHLQGUHOHEXWHVWFRPSOH[H SDU H[HPSOH QRQ OLQpDLUH LO HVW VRXKDLWDEOH GH GpFRPSRVHUO XQLWpG LQWHUDFWLRQFRUUHVSRQGDQWHHQXQLWpV GH SOXV SHWLWH WDLOOH RX GH FRQFHYRLU GHV XQLWpV G LQWHUDFWLRQFRPSOpPHQWDLUHVD\DQWXQEXWG¶DLGHRXGH V\QWKqVHFRPPHOHVWDEOHDX[GHERUG /HV PpWKRGHV GH FRQFHSWLRQ WHQGHQW j UDWLRQDOLVHU OHV XQLWpV G LQWHUDFWLRQ HQ VXJJpUDQW DX FRQFHSWHXU G LGHQWLILHU GHV EXWV LQWHUDFWLRQQHOV 3DU H[HPSOH VHORQ O¶DSSURFKHHWOHJHQUHG DSSOLFDWLRQFRQVLGpUpODWkFKHj UpDOLVHUO REMHWjPDQLSXOHUODFRPPXQLFDWLRQjpWDEOLU O H[HUFLFH j UpDOLVHU OD SLqFH j GpSODFHU OH PRQVWUH j YDLQFUH O LQIRUPDWLRQ j SURSRVHUUHFKHUFKHU« VRQW GHV EXWVSHUPHWWDQWGHUDWLRQDOLVHUOHVXQLWpVG LQWHUDFWLRQ Propriétés de complétude 'DQV OHV LQWHUDFWLRQV YHUEDOHV XQ pFKDQJH VDWLVIDLW OD SURSULpWp GH FRPSOpWXGH LQWHUDFWLRQQHOOH ORUVTX¶LO \ D FO{WXUH GH O¶pFKDQJH DYHF DFFRUG H[SOLFLWH GHV GHX[ LQWHUDFWDQWV FKDFXQ GDQV XQH LQWHUYHQWLRQ SURSUH &HWWH SURSULpWp HVW W\SLTXHPHQW REVHUYDEOH GDQV XQH VHVVLRQ GDQV OH FDV G XQ UHWRXU XWLOLVDWHXU TXL LPSOLTXH GHX[ LQWHUYHQWLRQV FHOOH GH O XWLOLVDWHXU SXLV FHOOH GH O DSSOLFDWLRQ 'H PrPH OD GHPDQGH GH FRQILUPDWLRQ G¶XQH RSpUDWLRQ XWLOLVDWHXU VDWLVIDLW FHWWH SURSULpWp GH FRPSOpWXGHLQWHUDFWLRQQHOOH /D FRPSOpWXGH LQWHUDFWLYH TXDQW j HOOH HVW OLpH j OD FODUWp HW DX FDUDFWqUH MXVWLILp GHV LQWHUYHQWLRQV TXL SHUPHWWHQW j O¶LQWHUORFXWHXU GH SUHQGUH SRVLWLRQ HW DXWRULVHQW OD SRXUVXLWH OLQpDLUH GX GLDORJXH 'DQV XQH VHVVLRQ FHWWH SURSULpWp HVW VDWLVIDLWH ORUVTXH OHV LQWHUYHQWLRQV GH O¶DSSOLFDWLRQ SHUPHWWHQW j O¶XWLOLVDWHXU GH SURJUHVVHU GDQV O¶XQLWp G¶LQWHUDFWLRQ HQ FRXUV DYHF OHVDFWLRQVTXLOXLVRQWRIIHUWHVSRXULQWHUYHQLU 5HFRPPDQGDWLRQ 2UJDQLVHU GDQV GHV VFpQDULRV LQWHUDFWLRQQHOV OHV DFWLYLWpV pFKDQJHV HW LQWHUYHQWLRQV HQ UHJURXSHPHQWV FRKpUHQWV $LQVLSHUPHWWUHjO¶XWLOLVDWHXUODFRPSOpWLRQGHVDWkFKH YD FRQGXLUH OH FRQFHSWHXU j RUJDQLVHU GHV XQLWpV G¶LQWHUDFWLRQ UDWLRQDOLVpHV GDQV XQ OLYUDEOH OH VFpQDULR LQWHUDFWLRQQHO/DIRQFWLRQGXVFpQDULRHVWGHIRUPDOLVHU O RUJDQLVDWLRQ GHV XQLWpV G LQWHUDFWLRQ GDQV O REMHFWLI GH VHUYLU XQ EXW /HV FULWqUHV G¶RUJDQLVDWLRQ GHV XQLWpV LQWHUDFWLRQQHOOHV TXL OH FRPSRVHQW HW TXL VHUYHQW FH EXW GpSHQGHQW QRWDPPHQW GX JHQUH GH O DSSOLFDWLRQ 1RXV REVHUYRQV FHSHQGDQW TXH OD QRWLRQ GH VFpQDULR LQWHUDFWLRQQHO HVW SUpVHQWH PDLV Q HVW SDV H[SOLFLWHPHQW LGHQWLILpHGDQVOHVPpWKRGHVGHFRQFHSWLRQ 3DU H[HPSOH XQ VFKpPD QDYLJDWLRQQHO SHUPHW G RUJDQLVHU OHV LQWHUYHQWLRQV G XQH DSSOLFDWLRQ GDWD FHQWULFV>@>@6\VWqPHG ,QIRUPDWLRQSRXUOH:HEHW GH O XWLOLVDWHXU HQ VH IRFDOLVDQW VXU OHV GRQQpHV j SUpVHQWHUFRQVXOWHU8QVFKpPDGHSDUFRXUVSpGDJRJLTXH VHUW OD SHUVSHFWLYH LQWHUDFWLRQQHOOH G XQH DSSOLFDWLRQ SpGDJRJLTXH HQ VH EDVDQW VXU GHV FULWqUHV SpGDJRJLTXHV SUpUHTXLV DEVWUDFWLRQ LOOXVWUDWLRQ H[HUFLFH« /HV PRGqOHV GH WkFKH SHUPHWWHQW G¶DERXWLU j XQ VFpQDULR LQWHUDFWLRQQHOHQSULYLOpJLDQWODWkFKHjUpDOLVHU« 6HORQ OH JHQUH G¶DSSOLFDWLRQ OH VFpQDULR LQWHUDFWLRQQHO SUHQG GRQF GLIIpUHQWHV IRUPHV HW HVW PRGpOLVp DYHF GHV ODQJDJHVHWGHVQRWDWLRQVGLIIpUHQWV /D VHFWLRQ VXLYDQWH SURSRVH XQH QRWDWLRQ SHUPHWWDQW G¶DSSUpKHQGHU OHV pOpPHQWV IRQGDPHQWDX[ GX VFpQDULR LQWHUDFWLRQQHO GDQV ODTXHOOH OHV LQWHUYHQWLRQV GHV LQWHUDFWDQWV XWLOLVDWHXU HW DSSOLFDWLRQ SHXYHQW rWUH H[SOLFLWHPHQWIRUPDOLVpHV UNE NOTATION INTERACTIONNELS POUR LES SCENARIOS /D QRWDWLRQ TXH QRXV DYRQV pWDEOLH HVW LQVSLUpH GHV PRGqOHV GH WkFKH FDU LOV SHUPHWWHQW GH GpFULUH H[SOLFLWHPHQW OHV DFWLYLWpV GHV LQWHUDFWDQWV 1RWUH FKRL[ V HVW GLULJp YHUV &RQFXUUHQW 7DVN 7UHH &77 >@ /D QRWDWLRQ JUDSKLTXH DUERUHVFHQWH GH &77 IDFLOLWH OD PRGpOLVDWLRQ GH QLYHDX[ G DEVWUDFWLRQV TXH QRXV XWLOLVHURQV SRXU PRGpOLVHU OD KLpUDUFKLH GHV XQLWpV G LQWHUDFWLRQOHVVFKpPDVUpVXOWDQWVVRQWH[SRUWDEOHVHQ /2726>@FHTXLSHUPHWGHYDOLGHUOHXUFRKpUHQFH Notation pour l’interaction &77 SURSRVH TXDWUH W\SHV GH WkFKHV FRJQLWLYH DEVWUDLWH LQWHUDFWLYH HW PDFKLQH /HV WkFKHV FRJQLWLYHV DEVWUDLWHVHWPDFKLQHRQWpWpUHFRQGXLWHV $FWLRQFRJQLWLYHUHSUpVHQWHWRXWHDFWLRQFRJQLWLYH RXQRQLQWHUDFWLRQQHOOHUpDOLVpHSDUO¶XWLOLVDWHXU $FWLRQ PDFKLQH UHSUpVHQWH WRXW WUDLWHPHQW RSpUp SDU O¶DSSOLFDWLRQ LQWHUDFWLYH QRQ SHUFHSWLEOH SDU O¶XWLOLVDWHXU 8QLWp DEVWUDLWH IDFLOLWH OH UHJURXSHPHQW G XQLWpV G LQWHUDFWLRQV $ILQG¶LQWpJUHUO¶DSSURFKHLQWHUDFWLRQVYHUEDOHVODWkFKH LQWHUDFWLYHDpWpGpFRPSRVpHFRPPHVXLW 6FpQDULRGpFULWRUJDQLVHHWKLpUDUFKLVHGHVXQLWpV G LQWHUDFWLRQ 133 $FWLRQSHUFHSWLEOHSDUO XWLOLVDWHXUUHSUpVHQWHWRXW ©RXWSXWª GH O¶DSSOLFDWLRQ LQWHUDFWLYH SHUFHSWLEOH SDUO¶XWLOLVDWHXULPDJHVRQ« $FWLRQUpDOLVDEOH SDUO XWLOLVDWHXUUHSUpVHQWH WRXW ©LQSXWª UpDOLVDEOH SDU O XWLOLVDWHXU VDLVLH FOLF VRXULVGpSODFHPHQWHQWUpHYRFDOH« (QILQOHVXQLWpVG LQWHUDFWLRQRQWpWpLQWURGXLWHV 6\VWqPH G LQWHUDFWLRQ UHSUpVHQWH OH SOXV KDXW QLYHDXGXVFpQDULRLQWHUDFWLRQQHO $FWLYLWpUHJURXSHGHVpFKDQJHVRXGHVDFWLYLWpVGH SOXVEDVQLYHDXSRXUVDWLVIDLUHXQEXW (FKDQJHUHJURXSHXQHRXSOXVLHXUVLQWHUYHQWLRQV 'HV pFKDQJHV UpFXUUHQWV QRWLILFDWLRQ VpOHFWLRQ LQWHUURJDWLRQ« RQW IDLW O REMHW GH SDWURQV TXL VDWLVIRQW OD SURSULpWp GH FRPSOpWXGH LQWHUDFWLYH SDU UHWRXU XWLOLVDWHXU GH O DSSOLFDWLRQ RX YDOLGDWLRQ GH O XWLOLVDWHXU 'DQV OD VXLWH GH O DUWLFOH QRXV Q XWLOLVHURQV TXH OHV pFKDQJHVVXLYDQWV 6pOHFWLRQ FI ILJXUH O XWLOLVDWHXU UHVS O DSSOLFDWLRQ UHQVHLJQH XQH SURSULpWp SDUPL GHV SURSRVLWLRQV VXJJpUpHV SDU O DSSOLFDWLRQ UHVS O XWLOLVDWHXU 1RWLILFDWLRQ O XWLOLVDWHXU UHVS O DSSOLFDWLRQ LQIRUPHO DSSOLFDWLRQO XWLOLVDWHXU &RQIRUPpPHQW j FH TXH QRXV DYRQV YX OHV XQLWpV G LQWHUDFWLRQ LFL VFKpPDWLVpHV VHUYHQW XQ EXW GDQV XQH WKpPDWLTXH GX GRPDLQH GX FDGUH LQWHUDFWLRQQHO /D VHFWLRQ VXLYDQWH SUpVHQWH GHV RSpUDWHXUV WHPSRUHOV TXL SHUPHWWHQWGHVFpQDULVHUOHXUVHQFKDvQHPHQWV 6pOHFWLRQ !! 3URSRVHU 6pOHFWLRQ &KRLVLU !! !! 6DYRLUTXHO 6pOHFWLRQQHU )HHG%DFN ,WHP ,WHP&KRLVLU GH6pOHFWLRQ )LJXUH6FKpPDLQWHUDFWLRQQHOGXSDWURQ6pOHFWLRQ Opérateurs de synchronisation /HV SURSULpWpV G HQFKDvQHPHQW GHV XQLWpV G LQWHUDFWLRQ VRQWLFLSRUWpHVSDUGHVRSpUDWHXUVXQDLUHVRXELQDLUHVGH &77GRQWQRXVQHOLVWRQVLFLTX XQHSDUWLH 8!!8 (QFKDvQHPHQW VXLYL 8 VH UpDOLVH GqV TXH 8HVWWHUPLQpH >8@2SWLRQDOLWp/DUpDOLVDWLRQGH8HVWRSWLRQQHOOH 8_!8 (QFKDvQHPHQW HQFKkVVp 8 SHXW rWUH LQWHUURPSXHSDU8PDLVTXDQG8VHWHUPLQH8GRLWVH UpDFWLYHU GHSXLV O¶pWDW GDQV OHTXHO HOOH pWDLW DX PRPHQW GHO¶LQWHUUXSWLRQ 8>!8 ,QWHUUXSWLRQ 8 SHXW rWUH LQWHUURPSXH SDU 8PDLV8QHUHSUHQGSDV 8___8(QFKDvQHPHQWFURLVp8HW8VRQWUpDOLVpHV GDQVQ¶LPSRUWHTXHORUGUHHWHQSDUDOOqOH 8_ _8 ,QGpSHQGDQFH G¶RUGUH 8 HW 8 VRQW UpDOLVpHV GDQV Q¶LPSRUWH TXHO RUGUH PDLV OH GpEXW GH OD qPH XQLWp G¶LQWHUDFWLRQ QpFHVVLWH OD ILQ GH OD qUH XQLWp G¶LQWHUDFWLRQ 8>@8&KRL[6RLW8VRLW8HVWUpDOLVpH 8,WpUDWLRQ8HVWUpSpWpHSOXVLHXUVIRLV /D GpPDUFKHFRQFHSWXHOOHSRXUFRQVWUXLUHOHVVFpQDULRV LQWHUDFWLRQQHOVTXHSHUPHWGHVFKpPDWLVHUFHWWHQRWDWLRQ HVWJXLGpHSDUOHFDGUHLQWHUDFWLRQQHOGDQVOHTXHOV LQVFULW V LQVFULUD O XWLOLVDWLRQ GH O DSSOLFDWLRQ $LQVL OH JHQUH G DSSOLFDWLRQ HW OH EXW LQWHUDFWLRQQHO SRXUVXLYL UDWLRQDOLVHQWOHSURFHVVXVGHVFpQDULVDWLRQ ILLUSTRATION EDUCATIVE - UNE APPLICATION LUDO- &HWWH SDUWLH SUpVHQWH GHV pOpPHQWV GH FRQFHSWLRQ G¶XQH DSSOLFDWLRQLQWHUDFWLYHPpODQJHDQWOHVJHQUHVOXGLTXHHW pGXFDWLIRQRXVDYRQVLQWpJUpOHVQRWLRQVLQWURGXLWHV Le cadre interactionnel &H SURMHW D GpEXWp DYHF XQH GHPDQGH GH O¶$VVRFLDWLRQ GHV *XLGHV %DLJQHXUV $QJOR\V 0DvWUHV 1DJHXUV 6DXYHWHXUVVXUODFRPPXQH G¶$QJOHW&HWWHDVVRFLDWLRQ UpDOLVH FKDTXH DQQpH XQH FRXUWH LQWHUYHQWLRQ SRXU OHV HQIDQWV GH j DQV GDQV OHV pFROHV G¶$QJOHW VXU OH OLWWRUDO $WODQWLTXH DILQ GH OHV VHQVLELOLVHU DX[ ULVTXHV H[LVWDQWV j OD SODJH ORUV GH OD VDLVRQ HVWLYDOH PDL j VHSWHPEUH /¶DVVRFLDWLRQ VRXKDLWH UHQIRUFHU VRQ DFWLRQ HQ SHUPHWWDQW DX[ HQIDQWV GH FRQVROLGHU HW G¶pYDOXHU OHXUVFRQQDLVVDQFHVGHVULVTXHVHQFRXUXVjODSODJHWRXW HQV¶DPXVDQW1RXVDYRQVDORUVSDUWLFLSpjODFRQFHSWLRQ GH©6SODVKªXQHDSSOLFDWLRQOXGRpGXFDWLYH Schéma Temps Participa- Domaine Thématiques Lieu tionnel * Heure ouverture * Heure Enfant 820 mn fermeture La 10 ans + et * Sifflet plage «Splash!» * Zones de Ecole plage * Drapeaux * … >@ /H JHQUH OXGLTXH TXH QRXV DYRQV VpOHFWLRQQp HVW EDVp VXU OD GpILQLWLRQ G¶XQH KLVWRLUH OD SUpVHQFH GH SHUVRQQDJHV O¶H[LVWHQFH G¶XQ EXW TXH OH KpURV GRLW DWWHLQGUHHWODUHQFRQWUHG¶pSUHXYHVTX¶LOGRLWVXUPRQWHU ©6SODVKª _ _ _ _ _ _ _ _ 6LIIOHW 'UDSHDX[ =RQHV 2XYHUWXUH )HUPHWXUH )LJXUH6FpQDULRLQWHUDFWLRQQHOVLPSOH 8Q VFpQDULR LQWHUDFWLRQQHO GH FH JHQUH FRPSRUWH GHV DFWLYLWpVGpPDUFDWLYHVGH GpEXWHW GHILQHWHVWFRPSRVp G¶DFWLYLWpVGRQWOHVHQFKDvQHPHQWVVRQWFRQWUDLQWVSDUOH VXFFqVG¶pSUHXYHV 'DQV ©6SODVKªO¶KLVWRLUHVXLWOHFRXUVG¶XQHMRXUQpHj ODSODJHO¶XWLOLVDWHXU HVWOH SHUVRQQDJH SULQFLSDO GX MHX XQ 6WDJLDLUH *XLGH %DLJQHXU OD TXrWH TX¶LO SRXUVXLW HVW G¶REWHQLU OH VWDWXW G¶$VVLVWDQW *XLGH %DLJQHXU OHV pSUHXYHV TX¶LO GRLW VXUPRQWHU ILJXUH MDORQQHQW OD MRXUQpH HW VXUPRQWHU OHV pSUHXYHV GpSHQG GH VHV FRQQDLVVDQFHV VXU OHV QRWLRQV j PDvWULVHU /¶XWLOLVDWHXU GpSODFH OH VWDJLDLUH 6XU OD SODJH HW GHV pSUHXYHV VH SUpVHQWHQWjOXLDXFRXUVGHVDYLVLWH ©6SODVKª !! !! 2XYULU !! )HUPHU -RXHU !! 3UpVHQWDWLRQ >'LGDFWLWLHO@ !! &KRLVLU 6¶pTXLSHU -RXHXU !! >'pFRXYLU 3ODJH@ !! !! 2XYULU 6XUYHLOOHU3ODJH )HUPHU %DLJQDGH %DLJQDGH )LJXUH6FpQDULRLQWHUDFWLRQQHOGHO¶DSSOLFDWLRQ©6SODVKª &KDTXH DFWLYLWp VFpQDULVH OD FRPSOpWLRQ GX EXW But ©&RQVROLGHU HW pYDOXHU OHV FRQQDLVVDQFHV GHV ULVTXHV GH OD SODJH WRXW HQ MRXDQWª SRXU XQH RX SOXVLHXUV WKpPDWLTXHV Consolider et évaluer les connaissances des risques de la plage tout en jouant 7DEOH6FKpPDWLVDWLRQGXFDGUHLQWHUDFWLRQQHOGH©6SODVKª Un genre ludique et un genre pédagogique pour rationaliser l’interaction /HVWKpPDWLTXHVGHODSODJHVRQWGHVQRWLRQVLPSRUWDQWHV VXUOHVTXHOOHVOHV016YHXOHQWTXHSRUWHO¶DSSOLFDWLRQ$ FKDTXH QRWLRQ j DERUGHU SHXW rWUH DVVRFLpH XQH DFWLYLWp G¶LQWHUDFWLRQ SpGDJRJLTXH VDQV FRQWUDLQWH G¶HQFKDvQHPHQW GH W\SH SUp UHTXLV HW OH VFpQDULR LQWHUDFWLRQQHO GH ©6SODVKª SHXW DORUV rWUH IRUPDOLVp DYHF OH PRGqOH GX SDWURQ GH VFpQDULR PHQX &HWWH VROXWLRQ ILJXUH SHX DGDSWpH DX SXEOLF HW DX[ FRQWUDLQWHV IL[pHV D pWp HQULFKLH HQ OXL DGMXYDQW OD GLPHQVLRQ OXGLTXH GRWpH G¶XQH VWUXFWXUH GH JDPHGHVLJQ 134 GX FDGUH LQWHUDFWLRQQHO1RXV SUpVHQWRQV SOXV HQ GpWDLO O¶DFWLYLWp 6XUYHLOOHU3ODJHSRXUODTXHOOHILJXUHO¶pFKDQJH LWpUDWLI 'pSODFHU6WDJLDLUH016 SHXW rWUH HQFKkVVp DYHF OHV DFWLYLWpV 5HQFRQWUHU3ODJLHQV 5HWURXYHU(QIDQW3HUGX RX 6XUYHLOOHU$FWLYLWpVj5LVTXH 'DQV FHWWH GHUQLqUH DFWLYLWp GHV pFKDQJHV LQGpSHQGDQWV WHOV TXH 3UpYHQLU(QIDQWV6XU+ RX 3UpYHQLU(QIDQWV6XU'LJXH VRQW UpDOLVDEOHV 6XU OD ILJXUH OHV IHXLOOHV GH O¶DUEUH VRQW GHV LQWHUYHQWLRQV WRXWHV OHV DFWLRQV FRJQLWLYHV QH VRQW SDV SUpVHQWpHV HW O¶DFWLYLWp 5HWURXYHU(QIDQW3HUGXQ¶HVWSDVGpWDLOOpH &HV 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Pour cela, il doit pouvoir comparer les diverses options pour pouvoir faire le choix le plus approprié. Des outils d’analyse lui sont alors nécessaires. Ces outils peuvent être de natures très différentes (simulateur, système expert, recherche opérationnelle,…) et apportent tous un indicateur de décision. Le système doit alors fournir une interface ou des interactions permettant à l’utilisateur d’utiliser l’ensemble de ces outils et d’analyser l’ensemble des résultats afin de prendre une décision. Nous nous situons ici dans le processus de décision basé sur la connaissance dans le modèle de Rassmussen [20]. La prise de décision est toujours un problème d’actualité et le développement de Systèmes Interactifs d’Aide à la Décisison (SIAD) reste complexe. Les approches de développement classiques ne sont pas suffisantes pour être applicables aux SIAD. Nous proposons une approche mixant les principes des travaux de différents domaines et visant à mieux prendre en compte les facteurs humains dans la conception de SIAD. Des moyens permettant d’impliquer les acteurs sont proposés puis évalués par l’application de cette approche pour le développement d’un SIAD dans le domaine ferroviaire. Les premières évaluations avec les utilisateurs permettent de montrer l’apport des moyens proposés à la fois d’un point de vue ergonomique mais aussi d’un point de vue de l’aide dans leur processus de prise de décision. Des perspectives dans le domaine des IHM sont alors introduites. Les IHM dans les systèmes d’aide à la décision ont déjà fait l’objet de recherches. Par exemple, Chen [6] a cherché à améliorer les IHM pour les systèmes experts. en connectant chaque composant du système expert avec des interfaces homme-machine pour apporter une meilleure information à l’utilisateur. Pour cela, il propose un composant wrapper d’interface. Chaque interface peut être spécifique au composant qu’elle « emballe ». Les utilisateurs experts n’ont pas nécessairement besoin des interactions fournissant plus de précision sur le fonctionnement tandis que les novices pourront les utiliser pour mieux comprendre le fonctionnement du système. De cette manière, l’utilisateur peut suivre le processus du système et donc avoir plus confiance dans ses résultats. Ces interfaces peuvent également permettre aux utilisateurs de mieux vérifier les bases de connaissance et identifier les incompatibilités. Le principe adopté par Chen est intéressant car il montre l’intérêt d’associer des interfaces utilisateur à chaque composant métier. Pour nous, tous les composants métiers sont considérés comme possédant une interface utilisateur. MOTS CLES : Templates, Patrons, Systèmes Interactifs d’Aide à la Décision (SIAD), Approche de développement, IHM. ABSTRACT Decision making is always a topical problem. The existing classical development approaches are not sufficient to DSS development. This paper proposes a mixed approach from several domains which aims at better taking account of human factors. Means as templates allowing to increase the actors implication are proposed. This approach is applied to DSS development in railway investments. The first evaluations with the end users allow to validate the means. The evaluations are oriented on ergonomics criteria and on decision making process support. Conclusion and perspectives in HCI domain are presented. KEYWORDS: Templates, Patterns, Decision Support System (DSS), Development approach, HCI. Nos travaux précédents ont consisté à proposer une amélioration à une démarche de développement de SIAD permettant de mieux prendre en compte l’utilisateur en phase d’analyse [16]. Cette méthode nous semble encore insuffisante c’est pourquoi ce papier propose une INTRODUCTION Les systèmes interactifs d’aide à la décision sont le plus couramment des systèmes décideurs. Pour nous, ces 139 démarche plus complète pour intégrer l’ensemble des acteurs dans le cycle de développement. maine des IHM qui n’est pas basé sur le modèle en V est le modèle en étoile [13]. Il a l’intérêt de placer l’évaluation au centre du processus. Cela permet de réellement intégrer les utilisateurs au centre du processus par le biais des évaluations. Cependant, ce cycle n’est pas suffisamment complet pour un développement logiciel. Le cycle en V a été enrichi dans le domaine de la réutilisation pour intégrer la gestion des composants. Le cycle en X résultant intègre des étapes d’utilisation et de fabrication et stockage des composants [8]. Dans le domaine de la gestion des connaissances, le modèle MODESTI couple les principes des IHM et l’intégration des experts [10]. Il propose trois phases descendantes en parallèle, une dédiée à l’expert, une à l’utilisateur, et une comportant les étapes classiques du génie logiciel. Cependant il ne prend pas en compte la réutilisabilité. L’ensemble des modèles offre des principes intéressant selon les besoins. Ils ne sont pas suffisants pour le développement d’un SIAD tel que nous l’avons défini. C’est pourquoi la section suivante présente un modèle proposé pour le développement de SIAD. Dans la première section, nous présenterons les modèles de divers domaines en précisant leurs avantages et inconvénients pour le dévelopement d’un SIAD. L’approche de développement de SIAD, et en particulier la méthode intégrant des moyens d’assister les experts et les utilisateurs lors de la phase d’analyse, sera présentée en deuxième section. La troisième section présentera une étude de cas dans le domaine ferroviaire, basée sur l’approche, où l’utilisation des supports proposés sera illustrée. La quatrième section présente les résultats des évaluations réalisées par des experts sur l’étude de cas. Nous pourrons alors conclure et présenter les perspectives de ces travaux. TRAVAUX RELATIFS Malgré l’importance des SIAD, il n’existe pas d’approche de développement générique et spécifique aux SIAD. Les méthodes existantes dans ce domaine sont souvent spécifiques à un domaine d’application [19] ou centré sur un moyen de calcul (RO, IA, simulation…) [18]. Nous nous sommes donc intéressés aux méthodes « génériques » issues d’autres domaines. Le modèle en V est le plus connu des modèles du génie logiciel [14]. Il structure les étapes en deux phases : une descendante pour la conception et une ascendante pour l’intégration et l’évaluation. Les moyens d’évaluation sont définis dans la phase descendante. Ce modèle n’est pas suffisamment spécifique pour permettre un développement efficace d’un SIAD. Ce modèle est un pilier du génie logiciel ; il a souvent été réutilisé et adapté dans d’autres domaines, comme nous le verrons dans la fin de cette section. Il existe de nouvelles méthodes proposées dans le génie logiciel tels que RUP et eXtreme Programming (XP). Cette dernière est strictement itérative ; les développements s’effectuent selon un système d’itérations imbriquées de courtes durées comprenant les itérations de développement et les itérations de livraison [7]. Certaines pratiques sont très intéressantes comme « assurer un feedback constant » mais qui amène des principes tel que le développement piloté par les tests. Or ce principe est difficile à mettre en œuvre dans le cadre de développement de systèmes tels que des SIAD. Selon nous, la phase d’analyse est indispensable pour ce type de système comme nous le verrons par la suite. Un autre défaut, à notre avis, de cette méthode pour le développement de SIAD vient de sa particularité qui consiste à refuser toute rédaction de documentation d’analyse et de conception. Le cycle en V a été utilisé dans le domaine des IHM puisqu’il a inspiré le modèle en U [1, 16]. Ce dernier modèle intègre des étapes centrées sur les facteurs humains et a par la suite été enrichi d’étapes permettant de mieux intégrer les experts dans la phase descendante. Ce modèle commence à s’approcher du domaine des SIAD mais il n’est pas assez complet en terme de gestion des connaissances. Un autre modèle du do- Activités issues du GL, des IHM, des SBC Exploitation Maintenance Faisabilité Activités issues du GL Activités issues du GL, des IHM Activités issues de la réutilisation Evaluation technique et évaluation par les utilisateurs Phase descendante de conception Phase ascendante d’évaluation Recherche /conception des composants Développement du SIAD Validation des composants Dépôt de composants Figure 1 : Le modèle d’ADESIAD, vue globale APPROCHE DE DEVELOPPEMENT DE SIAD CYCLE DE DEVELOPPEMENT Identification du problème ca ur a te oth é ilis Ex pe rt Ut Bib li me no Erg o ien ticie itic ma Info r Dir ec Phases de développement Co gn tio n n Acteur ire L’approche proposée se compose d’un modèle, d’une méthode et d’une architecture. Le modèle est une combinaison des cycles en V, en U et en étoile, en X et MODESTI. Ce cycle se veut également itératif. Le cycle proposé, vu en Figure 1, permet d’impliquer les utilisateurs et experts lors des phases (1) descendante dite de conception, (2) ascendante qui comprend l’intégration et les évaluations techniques et terminales (ou sommatives) et (3) centrale dite d’évaluations formatives. Ce modèle est plus développé dans [15]. Légende Spécification Contribution majeure (rôle moteur) Conception Contribution mineure (rôle participatif) Réalisation Se tient informé Validation Figure 2 : Acteurs du développement 140 Les acteurs agissant dans ce modèle sont présentés en Figure 2. Ce schéma est issu des travaux de [5, 10] auquel nous avons ajouté le bibliothécaire. On retrouve alors le groupe de pilotage qui définit les finalités et arrête des stratégies pour l’ensemble des aspects du projet. Ce groupe a une fonction de contrôle et de coordination. Le groupe de développement est composé d’un cogniticien, d’un informaticien, d’un ergonome et d’un bibliothécaire. Le cogniticien recueille et analyse les connaissances expertes, élabore les modèles. La réalisation est à la charge de l’informaticien qui définit les orientations pour la réalisation physique et concrétise le système. L’ergonome analyse les besoins de l’utilisateur. Le bibliothécaire est chargé de fournir les documents aux autres intervenants et de classer les nouveaux documents établis de manière à avoir un suivi et un archivage de toutes les décisions et actions. entre deux problèmes ; elles sont figurées dans le champ « problèmes connexes » qui est optionnel. Pour terminer, le champ « analyse » permet de renseigner les méthodes de traitement qui permettent d’analyser ou de résoudre le problème. Si des solutions sont d’ores et déjà connues, elles figurent dans le champ « solution ». Le template fournit ainsi un support réutilisable par tous et une base de discussion. Il peut toutefois être adapté en fonction des attentes et des remarques des experts et du domaine. Nous verrons par la suite que les patrons instanciés à partir de ce template serviront à la description des composants métier associés mais aussi à la présentation des informations dans certaines interfaces utilisateur du SIAD. Un exemple est donné pour le problème de déplacement en Figure 4. Les sous-problèmes ou problèmes pères sont représentés par de simples flèches. De la même manière, il est possible d’enrichir le template et la notation par exemple par des notations « ET » et « OU ». Des exemples intéressants existent dans les travaux de [4]. Ce template permet de supporter trois des cinq étapes du processus décisionnel proposé par [2] qui sont la décomposition du problème en sous-problèmes, l’identification des options et la spécification des facteurs et autres informations pertinentes. La quatrième étape consiste à évaluer l’ensemble des options. Cette étape est supportée en partie par le champ « analyse » qui permet de donner une piste pour traiter le problème. Cependant, ce champ ne permet pas à l’utilisateur d’effectuer l’analyse. Ce champ « analyse » permet d’identifier les composants métier qui seront utilisés par les utilisateurs et experts finaux. Ces composants métier sont spécifiés en phase de spécification à l’aide d’un template proposé par la méthode et vu en Figure 5. On retrouve dans ce template un champ « nom », l’intention qui correspond à l’action que devra accomplir le composant, le « contexte » dans lequel il s’applique et les problèmes qu’il résout, les « données d’entrée obligatoires » qui devront être renseignées par l’utilisateur, les « données d’entrée facultatives » qui ne sont pas indispensables au fonctionnement de l’outil mais qui peuvent permettre de fournir plus de précision, les « données de sortie » correspondent au résultat attendu suite à l’utilisation de ce composant et enfin le champ « solution » permet de fournir une description succincte ou un algorithme plus précis. Ces composants sont ensuite recherchés dans la mémoire de l’entreprise ou à l’extérieur pour être intégrés au SIAD. Ces composants métier peuvent être intégrés sous la forme de composant ou de service. Ce choix doit être fait par l’équipe. La Figure 6 présente les définitions des composants métier qui devraient être utilisés pour le problème de la recherche d’un moyen de transport privé et personnel. La dernière étape du processus de décision est la promulgation de la décision avec examen des résultats. Cette étape est supportée par les IHM du SIAD qui présentent les résultats. Figure 3 : Template pour la description d’un problème La méthode permet de détailler l’ensemble des étapes du modèle. Elle introduit la notion de patron dans chacune des étapes de la phase descendante de conception. Ces patrons sont utilisés pour la réutilisation des connaissances, à la fois expertes (métier) et informatiques avant de devenir des composants réutilisables. Ces patrons sont un des moyens introduits dans le cycle pour impliquer les utilisateurs et décideurs et pour permettre de capitaliser les connaissances relatives au problème. Nous appelons template la structure du patron (les champs sont à renseigner) et patron une instance du template dont les champs sont renseignés. Un exemple de template est fourni en Figure 3. Ce template sert de support aux experts, utilisateurs et ergonome(s) pour la définition des problèmes métier relatifs au SIAD. Le template est inspiré des canevas proposés par [11]. De manière à utiliser et partager cette connaissance, chaque problème doit porter un nom. Une définition doit y être associée pour permettre à d’autres personnes non initiées de comprendre le problème. Le problème est toujours lié à des entités qui sont précisées dans le champ « attribut ». Le but du template est de relier les problèmes entre eux ; pour cela les champs « problème père » et « sous-problème » assurent la navigabilité. Enfin, d’autres relations peuvent exister 141 Figure 4 : Exemple de décomposition d’un problème de déplacement, mise en forme à l’aide du patron de problème principal qui est l’investissement en infrastructure. La décomposition du problème a été validée après trois tentatives ; les rémises en cause ont été facilitées par les évaluations formatives placées au centre du modèle et faisant intervenir l’ensemble des acteurs. Figure 5 : Template pour la définition des composants L’architecture d’ADESIAD permet de situer les éléments par rapport aux couches interface, spécifique au système, spécifique au domaine infrastructure et plateforme logicielle. Elle n’est pas développée ici par manque de place, une description se trouve dans [15] APPLICATION A L’AIDE A LA DECISION DANS LES INVESTISSEMENTS FERROVIAIRES L’approche proposée dans la section précédente a été appliquée au développement d’un SIAD dans le domaine ferroviaire. Le SIAD a pour objectif d’aider la prise de décision dans les investissements dans les infrastructures ferroviaires. Le développement du SIAD a suivi le cycle proposé par l’approche. Dans la phase descendante (dite de conception) et conformément à la méthode, les templates ont été utilisés pour la décomposition du problème Figure 6 : Composants associés au sous-problème de recherche d’un moyen de transport privé et personnel 142 Figure 7 : Décomposition du problème d’investissement dans les infrastructures ferroviaires Le problème d’investissement a été scindé en trois sousproblèmes dont un est relatif à l’analyse de l’infrastructure par rapport au trafic ferroviaire, un à l’analyse de l’infrastructure seule et un à l’analyse du trafic seul. Ceux-ci ont été décomposés à leur tour pour donner l’arborescence vue en Figure 7 (Seuls les noms de problèmes sont indiqués). Les patrons du problème principal et d’un de ses sous-problèmes feuilles sont visibles de manière plus complète en Figure 8 et 9. On remarque que le problème de capacité en ligne, vu en Figure 9, indique quatre analyses possibles. Un composant, associé à une de ces analyses et qui consiste à insérer un type de sillon, est présenté en Figure 10. Ce composant devra être développé, intégré à la base de composant et pourra ensuite être intégré lors de la phase ascendante en tant que composant métier. Une partie des interactions homme-machine a été modélisée par un diagramme état-transition issu de UML, cf. Figure 11. Cette modélisation, réalisée en présence d’experts, d’utilisateurs, d’ergonomes et d’informaticiens, a permis de définir le nombre d’écrans à utiliser, l’enchaînement des vues, les modalités de dialogue homme-machine. Pour chacune des vues, les modes de présentation des informations sont définies en collaboration avec l’expert, l’utilisateur et l’informaticien. Les modes d’activation des différents outils d’aide sont déterminés. Sur la Figure 10 sont également présentées les activités dans lesquelles l’utilisateur peut se trouver. Les cinq étapes du processus de décision ont été synthétisées en trois types d’activités qui sont le choix des outils (intégrant les étapes 1, 2 et 3), l’utilisation (étape 4) et l’analyse des résultats (étape 5). Ce qui correspond aux étapes 1, 2 et 3 sera basé sur les patrons de problème qui ont été définis. Le choix des outils intègre trois types d’aide traduits par différents modes d’affichage des outils. Le mode par liste présente l’ensemble des outils. La sélection peut être faite par mots-clés pour donner un affichage dit « par mots-clés ». Le troisième mode d’affichage suit la décomposition du problème faite en analyse et est nom- mé « par thème ». L’utilisation correspond à l’utilisation des composants métier associés. L’étape 5 consiste théoriquement à composer une interface avec les résultats hétérogènes issus des divers composants. Cette étape n’a pas été réalisée lors de ce développement. Figure 8 : Patron relatif au problème d’investissement Figure 9 : Patron relatif au problème de la capacité en ligne 143 avec le système, (3) une première mise en situation avec un problème issu du domaine. L’utilisateur a dû utiliser le SIAD pour choisir les outils adaptés à son problème et a répété cette action trois fois pour chacun des modes d’aide au choix. A la fin de chaque sélection, l’utilisateur a rempli un questionnaire sur son impression par rapport au mode utilisé et les résultats obtenus. A la fin, il a rempli un questionnaire permettant d’évaluer le SIAD selon les critères d’utilisabilité de Bastien et Scapin [3]. (4) L’utilisateur a reproduit le même scénario avec deux autres problèmes caractéristiques du domaine mais en utilisant les modes selon un ordre préétabli. Les documents recueillis sont les questionnaires sur les problèmes d’investissement ferroviaires, le questionnaire d’évaluation ergonomique de l’IHM et l’enregistrement sur vidéo (image et son) contenant l’ensemble des actions exécutées par l’utilisateur. Celui-ci a été enregistré à partir de la première mise en situation jusqu’à la fin de l’expérimentation. Trois utilisateurs de profils différents ont participé à ces évaluations. L’utilisateur dit « novice » a des notions issues du domaine ferroviaire mais ne travaille pas directement dans le domaine de l’expertise. L’utilisateur débutant est un chargé d’étude ferroviaire ayant une expérience de deux ans et l’utilisateur dit « expert » est un chargé d’étude ferroviaire de trente ans d’expérience. Nous n’avons pas souhaité faire participer plus de monde car ces évaluations ne sont pas terminales. Figure 10 : Patron relatif au composant métier d’insertion d’un sillon dans une grille horaire ESTIMATION PAR LES UTILISATEURS Les évaluations qui ont été menées consistent à valider l’utilisation du template et des patrons associés pour l’aide à la prise de décision. Selon le cycle de développement, la validation débute par le SIAD indépendamment des composants métier. L’objectif étant de valider l’intérêt des supports pour l’aide à la décision, seule l’activité de choix des outils correspondant au template sera présentée. Le protocole est centré sur l’évaluation de l’interaction et l’influence des modes de présentation des outils sur les utilisateurs. Pour mener à bien cette évaluation, les futurs utilisateurs ont été mis en situation la plus réelle possible. L’évaluation s’est déroulée en quatre étapes : (1) la présentation du système et des modes de choix qui lui sont proposés, (2) la familiarisation de l’utilisateur Figure 11 : Diagramme états-transitions pour la spécification des IHM 144 Sur le Tableau 1, on constate que l’utilisateur considéré comme expert a préféré commencer l’étude avec le mode de recherche par liste car il ne lui semblait pas utile d’être aidé par les autres mécanismes. L’utilisateur débutant a choisi le mode thème car il a apprécié la structure arborescente le guidant dans le choix des outils en fonction du problème ; d’après cet utilisateur, ce mode a l’avantage de lui éviter d’oublier des outils. Le troisième utilisateur, dit novice, a utilisé le mode mots-clés car il lui semblait lui permettre de trouver une sélection à son problème. A la fin des études, l’utilisateur expert gardera sa préférence pour le mode Liste, le débutant celle pour le mode Thème et l’utilisateur novice celle pour les modes par liste et par mots-clés. On notera que l’utilisateur novice a été gêné lors de l’utilisation de SIADIF avec le mode thème car des outils ont été proposés plusieurs fois dans des thèmes différents. Les autres utilisateurs n’ont pas été gênés et ont été globalement en accord avec les propositions de ce mode. A chaque fin d’utilisation selon un mode, il a été demandé aux utilisateurs de quantifier leur satisfaction par rapport à la sélection d’outils faite. Il en ressort que les trois utilisateurs ont jugé les résultats sortants du mode « recherche par liste » comme sensiblement meilleurs par rapport aux deux autres modes, cf. Figure 12. On remarque par ailleurs que les utilisateurs expert et débutant n’ont pas apprécié les résultats sortis de l’usage du mode par Mots-clés. Or pour l’utilisateur expert les outils sélectionnés dans le mode Mots-clés sont plus nombreux que dans les autres modes. Le mode a donc correctement proposé les outils (sans manque). Concernant l’utilisateur débutant, la sélection est rigoureusement la même entre le mode Liste et le mode mots-clés. Pour cet utilisateur, la différence de sélection entre l’outil 1 et 3 est dûe à un changement d’avis concernant la stratégie à suivre pour résoudre le problème, indépendant de l’utilisation du système. La seule différence dûe au mode de recherche se situe au niveau d’un outil non sélectionné lors de l’utilisation du mode Thème car celui-ci n’était pas proposé. A contrario, un des outils n’a pas été sélectionné par l’utilisateur expert lors de l’utilisation du mode Thème alors que ce mode le proposait ; on peut supposer que le problème est de reconnaissance. L’outil ne devait pas être présent là où l’utilisateur s’attendait à le trouver. C’est principalement pour cette raison que l’utilisateur expert est moins satisfait des résultats obtenus à l’aide du mode Thème. Liste Thème Mots-clés Préférence finale Expert 1 3 2 Liste Débu2 1 3 Thème tant Novice 2 3 1 Liste ou Mots-clés satisfaction des utilisateurs concernant la sélection d'outils obtenue par mode 100,00 utilisateur novice 50,00 utilisateur débutant utilisateur expert 0,00 Thème Liste Mots clés mode de sélection Figure 12 : Degré de satisfaction des résultats par rapport aux modes utilisés D’un point de vue utilisabilité, le principal reproche concernait le manque de retour d’information particulièrement dans le mode thème. Le mode thème proposait les outils dans plusieurs tableaux. Des outils pouvaient se retrouver dans plusieurs thèmes. Le manque de retour d’information obligeait les utilisateurs à se souvenir ou à prendre en note les outils au fur et à mesure de la sélection. Cela s’est répercuté sur leur notation dans la grille d’utilisabilité, cf. Figure 13 concernant le guidage. guidage 100,00 compatibilité charge de travail 50,00 utilisateur novice signification des codes 0,00 contrôle explicite utilisateur débutant utilisateur expert moyenne homogéneité/cohérence adaptabilité gestion des erreurs Figure 13 : Résultats globaux relatifs à l’utilisabilité. CONCLUSION ET PERSPECTIVES Ce papier a présenté un certain nombre de cycles de développement issus de divers domaines en lien avec les SIAD. Pour nous le SIAD est un moyen d’assistance qui permet de proposer un ensemble d’outils accompagné d’une aide pour faciliter l’ensemble du processus de décision. Les cycles ont montré des avantages mais aussi souvent des insuffisances pour le développement des SIAD. Une approche couplant un certain nombre de principes a été présentée. Des supports à la prise en compte des utilisateurs et des experts pour le développement et la réutilisation ont été proposés. Ceux-ci sont génériques mais peuvent être adaptés à des cas particuliers. Une étude de cas dans le domaine ferroviaire a tenté de montrer l’intérêt des supports pour l’aide à la décision et notamment dans un premier temps dans le choix des outils. L’approche proposée peut encore être affinée et approfondie. Une plateforme la supportant serait une réelle aide dans le cadre du développement, notamment pour faciliter la gestion des patrons introduits lors d’un développement. Le SIAD tel qu’il est développé à l’aide de l’approche permet de manipuler un certain nombre Tableau 1 : Ordonnancement du choix de mode par chaque utilisateur 145 d’outils. L’étape finale du processus de décision est la synthèse des analyses de manière à aboutir à une décision. Cette synthèse, supportée par le SIAD, est effectuée grâce aux opérateurs de composition des IHM [17]. Ce travail fait partie des perspectives car il existe peu de moyen pour composer des IHM. Les travaux relatifs au projet RAINBOW [9] visent cet objectif à partir de spécification de l’IHM en SUNML. Cette problématique est également abordée dans les travaux relatifs à la composition de composants [12]. Cependant, il faut dans le cas du SIAD que la composition soit réalisée de manière, encore une fois, à supporter le décideur. 9. 10. 11. REMERCIEMENTS Les auteurs remercient les experts de RFF pour leur participation dans ce travail et la région Nord - Pas-deCalais qui a participé au co-financement de la thèse avec RFF. Ce travail bénéficie aussi d’idées provenant du projet TACT MIAOU et EUCUE supportés par la région Nord- Pas-de-Calais et le FEDER. 12. 13. BIBLIOGRAPHIE 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. Abed, M. Méthodes et Modèles formels et semiformels de conception et évaluation des systèmes homme-machine. Mémoire d’HDR, Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis, 2001. Balasubramanian, P., Nochur, K., Henderson, J.-C. et Millie Kwan, M. Managing process knowledge for decision support. Decision Support Systems Vol 27 (1-2), 1999, pp. 145-162 Bastien, J. et Scapin, D. 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Ainsi, si autrefois l’utilisateur n’avait d’autre choix que de s’adapter à un système rigide et sans concurrence, la tendance est à présent inversée: si l’utilisateur n’est pas en mesure d’adapter le système à ses besoins émergents, il est probable qu’il en change. Pour répondre à ce besoin de plus en plus prégnant, une des approches proposées consiste à fournir aux utilisateurs les moyens leur permettant d’adapter au fil de leurs besoins leur environnement logiciel de support d’activités. Cela sous-entend d’implanter dans l’environnement les mécanismes adéquats qui permettront aux utilisateurs d’y intégrer les nouveaux outils qu’ils téléchargent sur le Web. S’il existe des mécanismes avancés qui permettent de réaliser cette contextualisation d’outils d’un point de vue technologique, il est intéressant de noter que ces solutions sont toujours confrontées à un problème d’ordre sémantique: pour intégrer de manière fine un outil (ou composant logiciel) dans l’environnement, il est nécessaire de comprendre le fonctionnement de ce composant, et quelle sera sa place dans l’activité globale supportée par l’environnement. Or, nous pensons que les modèles et outils actuels présentent des lacunes de ce point de vue, et restent inaccessibles pour l’utilisateur final. Pour pallier ce manque, nous avons amorcé une nouvelle approche pour la définition, le développement et l’intégration dynamique de composants. Nous proposons de mieux utiliser les modèles de tâches issus du domaine des IHM, qui, dans l’approche de conception classique, ont tendance à s’évaporer au fil du processus de développement pour finalement disparaître. Nous pensons que ces modèles de tâches peuvent améliorer la compréhension et faciliter la contextualisation des composants par les utilisateurs. Dans un premier temps, nous détaillerons la problématique de l’intégration fine et dynamique de composants, en évoquant les solutions existantes et les problèmes auxquels elles font face, notamment du point de vue de l’accessibilité aux utilisateurs. Nous proposerons ensuite l’approche de conception Orientée Tâches (OT) visant à ajouter de la sémantique dans les composants au travers des modèles de tâches, en vue d’assister la contextualisation de ces composants. Enfin, nous introduirons une mise en œuvre de cette démarche dans la plateforme CooLDev. RESUME Une solution permettant de répondre au caractère émergeant et évolutif des besoins des utilisateurs, vis-à-vis des environnements logiciels supportant leurs activités, consiste à leur donner les moyens d’adapter ces environnements par l’intégration de nouveaux outils. De nombreuses solutions techniques existent pour l’intégration de composants logiciels, mais leur accessibilité reste cantonnée aux développeurs expérimentés. Une des raisons principales réside dans le fait que les approches d’intégration dynamique sont confrontées à un problème d’ordre sémantique: pour bien intégrer un outil dans une activité, il faut en effet bien comprendre quelle sera sa place dans cette activité. Pour faciliter cette compréhension et donc l’intégration dynamique et fine de composants, nous proposons une nouvelle approche de conception et d’intégration inspirée de travaux sur la modélisation des tâches. MOTS CLES : Composant, Intégration, Tâche. ABSTRACT Users’ needs towards the software environments supporting their activities are emerging and continuously evolve. A solution is to give to the users the means to adapt these environments, by integrating the tools they need. Many technical solutions exist, but their use is limited to a public of experts in software developement. The main reason is that current dynamic integration approaches face a semantic problem: in order to finely integrate a tool in an activity, one must indeed well understand what will be its place in this activity. In order to facilitate this understanding and this dynamic integration, we propose a new approach of conception and integration, based on previous work on task modelling. KEYWORDS: Component, Integration, Task. INTRODUCTION Aujourd’hui, de nombreux travaux tendent à apporter des réponses aux besoins émergents des utilisateurs visà-vis des environnements logiciels supportant leurs activités. En effet, les avancées technologiques ont largement contribué à rendre les utilisateurs de plus en plus exigeants vis-à-vis des systèmes informatiques. Par ailleurs, la démocratisation de l’Internet et des accès haut- 147 la cohérence de l’environnement est principalement gérée mentalement par les utilisateurs. Notre objectif est de fournir un environnement qui crée le contexte d’utilisation des divers outils impliqués dans une activité globale et supporte par exemple l’activité de développement de logiciel en gérant les liens existants entre ces diverses (sous-)activités, c’est-à-dire en gérant l’interactivités. Gérer l’inter-activités consiste principalement à gérer le contexte d’exécution des outils mis en œuvre par les utilisateurs dans la réalisation de leur activité globale [17]. Un contexte particulier pourra par exemple configurer les outils pour refléter le rôle de l’utilisateur dans l’activité globale supportée par l’environnement. Ainsi, les acteurs chargés du test dans l’activité de production d’un logiciel n’auront pas, par exemple, les droits d’accès leur permettant de modifier le code du logiciel. Ce contexte pourra aussi piloter les outils (supportant les sous-activités) en fonction de changements d’états dans l’activité globale. La mise en œuvre de tels scénarios dans l’inter-activités, orchestrant un ensemble d’outils ne se connaissant pas a priori, suppose que ces composants/outils puissent être contextualités de manière fine dans l’environnement global. LE PROBLEME DE LA CONTEXTUALISATION De nombreuses études théoriques et empiriques ont démontré le caractère émergeant des besoins des utilisateurs vis-à-vis de leurs activités et des environnements logiciels les supportant [8,12,16,29,34]. De fait, de nombreux travaux de recherche tendent à intégrer aux environnements logiciels les mécanismes permettant de supporter ces besoins émergents, et à donner aux utilisateurs la possibilité de faire évoluer eux-mêmes ces environnements. Comme nous l’avons évoqué dans l’introduction, les utilisateurs n’hésitent plus à rechercher sur l’Internet les outils qui répondent le mieux à leurs besoins, outils qu’ils utiliseront ensuite dans le cadre de leur activité. Supporter une telle évolution de l’environnement consiste donc à supporter la contextualisation (ou intégration) de nouveaux outils (ou composants) dans l’environnement. La contextualisation – vision inspirée des SHS Le domaine du TCAO (Travail Coopératif Assisté par Ordinateur) a intégré depuis longtemps les résultats de recherches en Sciences Humaines et Sociales, établissant clairement que les besoins des utilisateurs ne peuvent être complètement définis a priori et de manière exhaustive. Ainsi, la Théorie de l’Activité [1] met en évidence le fait que l’activité humaine, et tous les éléments qui la composent, est sujette à l’évolution, y compris les besoins des utilisateurs, qui émergent de celle-ci. Un système informatique dédié à supporter une activité particulière doit donc également être en mesure d’évoluer. C’est ainsi que nos travaux tentent de fournir des environnements informatiques adéquats suivant le principe de coévolution (défini en détails dans [4,5]), c’est-à-dire permettant aux utilisateurs finaux de (re)définir dynamiquement et coopérativement leur propre environnement informatique. Cette (re)définition peut par exemple se traduire par une évolution des rôles mis en jeu dans l’activité coopérative, ou encore par l’intégration dynamique de nouveaux outils (sous forme de composants) au sein de l’environnement de travail. Nos travaux étant fortement inspirés par la Théorie de l’Activité, nous avons traduit ce besoin d’intégration dynamique d’outils en terme de gestion de l’inter-activités [17]. Cette approche considère que chaque outil est destiné à supporter un type d’activité en particulier. Mais lorsque plusieurs outils sont utilisés en parallèle par un groupe d’acteurs, ils servent généralement une activité de plus haut niveau que celle pour laquelle chaque outil a été créé. Imaginons par exemple qu’un groupe utilise en parallèle un composant de discussion synchrone, un outil de partage de document de type CVS1, et un éditeur de code. Ces divers outils supportent chacun une activité (discussion synchrone pour le chat, etc.) et ne se connaissent pas. Cependant, ils sont utilisés de manière complémentaire par le groupe du fait qu’ils servent une activité coopérative globale de développement de logiciel. Bien souvent, La contextualisation – solutions techniques Le problème de l’intégration de composants logiciels est un domaine de recherche complexe. De nombreuses solutions techniques tentent d’ailleurs d’y apporter des réponses. Par exemple, les composants distribués de type Corba [37], EJB (Enterprise JavaBeans) [2], ou encore les Services Web [11] sont conçus en vue de leur intégration future. Y sont parfois associés des langages de composition [36] qui permettent d’intégrer de manière fine ces composants ou services informatiques au sein d’applications. Il est à noter que ces solutions technologiques pour l’intégration sont à destination exclusivement de développeurs expérimentés, notamment en raison de leur complexité, de leur coût de mise en œuvre et de la spécificité des techniques employées [13]. Néanmoins, ces différentes méthodes d’intégration fonctionnent suivant le même principe : il est possible de découvrir dynamiquement les objets sur l’Internet, de les instancier, de découvrir par introspection leurs méthodes publiques ainsi que leurs éventuels canaux d’événements, et finalement de les utiliser. Ces mécanismes sont fort intéressants pour nous permettre de gérer l’inter-activités. Pourtant, ils apportent principalement une solution à la dimension technique du problème. En effet, intégrer dynamiquement un outil de manière fine suppose qu’on puisse l’utiliser, mais aussi que l’on comprenne comment l’utiliser. Pour pallier ce problème de sémantique des composants, les technologies Orientées Objets (OO) fournissent quelques supports pour leur compréhension, comme le WSDL [3], langage de description des Services Web; ou encore la Javadoc [14], une documentation des composants JavaBeans générée à partir de balises insérées dans le code desdits composants sous forme de commentaires. Ainsi, dans 1 CVS (Concurrent Versions System) est un outil de gestion centralisée de versions, très utilisé par les équipes de développement logiciel. 148 l’exemple de la création d’un chat intégrable, la Javadoc associée pourrait décrire la liste des méthodes publiques de l’outil pour son pilotage telles que envoyerMessage, authentifier, afficherGroupe, etc. Néanmoins, pour intégrer un tel composant, ce genre de documentation, qui décrit le fonctionnement des méthodes mais pas la façon de les utiliser, n’est généralement pas suffisante. Tout développeur a d’ailleurs déjà été confronté à ce problème. Par exemple, dans quel ordre ces méthodes doivent-elles être appelées par l’application qui contextualise le chat pour que ce composant fonctionne correctement? Une solution consiste à rechercher des exemples d’utilisation, en épluchant le code d’une autre application qui utilise le même composant, ou en procédant à une initiation à sa mise en œuvre sous forme de tutoriel, dans le meilleur des cas. Quest-ce quun outil du point de vue de la tâche? En cohérence avec notre approche de l’inter-activités, on peut considérer que chaque outil supporte une tâche à laquelle il est dédié. En d’autres termes, tout composant informatique peut être vu comme un support générique à une tâche particulière, cette tâche étant inscrite plus ou moins implicitement dans l’outil. En effet, le concepteur de l’outil a créé les mécanismes sous-jacents et son interface de manière à proposer un support adéquat à une tâche donnée. Ainsi, un composant de mail supporte la réalisation de tâches de mailing, un composant de chat supporte des activités de discussion synchrone, etc. En conclusion, on peut considérer que contextualiser un outil, c’est contextualiser une tâche existante dans le cadre d’une tâche plus globale. De manière à faciliter cette contextualisation et à apporter une réponse aux problèmes de l’intégration dynamique, nous proposons ci-après de mieux utiliser le modèle de tâches du composant, sorte de chaînon manquant qui disparaît généralement entre la phase de conception et le code produit. Nous pensons que ces difficultés liées à l’intégration dynamique de composants tiers proviennent d’une perte de sémantique dans les moyens proposés quant à leur documentation. Seuls des informaticiens passionnés sont en général capables d’intégrer au mieux la plupart des composants émergeant sur l’Internet car, procédant par l’étude de codes existants, ils doivent presque totalement reconstruire mentalement la mécanique de fonctionnement de l’outil qu’ils tentent d’intégrer. Cette problématique limite la réutilisation à des utilisateurs très spécialisés. D’ailleurs, si de nombreux travaux sont en cours [15,21], visant à pallier ce problème sémantique dans les modèles de composants, les solutions proposées restent généralement à destination de développeurs expérimentés. Or, dans le cadre de nos travaux sur la coévolution [5], nous avons montré qu’il serait fort bénéfique de faciliter cette intégration fine et dynamique de composant, y compris pour et par les utilisateurs finaux. C’est ainsi que d’autres solutions ont été envisagées, consistant à intégrer des composants dans un environnement cible particulier qui fournit des mécanismes permettant de relever le niveau d’abstraction de l’intégration; c’est le cas des plug-ins Eclipse [24] intégrables exclusivement à cette plateforme. Si cette intégration est plus accessible aux utilisateurs finaux, c’est au détriment de la souplesse de l’intégration; la spécification de la façon dont un composant sera intégré est en effet souvent codée directement dans le composant, et il difficile de (re)définir finement ce «schéma» d’intégration autrement qu’en modifiant le code. L’intégration fine et dynamique par les utilisateurs est donc toujours un problème prégnant: en effet, les méthodes permettant de réaliser une telle intégration sont confrontées à des problèmes sémantiques, et ne sont accessibles qu’à un public d’experts – donc pas les utilisateurs finaux. Ces utilisateurs, informaticiens ou non, ne sont pas des spécialistes de la technologie mise en œuvre, mais plutôt des spécialistes de la tâche qu’ils veulent accomplir. DE LORIENTE OBJET A LORIENTE TACHES Utilisation des modèles de tâches dans le cycle de développement Très tôt, les ergonomes se sont penchés sur la logique de fonctionnement et la logique d’utilisation [31] afin de comprendre le mode de fonctionnement des utilisateurs pendant leurs activités, c'est-à-dire lors de la réalisation de leurs tâches. Petit à petit, l’analyse des tâches s’est étoffée avec la modélisation permettant non seulement de décrire précisément les tâches effectives (celles réalisées réellement par les utilisateurs), mais également d’écrire le modèle des tâches prescrites, c'est-à-dire celles que les utilisateurs sont censés réaliser par la suite. Cette modélisation, ainsi que les méthodes associées (CARD, ACTU2, etc. [25]), devenant de plus en plus complexe, une multitude de formalismes ont fait leur apparition, la majorité étant couplée à des outils le plus souvent graphiques, par exemple CTTE [22] pour le formalisme CTT [27] et TAMOT [18] pour Diane+ [35]. L’utilisation des tâches prend une place de plus en plus importante dans le Génie Logiciel, principalement dans le domaine des IHM. Nombreux sont les travaux dans ce domaine qui portent sur les moyens visant à exprimer les tâches des utilisateurs. Cette approche orientée tâches est généralement utilisée dans les phases amont ou aval d’un processus de conception [7,9,18,19,20,26,27,30]. Toutefois, il est intéressant de constater que si ces méthodes proposent de commencer la conception d’un composant par une modélisation de la tâche, cette démarche s’efface 2 CARD (Collaborative Analysis of Requirements and Design) et ACTU (Analyse Collaborative des Tâches des Utilisateurs) sont des méthodes de conception participative, basées sur l’utilisation de cartes à jouer représentant des tâches et des objets familiers pour les participants. Ces méthodes permettent de recueillir facilement des modèles de tâches utlisateur. 149 Figure 1. Schématisation de l’approche de conception classique, et de l’approche Orientée Tâches qui tend à préserver le modèle de tâches tout au long du processus de développement, pour une meilleure contextualisation du composant. tâches associé à partir du code. Ceci rejoint le fait évoqué précédemment concernant la nécessité pour les intégrateurs d’entrer dans le code du composant pour en réextraire la logique de fonctionnement du point de vue informatique, et surtout sa logique d’utilisation du point de vue de l’utilisateur, c’est-à-dire reconstruire et rendre à nouveau explicite le modèle de tâches sous-jacent. C’est aussi pour cela que lors des phases de tests finaux, les équipes de développement sont obligées de recourir aux «espions», aux interviews, et à d’autres techniques pour retrouver une partie de ce modèle de tâches. Par conséquent, nous sommes convaincus que la conservation explicite du modèle de tâches, jusque dans la mise à disposition du composant logiciel, sera bénéfique à l’intégration dynamique des outils dans l’activité des utilisateurs. De plus, les modèles de tâches servent aussi souvent, en tant qu’objet partagé, à une meilleure communication entre les différents acteurs (y compris les futurs utilisateurs) du processus complexe de développement. De ce fait, la mise à disposition du modèle de tâches devrait non seulement permettre la compréhension du fonctionnement de l’outil à intégrer, mais aussi faciliter l’intégration au niveau de la tâche globale par les utilisateurs finaux eux-mêmes en fournissant sa logique d’utilisation. C’est ce que nous proposons de réaliser grâce à une nouvelle approche de conception. progressivement pour finalement être absorbée par une démarche de conception orientée objet inspirée par l’ingénierie informatique. Cette approche de conception classique tend à transformer les modèles de tâches en modèles d’objets, d’où découle implicitement la structuration en classes du composant produit (cf. Figure 1, partie supérieure). Le modèle de tâches de base se retrouve noyé, inscrit de manière implicite dans la complexité du code produit. En effet, les approches orientées tâches ne sont pas ou peu utilisées pendant le cycle de conception et de développement, c'est-à-dire après le recueil des besoins et leur analyse. Par ailleurs, les outils de conception actuels, principalement ceux reconnus en Génie Logiciel – qu’il s’agisse d’Environnements de Développement Intégrés (EDI) dédiés à supporter les phases de programmation/test, ou des Ateliers de Génie Logiciel (AGL) comme Rational Rose, tendant à supporter l’intégralité du processus de production – n’intègrent absolument pas les approches orientées tâches. UML lui-même, n’intègre pas du tout la notion de tâches telle que nous la connaissons en IHM. Par exemple: UML ne contient pas les notions de buts utilisateur ou d’intentions de l’utilisateur; UML ne permet pas de modéliser les utilisateurs (connaissances, habitudes,…); la différence de notion entre tâche interactive, tâche système et tâche manuelle n’existe pas dans UML. Pourtant, nombreux sont les travaux qui ont tenté de remédier à ce manque [6,23,28,32], profitant de similitudes entre certains concepts d’UML et des approches orientées tâches pour créer des «traducteurs». On constate donc que le bénéfice réalisé dans les phases amont lors de la modélisation des tâches disparaît totalement lors de la conception et de l’implémentation. Même si le code produit reflète les tâches initialement identifiées, il est très difficile de retrouver le modèle de Une nouvelle démarche de conception Comme nous l’avons illustré précédemment, le bénéfice de l’utilisation des modèles de tâches est présent à tous les stades du cycle de vie du composant logiciel, depuis sa conception, en passant par son développement, et jusqu’à sa contextualisation. Notre proposition consiste en une démarche de conception Orientée Tâche (OT), c’està-dire une approche ‘classique’ augmentée par le main- 150 mentale au fur et à mesure de la définition des besoins pour l’outil de discussion. En l’occurrence, c’est le formalisme Diane+ [35] que nous avons utilisé pour l’élaboration de ce modèle de tâches. Toutefois, comme notre démarche s’attache à relier au code des concepts généraux des modèles de tâches, il est tout à fait possible d’utiliser d’autres formalismes comme CTT [27]. Ce modèle (dont le premier niveau de décomposition est donné sur la Figure 2) est constitué de plusieurs tâches (se connecter, communiquer, etc.), elles-mêmes éventuellement décomposées en sous-tâches (c’est le cas des tâches communiquer et administrer). C’est ce modèle qui, suivant notre démarche, sera conservé lors du processus de développement. C’est donc également ce modèle qui sera utilisé pour la contextualisation du composant dans une tâche plus globale. En fonction du nouveau contexte d’usage (défini lors de la contextualisation), certaines parties du modèle pourront être shuntées. Dans notre exemple, la tâche se connecter (à laquelle correspond l’interface demandant à l’utilisateur de renseigner ses informations de connexion) peut être shuntée par un appel direct au lien validate. Ce type de shunt est souvent mis en œuvre dans un environnement global qui se charge de récupérer les informations de connexion des acteurs et les transmet lui-même aux outils qui y sont intégrés de manière à les configurer automatiquement. tien explicite des liens entre le code et le modèle de tâches qui en est à la base. Notre démarche n’impose aucun formalisme particulier pour la modélisation des tâches puisque nous nous attachons à relier des concepts des modèles de tâches (indépendants donc du formalisme) au code. De la même manière, cette démarche de conception n’a pas d’incidence directe sur la structuration des classes du composant. En effet, notre démarche consiste justement à identifier les liens entre le code du composant (autrement dit sa structuration) et le modèle de tâches qui en est à l’origine. Ces liens sont inscrits dans le code sous forme de balises (à la manière des balises de la Javadoc, insérées dans le code sous forme de commentaires, pour permettre la génération automatique de documentation) lors de la phase d’implémentation. Cette démarche permet d’obtenir des composants avec un modèle de tâches documenté et lié au code (cf. Figure1, partie inférieure). L’avantage de cette démarche réside dans le fait qu’elle n’induit qu’une faible surcharge du travail des concepteurs et des développeurs. En effet, si le modèle de tâches est déjà réalisé pour les besoins de l’analyse, la surcharge consiste uniquement à inscrire dans le code les liens susmentionnés et à livrer le composant avec son modèle de tâches. En revanche, le gain en matière de sémantique concernant le fonctionnement du composant est appréciable, et pourra aider à sa compréhension. Pour la contextualisation, nous proposons de fournir les moyens de manipulation associant les mécanismes d’introspection et de documentation classiques avec le modèle de tâches du composant. MISE EN ŒUVRE DANS LA PLATEFORME COOLDEV L’objectif du projet CooLDev (Développement Coopératif du Logiciel) est de proposer un environnement global pour le support des activités coopératives de développement logiciel. L’environnement CooLDev, fondé sur la plate-forme Eclipse, propose déjà des moyens pour la gestion de l’inter-activités. Un méta-modèle, auquel nous avons associé divers mécanismes pour l’exécution, permet notamment de décrire et de gérer les liens existant entre des activités [17]. Toutefois, ces mécanismes étaient jusqu’à présent limités dans leur utilisation par le problème de sémantique que nous venons d’exposer. Les moyens techniques pour la contextualisation des outils existent, mais le problème réside dans la compréhension de leur fonctionnement. Nous pensons que la nouvelle approche OT que nous présentons permettrait d’apporter une réponse à ce problème. Pour valider cette approche, nous avons décidé de procéder au développement d’un plug-in Eclipse de discussion synchrone que nous pourrons contextualiser dans la plateforme CooLDev. Figure 2. La tâche du chat (niveau global). La phase suivante correspond au codage de l’outil et de son interface sur la base du modèle de tâches défini en amont. La particularité de cette phase consiste à conserver les liens entre ce modèle et le code produit. Ces liens sont inscrits dans le code grâce à des tags de type xdoclet (balises sémantiques insérées dans le code, suivant le modèle des balises de la Javadoc) qui référencent des entités du modèle (tâches, liens, etc.). Cependant, chaque entité du modèle de tâches n’est pas forcément reliée à une portion de code; c’est par exemple le cas de la plupart des tâches complexes qui sont constituées de plusieurs tâches (comme la tâche administrer) et dont la réalisation peut s’effectuer de plusieurs manières. Ici, Conception et développement dun composant OT Notre démarche présente de nombreuses similitudes avec les approches classiques. La conception a été faite sur la base d’un modèle de tâches construit de manière incré- 151 d’une manière générale, les tags ajoutés au code mettent en correspondance des méthodes avec des tâches (comme la tâche se connecter, par exemple) ou des liens du modèle de tâches (comme le lien validate). Ainsi, le corps de la méthode authentifier(String login, String password) est précédé d’une balise xdoclet (@taskmodel.link name="validate"), qui indique que le lien validate du modèle de tâches est réalisé par cette méthode. La tâche se connecter peut ainsi être shuntée par une entité extérieure (d’un autre modèle de tâches) faisant un appel direct à la méthode authentifier en renseignant ses deux paramètres. On dispose alors d’un composant fonctionnel livré avec son modèle de tâches sous forme d’un fichier XML lié à celui-ci. Ce prototype permet d’une part d’avoir une vision globale du modèle de tâches du composant à intégrer, et donc contribue à la compréhension de son fonctionnement. D’autre part, il permet de spécifier la façon dont le composant sera intégré à la tâche globale, au travers de la définition de liens entre le modèle de tâches du composant et le modèle de la tâche globale. Ce genre de liens tend à supporter une contextualisation d’une dimension plus fine du composant dans l’activité, qui va plus loin qu’une simple intégration visuelle dans l’environnement. Cette première mise en œuvre de la démarche de conception OT a permis de mettre en évidence plusieurs éléments. D’une part, comme nous l’avons évoqué, cette démarche n’induit effectivement qu’une faible surcharge de travail pour les concepteurs et les développeurs, si tant est que l’analyse faite en amont ait donné lieu à l’élaboration d’un modèle de tâches. D’autre part, nous avons pu constater, dans le cadre de cet exemple simple, que l’adjonction aux autres moyens de documentation (Javadoc, etc.) d’un modèle de tâches décrivant le fonctionnement et l’utilisation du composant rend sa compréhension plus intuitive. La contextualisation dans l’environnement global par la création de liens fins s’en trouve facilitée. Nos travaux se poursuivent avec l’objectif de rendre plus accessibles aux utilisateurs finaux ces mécanismes d’introspection sur les modèles de tâches et leur manipulation pour la contextualisation des composants au sein de leurs activités. Contextualisation dun composant OT A partir de ce composant OT, on peut donc appliquer les mécanismes d’introspection classiques qui nous permettront d’obtenir la liste des méthodes utilisables pour son intégration, la Javadoc qui décrit le fonctionnement de cette méthode dans une approche Orientée Objet, mais aussi les liens directs entre ces méthodes et le modèle de tâches sous-jacent. Pour faciliter la contextualisation du composant dans l’activité globale, nous avons développé un prototype (cf. Figure 3) permettant de réaliser cette introspection du point de vue du modèle de tâches des composants, avec ses différents niveaux de décomposition, et d’effectuer sa liaison avec la tâche de l’activité globale. Dans l’exemple, le modèle de tâches du composant de discussion synchrone a été intégré à la tâche globale d’utilisation de l’environnement Eclipse, via le lien de connexion présenté dans le paragraphe précédent. CONCLUSION Une réponse aux besoins émergents des utilisateurs consiste à leur proposer l’intégration dynamique de nouveaux outils dans leur environnement de travail informatisé. Si l’on considère les moyens existants du point de vue de l’activité humaine, cette intégration dynamique pose problème au niveau sémantique. En effet, l’intégration fine d’un composant implique la compréhension de la (sous-)tâche qu’il supporte pour définir la place qu’il occupera dans l’activité visée. Malheureusement les moyens actuels induisent une perte sémantique lors de la réalisation des outils. L’approche Orientée Tâche (OT) que nous avons proposée tire parti du processus de modélisation des tâches réalisé en amont de la phase de conception du composant. Généralement, ces modèles de tâches se retrouvent finalement dilués dans le code du composant. Notre approche les conserve tout au long du processus de développement, et les livre avec le composant final en tissant des liens fins entre le modèle de tâches à l’origine du composant et le code correspondant à sa réalisation. Nous avons vérifié la faisabilité de cette approche par le développement et l’intégration d’un plug-in de chat pour la plate-forme CooLDev. Nos travaux actuels consistent à parfaire ces nouveaux moyens d’introspection et leur outillage de manière à faciliter davantage l’intégration dynamique de composants/outils par les utilisateurs finaux, pour une meilleure coévolution [5]. Figure 3. Maquette d’intégration du modèle de tâches du chat dans la tâche globale par shunt de la tâche se connecter. 152 12. Folcher, V. Appropriating artifacts as instruments: when design-for-use meets design-in-use. In Interacting with Computers, 15(5), 2003, pp. 647-663. REMERCIEMENTS Les auteurs tiennent à remercier la Direction de la Recherche pour l’ACI CooLDEv, le programme TAC financé par la Région Nord/Pas-de-Calais et l’Etat dans le cadre du CPER pour les projets MIAOU et EUCUE. 13. Heineman, G.T. and Councill, W.T. Componentbased software engineering: putting the pieces together. Addison-Wesley Longman Publishing Co., Inc., Boston, MA, 2001. BIBLIOGRAPHIE 1. Bedny, G., Meister, D. The Russian theory of activity, Current Applications to Design and Learning. Lawrence Erlbaum Associates, Publishers, 1997. 2. Blevins, D. Overview of the Enterprise JavaBeans Component Model. In [13], pp. 589-606. 3. Booth, D. and Liu, C.K. Web Services Description Language (WSDL) Version 2.0 6 January 2006. Disponible à l’adresse : . http://www.w3.org/TR/wsdl20-primer 4. 5. 15. Kiniry, J.R. Semantic Component Composition. 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Rapport de recherche INRIA N° 202, Avril 1983. 154 Interaction multimodale pour la recherche d’information dans une base de données de réunions Agnes Lisowska Mireille Betrancourt ISSCO/TIM/ETI, University of Geneva 1211 Geneva 4, Switzerland [email protected] TECFA / FPSE, Université de Genève CH 1211 Genève 4, Suisse [email protected] ABSTRACT appelée SmartRoom a été conçue pour enregistrer les réunions de telle sorte que les données multimodales résultantes puissent être facilement synchronisées, traitées et stockées. Par exemple, dans le projet IM2, dans lequel le présent travail est inséré, les réunions sont enregistrées au moyen de l’outil SmartRoom [7] et les données résultantes sont stockées dans une base de données qui contient les informations visuelles et audio d'une réunion, une transcription des textes de la réunion, ainsi que divers niveaux d'annotation, y compris linguistiques (des actes de dialogue, des segments de matière, des mots-clés) et métaniveaux (actions de réunion). En outre, les données de réunion contiennent les versions électroniques de tous les documents utilisés lors des réunions, les notes prises par les participants, et ce qui a été écrit sur le whiteboard électronique disponible dans la pièce. Une question centrale est alors comment un utilisateur réel, tel que l’employé d'une compagnie qui emploie un tel SmartRoom, peut mieux exploiter ces données. Tucker et Whittaker [10] fournissent une bonne vue d'ensemble des types de navigateurs de réunion qui ont été développés dans divers projets et suggèrent une taxonomie en 4 catégories –audio, vidéo, artefact et discours. Cependant, les outils de navigation proposés pour ces données de réunion reposent sur les dispositifs d’entrée standard, souris et de clavier. A notre connaissance, aucune recherche ne s’est penché sur la possibilité d'incorporer l'entrée multimodale dans le système de navigation et de récupération de données multimodales, en l’occurrence des documents de réunions. In this paper we discuss the results of user-based experiments to determine whether multimodal input to an interface for browsing and retrieving multimedia meetings gives users added value in their interactions. We focus our work on interaction with the Archivus interface using mouse, keyboard, voice and touchscreen input. We find that voice input in particular does appear to give added value, especially when used in combination with more familiar modalities such as the mouse and keyboard. We conclude with a discussion of some of the contributing factors to these findings and directions for future experiments. KEYWORDS Multimodal interaction, meeting database, information search. RESUME Cet article présente les résultats d’une expérience explorant les effets de l’utilisation de modalités d’entrée multimodales pour la navigation et la recherche dans une base de documents de réunions multimédia. Nous nous sommes intéressés particulièrement à l’interaction avec l’interface Archivus sous différentes modalités (souris, clavier, voix et écran tactile). Notre expérience préliminaire montre que la voix facilite l’interaction, en particulier lorsqu’elle est combinée avec des modalités plus familières comme le clavier et la souris. Nous concluons sur une discussion des facteurs qui expliqueraient ces résultats et les expériences que nous allons mener pour vérifier ces hypothèses. Oviatt [8] déclare que l'entrée vocale combinée avec la souris et le clavier était l’une des combinaisons de modalité les plus tôt utilisées dans les systèmes multimodaux. Dans ces systèmes, le langage naturel a été préféré pour permettre «une plus grande puissance expressive pour l'utilisateur». Les récentes recherches sur les interactions multimodales se sont intéressés à des domaines impliquant des tâches spatio-temporelles comme tracer des actions sur une carte [8], où stylo la voix sont souvent employées. Les résultats ont prouvé que les utilisateurs agissent de façon multimodale dans de tels systèmes. Ainsi, dans la combinaison stylet-voix, le stylet est MOTS CLES Interaction multimodale, base de données de réunion, recherche d’information. INTRODUCTION Dans le cadre de projets1 impliquant la collection de données multimodales de réunion, une interface spécifique 1 The IM2 project http://www.im2.ch, the AMI project www.amiproject.org, The Meeting Room Project at Carnegie Mellon University, http://www.is.cs.cmu.edu/mie/, Rich transcription of natural and impromptu meetings at ICSI, Berkeley, http://www.icsi.berkeley.edu/icsi- ro.html, and the Multimodal http://www.m4project.org/. 155 Meeting Manager utilisé pour désigner des éléments tels que les symboles, les localisations et les objets physiques, alors que la voix est employée pour les éléments temporels ou plus abstraits de l'interaction [8]. La modalité vocale est également employée dans les systèmes conversationnels dans un contexte d’interaction téléphonique qui n’implique pas d’interface graphique [3, 4, 11]. D’autres recherches sur la modalité vocale concernent les interactions avec un monde virtuel, comme dans le système Hans Christian Anderson, où l’enfant peut converser avec une représentation virtuelle de l’auteur de contes de fées pour apprendre sur sa vie ou ses histoires [1]. Le système sur lequel porte cette étude s’inspire de ces deux types d’interactions pour créer une interface conversationnelle multimodale. LE SYSTEME ARCHIVUS Le système Archivus, décrit en détail dans [6], a été conçu sur la base des indications relevées dans une analyse des besoins pour l’interface d’exploration et de recherche de données de réunions [5]. Les données recueillies dans cette étude ont permis de dégager le type d’informations que les utilisateurs voudraient rechercher à propos des réunions, ce qui nous a aidé à structurer à la fois la disposition des fonctionnalités de l’interface et les chemins que les utilisateurs emprunteraient pour trouver l’information dans la base de données. En outre, le système a été conçu pour être multimodal de façon flexible, ce qui signifie que l’utilisateur peut employer la modalité d’entrée qu’il souhaite (dans ce cas souris, clavier, écran tactile ou voix), l’employer seule ou en combinaison avec d’autres modalités. Cette flexibilité nous permet d’étudier comment les utilisateurs gère la multimodalité d’entrée lorsque les contraintes d’utilisation sont minimales. Notre hypothèse est que l’exploitation des données de réunions pourrait être facilitée par l’utilisation d’une interface conversationnelle qui permettrait l’emploi d’une variété de modalités d’accès à l’information: requêtes complexes en langage naturel par la voix et/ou le clavier, et dispositifs de pointage avec la souris et/ou directement sur un écran tactile. La multimodalité devrait être particulièrement adéquate dans ce contexte, dans la mesure où les informations peuvent être stockées dans différentes réunions et sur différents médias, impliquant des requêtes complexes. La Figure 1 présente l’interface dont les différents éléments sont numérotés et décrits ci-après. Dans le système à l’étude, le langage naturel peut être utilisé en entrée vocale ou écrite au clavier et peut être interprété à deux niveaux. Le premier niveau est celui des commandes, où le langage est utilisé pour contrôler l’interface, comme on cliquerait sur des objets de l’interface graphique. Ce niveau ne nécessite pas de traitement particulier au niveau du système si ce n’est l’implantation d’un système de reconnaissance vocale. Le deuxième niveau est celui des requêtes complexes exprimées de façon libre pour la recherche d’informations dans la base, ce qui nécessite d’équiper le système d’un module d’interprétation syntaxique et sémantique de l’entrée utilisateur. Figure 1: L’interface du système Archivus. Pour rendre l’interface plus familière aux utilisateurs, il a été choisi d’utiliser la métaphore de la bibliothèque ou des archives. Dans cette métaphore, chaque réunion est représentée par un livre (zone 2) et l’ensemble de la base par une étagère (zone 1). À tout moment, l’utilisateur voit l’étagère, et les réunions pertinentes pour la recherche en cours sont mises en évidence. Quand un utilisateur ouvre un livre, il a accès à tous les aspects de la réunion, y compris tous les médias associés à cette réunion, qu’ils soient audio, vidéo ou textuels. Les utilisateurs peuvent explorer ces réunions comme ils le feraient avec un livre, peuvent lancer les médias audio et visuels (zone 3) ou rechercher des éléments particuliers dans une réunion. En collaboration avec nos collègues du Laboratoire d’Intelligence Artificielle de l’Ecole Polytechnique de Lausanne, nous avons participé à la conception d’un système, Archivus, [6] poursuivant les objectifs mentionnés précédemment. Le présent article décrit les résultats d’une expérience dont l’objectif était de déterminer si la multimodalité en entrée améliore l’interaction avec une base de données de réunions multimodales utilisant le système Archivus, et le cas échéant, de quelle nature est cette interaction multimodale. Il est important de noter que nous définissons l’amélioration en termes d’efficience accrue (nombre d’informations trouvées dans un temps donné), d’utilité (l’information peut-elle être retrouvée ainsi), et de satisfaction globale (opinion générale de l’utilisateur). Les utilisateurs peuvent spécifier leurs critères de recherche de deux façons: premièrement, en utilisant la barre 156 res, le type d’expression langagière utilisé et l’efficacité pour accomplir les recherches dans la base. Pour obtenir ces informations, les interactions de l’utilisateur avec le système ont été enregistrées à l’aide de deux caméras (une caméra filmant le visage et une filmant les mains et les dispositifs d’interaction) et d’un équipement qui enregistrait tout ce qui se déroulait sur l’écran de l’utilisateur. Le dispositif comprenait un ordinateur (dans ce cas un PC de bureau avec un écran tactile), des haut-parleurs, une souris sans fil et un microphone main libre. de recherche (zone 5) où les utilisateurs peuvent demander au système de trouver l’information qu’ils cherchent en entrant une requête en langage naturel. Il peut s’agit de mots clé ou d’expressions linguistiques plus complexes. Cependant, même si les utilisateurs peuvent poser des questions de forme très libres comme par exemple «Qui était en retard à la réunion du 21 janvier?», le système ne fournit pas une réponse mais indique les documents de la réunion qui peuvent contenir la réponse (en zone 2). La deuxième façon de rechercher de l’information consiste à utiliser les boutons de critères (zone 6). Ces boutons servent aussi de représentation des annotations sousjacentes dans la base de données. En cliquant sur ces annotations, les utilisateurs peuvent naviguer dans la base pour atteindre les informations recherchées. De cette manière, les utilisateurs novices peuvent apprendre quelles sont les annotations et options d’interaction disponibles dans le système. Les experts quant à eux peuvent déjà connaître les options et annotations de la base –dans ce cas, ils peuvent directement émettre une requête vocale pour atteindre des éléments précis en se servant des critères de la base. Néanmoins, dans une situation où ils ne pourraient pas utiliser la voix, ils peuvent accéder à la même information en interagissant avec les boutons de navigation Dans la mesure où nous envisageons que l’usage de la multimodalité, et particulièrement de la modalité vocale, n’apporte de valeur ajoutée que si l’utilisation du langage naturel est possible, il fallait donc permettre l’utilisation du langage nature dans cette expérience. Or un système robuste et fiable de traitement du langage naturel vocal ne peut être développé que si l’on connaît les contraintes que le système doit satisfaire et notamment le type de vocabulaire utilisé et le type d’expression que le système doit pouvoir traiter. C’est pourquoi nous avons employé la méthode du Magicien d’Oz [2, 9]. Selon cette méthode, les utilisateurs interagissent avec ce qu’ils croient être un système finalisé comportant un module de traitement du langage naturel (en plus des autres modalités d’interaction). En réalité, la reconnaissance de la parole et le traitement de la requête sont simulés par un humain, le «magicien», qui intervient sur l’interface depuis une autre pièce. Le magicien entend ce que dit l’utilisateur et voit l’état son interface, de sorte à pouvoir gérer l’interaction de façon transparente. Dans l’environnement expérimental que nous avons utilisé, l’information de la caméra de face, les entrées micro et l’écran de l’utilisateur étaient directement transmis au magicien, qui disposait de deux ordinateur: un pour le traitement de la requête de l’utilisateur, l’autre pour visualiser l’écran de l’utilisateur. Un troisième écran montrait le visage de l’utilisateur pendant qu’il interagit avec l’interface pour que le magicien puisse voir ses réactions. Toutes ces informations permettaient au magicien d’avoir une vision globale de l’interaction et de simuler le traitement langagier de façon aussi adéquate que possible. Les utilisateurs sont également guidés dans leurs interactions par un système d’aide (zone 4) qui leur donne un feedback par rapport à leur recherche et des indices concernant les zones où l’information a des chances de se trouver. Enfin, une liste des critères courants (zone 7) sert à rappeler à l’utilisateur les critères qu’il a entrés dans le système depuis le début de l’interaction. Cela permet à l’utilisateur d’enlever tout critère qui s’avèrerait non pertinent sans avoir à respécifier les autres, ce qui est particulièrement utile lorsque les critères ont été générés par le système à partir d’une entrée en langage naturel. La zone 8 présente des boutons de commande générale du système comme «Aide» et «Initialisation». Le système Archivus utilisé dans cette expérience n’avait pas encore de module de reconnaissance de la parole et n’avait qu’un module élémentaire de traitement de requêtes en langage naturel. C’est pourquoi nous avons utilisé un paradigme Magicien d’Oz pour simuler les fonctionnalités qui n’étaient pas opérationnelles (voir section suivante). Loin d’être un obstacle, la simulation permet d’expérimenter l’interaction multimodale avec un minimum de contraintes sur la situation et sur la tâche. L’ENVIRONNEMENT L’EXPERIENCE La présente étude est à considérer comme une expérience préliminaire qui sera suivie d’expériences plus ciblées. Elle a pour objectif d’évaluer les performances des utilisateurs avec le système Archivus en fonction de la modalité d’entrée utilisée (souris, clavier, voix, écran tactile ou une combinaison de ces modalités) et d’évaluer l’usage spontané de modalités nouvelles comme la voix et l’écran tactile. EXPERIMENTAL Nous avons mené une expérience pour explorer l’interaction multimodale dans une base de données multimodales dans le contexte de l’archivage de documents de réunions. En particulier, nous nous sommes intéressés à l’ordre et la fréquence d’utilisation de modalités particuliè- Participants Les participants étaient 24 utilisateurs (11 femmes et 13 hommes) principalement entre 18 et 35 ans. Ils n’étaient 157 pas de langue maternelle anglaise mais maîtrisaient l’anglais. La majorité (63%) assistait à au moins une réunion par mois. Dans la mesure où les systèmes d’interrogation de base de données de réunions sont encore au stade de prototype, nous ne pouvions pas trouver d’experts sur ce type d’interface. Toutefois, tous les utilisateurs utilisaient l’informatique au moins 2 heures par jour, et 67% l’utilisaient entre 5 et 10 heures par jour. Le système d’exploitation le plus utilisé était Microsoft Windows (83% des utilisateurs), suivi d’Unix (12 %) puis Apple (5%). Les utilisateurs ont rapporté utiliser fréquemment (plus d’une fois par semaine) les applications suivantes: navigateurs internet (100% des utilisateurs), traitement de texte (83%), lecteur vidéo (54%), lecteur audio (67%), base de données (25%). En outre, 17% des utilisateurs ont déjà utilisé la modalité vocale pour interagir avec un ordinateur et 88% ont déjà utilisé un écran tactile. En effet, en Suisse de nombreux services (banques, billetteries de train, etc.) utilisent des automates à écrans tactiles. L’ordre dans lequel les questions étaient posées était varié aléatoirement entre les participants. Procédure La passation était individuelle. On demandait d’abord aux participants de remplir un questionnaire factuel (données démographiques et usages informatiques) et un formulaire de consentement. Le scénario d’utilisation leur était ensuite donné ainsi qu’une description du système Archivus et de ses principales fonctionnalités (sans manipulation du système). La passation expérimentale comportait deux phases, de 20 minutes chacune. Dans une première phase, les participants n’avaient accès qu’à un sous-ensemble de modalités en fonction de la condition à laquelle ils étaient affectés (cf. Plan expérimental). Ils devaient alors répondre à 11 questions (5 vrai/faux, 6 à réponses courtes). Dans une seconde phase, les participants avaient accès à toutes les modalités et devaient répondre à 10 questions (5 vrai/faux, 5 à réponses courtes). Enfin, les participants répondaient à un questionnaire post-expérimental et à un bref entretien avec l’expérimentateur. Pendant les deux phases de l’expérience, les participants étaient seuls dans la pièce, l’expérimentateur n’intervenant que qu’entre les deux phases pour donner le deuxième questionnaire Plan expérimental Au total, 4 modalités d’interaction ont été utilisées – souris (S), voix (V), clavier (C) et écran tactile (T) – et ont donné lieu à huit conditions en fonction de la ou des modalités imposées en première phase (S, T, V, S-C, VC, T-V-C, S-V-C, S-T-V-C, ce dernier groupe servant de contrôle puisque toutes les modalités étaient disponible dès la première phase). Les conditions ont été comparées en inter-sujets afin de contrôler le niveau d’expérience acquis par les participants au cours de la passation. RESULTATS ET DISCUSSION L’analyse des données s’est portée sur quatre aspects principaux – performance à la tâche, effet d’apprentissage, nombre d’interactions et appréciation subjective de l’utilisateur. Performance de recherche d’information Compte tenu de la familiarité des utilisateurs avec la souris et le clavier et le peu de temps alloué pour manipuler le système, nous postulions que la condition sourisclavier serait la plus performante pour la tache de recherche d’information. Nous avons choisi comme indicateur le nombre de réponses correctes mais aussi le nombre de réponses trouvées, qu’elles soient ou non correctes. En effet, nous sommes intéressés dans cette étude à l’interaction multimodale plus qu’à l’efficacité de l’interface de recherche d’informations (notamment outils d’aide à la recherche, fonctionnalités). Le tableau 1 présente le taux moyen de réponses correctes en phase 1 pour chacune des 8 conditions. Les données du tableau 1 montrent clairement que l’hypothèse d’une supériorité de la condition Souris – Clavier n’est pas con- Matériel Le scénario d’utilisation était le suivant: les participants devaient s’imaginer être de nouveaux employés d’une compagnie qui utilise le système SmartRooms pour enregistrer ses réunions et à qui le supérieur a demandé de rechercher certaines informations avec l’interface Archivus. Les participants étaient informés du type de données qu’ils pouvaient trouver dans la base. Le questionnaire de recherche d’information comportait 21 questions de deux types: des questions vrai/faux (Le budget était-il de 1000 FS?) et des questions à réponses courtes (Qui a assisté à toutes les réunions?). Les questions étaient conçues de sorte à ce qu’elles nécessitent l’exploration de différentes zones et de différents types de média dans le système. Table 1: Taux moyen (en pourcentage) et écart-type du nombre de réponses correctes en Phase 1 en fonction de la condition2. Conditions Taux moy. ET 2 S 36 3.7 V-C-S-T 25 0.22 T 24 1.6 S-V-C 24 1.6 T-V-C 21 0.22 V 18 0.67 S-C 12 0.22 V-C 6 0.22 Les chiffres dans tous les tableaux sont les moyennes calculées sur les 3 utilisateurs de chaque condition. 158 -firmée. A l’inverse, les participants dans cette condition réalisent l’avant-dernier score. La condition SourisClavier apparaît, sur résultats observés, en deçà des conditions impliquant des modalités d’interaction nouvelle (Voix, Tactile – Voix – Clavier, Souris – Voix – Clavier). Ce sont les participants en condition Souris qui ont les meilleures performances, puis de la condition avec toutes les modalités, et ensuite écran Tactile seul. Les bonnes performances des conditions impliquant que l’interaction déictique souris ou écran tactile suggère que dans ce système, la recherche d’information par navigation amènerait à de meilleures performances que la recherche par requêtes verbales. Le deuxième constat est que les conditions impliquant la voix sont plutôt efficientes, ce qui renforce l’hypothèse selon laquelle la voix serait une modalité intéressante dans ce contexte. En outre, il est intéressant de noter l’efficience de la condition «toutes modalités». L’analyse de l’activité montre que les interactions vocales représentent 17% des interactions dans cette condition. Enfin, on note que la condition Tactile seul semble moins efficiente que la condition Souris seule, alors que ces deux conditions sont fonctionnellement équivalentes. Cette différence pourrait provenir d’une moins grande familiarité des utilisateurs avec l’écran tactile, et d’ailleurs la différence se retrouve entre les conditions S-C-V et T-C-V. Compte tenu du faible effectif, il n’est pas possible d’opérer des statistiques inférentielles sur ces résultats. de même qu’il y a plus d’interactions en condition SourisClavier-Voix qu’en condition écran Tactile-Clavier-Voix. Cette différence pourrait s’expliquer par un effet de blocage qu’exercerait la modalité nouvelle qu’est l’écran tactile. Parce que cette modalité n’est pas familière aux utilisateurs, ceux-ci seraient plus hésitants à l’utiliser, alors même qu’elle est fonctionnellement équivalente à la souris. Cet effet de blocage pourrait également expliquer la différence entre la condition Voix seule et Voix-Clavier (Tableau 2, lignes 5 et 6). En effet, les participants dans la condition Voix seule ont produits plus d’interactions que les participants en condition Voix-Clavier, alors que l’on aurait pu attendre l’inverse, le clavier étant une modalité familière. Il est possible que de présenter une nouvelle modalité seule incite à davantage l’utiliser qu’en association avec la modalité la moins efficace (clavier) de l’usuelle combinaison clavier-souris. En outre, dans la condition Voix-Clavier, la Voix est utilisé bien plus fréquemment que le clavier (Tableau 2 ligne 6) ce qui suggère que la voix semble préférée au clavier. Cependant, en phase 2 où toutes les modalités sont accessibles, les participants de la condition Voix-Clavier utilisent alors bien plus le clavier que la voix (cf. Tableau 3). Voix Clavier Analyse des interactions 1 2 3 4 5 6 S T S-C-V T-C-V V V-C S 268 T Phase 1 V C 195 150 62 0 4 62 47 8 15 2 Phase 2 25% 75% Table 3 : Pourcentage d’interactions avec la modalité Voix et la modalité clavier dans la condition Voix-Clavier en phases 1 et 2 (Phase 1, voix et clavier seulement, Phase 2, toutes modalités utilisables). À partir des vidéos des actions utilisateurs, nous avons relevé le nombre d’interactions réalisées dans chaque modalité. Le tableau 2 montre le nombre total d’interactions dans chaque modalité pour chaque condition. Condition Phase 1 97% 3% Là encore, il est possible que ce changement s’explique par la familiarité de l’interaction clavier-souris. En retrouvant l’interaction avec la souris, les utilisateurs abandonnent l’interaction vocale pour utiliser le clavier, modalité plus familière qui est automatiquement associée à la souris et qui est habituellement considérée comme efficace. Cependant, les résultats montrent aussi que la prépondérance de l’interaction classique clavier-souris peut être diminuée dans certaines circonstances. Par exemple, en phase 2 de la condition Souris-Clavier, la voix est utilisée deux fois plus que le clavier même si la souris continue à être utilisée aussi fréquemment qu’en Phase 1. Total 268 195 158 81 62 49 Table 2: Nombre d’interactions en phase 1 pour chaque condition. Les cellules grisées indiquent les modalités qui n’étaient pas disponibles. Effet d’apprentissage Nous nous attendions à un effet d’apprentissage dans la phase 2: les participants de conditions où seules étaient disponibles les modalités langagières d’interaction (Clavier mais surtout Voix) dans la première phase devraient davantage utiliser les modalités langagières dans la deuxième phase. Cette attente était basée sur le fait que les participants n’ayant pas utilisé ces modalités en première phase n’auraient qu’une expérience limitée dans les Dans la mesure où le langage induit un temps de traitement plus lent que les modalités de pointage, nous ne pouvons que comparer les fonctionnalités qui sont équivalentes au niveau du système. En ce qui concerne les conditions avec modalité de pointage, le nombre d’interactions est plus important en condition Souris qu’en condition écran Tactile (Tableau 2, lignes 1 et 2),, 159 tionnaire fournit des données intéressantes pour interpréter les données d’interaction. De manière générale, les utilisateurs ont trouvé le système difficile à utiliser, ne l’ont pas trouvé convivial et ne pensaient pas qu’ils le maîtrisaient après 40 mn d’utilisation. En effet, les participants n’ont pas eu de tutoriel explicite avant l’utilisation. En outre, les participants ont trouvé que l’interaction avec le langage était particulièrement lente, du fait de l’intervention du magicien mais également parce que l’interface utilisée par le magicien pour analyser la requête langagière n’était pas optimale. Ainsi, les utilisateurs ont classé la souris comme la modalité la plus efficace, à l’exception du cas où il fallait trouver une information dans un livre de réunion, où la souris et le clavier ont été classés comme également efficaces. Par ailleurs, 38% des participants ont estimé que le langage naturel n’avait pas facilité leur interaction avec le système, contre 21% qui l’ont apprécié (28%sans opinion). Toutefois, 54% ont admis que le fait de contrôler le système par la voix était utile. Il est possible que l’opinion défavorable des utilisateurs provienne de la lenteur du système et des conseils audio qui leur été fournis tout au long de l’interaction. Alors que plus de la moitié des participants trouvaient que ces conseils étaient compréhensibles, d’un ton et d’une longueur corrects, ils ont estimé qu’ils ne leur donnaient pas assez d’information sur la façon de travailler avec le système. En outre, plus de la moitié n’ont pas aimé la voix synthétique utilisée pour générer ces conseils. Ces deux points précis seront pris en compte pour des versions futures du système. interactions langagières et donc ne seraient pas enclins à les utiliser en deuxième phase. Le tableau 4 montre les pourcentages d’utilisation de chaque modalité en phase 2 en fonction de la condition. Conditions 1 2 3 4 5 V V-C S-C V-C-S-T S Pointage S T 89 2 88 0 40 26 61 18 84 5 Langage V C 5 4 3 9 29 5 4 17 7 4 Table 4: Taux d’interactions par modalité en phase 2 en fonction de la condition (modalités disponibles en phase 1). Contrairement à nos attentes, ce sont les participants qui ont bénéficié d’une interaction traditionnelle en phase 1 (Souris-Clavier) qui ont utilisé la voix le plus fréquemment en phase 2 (29%). Les participants qui ont eu accès à toutes les modalités (Tableau 4, ligne 4) sont ensuite ceux qui utilisent le plus fréquemment les interactions langagières, mais principalement par le clavier. À l’inverse, les participants des conditions avec langage seul (lignes 1 et 2) ont très peu utilisé ces modalités d’interaction. Enfin, les participants ne disposant que de la souris ont utilisé un paradigme d’interaction familier en phase 1 et l’ont maintenu en phase 2. Notre interprétation est la suivante: les participants de la condition toutes modalités ont pu explorer les modalités langagières en phase 1 et revenir à des modalités familières au cas où. Ils auraient donc volontiers utilisé les modalités langagières en phase 2 parce que a) ils étaient déjà familiers du système et b) ils savaient qu’ils pouvaient se rabattre sur des modalités «de confort». À l’inverse, les participants qui n’avaient que l’entrée langagière ont pu se sentir perdus ou frustrés lors des interactions initiales avec le système en n’ayant que des modalités peu familières. Par conséquent, lorsqu’ils ont eu la possibilité d’utiliser toutes les modalités en phase 2, ils sont immédiatement revenus à des modalités familières. Un autre résultat intéressant est que les utilisateurs en condition écran Tactile ont utilisé majoritairement la souris (60%) plutôt que l’écran tactile (26%) en phase 2, ce qui renforce l’hypothèse selon laquelle la souris procure un haut niveau de confort dans les interactions initiales avec un nouveau système. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES Cet article rapporte des résultats encourageants concernant l’utilisation de la multimodalité dans des interfaces de base de données de réunion. En particulier, nous avons vu que les utilisateurs pouvaient être encouragés à utiliser des modalités d’interaction nouvelles, et que certaines de ces modalités, en particulier la voix, pouvait même sur un temps court d’apprentissage, s’avérer efficace. En outre, il semble que le fait de pouvoir utiliser des modalités plus familières en début d’interaction avec le nouveau système favorise l’utilisation de ces modalités nouvelles, en l’occurrence la modalité voix, probablement parce qu’elles augmentent le sentiment de «confort» des utilisateurs. Parallèlement, les résultats montraient que la seule modalité de pointage provoquait des performances élevée, ce qui suggère que la récupération des information dans le système Archivus se fait plus facilement par navigation que par requête en langage naturel. Les limites de l’expérience présentée ici tiennent en premier lieu à la difficulté d’utilisation du système Archivus lui-même, comme l’ont montré les faibles performances de réussite des tâches en temps limité. Ces problèmes d’utilisation ont pu entacher l’efficience des différentes Satisfaction des utilisateurs Les réactions des utilisateurs par rapport au système, telles que rapportées dans le questionnaire d’évaluation subjective posé à l’issue de l’expérience, ont mis en évidence de sérieux problèmes de fonctionnement du système qui ont depuis été résolus. Toutefois, ce ques- 160 REMERCIEMENTS modalités d’interaction. Une deuxième limite provient du caractère exploratoire de cette expérience, qui a comparé un grand nombre de conditions d’interaction avec un faible nombre de participants. Les résultats obtenus ont pour objectif de suggérer des hypothèses qui pourront être explorées dans les expériences suivantes. Les auteurs aimeraient remercier Susan Armstrong, Martin Rajman, Mirek Melichar et Marita Ailomaa de leur collaboration à la conception et au développement du système Archivus, et à la passation de l’expérience . Merci à Marcin Bogobowicz d’avoir conçu la composante graphique de l’interface et à la fondation Suisse de la recherche ainsi qu’à l’Université de Genève d’avoir financé cette recherche. En ce qui concerne l’utilisation du système lui-même, une nouvelle version du système Archivus a été réalisée en fonction des résultats de cette expérience. Un test utilisateur est en cours de passation pour vérifier son ergonomie d’utilisation, notamment au niveau du temps d’apprentissage de l’interface. Par exemple, l’ouverture d’un livre de réunion nécessitait deux clics consécutifs plutôt qu’un double-clic traditionnel, ce qui a semé la confusion chez les utilisateurs, d’autant que tous les objets ne réagissaient pas de la même façon. D’autre part, la voix synthétique utilisée pour donner des conseils était jugée désagréable, peu informative et la plupart des utilisateurs l’ont désactivée. Ceci a pu les rebuter d’utiliser la modalité vocale. Les indices audio ont été révisés et la voix améliorée pour la prochaine version. En outre, plutôt qu’un écran tactile, le système sera équipé d’un écran réactif à un stylet, plus habituel pour ce type d’équipement de bureau et aussi plus précis. Enfin, au niveau méthodologique, la prochaine expérimentation, à plus grande échelle, sera ciblée sur le test des hypothèses relevées dans cette première expérience. L’efficacité de l’interaction sera prise en compte en plus de l’efficience et les démarches utilisateurs seront analysées à l’aide d’un modèle de tâche pour chaque recherche. La contribution principale de cette recherche était d’étudier la contribution de l’interaction multimodale pour la navigation et la recherche dans une base de données multimodale (en l’occurrence des données de réunions). Toutefois, cette recherche a soulevé des questions méthodologiques intéressantes pour la recherche sur des modalités d’interaction innovantes. En effet, il est nécessaire que l’utilisateur interagisse suffisamment avec le système, avec des tâches authentiques et signifiantes, pour se familiariser avec ses fonctionnalités et son contenu. Cette condition est déjà en elle-même difficilement réalisable en condition de laboratoire, nécessaire tant que l’expérience se déroule en magicien d’Oz. D’autre part, on ne peut séparer l’utilisation des modalités d’interaction de l’utilisabilité générale du système, de sorte que les résultats doivent être contextualisés en fonction du système concerné et en l’occurrence, de l’organisation des documents et des fonctionnalités de navigation disponibles. Ces obstacles méthodologiques expliquent la difficulté que rencontrent les recherches sur les modalités d’interaction innovantes pour satisfaire à la fois la rigueur méthodologique et l’écologie de la situation étudiée, seules conditions pour générer des résultats exploitables dans d’autres contextes. BIBLIOGRAPHIE 1. 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The present study focuses on decision making of a woman expert badminton player during dynamic situations. Two matches were videotaped and selfconfrontation interviews were used to collect data. Interviews were transcribed verbatim. Results were organised in three points. The first point revealed three types of intentions during a rally: to maintain the rally; to take the advantage; and to finish the point. It also revealed eight types of decisions related to a situation: to ensure an action; to observe the opponent’s decision; to put pressure on the opponent; to surprise the opponent; to reproduce an efficient action; and to play wide. The second point showed differences between decisions during the matches and differences in the decision frequencies (e.g. the player often reproduced an efficient action). The third point revealed different types of information and knowledge which were reported during decision making (e.g. information related to the opponent, knowledge about rules). Results according to different phases of decision making are discussed in relation to theoretical models. They allow to show the mode of assessment situation, its progressive nature, the taking time in consideration in decision making and the origin of decision (retrieved from memory or emergent). Consequences for training are suggested. RESUME Pour produire de la performance en situation complexe, le sportif de haut niveau prend rapidement des décisions efficaces. Des modèles théoriques [e.g. 8, 1, 5] envisagent la prise de décision à travers deux phases : la compréhension de la situation et le choix d’une décision. La présente étude a examiné les prises de décision d’une joueuse experte en badminton, en situation dynamique. Deux matches ont été filmés ; deux entretiens d’autoconfrontation ont été menés, puis retranscrits verbatim. L’analyse des données a mis en évidence trois points principaux. Le premier a permis d’identifier trois types d’intentions dans l’échange, et huit types de décisions en situation. Les intentions visaient à : maintenir l’échange, prendre l’avantage, finir l’échange. Les décisions visaient à : réaliser un choix restreint, assurer son action, observer l’adversaire, l’influencer, lui mettre de la pression, la surprendre, reproduire une action efficace et agrandir le court. Le deuxième point a montré des différences dans les types de décisions prises au cours des matches et une prégnance de certaines décisions (e.g. reproduire une action efficace). Le troisième point a permis d’identifier diverses informations et connaissances (e.g. informations sur les adversaires, connaissances sur les règles). Les résultats liés aux différentes phases de la prise de décision sont discutés en référence aux modèles théoriques. Ils permettent de montrer le mode de compréhension de la situation, son caractère progressif, la prise en compte du temps dans la prise de décision et l’origine de la décision (préconstruite ou émergente). Des implications sont envisagées pour l’entraînement. KEYWORDS. Decision-making, player, dynamic situations. expert badminton INTRODUCTION Pour produire de la performance en sport de haut niveau, les athlètes sont amenés à prendre des décisions efficaces et à les mettre en œuvre dans le cours du jeu. Si l’expertise dans leur domaine leur permet de les réaliser avec efficience, la question du choix demeure délicate. La décision vise un résultat particulier, elle doit permettre, en badminton, de contrôler tout ou partie de la situation et aboutir à un gain de l’échange ou à un MOTS CLES. Prise de décision, joueuse experte en badminton, situations dynamiques 163 avantage dans l’échange pour le joueur. En référence aux travaux en ergonomie cognitive [2], la majorité des situations sportives est dynamique : les situations évoluent en partie en dehors du contrôle de l’opérateur. En badminton, le joueur et son adversaire contribuent à la faire évoluer : la décision de l’un dépend largement de l’action de l’autre. Une minorité de situations (e.g. le service) est statique : le serveur initie l’échange, sa décision est première dans l’échange. Les situations sont peu prévisibles ; leur incertitude peut être liée à la nature de l’événement, au lieu d’apparition, au temps (moment Les d’apparition et temps disponible pour agir). situations apparaissent complexes. Elles sont mal définies, elles se réalisent sous pression temporelle et sont susceptibles de contenir des risques [8] : le joueur est amené à agir vite, à prendre des risques au regard de l’évolution du score. La prise de décision est rendue plus difficile en situation mal définie et incertaine, lorsque que le joueur n’a le temps ni de tout comprendre ni de tout faire. contenus dans une situation problème stockée en mémoire, il peut choisir une ou la décision correspondant à ce problème et l’exécuter. Le processus de prise de décision consiste ainsi en deux phases : une phase de compréhension de la situation et une phase de choix d’une décision. Ce processus en deux étapes a été expliqué par le modèle de la « Naturalistic Decision Making » [8] pour des décisions prises en situations mal définies, incertaines, changeantes, à forte pression temporelle et contenant des risques. L’évaluation ou compréhension de la situation passe par une prise en compte rapide des caractéristiques changeantes de la situation, qui correspond à la « situation awareness » [4]. Cette compréhension procède par comparaison entre la situation actuelle et un ensemble de situations contenues en mémoire. Le choix d’un cours d’action est envisagé au regard des possibilités liées à la situation. Il est réalisé à partir d’un registre d’actions réalisables par des experts du domaine dans des situations problèmes. Pour le modèle de la suffisance cognitive [1], ce choix n’est pas seulement efficace, il est également satisfaisant pour l’opérateur qui va le réaliser. Ce modèle ne porte pas directement sur la prise de décision, il vise plus largement à expliquer l’activité de l’opérateur en situation dynamique. Il apparaît séduisant pour comprendre la prise de décision en sport de haut niveau. Il est basé sur l’idée d’une compréhension suffisante de la situation et du choix d’une décision efficace et satisfaisante. La compréhension procède par actualisation de la situation occurrente. En situation complexe, l’opérateur ne peut pas tout comprendre : les informations utiles ne sont pas toujours disponibles ; il doit se satisfaire d’une compréhension partielle. Cette dernière est le plus souvent suffisante pour agir. Le modèle s’appuie sur des décisions optimales, sur des compromis, pour un opérateur engagé dans une situation à un instant donné. A partir de ce modèle, on peut considérer que l’apprentissage ne vise pas la reproduction d’un modèle idéal, basé principalement sur des décisions préconstruites, mais plutôt le développement d’un modèle de compromis, qui s’appuie à la fois sur des décisions stockées en mémoire et automatisées pour jouer en réflexe et sur des décisions construites localement, afin d’assurer une adaptation permanente aux conditions changeantes du couplage entre le joueur et la situation. Pour gérer cette difficulté, les entraîneurs contribuent à développer chez les joueurs un répertoire d’actions efficaces associées à des situations spécifiques [5]. Ils considèrent qu’une solution particulière correspond à un type de problème. Le travail de l’entraîneur consiste alors à identifier les problèmes rencontrés en compétition, à les classer, à trouver des solutions et à les travailler avec les athlètes à l’entraînement, afin qu’ils puissent les reproduire en compétition. Les situations proposées à l’entraînement sont standardisées. L’incertitude propre au travail est manipulée par l’entraîneur dans la constitution de son exercice, elle ne renvoie pas à la constitution naturelle du jeu compétitif. Les décisions choisies sont ainsi préconstruites, sur la base d’un registre purement technique et tactique maîtrisé par l’entraîneur. Ce modèle est rassurant pour l’entraîneur et pour le joueur qui disposent d’un répertoire d’actions correspondant à des situations problèmes. Il est économique et permet de faire face à la pression temporelle. L’apprentissage passe par la perception des informations pertinentes pour l’entraîneur, il consiste en une reconnaissance de la situation, il vise à créer puis à renforcer les liens entre une situation type contenue en mémoire et la situation occurrente. L’idée consiste à apprendre à reproduire des actions efficaces, basées sur des règles, qui prennent en compte le jeu, l’athlète, l’adversaire. Cette étude a visé à analyser la nature des décisions prises en situations compétitives, par une joueuse experte en badminton, ainsi que les éléments qui ont contribué à ces choix. Les décisions ont été considérées dans la temporalité des matches. L’utilisation de ce modèle par le joueur repose sur une analyse comparative : la situation occurrente est comparée à un ensemble de situations contenu en mémoire. En référence aux travaux sur la « situation awareness » [4] et au modèle de la décision basée sur la reconnaissance (« Recognition Primed Decision »)[8], la comparaison s’appuie sur des traits de la situation considérés comme saillants pour un ensemble d’experts. Lorsque le joueur note une correspondance entre ces traits contenus dans la situation occurrente et ceux METHODE La participante Une joueuse experte en badminton a participé volontairement à l’étude. Elle était classée parmi les quarante meilleures joueuses mondiales au moment de l’étude. 164 Le recueil des données gagner l’échange. L’intention de « maintenir l’échange » comprenait trois décisions : « assurer son action », « réaliser un choix restreint », « observer l’adversaire ». Dans la première décision, la joueuse ne voulait pas prendre de risques (exemple : « je joue la sécurité, je vais remettre au fond », match 2, set 1, décision 4). Dans la deuxième, elle était dans l’urgence et ses possibilités d’action étaient réduites (exemple : « j’peux rien faire d’autre que dégager » match 1, set 2, décision 15). Dans la troisième, elle souhaitait tester les possibilités adverses, pour les exploiter par la suite (exemple… « j’fais un amorti droit … j’lai pas encore fait, j’veux voir c’que ça donne », match 1, set 2, décision 95). L’intention « prendre l’avantage dans l’échange » consistait en 5 décisions : « influencer la décision adverse », « mettre de la pression sur l’adversaire », « surprendre l’adversaire », « reproduire une action efficace », « agrandir le court ». En visant à influencer l’adversaire, elle voulait l’inciter à prendre une décision particulière ou à la dissuader d’une décision qui l’aurait mise en difficulté (exemple : « je sers court pour qu’elle lobe ou qu’elle amortisse », match 2, set 2, décision 29). En cherchant à mettre de la pression, elle souhaitait placer l’adversaire en situation d’urgence (exemple : « je veux descendre le volant », match 2, set 1, décision 2). En tentant de surprendre l’adversaire, elle tentait de s’opposer aux attentes présumées de l’adversaire (exemple, « je fais un slice croisé pour la surprendre », match 2, set 1, décision 22). En visant à reproduire une action efficace, elle optait pour une action qu’elle maîtrisait particulièrement et dont le résultat avait été efficace dans le passé (exemple : « je sers long, je fais quelque chose que je maîtrise tout de suite », match 1, set 1, décision 1). En voulant « agrandir » le court, elle visait à amener l’adversaire à réaliser un grand déplacement (exemple : « j’essaie d’agrandir avec un dégagement croisé » match 2, set 1, décision 3. L’intention « finir l’échange » concernait à la fois l’échange et la situation, de ce fait elle pouvait être considérée comme une intention et une décision (exemple : « là je joue pour finir le point, j’y vais pour marquer », match 2, set 1, décision 46). Deux types de données qualitatives ont été recueillis : des données issues de matches enregistrés dans leur totalité et des données issues d’entretiens en autoconfrontation menés dans les 48 heures suivant chaque match. Deux matches ont été filmés lors de tournois internationaux, pris en compte pour le classement mondial et pour la qualification aux Jeux Olympiques d’Athènes. Ils concernaient deux adversaires différentes. L’entretien en auto-confrontation permet de mettre à jour les cognitions de l’athlète lors de la compétition [3]. Nos entretiens ont porté plus spécifiquement sur l’activité décisionnelle de la joueuse qui était amenée à décrire ses perceptions, ses focalisations, ses communications, ses sentiments, ses analyses à l’origine de ses choix d’action liés aux quatre premières frappes de chaque échange, des deux premiers sets. Le choix des décisions à analyser a été contraint par le temps : la durée de l’entretien a été fixé à 1h30, du fait des nombreuses activités de la joueuse. Ce choix des décisions a été discuté avec les entraîneurs qui les considéraient comme les plus significatives de l’échange. Le traitement des données Les entretiens ont été retranscrits verbatim, puis validés par la joueuse. Le traitement des données a procédé par des descriptions puis par une analyse inductive. Il a été élaboré en trois phases : la première consistait à découper les décisions au sein des verbalisations et à décrire les situations correspondantes (score, comportements…). La deuxième phase a permis de construire des catégories de décisions en rapport avec l’évolution de la situation et des catégories d’intentions en rapport à l’évolution de l’échange. La troisième phase visait à identifier les catégories d’informations et de connaissances utilisées par celle-ci pour prendre sa décision. Le traitement a été validé par un autre chercheur et discuté avec les entraîneurs. RESULTATS L’analyse des résultats a permis de mettre à jour 217 décisions : 119 dans le match 1 et 98 dans le match 2. Le match 1 a été gagné en trois sets et le match 2 a été perdu en deux sets. Les intentions et les décisions au cours des matches La mise à jour des décisions en situation et des intentions dans l’échange L’analyse des intentions au cours des matches a mis en évidence la prédominance de l’intention prendre l’avantage dans l’échange (figures 1, 2, 3 et 4). Dans le match 1, les décisions étaient plus variées au deuxième set qu’au premier et en seconde partie de set qu’en première. Dans le match 2, la différence était moins importante. La décision la plus fréquente consistait à reproduire une action efficace. La deuxième fréquence concernait les décisions d’agrandir le court et de mettre la pression sur l’adversaire. La volonté de mettre de la pression sur l’adversaire était plus marquée au match 1 et celle d’agrandir le court l’était davantage au match 2. La troisième tendance renvoyait aux décisions d’assurer, de réaliser un choix restreint, puis de surprendre Les décisions et les intentions renvoyaient à des temporalités différentes : les décisions concernaient l’effet attendu de la décision sur la situation occurrente et les intentions étaient liées à l’effet de la décision sur l’évolution de l’échange. Trois types d’intention et huit types de décisions ont été identifiés. L’intention « maintenir l’échange » indiquait que le joueur souhaitait poursuivre ou engager l’échange. L’intention « prendre l’avantage dans l’échange » renvoyait à la volonté de la joueuse d’imposer son jeu afin de mettre en place les conditions favorables pour finir l’échange par la suite. L’intention « finir l’échange » se référait à la volonté de 165 décision 4), (d) un événement antérieur (exemple : « ça faisait deux fois que je descendais le volant, que je perdais l’avantage », match 2, set 1, décision 12), (e) des attentes concernant l’action adverse (exemple : « je m’attends à un service court », match 2, set 1, décision 6), (f) des conséquences de l’action envisagée (exemple : « c’est dur d’attaquer quand le volant est bien servi », match 1, set 2, décision 3). En envisageant l’analyse de la situation réalisée par la joueuse pour chaque type de décision, nous avons mis en évidence quelques régularités, entre les éléments pris en compte pour prendre une décision et le type de décision concomitante. Dans ce texte, nous nous sommes limités à la représentation des résultats liés aux décisions qui apparaissaient régulièrement. Nous n’avons pas retenu les décisions consistant à observer l’action adverse et à influencer l’adversaire. Les résultats exprimés en nombre d’occurrences décisionnelles ont montré (table 1) que la joueuse rapportait le plus souvent des informations concernant son adversaire. Les informations la concernant étaient moins fréquentes. Les informations liées à la trajectoire du volant étaient relativement peu verbalisées. Ces dernières apparaissaient plutôt lorsque la joueuse décidait de finir l’échange. Les informations inhérentes à l’adversaire apparaissaient plus souvent lorsque la joueuse choisissait d’agrandir le court, de finir l’échange, de réaliser un l’adversaire. Ces décisions apparaissaient davantage dans le match 2 que dans le match 1. La décision de finir était plus fréquente dans le match 1, que la joueuse a gagné, que dans le match 2, qu’elle a perdu. Les décisions d’influencer l’action adverse et d’observer l’adversaire étaient peu prises. Les informations et les connaissances rapportées par la joueuse pour prendre sa décision L’analyse des verbalisations a permis de mettre en évidence trois catégories d’informations utiles et six catégories de connaissances. Les informations concernaient : (a) l’adversaire (comportement, position…, exemple : « elle fait son revers », match 1, set 1, décision 28), (b) la joueuse (comportement, position…, exemple : « je suis très avancée », match 2, set 1, décision 3) et (c) la trajectoire du volant (vitesse, direction, exemple : « son lob est court », match 2, set 1, décision 5). Les connaissances portaient sur : (a) la joueuse (exemple : « je maîtrise pas bien le service court», match 1, set 1, décision 3), (b) l’adversaire (exemple : « elle fait ça tout le temps, aussitôt que le volant est levé », match 2, set 1, décision 21), (c) les règles individuelles (exemple : « je fais quelque chose que je maîtrise tout de suite « , match 1, set 1, décision 1) et les règles liées à la situation (exemple : « quand je suis en retard filet, réflexe, je lobe » match 2, set 2, 166 Adversaire Set 1 Set 2 3 8 6 10 16 5 4 10 7 17 3 24 6 3 Assurer son action Réaliser un choix restreint Mettre de la pression Surprendre l’adversaire Reproduire une action Agrandir le court Finir l’échange Joueuse Set 1 2 7 15 3 7 3 3 Set 2 9 6 2 8 16 15 2 Trajectoire du volant Set 1 Set 2 1 4 1 3 1 2 0 2 0 4 2 3 4 3 Table 1. Les occurrences dans les types d’informations rapportées dans les décisions pour chaque match Adversaire Assurer Choix Pression Surprendre Reproduire Agrandir Finir S1 1 1 8 1 2 0 1 S2 1 0 1 0 5 5 0 Joueuse S1 1 2 3 2 4 1 2 S2 2 3 2 3 13 4 6 Règles Règles Règles situation individuelles S1 S2 S1 S2 8 1 0 6 2 0 4 10 5 1 2 1 6 0 0 1 9 2 2 5 1 0 0 6 1 0 0 1 Evénement antérieur S1 2 0 7 1 6 0 1 S2 5 1 2 4 11 6 0 Attentes / Conséquences des actions adversaire S1 0 2 1 0 5 0 1 S2 2 2 1 3 1 1 0 S1 0 1 8 0 3 2 1 S2 2 1 1 1 5 6 0 Table 2 : Les occurrences dans les types de connaissances rapportées dans les décisions pour chaque match DISCUSSION choix restreint et de mettre de la pression sur son adversaire. Les informations liées à la joueuse étaient plus souvent rapportées lorsqu’elle décidait d’agrandir le court, de surprendre l’adversaire, de mettre de la pression et de réaliser un choix restreint. Les résultats ont montré que la joueuse ne visait pas immédiatement à gagner l’échange, elle tentait le plus souvent à mettre en place les conditions pour prendre l’avantage dans l’échange. Les résultats sont discutés en rapport avec les différentes phases de la prise de décision en référence aux modèles théoriques. Ils permettent de montrer le processus de compréhension de la situation, son caractère progressif, la prise en compte du temps dans la prise de décision et l’origine de la décision (préconstruite ou émergente). Des implications sont envisagées pour l’entraînement. Les connaissances les plus rapportées concernaient les règles, puis un événement antérieur (table 2). Les connaissances liées l’adversaire ont été plus particulièrement verbalisées dans le match 1, lorsqu’elle cherchait à mettre de la pression. Celles inhérentes à la joueuse ont été plus souvent rapportées dans le match 2, lorsqu’elle visait à reproduire une action efficace. Les règles individuelles étaient plutôt explicitées au cours du match 1, dans les décisions de reproduire une action efficace et d’assurer son action. Elles étaient peu rapportées dans le match 2. Les règles liées à la situation étaient plutôt considérées au cours des deux matches pour les décisions de réaliser un choix restreint. Elles l’étaient également au second match pour les décisions d’agrandir le court, d’assurer et de reproduire. Les connaissances portant sur un événement antérieur concernaient plutôt, pour les deux matches les décisions de reproduire une action efficace. Les attentes étaient plus particulièrement envisagées pour la décision de reproduire, au match 1 et à un niveau moindre, de surprendre au match 2. Les conséquences des actions étaient plus souvent rapportées pour les décisions de mettre de la pression, d’agrandir le court et de reproduire une action efficace. Le processus de compréhension de la situation Les résultats ont indiqué la prégnance de certaines informations (e.g. liées à l’adversaire et à la joueuse) et connaissances (e.g. inhérentes aux règles et à un événement antérieur). Ceux-ci suggèrent l’idée d’une compréhension fondée sur la comparaison des traits saillants, contenus dans la situation actuelle à ceux, contenus dans un répertoire mémorisé par la joueuse. Ce dernier était sans cesse actualisé à partir des situations liées aux matches, aux connaissances sur elle-même et sur l’adversaire. Ce répertoire semble construit sur une base commune aux experts d’un domaine et d’un complément propre aux connaissances, compétences et expériences propres à la joueuse. La base commune serait composée des règles liées à la situation, des conséquences des actions, des connaissances liées à l’adversaire. La base personnelle consisterait en les règles individuelles, les connaissances liées à la joueuse, 167 les attentes, les événements antérieurs et des connaissances sur l’adversaire. Cette compréhension de la situation fondée sur un processus de comparaison valide le modèle des bases de connaissances [5] et celui de la « Naturalistic Decision Making » [8], qui s’appuie sur la modélisation de la compréhension à partir de la « situation awareness » [4]. L’évaluation de la situation n’était pas figée, elle se poursuivait dans le temps, la joueuse prenant en compte les éléments nouveaux apparaissant dans la situation (comportement de la joueuse, trajectoire du volant). Elle restait « en éveil », poursuivant sa recherche d’informations utiles. Cette compréhension progressive basée sur une évaluation continue de la situation renforce la modélisation de la compréhension proposée à travers la « situation awareness » [4], ainsi que le modèle de la suffisance cognitive [1]. Ce dernier prédit une compréhension par actualisation de la situation occurrente. s’appuyait le plus souvent sur des connaissances liées au passé et au présent, plutôt qu’à l’avenir. La décision est apparue comme une projection dans l’avenir : elle était basée sur des intentions tactiques et était bornée par la contrainte temporelle. Cet avenir présentait plusieurs échéances : une échéance immédiate qui renvoyait à la réalisation d’un geste technicotactique, une échéance différée liée à l’évolution de la situation, une échéance plus « lointaine » inhérente à l’effet attendu sur l’évolution de l’échange. En badminton, le jeu se construit le plus souvent sur plusieurs coups. Chaque décision est envisagée dans l’idée d’une construction progressive de l’échange, du set et du match. Chaque nouvelle décision s’appuie à la fois sur la compréhension de la situation occurrente, les possibilités projetées de la joueuse, le résultat des décisions précédentes dans des situations similaires, l’évolution du score… La prise en compte du temps dans la prise de décision L’origine de la décision La décision était ensuite choisie dans le répertoire de la joueuse, en fonction des caractéristiques spécifiques de la situation, des ressources propres à la joueuse à cet instant et des effets attendus sur le jeu. Les notions d’efficacité dans le jeu et de satisfaction pour la joueuse renforcent le modèle de la suffisance cognitive [1]. La recherche d’efficacité n’était pas toujours totale : la joueuse choisissait de différer l’intention de maîtriser l’échange, préférant au préalable se mettre dans des conditions favorables pour pouvoir finir. La décision est apparue comme un compromis entre l’intention de gagner, les possibilités de la joueuse en situation et le répertoire d’actions possibles actualisé dans cette situation. L’analyse des verbalisations a révélé des différences dans le niveau et dans le moment de compréhension des situations par la joueuse. Certaines situations étaient comprises très tardivement, ce qui lui laissait peu de temps pour se décider et pour agir. Elle était amenée à bricoler une solution dans l’urgence, elle était le plus souvent acculée à réaliser un choix restreint. D’autres situations présentaient une temporalité plus importante, qui facilitait la compréhension et le choix. Ces différences de compréhension liées à la fois à la pression temporelle et à l’incertitude contenue dans la situation confortent le modèle de la suffisance cognitive [1]. Selon les prédictions de ce modèle, l’opérateur ne peut pas tout comprendre, il se centre sur des informations saillantes qui vont lui permettre de donner suffisamment de sens à la situation pour pouvoir agir. Dans notre étude, ces informations concernaient plus particulièrement l’adversaire et elle-même. Les informations sur la trajectoire du volant étaient peu rapportées, sans doute du fait de la nécessité de comprendre la situation relativement tôt, pour avoir le temps d’agir. Le répertoire de la joueuse pouvait différer du registre technico-tactique développé à l’entraînement. Celui-là était sans cesse actualisé par ses compétences à un instant, par des contraintes liées aux possibilités motrices et biomécaniques… Une différence semblait apparaître entre le modèle idéal utilisé par l’entraîneur, qui visait une décision efficace dans une situation problème typique et les modèles utilisés par la joueuse, qui oscillaient entre un modèle idéal basé sur la reproduction de décisions pré-construites à l’entraînement et un modèle de compromis, qui visait la construction de décisions en cours d’action. Les décisions pré-construites s’appuyaient sur la reproduction de routines d’exécution, qualifiées « d’automatismes » par la joueuse ; elles semblaient concerner plus particulièrement les décisions de reproduire une action efficace, de réaliser un choix restreint et d’assurer son action. Ces automatismes semblent intéressants en situation dynamique, lorsque la joueuse dispose de très peu de temps pour agir. Ils présentent un coût cognitif moins important pour l’athlète et ils permettent de pallier à une compréhension moindre de la situation [1]. Les autres Les résultats ont montré que la joueuse recourrait à des temporalités variées pour prendre sa décision : les situations passées (liées au match actuel ou à des matches précédents), la situation actuelle et les situations futures anticipées (évolution de la situation, de l’échange, du set, du match). Les catégories de connaissances contribuent également à souligner cette temporalité : la joueuse se référait au passé à travers la prise en compte d’événements antérieurs, au présent, à partir de sa connaissance de l’adversaire, d’elle-même et des règles, et au futur anticipé à travers la construction de connaissances sur les attentes et les conséquences de l’action envisagée. La prise en compte de temporalités variées conforte les travaux menés en volley-ball [6] et en tennis de table [7]. La joueuse a montré qu’elle 168 BIBLIOGRAPHIE types de décision rapportées dans l’étude se référaient le plus souvent à des décisions contenues dans le registre de la joueuse et adaptées au cours de l’action, en fonction de l’adversaire, d’elle-même, des événements antérieurs liés au match ou à des matches précédents, aux conséquences des actions et aux attentes à l’égard de l’adversaire. 1. Amalberti, R. La maîtrise des Situations Dynamiques. Psychologie Française, Vol. 46, No. 2, 2001, pp. 107-118. 2. Amalberti, R. and Hoc, J.-M. Analyse des Activités Cognitives en Situations Dynamiques : pour quels buts ? Comment ? Le Travail Humain, Vol. 61, No. 3, 1998, pp. 209-234. 3. Cranach, M. (Von), and Harré, R. The Analysis of Action. Recent Theoretical and Empirical Advances. Cambridge University Press, New-York, 1982. 4. Endsley, M.R., Bolté, B., and Jones, D.G. Designing for Situation Awareness. Taylor and Francis, London and New York, 2003. 5. McPherson, S.L. and Kernodle, M.W., 2003, Tactics, the Neglected Attribute of Expertise. In J.L. Starkes and K.A. Ericsson (Eds), Expert Performance in Sports. Human Kinetics, Champaign, IL, 2003, pp. 137-168. 6. Macquet, A.-C. Le Contrôle des Situations chez les Volleyeurs Experts : Informations Perçues et Connaissances Mobilisées ou Construites. Thèse de Doctorat, Université Paris XI, 2001. 7. Sève, C., Saury, J., Ria, L., and Durand, M. Structure of Expert Players’ Activity during Competitive Interaction in Table Tennis. Research Quaterly For Exercice and Sport, Vol. 74, No. 1, 2003, pp. 71-83. 8. Zsambok, C.E. and Klein, G. Naturalistic Decision Making. Where are we now? In C.E. Zsambok, and G. Klein (Eds), Naturalistic Decision Making. Lawrence Erlbaum Associates, Mahwah, New Jersey, 1997, pp.3-16. Perspectives pour l’entraînement Globalement deux types de décisions sont apparues au cours des matches : des décisions pré-construites basées sur des routines d’exécution contenues en mémoire et des décisions construites en cours d’action, émergeant de la co-détermination entre la joueuse et la situation. Bien que ce travail ne constitue qu’une étude de cas, la mise en évidence de ces deux types de décisions suggère quelques implications pour l’entraînement. Si l’utilisation des décisions pré-construites semble être utile à cette joueuse, le jeu a montré que ses décisions n’étaient pas toujours efficaces et l’adversaire pouvait s’habituer à ces préférences. L’élaboration de décisions « inédites » en cours d’action est apparue comme une autre voie pour varier le jeu et tenter d’augmenter son efficacité. Cette construction de solutions s’inscrit dans une perspective développementale visant l’adaptation permanente de la joueuse aux situations dans lesquelles elle est engagée. Dans cette perspective, l’entraîneur ne se contenterait plus d’indiquer les traits saillants de la situation, ni de donner une « solution toute faite » à la joueuse, mais il l’inciterait, au cours de l’entraînement et de compétition, à analyser plus en profondeur le jeu adverse, pour élaborer les solutions optimales en situations dynamiques. L’entraîneur ne serait plus la référence essentielle. Ce type de situation s’appuierait sur l’analyse et l’exploitation du jeu adverse, sur la base de la réalisation de matches à thèmes, à l’entraînement. Dans ces conditions, la joueuse pourrait apprendre à l’entraînement non seulement à reproduire des décisions pré-construites, mais aussi à analyser et à exploiter le jeu adverse, en fonction de thématiques précises (adaptation à un jeu basé sur la reproduction, à un jeu varié…). Cette étude ne représente qu’une étude de cas qui pourra être enrichie par d’autres cas, pour mieux comprendre « ce qui se passe » en compétition. REMERCIEMENTS Cette étude a été financée par le Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative. Nous remercions la joueuse et son entraîneur, pour leur participation à l’étude. 169 Démarche d’aide au choix de dispositifs pour l'ordinateur porté Guillaume Masserey, Olivier Champalle, Bertrand David, René Chalon Laboratoire ICTT – Ecole Centrale de Lyon 36, av. Guy de Collongue 69134 Ecully Cedex { Guillaume.Masserey, Olivier.Champalle, Bertrand.David, Rene.Chalon } @ec-lyon.fr RESUME d’ordinateurs portés, ordinateurs non seulement portable (déplaçables), mais pouvant être utilisés en mouvement, en déplacement. Notre objectif est d’équiper l’acteur, porteur d’ordinateur porté, de dispositifs en adéquation avec les tâches qu’il doit assurer. C’est pour cela que la base de notre démarche est de fournir au concepteur un référentiel sur lequel va s’appuyer le processus de choix de dispositifs d’interaction. Ce référentiel, couplé à des matrices dispositifs/critères, facilite l’évaluation de la performance de l’ordinateur porté au fur et à mesure de sa conception et permet de se rendre compte des compromis à réaliser, en justifiant et traçant les choix effectués selon une approche de Design Rationale [5, 17, 20, 21] de sorte à pouvoir aisément remettre en cause des choix si l’on se trouvait dans une impasse. Le choix d’un dispositif est quant à lui basé sur un raisonnement QoC [16] ou tout autre raisonnement logique prenant en compte différents critères [17, 18] mais de sorte à réaliser un compromis entre ceux-ci. Cette démarche est en fait un processus itératif qui prend en compte les tâches à réaliser et plus particulièrement les tâches d’interaction qui les composent, prises séparément mais aussi considérées ensemble pour tenir compte des critères tels que la continuité de l’interaction [12] et la réduction du nombre de dispositifs. Cet article décrit une démarche d’aide au choix de dispositifs d’interaction pour l’ordinateur porté dans le contexte de systèmes mobiles et de Réalité Augmentée. Elle est basée sur un référentiel de dispositifs d’interaction qui a pour vocation de guider le concepteur dans le choix des éléments à utiliser. Ce référentiel est couplé à des matrices dispositifs/critères permettant des comparaisons entre les dispositifs. Ces matrices aident au choix des dispositifs les plus performants c'est-à-dire les plus adaptés aux tâches à réaliser. Le fil conducteur de ce processus est la modélisation des tâches et des tâches d’interaction les composant. Après avoir présenté la démarche, nous l’illustrons dans notre cadre de recherche, à savoir l’ingénierie des systèmes mobiles et de Réalité Augmentée. Enfin nous conclurons sur son apport. MOTS CLES : Démarche d’ingénierie, performance, ergonomie, ordinateur porté. ABSTRACT This article describes a method of choice of interaction peripherals for wearable computer in mobile and augmented Reality context. It is based on a referential of interaction devices which vocation is to support choices of devices to be used. This referential is coupled with matrices devices/criteria allowing comparisons between different devices. These matrices guide choice of most powerful devices i.e. most adapted to the tasks to be done. The process is guided by tasks modelling and their interaction tasks, necessary for human machine interaction. After having presented this method, we illustrate it within our research framework, wearable computer interaction devices choice for mobile and of Augmented Reality situations. Finally we will conclude by the discussion of its contribution. Nous présentons dans un premier temps la démarche, après avoir défini les notions fondamentales auxquelles elle fait appel c'est-à-dire la tâche, le référentiel et les matrices/critères. Dans un deuxième temps nous décrivons une étude de cas montrant l’application de la démarche. PRINCIPE La tâche à assurer par l’acteur porteur de l’ordinateur (figure 1, T) constitue le point de départ de notre démarche. Celle-ci peut être décomposée en tâches plus précises, ces dernières pouvant faire apparaître les tâches d’interaction, tâches sur lesquelles s’appuient les interactions. KEYWORDS: Engineering method, performance, ergo- nomics, wearable computer. INTRODUCTION L’ingénierie des systèmes mixtes [27] et mobiles [24] n’est pas une activité facile, car elle nécessite de bien connaître les dispositifs et technologies existants et de les choisir en tenant compte des exigences qu’il est souhaitable d’expliciter. C’est en particulier le cas en ce qui concerne le choix de dispositifs d’interaction dans le cas L’affectation de dispositifs se fait pour chaque tâche d’interaction prise séparément mais aussi considérée avec l’ensemble des tâches d’interaction de la (sous-) tâche à laquelle elle appartient. Pour évaluer la capacité d’un dispositif à répondre à une tâche d’interaction, étant donnée la diversité des tâches d’interaction possibles, un 171 ces groupes correspondent aux trois grandes parties d’un système mobile et de RA et plus généralement d’un système interactif, ainsi qu’une partie plus système (Communication). Ces groupes sont les interactions HM en entrées, les interactions IHM en sorties, les interactions de l’utilisateur avec l’environnement avec l’idée sousjacente de traiter certains aspects des environnements ubiquitaires [26] et enfin un groupe système (Communication). intermédiaire entre tâche d’interaction et dispositif est nécessaire, c’est la technique d’interaction. Le concepteur doit considérer d’abord le niveau sémantique de la tâche concrétisée en tâches d’interaction puis le niveau syntaxique [6] que représentent les techniques d’interaction [13] qui composent chaque tâche d’interaction (figure 1, I). T Tâche Point d’accès WiFi Tags RFID Contextualisation Tâche d'interaction 1 Tâche d'interaction 2 ... Lecteur RFID Tâche d'interaction N GPS et RFID I Technique d'interaction 1 ... GPRS / 3G Caméra (et marqueurs) RFID (logique) Technique d'interaction L Affichage Autres capteurs Localisation Dispositif d'interaction 1 ... Lecteurs et tags RFID Micro-clavier Dispositif d'interaction K Clavier virtuel et gant Micro fixe Ecriture sur écran tactile Micro porté Figure 1 : Mise en relation de la Tâche avec les Techniques d’interaction et les Dispositifs d’interaction Semi-transparent dans lunettes WiFi Opaque dans lunettes PDA ou TabletPC Oreillette Casque BT GPS (géographique) D Casque audio Sortie sonore Haut-parleur Cellule Cellule piezobraille électrique Sortie sensoGant rielle Eye-tracker porté Armature Interaction graphique Combinaison Interaction gestuelle Interaction vocale Etant donné le nombre de techniques d’interaction possibles, un guidage des techniques d’interaction utilisables est conseillé ; à cet effet, nous avons choisi d’utiliser les tâches d’interaction types [11] qui sont Sélection, Position, Orientation, Chemin, Saisie de Texte et Saisie de Nombre. Selon ce principe, chaque tâche d’interaction de la tâche devra être assimilée à une de ces tâches d’interaction types. D’un autre côté, une évaluation/comparaison des dispositifs pour réaliser chacune de ces techniques d’interaction doit exister pour déterminer lesquels affecter à ces techniques d’interaction et donc aux tâches d’interaction et finalement aux tâches à réaliser. Lunettes à écran intégré Communication Micro Interaction à l’oeil Eye-tracker TabletPC Gant de données Figure 2: Un exemple de référentiel pour les systèmes mobiles et de Réalité Augmentée Le groupe interaction en entrée Il comprend 4 axes (Interaction graphique, Interaction vocale, Interaction à l’œil, Interaction gestuelle). Ce découpage en 4 axes n’est pas réalisé au hasard, il s’inscrit dans un raisonnement initié depuis plusieurs années qui tend à découper les interactions d’entrée selon les modalités et d’autres critères [2, 7, 13, 15, 19] descriptifs du dispositif ou du média traité. LE REFERENTIEL Le référentiel doit être choisi avec précaution pour exprimer tous les éléments pouvant potentiellement entrer dans la sélection de dispositifs de l’ordinateur porté. Le groupe interaction en sortie Il comprend 3 axes (Affichage, Sortie sonore, Sortie sensorielle), ces trois axes correspondent aux modalités d’interaction en sortie [1, 3, 8] les plus importantes. Le référentiel s’organise en axes (figure 2), chaque axe pouvant être utilisé ou non dans la configuration à bâtir. Si un axe n’est pas utilisé, c’est comme s’il prenait la valeur 0. Plus les éléments sont situés vers l’extrémité des axes et plus ceux-ci sont performants relativement à un critère pertinent de l’axe. Par exemple pour l’axe Affichage, les différents éléments sont placés selon le critère de continuité du regard de plus en plus important. Le groupe interaction avec l’environnement Il comprend 2 axes (Localisation, Contextualisation). Ces deux axes définissent les moyens requis pour la mise en place d’environnement ubiquitaires [25]. Le groupe système Il comprend un unique élément Communication qui correspond aux moyens utilisés pour réaliser la communication avec d’autres ordinateurs ou des capteurs ou autres objets communicants. La figure 2 présente un référentiel adapté pour la conception de systèmes mobiles et de Réalité Augmentée (RA). On peut remarquer le découpage en 4 groupes, 172 PRINCIPE D’AFFECTATION DE DISPOSITIFS gure 4) forme une matrice « dispositifs/critères » (figure 5). Pour affecter un dispositif à une tâche d’interaction, il faut savoir quelles techniques d’interaction il supporte pour pouvoir évaluer sa capacité à la réaliser. Dans notre démarche cela équivaut à évaluer : x Son adéquation avec la technique d’interaction (et respectivement la tâche d’interaction pour considérer des critères tels que la continuité de l’interaction ou la minimisation du nombre de dispositifs). x Ses capacités dans les conditions de réalisation de la tâche, qu’elles soient environnementales (humidité, champs magnétique, …) ou de l’utilisateur (ressources disponibles : 0, 1 ou 2 mains libres, porte ou non des lunettes …). x La figure 5 présente une matrice critères/dispositifs sans les valeurs. Cette matrice est celle de la technique d’interaction Saisie de Texte sous des conditions non explicitées (Ci). A noter que les conditions s’expriment comme des contraintes plutôt que comme des possibilités ainsi on pourrait avoir la contrainte « 2 mains prises » au lieu de donner la contrainte « 0 mains libres ». Les préférences et « différences » interindividuelles s’expriment aussi sous formes de conditions. C1 C2 … CN SCORE Clavier Souris Gant Eye-tracker Micro Ecran-tactile+stylet Ecran-tactile+doigt Tablettetactile+stylet MOYENNE Ses valeurs dans les critères de performance relativement à la technique d’interaction (et respectivement la tâche d’interaction) et aux conditions de réalisation. De manière plus synthétique, le choix d’un dispositif se fait selon la technique (respectivement la tâche) d’interaction à réaliser, selon les conditions de réalisation de la tâche, et en fonction de ses valeurs dans les différents critères, voir figure 3. Pour chacune des techniques d’interaction, on est amené à évaluer chacun des dispositifs, dans les différentes conditions d’utilisation. Figure 5 : Une matrice de description dispositifs/critères Définition d’une matrice multicritère Les critères sont placés sur les colonnes (C1, C2, … CN). Les dispositifs sont mis sur les lignes. La dernière colonne contient le score du dispositif. Le score est la valeur globale du dispositif ; sa valeur est définie par une formule établie par le concepteur et utilisée pour calculer la valeur des scores de chacun des dispositifs d’une même matrice. La formule la plus simple étant la somme des valeurs du dispositif dans chaque critère, d’autres formules telles que la somme de la valeur des critères pondérés peuvent s’avérer pertinentes. Conditions Critères Dispositifs Figure 3 : Cube des possibles pour une tâche d’interaction La dernière ligne contient une ou plusieurs valeurs caractéristiques pour chacun des critères et le score par rapport à l’ensemble des dispositifs ; ce peut être la valeur moyenne du critère ou du score, ou la valeur MMM (Minimum / Moyenne / Maximum) qui permet de se rendre compte des valeurs minimales, moyennes et maximales que peuvent avoir les critères et le score par rapport à l’ensemble des dispositifs. Ces valeurs calculées permettent d’estimer rapidement la place qu’occupe notre dispositif en respect de ses critères ou de son score et de déduire notamment si certains dispositifs ont des meilleures valeurs de critères ou ont de meilleurs scores et cela sans parcourir la table complète. Cela revient à réaliser autant de cubes que de techniques d’interaction, ainsi le nombre de cubes peut être très important. Si l’on souhaite appliquer la démarche au niveau tâche d’interaction, il faut considérer les tâches d’interaction types ; ainsi il y aurait 6 cubes : Sélection, Position, Orientation, Chemin, Saisie de Texte, Saisie de Nombre. Critères Dispositifs Notes des dispositifs selon les différents critères Figure 4 : Un plan dispositifs/critères pour une condition et une technique d’interaction donnée L’affectation de notes dans chaque critère et à chaque dispositif doit se faire avec précaution, le plus objectivement possible et ne peut être réalisé que par un expert des domaines concernés à savoir les systèmes mobiles et de RA mais aussi des domaines induits par les critères MATRICES MULTICRITERE Pour chaque condition, le plan formé par les axes dispositifs et critères pris indépendamment des conditions (fi- 173 considérés. Dans le cas de critères tels que l’utilisabilité, les valeurs à affecter à chacun des dispositifs devraient soient être le résultat d’études réalisées au préalable, soient calculées par un ergonome expert ; dans tous les cas, les valeurs doivent être affectées le plus objectivement possible pour ne pas fausser tout le processus. décomposé la tâche d’interaction en techniques d’interaction [11, 12, 13, 14, 15], il va devoir appliquer de manière itérative le raisonnement de sélection de dispositifs pour chacune de ces techniques d’interaction, tout en tenant compte des choix réalisés pour chacune d’entre elles. Utilisation des couleurs dans la matrice Sélection de d’interaction L’utilisation de différentes couleurs de fond est recommandée pour définir la matrice de manière à la rendre la plus lisible possible et donc la plus efficiente. Ainsi, on conseille l’usage de quatre couleurs distinctes pour mettre en évidence les différentes cellules de la matrice : - Elément non singulier, - Valeur la plus faible (de critère pris séparément), - Valeur la plus forte (de critère pris séparément), - Rubrique calculée pour la dernière colonne (score) et la dernière ligne (moyenne ou valeur MMM). dispositifs pour une technique Le concepteur ne peut encore comparer les dispositifs tant qu’il n’a pas déterminé les conditions de réalisation de la tâche : ces conditions peuvent être des indications hors formalisme (ex : « La tâche se déroule en extérieur ») ou des conséquences logiques des tâches d’interaction qui viennent d’être réalisées ou qui peuvent être réalisées en parallèle et donc des dispositifs précédemment sélectionnés ou couramment utilisés. Une fois cela fait, la matrice dispositifs/critères est déterminée. Dans un premier temps, le concepteur revoit le référentiel pour se remettre en tête les différents dispositifs qui peuvent répondre à son problème ; cette évaluation reste fortement subjective. Dans un deuxième temps, une fois qu’il a déterminé les dispositifs [18] qui lui semblent les plus adaptés dans le référentiel et selon les critères de performance, aidé de la matrice dispositifs/critères sélectionnée, il évalue ce dispositif et le compare aux autres ; il fait alors le choix selon les critères préétablis (heuristique). Si son choix ne s’avère pas particulièrement performant(ex : si un des critères extra heuristique a une très mauvaise valeur), il peut consulter à nouveau le référentiel pour choisir d’autres dispositifs ou continuer son choix directement depuis la matrice. Ces différentes couleurs devront se retrouver respectivement dans chaque matrice. Si les dispositifs ne sont pas ordonnés par score (parce qu’ils le sont par modalités par exemple) le dispositif de plus faible score (et respectivement de plus fort score) peut être mis en évidence en coloriant sa cellule « nom » de la couleur « Valeur la plus faible score » (et respectivement de la couleur « Valeur de plus fort score »). Il est important de mettre en évidence ces valeurs minimales et maximales de chaque critère puisque l’on va être amené à considérer les critères selon un ordre précis dans une première phase, puis de manière globale dans une deuxième. PRESENTATION DE LA DEMARCHE Une fois les éléments précédents modélisées (Tâche, Référentiel, Matrices), la démarche peut s’appliquer. Il s’agit de parcourir la tâche en profondeur d’abord et d’affecter à chaque tâche d’interaction un dispositif selon un compromis tendant à maximiser la performance, au sens des valeurs du dispositif dans chacun des critères. Mais, il faut également tenir compte de toutes les techniques d’interaction de la tâche pour faire un bon choix de dispositif ainsi que de tenir compte de l’ensemble des dispositifs qui ont déjà été sélectionnés pour réaliser une autre sous-tâche et cela pour minimiser le nombre de dispositifs, le coût des équipements, le poids, l’encombrement, maximiser la continuité de l’interaction et tout autre critère relatif à la prise en compte de la tâche de manière globale. Application des critères pour le choix du dispositif Les critères sont ordonnés préalablement à l’exécution de la démarche. La prise en compte de cet ensemble de critères doit cependant se comprendre comme un compromis. Aussi un critère ayant une valeur très mauvaise peut écarter un dispositif même si celui-ci a une très bonne valeur dans un critère plus prioritaire. En effet, nous sommes bien dans un raisonnement de logique floue visant à atteindre un équilibre entre différentes contraintes pour arriver à proposer une configuration de dispositifs cohérente. Le concepteur va donc considérer les critères dans un certain ordre, mais sans jamais appliquer de raisonnement tout ou rien. Traçage – Retour en arrière (Backwarding) Le processus de sélection est incrémental ; un choix de dispositif peut empêcher l’exécution complète de la tâche ou altérer la performance globale de celle-ci s’il est incompatible avec ceux permettant de réaliser des parties de la tâche qu’il ne permet pas d’effectuer. Dans ce cas, il faut se demander si les choix précédents, bien qu’ils formaient alors le meilleur compromis, ne doivent pas être révisés pour finalement sélectionner un autre dispositif certes moins performant mais aboutissant finalement Nous décrivons maintenant le raisonnement que doit mener le concepteur lorsqu’il doit affecter un dispositif à une tâche d’interaction. Sélection de dispositifs pour une tâche d’interaction Le concepteur doit d’abord se demander à quelle tâche d’interaction type (Sélection, Position, …) la tâche d’interaction est assimilable pour déterminer les techniques d’interaction qui vont pouvoir être utilisées. Ayant 174 à un meilleur compromis. Pour rendre possible ce mécanisme de retour en arrière (backwarding), il faut tracer les choix effectués, c’est-à-dire noter les explications/justifications de chacun de ceux-ci avec leurs scores, leurs avantages et inconvénients. Grâce à cette trace, le concepteur est, en principe, capable de justifier tous les choix réalisés et de ne pas refaire un même choix alors qu’il ne peut aboutir à l’ingénierie complète du système mais aussi de modifier des choix antérieurs, unitairement (technique d’interaction) ou par bloc (technique(s) d’interaction, tâche(s) d’interaction, tâche). Cette trace peut-être représentée de manière graphique sur l’arbre de tâches, dans un tableau ou textuellement ; dans tous les cas, il est vivement conseillé de la structurer sinon elle va devenir rapidement illisible et inexploitable. COllaboration – COntextualisation), l’ensemble des informations nécessaires. Les besoins d’information, de formation, d’assistance, d’aide à la maintenance et de dépannage sont ainsi pris en compte. Contexte du scénario Nous nous plaçons ici dans la situation d’un technicien « volant » chargé d’intervenir sur un équipement qu’il ne connaît pas ou peu. Ce technicien est employé dans une société de service fournissant des prestations de maintenance sur des équipements de type bureautiques : imprimantes, photocopieuses, scanner, fax, PC (portable et fixe), téléphone. Ces équipements peuvent avoir été loués par les clients. Ce technicien est considéré comme polyvalent et capable d’intervenir sur ces différents d’équipements même s’il n’est pas expert des appareils qu’il va être amené à réparer. Dans ce but, il maitrise et est susceptible d’utiliser des dispositifs innovants, mobiles ou de réalité augmentée. Il est à noter qu’en fonction des dispositifs retenus, de leur coût, de leur fragilité et de l’impossibilité de les porter en même temps, le concepteur peut être amené, en dernier recours, à reconsidérer l’organisation des tâches dans le but de déduire une configuration (ensemble cohérent de dispositifs) en appliquant à nouveau la démarche. Le scénario Nous décrivons ci-après l’intervention d’un technicien sur une imprimante dont la marque et le modèle lui sont inconnus : 1 Le technicien utilise un dispositif mobile pour se connecter au site web de sa SSII. 2 Il s’identifie et accède à la partie réservée aux techniciens. 3 Il recherche le nom et la marque de l’imprimante à dépanner pour accéder à sa documentation. 4 De là, le technicien détermine l’origine du problème correspondant au remplacement du tambour de l’imprimante, modèle standard dont il dispose dans son véhicule. Cependant, il ne sait pas comment opérer pour remplacer le tambour défectueux. 5 A ce moment, le dépannage commence et le technicien utilise ses deux mains pour pouvoir intervenir sur l’équipement, tout en consultant la documentation adaptée, utilisant le média approprié (texte, image, vidéo, son), et accomplir sa tâche. 6 A l’issue de l’intervention, le technicien écrit un rapport, une facture … Outil informatique pour la démarche Un outil informatique (s’inspirant de [4]) en cours de développement en Java/XML va bientôt permettre d’éditer ces choix numériquement et ainsi d’expliciter les choix effectués plus simplement tout en stockant les traces de chaque choix dans un fichier et tout en calculant le score au fur et à mesure des options choisies avec les valeurs moyennes selon les différents critères. Cet outil permettra à terme en plus de représenter graphiquement les choix sur l’arbre de tâches, de présenter les choix sous forme de tableau et d’imprimer ceux-ci avec leurs justifications. Il va également historiser les différents chemins empruntés, des solutions obtenues ou sans issues constatés (par exemple dûes à l’absence de dispositifs compatibles avec les autres déjà utilisés pour cette tâche). Cette historisation permet une explication a posteriori des choix effectués, ce qui est particulièrement important si ces choix sont amenés à être remis en question par exemple suite à un retour d’expérience. Analyse Dans ce scénario, nous pouvons, par notre expérience, deviner des équipements plus adaptés que d’autres. Et ce, notamment pour les tâches 1, 2, 3, 4 et 6 où les dispositifs de type PDA ou Tablet PC semblent convenir naturellement. Cependant, il n’en va pas de même pour la tâche 5 correspondant à l’intervention directe du technicien sur l’imprimante défectueuse, dont les contraintes (deux mains prises et consultation de documentation) ne nous permettent pas d’appréhender simplement le ou les dispositifs nécessaires. Nous détaillons donc l’application de notre démarche aux contraintes de la tâche 5 avec comme critères la mobilité, l’efficience et la satisfaction. Nous résumons dans la figure 6 ci-dessous ETUDE DE CAS Dans cette partie, nous mettons en pratique la démarche explicitée plus haut. Pour ce faire, nous décidons d’évoluer dans le cadre du projet HelpMeToDo actuellement traité au laboratoire ICTT qui vise à exploiter des nouveaux moyens de communication mobiles pour le grand public et les professionnels dans toutes les activités nécessitant de l’aide. Les besoins d’information, de formation, d’assistance, d’aide à la maintenance et de dépannage dans des contextes individuels, collectifs, industriels ou grand public sont donc pris en compte. Le Mobile Learning (apprentissage juste à temps situé dans le contexte d’intervention) vise à amener, sur le lieu d’action, grâce aux principes MOCOCO (MObilité – 175 l’arbre simplifié de la tâche 5 exprimé à l’aide du formalise CTT [23]. Privilégier le critère de mobilité nous conduit, à l’issue de l’utilisation de notre matrice, au choix du micro porté, plus léger et plus agréable pour les utilisateurs que l’Eye-Tracker lourd et inconfortable. Il faut toutefois ne pas oublier la faible efficience du micro porté induite par l’imperfection du système de reconnaissance vocale, notamment dû à sa difficulté de calibration. Ce critère pourrait être crucial dans la suite de notre analyse, car les erreurs du système pourraient dérouter le technicien. Notre arbre laisse clairement apparaître les techniques d’interaction auxquelles l’utilisateur va devoir faire appel afin de sélectionner la documentation indispensable pour accomplir son intervention. Notre but est de pouvoir déterminer à l’aide de la démarche, explicitée plus haut, le ou les dispositif(s) à retenir dans les conditions d’intervention de la tâche 5. 2. Choisir item La figure 8 présente la matrice de description dispositifs/critères propre à la technique d’interaction « CHOISIR ITEM ». Dispositifs Eye-tracker porté Micro porté MOYENNE Mobilité Efficience Satisfaction utilisateur SCORE 2 5 3 10 5 3,5 2 3,5 2 2,5 9 9,5 Figure 8 : matrice dispositifs/critères « CHOISIR ITEM »-deux mains prises-en mobilité Cette nouvelle matrice, nous conduit à retenir le dispositif Eye-Tracker dont l’efficience et la satisfaction utilisateur pour la technique d’interaction « CHOISIR ITEM », dans les conditions établies, est supérieure au micro porté. Figure 6 : Arbre de la tâche 5 Nous choisissons arbitrairement de traiter la tâche d’interaction « Sélection du média » qui est une tâche d’interaction d’entrée contrairement aux deux autres (« Consulter … »), nous ne traitons pas la tâche « consulter le média » qui contient les mêmes tâches d’interaction que la tâche « Consulter menu media » car elle ne met pas en valeur d’autres aspects de la démarche, excepté, des critères comme la continuité de l’interaction et la minimisation du nombre de dispositifs, car il y a récurrence des tâches d’interaction. Nous nous occupons maintenant de l’affectation des dispositifs à chacune des techniques d’interaction, nous nous limitons au raisonnement basé sur les matrices sans insister sur la consultation du référentiel antérieur à l’utilisation des matrices. Dans les différentes matrices ci-dessous, le système de notation retenu va de 1 (très peu adapté) à 5 (très adapté). 3. Confirmer Nous nous intéressons à présent au dernier dispositif d’entrée de notre tâche d’interaction « Sélection du média ». Pour ce faire nous utilisons la matrice dispositifs/critères suivante (Figure 9). Dispositifs Eye-tracker porté Micro porté MOYENNE Nous présentons ci-dessous, figure 7, la matrice de description dispositifs/critères propre à la technique d’interaction « DEFILER » et avec la condition : « deux mains prises ». Eye-tracker porté Micro porté MOYENNE Mobilité Efficience Satisfaction utilisateur SCORE 2 4 2 8 5 3,5 2 3 2 2 9 8,5 Efficience Satisfaction utilisateur SCORE 2 3 2 7 5 3,5 4 3,5 4 3 13 10 Figure 9 : matrice dispositifs/critères « CONFIRMER »-deux mains prises-en mobilité Le micro porté est le dispositif le plus intéressant en rapport à nos besoins. En effet, il est plus facile pour un utilisateur de confirmer le choix d’un item avec le son de sa voix qu’avec le regard. Le résultat de notre analyse, pour la tâche « Sélection du média », fait ressortir le besoin d’utiliser en même temps un dispositif micro porté ainsi qu’un eye-tracker. Notre technicien sera donc capable de faire défiler la liste de média disponible avec le son de sa voix, de choisir un média à l’aide de ses yeux et pour finir de confirmer la sélection à nouveau avec le son de sa voix. Notre étude ne serait pas complète si nous ne choisissions pas, via la même démarche, les dispositifs en sortie. Nous avons déjà précisé, dans notre scénario, que l’utilisateur devrait être à même de visuali- 1. Défiler Dispositifs Mobilité Figure 7 : matrice dispositifs/critères « DEFILER »deux mains prises-en mobilité 176 ser des menus, via la tâche système « Consulter menu média », et de consulter de la documentation adaptée que ce soit du texte, des images, de la vidéo ou du son. Nous traitons donc maintenant la tâche d’interaction en sortie « Consulter menu média ». équipement s’avère, en fait, plus judicieux et confortable pour le technicien et souvent plus économique. Bilan : dispositifs requis La figure 12 présente un bilan récapitulatif des résultats établis en suivant la démarche, pour la réalisation de la tâche Dépannage (5) de notre scénario. Le technicien devra donc utiliser les types de dispositifs retenus, associés à chaque tâche d’interaction. A savoir : le micro et l’oreillette portés, l’eye-tracker et l’écran opaque dans des lunettes. 4. Visualiser La figure 10 nous permet de choisir le dispositif le plus adapté au besoin du technicien. En fonction des notes constatées, nous décidons de porter notre choix sur les lunettes à écran opaque (micro-écran de 0,3 pouces). Ce dispositif, moins mobile que les lunettes à écran semitransparent, est cependant le plus adapté aux besoins de visualisation du technicien. Dispositifs Lunettes à écran opaque Lunettes à écran semitransparent MOYENNE Mobilité Efficience Satisfaction SCORE 3 4 3 10 4 2 2 8 3,5 3 5 9 Figure 10 : Matrice dispositifs/critères « VISUALISER »deux mains prises-en mobilité Faisant suite à notre analyse concernant la technique d’interaction « VISUALISER », notre démarche nous permet de nous interroger sur la difficulté ergonomique, pour le technicien de porter en même temps, et durant toute la phase d’intervention, un eye-tracker (déterminé plus haut) ainsi que des lunettes à écran opaque. Nous décidons cependant de conserver cette organisation mais nous nous montrerons vigilants sur le calibrage et la précision de l’eye-tracker en question afin de permettre au technicien de désigner « facilement » les informations qui lui seront utiles. Figure 12 : Récapitulatif des choix proposés par la démarche Validation du système Il faut maintenant se demander si le fait d’utiliser en entrée un micro et un eye-tracker est judicieux et si l’utilisation de l’un ou l’autre de ces dispositifs n’aboutirait pas à une meilleure performance globale. Ainsi, on peut s’interroger sur l’usage du micro seulement en entrée, pour un meilleur compromis. L’utilisation d’un eye-tracker est contraignante, il faut l’installer, le calibrer, le manipuler avec précaution. Finalement, sa faible implication dans la tâche (seulement pour « Choisir item »), fait que l’usage du micro seulement est le compromis qui maximise la continuité de l’interaction et minimise le nombre de dispositifs requis. L’usage du micro seul en entrée augmente la performance globale du système. La configuration déterminée par la démarche est finalement l’ensemble formé par les Lunettes à écran opaque et le casque comportant Micro et oreillette. 5. Ecouter Notre dernière analyse porte sur la technique d’interaction « Ecouter ». Le technicien pouvant être à même d’utiliser des documentations sonores, nous utilisons la matrice suivante : Dispositifs Mobilité Efficience Casque audio Oreillette MOYENNE 4 5 4,5 5 4 4,5 Satisfaction 3 4 3,5 SCORE 12 13 12,5 Figure 11 : Matrice dispositifs/critères « ECOUTER »-deux mains prises-en mobilité La lecture de cette matrice nous permet de dégager le choix de l’oreillette. Plus légère et ne couvrant qu’une seule oreille contrario à un casque stéréo, elle offre un bon équilibre entre l’efficience que nous recherchons et la satisfaction. En outre, l’oreillette et le micro porté sont deux éléments importants de notre configuration. Nous décidons donc de retenir un seul dispositif porté composé d’un micro et oreillette, si possible. Le choix de cet CONCLUSION Dans cet article, nous avons décrit une démarche aidant au choix de dispositifs d’ordinateur porté dans le contexte de mobilité et de Réalité Augmentée. Nous avons décrit les différents éléments qu’elle nécessite 177 pour s’appliquer et donné un aperçu de son efficacité et sa reproductibilité sur un exemple concret. Cette démarche se veut générique et s’applique à l’ensemble des dispositifs d’interaction existants ou à venir. Elle permet de configurer l’ordinateur porté en relation avec les tâches à effectuer. 13. Hinckley, K., Jacob, R.J.K., and Ware, C. Input/output Devices and Interaction Techniques. In The Computer Science Handbook, Second Edition, ed. by A.B. Tucker, 2004, pp. 20.1-20.32, Chapman and Hall/CRC Press. 14. Jacob, R.J.K., Leggett, J.J., Myers, B.A., Pausch, R. Interaction Styles and Input/Output Devices. Behaviour and Information Technology, vol. 12, no. 2, 1993, pp. 69-79. BIBLIOGRAPHIE 1. Bernsen, N.O. 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Computer Augmented Environments: Back to the Real World. Special Issue of Communications of the ACM, vol. 36, 1993. 178 Une proposition pour améliorer la performance de l'usager au sein du système d'information global de la bibliothèque Fabrice Papy Sophie Chauvin Document numérique & Usages Document numérique & Usages Université Paris 8 2 rue de la liberté 93526 Saint-Denis Tél: 01 49 40 64 17 Fax : 01 49 40 Université Paris 8 2 rue de la liberté 93526 Saint-Denis Tél: 01 49 40 64 17 Fax : 01 49 40 [email protected] [email protected] RESUME has to evoluate in order to give to the users very recent information technologies. From this point of view, the library is an hybrid system which is simultaneously obsolete and innovating and it is difficult to assess its performance without considering the user posture, his usability with the librarian information system and his comprehension of the library conceptual model. With the environnement we have developed and tested into an academic library, we have identified some structural elements which ameliorate the comprehension of the library conceptual model and its potential uses. La conservation et la diffusion des connaissances font partie des missions clairement identifiées des bibliothèques universitaires et aboutissent à la création de systèmes d'information extrêmement complexes. Ainsi, l'activité d'expertise des bibliothécaires en matière d'organisation et de description des connaissances vient rencontrer et accompagner une intégration importante de ressources documentaires (traditionnelles et électroniques) et d'outils informatiques (OPAC, SRI, portail documentaire) en constante évolution. Construite sur des modèles anciens d'organisation des connaissances, la bibliothèque doit s'adapter aux plus récentes évolutions technologiques du traitement de l'information afin de les mettre à la disposition des usagers. De ce point de vue, la bibliothèque constitue un système hybride simultanément obsolète et innovant dont il est difficile d'évaluer la performance indépendamment de la position de l'usager, de son degré de familiarité avec les propositions technodocumentaires du lieu et de sa compréhension du modèle conceptuel dans lequel s'inscrit toute la complexité de l'objet culturel. A partir d'une interface d'interrogation des données bibliographiques conçue et expérimentée au sein de la bibliothèque de l'Université Paris 8, il a été possible d'identifier des éléments structurels qui améliorent la compréhension du modèle conceptuel sous-jacent de la bibliothèque et ses usages potentiels. KEYWORDS : Library Information System, user, librarian, complexity, conceptual model, ICT, efficiency, assessment, representation, Visual…Catalog, OPAC LA BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE : UN SYSTEME DOCUMENTAIRE COMPLEXE Un espace multidimensionnel La bibliothèque universitaire est un lieu multidimensionnel où les activités de l'expertise professionnelle des bibliothécaires en matière d'organisation des connaissances rencontrent les activités intellectuelles et cognitives des usagers reliés directement aux études supérieures et à la recherche. Accompagnant les dimensions culturelle et sociale, ce sont également les dimensions logistique (acquisition et traitements du document) technique (service aux usagers, fonctionnement réglementaire de la bibliothèque) et technologique (catalogues, bases de données et ressources électroniques) qui participent à l'accessibilité du fonds documentaire. Ces différentes dimensions qui répondent à des réalités et des logiques de fonctionnement spécifiques se doivent de converger afin de servir au mieux les missions institutionnelles de la bibliothèque universitaire dans tout ce qui relève de la conservation et de diffusion des connaissances. [1, 8]. MOTS CLES : Système d'information des bibliothèques, usager, bibliothécaire, complexité, modèle conceptuel, TIC, efficacité, évaluation, représentation, Visual…Catalog, OPAC ABSTRACT Making accessibility and preserving knowledge are clearly identified missions of academic libraries and lead to build complex information systems. So, the librarians' expert activities in terms of knowledge organisation and description meet and go with an important integration of various resources (both traditional and digital) and tools (OPAC, IRS) in constant increasing. Built upon old knowledge organisation models, the academic library Ces espaces documentaires institutionnels physiques, numérisés et numériques, revisités par la médiation technologique, pensés pour favoriser l’accessibilité [6,7,9], proposent des modèles génériques d’organisation des savoirs que matérialisent les 179 classifications telles que Dewey, CDU, Bliss, LCC, etc. [18]. public qui en ignore (fréquemment) toutes les exigences et toutes les subtilités. L’organisation structurée et rationnelle portée par les classifications imprime une volonté d’universalisation de tous les savoirs. Vœu pieu, démesure ou exagération prétentieuse, les classifications -à quelques tentatives près partiellement appliquées comme la Classification à facettes Colon- finissent par produire une approche décontextualisée des connaissances. Sans pour autant constituer la focale de l'activité des professionnels de la bibliothèque (la formation et les services aux usagers en sont d'autres), cette exigence de la classification pèse sur la politique documentaire des services communs de documentation (SCD), oriente une grande part de l'activité professionnelle des bibliothécaires (acquisition, catalogage) et concrétise l'adéquation de la bibliothèque avec les formations suivies par les étudiants, les cours dispensés par les enseignants et les activités scientifiques des chercheurs. La bibliothèque se présente alors comme un espace ordonné, condamné à être mis cycliquement en désordre par les usagers qui la pratiquent. Imaginer un usager/lecteur – idéal - ayant développé une expertise des lieux lui permettant d'exploiter à son avantage l'organisation pointilleuse de la bibliothèque, sans en perturber ni l'ordre ni le fonctionnement relève d'un manifeste improbable. Ce modèle idéal de l'usagerexpert reste hautement anecdotique et cède la place au modèle plus commun de l'usager-néophyte ayant des besoins élémentaires de localisation et de disponibilité d'ouvrages, de sélection de sources, de méthodologie de la recherche, d'expression linguistique de ses recherches, de transcription de ses demandes en expressions syntaxiques "compréhensibles" par la multitude des systèmes d'informations automatisés disponibles (catalogue, cédéroms, sites spécialisées, Web généraliste,..). Avec les OPAC (On Line Public Access Catalog) les catalogues informatisés des bibliothèques, ce ne sont ni plus ni moins que les structures de données Unimarc, les classifications (de type LCC, Dewey, CDU), les vedettes-matières, qui sont brutalement portées à l’appréciation d’usagers globalement incompétents. De fait, la prétendue accessibilité dont sont porteuses les TIC notamment en ce qui concerne l'information numérique met en évidence l’existence de deux communautés juxtaposées : d’une part celle des usagersutilisateurs en quête d’information mais peu concernés par les exigences et les problématiques des bibliothèques et d’autre part celle des bibliothécaires impliqués dans des exigences professionnelles quotidiennes (service public, acquisition, conservation, catalogage, prêt, échanges de données). Cette fracture entre les capacités avérées et les habiletés présumées de l'usager, vision de l'esprit des professionnels de la bibliothèque [10] se vérifie d'autant mieux à l'éclairage des enseignements apportés par les formations à la maîtrise de l'information, de la méthodologie documentaire et du travail universitaire [3] [5]. On y découvre que cet usager-néophyte vit généralement dans l'ignorance de la complexité de l'organisation technique, institutionnelle et socioculturelle de la bibliothèque et qu'il est d'autant moins versé à y manifester de l'intérêt que la plus grande part de ses efforts portera dans ses deux premières années universitaires à appréhender, identifier et s'approprier les règles du travail intellectuel qui forment le canevas invisible de sa réussite. Par rapport à cette activité déterminante, la bibliothèque considérée cette fois-ci du point de vue des compétences professionnelles impliquées et des expertises s'y développant - qu'ignorent fréquemment les usagers implique une démarche volontaire de cohérence, de sens global, selon des relations complexes de présupposition logique, de généalogie, de complémentarité, d'explicitation mutuelle [7] qui assurément introduit une autre dimension que la simple accumulation d'ouvrages [11]. Les évaluations des services aux usagers mettent en évidence que l’amélioration de la qualité des services passe par un subtil mélange de connaissances effectives de la bibliothèque et d’une plus grande accessibilité de l’expertise de ses professionnels. La bibliothèque : lieu de savoirs, espace des professionnels de la bibliothèque Cependant les bibliothèques demeurent, malgré l'accessibilité technique introduite par les TIC , des lieux extrêmement spécialisés où les activités des professionnels de la bibliothèques traduisent, encapsulent et reflètent des modes d'organisation et de communication, des savoirs, des contextes, des objets physiques, des représentations mentales, des procédures, et des systèmes de valeurs. En cela, les bibliothèques sont le reflet d'une institution culturelle qui renvoie à des valeurs, une organisation et un espace social complexe [13]. Plus encore, la bibliothèque apparaît comme un lieu de contradiction où l'organisation en place s'évertue à développer, préserver une organisation rationnelle des savoirs relevant presque d'un idéal à l'intention d'un UNE ORGANISATION INTELLECTUELLE VISIBLE PAR LES USAGERS PEU Ces impératifs de la gestion de la chaîne documentaire ont réduit les processus d'organisation intellectuelle et de cohérence globale du fonds et des collections, où interviennent l'expertise professionnelle des bibliothécaires (spécialités disciplinaires, connaissances des formations proposées par l'université) à quelques propriétés qui n'apparaissent que trop discrètement dans les OPAC [2, 20]. 180 C'est dans le cadre d'une action de recherches pluridisciplinaire (Sciences de l'Information et de la Communication, Informatique, Sciences de l'Education, Cartographie, Psychologie-Ergonomie) que nous avons cherché à vérifier l'hypothèse qu'un dispositif rénovant les fonctionnalités des OPAC pourrait améliorer les performances en RI des usagers principalement quand les recherches s'inscrivent dans un processus de repérages et de reconnaissances de champs et de frontières disciplinaires [4, 15]. ces lieux, de véritables actions meta-cognitives visant à homogénéiser et organiser les collections et le fonds documentaire d'un point de vue intellectuel [6, 17, 19]. Améliorer les performances de l'usager Le modèle que nous présentons (Fig. 1) rassemble sur 3 niveaux les objets qui sont porteurs de la visibilité de cette méta-connaissance d'organisation. L'organisation des salles de lecture et la distribution des secteurs disciplinaires au sein de chaque salle constituent de véritables connaissances de références introduites par les conservateurs et bibliothécaires afin de donner aux usagers tous les moyens de saisir les logiques d'organisation des collections et des proximités disciplinaires. Il s'agit de rendre visible les objets conceptuels et leurs relations qui interviennent de façon significative dans l'organisation intellectuelle de la bibliothèque. On constate souvent que les représentations de la bibliothèque qu'ont les usagers sont erronées. Cette différence profonde entre la représentation qu'ils en ont et la réalité des missions de la bibliothèque universitaire et de recherche provient d'un référent inadapté. La couche supérieure "Classe" signale les grandes catégories scientifiques relatives à la classification adoptée (CDU, Dewey, Bliss, LCC) et aménagée en fonction des spécialités développées par les établissements de l'enseignement supé-rieur. Chacune de ces classes regroupe plusieurs ouvrages qui sont reconnus par les acquéreurs comme conformes aux propriétés de la catégorie où ils figurent. Le sens des flèches du graphique partant de chacun des nœuds de la couche "Classe" peut être interprété comme "subdivision composée de". En effet, les usagers qui n'ont eu la possibilité de suivre dans leur cursus universitaire un cours de méthodologie documentaire [5] garde une représentation de la bibliothèque universitaire proche de celle qu'ils peuvent avoir du Centre de Documentation et d'Information (CDI) de leur période lycéenne ou bien encore construire à partir de leur pratique personnelle de la bibliothèque municipale. Ce sont les notices bibliographiques qui sont représentées dans la couche intermédiaire "entités". La notices et les informations descriptives qui la composent (champs et sous-champs UNIMARC) apportent tous les éléments facilitant l'indexation et la recherche de l'ouvrage. Elles rassemblent des méta-données destinées aux usagers (Titres, auteurs, éditeurs, format, …) et aux bibliothécaires (zone SIBIL). Il arrive cependant que ces usagers aient pu suivre quelques heures de formations (dites formations aux usagers) mises en place par les SCD eux-mêmes. Ces formations de quelques heures subissent l'effet instrumental des dispositifs en libre accès proposés par les SCD. De fait, c'est la formation à la logique des outils de RI généralistes et spécialisés (moteurs de recherches, annuaires, encyclopédies, catalogues, bases de données) qui l'emporte lors des séances planifiées (2 x 3h). Les meta-données descriptives portent sur l'ouvrage en tant qu'entité et sur ses instances (les exemplaires). Les exemplaires sont dotées de propriétés spécifiques comme le statut (empruntable, exclu du prêt, en traitement, …) et la classe de rattachement. C'est par l'intermédiaire des exemplaires que la notice se trouve rattachée à une, voire plusieurs catégories scientifiques. Quelles que soient leurs qualités et l'implication du personnel du SCD, ces formations demeurent parcellaires (elles ne permettent pas de toucher tout le public de l'uni-versité) et insuffisantes pour aboutir chez l'usager au développement de véritables habiletés pour maîtriser les dispositifs techniques [16]. L'offre toujours plus importante d'outils informatiques et de bases de données destinés à la RI accapare le temps des formations, qui n'apportent alors que très indirectement un apprentissage de la cohérence globale du système d'information de la bibliothèque dans un objectif d'appropriation [14]. Classes (organisation intellectuelle) Notices (entités) UN MODELE CONCEPTUEL EN COUCHE : CLASSES, NOTICES ET ELEMENTS CONCEPTUELS RAMEAU Les opérations de classification et de description sémantique à partir d'un langage documentaire et d'un vocabulaire contrôlé organisés ou non en thésaurus, la distribution d'un ouvrage dans une ou plusieurs classes thématiques constituent de la part des professionnels de Eléments conceptuels RAMEAU 181 Fig. 1 : Modèle d'organisation intellectuelle des collections dans une bibliothèque : classes, éléments conceptuels RAMEAU et notices La dernière couche (éléments conceptuels RAMEAU) contient, dans des notices d'autorité reliées provenant du répertoire national RAMEAU (Répertoire d'AutoritéMatière Encyclopédique Alphabétique et Unifié) (cf. http://rameau.bnf.fr), le vocabulaire et les indications qui permettent de construire les vedettes-matières dans un fichier bibliographique. Le répertoire évolue sur la base des propositions faites par le réseau des utilisateurs professionnels. La liste d'autorité est complétée par le guide d'indexation qui en assure la lecture cohérente et le bon usage. A la différence d'un thésaurus, la liste d'autorité encyclopédique n'est pas constituée a priori mais au fur et à mesure des besoins d'indexation et évolue sur la base des propositions faites par le réseau de ses utilisateurs. Fig. 2 : Le Visual…Catalog, Interface d'interrogation basée sur le modèle classes, notices et éléments conceptuels RAMEAU (http://visualcatalog.univ-paris8.fr) CONCLUSION Comme l'illustre la figure 1, les deux réseaux organisent par des logiques bien distinctes le fonds documentaire. Celui de la classification utilise un regroupement thématique pré-établi qui créera une relation entre l'exemplaire, l'univers intellectuel et l'espace de la bibliothèque (les exemplaires sont généralement placés en salles de lecture). La généralisation des services de type "Bibliothèques Numériques", passe invariablement par des catalogues en ligne qui banalisent l'accès à des modes d'organisation des connaissances qui demeure d'une rare complexité en regard de l'immensité de la tâche. Cette mécanisation logicielle systématique des systèmes d'informations, induite par les TIC issues du Web, s'accompagne d'un "allant de soi" en matière de manipulations techniques qui tend à déteindre sur les habiletés intellectuelles soustendues. Il ne faut pas oublier que ces systèmes d'informations ne sont en définitive que les ingrédients destinés à agrémenter un processus long et exigeant de transformation des individus, de compréhension et de connaissances de soi, des autres, et des systèmes - quels qu'ils soient - dans lesquels ils évoluent par choix ou par contrainte. Dans ce dessein et indépendamment de toute considération technologique, la capacité de l'individu à appréhender et idéalement à s'approprier ces informations, est loin d'être acquise. Elle repose sur des habiletés, des stratégies, des savoir-faire qu'il revient à chacun d'adapter et de puiser au fil des expériences sociales, culturelles et cognitives qu'il est amené à vivre et qui sont garantes de performances escomptées. Le second, à l'inverse, s'affranchira des exemplaires pour signer sémantiquement la notice d'un document. Cette information offre alors la possibilité de croisement dans des réserves bibliographiques mutualisées. Le Visual…Catalog se présente comme un amplificateur visuel des structurations sous-jacentes de la bibliothèque et favorise les relations constructives entre la libre associativité des usagers et les documents disponibles. A partir de ce modèle, nous avons développé un dispositif expérimental (cf. figure 2) qui tout en utilisant les mêmes meta-données, rénove le fonctionnement des OPAC traditionnels [12]. Il se compose de 3 modules : l'interrogation, l'exploration de la classification et la localisation à partir d’une cartographie interactive. Cette approche complémentaire à la recherche documentaire repose sur l'intégralité du fonds bibliographiques du SCD de l'université Paris 8 (360 000 notices bibliographiques). Il révèle l'organisation globale résultant des missions des bibliothèques en matière de conservation et de diffusion des connaissances. Placé à la périphérie du cœur des activités intellectuelles complexes associées à la transmission, la construction, l'acquisition et l'organisation de connaissances, le dispositif tend à suggérer à l'usager la nécessité d'acquérir les habiletés "méta-documentaires" dépassant les démarches documentaires individuelles des étudiants et enseignants-chercheurs, afin d'utiliser ce lieu de connaissances à la hauteur des ressources Une notice peut-être caractérisée par plusieurs vedettesmatières. Une vedette-matière peut être rattachée à plusieurs notices. Un modèle utilisable par l'usager Par rapport à une implication intellectuelle immédiate que l'usager développe à l'endroit de la bibliothèque poussé par les travaux de natures différentes que lui imposent les exigences de son parcours universitaire, les réseaux liés à la classification et au vocabulaire RAMEAU s'avèrent selon nous les plus adaptés pour pouvoir exploiter le plus exhaustivement possible le fonds documentaire en limitant la désorientation et la surcharge cognitive. 182 documentaires, techniques, humaines imbriquées et reliées, qu'il met à leur disposition. Ce dispositif expérimental fonctionne depuis octobre 2004 à la bibliothèque de l'université Paris 8 et exploite les mêmes données bibliographiques (actualisées quotidiennement) que l'OPAC propriétaire (Absys). Les sessions d'interrogation longues (entre 45 minutes et 4 heures, en local ou en distant) que nous avons pu constater grâce aux croisements de données des fichiers-journaux du serveur Web et des requêtes des usagers représentent selon nous un indicateur pertinent d'une transformation du comportement de RI de l'usager. Il n'est malheureusement pas possible de confronter ces données avec celles de l'OPAC propriétaire, les données d'enregistrement que celui-ci fournit étant beaucoup moins fines. Charte des bibliothèques adoptée par le Conseil supérieur des bibliothèques le 7 novembre 1991, http://www.enssib.fr/autres-sites/csb/csb-char.html [consultée le 22 février 2005] Dinet, J., Rouet, J-F., "La recherche d'information : processus cognitifs, facteurs de difficultés et dimensions de l'expertise", in IHM et recherche d'informations, C. Paganelli (dir), Traité STI, Paris, Hermes, 2002, pp 133-161. 5. Jolly C., Bibliothèques universitaires. 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Jacob C., "Travailler en bibliothèque", Recherches et Bibliothèque, Les Cahiers de Paris VIII/Recherches, PUV, 2005, p. 31-39 12. Papy F., Folcher V., Sidir M., Cerratto Pargman T., (2004) "E-Learning et technologies pour la coopération : inadéquations artefactuelles et logiques des activités instru-mentées", ERGO-IA, 17-19 novembre 2004 Ce travail de recherches s'effectue avec le SCD de l'université Paris 8 et le groupe de recherche en Psychologie-Ergonomie (C3U) dans le cadre d'un partenariat de recherche. 3. 7. 11. Mounier E., "Systèmes documentaires et systèmes de gestion de bibliothèques : place et rôle de l'opé-rateur professionnel", in IHM et recherche d'informations, C. Paganelli (dir), Traité STI, Paris, Hermes, 2002, pp 103-132 REMERCIEMENTS 2. Hunter, E., "Do we still need classification ?", in The Future of Classification, edited by R. Marcella and A. Maltby (eds), Gower Publishing, Vermont, USA, 2000, pages 1-17. 10. Le Marec, J., Babou, I., "De l'étude des usages à une théorie des composites" in "Lire, Ecrire, Récrire", E. Souchier, Y. Jeanneret J. Le Marec (dir), BPI, Mars 2003, pages 235-299 A partir de ces sessions de consultations longues, rien ne permet cependant de confirmer l'hypothèse d'une amélioration des performances de l'usager en RI dans la bibliothèque, rien ne permet de l'infirmer non plus. Les prochains résultats d'une étude ergonomique menée par une équipe de psychologues-ergonomes auprès de 10 sujets expérimentateurs nous en apprendront davantage. 1. 6. 15. Rice R.E., Mc Creadie M., Chang S-J L., Accessing and Browsing: Information and Communication, The MIT Press, London, England, 2001. 16. Rouet, J-F., "Les système d'information en ligne : quels outils pour quels usages ?", Actes "Réseaux humains / Réseaux technologiques", Maison des Sciences de l'Homme et de la Société, Université de Poitiers, 19 mai 2001 17. Rowley E. 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Une interface est dite multimédia lorsqu’elle transmet à l’utilisateur des informations sous plusieurs modalités de communication (informations visuelles, auditives, tactiles ou proprioceptives…) ; lorsque l’utilisateur peut lui aussi utiliser plusieurs modalités pour transmettre des informations au système (entrées gestuelles, verbales…), l’interface est dite multimodale [8]. Le multimédia et le multimodal rendent potentiellement l’interaction plus riche, plus intuitive et parfois plus flexible. Encore faut-il, pour l’utilisateur, disposer de toutes ses modalités perceptives et motrices. Aujourd’hui les produits de la vie quotidienne ont tendance à se doter de pouvoirs numériques, informationnels, communicationnels, etc. Ils deviennent donc « multifonctionnels » et par là même bien souvent « multimédia » ou « multimodaux ». Cependant il existe encore des problèmes d’accessibilité de ces produits aux personnes en situation de handicap. Dans cet article, nous présentons une méthode originale d’Analyse de l’Activité : au-delà de la décomposition des activités en actes élémentaires, nous faisons apparaître dans les diagrammes de représentation les modalités perceptives et motrices associées à ces actes. Baptisée Décomposition Multimodale de l’Activité, elle permet la prise en compte des utilisateurs déficients dans le processus de conception ainsi que la formalisation des données ergonomiques issues de l’analyse de l’activité. L’accessibilité des nouvelles technologies aux personnes présentant des déficiences est devenue une préoccupation affichée pour de nombreux industriels et pour les pouvoirs publics. En France, cette préoccupation a récemment été formalisée par une loi (loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées). A première vue, l’adaptation des produits multimédia et multimodaux ne semble pas poser de problèmes insurmontables : ces produits exploitant par nature plusieurs canaux de communication avec l’utilisateur, on peut imaginer compenser totalement l’absence d’une modalité par le recours à une ou plusieurs autres modalités. Mais ceci nécessite d’avoir au préalable idéntifié précisément le besoin, puis de l’avoir traduit de manière appropriée en paramètres de conception. Prenons l’exemple d’un utilisateur aveugle et d’un téléphone mobile : si on considère uniquement que cet utilisateur ne pourra pas recevoir les informations visuelles, on peut penser que la déficience sera compensée par un système de synthèse vocale (qui lit les informations affichées à l’écran). Or, l’absence de vision perturbe également les actions motrices de l’utilisateur, puisqu’il ne peut identifier par la vue les touches sur lesquelles il doit appuyer. On pourrait alors penser que l’ajout d’un système de reconnaissance vocale (permettant d’agir sur le téléphone par la parole au lieu du geste) résoudra le problème. Mais en réalité il s’avère que pour certaines opérations il n’est pas souhaitable d’utiliser des commandes vocales (par exemple, lorsque l’utilisateur doit entrer son code MOTS CLES : Ergonomie, Analyse de l’Activité, Handicap, Conception. ABSTRACT Nowadays products of the daily life tend to be augmented with numeric, informative or communicative power. They become thus “multifunctional” and therefore often “multimedia” or “multimodal”. However, there are still problems of product accessibility to disabled people. In this article, we present an original method of Activity Analysis: beyond the decomposition of the activities in elementary acts, we insert in the diagrams the representation of perceptive and motor modalities associated to these acts. With this new method called Multimodal Decomposition of the Activity, it becomes possible to account for disabled users in the design process. It also enables a formalization of the ergonomic data collected during the analysis of the activity. KEYWORDS : Ergonomics, Activity Analysis, Disabled People, Design. INTRODUCTION Avec le développement et la miniaturisation des technologies numériques, de plus en plus de produits de notre environnement quotidien intègrent une interface multi- 185 PIN). Ainsi, l’accessibilité d’un téléphone mobile pour un utilisateur aveugle impliquera nécessairement que le clavier soit utilisable, notamment grâce à des repères tactiles [9]. Cet exemple montre que la conception de produits multimédia ou multimodaux adaptés aux personnes présentant des déficiences nécessite une connaissance approfondie à la fois des besoins des utilisateurs en termes de modalités d’interaction, et de l’activité réalisée avec le produit ou le système. x x x L’objectif de cet article est de présenter une méthode d’analyse de l’activité permettant de visualiser les modalités d’interaction sollicitées lors de l’utilisation d’un produit ou d’un système. Dans un premier temps, nous proposerons un bref état de l’art des méthodes d’analyse des tâches ou de l’activité. Puis nous exposerons les principes de notre méthode, intitulée Décomposition Multimodale de l’Activité (DMA), avant d’en donner un exemple d’application. Enfin, nous positionnerons les apports potentiels de cette méthode dans le processus de conception. Ces modèles abordent l’analyse de l’activité sous des angles légèrement différents, en intégrant des informations différentes, et permettent ainsi de répondre à des objectifs d’évaluation ou de conception différents. Dans le contexte qui nous intéresse (la conception de produits multimédia / multimodaux adaptés pour des personnes présentant des déficiences perceptives ou motrices), il nous semble pertinent de chercher à intégrer les modalités d’interaction dans l’analyse de l’activité. Vis-à-vis des méthodes que nous avons recensées, cette idée apparaît originale puisqu’elle ne semble pas avoir été mise en œuvre auparavant. C’est en nous appuyant sur ce constat que nous proposons ci-après une méthode de Décomposition Multimodale de l’Activité. LES MODELES D’ANALYSE DES TACHES L’analyse des tâches consiste à décrire précisément les actions nécessaires lors de l’utilisation d’un système pour atteindre un objectif donné. On distingue classiquement la tâche prescrite, telle qu’elle a été imaginée par le concepteur du système, et l’activité, telle qu’elle est effectivement réalisée par l’utilisateur. Les modèles d’analyse de la tâche ou de l’activité sont des méthodes qui permettent de formaliser et de visualiser les résultats de cette analyse. Cette partie, destinée à présenter un rapide panorama des modèles existants, s’appuie principalement sur l’état de l’art fourni par Scapin et Bastien [10]. LA DECOMPOSITION MULTIMODALE DE L’ACTIVITE Certaines méthodes innovantes sont nées du rapprochement de différents modèles et outils préexistants ; c’est le cas par exemple de la méthode SADT/Petri [1]. Nous inspirant de cette démarche, nous avons pensé utiliser de manière conjointe le modèle HTA [2] et la modélisation dynamique et formelle des réseaux de Petri pour proposer une nouvelle méthode. Les modèles d’analyse des tâches se présentent sous des formes variées comme par exemple les diagrammes d’entrées-sorties, les organigrammes fonctionnels, les arborescences, les réseaux de Petri, etc. Un des principes de base consiste à décomposer la tâche en sous-tâches jusqu’au niveau terminal des actions. A cette décomposition peuvent s’ajouter d’autres relations entre les éléments : causales (conjonction et/ou occurrence), temporelles (séquencement, simultanéité), cognitives (comparaison, choix, décision…), etc. Les réseaux de Petri permettent de décrire de façon formelle des sytèmes composés de variables, les places (représentées par des ellipses) qui peuvent changer d’état grâce à des opérateurs de changement d’état, les transitions (représentées par des rectangles). L’état du système est modélisé par une distribution de jetons dans les places du réseau représentant la valeur des variables [7]. La figure 1 présente un exemple de réseau de Petri : la place 1 contient un jeton et la place 2 n’en contient pas, on dit alors que la place 1 est marquée. La transition 1 a besoin d’au moins un jeton dans la place 1 pour pouvoir s’exécuter, on parle alors de franchir une transition. Comme la place 1 contient un jeton, la transition 1 peut être franchie, en retirant le jeton de la place 1 et en déposant le jeton dans la place 2. Après le franchissement de la transition 1, la place 2 contient un jeton, rendant franchissable la transition 2, etc. Parmi les premiers modèles d’analyse des tâches, le modèle HTA pour Hierarchical Task Analysis [2] consiste à décomposer, de façon hiérarchique, une tâche globale en sous-tâches élémentaires. Il permet alors de mettre en évidence les informations nécessaires à l’utilisateur pour chaque but et chaque sous-but. Par la suite, d’autres modèles se sont inspirés de cette structure, et notamment : x Le modèle GOMS qui décompose la tâche en Goals, Operators, Methods et Selection rules [4]. Le modèle KLM (Keystroke Level Model) [3], qui permet de prédire le temps d’exécution des tâches. Le modèle MAD* ou MAD (STAR) (Modèle Analytique de Description des tâcheS utilisaTeur orienté spécificAtion d’inteRface) [10] qui permet de prendre en compte la dynamique de la tâche avec ses interruptions, itérations, changements de niveaux, etc. Le modèle CLG (Commun Language Grammar), qui comporte trois composants : conceptuel, communication, physique [6]. 186 existe également des places facultatives (représentées par des cercles en pointillé) et des transitions facultatives (représentées par des rectangles en pointillé), qui correspondent à des actes élémentaires qui ne sont pas toujours observés dans l’activité. Place 1 Transition 1 Place 2 Il faut souligner que nous n’avons adopté que la représentation graphique des réseaux de Petri et non l’intégralité de leur fonctionnement. En effet, certaines règles n’ont pas pu être respectées, notamment au niveau du parcours des jetons : dans les réseaux de Petri, c’est un même jeton qui franchit des transitions successives. Or, dans le cas des modalités d’interaction, il est parfois nécessaire de mettre en jeu différentes modalités pour accomplir des actes élémentaires successifs. Chaque modalité n’est pas nécessaire à toutes les places et une modalité unique est insuffisante pour parcourir tout le diagramme. En conséquence, nous ne faisons apparaître au niveau de chaque place que les modalités qui y sont mises en jeu. Par exemple, si une partie de l’activité consiste à réagir à un signal sonore par un geste, la première place fera apparaître la modalité auditive uniquement et la seconde fera apparaître la modalité gestuelle uniquement. Transition 2 Figure 1: Exemple de réseau de Petri. Certains réseaux de Petri appelés Object Petri Nets ont été utilisés dans le cadre d’analyse des tâches comme ICO (Interactive Cooperative Object) [7] ou TOOD (Task Object Oriented Design) [11] ainsi que pour modéliser l’activité cognitive [5]. Ils permettent notamment de modéliser des objets d’un système disposés en réseau. Cette représentation a l’avantage de permettre une souplesse de modélisation en faisant ressortir l’aspect dynamique (parallèlisme, synchronisation, etc.) des tâches. Le principe de l’intégration de jetons dans le diagramme représentant l’activité nous a semblé intéressant pour faire apparaître les modalités d’interaction. Nous avons donc élaboré la méthode de Décomposition Multimodale de l’Activité (DMA) en combinant une analyse de l’activité de type HTA [2] avec la représentation graphique des réseaux de Petri. Pour marquer une place obligatoire en l’absence de jeton, l’ajout d’un compensateur (C) permet de « réparer » les conséquences d’une modalité absente ou déficiente. Cette notion peut être assimilée à celle des réparateurs que l’on retrouve dans les résaux de Petri utilisés en « sécurité machine ». Ces éléments permettent notamment de franchir une transition si la place n’est pas marquée. Par exemple, pour un équipement qui tombe en panne, la transition « attente de réparation » peut être franchie si un réparateur externe est disponible (figure 2). Dans notre méthode DMA, les compensateurs sont représentés par des losanges et peuvent être une solution qui englobe plusieurs places, ou une solution qui agit sur une seule transition. En reprenant le principe de décomposition du modèle HTA [2], l’activité est décomposée en actions jusqu’à obtenir des actes élémentaires. Cette décomposition poussée permet d’identifier, pour chaque acte élémentaire, les modalités perceptives (visuelle, auditive, tactile, etc.), motrices (geste, parole, etc.) et cognitive (dans notre modèle, la modalité cognitive regroupe toutes les fonctions cognitives de manière non différenciée : un choix, une décision, une recherche en mémoire, etc.) de l’interaction homme-système. P1 : équipement en marche T1 : panne Chacun de ces éléments (les actes élémentaires, les modalités) est ensuite traduit au sein d’une représentation globale utilisant le formalisme graphique des réseaux de Petri. Les actes élémentaires sont représentés comme un ensemble de places (P) et de transitions de places (T). Chaque place est marquée par la mise en jeu d’une ou plusieurs modalités, représentées par des jetons ronds, triangulaires et carrés (correspondant aux modalités perceptives, motrices et cognitives, respectivement). Dans notre modèle, ce sont donc les modalités (jetons) qui permettent de passer d’un acte élémentaire à un autre (places, transitions de places). Si une place obligatoire (représentée par un cercle continu) n’est pas marquée (absence de jetons) car la ou les modalités sont déficientes ou absentes, la transition ne peut être franchie. Il P2 : équipement en panne R : réparateur disponible T2 : équipement en attente de réparation P3 : équipement en réparation T1 : équipement réparé Figure 2: Exemple de réseau de Petri avec un réparateur. 187 L’originalité de ce nouveau modèle repose sur le fait de pouvoir identifier et comprendre la mise en jeu des différentes modalités lors de la réalisation d’une activité. Il permet de voir, de façon schématique, quels actes élémentaires vont poser problème lorsqu’une modalité est déficiente ou absente. L’équipe de conception peut alors réfléchir à la façon d’éviter un blocage lié à une déficience, c’est-à-dire d’intégrer des compensateurs ou d’en créer de nouveaux. Les compensateurs peuvent provenir notamment : x x jetons triangulaires aux modalités motrices (geste et parole) et le jeton carré représente les modalités cognitives. La colonne de gauche décrit l’activité « composer un numéro » pour une personne non déficiente disposant de toutes ses modalités. La colonne du milieu illustre la même activité à effectuer par une personne non voyante. L’absence de la modalité « vue » s’exprime par la suppression du jeton rond bleu dans le diagramme. Cela permet d’identifier les actes élémentaires (places et transitions de places) qui vont être touchés par l’absence de cette modalité. Les places problématiques pour une personne non voyante sont par conséquent : D’une modification des modalités d’interaction existantes : par exemple une personne malvoyante peut avoir besoin d’augmenter la taille et le contraste des caractères dans un message textuel. Et/ou de l’utilisation de modalités alternatives : pour une personne aveugle on peut compenser en améliorant les retours sonores ou tactiles. x x Dans la section suivante, nous proposons de déployer la méthode de Décomposition Multimodale de l’Activité à un exemple concret. L’identification des touches (reconnaître les touches portant un numéro des touches de contrôle, distinguer les touches portant des numéros entre elles, etc.). La vérification, à l’écran, du chiffre ou du numéro composé (être sûr qu’on a bien appuyé sur la bonne touche). La colonne de droite représente l’activité réalisée par une personne non voyante avec différentes solutions (ou compensateurs) possibles mises à disposition. L’introduction d’un compensateur (représenté par un losange) entraîne l’apparition de nouvelles modalités dans le diagramme. Par exemple, une solution de discrimination tactile des touches se traduit par un nouveau jeton de perception tactile, un système de reconnaissance vocale permet l’introduction d’un jeton de parole, et des feedbacks auditifs donnent lieu à autant de jetons de perception auditive. La modélisation DMA pour un utilisateur non voyant (colonne de droite) offre une vue synthétique de l’activité avec notamment : APPLICATION A L’UTILISATION D’UN TELEPHONE PORTABLE Avec un taux d’équipement avoisinant les 70% en France, le téléphone mobile peut être considéré comme un produit grand public, à forte valeur ajoutée. Ce produit réunit à la fois une interface physique et une interface numérique, qui sont liées dans le sens où la facilité de navigation de l’interface numérique (l’accès aux différents menus, les retours en arrière, l’intuitivité…) est en partie dépendante de l’utilisabilité de l’interface physique (prise en main et taille du téléphone, taille et résolution de l’écran, taille du clavier, forme et emplacement des touches, symboles des raccourcis…). Au final, il est difficile de traiter l’un sans l’autre, l’interface physique pouvant avoir des conséquences sur l’interface numérique. Pour comprendre cette relation de dépendance, il semble préférable d’étudier le produit dans sa globalité. x x Parmi toutes les manières d’émettre un appel au moyen d’un téléphone portable (composer un numéro, utiliser le répertoire…), nous prendrons l’activité « composer un numéro » pour appliquer notre méthode DMA. x Cette activité peut être décomposée en actes élémentaires (par exemple : presser une touche), auxquels sont associées des modalités perceptives, motrices et cognitives. La figure 3 montre trois diagrammes (un par colonne) obtenus en appliquant notre méthode à l’activité « composer un numéro ». Les places sont représentées par des cercles, les transitions de places par des rectangles. A l’intérieur du diagramme figurent des jetons qui représentent les modalités : les jetons ronds correspondent aux modalités perceptives (vue, toucher, ouïe), les Des solutions existantes comme la reconnaissance vocale (commande vocale) disponible sur certains modèles de téléphones portables, ou la synthèse vocale. Certaines stratégies employées par les utilisateurs, que nous avons identifiées grâce à des entretiens et des observations. C’est par exemple le cas du repérage tactile grâce au point sur la touche 5 du clavier. De nouvelles voies de solution, comme par exemple le repérage par discrimination tactile des touches : l’utilisateur pourrait identifier certaines touches grâce à leur forme particulière ou à leur texture. La méthode DMA peut ainsi s’avérer utile en phase de traduction du besoin, pour formaliser les résultats de l’analyse du besoin et en déduire des spécifications pour la conception ou la re-conception. Mais les bénéfices potentiels de cette méthode ne se limitent pas à cette 188 Activité effectuée par une personne non déficiente P2.1 : identifier la touche x P4.1 : entendre la pression (bip ou clic) P4.2 : sentir le retour d’effort P4.3 : voir le chiffre à l’écran P6.1 : identifier la touche appeler P8.1 : entendre la pression (bip ou clic) P8.2 : sentir le retour d’effort P8.3 : voir l’appel à l’écran Modalités perceptives toucher vue ouïe P0 : appeler contact Activité à effectuer par une personne non voyante Activité effectuée par une personne non voyante P0 P0 T0 : composer le n° T0 T0 P1 : choix du contact à apeler P1 P1 T1 : n° à composer retrouvé P2.2 : Diriger et positionner son doigt sur la touche x T2 : touche x sélectionnée T1 P2.1 P2.2 P4.1 P4.2 P4.3 T2 P2.1 : identifier la touche x par repérage tactile (point sur le 5) et représentation mentale du clavier P4.1 P4.2 P4.3 : entendre le chiffre composé s’afficher à l’écran C1 : texture, forme, espacement des touches T1 P2.2 C2 : synthèse vocale T2 P3 : presser la touche x P3 T3 : touche x pressée T3 P5 : vérification du n° composé P5 P5 : entendre le n° composé T4 : n° vérifié T4 T4 P6.2 : Diriger et positionner son P6.1 doigt sur la touche appeler T5 : touche appeler sélectionnée P8.1 P8.2 P8.3 P6.2 T5 P3 T3 P6.1 = P2.1 P8.1 P8.2 P8.3 : entendre la confirmation d’appel T5 P7 T6 : touche appeler pressée T6 T6 P9 : attendre l’émission de l’appel P9 P9 T7 : appel émis T7 T7 parole geste C1 P6.2 P7 : presser la touche appeler Modalités motrices C3 : reconnaissance vocale P7 P : Place obligatoire P : Place problématique à compenser P : Place facultative C : Compensateur T : Transition T : Transition facultative Modalités cognitives Figure 3: Exemple de diagrammes DMA appliqués à l’activité « composer un numéro » sur un téléphone portable. Le modèle de gauche correspond à la réalisation de cette activité par un utilisateur disposant de toutes ses modalités ; les deux autres modèles par un utilisateur non voyant sans compensateurs (milieu) et avec compensateur (droite). 189 seule phase, comme nous allons tenter de le montrer dans la section suivante. En phase de traduction du besoin, la DMA peut être utilisée en trois points (DMA1, DMA2, DMA3 sur la figure 4). La DMA1 est réalisée par les concepteurs, et repose sur deux sources principales : INTEGRATION AU PROCESSUS DE CONCEPTION La figure 4 montre différents points d’insertion pour la méthode DMA dans le processus de conception. Nous considérons ici principalement un projet du type conception de produit multimédia ou multimodal, en particulier lorsqu’un des objectifs est qu’il soit adapté aux personnes présentant des déficiences ; car dans ce cas l’étude des modalités d’interaction doit être plus fine. TRADUCTION DU BESOIN x x L’Analyse Fonctionnelle Externe (méthode APTE®) des produits existants et de leur environnement, qui permet d’avoir une première idée du fonctionnement global du système. L’analyse des produits et solutions existantes, la veille technologique, afin d’intégrer au modèle les technologies disponibles. Analyse de l’existant Analyse de l’activité de l’utilisateur Description structurelle et fonctionnelle du système Modélisation de l’activité effectuée par l’utilisateur Analyse fonctionnelle Modélisation de l’activité à effectuer par un utilisateur DMA2 DMA1 DMA3 INTERPRETATION DU BESOIN Cahier des charges fonctionnel Recherche de concepts d’usage DMA3 Phase créative : rechercher et proposer de nouveaux concepts technologiques et d’usage Recherche de concepts technologiques DMA4 DEFINITION ET VALIDATION Cahier des charges concepteur DMA4 Tests utilisateurs Matérialisation et évaluation du produit (pré-maquette et prototype) DMA5 Figure 4: Utilisations potentielles de l’outil DMA dans le processus de conception. 190 DMA1 correspond plus ou moins à l’usage prescrit par l’équipe de conception en phase amont. Vis-à-vis de notre précédent exemple (figure 4), DMA1 correspond aux organigrammes de gauche (utilisateur non déficient) et du milieu (hypothèse et anticipation des problèmes d’un utilisateur présentant une déficience et ne bénéficiant d’aucun compensateur). DMA2 concerne davantage les données réelles issues de l’analyse de l’activité des utilisateurs cibles. Cette étape permet de recueillir les stratégies et les besoins des utilisateurs, et a pour but d’aboutir à des recommandations d’ordre ergonomique pour la conception du nouveau produit. La méthode DMA permet non seulement de synthétiser les données recueillies, mais également de guider l’analyse de l’activité. En effet, la réflexion sur l’usage possible (prescrit) menée avec DMA1 pourrait permettre de préparer le terrain et d’observer tout de suite les places qui ne s’effectuent pas de la manière prévue, celles qui manquent… DMA2 aboutit à une comparaison du prescrit et du réel. compte des spécificités d’une population en termes de modalités d’interaction : x x DMA peut aider à identifier les problèmes potentiels et réels liés à l’absence ou l’altération d’une modalité. Elle peut aussi faciliter la recherche de solutions existantes ou innovantes pour compenser des modalités d’interaction déficientes. Comme tout modèle d’analyse de la tâche ou de l’activité, DMA n’est qu’une représentation abstraite de la réalisation de l’activité, qui peut varier en fonction des différences interindividuelles, du contexte, du produit, etc. Elle ne permet de comprendre que certains aspects du problème, mais peut néanmoins être utile à l’analyse et à la conception. L’emprunt du formalisme graphique des réseaux de Petri permet au modèle DMA de proposer une décomposition uniforme de l’activité, avec une description des interactions aussi bien déclarative (état des choses) que procédurale (façon d’arriver à ces états). Autorisant la prise en compte de phases parallèles et séquentielles, DMA peut être ajusté en fonction du système étudié ou du contexte de réalisation de l’activité. DMA3 est un modèle synthétique et enrichi (DMA1+DMA2), dont l’objectif est à la fois d’être le plus proche possible de l’activité réelle d’utilisation des produits existants et de faire figurer de premières solutions et hypothèses de conception. DMA3 est destiné à servir de donnée d’entrée à la rédaction du Cahier des Charges Fonctionnel. L’originalité de DMA repose sur la mise en avant des modalités d’interactions utilisateur-système dans l’usage d’un produit. Elle permet d’identifier les problèmes liés à une modalité déficiente mais pourrait aussi être utilisée pour un produit qui utilise une modalité plus qu’une autre, etc. Cette méthode permet de formaliser les données issues du terrain et d’intégrer l’analyse de l’activité de façon schématique dans un outil utilisé par l’ensemble de l’équipe de conception. Elle permet également au concepteur d’imaginer l’usage d’un produit encore non-existant et d’en anticiper ses problèmes potentiels. DMA3 faisant également ressortir les besoins des utilisateurs, cette représentation intermédiaire peut aussi être un support de créativité lors de la phase d’interprétation du besoin. Face à l’altération ou l’absence d’une ou plusieurs modalités, la phase de créativité peut être orientée vers la recherche de solutions et de compensateurs, aboutissant ainsi à de nouveaux concepts d’usages. Une fois un ou plusieurs concepts sélectionnés, le modèle est remis à jour pour les intégrer. On obtient alors DMA4. En phase de définition et de validation du produit, DMA4 est traduit en paramètres de conception. Ce même diagramme peut aussi permettre d’élaborer un guide d’évaluation du produit soulignant les critères à respecter au niveau des modalités mises en jeu dans l’utilisation du produit (DMA5). Nous avons mis en œuvre l’outil DMA dans le cadre d’un projet de définition d’un Cahier des Charges d’Evaluation Handicap de terminaux mobiles pour un opérateur français de téléphonie mobile. Notre utilisation s’est arrêtée au stade DMA3 et n’a pas été étendue à un processus de conception complet, néanmoins cette méthode a été appréciée pour ses qualités de synthèse des données recueillies lors de l’analyse de l’existant et de l’analyse des besoins des utilisateurs. Le processus de conception présenté en figure 4 inclut la possibilité de retours en arrière vers DMA3 ou DMA4 afin de les corriger en fonction des résultats d’évaluation de la maquette ou du prototype, et ainsi d’opérer une boucle d’amélioration du produit. La méthode DMA n’ayant pas été appliquée à toutes les étapes du processus de conception, elle manque sans doute de maturité à l’heure actuelle. Son utilisation tout au long de la démarche de conception devrait permettre d’évaluer sa pertinence pour chaque étape et éventuellement de l’améliorer. Nous pouvons aussi envisager d’expérimenter son usage par différents acteurs CONCLUSION La méthode de Décomposition Multimodale de l’Activité proposée dans cet article peut s’avérer être un outil d’aide à la conception permettant la prise en 191 7. Navarre, D. Contribution à l'ingénierie en Interaction Homme Machine - Une technique de description formelle et un environnement pour une modélisation et une exploitation synergiques des tâches et du système: Thèse de l'Université de Toulouse, 2001. de la conception afin d’évaluer ses coûts et ses bénéfices. Car si la DMA propose une logique de fonctionnement qui se veut intuitive, empruntée aux réseaux de Petri, il s’avère nécessaire de s’accoutumer, par apprentissage, au formalisme graphique. BIBLIOGRAPHIE 1. Abed, M., Bernard, J.M., and Angué, J.C. Task analysis and modelization by using SADT and Petri Networks. In Proceedings of European Conference on Human Decision Making and Manual Control, 1991. 8. Oviatt, S.L. Multimodal interfaces. In J.A. Jacko and A. Sears (Ed.) The Human-Computer Interaction Handbook: Fundamentals, evolving technologies and emerging applications, Lawrence Erlbaum Associates, Mahwah, NJ. 2003, pp. 286304. 2. Annett, J. and Duncan, K.D. Task analysis and training design. Occupational Psychology, 41, 1967, pp. 211-221. 9. Plos, O. and Buisine, S. Universal design of mobile phones: A case study. In Proceedings of CHI'06 International Conference on Human Factors in Computing Systems (work-in-progress), ACM Press, 2006, pp. 1229-1234. 3. Card, S.K. and Moran, T.P. The Keystroke-Level Model for user performance time with interactive systems. Communication of the ACM, 23, 1980, pp. 396-410. 10. Scapin, D.L. and Bastien, J.M.C. Analyse des tâches et aide ergonomique à la conception: L'approche MAD*. In C. Kolski (Ed.) Analyse et Conception de l'IHM, Hermès Science Publications, Paris. 2001, pp. 85-116. 4. Card, S.K., Moran, T.P., and Newell, A. The Psychology of Human Computer Interaction. Hillsdale, N.J.: Erlbaum, 1983. 5. Ezzedine, H. and Kolski, C. Modelling of cognitive activity during normal and abnormal situations using Object Petri Nets, application to a supervision system. 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Or, il n’est pas rare de constater que des barrières soient désactivées sciemment par les opérateurs humains. Ce type de comportement est appelé un franchissement de barrières. Afin d’améliorer la sécurité des systèmes il est primordial de comprendre les raisons poussant les opérateurs humains à commettre ces comportements erronés. Il est également important de pouvoir anticiper ces comportements déviés afin de mettre en place des moyens de sécurisation adaptés. Ces comportements sont qualifiés d'erronés en référence à la définition de l'erreur humaine en sûreté de fonctionnement : « Écart entre le comportement de l’opérateur humain et ce qu’il aurait dû être, cet écart dépassant des limites d’acceptabilité dans des conditions données » [17]. Cet article présente dans un premier temps le cadre théorique du franchissement de barrière. Une seconde partie propose deux méthodes de prédiction des franchissements de barrières. Les résultats des deux approches sont ensuite comparés. Une dernière partie tire les conclusions de cette étude préliminaire et propose des perspectives de recherche. Cet article présente deux modèles de prédiction de comportements humains erronés particuliers : les franchissements de barrières qui sont des non-respects volontaires, i.e. des violations, de barrières de sécurité [1]. L’analyse de ce type de comportement suit les caractéristiques du modèle BCD qui détermine les bénéfices, coûts et déficits potentiels qui sont associés à ces franchissements de barrières et qui motivent leur occurrence. Deux modèles sont proposés : un basé sur le raisonnement à partir de cas, un second basé sur un réseau de neurones. Ils sont validés et comparés à partir de résultats d’une campagne expérimentale de simulation de conduite automobile. MOTS CLES : Fiabilité Humaine, violations, conduite automobile, réseau de neurones, Raisonnement à partir de cas. ABSTRACT This paper purpose two model in order to predict particular erroneous human behaviour : barrier removal which correspond to intentional non-respect (i.e. violation) of safety rules, or safety equipment [1]. The analysis of this kind of behaviour may be supported by the BCD model determining benefit, cost and deficit associated to the barrier and motivating its removal. Two models are proposed : the first one, the case-based reasoning, and the second one, a neural network oriented approach. The preliminary results obtained with these methods are presented. The data come from an experimental campaign in car driving simulation. LE FRANCHISSEMENT DE BARRIÈRE La majeure partie des méthodes d’analyse de la fiabilité humaine se base sur des typologies d’erreurs humaines. La typologie proposée par Reason [3] est certainement l’une des plus utilisée (Cf. figure 1). KEYWORDS : Human Reliability, violations, car driving, neural network, Case-Based Reasoning. INTRODUCTION La majeure partie des systèmes industriels comporte des risques liés à leur exploitation. Afin de diminuer ces risques, les concepteurs mettent en place des moyens de prévention et/ou protection appelés barrières. Hollnagel [2] définit la barrière comme un obstacle, une obstruction ou une gêne qui peut soit (1) prévenir l’exécution d’une action ou l’apparition d’un événement, soit (2) prévenir Figure 1: typologie des erreurs humaines selon Reason [3]. 193 Deux catégories d’erreurs sont retenues les erreurs intentionnelles (les ratés, les lapsus et les fautes) et les erreurs intentionnelles (les violations). Notre objectif est de déterminer s'il est possible de prédire le comportement d'un opérateur humain face à des barrières en ne se basant que sur l'observation du comportement en cours, de l'opérateur. Les méthodes d’analyse de la fiabilité humaine se focalisent essentiellement sur les erreurs nonintentionnelles, pour lesquelles il est possible de calculer des probabilités d’occurrence. La plupart des méthodes ne sont pas adaptées pour l’analyse des violations. Une analyse spécifique des violations doit être réalisée afin d’en déterminer les causes. En effet, les violations sont une conséquence inévitable de la recherche de performance dans les systèmes sociaux techniques complexes. C'est le point de vue de Diane Vaughan dans sa célèbre analyse de l'accident de Chalenger, pour qui les « derives normales » sont placées au coeur des causes d'accidents[11]. Nos approches doivent tenir compte du fait que nous n'avons pas de connaissances formalisées sur le domaine. Par conséquent, nous proposons deux approches : l'une basée sur les réseaux de neurones, la deuxième basée sur le raisonnement à partir de cas. Pour ce faire, le contexte expérimental retenu a été la conduite automobile. Il s'agit en effet, d'un contexte où les franchissements de barrières (infractions au code la route) sont importants. PRÉSENTATION DE LA CAMPAGNE EXPÉRIMENTALE Polet et al. [4] proposent un modèle explicatif (le modèle BCD) du franchissement de barrière. Pour ce faire, une approche multi-critères est nécessaire. En effet, l’opérateur humain, lors de la réalisation de ses tâches, tient compte de différents critères tels que la productivité, la qualité des produits réalisés, sa charge de travail, la sécurité… . Son objectif est d’optimiser son activité afin de maximiser ces critères. Le LAMIH dispose d'un simulateur de conduite grande échelle (cf . figure 2). Le respect de barrières constitue dans certains cas des contraintes pour l’opérateur. Par exemple, cela implique une augmentation de la charge de travail de celui-ci en obligeant l’arrêt d’une ligne de production pour effectuer une opération de maintenance. En effet, certains dispositifs de sécurité empêchent toute intervention sur un outil quand il est en marche. Figure 2 : Le simulateur de conduite du LAMIH. Selon ces auteurs, un franchissement de barrière est une dérive comportementale intentionnelle dont les conséquences sur la situation courante peuvent être analysées suivant trois paramètres d’évaluation multicritère. Pendant l'expérimentation, 22 sujets ont été confrontés deux ou quatre fois à trois types de barrières : le respect de la ligne continue, un stop et une intersection avec priorité à droite. L'étude présentée dans cet article concerne unique ment les situations d'intersections avec priorité à droite devant être respectées par le sujet (cf. figure 3). - Un bénéfice immédiat qui représente le gain associé au non-respect de la barrière. - Un coût immédiat qui est une perte acceptable pour l’utilisateur afin d’atteindre le bénéfice attendu. Il est physique lors du retrait de la barrière, puis cognitif afin de contrôler le déficit potentiel. - Un déficit potentiel est une perte inacceptable due à un échec possible du franchissement de barrière. Ce modèle a démontré son utilité pour expliquer les franchissements de barrières. Néanmoins, il nécessite a priori, d'avoir identifié les bénéfices, coûts et déficits perçus par l'opérateur. Ces données ne sont pas toujours disponibles. Figure 3: situation d'intersection avec règle de priorité à droite. Différentes données durant l'expérimentation ont été enregistrées par le simulateur de conduite pour chaque 194 sujets : le numéro d'ordre de la situation, le nombre de fois où le sujet était confronté à cette situation (2 ou 4), les vitesses d'approche à l'intersection, les rapports de boite de vitesse, la position des pédales d'accélérateur et de frein, l'angle du volant. Un neurone intègre en général une sommation p des entrées xi pondérées par des poids wi et une transformation de cette pondération par une fonction F(p), (cf. figure 5). Par ailleurs des indicateurs ont été calculés. En effet, un véhicule se déplace dans un environnement avec lequel il peut interagir. A tout moment, il est possible de calculer dans une fenêtre temporelle, les points qui pourront être atteints par le véhicule. Certains de ces points correspondent à des point de collision (cf. figure 4). Figure 5 : Principes d’un réseau de neurones. Les entrées xi d’un neurone peuvent être externes à un réseau de neurones ou être les sorties d’un de ces derniers. Différentes connexions peuvent alors être déterminées à partir des flux de transfert de l’information dans un réseau donné. Par exemple, dans une connexion récurrente, le calcul de la sortie d’un neurone est un processus en boucle fermée alors que dans une connexion directe, il est en boucle ouverte. Figure 4 : prévision des points atteignables par un véhicule en mouvement. 3 indicateurs ont été élaboréss : • La sécurité (S), qui est évaluée comme suit = ∑ , ou tac représente le temps avant collision. • • le degré de liberté (DL) : L'espace libre autour du véhicule E Les travaux de Kohonen [5] basés sur les cartes auto-organisatrices ont été appliqués pour prédire les décisions de franchissements de barrières. Une carte auto-organisatrice est le résultat d’un réseau récurrent de k neurones à n entrées et k sorties. Elle permet d’établir une cartographie des distributions de données en propageant par calcul de similarité la sortie d’un neurone sur les neurones voisins. On peut imaginer que le fonctionnement de ce réseau se présente sous la forme d’une série de n harpes à k cordes désaccordées et dont les notes initiales sont inconnues. La phase d’apprentissage du réseau permet alors d’accorder toutes les harpes en fonction des avis des opérateurs humains et de déterminer le meilleur accord commun. L'analyse à posteriori des situations a permis de statuer sur le comportement (respect ou non de la priorité à droite). Dans chacune des situations un véhicule se trouvait à la droite du véhicule du sujet. Si le sujet ne laissait pas passer le véhicule à droite on constatait un refus de priorité (noté FB). Chaque situation a donc été décrite selon un vecteur d'entrées utilisable soit par un réseau de neurone ou un raisonnement à partir de cas. Les valeurs initiales des poids wi sont fixées arbitrairement mais sont remises à jour successivement afin de déterminer le modèle reproduisant le plus fidèlement possible le comportement des données d’entrée. Ces dernières sont implantées dans le réseau sous la forme d’un vecteur d’entrée x={x1, x2, …, xn}. La sortie du réseau est un autre vecteur y={y1, y2, …, yk}. A la première itération, la sortie yi de chaque neurone est alors L'APPROCHE BASÉE SUR LES RÉSEAUX DE NEURONES Un réseau de neurones permet de copier partiellement le traitement de l’information effectué par des opérateurs humains. Il est composé d’une série de neurones interconnectés et agissant de manière à résoudre une tâche donnée [5]. La tâche à modéliser ici est le respect ou le franchissement, par les utilisateurs d’une machine donnée, de barrières techniques prévues par les concepteurs de celle-ci. = ∑ = où le poids du neurone i est le vecteur wi={wi1, wi2, …, win}. Avant d’entamer les itérations 195 suivantes pour le calcul de nouvelles sorties jusqu’à la fin de la phase d’apprentissage, le réseau recherche le neurone i0 à partir d’une fonction de similarité prédéfinie : − = − $ $% $& $& $& $'& $'& $'&(& $& $& $&$) . Le réseau remet ensuite à ← jour les poids de ce neurone ainsi que ceux des neurones voisins en appliquant la règle suivante : ⎡ ⎤ ← + α ⎣ − ⎦ , étant une fonction de ré- ajustement d’un poids à partir d’une distance donnée. Dans l’étude de faisabilité de prédiction des franchissements de barrières, les vecteurs d’entrée contiennent une série d’informations relatives aux franchissements de barrières FB. Ces vecteurs sont notés xj(xj1, xj1, xj1, xj2, xj2, xj2, …, xji, xji, xji, FBj). Dans la phase d’apprentissage, tous les paramètres d’un vecteur d’entrées sont connectés à tous les neurones du réseau afin de déterminer celui qui a le vecteur de poids (wi1, wi2, wi3, … win) le plus proche du vecteur d’entrée proposé, figure 3. Les poids sont remis à jour afin de structurer le réseau de neurone et d’accentuer les liens entre chaque neurone (cf. figure 6). ← # ! - " * + , Figure 7 : Algorithme de prédiction avec le réseau de neurones. L'APPROCHE RAISONNEMENT À PARTIR DE CAS (RÀPC) Le RÀPC trouve tout son intérêt quand on désire résoudre des problèmes issus d’un domaine pour lequel les connaissances sont incomplètes et/ou non formalisées. Il ne peut s’appliquer que pour des problèmes pour lesquels des solutions à des problèmes similaires sont connus. Le RÀPC constitue, par conséquent, un outil de capitalisation et d’apprentissage des connaissances. Le RÀPC consiste à rechercher un cas similaire au problème parmi ceux déjà rencontrés et de réutiliser la solution et/ou le raisonnement employé dans le cas déjà enregistré (cf. figure 8). Bien évidemment le cas enregistré est rarement identique au problème traité. On distingue 2 types de RÀPC [6]: • Le RÀPC de résolution a pour objectif de rechercher la solution d’un problème précis. Il consiste à trouver un chemin, par une suite d’actions ou d’inférences, entre les données d’un problème, et une ou plusieurs solutions. • Le RÀPC d’interprétation permet l’interprétation d’une situation nouvelle par confrontation à un ensemble de situations mémorisées. Il consiste à évaluer des situations ou des solutions, et donc de comparer et contraster des cas pour interpréter une situation. Figure 6: Phase d’apprentissage du réseau de neurones. Pour la phase d’apprentissage, le paramètre FBj est supprimé du vecteur d’entrée afin de le prédire à partir du neurone gagnant déterminé en fonction des autres caractéristiques. La valeur qui lui est associée est alors de 1 si le poids wi0n du neurone gagnant qui correspond au paramètre FBj dépasse 0,5, et de 0 sinon (i.e. pas de franchissement de barrière). Ce résultat est ensuite comparé avec la valeur réelle observée afin de calculer un taux de prédiction correcte pour chaque itération, figure 7. Les travaux présentés dans cet article s’inscrivent dans l’interprétation de situation. 196 Dans de nombreuses situations, les étapes d’adaptations et d’améliorations sont facultatives. Ainsi le RÀPC est utilisé pour rechercher le cas connu le plus proche (au sens de la similarité) du cas cible. A la différence d'un réseau de neurones, le RÀPC est opérationnel dès qu'un cas est enregistré dans la base de cas. RÉSULTATS DES PRÉDICTIONS DES DEUX APPROCHES Nous avons comparé les capacités prédictives des deux approches. Le but était de prédire le comportement (FB ou non) d'un conducteur pour chaque situation. Pour chaque approche un nombre minimal (N) de situations a constitué soit la base de cas, soit les données d 'apprentissage. Puis, les situations suivantes ont été prédites. Nous avons fait varier N de 1 à 91 pour le RÀPC, et de 10 à 91 pour le réseau de neurones. Pour chaque itération de N les prédictions ont été comparées avec les comportements observés. Les taux de prédictions ont donc été calculés pour chaque itération que ce soit pour le réseau de neurones ou le RÀPC (Cf. figures 9 & 10). Figure 8 : Les différentes étapes du cycle du RÀPC, d'après Slade [7] et Haton [8] . Un cas est un ensemble de conjonctions de descripteurs, appelés également dimensions. Le problème lié à la représentation des cas consiste à déterminer les descripteurs utiles et nécessaires pour décrire une situation. Dans le cas d’un RÀPC de résolution, la description du cas comprendra tous les éléments ayant servi à sa résolution. La détermination des descripteurs utiles aux étapes futures du raisonnement est une des phases les plus importantes pour le RÀPC. Ces descripteurs sont exprimés en fonction des connaissances du domaine d’application. Leur détermination nécessite donc une bonne compréhension du domaine et de la tâche à réaliser. Les cas sont organisés dans une mémoire de cas appelée base de cas. Les cas sont des expériences réelles qui se présentent sous la forme : Triplet<P,S,J> où : • • • Prédiction par le réseau de neurones Figure 9 : Taux de prédiction du réseau de neurones en fonction du nombre de situation pris en compte pour l'apprentissage. P est la description du problème S est la solution du problème J est la justification de la solution La courbe d'apprentissage du réseau de neurones montre combien la phase d'apprentissage reste une étape conséquente. En effet les résultats sont fortement dispersés. Néanmoins, le taux de prédiction oscille entre 70 et 80% à partir de N=80. Si cible est le problème actuel alors résoudre_cible revient à choisir un problème source auquel est associé une solution sol(source), et à adapter cette solution pour produire sol(cible) [9]. L’appariement de cas [10] peut alors faire appel à : • la recherche des correspondances entre descripteurs, • le calcul du degré d’appariement des descripteurs, • la pondération éventuelle des descripteurs dans le cas. La notion de similarité, au sens le plus large du terme, est traitée dans de nombreux domaines tel que l’analyse de données, la psychologie cognitive ainsi que l’intelligence artificielle. 197 raction de ces barrières avec le conducteur doit être étudiée de manière approfondie. En effet, ces barrières ne seront efficaces que si elles prédisent correctement l'intention du conducteur et si leur déclenchement est toléré par celui-ci. Sinon, ces barrières seront franchies et n'auront pas d'intérêt pour la sécurité. REMERCIEMENTS Les travaux présentés dans cet article s'inscrivent dans le cadre du pôle ST2 (Sciences et technologies pour la Sécurité dans les Transports), du thème 4 (Facteurs humains : défaillances et parades). BIBLIOGRAPHIE Figure 10 : Taux de prédiction du RÀPC, en fonction du nombre de cas insérés dans la base de cas. [1] POLET P. (2002). Modélisation des franchissements de barrières pour l'analyse des risques des systèmes homme-machine. Mémoire de Doctorat, Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis, Valenciennes, France, décembre. Le RÀPC donne un taux de prédiction supérieur à 90% à partir de N=15 (le taux de prédiction moyen 91%). Le RÀPC semble, dans, cette étude moins sensible à la variation des cas dans la base (ajout de nouveau cas). Le raisonnement à partir de cas permet d'obtenir rapidement (peu de cas dans la base) des taux de prédiction très satisfaisants. [2] Hollnagel, E. 1999. Accident and barriers. 7th European Conference on Cognitive Science Approaches to Process Control, pp175-180, Villeneuve d’Ascq, France. CONCLUSION ET PERSPECTIVES [3] J. Reason, (1990) Human error, Cambridge University Press, Cambridge, 1990. Cette étude comparative a démontré expérimentalement que la prédiction du comportement dévié des opérateurs humains, correspondant à des violations, était possible. Cette prédiction réalisée dans le cadre de la conduite automobile ne s'est basée que sur des données objectives. [4] Polet, P., Vanderhaegen, F., Wieringa, P. Theory of safety related violation of system barriers. Cognition Technology & Work, 4, 171-179. 2002. [5] T. Kohonen, 2001. « Self-Organizing Maps », Third Edition, Springer : New York, 2001. Deux approches ont été proposées : l'une basée sur les réseaux de neurones, l'autre sur le raisonnement à partir de cas. La comparaison de ces deux approches montre que le RÀPC est plus appropriée dans les situations où le retour d'expérience est faible. [6] Bichindaritz (1994), Apprentissage de concepts dans une mémoire Dynamique : Raisonnement A Partir de cas adaptable a la tache cognitive, thèse de doctorat, Paris V. D'autre études devront être menées pour l'étude de situations différentes : respect de STOP, respect de ligne continue... Par ailleurs, les deux approches devraient être comparées avec un retour d'expérience plus important, afin de confirmer ou infirmer la comparaison préliminaire présentée dans cet article. [7] Slade S., Case-Based Reasoning: a research paradigm. AI Magazine, 12 (1), pp42-55, 1991 [8] Haton J-P, (1991), Le raisonnement en intelligence artificielle : Modèles, techniques et architectures pour les systèmes à base de connaissances, InterEditions, Paris, 1991. Par ailleurs, des données concernant le profil de conducteur devraient être intégrées. En effet, certains facteurs tels que l'age, le sexe, le kilométrage annuel semblent, selon certains auteurs ([12], [13], [14], [15]), favoriser l'apparition de violations en conduite automobile. [9] Mille A. et Napoli A. (1997), Aspect du raisonnement à partir de cas in PRC-GDR IA’97, Hermes,1997. [10] Rougerez-Loriette S. (1994), Prédiction de processus à partir de comportements passés : le système REBECAS. Thèse de doctorat de l’université de Paris VI 1994. Les travaux présentés dans ce papier nous permettent d'envisager l'élaboration de systèmes embarqués afin d'améliorer la sécurité du conducteur. Ces systèmes embarqués formeraient un second niveau de barrières. L'inte- 198 drivers, Accident Analysis and Prevention 35 (2003) 903–912. [11] Vaughan, D. 1996 The challenger launch decision: risky technology, culture, and deviance at NASA, University of Chicago press. [15] Cheng-qiu Xie, Dianne Parker, A social psychological approach to driving violations in two Chinese cities, Transportation Research Part F 5 (2002) 293–308 [12] Per-Arne Rimmö, Lars Åberg,. On the distinction between violations and errors: sensation seeking associations., Transportation Research Part F 2 (1999) 151166, 1999. [16] Alain VERNET. Comportements, personnalité, conduite des v6hicules automobiles, Recherche - Transports - Sécurité, Volume 72, July-September 2001, Pages 5670. [13] Jerry L. Deffenbacher ,David M. Deffenbacher, Rebekah S. Lynch, Tracy L. Richards. Anger, aggression, and risky behavior: a comparison of high and low anger drivers, Behaviour Research and Therapy 41 (2003) 701–718. [14] Michael A. Gebers , Raymond C. Peck. Using traffic conviction correlates to identify high accident-risk [17] Villemeur A., Sûreté de fonctionnement des sytèmes industriels, Collection de la direction des études et recherches d’EDF, Eyrolles, 1988. 199 La programmation sur exemple : principes, utilisation et utilité pour les applications interactives Loé SANOU – Patrick GIRARD – Laurent GUITTET Laboratoire dInformatique Scientifique et Industrielle (LISI / ENSMA) Téléport 2 -1, avenue Clément Ader BP 40109 86961 Futuroscope, France [sanou, girard, guittet]@ensma.fr On peut pourtant considérer que la recherche de solutions à ce problème, dans les années 1980, constitue le point de départ des travaux sur le « End-User programming ». Ainsi, la première réponse a consisté à permettre à l’utilisateur d’adapter son application à ses besoins propres, au moyen de choix prédéfinis, les « Préférences », présentes aujourd’hui dans la majorité des logiciels. Tout naturellement, l’étape suivante a consisté en la possibilité d’adapter l’interface, par exemple en modifiant les items de menus mis à disposition de l’utilisateur. On appelle cette technique la « personnalisation ». Des solutions adaptatives ont ensuite été utilisées avec plus ou moins de bonheur. Les menus « adaptatifs » de certaines versions de MS-Word© ont ainsi été proposés, puis éliminés. RESUME La programmation sur exemple, issue du besoin d’adaptation des applications interactives aux activités de l’utilisateur, recouvre toute une série de techniques, allant de l’enregistrement-rejeu à l’inférence de règles à partir des interactions de l’utilisateur. Dans ce travail, nous analysons les principes qui sous-tendent la programmation sur exemple, et montrons que, à travers une utilisation de plus en plus large, elle constitue une solution pertinente pour certaines classes de problèmes où elle était jusqu’à présent peu utilisée. MOTS CLES : Programmation sur exemple, Adaptabilité, Adaptativité, Assistance, Tests dinterfaces. ABSTRACT Programming by Demonstration, which comes from the need to adapt interactive applications to users’ activities, stands for some techniques, starting from recording/replaying to rule inference from user interactions. In this work, we analyse the underlying principles of Programming by Demonstration. Then, we demonstrate how, through an increasing usage, it constitutes a pertinent solution for some problem classes, where it has not been largely used yet. Toutes ces techniques présentent néanmoins l’inconvénient de manquer singulièrement de puissance d’expression. On ne peut en effet ni créer une nouvelle commande par assemblage de commandes existantes, ni même automatiser des enchaînements de commandes. Afin d’augmenter les possibilités d’adaptation, il était tentant de revenir aux principes simples et universels de la programmation. Des langages de scripts ont ainsi été conçus, permettant d’obtenir le degré de puissance souhaité. Malheureusement, cette technique, qui nécessite la maîtrise des principes de la programmation, s’avère inutilisable pour l’utilisateur « commun », le « end-user » des anglo-saxons. Des techniques d’enregistrement de macros ont alors vu le jour, tout particulièrement dans le domaine des systèmes iconiques [16, 17]. La programmation devenait accessible au « end-user ». KEYWORDS : Programming by demonstration, examplebased programming, Adaptable, Adaptative, Assistance, User Interface Testing INTRODUCTION Depuis l’avènement des interfaces graphiques, les logiciels ont globalement évolué vers une augmentation des fonctionnalités. Les logiciels de bureautique, comme MS-Word© ou MS-Excel©, qui contiennent aujourd’hui plusieurs centaines de fonctions, en sont la parfaite illustration, au point que la majorité des utilisateurs ne connaissent pas, et donc n’utilisent pas, la plus grande part de leurs fonctions. Cette course en avant sur les fonctionnalités aboutit à imposer à l’utilisateur des interfaces de plus en plus lourdes, où les menus s’allongent, et où le nombre d’interactions purement articulatoires augmente de façon déraisonnable. L’émergence des techniques post-WIMP a engendré très récemment une salutaire remise en cause de cette tendance [2]. L’utilisation accrue de l’image a conduit à jeter les bases de la programmation dite visuelle (« Visual Programming »[12]). Cette dernière s’appuie sur le fait établi que, dans la majorité des cas, la symbolique de l’image apporte une information beaucoup plus importante qu’une simple représentation textuelle. Dans le domaine de la programmation, de nombreux systèmes ont ainsi été développés. Cependant, une compréhension des principes de la programmation est là encore nécessaire. Audelà de la simple utilisation de l’image, c’est sur celle de l’exemple que se sont concentrés les travaux. L’idée générale est que tout raisonnement autour de l’exemple est 201 plus intuitif qu’un raisonnement abstrait. C’est ainsi qu’ont vu le jour les systèmes « avec exemple » (Programming with example), qui permettent l’exécution immédiate de l’exemple en cours de construction, et surtout les systèmes « sur exemple » (Programming by Example ou Programming by Demonstration, que nous appellerons PsE par la suite) [10]. Naissance dun concept Pygmalion [6] est considéré comme l’un des tous premiers systèmes relevant de la PsE. Son objectif est de permettre la construction d’un programme en s’appuyant sur un exemple. L’environnement du système, semi graphique, est basé sur la métaphore du « tableau noir » : la zone de travail est vue comme un tableau où le programmeur peut « dessiner » ses idées. La figure 2 présente l’environnement Pygmalion lors de la réalisation d’un exemple : la fonction « factorielle ». Pygmalion est à l’origine du concept d’icône disposant à la fois d’une image, d’un contenu (du texte pour une icône du document), et d’un comportement (déplacement d’une icône par « Drag and Drop »). Pygmalion fournit un menu permettant d’accéder aux icônes et aux opérateurs portant sur ces icônes. Lorsque Pygmalion est en mode enregistrement, une zone d’historique (« remembered ») affiche les deux dernières actions exécutées. Le système dispose aussi d’une zone où le programmeur peut taper et évaluer des expressions écrites en Smalltalk. La figure 1 ci-dessous représente une illustration des différentes approches exposées précédemment, selon l’axe de l’engagement par rapport à l’exemple, et de la puissance d’expression de ces solutions. Figure 1 : Illustration des différentes approches Au-delà de cette trame historique, la programmation sur exemple (PsE) a été expérimentée dans des domaines très variés. Elle apparaît par exemple dans des applications grand public, comme MS-Excel© par exemple. Certains champs d’application ont exploité ses fondements avec beaucoup de réussite, comme la conception technique [11]. Enfin, la « End-User Programming » apparaît dans de nombreuses conférences et workshops. Le présent papier a pour but de présenter une synthèse des principes, de l’utilisation et de l’utilité des systèmes de programmation sur exemple, qui nous conduira à explorer de nouvelles pistes où sa généralisation nous semble souhaitable. Notre exposé sera découpé en trois points. Dans un premier temps, nous décrivons quelques systèmes de PsE afin d’illustrer de façon concrète notre propos. Dans une deuxième partie, nous analysons les principes sous-jacents. Enfin, nous proposons des axes où il nous semble que la généralisation de son utilisation apporte des solutions originales et efficaces. Figure 2 : Pygmalion : Réalisation de la fonction « factorielle ». Pygmalion fournit des représentations graphiques standard d’opérateurs arithmétiques et booléens. Pour réaliser la fonction « factorielle » par exemple, on commence par allouer une icône. Ensuite l’utilisateur lui associe deux sous icônes pour représenter l’argument et la valeur de la fonction, et il dessine un symbole pour la représenter (figure 2). On rend la bordure invisible et on associe un nom avec l’icône par une commande « define ». Le système effectue alors une capture d’écran : la zone de travail sera restaurée dans cet état chaque fois que la fonction sera appelée. L’appel de la fonction « define » fait basculer le système en mode enregistrement. On peut alors spécifier le comportement de la fonction, à l’aide d’un exemple. QUELQUES EXEMPLES Les systèmes de PsE couvrent une grande variété d’applications. Nous décrivons ici quelques systèmes représentatifs des différentes notions que nous détaillerons dans la section suivante. 202 Des macros iconiques Le domaine de la conception technique Le domaine des macros est, comme nous l’avons dit en introduction, un domaine privilégié de la programmation par l’utilisateur final. Des systèmes plus ou moins graphiques et interactifs ont été développés, et des révisions modernes sont proposées, comme Automator dans le système Mac OS X, permettant d’automatiser des tâches répétitives comme le renommage de fichiers. SmallStar [16] est une des premières tentatives pour adapter une technique graphique de PsE à cette problématique. SmallStar est une simulation de l’interface graphique du système d’exploitation Star de Xerox [28] à laquelle des capacités de PsE ont été rajoutées. C’est le premier système de PsE destiné au grand public (i.e. des utilisateurs n’ayant pas de connaissance préalable de la programmation) dans le but d’automatiser les tâches répétitives souvent rencontrées lorsqu’ils utilisent Star. Le domaine de la conception technique (incluant en particulier la CAO, conception assistée par ordinateur) a pleinement assimilé les techniques de la PsE, au point qu’aujourd’hui, les systèmes dits paramétriques, les plus utilisés au plan industriel, fondent leur modélisation sur des principes de PsE. Example Based Programming [25], (EBP) est un exemple d’environnement de développement de programmes paramétrés, susceptibles de générer des comportements standard. Il permet en particulier de mettre au point par manipulation directe et visuelle les programmes générés. EBP utilise des techniques de programmation sur exemple permettant la création de familles de composants standard portables par des utilisateurs de systèmes de conception assistée par ordinateur. Figure 4: Environnement EBP. Le système EBP manipule des entités géométriques simples (points, droites infinies, segments, cercles, arcs, etc.) et des entités structurées (courbes, surfaces planes et ensembles structurés). La plupart des contraintes résultant des règles de dessin technique sont supportées. EBP permet de spécifier interactivement, de façon graphique un programme contenant des structures de contrôle usuelles et offre la possibilité de générer du code. La programmation sur exemple est réalisée dans EBP via un mode enregistrement des appels de fonctions du système. Les programmes au sein d’EBP (où ils sont nommés « instances ») sont séparés des exemples. EBP espionne l’utilisateur et construit une instance après l’activation du mode enregistrement. Le passage en mode utilisation permet à l’utilisateur d’exploiter cette instance. Lors de l’exécution de l’instance en mode enregistrement, la définition de la valeur du paramètre effectif est constituée d’une expression quelconque mettant en jeu des entités ou des paramètres du programme appelant. EBP comporte des structures de contrôle complètes. Les sous-programmes, les alternatives et les répétitions sont totalement disponibles. Figure 3: Bureau SmallStar. Star utilise la métaphore du bureau avec les icônes représentant les différents objets du système (programmes, imprimantes, documents, formulaires, boîtes aux lettres, tableaux, etc.). Dans SmallStar, pour créer un programme, l’utilisateur commence par ouvrir une icône programme puis presse le bouton « Start Recording » pour démarrer l’enregistrement. Il effectue ensuite les étapes nécessaires puis presse le bouton « Stop Recording » pour arrêter l’enregistrement. Une fois la phase d’enregistrement du programme terminée, l’utilisateur doit effectuer les généralisations nécessaires. Pour chaque type d’objet présent dans le système, y compris les commandes enregistrées, SmallStar propose un ensemble de descripteurs de données présenté à l’utilisateur dans une boîte de dialogue. L’utilisateur spécifie explicitement, au moyen d’interfaces textuelles dirigées, les structures de contrôle et les descripteurs de données. Une commande sous SmallStar possède un nom et un ensemble d’arguments ; elle peut impliquer plusieurs actions de la part de l’utilisateur. 203 Eager fait partie des systèmes qui cherchent à déduire des actions de l’utilisateur ses intentions, pour lui proposer son aide lorsque certains patterns d’interaction, comme une répétition, sont reconnus. De nombreux systèmes ont suivi cette voie, permettant dans certains cas de créer de nouvelles règles à partir des exemples. Enseignement, éducation, simulation Fournir une assistance, par l’exemple, à la compréhension des mécanismes de programmation est un thème important dans les systèmes de PsE. Un environnement d’initiation à la programmation et basé sur l’exemple est MELBA [13] (Metaphors-based Environment to Learn the Basics of Algorithmic). C’est un système d’apprentissage composé de trois zones : l’espace du programme qui permet de représenter et d’éditer celui-ci, une zone sémantique (représentant l’exécutant) et une zone pragmatique (représentant graphiquement le sujet du programme). Chaque zone est interactive et la cohérence de l’ensemble est assurée par des mécanismes de programmation sur ou avec exemple. MELBA est un environnement très souple, qui ne préjuge pas de la méthode utilisée pour appréhender les principes de la programmation. Ainsi, l’utilisateur peut-il partir de son savoir-faire sur la tâche et induire un programme avec l’aide du mécanisme de programmation sur exemple ou au contaire chercher à comprendre un programme grâce à l’animation de la zone de la tâche [15]. Figure 6: Anticipation de commande dans le menu Eager. Après ces quelques exemples, nous analysons, dans la section suivante, les principes qui fondent la PsE. PRINCIPES DES SYSTEMES DE PSE La différence essentielle entre la programmation avec exemple et la programmation sur exemple réside dans le fait que cette dernière s’appuie sur une manipulation concrète de l’exemple. De fait, la technique de base consiste à implanter dans un système interactif un système d’enregistrement-rejeu, cher aux systèmes de macros sur exemple [19, 23]. Lenregistrement-rejeu Dans l’utilisation de la PsE, il convient de distinguer deux modes qui s’ajoutent ou se superposent à l’utilisation interactive classique du système. Le premier mode est le mode « enregistrement », pendant lequel le système enregistre les actions de l’utilisateur pour construire une trace. Cet enregistrement peut être explicite, comme dans les systèmes de macro, ou implicite comme dans Eager [4]. Dans le premier cas, l’application dispose d’un outil de type « panneau de contrôle de système enregistreur », avec les fonctions « RECORD », « PLAY », « STOP », ou encore « PAUSE » (figure 7). Figure 5: Environnement MELBA après chargement des données d’un exercice. Assistance à lutilisateur Eager [5] est un système emblématique de la PsE. Il permet d’automatiser les tâches répétitives, comme par exemple constituer automatiquement une liste numérotée de titres de documents. Il prend en compte le fait que l’utilisateur ne réalise pas toujours immédiatement qu’il peut créer un programme pour accomplir la tâche qui l’intéresse. Eager observe en permanence le comportement de l’utilisateur pour essayer de prédire ses prochaines commandes. Il anticipe la commande suivante de l’utilisateur sans l’exécuter lorsqu’il détecte une boucle. Pour cela, il propose à l’utilisateur la prochaine action à effectuer, à charge pour lui de le confirmer. La figure 6 illustre l’étape où Eager (le petit chat) propose la prochaine action à l’utilisateur. Si celui-ci confirme l’inférence d’Eager, ce dernier est en mesure de terminer automatiquement la tâche. Figure 7 : Un panneau de contrôle d’enregistrement-rejeu, ici dans l’application Jacareto 1 Ce principe est poussé à son paroxysme dans les systèmes dits paramétriques, qui modélisent leurs données 1 204 http://jacareto.sourceforge.net/ Grammex [21] et StageCast Creator [3] sont deux autres exemples de ce niveau d’enregistrement. 5. Le dernier niveau concerne le niveau pragmatique. Ici, on ne considère que les actions du système qui ont un rôle dans la résolution du but final de l’utilisateur. Les actions articulatoires, ainsi que les opérations non constructives ne sont pas enregistrées. Les systèmes paramétriques en conception technique en sont la parfaite illustration. Comme il est expliqué dans [31], ce sont les données mêmes de l’application qui enregistrent leur historique de construction, ce qui permet de les rejouer après d’éventuelles modifications de paramètres. comme un historique d’actions constructives, enregistré au cours de la construction interactive de l’objet. Le niveau d’enregistrement peut être très différent selon les systèmes. Les travaux menés sur les systèmes de conception technique [9, 11, 26, 31] ont permis de caractériser cinq niveaux d’enregistrement-rejeu. 1. Le premier niveau correspond à l’enregistrement des actions les plus élémentaires de l’utilisateur. Les premiers systèmes d’enregistrement de macro fonctionnaient selon ce principe, avec comme corollaire que la situation initiale jouait un rôle prépondérant sur le bon déroulement de la phase de rejeu : les positions graphiques étant enregistrées en absolu, toute différence dans la configuration initiale de l’écran aboutissait à une exécution erronée de la macro. Dans Jacareto, l’enregistrement se passe au niveau de la boîte à outils d’interaction, Swing en l’occurrence ; ce sont ainsi les événements de bas-niveau (MouseEvent, MouseMoveEvent, KeyEvent) qui sont enregistrés et rejoués, permettant un rejeu à l’identique de toutes les actions de l’utilisateur. 2. Le deuxième niveau concerne l’aspect lexical de l’interaction. Les éléments sont enregistrés au niveau de l’action élémentaire, du point de vue de l’utilisateur, et non plus de la boîte à outils. Eager [4] en est la parfaite illustration. Les actions telles que le changement de focus sur une application, ou la sélection d’un item de menu, sont ainsi rejouées pour permettre à l’utilisateur de confirmer les propositions du système. 3. Le troisième niveau correspond à l’aspect syntaxique de l’interaction. Le système Like [9] en est un bon exemple. Dans ce système de conception technique, le dialogue entre l’utilisateur et le système est décrit par le moyen d’automates évolués (des Augmented Transition Networks, ou ATN [32]), manipulant des jetons de dialogue (commandes, paramètres). L’enregistrement de ces jetons constitue la base de l’enregistrement au niveau syntaxique. Nous verrons que ce niveau d’enregistrement présente un intérêt certain pour l’interprétation des actions de l’utilisateur. Notons que, lorsque le style de dialogue est la manipulation directe, comme c’est le cas par exemple pour Peridot [22], il est très difficile de distinguer le niveau lexical du niveau syntaxique : chaque interaction élémentaire est à la fois un élément lexical et un élément syntaxique, puisque la réaction du système est supposée continue. 4. Le quatrième niveau est tout naturellement le niveau sémantique, en référence à la théorie de la compilation. Il s’agit là d’enregistrer la fonction du système invoquée par l’utilisateur, pour être à même de la rejouer directement en phase d’exécution. Dans les systèmes de conception technique, cette approche est représentée par EBP [25], dont le but premier consiste à créer de véritables programmes paramétrés, échangeables d’un système de CAO à un autre. Le choix du niveau de l’enregistrement est très important en fonction du but recherché par l’utilisation de la PsE. En effet, plus l’enregistrement s’effectue à un niveau élémentaire dans le dialogue entre l’utilisateur et l’application, et plus il sera dépendant des changements intervenant dans l’interface de l’application. Si l’objectif de la PsE consiste à construire des programmes réutilisables (comme des programmes paramétrés en conception technique, par exemple), tout changement dans l’interface invalidera ces programmes si l’enregistrement se fait à un niveau inférieur au niveau sémantique. La généralisation Le simple enregistrement-rejeu ne permet pas de faire autre chose que de la répétition à l’identique d’une séquence, qu’elle se situe au niveau de l’interaction ou du système lui-même. Ce qui distingue une simple trace d’exécution d’un vrai programme relève de la généralisation. Le premier niveau de généralisation consiste à considérer les objets manipulés. En effet, un programme est censé pouvoir s’exécuter sur des « variables », c’est-àdire avec des valeurs différentes d’une exécution à l’autre. Lorsque l’on travaille sur un exemple, on dispose de valeurs concrètes ; la généralisation consiste à distinguer les valeurs qui vont changer d’une exécution à l’autre de celles qui demeureront constantes. SmallStar [16, 17] est le premier système à se focaliser sur les caractéristiques des objets manipulés par les systèmes de PsE. Il définit une notion de descripteur, qui permet de transformer la référence à un objet unique en une définition sémantique. La notion de variable, bien connue en programmation classique, est évidemment définie. Elle est étendue par des notions plus spécifiques, comme par exemple la notion de collection : une variable peut être généralisée de manière à répondre à une définition générique, ce qui entraîne implicitement une itération de collection. Le système appartient à la catégorie des systèmes iconiques, et la généralisation se traduit par exemple par l’utilisation de joker, comme « *.txt » pour représenter des noms comportant obligatoirement un suffixe particulier. Notons que, dans la majorité des cas, la sémantique de la variable n’a pas besoin d’être connue 205 approches, quoique séduisantes, se trouvent le plus souvent limitées par leur pouvoir d’expression : elles sont spécifiques du domaine d’application, et peuvent difficilement être généralisées. Elles se heurtent à un deuxième obstacle : lorsque l’on construit de nouvelles règles, il est difficile d’être sûr qu’elles s’appliqueront sans erreur dans tous les cas de figure. par le système d’espionnage, qui se contente d’être capable de référencer l’objet pendant la phase de rejeu. Ceci n’est plus vrai dès lors que l’on ajoute des structures de contrôle au programme. La deuxième phase de généralisation consiste à ajouter une sémantique de contrôle au programme. Très naturellement, les techniques peuvent relever d’approches différentes. Lorsque l’on s’appuie sur une sémantique de programmation structurée, il convient d’ajouter ou de repérer des alternatives et des répétitions. C’est le cas de SmallStar, par exemple. Les approches fonctionnelles (Pygmalion [29]) ou logiques (StageCast Creator [3]) ont également été explorées. Dans tous les cas, afin de contrôler les structures utilisées, il devient nécessaire de définir parmi les objets une sémantique booléenne. En effet, lors du rejeu, c’est une valeur booléenne qui permettra de choisir quelle alternative exécuter, ou qui dirigera la règle à appliquer. Des expressions booléennes plus complexes pourront s’avérer nécessaires (EBP [25]). Enfin, pour permettre à l’utilisateur de comprendre plus facilement cette sémantique, des expressions numériques seront également introduites. DES CHAMPS DAPPLICATION EN EXPANSION La PsE a donné lieu à de nombreux systèmes. Le reproche que l’on peut faire à ces travaux est le manque d’évaluations conduites à leur propos. En dehors de MELBA, pour lequel plusieurs expérimentations ont été réalisées, aucune démarche formelle d’évaluation n’a été engagée. On peut considérer néanmoins que la commercialisation de systèmes relevant de la PsE constitue une forme d’évaluation. La plus grande réussite est certainement celle des systèmes de conception technique dits paramétriques, qui constituent aujourd’hui la majorité des systèmes de cette catégorie. Un autre domaine notable est celui de la simulation, où des logiciels comme StageCast Creator 2 ou AgentSheets3 ont été commercialisés. Trois domaines se dégagent comme particulièrement pertinents du point de vue de la PsE. Inférence, règles La mise en œuvre de la généralisation peut s’effectuer de manières très diverses. Nombreux sont les systèmes qui demandent explicitement à l’utilisateur de faire cette généralisation. SmallStar oblige l’édition du programme enregistré, pour effectuer manuellement la généralisation des objets, et impose l’introduction textuelle des structures de contrôle. Le caractère sur exemple devient moins marqué. D’autres systèmes (Pygmalion, EBP, StageCast Creator) exigent que les structures de contrôle soient prévues par le programmeur, et introduites par des commandes spécifiques. Fonction dassistance Il s’agit ici d’un retour aux sources. La possibilité de personnaliser son application est un besoin considéré comme majeur par les utilisateurs. De nombreux éditeurs de logiciels ont ainsi développé des solutions s’appuyant peu ou prou sur les techniques de la PsE pour enrichir les possibilités d’adaptation. Les techniques de généralisation a priori sont utilisées dans l’outil Automator 4 qui permet d’automatiser des tâches dans Mac OS X. Les techniques d’inférence et d’espionnage trouvent leur utilité dans des agents d’aide, ou autres assistants. Dans MS-Excel©, par exemple, un espionnage systématique de l’utilisateur permet de détecter les situations s’apparentant à une gestion de liste (Figure 8), comme le fait Eager. Pour éviter ce côté explicite, analysé comme contraire à la logique de l’utilisateur non-programmeur, plusieurs auteurs ont choisi de proposer des méthodes utilisant l’exemple de façon plus marquée. Ainsi, PBE [1] se sertil de deux exécutions différentes pour déduire quelles sont les variables et quelles sont les constantes. Eager [4] demande à l’utilisateur de confirmer les actions qu’il a détectées, et analyse les déviations pour construire le programme correct. Les techniques de la PsE, utilisées de façon ponctuelle dans certaines situations d’interaction, sont de nature à apporter de nouvelles fonctions d’assistance à l’utilisateur. Selon les besoins, des techniques explicites de généralisation seront préférables à l’utilisation de l’inférence, principalement lorsqu’on souhaitera que l’utilisateur puisse contrôler finement son automatisation. Elles sont la base de l’adaptabilité des applications. L’usage de l’inférence permet en plus d’atteindre des objectifs d’adaptativité. Allant plus loin sur la voie de l’inférence, c’est-à-dire l’induction de faits nouveaux à partir de faits connus, de nombreux auteurs ont couplé des moteurs d’inférence aux systèmes de PsE. Eager [4] ou Mondrian [20] reconnaissent ainsi des situations complexes. Des résultats probants ont ainsi été obtenus dans le domaine de la simulation. La définition de nouvelles règles par l’utilisateur est considérée comme l’étape suivante : Grammex [21] permet ainsi de définir explicitement, sur exemple, de nouvelles règles qui s’appliqueront ensuite comme des règles pré-existantes dans le système. Ces 2 http://www.stagecast.com/ http://www.agentsheets.com/ 4 http://www.apple.com/fr/macosx/features/automator/ 3 206 d’émules10, et que leurs outils sont de plus en plus largement utilisés, tester les interfaces s’avère encore un processus difficile. Les techniques d’analyse de code ont largement montré leurs limites, et la validation par les modèles n’est pas encore opérationnelle au niveau industriel. Aujourd’hui, ce sont les approches intégrant la PsE qui semblent émerger. Ainsi, Jacareto 11 permet-il d’enregistrer les interactions de bas-niveau et autorise-til l’automatisation de tests d’interface. Pour rendre ces outils plus puissants, un couplage avec les approches à base d’analyse de tâches, comme dans [8], s’avère très efficace. CONCLUSION La programmation sur exemple recouvre une série de techniques, allant de l’enregistrement-rejeu à l’inférence de règles à partir des actions de l’utilisateur. La constante de ces techniques est l’utilisation intensive d’un exemple tiré de l’action de l’utilisateur sur un système interactif. Figure 8 : L’exemple d’utilisation de la PsE dans MS-Excel© Pédagogie Les applications pédagogiques et de simulation constituent un champ d’investigation important pour la PsE. Les objectifs des systèmes qui l’utilisent sont très variés. Ils peuvent concerner l’apprentissage de la programmation (MELBA [14], Toontalk 5[18] ), ou plus généralement de la stratégie de résolution de problème (StageCast Creator [30], Agentsheets [27]). L’effort principal se porte dans ces systèmes sur l’aide à l’explicitation des principes de généralisation. De ce fait, un effort tout particulier est porté sur la visualisation des programmes, qui cherche à être la plus explicite possible. Les avancées dans le domaine des nouvelles techniques d’interaction trouvent également leur application dans la PsE. Ainsi, l’application des techniques des interfaces tangibles a donné lieu au Topobo6, qui permet à de jeunes enfants à étudier la dynamique des actions (et donc la programmation) en s’appuyant sur la manipulation de d’objets de construction qui mémorisent leurs actions et les rejouent. Les différentes facettes de la PsE ont été décrites et validées dans de nombreux systèmes expérimentaux. Alors que la PsE véhicule une image de technique à la portée limitée, on s’aperçoit qu’elle est de plus en plus souvent utilisée dans les applications interactives. À partir d’une présentation d’exemples significatifs, nous avons analysé les principes qui sous-tendent la PsE. Nous avons pu ainsi définir cinq niveaux possibles dans l’enregistrement des actions de l’utilisateur, qui s’appliquent à des problématiques différentes. Nous avons ensuite catégorisé les diverses formes de généralisation des programmes. Enfin, dans une dernière partie, nous avons exploré quelques grands secteurs où la PsE apporte des résultats significatifs, en terme d’augmentation des possibilités des systèmes. La généralisation des techniques de PsE passe, à notre sens, par la définition d’outils permettant une implémentation généralisée de ces techniques. Cela est vrai au niveau des techniques d’enregistrement, ou des approches internes (Aide [24]) comme externes (PbDScript [7]) doivent être proposées. Cela est vrai également pour les techniques de généralisation, qui doivent être abordées de façon générique. Les champs d’investigation demeurent ici largement ouverts. Pour terminer, notons que le point faible des travaux sur la PsE réside dans les études d’utilisabilité, qui n’ont été que très rarement conduites jusqu’à présent. Il y a là également de grandes possibilités pour de futurs travaux. Outils de conception et de validation Le domaine des outils de conception est certainement celui où la PsE est intégrée le plus profondément aux applications. Les outils graphiques modernes utilisent abondamment l’analyse temps-réel des interactions pour fournir une assistance au placement des composants (alignement, contraintes, etc.). On trouve ces fonctionnalités dans des outils de dessin (OmniGraffle7), de présentation (Keynote8) ou encore les GUI-Builders (Matisse9 dans NetBeans). L’utilisation des techniques d’enregistrement-rejeu s’avère extrêmement prometteuse pour la vérification et la validation des applications interactives. Alors que les techniques de tests unitaires font de plus en plus BIBLIOGRAPHIE 1. Bauer, M.A., Programming by Examples. 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PhD Thesis: University of California. 121p. 208 ARTICLES LONGS APPLIQUES ******* Vigiestrips une IHM innovante intégrée au système Aéroport Avancé Joël GARRON Jérôme JOURNET Bertin Technologies (1) 10 bis, avenue Ampère – Montigny le Bretonneux 78053 St Quentin en Yvelines Direction des Services de la Navigation Aérienne (2) Zone aéroportuaire - Route périphérique Bât 1608 91200 Athis-Mons [email protected] [email protected] RESUME KEYWORDS : ATC, Airport, paper strips, complex system, Vigiestrips, performance factor. Cet article fait le point sur un projet de remplacement des strips papier dans les tours de contrôle de l’aéroport de Roissy Charles De Gaulle (CDG). Il montre dans une première partie à quel point le fonctionnement de cette plate-forme aéroportuaire s’apparente à un système complexe. Dans une deuxième partie consacrée aux strips papier, les auteurs exposent tout d’abord les qualités opérationnelles de ce support vis à vis de l’activité des contrôleurs SOL et LOC de CDG. Puis, ils mettent en exergue les limites réelles de ce même support en regard du fonctionnement d’un système qui va en se complexifiant. Dans une troisième partie, l’article présente le concept Vigiestrips et les deux axes autour desquels il s’articule (services rendus au contrôleur utilisant l’outil Vigiestrips et mise en réseau des données entre le contrôleur et les autres acteurs du système). Les auteurs présentent ensuite les valeurs ajoutées de ce concept dans le contexte d’un système « Aéroport Avancé », notamment dans la perspective d’en satisfaire les deux principaux objectifs: sécurité et efficacité du trafic. INTRODUCTION Lorsque l’on visite aujourd’hui les vigies des tours sud et nord de l’aéroport de CDG, on est toujours étonné devant l’effervescence de l’activité des contrôleurs aériens et la complexité de leur environnement de travail. Les contrôleurs en vigie (prévol, SOL, LOC), responsables de la surveillance et du guidage des aéronefs sur la plateforme et dans ses environs, centralisent et traitent des informations en provenance d’outils nombreux et hétérogènes tels que la fréquence radio, l’image radar sol et air, l’image météo aux seuils de piste et la vue extérieure. Ces informations sont de surcroît exploitées dans un environnement fortement contraint (pressions temporelles fortes). En association avec cet environnement complexe, les contrôleurs SOL et LOC concentrent pourtant une part essentielle de leur activité gestuelle et perceptive sur l’utilisation de simples supports papier (les strips). Ces strips, assimilables à un outil « papier-crayon », s’avèrent en fait d’une grande richesse sur le plan opérationnel car ils constituent pour les contrôleurs une aide déterminante dans la gestion de leurs ressources perceptives et cognitives. En revanche, les strips revêtent un certain nombre de limites inhérentes à la nature et aux propriétés du support papier. De plus, leur faible capacité d’évolution les rend de plus en plus inadaptés face à la complexification croissante du système aéroportuaire et aux nouveaux enjeux en terme de sécurité et d’efficacité (fluidité, capacité) du trafic. C’est dans ce contexte que la conception de solutions IHM, intégrant cette complexité et positionnant toujours le contrôleur en tant que facteur de performance, est aujourd’hui un enjeu majeur. MOTS CLES : ATC, Aéroport, système complexe, strips papier, Vigiestrips, facteur de performance. ABSTRACT This article deals with a project aiming at replacing paper strips currently used in the Control Towers of Paris-Charles de Gaulle Airport with electronic artifacts. The first part demonstrates that an airport platform is actually a complex system. Operational advantages of paper strips are then detailed while focusing on GROUND and RUNWAY air traffic controllers activity at CDG. Limits and drawbacks of these strips are then mentioned with regards to an ever complexifying system. Vigiestrips concept is then discussed following two guidelines : services for the controller on the one side, and networking of information between controller and other actors of the system on the other side. Added values of Vigiestrips concept are then enumerated in the frame of an “advanced airport“ system, relying especially on two key objectives : airport safety and efficiency. L’AEROPORT : UN SYSTEME COMPLEXE La navigation aérienne L’ATC (Air Trafic Control) assure globalement la gestion du trafic aérien dans les aéroports et dans l’espace aérien. Afin d’assurer cette tâche, l’espace est découpé en zones géographiques appelées secteurs de contrôle. Tout au long du vol un aéronef va donc traverser succes- 211 sivement un ensemble de secteurs qui constituent une chaîne de responsabilités jusqu’à son arrivée au parking de destination. Cette activité du contrôle de la navigation aérienne offre une complexité qui provient de plusieurs facteurs. Il y a d’une part l’hétérogénéité de ses usagers : au sein des mêmes infrastructures se côtoient le trafic commercial (plusieurs milliards de passager par an dans le monde), l’aviation amateur et l’aviation militaire. Elle vient d’autre part d’une exigence de sécurité très forte ayant un impact majeur sur les organisations humaines et techniques. Enfin, la multiplicité des acteurs en jeu, aux contraintes fortes et parfois contradictoires constitue une caractéristique indissociable de ce domaine. Flow Management Unit) tout d’abord peut imposer de respecter des délais unitaires au départ en fonction de contraintes ou de surcharges de l’espace aérien à l’échelle européenne. L’aéroport et les compagnies constituent également des interlocuteurs privilégiés dont il faut intégrer les contraintes : les intentions départs planifiées évoluent en fonction du déroulement des opérations d’escale pour chaque appareil, et peuvent se révéler contradictoires avec les stratégies de planification mises en place par l’ATC et la CFMU. En cas de dégradation des conditions météorologiques, les moyens de dégivrage deviennent également un acteur critique qui impacte de façon décisive la gestion des aéronefs sur la plate-forme. Enfin les centre de contrôle (Approches, En-route) et aéroports adjacents influent significativement le trafic en temps réel, en cas de congestion de l’espace aérien supérieur ou en cas de déroutements dus à une dégradation météo sur des terrains proches insuffisamment équipés. Le système de Roissy-CDG ATC Traite ment pl an d e vo l CFMU En Route Les objectifs du système « Aéroport Avancé » de CDG DMAN Aé roport CDG L’ensemble des outils développés ou en cours de développement pour tendre vers un environnement « Aéroport Avancé » se décline au travers des deux grands objectifs fédérateurs du système aéroport. RIMCAS L’objectif Sécurité : AMAN Approche Autres terrains x Figure 1 : Navigation aérienne et CDG L’aéroport constitue le centre névralgique de cette chaîne (cf. Figure 1), au sein de laquelle des conditions de sécurité maximales et une efficacité optimale du trafic doivent être atteints. Contrairement à l’espace aérien, où la répartition du trafic est largement compartimentée selon les différentes catégories d’aviation (tourisme, défense, commerciale), les infrastructures aéroportuaires (pistes, taxiways, parkings) doivent être simultanément partagées entre tous les usagers (de l’appareil de 400 tonnes à l’avion de tourisme biplace). L’ATC doit alors assurer la gestion complète des aéronefs sur l’aéroport, éviter tout risque d’abordage tout en assurant un écoulement fluide du trafic. Les contraintes à intégrer y sont diverses : respecter pour chaque avion le créneau horaire de décollage prévu, intégrer des contraintes anticipées (gestion du dégivrage avant décollage, ravitaillement…) ou subies en temps réel (déchargement d’un bagage à la dernière minute, anomalies avant décollage, problèmes d’allocation de parkings…). x Les services fournis par l’outil RIMCAS (information et alarme lors d’une situation potentiellement conflictuelle ou conflictuelle aux abords des pistes) se basent sur un algorithme d’incursions pistes adapté à CDG. La mise en place de verrous de sécurité se décline également au travers de barres d’arrêt sur les bretelles d’accès aux pistes, commandables depuis la tour de contrôle, qui empêchent tout mobile (véhicule ou aéronef) d’accéder aux pistes pendant les phases critiques (atterrissage, décollage). L’objectif Efficacité : x x CDG figure parmi les aéroports les plus importants et les plus complexes au monde. Y assurer la gestion du trafic aérien implique la mise en place d’interfaces avec un certain nombre d’acteurs extérieurs. La CFMU (Central 212 L’outil DMAN (Departure Manager) se base sur un algorithme d’aide plus global destiné à répondre conjointement aux besoins des aéroports de la région parisienne et des centres en-route intégrant différents flux de départs. Son rôle est la prédiction et l’optimisation de séquences de décollage et des charges de trafic pour les secteurs en-route d’intégration. L’outil AMAN (Arrival Manager) optimise la capacité d’atterrissage sur les terrains de la région parisienne en permettant aux secteurs enroute d’appliquer une séquence des aéronefs à l’arrivée le plus tôt possible, afin de lisser le tra- x fic et éviter les congestions au niveau de l’aéroport. Le CDM (Collaborative Decision Making), participe de la volonté de mettre en commun un certain nombre d’informations et de requêtes en provenance de différents acteurs (ADP, Air France…). premier plan pour la gestion du stress du contrôleur. Le fait de disposer d’un support d’information fiable en toute circonstance ainsi que le sentiment de mieux maîtriser le trafic (manipulation d’un objet concret) rassure réellement le contrôleur. Vers une complexité croissante. En regard de ces objectifs, la recherche de performance et de précision exigée par ces outils accroît progressivement le besoin de collaboration en ligne des différents acteurs de CDG (contrôleurs, Air France, gestionnaire de parking, ADP, CFMU…). En effet, l’impact potentiel des contraintes de chacun est tel que leur connaissance mutuelle par l’ensemble des acteurs du système devient le garant du bon fonctionnement de la plate-forme de CDG. Figure 3 : Détail d’un strip papier … mais un outil en voie d’obsolescence Le support papier présente cependant des limites intrinsèques difficilement contournables. Aujourd’hui déjà, certaines situations opérationnelles mettent à mal la robustesse de ce support (pics de trafic, situations transitoires mal anticipées…). Sous la contrainte de temps, le contrôleur se trouve confronté à des difficultés dans la gestion et la mise à jour de son tableau de strips (tri des strips à la sortie d’imprimante, recherche d’un strip, existence potentielle de strips en double, débordement du tableau de strips…). LE STRIP PAPIER A CDG Un outil à haute valeur ajoutée… De plus, la complexification progressive du système aéroportuaire de CDG , implique une réévaluation du rôle du contrôleur en tant qu’acteur central et facteur de performance au sein de ce système. Il s’agit en effet de garder l’homme dans la boucle en lui donnant les moyens d’interagir avec d’autres acteurs toujours plus nombreux du système (partage dynamique des informations). Or, il n’est guère concevable de conserver un outil comme le strip papier qui constitue un obstacle réel vis à vis des besoins croissants en termes de collaboration en ligne des différents acteurs. Tout d’abord, le strip papier, qui ne véhicule les « traces » de l’activité du contrôleur que d’une manière locale, s’adapte mal aux évolutions d’un système qui doit promouvoir une collaboration accrue entre les contrôleurs de CDG et leurs interlocuteurs directs dans la chaîne de contrôle (Approche et CRNA Nord). D’autre part, les actions de contrôle (clairances données aux pilotes par les contrôleurs SOL et LOC et inscrites sur le strip papier) devront pouvoir être transmises en temps réel vers un certain nombre d’outils d’aides au contrôle, afin de rendre ces derniers plus réactifs aux évènements de trafic. Enfin, dans un contexte d’Aéroport Avancé, le contrôleur devra gérer d’une manière centralisée et cohérente une quantité toujours plus grande d’informations en provenance d’un nombre croissant d’acteurs du système de contrôle (facteurs humains ou techniques). Or, l’absence d’évolutivité du papier (matière inerte) ne permet pas au strip papier de faire vivre des informations (affichage et mise à jour régulière) et interdit donc à ce support tout rôle d’intégration dynamique. Figure 2 : Strips papiers à la tour Dans le cadre d’une étude terrain effectuée en 2001 à la tour sud de CDG, une équipe d’ergonome de la DSNA (cf. [1]) a centré ses observations sur les méthodes de travail des contrôleurs SOL et LOC associées à la gestion des strips papier (cf. Figure 2). Un strip papier correspond à un aéronef (cf. Figure 3). Chaque strip est manipulé dans un tableau alloué (le tableau opérationnel) et annoté à plusieurs reprises par le contrôleur lorsque l’aéronef associé se trouve dans son secteur de responsabilité (i.e. une partie des parkings et de la plateforme CDG pour le contrôleur SOL, la zone de servitudes pistes sud ou nord pour le contrôleur LOC). En tout premier lieu, les auteurs purent mettre en évidence la forte dimension cognitive inhérente à l’usage de ce support (résultats corroborant les travaux de recherche dans le domaine, cf. [3] et [4]). L’environnement de type « stripping » constitue un réel prolongement de l’activité mentale et perceptive des contrôleurs. Par ailleurs, en permettant un partage continu des informations entre le SOL et le LOC, ce support enrichit le travail collectif et contribue directement à la constitution d’une conscience partagée du trafic. Enfin, le strip s’avère un outil de tout Par conséquent, sous peine de dégrader le niveau de performance du contrôleur et donc de l’ensemble du sys- 213 tème aéroportuaire, le strip papier doit aujourd’hui être considéré à CDG comme un outil obsolète. frastructures peu complexes, ne peut être envisagé pour CDG, où la charge de trafic et la complexité du système sont telles que seule une solution réellement intégrée à l’activité du SOL et du LOC et aux méthodes de travail associées peut être envisagée. LES TENTATIVES DE SUPPRESSION DU STRIP PAPIER DANS L’ATC La transition vers un environnement de travail « tout électronique » dans l’ATC est une préoccupation remontant au début des années 80. Aujourd’hui encore, à l’exception de certains aéroports (canadiens, brésiliens, ou encore européens comme Oslo et Bruxelles), la majorité des terrains dans le monde n’a pas effectué cette transition vers un contrôle aérien sans strip. Deux grandes familles de solutions ont émergé : l’une orientée vers une gestion des vols par listes, l’autre proposant une transposition du support papier dans un environnement électronique. VIGIESTRIPS : UN OUTIL REMETTANT LE CONTROLEUR AU CENTRE DU SYSTEME AEROPORT Le concept Vigiestrips Ayant bien intégré le rôle actuel des strips papier dans les tours de CDG et appréhendé les futurs enjeux opérationnels associés à la complexification du système aéroport, les protagonistes du programme Vigiestrips se sont orientés vers un concept qui s’articule autour de deux axes fondamentaux : x Les nombreuses tentatives infructueuses qui ont essaimé l’histoire du contrôle aérien dans ce domaine sont à cet égard tout à fait notables. Le rejet chronique des contrôleurs aériens face aux solutions proposées tenait à plusieurs facteurs : x Pour les systèmes conçus à base de listes, l’écueil fut de vaciller de façon récurrente entre des solutions automatisant les classements, mal acceptées (principes d’animation peu ou mal connus, algorithmes de tri inadaptés), et des solutions proposant une gestion manuelle des listes, se heurtant à une lourdeur de manipulation et une inefficacité globale rédhibitoires (cf. [10]). Ces solutions se heurtaient également à une immaturité technique : puissances de calcul insuffisantes, technologies tactiles peu fiables. Premier axe - Conserver les qualités opérationnelles reconnues des strips papier tout en gommant leurs limites sur le plan de la manipulation. Deuxième axe - Intégrer des fonctions nouvelles à fortes valeurs ajoutées replaçant le contrôleur au centre du système (cf. Figure 4) et permettant de répondre aux exigences futures de l’environnement Aéroport Avancé. Aéroport CDG B arres d’arrêt RIMC AS Balisages au sol SO L Des systèmes proposant une transposition de la méthode de travail élaborée avec le strip papier sont apparus plus tard, tentant, en l’immergeant dans un environnement électronique, de reproduire les avantages du strip papier tout en lui conférant un comportement dynamique. Digistrips, projet développé par la DSNA à la fin des années 90 (cf. [5]), marqua ainsi un réel tournant dans les possibilités envisageables. Ce projet proposait un démonstrateur sur écran tactile reproduisant la gestuelle associée aux strips papier pour le contrôle En Route. La DSNA, considérant cette étude comme prospective, ne la concrétisa pas par des expérimentations réalistes et le démonstrateur ne fut pas adapté à un centre En route particulier. A noter cependant que quelques industriels en ont tenté des applications concrètes. DMAN LOC VI GIE STRIPS Prévol Autres contrôleurs CDM ADP Parking A ir France Figure 4 : Vigiestrips au centre du système de contrôle aéroportuaire Vigiestrips : une IHM dépassant les limites du strips papier En référence au premier axe du concept Vigiestrips, les choix de conception IHM se sont inspirés de l’environnement Digistrips (cf. ci-dessus). Dans la lignée de ce projet, les concepteurs de Vigiestrips ont conservé la notion de « stripping » (manipulation de strips par le contrôleur) en mettant en avant une IHM alliant intuitivité et simplicité d’usage. Ils ont dans cette perspective repris le principe d’une interaction directe sur une dalle tactile (stylet). La suite du chapitre présente de manière synthétique les principaux services proposés autour de la L’application au domaine aéroportuaire est plus récente. Des solutions intermédiaires ont été mises en place sur certains aéroports, plus sophistiquées qu’une simple gestion de liste mais ne reproduisant qu’imparfaitement les apports du support papier sur un plan cognitif (aide à l’anticipation, la mémorisation et la représentation mentale du trafic). Ce type de produits, s’il peut s’avérer adaptable à des terrains de taille moyenne ou à des in- 214 gestion des strips devenus des « e-strips » (strips électroniques). la richesse cognitive et la naturalité d’exécution. La modalité d’écriture libre, accessible sur un format d’e-strip zoomé (cf. Figure 6), permet au contrôleur d’écrire des informations diverses, qu’il s’agisse d’un symbole unique (e.g. l’entourage ou le soulignage d’un item) ou d’une petite phrase (e.g. Problème radio). Figure 6 : Ecriture libre sur e-strips zoomés La modalité d’écriture mettant en œuvre la reconnaissance de gestes a été réservée à la saisie d’instructions de contrôle (e.g. ordre de roulage aujourd’hui concrétisé par le tracé d’un R sur le strip papier, ordre de décollage concrétisé par le tracé d’un T, etc.). Plusieurs facteurs ont orienté ce choix de conception. Tout d’abord le nombre de gestes saisi est relativement restreint (moins de dix gestes). Ces gestes sont ensuite simples à tracer et de caractère stable (les mêmes symboles sont partagés par tous les contrôleurs).. Pour favoriser le caractère naturel de la saisie, ces symboles (R, T…) ont donc été reproduits et intégrés dans la bibliothèque de gestes. Figure 5 : IHM Vigiestrips L’IHM Vigiestrips (cf. Figure 5) conserve les deux principales zones actuelles de gestion des strips : le tableau d’attente à gauche (zone de stockage des strips correspondant aux aéronefs qui vont arriver sur le secteur) et le tableau opérationnel au centre (zone de manipulation et de classification des strips correspondants aux aéronefs sous la responsabilité du contrôleur). La gestion du tableau d’attente, apparentée aujourd’hui à des actions peu valorisées (e.g. recherche des strips à l’imprimante, pré tri), a été pour l’essentiel déléguée au système (mise en place et classification automatique des e-strips). De ce fait, le contrôleur se trouve soulagé d’un grand nombre d’actions parasites et coûteuses (notamment dans le cas de pics de trafic) et peut donc se concentrer sur ses actions de contrôle. En revanche, comme l’a démontrée l’étude terrain, les manipulations de strips dans le tableau opérationnel s’avèrent essentielles pour le contrôleur SOL comme pour le LOC. Vigiestrips préserve donc une grande liberté de déplacement et de positionnement des e-strips dans ce tableau. Cette liberté d’action est de plus enrichie d’un certain nombre de services IHM destinés à faciliter toutes les gestuelles de manipulations : fonctions de guidage dynamique (position fantôme de l’e-strip anticipant sa position future, activation des colonnes à l’approche de l’e-strip…) et aides au positionnement (déplacements groupés, insertions entre deux e-strips, décalages rapides, effets d’attraction de l’e-strip par la colonne activée …). L’intérêt de la reconnaissance de gestes se situe également dans le fait que le système interprète le symbole tracé et qu’il peut en restituer un feed-back bien lisible pour le contrôleur (cf. Figure 7). Enfin et surtout, une fois le symbole reconnu, le système est en mesure de diffuser l’information en temps réel aux autres acteurs du système aéroport. Figure 7 : Reconnaissance de gestes Vigiestrips : un support d’intégration des fonctions du système Aéroport Avancé En référence au second axe du concept Vigiestrips, Les nouveaux services fournis ont pour ambition de favoriser la mise place du système Aéroport Avancé et de contribuer à l’atteinte des objectifs de sécurité et d’efficacité du trafic. A ce titre, et comme cela a déjà été mis en avant par D.Pavet et al. (Cf. [7]), l’environnement Vigiestrips se positionne comme un véritable outil d’intégration des données circulant entre les différents acteurs (humains et techniques) du système. Les actions d’annotations sur les strips, également assimilées à des actions “valorisées” sur un plan opérationnel (i.e. gestes d’écriture facilitant le processus de mémorisation), ont également été reproduites dans l’environnement Vigiestrips. Le contrôleur dispose à cet effet de deux modalités pour annoter son e-strip : la reconnaissance de gestes et l’écriture libre. Ces deux modalités perpétuent l’acte d’écriture directe par le biais du stylet sur la dalle tactile de manière à en conserver toute La prise en compte des fonctions de Sécurité. L’activité de guidage et de surveillance du trafic est tout d’abord favorisée par la hiérarchisation et le partage des 215 informations via le support e-strip. Les contrôleurs SOL et LOC peuvent par exemple partager la visualisation de l’e-strip d’un seul et même aéronef sur leur IHM Vigiestrips respective (un seul contrôleur en a cependant la responsabilité à un instant t). Ensuite, le support e-strip permet de créer une redondance des informations qui ne sont aujourd’hui affichées que sur l’image radar. C’est le cas notamment des informations et des alarmes générées par l’outil RIMCAS (cf. Figure 8). La prise en compte des objectifs d’efficacité du trafic. Comme cela a été évoqué par E. Page (cf. [6]), le principe d’alimenter le système avec les actions du contrôleur SOL ou LOC est également avantageux pour des fonctions de l’Aéroport Avancé telles que des aides à l’optimisation de la séquence Départ et la gestion des créneaux CFMU. A titre d’exemple, les clairances saisies par le contrôleur pour les aéronefs au Départ (sortie de parking, roulage) sont envoyées au DMAN. Cet outil est alors en mesure d’affiner l’estimée de décollage de chaque aéronef Départ sur la base de ces clairances et d’en informer en retour le contrôleur et la compagnie aérienne. Concrètement, il envoie au contrôleur prévol (qui gère les parkings) une heure optimisée pour la mise en route des aéronefs et au contrôleur SOL une heure optimisée pour leur faire quitter le parking. Ces mises à jour de l’estimée de décollage permettent également au DMAN d’informer les contrôleurs qu’un aéronef ayant un créneau CFMU sera éventuellement en avance ou au contraire en retard sur son créneau. Dans ce cas, une information est fournie spécifiquement aux contrôleurs SOL et LOC sur le temps à faire perdre ou à faire gagner à l’aéronef pour permettre à ce dernier de se réinsérer dans son créneau de décollage (cf. Figure 9). Figure 8 : Redondance des informations et des alarmes De plus, la prise en compte par le système des actions du contrôleur (saisie de clairances effectuée via la zone de reconnaissance de gestes et récupérées par RIMCAS) doit permettre une meilleure anticipation d’une situation à risque. Par exemple, un aéronef au décollage débutant une accélération sur la piste peut être considérée comme une situation à risque si le système n’a pas détecté la clairance de décollage effectuée par le LOC (tracé du symbole T sur l’e-strip). RIMCAS traite cette donnée en association avec des données radar et génère le cas échéant une information ou une alarme qui est affichée directement sur l’e-strip. La prise en compte par le système des actions du contrôleur doit aussi grandement favoriser la gestion des éclairages au sol pour les barres d’arrêt (feux rouges régulant l’accès à la piste pour les mobiles au sol) . Figure 9 : Information de temps à gagner Pour l’optimisation de la séquence Départ, l’exploitation des actions du contrôleur par le système aéroport ne se limite pas aux annotations des e-strips. L’environnement Vigiestrips permet également de transmettre au DMAN les informations de la séquence globale construite par le LOC en récupérant les informations de la position relative de chaque e-strip dans la colonne des Départs du tableau opérationnel. Le DMAN peut alors affiner régulièrement ses calculs de séquence globale en prenant en considération les choix du contrôleur. Un exemple est donné illustrant les échanges entre le DMAN et les IHM des contrôleurs dans le cas de la gestion d’un retard créneau (cf. Figure 10). A titre d’exemple, une autorisation d’alignement piste (saisie du geste « I » par le contrôleur LOC) enclenche l’activation du feu vert au niveau de la barre d’arrêt ainsi que l’allumage des éclairages au sol de manière à guider le pilote jusqu’à la piste. Cela doit induire une réelle amélioration dans le fonctionnement du système aéroport dans la mesure où toutes ces actions sont aujourd’hui effectuées sur des écrans différents et alourdissent considérablement la tâche du contrôleur. 216 jour déroulé en deux étapes : deux séries de preexpérimentations (small-scale experimentations) en 2004 et une expérimentation de validation complète (extensive experimentations) en 2005 ; ces étapes étant en conformité avec la méthodologie prônée par le comité de validation de la DSNA – cf. [8] et [9]). La première série de pre-expérimentations était centrée sur le thème de la manipulation des e-strips dans un espace défini (décalages, déplacements verticaux, horizontaux, en biais…) et la deuxième série était centrée sur le thème de l’écriture sur e-strips (symboles ou mots). Les deux séries étaient bâties sur une logique de comparaison : les sujets devaient effectuer une même série de petits exercices alternativement sur un tableau de strips (strips papier) et sur Vigiestrips (e-strips). Chaque exercice était filmé et chronométré. Pour les deux séries, les résultats quantitatifs et objectifs se sont avérés être à l’avantage des strips papiers (les erreurs système dans la reconnaissance de symboles, les erreurs « humaine » dans l’exécution de la tâche et le temps mis pour effectuer l’exercice étaient supérieurs sur Vigiestrips) alors que les résultats subjectifs qualitatifs et quantitatifs (debriefings, questionnaire incluant la notion de charge de travail perçue) étaient au contraire plus en faveur de Vigiestrips (effet de séduction d’un environnement « hightech », dialogues jugés naturels, sentiment d’un environnement propre et bien rangé à la fin de chaque exercice…). Figure 10 : Services DMAN La compagnie aérienne Air France et les gestionnaires de parking, autres acteurs du système aéroportuaire de CDG, bénéficient eux aussi de la récupération temps réel des actions des contrôleurs SOL et LOC. En effet, les clairances de sortie de parking (repoussage concrétisé par la saisie d’un P sur l’e-strip), de décollage ou d’atterrissage (saisie d’un L sur l’e-strip) sont traitées par le DMAN et récupérées par l’outil CDM qui informe en retour les différents acteurs d’éventuels délais sur la disponibilité des parkings, les heures précises de sorties de parking, etc. Le partage de ces informations doit concourir à optimiser les allocations de parkings et donc à éviter l’encombrement des taxiways par des aéronefs en attente d’un parking. L’analyse des résultats de ces pre-expérimentations, et plus particulièrement ceux défavorables à Vigiestrips (indicateurs quantitatifs objectifs), a permis aux expérimentateurs d’identifier un certain nombre d’axes d’améliorations dont les principaux sont cités en-suivant. Le type d’écran et la technologie utilisés ont été changés. Les écrans tactiles résistifs interdisant le double contact (le sujet ne peut pas appuyer sa main ou son avant bras sur l’écran lors de l’écriture) et présentant des limites diverses (problèmes de parallaxes, nécessité d’exercer une pression assez forte sur le stylet) ont été remplacés par une technologie de type électromagnétique bien plus appropriée (pression du stylet minimisée et possibilité d’effectuer un double contact sur l’écran). Des éléments de conception de la maquette ont été modifiés afin de minimiser les temps de réponse de l’IHM, l’algorithme de reconnaissance de gestes a été optimisé par le biais d’une bibliothèque de symboles simplifiée, quelques fonctions IHM sensibles (sources d’erreurs dans leur mise en oeuvre) ont été améliorées. LE PROCESSUS D’EVALUATION DE VIGIESTRIPS Studies Graphic design / Look and Feel Input Small-scale Experimentations Output (dialogues devices, (Feed-back / animations) intuitiveness, naturality…) System tools (PRIMA, DMAN) HMI functions / working methods (intra and inter-positions) Field studies at CDG airport (paper strips : advantages and drawbacks) Toutes ces évolutions ont été concrétisées pour la première expérimentation de validation complète qui a eu lieu entre avril et septembre 2005 (5 sessions de 3 journées chacune). 10 contrôleurs de Roissy CDG ont participé à ces sessions (2 par session). Les deux positions SOL et LOC étaient simulées dans un environnement complet (visuel 3D de l’aéroport, scénarios variés com- Extensive Experimentations Figure 11 : Démarche d’évaluation Les étapes expérimentales Suite à l’étude terrain évoquée plus en avant dans cet article, le processus d’évaluation de Vigiestrips s’est à ce 217 portant différentes charges et configurations de trafic, présence de pilotes écho radar, liaisons téléphone et VHF, intégration du DMAN et de PRIMA, etc.). A ce stade, l’expérimentation n’était pas de nature comparative (pas de confrontation avec un environnement « Baseline » avec strips papier). L’environnement réaliste ainsi que la prise en compte croisée de nombreux indicateurs (thèmes sécurité et efficacité du trafic appréhendés par le biais d’indicateurs tels que la charge de travail perçue, le collectif de travail, les communications, la mise en oeuvre de fonctions IHM spécifiques, etc.) ont cependant permis d’obtenir des résultats solides et étayés. Figure 13 : Sécurité des pistes Une interrogation majeure persiste cependant au sujet de la reconnaissance de symboles par le système (saisie d’instructions). Son intérêt opérationnel (naturalité, aide à la mémorisation, clarté du feed back) a été parfaitement perçu par les contrôleurs mais les erreurs de reconnaissance résiduelles, même si elles ont fortement diminué comparativement aux pre-expérimentations (35% d’erreurs pour certains symboles ramenés à moins de 5%) persistent. Or, il a été clairement observé qu’une seule erreur de reconnaissance pouvait avoir de lourdes conséquences sur la sécurité du contrôle (e.g. le LOC saisit un T pour l’autorisation de décollage d’un vol, le système ne reconnaît pas le symbole et ne l’affiche pas sur l’e-strip, le LOC peut donc quelques minutes plus tard oublier le fait qu’il a autorisé ce vol au décollage). La figure ci-dessous (cf. Figure 14) issue du traitement des données illustre ces réserves (position du curseur dans la partie « compromis actif »). Les principaux résultats L’exploitation et l’analyse de l’ensemble des données recueillies par différentes sources (archivages informatiques, enregistrements audio/vidéo, grilles d’observation, débriefings, questionnaires) ont permis de montrer que le concept Vigiestrips, associé à d’autres outils de contrôle (Vue extérieure, image radar, DMAN, PRIMA) répondait sur un plan individuel (SOL et LOC) comme sur un plan collectif (collaboration SOL-LOC) aux principales attentes opérationnelles du contrôle en tour à CDG (anticipation et organisation du trafic, prévention des incursions pistes, transferts et coordinations, gestion des traversées de pistes, etc.). La pertinence de certains choix techniques (interaction tactile) et conceptuels (partage des tâches homme-machine, logiques de manipulations des e-strips et d’écriture…) en ressort renforcée. A titre d’exemple, les figures ci-dessous (cf. Figure 12 et Figure 13) extraites des résultats des expérimentations, illustrent les avis des contrôleurs sur les évolutions par rapport aux strips papier en général et l’impact sur la sécurité des pistes en particulier. Principe des saisies de symboles (LOC) Utilisabilité 28 IHM adaptée mais fonctions inutiles Fonctions utiles et IHM adaptée 0 y=-8 x=8 Fonctions inutiles et IHM inadaptée Fonctions utiles mais IHM inadaptée -28 -20 0 Utilité Figure 14 : Qualité de la reconnaissance de symboles Des études complémentaires doivent donc être effectuées sur ce thème précis pour décider à terme de sa viabilité dans l’activité de contrôle en tour. Il faut retenir au global que sur le fond, et malgré quelques réserves sur certains points IHM à améliorer, le concept Vigiestrips a recueilli l’adhésion de la totalité des contrôleurs ayant participé aux expérimentations. Ils demandent clairement que ce projet ait une suite concrète. Figure 12 : Comparaison e-strips / strips papier 218 20 CONCLUSION Cette interopérabilité se traduira par une compréhension et une représentation partagée des différentes situations de trafic et des prises de décision concertées (renégociation participative des créneaux de décollages, répercussions rapides des modifications de programmation compagnies sur les prévisions de charges de trafic,etc.). Là où aujourd’hui les différents acteurs ont des vues encore trop souvent cloisonnées (non coordonnées et non mises en réseau), la mise en place d’interfaces communes et interactives ouvre la voie à un système intégré et à des prises de décisions dans le sens de l’intérêt global du système aéroport CDG et vers une efficacité optimale de l’ATC. La phase de conception et la première étape de l’évaluation de l’IHM Vigiestrips est aujourd’hui terminée. Les résultats issus de la campagne d’expérimentations menée avec des contrôleurs de CDG en 2005 (cf. [2]) valident le concept Vigiestrips ainsi qu’une majeure partie des choix IHM. De nouvelles étapes dans le processus d’évaluation doivent être franchies prochainement pour aller vers une implantation opérationnelle progressive. Un certain nombre de métriques devront être abordées (e.g. évolution de la criticité des alarmes générées, gains en capacité et fluidité de trafic …) pour quantifier précisément les différents gains par rapport aux strips papier, et illustrer de manière concrète les impacts de la mise en réseau de l’activité des contrôleurs (exploitation en temps réel par le système d’actes comme les saisies d’instructions sur les estrips) sur la performance globale du système Aéroport Avancé. BIBLIOGRAPHY Pour cela, différentes actions vont être entreprises, telles que l’organisation de nouvelles expérimentations complètes de type comparative (mesures des gains sur un plan sécurité et efficacité pour alimenter notamment des considérations de retours sur investissement) et l’installation de Vigiestrips en position miroir sur le site de CDG (connection au trafic réel et mise en réseau des données). Cette deuxième action aura plusieurs avantages comme de permettre la confrontation de l’outil aux conditions réelles d’exploitation (utilisation dans la durée, ambiances lumineuses de la tour, aléas du quotidien comme le renversement de la tasse de café sur l’écran, simulations de pannes diverses, etc.) et de donner la possibilité à tous les contrôleurs de découvrir et de tester l’outil sur place. Il s’agit au final, alors que le thème de « l’Homme dans la boucle » fait toujours débat dans le domaine du contrôle aérien (e.g. le concept de free flight est toujours vivace chez certains membres de la communauté aéronautique), de garder le contrôleur aérien au centre d’un système global participatif. Avec Vigiestrips, l’interopérabilité totale entre les différents acteurs (Compagnies, Centre de régulation CFMU, gestionnaires d’aéroports et contrôle aérien) peut être sérieusement envisagée. 1. Coullon, I. Garron, J. Pavet, D. Henry-Ducos, P. Utilisation des strips papier par les contrôleurs de la Vigie Sud à Paris/LFPG – CENA/ICS/R00-010 2. Garron, J. Saladin étape 2 – Résultats d’expérimentations. SDER/NT05-340. 3. Gras, A. et al. Face à l’automate : le pilote, le contrôleur et l’ingénieur. Publications de la Sorbonne, 1994. 4. Mackay, W. Is paper Safer ? The Role of paper Flight Strips in Air Traffic Control. ACM/Transactions on Computer-Human Interaction (2000) Vol. 6 (4), pp. 311-340 5. Mertz, C. Vinot, J.L. Chatty, S. Pushing the limits of ATC User Interface Design beyond S&M Interaction : the Digistrips experience – FAA/EEC R&D seminar ATM 2000-Napoli. 6. Page, E. Laurent, T. Pavet, D. Departure manager for the Paris region – Revue technique de la DTI – DSNA – June 2005. 7. Pavet, P. et al. Use of paper strips by tower air traffic controllers and promises offered by new design technologies on user interface – USA/Europe R&D seminar ATM 2001-Santa-Fe. 8. Pavet, D. Comité Validation, Objectifs, Mandat – NT02-183 9. Chabrol, C. Guide pratique de la validation au CENA – CENA/ICS/NT03-043 10. De Beler, N. Mavern, F. Spécifications de la maquette HEGIAS 94 – CENA/ICS/R94-040 219 Utilisation d’une Nouvelle Technologie de l’Information et la Communication – la préparation de commandes avec le guidage vocal Virginie Govaere et Jean-François Schouller INRS Département Homme au travail BP 27 54701 Vandoeuvre cedex Email : [email protected] [email protected] Email : [email protected] mental component of the task of preparation that on the level of physical painfulness. RESUME Ce travail s’inscrit dans une étude, menée par l’INRS, sur les effets de l’utilisation des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) pour la santé et la sécurité des opérateurs. L’intervention s’est déroulée dans le secteur de la logistique et a concerné l’activité de préparation de commandes. L’introduction du guidage vocal a permis à l’entreprise de réaliser des gains de productivité importants. Cependant, ce guidage semble contribuer à la diminution des marges de manœuvre des préparateurs du fait de l’organisation du cycle de préparation de commande en « pas à pas ». Malgré cette restriction sévère des marges, certains opérateurs parviennent à regagner d’autres espaces : réaliser des pronostics ou valider par anticipation ce qui va être commandé. Ces premières analyses ont permis de montrer que la principale modification introduite par le guidage vocal intervient plutôt sur la composante mentale de la tâche de préparation qu’au niveau de la pénibilité physique. KEYWORDS ICT, logistic, health and safety INTRODUCTION Ce travail s’inscrit dans une étude, menée par l’INRS, sur les effets pour la santé et sécurité des opérateurs de l’utilisation des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC). Il répond également à une demande de la Caisse Régionale d’Assurance Maladie (CRAM) des Pays de la Loire et d’une entreprise qui souhaitent connaître les effets de l’utilisation du guidage vocal sur les préparateurs de commandes, en termes de santé et de sécurité. Les changements induits par l’innovation en matière d’information et de communication constituent un progrès pour l’entreprise et favorisent l’efficacité. Mais, comme toute introduction de nouveaux outils, ces technologies amènent des modifications dans la façon de travailler, dans les compétences à mettre en œuvre par les utilisateurs et probablement dans la façon dont l’entreprise toute entière organise son fonctionnement [6, 5, 7]. Ces nouvelles situations de travail peuvent conduire à une réduction de certains risques et/ou engendrer des risques nouveaux pour les opérateurs. L’étude présentée visait à mieux comprendre les modifications du travail liées à l’utilisation de ces NTIC afin de prévenir les éventuels risques professionnels. L’intervention s’est déroulée dans le secteur de la logistique. Ce secteur présente deux caractéristiques : x Un indice élevé de fréquence d’accidents de travail avec arrêt (1,75 fois supérieur à la moyenne nationale, tous CTN confondus), x Une transformation organisationnelle du secteur qui se traduit par l’intégration de technologies informatiques et de réseaux de communication dans l’ensemble des processus [1]. La logistique évolue des opérations d’entreposage ou liées au transport vers la notion de « supply chain » (« chaîne logistique »). Elle peut ainsi se définir comme « la technologie de la MOTS CLES Logistique, préparation de commandes, Nouvelles technologies de l’Information et de la Communication, santé et sécurité ABSTRACT This study falls under a program of the INRS on the effects of the use of Information and Communication Technologies (ICT) for health and safety of the operators. The intervention took place in the logistics sector and was related to the activity of preparation of orders. The introduction of vocal guidance led to carry out important profits of productivity for the company. However, this guidance seems to contribute to the reduction in the margins of manoeuvre of the operators because of the cycle of preparation of order in “step by step”. In spite of this severe restriction of the margins, some operators manage to regain other spaces: to carry out predictions about task sequences or to validate by anticipation what will be ordered. These first analyses made it possible to show that the principal modification introduced by vocal guidance intervenes rather on the 221 maîtrise des flux tout au long de la chaîne clientsfournisseur » [2]. Il existe actuellement peu d’études ergonomiques sur l’activité de préparation de commandes dans ce secteur. Le préparateur de commandes a pour mission principale la préparation matérielle des commandes à partir d’un bordereau ou d’un dispositif informatique portatif. que des entretiens semi-dirigés pour saisir le ressenti des préparateurs de commandes. x Des auto confrontations amenaient les préparateurs à réagir à différentes séquences filmées de leur activité. Tous les préparateurs y ont participé. Il s’agissait de tenter d’accéder aux représentations et stratégies mises en œuvre par les préparateurs dans leur travail. x Un questionnaire, comportant 20 questions réparties en quatre thèmes : fatigue physique, fatigue nerveuse, fatigue auditive et satisfaction au travail a été soumis à 24 préparateurs, en une passation au milieu de la semaine. Les préparateurs étaient volontaires et leur répartition respectait les critères d’âge et d’ancienneté établis pour l’intervention. x Une évaluation subjective de la fatigue physique sur une journée de travail a été soumise à 24 préparateurs. Le principe de l’échelle de Borg [3, 4] a été retenu. Celle-ci consiste à demander à l’opérateur, au cours de son activité, d’évaluer la fatigue ressentie au niveau d’un segment musculaire sur une échelle en dix points. Cette évaluation a porté sur 8 segments : le cou, le dos, les avant-bras gauche et droit, les bras gauche et droit, les jambes gauche et droite. Six passations ont été effectuées : à la prise de poste (8h00-8h30), avant la pause du matin (9h45), avant la coupure du matin (11h45), à la reprise après la coupure (13h15), avant la pause de l’après-midi (14h45) et en fin de poste (16h15). CONTEXTE DE L’INTERVENTION La plate-forme logistique sur laquelle nous sommes intervenus est orientée vers la grande distribution (hypermarchés et supermarchés). Elle comprend 150 salariés dont 60 préparateurs de commandes. Ces derniers se déplacent dans l’entrepôt (20 500m2) avec un chariot motorisé. Les préparateurs sont guidés dans la réalisation des commandes par un système de reconnaissance vocale (NTIC). L’introduction de cet outil a pour objectif de diminuer fortement le nombre d’inversions, suppressions ou ajouts de colis dans les commandes. Ainsi, un guidage pas à pas des préparateurs dans le déroulement et le contenu des opérations à réaliser est retenu dans le fonctionnement du système de guidage vocal. Ce choix induit un niveau de prescription très élevé pour les préparateurs (Figure 1). RESULTATS L’analyse de l’activité donne des informations quantitatives et qualitatives sur le déroulement et le contenu du travail. Les préparateurs de commandes se déplacent dans les allées de l’entrepôt (Figure 2), constituent une commande ou une palette, déposent celle-ci sur le quai d’expédition. Il arrive que des déplacements en chariot soient interrompus par des encombrements ou des circulations dans les allées. Les emplacements des colis peuvent également ne pas être approvisionnés. Dans ces deux situations, l’activité est suspendue. Figure 1: Préparateur de commandes en cours de prélèvement de colis Afin d’accéder à une compréhension de la situation de travail, nous avons procédé à l’analyse : x de la tâche à réaliser, x du ressenti des préparateurs en termes de stress, de fatigue, de satisfaction, x des contraintes temporelles, mentales, hiérarchiques qui pèsent sur le préparateur, x du collectif de travail (constitution des équipes, répartition du travail, du relationnel). METHODOLOGIE Le recueil des données d’analyse de l’activité a mis en oeuvre différentes méthodes : x Des observations directes et instrumentées (vidéo, audio et mesures physiques) quantifiaient l’activité des préparateurs de commandes. 10 préparateurs ont participé à cette phase d’enregistrement et ont été sélectionnés sur des critères d’âge, d’ancienneté et de volontariat. L’enregistrement comprenait la réalisation de plusieurs commandes. Des données audio, relatives aux échanges entre le système de guidage vocal et les préparateurs, ont également été recueillies. x Des entretiens libres ont été conduits pour comprendre le fonctionnement de la plate-forme ainsi Figure 2 : L’entrepôt et une allée Analyse de l’activité : une activité segmentée, brève et répétitive Nous avons découpé l’activité des préparateurs de commandes en sous activités : arrêt sur chariot, attente de ré-approvisionnement en colis des emplacements 222 (picking), déplacement avec le chariot, réalisation de palette et catégorie « autre » (opérations telles que l’édition d’étiquettes, la prise de palette, la dépose de la palette sur le quai d’expédition, les dysfonctionnement important de la communication avec la vocale). On considère que chaque sous-activité se termine lorsqu’une autre commence. x déplacement à pied vers le poste de conduite et départ avec le chariot ou déplacement vers un autre lieu de prélèvement de colis. Répartition temporelle des sous-activités Le tableau 1 montre que la répartition temporelle des sous-activités pour les 10 préparateurs se décompose de la manière suivante : x 50% du temps est consacré à la réalisation de la palette elle-même, x 43% du temps d’activité se passe en déplacement avec le chariot, x un temps résiduel (7%) est alloué à des sousactivités annexes : arrêt sur chariot (3%), attente de réapprovisionnement du picking (1%) et catégorie « autre » (3%). Arrêt sur chariot Durée en% Fréquence en % 3% 5% 0 20 40 60 80 Durée en secondes Sous-activités Deplacement avec chariot Attente de colis Arrêt sur chariot Réalisation de la palette Autre Figure 3 : Illustration de 80 secondes d’enchaînement de sous activités pour un préparateur (n°10) (extrait des observations instrumentées) Analyse du Système Technique : le guidage vocal Architecture et fonctionnement technique du système vocal Le système vocal dispose d’un vocabulaire limité de phrases et de fonctions enregistrées. Ce système repose sur des technologies de reconnaissance vocale mono locuteur. L’empreinte vocale réalisée par les préparateurs est réalisée en situation réelle de travail. Elle se compose des 40 mots utilisés (chiffres de 0 à 9 et les fonctions utilisables). Le taux d’erreurs du système (absence de traitement du message, traitement erroné) est faible (6%). Le guidage est assuré par un « talkman » et le logiciel de gestion d’entrepôt AS400. 1% 4% Attente colis Déplacement sur 43% 43% chariot Réalisation de la 50% 40% palette 3% 8% Autre Tableau 1: Répartition des sous-activités en pourcentage de fréquence et en durée (10 préparateurs) Ces données illustrent également les différences entre répartition temporelle et fréquentielle. Certaines sousactivités sont répétées fréquemment avec des durées très brèves : les activités annexes, par exemple (arrêt, attente, autre), représentent 17% des événements enregistrés alors que leur durée n’est que de 7% du temps total d’enregistrement. Ceci exprime une segmentation de l’activité des préparateurs illustrée par la Figure 3. Celleci montre la brièveté de chaque sous-activité (chaque symbole correspond à 2 secondes) et leur enchaînement temporel. Figure 4 : Deux opérations de réalisation de palette Le talkman (Figure 5) est un boîtier porté à la ceinture du préparateur. Ce boîtier est composé d’un casque et d’un micro qui assurent les échanges entre le préparateur et le système vocal. Il permet de régler l’intensité et la vitesse d’élocution des messages émis par le système de guidage vocal. Plusieurs opérations très brèves en parallèle La sous-activité « réalisation de palette » (Figure 4) peut également inclure plusieurs opérations (le filmage de la palette, une ou plusieurs prises de colis, des arrangements de colis…). Si l’on considère l’opération de prise-dépose, on observe qu’elle dure en moyenne 12 secondes pour l’ensemble des préparateurs et nécessite la succession d’étapes suivantes : x déplacement à pied (du chariot vers le « picking »), x saisie du (ou des) colis à prélever (éventuellement une station penchée), x retour à pied vers les fourches du chariot, x dépose du (ou des) colis sur la palette posée sur les fourches (éventuellement station penchée), Figure 5 : Le talkman 223 bruit du moteur du chariot, bruit de la dépose de la palette sur les fourches du chariot, circulation des chariots, filmage de la palette, présence des autres préparateurs. Cet environnement sonore induit des interprétations erronées du système qui peut considérer ce bruit comme un message du préparateur. En début de commande, le préparateur active le talkman qui se connecte par voie radio au logiciel d’entrepôt. La commande est alors chargée sur le talkman. En cours de commande, le déroulement normal des échanges est le suivant : x le système fournit l’adresse à laquelle le préparateur doit se rendre pour prélever des colis (l’adresse contient une indication de zone et un numéro d’allée ; voir les deux premières lignes de l’échange en Figure 6), x le préparateur valide cette adresse (ligne 3, Figure 6) en donnant un code de validation (code détrompeur spécifique à chaque adresse), x la validation de l’adresse donne accès aux quantités de colis à prélever à cette adresse (ligne 4, Figure 6), x le préparateur prélève le nombre de colis indiqué par le système et valide le prélèvement en rappelant la quantité prélevée (ligne 4, Figure 6), x l’adresse suivante est fournie au préparateur (toutes les informations de zone, allée, emplacement, niveau sont indiquées sur une étiquette positionnée à chaque emplacement). TALKMAN Zone Alpha Allée 11 PREPARATEUR OK OK Emplacement 108 9…3 (code détrompeur) Prenez 2 colis 2 OK Emplacement 231 niveau 0 1…0 Performances avec l’utilisation du système vocal Globalement, les objectifs de l’entreprise liés à l’introduction du guidage vocal sont remplis. Une augmentation de 15% de la productivité de l’entreprise a été enregistrée entre juin 2003 et juin 2004. Ce gain a été renforcé par une diminution du nombre d’inversions, de suppressions ou d’ajouts de colis dans les commandes. Avant l’introduction du guidage vocal, les erreurs de préparation correspondaient à 0,8% des colis préparés. Elles représentent actuellement seulement 0,16%. Effets de l’utilisation préparateurs de la vocale sur les L’augmentation de la production est également vécue comme un point positif par les préparateurs de commandes. En effet, la prime de rendement peut atteindre 1/3 de leur salaire. Cette augmentation de la production correspond, en moyenne, à une augmentation de 25 colis par heure et par préparateur. Cependant, il existe également un coût humain lié à l’utilisation de la vocale, que nous avons pu estimer grâce aux questionnaires, aux évaluations subjectives (24 préparateurs) et aux auto-confrontations (10 préparateurs). Fatigue physique La majorité des 24 préparateurs considère que l’utilisation du guidage vocal n’a pas modifié leur appréciation de la fatigue physique. Pourtant, on note que 17% des préparateurs estiment que leur fatigue physique est plus importante depuis l’introduction du guidage vocal, alors que seulement 8% des préparateurs considèrent qu’elle est moins importante du fait de la suppression de tâches liées à l’étiquetage des colis, au port et au maniement du listing. Même si la fatigue physique déclarée reste majoritairement inchangée depuis l’utilisation du guidage vocal, les évaluations subjectives des 24 préparateurs montrent que cette fatigue existe. Les résultats indiquent que 66% des préparateurs ressentent une fatigue, au moins modérée, dans le dos et les jambes en fin de poste. Les critères d’âge et d’ancienneté apparaissent peu discriminants en ce qui concerne cette évaluation et ceci, quelles que soient les parties du corps concernées. Nous avons analysé les données d’évaluation subjective en fonction d’un critère de productivité individuelle en classant les 24 préparateurs selon leur rendement. Deux groupes de mêmes effectifs ont été établis : x un groupe qualifié par une « forte » productivité (209 colis par heure en moyenne), x un groupe qualifié par une « faible » productivité (167,4 colis par heure en moyenne). Figure 6 : Exemple d’échanges entre le talkman et un préparateur pendant la réalisation d'une commande Exposition aux émissions sonores du système de guidage Pour évaluer l’exposition des préparateurs au système vocal sur une journée de travail de 7 heures, nous avons considéré que le système fonctionnait et émettait de manière identique pour l’ensemble des 10 préparateurs. Nous avons envisagé les 12 heures d’enregistrement obtenus lors de notre intervention comme un flux continu uniforme. Nous avons appliqué ensuite une règle de proportionnalité. Par exemple, on considère que si en 12 heures, le nombre de message émis par le guidage vocal est de 1200, il sera de 700 sur 7 heures de travail. Ce mode de calcul a permis de montrer que les émissions du système vocal représentaient 37 minutes et 47 secondes sur 7 heures de travail, soit moins de 9% du temps. Durant ce temps, le système est intervenu 2954 fois et les interventions ont duré en moyenne 0,8 secondes. Les interventions du système ont consisté en des indications d’adresses et de quantités de colis (62%) et ont été majoritairement émises durant la phase de « réalisation de palette » (64%). Ces interventions se déroulaient dans un environnement sonore perturbé : 224 estiment que la communication entre préparateurs s’est détériorée depuis l’utilisation de la vocale. A l’attention nécessaire pour comprendre les messages et au nombre limité des communications avec les collègues, s’ajoutent des difficultés dans les échanges entre préparateurs et système vocal. L’analyse des échanges montre que sur une journée de 7 heures (voir la méthode de calcul utilisée dans le paragraphe Exposition aux émissions sonores du système de guidage), les erreurs ou difficultés suivantes ont été détectées : x 195 erreurs de perception par le système de guidage (6% des émissions du système de guidage), x 82 demandes de répétition des instructions par le préparateur (moins de 3% des émissions des préparateurs), x 24 difficultés de chargement de la commande sur le talkman, x 468 signaux d’interférence (Bip) émis par le système. Le taux d’erreurs de compréhension par le système de guidage vocal est cependant faible (6% soit 2 minutes 30 cumulées sur une journée de travail et l’ensemble des préparateurs) compte tenu de l’environnement bruité dans lequel évoluent les préparateurs. La productivité standard dans l’entreprise étant de 175 colis par heure et par préparateur, on peut considérer que le premier groupe a une productivité moyenne supérieure de 20% au standard alors que le second groupe a une productivité moyenne inférieure de 4%. 66% des préparateurs du groupe 1 ressentent une fatigue au moins modérée dans le cou, alors que tous les préparateurs du groupe 2 déclarent ressentir peu de fatigue physique. Fatigue nerveuse Les réponses au questionnaire (24 préparateurs) montrent que 64% des préparateurs (Figure 7) estiment que les efforts attentionnels nécessaires à la réalisation de leur travail ont augmenté depuis l’utilisation du guidage vocal. Les données d’auto confrontations indiquent que ces efforts attentionnels porteraient essentiellement sur la nécessité de mettre en place des stratégies de régulation et d’anticipation. beaucoup plus 4% NR 13% un peu moins 8% ca n'a pas changé 17% Irritabilité et plaintes Les entretiens et les auto-confrontations établissent que les 10 préparateurs considèrent les erreurs comme pénibles et irritantes, car ils estiment que leur travail est de préparer les commandes et non de récupérer les dysfonctionnements du guidage vocal (Figure 8). Cette irritabilité est également rapportée dans le questionnaire : 40% des 24 préparateurs déclarent être fréquemment irritable en fin de journée de travail (soit plusieurs fois par semaine). un peu plus 58% Figure 7 : Répartition des réponses des 24 préparateurs au questionnaire à la question « Pensez-vous que votre travail demande de l'attention depuis la mise en place du guidage vocal? » Représentation de la tâche Un guidage « pas à pas » ne permet pas aux préparateurs de se constituer une représentation globale de la commande. Par exemple, ils ne peuvent prévoir la constitution de cette commande : est-elle composée de beaucoup de colis de même forme ? Les derniers colis sont-ils volumineux ou lourds ? Sans ces informations, les préparateurs sont contraints de réorganiser leur palette (10% du temps total de réalisation des palettes des 10 préparateurs). Cette réorganisation constitue un élément de régulation corrective de l’activité (rétablir une stabilité défaillante) et (ou) anticipatrice (préparer la palette à recevoir le colis). « Il y a des gens qu’on pense être super calme et depuis la vocale, ils sont vachement à cran. Ça irrite d’avoir cette vocale : on a un rendement à faire et si la vocale ne comprend pas, qu’il faut répéter 10 fois alors qu’avant on s’est dépêché pour gagner du temps et qu’on est en train de tout perdre. Nous on dit le bon truc et elle ne comprend pas. Au bout d’un moment ... c’est fatiguant. » Figure 8 : Extrait de l’auto confrontation d’un préparateur Une gestion contrainte Les problèmes de niveau sonore ambiant ou d’identification des préparateurs par le système vocal obligent le préparateur à lancer une procédure de mesure du bruit de fond ou d’enregistrement de l’empreinte vocale en cours de commande. Ces procédures sont brèves (quelques secondes) mais ces quelques secondes contribuent à l’irritabilité des préparateurs, car elles sont considérées comme des pertes de temps subies. Le préparateur est forcé de réaliser ces procédures sous peine de devoir répéter plusieurs fois les mêmes données pour une prise en compte par le système. Les échanges et leurs traitements La gestion des consignes données par la vocale se fait en parallèle aux autres opérations. Le guidage vocal contraint les préparateurs à être attentifs aux messages car ceux-ci sont brefs. Les préparateurs se dispensent de parler à leurs collègues pour éviter un dysfonctionnement du système. En effet, toute parole du préparateur est considérée comme un signal devant être interprété par le système. Ainsi, des interventions comme « Bonjour » ou « Ça va Seb. ? » sont interprétés par le système comme « Retour » ou « 1…7 ». L’analyse du questionnaire montre que 84% des préparateurs 225 l’entreprise a constaté cette augmentation et a souhaité l’encadrer en plafonnant la prime de rendement des préparateurs. La prime de rendement n’augmente plus au delà de 240 colis par heure et par préparateur. Les transformations introduites par l’utilisation du guidage vocal apparaissent importantes au niveau mental pour les préparateurs. Celles-ci sont de plusieurs types : x gestion en parallèle des messages émis par la vocale et d’autres opérations, x exigences d’attention aux messages de la vocale car ceux-ci sont brefs, x mise en place de procédures de gestion des échanges avec le système, adaptées au niveau sonore ambiant et à l’identification des préparateurs par le système vocal, x limitation des échanges verbaux entre préparateurs liée aux risques de mauvaises interprétations par le système, x absence ou insuffisance d’informations qui contribuent à construire une vision globale de la commande. Ces exigences et contraintes apparaissent subies par les préparateurs. Elles sont considérées également comme consommatrices de temps et d’attention. Afin de compenser l’insuffisance d’information permettant d’avoir une vision de la commande, les préparateurs mettent en place des stratégies de régulation basées sur différentes hypothèses : x Hypothèses issues de connaissances générales sur : ¾Le fonctionnement global et habituel de l’entrepôt. Par exemple : les commandes du mercredi matin sont d’un certain type ; la commande en cours devrait s’en approcher, ¾La constitution des commandes de la journée. Par exemple : depuis deux heures, toutes les commandes commencent dans l’allée 6 et se terminent dans l’allée 19. Les parcours suivants dans les allées et les prises de colis ont des chances d’être du même type, ¾La connaissance du client. Par exemple : ce client fait habituellement des commandes d’un certain type de produits en grande quantité ; il faut donc prévoir de la place sur la palette pour ce type de colis, x Hypothèses élaborées à partir de l’état d’avancement de la commande : les colis de cette commande sont demandés en multiples ou les colis se répartissent dans des allées distantes, les prises de colis devraient donc se dérouler selon le même schéma par la suite, x Hypothèses élaborées à partir des derniers colis prélevés. Les stratégies d’anticipation mises en œuvre consistent à valider à l’avance certaines des informations et consignes données par le guidage vocal. Ainsi, les préparateurs peuvent valider jusqu’à 3 emplacements d’avance. Cette validation anticipée semble efficace, mais risquée et coûteuse. En effet, elle permet au préparateur d’optimiser le positionnement des colis sur la palette (stabilité), le circuit de déplacement avec le chariot et d’assurer un rendement individuel élevé. Mais, elle augmente les risques d’erreurs dans les prises de Une gestion anticipative Afin de réduire les dysfonctionnements, les préparateurs limitent leurs communications avec les collègues et utilisent différentes stratégies d’échange avec le guidage vocal : x ils éteignent le talkman lors du déplacement avec le chariot ou du filmage de la palette (66 extinctions pour les 10 préparateurs sur une journée de travail) afin d’empêcher toutes perturbations sonores du système de guidage, x ils utilisent la fonction « Répéter » après, ou durant, un événement potentiellement perturbant pour le système vocal (185 répétitions pour les 10 préparateurs sur une journée de travail). Cette fonction permet de relancer la dernière information fournie par le système et ainsi, d’initialiser la réponse du préparateur. Cette fonction est détournée de son rôle initial. Les erreurs ou dysfonctionnements sont considérés comme suffisamment pénalisants pour que les préparateurs mettent en place des moyens d’éviter ces perturbations en détournant le fonctionnement prévu. CONCLUSION ET DISCUSSION Ce travail a montré que l’activité de préparation de commandes était composée d’une succession de sousactivités et d’opérations fréquentes et très brèves. L’activité du préparateur est donc une activité plus segmentée que l’on pouvait le penser a priori. Avec l’introduction du guidage vocal, l’entreprise et les préparateurs ont réalisé des gains de productivité importants. Cette productivité accrue contribue probablement à la brièveté et la segmentation des opérations que nous avons observées. Toutefois, l’intensification de ces opérations du fait de leur brièveté pourrait également découler d’un aménagement différent du temps choisi par les préparateurs ou contraint par la nouvelle organisation (une étude comparative est en cours. Elle vise à comparer la préparation de commandes avec et sans guidage vocal). L’accroissement de la productivité nous a conduits à nous intéresser au coût physique et mental de l’utilisation du guidage vocal. Sur le plan physique, il faut rappeler que la préparation de commandes est une activité de manutention. Celle-ci engendre donc des sollicitations physiques, qu’il y ait ou non recours au guidage vocal. Globalement, depuis l’introduction de ce guidage, les efforts physiques fournis ont peu évolué. Néanmoins, les résultats concernant les relations entre fatigue musculaire et productivité des préparateurs sont intéressants. Ils montrent qu’une productivité importante amène à ressentir la fatigue de façon plus marquée qu’avec une productivité faible. Ceci est clair sur les parties du corps fortement sollicitées par l’activité physique : cou, jambes et dos. Ce constat n’est pas original, mais semble indiquer que le niveau de productivité des préparateurs influe sur le ressenti de la fatigue musculaire. Cette question est d’autant plus importante que le guidage vocal accompagne une augmentation de la productivité. Il est à souligner que 226 colis ainsi que la charge de travail. En effet, une mémorisation est nécessaire, et cette stratégie contribue à supprimer les possibilités de récupérer ces informations en cas d’oubli. Le coût élevé de la stratégie est évident pour les préparateurs puisqu’ils ne la mettent en place que lorsqu’ils se considèrent en forme et très concentrés (Figure 9). physiques de prise-dépose des colis. La mise en place de racks dynamiques, par exemple, permettrait aux préparateurs de prélever les colis en bord de palette et limiterait ainsi les contorsions ou postures éprouvantes. x Une réflexion sur l’organisation de la production est à étudier afin de fournir aux préparateurs des moyens de réguler leur activité (par exemple, des informations sur la constitution de la palette, l’allée de fin de commande, indication et la localisation des colis volumineux ou en grande quantité). Ce travail nous a permis d’accéder à un premier niveau de compréhension des effets de l’utilisation du guidage vocal sur l’activité des préparateurs de commandes. Une étude comparative reprenant la même méthodologie et les mêmes outils d’analyse est actuellement en cours sur la même tâche réalisée sans guidage vocal. Elle devrait amener des résultats complémentaires sur la segmentation des opérations et leur brièveté, la fatigue nerveuse et physique, et la mise en place de la représentation de la commande. « Les anticipations même d’un ou deux codes ; un matin crevé, non, ou un vendredi après midi, non plus, mais sinon…. Il faut quand même que ce soit des jours de forme ». Figure 9 Extrait de l’auto confrontation d’un préparateur Cette stratégie est cependant reconnue par les préparateurs pour les gains qu’elle apporte au niveau : x de la production, donc de la prime de rendement, x du ressenti (fatigue, satisfaction au travail). Elle contribue également à donner aux préparateurs l’impression d’une certaine autonomie par rapport au système de guidage. Les préparateurs ont quelques fois le sentiment d’être des automates qui suivent le système vocal. En prenant le système de vitesse, ils ressentent une satisfaction à tricher avec la machine et ont ainsi l’impression de retrouver un peu d’humanité. D’autres préparateurs utilisent cette stratégie pour s’aménager des temps de pause supplémentaires tout en conservant un rendement acceptable. Lors de nos premières interventions dans l’entreprise, fin 2004 (soit moins d’un an après l’introduction de la vocale), les préparateurs exprimaient, dans les entretiens et observations libres, une satisfaction évidente à l’utilisation du guidage vocal. Ils indiquaient que celui-ci leur permettait d’augmenter leur productivité ainsi que de faciliter la manutention des colis (plus de listing à consulter ou à porter…). La perception de l’utilisation du guidage vocal s’est fortement dégradée avec le temps comme le montrent les résultats présentés. La CRAM Rhône-Alpes mène actuellement un travail sur ce même sujet de prévention et a mis en évidence des résultats proches de ceux obtenus fin 2004. Le « turn over » des préparateurs en région Rhône-Alpes est cependant plus important. Ils restent dans ces entreprises moins d’une année, ce qui correspond à la durée d’exposition de nos préparateurs à la fin 2004. La durée d’exposition au système de guidage semblerait être un élément important dans la dégradation du ressenti des opérateurs. BIBLIOGRAPHIE 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. PERSPECTIVES Des restitutions intermédiaires, réalisées auprès de l’entreprise et de la CRAM des Pays de la Loire, ont permis de suggérer quelques pistes de prévention : x Des améliorations technique du système de guidage vocal sont à envisager afin d’améliorer les échanges entre le préparateur et le système, et de limiter les erreurs ou difficultés de compréhension. x Les agencements des zones de prélèvement des colis ou l’utilisation de chariots à fourches mobiles (fourches positionnables à la hauteur de la dépose des colis) pourraient être considérés afin de limiter les efforts 227 Arnal, P. Quel impact de l’évolution de l’informatisation de la chaîne logistique ? D’une logique segmentée à une logique de gestion globale, Le journal du Net, 23 février 2004, site http://solutionsjournaldunet.com/0402/040223_scm. shtml.2004 Benbouali, S. Conception des plates-formes logistiques non-réfrigérées alimentaires, Mémoire de prévention, Formation des ingénieurs conseils, CRAM Languedoc Roussillon, année 2003-2004, 39.p. Borg, G. Aspects subjectifs de la charge physique et mentale. Le Travail Humain, tome 40, n°. 2, 1977, pp. 225-232. Borg, G. Borg's range model and scales. J. Sport Psychol., 32, 2001, pp. 110-126. Hamant, S. & Radocchia, N. NTIC, Flexibilité et transformation du travail : le cas de France Télécom. Mémoire de DESS Universités de Metz et Nancy 2, 2001. Muhlmann, D. Des nouvelles technologies à l’image des vieilles organisations. Sociologie du travail, n°.43, 2001, pp 327-347. Vendramin, P. Les TIC, complices de l’intensification du travail. In Actes du Colloque « Organisation, intensité du travail, qualité du travail », Paris, 21-22 novembre 2002. Démarche centrée utilisateur, intégrée dans la conception d'un DEmonstrateur de Vision INdirecte (DEVIN) Laurence KUJAWA Giat Industries Direction Technique Systèmes 11, allée des Marronniers 78022 Versailles Cedex [email protected] RESUME odology, applied by human factors experts of the Giat Industries company. This paper describes this methodology and gives an illustration of Human Factors Engineering (HFE) : processing ergonomic conception, methodological framework for collecting and analysis data, human factors documentation … Depuis plusieurs années, Giat industries conçoit des démonstrateurs technologiques, dans le but de préparer, notamment au profit de la DGA (Délégation Générale pour l'Armement), les futurs véhicules terrestres militaires. Un des principaux objectifs dans la conception des blindés futurs est l'augmentation de la protection des membres d'équipage tout en maintenant les performances du système. Une solution "prometteuse" est la délocalisation des postes opérateurs, actuellement situés en tourelle, vers des postes en châssis. Cette solution impacte fortement les futurs utilisateurs en termes de réorganisation de l'activité, modification des contraintes et exigences de la tâche… Ces problématiques sont appréhendées dès les phases amont du projet DEVIN en positionnant, dans l'équipe intégrée, un ergonome responsable de la prise en compte des aspects facteurs humains. Cet article a pour objectif de montrer comment les aspects facteurs humains sont intégrés dans le projet DEVIN. Il précise notamment les types d'études, les résultats obtenus et les résultats attendus quant à l'évaluation avec les utilisateurs finaux de la solution préconisée, au regard des objectifs techniques de l'étude qui consistent à valider de nouveaux principes de conception des postes opérateurs de véhicule blindé. KEYWORDS : User-centred approach, design process, man-machine interface new solutions, tasks organisation evolution, crew members station, DEVIN. INTRODUCTION Dans le cadre des programmes militaires terrestres futurs, les groupements étatiques, ainsi que les industriels de l'armement terrestre, mènent des réflexions complémentaires et conjointes sur l'évolution de l'architecture des plates-formes militaires terrestres. Ces réflexions sont la conséquence des besoins exprimés en termes de protection de l'équipage face à des menaces de plus en plus agressives, de réduction de masse des véhicules afin d'assurer l'aérotransportabilité, ainsi que de furtivité des silhouettes dans un souci de non détection par des systèmes adverses. A l'heure actuelle, une plate-forme militaire terrestre est traditionnellement composée de deux parties complémentaires (voir la figure 1): un châssis dans lequel se trouve un opérateur (le pilote) et une tourelle orientable sur 360°, à l'intérieur de laquelle travaillent en binôme un chef et un opérateur tourelle. En réponse aux besoins exprimés par les instances étatiques, Giat Industries est en charge d'étudier, un nouveau véhicule basé sur le concept de tourelle inhabitée (voir la figure 1). Ce concept implique notamment : MOTS CLES : Démarche centrée utilisateur, processus de conception, démonstrateur technologique, évaluation de poste équipage, DEVIN. ABSTRACT During the past few years, Giat Industries is integrated into the conception of several technology demonstration programs mainly for the French defence procurement agency (DGA). The main aim is to prepare the future armoured vehicles. One of the most challenging issues, is to obtain an optimal crew protection while maintaining performances. A promising solution is to confine the crew inside the hull. This solution is really significant and involves crew activity of military system, and their way of work in terms of : evolution of tasks, requirements and constraints of realisation, capabilities and limits of the human operator, new solutions of HMI. These questions are taken into account by "user-centred" meth- - - 229 une délocalisation des opérateurs actuellement situés en tourelle (le binôme chef / opérateur tourelle) vers des postes situés en châssis, une téléopération de la tourelle par les opérateurs depuis le châssis, une perte de la vision directe habituellement utilisée par les opérateurs en tourelle, avec une remise en cause des moyens de vision habituels (occultation des épiscopes), - une nouvelle allocation de tâches au sein de l'équipage, l'intégration de nouvelles habitudes de travail associées à l'utilisation de certaines technologies plus ou moins maîtrisées par les opérationnels. - Opérateurs en tourelle Opérateur en châssis L'environnement observé par les opérateurs se distingue de par sa profondeur : un environnement proche (appréhension de l'environnement immédiat) et un environnement lointain (détection de menaces et d'objets extérieurs). Ces tâches sont à réaliser sur un secteur de 360°, à site horizontal variable, en quasi instantané, dans un environnement varié, notamment urbain. Actuellement, ces tâches sont réalisées par l’intermédiaire de moyens optiques classiques (épiscopes de grossissement 1). Pour un système militaire terrestre, la perception représente une capacité fondamentale du système (Réf. [3] et [6]). Architecture classique © Giat Industries 2006 de détecter, reconnaître et identifier la présence d'objets et d’agressions extérieures, d'appréhender l’environnement général du compartiment de terrain et du système afin de pouvoir se situer par rapport aux amis et aux éléments remarquables du terrain (routes, bâtiments, végétation....), décider et coordonner les actions, diriger le déplacement du véhicule, assurer la navigation, prendre les décisions de commandement. Concept de tourelle inhabitée Délocalisation des opérateurs La délocalisation des opérateurs de la tourelle vers le châssis permet d'augmenter et d'améliorer les échanges et le partage d'informations au sein de l'équipage. Par contre, il devient impossible de conserver une vision directe optimale sur l'environnement extérieur. Cette limitation a des conséquences physiologiques et cognitives non négligeables sur la perte de référence des opérateurs par rapport à l'environnement proche dans lequel le véhicule évolue. Tous les opérateurs en châssis Figure 1 : Architecture classique vs tourelle inhabitée La finalité de ce projet est la réalisation d'un démonstrateur technologique (DEVIN – DEmonstrateur de Vision INdirecte) qui a trois objectifs principaux : 1/ identifier une architecture de perception permettant d'assurer les fonctions liées à l'observation, pour un équipage délocalisé en châssis, 2/ vérifier que les performances de ces fonctions sont suffisantes pour rendre le concept déporté techniquement pertinent et opérationnellement viabl, et 3/ évaluer les conséquences physiologiques et cognitives de la délocalisation sur les membres d'équipage. Au regard des problématiques énoncées, trois axes d'études d'ergonomie sont proposés: - La première problématique traitée au cours de cette étude est l'impact de l'intégration de moyens de vision indirecte sur la tâche d'observation des opérateurs. En effet, il s’agit d’une évolution importante de la mise en oeuvre de cette fonction qui ait apparaître certaines contraintes dimensionnantes qu’il est nécessaire de considérer lors de la définition des interfaces opérateurs, afin d’en réduire les effets négatifs sur l’efficacité opérationnelle du véhicule (et / ou sur la mise en oeuvre de ces fonctionnalités). Il s'agit, pour les opérateurs habituellement localisés en tourelle, d'une totale remise en cause de leurs habitudes de travail et des moyens utilisés pour l'acquisition de l'information extérieure (exemples : la perte de la voie directe optique utilisée pour l’observation, la détection et la reconnaissance d'objets extérieurs, la perte de la sensation du mouvement de l’arme en tourelle…). axe 1 : impact de la délocalisation des opérateurs de la tourelle vers le châssis, axe 2 : intégration de nouvelles fonctionnalités et assistances à l'opérateur, axe 3 : redéfinition des IHM. Intégration de nouvelles fonctionnalités Rappel sur la fonction perception / observation L'intégration de toute nouvelle fonctionnalité au sein d'un système militaire terrestre impacte fortement l'activité des opérateurs au sein du véhicule. En effet, ces nouvelles tâches insérées en plus de leur activité connue et maîtrisée viennent solliciter l'attention des opérateurs. Ces évolutions se traduisent le plus souvent par une re- Pour les opérateurs de systèmes militaires terrestres, observer consiste à surveiller l'environnement extérieur en vue : 230 mise en cause de l’organisation classique des fonctions où le partage des rôles entre la composante technique et la composante humaine était jusqu’alors clairement maîtrisé. processus au demeurant classique, constitue un référentiel commun à tous les acteurs d'un projet. Analyse et clarificatio n du besoin La seconde problématique traitée au cours de cette étude est une réflexion sur une nouvelle répartition des tâches entre les binômes "Chef x Opérateur tourelle" d'une part et "Système x Opérateurs" d'autre part. En effet, la prise en compte de nouvelles fonctionnalités introduit une réflexion sur l'intégration possible de nombreuses aides et assistances permettant d'améliorer l'efficacité du couple homme-machine. Ces réflexions portent notamment sur le niveau d'assistance à mettre en œuvre et tentent de répondre à la question suivante : Quelle place doit occuper l'opérateur dans la mise en œuvre de son système et / ou dans les prises de décision ? Spécification d u beso in et choix de concept RDL RDL Revu e d e Déc isio n de Lance men t Développement RDP Q ualification définitive Q ualification interne RCD RQI R CPA RDP: Rev ue de Dév el op pement Prél iminai re RCD : Rev ue Critique de Dév eloppe ment RQI: Revu e de Qu ali ficatio n In terne RCPA : Revue Crit iq ue d es Pre mie rs Art icle s Figure 2 : Processus E&D de Giat Industries Démarche ergonomique La démarche centrée utilisateur, proposée par le pôle ergonomie en charge des études de conception de postes opérateurs (composantes cognitive et physique), est pleinement intégrée au sein du processus industriel d'Etude et Développement, au même titre que les processus des autres métiers contributeurs (ingénierie système, architecture mécanique, logiciel…). La méthodologie se base sur une démarche classique de conception ergonomique nominale qui s'applique à tous les projets et études générales comportant une tâche de conception de poste utilisateur, de systèmes d'aide à la décision ou plus généralement d'IHM. Afin de permettre à la démarche ergonomique d'être naturellement intégrée dans le processus général de conception mis en œuvre au sein de Giat Industries, sont identifés pour chaque phase de ce processus, les différents points d'interventions ergonomiques et d'échanges avec les autres métiers contributeurs (voir la figure 3). Redéfinition des IHM Les innovations relatives aux dispositifs de saisie et d’accès à l’information, aux systèmes d’aide à la décision, sont autant de moyens susceptibles de contribuer à la définition de nouvelles architectures de postes opérateurs. Par contre, l'introduction d’équipements non encore banalisés dans un environnement blindé, comme par exemple un écran classique et / ou tactile, peut entraîner des difficultés dans leur mise en œuvre par les opérationnels. La troisième problématique traitée au cours de cette étude est l'impact de l'intégration d'équipements identifiés comme novateurs par les opérateurs actuels de véhicules blindés. Leur intégration peut entraîner des modifications importantes dans la façon dont les opérateurs vont réaliser leur activité (la finalité de l'activité reste identique, par contre les moyens et la procédure d'utilisation pour arriver à cette finalité sont profondément modifiés). A nalyse et clarification du bes oin Spécification du besoin et choix de concept R DL D évelop pemen t R DP Qualification interne RC D Etape descendante d'analyse R QI Qualificatio n définitive R CPA Etape ascendante d'intégration des solutions Anal yse de l'activité Acqui sition du retour d'expéri ence Spécifi cation des IHM Spécifi cation des postes INTEGRATION DES FACTEURS HUMAINS Justification des choix de conception Avant de présenter les résultats de l'intervention ergonomique appliquée pour répondre aux problématiques du projet DEVIN, il est intéressant de montrer comment les aspects facteurs humains sont intégrés dans le processus général de conception des systèmes militaires terrestres de Giat Industries. Particip ation à l a qualification du produit Suivi du développement Etape de recherche de solutions Figure 3 : Démarche de conception ergonomique intégrée dans le processus Etudes et Développement Processus Etudes et Développement (Processus E&D) Ce processus et cette démarche sont appliqués dans le cadre du développement de DEVIN. Ils permettent notamment de mettre en place, dès le début du projet, une équipe intégrée pluridisciplinaire composée d'un responsable de développement en charge de la cohérence technique du projet, d'un ergonome garant du respect de la prise en compte des contraintes de conception liées aux spécificités des utilisateurs, d'un architecte système en charge de la définition de l'architecture fonctionnelle du démonstrateur, d'un informaticien en charge de la dé- La démarche de conception industrielle suit un processus général d'études et de développement mis en place au sein de Giat Industries (voir la figure 2). Ce processus est jalonné de points de rencontre (revues) permettant à chaque acteur du projet de valider les orientations retenues (architecture système, technologies, architecture mécanique…) au regard de l'ensembles des données acquises au cours des phases précédentes (et en cours). Ce 231 finition de l'architecture logicielle de DEVIN et des experts en visionique, architecture mécanique, architecture vétronique1… L'intérêt de l'imbrication de la démarche ergonomique classique et du processus Etudes et Développement est double : les phénomènes de mal de transport, de claustrophobie, de désorientation spatiale, de confort (ou de "moindre inconfort"), de fatigue oculaire et de perte de repère dans l'espace. En ce qui concerne ces points, le démonstrateur permettra d’évaluer diverses solutions d'interfaces opérateurs, tant technologiques que basées sur des principes de formalisation de l'informations. - Evaluation des technologies de perception - permettre l'intégration d'une démarche centrée utilisateur au sein des programmes permettre la mise en place d'un fonctionnement en ingénierie intégrée Des études antérieures ont montré que le point prioritaire à traiter pour exploiter une tourelle "inhabitée", est "l'appréhension du terrain et de la vision proche". DEVIN tente de répondre à ce besoin en permettant, d'une part, l'étude d'architectures et d'équipements réalisant la perception en vision proche, et d'autre part, en offrant la possibilité de vérifier la pertinence opérationnelle d'une telle architecture. Les solutions préconisées se basent sur une restitution de l'environnement extérieur via une chaîne optronique homogène. Différentes technologies sont utilisées et testées afin de vérifier la pertinence technique, fonctionnelle et surtout la viabilité opérationnelle des solutions préconisées (exemple : écrans de restitution, visuel de casque, écrans tactiles…). OBJECTIFS DE DEVIN DEVIN est un démonstrateur de vision indirecte. Il est construit sur la base d'un véhicule expérimental nommé PISE (voir la figure 4) et développé par les Etablissements Techniques d'AngerS (DGA/DCE/ETAS). PLAN D'ACTIONS Pour aboutir en final à une solution répondant aux problématiques énoncées, les tâches suivantes sont menées: Figure 4 : Véhicule expérimental existant - PISE - PISE est un banc d'évaluation roulant mis à disposition dans le cadre du contrat pour permettre l'intégration du démonstrateur DEVIN. Il est construit sur la base d'un chenillé dans lequel peuvent être positionnés quatre opérateurs : trois membres d'équipage et un observateur d'essai. - DEVIN est un outil d'évaluation : - identifier et spécifier le besoin opérationnel lié à l'observation et la perception, identifier les technologies s’intégrant dans l'architecture pressentie, étudier et établir la faisabilité des points durs technologiques, spécifier et réaliser un démonstrateur fonctionnel, valider la solution architecturale retenue auprès d'opérationnels. intégrer la solution (DEVIN) dans un démonstrateur plus global (PISE), évaluer la solution intégrée avec un panel d'utilisateurs représentatif de la future population utilisatrice. Ainsi, le démonstrateur est limité aux seuls aspects soulevant des problèmes de faisabilité technique et d'utilisation opérationnelle. des contraintes physiologiques rencontrées par les utilisateurs des nouvelles technologies de perception, d'une nouvelle architecture de perception mise en œuvre par un équipage délocalisé en châssis. RESULTATS Besoin opérationnel Evaluation des contraintes physiologiques L'analyse du besoin opérationnel est réalisée sur la base d’une analyse fonctionnelle, complétée par une analyse ergonomique. Cette dernière, basée sur une démarche terrain de recueil d'expertise (RETEX), est menée auprès d'opérationnels du 1er Régiment de Hussards Parachutistes (1er RHP) de retour d'opérations extérieures en contexte de crise. L'identification du besoin se fait via l'utilisation de techniques de recueil de données (entretiens individuels, entretien en dynamique de groupe, auto confrontation des argumentaires). Le recueil réalisé Le premier objectif de DEVIN est de permettre l’évaluation de certaines conséquences physiologiques et cognitives que pose la perception déportée en châssis. Parmi celles-ci, il s’agit tout particulièrement d’évaluer 1 L'architecture vétronique représente l'infrastructure sur laquelle viennent se connecter tous les équipements (électronique, électrique, calculateurs, moyens visionique, etc.) d'un véhicule ou d'un système. 232 lors de cette phase permet d'acquérir des données dimensionnantes et spécifiantes pour la définition des postes opérateurs. Elles déterminent notamment les principales recommandations à prendre en compte lors de la conception d'un système militaire terrestre dans un contexte d'opérateurs déportés en châssis, n'ayant plus accès à la vision directe comme moyen principal de prise d'information sur l'environnement extérieur. - Dans le projet, une synthèse présente les différentes architectures envisagées, et précise les avantages et inconvénients de chacune des solutions au regard de critères d'évaluation multi métiers. Les critères utilisés sont notamment les suivants : maturité technique, adéquation au besoin opérationnel, disponibilité immédiate de la technologie dans un contexte de véhicule blindé, coût, degré d'acceptation de la technologie par les utilisateurs… Cette démarche permet une validation commune et partagée des choix définitifs entérinés pour la spécification du démonstrateur DEVIN. Principaux résultats de l'analyse ergonomique : - - - - - système permettant le calcul de la profondeur à base de capteurs stéréoscopiques, système de surveillance 360° aux abords proches du véhicule (utilisation lorsque le véhicule est à l'arrêt), techniques de création d'un bandeau virtuel d'images à partir de plusieurs capteurs indépendants. nécessité de conserver une vision directe même dégradée (rôle d'aide à l'opérateur pour lutter contre la claustrophobie et le stress en préservant un accès à la information réelle, brute et non traitée), importance de pallier la perte des informations signifiantes de mouvement (sensations existantes dans la tourelle différentes de celles du châssis) par l'intégration d'aides graphiques et/ou sérigraphiées, apport de réflexions sur de nouvelles configurations de postes opérateurs facilitant la proximité et le partage d'informations entre les membres d'équipage, prise en compte de critères physiologiques et techniques impliqués dans l'activité des opérateurs étudiés (exemples : taille du champ de vision humain / taille du champ de vision nécessaire pour observer un théâtre d'opération militaire, type de supports de présentation de l'information, choix de l'implantation de la chaîne de capture et de restitution de l'information, apport de la vision stéréoscopique…), importance de l'intégration d'aides à la perception de l'environnement extérieur. Spécifications et développement du démonstrateur L'analyse du besoin opérationnel et les études technologiques menées en parallèle servent de données d'entrée aux phases de spécification du démonstrateur DEVIN. Lors de cette étape, les spécifications techniques et logicielles de DEVIN sont réalisées sur la base d'un cahier des charges IHM décrivant la spécification ergonomique des interfaces opérateurs. Architecture du démonstrateur L'architecture de DEVIN (voir la figure 5) s'articule autour des points suivants : - Etudes technologiques Les études technologiques réalisées au cours de ce projet permettent de réaliser, en collaboration avec l'ergonome, d'une part des études prospectives avec des fournisseurs, et d'autre part des tests et essais techniques en laboratoire sur des technologies et équipements existants. Ces études technologiques ont permis de fournir les données nécessaires en termes de maturité technique et de capacité d'adaptation dans un contexte de véhicule blindé des technologies étudiées. Combinées au besoin opérationnel, ces données ont notamment servi comme critère d'aide aux choix des solutions techniques à intégrer dans le démonstrateur DEVIN. deux systèmes de vision proche un système complémentaire de vision lointaine. Système de visio n proche 2 Système de vision lointaine Système de vision proche 1 Quelques solutions technologiques étudiées en collaboration avec l'ergonome du projet : - système de vision panoramique jour, à base de capteurs (caméras) jour, système de vision panoramique nuit, à base de capteurs (caméras) fonctionnant en infra rouge, système multi-caméras sur tourelleau orientable à 360°, système de visualisation stéréoscopique, Figure 5 : Architecture du démonstrateur DEVIN Ces moyens permettent d'étudier attentivement les problèmes de volume de données numériques ainsi que les débits nécessaires pour disposer d'une fonction observation cohérente avec un besoin opérationnel. Ils permet- 233 tent également d'évaluer les implications liées à l'emploi d'équipements numériques reliés à une architecture vétronique interne dans le cadre d'études prospectives des blindés futurs. graphiques à la localisation de l'opérateur. Les aides concernent notamment : - Poste équipage L'équipage d'un véhicule blindé classique est traditionnellement représenté par un chef, un opérateur tourelle et un pilote. Le partage des tâches entre ces trois opérateurs, fait l'objet d'un emploi opérationnel défini et maîtrisé. Dans le cadre de ce projet, les études se focalisent sur les interactions entre le chef et l'opérateur tourelle. Les deux postes sont identiques et configurables selon le rôle de l'opérateur. la localisation de l'opérateur dans son environnement tactique (exemple : localisation des menaces potentielles) la localisation de l'opérateur dans son environnement proche et position des équipements externes (exemples : position de la tourelle par rapport au châssis, position et direction des viseurs d'observation…). Sur les écrans inférieurs, sont notamment présentées : - Ecran de commandes Vision proche - Vision lointaine Cartographie les informations et commandes de mise en œuvre et de gestion du système (exemple : gestion des servitudes liées aux capteurs, gestion de la protection de l'équipage et du système…), des aides au partage d'informations entre opérateurs ainsi que des aides redondantes de localisation de l'opérateur dans son environnement tactique, dans son environnement proche et de la position des équipements externes. © Giat Industries 2004 © Giat Industries 2004 Poste tireur Poste chef Figure 6 : Architecture des postes opérateurs Figure 7 : Organisation des IHM de DEVIN Les images des équipements de vision proche et lointaine, sont restituées au chef et au opérateur tourelle par l'intermédiaire de 6 écrans à chaque poste (voir la figure 6), qui servent également de pupitres (écrans tactiles). Les redondances volontairement positionnées dans ce démonstrateur permettent d'évaluer les moyens d'accès préférentiels des opérateurs en fonction de leurs différences inter et intra individuelles. Interface Homme-Machine Evaluation technique et ergonomique du démonstrateur Un focus sur les IHM montre l'organisation des informations et des commandes au sein des postes opérateurs du démonstrateur DEVIN (voir la figure 7). Les écrans supportent les informations et commandes nécessaires à la réalisation de l'activité du binôme chef/opérateur tourelle. L'activité prise en compte dans le démonstrateur est basée aussi bien sur la mise en œuvre de fonctions classiques d'un système militaire terrestre actuel (exemple : localisation du véhicule sur le théâtre d'opération), que sur la prise en compte des fonctions innovantes intégrables dans un futur véhicule blindé (exemple : gestion de la protection collective). L'objectif ici est de réaliser des essais, de dépouiller les résultats, de comparer les différentes configurations testées et de statuer sur la viabilité du concept de perception et de visée déportée. L'analyse des résultats doit prendre en compte les aspects technologiques, système et ergonomiques, afin de les corréler aux études précédemment réalisées. Les conclusions de cette étude permettront de définir une solution d'intégration d’une tourelle téléopérée au sein d'un futur système militaire terrestre. Attendus des évaluations techniques et ergonomiques La définition des attendus des évaluations permet de définir les objectifs et critères d'évaluation à prendre en compte. Ils précisent les équipements, les fonctions, ainsi que les niveaux de performance qui pourront être éva- Sur les écrans supérieurs, sont notamment présentées en superposition de l'environnement extérieur, des aides 234 lués sur le démonstrateur. Il est donc nécessaire de définir au préalable des critères de performance permettant de vérifier l’intérêt des technologies prises en compte. Deux groupes de critères sont retenus : - Formation préalable Les choix d'architecture réalisés dans le cadre du démonstrateur sont en rupture technologique avec les équipements actuels utilisés par les opérateurs. Ce point justifie une période préalable de prise en main technique du démonstrateur par les opérateurs chargés de l'évaluation de DEVIN. De plus, l'architecture fonctionnelle du démonstrateur prend en compte les nouvelles fonctionnalités intégrables dans les futurs systèmes militaires terrestres. Ces évolutions pressenties sont issues pour la plupart d'études prospectives, dont les résultats ne sont pas encore portés à la connaissance des utilisateurs actuels. Ce deuxième point implique d'expliquer aux opérationnels chargés de l'évaluation les nouvelles potentialités du système à tester. des critères techniques mesurables et quantifiables (exemples: temps de réponse, nombre d'erreurs…), des critères subjectifs (ex : appréciation par l'opérateur -et par l'observateur- du degré d'atteinte des objectifs en fonction de la consigne, appréciation d'un seuil en deçà duquel la qualité de perception ne permet pas de réaliser correctement la fonction…). Ces attendus sont identifiés au sein de l'équipe pluridisciplinaire (ergonome, experts en visionique, informaticien, architecte système, architecte mécanique) afin d'appréhender les différents domaines de l'étude. Les attendus ergonomiques génériques consistent notamment en l'évaluation du concept de reconfigurabilité des IHM au sein d'un véhicule blindé, du concept du poste unique, des modes de fonctionnement système et de l'intégration d'aides et assistances à l'opérateur. CONCLUSION ET PERSPECTIVES Apport d'une démarche ergonomique intégrée L'intégration de la démarche ergonomique au sein de ce projet a largement été facilitée par une adhésion totale de l'équipe pluridisciplinaire déjà sensibilisée à la prise en compte des aspects facteurs humains dans la conception système. Cette adhésion dès les phases amonts du projet a permis : Profil opérateur ciblé Les attendus des évaluations sont différents en fonction des profils d'utilisateurs participant aux évaluations. En effet, les opérationnels prévus pour le déroulement des évaluations sont scindés en deux groupes différents : - - un équipage dit "de référence", des équipages dits "opérationnels". - Les membres de l'équipage de référence sont des experts dans l'utilisation technique de différents systèmes et démonstrateurs technologiques en cours. Les thèmes d'évaluation abordés avec eux traitent essentiellement de la validation de l'architecture technologique choisie. La conception centrée utilisateur a permis de repositionner l'homme dans le système. Les résultats démontrent qu'il fait partie intégrante du système. Considéré depuis longtemps comme facteur limitant de la performance des systèmes complexes, l'opérateur peut aujourd'hui être appréhendé comme un générateur de solution au même titre que d'autres composantes. Les membres des équipages opérationnels sont constitués d'utilisateurs de systèmes blindés, actuellement en service dans les régiments de l'armée de terre et ayant pour la plupart participé à des opérations extérieures (déploiement en contexte opérationnel réel). Les thèmes d'évaluation abordés concernent essentiellement : - de dérouler la démarche ergonomique dans son intégralité (de l'analyse aux évaluations), de travailler tout au long du projet en ingénierie intégrée, de favoriser une synergie forte entre tous les métiers impactés, de disposer de références et d'outils communs aidant aux choix des solutions préconisées. Dans le domaine des systèmes militaires terrestres, les processus de conception avaient tendance à traiter l'homme comme un facteur externe. Cette démarche pouvait aboutir à des aberrations d'un point de vue ergonomique. Plusieurs exemples peuvent être cités : la viabilité opérationnelle de la tourelle téléopérée (avec opérateurs déportés en châssis), la pertinence opérationnelle des solutions technologiques choisies, l'adéquation des choix d'IHM avec les exigences et contraintes réelles des tâches à réaliser, l'évaluation des critères dimensionnants dans la réalisation des tâches au cours d'une mission : organisation des IHM, séquentialité des tâches au regard des missions à réaliser, organisation et répartition des activités au sein du binôme chef/opérateur tourelle… - - 235 la conception de postes opérateurs avec l'optimisation du volume alloué aux équipements au détriment de l'opérateur qui devait se caler "au mieux" pour intégrer son poste, la conception d'IHM potentiellement génératrices d'erreurs pour le système avec une consigne d'utilisation liée à la formation de l'utilisateur de type : "on dira en formation que c'est dangereux d'actionner la commande et l'opérateur s'adaptera". Aujourd'hui, l'armée est une armée de métier dont le cœur est constitué autant par les hommes que par les systèmes. Cette armée évolue en termes d'exigences (de plus en plus précises), de restrictions, de législation (de plus en plus proche du code du travail civil). A l'heure actuelle, l'intégration d'une démarche centrée utilisateur dans la conception de systèmes militaires terrestres permet de prendre en compte très tôt les aspects facteurs humains et d'aider les concepteurs dans l'atteinte des performances requises par les projets. - - - Apports techniques et ergonomiques de l'étude Comme on a pu le voir, les concepts opérationnels développés autour des futurs véhicules de combat débouchent sur plusieurs innovations intégrées dans le démonstrateur DEVIN : équipage délocalisé, nouveaux concepts technologiques... Ainsi équipé, DEVIN, démonstrateur évolutif, permet de recueillir les données et pré requis nécessaires et indispensables à une bonne intégration des évolutions technologiques pressenties dans les futures plates-formes terrestres militaires. En conclusion, ce projet est une première étape permettant la validation d'hypothèses de conception (intégration de solutions technologiques, organisation du collectif de travail au sein d'un équipage, remise en cause des habitudes de travail). Une deuxième étape est d'ors et déjà à préparer. Elle consiste en la transposition sur un véhicule réel des résultats obtenus avec DEVIN. Les données acquises sont considérées aujourd'hui comme dimensionnantes, voire spécifiantes pour la conception de nos nouveaux systèmes militaires terrestres. Apports techniques Le démonstrateur DEVIN contribue à enrichir nos connaissances notamment sur les points techniques suivants : - - - BIBLIOGRAPHIE veille lointaine : évaluer l’aptitude du matériel à réaliser la surveillance d'un secteur situé à une distance de plusieurs kilomètres. veille proche : évaluer l’aptitude du matériel à réaliser la surveillance de l’environnement proche du véhicule . intégration d'une architecture de perception innovante, au sein d'une architecture vétronique globale pour les futurs systèmes. 1. Azerot T and Echalier S (2004). Evaluation of new HMI concepts embedded in an experimental platform. Congress of MILVA 2004. 2. Echalier S et Kujawa L (2004). Interface hommemachine d'un système de traitement de menaces. Brevet en cours. 3. Fisanne C (1999). La téléopération et l'homme 4. Kujawa L (2004). Programme d'étude amont : Etude d'évolution et essais d'un démonstrateur de perception et de visée déportées. Contraintes et exigences ergonomiques liées à l'activité du binôme chef / opérateur tourelle. 5. Kujawa L (2004). Programme d'étude amont : Etude d'évolution et essais d'un démonstrateur de perception et de visée déportées. Cahier des Charges IHM des postes opérateurs du démonstrateur de perception et de visée déportées. 6. Mestre D, Masson G (1996). Evaluation des besoins en informations visuelles pour la téléopération. 7. Mestre D, Masson G (1996). Etat de l'art des solutions technologiques pour la perception visuelle de l'environnement lors des tâches de téléopération. 8. NF EN ISO 13407. Processus de conception centrée sur l'opérateur humain pour les systèmes interactifs. 1999 . Apports ergonomiques Ce projet a permis aux ergonomes de réaliser un certain nombre d'analyses et d'études de concepts qui ont notamment abouti à : - - l'appréciation, la qualification et, autant que possible, la quantification des contraintes physiologiques liées à la perte de vision directe, l'identification du positionnement et du rôle de l'opérateur au sein d'un futur système complexe intégrant des aides et assistances à l'opérateur, ainsi que des automatismes divers, l'identification de l'impact des nouvelles technologies introduites comme support de réalisation d'activités classiques pour les opérateurs (analyse du transfert de tâches, acceptabilité des nouvelles technologies…). la consolidation des données acquises sur le terrain sur les exigences et contraintes ergonomiques à prendre en compte lors de la conception de postes équipages de plates-formes militaires terrestres, l'évaluation d'une organisation de tâches au sein d'un collectif de travail pré établi, la validation des hypothèses structurantes posées lors de l'identification de la probable organisation des tâches à mener par le système et les membres d'équipage, 236 RUP© et conception centrée sur l’utilisateur : une étude de cas François Lemieux Michel C. Desmarais Département de génie informatique École Polytechnique de Montréal C.P. 6079, succ. Centre-Ville, Montréal Québec, Canada, H3C 3A7 [email protected] [email protected] RÉSUMÉ specific sequence of distinct activities and a better understanding of key UCD principles would allow the process to be user-centered. Le processus de développement logiciel RUP© est perçu comme une norme de fait par l’industrie. Il n’est pas centré sur l’utilisateur, mais il est plutôt centré sur l’architecture. Cela peut être un handicap lors de la conception d’applications logicielles interactives. Le RUP pourrait néanmoins être adapté à la conception centrée sur l’utilisateur. Cette étude de cas aborde cette question commune à plusieurs projets de développement logiciel qui utilisent le RUP et où une équipe ergonomique intervient. La conformité du RUP à la norme ISO 13407 qui définit la conception centrée sur l’utilisateur est ici analysée. Pour le RUP, la conception centrée sur l’utilisateur et les tests d’utilisabilité sont des « concepts clés ». Les résultats démontrent cependant que son application ne se traduit pas par une conception centrée sur l’utilisateur. Certains éléments pertinents du processus ne sont pas retenus par l’équipe de développement. Certains principes gagneraient à être mieux compris et mieux intégrés au processus et un enchaînement d’activités distinct permettraient une conception centrée sur l’utilisateur. KEYWORDS: Rational Unified Process, RUP, ISO 13047, UCD, case development practices study, software engineering, INTRODUCTION En génie logiciel, la production d’un système informatique doit se faire selon une suite d’opérations définies par un processus de développement [21]. Les premières étapes d’un processus de développement logiciel, la modélisation métier et la définition des exigences, consistent à définir les spécifications du système à partir des besoins du client [12]. Lors de ces étapes on définit, entre autres, les scénarios d’opération, les exigences fonctionnelles et les exigences non-fonctionnelles ainsi que les interfaces– utilisateurs [6, 7, 8]. Le Rational Unified Process (RUP), une version commerciale de ce type de processus, est utilisé dans l’industrie du développement logiciel à une telle échelle qu’il est perçu comme une norme de fait [14, 4]. CLÉS : Rational Unified Process, RUP, ISO 13047, conception centrée sur l’utilisateur, étude de cas, génie logiciel, processus de développement centréutilisateur. MOTS La norme ISO 13407 prescrit les règles à suivre pour adapter un processus de développement logiciel à la conception centrée sur l’utilisateur [9]. Cette norme, intitulée « Processus de conception centrée sur l'opérateur humain pour les systèmes interactifs », sera utilisée ici pour établir dans quelle mesure le processus suivi par l’équipe est conforme à la conception centrée sur l’utilisateur. ABSTRACT RUP is a software development process that is widely used in industry. RUP is an architecture-centered process and generally not recognized as user-centered. This could be considered as a shortoming for interactive applications. However, can RUP be adapted, or is it at least compatible with a user-centered design (UCD) process? We address this issue through a case study that is typical of many software development projects, where RUP is adapted to the needs of the project and where an HCI team has the responsibility for user requirements. We analyse the extent to which the resulting process is compliant with ISO 13407, the standard defining the UCD process. Results show that, altought UCD is a key concept for RUP, its application in the project does not yield a user-centered process according to the standard. Key elements of UCD are omitted by the adaptation made by the development team. We conclude that a De nombreux problèmes de réalisation des systèmes informatiques interactifs sont imputables à une mauvaise gestion des exigences. Or, les exigences liées à l’utilisateur et à l’organisation constituent la majorité des exigences de ces systèmes. La conception centrée sur l’utilisateur pallie à ces problèmes [9, 19]. Comment un processus comme le RUP traite-t-il la gestion des exigences-utilisateurs et comment peut-on adapter ce processus à la conception centrée sur l’utilisateur ? Cette étude de cas aborde cette question sous trois angles : celui du processus tel que défini par la référence 237 de base, le RUP [22] ; l’adaptation et l’application qu’en fait une équipe de développement pour un projet donné ; et enfin, selon l’angle d’une intervention ergonomique visant à utiliser l’approche centrée sur l’utilisateur lors de la définition des exigences. Jacobson, Grady Booch et James Rumbaugh, chefs de file de la conception orientée objet [16]. Le RUP est un processus de développement itératif qui se déroule en 4 phases : l’inception ou opportunité, l’élaboration, la construction et la transition. Il comporte des enchaînements d’activités qui sont au nombre de 6 parmi lesquels on retrouve la modélisation métier et la gestion des exigences. Il y a aussi 3 enchaînements d’activités de soutien dont celui de la gestion de projet. La conception des interfaces-utilisateurs se fait lors des activités de gestion des exigences dans la version 2002 du processus [18]. L’étude de cas décrit l’intervention d’une équipe d’ergonomes auprès d’une équipe d’analystes fonctionnels qui travaillent à la modélisation métier et à la définition des exigences de la première application d’un nouveau progiciel d’entreprise. Le processus RUP est adapté par l’équipe de développment. L’application étudiée, la « Gestion des réseaux de distribution » (RDD), est définie par 48 cas d’utilisation dont 6 font l’objet d’une intervention ergonomique complète. La définition détaillée des exigences est exprimée par des cas d’utilisation qui sont des scénarios qui décrivent des fonctionnalités du système et devraient fournir un résultat pour un acteur particulier [18]. Il ne faut pas confondre les cas d’utilisation avec les scénarios d’utilisation connus en ingénierie de l’utilisabilité [14]. LE RUP ET ISO13407 Le RUP et son application dans le cadre du cas seront analysés selon la perspective de la norme ISO 13407. Le RUP et la norme sont ici décrits dans leurs grandes lignes avant d’aborder l’étude du cas. Le RUP ne prétend pas être centré sur l’utilisateur. Il est plutôt centré sur l’architecture et piloté par des cas d’utilisation [18]. Le RUP assimile la conception centrée sur l’utilisateur à un « concept clé ». C’est ce concept qui établit des équivalences entre les activités et artefacts du processus et les prescriptions de la norme ISO 13407. Les tests d’utilisabilité constituent aussi un « concept clé » associé à la discipline des tests. La norme ISO 13407 La norme ISO 13407 prescrit un processus de conception centrée sur l’utilisateur. La norme ISO 13407 ne prétend pas couvrir un cycle de développement de système ; elle est complémentaire au processus de développement et s’y intégre selon le contexte. La norme énonce 4 grands principes : ƒ ƒ ƒ ƒ Les « concepts clés » sont les travailleurs, les activités, les artefacts et les enchaînements d’activités, ainsi que d’autres éléments qui permettent de décrire le processus [18]. La description de certains de ces concepts, comme risque, itération, phase ou tests de performance, est incluse à l’intérieur des enchaînements d’activités appropriés [22]. la participation active des utilisateurs et une compréhension claire des exigences liées à l'utilisateur et à la tâche ; une allocation appropriée des fonctions entre les utilisateurs et la technologie ; l'itération des solutions de conception ; une conception pluridisciplinaire [9]. Il existe aussi une « feuille de route » de l’ingénierie de l’utilisabilité. Pour le RUP, une feuille de route est l’adaptation du processus générique à des problèmes spécifiques. Une telle feuille de route existe, par exemple, pour les solutions d'affaires électroniques [22]. Et elle propose des activités : ƒ ƒ ƒ ƒ comprendre et spécifier le contexte d’utilisation ; spécifier les exigences liées à l’utilisateur et à l’organisation ; proposer des solutions de conception ; évaluer les conceptions par rapport aux exigences [9]. GÉNIE LOGICIEL ET CONCEPTION CENTRÉE SUR L’UTILISATEUR Un processus de développement doit être adapté à un contexte d’application particulier. Dans le cas du RUP, cette adaptation fait l’objet d’un enchaînement d’activités spécifique. Mais, le processus est ici d’abord analysé dans sa forme « générique » pour établir sa conformité à ISO 13047. Une norme, ISO 9241-11 prescrit des lignes directrices relatives à l’utilisabilité [9]. Un rapport technique, ISO TR 16982 présente des méthodes d’utilisabilité existentes applicables dans le cadre de ISO 13407[12]. Un rapport technique ISO TR 18529 décrit un modèle formel fondé sur ISO 13407 [11]. Les approches du génie logiciel et de l’ingénierie de l’utilisabilité qui guident la conception centrée sur l’utilisateur sont différentes. Le génie logiciel modélise le domaine après avoir identifié le « contexte du problème » alors que l’ingénierie de l’utilisabilité spécifie Le RUP Le RUP a été inspiré d’un processus générique, The Unified Software Development Process développé par Ivar 238 les exigences liées à l’utilisateur et à l’organisation après avoir identifié le « contexte d’utilisation ». Le RUP, selon la perspective de la conception centrée sur l’utilisateur, soulève plusieurs problèmes : ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ ƒ Conformément à la pratique, l’équipe de développement a adapté le RUP à ses besoins en retenant les activités et les artefacts qu’elle a jugés pertinents. Un processus de conception des interfaces-utilisateurs a ainsi été défini selon les prescriptions du RUP. Une intervention ergonomique s’y est rajoutée et s’est effectuée selon la méthodologie proposée par Mayhew [20]. il souffre de l’absence de préoccupation des facteurs humains [24] ; il ne traite pas des aspects internationaux et interculturels [24] ; il ne se préoccupe pas du modèle centré sur l'utilisateur durant la conception de l'interface-utilisateur [24] ; il néglige la personnalisation de l'interface nécessaire à l'interaction entre la technologie et les utilisateurs [24] ; en donnant l’impression de répondre à toutes les questions, il nie l’initiative du concepteur d’interface-utilisateur [4] ; il ne distingue pas clairement l'utilisateur final de l’expert du domaine, biaisant ainsi l’utilisateur en faveur du développement [4] ; il désigne un seul travailleur en utilisabilité et c’est le concepteur d'interface-utilisateur dont la responsabilité se limite à aménager visuellement l'interface sans pour autant avoir une quelconque compétence en utilisabilité [4] ; il soutient peu l'analyse de la tâche des utilisateurs et l’identification des groupes d'utilisateur [4] ; les développeurs sont plus préoccupés par l’implémentation de toutes les fonctionnalités que par l’utilisabilité du système [3] ; la production des cas d’utilisation supplante la compréhension des besoins réels des utilisateurs [3] ; le langage UML est souvent inaccessible aux utilisateurs qui lui préfèrent la présentation de prototypes d’interface-utilisateur pour comprendre comment le système fonctionnera [3]. La méthodologie L’analyse de cas est une méthode de recherche courante pour l’étude de processus de développement logiciel [28]. L’étude de cas est ici une étude de cas unique. La méthode de cueillettes des données est l’observation participante : le chercheur a participé au développement en effectuant l’intervention ergonomique. Cependant, la décision de faire du cas l’objet d’une recherche a été prise après l’intervention du chercheur. Le chercheur n’a donc pas pu influencer le cours du projet. L’analyse de contenu et la méthode ex post facto ont été privilégiées pour l’analyse des données. Ces données provenaient de documents, notamment les biens livrables pertinents du projet et d’entrevues faites après coup. Les observations du chercheur ont servi à guider la démarche d’analyse mais n’ont été utilisées qu’occasionnellement pour assurer la validité interne des données. Une analyse croisée des guides et normes produits par l’équipe de développement avec les biens livrables correspondants a été faite afin de s’assurer qu’ils étaient respectés par les membres de l’équipe de développement. L’analyse des données est celle de la comparaison intracas. C’est une analyse comparative qui permet d’analyser les descriptions et explications du même cas [24, 1, 5]. Les détails de l’étude apparaissent dans [19]. Chaque assertion et affirmation y est associée à une source formellement identifiée. Voilà pourquoi des propositions ont été formulées pour harmoniser les processus de développement logiciel orientés-objets [19, 2] en général, et le RUP en particulier, à la conception centrée sur l’utilisateur [24, 25, 26]. Seffah, Desmarais et Metzker [23] ont fait un inventaire de plusieurs de ces efforts. L’étude de cas vise, ici, à vérifier si ces problèmes se sont matérialisés et comment ils ont été résolus. Les questions de recherches qui constituent les unités d’analyse [27] sont inspirées des principes et des activités de la norme ISO 13407 citées précédemment et sont les suivantes : LE CAS ƒ ƒ ƒ Le cas étudié porte sur le déroulement de la modélisation d’affaires et de la définition des exigences lors du développement d’une application durant lequel une intervention ergonomique a été faite. L’application correspond à un module d’un plus grand système. Le système est un progiciel de gestion d’une entreprise de production de biens dont la vente est assurée par plus de 10 000 détaillants. ƒ ƒ ƒ 239 Le RUP soutient-il la participation active des utilisateurs ? Définit-il le contexte d’utilisation selon ISO 13407 ? Le RUP permet-t-il une bonne spécification des exigences-utilisateurs notamment par une bonne répartition des fonctions entre les utilisateurs et la technologie selon ISO 13407 ? La production des solutions de conception se faitelle par le RUP selon ISO 13407 ? L’approche itérative d’ISO 13407 est-elle respectée par le RUP ? L’évaluation des solutions de conception retenue par le RUP est-elle conforme à celle qui est prescrite par ISO 13407 ? ƒ Le RUP reconnaît-il la nécessité d’un personnel qualifié selon ISO 13407 ? sateurs Web. La version du RUP qui est étudiée ici est : 2002.05.01.305.000 [22]. Le contexte LES RÉSULTATS L’application étudiée, la « Gestion des réseaux de distribution » (RDD), correspond au premier des 13 modules qui composent le système à développer. Ce système a pour mission d’assurer la gestion des opérations de vente de produits distribués par des commerçants. Ces opérations de vente comptent pour 1,8 G$ CA, soit 45 % des revenus de l’entreprise et mobilise plus de 800 employés. Lors de la période étudiée, 3 applications faisaient l’objet de projets de développement simultanés. La modélisation métier et la définition des exigences du projet RDD ont duré un an et ont mobilisé 17 personnes à plein temps. Pour chaque question de recherche, nous présentons les « prescriptions » de la norme ISO 13407 et les dispositions correspondantes du RUP, « l’implémentation » qu’en a faite l’équipe de développement et la description de « l’intervention ergonomique » correspondante. Le RUP soutient-il la participation active des utilisateurs ? ISO 13407 prévoit une participation directe et diversifiée des utilisateurs. Les modalités de cette participation sont précisées par la norme ISO TR 16982 [12]. Le RUP, pour sa part, juge souhaitable une participation des utilisateurs. Le tableau 1 inventorie certaines caractéristiques de l’application. Les diagrammes de processus opérationnels (DPO) sont des diagrammes des processus d’affaires qui décrivent les opérations lorsque le nouveau système sera mis en place. Les caractéristiques logicielles sont l’équivalent d’exigences logicielles. Les cas d’utilisation et les acteurs correspondent à la définition qu’en donne le RUP. Les utilisateurs sont ceux qui manipuleront le système. Caractéristiques de l’application DPO Caractéristiques logicielles non fonctionnelles Caractéristiques logicielles fonctionnelles Cas d’utilisation Acteurs Utilisateurs Lors de « l’application » du processus, à la demande expresse du client, les représentants des utilisateurs participent à l’élaboration, valident et approuvent la plupart des artefacts de la modélisation métier et de la définition des exigences. Cette participation n’est pas inspirée du processus mais était une demande du client. Cette participation des utilisateurs se faisait à peu près exclusivement dans le cadre d’ateliers de travail avec les représentants des utilisateurs. Nbre 53 194 109 48 67 80 La participation suscitée par l’intervention ergonomique a inclus la planification du cycle, le suivi de l’avancement des activités ergonomiques et la variété des méthodes de validation. En limitant la participation des utilisateurs à des ateliers de travail, l’équipe de développement a ainsi placé fréquemment les représentants des utilisateurs dans le rôle d’expert du domaine avec les conséquences mentionnées plus tôt par Gulliksen et al. [4]. Tableau 1: Envergure de l'application RDD. L’intervention ergonomique a été faite à la demande et sous l’autorité du service responsable des analystes d’affaires et des représentants des utilisateurs. La définition des processus d’affaires, les DPO ainsi que l’identification des caractéristiques logicielles relevaient de ce service. Par contre, la définition des exigences relevait, elle, de l’équipe de développement. La définition des exigences s’est effectuée sur une période d’un an pour l’application visée par l’étude. L’intervention ergonomique s’est déroulée du 4e au 9e mois de cette période. Elle a consisté à faire la conception des interfaces-utilisateurs pour des fonctionnalités critiques définies par 6 cas d’utilisation. Définit-il le contexte d'utilisation selon ISO 13407 ? Selon ISO 13407, le contexte d’utilisation comprend l’analyse de la tâche, la description détaillée des utilisateurs et la description de l’environnement physique, technique et organisationnel. Le RUP prévoit, pour sa part, une définition du contexte lors de la production de l’artefact Vision, qui est l’équivalent d’une spécification des exigences du système. Il ne distingue pas le contexte du problème propre au génie logiciel du contexte d’utilisation de la conception centrée sur l’utilisateur. Cette description du contexte se fait à haut niveau. Quant à la tâche, le RUP assimile le cas d’utilisation à une description du contexte de la tâche. Ce qui n’est pas conforme à ISO 13407. Les artefacts traités par l’intervention ergonomique ont été produits par 9 personnes. Une spécification de 34 interfaces comprenant 727 champs a été produite par les ergonomes. Des analystes fonctionnels ont produit les autres interfaces-utilisateurs de l’application. L’architecture du système est de type J2EE avec interfaces-utili- Lors de l’adaptation du processus, l’équipe de développement a choisi de ne pas produire de document Vision. Il n’y a donc pas de description des utilisateurs tel que 240 prescrit par le RUP. Il existe des acteurs qui sont décrits par le rôle qu’ils jouent dans le système. Ils correspondent à des utilisateurs génériques. C’est insuffisant en conception centrée sur l’utilisateur. Quant aux cas d’utilisation, ils visent d’abord à décrire le futur système et ses fonctionnalités. Ils ne sont pas inspirés d’une l’analyse du contexte de la tâche. Ils sont plutôt extraits des processus d’affaires représentés par les DPO et par les caractéristiques logicielles fonctionnelles et non fonctionnelles. L’intervention ergonomique a abordé la répartition des fonctions sans toutefois l’avoir formellement documentée. Ainsi, par exemple, l’analyste fonctionnel souhaitait modéliser des champs d’adresse en fonction des normes nationales et internationales afin de faciliter les traitements automatiques des services postaux nationaux. Les ergonomes recommandaient plutôt que cette ventilation des champs soit faite en fonction des besoins réels de l’entreprise et du temps disponible que les utilisateurs finaux pouvaient consacrer à cette tâche puisque les adresses servaient plutôt à la localisation d’établissements plutôt qu’à des fins postales. L’intervention ergonomique a produit une analyse du contexte d’utilisation qui comprend une description de l’environnement physique, technique, dont les équipements, et organisationnel. Une description détaillée des utilisateurs finaux y a été incluse. Des analyses de la tâche ont complété la description du contexte. Les cas d’utilisation ont certes été utilisés, mais pour comprendre le fonctionnement du futur système. En conclusion, le RUP, comme la plupart des processus de développement logiciel, limite ses préoccupations d’utilisabilité à la seule conception des interfaces-utilisateurs. Or, l’utilisabilité, selon ISO 13407, ne se limite pas aux seules interfaces-utilisateurs, mais à l’ensemble des exigences liées aux utilisateurs et à l’organisation. L’intervention ergonomique, pour sa part, a permis d’aborder la spécification des exigences-utilisateurs de façon plus large qu’au plan de l’interface-utilisateur et de rendre plus explicite la question de la répartition des fonctions. La norme ISO 13407 met formellement en garde contre la tentation de « décrire les tâches uniquement en termes de fonctions ou d’attributs d’un produit ou d’un système [9] ». Les cas d’utilisation correspondent à ce genre de description où l’on retrouve explicitement les fonctionnalités et les attributs du système. Ce ne sont pas des analyses du contexte de la tâche. Quant à la pertience du contexte d’utilisation, le RUP est à ce point sibyllin sur cette question que l’équipe de développement n’a pas jugé pertinent de produire le document Vision qui est présumé le contenir. On peut en conclure que le RUP n’a pas favorisé la définition du contexte d’utilisation. La production des solutions de conception se faitelle par le RUP selon ISO 13407 ? La matérialisation des solutions de conception correspond, pour ISO 13407, à la production de prototypes statiques ou dynamiques qui s’inspirent du contexte d’utilisation. Elle s’inspire aussi de l’état des techniques, de l’expérience et des connaissances des participants et, enfin, des normes et des guides. Le RUP permet-t-il une bonne spécification des exigences-utilisateurs notamment par une bonne répartition des fonctions entre les utilisateurs et la technologie selon ISO 13407 ? Pour le RUP, la conception des interfaces-utilisateurs repose d’abord sur des guides qui ont été produits en début de projet lors de la discipline « environnement » du processus. D’autre part, une interface-utilisateur doit obligatoirement correspondre à un cas d’utilisation sans égard au contexte d’utilisation. Il faut distinguer, les fonctions qui doivent être exécutées par l’utilisateur de celles qui sont assumées par la technologie selon ISO 13407. C’est l’analyse de la tâche qui dicte ce choix. Par ailleurs, les exigences liées à l’utilisateur et à l’organisation doivent comprendre, entre autres, la description des interfaces-utilisateurs, les exigences d’utilisabilité et de sécurité. C’est ainsi que l’équipe de développement a produit des interfaces-utilisateurs selon les prescriptions d’un guide appelé « Cadre de conception des interfaces Web » qui fixe des lignes directrices de conception, explique l’utilisation des composants et présente des gabarits d’écran. Il faut noter qu’à chaque cas d’utilisation devait correspondre un « scénarimage » ou storyboard de cas d’utilisation qui regroupe les prototypes d’interfaces-utilisateurs du cas. Le RUP ignore cette répartition des fonctions entre les utilisateurs et la technologie. Par contre, il prévoit des exigences d’automatisation. L’équipe de développement ignore aussi cette répartition lors de l’application du processus. Les exigences sont des caractéristiques du nouveau système inspirées des processus d’affaires et correspondent aux exigences d’automatisation du RUP. Il existe des exigences d’utilisabilité peu nombreuses et décrites à haut niveau. Les exigences de sécurité sont définies par une équipe distincte mandatée à cet fin. La spécification d’interface produite lors de l’intervention ergonomique était, elle, inspirée de l’analyse contextuelle de la tâche. Elle correspondait à 6 cas ou partie de cas d’utilisation. Certains ont été créés pour répondre à la spécification. Un court guide de style qui définit l’apparence des interfaces-utilisateurs a par la suite 241 été produit après validation avec les représentants des utilisateurs et les utilisateurs finaux. surveillance à long terme, pour la suite du cycle de vie. L’évaluation lors de la conception consiste à faire faire des simulations de tâches par les utilisateurs à partir de maquettes ou de prototypes. On recueille à ce moment l’information nécessaire à amélioration des solutions de conception. Ces tests doivent faire l’objet d’un plan d’évaluation incorporé au projet. Lle RUP laisse entendre que la production des solutions de conception est réalisable à partir des seuls guides. C’est ainsi qu’il peut inhiber l’initiative du concepteur d’interface-utilisateur, comme le suggèrent Gulliksen et al [4], et qu’il néglige l’importance du contexte d’utilisation dans la réalisation des solutions de conception. L’équipe de développement présumait donc que ces guides constituaient la pierre angulaire de la conception d’interfaces-utilisateurs. Bien que le RUP prévoie différents modes d’évaluation des prototypes, dont des tests d’utilisabilité, il n’y a pas de planification de ces tests. De plus, le gabarit de plan de test défini par le RUP prévoit des tests d’utilisabilité, mais les distinctions liées à la conception des interfacesutilisateurs et à la surveillance ne sont pas faites. Ainsi, les tests d’utilisabilité, tels qu’ils y sont présentés, sont assimilables à d’autres tests et sont conçus par un concepteur de tests et exécutés par un testeur. Le « concept clé » tests d’utilisabilité du RUP est d’ailleurs inclus dans la discipline de tests plutôt que dans celle de définition des exigences. L'approche itérative d'ISO 13407 est-elle respectée par le RUP ? Pour ISO 13407, les itérations sont nécessaires à l’amélioration des solutions de conception. Les itérations doivent faire l’objet d’une planification à l’intérieur du projet et doivent se poursuivre jusqu’à l’atteinte des objectifs de conception. Elles consistent à reprendre la solution de conception présentée aux utilisateurs et soumise à leur évaluation jusqu’à ce qu’elle soit satisfaisante pour leas parties prenantes. Pour l’équipe de développement, l’évaluation des interfaces-utilisateurs reposait sur des revues : des rencontres des analystes fonctionnels faites avec les représentants des utilisateurs et des revues par les pairs. Les tests d’utilisabilité faits par les ergonomes ont d’ailleurs été perçus au début comme une intrusion dans la juridiction de l’équipe de l’assurance qualité. Des explications sur la nature des évaluations ont dû être fournies. L’itération constitue l’un des fondements du RUP qui en reconnaît plusieurs types. Mais, il n’y a pas d’itérations planifiées pour les interfaces-utilisateurs. Il y a une forme itérative de prototypage qui correspond plus à des incrémentations qu’à des corrections successives. L’équipe de développement prévoyait que les cas d’utilisation et les scénarimages devaient être produits les uns après les autres. Dans les faits, les analystes fonctionnels les ont produits parallèlement. Il y a donc eu une forme d’itération entre les cas d’utilisation et les interfaces-utilisateurs malgré les prescriptions de l’application du processus. Plusieurs types d’évaluation ont été faits lors de l’intervention ergonomique. Les premières maquettes ont été soumises à l’évaluation selon des lignes directrices génériques et à l’évaluation heuristique d’ergonomes. Des tests avec simulation de tâche ont ensuite été faits avec les représentants des utilisateurs et avec les utilisateurs finaux. Des évaluations pas à pas ont aussi été faites avec les représentants des utilisateurs seuls, puis en présence des analystes fonctionnels concernés. Ces évaluations ont permis aux analystes fonctionnels et aux représentants des utilisateurs d’ajouter des cas d’utilisation manquants au modèle des cas, en plus d’améliorer les solutions de conception. Elles ont aussi permis de corriger le contenu des cas d’utilisation en cours de réalisation, permettant ainsi une validation des exigences. Lors de l’intervention ergonomique, une planification des itérations a d’abord été proposée. Ensuite, la solution de conception a été présentée et soumise à l’évaluation des représentants des utilisateurs, aux utilisateurs finaux et aux autres parties prenantes, à plusieurs reprises jusqu’à ce que la solution de conception réponde aux exigences-utilisateurs. Il importe donc que les itérations soient planifiées et effectives. Mais le RUP ne l’affirme pas lui-même clairement pour la conception des interfaces-utilisateurs et pour la spécification des exigences détaillées liées à l’utilisateur comme les cas d’utilisation. L’équipe de développement n’a pas fait cette planification. Le prototypage, les simulations, la modélisation et les maquettes à améliorer par les tests avec les utilisateurs, à différentes étapes de la conception, constituent l’esprit de l’évaluation des solutions de conception d'ISO 13407 [17]. Les tests d’utilisabilité identifiés par le RUP ne devraient pas être qu’un concept, ils devraient être liés à l’activité de conception des interfaces-utilisateurs. L'évaluation des solutions de conception retenue par le RUP est-elle conforme à celle qui est prescrite par ISO 13407 ? Le RUP reconnaît-il la nécessité d'un personnel qualifié selon ISO 13407 ? ISO 13407 distingue l’évaluation des interfaces-utilisateurs lors de leur conception de celle effectuée pour la Pour ISO 13407, la conception centrée sur l’utilisateur est « une activité pluridisciplinaire faisant appel aux 242 connaissances et aux techniques du domaine des facteurs humains et de l’ergonomie ». que lors de son application, dans cette étude de cas, ils n’ont pas été retenus. Le RUP prévoit qu’un système est développé par des « travailleurs » qui jouent un « rôle » comme un acteur dans une pièce de théâtre. Néanmoins, les qualifications des travailleurs concernés par la spécification des exigences et la conception des interfaces-utilisateurs doivent inclure une maîtrise du domaine. Et, selon la feuille de route de l’ingénierie de l’utilisabilité du RUP, l’analyste de processus métier, l’analyste système et le spécificateur de cas d’utilisation doivent être qualifiés pour recueillir l’information sur les utilisateurs, leurs tâches et leur environnement afin d’intégrer cette information aux artefacts de modélisation de métier et d’exigence. Le RUP reconnaît même l’existence d’expert en utilisabilité qui serait un graphiste. L’introduction des cas d’utilisation dans la définition des exigences aurait pu laisser croire qu’on se rapprochait de la conception centrée sur l’utilisateur. Cela aurait pu être le cas si on avait associé plus formellement le concepteur d’interfaces utilisateurs à leur élaboration. C’était ce que souhaitait initialement Ivar Jacobson [15], mais c’est resté lettre morte. On constate cependant que l’intervention ergonomique inspirée de la conception centrée sur l’utilisateur peut cohabiter avec le RUP. Dans le cas présent, cette intervention a été dictée expressément par les représentants des utilisateurs et non par le RUP lui-même. Il faudrait que le RUP reconnaisse formellement la conception centrée sur l’utilisateur en insérant un enchaînement d’activités propre. Il y a quelques artefacts à ajouter, à modifier ou à remplacer. Il faut une équipe distincte et qualifiée. C’est la direction responsable des représentants des utilisateurs et des analystes d’affaires, et non l’équipe de développement, qui a recruté et supervisé les ergonomes. Le « Cadre de conception des interfaces WEB » a été produit sous la responsabilité d’un architecte. Les interfaces-utilisateurs ont été conçues par les analystes fonctionnels responsables de la production des cas d’utilisation. Ils n’avaient pas de qualification en conception d’interfaces-utilisateurs. Enfin, le « contexte du problème » et le « contexte d’utilisation » ne sont pas la même chose. Les deux sont nécessaires à la modélisation et la spécification d’un système interactif. Mais il faut apprendre à les distinguer et à les faire cohabiter. L’équipe d’ergonomes, était composée de deux ergonomes ayant des formations en sciences cognitives et en informatique, d’un informaticien et d’un graphiste. Et, lorsque ce fut nécessaire, des séances d’évaluation ont été tenues avec toutes les parties prenantes selon le principe de la pluridisciplinarité. REMERCIEMENTS Nous tenons à remercier Guy Leblanc de ErgoIGL pour sa précieuse collaboration. BIBLIOGRAPHIE 1. On constate donc que si ISO 13407 réclame l'assurance d’un personnel qualifié pour exécuter les activités et les méthodes appropriées, le RUP ne pose pas de conditions sur les qualifications du personnel ou sur les méthodes [17]. 2. CONCLUSION 3. Une étude de cas unique invite à une certaine prudence sur les conclusions. Celles qu’on peut en tirer ici pour le processus RUP doivent être limitées à l’implémentation qu’en a faite une équipe de développement. Par ailleurs, on ne peut pas généraliser à tout le génie logiciel les constatations faites pour le RUP. 4. Le RUP est un processus centré sur l’architecture et n’a pas la prétention d’être centré sur l’utilisateur. Il évoque les principes de la conception centrée sur l’utilisateur en en faisant un concept et en définissant une feuille de route de l’ingénierie de l’utilisabilité. Cependant, il n’en fait pas un enchaînement d’activités distinct. Certains principes de la conception centrée sur l’utilisateur sont mal compris et d’autres mal intégrés au RUP. Si bien, 5. 6. 243 Cunningham, J.B. 1997. "Case study principles for different types of cases". Quality and quantity. Novembre. Kluwer Academic Publishers: Dordrecht, Pays-Bas. 31(4).401-423. Constantine, L.L., Lockwood, L. A.D. 2001. "Structure and Style in Use Cases for User Interface Design". 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"Experimental Models for Validating Technology". Computer. Mai. IEEE Computer Society: Piscataway, NJ. 031:5.23-31. 244 2 Nomenclature de critères ergonomiques pour le vote électronique: éléments d’utilisabilité électorale Gabriel Michel Walter Cybis de Abreu Université Paul Verlaine – Metz – Laboratoire de Psychologie de Lorraine, Équipe Transdisciplinaire sur l’Interaction et la Cognition. BP 30309. Ile du Saulcy – F 57006 Metz cedex 1 [email protected] 03-87-31-52-83 Universidade Federal de Santa Catarina, Departemento de Informática e Estatística. Florianópolis, Brésil. [email protected] 00-1-(514) 340-4711 RESUME KEYWORDS : Usability criteria, political usability, Cette communication a pour objectif de faire le point sur les problèmes posés par l’usage des urnes de vote électronique dans le monde. Elle propose de considérer que ces problèmes d’utilisation relèvent à la fois de difficultés opératoires classiques et bien connues en ergonomie et de difficultés provenant d’un manque d’utilisabilité électorale. L’utilisabilité électorale représente un domaine d’application de l’utilisabilité qui vise à définir et obtenir un haut niveau de crédibilité et de légitimité du processus de vote électronique en plus des critères classiques d’efficacité, d’efficience et de satisfaction. Enfin, les auteurs proposent douze critères ergonomiques dédiés à la conception et à l’évaluation des urnes de vote électronique. Ainsi, la question de la capacité de l’ergonomie à donner au vote électronique un statut de procédure démocratique est posée et discutée tout en soulignant le rôle déterminant que l’ergonomie devra de plus en plus jouer dans la conception de systèmes politiques. electronic voting system, e-vote, e-citizen, e-democracy. INTRODUCTION Dans le monde, le développement vertigineux du vote électronique génère une série d’espoirs sur une meilleure démocratie tout en suscitant des craintes relatives à de nouvelles formes électroniques de despotisme. Les expériences de vote électronique menées en Allemagne, Autriche, Australie, Belgique, Brésil, États-Unis d’Amérique, France, Inde, Suisse, Royaume Uni, Venezuela, etc… ont permis de dégager de nombreux problèmes, dont certains liés à l’ergonomie de ces systèmes. Ainsi, il apparaît que l’organisation des interactions électeur-urne peut influencer directement le fonctionnement démocratique et la légitimité des choix. Certains problèmes pourraient provenir d’une mauvais automatisation du vote manuel: ainsi l’écart entre la procédure manuelle et l’interaction proposée par le système de vote peut expliquer un certains nombre d’erreurs des électeurs. Mais il n’existe pas, à notre connaissance, d’études portant sur ce sujetde même qu’il existe peu d’études sur l’accessibilité du vote manuel (par exemple aux personnes handicapées ou illettrées). Cependant les urnes électroniques étant des dispositifs nouveaux et de plus numériques il a paru plus naturel de les évaluer. Comme certaines élections et recherches l’ont montré [1, 2, 5, 6, 7, 12, 13], la manière de concevoir les interactions entre le citoyen et l’urne oriente finalement les comportements de l’électeur, y compris, dans une certaine mesure, son choix électoral. Ce constat est d’autant plus vrai lorsque les électeurs sont fragilisés (handicapés, seniors, illettrés…) [12]. MOTS CLES : Critère ergonomique, utilisabilité politique, urne électronique, e-vote, e-citoyen, e-démocratie ABSTRACT This article aims to give a progress report on the problems arising from the use of electronic vote systems in the world. It proposes considering the fact that these problems concern traditional and well-known operational difficulties in ergonomics as well as difficulties stemming from a political lack of usability. Electoral usability represents a domain of the applicability of the usability that aims to define and obtain a high level of credibility and legitimacy of the electronic vote process in addition to the traditional criteria of effectiveness, efficiency and satisfaction. Lastly, the authors propose twelve ergonomic criteria dedicated to the design and the evaluation of the ballot boxes of electronic voting. Thus, the question of the capacity of ergonomics to give the electronic vote a status of democratic procedure is put forth and discussed while underlining the determining role and importance that ergonomics should have in the design of political systems. L’urne ne peut donc être résumée à un dispositif de saisie d’un choix mais représente une structure artefactuelle où les choix individuels doivent pouvoir s’exprimer le plus facilement possible, sans exclure aucune personne ayant droit de vote [15]. Son acceptation sociale implique non seulement un niveau d’utilisabilité très élevé et adapté à tous les électeurs, mais aussi une bonne compatibilité avec les exigences des droits humains fondamentaux et une légiti- 245 3 l'électeur, en particulier si celui-ci est une personne vieillissante, un aveugle, un analphabète ou un « éloigné » de la technologie. A maxima, de tels systèmes peuvent manipuler, innocemment ou volontairement, le vote de l’électeur en facilitant les votes pour certains partis et complexifiant les votes pour d’autres. Une autre possibilité est que ces systèmes induisent des erreurs chez ces populations sensibles impliquant l’annulation de leur vote. Nous avons montré d’ailleurs par une étude statistique effectuée sur différents pays que le nombre des exclus technologiques pouvait varier de 20% à plus de 50% selon le niveau de développement et aussi de vieillissement du pays [7]. Ce qui introduit la nécessité de l’accessibilité de ces systèmes à ces différentes catégories d’exclus. Par rapport aux critères d’utilisabilité et d’accessibilité classiques on peut souligner que dans le cadre des urnes de vote: mité socialement partagée. L’ergonomie de l’urne est donc un aspect essentiel de son acceptation et de son usage. Les caractéristiques de l’urne électronique constituent un cadre général facilitant ou complexifiant le processus de vote. Par voie de conséquence, l’urne électronique doit à la fois présenter une simplicité d’utilisation très élevée mais aussi montrer sa crédibilité à restituer les choix démocratiques. L’ergonomie doit rendre compte de cette double exigence. L’objectif de ce papier est à la fois de synthétiser les problèmes posés par l’usage des urnes électroniques puis, de proposer, présenter et discuter des critères ergonomiques pour concevoir et évaluer ces urnes. PROBLEMES ERGONOMIQUES POSES PAR LE VOTE ELECTRONIQUE D’un point de vue synthétique, nous proposons de classer ces problèmes en deux types: ceux relevant de l’utilisation opératoire à proprement parler (utilisabilité classique) et ceux venant d’un déficit de légitimité du vote (utilisabilité électorale). • • Problèmes d’utilisabilité classique D’un point de vue synthétique et général (pour des résultats plus précis et tenant compte des types d’urnes et des pays, le lecteur pourra se reporter à [7]), il a été mis en évidence qu’environ 80% des répondants (ou électeurs ou observés, selon les méthodologies de recherche mises en œuvre dans les études) trouvent que les systèmes étaient faciles à utiliser. Cela ne prouve pas que ces électeurs aient tous réussi à voter correctement comme le montrent les évaluations que nous avons effectuées ([6], et [7]). Même si ce score moyen de 80% peut sembler satisfaisant, il ne doit pas faire oublier les difficultés de lecture, de lisibilité, de correction des erreurs, d’apprentissage et de confiance que rencontrent un nombre significatif d’électeurs [1, 2, 6]. Le vote n’est effectivement pas une tâche comme les autres. De tels systèmes devraient présenter 100% de satisfaction ou encore un consensus absolu, ou du moins aussi élevé que le vote classique. • leur niveau d’utilisabilité devra être extrêmement élevé. On pourrait parler de zéros défauts. elles doivent être obligatoirement accessibles à toutes les catégories de population, ce qui n’est pas le cas pour toute interface. Actuellement les interfaces qui se disent accessibles (par exemple certains sites web) ne sont accessibles que pour un certain type de handicap et souvent partiellement. dès sa première utilisation l’électeur a l’impression de connaître le système. D’où l’intérêt de se poser la question de la notion d’expérience utilisateur. Comme on le sait, l’ergonomie est la qualité de l’adaptation des caractéristiques d’une interface à l’utilisateur et à sa tache. L’expérience utilisateur est la qualité des relations que s’établissent entre les utilisateurs et cette interface lors de la réalisation de leurs tâches. Ces deux qualités sont associées par une relation de cause et effet. En conséquence, dans une activité de conception nous devons spécifier tant l’ergonomie de l’interface que l’expérience que cette interface est supposée de produire. Nous construisons une interface ergonomique à l’aide de pratiques telles que l’analyse de l’utilisateur, de son travail et de son contexte et en respectant des principes et règles ergonomiques. Nous spécifions l’expérience utilisateur par les qualités que doivent marquer les relations entre utilisateurs et cette interface, par exemple, l’utilité, l’utilisabilité (la productivité et la satisfaction de l’utilisateur), la confiance, l’accessibilité, etc.. Problèmes d’utilisabilité électorale Le vote n’est que minimalement une interaction entre un électeur et un dispositif technique, qu’il soit électronique ou manuel. Par contre, il est d’abord une interaction entre un électeur et un système politique qui attribue à l’électeur la possibilité de s’exprimer sur son avenir et celui de son pays. Aussi, il nous semble que les critères d’utilisabilité souvent mis en avant comme l’efficacité, l’efficience et la satisfaction sont insuffisants pour expliquer les difficultés, le rejet, le refus, en bref la non acceptation du vote électronique. En effet, il nous apparaît, notamment par les études menées sur les urnes de vote brésilienne et vénézuelienne, qu'un système de vote électronique peut, à minima, interférer sur la volonté de L’utilisabilité électorale correspond à une utilisabilité et à une accessibilité extrêmes. De plus elle intègre deux critères supplémentaires d’utilisabilité: - 246 la crédibilité: elle désigne la capacité d’un système à reproduire fidèlement l’intention de l’utilisateur et 4 - Les douze principes ergonomiques suivants définissent un premier cadre de l’utilisabilité électorale. Ils se voudraient universels et instantiables, c’est-à-dire applicables à toutes les urnes quelque soit le pays ou le type d’élection. Nous présentons ici une partie de ces recommandations, parmi celles qui nous ont paru les plus importantes, illustrées par des exemples de systèmes de votes dont les évaluations plus détaillées sont décrites en [7]. souligne donc le fait que l’électeur le juge crédible. Dans cette perspective, Ong, Lai et Wang [14] proposent de considérer que la « crédibilité perçue » (perceived credibility) est un élément important de l’acceptation d’une technologie, du maintien des motivations de l’utilisateur et de la poursuite des intentions à utiliser le système. Ce concept de crédibilité perçue, fait donc intervenir le sentiment de valeur pour expliquer la manière dont l’usager évalue son acte de vote électronique. la légitimité: c’est la croyance que la délégation de la tâche électorale à une machine est un facteur d’amélioration démocratique (et pas seulement de réduction des coûts de traitement des suffrages exprimés). La légitimité cautionne l’usage du dispositif électoral, en transférant une partie du po uvoir de l’humain et de la justice dans le dispositif électoral. Remarquons à titre anecdotique, que l’arrêt ordonné par la Cour Suprême des USA du recomptage des votes en Floride lors de la première élection du Président Bush, est finalement une reconnaissance indirecte que la légitimité du processus électoral n’était pas garantie. 1. Compatibilité: flexibilité modale Il s’agit de prévoir différents modes d’entrée et d'affichage d'information. On devrait pouvoir offrir d’autres alternatives que la combinaison clavier-souris-écran ou écran tactile ou encore les boutons à presser en face d’un candidat donné. Ces 3 alternatives correspondent à pratiquement tous les systèmes de vote actuels. Les sorties pourraient typiquement se présenter sous les formes visuelles, textuelles et picturales (avec possibilité d’agrandissement), ainsi que sonores, tactiles (Braille) voire haptiques. Cette flexibilité modale permettrait ainsi une plus grande accessibilité des systèmes de votes aux différentes catégorie d’exclus. La plupart des systèmes de vote utilisés récemment tels que ceux du Brésil, du Venezuela ou de l’Inde ne proposent qu’un affichage des informations. L’entrée des informations se faisait par un clavier: le braille n’était employé qu’au Brésil pour l’entrée des informations (cf figure 1 ci-dessous) mais sans retour vocal ou sonore. LA NECESSITE DE LA «CONCEPTION POUR TOUS» Une urne électronique inadaptée s'avère donc être un facteur important d’exclusion sociale et politique. En fait, plusieurs expériences soulignent que l’absence d’évaluation des urnes électroniques sur des sujets fragiles entraîne des échecs d’utilisation et par voie de conséquence réduit la légitimité des résultats des élections [4, 6, 13]. L’utilisabilité n’est donc pas un gadget scientifique qui vise à ajouter un supplément d’âme à un dispositif technique. Fondamentalement, l’utilisabilité est le vecteur de la légitimité du processus électoral.. Dans cette perspective, la conception des urnes électroniques pourrait judicieusement s’appuyer sur l’approche de la «conception pour tous» ou de la «conception inclusive» (design for all) [3]. Cette approche soutient l’idée que si l’on conçoit un produit accessible aux personnes les plus handicapées alors le produit résultant sera aussi accessible aux personnes avec des déficits mineurs et aux personnes bien portantes. Figure 1: Clavier numérique avec inscriptions en Braille (Urne Électronique Brésilienne) Par contre le modèle AccuVote-SX fabriqué par Diebold et employé aux élections américaines de 2004 proposait une interface sonore offrant une flexibilité modale et une fonction d'agrandissement des parties de l'écran assurant une lisibilité accrue des informations. CRITERES ERGONOMIQUES POUR LE VOTE ELECTRONIQUE Pour atteindre une utilisabilité électorale, il faut que les concepteurs disposent des principes et règles d’ergonomie capables de les guider. Les critères ergonomiques pour le vote électronique proposés dans la suite synthétisent les résultats de différentes recherches, à la fois des tests utilisateurs et des inspections ergonomiques réalisées sur les principales urnes de votes utilisées ces dernières années. 2. Compatibilité avec les connaissances informati ques et les outils technologiques de l’électeur Le vote ne doit pas impliquer une bonne connaissance des technologies informatiques et de leurs manipulations. En particulier il ne doit pas nécessiter la possession d’un ordinateur et d’une connexion Internet. 247 5 Dans certains cas, pour voter, il faut posséder un ordinateur et une connexion Internet. C’est le cas des projets de Genève [10] ou de Neufchatel en Suisse. Il s’agit d’un système de vote électronique accessible depuis Internet. On attribue à l’électeur, également internaute, un code confidentiel unique, qu'il recevra en même te!:m;;;;:!!!mps que le matériel de vote à relier à sa machine. Bien sûr, cela suppose que l’utilisateur possède un ordinateur et qu’il sache installer les périphériques nécessaires. Pour voter en ligne, l'internaute devra prouver son identité au moyen d’un code d'accès, d’un mot de passe et d’une carte à numéros, pour ensuite pouvoir accéder à la page permettant d’effectuer le vote. interfaces étudiées (celle de 1996 et celle de 2002) de l’urne brésilienne dans ce sens en étaient totalement dépourvues. La complexité de la procédure d’authentification (mot de passe à retenir, carte à numéro à conserver, code secret à retenir) pose à n’en pas douter d’énormes problèmes d’accessibilités pour tous, et surtout aux personnes âgées et aveugles (cf figure 2 ci-dessous). On constate sur l’écran initial, un manque total de guidage: la seule incitation étant le premier curseur qui clignotait (cf. figure 3 ci-dessus). La seule indication donnée, en dehors des 5 caractères de soulignement, est le titre de l’écran signifiant «Conseiller Municipal». Des informations de guidage un peu plus riches telles que l’explication de ce qu’on attend de l’électeur (voter pour le conseiller municipal), de la procédure proposée (taper 2 chiffres, pour la liste, ou 5 pour le candidat puis validation) auraient été indispensables. Figure 3 : Écran initial pour le vote du conseiller municipal écran de confirmation du vote - UEB en 1996 L’utilisation d’un périphérique supplémentaire à relier à la machine de l’utilisateur pour pouvoir lire la carte électronique sous-entend deux choses: que l’utilisateur possède un ordinateur chez soi, tout en étant connecté à Internet, et qu’il sache se servir d’un ordinateur ainsi que des différentes connectiques qui y sont liées (appareil de vote, etc..). Une grande catégorie de la population risque donc d’être exclue avec ce système, à savoir les non habitués à la technologie et les personnes ne possédant pas d’ordinateur (ou un ordinateur non compatible avec le périphérique fourni). Les personnes aveugles, malvoyantes et les seniors sont elles aussi totalement exclues car le Web leur est difficilement accessible Quand cela est possible, ajouter des photos de candidats et/ou les logos des partis au moment du choix et non de la validation. 4. Guidage: délimitation claire des votes Lorsqu’il faut effectuer dans la même session plusieurs votes, il faut fournir des indications évidentes (visuelles et/ou sonores) de la fin de chaque vote et du début du vote suivant. Figure 4 : Séquence d'écrans principaux de l'urne électronique brésilienne employée aux élections municipales. Les flèches rouges montrent l'effet d'une annulation. Figure 2 : Écran d'identification du système de vote par I nternet employé en Suisse. Les différents bulletins de vote de l'urne électronique brésilienne ont tous globalement la même apparence et le même comportement. Ils présentent d'abord un écran d'invitation à la saisie d'un code de candidat, suivi d'un autre de demande de confirmation de cette intention (cf figure 3). En cas d'annulation, la page d'invitation est présentée à nouveau. Le dispositif signale l'accomplissement d'un vote intermédiaire (qui n'est pas le dernier 3. Guidage renforcé et amical L’interface doit accueillir les électeurs et les inviter à l'interaction d'une façon amicale (personnalisée), claire et détaillée, tout en conservant un style concis. Les libellés doivent être précis et complétés par des instructions claires et détaillées concernant la tâche de vote. Les deux 248 6 dans la séquence de votes) par un bref signal sonore qui est accompagné de la présentation de la page initiale du bulletin suivant. Il n'y a donc pas un message visuel explicite confirmant que ce vote a été pris en compte. Tout ce que l'électeur peut observer lorsqu'il accomplit son vote est la présentation de la page d'invitation du bulletin de vote suivant, d'apparence générale identique à celle du bulletin que l'on vient de quitter. Visuellement parlant, l'effet d'une confirmation et celui d'une annulation se ressemblent beaucoup (cf figure 4 ci-dessus). On peut imaginer qu'en cas d'incidents, l'électeur moins avisé peut ne pas réaliser qu'il y a eu une transition de bulletin. Dans ce cas, il va tenter de voter pour un candidat à une élection (conseilleur municipal) sur le bulletin de vote de l'élection suivante (maire). Figure 5: La machine électronique de vote (Electronic Voting Machine) employé en Inde 6. Focalisation de l'attention Les informations et les contrôles doivent être disposés aussi proches que possible les uns des autres de manière à toujours focaliser l’attention des électeurs sur un même point de l'interface. Ainsi, lorsqu'un écran tactile n'est pas disponible, les touches du clavier devraient être disposées autour de l'écran. Le système Platinium aux Etats Unis comporte lui aussi plusieurs écrans successifs: la navigation d’un écran à l’autre se fait grâce aux boutons «Next» et «Preview». Indiquer à tout moment le vote correspondant à cet écran et le numéro de l’écran (par exemple 3 sur 5)améliorerait le guidage. 5. Feedback/contrôle local et global Lorsque plusieurs votes ont été effectués il faut présenter, à la fin des interactions, un bilan de ces votes, et donner aux électeurs la possibilité de tout annuler et de recommencer le vote. Pour chaque vote particulier il doit également être possible de corriger ce vote, de revenir au vote précédent pour vérifier ses choix et ainsi de naviguer entre les différents votes effectués tant que l’ensemble des votes n’aura pas été validé. Figure 6 : Urne de vote du Brésil séparant l'écran, à gauche du clavier, à droite. Dans l’urne brésilienne, (cf figure 6 ci-dessus) ce n’est pas le cas: à droite de l’écran se trouve un clavier numérique. Beaucoup d’électeurs ne regardaient que le clavier et parfois ignoraient totalement l’écran. L'urne électronique employée en Inde [11] (cf figure 5) est composée uniquement par des tablettes numériques sans ressources d'affichage de données. Sur celles-ci les informations et contrôles sont disposées selon une matrice de 16 lignes et 4 colonnes. Chaque ligne présente le nom d'un candidat, le symbole de son parti, une petite lumière rouge et un bouton bleu pour commander le vote pour ce candidat 7. Lisibilité accrue Ce critère s’applique surtout pour les malvoyants et les seniors. Pour cela il faut prévoir des contrastes importants ainsi que des mécanismes simples d'agrandissement. Le système supporte jusqu'à 4 tablettes, ainsi il est possible d’avoir jusqu'à 64 candidats par élection. Lorsqu'un vote est accompli, un signal sonore se fait entendre et un voyant rouge clignote pour quelques instants sur la ligne du candidat choisi. Au bout de quelques secondes, le voyant s’éteint et le son s’arrête: l'électeur ne trouvera plus aucune trace de son vote sur l'interface. Les manques de feedback et de possibilités de modifier un vote accompli sont des défauts du système d’autant plus graves qu’il est possible de voter pour plusieurs candidats sur une même tablette. Pour la plupart des interfaces de vote, le manque de contraste, le choix de la police de caractères et la densité informationnelle nuisent à la lecture des informations, particulièrement chez les déficients visuels. Par exemple dans le vote Platinium aux Etats-Unis, la case à sélectionner tactilement était peu lisible et de surface réduite (donc difficile à sélectionner en particulier pour les seniors). Ou encore le eSlate Electronic Voting System [12] (cf figure 7 ci-dessous), de Hart InterCivic, défini sur un palm-top spécialement conçu pour le vote électronique. 249 7 9. Protection des votes importants Il a été utilisé aux Etats-Unis dans plusieurs états, notamment lors des élections présidentielles. Etant donné que les situations d'erreurs peuvent entraver les votes des électeurs, lorsque plusieurs votes sont à définir dans une seule séance, il est conseillé de commencer par les votes les plus importants. L'urne électronique employée au Brésil depuis 96 oblige l'électeur à suivre une séquence de votes définie au préalable: ainsi les votes les plus importants sont proposés à la fin du processus. Cette situation implique un manque de protection de l'élection la plus importante, celle du président. Ce dernier vote est dépendant de la réussite des votes antérieurs. En 2004, l'électeur était forcé de passer par 5 autres bulletins, comparativement plus difficiles à remplir, avant d'arriver au bulletin destiné au vote pour le président. On a pu montrer que ce dispositif met en péril les votes des personnes le plus défavorisées qui souvent n'interagissent qu'avec le clavier, ne regardant pas les informations sur l'écran [6]. En cela elles suivent un script d'actions sur le clavier basé sur des répétitions des séquences des frappes: elles se focalisent sur les touches numériques permettant de saisir les codes des candidats et sur la touche "Confirmer". Une erreur sur ce script va déclencher un dialogue d'exception qui sera ignoré par les électeurs qui ne regardent pas l'écran. Cette situation amènera inévitablement à des incidents sur les votes suivants. Il est donc probable que les 5 votes qui précèdent celui du président aient influé sur la réussite de ce dernier vote (particulièrement dans le cas des électeurs les moins favorisés ). Figure 7 : Interfece de l’eSlate Electronic Voting System. Le texte est difficilement lisible pour des seniors ou des malvoyants. Il en est de même pour le texte situé sur les touches. Tourner la roue “SELECT” est probablement source de problèmes, particulièrement pour les seniors. En dehors du contraste, et comme pour les interfaces destinées aux malvoyants ou aux seniors, il faut une police de caractères et une taille de caractères appropriées ainsi qu’une densité informationnelle limitée. 8. Langage électoral : Faire appel aux termes de langage spécifiques des élections, éviter d'employer des dénominations liées à la technologie. Par exemple, utilisez «Voter» au lieu de «Confirmer» ou «valider». 10. Correction intuitive des erreurs. On sait que plus le niveau de développement d’un pays est bas, plus nombreux seront les exclus technologiques (se référer à [7] pour les statistiques). Pour ces pays, le niveau d’accessibilité des urnes est encore plus sensible et en conséquence ces principes devraient être respectés à la lettre, en particulier celui du contrôle global. Même l'électeur le plus défavorisé devrait avoir à tout moment l'opportunité de corriger aisément ses différentes actions et de tout annuler. Dans le système américain Sure Vote ou dans le projet suisse de Neufchatel il fallait mémoriser et manipuler plusieurs codes. Il en était de même des différentes urnes brésiliennes: 2 nombres à retenir en 1996, puis 6 en 2002. Pour l’urne du Brésil la validation ou la correction étaient ensuite proposées après la saisie du code du candidat(cf figure 3) : les tests utilisateurs ont montré que certains électeurs suite à la saisie de leur code restaient bloqués devant cet écran de validation/correction, parfois pendant plusieurs minutes, ne sachant que faire, allant jusqu’à abandonner. Les interview qui ont suivi ont montré que pour ces électeurs le terme valider n’avait pas de sens. Le système employé en Inde est totalement dépourvu de correction d'erreurs. En effet, les tablettes numériques sont conçues de façon à intégrer la sélection d'un candidat et la confirmation du vote sur une même action de l'utilisateur. Son vote est accompli au moment même où il presse sur un des boutons bleus de la tablette. Avec cette machine l'électeur n'est pas autorisé à commettre d’erreurs. Pour le eSlate Electronic Voting System (cf figure 7), l’interface utilisateur manque de clarté. Le bouton “SELECT” est utilisé pour modifier le choix mis en évidence sur l’écran (en bleu clair). C’est le bouton “ENTER” qui effectue la sélection. 11. Compatibilité avec les objectifs des électeurs Il doit avoir une correspondance directe entre les objectifs des électeurs (voter pour un candidat, pour un parti, voter en blanc, annuler le vote) et les options de commande dans l'interface. La réalisation de ces objectifs ne 250 8 doit jamais être associée à des actions exotiques, comme saisir le code d'un candidat inexistant. de l’urne électronique, mais également les compléter par les recommandations, normes et critères ergonomiques classiques [3]. Il faut noter aussi que lorsque le vote est un acte obligatoire les priorités des concepteurs en terme d'utilisabilité sont probablement l'efficacité et l'efficience. Pour les décideurs, dans le cas du vote obligatoire, la satisfaction des électeurs semble être facultative. Par contre, lorsque le vote est non obligatoire, les urnes devraient devenir un moyen d’augmenter le nombre de votants par rapport au vote traditionnel. Dans ce cas, la satisfaction des électeurs devient un objectif important du système de vote électronique. Des principes concernant une conception esthétique et minimaliste, tel que ceux définis par Nielsen, pourraient alors s'appliquer, sans pour autant nuire à l'accessibilité des interfaces. C’est le cas de l’urne de vote indienne, il y a un manque de compatibilité entre l'intention légitime des électeurs de voter blanc et les possibilités du système. En effet, on observe qu'il n'y a pas de commande associée au vote blanc sur la tablette et que la séance de vote ne se clôture qu'après avoir choisi un candidat par pression sur un des boutons bleus. L'absence de cette possibilité pour l'électeur génère donc une situation d'impasse. Ainsi avec ce dispositif il se voit privé de manifester son insatisfaction avec le statu quo, car il n'a également pas pu voter nul. 12. Support à la confiance Les interfaces électroniques de vote doivent rassurer l’électeur sur la fiabilité du système, en prévoyant par exemple, l'impression du bulletin de vote rempli électroniquement. L'électeur pourra faire confiance à un système que lui permettre de tenir dans ses mains et vérifier son vote avant de le déposer dans l'urne. Enfin n’oublions pas que si l’on veut que tout le monde puisse voter, et pour limiter le nombre des exclus, et audelà du respect des recommandations ergonomiques, il est indispensable que l’accès aux urnes à tous soit possible avant le vote pour une familiarisation et un apprentissage du système. Il faut aussi, tant qu’on n’est pas certain qu’un système de vote électronique donné permet à tous de voter, offrir la possibilité, pour ceux qui le désirent, de voter de manière classique. On constate que la plupart des principales urnes électroniques au monde ne proposent pas de possibilités pour rassurer les électeurs de la fiabilité des votes accomplis. Comment les gens qui utilisent des urnes électroniques aux USA, au Brésil et en Inde peuvent savoir si leurs votes ont été pris en compte correctement par le système ? Ils ne voient pas d'objets tangibles associés à leurs votes et ne comprennent pas les arguments techniques avancés par les autorités responsables. À l'heure actuelle le seul dispositif capable de rassurer l'utilisateur de la prise en compte du vote par le système est celui employé au Venezuela [16] (cf figure 8 ci-dessous). Immédiatement après avoir effectué son vote, l’urne imprime un bulletin en papier grâce auquel l’électeur peut contrôler le résultat de son vote. L’électeur dépose ensuite ce bulletin à l'intérieur d'une urne en carton placée àcoté du dispositif électronique. L'électeur peut partir rassuré car il existe une trace matérialisée de son vote qui pourra être récupérée et éventuellement recomptée. Malheureusement ce contrôle n’est pas prévu dans la plupart des systèmes de vote électronique actuels. CONCLUSION L’ergonomie peut-elle permettre au vote électronique d’accéder au statut de procédure démocratique? C’est là une question fondamentale et difficile, dont l’enjeu est pratique et théorique pour la science ergonomique! L’urne électronique est un véritable défi pour l’ergonomie qui ne peut plus se contenter de scores d’utilisabilité élevés. Elle doit raisonner en performance absolue, c'est-à-dire avec des exigences de performances comparables, voire meilleures, que celles du vote manuel. Sur le plan théorique, les enjeux de l’utilisabilité électorale obligent sans doute une évolution de certaines notions d’ergonomie et un rapprochement avec des disciplines comme le droit électoral, les sciences politiques et la sécurité informatique. Il s’agit donc d’une ouverture vers les sciences sociales et politiques. La conception de tout système de vote électronique doit se réaliser dans le contexte des cycles du génie de l’utilisabilité: la structure générale de ce processus étant analogue à celle proposée par la norme ISO 13407 [11]. Avec, bien-sûr, la nécessité d’impliquer des utilisateur finaux pendant tout le cycle. Toutes les catégories d’utilisateurs devraient être concernés, particulièrement les exclus de la technologie. Les principes généraux de conception devraient intégrer les critères ergonomiques pour le vote électronique, et la spécification de l’utilisabilité doit prévoir des exigences de productivité et de satisfaction très élevées,. Ces interfaces doivent, évidement être validés par toutes les parties prenantes: Figure 8 : Système Smartic, employé au Venezuela, qui imprime un bulletin en papier que l'utilisateur peut véri fier avant de le déposer dans l'urne en carton. Les concepteurs d'urnes électroniques devraient appliquer non seulement ces principes spécifiques au domaine 251 9 les autorités, les fabricants et les électeurs. A chaque cycle de développement les tests d’utilisabilité doivent avoir un caractère très rigoureux et exigeant. Il n’est pas possible d’admettre des erreurs d’ergonomie sur les urnes ni des niveaux d’utilisabilité en dessous de l’optimal. Le respect de ces critères devrait également pouvoir être contrôlé avant chaque mise en place de tout système de vote électronique par un groupe indépendant d’experts internationaux en utilisabilité. Il n’y a qu’à ces conditions minimales que l’on pourra limiter l’exclusion démocratique par le vote électronique. BIBLIOGRAPHIE 1. 2. Bederson, B. B., Lee, B., Sherman, R., Herrnson, P. S., Niemi, R. G. (2003). Electronic Voting System Usability Issues. CHI 2003, ACM Conference on Human Factors in Computing Systems, CHI Letters, 5(1), pp. 145-152. Available online as tech report: http://www.cs.umd.edu/local-cgibin/hcil/sr.pl?number=HCIL-2002-25 Brangier, E., Barcenilla, J (2003). Concevoir un produit facile à utiliser: adapter les technologies à l’homme. Paris: Éditions d’organisation. 4. Brangier, E., Bobillier-Chaumon, M-E., Cybis De Abreu, W., Michel, G., Pino, P., Van De Weerdt, C. (2002). 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