La distribution mécanisée de l`alimentation

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La distribution mécanisée de l`alimentation
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La distribution mécanisée
de l’alimentation
En élevages allaitants, à chacun sa solution
L’alimentation représente plus de la moitié
du temps de travail d’astreinte en élevage
allaitant, quel que soit le système d’élevage
et les aliments utilisés. Au-delà du caractère
répétitif de ce travail, du temps a y
consacrer, la pénibilité de certaines tâches :
seaux à porter, balles à dérouler… peuvent
vite devenir une contrainte.
La mécanisation de l’alimentation est une
solution pour faciliter la distribution des
fourrages
et
des
concentrés,
mais
l’investissement doit être bien raisonné par
rapport aux besoins, à la taille du troupeau.
Les principaux points à prendre en compte
Le choix du matériel de distribution doit tenir compte de :
• De la capacité d’investissement de
l’exploitation,
• De la main d’œuvre disponible et du temps
à consacrer à cette tâche,
• De la taille du cheptel et de la durée
d’hivernage,
• Du type et du nombre d’aliments
disponibles sur l’exploitation,
• De l’organisation des bâtiments (largeur
couloir, hauteur bâtiments, accès,
distribution droite ; gauche,
• Du parc traction disponible : nombre de
tracteurs, puissances, présence
télescopique…
• La distance entre les stabulations – les
silos et le stockage des fourrages.
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Les principaux types de matériels disponibles
Type de
matériel
Dérouleuse
Avantages
Inconvénients
- distribution foin/paille
- paillage possible et
de qualité
- faible puissance de
traction nécessaire
- évite la poussière
Godet désileur - Investissement limité
- Disposition
de
mélange possible
- Système de pesée
Désileuse petit - paillage possible
- un
seul
tracteur
modèle
utilisé
(1.5 à 6 m3)
- maniabilité
- investissement limité
Désileuse
- paillage possible
grand volume - besoin
d’un
seul
(8 à 13 m3)
tracteur
Mélangeuse
(10 à 20 m3)
Gamme de prix
- maniabilité difficile
- 3 000 à 12 000 €
- déport par rapport
selon options
aux roues
Entretien :
- Distance
paillage 50 à 100 €/an
limitée
- Volume limité
- 5 000 à 17 000
- Proximité des silos
selon options
obligatoires
Entretien :
50 à 125 €/an
- volumes
limités - 5 000 à 2000
pour gros cheptel
selon options
- kit
distribution
Entretien :
enrubannage
pas 100 à 300 €/an
toujours disponible
- maniabilité
- 15 000 à 30000
selon options
Entretien :
100 à 300 €/an
- possibilité
de - coût important
- 25 000 à 35000
mélange de plusieurs - puissance
selon options
aliments,
nécessaire
Entretien :
- système de pesée,
- consommation fioul
300 à 400 €/an
- paillage possible
- second
tracteur
télescopique
pour
chargement
- maniabilité
Durée
de vie
7 à 12
ans
€
5 à 10
ans
€
6à7
ans
€
7à8
ans
€
7à8
ans
Témoignage n° 1 : une mélangeuse pour améliorer nutrition
et conditions de travail
A quelle occasion avez-vous engagé la réflexion sur
les moyens pour les tâches d’alimentation ?
« Je cherchais à optimiser mes conditions de travail sans
détériorer les performances techniques de mon cheptel en
ayant une ration la plus économique possible. Pour cela je
voulais passer à 2 paillages par semaine et à une
distribution de l’alimentation 5 fois par semaine en faisant
l’impasse le mercredi et le dimanche. »
Exploitation :
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•
•
•
90 vaches allaitantes limousines
en système naisseur
57 ha de prairies + 8.5 ha de
maïs ensilage
Vêlages : 60 % septembre à
novembre – 40 % mars/avril
Alimentation hivernale : ensilage
de maïs + enrubannage + paille
+ concentrés
Mélangeuse d’occasion de 13 m3
Que vous a apporté l’adoption de la mélangeuse ?
« Au-delà de la réduction de la pénibilité dans le travail,
l’utilisation de la mélangeuse
permet de défibrer et
d’incorporer de la paille et de l’enrubannage dans le
rationnement. Le système de pesée permet d’être précis
par rapport aux quantités à apporter et au mélange à
réaliser. Le bon équilibre de la ration se traduit aussi par
un IVV moyen de 374 jours, indicateur d’une bonne
fécondité. Les animaux sont calmes, en bon état corporel
et avec de bonnes croissances. »
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Témoignage n° 2 : un godet désileur pour mélanger et ne
plus porter de seaux…
Exploitation :
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•
100 vaches allaitantes blondes
d’Aquitaine + 150 taurillons
46 ha de prairies + 14 ha de maïs
ensilage
Vêlages : 50 % octobre/novembre
– 50 % mars/avril
Alimentation hivernale : ensilage
de maïs + ensilage d’herbe + pulpe
surpressée + concentrés
Godet désileur de 2.8 m3
Etes vous satisfait du choix de votre godet désileur ?
« Après 10 ans de service de mon ancien godet, je me
suis posé la question d’acheter un bol mélangeur. Mais
après mûre réflexion, l’organisation des bâtiments, le
coût de l’investissement et la mobilisation d’un tracteur
supplémentaire sur le bol m’ont dissuadé de ce type de
matériel. J’ai donc opté pour l’achat d’un godet désileur
qui m’apporte polyvalence, simplicité et efficacité dans
mon travail. »
En quoi ce matériel a-t-il simplifié votre travail ?
« Avant, mon épouse m’aidait en assurant matin et soir
la distribution des concentrés. Mais avec 3 kg de céréales
par jeune bovin, la pénibilité devenait trop importante.
Maintenant plus de seaux à porter et le mélange m’a
permis de passer à une seule distribution par jour.
Aujourd’hui je me fais livrer mes concentrés par 25 T
pour avoir des prix plus avantageux et j’achète mes
minéraux en big-bag. Je remplis mon godet d’aliments
grossiers et j’y ajoute les concentrés et les CMV à la
pelle. Ensuite j’actionne le mélange qui reste assez
sommaire et pour parfaire ce mélange je remplis les
auges en faisant un aller retour. Le peson est
indispensable pour assurer des mélanges précis. Je peux
également jouer les opportunistes en fonction du coût
des coproduits disponibles et ainsi diminuer le coût de
mes rations. »
Témoignage n° 3 : la dérouleuse : un outil adéquat pour les
systèmes herbagers
Exploitation :
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•
•
•
•
100 vaches allaitantes limousines
en système naisseur avec vente de
reproducteurs
184 ha de SAU – 78 ha SCOP (blé
– orge – féverole) – 89 ha de STH
– 12 ha de prairies temporaires et
5 ha de luzerne
Vêlages d’hiver (novembre-février)
Alimentation
hivernale :
enrubannage
de
prairie
+
enrubannage de luzerne + brisures
de maïs
Dérouleuse pailleuse
Pourquoi avoir fait le choix de la dérouleuse ?
« Lorsque je me suis installée en 1993, j’ai fait le choix
de l’enrubannage comme fourrage principal. En effet,
étant éleveur herbager dans une zone de cultures avec
peu d’éleveurs à proximité, les chantiers d’ensilage sont
difficiles à envisager. De plus, n’ayant pas suffisamment
de bâtiments de stockage pour les fourrages,
l’enrubannage me permet aussi de mettre ma paille à
l’abri, surtout que celle-ci est en grande partie achetée.
Au départ, je déroulais manuellement, la pente du
bâtiment m’aidant dans cette tâche. En 2000, j’ai eu un
lumbago sciatique, ce fut le facteur déclanchant de
l’achat de la première dérouleuse. »
Quelles recommandations donneriez-vous à un
éleveur qui ferait le choix d’une dérouleuse ?
« D’abord, l’option de paillage se réfléchit en fonction de
la longueur de l’aire paillée si l’on veut pailler depuis le
couloir. Il faut également raisonner l’investissement en
fonction de la capacité du télescopique ou du tracteur :
débit d’huile, déport par rapport aux roues du chargeur,
choix du côté d’alimentation… La maniabilité est plus
délicate avec une machine lourde. Il faut veiller à la
qualité du pressage pour faciliter le déroulage : poids de
la boule, qualité du noyau de pressage, roundballer pas
trop « ovalisé » pour éviter les saccades de la machine et
le choix du liage en préférant les ficelles au filet. »
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Témoignage n° 4 : une désileuse pailleuse portée qui rime
avec simplicité, capacité adaptée, maniabilité et efficacité.
Exploitation :
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•
•
•
•
60 vaches allaitantes charolaises
en système naisseur de taurillons
et de génisses de boucherie de 18
à 24 mois
70 ha de SAU – 10 ha SCOP (blé –
orge) – SFP : 5 ha de maïs
ensilage, 55 ha de prairie et 5 ha
de RGI en dérobées
Double période de vêlages : du
15/8 au 15/10 et du 15/12 au 15/2
Alimentation
hivernale :
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fourrages utilisés selon les lots :
foin,
enrubannage,
pulpes
surpressées ou maïs ensilage
Désileuse pailleuse portée de 3 m3
En quoi la désileuse pailleuse est-elle adaptée à
votre élevage ?
« Quand je me suis installé, il y avait déjà une petite
désileuse sur l’exploitation. Le paillage était manuel mais
un jour je me suis fait chargé par un bovin et j’ai donc
opté pour une désileuse pailleuse. Je continue de donner
l’enrubannage à la main car la machine ne me permet
pas de distribuer ce fourrage. Je suis satisfait de la
désileuse pailleuse. Cet équipement est adapté à la
largeur et à la localisation de mes bâtiments par rapport
aux silos. De même, la capacité correspond bien à la
taille et à la gestion de mes 4 lots d’animaux (VA
gestantes, VA vêlées, génisses et taurillons). »
Quels sont les avantages et les inconvénients de ce
matériel ?
« L’hiver, je n’ai besoin de mettre en route qu’un seul
tracteur pour faire tout le travail. Néanmoins, la
désileuse pesant une tonne à vide, il faut un ensemble
tracteur + fourche pas trop léger pour bien équilibrer les
charges. Un 80 cv avec une hydrofourche fait l’affaire
sans problème. La goulotte en position haute permet
d’alimenter aussi bien au sol que dans les bacs. Il faut
également adapter la taille des boules à la machine. Pour
mon modèle, je sais qu’il ne faut pas dépasser 1.35
mètre de diamètre. La désileuse portée est très maniable
et permet de diminuer la pénibilité. Je peux pailler tous
les jours sans perdre beaucoup de temps et mes bêtes
sont beaucoup plus propres. Par contre, l’espace derrière
le tracteur, l’électricité, la manette de paillage, le cardan,
le relevage, le 3ème point et les 2 prises hydrauliques
rendent l’outil peu pratique à décrocher. »
Source : Réseau
Normandie
Conclusion :
L’acquisition d’un matériel de distribution
adapté à l’exploitation, au volume et aux
types de fourrages à distribuer est un bon
moyen de réduire la pénibilité de l’astreinte
de l’alimentation et parfois aussi du
paillage.
Dans les exploitations qui disposent de
plusieurs aliments à distribuer, l’option
mélange
peut
permettre
d’améliorer
l’efficacité de la ration.
A l’occasion de cette acquisition, il peut
être judicieux de penser à l’option pesée
qui permettra de contrôler les quantités
réellement distribuées.
d’élevage
viande
bovine
de
Cependant, il n’est pas inutile de rappeler
que
la
mécanisation (amortissement,
entretien, carburant), constitue le premier
poste de charges de structures, qui connaît
la plus forte évolution ces dernières
années ;
Il
est
donc
impératif
d’adapter
l’investissement à la taille du troupeau, et
de réfléchir à l’évolution du système
fourrager pour maximiser les temps de
pâturage et simplifier le rationnement
hivernal.
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