Cours transcription CBPS
Transcription
Cours transcription CBPS
L’Expression génique, la transcription et sa régulation : Approches expérimentales. I - Généralités I - 1 : Expression et niveaux de régulations d’un gène eucaryote Structure de la chromatine ADN Transcription Fréquence de transcription Transcrit primaire Maturation ARN messager Exportation de l’ARNm ARN messager Stabilité cytoplasmique de l’ARN Noyau Cytoplasme Efficacité de la traduction Protéine Maturation I - 2 : Structure générale d'un gène transcrit A la différence des ADN polymérases dépendantes d’une tsp +1 matrice, les ARN polymérases n’ont pas besoin d’amorce pour initier une polymérisation mais d’une séquence d’ADN double brin particulière, le promoteur. Le promoteur est situé en amont de l’unité de transcription qui est délimitée par le t 5’ 3’ 3’ 5’ <0 promoteur >0 unité de transcription 5’ ARN prem 3’ site d’initiation de la transcription (tsp pour transcription start point, numéroté +1) et le terminateur (t). Par convention on utilise une numérotation négative en amont du tsp et positive en aval. D’autre part, on parle de brin sens pour spécifier le brin d’ADN dont la séquence est identique à celle de l’ARN pré-messager. Inversement, le brin antisens ou brin matrice (car c’est celui qui est copié lors de la transcription) correspondrait à un ARN prémessager antisens. Chez les procaryotes, les ARN sont majoritairement polycistroniques (opérons), chez les eucaryotes, monocistroniques mais on remarque dans la plupart des cas la présence d’introns, ce qui peut mener à la synthèse de plusieurs protéines différentes grâce au mécanisme d’épissage alternatif. 1 I - 3 : Rôle du promoteur Le rôle du promoteur est double. Il permet d’une part de positionner tous les éléments protéiques nucléaires nécessaires à l'initiation de la transcription. D’autre part, le promoteur, du fait de sa structure asymétrique permet d’orienter le sens de la transcription. Le schéma en arbre de Noël ou écouvillons permet de visualiser 5’ 3’ 5’ 5’ 3’ 3’ pol le nombre d’ARN polymérases en cours de transcription 5’ à l’intérieur d’une même unité de transcription. Les chaînes naissantes d’ARN sont d’autant plus nombreuses transcription + faible que l’initiation aura été efficace (dépend du promoteur). I - 4 : Structure schématique d'un promoteur phage/procaryote/eucaryote. Promoteur T7 : TAATACGACTCACTAT Promoteur E. coli : -35TTGACA … -10TATAAT Promoteur Eucaryote : I - 5 : Les ARN polymérases : ARN polymérase T7 : - 1 seule chaine polypeptidique - Taille : 99KDa - Vitesse de synthèse : environ 200 nt/sec à 37°C ARN polymérase E. Coli : - 5 sous unités : deux α, une ß, une ß ', ω plus le facteur σ - uniquement pour l’initiation de la transcription. - Taille : 447KDa (sans le facteur σ) - Vitesse de synthèse : environ 50 nt/sec à 37°C ARN polymérase Eucaryote : - 3 ARN polymérases différentes : ARN polymérase I : permet de transcrire les ARN ribosomiques (sauf le 5S) ARN polymérase II : permet de transcrire les ARN messagers ARN polymérase III : permet de transcrire les petits ARN comme les ARNt et l’ARNr 5S. - 10 à 12 sous unités - Taille : >500KDa - Vitesse de synthèse : environ 20 à 30 nt/sec à 37°C 2 II - Comment savoir si l’expression d’un gène est régulée ? Si l’expression d’un gène x est régulée, la protéine correspondante X est présente dans les cellules en quantités variables. Cette régulation peut dépendre du type cellulaire, de stimuli extérieurs, du cycle cellulaire, … Afin d’étudier si l’expression d’un gène x est régulé, il faudra donc analyser la présence éventuelle de la protéine X dans différentes cellules. Pour cela, le plus simple est d’utiliser un anticorps. On peut alors réaliser : • des western blot (ou un ELISA), de l’immunocytochimie • des puces à cellules ou à tissus (cell array ou tissue array), révélation par respectivement immunocytochimie ou immunohistologie • de l’immunodétection in situ (embryon de souris par exemple), … III - Comment savoir quel est le niveau de régulation de l’expression d’un gène La régulation peut être : Structure de la chromatine ADN • transcriptionnelle Transcription (initiation ou élongation) Fréquence de transcription Transcrit primaire • post-transcriptionnelle Maturation (épissage, export, stabilité de l’ARN) • traductionnelle Noyau • post-traductionnelle Cytoplasme ARN messager Exportation de l’ARNm ARN messager Stabilité cytoplasmique de l’ARN Efficacité de la traduction Protéine Maturation Pour trancher entre ces diverses hypothèses : 1. Faire un WB (par exemple) -> niveau d’expression variable de la protéine 2. regarder si la différence de quantité de protéine X est due à une modification de la quantité d’ARNm X 3. si oui, regarder quelle étape de la transcription est concernée (initiation, élongation, maturation, stabilité, export…). Mq C UV Mq C UV 10Kb Protéine X 70kDa Protéine X 5Kb actine actine 40kDa 2Kb 1Kb Western Blot Northern Blot Mq : marqueurs de taille (protéine ou ARN suivant le gel) C : cellules non traitées UV : cellules traitées aux UV Western blot : Ac anti protéine X fabriqué chez le lapin, Ac IIaire anti lapin couplé Cy3 Ac anti actine fabriqué chez la souris, Ac IIaire anti souris couplé Cy5 3 Western blot : Après avoir préparé un extrait protéique, on fait migrer ces protéines sur un gel SDS-PAGE, on transfère sur filtre (nitrocellulose ou nylon), puis on révèle à l’aide d’un anticorps dirigé contre la protéine d’intérêt. Avantage : on a accès à la taille de la protéine, on peut donc avoir, en plus des renseignements au niveau quantitatif, des renseignements au niveau qualitatif. Inconvénient : peu sensible. ELISA : Il existe différents types d’ELISA. Seul l’ELISA « sandwich » sera présenté ici. Après avoir préparé un extrait protéique, on dépose ces protéines au fond d’un puit au fond duquel on a préalablement fixé des anticorps dirigés contre la protéine d’intérêt. Après lavage, on ajoute un anticorps, toujours dirigé contre la protéine d’intérêt mais qui doit être différent du premier. La présence de deuxième anticorps sera alors révélée. Avantage : on peut tester de très grands nombres d’échantillons, la technique est un peu plus sensible (et rapide) que le WB. Inconvénient : aucun renseignement qualitatif. Immunocytochimie : Cette technique est pratiquée sur des cellules vivantes (ou éventuellement sur des tissus – on parle alors d’immunohistochimie). Elle consiste à détecter la présence de la protéine d’intérêt (toujours à l’aide d’un anticorps) dans son contexte naturel. Si la protéine est à l’intérieur de la cellule (et non à la surface comme dans l’exemple ci-dessous), il faudra au préalable à l’incubation avec l’anticorps fixer les cellules puis les perméabiliser. Une fois l’anticorps fixé sur son antigène, il sera révélé par une des techniques classiques. Avantage : permet de vérifier la localisation de la protéine d’intérêt dans la cellule. Inconvénient : peu sensible, pas de données qualitatives sur la protéine. 4 IV - Analyse de la quantité d’ARNm dans les cellules Les différentes techniques décrites dans ce paragraphe permettent d’estimer le taux d’expression d’un gène par mesure de la quantité d’ARN cytoplasmique. Les ARNm représentent de 1 à 5% des ARN totaux et peuvent être répartis en trois classes selon leur abondance cellulaire : Forte abondance < 10 gènes 10 000 à 20 000 copies/cellule >1% des ARN totaux Abondance moyenne 500 gènes ~200 à 400 copies/cellule 0.1% Abondance faible >10 000 gènes <20 copies/cellule 0.004% Les messagers de faible abondance représentent la plus grosse partie des gènes exprimés malgré leur faible taux d’accumulation cytoplasmique. Leur étude a donc nécessité l’utilisation de techniques de plus en plus sensibles ainsi que la mise au point de méthodes de quantification. L’évolution des techniques disponibles ainsi que des protocoles expérimentaux a donc cherché à répondre à ces deux contraintes. Northern Blot 1953 RT-PCR 1980 Protection RNAse PCR Temps Réel 1993 1986 RT-PCR Compétitive 2000 Puces à ADN IV – 1 : Northern blot Si on réalise un Northern blot sur deux types cellulaires (Cell 1 et Cell 2) d'un même organisme avec comme sonde un ADNc correspondant à un gène A et que l’on obtient après révélation deux signaux d’intensités différentes (voir figure ci-dessous – signal obtenu avec les ARN Cell1 2 à 3 fois plus intense que le signal obtenu avec les ARN Cell2), ce résultat doit être interprété de la manière suivante : chacune de ces cellules contient l'ARNm cytoplasmique correspondant au gène A, mais la cellule 1 en contient 2 à 3 fois plus que la cellule 2. Cette expérience peut être utilisée pour quantifier de manière approximative et relative ce taux d’expression. Attention, pour que ce résultat soit interprétable, il faut normaliser avec une sonde hybridant un ARN dont l’expression est constitutive (ARNm actine par exemple). On peut alternativement réaliser un Dot Blot qui consiste à déposer directement sur une membrane une préparation d’ARN totaux ou d’ARNm. Dans cette expérience, le critère de taille est perdu. 5 Dans ces deux expériences on peut évaluer approximativement par densitométrie la quantité des messagers détectés en se rapportant au signal obtenu pour l’ARNm choisi pour la normalisation (actine par exemple). Exemple de northern Exemple de Dot Blot Cell1 Cell2 Cell1 Cell2 Cell1 Cell2 Cell1 Cell2 ARNmA ARNmA ARNm actine IV – 2 : Protection à la RNAse Cette technique, plus sensible que le Northern blot, est plus lourde à mettre en œuvre mais permet de détecter des niveaux d’expression plus faibles. Le principe consiste à synthétiser (par transcription in vitro) un ARN anti-sens d’une partie de l’ARNm que l’on veut étudier (ARNmX). Cet ARN anti-sens est marqué au 32 P (et donc radioactif) et présente une extension en 3’ non présente sur l’ARNm correspondant. Il servira ainsi de sonde – voir schéma ci-dessous. Cette sonde est hybridée avec des ARN totaux. Les complexes formés sont traités avec un mélange de RNAse A (coupe après les pyrimidines) et de RNAse T1 (hydrolyse après G). Seul le double brin résiste à cette dégradation. Les produits de la digestion sont analysés sur gel d’acrylamide dénaturant et leur présence dans le gel est révélée par autoradiographie. ARNm actine ARNm X Sonde A (250 nt) Sonde X (150 nt) RNase A RNase A (120 nt) Mq 1 (100 nt) 2 3 500nt 300nt 150nt 75nt 4 5 6 7 8 Mq : Marqueurs de taille radioactifs 1 - Sonde A 2 - Sonde X 3 - ARNm cellules témoins + sonde A + RNase 4 - ARNm cellules témoins + sonde X + RNase 5 - ARNm cellules traitées UV + sonde A + RNase 6 - ARNm cellules traitées UV + sonde X + RNase 7 - Sonde A + RNase 8 - Sonde X + RNase De ce résultat, on peut déduire : • Que cette expérience a bien fonctionné (on ne voit pas du tout de sonde non dégradée) • Que la normalisation était bonne (même quantité de radioactivité dans les deux essais actine • Que l’ARN X est moins abondant dans les cellules témoins que dans les cellules traitées. 6 IV – 3 : RT-PCR Plus sensible que les autres techniques la RT-PCR permet de détecter facilement même de faible taux d’ARN. La reverse transcription est généralement réalisée à partir d’un oligodT. La PCR est ensuite réalisée avec des amorces spécifiques permettant d’obtenir un fragment amplifié d’une taille généralement comprise en 200 et 500pb environ. Quantité d’ADN < au seuil de détection Quantité d’ADN Les amorces ont été toutes utilisées Seuil de détection Nombre de cycles IV – 3 a : RT-PCR semi-quantitative Il s’agit ici de réaliser une PCR classique, mais où le nombre de cycle réalisé ne sera pas trop important. En effet, si on regarde l’exemple ci-dessous, en prenant un nombre de cycle habituel (40 par exemple, représenté par la flèche noire), tous les ADN auront été amplifiés de la même façon – la quantité est limitée par la quantité d’amorce et non de matrice. Par contre, si on arrête la PCR quelques cycles avant, on observera une quantité d’ADN amplifiée proportionnelle à la quantité de matrice utilisée. La révélation se fera par coloration au Bromure d’Ethydium ou tout autre colorant de l’ADN après Cell traitées, oligos actine Cellules contrôles, oligos actine Cellules trait ées, oligos actine Cellules contrôles, oligos X Cellules trait ées, oligos X Cell contrôles, oligos actine Quantité d’ADN Cell contrôles, oligos X Nombre de cycles d’amplification choisi pour faire la PCR Cell traitées, oligos X séparation par électrophorèse sur gel d’Agarose. Seuil de détection Nombre de cycles Cette technique est ni précise ni sensible. Elle nécessite donc d’une part d’avoir des quantités très différentes de matrice et d’autre part une mise au point importante et laborieuse pour déterminer le nombre de cycles à réaliser. IV – 3 b : RT-PCR temps réel ou Q-PCR (Q : Quantitative) Le principe de cette PCR consiste à détecter et quantifier un rapporteur fluorescent dont l’émission est directement proportionnelle à la quantité d’amplicons générés durant la réaction de PCR, et donc à la quantité initiale de matrice. Il s’agit ici d’une méthode quantitative qui permet d’atteindre une valeur absolue ou relative, et non plus approximative, de la quantité initiale de matrice. 7 Pour que cette quantification puisse avoir lieu les mesures vont être réalisées à chaque cycle de la PCR, d’où le terme « temps réel », en tout début de phase exponentielle. L’apparition du produit d’amplification est mesurée par l’intermédiaire d’un composé fluorescent présent dans la PCR. On détermine un cycle seuil (Ct : Treshold cycle) qui correspond au nombre de cycles PCR nécessaire pour que le signal mesuré dépasse le bruit de fond de l’expérience. Dans le cas de deux échantillons X et Y, si CtX< CtY alors Qo(X)>Qo(Y) (avec Qo : quantité initiale de matrice). Fluorescence ligne de base (bruit de fond) CX CY Nombre de cycles La quantification est ensuite effectuée grâce à une courbe étalon établie à partir d’une PCR réalisée sur une gamme de dilution en série d’un ADN de quantité connue. La détection des amplicons par fluorescence repose sur deux méthodes différentes : l’utilisation d’un intercalant ou l’hybridation de sondes spécifiques. Seule l’utilisation du SyBR green sera étudiée ici. Utilisation d’un intercalant, le SyBR green. Le SyBR Green est un intercalant de l’ADN. Ce composé fluorescent a une énergie d’émission 250 fois plus forte lorsqu’il est intercalé dans de l’ADN double brin (λexc : 494nm, λem : 521nm). Sa présence dans le milieu réactionnel ne modifie pas l’efficacité de la PCR. La mesure de la fluorescence est effectuée en fin de phase d’élongation quand la totalité de l’ADN synthétisé est sous forme double brin. 8 Pour vérifier que la mesure de fluorescence effectuée correspond bien à la détection de l’amplicon recherché, à la fin de la PCR une courbe de fusion est réalisée. Dans le cas d’une contamination, plusieurs pics seront détectés. La surface des pics obtenus en représentant dF/dT en fonction de T permet d’estimer la part de la fluorescence due à la quantité de l’amplicon recherché. Seul l’amplicon recherché est présent Une seconde amplification non spécifique est détectée dF/dT Fluorescence T° fusion (contaminant) Température T° fusion (amplicon) Température IV – 4 : Puces à ADN Les puces à ADN permettent l’analyse simultanée de l’expression d’un ensemble de gènes (plusieurs milliers voire le transcriptome entier). Quelle que soit la technologie utilisée pour fabriquer les puces, le principe général est le même. Les sondes (oligonucléotides ou ADNc) sont immobilisées sur un petit support : la puce. Les acides nucléiques à étudier sont marqués (fluorochrome ou radioactivité pour les macroarrays) puis hybridés avec la puce. Après lavage, les régions où l'hybridation s'est produite sont repérées et quantifiées au moyen d’un système d’acquisition d’image ce qui permet de déterminer avec quelle(s) sonde(s) le produit d'amplification s'est hybridé. Les résultats sont ensuite analysés et validés grâce à des logiciels informatiques dédiés à cette analyse et interprétés d’un point de vue biologique. Les cibles (acides nucléiques à tester) sont des ADNc reverse transcrits à partir d’une population d’ARNm. Au cours de cette reverse transcription on marque les ADNc soit avec un précurseur 32 P, soit avec un fluorochrome. Dans le cas des microarrays, on peut directement comparer deux conditions expérimentales en marquant les ADNc avec deux fluorochromes différents. On distingue trois types de Bio-puces : macroarray (ou filtre à haute densité), microarray et puce à oligonucléotides. Sur ces puces sont réparties les unités d’hybridation (« plot »). Chaque plot correspond à une séquence d’ADN (oligonucléotides, cDNA, produit PCR) en plusieurs milliers d’exemplaires. Ces séquences sont fixées soit par dépôt soit par synthèse in situ. Macroarray Microarray Puce à oligonucléotides Support nylon Verre, silicium, Or/platine Quartz couvert de silane Taille de la puce 12cm x 8cm 5.4cm x 0.9cm 1.28cm x 1.28cm Marquage des cibles Radioactif Fluorescent Fluorescent 9 Nature des sondes cDNA ou PCR cDNA ou PCR Oligonucléotides Fixation des sondes Dépôt direct Dépôt direct Photolithographie Nombre de spot (sondes différentes) 2400 10 000 à 12 000 300 000 à 400 000 Nombre de conditions expérimentales 1 2 1 Autoradiographie Microscopie confocale Microscopie confocale pouvant être testées simultanément Analyse Exemple du microarray : Détection : chaque spot Culture cellulaire Condition A est excité par un laser et Condition B Extraction des ARN Surexpression dans la condition A on récupère la fluorescence émise via un photo-multiplicateur RT Cy3-dUTP couplé à un microscope Cy5-dUTP confocal. On obtient en Sur-expression dans la condition B superposant les images en Même expression dans les 2 conditions fausses couleurs des spots allant du vert au rouge en passant par le jaune (de l'ADN des conditions Dépôt des sondes Hybridation Détection fixé deux en quantité égale). L’ensemble de ces méthodes permettent de voir si la quantité d’ARNm X varie d’une cellule à une autre. Si c’est le cas, plusieurs hypothèses peuvent être posées : Il y a régulation au niveau de l’initiation de la transcription (régulation transcriptionnelle) Il y a régulation au niveau de l’élongation de la transcription (régulation transcriptionnelle) Il y a régulation au niveau de la maturation, de la stabilité, de l’export de l’ARNm (régulation posttranscriptionnelles). 10 V - Analyse du taux d’initiation de transcription d’un gène Deux techniques seront présentées ici. Ces méthodologies nécessitent la connaissance précise de la position du point d’initiation de la transcription. Nous commencerons donc par étudier comment déterminer cette position. V – 1 : Détermination du site d'initiation de la transcription Le site d’initiation de la transcription (tsp-transcription start point noté +1) correspond au premier nucléotide situé à l'extrémité 5' de l'ARN et ne peut être déterminé qu’expérimentalement. La molécule permettant de déterminer ce tsp est donc l'ARN et non pas le gène lui-même. Il est nécessaire pour déterminer le tsp de disposer du gène cloné ou au moins d'un clone contenant la jonction entre le promoteur et le 1er exon. V – 1 a : Cartographie à la nucléase S1 Le principe de cette technique consiste à hybrider un fragment d’ADNg marqué, que l’on suppose recouvrir le point +1, avec une population de messagers. L’ARNm correspondant au gène dont est issue la sonde, va protéger une partie de cette sonde contre la digestion à la nucléase S1. Les résultats sont ensuite analysés sur gel et on mesure la diminution de taille de la sonde au nucléotide près. On fait donc migrer en parallèle une réaction de séquence selon Sanger qui sert de marqueur de taille. 11 V – 1 b : Extension d'amorce. Dans cette expérience on choisit d’allonger la sonde plutôt que de la dégrader comme dans l’expérience précédente. On réalise une réverse-transcription avec une amorce spécifique issue de l’ADNg. Cette amorce correspond à une région située en aval du point +1. On mesure ensuite sur gel polyacrylamide dénaturant l’augmentation de la taille de l’amorce par comparaison avec une réaction de séquençage selon Sanger réalisée avec la même amorce sur l’ADNg. Population d’ARN Clone Génomique dénaturation hybridation avec l’amorce polymérisation R ev erse t ranscrip ti on Réa cti on d e sé quen ce Exemple de résultat V – 1 c : Transcription in vitro de type run off On utilise un clone d’ADNg linéarisé qui est transcrit en présence d’un extrait protéique nucléaire et de CTPα32P. Les résultats sont analysés sur gel dénaturant sur lequel on détermine la taille de l’ARN obtenu et ainsi la position du tsp. +1 Eco RI Eco RI 300pb +EN ARN : 300nt Préparation des extraits protéiques nucléaires : on part d’une suspension cellulaire. Après avoir sédimenté les cellules par centrifugation, on les remet en suspension dans un tampon hypotonique en présence d’une faible quantité de détergents. La membrane plasmique va être lysée et la membrane nucléaire va rester intacte. Les noyaux seront sédimentés par centrifugation. Après un lavage des noyaux, les protéines nucléaires seront extraites du noyau par un choc hypertonique. 12 V – 2 : Analyse du taux d’initiation de transcription d’un gène par run-off La technique utilisée en « IV-1-c » est utilisée ici. Le run-off sera réalisé en présence d’extraits nucléaires de cellules traitées un non (par les UV par exemple si on garde l’exemple du début). On quantifiera alors la quantité d’ARN transcrit après migration sur gel. Promoteur gèneX Prom actine+EN cell UV 150nt Prom X+EN cell UV Promoteur actine Prom X+EN cell témoin normalisation. Prom actine+EN cell témoin En parallèle, un autre run off sera réalisé à partir d’un promoteur constitutif, il nous servira pour la 350nt Cependant il est difficile de mettre en évidence une régulation transcriptionnelle par cette méthode. Cette absence de résultat est souvent liée à la perte ou la modification de facteurs transcriptionnels lors de la préparation des extraits nucléaires ainsi qu’à la conformation de l’ADN in vitro (pas de chromatine). V – 3 : Analyse du taux d’initiation de transcription en système cellulaire On se place ici dans un système cellulaire qui permet de faire les expériences dans un système proche d’un contexte in vivo. Les cellules étant en culture et donc hors de l’organisme dont elles sont issues, on parle de système ex vivo. Le principe de ces expériences est de faire pénétrer dans le noyau de cellules en culture une construction chimérique qui permet de tester l’efficacité de l’initiation de la transcription. V – 3 a : Choix du type cellulaire On utilise soit des lignées cellulaires (cellules immortalisées) soit des cultures primaires. Ces dernières conservent des caractéristiques de différenciation parfois indispensables, permettant par exemple de répondre à différents effecteurs hormonaux. V – 3 b : Constructions Le promoteur du gène X (ou une partie de ce dernier) est sous cloné dans un plasmide en amont d’un gène rapporteur. Le plasmide utilisé pour ces expériences est un vecteur d’expression eucaryote qui permet de réaliser le clonage en système bactérien puis de pouvoir dans certains cas être sélectionné en système eucaryote. 13 Dans ce système la présence de la séquence polyA block (séquence normalement issue d’une modification post-trancriptionnelle) permet d’avoir un messager dont la stabilité et la traductibilité est invariable. Il est en effet indispensable qu’il n’y ait aucune régulation post transcriptionnelle ni traductionnelle si l’on veut avoir un reflet direct de l’activité transcriptionnelle du promoteur testé. Gènes rapporteurs Les gènes rapporteurs sont des ADNc qui codent pour des protéines qui doivent remplir deux conditions : - être facilement détectables - ne pas être confondues avec une protéine endogène On utilise en général une enzyme dont on détecte l’activité après avoir lysé les cellules. Cette enzyme peut être d’origine Procaryote (CAT : Chloramphenicol Acetyl Transferase, β Galactosidase) ou Eucaryote (Luciférase, GFP : Green Fluorescent Protein, SAP : Secreted human Alkaline Phosphatase). L’activité est détectée soit par chimiluminescence, fluorescence, radioactivité ou colorimétrie. V – 3 c : Transfection Il existe différentes techniques qui permettent de faire pénétrer de l’ADN dans une cellule eucaryote. Dans tous les cas le but est de traverser la membrane cytoplasmique. Une fois dans le cytoplasme de la cellule, l’ADN sera transporté dans le noyau par un mécanisme non contrôlable. Parmi les différentes techniques utilisées on peut distinguer les approches chimiques (Co-précipitation au phosphate de calcium, DEAE Dextran), physiques (Electroporation ou Electroperméabilisation, liposomes) et biologiques (virus). Le choix de l’une ou l’autre de ces techniques est essentiellement fonction de la sensibilité des cellules, de l’efficacité de transfection recherchée et de l’objectif exact de l’expérience. La transfection est en général effectuée de manière transitoire, c’est à dire que le plasmide reste sous forme d'épisome dans le noyau. V – 3 d : Utilisation de la technique : Le promoteur du gène X est introduit dans le plasmide en amont du gène rapporteur (luciférase firefly par exemple – luciférase de la luciole). 14 14000 Relative Luciferase Unit 12000 Ce plasmide est transfecté dans les cellules à tester. Deux 10000 lots sont réalisés. Un lot sera traité (UV dans notre 8000 6000 exemple), l’autre lot sera le contrôle. Les cellules sont 4000 ensuite lysées (entre 12 et 72 heures après transfection) 2000 et l’activité luciférase firefly est détectée par ajout de la 0 Contrôle Traité UV luciférine. Pour la normalisation, on cotransfecte avec un autre plasmide portant une autre luciférase (luciférase rénilla – luciférase de l’anémone de mer) sous la dépendance d’un promoteur constitutif. L’activité luciférase rénilla sera testée en parallèle. Les résultats seront présentés sous la forme du rapport luciférase firefly / luciférase rénilla. V – 4 : Poursuite de l’étude Si une régulation au niveau de l’initiation de la transcription est ainsi démontrée, une recherche des sites de régulations sur le promoteur pourra alors être envisagée : Délétions du promoteur et analyse de l’effet de ces délétions sur l’activité du promoteur Recherche des sites de liaison de facteurs de transcription (bioinformatique, gel retard, footprint ou immunoprécipitation de la chromatine) Ces techniques seront étudiées dans le chapitre « interactions acides nucléiques/protéines ». VI - Analyse du taux d’élongation de la transcription d’un gène Si on a observé une différence dans la quantité d’ARN X présents dans la cellule traitée et pas de différence au niveau de l’initiation de la transcription, deux hypothèses peuvent être proposées : Régulation de l’élongation de la transcription Régulation post-transcriptionnelle (stabilité du messager, régulation de l’export de l’ARN, …). 15 Pour étudier l’élongation de la transcription, il faut non pas s’intéresser aux ARNm cytoplasmiques mais aux ARNm en cours de transcription c’est à dire nucléaires. Une manière d’obtenir cette information est de réaliser un Run On. Expérience de Run on (Elongation in vitro de transcrits initiés in vivo) On purifie des noyaux sur coussin de sucrose à 70%. Cette forte molarité en sucre empêche les petits facteurs de sortir des noyaux et sépare ces derniers du reste du lysat cellulaire. Le culot de noyaux est récupéré et incubé en présence d’UTPα32P pendant 30min. Ce précurseur radioactif va permettre le marquage des ARNm en cours de transcription et ces derniers vont subir une élongation d’environ 200 à 500nt. Dans cette élongation réalisée in vitro, la vitesse de l’ARN Pol II ne dépasse pas à 10 ou 20 nt/min. Les rares initiations qui auront lieu au cours de cette expérience donneront des ARN beaucoup trop courts et trop peu nombreux pour être détectés par la suite. Cette technique permet donc d’avoir un instantané de l’état transcriptionnel d’un type cellulaire au moment de la préparation des noyaux. Une fois l’élongation terminée, les noyaux sont lysés et les ARNm marqués sont extraits. La ou les sondes utilisées sont en général des ADNc correspondant aux gènes dont on désire analyser la La membrane est ensuite incubée avec les tous ARNm radioactifs, lavée et autoradiographiée. Par cette expérience, on ne détermine pas une valeur absolue de la transcription d’un gène mais une valeur relative entre cell traitées « taches »). cell témoin transcription. Ces ADNc sont déposés sur une membrane en quantité identique (technique du dot blot : ADNcX l’expression de différents gènes ou d’un même gène dans des conditions différentes. ADNc actine 16 Quelques exemples : Cas 1 : gène B en WB cellules contrôle cellules traitées drogue x 1 bande 54 kDa 1 bande 85 kDa (même intensité pour les deux) Régulation post traductionnelle Cas 2 : gène B’ en WB cellules contrôle cellules traitées drogue x 1 bande +++ pas de bande Régulation en amont de traduction (ou dégradation de la protéine) Northern blot 1 bande +++ pas de bande Régulation en amont de la transcription (ou dégradation de l’ARN) Run off 1 bande +++ pas de bande Régulation de l’initiation de la tn Cas 3 : gène B’ en WB cellules contrôle cellules traitées drogue x 1 bande +++ pas de bande Régulation en amont de traduction (ou dégradation de la protéine) Northern blot 1 bande +++ pas de bande Régulation en amont de la transcription (ou dégradation de l’ARN) Run off 1 bande +++ 1 bande +++ Régulation en aval de l’initiation de la transcription Run on 1 bande +++ pas de bande Régulation de l’élongation de la tn Cas 4 : gène B’ en WB cellules contrôle cellules traitées drogue x 1 bande +++ pas de bande Régulation en amont de traduction (ou dégradation de la protéine) Northern blot 1 bande +++ 1 bande +++ Régulation traductionnelle 17