La femme et ses représentations par quelques artistes du Musée d
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La femme et ses représentations par quelques artistes du Musée d
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES La femme et ses représentations par quelques artistes du Musée d’art moderne de Troyes (Milieu XIXe siècle – Début XXe siècle) SOMMAIRE Introduction p. 2 Liste des œuvres du dossier p. 3 Intégration dans l’histoire des arts p. 4 Intégration dans les programmes p. 6 Préparation de la visite p. 9 Parcours 1 : femmes, modèles ou allégories ? p. 11 Parcours 2 : La femme selon les valeurs de la bourgeoisie triomphante : l’épouse p. 17 Parcours 3 : La femme selon les valeurs de la bourgeoisie triomphante : la mère p. 23 Parcours 4 : portraits de femmes p. 27 Parcours 5 : Femmes du peuple, courtisanes, ouvrières p. 30 Annexes : Fiche : les mouvements picturaux présentés p. 36 Fiche : « proportions et construction d’un visage » p. 37 Article sur la prostitution p. 38 Exemples d’œuvres littéraires et musicales à mettre en regard des œuvres plastiques étudiées p. 39 Extraits de romans p. 40 Stendhal Le Rouge et le Noir ,Chapitre VII Victor Hugo, Les Misérables (1862), Livre IV, Chapitre 10 p. 41 Emile Zola, L’Assommoir (1877), chapitre V p. 42 Guy de Maupassant (1884), Bel Ami EXEMPLES POESIES p. 43 La Matchiche (chanson) p. 45 Bibliographie et sitographie p. 46 1 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Objectif du dossier Ce parcours propose d’aborder les bouleversements artistiques de la fin du XIX et du début XXe siècle à travers les représentations de la femme et sa place parmi une vingtaine d’œuvres du Musée d’Art moderne de Troyes. Le dossier permet une approche des différents courants qui bouleversent l’art depuis le milieu du XIXe siècle avec le Réalisme jusqu’au Fauvisme et post-Fauvisme au tournant du siècle. La représentation de la femme est envisagée ici sous deux angles qui sont déclinés à travers différentes pistes pédagogiques : La femme, muse, modèle, objet d’expérimentation plastique à travers deux genres, le nu et le portrait. Cette approche permet d’aborder à la fois la peinture et la sculpture et d’analyser les préoccupations des artistes. La femme, au cœur des bouleversements et des mutations sociales de l’ère industrielle, à travers la peinture. Cette thématique permet de replacer la femme dans son contexte historique et de se demander en quoi les artistes, par leurs recherches plastiques, sont-ils des témoins de leur temps. Les bouleversements artistiques Les artistes sont des témoins des transformations de ce siècle mais leur quête est avant tout celle de la remise en cause des codes traditionnels de l’art ; c’est pourquoi ils ne peuvent être considérés comme de fidèles ou proches témoins de la réalité. L’artiste crée une œuvre d’art, qui s’inscrit dans une recherche personnelle ou collective qui dépasse la seule représentation du sujet choisi Ces bouleversements ne se transforment pas systématiquement en sujets ou en source d’inspiration pour les artistes, ils en sont parfois les simples prétextes, Cependant ces mutations modifient leur regard et leur style. Le contexte : La représentation des femmes dans les arts plastiques n’est pas nouvelle et elle dépend beaucoup de l'esthétique et de la mode de l'époque. La femme peut être idéalisée, incarnant la beauté, la sagesse, la mère, la muse, l’idéal de pureté, la compagne de l’homme, la maternité, l’amour absolu, la courtisane, la femme fatale. Au delà des représentations allégoriques et des portraits de souveraines que l’on retrouve à travers l’histoire, on peut dire que, globalement jusqu’a la Renaissance, la femme est essentiellement inscrite dans la peinture et la sculpture à un contexte sacré (la Vierge, les Saintes). Dés le XIVe et XVe siècle, l’image de la femme pour l’artiste commence à se libérer de ce carcan religieux. AU XVI et XVIIe siècles elles apparaissent de plus en plus dans les scènes de genre, des portraits intimes et des œuvres de commandes, attestant dans la peinture flamande de la réussite bourgeoise. Au XVIIIe siècle, la représentation de la femme évolue dans l’art pictural lorsque les peintres cherchent davantage à traduire des la personnalité, l’intime, la psychologie de leur sujet. Au XIXe siècle on assiste à l’essor des portraits visant à décorer les intérieurs de la bourgeoisie triomphante de l’âge industriel : épouses, filles, mères sont ainsi représentées pour attester de la réussite sociale. Cependant l’essor de la photographie remplace de plus en plus cette fonction. Pour autant, la représentation de la femme comme allégorie est particulièrement présente dans toute l’iconographie de la IIIième République. En fait il y a de multiples raisons et objectifs pour les peintres et sculpteurs de représenter la femme et cela n’obéit pas toujours à une fonction précise : recherche d’expériences plastiques, représentations sociales, portraits psychologiques, idéologiques. Souvent l’artiste par la façon dont il a pensé son modèle donne plus à apprendre sur lui que sur le modèle choisi. Qu’en est-il au musée d’art moderne de Troyes du milieu XIXe au début XXe siècle? 2 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Liste des œuvres du musée dans le dossier1 Les œuvres proposées se situent toutes dans les collections du rez-de-chaussée. Ce dossier peut être prolongé par d’autres œuvres situées au premier étage. Artistes Auguste Chabaud. Honoré Daumier Edgar Degas André Derain Paul Gauguin Aristide Maillol Maurice Marinot Albert Marquet Jean Puy Louis Valtat Félix Vallotton Kees Van Dongen Edouard Vuillard Œuvres utilisées Repos dans le jardin (v.1925) Yvette (entre 1906-1907) Au bord de l’eau (entre 1846-1864) Femme surprise Femme se coiffant Hyde Park (1906-1907) Jeune créole (1891) Nu féminin debout (1900) Nu féminin debout tenant une draperie (1900) Brodeuse à la fenêtre, (1907) Intérieur, (1906) Fushia sur une table de jardin (1906) Femme dans son jardin (1907) Femme et son enfant (1907) Femme et son enfant dans un jardin (1907) Réunion de femme et d’enfants (1909) Marcelle (1912) La Seine vue du quai des Grands Augustins (vers 1906) Nu féminin Femme et enfant s au bord de mer (1916) Femme cousant dans un intérieur v.1895 Claudine Voirol (1911) Les Fêtards (vers 1903) Le moulin de la Galette (1904) Intérieur (1921-1925) Usines (1917) Courant artistique auquel il est possible de les rattacher cliquer pour aller sur la page Post-fauvisme Fauvisme N° 3 N° 4 Réalisme N°5 N° 1 Fauvisme N° 5 N° 4 N° 1 FauvismePost-fauvismePrécubisme Parcours Post-fauvisme N° 2 N° 2 N° 2 N° 2 N° 2 N° 3 N° 3 N° 3 N° 4 N° 2 Post-fauvisme Post-fauvisme Nabis Post-fauvisme Fauvisme Fauvisme N° 1 N° 3 N° 2 N° 4 N° 5 N° 5 Nabis N° 2 N° 5 / Autres œuvres pour prolonger la visite sur les courants MODIGLIANI Beaudin Dufy Bernard Buffet Art africain Jeanne Hebuterne Sylvie Nu L’atelier Femme triste 3 statuettes Roger de la Fresnaye 1 Jeanne d’Arc Nu debout de face La bergère Lucrèce La roumaine Toutes ces œuvres sont normalement au rez-de-chaussée. Nous vous encourageons à regarder le plan proposé sur le site PREAC en cliquant sur ce lien : http://www.cndp.fr/crdpreims/fileadmin/documents/preac/patrimoine_mam_troyes/PHOTOS_MUSEE/ACCROCHAGE_RDC_1erETAGE.pdf 3 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES HISTOIRE DES ARTS Ce dossier peut permettre de structurer un projet commun autour de plusieurs matières. Dans ce cadre, la découverte des œuvres permet de contribuer à forger une culture artistique et ainsi participer au parcours d’éducation artistique que doit avoir tout élève. L’intérêt est de permettre la convergence et la confrontation des regards que chaque discipline porte sur les œuvres tout en permettant aux élèves de comprendre l’intérêt qu’offre la contribution des différentes disciplines à la lecture de celle-ci. Chacune des thématiques indiquées ci-dessous correspond à des propositions d’activités dans les fiches parcours. De ce fait cela permet l’intégration de plusieurs disciplines. Le principal domaine artistique est celui des « arts du visuel » mais d’autres domaines peuvent être concernés de par les prolongements proposés. Collège Thématique : « Arts, créations, cultures » Domaines artistiques concernés : « arts du visuel » « arts du langage » « arts du son » « arts du spectacle vivant » L’ensemble des pistes pédagogiques proposent de mettre en relation les œuvres plastiques avec : de nombreuses œuvres littéraires (voir liste de propositions en annexe) des œuvres musicales de la même époque ou postérieures (voir liste de propositions en annexe) - quelques œuvres cinématographiques (voir liste de propositions en annexe). - des photographies dont les artistes qui ont abordé cette thématique de la femme Les œuvres sont ici également le reflet de la société de cette ère industrielle et du triomphe de la bourgeoisie. Thématique : « Arts, ruptures, continuités » Domaines artistiques concernés : « arts du visuel » On peut analyser en quoi l’art moderne constitue-t-il une véritable rupture aussi importante pour les arts que celle que fut la Renaissance. Pour chaque œuvre du musée étudiée il est proposé des analyses plastiques visant à faire prendre conscience aux élèves de ces bouleversements mais aussi de leur impact. Thématique : « Arts, espace, temps » Domaines artistiques concernés : « arts du visuel » A travers plusieurs œuvres il est possible d’aborder les notions d’influences, de la place du corps, de voyages, notamment avec l’art africain, mis en relation avec les sculptures des artistes du XIXe et XXe siècle. Les statuettes africaines proposées à l’étude permettent également de faire un lien avec la thématique « Arts, mythes et sacré ». Lycée Thématique : « Arts, réalités, imaginaires » Domaines artistiques concernés : « arts du visuel » Thématique : « Arts, sociétés, cultures » Domaines artistiques concernés : « arts du visuel » Thématique : « Arts, corps, expressions » Domaines artistiques concernés : « arts du visuel » CHAMP ANTHROPOLOGIQUE Tout le dossier proposé invite à réfléchir aux liens que les artistes, à travers leur représentation de femmes, entretiennent avec le réel et l’imaginaire, le vrai du faux. Plusieurs de ces femmes représentées par les artistes renvoient à une identité culturelle mais aussi à une classe sociale, à un groupe qui a ses propres caractéristiques que l’artiste a plus ou moins volontairement mis en valeur. Le regard des autres aussi peut être analysé. Les différentes formes prises par la représentation de la femme chez ces artistes invite à une réflexion sur les objectifs poursuivis, volonté de faire passer ou non des émotions, des expressions, des caractères à travers les des postures, des corps figés ou en mouvement, disciplinés ou non… 4 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Thématique : Arts mémoires, témoignages, engagements » Domaines artistiques concernés : « arts du visuel » « arts du langage » « arts du son » « arts du spectacle vivant » Thématique : « Arts et idéologie » Domaines artistiques concernés : « arts du visuel » « arts du langage » « arts du son » « arts du spectacle vivant » CHAMP HISTORIQUE ET SOCIAL Les œuvres sont le reflet de la société de cette ère industrielle et du triomphe de la bourgeoisie. Ici les artistes présents au musée sont des témoins de leur temps, de leur époque dont les bouleversements touchent tous les aspects de la société. En prolongement la mise en regard avec d’autres œuvres artistiques, littérature, photographie, œuvres musicales de la même époque permet d’intégrer d’autres domaines artistiques. les artistes des œuvres étudiées, les musiciens, les écrivains sont des acteurs fondamentaux des bouleversements artistiques. A ce titre, plusieurs sont représentatifs de la contestation culturelle, du contre-pouvoir (Daumier, Degas) ou sont critiques face aux valeurs et discours dominants, tels que l’Académisme, les valeurs bourgeoises (Vallotton, Vuillard, Daumier, Van Dongen…) CHAMP ESTHETIQUE Thématique : « Arts, théories et pratiques » Domaines artistiques concernés : « arts du visuel » Thématique : « Arts, artistes, critiques, publics » Domaines artistiques concernés : « arts du visuel » « arts de l'espace » Thématique : « Arts, gouts esthétiques » Domaines artistiques concernés : « arts du visuel » Tout le dossier invite là aussi à se questionner sur l’art, les conventions, les controverses mais aussi les tendances et les modes. L’étude du contexte de production et surtout de la réception de quelques œuvres comme celles de Degas, Daumier, les Fauves permet d’aborder cette thématique à travers tout le dossier. On pourra ainsi mettre en relation le rôle du public, des mécènes dont on fait mention pour plusieurs peintres (par exemple Vuillard ou encore Marinot et Derain avec Pierre Levy). La place des artistes mais aussi le problème des critiques d’art est également une piste qui peut être développée. L’étude du lieu d’exposition des œuvres est une autre piste puisque le musée d’art moderne de Troyes occupe un espace patrimonial d’une grande richesse qui peut faire l’objet d’une étude plus approfondie. Cette thématique est particulièrement bien adaptée à la lecture du dossier comme à tout l’art moderne puisque tous les concepts académiques sont remis en cause. Ainsi l’art et ses codes de la Renaissance sont totalement réinterprétés par les Modernes. Les élèves pourront voir que cette période pose aussi le problème de la classification des œuvres, des artistes (difficultés de placer les artistes dans un courant, dans des codifications figées du fait de leur grande variété, de leur volonté de liberté, de l’évolution de leur pratique…). On pourra ainsi faire réfléchir les élèves sur le concept de beau face à la représentation des femmes (chez Degas) 5 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Intégration dans les programmes de collège et lycées On peut retenir plus particulièrement les matières et les niveaux suivants mais la liste n’est pas exhaustive: Arts plastiques Collège, Lycée, LP : Tous les niveaux sont concernés dans la mesure où l’ensemble des programmes du collège, des options au lycée et au LP invite à développer la connaissance des œuvres, la construction d’attitudes artistiques, l’exercice d’une réflexion critique ainsi que l’exercice de la pratique artistique. Ainsi par cette thématique, les élèves sont mis en contact avec les œuvres variées de peinture et sculpture, abordées dans leur dimension matérielle et dans leurs significations historiques et sociales. ☺Plusieurs types d’activités peuvent se décliner selon les niveaux et les objectifs des enseignants une fois l’analyse des œuvres faites au musée. L’image de la femme peut être l’occasion de travailler les compétences artistiques à développer. Exemples : Faire fabriquer des portraits ou des illustrations à partir des œuvres observées au musée ou en lien avec les romans lus en français. Faire filmer les œuvres étudiées par les élèves avec leur portable1 afin d’en faire un petit film/montage (travail à relier avec la technologie) Faire faire aux élèves leur propre vision de la femme des œuvres étudiées en Français ou en Education musicale En 4ième IMAGES, ŒUVRE ET REALITE permet de réaliser des images dans leur rapport au réel d’explorer les intentions visées dans la production des images… En 3ième la thématique L’ESPACE, L’ŒUVRE ET LE SPECTATEUR permet d’envisager des détournements d’l’œuvres des réinterprétations d’’œuvres par le biais du numérique ☺ Les élèves peuvent rechercher des œuvres représentant des figures féminines sur des supports différents et variées. ☺Tout un travail sur la photographie et la peinture peut être mis en œuvre : en annexe sont proposés des ouvrages et des sites, ainsi que ponctuellement dans le dossier. ☺ Il peut enfin y avoir une recherche concernant les artistes femmes et leurs propres interprétations de ce sujet à la même période. Français ☺ Les enseignants peuvent ainsi partir d’un corpus de textes sélectionnés permettant de mettre en évidence les relations existant entre la représentation des personnages et des milieux romanesques et celle qu'en donnent la peinture, la sculpture ; ainsi peuvent être sélectionnés des portraits de femmes dans les œuvres littéraires du XIXe mais aussi XXe siècle pour les associer aux œuvres observées (voir la liste de proposition d’œuvres en annexe et voir les exemples proposés dans les parcours) Les niveaux suivants semblent particulièrement bien adaptés Au collège le niveau 4ième semble être le plus adapté puisqu’il invite : à des lectures de romans centrés sur le XIX° siècle à une étude de la poésie centrée sur le lyrisme. Au lycée, les programmes permettent là aussi de mettre en regard Arts plastiques et littérature 1 Cf 6 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES En classe de seconde : Le roman et la nouvelle au XIXème siècle : réalisme et naturalisme La poésie du XIXème au XXème siècle : du romantisme au surréalisme En classe de première : Le personnage de roman, du XVIIème siècle à nos jours Le texte théâtral et sa représentation, du XVIIème siècle à nos jours Écriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à nos jours Au LP : la thématique peut s’intégrer En classe de seconde à l’objet d’étude « Parcours de personnages » En classe de première à l’objet d’étude « Du côté de l’imaginaire » En classe de terminale à l’objet d’étude « Au XXe siècle, l’homme et son rapport au monde à travers la littérature et les autres arts » ☺ Les enseignants peuvent aussi proposer des écritures d’invention quelque soit le niveau à partir des œuvres et de leur spécificité. Éducation musicale La confrontation d’œuvres musicales aux peintures et sculptures peut permettre d’aborder aussi bien des musiques populaires que savantes. Ainsi ce travail peut se faire avant tout en classe mais aussi pendant la visite afin d’’établir des relations entre les œuvres observées et les œuvres écoutées ainsi que leur contexte : ☺On peut imaginer que les élèves cherchent quelle musique correspondrait le plus à une œuvre qu’ils auraient sélectionnée. ☺L’enseignant peut étudier une musique, chanson, opéra, opérettes (voir liste proposée à la fin) qui soit en regard d’une ou plusieurs œuvres plastiques, romanesques étudiées au musée, en cours… ☺ On peut aussi faire chanter un air d’esprit populaire (ici la Matchiche) ou travailler un extrait simple d’une opérette sur le thème de la femme. Il peut aussi y avoir un travail sur les compositeurs qui ont aussi constituer par leurs œuvres à une rupture dans la musique, comme Claude Debussy 1. Histoire Au collège 4ième : le Thème transversal au programme d’histoire : Les arts, témoins de l’histoire des XVIIIe et XIXe siècles invite les enseignants à développer les capacités suivantes chez leurs élèves : - identifier la nature de l’oeuvre - situer l’oeuvre dans le temps et dans son contexte et en expliquer l’intérêt historique - décrire l’œuvre et en expliquer le sens - distinguer les dimensions artistiques et historiques de l’oeuvre d’art La question III consacré au XIXe SIÈCLE et plus particulièrement dans le temps consacré au Thème 1 - L’ÂGE INDUSTRIEL 1ière LEGT : le dossier s’intègre 1 Site : http://www.debussy.fr/ 7 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Dans le thème 1 - Croissance économique, mondialisation et mutations des sociétés depuis le milieu du XIXème siècle Dans le thème 5 - Les Français et la République dans l’étude de la question : La place des femmes dans vie politique et sociale de la France au XXe siècle, notamment lorsque l’on présente la place de la femme fin XIX-début XXe. 1ière Bac Pro le dossier s’intègre dans l’étude du thème de l’année consacré à État et société en France de 1830 à nos jours Les mutations de l’Europe au XIXe siècle le sujet d’étude n°2 convient particulièrement bien : Les femmes dans la société française de la Belle Époque à nos jours. Mais le thème peut être également abordé à travers Être ouvrier en France (1830-1975) ☺La matière permet de contextualiser la visite et la place des œuvres dans l’évolution artistique. Cela peut également amener les élèves à faire des recherches au CDI. Mais d’autres matières peuvent aussi s’impliquer et trouver leur place : Education civique, juridique et sociale Lycée 2de Thème 1 – Droit et vie en société Ce thème peut permettre d’étudier l’évolution des transformations de la famille : les œuvres présentes plusieurs scènes familiales qui permettent de montrer le modèle traditionnel. On peut aussi étudier à travers la thématique l’évolution du droit des enfants ou des droits liés à la maternité SVT 4ième Physique 3ième 2de 4ième SVT : Transmission de la vie chez l’Homme qui demande d’aborder le corps. Diversité et unité des êtres humains Corps humain et santé. la thématique sur La lumière : couleurs, images, vitesse permet d’appréhender les lumières colorées et la couleur des objets. Les tableaux permettent une étude concrète. - montrer que la perception d’une couleur varie en fonction de celle qui lui est juxtaposée - évoquer, simplement, la différence entre le mélange physique des couleurs et leur mélange optique Mathématiques Tous les Perspectives / calculs / géométrie/ échelles… niveaux* 8 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Pistes pédagogiques Préparation de la visite : - - Modalités pour une visite au musée : Attention : les œuvres changent fréquemment de place ! Renseignez-vous auprès du professeur relais du musée1 ou lors de votre réservation Toute visite nécessite une réservation préalable2 Cette visite permet de faire travailler les élèves en autonomie. Dans ce cas la visite est gratuite. Elle n’exclut pas que les enseignants fassent appel à une conférencière soit pour introduire, soit pour aider l’enseignant et les élèves pendant le parcours, soit lors d’une autre visite pour corriger et compléter le dossier. L’encadrement par une animatrice-conférencière est de 52euros par groupe. Il faut prévoir une visite de 1h30 maximum. Les œuvres proposées sont presque toutes situées au RDC. Un plan vous est proposé sur le site PREAC REIMS3 Pour préparer la visite : Des questionnaires sont proposés à titre d’exemples ou de pistes. Pour adapter, préparer, changer ou tout simplement réaliser un parcours, contactez le professeur- relais de l’Education Nationale4. Il est souhaitable de constituer plusieurs groupes de façon à ce que les élèves ne soient pas tous en même temps devant les mêmes tableaux. µSelon le travail en cours il peut être utile de faire une présentation des différents courants artistiques évoqués à l’occasion de cette visite, des notions de vocabulaire nécessaires pour exprimer les connaissances, décrire et analyser une œuvre d’art Pistes de travail en classe avant ou après la visite: ☺ Réaliser des exposés à l’oral faire présenter une œuvre au choix pendant la visite ou au retour faire procéder à une petite visite par des élèves transformés en guides expliquant quelques œuvres ☺Travailler en équipe : pendant la visite (organisation en petits groupes, compte rendu pour chaque groupe oral ou écrit) ☺Constituer de petits livrets ou dossiers comprenant à la fois l’état de leurs recherches personnelles, du compte rendu de leur visite, du travail réalisé dans les différentes matières autour de cette thématique, des œuvres étudiées dans les différentes matières, donnant lieu ainsi - au collège à un travail en HDA pour le DNB ou pour entrainement - au lycée dans le cadre de l’HDA et en initiation au TPE, aux compétences à développer dans les études post-bac ☺ Rédiger : faire le bilan de la visite au musée sous la forme d’un compte-rendu avec des consignes fixées. 1 [email protected] La réservation auprès de Béatrice Canivet : [email protected] ou au 03 25 76 26 80 3 http://www.cndp.fr/crdp-reims/index.php?id=793 4 [email protected] 9 2 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES ☺ Avec BCDI et Internet dans le cadre de la formation aux outils d’information et de communication pour tous les élèves et des compétences du BII: - Des recherches sur les artistes étudiés au musée, sur les différents courants artistiques, établissement de fiches de synthèses… - Recherche d’œuvres similaires, de photographies1… Pistes de travail au musée, aide aux questionnements Les enseignants peuvent constituer un questionnaire autour des propositions faites plus loin et des éléments ci-dessous pour Le sujet représenté - du portrait d’un personnage Le portrait d’une personne réelle demande à l’artiste d’être observateur fictif ou réel ? et même psychologue pour pénétrer la personnalité du modèle. - du portrait d’un membre de sa famille, d’un proche, d’un Le portrait d’une personne fictive lui demande une imagination très ami ? précise et complète ; et bien souvent les portraits fictifs prennent appui - du portrait d’un personnage sur l’observation de modèles réels. nommé par sa fonction, son titre, son métier ? - d’un portrait de groupe ? - de personnes liées par des circonstances professionnelles, politiques, sociales ? - de personnes liées par des liens familiaux, intimes, amicaux ? - d’un autoportrait ? L'artiste se représente lui-même. Il présente l'avantage qu'on a toujours sous la main son modèle et qu'on ne dépend pas ainsi des autres ; il a l'inconvénient qu'à se voir dans un miroir on a de soi une image inversée; il a la difficulté psychique qu'on y est trop directement intéressé pour se voir facilement de manière impartiale. On peut distinguer (comme au cinéma) : l’insert qui isole un détail du visage le gros plan qui détache le visage le plan rapproché qui comprend la tête et les épaules = portrait en buste le plan demi-rapproché jusqu’au bas ventre le plan américain qui coupe le personnage à mi-cuisse le plan italien jusqu’aux genoux le plan moyen montre le personnage de la tête aux pieds = portrait en pied le plan d’ensemble qui situe le personnage dans un décor le plan général La description : Le visage : sa forme (rond, ovale, joufflu, potelé…), la bouche, le menton, les pommettes, les joues, les tempes… (panoramique ou aérien) correspond à un vaste espace Le nez : sa taille (court, long, épais, fin…), sa forme Les cheveux : leur longueur, leur nature (fins, soyeux, épais, frisés, raides, …) Les yeux : leur forme (en amande, ronds…), leur couleur, les sourcils Les expressions faciales: peur, terreur…, Le corps : à définir aussi mécontentement, envie, joie, … les expressions des mains tristesse…, orgueil, douleur, effort… ou du corps L’artiste a-t-il choisi d’accompagner de vêtements, d’accessoires, de signes identifiables, d’un décor particulier, pourquoi ? le ou les personnages… 1 Voir suggestions en annexe 10 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES PARCOURS 1 : FEMMES, MODELES OU ALLEGORIES ? Le Nu n’est pas une caractéristique du XIXe siècle ; la Renaissance a largement exploré ce thème et l’art officiel , néoclassique et académique, du XIXe autorisent le dévoilement public des chairs féminines, dans des circonstances très codifiées. mais les conventions sociales interdisent de montrer certaines situations comme. Mais les Modernes revisitent justement cette nudité, n’hésitant pas à montrer le dénudement dans l’intimité, qu’il s’agisse de la toilette ou de l’alcôve le mettre en valeur face à une bourgeoisie aux valeurs morales strictes 1. OBJECTIF : Cette fiche propose d’aborder le thème du Nu à partir de la sculpture et de la peinture. , ŒUVRES ETUDIEES : - Edgar Degas : Femme surprise (Bronze, Ed.Hébrard n°42) et Ed.Hébrard, n°50) Femme se coiffant (Bronze, - Aristide Maillol : Femme debout tenant une draperie (bronze singé à la base A. Maillol, épreuve Vollard) et Femme debout (bronze singé à la base A. Maillol, épreuve Vollard) Ces sculptures sont mises en regard avec : - Trois statuettes africaines - une peinture, ici celle de Jean Puy. Selon les accrochages et les objectifs des enseignants, cette peinture peut être remplacée par d’autres présentes au musée abordant le même thème et invitant à une comparaison comme par exemple : Bernard Buffet, l’Atelier, 1956 ; André Derain qui a peint de nombreux nus (Nu féminin, Le modèle posant) ; Roger de la Fresnaye, Nu debout de face (vers 1910-1911) ; Maurice Marinot, Etude d’atelier, 1904 ; Felix Vallotton, Africaine, 1910. PROLONGEMENT D’autres artistes ont exploré cet aspect : on peut faire référence à plusieurs peintres de la même période visibles au musée d’Orsay par exemple, comme La toilette (vers 1908) de Pierre Bonnard qui est commentée sur le site du musée 2 3 LA PHOTOGRAPHIE offre également d’intéressants parallèles sur le Nu . ŒUVRES LITTERAIRES POSSIBLES: Charles Baudelaire, Les fleurs du mal 4 1 Voir La nudité au XIXe siècle, quelques pistes de réflexion pour l’histoire des pratiques et des sensibilités d’Anne Carol http://rives.revues.org/2303#text 2 http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/oeuvres-commentees/peinture/commentaire_id/la-toilette38.html?tx_commentaire_pi1[pidLi]=509&tx_commentaire_pi1[from]=841&cHash=da9b7ae99c L'Art du nu au XIXe siecle. Le photographe et son modele (cat. exp.), textes de S.Aubenas, P.Comar, S. de DeckerHeftler, D. de Font-Réaulx, B.Foucart, L.Mannoni, C.Mathon, H.Pinet, M.Poivert, E.Schwartz, Paris, Hazan-Bibliothèque nationale de France, 1997 3 4 Voir ANNEXES fin du dossier, extraits 11 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Edgar Degas (1834-1917) Ce peintre est avant tout connu comme peintre impressionniste1; mais il a été aussi sculpteur surtout à partir des années 1880 lorsque sa vue baissa. Du vivant de l'artiste, l'ensemble était demeuré à peu près inconnu du public, à l'exception de sa Petite danseuse de 14 ans2 (Musée d’Orsay) que Degas montra à l'exposition impressionniste de 1881 et qui reçu un accueil très mauvais. Après la mort de Degas, le 27 septembre 1917, sont découvertes dans son atelier 150 sculptures en cire ou en terre ; soixante treize cires originales donnent lieu à 23 séries de bronzes originaux réalisés par le fondeur Hébrard. Femme surprise Femme se coiffant De nombreux peintres ont abordé la sculpture comme un complément, en préparation ou prolongement de leur œuvre peint. Paul Gauguin, s’est ainsi inspiré des arts primitifs, de la sculpture populaire sur bois et de l’étude de la polychromie. Cette activité de sculpteur permettait à l’artiste d’observer mais aussi de reproduire le mouvement puis de le transcrire sur ses toiles mais elle a aussi aidé Degas à compenser ses problèmes croissants de vue. il a cherché à donner, à travers cette pratique la troisième dimension que ne permet pas la peinture, la sensation la plus exacte possible de la vie et du mouvement. Il utilise la sculpture pour étudier les postures et les équilibres qu'il représente également au fusain, à l'huile ou au pastel. Edgar Degas confie en 1897 : « C’est pour ma seule satisfaction que j’ai modelé en cire bêtes et gens, non pour me délasser de la peinture ou du dessin, mais plutôt pour donner à mes peintures et à mes dessins plus d’expression, plus d’ardeur et plus de vie. Ce sont des exercices pour me mettre en train, du document sans plus. » « Ce qu’il me faut, à moi, c’est exprimer la nature dans tout son caractère, le mouvement dans son exacte vérité, accentuer l’os et le muscle, et la fermeté compacte des chairs [...] On ne verra jamais ces essais, nul ne s'avisera d'en parler […] D'ici ma mort tout cela se sera détruit de soi-même et cela vaudra mieux pour ma réputation".3 ☺Questionnement Matériau Thème abordé Modelage et prolongements possibles Bronze ; ici c’est une série fondue à partir des originaux Les femmes à la toilette représentent ¼ des sujets sculptés par Degas Non lisse, voulu par l’artiste ; renforce ainsi la scène (impression d’eau) Faussement non fini tout comme le visage qui est flou Modelé avec rajouts, volonté de mettre de la matière, d’insister sur certaines parties du corps (fesses, omoplates, partie du dos) = veut un effet brut en opposition avec la scène qui inspire délicatesse, soins. 1 Voir définition 2 Voir informations sur le site L’Histoire par l’image : http://www.histoire- image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=1028 3 Thiebault-Sisson, 1897 12 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Aspect du socle Non lisse, on a l’impression qu’il y a encore de l’eau Il peut être considéré comme un véritable hors champs : sol de la scène, de la salle d’eau…. Aspects des formes féminines représentées Formes très épanouies toutes les deux Objectif recherché par l’artiste Peindre : il recherchait à toucher le naturel afin de le représenter ensuite. Mais aussi se faire également plaisir mais il a reçu un tel mauvais accueil lors de la présentation de sa Petite danseuse qu’il a renoncé à montrer ses sculptures. impressions/ sensations provoquées par ces sculptures L’artiste parvient à donner une spontanéité des gestes intimes mais également à traduire un certain érotisme / mais le visage dans les deux cas est flou volontairement : ce n’est pas une femme, mais la femme en générale. l'exactitude de l'anatomie et la traduction de la personnalité du modèle sont délaissés au profit de l’étude de la morphologie et de la transcription des gestes. Veut également que le spectateur soit à sa place : Femme se coiffant : elle ne s’occupe pas des autres, elle essore ses cheveux très longs (symbole de la féminité surtout au 19e) ; mais ici ils ont l’air si lourd qu’ils semblent faire pencher le corps de cette femme (axe de la statue bascule vers la gauche comme si les cheveux allaient l’entrainer) . Elle pourrait presque continuer ce qu’elle est en train de faire elle ne s’occupe pas des autres, elle s’occupe d’elle ; on l’observe mais ne le sait pas (et s’en fiche) Femme surprise : le titre indique que l’on est voyeur ; la posture est celle d’un mouvement arrêté. Le liquide de l’eau est partout et notamment sur le socle qui constitue un hors champs (sort-elle de son tube ??). Il y a de la part de la femme une sorte de pudeur = donc moment un peu volé à cette femme = défense. Intérêt historique de l’œuvre (le peintre témoin de son temps) Au cours du XIXe siècle, les pratiques d’hygiène augmentent en fréquence, en régularité et en diversité. Les femmes sont les premières à renouveler leur approche de la « toilette », à laquelle s’associent désormais d’autres « soins de beauté. Nb Dans les arts plastiques, on n’emploie pas le terme de portrait pour la sculpture mais on dit tête, buste ou statue ; portrait se dit pour une œuvre en deux dimensions, peinture ou dessin. ☺On peut faire comparer / rechercher les tableaux de l’artiste qui correspondent à ces sculptures, qui présentent des femmes à la toilette - Après le bain, femme nue s'essuyant la nuque, - Femme nue se coiffant ☺Arts-plastiques : reproduire en deux dimensions ces deux œuvres, respecter le rapport d’échelle ☺En histoire, l’enseignant peut faire faire des recherches sur le développement de l’hygiénisme (s’intègre aussi dans le cours de seconde thème introductif de l’année) 13 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Aristide Maillol (1861-1944) D’abord peintre, il se consacre aussi à la tapisserie et la céramique. Il rencontre Gauguin, fréquente le groupe des Nabis mais ne commence à sculpter qu’en 1895. Ayant eu la révélation des peintures et des bois sculptés de Gauguin, Aristide Maillol, qui ne commença à pratiquer la sculpture que vers 1895, voyait dans la taille directe, la base du métier de sculpteur. Ces deux sculptures ont été exécutées en bois avant d’être tirées en bronze par les soins d’Ambroise Vollard. Femme debout tenant une draperie Femme debout « Les figures les plus anciennes en date, que Maillol taille dans un bois veineux, se dressent les jambes jointes ou à peine séparées. On a beaucoup parlé de la candeur de ces figures frontales. Elles sont bloquées. Elles ne sont pas rigides ; leur naïveté plus apparente que vraie, a une saveur bizarre ; leurs plans convexes émanent les uns des autres. (…)Les muscles sont enveloppés. Les seins sont placés haut. Le ventre est ferme, les chevilles sont lourdes. La tête impossible est un chapiteau couronnant une colonne. La matière, cette chose ductile, s’anime. »1. Le thème principal des sculptures d’Aristide Maillol est la figure et le corps humain mais en se dégageant de toute influence de Rodin et de son art tourmenté. Ses œuvres, de style classique, se démarquent clairement des pratiques alors en vogue. Son inspiration est largement influencée par les civilisations antiques évoquant la statuaire grecque archaïque sans pour autant vouloir l’imiter comme les artistes néo-classiques. Il n’est pas le seul sculpteur à se détourner du naturalisme et du symbolisme. Il affirme son goût pour le lisse qui annonce le « retour à l’ordre » pour les formes pleines, élaborées à partir de l’étude du nu féminin et simplifiées jusqu’à l’épure, toutes ses sculptures sont marquées par la plénitude heureuse des volumes, des formes rondes et généreuses la sensualité des corps les membres sont bien pleins, la peau très lisse, pas de muscles saillants ; les visages sont dépourvus d'expression, il n’y a pas d'émotion. Maillol suivait de très près la traduction en bronze. Pour les premières éditions, commanditées par le marchand Ambroise Vollard, il souhaite participer aux opérations successives. En 1905, il va même jusqu'à se former aux techniques de moulage, de coulée, de ciselure et de patine. ☺Questionnement et prolongements possibles ☺On peut amener ainsi les élèves à comparer ces sculptures à celles d’Edgar Degas: Les ressemblances avec les sculptures d’Edgar Degas : le matériau (bronze), le thème (la femme, le nu), les formes féminines (rondeur des cors, formes épanouies). En revanche les différences sont multiples : Chez Aristide Maillol, la femme pose mais il ne s’agit pas d’ une situation particulière ; le modelage est lisse ; il y a une esthétisation des formes, du corps. La figure 1 W. George, Maillol, p.47 14 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES s’appuie sur un drapé. Le socle est rond rien d’anguleux. Socle pour soutenir et non comme partie intégrante de la sculpture. On peut faire noter une disproportion du cou, des mains. ☺Prolongement : histoire des arts ☺ On peut faire rechercher et comparer les sculptures étudiées avec celles d’Auguste Rodin mais aussi celle de Camille Claudel. Cela peut être l’occasion d’une visite au musée Camille Claudel à Nogent. ☺Mise en regard avec des sculptures de la collection d’art africain du musée On peut faire comparer ces deux sculptures à celles réalisées par les artistes africains ou envisager une autre visite autour de ce thème (VOIR DOSSIER ART AFRICAIN) : Pour les visiteurs d'un musée, les objets et sculptures africaines sont des œuvres d'art et la source d'inspiration des artistes du début du vingtième siècle. Mais ce serait assez réducteur de ne les considérer que sous cet angle. Ce sont avant tout des œuvres personnelles et rituelles propres à chaque communauté africaine. L’art africain est mal connu ; c’est un art rituel fortement imprégné de valeurs symboliques et rarement purement décoratifs. Tout objet africain relève de la religion animiste et des croyances de l’artiste qui l’a réalisé ainsi que de la tribu à laquelle il appartient. Le sculpteur ne reproduit pas la nature : son but est de l’interpréter. Au musée d’Art moderne de Troyes, l’ensemble des sculptures africaines font partie intégrante de l’ensemble de la collection Lévy constituée lors de grandes ventes publiques à partir de 1947. Ces objets sont le reflet des choix d’un collectionneur épris de certains objets plus par goût que par la volonté de présenter un ensemble complet. Effigie d'ancêtre Bambara (Mali) qui était honorée de façon à protéger les mortels. L’ancêtre intervient comme intermédiaire privilégié entre les vivants et les dieux et sous différentes formes comme les masques (voir les masques de Guli et Mossi). La puissance des âmes des défunts se renforcent par l’entretien de la mémoire. Statuette dite Blolo bla représentant l’épouse dans l’au-delà car les êtres ont un corps et un double dans l’autre monde « blolo ». Ethnie Anyi Côte d’Ivoire Poupée Ashanti Akua ba du Ghana. Ces visages ronds des bras schématisés, cou en tir bouchon et pas de pied représentent pour les Ashantis une convention exagérée de la beauté féminine. Elles servent à favoriser la fécondité. L’effigie d’ancêtre : On peut faire ressortir les déformations de chacune des statuettes et la signification. Ainsi l’effigie d’ancêtre a un buste très long, une petite tête, des bras trop longs, de petites jambes et des mains très rigide : l’artiste a voulu mettre en valeur certains aspects de la personnalité de l'ancêtre et la volonté la puissance de la représentation. En effet, après la mort, pour toutes les religions africaines, les défunts partent rejoindre le monde des esprits : ce n’est ni l’enfer, ni le paradis mais un espace parallèle à celui des vivants. Les âmes y évoluent selon leur qualité, bonne ou mauvaise. 15 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Jean Puy (1876-1960) Nu féminin (Peinture1) Jean Puy : c’est un peintre a fréquenté Eugène Carrière, André Derain et Henri Matisse … Au cours de ses premières années parisiennes il participe aux nouvelles expériences picturales, notamment celles des Fauves. Mais progressivement il s’attache à produire des œuvres plus abouties et étudiées, où le décor prend une plus large place. Il est soutenu par le collectionneur et acheteur Vollard. Il a peint de nombreux nus dont celui-ci. ☺Questionnement et prolongements possibles ☺ La préoccupation du peintre, l’étude du tableau et des couleurs utilisées : « La couleur si engageante, captivante, ensorceleuse, enjôleuse, ravissante, Il semble qu'on ne pourra jamais s'en rassasier..." écrit Jean Puy. Même si ce tableau est en dehors du fauvisme2 auquel a appartenu l’artiste, on y trouve encore des influences: une des préoccupations de ces artistes a été de un travail sur les couleurs, et leur utilisation, notamment pour représenter la lumière, les ombres… A partir de 1902, ses plans colorés sont traités en aplat dans des tonalités moins contrastées. C’est au contact de Matisse, qu’il peint des nus et des portraits remarquables par la simplification et la montée des tons. Ici il utilise un dégradé de couleurs qui va du haut (plus clair) vers le bas de plus en plus sombre (utilisation des couleurs du fauvisme pour jouer sur les ombres qui sont colorées). Le recours au vert et au bleu reprend des couleurs de l’extérieur comme si elles se reflétaient sur le corps de la femme. REMARQUE : le peintre laisse apparaitre des petits morceaux de la toile = impression de non fini voulu alors que le peintre a totalement représenté un corps fini et très travaillé. ☺On peut amener les élèves à faire également une analyse du tableau et une comparaison de celui-ci avec les sculptures observées. On peut ainsi les amener à percevoir les éléments suivants: - Le spectateur observe la femme, on ne la surprend pas ; - il n’y a pas de mouvement - le modèle est tourné ; c’est avant tout un corps - la forme est aussi disproportionnée : voir les épaules, bancales - les formes sont épanouies - le décor a une grande importance : Appartement parisien (voir les toits) verrière (rappel de l’atelier du peintre… ?)/ Décor des années 30 : le vase par exemple… ☺Pour l’ensemble des nus observés, le regard des sciences (SVT) peut donner un autre éclairage. . 1 Pas de représentation du tableau car les droits ne sont pas disponibles. 2 Voir définition sur fiche annexe 16 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Parcours 2 : Le modèle de la femme bourgeoise : femme au foyer, maîtresse de maison… Au XIXe siècle, de nombreux peintres décrivent la société bourgeoise, les enjeux et les conventions de leur vie quotidienne. Ils sont les témoins privilégiés de la condition des femmes de cette classe sociale. Les valeurs de la bourgeoisie contribuent à faire triompher l’individu, la famille et la vie privée. Elles délimitent fermement les rôles et les espaces masculin et féminin : à l’homme la direction des affaires et la scène publique, à la femme l’intendance du foyer et la sphère privée. La femme bourgeoise est constamment en représentation, ce que montre le regard des peintres. Ceux-ci décrivent ainsi les enjeux et conventions de leur vie quotidienne, à travers leurs vêtements – reflets de la mode à cette époque et surtout attributs du paraître –, leurs occupations et leur intérieur – révélateur de leurs devoirs et qualités en tant que maîtresses de maison. ŒUVRES PICTURALES ETUDIEES: Félix Vallotton, Femme cousant dans un intérieur v.1895 Maurice Marinot : 3 peintures o Fushia sur une table de jardin (1906) o Intérieur, 1906 o Brodeuse à la fenêtre, 1907 Edouard Vuillard, Intérieur (ou Le canapé, Madame Hessel à Vaucresson) PROLONGEMENT ŒUVRES LITTERAIRES POSSIBLES Gustave Flaubert propose plusieurs portraits pouvant illustrer la femme dans ce rôle. Plusieurs extraits peuvent permettre d’illustrer ou de compléter ce que les élèves observent. Madame Bovary L’Education sentimentale ŒUVRES PHOTOGRAPHIQUES On peut consulter différents sites dont ceux-ci : Consacré à Nadar : http://www.mediatheque-patrimoine.culture.gouv.fr/fr/archives_photo/fonds_photo/nadar.html D’autres sites présentent des photographies : - http://blog.bnf.fr/gallica/index.php/2012/01/26/portraits-photographiques-du-xixe-siecle-lesecrivains-mis-en-scene/ - http://www.art-memoires.com/4lmqtro/lm7072/70vlbourgeoisieetpeinture19e.htm - http://www.art-memoires.com/4lmqtro/lm5860/58vieart19eintro.htm AUTRES ŒUVRES PICTURALES Mary Cassatt La toilette, , 1892 Mary Cassatt Mère et enfant sur fond vert (Musée d'Orsay,) 17 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Félix Vallotton (1865-1925), Femme cousant dans un intérieur v.1895 Félix Vallotton est né en Suisse ; il vient à l’âge de 17 ans à Paris pour assouvir sa vocation de peintre. Il travaille la gravure sur bois et se rapproche du groupe des Nabis avec lesquels il expose en 1893. Cependant, très vite, il développe un style à la fois très personnel et résolument moderne. Sa peinture montre des couleurs raffinées et un dessin précis découpant la forme. Félix Vallotton est particulièrement marqué par ce goût de peindre l'intimité des intérieurs bourgeois soulignant ainsi les non-dits, les dessous de cette bourgeoisie bien pensante où il parvient à suggérer les drames et crises, les secrets et les mensonges des femmes trompées ou des maris cocus, les trahisons et la solitude de cette vie reposant sur le paraître. L’artiste utilise à partir de 1899 beaucoup la photographie pour peindre ; ici il ne l’a pas encore utilisé, mais pourtant il y a déjà le regard de photographe. ☺Questionnement et prolongements possibles ☺En histoire des arts, Arts plastiques, on peut établir un questionnaire autour des pistes suivantes : Demander aux élèves de justifier le titre du tableau et de préciser à quels détails le peintre s’est-il attaché. Il semble retranscrire dans le détail et avec un grand réalisme la scène qu’il peint. Décors, vêtement, coiffure, tapisserie, motifs du rideau (ici influence typique des Nabis). Sévères costumes noirs font ici plutôt penser aux maîtres hollandais du Siècle d'or, portraitistes d'une bourgeoisie prospère mais austère. Analyser les couleurs dominantes Palette réduite à des tons de brun, dessin appuyé montrant l'admiration de Vallotton pour des maîtres anciens comme Cranach. Ici le portrait est marqué par son classicisme quelque peu austère : Opposition de valeurs claires et sombres et couleurs chaudes des murs et du mobilier. 18 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Maurice Marinot (1882-1960) Maurice Marinot est un artiste troyen et très ami des collectionneurs Pierre et Denise Levy qui sont à l’origine de la création de ce musée. Il entre dans l’atelier très académique de Montmartre dont il est très vite exclu car trop non conformiste. Il se rapproche d’abord des Nabis puis des Fauves. Il envoya en 1907, six toiles dont celle-ci qu’un critique perspicace remarqua.. Il n’emploie pas des couleurs aussi vives que Matisse. Il peint souvent ses proches, sa sœur (Brodeuse à la fenêtre), sa fille Florence, sa compagne Marcelle et les paysages troyens. A partir de 1911, sans abandonner la peinture il consacre de plus en plus de temps à la verrerie. Brodeuse à la fenêtre, 1907 Intérieur, 1906 « On croit lire des promesses dans les franches et claires esquisses de Marinot. Sa Brodeuse à la fenêtre se recommande par la juste indication des plans.»1 ☺Questionnement et prolongements possibles ☺ On peut faire amener les élèves à comparer ces deux tableaux avec celui de Felix Vallotton. Des éléments de ressemblance Femme brodant, cousant chez elle Insiste sur le décor très détaillé. Période (voir habits, chignon…) Installée près de la fenêtre : ouverture dur le monde extérieur : donc le lieu + l’activité de la femme Des éléments de différence Couleurs ici très vives Moins de détails ; ex= visages des deux femmes ; on ne distingue pas les traits cadrage ☺ Ces deux tableaux s’inscrivent dans le fauvisme mais on y voit aussi l’influence de Paul Cézanne dans la simplification des formes ; les élèves, selon le niveau de connaissances et de préparation peuvent être amenés à les distinguer: - les caractéristiques du fauvisme . Ainsi ils pourront évoquer : couleurs vives voire criardes, mais elles restent conformes à la réalité ; simplification des formes mais soucis de respecter en général les objets ; recherche de la transcription de la lumière et des ombres par les couleurs (violet) 1 E. Sarradin, Journal des Débats, 8 mars 1907 19 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES - Mais aussi l’influence de Cézanne et du pré-cubisme : Dans le tableau Intérieur, faire par exemple observer la table au premier plan. Le peintre a changé de projection : il regarde la table comme si elle était au dessus de lui ; on a donc un basculement de la table vers le spectateur : ceci est caractéristique des débuts des recherches cubistes visant à montrer les objets sous différents angles. Dans le tableau la brodeuse, faire observer notamment les mains : simplification au maximum ; forme des doigts presque géométriques… ☺ On peut les amener à étudier : - l’originalité du cadrage : hors champs importants (voir encadrés) : Le peintre ne nous enferme pas dans ses toiles, il utilise le hors champ comme moyen de suggestion d’une continuité. fragment de la réalité - La place du spectateur : Il observe mais est presque dans la pièce On peut retrouver dans d’autres tableaux de ce peintre ce thème et faire relever: Géométrisation des formes, rabattement de plan pour la table on voyait celle-ci penchée vers nous (annonce les différents poin adopté par les cubistes) alors que le vase est à plat La femme au loin, dans le sombre, un tableau dans le tableau qui donne un effet de profondeur mais qui est également une in deviner qui est cette femme, … Ici on peut y voir un côté sombr en opposition au premier plan inondé de soleil, de lumière et de Fushia sur une table de jardin (1906) ☺En français : auquel des personnages des romans étudiés pourraient convenir les tableaux que vous venez d’étudier ? 20 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Edouard Vuillard (1868-1940), Intérieur (ou Le canapé, Madame Hessel à Vaucresson) Edouard Vuillard est né en Saône-et-Loire en 1868, il est élevé à Paris dans une famille modeste. En 1885, il commence à suivre des cours de peinture avec son ami et peintre Ker-Xavier Roussel et à fréquenter le Louvre où il admire les classiques comme Vermeer, Watteau et Chardin, ainsi que les artistes allemands du XVIIème. En juin 1887 il est admis à l'Académie des Beaux-arts. Il développe son goût pour les natures mortes réalistes et les scènes d'intérieur. Il recherche à traduire des de gammes colorées Intérieur (ou Le subtiles et nuancées, jouant entre les clairs et les obscurs. C’est ainsi qu’en 1889, il canapé, Madame se joint à un petit groupe d'artistes de l'Académie Julian, avec Maurice Denis et Hessel à Vaucresson) Pierre Bonnard qui bientôt forme le groupe dits des Nabis" (signifiant "prophètes ", en hébreu). ☺Questionnement et prolongements possibles ☺ On peut amener les élèves à analyser les caractéristiques picturales de ce tableau en explorant différents axes : La composition : Il ne s’agit pas d’une œuvre de commande. Le peintre semble avoir voulu saisir l’instant, il n’y a pas un grand souci de précision. Ce tableau est plus lisible de loin ; Noter la simplification des formes cernées de traits gris par des traits appuyés des contours flous. On peut ainsi analyser la composition et la particularité du cadrage1 (faire travailler par exemple les élèves sur le hors-champ). Les lumières artificielles dispersées éclairent deux groupes de personnages : A l’arrière plan des personnages semblent jouer aux cartes autour d'une table brune entourée de plantes vert sombre. Au premier plan, madame Hessel est assise sur un vaste canapé et converse avec une autre femme à droite (hors-champs), dont elle est séparée par un coussin rouge ; elle est en robe claire dans la lumière que verse à flots le lampadaire à coupole jaune à gauche; sur sa tablette, un pot de géranium dont le ton vif relie toutes les couleurs chaudes du tableau. Les couleurs : Couleurs chaudes comme du rose pour créer une atmosphère. Ainsi Edouard Vuillard, développe son propre style aimant les tons neutres, les teintes sourdes dominées par les gris, les cernes appuyées. Il réalise des panneaux décoratifs pour les intérieurs de maisons bourgeoises parisiennes, des affiches et des cartons de décors de théâtre d’avant-garde, et des photographies de ses amis proches. Les préoccupations picturales du peintre dans ce tableau que l’on qualifie de « nabis » : Ces peintres sont inspirés par les travaux de Paul Gauguin. Ils veulent se libérer de toutes les conventions académiques ainsi que de la reproduction fidèle de la nature ou de la scène observée. L'important est la réalité propre du tableau, ainsi que l'imaginaire, le sentiment, moteurs essentiels de l'émotion. Leur peinture se caractérise par la volonté de s’exprimer avec tous les supports possibles et pas seulement la peinture (verrerie, tapisserie, mosaïque, meubles…). De plus, ils cherchent davantage à suggérer, à transmettre une 1 Le cadre d'un tableau est la limite de la surface peinte, ainsi c’est le lieu de l'expression de l'artiste. Le cadrage est le choix fait par l’artiste des limites de l’objet, du sujet ou de l’espace qui sera représenté. Le hors-champs c’est ce qui est hors du cadre. 21 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES sensation : l’intimité (comme dans ce tableau de Vuillard), le rêve… On y trouve Paul Ranson, Pierre Bonnard, Vuillard, Paul Sérusier. En fait c’est un pas vers une nouvelle approche artistique en rupture toujours avec l’Académisme. Ici les peintres s’affranchissent encore davantage du contour et du dessin mais surtout des couleurs. Ils emploient des demi-tons et des couleurs pures. ☺ En Histoire : On peut faire décrire la scène, l’atmosphère qui s’en dégage, la classe sociale à laquelle appartiennent les personnages… La scène représentée ici montre un intérieur, un salon chez les Hessel à Vaucresson (région parisienne). Joseph Hessel est un marchand d’art qui rencontre le peintre en 1902. Sa femme était l’un des modèles préférés de Vuillard. Lucie Hessel, cousine des galeristes Bernheim, fut pendant trente huit ans sa muse, son amie et sa maîtresse. Ici le salon donne une sensation très chaleureuse conforme à la douce atmosphère de ces scènes de la vie quotidienne, dont il fait un sujet de prédilection. Les murs sont rouges, et la porte comme les rideaux, à droite, gris. Dans ce cadre, la suspension et plusieurs foyers lumineux témoigne donc de la présence de l’électricité. La position des femmes et le fait qu’elles soient en train de discuter confortablement installées dans le canapé, leurs vêtements, la présence des hommes derrière elles laissent supposer que l’on est après le repas (les hommes dans la bourgeoisie ayant l’habitude de rester ensemble pendant que les femmes se retrouvaient pour discuter). ☺ Un prolongement possible peut être fait avec la mise en regard de ce tableau (comme d’autres) avec des œuvres photographiques du XIXe siècle et notamment celles prises par Nadar qui a photographié les intérieurs parisiens http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/memsmn_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_5=AUTP&VALUE_5= Nadar&FIELD_6=SERIE&VALUE_6=interieurs%20parisiens 22 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES PARCOURS 3 : La mère « Au XIXe siècle, l’enfant est, plus que jamais, au centre de la famille. Il est l’objet d’un investissement de tous ordres » : affectif, culturel, éducatif, économique 1 (M. PERROT). L'enfant est l'objet d'attentions nouvelles et de nouveaux regards dans la bourgeoisie et les classes moyennes. La place qu'il occupe dans la famille se transforme: progressivement pour arriver au XXe siècle à l’idée qu’ être parent suppose d'accorder davantage d'attention. Si l’enfant devient un être digne d’intérêt de soins pour les parents et surtout les mères ( le souci de sa santé et de son éducation), de tendresse il faut cependant nuancer. Ainsi le placement du bébé en nourrice à la campagne, signe d’un certain désintérêt pour le nourrisson, est une pratique encore massive à la fin du siècle et qui ne disparaît qu’avec la Grande Guerre. Dans les familles bourgeoises, le bébé est confié à une nourrice à domicile. OBJECTIF : Les tableaux présentés témoignent de cette nouvelle vision de l’enfant et du rôle de la mère en conformité avec le changement des mœurs et de la société, lié en France à la limitation très précoce des naissances. ŒUVRES PICTURALES PROPOSEES A L’ETUDE Femme et son enfant 1907 Maurice Marinot Femme et son enfant dans un jardin 1907 Maurice Marinot Réunion de femme et d’enfants Maurice Marinot Femme et enfants au bord de mer Louis Valtat Repos dans le jardin Auguste Chabaud PROLONGEMENTS AUTRES ŒUVRES PICTURALES : Voir le site l’histoire par l’image qui propose plusieurs œuvres consacrées à l’amour maternel : http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=42 Un portrait d’une femme et ses enfants par Edgar Degas, La famille Bellelli, analysé sur http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=12 ŒUVRES LITTERAIRES : De nombreux portraits de mère sont présents dans les romans proposés en annexe : Emma Bovary, pouvant ainsi être opposée à Mme Arnoux de l’Education sentimentale ou encore Mme de Rênal, dans le Rouge et le Noir de Stendhal PHOTOGRAPHIES : Voir en annexe, pistes sur les différents sites proposés ŒUVRES MUSICALES : Claude Debussy, Children's Corner 1 M. PERROT, « L’enfance révolutionnée par la Révolution ? Parents et enfants au XIXe siècle », in M.-F. LEVY, sous la direction de, L’Enfant, la famille et la Révolution française, Olivier Orban, 1990, p. 406-407 – 23 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Maurice Marinot (1882-1960) 1 Femme et son enfant 1907, Beaucoup de tableaux célèbrent la femme comme icone de la maternité et l’on peut retrouver ici cet hymne à l’amour maternel2. Ici le peintre présente une facette du lien affectif et physique qui unit la mère à son bébé. On peut y voir aussi la variation moderne du thème de la Vierge à l’Enfant, Jusqu’à la guerre de14-18, entre le recours à la nourrice et l’usage du biberon, l’allaitement maternel reste rare dans une partie de la bourgeoisie Sérénité, calme se dégagent du tableau. Toute la scène se fond dans le décor (influence des nabis) mais couleurs et lumières sont mis en valeur par les procédés que l’on retrouve chez les fauves. Femme et son enfant dans un jardin 1907 ☺Questionnement et prolongements possibles ☺Là encore on peut, comme pour la fiche 3 demander aux élèves de montrer en quoi ce tableau s’inscrit dans le mouvement du fauvisme3 . Les couleurs vives voire criardes rappellent les excès qui ont choqué chez les Fauves, mais elles restent conformes à la réalité. La simplification des formes est présente mais il y a un souci qui est de respecter en général les objets ; l’artiste recherche la transcription de la lumière et des ombres par les couleurs ☺Les élèves peuvent rechercher les points communs et différences entre ces deux tableaux… puis les suivants. En ce qui concerne l’espace représenté et la figure féminine peinte par le peintre : Le peintre ne permet pas que l’on distingue les traits des visages des deux femmes. Pour autant, il se dégage une sensation de douceur, d’épanouissement, d’une vocation maternelle, la popularisation des caresses et des baisers de la mère à l’enfant, déjà recommandés dans L’Émile ou De L’Éducation de JeanJacques Rousseau (1762) La façon dont il a représenté l’espace et la place où se situe le spectateur : Le peintre ne nous enferme pas dans ses toiles, il utilise le hors champ comme moyen de suggestion d’une continuité. On a ici un fragment de la réalité (voir Parcours 2 analyse des tableaux de Maurice Marinot) 1 Voir présentation de Maurice Marinot Parcours 2 2 Voir Maternité. Eugène CARRIERE sur le site l’Histoire par l’image : http://www.histoireimage.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=42&d=1&q=8&c=famille 3 Voir fiche annexe 24 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Louis Valtat (1869-1952), Femme et enfants au bord de mer1…… En 1895, Louis Valtat réalise de nombreuses peintures aux tons très violents qui annoncent le Fauvisme. Bien que fréquentant tous les grands artistes de son temps avec lesquels, pour la plupart, il tisse des relations d’amitié, Louis Valtat reste un grand indépendant. Ce tableau appartient à un ensemble de paysages que réalise à partir de 1905 Louis Valtat. Il se rend fréquemment en Normandie. Le peintre sait sublimer ses sujets par un traitement très personnel de la couleur et cette œuvre est significative de la complexité de ce peintre. ☺Questionnement et prolongements possibles ☺On peut demander aux élèves, de retrouver les différentes influences des courants picturaux de la période et montre ainsi qu’un artiste est avant tout une personnalité indépendante, souvent idfficile à cataloguer ! Sa peinture oscille entre Cézanne et Gauguin2, cherchant à atteindre des effets de lumière de Maximilien Luce3 ou encore Matisse, et à s'attacher à la sensation comme chez les impressionnistes4. : l’influence du fauvisme par la recherche des couleurs, la simplification des formes, l’influence des Nabis (atmosphère, sensations…) et l’impressionnisme. ☺ De même, les enseignants peuvent leur faire observer la particularité du cadrage choisi par le 5 peintre Le peintre n’a pas tout représenté de la scène : on ne voit qu’au premier plan que le buste de la femme Ce peintre aime utiliser le hors-champs6 : les élèves peuvent imaginer l’espace qui n’a pas été représenté: Au choix car le hors champ est un espace imaginaire prolongeant le visible Le spectateur ne sait rien de plus, le personnage ne nous regarde pas Le peintre Louis Valtat présente-t-il une vision de la mère un peu différente des deux autres tableaux ? Cette mère semble moins présente auprès de ses enfants car ils sont à l’arrière plan, au loin alors qu’elle est au premier plan; elle est absorbée par son propre ouvrage. Est-ce la mère ? ….. Auguste Chabaud (1882-1955), Repos dans le jardin, vers 1925 Maurice Marinot, Réunion de femme et d’enfants, 1909 Ces deux tableaux abordent le portrait de groupe et l’intimité familiale. Repos dans le jardin 7 Auguste Chabaud Auguste Chabaud est un provençal. Il a vécu à Paris entre 1899 et 1912 fréquentant les peintres modernes, notamment les Fauves. Sans véritablement s’intégrer à ce mouvement il se rapproche d’eux et s’inspire de cette peinture qui convient à cet esprit indépendant. En 1911, il entame sa période cubiste, et expose aux côtés de Matisse, Derain, Vlaminck et Picasso.. À son retour de la guerre, en 1919, Auguste Chabaud s'installe définitivement à 1 Pas de représentation du tableau car les droits ne sont pas disponibles Voir le tableau Jeune créole (1891) de Paul Gauguin (1848-1903) 3 Voir le tableau Les terrassiers (1908-1912) de Maximilien Luce (1848-1941) au musée : tableau classé dans le néoimpressionnisme (voir définition dans la fiche annexe) 4 Voir définition fiche annexe 5 Le cadre d'un tableau est la limite de la surface peinte, ainsi c’est le lieu de l'expression de l'artiste. Le cadrage est le choix fait par l’artiste des limites de l’objet, du sujet ou de l’espace qui sera représenté. 2 6 7 La notion de hors-champ est utilisée pour évoquer l'espace non visible Pas de représentation du tableau car les droits ne sont pas disponibles 25 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Graveson, dans les Alpilles. C'est à partir de 1920 qu'il entame sa période bleue — il emploie le bleu de Prusse à l'état pur — dans laquelle la Provence, ses personnages et ses coutumes sont mis en avant. Maurice Marinot (Voir voir parcours 2) ☺Questionnement et prolongements possibles ☺ le questionnement peut s’orienter vers : la catégorie sociale représentée ce qu’est un portrait de groupe l’atmosphère qui se dégage ressemblances et différences entre les deux ☺On peut demander aux élèves de rechercher d’autres scènes du même type, ou leur montrer celle peinte par Frédéric Bazille, Réunion de famille 1– (Musée d’Orsay) et leur faire faire une comparaison. ☺ Les élèves peuvent essayer de trouver dans des extraits proposés dans le corpus ou dans d’autres lectures des éléments pouvant se rapporter à chacun des tableaux étudiés, comme par exemple ici. Ce type d’activité peut être appliqué à toutes les autres fiches. Mme de Rênal Madame Arnoux Femme et son enfant Femme et son enfant dans un jardin Louis Valtat 1 http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/oeuvres-commentees/recherche/commentaire/commentaire_id/reunionde-famille-19.html?no_cache=1 26 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Parcours 4 : Portraits de femmes 1 « Image d’une société en pleine mutation, l’art du portrait du XIXe siècle connaît un développement sans précédent. Il en reprend tous les codes, de l’austérité bourgeoise à l’image romantique de l’artiste, sans oublier les gloires politiques et militaires, les nouvelles égéries du monde du spectacle, et les femmes élégantes des années 1900. ».2 Quelques œuvres ont été librement choisies autour du thème du portrait OBJECTIF A travers le thème de la femme cela permet d’aborder la notion de portrait et sa diversité. De même observer les portraits permet de voir les mutations picturales de cette période. ŒUVRES PICTURALES PROPOSEES A L’ETUDE Paul Gauguin, Jeune créole, Kees Van Dongen (1877-1968) Claudine Voirol 1911 Auguste Chabaud (1882-1955), Yvette 3 Av.1912 Maurice Marinot (1882-1960) Marcelle1912 PROLONGEMENTS ŒUVRES LITTERAIRES : voir la liste proposée ☺Prolongements / pistes - Français : Pour tous les portraits, on peut demander aux élèves de les confronter aux portraits proposés par les écrivains du XIXème siècle ou encore aux œuvres musicales étudiées. Arts-plastiques : le détournement des portraits proposés PHOTOGRAPHIES : Voir en annexe, pistes sur les différents sites proposés ŒUVRES MUSICALES : De nombreux opéras, opérettes, sont consacrés à des femmes (voir en annexe) ☺le questionnement peut s’appuyer sur le DOSSIER Portrait au musée d’art moderne de Troyes et sur la fiche d’aide pour l’analyse d’un portrait (cf en annexe) 1 2 Pas de représentation du tableau car les droits ne sont pas disponibles http://www.musees-franchecomte.com/index.php?p=740 Voir DOSSIER Portrait au musée d’art moderne de Troyes 3 Voir annexe : article sur la prostitution à Paris fin XIXe siècle 27 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Paul Gauguin, Jeune créole, 1891 Grâce au témoignage du lieutenant Jenot, qui se trouvait alors à Papecte, on sait que ce tableau, resté presque inconnu, est l'un des tout premiers peints par Gauguin après son arrivée à Tahiti en juin 1891. Pris d'une sorte de timidité devant un monde neuf, dont il cherche à s'imprégner avant de le représenter, Gauguin traite d'abord des sujets pour la plupart non tahitiens; ici le portrait d'une jeune créole, fille d'un voisin: "Dès son installation finie, Gauguin se mit à peindre quelques petits morceaux, paysages études de figures et de nus. Mais il ne fit pas de grande toile à Papeete. Il se fit seulement l'oeil et la main à découvrir Tahiti qu'il voulait comprendre et définir pour l'exprimer. C'est ainsi qu'il fit les portraits, que je possède, de son voisin." (M. Jenot, p.120, une photographie de ce tableau était jointe au manuscrit de M. Jenot). La grosse toile, au grain très visible à travers la pâte mince et sèche, donne à cette œuvre un caractère un peu rude qui contraste avec l'élégance des contours et avec le raffinement des couleurs. Gauguin dispose ici un accord, rare chez lui; de jaune et de bleu pâle, celui même de la Fillette au turban, de Vermeer.1 ☺le questionnement peut porter sur les caractéristiques de la peinture de l’artiste : le dessin et les couleurs. De nombreux exercices peuvent prendre appui sur ce portrait. Il peut également être mis en regard avec celui de Modigliani, Jeanne Hebuterne (1917) que vous trouverez au premier étage. Maurice Marinot (1882-1960) Marcelle1912 Maurice Marinot peint ses proches ; ici c’est sa compagne dont il a deux filles. ☺Ici l’influence du fauvisme est encore perceptible mais le peintre s’en détache aussi. Retrouvez cette influence à partir de la définition donnée et ce qui l’en éloigne déjà : Fauvisme : recherche des reflets, des ombres avec des teintes bleues, vertes, rouges. Cependant : le visage ici semble vouloir exprimer quelque chose alors qu’il semble inexpressif (paradoxe voulu): tristesse ? Cela amène à se poser des questions : à quoi pense cette femme ? Elle est acculée à un mur (au sens propre comme peut être au figuré ?). Tout est anguleux : sévérité. 1 in catalogue Exposition. Paris, Orangerie des Tuileries. 1978. Donation Pierre Lévy. Réd. Michel Hoog. Paris : RMN, pp.123-125, n°166 28 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Kees Van Dongen (1877-1968) Claudine Voirol 1911 Celui qui devait être le portraitiste attiré du monde et du monde parisien de l'entre-deux-guerres, n'a peint, avant 1914, que peu de portraits en dehors de ceux de ses proches. Avec celui de Madame Malpel, la femme d'un mécène de Montauban1, celui-ci constitue sans doute une des premières commandes reçues par Van Dongen. Ici il s’agit de la sœur des frères Perret (architectes français un des premiers techniciens spécialistes du béton armé dont Auguste Perret qui eut pour élève Le Corbusier et qui fut l’architecte en chef de la reconstruction du Havre après la Seconde Guerre mondiale) et femme de Sébastien Voirol (1870 1930), traducteur et homme de lettres, à qui l’on doit la diffusion en France de nombreux auteurs scandinaves. Proche d’Apollinaire, il fut également l’un des animateurs du « Simultanéisme », lancé par Robert Delaunay et sa femme Sonia, mouvement artistique. ☺Questionnement possible sur Ce tableau : il appartient au fauvisme ; en s’appuyant sur la définition proposée, les parcours 2-3-4 et les pistes proposées on peut questionner les élèves sur les caractéristiques propres au fauvisme et sur l’originalité du peintre. Le choix des couleurs, les contours épais et irréguliers, placent ce tableau vers 1907-1911: le fond fauve valorise le portrait et sert à mettre en valeur la femme peinte, son statut ; la femme est en représentation, elle ne nous regarde pas Figure humaine, isolée sur un fond sans motif, cadrée à micorps.. Simplification des formes et couleurs vives. 2 Auguste Chabaud3 (1882-1955), Yvette 4 Av.1912 Ce tableau appartient aussi au fauvisme mais on y trouve déjà l’influence de ce qu’est l’expressionisme. ☺Questionnement possible sur ce tableau Fauvisme = Le fauvisme est né du désir de libérer la peinture en utilisant des couleurs pures et des teintes violentes. Ici couleurs violentes, vives, simplification des traits… Non respect des couleurs vues dans la réalité ou exacerbation de celles-ci . Gros traits noirs pour délimiter les visages, les contours. Le rendu est net mais simplifié. Aplats de couleurs. On est aussi déjà dans l’expressionisme qui fut aussi le prolongement du fauvisme: on trouve ici cette volonté d’accentuer et de déformer la réalité afin de provoquer une réaction émotionnelle, des sensations angoissantes. Celles-ci sont le reflet de la vision pessimiste que l’artiste a de cette époque. Le personnage est déformé, traits exagérés, accentuation de certains détails : yeux cernés, bouche démesurée, pâleur presque cadavérique. Déformation de la réalité. Cela provoque Malaise, angoisse On est presque déjà dans un approche cubiste avec la tendance à la géométrisation des dessins (mais on n’a pas ici la technique qui veut que l’on représente objet ou personnage sous tous les angles). On a l’influence des Arts premiers (cf masques africains). Le décor est dépouillé, lignes géométriques qui viennent renforcer les traits de cette femme. Canséquences : la représentation (qui appartient à toute une série peinte par l’artiste) apparait comme brutale, vulgaire, violente Chabaud : De 1907 à jusqu'en 1913, Chabaud vit surtout à Paris. Les rues de la capitale, les trains, les prostituées, les cafés, le monde du spectacle, le fascinent et deviennent ses thèmes de prédilection. Dépressif, inquiet, mal dans cet univers loin de son monde provençal… Il a voulu dépeindre la prostitution, la misère, la maladie… Déchéance. 1 coll. part. G. Diehl; Van Dongen, Paris, 1968, p. 20 Voir fiche annexe 3 Voir parcours 3 pour la présentation de l’artiste 4 Voir annexe : article sur la prostitution à Paris fin XIXe siècle 29 2 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Parcours 5 : Femmes du peuple, ouvrières, mondaines, courtisanes… Edouard Vuillard (18681940) voir parcours 3 Usine de fabrication d'armement à Lyon : Les Tours (1917) Il s’agit d’une œuvre de commande1 de Thadée Natanson (un des fondateurs de la Revue Blanche, revue littéraire, et grand ami de Vuillard). Celui-ci administrait une usine d’armement dont le propriétaire (LAZARE-LEVY) demanda la réalisation d’un décor représentant la description du travail effectué dans son usine. Vuillard, peintre nabis, trop vieux pour être soldat a fait partie des quelques peintres que le ministre des Beaux-arts a invité, en 1916, à aller sur le front pour y saisir des images de guerre. En 1917, il part à Lyon et visite cette usine. Il réalise deux panneaux : La Forge et les Tours. Ce n’est pas la première fois qu’il réalise des décors, en revanche le thème de l’usine est très rare dans l’œuvre de ce peintre dont la célébrité repose essentiellement sur les intérieurs bourgeois (comme le montre le tableau intitulé Intérieur- voir fiche 2). ☺ Histoire : bien sûr cela peut faire l’objet de recherches dans le cadre des leçons qui abordent la Première Guerre mondiale en classe de 3ème (Thème 1 de la IIe partie du programme) et des classes de 1ère S et L/ES (thèmes : les guerres au XXe siècle) Cette femme est une « munitionnette » : les hommes sont au front et à l’arrière, l’effort de guerre est assuré par ceux qui ne sont pas partis, dont les femmes qui sont amenées à travailler. Il s’agit donc de la production militaire car le contexte est celui de la Première guerre mondiale ; ici cela illustre bien l’idée de la GUERRE TOTALE puisque les productions sont essentiellement consacrées à l’effort de guerre. Depuis la seconde partie du XIXe siècle, le nombre d’ouvrières a augmenté considérablement en France puisqu’elles représentent un tiers du total de la population active ouvrière. Mais en 1914-1918, pendant que les hommes sont au front, cette fois-ci presque toutes les femmes participent activement à l’effort national. Dans cette guerre totale, longue et meurtrière, où le rôle de l’arrière est aussi déterminant que celui des combattants, les femmes accèdent à des activités professionnelles jusque-là masculines, promues à de nouvelles responsabilités tant à la ville qu’à la campagne. 1 Voir site : http://www.histoireimage.org/pleincadre/index.php?musee=Mus%C3%A9e%20d%27Art%20moderne%20de%20Troyes&d=1&i=808 30 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES ☺Questionnement et prolongements possibles ☺ Histoire des arts : le questionnement peut s’orienter vers la description de la scène et des méthodes picturales utilisées par le peintre pour rendre compte de ce qu’il voit : Vuillard, lorsqu’il visite l’usine, écrit ceci dans son journal : « Beaucoup de sensations, terriblement intéressant, désordonné – fiévreux ».a voulu dépeindre le monde du travail, l’atmosphère qui y règne . Son tableau est dominé par des couleurs sombres, le gris et des nuances de beige : cela donne une impression de brouillard, de poussière, de fouillis. Il a voulu rendre compte également de l’effort humain, le développement du machinisme, voire d’une forme de déshumanisation. La figure humaine, ses gestes, son attitude. Les bras au premier plan ressortent mais les visages sont peu visibles, noyés dans la poussière, les corps sont comme absorbés par les machines qui occupent plus de place sur le tableau que les êtres humains. La lumière artificielle provenant de lampes met en valeur les bras (on y voir presque du rouge) et cela suggère clairement la difficulté de la tâche accomplie jour après jour. le peintre, ici est témoin de son temps, décrivant ainsi l’effort physique, la dureté du travail. L’enchevêtrement des poutres courroies, l’atmosphère qui semble oppressante ; On peut faire remarquer aux élèves le cadrage panoramique, la grande profondeur. ☺ Français : on peut aller chercher les héroïnes chez Emile Zola et Victor Hugo. Honoré Daumier (1808-1879), Au bord de l’eau (entre 1846-1864) Daumier est le fils d’un vitrier (à la fois encadreur, réparateur de tableaux, dessinateur) marseillais qui part pour Paris en 1814 en vue d’embrasser une carrière littéraire qu’il abandonne en 1823. Honoré est d’abord commis puis il suit des cours de dessin et travaille chez un lithographe et éditeur. Il publie ses premières caricatures de Louis-Philippe. Honoré Daumier est davantage connu pour ses caricatures. Cependant il est aussi peintre. Sa carrière de peintre commence en 1848 : sa toile La République nourrissant ses enfants et les instruisant est une œuvre allégorique. Daumier est "un peintre de son temps" s'attachant à témoigner d'événements sociaux ou politiques. Ici proche de ce mouvement non structuré que forment ces peintres « réalistes » qui bouleversent l’art, ce tableau appartient à ce nouveau courant dont la réflexion est de non plus rendre compte d’une imitation servile du réel mais prendre pour objet la réalité du monde qui les entoure. Ainsi comme Gustave Courbet ou Jean-François Millet, le peintre souhaite "traduire les moeurs, les idées, l'aspect de son époque" Cette œuvre est une des plus célèbres parmi les tableaux de l’existence quotidienne dont Daumier observait le spectacle depuis sa fenêtre, du quai d’Anjou. C’est la forme qui retient son intérêt plus que la couleur. Il sait traduire avec habileté un mouvement, camper une silhouette et rendre le spectacle de la vie. « J. Adhémar a établi des rapports avec son contemporain Millet : « Ce n’est pas la première fois que nous avons signalé les rapports entre Daumier et Millet ; l’influence est réciproque mais elle s’exerce surtout de Millet sur Daumier. Nous en avons un exemple (La Laveuse, Louvre), nous en trouvons encore un autre 31 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES dans un même tableau de Daumier peint à la même époque, (…) ; Les petites Filles au bail de l’ancienne collection Cognacq : là, les tonalités, le bleu surtout comme les formes, nous rappellent de très près celles de Millet. »1 S’il affectionne l’utilisation d’accords simples, de tons réduits, dissous dans ce clair-obscur, son trait synthétique et l’expression des volumes par masses rappellent ses lithographies. Cependant, sa virtuosité à manier le pinceau confère à cette œuvre finie, une légèreté et une liberté de facture qui n’appartiennent qu’aux esquisses. La datation de ce tableau est difficile. J. Adhémar le date de 1858-1860, et K.E. Maison vers 1847. De 1846 à 1864, on peut dénombrer plus de dix toiles sur ce même sujet. Signalons toutefois une Blanchisseuse du musée de Buffalo qui présente le même arrière-plan et Les enfants au bain de la fondation O. Reinhart à Winterthur »2. Kees Van Dongen (1877-1968) Fauve de tempérament, Van Dongen ne s'associe pas véritablement au groupe. Il s'apparente au Fauvisme par la violence de ses couleurs et la liberté de sa facture, mais s'en distingue par sa thématique: il ne peint que peu de paysages et se consacre alors presque exclusivement au portrait et au monde du spectacle. Le moulin de la Galette Ici l’ambiance est celle du bal populaire où se divertit la classe populaire. C’est le Moulin de la Galette Haut-lieux des bals, et guinguettes, on y apporte "son manger", mais on peut y manger des galettes, on y boit du vin Gris, du Piccolo et du Guinguette à 5 Centimes le Verre! Il a pris son essor avec le développement de l'industrie du spectacle et l'ère des loisirs, et où l’on pouvait danser le dimanche, à partir de 15 heures et ce jusqu’à la nuit,. L’ambiance joyeuse de liberté et de plaisir attirait alors la bohème et les artistes, le menu peuple qui aimait s’y divertir, mais aussi des bourgeois venus s’encanailler. Van Dongen en est un des grands habitués !! La composition rappelle celle des dessins qu'il publie dans l'Assiette au Beurre (1901). L'accent de caricature des visages, et la gesticulation des personnages, ils se retrouvent dans des œuvres de peintres de la Brücke3 avec lesquels il exposa en 1908. La scène : Deux couples dansent. Le peintre insiste sur les attitudes et gestes équivoques et éloquents, choquants pour la bourgeoisie. La représentation en est exagérée: la posture des corps très suggestive avec cette femme qui se penche à l’avant, ou la main de l’homme sur la fesse pour l’autre couple. La foule est à l’arrière plan mais on ne la voit pas. On l’imagine ou ou l’entend. Les couleurs vives, voire criardes même, marquent la volonté de transcrire le dynamisme de la scène par la peinture = la touche est dynamique, appuyée (comme la danse et les pas). L’ambiance positive, festive et joyeuse est traduite aussi par le choix des couleurs : les deux couples en couleurs très vives. (le rouge du volant ressort) les roses devenant rouges, et les bleus virant au noir. On est bien dans le fauvisme mais il y a une évolution vers plus d’expressionisme. Faut-il y voir des danseurs de matchiche4, désignation habituellement retenue pour cette œuvre, ou des danseurs de java? 1 (J. Adhémar, p.53). 2 Exposition. Paris, Orangerie des Tuileries. 1978]. Donation Pierre Lévy. Réd. Michel Hoog. Paris : RMN, pp.47-49, n°23 3 4 groupe d'artistes allemands expressionnistes formé à Dresde Voir parole de la chanson. 32 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES ☺Questionnement et prolongements possibles ☺ Histoire des arts : le questionnement peut s’orienter vers ce qu’est le réalisme et sa révolution picturale (on pourra s’appuyer sur les autres dossiers du musée + voir annexe les mouvements picturaux). On pourra préciser également que ce tableau a beaucoup choqué les spectateurs comme d’autres car il y montre une jeune fille, du peuple, dévoilant ses jambes, ce qui était contraire aux bonnes mœurs de la bourgeoisie. ☺ Français : on peut aller chercher les héroïnes chez Emile Zola, Victor Hugo également. ☺ Histoire des arts : le questionnement peut s’orienter vers la description des deux scènes et les caractéristiques picturales de ces deux tableaux (voir ci-dessus) ☺ le prolongement peut se faire 1 En histoire : Paris au XIXe siècle, les nouveaux loisirs de l’ère industrielle… En musique : chanson populaire, la Matchiche (voir en annexe) ou encore cela peut permettre d’aborder d’autres chansons de l’époque ou plus contemporaines, comme celles de Claude Nougaro1 . En Français Pour les deux tableaux, à quelle héroïne de la littérature pourrait-elle être assimilée ? ou encore : Exemple : pour chacun des deux tableaux, la femme est-elle Madeleine, Rosanette ou Melle Dufour ? En arts-plastiques : en recherchant d’autres œuvres sur les mêmes thèmes. Le jazz et la java; 33 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES LES BELLES INCONNUES … Kees Van Dongen (1877-1968) Les Fêtards Vers 1904-1905 Soirée d’hommes appartenant à la bourgeoisie (habillement caractéristique) se rendant au théâtre ou peut être dans un lieu plus confidentiel (ses sujets de prédilection étaient souvent le milieu des prostituées et des courtisanes…), la scène se situe à l’extérieur : la rue est sombre et rend les visages des hommes blafards, voire inquiétants. Cela peut laisser au spectateur une sensation de malaise. On est juste avant le fauvisme; on peut parler de pré-fauvisme ici. Les couleurs sombres sont rehaussées par Le rose des vêtements féminins ainsi que la lumière des lampadaires. André Derain, Hyde park1 Ici c’est un des tableaux les plus importants d’André Derain et symbole avec Big Ben du fauvisme ! On peut faire ressortir quelques caractéristiques de ce que fut ce fauvisme et de la façon dont ces peintres ont voulu totalement bouleverser encore la peinture ; ici l’Impression de la scène semble irréelle du fait des couleurs ; les plans s’étagent non pas en profondeur mais en hauteur, comme dans les dessins d’enfants, grâce aux aplats de couleurs ; la couleur ici permet de créer l’espace et non de rendre une luminosité. Albert Marquet , (1875-1947) La Seine vue du quai des Grands Augustins Albert Marquet a reproduit ici ce qu’il aime tant peindre : Paris. On reconnait les immeubles haussmanniens, l’île de la Cité et au fond on aperçoit Le Louvre Amoureux de la capitale et de son fleuve, Paris reste un thème de prédilection pour sa peinture. il y fait son apprentissage d'artiste dans l'effervescence de l'époque, entouré de ses amis peintres, Matisse. Entre 1905 et 1906, il crée une série de tableaux sur le thème du quai des Grands-Augustins, qu'il voit depuis la fenêtre de son atelier au numéro 25, acheté par ses parents en 1905. Il est situé sur la rive droite de la Seine entre le pont Saint Michel et le pont Neuf. Ses œuvres révèlent son goût et sa fascination pour les ambiances, les atmosphères qu’il cherche à reproduire. On a donc ici un de ses sujets favoris qu’il peint en toute saison et pendant toute l’année, par tous les temps, selon un angle plus ou moins rapproché mais toujours de la fenêtre avec une vue en plongeante sur la Seine et les quais qui la bordent. ☺ Différentes questions permettent d’analyser ce tableau : les couleurs, la composition, la perspective, le cadrage… Ce tableau a été peint en automne hiver (voir les couleurs, celle de l’eau pâle… ) Albert Marquet a une préférence pour les atmosphères pluvieuses ou nébuleuses sous le ciel gris, comme ici. La brume efface les détails pour ne rendre que les lignes des quais, le contour des monuments. Il est davantage soucieux de reproduire les reflets à la surface de l’eau et de peindre la sérénité 1 Voir les dossiers sur le fauvisme pour l’analyse, la description, les informations sur le peintre. 34 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Le peintre lorsqu’il a peint sa toile est à sa fenêtre en étage : habitude chez Marquet de peindre ainsi. Mais il ne peint pas tout à fait ce qu’il voit. Pour peindre ce paysage il aurait fallu qu’Albert Marquet soit sur une grue au dessus de la rue… Le peintre s’est installé en hauteur, représentant la rive gauche de Paris, vu de dessous, avec à l’horizon des bâtiments dont les formes sont floues et les couleurs plus claires. Albert Marquet construit donc son tableau moins sur des lignes que sur des rapports de valeurs. Les règles de la perspective sont faussées. On le constate car pour représenter les éléments de l’autre côté de la Seine, le peintre a du déplacer son regard, le relever vers la droite. De ce fait il utilise deux points de fuite sur des lignes d’horizon décalées. Pour la rive gauche, on peut analyser la perspective. La Seine devient une grande diagonale qui organise la composition. Marquet, un fauve ? Ce n'est donc pas la fulgurance de la couleur telle qu'on la rencontre dans l'œuvre de Matisse ou Derain qui fait de Marquet un peintre fauve mais cette simplification de la forme traitée par grands aplats de couleurs sourdes, en demi-teintes. ☺ Le personnage de la femme dans ces trois tableaux permet aux élèves de laisser aller leur imagination… - Chez Derain et Marquet la femme semble avoir une silhouette élancée qui correspond notamment l'abandon du corset. Les lignes étirées des deux silhouettes semblent montrer que ces femmes ont une plus grande liberté de mouvements, que leur corps est désormais libéré. On peut aborder ici le début de l’émancipation de la femme, les mouvements de suffragettes… Elles ne semblent pas respecter les codifications des vêtements de la bourgeoisie : couleurs (le rouge chez Albert Marquet par exemple de la robe ou du manteau laisse soupçonner que les passants se retournent sur son passage ?). - Chez Van Dongen : Est-ce une courtisane qui accompagne ? Il aime peindre le Paris de la Nuit, le monde des prostituées1 et des courtisanes. Tout au long du XIXe siècle, Paris est au cœur d’une véritable explosion des spectacles : théâtre, opéra, danse, music all ou cabarets connaissent une période de prospérité. Actrices, danseuses, divas, courtisanes…nombreuses sont celles qui montent sur scène et rêvent d'accéder au rang de vedettes. ☺Prolongement : On peut faire le lien entre Albert MArquet et Raoul Dufy. Tous deux ont des préoccupations communes : la simplicité, l’épuration du sujet, le goût des couleurs éclatantes. Cette tache rouge peut faire penser à la réflexion menée par Raoul Dufy qui a voulu dissocier dessin et couleurs, expliquant que ce serait en regardant une petite fille courir sur un quai qu’il comprend que l'esprit enregistre plus vite la couleur que le contour. Dufy expliquait aussi que le réalisme et de la perspective ne l’intéressent pas : " Il faut se rappeler qu'un trait décrit davantage un mouvement qu'une forme. Une silhouette est un mouvement, non une forme » 1 Voir annexe : article sur la prostitution à Paris fin XIXe siècle 35 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES ANNEXE S Les mouvements artistiques La révolution de l’art moderne Jusqu'au 19e siècle, l’art était au service des puissants pour illustrer les événements marquants de la vie politique ou religieuse (vie des saints, couronnements, scènes mythologiques,...). A partir du milieu du XIXème siècle, des artistes cherchent à s’affranchir des règles de la peinture classique et provoquent la révolution de l’Art moderne. Cette révolution picturale provoque souvent le rejet de leur contemporain. Toute la révolution picturale a commencé avec le Réalisme : autour de Courbet, Daumier, Millet, ils veulent, sans embellir la réalité, témoigner de leur temps, de la vie quotidienne du peuple et des paysans, du monde qui les entoure. Leurs tableaux choquent car ils sont considérés comme vulgaires, mal peints et peu intéressants. L’IMPRESSIONNISME Vers 1860, certains peintres, comme les réalistes, cherchent non seulement à représenter la réalité environnante mais aussi à la montrer à un moment précis, à saisir l’instant, la lumière. Ils exécutent leurs tableaux de façon rapide parfois proche de l’esquisse. Ils essayent de fixer les jeux des couleurs changeant avec la lumière. Des innovations techniques importantes les amènent à ces recherches. La photographie, vers 1839, les inspire beaucoup. Elle permet de rendre la réalité dans ses moindres détails. Les tubes de peinture en métal et le chevalet ainsi que le développement du chemin de fer permettent aux artistes de sortir de leur atelier et de se déplacer vers d’autres horizons rapidement. La peinture est souvent employée pure, directement à partir du tube, sans faire de mélange, pour conserver la force des couleurs LES NABIS Cela signifie « prophètes ». Né en 1888, c’est un mouvement qui dure seulement environ 10 ans mais qui marque profondément la peinture. Les peintres cherchent avant tout à suggérer le rêve, l’intimité, les sensations. On distingue, au sein des Nabis, deux orientations distinctes. L’une, profondément sacrée, est emmenée par Denis et sa volonté de renouveler l’art religieux. Elle doit beaucoup à la simplification primitive des formes annoncée par Paul Gauguin. L’autre, profane, plus influencée par Edgar Degas à travers le choix de sujets issus de la vie moderne (portraits d’élégantes, scènes d’intérieurs bourgeois, femmes au bain, etc.…) joue très fréquemment de la juxtaposition de motifs décoratifs (papiers peints, tissus imprimés) et de cadrages atypiques. LE FAUVISME Au salon d'Automne de 1905 sont regroupés dans la même salle les peintures aux couleurs violentes où domine le Lion ayant faim du Douanier Rousseau. qui souhaitent poursuivre la révolution artistique commencée avec Gustave Courbet et le réalisme. Ils sont nommés par les critiques, qui n’aiment pas leurs œuvres, les Fauves. Le fauvisme ne peut être considéré comme une école picturale. L’objectif recherché par ces peintres est de s’affranchir encore plus que leurs ainés des règles picturales des siècles précédents. Tout en restant souvent attachés aux thèmes des courants précédents (ainsi témoigner de leur temps, de la vie quotidienne, du monde qui les entoure...), ils veulent libérer la couleur mais aussi le dessin, les formes ; ainsi de façon très schématique on peut dire que les peintres ont recours à des Couleurs pures, tracent des formes simplifiées, renonçant aux règles de la perspectives et les ombres tendent à disparaitre. L’influence de Paul Cézanne a été déterminante : Pour celui-ci il fallait changer les modes de représentation de façon à ce que le « penser » devance le « voir ». Il ne s’agit donc plus d’imiter, de reproduire mais de créer l’objet. Cela annonce les grandes ruptures de la peinture au XXe siècle et notamment le CUBISME car au même moment, vers1907, partant également des expériences de Paul Cézanne, BRAQUE et PICASSO remettent en cause le fondement même de la représentation visuelle : c’est le cubisme. LE CUBISME Cette peinture est marquée par la recherche systématique de la simplification des volumes, par la géométrisation des formes, la décomposition et recomposition en facettes géométriques du "sujet. En effet, la peinture cubiste montre ce que l’on sait des choses et non ce que l’on voit d’un point de vue donné. On adapte la figuration à l’espace et au plan du tableau. Ils pensent que montrer une seule vue des choses ne suffit pas. C’est pourquoi, sur un même tableau, ils se mettent à mélanger les points de vue. L'EXPRESSIONNISME Les artistes cherchent à déformer la réalité pour inspirer une réaction émotionnelle. C'est une des tendances majeures de l'art dans le premier quart du XXe siècle, qui toucha essentiellement les pays d'Europe du Nord, et autant les arts plastiques que la musique, la littérature, le cinéma et le théâtre. Le sentiment de la souffrance et de l'angoisse dominent les œuvres. Dans les arts plastiques les artistes expriment ces sentiments par des déformations et des stylisations afin de dégager l’'intensité expressive. A la fin du XIXe siècle, l'expressionnisme est déjà annoncé par Vincent Van Gogh. 36 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES « Proportions et construction d’un visage» 37 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Complément : La prostitution Au XIXe siècle, la prostitution connait un essor sans précédent. Réglementée sous Louis-Philippe, elle s'intensifie sous la Troisième République, s'étendant de la maison close au trottoir. La prostituée est perçue comme l’antithèse des valeurs bourgeoises triomphantes. La prostituée est immature et proche de l’enfant. Elle se trouve dans un état primitif de non développement, ce qui autorise la mise en tutelle. Elle est un symbole d’oisiveté, car adonnée au plaisir, type de l’hédoniste au sein du corps social. Elle est paresseuse. La prostituée est aussi imprévoyante. Elle ne sait pas économiser, elle aime le jeu. Elle ne construit rien. Elle est aussi soumise aux excès sexuels. Les courtisanes, ces « femmes de mœurs déréglés, qui mettent à prix leurs faveurs » comme disent les dictionnaires du temps (Dictionnaire des dictionnaires, 1889), sont surnommées « cocottes », « grandes horizontales », ou « demi-mondaines ». Certaines parviennent à la notoriété, à l’ombre de leurs protecteurs. Elles deviennent les reines de la nuit parisienne et font carrière de danseuses. Le quadrille naturaliste, appelé aussi cancan, fait tourbillonner les jupes à frou et tourner la tête aux hommes. En association avec Valentin le désossé, la Môme Fromage, Nini Patte en l’air, Muguet la limonière, Rayon d’or, et autres Trompe-la-mort, la glu, ou Demi-siphon, mènent le « chahut ». Les peintres (Jules Chéret, et surtout Toulouse-Lautrec, Au moulin de la galette, 1889, Bal au moulin rouge, 1890) croquent à l’envi ces scènes audacieuses1. - 1 http://www.histoireimage.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=1187#sthash.eIq6wgyV.dpuf 38 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Exemples d’œuvres littéraires plastiques étudiées… Le Rouge et le Noir et musicales à mettre en regard des œuvres Madame de Rênal Stendhal Roman Mathilde de La Mole L’Education sentimentale Mme Arnoux Stendhal Roman Bel-Ami Madeleine Forestier Guy de Maupassant Roman Boule de Suif Élisabeth Rousset Guy de Maupassant Roman Une vie Jeanne Guy de Maupassant Roman Nana Nana Emile Zola Roman Emma Bovary Emma Bovary Gustave Flaubert Roman Les Misérables Cosette, Victor Hugo Roman Prospère Mérimée Bizet Roman Musique Les Fleurs du Mal Baudelaire Poésie La morte amoureuse Théophile Gauthier Roman Fantine Carmen Carmen La Dame aux camélias Marguerite Gautier Alexandre Dumas fils Roman La Traviata . Marguerite Gautier Giuseppe Verdi opéra Musique 39 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES EXTRAITS : Mme de Rênal était une de ces femmes de province, que l'on peut très bien prendre pour des sottes pendant les quinze premiers jours qu'on les voit. Elle n'avait aucune expérience de la vie, et ne se souciait pas de parler. Douée d'une âme delicate et dedaigneuse, cet instinct de bonheur naturel à tous les êtres faisait que, la plupart du temps, elle ne donnait aucune attention aux actions des personnages grossiers, au milieu desquels le hasard l'avait jetée. On l'eût remarquée pour le naturel et la vivacité d'esprit, si elle eût reçu la moindre éducation. Mais en sa qualité d'héritière, elle avait été élevée chez des religieuses adoratrices passionnées du Sacré-Coeur de Jésus, et animées d'une haine violente pour les Français ennemis des jésuites. Mme de Rênal s'était trouvée assez de sens pour oublier bientôt, comme absurde, tout ce qu'elle avait appris au couvent; mais elle ne mit rien à la place, et finit par ne rien savoir. Les flatteries précoces dont elle avait été l'objet, en sa qualité d'héritière d'une grande fortune, et un penchant décidé à la dévotion passionnée, lui avaient donné une manière de vivre tout intérieure. Avec l'apparence de la condescendance la plus parfaite, et d'une abnégation de volonté, que les maris de Verrières citaient en exemple à leurs femmes, et qui faisait l'orgueil de M. de Rênal, la conduite habituelle de son âme était en effet le résultat de l'humeur la plus altière. Telle princesse, citée à cause de son orgueil, prête infini ment plus d'attention à ce que ses gentilshommes font autour d'elle, que cette femme si douce, si modeste en apparence, n'en donnait à tout ce que disait ou faisait son mari. Jusqu'à l'arrivée de Julien, elle n'avait réellement eu d'attention que pour ses enfants. Leurs petites maladies, leurs douleurs, leurs petites joies, occupaient toute la sensibilité de cette âme, qui, de la vie, n'avait adoré que Dieu, quand elle était au Sacré-Coeur de Besançon. Sans qu'elle daignât le dire à personne, un accès de fièvre d'un de ses fils la mettait presque dans le même état que si l'enfant eût été mort. Un éclat de rire grossier, un haussement d'épaules, accompagné de quelque maxime triviale sur la folie des femmes, avaient constamment accueilli les confidences de ce genre de chagrins, que le besoin d'épanchement l'avait portée à faire à son mari, dans les premières années de leur mariage. Ces sortes de plaisanteries, quand surtout elles portaient sur les maladies de ses enfants, retournaient le poignard dans le coeur de Mme de Rênal. Voilà ce qu'elle trouva au milieu des flatteries empressées et mielleuses du couvent jésuitique où elle avait passé sa jeunesse. Son éducation fut faite par la douleur. Trop fière pour parler de ce genre de chagrins, même à son amie Mme Derville, elle se figura que tous les hommes étaient comme son mari, M. Valenod et le sous-préfet Charcot de Maugiron. La grossièreté, et la plus brutale insensibilité à tout ce qui n'était pas intérêt d' argent, de préséance ou de croix; la haine aveugle pour tout raisonnement qui les contrariait, lui parurent des choses naturelles à ce sexe, comme porter des bottes et un chapeau de feutre. Après de longues années, Mme de Rênal n'était pas encore accoutumée à ces gens à argent au milieu desquels il fallait vivre. Stendhal Le Rouge et le Noir ,Chapitre VII 40 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Fantine depuis la veille avait vieilli de dix ans. – Jésus! fit Marguerite, qu'est-ce que vous avez, Fantine? – Je n'ai rien, répondit Fantine. Au contraire. Mon enfant ne mourra pas de cette affreuse maladie, faute de secours. Je suis contente. En parlant ainsi, elle montrait à la vieille fille deux napoléons qui brillaient sur la table. – Ah, Jésus Dieu! dit Marguerite. Mais c'est une fortune! Où avez-vous eu ces louis d'or? – Je les ai eus, répondit Fantine. En même temps elle sourit. La chandelle éclairait son visage. C'était un sourire sanglant. Une salive rougeâtre lui souillait le coin des lèvres, et elle avait un trou noir dans la bouche. Les deux dents étaient arrachées. Elle envoya les quarante francs à Montfermeil. Du reste c'était une ruse des Thénardier pour avoir de l'argent. Cosette n'était pas malade. Fantine jeta son miroir par la fenêtre. Depuis longtemps elle avait quitté sa cellule du second pour une mansarde fermée d'un loquet sous le toit; un de ces galetas dont le plafond fait angle avec le plancher et vous heurte à chaque instant la tête. Le pauvre ne peut aller au fond de sa chambre comme au fond de sa destinée qu'en se courbant de plus en plus. Elle n'avait plus de lit, il lui restait une loque qu'elle appelait sa couverture, un matelas à terre et une chaise dépaillée. Un petit rosier qu'elle avait s'était désséché dans un coin, oublié. Dans l'autre coin, il y avait un pot à beurre à mettre l'eau, qui gelait l'hiver, et où les différents niveaux de l'eau restaient longtemps marqués par des cercles de glace. Elle avait perdu la honte, elle perdit la coquetterie. Dernier signe. Elle sortait avec des bonnets sales. Soit faute de temps, soit indifférence, elle ne raccommodait plus son linge. À mesure que les talons s'usaient, elle tirait ses bas dans ses souliers. Cela se voyait à de certains plis perpendiculaires. Elle rapiéçait son corset, vieux et usé, avec des morceaux de calicot qui se déchiraient au moindre mouvement. Les gens auxquels elle devait, lui faisaient «des scènes», et ne lui laissaient aucun repos. Elle les trouvait dans la rue, elle les retrouvait dans son escalier. Elle passait des nuits à pleurer et à songer. Elle avait les yeux très brillants, et elle sentait une douleur fixe dans l'épaule, vers le haut de l'omoplate gauche. Elle toussait beaucoup. Elle haïssait profondément le père Madeleine, et ne se plaignait pas. Elle cousait dix-sept heures par jour; mais un entrepreneur du travail des prisons, qui faisait travailler les prisonnières au rabais, fit tout à coup baisser les prix, ce qui réduisit la journée des ouvrières libres à neuf sous. Dix-sept heures de travail, et neuf sous par jour! Ses créanciers étaient plus impitoyables que jamais. Le fripier, qui avait repris presque tous les meubles, lui disait sans cesse: Quand me payeras-tu, coquine? Que voulait-on d'elle, bon Dieu! Elle se sentait traquée et il se développait en elle quelque chose de la bête farouche. Vers le même temps, le Thénardier lui écrivit que décidément il avait attendu avec beaucoup trop de bonté, et qu'il lui fallait cent francs, tout de suite; sinon qu'il mettrait à la porte la petite Cosette, toute convalescente de sa grande maladie, par le froid, par les chemins, et qu'elle deviendrait ce qu'elle pourrait, et qu'elle crèverait, si elle voulait. «Cent francs, songea Fantine! Mais où y at-il un état à gagner cent sous par jour?» – Allons! dit-elle, vendons le reste. L'infortunée se fit fille publique. Victor Hugo, Les Misérables (1862), Livre IV, Chapitre 10 41 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Emile Zola, L’Assommoir (1877), chapitre V Mme Walter répondait gracieusement, avec calme et indifférence, sans hésiter jamais sur ce qu'elle devait dire, son opinion étant toujours prête d'avance. Mais elle s'aperçut que la nuit venait et elle sonna pour les lampes, tout en écoutant la causerie qui coulait comme un ruisseau de guimauve, et en pensant qu'elle avait oublié de passer chez le graveur pour les cartes d'invitation du prochain dîner. Elle était un peu trop grasse, belle encore, à l'âge dangereux où la débâcle est proche. Elle se maintenait à force de soins, de précautions, d'hygiène et de pâtes pour la peau. Elle semblait sage en tout, modérée et raisonnable, une de ces femmes dont l'esprit est aligné comme un jardin français. On y circule sans surprise, tout en y trouvant un certain charme. Elle avait de la raison, une raison fine, discrète et sûre qui lui tenait lieu de fantaisie, de la bonté, du dévouement, et une bienveillance tranquille, large pour tout le monde et pour tout. Guy de Maupassant (1884), Bel Ami 42 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES EXEMPLES POESIES Bien loin d’ici La beauté C’est ici la case sacrée Où cette fille très parée, Tranquille et toujours préparée, Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre, Et mon sein, où chacun s’est meurtri tour à tour, Est fait pour inspirer au poète un amour Eternel et muet ainsi que la matière. D’une main éventant ses seins, Et son coude dans les coussins, Ecoute pleurer les bassins ; C’est la chambre de Dorothée. - La brise et l’eau chantent au loin Leur chanson de sanglots heurtée Pour bercer cette enfant gâtée. Je trône dans l’azur comme un sphinx incompris ; J’unis un coeur de neige à la blancheur des cygnes ; Je hais le mouvement qui déplace les lignes, Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris. Les poètes, devant mes grandes attitudes, Que j’ai l’air d’emprunter aux plus fiers monuments, Consumeront leurs jours en d’austères études ; Du haut en bas, avec grand soin, Sa peau délicate est frottée D’huile odorante et de benjoin. - Des fleurs se pâment dans un coin. Car j’ai pour fasciner ces dociles amants, De purs miroirs qui font toutes choses plus belles : Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles ! Charles Baudelaire, Les fleurs du mal Charles Baudelaire, les Fleurs du mal Les ingénus Les hauts talons luttaient avec les longues jupes, En sorte que, selon le terrain et le vent, Parfois luisaient des bas de jambes, trop souvent Interceptés ! - et nous aimions ce jeu de dupes. Parfois aussi le dard d’un insecte jaloux Inquiétait le col des belles sous les branches, Et c’étaient des éclairs soudains de nuques blanches, Et ce régal comblait nos jeunes yeux de fous. Le soir tombait, un soir équivoque d’automne : Les belles, se pendant rêveuses à nos bras, Dirent alors des mots si spécieux, tout bas, Que notre âme depuis ce temps tremble et s’étonne. Paul Verlaine, Fêtes galantes 43 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Sara la baigneuse de Victor Hugo, Les orientales Sara, belle d’indolence, Se balance Dans un hamac, au-dessus Du bassin d’une fontaine Toute pleine D’eau puisée à l’Ilyssus ; On voit tout ce que dérobe Voile ou robe ; Dans ses yeux d’azur en feu, Son regard que rien ne voile Est l’étoile Qui brille au fond d’un ciel bleu. ” Puis, je pourrais, sans qu’on presse ” Ma paresse, ” Laissez avec mes habits ” Traîner sur les larges dalles ” Mes sandales ” De drap brodé de rubis. “ Et la frêle escarpolette Se reflète Dans le transparent miroir, Avec la baigneuse blanche Qui se penche, Qui se penche pour se voir. L’eau sur son corps qu’elle essuie Roule en pluie, Comme sur un peuplier ; Comme si, gouttes à gouttes, Tombaient toutes Les perles de son collier. Ainsi se parle en princesse, Et sans cesse Se balance avec amour, La jeune fille rieuse, Oublieuse Des promptes ailes du jour. Chaque fois que la nacelle, Qui chancelle, Passe à fleur d’eau dans son vol, On voit sur l’eau qui s’agite Sortir vite Son beau pied et son beau col. Mais Sara la nonchalante Est bien lente A finir ses doux ébats ; Toujours elle se balance En silence, Et va murmurant tout bas : L’eau, du pied de la baigneuse Peu soigneuse, Rejaillit sur le gazon, Sur sa chemise plissée, Balancée Aux branches d’un vert buisson. Elle bat d’un pied timide L’onde humide Où tremble un mouvant tableau, Fait rougir son pied d’albâtre, Et, folâtre, Rit de la fraîcheur de l’eau. ” Oh ! si j’étais capitane, ” Ou sultane, ” Je prendrais des bains ambrés, ” Dans un bain de marbre jaune, ” Prés d’un trône, ” Entre deux griffons dorés ! Et cependant des campagnes Ses compagnes Prennent toutes le chemin. Voici leur troupe frivole Qui s’envole En se tenant par la main. Reste ici caché : demeure ! Dans une heure, D’un oeil ardent tu verras Sortir du bain l’ingénue, Toute nue, Croisant ses mains sur ses bras. ” J’aurais le hamac de soie ” Qui se ploie ” Sous le corps prêt à pâmer ; ” J’aurais la molle ottomane ” Dont émane ” Un parfum qui fait aimer. Chacune, en chantant comme elle, Passe, et mêle Ce reproche à sa chanson : - Oh ! la paresseuse fille Qui s’habille Si tard un jour de moisson ! Car c’est un astre qui brille Qu’une fille Qui sort d’un bain au flot clair, Cherche s’il ne vient personne, Et frissonne, Toute mouillée au grand air. ” Je pourrais folâtrer nue, ” Sous la nue, ” Dans le ruisseau du jardin, ” Sans craindre de voir dans l’ombre ” Du bois sombre ” Deux yeux s’allumer soudain. Elle est là, sous la feuillée, Eveillée Au moindre bruit de malheur ; Et rouge, pour une mouche Qui la touche, Comme une grenade en fleur. ” Il faudrait risquer sa tète ” Inquiète, ” Et tout braver pour me voir, ” Le sabre nu de l’heiduque, ” Et l’eunuque ” Aux dents blanches, au front noir ! 44 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Exemple CHANSON La Matchiche Un Espagnol sévère D'une Ombrienne Au Moulin d'la Galette Fit la conquête Il dit à sa compagne Comme en Espagne Je m'en vais vous montrer Un pas à la mode qui va vous charmer Amoureusement Laissez-vous conduire gentiment Refrain : C'est la danse nouvelle Mademoiselle Prenez un air canaille Cambrez la taille Ça s'appelle la Matchiche Prenez vos miches Ainsi qu'une Espagnole Joyeuse et folle ! Refrain : C'est la danse nouvelle Mademoiselle Prenez un air canaille Cambrez la taille Ça s'appelle la Mattchiche ça vous aguiche Ainsi qu'une Espagnole Joyeuse et folle ! Depuis lors les p'tites femmes Chaque soir se pâment Pour cette danse excitante Très entraînante J'vous souhaite Messieurs Mesdames Du fond de l'âme De pouvoir la danser Cinq ou six fois d'suite sans vous arrêter C'est le bon moment Quand on est vieux ce n'est plus temps Il amena la fillette Dans sa chambrette Avant de faire dodo Cet hidalgo Lui dit belle mignonne Faut qu'je vous donne Une deuxième leçon Enlaçons-nous et recommençons N'pressez pas l'mouvement Afin qu'ça dure plus longtemps C'est la danse nouvelle Refrain : C'est la danse nouvelle Mesdemoiselles Il faut cambrer la taille Petite taille Ça s'appelle la Matchiche Prenez vos miches Ainsi qu'une Espagnole Des Batignolles ! Raymond Queneau évoque la Matchiche dans une reprise de la fable de La Fontaine, La fourmi et la cigale (site : http://www.poetica.fr/poeme-847/raymond-queneau-la-fourmi-et-la-cigale/) Une fourmi fait l’ascension d’une herbe flexible elle ne se rend pas compte de la difficulté de son entreprise elle s’obstine la pauvrette dans son dessein délirant pour elle c’est un Everest pour elle c’est un Mont Blanc ce qui devait arriver arrive elle choit patatratement une cigale la reçoit dans ses bras bien gentiment eh dit-elle point n’est la saison des sports alpinistes (vous ne vous êtes pas fait mal j’espère ?) et maintenant dansons dansons une bourrée ou la matchiche. 45 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Bibliographie/sitographie Le site Canopé propose un recensement fait par le CDDP de Versailles (www.cddp91.ac-versailles.fr › Ressources pour enseigner › Arts & culture) de toutes les œuvres d’art sur La femme : http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=11&cad=rja&uact=8&ved=0CFYQ6QUoADAK&url=http%3A% 2F%2Fwww.cddp91.ac-versailles.fr%2Fspip.php%3Frubrique134&ei=xfurU8q3E8a0POrgcgD&usg=AFQjCNEPDWwwV1GkwS9O3SjFR2GgPHQQgQ Le site l’histoire par l’image propose des analyses d’œuvres sur des thématiques très variées : http://www.histoire-image.org/site/rech/thematique.php Notamment sur la femme : http://www.histoire-image.org/site/lettre_info/hors-serie-femmes.php Sur la mère : Voir le site l’histoire par l’image qui propose plusieurs œuvres consacrées à l’amour maternel : http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=42 Sur les portraits de femmes : Analyse : La Femme dans la peinture au XIXe siècle. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_2002_num_57_2_7353 Sur la photographie: La mise en relation des photographies de la même période permet de voir comment la femme est alors représentée. Ainsi se développe un art de la posture et de la mise en scène où la femme joue souvent un rôle ou s’affirme dans son rang social, sa puissance ou sa renommée. BIBLIOGRAPHIE / SITOGRAPHIE Repères chronologiques pour la photo sur site du ministère de la culture et de la communication : http://www.histoiredesarts.culture.fr/reperes/photo Pour la période étudiée on peut consulter les sites consacrés à des photographes - N. Niepce (1765 - 1833), - Nadar, (1820-1910)...) Des commentaires et des dossiers sur les sites des musées : Au musée d’Orsay : http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/oeuvrescommentees/photographie.html Un dossier du service éducatif du musée Fabre : http://museefabre.montpellieragglo.com/pdf.php/?filePath=var/storage/original/application/d702a578efa41aa880784d4a802250 45.pdf La Maison Nicéphore Niépce :http://www.photo-museum.org/pages/page-inv.html LA REPRÉSENTATION DE L’ENFANT AU xixe SIÈCLE DANS LES PHOTOGRAPHIE D’EUGÈNE ATGET au MUSEE CARNAVALET : dossier http://www.carnavalet.paris.fr/sites/default/files/editeur/fiche-atget-enfant-word-97.pdf 46 MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES Des portraits photographiques : http://blog.bnf.fr/gallica/index.php/2012/01/26/portraits-photographiques-du-xixe-siecle-les-ecrivainsmis-en-scene/ http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84323847 Voir aussi une réflexion sur la photographie au XIXe siècle http://critiquedart.revues.org/2633 http://www.cndp.fr/crdp-toulouse/spip.php?page=dossier&article=18044&num_dossier=2496 Ouvrages : Gisèle Freund. La Photographie en France au XIXe siècle ; Gisèle Freund : l’œil frontière Petite histoire de la photographie de Walter Benjamin Analyses : Sur la bourgeoisie et la photographie : La bourgeoisie en portrait . Albums familiaux de photographies des années 1860-1914, http://rh19.revues.org/1382?lang=en Sur la musique : Sophie-Anne Leterrier : Musique populaire et musique savante au XIXe siècle. Du "peuple" au "public" voir sur http://rh19.revues.org/157 Sur l’opéra, le site Canopé, le réseau de création et d’accompagnement pédagogiques permet différentes approches http://www.cndp.fr/opera-en-actes/presentation/ Notamment sur la Traviata : http://www.cndp.fr/opera-en-actes/les-operas/la-traviata/loeuvrelyrique/presentation/ sur Jacques Offenbach : http://web.actoulouse.fr/automne_modules_files/pDocs/public/r19831_61_opera_bouffe__offenbach.pdf La belle Hélène à l’opéra de Reims, voir le livret pédagogique: http://www.operadereims.com/IMG/pdf/la_belle_h_carnet_d_opera.pdf Nadar photographie Offenbac, Jacques Offenbach par NADAR (Gaspard Félix TOURNACHON, dit) © Photo RMN-Grand Palais - H. Lewandowski : http://www.histoireimage.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=732&d=11&c=musique 47