Document réalisé par Ch Coisnon, Asnières Sub Plongée, 2013
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20/11/2013 Document réalisé par Ch Coisnon, Asnières Sub Plongée, 2013 pour cours A3 (n3 Apnée) Physiologie Version date auteur 1.0 11/13 Ch Coisnon Comme il n’est absolument pas utile de réinventer l’eau tiède chaque jour, celui-ci a été largement inspiré par • Le cours « Physiologie et sécurité A2 » • Le cours « physiologie liée à l’apnée N3 janvier 2013 » de Karine Ehrhardt • « ASP_Apnée_accidents_N2_2011 » de Pascal Rommeveaux • Le cours théorique Thomas BURO De 2007-2008 - Sécurité et accidents – Support « Accidents MEF1 – FFESSM » http://www.ffessmcotedazur.fr/apnee/doc/formations/2011_niveau4/AccidentsM EF1.pdf • Avec, pour émailler les commentaires, des extrait de « La syncope hypoxique en apnée sportive :description, facteurs favorisants", Thèse en vue du Diplôme d'Etat de Docteur en Médecine - Dr Anouk DEMATTEO 22 juin 2006 http://www.aresub.org , excellent document qui fait référence. • Quelques références wikipédia et esprit-apnée • Sans oublier différents schéma et images, glanés de ci et de là. 1 20/11/2013 2 20/11/2013 L'oreille comprend 3 parties Physiologie de l’oreille externe L’oreille externe se comporte comme une antenne acoustique. • Le pavillon dirige les ondes sonores vers le conduit auditif externe qui guide les sons vers le tympan . • Le tympan et la terminaison acoustique de l’oreille externe. • Elle assure la protection de l’oreille moyenne des agressions et chocs extérieurs Physiologie de l’oreille moyenne • L’oreille moyenne transmet l’énergie acoustique du tympan à l’oreille interne, en réalisant une adaptation entre le milieu aérien et le milieu liquidien. • Elle est un amplificateur de pression, grâce au rapport de surface entre le tympan (0.6cm²) et l’étrier ( 0.03 cm²) ainsi que de la chaîne des osselets • Cette amplification atteint +28db environ La trompe d’Eustache C’est elle qui permet la communication de l’air de la cavité de l’oreille moyenne vers le pharynx • L’ouverture des trompes est assurée par les muscles péristaphylins. • Ces muscles assurent spontanément l’ouverture des trompes toutes les 30 secondes environ. • En plongée ce temps d’ouverture n’est pas suffisant à cause du changement 3 20/11/2013 trop rapide de la pression ambiante. • L’équilibration de l’oreille moyenne est notre gros soucis en plongée et se fait le plus souvent avec la technique de vassalva. • Plus 80% des accidents de plongée sont relatifs à l’oreille , et c’est la trompe d’Eustache qui est au centre de ce problème. Physiologie de l’oreille interne • Jusque là les sons restent sous forme de vibrations. Le rôle de l’oreille interne est de transformer ces vibrations en influx nerveux. • L’oreille interne est le véritable récepteur de l’audition et de l’équilibre. La cochlée La cochlée est remplie d’un liquide (l’endolymphe) • Elle se présente comme un tuyau bouché à son entrée, par la base de l’étrier et à la sortie par une membrane (fenêtre ronde). • La base de l’étrier fait piston sur le liquide et ainsi fait déplacer des cils situés dans la cochlée et reliés à une cellule nerveuse. Le système vestibulaire • Il capte diverses informations qui permettent de contrôler notre position dans l’espace. • Les canaux semi-circulaires contiennent aussi un liquide et des cils qui transmettent aux cellules nerveuses les informations sur notre position dans l’espace. • Le vestibule est lui sensible à la pesanteur. 3 20/11/2013 Ne jamais attendre la douleur pour équilibrer les pressions (compensation) 4 20/11/2013 Source MANUEL DE COMPENSATION par la TECHNIQUE « FRENZEL » http://liquivision.com/docs/Frenzel_Fattah_French_r2006.pdf VALSALVA (pince-nez) Description : pour équilibrer les oreilles et/ou le masque, pincez les deux narines avec vos doigts, et soufflez en contractant les abdominaux et les muscles intercostaux (expiration). L’air est poussé dans les trompes d’Eustache, les équilibrant avec la pression extérieure de l’eau. Avantages : Facilité d’apprentissage. Inconvénients : • Dépense d’air importante. Equilibrage des deux oreilles lent en descente rapide. • Demande de gros efforts abdominaux et thoraciques en grandes profondeurs, avec des risques de lésions pour cause de mauvais dosage de la quantité d’air envoyé dans les trompes. • Annulation de la bradicardie • Inefficace quand les poumons ont atteint leur volume résiduel. Précautions : Peut occasionner des lésions barotraumatiques aux oreilles et aux 5 20/11/2013 poumons à grande profondeur. BEANCE TUBAIRE VOLONTAIRE (BTV) Description : Durant la descente, « ouvrez » les trompes d’Eustache en contractant les muscles alentours (peristaphylins). Les trompes ne s’ouvrent pas à proprement dit, mais les muscles les empêchent de se resserrer lorsque la pression de l’eau augmente. Ce phénomène permet la remontée d’air depuis les poumons pour préserver une pression équilibrée. Avantages : Idéale pour l’hydrodynamisme et l’économie d’énergie. Plus sure que d’autres techniques lorsque réalisée correctement. Inconvénients : • Impose la maitrise des muscles peristaphylins. Cette technique est difficile voire impossible à apprivoiser pour certains plongeurs, en fonction de leur morphologie. • Une descente lente peut être nécessaire pour une bonne compensation. • Comme Valsalva, inefficace quand les poumons ont atteint leur volume résiduel. FRENZEL (diaphragmatique) Description : En accumulant de l’air en bouche, en fermant l’épiglotte et ouvrant le voile du palais, l’air peut être pulsé dans les trompes d’Eustaches par une poussée « piston » de la langue et des joues. Avantages : • Pratique. • Technique plus sure que Valsalva et excellente en descente glissée avec pince-nez et « fluid goggles ». • Vitesse de descente modérée à rapide possible. • Avec une bonne maitrise technique et un entrainement de la cage thoracique, Frenzel est efficace à grande profondeur, en dessous du volume résiduel pulmonaire du plongeur. Inconvénients : Demande un entrainement poussé et une maitrise simultanée de l’épiglotte, du voile du palais et de la langue. Précautions : Facilité à repousser les limites personnelles de profondeur. Lésions 5 20/11/2013 possibles des poumons et de la trachée. FRENZEL FATTAH BOUCHE-PLEINE (Mouth fill) Description : Identique à la technique Frenzel, mais, à partir d’une certaine profondeur (avant que les poumons ne parviennent à leur volume résiduel), on ferme l’épiglotte. la bouche-pleine est faite une seule fois et maintenue pour le reste de la plongée. Une pression constante est maintenue, voile du palais ouvert, par la langue, les joues et la mâchoire. Cette méthode permet de maintenir une pression d’équilibrage constante alors que la pression externe augmente. Avantages : • Fiable à toutes les profondeurs. • Descentes rapides facilitées. • Efficace à des profondeurs bien en dessous du volume résiduel pulmonaire du plongeur (la limite est le volume d’air gardé en bouche). • La pression constante évite une sous pression dans les trompes d’Eustache. Inconvénients : Demande un entrainement poussé et une maitrise simultanée de l’épiglotte, du voile du palais et de la langue. Précautions : Facilité à repousser les limites personnelles de profondeur. Lésions possibles des poumons et de la trachée. COMPENSATION PAR INONDATION D’EAU Description : Traditionnellement, l’apneiste plonge avec des « fluid goggles » ou sans masque ni lunettes. S’il porte un pince-nez, il l’enlève pour inonder ses sinus d’eau lorsqu’il ne peut plus compenser avec de l’air. Le plongeur peut utiliser la langue comme piston en Frenzel pour pousser l’eau dans l’oreille moyenne. Les trompes d’Eustache et les sinus remplis d’eau, le volume d’air est ainsi réduit, ce qui évite d’avoir à compenser le long de la descente. Une variation (par Sebastien Murat) : en inondant les sinus, redressez la tête vers la surface pour éviter d’inonder les trompes d’Eustache. Cette variante est utile pour éviter les problèmes d’irritation ou d’infection au niveau des trompes. Avantages : Descente rapide possible. Efficace à des profondeurs bien en dessous du volume résiduel pulmonaire. 5 20/11/2013 Inconvénients : Risques d’irritations et d’infections des sinus et de l’oreille moyenne. Précautions : Impose un entrainement poussé pour éviter le passage d’eau dans les poumons (noyade). Egalement : risques de vertiges dû au passage d’eau dans l’oreille moyenne; risque accru de noyade en cas de syncope ou samba ; favorise les descentes rapides et profondes, bien au-delà du volume résiduel pulmonaire ou des limites connues du plongeur – peut occasionner des barotraumatismes des poumons ou de la trachée. 5 20/11/2013 Source Dr J.BOURREL 1 - FFESSM N° 07 60 660 « Gymnastique de la trompe d'Eustache - Apprentissage de la Béance Tubaire Volontaire » Voici une suite d'exercices d'entraînement à la BTV (Béance Tubaire Volontaire). C'est la méthode la plus douce pour "passer les oreilles". Instructions générales Dégager le cou. Redresser la tête. 'Tenir' I'os hyoi'de d'une main sans serrer et se mettre devant une glace afin de voir la pomme d'Adam. Les exercices sont à faire de préférence le matin au réveil, à jeun ; observer un repos de 5 secondes entre les exercices. La durée de cette gymnastique est de 1 mois, divisée en 4 périodes d'une semaine. Exercices de la première semaine Faire pendant une semaine, tous les matins à jeun, ces exercices trois fois, lentement, en observant entre chaque exercice un repos de 5 secondes. A - Exercices avec la langue 6 20/11/2013 • Bouche grande ouverte, tirer la langue en avant de façon à toucher, avec la pointe de la langue, votre menton. • Bouche grande ouverte, ramener la langue loin en arrière en laissant la pointe de la langue sur le plancher de la bouche. Tandis que l'extrémité de la langue se trouve sur le plancher de la bouche la base est poussée en bas et en arrière. Contrôler l'abaissement de I'os hyoi'de et de la pomme d'Adam dans le miroir. • Bouche grande ouverte, mettre l'extrémité de la langue derrière les incisives supérieures et, avec la pointe de la langue, racler le palais vers |'arrière en essayant de toucher la luette. • Bouche grande ouverte, l'extrémité de la langue étant appliquée contre les incisives inférieures, sortir au maximum la langue de la bouche, la pointe de la langue restant toujours appliquées contre les incisives inférieures. B - Exercices avec le voile du palais • Bouche grande ouverte, langue au repos dans la bouche, essayer d'avaler (mouvement de déglutition s'arrêtant au stade de contraction du voile). Contrôler l'abaissement de I'os hyoïde. Cet exercice, le plus important, est réussi lorsque le début de déglutition provoque une nausée. C- Exercices combinés avec des mouvements de la langue et du voile du palais • Bouche grande ouverte, la pointe de la langue appliquée contre les incisives inférieures, l'arriere de la langue étant poussé en bas et en arrière, essayer à nouveau d'avaler (mouvement de déglutition incomplet, s'arrêtant au stade de contraction du voile). Contrôle de l'efficacité de cet exercice : L'os hyoïde s'abaisse du fait de la poussée en bas et en arrière de la base de la langue. Exercices de la deuxième semaine Aux exercices A, B, et C, ajouter : Exercices mandibulo - linguo - véliques (Mandibulo = Mâchoire inférieure, Linguo = langue, Vélique = Voile du palais) D - Bouche demi - fermée, mâchoire inférieure projetée en avant, • l'extrémité de la langue reposant contre les incisives inférieures, la langue sortie au maximum hors de la bouche, essayer d'avaler (mouvement de déglutition incomplet, s'arrêtant au stade de contraction du voile). E - Exercices bouche fermée • Bouche fermée, pratiquer les exercices B, C, et D en insistant tout particulièrement sur l'exercice B. 6 20/11/2013 Exercices de la troisième semaine Pratiquer tous les exercices, mais sur un rythme rapide en insistant particulièrement sur l'exercice B, bouche fermée. Exercices de la quatrième semaine Faire les mêmes exercices, mais bouche fermée pour A, B, C et D en augmentant le nombre d'exercices du groupe E, soit bouche fermée : 5 fois les exercices C, D et E 10 fois l'exercice B. Contrôle de l'efficacité Pratiquer 2 fois par semaine la manœuvre de Valsalva (Souffler bouche fermée et nez pincé). Puis effectuer l'exercice B, bouche fermée, et apprécier le nombre de contractions du voile nécessaire pour faire disparaître |'impression de plénitude de l'orei|le (s'i| y a eu un passage d'air préalable). 6 20/11/2013 7 20/11/2013 8 20/11/2013 Source: http://cdy78.apnee.free.fr/Formation_theorique_Niveau_3_V02.pdf 9 20/11/2013 Source: http://cdy78.apnee.free.fr/Formation_theorique_Niveau_3_V02.pdf 10 20/11/2013 Fréquence respiratoire moyenne au repos (fr) : 14/mn. Volume courant (VC) : Volume d’air inspiré et expiré à chaque respiration normale. VC moyen = 500 ml VC/minute = VC x fr = 7 l / min. Volume de réserve inspiratoire (VRI) : Volume d’air supplémentaire inspiré après une inspiration normale. à VRI = 2500 à 3000 ml Volume de réserve expiratoire (VRE) : Volume d’air supplémentaire expiré après une expiration normale. à VRE = 1000 à 1200 ml Capacité vitale (CV) : Volume maximum d’air mobilisable. CV = 4000 à 4500 ml Volume résiduel (VR) : Volume d’air restant après une expiration forcée. VR = 1000 à 1500 ml Capacité pulmonaire totale (CP) : CP = CVF + VR = 5000 à 6000 ml 11 20/11/2013 Capacité résiduelle (CR) : Volume d’air demeurant dans les poumons après une expiration normale. CRF = 2000 à 2500 ml 11 20/11/2013 12 20/11/2013 Fréquence respiratoire au repos : 15 cycles/min Amplitude au repos : 0.5l Débit ventilatoire = 15*(0.5-0.2) = 4,5 litre/minutes mort (non alvéolaire) 0.2l correspond à l’espace Augmentation de la fréquence respiratoire : on double la fréquence => 30 cycles minutes Débit ventilatoire = 30 * (0.5-0.2) = 9l/min Augmentation de l’amplitude : on double l ’amplitude => Amplitude = 1l Débit ventilatoire = 15*(1-0.2) = 12l/min => La ventilation est meilleure si l’on augmente l’amplitude plutôt que la fréquence muscles intercostaux, diaphragme) 13 20/11/2013 Source: http://aresub.pagespersoorange.fr/medecinesubaquatique/medecineplongee/dematteo/physioapnee2.htm Cette adaptation est obtenue grâce à des exercices d’assouplissement et de renforcement musculaire des muscles inspiratoires et expiratoires (abdominaux, muscles intercostaux, diaphragme) 14 20/11/2013 Les muscles intervenant dans la respiration : -Le diaphragme : il se contracte à l’inspiration, et se relâche à l’expiration -Les muscles intercostaux -Internes : leur contraction entraîne un abaissement des côtes -Externes : leur contraction provoque une projection des cotes vers le haut et vers l’avant -Les muscles abdominaux : leur contraction entraîne le diaphragme vers le haut, ils sont utilisés lors d’expirations forcées 15 20/11/2013 Au niveau des alvéoles pulmonaires l’oxygène (O2) contenu dans l’air passe dans les capillaires sanguins et le gaz carbonique (CO2) passe des capillaires aux alvéoles (échanges gazeux pulmonaires). 16 20/11/2013 La circulation du sang s’effectue à travers deux systèmes : - la circulation pulmonaire (ou petite circulation) : elle commence avec l’artère pulmonaire qui pénètre dans les poumons où elle se divise en artérioles puis en capillaires pulmonaires. Le sang, après s’être oxygéné passe dans les veines pulmonaires pour parvenir dans l’oreillette gauche, puis le ventricule gauche. -la circulation systémique (ou grande circulation) : elle commence après la circulation pulmonaire et achemine le sang jusqu’aux tissus où a lieu la respiration cellulaire. Le déchet produit, le CO2, est transporté par les veines jusqu’au cœur puis passe dans la circulation pulmonaire de manière à être éliminé de l’organisme La circulation sanguine véhicule l’O2 dans tous les tissus du corps et ramène le CO2 produit depuis les tissus vers les poumons (échanges gazeux tissulaires). Pour information : Composition du sang Le plasma :constitué à plus de 70% d’eau, ce liquide transporte en solution des sels minéraux (de magnésium, de potassium, de sodium pour les principaux), des protéines (hormones), des nutriments (glucides, acides aminés, lipides…) et des déchets du métabolisme. 17 20/11/2013 Les globules rouges : aussi appelées hématies, au nombre de 5 millions env. par mm3 de sang, ils interviennent dans le transport des principaux gaz (O2, CO2,…). Les hématies contiennent une protéine particulière, l’hémoglobine, qui joue un rôle essentiel dans les échanges gazeux avec le sang. Les globules blancs : aussi appelées leucocytes, au nombre de 6000 env. par mm3 de sang, ils interviennent dans les processus de défense immunitaire. Les plaquettes : aussi appelées thrombocytes, au nombre de 300000 env. par mm3 de sang, elles jouent un rôle important dans les phénomènes de coagulation. 17 20/11/2013 18 20/11/2013 19 20/11/2013 20 20/11/2013 21 20/11/2013 extrait de : "La syncope hypoxique en apnée sportive : description, facteurs favorisants", Thèse en vue du Diplôme d'Etat de Docteur en Médecine, Université de Rennes 1, Faculté de Médecine, 2006. Dr Anouk DEMATTEO 22 juin 2006 I - DÉFINITION DE LA SYNCOPE : La syncope est une perte de connaissance brutale et transitoire, spontanément résolutive avec un retour rapide à un état de conscience normal, s’accompagnant d’une perte du tonus postural. Elle est la conséquence d’une ischémie cérébrale globale et passagère [6]. II - MÉCANISME DE SURVENUE DE LA SYNCOPE HYPOXIQUE : L’hypoxie, dont les effets néfastes commencent à se manifester pour une PaO2 < 50 mm Hg (mémoire à court terme perturbée), provoque au dessous de 40 mm Hg une disparition du jugement critique et en dessous de 30 mm Hg une perte de connaissance [67]. Normalement, la sensation d’inconfort provoquée par l’augmentation du taux de CO2 nous oblige à respirer avant d’arriver à ces taux d’O2. On peut alors se demander, pourquoi en apnée, il est possible d’atteindre ce seuil critique de PaO2 sans que le signal PCO2 n’intervienne. Cela s’explique par trois phénomènes qui se superposent : 1- En immersion verticale, les variations rapides des pressions partielles alvéolaires 22 20/11/2013 d’O2 en fonction des variations de la pression hydrostatique jouent un rôle capital. Ainsi, l’augmentation de la PAO2 permet : • une utilisation de la réserve alvéolaire d’O2 plus poussée qu’elle ne le serait à la pression atmosphérique, permettant de prolonger l’apnée en hypothéquant la réserve d’O2 ; • de ressentir un état d’euphorie : l’apnéiste se sent bien au fond et peut être tenté d’y rester trop longtemps ; • une inhibition du stimulus CO2, donc l’apnéiste ne ressent pas l’envie de respirer au fond. A la remontée, la consommation d’O2 et la baisse de la pression hydrostatique jouent dans le même sens pour faire chuter la PaO2, créant une hypoxie très rapidement croissante, d’autant plus importante que la surface est proche. Une ischémie /iskemi/ est la diminution de l'apport sanguin artériel à un organe. Cette diminution entraîne essentiellement une baisse de l'oxygénation des tissus de l'organe en dessous de ses besoins (hypoxie), et la perturbation, voire l'arrêt de sa fonction. Le rendez vous syncopal des 7 mètres : Un phénomène physique se passe aux alentours de la zone des 7 m lors d’une remontée en apnée. A mesure que le plongeur remonte sa pression intra-thoracique diminue rapidement (elle avait augmenté lors de la descente) jusqu'à ce que la pression partielle d’O² dans les poumons soit nettement inférieure à la tension d’O² dans le sang. Ce qui a pour effet d’inverser le mécanisme habituel et de désaturer le sang en O² au profit des poumons (et bien sûr augmenter la dette en oxygène de l’organisme qui s’en serait bien passé !) La zone des 7 m serait une zone critique ? Dans la réalité les syncopes peuvent survenir tout au long de la remonté (voire au fond) et généralement surviennent près de la surface voir généralement après que l’apnéiste ait émergé. 22 20/11/2013 23 20/11/2013 L’hyperventilation est une augmentation du débit ventilatoire obtenue par une fréquence ventilatoire et/ou un volume courant supérieur à la normale. Il existe deux types d’hyperventilation : • l’hyperventilation spontanée est la réaction normale d’un organisme respirant de l’air appauvri en O2 ou riche en CO2 ou encore accroissant son métabolisme (effort musculaire, lutte contre le froid, stress) de façon à conserver des valeurs normales d’O2 et CO2 ; • l’hyperventilation volontaire est une hyperventilation non imposée par des valeurs d’O2 et de CO2 ; souvent pratiquée autrefois par les apnéistes, elle est aujourd’hui largement décriée, car elle a été à l’origine de nombreuses syncopes. A - Effets respiratoires : • Sur l’oxygène : elle augmente la teneur des gaz alvéolaires en O2. Après une hyperventilation, la PAO2 passe ainsi de 100 à 120 mm Hg, ce qui peut augmenter la réserve alvéolaire de 150 ml environ [18]. Au niveau du sang artérialisé, comme la saturation de l’hémoglobine par l’O2 avoisine déjà 97 %, l’hyperventilation ne peut accroître que faiblement cette saturation, qui atteint 98 % sans beaucoup dépasser cette valeur. Il en résulte une augmentation insignifiante du volume d’O2 transporté. Norfleet et Bradley ont montré que l’hyperventilation eucapnique ne prolonge pas la durée de l’apnée volontaire [50]. 24 20/11/2013 • Sur le CO2 : l’hyperventilation entraîne une diminution du stock de CO2. (figure 18 et 19). Cette hypocapnie entraîne une suppression du stimulus CO2sur les chémorécepteurs centraux (à partir de 40 mm Hg) et sur les récepteurs Cette disparition de l’envie de respirer explique le confort ressenti par les apnéistes après une hyperventilation, mais aussi le risque de syncope. En effet, à mesure que l’apnée se poursuit, les stimuli CO et pH périphériques (à partir de 30 mm Hg). 2 restent faibles longtemps, alors que le stimulus O2 croît lentement, mais de façon insuffisante pour constituer à lui seul un signe d’alarme si bien que l’hypoxie s’installe progressivement jusqu’à la perte de connaissance. [18]. De plus, la faible valeur de PCO2 au cours de l’apnée ne permet que très tardivement l’établissement des contractions diaphragmatiques (apparaissant pour des PCO2 supérieures à 47 mm Hg), qui sont un signal d’alarme indiquant le commencement de la phase de lutte. Extrait de http://www.ffessmcotedazur.fr/apnee/doc/formations/2011_niveau4/AccidentsMEF 1.pdf • Eviter l’hyper ventilation : • On ne force jamais sur l’expiration qui doit rester passive : on ne sollicite pas le Volume de Réserve Expiratoire (pas de remontée de diaphragme) • Le rythme doit être lent, le temps expiratoire est environ le double du temps inspiratoire • La ventilation préparatoire à l’apnée ne doit pas excéder 3 à 4 mn • Une discussion de 3 à 4mn sur le bord du bassin suffit pour que l’organisme ait reconstitué son stock d’oxygène donc éviter les préparations qui excèdent ces temps • La ventilation est surtout là pour aider à se concentrer et se détendre. 24 20/11/2013 Ce graphique illustre bien les variations de pressions partielles dans le sang au cours : - De la phase de repos, ventilation normale, à l’air dans les minutes qui précèdent l’apnée. On note la tendance asymptotique des deux courbes. Au bout d’un moment, le taux d’O2 et de CO2 ne varient plus. Puis pendant que le sujet s’hyperventile (augmentation volontaire de la fréquence et/ou de l’amplitude de la ventilation, au-delà des besoins), on constate que le taux d’O2 ne bouge pas. Par contre le taux de CO2 rechute jusqu’à se stabiliser sur un nouveau palier. Les courbes en pointillés représentent la variation des pressions partielles au cours d’une apnée sans profondeur (pas de variation des pressions partielles dues aux variations de pression ambiante) telles qu’elles auraient été si le sujet ne s’était pas hyperventilé. L’hypothèse retenue içi pour illustrer le phénomène est que les variations sont directement proportionnelles au temps. On constate qu’au cours de l’apnée, la PPO2 tend à se rapprocher vers le seuil hypoxique tandis que la PPCO2 tend à se rapprocher du seuil hypercapnique, vers lequel le sujet va ressentir le besoin de sortir se ventiler. Au bout d’un moment, c’est la courbe de PPCO2 qui « touche » la première son seuil. ⇒ Le sujet ressent la soif d’air. Il interrompt son apnée et se ventile. La PPCO2 baisse, la PPO2 remonte 25 20/11/2013 ⇒ Le sujet ressort « propre ». Pas de syncope. Les courbes en traits pleins représentent l’évolution des pressions partielles du sujet qui s’est hyperventilé avant le départ. Les PP varient suivant la même régularité que celles du sujet précédent. La seule différence c’est que le taux de CO2 dans le sang au début de l’apnée était beaucoup plus bas que précédemment. Les deux courbes se rapprochent de leur seuil respectif mais c’est celle de la PPO2 qui rejoint la première son seuil critique. La conséquence est que le cerveau du sujet, sous alimenté en oxygène passe en mode veille. C’est la syncope! Le sujet perd la conscience et son activité moteur. L’eau ne rentre pas dans ses voies respiratoires car un mécanisme réflexe bloque la glotte. Si personne n’assurait sa sécurité et qu’il reste dans l’eau, il flotte, inerte. Son cerveau étant passé en veille il consomme moins d’oxygène … mais en consomme toujours. Sa courbe de PPO2 tend maintenant à se rapprocher lentement d’un autre seuil: l’anoxie. A ce stade, s’il n’a toujours pas été secouru, son cerveau sera abimé de façon irréversible. Comme il est inerte, son activité musculaire est en pause. Tout comme la consommation d’O2, la production de CO2 est ralentie … mais se continue. La courbe de PPCO2 continue donc de monter et de se rapprocher du seuil hypercapnique. Les chémorécepteurs, qui analysent en permanence le taux de CO2 dans le sang, vont provoquer des mécanismes réflexes d’inspiration. Le sujet, bien qu’inconscient, va être pris de spasmes d’inspiration. S’il n’a pas été sorti de l’eau, lorsque ce réflexe inspiratoire se produit, il va inspirer … de l’eau et noyer ses poumons. (voir, plus loin, le sujet « noyade ») 2 conclusions s’imposent: - Ne jamais plonger seul (sans surveillance) - Ne jamais s’hyperventiler C’est pour cette raison que, lors des exercices en piscine, on pratique toujours des exercices d’échauffement avant de faire des apnées et qu’on ne laisse pas passer plus de 3 ou 4 minutes avant une nouvelle apnée. Quelques dizaines de secondes en sustentation suffisent pour avoir dans le sang un taux résiduel de CO2. Note : sur ces graphiques, par simplicité on a fait deux raccourcis: • La PPO2 ne remonte pas immédiatement lors de la reprise de ventilation. Les mesures en labo ont constaté jusqu’à 24 secondes de retard. continuer à surveiller le sujet jusqu’à 30 secondes après la reprise de la ventilation. • Le cerveau résiste moins bien à l’hypoxie quand la PPCO2 est basse. Le seuil de syncope d’un sujet ayant hyperventilé sera atteint plus vite! 25 20/11/2013 Autre illustration: 2 plongeurs partent en même temps. L’un s’est préparé normalement. L’autre a artificiellement abaissé son taux de CO2 sanguin. Par opposition à l’exemple précédemment, les deux plongeurs descendent verticalement. La PPO2 est schématisé en bleu et le seuil d’hypoxie est matérialisé par le rectangle blanc de gauche. La PPCO2 est représenté en rouge et le rectangle blanc de droite représente le seuil d’hypercapnie. Descente et évolution: Les deux plongeurs se retrouvent au fond. Compte tenu de la pression, la PPO2 a considérablement cru. La PPCO2 aussi! Au bout d’un moment, le plongeur qui n’a pas hyperventilé commence à ressentir « l’envie de respirer ». En effet, sa PPO2 s’approche du seuil où les chémorécepteur envient des signaux à son cerveau. Il obéit à ces signaux et engage sa remontée. Pendant ce temps, l’autre plongeur, étant parti avec un taux de CO2 très bas, se sent très à l’aise. Ses chémorécepteurs continuent à trouver que le taux de CO2 n’est pas alarmant. Par conséquent, il prolonge son apnée! Au cours de la remontée la PPCO2 redescend, il retrouve de l’aisance. Il continue néanmoins sa remontée. Il a raison, parce que pendant ce temps sa PPO2 aussi chute, du fait de la baisse de la 26 20/11/2013 pression ambiante et de son activité physiologique qui continue à puiser dans les réserves, avec d’autant plus de difficulté que la PPO2 alvéolaire est maintenant basse. Il arrive en surface, sans syncoper. On remarque que sa PPO2 s’est rapprochée du seuil hypoxique. Néanmoins, il n’a jamais été en danger car il a fait l’objet d’une surveillance attentive sur les derniers mètres de sa remontée et jusqu’à 30 secondes après l’émersion. Le plongeur qui avait hyperventilé commence à ressentir l’envie de respirer et amorce sa remontée. Notez que la PPO2, bien que largement au dessus du seuil d’hypoxie (y a de la marge!) est moindre par rapport à celle du plongeur précédent. Au cours de la remontée les PP des 2 gaz redescendent. Au bout d’un moment, la PPO2 atteint le seuil hypoxique. C’est la syncope! Son cerveau se met en veille et son corps devient inerte. Heureusement, il était surveillé de près et son binôme va le mettre en sécurité et lui faire reprendre sa ventilation, donc faire remonter la PP02 et lui faire reprendre conscience. 26 20/11/2013 La technique de la carpe peut permettre d'améliorer les performances en apnée. Elle n'est cependant pas sans risque. Loïc Leferme, Stephane Mifsud, Martin Stepanek, Carlos Coste, Tom Sietas, nombreux sont les champions qui utilisent la technique de la carpe. Et ce pour toutes les disciplines, du statique au no limit. Alors en quoi consiste cette technique que tous les recordmen semblent avoir adopté? Apporte-t-elle un réel plus? Et comment la pratiquer dans de bonnes conditions? Comment? La carpe est une technique respiratoire qui consiste à continuer d'insuffler de l'air dans les poumons après une inspiration complète. Un mouvement de carpe s'effectue en quelques étapes simples. Après avoir inspiré à fond, il faut bloquer l'air au niveau de la glotte, de telle sorte qu'on puisse ouvrir la bouche sans le laisser s'échapper. Puis, il faut aspirer de l'air par la bouche à l'aide d'un mouvement de succion qui peut évoquer le mouvement des machoires d'une carpe. Cet air est ensuite injecté dans les poumons en refermant la bouche et en s'aidant de la langue, après avoir débloqué l'épiglotte. Après avoir fait quelques carpes, on sent distinctement les côtes se soulever, le ventre se bomber etc... les poumons sont remplis au maximum. A noter qu'il est possible d'effectuer une carpe inverse. C'est à dire de forcer l'expiration. Après une expiration totale, la bouche fermée (et le nez pincé), il suffit 27 20/11/2013 d'ouvrir la bouche pour aspirer de l'air pulmonaire en ouvrant l'épiglotte. Celui-ci est ensuite expulsé dans l'atmosphère et l'opération peut recommencer. On sent sa cage thoracique s'écraser, les poumons sont vidés au maximum. Bénéfices Quels sont les bénéfices de la carpe? La logique est simple: en emmagasinant d'avantage d'air, l'apnéiste est sensé tenir son apnée plus longtemps. Ce supplément d'air est également précieux pour les disciplines où il s'agit d'atteindre une profondeur importante. En effet, il permet alors de compenser plus facilement et de repousser la profondeur où les oreilles 'ne passent plus'. Cependant, la tension créée par la carpe est un inconvénient. En effet, particulièrement en statique, il est plus délicat de se décontracter, de se détendre après une carpe. De plus, la carpe nécessite une certaine accomodation physiologique dont nous parlerons un peu plus loin. La meilleure preuve de l'efficacité de la carpe est son adoption par la majorité des champions. D'ailleurs, il faut déjà avoir un certain niveau en apnée pour constater les bénéfices de la carpe. Il est, en effet, ridicule de carper pour réaliser 5'00" en statique ou 50m en poids constant. A ce stade, ce n'est pas la carpe qui améliorera de façon considérable les performances. Des progrès bien plus importants peuvent être réalisés en travaillant d'autres aspects de l'apnée. Si vous n'avez pas le niveau, une carpe peut même être pénalisante en provoquant un stress physique et mental. Aussi, la carpe doit être utilisée à bon escient. Les risques La technique de la carpe doit être pratiquée avec précaution. En effet, après quelques carpes, il est facile de se rendre compte que la surpression créée dans la cage thoracique produit une tension. Un peu comme un pneu de vélo que l'on veut trop gonfler, les tissus pulmonaires sont mis sous tension. Une carpe exagérée peut donc provoquer un pneumothorax ou des lésions pulmonaires graves. Il ne faut donc jamais continuer de carper lorqu'on sent que la tension devient importante. En fait, il faut arrêter la carpe avant même de sentir cette tension. En effet, si les poumons sont trop remplis, le simple fait d'exercer une contrainte mécanique sur la cage thoracique peut provoquer des lésions sérieuses: attention au canard ou au virage après une carpe !! Comme souvent en apnée, cette technique doit être pratiquée dans le respect du corps et de ses limites. La technique de la carpe souffre d'un manque de recul. Peu d'études scientifiques existent concernant les risques à court terme et rien n'existe encore sur les risques à long terme. Certaines études scientifiques rapportent que certains individus sont capable de carper jusqu'à 3L d'air!! Les accidents reconnus par la littérature scientifique comprennent les pneumothorax, pneumomediastinum et certains cas 27 20/11/2013 grave de passage de bulles d'air dans la circulation sanguine (embolie gazeuse). La carpe est soupçonnée d'accroître les risques d'oedème pulmonaire en plongée profonde car elle produit l'expulsion du sang des poumons, s'opposant ainsi au bloodshift. A long terme, la carpe est soupçonnée d'accroître le volume résiduel pulmonaire en dilatant les alvéoles. Rien n'est cependant démontré. S'initier La meilleure méthode pour s'initier à la carpe est de miser sur le long terme pour accroître progressivement sa capacité à 'carper'. En effet, comme on l'a déjà vu, il ne faut pas compter effectuer dès le début 22 mouvements de carpe consécutifs comme Stephane Mifsud lors de son record de statique à 8'24" !! Il faut accoutumer progressivement le corps à cet exercice, lui donner le temps d'acquérir la souplesse suffisante pour l'accepter. Il faut aussi apprendre à se relacher, à être décontracté malgré la surpression engendrée dans les poumons. Ainsi l'apnéiste qui désire se lancer dans cette technique carpera dans un premier temps seulement 2 fois, puis 3 etc... Augmentant d'une ou deux unités quand il sent que ses poumons sont prêts. Le but est de toujours rester dans la zone de confort où la tension n'est pas gênante. Cette adaptation successive peut être accompagnée d'exercices d'assouplissements thoraciques, particulièrement du diaphragme et des cotes. Petit à petit l'apnéiste arrivera à atteindre un volume d'air carpé significatif qui pourra contribuer à améliorer ses performances. Source: http://quebec-freedive.heberg-forum.net/ftopic44_carpe-technique.html Lire aussi cet échange édifiant sur le couplage hyperventilation + carpe http://espritapnee.fr/viewtopic.php?t=2382 27 20/11/2013 La bradycardie est un ralentissement du rythme cardiaque. On parle de bradycardie lorsque le nombre de battements par minute est inférieur à 60. L’immersion en apnée entraîne une bradycardie intense par un accroissement de l’action cardiomodératrice des nerfs. ¨ Les mécanismes de la bradycardie : La bradycardie est le résultat de l’action combinée de l’immersion et de l’apnée ellemême. a - les effets de l’immersion : Des récepteurs thermiques cutanés sont disséminés sur l’ensemble de la peau, particulièrement abondamment au niveau de la face. Ils entraînent une bradycardie réflexe. La zone péribuccale est plus sensible que le pourtour des narines, ce réflexe persiste donc chez le porteur de masque ; pourtant de nombreux apnéistes ne portent pas de masque entre autres pour conserver la sensibilité des narines à l’eau et au froid dans le but d’accroître leur bradycardie réflexe. Cette bradycardie d’immersion est surtout liée à la température de l’eau, elle est d’autant plus importante que l’eau est froide, mais le contact avec l’eau joue également un rôle : en effet, même avec de l’eau à neutralité thermique, l’immersion de la face produit un ralentissement du rythme cardiaque. b - les effets de l’apnée : A l’air libre, l’apnée provoque une faible bradycardie. Cette réaction lors de l’apnée serait davantage dûe aux modifications de volume et de pression pulmonaire qu’à 28 20/11/2013 l’hypercapnie dont l’effet bradycardisant est tardif. Lors de l’apnée en immersion, les deux effets s’additionnent. ¨ Facteurs influençant la bradycardie : Elle est augmentée par : le jeune âge : la bradycardie par immersion de la face est plus intense chez les sujets jeunes ; le froid ; un remplissage pulmonaire important en fin d’apnée ; l’entraînement : les sujets pratiquant régulièrement la plongée en apnée présentent une bradycardie plus intense que les autres sportifs ; la profondeur : en ce qui concerne l’intervention de ce facteur, les résultats diffèrent … Elle est diminuée par : l’exercice : il diminue la bradycardie sans l’annuler ; cela signifie que, au cours de la plongée en apnée, les impératifs de l’apnée l’emportent sur la nécessité du travail musculaire ; la manœuvre de Valsalva : la bradycardie disparaît au profit d’une tachycardie si le sujet pratique une épreuve de Valsalva ; en effet, cette manœuvre crée une pression positive intrapulmonaire qui sollicite les récepteurs d’étirement parenchymateux (tachycardisants), mais relâche les récepteurs pleuraux (bradycardisants) ; l’hyperventilation : elle serait une des causes de la tachycardie précédant l’apnée et retarderait ainsi de quelques secondes la bradycardie due à l’apnée en immersion. ¨ Intérêt de la bradycardie : La bradycardie est une adaptation de l’organisme à la plongée en apnée dans un but d’économie d’oxygène. On a pu observer chez les sujets présentant une bradycardie importante une réduction de la consommation d’O2, ainsi qu’une désaturation moins rapide de l’hémoglobine. Les spécialistes ne sont pas unanimes en ce qui concerne l’influence de la bradycardie sur la durée de l’apnée. 28 20/11/2013 Comment ça marche? Grace à la vasomotricité: Cette propriété des artères est due aux cellules musculaires lisses présentes dans la média. Lorsqu' elles se contractent, elles font diminuer le calibre de l'artère ou de l'artériole ( vasoconstriction) , lorsqu'elles se relâchent, elles font augmenter le calibre de l'artère (vasodilatation). Le calibre des artérioles peut varier de 1 à 5 sous l'influence de la stimulation nerveuse http://eduscol.education.fr/archives/bio/appcardi4.htm 1)provoqué par la bradycardie. C'est un mécanisme de régulation naturelle du corps. De ce fait si le cœur se relaxe, le débit cardiaque diminue et par conséquent la pression artérielle diminue. Pour la maintenir, une seule solution : diminuer le diamètre des vaisseaux en assurant la contraction des muscles lisses. 2) provoqué par le froid: diminuer le transfert de la chaleur corporelle vers l’extérieur du corps. La vasoconstriction périphérique a cependant des effets secondaires puisqu’elle provoque une augmentation du volume sanguin central et de la pression artérielle centrale. Ceci a pour effet d’inhiber la sécrétion de l’hormone anti-diurétique (ADH). C’est ce qui explique le besoin d’uriner lorsque les extrémités sont froides. En effet, l’ADH contrôle la production d’urine. 29 20/11/2013 Lors d’une plongée en apnée, on observe à deux reprises un transfert sanguin dans l’organisme :¨ Lors de l’immersion : La poussée d’Archimède supprime les effets de la pesanteur et facilite le retour veineux des parties déclives (basses) vers la partie céphalique (haute) du corps. La pression hydrostatique dont la valeur augmente au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la surface (donc plus importante au niveau des pieds que du thorax), crée un gradient de pression du bas vers le haut du corps. Ces deux forces s’additionnent et créent un transfert du sang vers la partie supérieure du corps, en particulier le thorax. On estime ce transfert dû à l’immersion compris entre 500 ml et 1 litre. Ce "blood shift" est interprété par l’organisme comme un accroissement de la masse sanguine. ¨ A partir d’une certaine profondeur : Au cours de la descente, la pression hydrostatique augmente et le volume pulmonaire diminue (loi de Boyle-Mariotte ) jusqu’à ce que la rigidité relative du thorax ne permette plus de réduire son volume : le volume pulmonaire est alors égal au volume résiduel. Au delà de cette profondeur (qui dépend du volume pulmonaire initial et du transfert sanguin à l’immersion), la pression intrathoracique devient négative par rapport à l’ambiance aquatique. Ce vide relatif attire alors vers le thorax une partie des viscères abdominaux mais l’élasticité du diaphragme est limitée ; le sang présent dans les gros vaisseaux et les 30 20/11/2013 capillaires pulmonaires est alors aspiré puis retenu dans la circulation pulmonaire, remplissant ainsi le vide thoracique naissant. Ce phénomène contribue à rigidifier le poumon (on parle d’'érection pulmonaire'), ce qui va lui permettre de supporter des pressions encore plus importantes. Ce second Blood Shift est également estimé entre 500 ml et 1 litre. Ces Blood Shifts peuvent entraîner des troubles du rythme cardiaque par distension des cavités cardiaques due à l’augmentation du retour veineux. 30 20/11/2013 31