L`Artyk
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L`Artyk
Essai Lada Niva Artyk Un dossier « purs et durs » sans Niva, c’est un peu comme un repas sans fromage : il manque un truc. Depuis 35 ans, la Niva représente l’archétype du vrai 4x4 crapahuteur, passe-partout, abordable et efficace. Insensible aux modes, elle a constamment évolué pendant sa longue carrière et sa dernière mouture, baptisée « M », a apporté plus de 200 modifications sans toucher à sa silhouette inimitable. La nouvelle série limitée Artyk ajoute une touche de chic à cet incontournable du 4x4, sans rien renier de ses qualités off-road. L’Artyk, c’est choc ! > texte : Olivier Duhautoy > Photo : One Lap 2 Go L a Lada Niva est une légende du 4x4. Une légende discrète, laborieuse, loin du faste et de la débauche technologique auxquels ont cédé ses principaux rivaux. Retour dans les années 70 : à l’époque, le marché du 4x4 est dominé par les célèbres Jeep, les Toyota Land Cruiser et l’inoxydable Land Rover, pas encore Defender. C’est aussi le moment où un virage s’amorce : certains 4x4 deviennent moins rustiques, plus familiaux, en un mot, plus polyvalents. C’est le cas de la Jeep Wagoneer apparue en 1963 et qui donnera naissance à la lignée des Cherokee et Grand Cherokee. C’est aussi, chez Toyota, l’apparition de la Série 50, le premier Station Wagon de la marque. C’est enfin, et surtout, le lancement en 1970 du Range Rover, premier pas du 4x4 pas encore de luxe, mais plus civilisé. Une révolution venue de l’Est remis à plat et le projet 2121, vite baptisé Niva (« champ de blé »), est officiellement présenté en 1976. Cela peut prêter à sourire aujourd’hui, mais la Niva est à l’époque une révolution, en Russie bien sûr, mais également dans le monde de l’automobile en général. Coque autoporteuse (là où la plupart des 4x4 font encore appel au châssis séparé), roues avant indépendantes, et surtout transmission intégrale permanente, comme sur un certain Range Rover ! Le tout dans un gabarit compact (3,7 mètres de long), avec une habitabilité étonnante, un poids très raisonnable et une maniabilité excellente. La Niva est un énorme succès et prend immédiatement la tête de la catégorie des 4x4 à sa sortie, représentant à elle seule plus d’un tiers du marché européen ! Elle réussit à combiner d’étonnantes qualités, parfois contradictoires, et devient à la fois le chouchou des montagnards, des amateurs d’aventures, mais aussi des citadins : la mode du 4x4 est lancée ! En Russie (pardon, à l’époque on disait Union Soviétique), les années 70 sont cel- Soviet suprême les du développement de l’automobile. Le pays part de très loin : peu de routes, des 35 ans plus tard, on retrouve avec plaisir infrastructures inexistantes, un parc auto- les lignes intemporelles de la Niva, quamobile réduit à sa plus simple expression siment inchangé et réservé aux dignitaires du régime. durant sa carLa jeune société VAZ inaugure son rière. usine de Togliatti et y construit son Il y a premier modèle, la 2101, dévebien loppé sur base de Fiat 124. Le pouvoir politique pousse alors à l’étude et à la conception d’un tout-terrain populaire, adapté aux chemins et aux pistes. Les premières études aboutissent à une sorte de clone de Jeep, encore très rustiPour plus d’informations Lada que. Projet refusé pour flashez ce code • Marque > avec votre smartphone • Modèle > Niva cause de ressemblance • Motorisation > 1.7i GPL avec la voiture symbole • Puissance > 81 chevaux de l’ennemi américain : • Couple > 123 Nm designers et ingénieurs • CO2 > 189 g/km sont priés de retourner • Malus > 750 euros à leur table à dessin. En • Prix > 14 690 euros quelques années, tout est Lada Niva Artyk 1.7i GPL 40 / génération 4x4 / novembre-décembre 2011 génération 4x4 / novembre-décembre 2011 / 41 Niva Artyk 1.7i GPL Essai + POINTS FORTS Lada Niva Artyk + 4x4 légendaire + Efficacité en TT + Prix canon - POINTS FAIBLES ZOOM - Moteur limité - Consommation / malus en essence L’habitacle modernisé offre en option un toit ouvrant électrique (Voir Zoom ci-contre), oui monsieur ! L’ambiance est datée, mais participe au charme de la Niva dont l’ergonomie et la qualité ont toutefois progressé. On trouve même le réglage des phares et des rétros depuis l’intérieur. La sellerie est confortable et l’habitabilité étonnante. On retrouve aussi avec bonheur, les trois classiques leviers, vitesses, transfert et différentiel. Parfois je regrette le temps où ceux-ci étaient de couleurs... Enfin, en avant de l’attelage (en option), la cuve à GPL procure une bonne autonomie de plus de 350 km, à un tarif doux comme un agneau ! sûr eu des évolutions sur des détails mais, dans l’ensemble, le design n’a pas bougé et c’est tant mieux. En revanche, selon une habitude de la maison, la Niva est toujours disponible régulièrement dans des éditions limitées et autres séries spéciales. C’est le cas de l’Artyk que nous essayons aujourd’hui et qui repose sur la version M de la Niva que nous avions présentée en détail dans le numéro 31. Rappelons donc brièvement que cette évolution, bien plus profonde qu’il n’y paraît, a porté sur plus de 200 points, dont des suspensions modifiées, corrigeant ainsi l’un des principaux défauts de la Niva. Egalement au programme une transmission revue et plus silencieuse, un nouveau bloc compteur, un freinage plus puissant… La Niva n’a sans doute jamais été aussi aboutie qu’aujourd’hui et, si elle conserve encore son moteur 1.7, elle a progressé sur la plupart de ses points faibles en gardant intactes toutes ses qualités. La ver- 42 / génération 4x4 / novembre-décembre 2011 sion Artyk qui nous intéresse supplémentaires, la Niva gagne représente ce qui se fait de encore en agrément. Les sièmieux dans la ges sont conforA IV gamme Niva. tables et l’espace N A D LA Extérieurement, à bord toujours l’Artyk se pare de aussi étonnant vu bandes latérales, le gabarit ; même d’une calandre si le volant n’est peinte couleur pas réglable, les argent, d’une grands gaillards barre chromée peuvent trousous le parever néanmoins km chocs avant et une position de 12 litres / 100 i de marchepieds conduite confora s es Durant l' chromés eux table. Entre autres aussi. Notre modèle d’essai était anachronismes, on retrouve les également doté des options toit commodos de Fiat 124 et ses ouvrant électrique, jante alu et poignées de vitres manuelles. attelage, bref une Niva presque Si les glaces ne sont toujours « full options » à un tarif toujours pas électriques et si la fermeaussi raisonnable : le pack Artyk ture des portes reste manuelle, est facturé 700 euros supplé- le toit ouvrant, lui, coulisse mentaires sur base essence ou électriquement et apporte une GPL, les jantes 500 euros, le toit luminosité bien agréable à ouvrant 450 euros et l’attelage bord, contribuant à rafraîchir un 450 euros également. Pour ceux habitacle toujours dépourvu de qui désireraient suréquiper leur climatisation. Surtout, la nouvelle Niva, un treuil est également suspension rend la Niva bien proposé à 350 euros et une plus facile à vivre : rouler à son galerie à 300 euros ! bord n’a plus rien d’une punition, si l’on excepte le moteur bruyant dès que l’on dépasse les Une vraie pure 120 km/h. A défaut d’être vériet dure ! tablement performant et malMine de rien, entre l’intérieur gré sa gourmandise en carbumodernisé et ces équipements rant (un inconvénient pallié en Des fois, Lada peut surprendre... Si Monsieur... En proposant un toit ouvrant électrique à bord de sa Niva, la marque Russe offre à ses clients un véritable bain de soleil à bord. Ce n’est qu’un toit ouvrant électrique me direz-vous, mais pour les aficionados de la Niva, cela va transformer la vie à bord. un petit clic pour un grand choc des civilisations ! grande partie grâce au GPL de notre exemplaire), il offre une souplesse appréciable et s’avère plutôt du genre costaud. Si la Niva est devenue vivable sur route et conviendra presque à tous types de trajets (évitez quand même les grandes portions d’autoroute…), c’est évidemment en TT qu’elle donne le meilleur. Sa transmission intégrale permanente est un avantage sur le bitume, surtout sous la pluie et plus encore sous la neige. Elle fait merveille sur pistes en assurant une excellente motricité. C’est à l’abord des premières vraies difficultés que la Niva montre son second visage, celui d’un franchisseur toujours aussi doué : la sélection de la gamme courte, plus facile désormais, permet à la Niva fiche technique Lada Niva Artyk 1.7i GPL Motorisation Type 4 cyl. en ligne, essence/GPL Cylindrée 1690 cm3 AlimentationInjection élect. / GPL injecté Puissance 81 chevaux à 5000 tr/min Couple 123 Nm à 4000 tr/min Transmission Type 4x4 permanent avec réduction et blocage de différentiel central Châssis TypeCoque autoporteuse Susp. AVDouble triang., roues indépendantes, amortisseurs et ressorts Susp. AREssieu rigide, amortisseurs et ressorts Freins AV/ARDisques ventilés / Tambours DirectionAssistée hydraulique Les chiffres clés Dimensions (Lxlxh) 3720 x 1680 x 1640 Empattement 2220 Poids 1285 kg Remorque freinée 1200 kg Réservoir45 l (essence) / 60 (48 utiles) en GPL Pneus AV/AR 175/80 R16 Coffre de 300 à 1150 l Sur la route Vitesse maxi Conso mixte GPL Conso mixte essence Aptitudes tout terrain Garde au sol Angle d’attaque Angle de sortie Angle ventral 137 km/h 11,9 l/100 9,5 l/100 220 mm 39° 33° 31° Essai Lada Niva Artyk de s’aventurer partout, et le blocage de différentiel sera le complément idéal pour les passages les plus ardus ou les terrains particulièrement meubles. Attention toutefois aux marchepieds et à la barre avant qui, s’ils améliorent l’esthétique, peuvent se révéler gênants en réduisant respectivement l’angle ventral, la garde au sol et l’angle d’attaque. Même précaution avec l’attelage qui fait perdre quelques degrés d’angle de sortie et pourra parfois gêner en manœuvres délicates. Pour le reste, la Niva reste égale à elle-même avec toujours la même aisance en off-road : légère, maniable, efficace, elle se joue de la plupart des difficultés et reste une référence en TT malgré (ou grâce à !) sa simplicité et ses systèmes purement mécaniques. La vieille école certes, mais qui lui permet d’affronter des passages à gué de 80 cm, des pentes à 58 %, des dévers à 48 % et de la neige jusqu’à 1 mètre, là où des 4x4 parfois 10 fois plus chers resteront au pied de l’obstacle. n *je t’aime, en russe Le moteur 1.7 a l’âge de ses durits mais il a progressé en souplesse grâce à l’injection Bosch. Le système GPL permet de sérieuses économies de carburant et le malus n’est plus que de 750 euros en 2011. L’essieu arrière est rigide et l’avant fait confiance à la triangulation et aux roues indépendantes. Grâce à des ancrages modifiés et de nouveaux amortisseurs, le confort progresse. Ya tebya lioubliou !* Et oui, on l’aime cette Niva, malgré ses défauts qui, au fil des années, ajoutent encore à son charme. Archétype du 4x4 à l’ancienne, la Lada a su évoluer et se moderniser en restant fidèle à sa vocation. Toujours aussi efficace, elle reste étonnante en TT et devient presque civilisée sur le bitume depuis sa version M. La version Artyk y ajoute un look plus pimpant et des équipements plutôt agréables, la rendant encore plus polyvalente et attachante. Bref aujourd’hui, on ne voit plus trop ce qu’on pourrait objectivement lui reprocher, surtout à un tarif aussi compétitif (la gamme démarre à 11 990 euros), en restant bien sûr dans l’utilisation pour laquelle elle a été conçue : un véhicule simple, polyvalent et d’une efficacité redoutable quel que soit le terrain ou les conditions climatiques. La principale crainte viendrait plutôt d’un éventuel arrêt en 2014 si elle ne parvient pas à répondre à des normes de plus en plus drastiques. Lada pourrait alors jeter l’éponge et passer le relais, en Europe du moins, à un modèle plus moderne. Raison de plus pour s’intéresser dès aujourd’hui à l’un des tout derniers 4x4 authentiques du marché ! Verdict 44 / génération 4x4 / novembre-décembre 2011