La femme et ses représentations par quelques artistes du Musée d

Transcription

La femme et ses représentations par quelques artistes du Musée d
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
La femme
et ses représentations par quelques artistes
du Musée d’art moderne de Troyes
(Milieu XIXe siècle – Début XXe siècle)
SOMMAIRE
Introduction
p. 2
Liste des œuvres du dossier
p. 3
Intégration dans l’histoire des arts
p. 4
Intégration dans les programmes
p. 6
Préparation de la visite
p. 9
Parcours 1 : femmes, modèles ou allégories ?
p. 11
Parcours 2 : La femme selon les valeurs de la bourgeoisie
triomphante : l’épouse
p. 17
Parcours 3 : La femme selon les valeurs de la bourgeoisie
triomphante : la mère
p. 23
Parcours 4 : portraits de femmes
p. 27
Parcours 5 : Femmes du peuple, courtisanes, ouvrières
p. 30
Annexes :
Fiche : les mouvements picturaux présentés
p. 36
Fiche : « proportions et construction d’un visage »
p. 37
Article sur la prostitution
p. 38
Exemples d’œuvres littéraires et musicales à mettre en regard
des œuvres plastiques étudiées
p. 39
Extraits de romans
p. 40
Stendhal Le Rouge et le Noir ,Chapitre VII
Victor Hugo, Les Misérables (1862), Livre IV, Chapitre 10
p. 41
Emile Zola, L’Assommoir (1877), chapitre V
p. 42
Guy de Maupassant (1884), Bel Ami
EXEMPLES POESIES
p. 43
La Matchiche (chanson)
p. 45
Bibliographie et sitographie
p. 46
1
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Objectif du dossier
Ce parcours propose d’aborder les bouleversements artistiques de la fin du XIX et du début XXe
siècle à travers les représentations de la femme et sa place parmi une vingtaine d’œuvres du Musée d’Art
moderne de Troyes. Le dossier permet une approche des différents courants qui bouleversent l’art depuis
le milieu du XIXe siècle avec le Réalisme jusqu’au Fauvisme et post-Fauvisme au tournant du siècle.
La représentation de la femme est envisagée ici sous deux angles qui sont déclinés à travers différentes
pistes pédagogiques :
La femme, muse, modèle, objet d’expérimentation plastique à travers deux genres, le nu et le portrait.
Cette approche permet d’aborder à la fois la peinture et la sculpture et d’analyser les préoccupations des
artistes.
La femme, au cœur des bouleversements et des mutations sociales de l’ère industrielle, à travers la
peinture.
Cette thématique permet de replacer la femme dans son contexte historique et de se demander en quoi les
artistes, par leurs recherches plastiques, sont-ils des témoins de leur temps.
Les bouleversements artistiques
Les artistes sont des témoins des transformations de ce siècle mais leur quête est avant tout celle de la
remise en cause des codes traditionnels de l’art ; c’est pourquoi ils ne peuvent être considérés comme
de fidèles ou proches témoins de la réalité. L’artiste crée une œuvre d’art, qui s’inscrit dans une recherche
personnelle ou collective qui dépasse la seule représentation du sujet choisi Ces bouleversements ne se
transforment pas systématiquement en sujets ou en source d’inspiration pour les artistes, ils en sont
parfois les simples prétextes, Cependant ces mutations modifient leur regard et leur style.
Le contexte :
La représentation des femmes dans les arts plastiques n’est pas nouvelle et elle dépend beaucoup
de l'esthétique et de la mode de l'époque. La femme peut être idéalisée, incarnant la beauté, la sagesse, la
mère, la muse, l’idéal de pureté, la compagne de l’homme, la maternité, l’amour absolu, la courtisane, la
femme fatale. Au delà des représentations allégoriques et des portraits de souveraines que l’on retrouve à
travers l’histoire, on peut dire que, globalement jusqu’a la Renaissance, la femme est essentiellement
inscrite dans la peinture et la sculpture à un contexte sacré (la Vierge, les Saintes). Dés le XIVe et XVe siècle,
l’image de la femme pour l’artiste commence à se libérer de ce carcan religieux. AU XVI et XVIIe siècles elles
apparaissent de plus en plus dans les scènes de genre, des portraits intimes et des œuvres de commandes,
attestant dans la peinture flamande de la réussite bourgeoise. Au XVIIIe siècle, la représentation de la
femme évolue dans l’art pictural lorsque les peintres cherchent davantage à traduire des la personnalité,
l’intime, la psychologie de leur sujet.
Au XIXe siècle on assiste à l’essor des portraits visant à décorer les intérieurs de la bourgeoisie
triomphante de l’âge industriel : épouses, filles, mères sont ainsi représentées pour attester de la réussite
sociale. Cependant l’essor de la photographie remplace de plus en plus cette fonction. Pour autant, la
représentation de la femme comme allégorie est particulièrement présente dans toute l’iconographie de la
IIIième République. En fait il y a de multiples raisons et objectifs pour les peintres et sculpteurs de
représenter la femme et cela n’obéit pas toujours à une fonction précise : recherche d’expériences
plastiques, représentations sociales, portraits psychologiques, idéologiques. Souvent l’artiste par la façon
dont il a pensé son modèle donne plus à apprendre sur lui que sur le modèle choisi. Qu’en est-il au musée
d’art moderne de Troyes du milieu XIXe au début XXe siècle?
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MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Liste des œuvres du musée dans le dossier1
Les œuvres proposées se situent toutes dans les collections du rez-de-chaussée. Ce dossier peut être
prolongé par d’autres œuvres situées au premier étage.
Artistes
Auguste Chabaud.
Honoré Daumier
Edgar Degas
André Derain
Paul Gauguin
Aristide Maillol
Maurice Marinot
Albert Marquet
Jean Puy
Louis Valtat
Félix Vallotton
Kees Van Dongen
Edouard Vuillard
Œuvres utilisées
Repos dans le jardin (v.1925)
Yvette (entre 1906-1907)
Au bord de l’eau (entre 1846-1864)
Femme surprise
Femme se coiffant
Hyde Park (1906-1907)
Jeune créole (1891)
Nu féminin debout (1900)
Nu féminin debout tenant une draperie (1900)
Brodeuse à la fenêtre, (1907)
Intérieur, (1906)
Fushia sur une table de jardin (1906)
Femme dans son jardin (1907)
Femme et son enfant (1907)
Femme et son enfant dans un jardin (1907)
Réunion de femme et d’enfants (1909)
Marcelle (1912)
La Seine vue du quai des Grands Augustins
(vers 1906)
Nu féminin
Femme et enfant s au bord de mer (1916)
Femme cousant dans un intérieur v.1895
Claudine Voirol (1911)
Les Fêtards (vers 1903)
Le moulin de la Galette (1904)
Intérieur (1921-1925)
Usines (1917)
Courant artistique
auquel il est
possible de les
rattacher
cliquer pour
aller sur la
page
Post-fauvisme
Fauvisme
N° 3
N° 4
Réalisme
N°5
N° 1
Fauvisme
N° 5
N° 4
N° 1
FauvismePost-fauvismePrécubisme
Parcours
Post-fauvisme
N° 2
N° 2
N° 2
N° 2
N° 2
N° 3
N° 3
N° 3
N° 4
N° 2
Post-fauvisme
Post-fauvisme
Nabis
Post-fauvisme
Fauvisme
Fauvisme
N° 1
N° 3
N° 2
N° 4
N° 5
N° 5
Nabis
N° 2
N° 5
/
Autres œuvres pour prolonger la visite sur les courants
MODIGLIANI
Beaudin
Dufy
Bernard Buffet
Art africain
Jeanne Hebuterne
Sylvie
Nu
L’atelier
Femme triste
3 statuettes
Roger de la Fresnaye
1
Jeanne d’Arc
Nu debout de face
La bergère
Lucrèce
La roumaine
Toutes ces œuvres sont normalement au rez-de-chaussée. Nous vous encourageons à regarder le plan proposé sur le
site PREAC en cliquant sur ce lien : http://www.cndp.fr/crdpreims/fileadmin/documents/preac/patrimoine_mam_troyes/PHOTOS_MUSEE/ACCROCHAGE_RDC_1erETAGE.pdf
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MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
HISTOIRE DES ARTS
Ce dossier peut permettre de structurer un projet commun autour de plusieurs matières. Dans ce cadre, la
découverte des œuvres permet de contribuer à forger une culture artistique et ainsi participer au parcours
d’éducation artistique que doit avoir tout élève. L’intérêt est de permettre la convergence et la confrontation des
regards que chaque discipline porte sur les œuvres tout en permettant aux élèves de comprendre l’intérêt qu’offre
la contribution des différentes disciplines à la lecture de celle-ci.
Chacune des thématiques indiquées ci-dessous correspond à des propositions d’activités dans les fiches parcours.
De ce fait cela permet l’intégration de plusieurs disciplines.
Le principal domaine artistique est celui des « arts du visuel » mais d’autres domaines peuvent être concernés de
par les prolongements proposés.
Collège
Thématique :
« Arts, créations, cultures »
Domaines artistiques concernés :
« arts du visuel »
« arts du langage »
« arts du son »
« arts du spectacle vivant »
L’ensemble des pistes pédagogiques proposent de mettre en relation les
œuvres plastiques avec :
de nombreuses œuvres littéraires (voir liste de propositions en
annexe)
des œuvres musicales de la même époque ou postérieures (voir
liste de propositions en annexe)
- quelques œuvres cinématographiques (voir liste de propositions en
annexe).
- des photographies dont les artistes qui ont abordé cette
thématique de la femme
Les œuvres sont ici également le reflet de la société de cette ère industrielle
et du triomphe de la bourgeoisie.
Thématique :
« Arts, ruptures, continuités »
Domaines artistiques concernés :
« arts du visuel »
On peut analyser en quoi l’art moderne constitue-t-il une véritable rupture
aussi importante pour les arts que celle que fut la Renaissance. Pour chaque
œuvre du musée étudiée il est proposé des analyses plastiques visant à
faire prendre conscience aux élèves de ces bouleversements mais aussi de
leur impact.
Thématique :
« Arts, espace, temps »
Domaines artistiques concernés :
« arts du visuel »
A travers plusieurs œuvres il est possible d’aborder les notions d’influences,
de la place du corps, de voyages, notamment avec l’art africain, mis en
relation avec les sculptures des artistes du XIXe et XXe siècle. Les statuettes
africaines proposées à l’étude permettent également de faire un lien avec
la thématique « Arts, mythes et sacré ».
Lycée
Thématique :
« Arts, réalités, imaginaires »
Domaines artistiques concernés :
« arts du visuel »
Thématique :
« Arts, sociétés, cultures »
Domaines artistiques concernés :
« arts du visuel »
Thématique :
« Arts, corps, expressions »
Domaines artistiques concernés :
« arts du visuel »
CHAMP ANTHROPOLOGIQUE
Tout le dossier proposé invite à réfléchir aux liens que les artistes, à travers
leur représentation de femmes, entretiennent avec le réel et l’imaginaire, le
vrai du faux.
Plusieurs de ces femmes représentées par les artistes renvoient à une
identité culturelle mais aussi à une classe sociale, à un groupe qui a ses
propres caractéristiques que l’artiste a plus ou moins volontairement mis en
valeur. Le regard des autres aussi peut être analysé.
Les différentes formes prises par la représentation de la femme chez ces
artistes invite à une réflexion sur les objectifs poursuivis, volonté de faire
passer ou non des émotions, des expressions, des caractères à travers les
des postures, des corps figés ou en mouvement, disciplinés ou non…
4
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Thématique :
Arts mémoires, témoignages,
engagements »
Domaines artistiques concernés :
« arts du visuel »
« arts du langage »
« arts du son »
« arts du spectacle vivant »
Thématique :
« Arts et idéologie »
Domaines artistiques concernés :
« arts du visuel »
« arts du langage »
« arts du son »
« arts du spectacle vivant »
CHAMP HISTORIQUE ET SOCIAL
Les œuvres sont le reflet de la société de cette ère industrielle et du
triomphe de la bourgeoisie. Ici les artistes présents au musée sont des
témoins de leur temps, de leur époque dont les bouleversements touchent
tous les aspects de la société.
En prolongement la mise en regard avec d’autres œuvres artistiques,
littérature, photographie, œuvres musicales de la même époque permet
d’intégrer d’autres domaines artistiques.
les artistes des œuvres étudiées, les musiciens, les écrivains sont des acteurs
fondamentaux des bouleversements artistiques. A ce titre, plusieurs sont
représentatifs de la contestation culturelle, du contre-pouvoir (Daumier,
Degas) ou sont critiques face aux valeurs et discours dominants, tels que
l’Académisme, les valeurs bourgeoises (Vallotton, Vuillard, Daumier, Van
Dongen…)
CHAMP ESTHETIQUE
Thématique :
« Arts, théories et pratiques »
Domaines artistiques concernés :
« arts du visuel »
Thématique :
« Arts, artistes, critiques, publics
»
Domaines artistiques concernés :
« arts du visuel »
« arts de l'espace »
Thématique :
« Arts, gouts esthétiques »
Domaines artistiques concernés :
« arts du visuel »
Tout le dossier invite là aussi à se questionner sur l’art, les conventions, les
controverses mais aussi les tendances et les modes.
L’étude du contexte de production et surtout de la réception de quelques
œuvres comme celles de Degas, Daumier, les Fauves permet d’aborder cette
thématique à travers tout le dossier. On pourra ainsi mettre en relation le
rôle du public, des mécènes dont on fait mention pour plusieurs peintres
(par exemple Vuillard ou encore Marinot et Derain avec Pierre Levy).
La place des artistes mais aussi le problème des critiques d’art est
également une piste qui peut être développée.
L’étude du lieu d’exposition des œuvres est une autre piste puisque le
musée d’art moderne de Troyes occupe un espace patrimonial d’une grande
richesse qui peut faire l’objet d’une étude plus approfondie.
Cette thématique est particulièrement bien adaptée à la lecture du dossier
comme à tout l’art moderne puisque tous les concepts académiques sont
remis en cause. Ainsi l’art et ses codes de la Renaissance sont totalement
réinterprétés par les Modernes.
Les élèves pourront voir que cette période pose aussi le problème de la
classification des œuvres, des artistes (difficultés de placer les artistes dans
un courant, dans des codifications figées du fait de leur grande variété, de
leur volonté de liberté, de l’évolution de leur pratique…).
On pourra ainsi faire réfléchir les élèves sur le concept de beau face à la
représentation des femmes (chez Degas)
5
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Intégration dans les programmes de collège et lycées
On peut retenir plus particulièrement les matières et les niveaux suivants mais la liste n’est pas exhaustive:
Arts plastiques
Collège, Lycée, LP : Tous les niveaux sont concernés dans la mesure où l’ensemble des programmes du
collège, des options au lycée et au LP invite à développer la connaissance des œuvres, la construction
d’attitudes artistiques, l’exercice d’une réflexion critique ainsi que l’exercice de la pratique artistique. Ainsi
par cette thématique, les élèves sont mis en contact avec les œuvres variées de peinture et sculpture,
abordées dans leur dimension matérielle et dans leurs significations historiques et sociales.
☺Plusieurs types d’activités peuvent se décliner selon les niveaux et les objectifs des enseignants une fois
l’analyse des œuvres faites au musée. L’image de la femme peut être l’occasion de travailler les
compétences artistiques à développer.
Exemples :
 Faire fabriquer des portraits ou des illustrations à partir des œuvres observées au musée ou en
lien avec les romans lus en français.
 Faire filmer les œuvres étudiées par les élèves avec leur portable1 afin d’en faire un petit
film/montage (travail à relier avec la technologie)
Faire faire aux élèves leur propre vision de la femme des œuvres étudiées en Français ou en
Education musicale
En 4ième IMAGES, ŒUVRE ET REALITE permet de réaliser des images dans leur rapport au réel
d’explorer les intentions visées dans la production des images…
En 3ième la thématique L’ESPACE, L’ŒUVRE ET LE SPECTATEUR permet d’envisager des
détournements d’l’œuvres des réinterprétations d’’œuvres par le biais du numérique
☺
Les élèves peuvent rechercher des œuvres représentant des figures féminines sur des supports
différents et variées.
☺Tout un travail sur la photographie et la peinture peut être mis en œuvre : en annexe sont proposés
des ouvrages et des sites, ainsi que ponctuellement dans le dossier.
☺
Il peut enfin y avoir une recherche concernant les artistes femmes et leurs propres interprétations de
ce sujet à la même période.
Français
☺ Les enseignants peuvent ainsi partir d’un corpus de textes sélectionnés permettant de mettre en
évidence les relations existant entre la représentation des personnages et des milieux romanesques
et celle qu'en donnent la peinture, la sculpture ; ainsi peuvent être sélectionnés des portraits de
femmes dans les œuvres littéraires du XIXe mais aussi XXe siècle pour les associer aux œuvres observées
(voir la liste de proposition d’œuvres en annexe et voir les exemples proposés dans les parcours)
Les niveaux suivants semblent particulièrement bien adaptés
 Au collège le niveau 4ième semble être le plus adapté puisqu’il invite :

à des lectures de romans centrés sur le XIX° siècle

à une étude de la poésie centrée sur le lyrisme.
 Au lycée, les programmes permettent là aussi de mettre en regard Arts plastiques et littérature
1
Cf
6
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
En classe de seconde :

Le roman et la nouvelle au XIXème siècle : réalisme et naturalisme

La poésie du XIXème au XXème siècle : du romantisme au surréalisme
En classe de première :

Le personnage de roman, du XVIIème siècle à nos jours

Le texte théâtral et sa représentation, du XVIIème siècle à nos jours

Écriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à nos jours
 Au LP : la thématique peut s’intégrer
 En classe de seconde à l’objet d’étude « Parcours de personnages »
 En classe de première à l’objet d’étude « Du côté de l’imaginaire »

En classe de terminale à l’objet d’étude « Au XXe siècle, l’homme et son rapport au monde à
travers la littérature et les autres arts »
☺ Les enseignants peuvent aussi proposer des écritures d’invention quelque soit le niveau à partir des
œuvres et de leur spécificité.
Éducation musicale
La confrontation d’œuvres musicales aux peintures et sculptures peut permettre d’aborder aussi bien des
musiques populaires que savantes. Ainsi ce travail peut se faire avant tout en classe mais aussi pendant la
visite afin d’’établir des relations entre les œuvres observées et les œuvres écoutées ainsi que leur
contexte :
☺On peut imaginer que les élèves cherchent quelle musique correspondrait le plus à une œuvre qu’ils
auraient sélectionnée.
☺L’enseignant peut étudier une musique, chanson, opéra, opérettes
(voir liste proposée à la fin) qui soit
en regard d’une ou plusieurs œuvres plastiques, romanesques étudiées au musée, en cours…
☺ On peut aussi faire chanter un air d’esprit populaire (ici la Matchiche) ou travailler un extrait
simple
d’une opérette sur le thème de la femme.
Il peut aussi y avoir un travail sur les compositeurs qui ont aussi constituer par leurs œuvres à une rupture
dans la musique, comme Claude Debussy 1.
Histoire
Au collège 4ième :
 le Thème transversal au programme d’histoire : Les arts, témoins de l’histoire des XVIIIe et XIXe
siècles invite les enseignants à développer les capacités suivantes chez leurs élèves :
- identifier la nature de l’oeuvre
- situer l’oeuvre dans le temps et dans son contexte et en expliquer l’intérêt historique
- décrire l’œuvre et en expliquer le sens
- distinguer les dimensions artistiques et historiques de l’oeuvre d’art
 La question III consacré au XIXe SIÈCLE et plus particulièrement dans le temps consacré au Thème
1 - L’ÂGE INDUSTRIEL
1ière LEGT : le dossier s’intègre
1
Site : http://www.debussy.fr/
7
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES

Dans le thème 1 - Croissance économique, mondialisation et mutations des sociétés depuis le
milieu du XIXème siècle

Dans le thème 5 - Les Français et la République dans l’étude de la question : La place des femmes
dans vie politique et sociale de la France au XXe siècle, notamment lorsque l’on présente la place
de la femme fin XIX-début XXe.
1ière Bac Pro le dossier s’intègre dans l’étude du thème de l’année consacré à État et société en France
de 1830 à nos jours Les mutations de l’Europe au XIXe siècle

le sujet d’étude n°2 convient particulièrement bien : Les femmes dans la société française de la
Belle Époque à nos jours.
Mais le thème peut être également abordé à travers Être ouvrier en France (1830-1975)
☺La matière permet de contextualiser la visite et la place des
œuvres dans l’évolution artistique. Cela
peut également amener les élèves à faire des recherches au CDI.
Mais d’autres matières peuvent aussi s’impliquer et trouver leur place :
Education
civique,
juridique et
sociale
Lycée 2de
Thème 1 – Droit et vie en société
Ce thème peut permettre d’étudier l’évolution des transformations de la
famille : les œuvres présentes plusieurs scènes familiales qui permettent
de montrer le modèle traditionnel.
On peut aussi étudier à travers la thématique l’évolution du droit des
enfants ou des droits liés à la maternité
SVT
4ième
Physique
3ième
2de
4ième
SVT : Transmission de la vie chez l’Homme qui demande d’aborder le
corps.
Diversité et unité des êtres humains
Corps humain et santé.
la thématique sur La lumière : couleurs, images, vitesse permet
d’appréhender les lumières colorées et la couleur des objets. Les tableaux
permettent une étude concrète.
- montrer que la perception d’une couleur varie en fonction de celle qui
lui est juxtaposée
- évoquer, simplement, la différence entre le mélange physique des
couleurs et leur mélange optique
Mathématiques
Tous
les Perspectives / calculs / géométrie/ échelles…
niveaux*
8
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Pistes pédagogiques
Préparation de la visite :

-

-
Modalités pour une visite au musée :
Attention : les œuvres changent fréquemment de place ! Renseignez-vous auprès du professeur
relais du musée1 ou lors de votre réservation
Toute visite nécessite une réservation préalable2
Cette visite permet de faire travailler les élèves en autonomie. Dans ce cas la visite est gratuite.
Elle n’exclut pas que les enseignants fassent appel à une conférencière soit pour introduire, soit
pour aider l’enseignant et les élèves pendant le parcours, soit lors d’une autre visite pour corriger
et compléter le dossier. L’encadrement par une animatrice-conférencière est de 52euros par
groupe.
Il faut prévoir une visite de 1h30 maximum.
Les œuvres proposées sont presque toutes situées au RDC. Un plan vous est proposé sur le site
PREAC REIMS3
Pour préparer la visite :
Des questionnaires sont proposés à titre d’exemples ou de pistes. Pour adapter, préparer, changer
ou tout simplement réaliser un parcours, contactez le professeur- relais de l’Education Nationale4.
Il est souhaitable de constituer plusieurs groupes de façon à ce que les élèves ne soient pas tous en
même temps devant les mêmes tableaux.
µSelon le travail en cours il peut être utile de faire une présentation des différents courants
artistiques évoqués à l’occasion de cette visite, des notions de vocabulaire nécessaires pour
exprimer les connaissances, décrire et analyser une œuvre d’art
Pistes de travail en classe avant ou après la visite:
☺ Réaliser des exposés
à l’oral
faire présenter une œuvre au choix pendant la visite ou au retour
faire procéder à une petite visite par des élèves transformés en guides expliquant quelques
œuvres
☺Travailler en équipe : pendant la visite (organisation en petits groupes, compte rendu pour
chaque groupe oral ou écrit)
☺Constituer de petits livrets ou dossiers comprenant à la fois l’état de leurs recherches
personnelles, du compte rendu de leur visite, du travail réalisé dans les différentes matières
autour de cette thématique, des œuvres étudiées dans les différentes matières, donnant lieu ainsi
- au collège à un travail en HDA pour le DNB ou pour entrainement
- au lycée dans le cadre de l’HDA et en initiation au TPE, aux compétences à développer
dans les études post-bac


☺ Rédiger : faire le bilan de la visite au musée sous la forme d’un compte-rendu avec des
consignes fixées.
1
[email protected]
La réservation auprès de Béatrice Canivet : [email protected] ou au 03 25 76 26 80
3
http://www.cndp.fr/crdp-reims/index.php?id=793
4
[email protected]
9
2
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
☺
Avec BCDI et Internet dans le cadre de la formation aux outils d’information et de
communication pour tous les élèves et des compétences du BII:
- Des recherches sur les artistes étudiés au musée, sur les différents courants artistiques,
établissement de fiches de synthèses…
- Recherche d’œuvres similaires, de photographies1…
Pistes de travail au musée, aide aux questionnements
Les enseignants peuvent constituer un questionnaire autour des propositions faites plus loin et des
éléments ci-dessous pour
Le sujet représenté
- du portrait d’un personnage Le portrait d’une personne réelle demande à l’artiste d’être observateur
fictif ou réel ?
et même psychologue pour pénétrer la personnalité du modèle.
- du portrait d’un membre de
sa famille, d’un proche, d’un Le portrait d’une personne fictive lui demande une imagination très
ami ?
précise et complète ; et bien souvent les portraits fictifs prennent appui
- du portrait d’un personnage sur l’observation de modèles réels.
nommé par sa fonction, son
titre, son métier ?
- d’un portrait de groupe ?
- de personnes liées par des circonstances professionnelles, politiques,
sociales ?
- de personnes liées par des liens familiaux, intimes, amicaux ?
- d’un autoportrait ?
L'artiste se représente lui-même. Il présente l'avantage qu'on a toujours
sous la main son modèle et qu'on ne dépend pas ainsi des autres ; il a
l'inconvénient qu'à se voir dans un miroir on a de soi une image inversée;
il a la difficulté psychique qu'on y est trop directement intéressé pour se
voir facilement de manière impartiale.
On peut distinguer (comme au cinéma) :
l’insert
qui isole un détail du visage
le gros plan
qui détache le visage
le plan rapproché
qui comprend la tête et les épaules = portrait en buste
le plan demi-rapproché
jusqu’au bas ventre
le plan américain
qui coupe le personnage à mi-cuisse
le plan italien
jusqu’aux genoux
le plan moyen
montre le personnage de la tête aux pieds = portrait en pied
le plan d’ensemble
qui situe le personnage dans un décor
le plan général
La description :
Le visage : sa forme (rond, ovale,
joufflu, potelé…), la bouche, le
menton, les pommettes, les joues,
les tempes…
(panoramique ou aérien) correspond à un vaste espace
Le nez : sa taille (court, long, épais,
fin…), sa forme
Les cheveux : leur longueur, leur nature
(fins, soyeux, épais, frisés, raides, …)
Les yeux : leur forme (en
amande, ronds…), leur
couleur, les sourcils
Les expressions faciales: peur, terreur…, Le corps : à définir aussi
mécontentement, envie, joie, …
les expressions des mains
tristesse…, orgueil, douleur, effort…
ou du corps
L’artiste a-t-il choisi d’accompagner de vêtements, d’accessoires, de signes identifiables, d’un décor
particulier, pourquoi ?
le ou les personnages…
1
Voir suggestions en annexe
10
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
PARCOURS 1 : FEMMES, MODELES OU ALLEGORIES ?
Le Nu n’est pas une caractéristique du XIXe siècle ; la Renaissance a largement
exploré ce thème et l’art officiel , néoclassique et académique, du XIXe autorisent le
dévoilement public des chairs féminines, dans des circonstances très codifiées. mais
les conventions sociales interdisent de montrer certaines situations comme. Mais les
Modernes revisitent justement cette nudité, n’hésitant pas à montrer le dénudement
dans l’intimité, qu’il s’agisse de la toilette ou de l’alcôve le mettre en valeur face à
une bourgeoisie aux valeurs morales strictes 1.
OBJECTIF : Cette fiche propose d’aborder le thème du Nu à partir de la sculpture et de la peinture. ,
ŒUVRES ETUDIEES :
-
Edgar Degas : Femme surprise (Bronze, Ed.Hébrard n°42) et
Ed.Hébrard, n°50)
Femme se coiffant (Bronze,
-
Aristide Maillol : Femme debout tenant une draperie (bronze singé à la base A. Maillol, épreuve
Vollard) et Femme debout (bronze singé à la base A. Maillol, épreuve Vollard)
Ces sculptures sont mises en regard avec :
-
Trois statuettes africaines
-
une peinture, ici celle de Jean Puy.
Selon les accrochages et les objectifs des enseignants, cette peinture peut être remplacée par d’autres
présentes au musée abordant le même thème et invitant à une comparaison comme par exemple :
 Bernard Buffet, l’Atelier, 1956 ;
 André Derain qui a peint de nombreux nus (Nu féminin, Le modèle posant) ;
 Roger de la Fresnaye, Nu debout de face (vers 1910-1911) ;
 Maurice Marinot, Etude d’atelier, 1904 ;
 Felix Vallotton, Africaine, 1910.
PROLONGEMENT
D’autres artistes ont exploré cet aspect : on peut faire référence à plusieurs peintres de la même période
visibles au musée d’Orsay par exemple, comme La toilette (vers 1908) de Pierre Bonnard qui est
commentée sur le site du musée 2
3
LA PHOTOGRAPHIE offre également d’intéressants parallèles sur le Nu .
ŒUVRES LITTERAIRES POSSIBLES: Charles Baudelaire, Les fleurs du mal 4
1
Voir La nudité au XIXe siècle, quelques pistes de réflexion pour l’histoire des pratiques et des sensibilités d’Anne
Carol http://rives.revues.org/2303#text
2
http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/oeuvres-commentees/peinture/commentaire_id/la-toilette38.html?tx_commentaire_pi1[pidLi]=509&tx_commentaire_pi1[from]=841&cHash=da9b7ae99c
L'Art du nu au XIXe siecle. Le photographe et son modele (cat. exp.), textes de S.Aubenas, P.Comar, S. de DeckerHeftler, D. de Font-Réaulx, B.Foucart, L.Mannoni, C.Mathon, H.Pinet, M.Poivert, E.Schwartz, Paris, Hazan-Bibliothèque
nationale de France, 1997
3
4
Voir ANNEXES fin du dossier, extraits
11
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Edgar Degas (1834-1917)
Ce peintre est avant tout connu comme peintre impressionniste1; mais il a
été aussi sculpteur surtout à partir des années 1880 lorsque sa vue baissa.
Du vivant de l'artiste, l'ensemble était demeuré à peu près inconnu du
public, à l'exception de sa Petite danseuse de 14 ans2
(Musée d’Orsay) que Degas montra à l'exposition
impressionniste de 1881 et qui reçu un accueil très
mauvais. Après la mort de Degas, le 27 septembre 1917,
sont découvertes dans son atelier 150 sculptures en cire
ou en terre ; soixante treize cires originales donnent
lieu à 23 séries de bronzes originaux réalisés par le
fondeur Hébrard.
Femme surprise
Femme se coiffant
De nombreux peintres ont abordé la sculpture comme un complément, en préparation ou prolongement
de leur œuvre peint. Paul Gauguin, s’est ainsi inspiré des arts primitifs, de la sculpture populaire sur bois et
de l’étude de la polychromie. Cette activité de sculpteur permettait à l’artiste d’observer mais aussi de
reproduire le mouvement puis de le transcrire sur ses toiles mais elle a aussi aidé Degas à compenser ses
problèmes croissants de vue. il a cherché à donner, à travers cette pratique la troisième dimension que ne
permet pas la peinture, la sensation la plus exacte possible de la vie et du mouvement.
Il utilise la sculpture pour étudier les postures et les équilibres qu'il représente également au fusain, à
l'huile ou au pastel.
Edgar Degas confie en 1897 : « C’est pour ma seule satisfaction que j’ai modelé en cire bêtes et gens, non
pour me délasser de la peinture ou du dessin, mais plutôt pour donner à mes peintures et à mes dessins
plus d’expression, plus d’ardeur et plus de vie. Ce sont des exercices pour me mettre en train, du document
sans plus. » « Ce qu’il me faut, à moi, c’est exprimer la nature dans tout son caractère, le mouvement dans
son exacte vérité, accentuer l’os et le muscle, et la fermeté compacte des chairs [...] On ne verra jamais ces
essais, nul ne s'avisera d'en parler […] D'ici ma mort tout cela se sera détruit de soi-même et cela vaudra
mieux pour ma réputation".3
☺Questionnement
Matériau
Thème abordé
Modelage
et prolongements possibles
Bronze ; ici c’est une série fondue à partir des originaux
Les femmes à la toilette représentent ¼ des sujets sculptés par Degas
Non lisse, voulu par l’artiste ; renforce ainsi la scène (impression d’eau)
Faussement non fini tout comme le visage qui est flou
Modelé avec rajouts, volonté de mettre de la matière, d’insister sur
certaines parties du corps (fesses, omoplates, partie du dos) = veut un effet
brut en opposition avec la scène qui inspire délicatesse, soins.
1
Voir définition
2
Voir informations sur le site L’Histoire par l’image : http://www.histoire-
image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=1028
3
Thiebault-Sisson, 1897
12
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Aspect du socle
Non lisse, on a l’impression qu’il y a encore de l’eau
Il peut être considéré comme un véritable hors champs : sol de la scène, de la
salle d’eau….
Aspects des formes
féminines représentées
Formes très épanouies toutes les deux
Objectif recherché par
l’artiste
Peindre : il recherchait à toucher le naturel afin de le représenter ensuite.
Mais aussi se faire également plaisir mais il a reçu un tel mauvais accueil lors
de la présentation de sa Petite danseuse qu’il a renoncé à montrer ses
sculptures.
impressions/ sensations
provoquées par ces
sculptures
L’artiste parvient à donner une spontanéité des gestes intimes mais également
à traduire un certain érotisme / mais le visage dans les deux cas est flou
volontairement : ce n’est pas une femme, mais la femme en générale.
l'exactitude de l'anatomie et la traduction de la personnalité du modèle sont
délaissés au profit de l’étude de la morphologie et de la transcription des
gestes.
Veut également que le spectateur soit à sa place :
Femme se coiffant : elle ne s’occupe pas des autres, elle essore ses cheveux
très longs (symbole de la féminité surtout au 19e) ; mais ici ils ont l’air si lourd
qu’ils semblent faire pencher le corps de cette femme (axe de la statue bascule
vers la gauche comme si les cheveux allaient l’entrainer) . Elle pourrait presque
continuer ce qu’elle est en train de faire elle ne s’occupe pas des autres, elle
s’occupe d’elle ; on l’observe mais ne le sait pas (et s’en fiche)
Femme surprise : le titre indique que l’on est voyeur ; la posture est celle d’un
mouvement arrêté. Le liquide de l’eau est partout et notamment sur le socle
qui constitue un hors champs (sort-elle de son tube ??). Il y a de la part de la
femme une sorte de pudeur = donc moment un peu volé à cette femme =
défense.
Intérêt historique de
l’œuvre (le peintre
témoin de son temps)
Au cours du XIXe siècle, les pratiques d’hygiène augmentent en fréquence, en
régularité et en diversité. Les femmes sont les premières à renouveler leur
approche de la « toilette », à laquelle s’associent désormais d’autres « soins de
beauté.
Nb Dans les arts plastiques, on n’emploie pas le terme de portrait pour la sculpture mais on dit tête, buste
ou statue ; portrait se dit pour une œuvre en deux dimensions, peinture ou dessin.
☺On peut faire comparer / rechercher les tableaux de l’artiste qui correspondent à ces sculptures, qui
présentent des femmes à la toilette
-
Après le bain, femme nue s'essuyant la nuque,
-
Femme nue se coiffant
☺Arts-plastiques : reproduire en deux dimensions ces deux œuvres, respecter le rapport d’échelle
☺En histoire, l’enseignant peut faire faire des recherches sur le développement de l’hygiénisme
(s’intègre aussi dans le cours de seconde thème introductif de l’année)
13
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Aristide Maillol (1861-1944)
D’abord peintre, il se consacre aussi à la tapisserie et
la céramique. Il rencontre Gauguin, fréquente le
groupe des Nabis mais ne commence à sculpter
qu’en 1895.
Ayant eu la révélation des peintures et des bois
sculptés de Gauguin, Aristide Maillol, qui ne
commença à pratiquer la sculpture que vers 1895,
voyait dans la taille directe, la base du métier de
sculpteur. Ces deux sculptures ont été exécutées en
bois avant d’être tirées en bronze par les soins
d’Ambroise Vollard.
Femme debout tenant une
draperie
Femme debout
« Les figures les plus anciennes en date, que Maillol taille dans un bois veineux, se dressent les
jambes jointes ou à peine séparées. On a beaucoup parlé de la candeur de ces figures frontales.
Elles sont bloquées. Elles ne sont pas rigides ; leur naïveté plus apparente que vraie, a une saveur
bizarre ; leurs plans convexes émanent les uns des autres. (…)Les muscles sont enveloppés. Les seins
sont placés haut. Le ventre est ferme, les chevilles sont lourdes. La tête impossible est un chapiteau
couronnant une colonne. La matière, cette chose ductile, s’anime. »1.
Le thème principal des sculptures d’Aristide Maillol est la figure et le corps humain mais en se dégageant
de toute influence de Rodin et de son art tourmenté. Ses œuvres, de style classique, se démarquent
clairement des pratiques alors en vogue.
Son inspiration est largement influencée par les civilisations antiques évoquant la statuaire grecque
archaïque sans pour autant vouloir l’imiter comme les artistes néo-classiques. Il n’est pas le seul sculpteur
à se détourner du naturalisme et du symbolisme. Il affirme son goût pour le lisse qui annonce le « retour à
l’ordre » pour les formes pleines, élaborées à partir de l’étude du nu féminin et simplifiées jusqu’à l’épure,
toutes ses sculptures sont marquées par la plénitude heureuse des volumes, des formes rondes et
généreuses la sensualité des corps les membres sont bien pleins, la peau très lisse, pas de muscles
saillants ; les visages sont dépourvus d'expression, il n’y a pas d'émotion.
Maillol suivait de très près la traduction en bronze. Pour les premières éditions, commanditées par le
marchand Ambroise Vollard, il souhaite participer aux opérations successives. En 1905, il va même jusqu'à
se former aux techniques de moulage, de coulée, de ciselure et de patine.
☺Questionnement
et prolongements possibles
☺On peut amener ainsi les élèves à comparer ces sculptures à celles d’Edgar Degas:
Les ressemblances avec les sculptures d’Edgar Degas : le matériau (bronze), le thème (la femme, le nu), les
formes féminines (rondeur des cors, formes épanouies).
En revanche les différences sont multiples : Chez Aristide Maillol, la femme pose mais il ne s’agit pas d’
une situation particulière ; le modelage est lisse ; il y a une esthétisation des formes, du corps. La figure
1
W. George, Maillol, p.47
14
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
s’appuie sur un drapé. Le socle est rond rien d’anguleux. Socle pour soutenir et non comme partie
intégrante de la sculpture. On peut faire noter une disproportion du cou, des mains.
☺Prolongement : histoire des arts
☺ On peut faire rechercher et comparer les sculptures étudiées avec celles d’Auguste Rodin mais aussi
celle de Camille Claudel. Cela peut être l’occasion d’une visite au musée Camille Claudel à Nogent.
☺Mise en regard avec des sculptures de la collection d’art africain du musée
On peut faire comparer ces deux sculptures à celles réalisées par les artistes africains ou envisager une
autre visite autour de ce thème (VOIR DOSSIER ART AFRICAIN) :
Pour les visiteurs d'un musée, les objets et sculptures africaines sont des œuvres d'art et la source
d'inspiration des artistes du début du vingtième siècle. Mais ce serait assez réducteur de ne les considérer
que sous cet angle. Ce sont avant tout des œuvres personnelles et rituelles propres à chaque communauté
africaine. L’art africain est mal connu ; c’est un art rituel fortement imprégné de valeurs symboliques et
rarement purement décoratifs. Tout objet africain relève de la religion animiste et des croyances de l’artiste
qui l’a réalisé ainsi que de la tribu à laquelle il appartient. Le sculpteur ne reproduit pas la nature : son but
est de l’interpréter.
Au musée d’Art moderne de Troyes, l’ensemble des sculptures africaines font partie intégrante de
l’ensemble de la collection Lévy constituée lors de grandes ventes publiques à partir de 1947. Ces objets sont
le reflet des choix d’un collectionneur épris de certains objets plus par goût que par la volonté de présenter
un ensemble complet.
Effigie d'ancêtre Bambara (Mali) qui était
honorée de façon à protéger les mortels.
L’ancêtre intervient comme intermédiaire
privilégié entre les vivants et les dieux et
sous différentes formes comme les
masques (voir les masques de Guli et
Mossi). La puissance des âmes des défunts
se renforcent par l’entretien de la
mémoire.
Statuette dite Blolo bla
représentant
l’épouse
dans l’au-delà car les êtres
ont un corps et un double
dans
l’autre
monde
« blolo ». Ethnie Anyi Côte
d’Ivoire
Poupée Ashanti Akua ba du
Ghana. Ces visages ronds des
bras schématisés, cou en tir
bouchon
et pas de pied
représentent pour les Ashantis
une convention exagérée de la
beauté féminine. Elles servent
à favoriser la fécondité.
L’effigie d’ancêtre :
On peut faire ressortir les déformations de chacune des statuettes et la signification. Ainsi l’effigie
d’ancêtre a un buste très long, une petite tête, des bras trop longs, de petites jambes et des mains très
rigide : l’artiste a voulu mettre en valeur certains aspects de la personnalité de l'ancêtre et la volonté la
puissance de la représentation. En effet, après la mort, pour toutes les religions africaines, les défunts
partent rejoindre le monde des esprits : ce n’est ni l’enfer, ni le paradis mais un espace parallèle à celui des
vivants. Les âmes y évoluent selon leur qualité, bonne ou mauvaise.
15
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Jean Puy (1876-1960)
Nu féminin (Peinture1)
Jean Puy : c’est un peintre a fréquenté Eugène Carrière, André Derain et Henri Matisse … Au cours de
ses premières années parisiennes il participe aux nouvelles expériences picturales, notamment celles des
Fauves. Mais progressivement il s’attache à produire des œuvres plus abouties et étudiées, où le décor
prend une plus large place. Il est soutenu par le collectionneur et acheteur Vollard. Il a peint de nombreux
nus dont celui-ci.
☺Questionnement
et prolongements possibles
☺ La préoccupation du peintre, l’étude du tableau et des couleurs utilisées :
« La couleur si engageante, captivante, ensorceleuse, enjôleuse, ravissante, Il semble qu'on ne pourra
jamais s'en rassasier..." écrit Jean Puy.
Même si ce tableau est en dehors du fauvisme2 auquel a appartenu l’artiste, on y trouve encore des
influences: une des préoccupations de ces artistes a été de un travail sur les couleurs, et leur utilisation,
notamment pour représenter la lumière, les ombres… A partir de 1902, ses plans colorés sont traités en
aplat dans des tonalités moins contrastées. C’est au contact de Matisse, qu’il peint des nus et des portraits
remarquables par la simplification et la montée des tons. Ici il utilise un dégradé de couleurs qui va du haut
(plus clair) vers le bas de plus en plus sombre (utilisation des couleurs du fauvisme pour jouer sur les
ombres qui sont colorées). Le recours au vert et au bleu reprend des couleurs de l’extérieur comme si elles
se reflétaient sur le corps de la femme.
REMARQUE : le peintre laisse apparaitre des petits morceaux de la toile = impression de non fini voulu alors
que le peintre a totalement représenté un corps fini et très travaillé.
☺On peut amener les élèves à faire également une analyse du tableau et une comparaison de celui-ci
avec les sculptures observées.
On peut ainsi les amener à percevoir les éléments suivants:
- Le spectateur observe la femme, on ne la surprend pas ;
- il n’y a pas de mouvement
- le modèle est tourné ; c’est avant tout un corps
- la forme est aussi disproportionnée : voir les épaules, bancales
- les formes sont épanouies
- le décor a une grande importance : Appartement parisien (voir les toits) verrière (rappel de l’atelier
du peintre… ?)/ Décor des années 30 : le vase par exemple…
☺Pour l’ensemble des nus observés, le regard des sciences (SVT) peut donner un autre éclairage. .
1
Pas de représentation du tableau car les droits ne sont pas disponibles.
2
Voir définition sur fiche annexe
16
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Parcours
2 : Le modèle de la femme bourgeoise :
femme au foyer, maîtresse de maison…
Au XIXe siècle, de nombreux peintres décrivent la société bourgeoise, les enjeux et les
conventions de leur vie quotidienne. Ils sont les témoins privilégiés de la condition des
femmes de cette classe sociale. Les valeurs de la bourgeoisie contribuent à faire triompher
l’individu, la famille et la vie privée. Elles délimitent fermement les rôles et les espaces
masculin et féminin : à l’homme la direction des affaires et la scène publique, à la femme
l’intendance du foyer et la sphère privée. La femme bourgeoise est constamment en
représentation, ce que montre le regard des peintres. Ceux-ci
décrivent ainsi les enjeux et
conventions de leur vie quotidienne, à travers leurs vêtements – reflets de la mode à cette
époque et surtout attributs du paraître –, leurs occupations et leur intérieur – révélateur de
leurs devoirs et qualités en tant que maîtresses de maison.
ŒUVRES PICTURALES ETUDIEES:
 Félix Vallotton, Femme cousant dans un intérieur v.1895
 Maurice Marinot : 3 peintures
o Fushia sur une table de jardin (1906)
o Intérieur, 1906
o Brodeuse à la fenêtre, 1907
 Edouard Vuillard, Intérieur (ou Le canapé, Madame Hessel à Vaucresson)
PROLONGEMENT
ŒUVRES LITTERAIRES POSSIBLES
Gustave Flaubert propose plusieurs portraits pouvant illustrer la femme dans ce rôle. Plusieurs extraits
peuvent permettre d’illustrer ou de compléter ce que les élèves observent.
 Madame Bovary
 L’Education sentimentale
ŒUVRES PHOTOGRAPHIQUES
On peut consulter différents sites dont ceux-ci :
Consacré à Nadar :
http://www.mediatheque-patrimoine.culture.gouv.fr/fr/archives_photo/fonds_photo/nadar.html
D’autres sites présentent des photographies :
- http://blog.bnf.fr/gallica/index.php/2012/01/26/portraits-photographiques-du-xixe-siecle-lesecrivains-mis-en-scene/
- http://www.art-memoires.com/4lmqtro/lm7072/70vlbourgeoisieetpeinture19e.htm
- http://www.art-memoires.com/4lmqtro/lm5860/58vieart19eintro.htm
AUTRES ŒUVRES PICTURALES
Mary Cassatt La toilette, , 1892
Mary Cassatt Mère et enfant sur fond vert (Musée d'Orsay,)
17
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Félix Vallotton (1865-1925), Femme cousant dans un intérieur v.1895
Félix Vallotton est né en Suisse ; il vient à l’âge de 17 ans à Paris pour assouvir sa vocation de peintre. Il
travaille la gravure sur bois et se rapproche du groupe des Nabis avec
lesquels il expose en 1893. Cependant, très vite, il développe un style à la
fois très personnel et résolument moderne. Sa peinture montre des
couleurs raffinées et un dessin précis découpant la forme.
Félix Vallotton est particulièrement marqué par ce goût de peindre
l'intimité des intérieurs bourgeois soulignant ainsi les non-dits, les
dessous de cette bourgeoisie bien pensante où il parvient à suggérer les
drames et crises, les secrets et les mensonges des femmes trompées ou
des maris cocus, les trahisons et la solitude de cette vie reposant sur le
paraître. L’artiste utilise à partir de 1899 beaucoup la photographie pour
peindre ; ici il ne l’a pas encore utilisé, mais pourtant il y a déjà le regard
de photographe.
☺Questionnement
et prolongements possibles
☺En histoire des arts, Arts plastiques, on peut établir un questionnaire autour des pistes suivantes :
Demander aux élèves de
justifier le titre du tableau et de
préciser à quels détails le
peintre s’est-il attaché.
Il semble retranscrire dans le détail et avec un grand réalisme la scène
qu’il peint.
Décors, vêtement, coiffure, tapisserie, motifs du rideau (ici influence
typique des Nabis). Sévères costumes noirs font ici plutôt penser aux
maîtres hollandais du Siècle d'or, portraitistes d'une bourgeoisie
prospère mais austère.
Analyser les couleurs
dominantes
Palette réduite à des tons de brun, dessin appuyé montrant l'admiration
de Vallotton pour des maîtres anciens comme Cranach.
Ici le portrait est marqué par son classicisme quelque peu austère :
Opposition de valeurs claires et sombres et couleurs chaudes des murs
et du mobilier.
18
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Maurice Marinot (1882-1960)
Maurice Marinot est un artiste troyen et très ami des collectionneurs Pierre et Denise Levy qui sont à
l’origine de la création de ce musée. Il entre dans l’atelier très académique de Montmartre dont il est très
vite exclu car trop non conformiste. Il se rapproche d’abord des Nabis puis des Fauves. Il envoya en 1907,
six toiles dont celle-ci qu’un critique perspicace remarqua.. Il n’emploie pas des couleurs aussi vives que
Matisse. Il peint souvent ses proches, sa sœur (Brodeuse à la fenêtre), sa fille Florence, sa compagne
Marcelle et les paysages troyens.
A partir de 1911, sans abandonner la peinture il consacre de plus en plus de temps à la verrerie.
Brodeuse à la fenêtre, 1907
Intérieur, 1906
« On croit lire des promesses dans les franches et claires esquisses de Marinot. Sa Brodeuse à la fenêtre se
recommande par la juste indication des plans.»1
☺Questionnement
et prolongements possibles
☺ On peut faire amener les élèves à comparer ces deux tableaux avec celui de Felix Vallotton.
Des éléments de ressemblance
Femme brodant, cousant chez elle
Insiste sur le décor très détaillé.
Période (voir habits, chignon…)
Installée près de la fenêtre : ouverture dur le monde
extérieur : donc le lieu + l’activité de la femme
Des éléments de différence
Couleurs ici très vives
Moins de détails ; ex= visages des deux femmes ; on
ne distingue pas les traits
cadrage
☺ Ces deux tableaux s’inscrivent dans le fauvisme mais on y voit aussi l’influence de Paul Cézanne dans
la simplification des formes ; les élèves, selon le niveau de connaissances et de préparation peuvent être
amenés à les distinguer:
- les caractéristiques du fauvisme .
Ainsi ils pourront évoquer : couleurs vives voire criardes, mais elles restent conformes à la réalité ;
simplification des formes mais soucis de respecter en général les objets ; recherche de la transcription de la
lumière et des ombres par les couleurs (violet)
1
E. Sarradin, Journal des Débats, 8 mars 1907
19
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
- Mais aussi l’influence de Cézanne et du pré-cubisme :
Dans le tableau Intérieur, faire par exemple observer la table au premier plan. Le peintre a changé de
projection : il regarde la table comme si elle était au dessus de lui ; on a donc un basculement de la table
vers le spectateur : ceci est caractéristique des débuts des recherches cubistes visant à montrer les objets
sous différents angles.
Dans le tableau la brodeuse, faire observer notamment les mains : simplification au maximum ; forme des
doigts presque géométriques…
☺ On peut les amener à étudier :
-
l’originalité du cadrage : hors champs
importants (voir encadrés) : Le peintre ne
nous enferme pas dans ses toiles, il utilise
le hors champ comme moyen de
suggestion d’une continuité. fragment de
la réalité
-
La place du spectateur : Il observe mais
est presque dans la pièce
On peut retrouver dans d’autres tableaux de ce peintre ce thème et faire relever:
Géométrisation des formes, rabattement de plan pour la table
on voyait celle-ci penchée vers nous (annonce les différents poin
adopté par les cubistes) alors que le vase est à plat
La femme au loin, dans le sombre, un tableau dans le tableau
qui donne un effet de profondeur mais qui est également une in
deviner qui est cette femme, … Ici on peut y voir un côté sombr
en opposition au premier plan inondé de soleil, de lumière et de
Fushia sur une table de jardin (1906)
☺En français : auquel des personnages des romans étudiés pourraient convenir les tableaux que vous
venez d’étudier ?
20
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Edouard Vuillard (1868-1940), Intérieur
(ou Le canapé, Madame Hessel à Vaucresson)
Edouard Vuillard est né en Saône-et-Loire en 1868, il est
élevé à Paris dans une famille modeste. En 1885, il
commence à suivre des cours de peinture avec son ami et
peintre Ker-Xavier Roussel et à fréquenter le Louvre où il
admire les classiques comme Vermeer, Watteau et Chardin,
ainsi que les artistes allemands du XVIIème. En juin 1887 il
est admis à l'Académie des Beaux-arts. Il développe son
goût pour les natures mortes réalistes et les scènes
d'intérieur. Il recherche à traduire des de gammes colorées
Intérieur (ou Le
subtiles et nuancées, jouant entre les clairs et les obscurs. C’est ainsi qu’en 1889, il
canapé, Madame
se joint à un petit groupe d'artistes de l'Académie Julian, avec Maurice Denis et
Hessel à Vaucresson) Pierre Bonnard qui bientôt forme le groupe dits des Nabis" (signifiant "prophètes
", en hébreu).
☺Questionnement
et prolongements possibles
☺ On peut amener les élèves à analyser les caractéristiques picturales de ce tableau en explorant
différents axes :
La composition :
Il ne s’agit pas d’une œuvre de commande. Le peintre semble avoir voulu saisir l’instant, il n’y a pas un
grand souci de précision. Ce tableau est plus lisible de loin ; Noter la simplification des formes cernées de
traits gris par des traits appuyés des contours flous. On peut ainsi analyser la composition et la particularité
du cadrage1 (faire travailler par exemple les élèves sur le hors-champ).
Les lumières artificielles dispersées éclairent deux groupes de personnages :
 A l’arrière plan des personnages semblent jouer aux cartes autour d'une table brune entourée de
plantes vert sombre.
 Au premier plan, madame Hessel est assise sur un vaste canapé et converse avec une autre femme à
droite (hors-champs), dont elle est séparée par un coussin rouge ; elle est en robe claire dans la
lumière que verse à flots le lampadaire à coupole jaune à gauche; sur sa tablette, un pot de
géranium dont le ton vif relie toutes les couleurs chaudes du tableau.
Les couleurs :
Couleurs chaudes comme du rose pour créer une atmosphère. Ainsi Edouard Vuillard, développe son propre
style aimant les tons neutres, les teintes sourdes dominées par les gris, les cernes appuyées. Il réalise des
panneaux décoratifs pour les intérieurs de maisons bourgeoises parisiennes, des affiches et des cartons de
décors de théâtre d’avant-garde, et des photographies de ses amis proches.
Les préoccupations picturales du peintre dans ce tableau que l’on qualifie de « nabis » :
Ces peintres sont inspirés par les travaux de Paul Gauguin. Ils veulent se libérer de toutes les conventions
académiques ainsi que de la reproduction fidèle de la nature ou de la scène observée. L'important est la
réalité propre du tableau, ainsi que l'imaginaire, le sentiment, moteurs essentiels de l'émotion. Leur peinture
se caractérise par la volonté de s’exprimer avec tous les supports possibles et pas seulement la peinture
(verrerie, tapisserie, mosaïque, meubles…). De plus, ils cherchent davantage à suggérer, à transmettre une
1
Le cadre d'un tableau est la limite de la surface peinte, ainsi c’est le lieu de l'expression de l'artiste. Le cadrage est le
choix fait par l’artiste des limites de l’objet, du sujet ou de l’espace qui sera représenté. Le hors-champs c’est ce qui
est hors du cadre.
21
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
sensation : l’intimité (comme dans ce tableau de Vuillard), le rêve… On y trouve Paul Ranson, Pierre
Bonnard, Vuillard, Paul Sérusier. En fait c’est un pas vers une nouvelle approche artistique en rupture
toujours avec l’Académisme. Ici les peintres s’affranchissent encore davantage du contour et du dessin mais
surtout des couleurs. Ils emploient des demi-tons et des couleurs pures.
☺ En Histoire : On peut faire décrire la scène, l’atmosphère qui s’en dégage, la classe sociale à
laquelle appartiennent les personnages…
La scène représentée ici montre un intérieur, un salon chez les Hessel à Vaucresson (région parisienne).
Joseph Hessel est un marchand d’art qui rencontre le peintre en 1902. Sa femme était l’un des modèles
préférés de Vuillard. Lucie Hessel, cousine des galeristes Bernheim, fut pendant trente huit ans sa muse,
son amie et sa maîtresse. Ici le salon donne une sensation très chaleureuse conforme à la douce
atmosphère de ces scènes de la vie quotidienne, dont il fait un sujet de prédilection. Les murs sont rouges,
et la porte comme les rideaux, à droite, gris. Dans ce cadre, la suspension et plusieurs foyers lumineux
témoigne donc de la présence de l’électricité.
La position des femmes et le fait qu’elles soient en train de discuter confortablement installées dans le
canapé, leurs vêtements, la présence des hommes derrière elles laissent supposer que l’on est après le
repas (les hommes dans la bourgeoisie ayant l’habitude de rester ensemble pendant que les femmes se
retrouvaient pour discuter).
☺ Un prolongement possible peut être fait avec la mise en regard de ce tableau (comme d’autres)
avec des œuvres photographiques du XIXe siècle et notamment celles prises par Nadar qui a
photographié les intérieurs parisiens
http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/memsmn_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_5=AUTP&VALUE_5=
Nadar&FIELD_6=SERIE&VALUE_6=interieurs%20parisiens
22
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
PARCOURS 3 : La mère
« Au XIXe siècle, l’enfant est, plus que jamais, au centre de la famille. Il est l’objet d’un
investissement de tous ordres » : affectif, culturel, éducatif, économique 1 (M. PERROT).
L'enfant est l'objet d'attentions nouvelles et de nouveaux regards dans la bourgeoisie et
les classes moyennes. La place qu'il occupe dans la famille se transforme: progressivement
pour arriver au XXe siècle à l’idée qu’ être parent suppose d'accorder davantage
d'attention. Si l’enfant devient un être digne d’intérêt
de soins pour les parents et
surtout les mères ( le souci de sa santé et de son éducation), de tendresse il faut
cependant nuancer. Ainsi le placement du bébé en nourrice à la campagne, signe d’un
certain désintérêt pour le nourrisson, est une pratique encore massive à la fin du siècle et
qui ne disparaît qu’avec la Grande Guerre.
Dans les familles bourgeoises, le bébé est
confié à une nourrice à domicile.
OBJECTIF :
Les tableaux présentés témoignent de cette nouvelle vision de l’enfant et du rôle de la mère en conformité
avec le changement des mœurs et de la société, lié en France à la limitation très précoce des naissances.
ŒUVRES PICTURALES PROPOSEES A L’ETUDE
Femme et son enfant 1907 Maurice Marinot
Femme et son enfant dans un jardin 1907 Maurice Marinot
Réunion de femme et d’enfants Maurice Marinot
Femme et enfants au bord de mer Louis Valtat
Repos dans le jardin Auguste Chabaud
PROLONGEMENTS
AUTRES ŒUVRES PICTURALES :
Voir le site l’histoire par l’image qui propose plusieurs œuvres consacrées à l’amour maternel :
http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=42
Un portrait d’une femme et ses enfants par Edgar Degas, La famille Bellelli, analysé sur
http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=12
ŒUVRES LITTERAIRES : De nombreux portraits de mère sont présents dans les romans proposés en
annexe : Emma Bovary, pouvant ainsi être opposée à Mme Arnoux de l’Education sentimentale ou encore
Mme de Rênal, dans le Rouge et le Noir de Stendhal
PHOTOGRAPHIES : Voir en annexe, pistes sur les différents sites proposés
ŒUVRES MUSICALES : Claude Debussy, Children's Corner
1
M. PERROT, « L’enfance révolutionnée par la Révolution ? Parents et enfants au XIXe siècle », in M.-F. LEVY, sous
la direction de, L’Enfant, la famille et la Révolution française, Olivier Orban, 1990, p. 406-407 –
23
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Maurice Marinot (1882-1960) 1
Femme et son enfant 1907,
Beaucoup de tableaux célèbrent la femme comme icone de la maternité et
l’on peut retrouver ici cet hymne à l’amour maternel2. Ici le peintre présente
une facette du lien affectif et physique qui unit la mère à son bébé. On peut
y voir aussi la variation moderne du thème de la Vierge à l’Enfant,
Jusqu’à la guerre de14-18, entre le recours à la nourrice et l’usage du
biberon, l’allaitement maternel reste rare dans une partie de la bourgeoisie
Sérénité, calme se dégagent du tableau. Toute la scène se fond dans le
décor (influence des nabis) mais couleurs et lumières sont mis en valeur
par les procédés que l’on retrouve chez les fauves.
Femme et son enfant dans un jardin 1907
☺Questionnement
et prolongements possibles
☺Là encore on peut, comme pour la fiche 3 demander aux élèves de montrer en quoi ce tableau
s’inscrit dans le mouvement du fauvisme3 .
Les couleurs vives voire criardes rappellent les excès qui ont choqué chez les Fauves, mais elles restent
conformes à la réalité. La simplification des formes est présente mais il y a un souci qui est de respecter en
général les objets ; l’artiste recherche la transcription de la lumière et des ombres par les couleurs
☺Les élèves peuvent rechercher les points communs et différences entre ces deux tableaux… puis les
suivants.
En ce qui concerne l’espace représenté et la figure féminine peinte par le peintre :
Le peintre ne permet pas que l’on distingue les traits des visages des deux femmes. Pour autant, il se
dégage une sensation de douceur, d’épanouissement, d’une vocation maternelle, la popularisation des
caresses et des baisers de la mère à l’enfant, déjà recommandés dans L’Émile ou De L’Éducation de JeanJacques Rousseau (1762)
La façon dont il a représenté l’espace et la place où se situe le spectateur :
Le peintre ne nous enferme pas dans ses toiles, il utilise le hors champ comme moyen de suggestion d’une
continuité. On a ici un fragment de la réalité (voir Parcours 2 analyse des tableaux de Maurice Marinot)
1
Voir présentation de Maurice Marinot Parcours 2
2
Voir Maternité. Eugène CARRIERE sur le site l’Histoire par l’image : http://www.histoireimage.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=42&d=1&q=8&c=famille
3
Voir fiche annexe
24
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Louis Valtat (1869-1952), Femme et enfants au bord de mer1……
En 1895, Louis Valtat réalise de nombreuses peintures aux tons très violents qui annoncent le Fauvisme.
Bien que fréquentant tous les grands artistes de son temps avec lesquels, pour la plupart, il tisse des
relations d’amitié, Louis Valtat reste un grand indépendant.
Ce tableau appartient à un ensemble de paysages que réalise à partir de 1905 Louis Valtat. Il se rend
fréquemment en Normandie. Le peintre sait sublimer ses sujets par un traitement très personnel de la
couleur et cette œuvre est significative de la complexité de ce peintre.
☺Questionnement
et prolongements possibles
☺On peut demander aux élèves, de retrouver les différentes influences des courants picturaux de la
période et montre ainsi qu’un artiste est avant tout une personnalité indépendante, souvent idfficile à
cataloguer !
Sa peinture oscille entre Cézanne et Gauguin2, cherchant à atteindre des effets de lumière de Maximilien
Luce3 ou encore Matisse, et à s'attacher à la sensation comme chez les impressionnistes4. : l’influence du
fauvisme par la recherche des couleurs, la simplification des formes, l’influence des Nabis (atmosphère,
sensations…) et l’impressionnisme.
☺ De même, les enseignants peuvent leur faire observer la particularité du cadrage choisi par le
5
peintre
Le peintre n’a pas tout représenté de la scène : on ne voit qu’au premier plan que le buste de la femme
Ce peintre aime utiliser le hors-champs6 : les élèves peuvent imaginer l’espace qui n’a pas été représenté:
Au choix car le hors champ est un espace imaginaire prolongeant le visible
Le spectateur ne sait rien de plus, le personnage ne nous regarde pas
Le peintre Louis Valtat présente-t-il une vision de la mère un peu différente des deux autres tableaux ?
Cette mère semble moins présente auprès de ses enfants car ils sont à l’arrière plan, au loin alors qu’elle
est au premier plan; elle est absorbée par son propre ouvrage. Est-ce la mère ? …..
Auguste Chabaud (1882-1955), Repos dans le jardin, vers 1925
Maurice Marinot, Réunion de femme et d’enfants, 1909
Ces deux tableaux abordent le portrait de groupe et l’intimité familiale.
Repos dans le jardin 7 Auguste Chabaud
Auguste Chabaud est un provençal. Il a vécu à Paris entre 1899 et 1912 fréquentant les peintres modernes,
notamment les Fauves. Sans véritablement s’intégrer à ce mouvement il se rapproche d’eux et s’inspire de cette
peinture qui convient à cet esprit indépendant. En 1911, il entame sa période cubiste, et expose aux côtés de Matisse,
Derain, Vlaminck et Picasso.. À son retour de la guerre, en 1919, Auguste Chabaud s'installe définitivement à
1
Pas de représentation du tableau car les droits ne sont pas disponibles
Voir le tableau Jeune créole (1891) de Paul Gauguin (1848-1903)
3
Voir le tableau Les terrassiers (1908-1912) de Maximilien Luce (1848-1941) au musée : tableau classé dans le néoimpressionnisme (voir définition dans la fiche annexe)
4
Voir définition fiche annexe
5
Le cadre d'un tableau est la limite de la surface peinte, ainsi c’est le lieu de l'expression de l'artiste. Le cadrage est le
choix fait par l’artiste des limites de l’objet, du sujet ou de l’espace qui sera représenté.
2
6
7
La notion de hors-champ est utilisée pour évoquer l'espace non visible
Pas de représentation du tableau car les droits ne sont pas disponibles
25
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Graveson, dans les Alpilles. C'est à partir de 1920 qu'il entame sa période bleue — il emploie le bleu de Prusse à l'état
pur — dans laquelle la Provence, ses personnages et ses coutumes sont mis en avant.
Maurice Marinot (Voir voir parcours 2)
☺Questionnement
et prolongements possibles
☺ le questionnement peut s’orienter vers :




la catégorie sociale représentée
ce qu’est un portrait de groupe
l’atmosphère qui se dégage
ressemblances et différences entre les deux
☺On peut demander aux élèves de rechercher d’autres scènes du même type, ou leur montrer celle
peinte par Frédéric Bazille, Réunion de famille 1– (Musée d’Orsay) et leur faire faire une comparaison.
☺ Les élèves peuvent essayer de trouver dans des extraits proposés dans le corpus ou dans d’autres
lectures des éléments pouvant se rapporter à chacun des tableaux étudiés, comme par exemple ici. Ce
type d’activité peut être appliqué à toutes les autres fiches.
Mme de Rênal
Madame Arnoux
Femme et son enfant
Femme et son enfant
dans un jardin
Louis Valtat
1
http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/oeuvres-commentees/recherche/commentaire/commentaire_id/reunionde-famille-19.html?no_cache=1
26
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Parcours 4 : Portraits de femmes
1
« Image d’une société en pleine mutation, l’art du portrait du XIXe siècle connaît
un développement sans précédent. Il en reprend tous les codes, de l’austérité
bourgeoise à l’image romantique de l’artiste, sans oublier les gloires politiques et
militaires, les nouvelles égéries du monde du spectacle, et les femmes élégantes des
années 1900. ».2
Quelques œuvres ont été librement choisies autour du thème du portrait
OBJECTIF
A travers le thème de la femme cela permet d’aborder la notion de portrait et sa diversité. De même
observer les portraits permet de voir les mutations picturales de cette période.
ŒUVRES PICTURALES PROPOSEES A L’ETUDE




Paul Gauguin, Jeune créole,
Kees Van Dongen (1877-1968) Claudine Voirol 1911
Auguste Chabaud (1882-1955), Yvette 3 Av.1912
Maurice Marinot (1882-1960) Marcelle1912
PROLONGEMENTS
ŒUVRES LITTERAIRES : voir la liste proposée
☺Prolongements / pistes
-
Français : Pour tous les portraits, on peut demander aux élèves de les confronter aux portraits
proposés par les écrivains du XIXème siècle ou encore aux œuvres musicales étudiées.
Arts-plastiques : le détournement des portraits proposés
PHOTOGRAPHIES : Voir en annexe, pistes sur les différents sites proposés
ŒUVRES MUSICALES :
De nombreux opéras, opérettes, sont consacrés à des femmes (voir en annexe)
☺le questionnement peut s’appuyer sur le DOSSIER Portrait au musée d’art moderne de Troyes et sur
la fiche d’aide pour l’analyse d’un portrait (cf en annexe)
1
2
Pas de représentation du tableau car les droits ne sont pas disponibles
http://www.musees-franchecomte.com/index.php?p=740
Voir DOSSIER Portrait au musée d’art moderne de Troyes
3
Voir annexe : article sur la prostitution à Paris fin XIXe siècle
27
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Paul Gauguin, Jeune créole, 1891
Grâce au témoignage du lieutenant Jenot, qui se trouvait alors à Papecte,
on sait que ce tableau, resté presque inconnu, est l'un des tout premiers
peints par Gauguin après son arrivée à Tahiti en juin 1891. Pris d'une sorte
de timidité devant un monde neuf, dont il cherche à s'imprégner avant de le
représenter, Gauguin traite d'abord des sujets pour la plupart non tahitiens;
ici le portrait d'une jeune créole, fille d'un voisin: "Dès son installation finie,
Gauguin se mit à peindre quelques petits morceaux, paysages études de
figures et de nus. Mais il ne fit pas de grande toile à Papeete. Il se fit
seulement l'oeil et la main à découvrir Tahiti qu'il voulait comprendre et
définir pour l'exprimer. C'est ainsi qu'il fit les portraits, que je possède, de
son voisin." (M. Jenot, p.120, une photographie de ce tableau était jointe au
manuscrit de M. Jenot).
La grosse toile, au grain très visible à travers la pâte mince et sèche, donne à cette œuvre un caractère un
peu rude qui contraste avec l'élégance des contours et avec le raffinement des couleurs. Gauguin dispose
ici un accord, rare chez lui; de jaune et de bleu pâle, celui même de la Fillette au turban, de Vermeer.1
☺le questionnement peut porter sur les caractéristiques de la peinture
de l’artiste : le dessin et les couleurs. De nombreux exercices peuvent
prendre appui sur ce portrait.
Il peut également être mis en regard avec celui de Modigliani, Jeanne
Hebuterne (1917) que vous trouverez au premier étage.
Maurice Marinot (1882-1960) Marcelle1912
Maurice Marinot peint ses proches ; ici c’est sa compagne dont il a deux
filles.
☺Ici l’influence du fauvisme est encore perceptible mais le peintre s’en
détache aussi. Retrouvez cette influence à partir de la définition donnée et
ce qui l’en éloigne déjà :
Fauvisme : recherche des reflets, des ombres avec des teintes bleues, vertes, rouges.
Cependant : le visage ici semble vouloir exprimer quelque chose alors qu’il semble inexpressif (paradoxe
voulu): tristesse ? Cela amène à se poser des questions : à quoi pense cette femme ?
Elle est acculée à un mur (au sens propre comme peut être au figuré ?). Tout est anguleux : sévérité.
1
in catalogue Exposition. Paris, Orangerie des Tuileries. 1978. Donation Pierre Lévy. Réd. Michel Hoog. Paris
: RMN, pp.123-125, n°166
28
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Kees Van Dongen (1877-1968) Claudine Voirol 1911
Celui qui devait être le portraitiste attiré du monde et du monde parisien de l'entre-deux-guerres, n'a peint,
avant 1914, que peu de portraits en dehors de ceux de ses proches. Avec celui de Madame Malpel, la
femme d'un mécène de Montauban1, celui-ci constitue sans doute une des premières commandes reçues
par Van Dongen. Ici il s’agit de la sœur des frères Perret (architectes français un des premiers techniciens
spécialistes du béton armé dont Auguste Perret qui eut pour élève Le Corbusier et qui fut l’architecte en
chef de la reconstruction du Havre après la Seconde Guerre mondiale) et femme de Sébastien Voirol (1870
1930), traducteur et homme de lettres, à qui l’on doit la diffusion en France de nombreux auteurs
scandinaves. Proche d’Apollinaire, il fut également l’un des animateurs du « Simultanéisme », lancé par
Robert Delaunay et sa femme Sonia, mouvement artistique.
☺Questionnement possible sur Ce tableau : il
appartient au fauvisme ; en s’appuyant sur la
définition proposée, les parcours 2-3-4 et les pistes proposées on peut questionner les élèves sur les
caractéristiques propres au fauvisme et sur l’originalité du peintre.
Le choix des couleurs, les contours épais et irréguliers, placent ce tableau vers 1907-1911: le fond fauve
valorise le portrait et sert à mettre en valeur la femme peinte, son statut ; la femme est en
représentation, elle ne nous regarde pas Figure humaine, isolée sur un fond sans motif, cadrée à micorps.. Simplification des formes et couleurs vives.
2
Auguste Chabaud3 (1882-1955), Yvette
4
Av.1912
Ce tableau appartient aussi au fauvisme mais on y trouve déjà l’influence de ce qu’est l’expressionisme.
☺Questionnement possible sur ce tableau
Fauvisme = Le fauvisme est né du désir de libérer la peinture en utilisant des couleurs pures et des
teintes violentes. Ici couleurs violentes, vives, simplification des traits… Non respect des couleurs vues
dans la réalité ou exacerbation de celles-ci . Gros traits noirs pour délimiter les visages, les contours. Le
rendu est net mais simplifié. Aplats de couleurs.
On est aussi déjà dans l’expressionisme qui fut aussi le prolongement du fauvisme: on trouve ici
cette volonté d’accentuer et de déformer la réalité afin de provoquer une réaction émotionnelle, des
sensations angoissantes. Celles-ci sont le reflet de la vision pessimiste que l’artiste a de cette époque. Le
personnage est déformé, traits exagérés, accentuation de certains détails : yeux cernés, bouche
démesurée, pâleur presque cadavérique. Déformation de la réalité. Cela provoque Malaise, angoisse
On est presque déjà dans un approche cubiste
avec la tendance à la géométrisation des
dessins (mais on n’a pas ici la technique qui veut que l’on représente objet ou personnage sous tous les
angles). On a l’influence des Arts premiers (cf masques africains). Le décor est dépouillé, lignes
géométriques qui viennent renforcer les traits de cette femme.
Canséquences :
la représentation (qui appartient à toute une série peinte par l’artiste) apparait
comme brutale, vulgaire, violente Chabaud : De 1907 à jusqu'en 1913, Chabaud vit surtout à Paris. Les
rues de la capitale, les trains, les prostituées, les cafés, le monde du spectacle, le fascinent et deviennent
ses thèmes de prédilection. Dépressif, inquiet, mal dans cet univers loin de son monde provençal… Il a
voulu dépeindre la prostitution, la misère, la maladie… Déchéance.
1
coll. part. G. Diehl; Van Dongen, Paris, 1968, p. 20
Voir fiche annexe
3
Voir parcours 3 pour la présentation de l’artiste
4
Voir annexe : article sur la prostitution à Paris fin XIXe siècle
29
2
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Parcours 5 : Femmes du peuple, ouvrières,
mondaines, courtisanes…
Edouard Vuillard (18681940)
voir parcours 3
Usine de fabrication
d'armement à Lyon : Les Tours
(1917)
Il s’agit d’une œuvre de commande1
de
Thadée Natanson (un des
fondateurs de la Revue Blanche,
revue littéraire, et grand ami de
Vuillard). Celui-ci administrait une usine d’armement dont le propriétaire (LAZARE-LEVY) demanda
la réalisation d’un décor représentant la description du travail effectué dans son usine. Vuillard,
peintre nabis, trop vieux pour être soldat a fait partie des quelques peintres que le ministre des
Beaux-arts a invité, en 1916, à aller sur le front pour y saisir des images de guerre. En 1917, il part
à Lyon et visite cette usine. Il réalise deux panneaux : La Forge et les Tours. Ce n’est pas la
première fois qu’il réalise des décors, en revanche le thème de l’usine est très rare dans l’œuvre
de ce peintre dont la célébrité repose essentiellement sur les intérieurs bourgeois (comme le
montre le tableau intitulé Intérieur- voir fiche 2).
☺ Histoire : bien sûr cela peut faire l’objet de recherches dans le cadre des leçons qui abordent la
Première Guerre mondiale en classe de 3ème (Thème 1 de la IIe partie du programme) et des classes de 1ère
S et L/ES (thèmes : les guerres au XXe siècle)
Cette femme est une « munitionnette » : les hommes sont au front et à l’arrière, l’effort de guerre est
assuré par ceux qui ne sont pas partis, dont les femmes qui sont amenées à travailler. Il s’agit donc de la
production militaire car le contexte est celui de la Première guerre mondiale ; ici cela illustre bien l’idée
de la GUERRE TOTALE puisque les productions sont essentiellement consacrées à l’effort de guerre.
Depuis la seconde partie du XIXe siècle, le nombre d’ouvrières a augmenté considérablement en France
puisqu’elles représentent un tiers du total de la population active ouvrière. Mais en 1914-1918, pendant
que les hommes sont au front, cette fois-ci presque toutes les femmes participent activement à l’effort
national. Dans cette guerre totale, longue et meurtrière, où le rôle de l’arrière est aussi déterminant que
celui des combattants, les femmes accèdent à des activités professionnelles jusque-là masculines,
promues à de nouvelles responsabilités tant à la ville qu’à la campagne.
1
Voir site : http://www.histoireimage.org/pleincadre/index.php?musee=Mus%C3%A9e%20d%27Art%20moderne%20de%20Troyes&d=1&i=808
30
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
☺Questionnement
et prolongements possibles
☺ Histoire des arts : le questionnement peut s’orienter vers la description de la scène et des méthodes
picturales utilisées par le peintre pour rendre compte de ce qu’il voit :
Vuillard, lorsqu’il visite l’usine, écrit ceci dans son journal : « Beaucoup de sensations, terriblement
intéressant, désordonné – fiévreux ».a voulu dépeindre le monde du travail, l’atmosphère qui y règne . Son
tableau est dominé par des couleurs sombres, le gris et des nuances de beige : cela donne une impression
de brouillard, de poussière, de fouillis.
Il a voulu rendre compte également de l’effort humain, le développement du machinisme, voire d’une
forme de déshumanisation. La figure humaine, ses gestes, son attitude. Les bras au premier plan ressortent
mais les visages sont peu visibles, noyés dans la poussière, les corps sont comme absorbés par les machines
qui occupent plus de place sur le tableau que les êtres humains. La lumière artificielle provenant de
lampes met en valeur les bras (on y voir presque du rouge) et cela suggère clairement la difficulté de la
tâche accomplie jour après jour. le peintre, ici est témoin de son temps, décrivant ainsi l’effort physique, la
dureté du travail. L’enchevêtrement des poutres courroies, l’atmosphère qui semble oppressante ;
On peut faire remarquer aux élèves le cadrage panoramique, la grande profondeur.
☺ Français : on peut aller chercher les héroïnes chez Emile Zola et Victor Hugo.
Honoré Daumier (1808-1879),
Au bord de l’eau (entre 1846-1864)
Daumier est le fils d’un vitrier (à la fois encadreur, réparateur de tableaux, dessinateur) marseillais qui part
pour Paris en 1814 en vue d’embrasser une carrière littéraire qu’il abandonne en 1823. Honoré est d’abord
commis puis il suit des cours de dessin et travaille chez un lithographe
et éditeur. Il publie ses premières caricatures de Louis-Philippe.
Honoré Daumier est davantage connu pour ses caricatures. Cependant
il est aussi peintre. Sa carrière de peintre commence en 1848 : sa toile
La République nourrissant ses enfants et les instruisant est une œuvre
allégorique. Daumier est "un peintre de son temps" s'attachant à
témoigner d'événements sociaux ou politiques. Ici proche de ce
mouvement non structuré que forment ces peintres « réalistes » qui
bouleversent l’art, ce tableau appartient à ce nouveau courant dont la
réflexion est de non plus rendre compte d’une imitation servile du réel
mais prendre pour objet la réalité du monde qui les entoure. Ainsi
comme Gustave Courbet ou Jean-François Millet, le peintre souhaite "traduire les moeurs, les idées,
l'aspect de son époque"
Cette œuvre est une des plus célèbres parmi les tableaux de l’existence quotidienne dont Daumier
observait le spectacle depuis sa fenêtre, du quai d’Anjou. C’est la forme qui retient son intérêt plus que la
couleur. Il sait traduire avec habileté un mouvement, camper une silhouette et rendre le spectacle de la vie.
« J. Adhémar a établi des rapports avec son contemporain Millet : « Ce n’est pas la première fois que nous
avons signalé les rapports entre Daumier et Millet ; l’influence est réciproque mais elle s’exerce surtout de
Millet sur Daumier. Nous en avons un exemple (La Laveuse, Louvre), nous en trouvons encore un autre
31
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
dans un même tableau de Daumier peint à la même époque, (…) ; Les petites Filles au bail de l’ancienne
collection Cognacq : là, les tonalités, le bleu surtout comme les formes, nous rappellent de très près celles
de Millet. »1
S’il affectionne l’utilisation d’accords simples, de tons réduits, dissous dans ce clair-obscur, son trait
synthétique et l’expression des volumes par masses rappellent ses lithographies.
Cependant, sa virtuosité à manier le pinceau confère à cette œuvre finie, une légèreté et une liberté de
facture qui n’appartiennent qu’aux esquisses. La datation de ce tableau est difficile. J. Adhémar le date de
1858-1860, et K.E. Maison vers 1847. De 1846 à 1864, on peut dénombrer plus de dix toiles sur ce même
sujet. Signalons toutefois une Blanchisseuse du musée de Buffalo qui présente le même arrière-plan et Les
enfants au bain de la fondation O. Reinhart à Winterthur »2.
Kees Van Dongen (1877-1968)
Fauve de tempérament, Van Dongen ne s'associe pas véritablement au groupe. Il s'apparente au Fauvisme
par la violence de ses couleurs et la liberté de sa facture, mais s'en distingue par sa thématique: il ne peint
que peu de paysages et se consacre alors presque exclusivement au portrait et au monde du spectacle.
Le moulin de la Galette
Ici l’ambiance est celle du bal populaire où se divertit la classe populaire. C’est le Moulin de la Galette
Haut-lieux des bals, et guinguettes, on y apporte "son manger", mais on peut y manger des galettes, on y
boit du vin Gris, du Piccolo et du Guinguette à 5 Centimes le Verre! Il a pris son essor avec le
développement de l'industrie du spectacle et l'ère des loisirs, et où l’on pouvait danser le dimanche, à
partir de 15 heures et ce jusqu’à la nuit,. L’ambiance joyeuse de liberté et de plaisir attirait alors la
bohème et les artistes, le menu peuple qui aimait s’y divertir, mais aussi des bourgeois venus
s’encanailler. Van Dongen en est un des grands habitués !!
La composition rappelle celle des dessins qu'il publie dans l'Assiette au Beurre (1901). L'accent de
caricature des visages, et la gesticulation des personnages, ils se retrouvent dans des œuvres de peintres
de la Brücke3 avec lesquels il exposa en 1908.
La scène : Deux couples dansent. Le peintre insiste sur les attitudes et gestes équivoques et éloquents,
choquants pour la bourgeoisie. La représentation en est exagérée: la posture des corps très suggestive
avec cette femme qui se penche à l’avant, ou la main de l’homme sur la fesse pour l’autre couple. La foule
est à l’arrière plan mais on ne la voit pas. On l’imagine ou ou l’entend. Les couleurs vives, voire criardes
même, marquent la volonté de transcrire le dynamisme de la scène par la peinture = la touche est
dynamique, appuyée (comme la danse et les pas). L’ambiance positive, festive et joyeuse est traduite
aussi par le choix des couleurs : les deux couples en couleurs très vives. (le rouge du volant ressort) les
roses devenant rouges, et les bleus virant au noir. On est bien dans le fauvisme mais il y a une évolution
vers plus d’expressionisme.
Faut-il y voir des danseurs de matchiche4, désignation habituellement retenue pour cette œuvre, ou des
danseurs de java?
1
(J. Adhémar, p.53).
2
Exposition. Paris, Orangerie des Tuileries. 1978]. Donation Pierre Lévy. Réd. Michel Hoog. Paris : RMN, pp.47-49,
n°23
3
4
groupe d'artistes allemands expressionnistes formé à Dresde
Voir parole de la chanson.
32
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
☺Questionnement
et prolongements possibles
☺ Histoire des arts : le questionnement peut s’orienter vers ce qu’est le réalisme et sa révolution
picturale (on pourra s’appuyer sur les autres dossiers du musée + voir annexe les mouvements picturaux).
On pourra préciser également que ce tableau a beaucoup choqué les spectateurs comme d’autres car il y
montre une jeune fille, du peuple, dévoilant ses jambes, ce qui était contraire aux bonnes mœurs de la
bourgeoisie.
☺ Français : on peut aller chercher les héroïnes chez Emile Zola, Victor Hugo également.
☺ Histoire des arts : le questionnement peut s’orienter vers la description des deux scènes et les
caractéristiques picturales de ces deux tableaux (voir ci-dessus)
☺ le prolongement peut se faire
1


En histoire : Paris au XIXe siècle, les nouveaux loisirs de l’ère industrielle…
En musique : chanson populaire, la Matchiche (voir en annexe) ou encore cela peut permettre

d’aborder d’autres chansons de l’époque ou plus contemporaines, comme celles de Claude
Nougaro1 .
En Français Pour les deux tableaux, à quelle héroïne de la littérature pourrait-elle être
assimilée ? ou encore : Exemple : pour chacun des deux tableaux, la femme est-elle
Madeleine, Rosanette ou Melle Dufour ?

En arts-plastiques : en recherchant d’autres œuvres sur les mêmes thèmes.
Le jazz et la java;
33
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
LES BELLES INCONNUES …
Kees Van Dongen (1877-1968)
Les Fêtards
Vers 1904-1905
Soirée d’hommes appartenant à la bourgeoisie (habillement caractéristique) se rendant au théâtre ou
peut être dans un lieu plus confidentiel (ses sujets de prédilection étaient souvent le milieu des
prostituées et des courtisanes…), la scène se situe à l’extérieur : la rue est sombre et rend les visages des
hommes blafards, voire inquiétants. Cela peut laisser au spectateur une sensation de malaise.
On est juste avant le fauvisme; on peut parler de pré-fauvisme ici. Les couleurs sombres sont rehaussées
par Le rose des vêtements féminins ainsi que la lumière des lampadaires.
André Derain,
Hyde park1
Ici c’est un des tableaux les plus importants d’André Derain et symbole avec Big Ben du fauvisme !
On peut faire ressortir quelques caractéristiques de ce que fut ce fauvisme et de la façon dont ces peintres
ont voulu totalement bouleverser encore la peinture ; ici l’Impression de la scène semble irréelle du fait des
couleurs ; les plans s’étagent non pas en profondeur mais en hauteur, comme dans les dessins d’enfants,
grâce aux aplats de couleurs ; la couleur ici permet de créer l’espace et non de rendre une luminosité.
Albert Marquet , (1875-1947)
La Seine vue du quai des Grands Augustins
Albert Marquet a reproduit ici ce qu’il aime tant peindre : Paris.
On reconnait les immeubles haussmanniens, l’île de la Cité et au fond on aperçoit Le Louvre Amoureux
de la capitale et de son fleuve, Paris reste un thème de prédilection pour sa peinture. il y fait son
apprentissage d'artiste dans l'effervescence de l'époque, entouré de ses amis peintres, Matisse. Entre
1905 et 1906, il crée une série de tableaux sur le thème du quai des Grands-Augustins, qu'il voit depuis la
fenêtre de son atelier au numéro 25, acheté par ses parents en 1905. Il est situé sur la rive droite de la
Seine entre le pont Saint Michel et le pont Neuf. Ses œuvres révèlent son goût et sa fascination pour les
ambiances, les atmosphères qu’il cherche à reproduire. On a donc ici un de ses sujets favoris qu’il peint
en toute saison et pendant toute l’année, par tous les temps, selon un angle plus ou moins rapproché
mais toujours de la fenêtre avec une vue en plongeante sur la Seine et les quais qui la bordent.
☺ Différentes questions permettent d’analyser ce tableau : les couleurs, la composition, la
perspective, le cadrage…
Ce tableau a été peint en automne hiver (voir les couleurs, celle de l’eau pâle… ) Albert Marquet a une
préférence pour les atmosphères pluvieuses ou nébuleuses sous le ciel gris, comme ici. La brume efface
les détails pour ne rendre que les lignes des quais, le contour des monuments. Il est davantage soucieux
de reproduire les reflets à la surface de l’eau et de peindre la sérénité
1
Voir les dossiers sur le fauvisme pour l’analyse, la description, les informations sur le peintre.
34
MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Le peintre lorsqu’il a peint sa toile est à sa fenêtre en étage : habitude chez Marquet de peindre ainsi.
Mais il ne peint pas tout à fait ce qu’il voit.
Pour peindre ce paysage il aurait fallu qu’Albert Marquet soit sur une grue au dessus de la rue… Le
peintre s’est installé en hauteur, représentant la rive gauche de Paris, vu de dessous, avec à l’horizon
des bâtiments dont les formes sont floues et les couleurs plus claires. Albert Marquet construit donc
son tableau moins sur des lignes que sur des rapports de valeurs. Les règles de la perspective sont
faussées. On le constate car pour représenter les éléments de l’autre côté de la Seine, le peintre a du
déplacer son regard, le relever vers la droite. De ce fait il utilise deux points de fuite sur des lignes
d’horizon décalées. Pour la rive gauche, on peut analyser la perspective. La Seine devient une grande
diagonale qui organise la composition.
Marquet, un fauve ?
Ce n'est donc pas la fulgurance de la couleur telle qu'on la rencontre dans l'œuvre de Matisse ou Derain
qui fait de Marquet un peintre fauve mais cette simplification de la forme traitée par grands aplats de
couleurs sourdes, en demi-teintes.
☺ Le personnage de la femme dans ces trois tableaux permet aux élèves de laisser aller leur
imagination…
-
Chez Derain et Marquet la femme semble avoir une silhouette élancée qui correspond
notamment l'abandon du corset. Les lignes étirées des deux silhouettes semblent montrer que ces
femmes ont une plus grande liberté de mouvements, que leur corps est désormais libéré. On peut
aborder ici le début de l’émancipation de la femme, les mouvements de suffragettes… Elles ne
semblent pas respecter les codifications des vêtements de la bourgeoisie : couleurs (le rouge chez
Albert Marquet par exemple de la robe ou du manteau laisse soupçonner que les passants se
retournent sur son passage ?).
-
Chez Van Dongen : Est-ce une courtisane qui accompagne ? Il aime peindre le Paris de la Nuit, le
monde des prostituées1 et des courtisanes. Tout au long du XIXe siècle, Paris est au cœur d’une
véritable explosion des spectacles : théâtre, opéra, danse, music all ou cabarets connaissent une
période de prospérité. Actrices, danseuses, divas, courtisanes…nombreuses sont celles qui montent
sur scène et rêvent d'accéder au rang de vedettes.
☺Prolongement :
On peut faire le lien entre Albert MArquet et Raoul Dufy. Tous deux ont des préoccupations communes :
la simplicité, l’épuration du sujet, le goût des couleurs éclatantes. Cette tache rouge peut faire penser à la
réflexion menée par Raoul Dufy qui a voulu dissocier dessin et couleurs, expliquant que ce serait en
regardant une petite fille courir sur un quai qu’il comprend que l'esprit enregistre plus vite la couleur que
le contour. Dufy expliquait aussi que le réalisme et de la perspective ne l’intéressent pas : " Il faut se
rappeler qu'un trait décrit davantage un mouvement qu'une forme. Une silhouette est un mouvement, non
une forme »
1
Voir annexe : article sur la prostitution à Paris fin XIXe siècle
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MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
ANNEXE S
Les mouvements artistiques
La révolution de l’art moderne
Jusqu'au 19e siècle, l’art était au service des puissants pour illustrer les événements marquants de la vie politique ou
religieuse (vie des saints, couronnements, scènes mythologiques,...). A partir du milieu du XIXème siècle, des artistes
cherchent à s’affranchir des règles de la peinture classique et provoquent la révolution de l’Art moderne. Cette
révolution picturale provoque souvent le rejet de leur contemporain. Toute la révolution picturale a commencé avec le
Réalisme : autour de Courbet, Daumier, Millet, ils veulent, sans embellir la réalité, témoigner de leur temps, de la vie
quotidienne du peuple et des paysans, du monde qui les entoure. Leurs tableaux choquent car ils sont considérés
comme vulgaires, mal peints et peu intéressants.
L’IMPRESSIONNISME
Vers 1860, certains peintres, comme les réalistes, cherchent non seulement à représenter la réalité environnante mais
aussi à la montrer à un moment précis, à saisir l’instant, la lumière. Ils exécutent leurs tableaux de façon rapide parfois
proche de l’esquisse. Ils essayent de fixer les jeux des couleurs changeant avec la lumière. Des innovations techniques
importantes les amènent à ces recherches. La photographie, vers 1839, les inspire beaucoup. Elle permet de rendre la
réalité dans ses moindres détails. Les tubes de peinture en métal et le chevalet ainsi que le développement du chemin
de fer permettent aux artistes de sortir de leur atelier et de se déplacer vers d’autres horizons rapidement. La peinture
est souvent employée pure, directement à partir du tube, sans faire de mélange, pour conserver la force des couleurs
LES NABIS
Cela signifie « prophètes ». Né en 1888, c’est un mouvement qui dure seulement environ 10 ans mais qui marque
profondément la peinture. Les peintres cherchent avant tout à suggérer le rêve, l’intimité, les sensations. On distingue,
au sein des Nabis, deux orientations distinctes. L’une, profondément sacrée, est emmenée par Denis et sa volonté de
renouveler l’art religieux. Elle doit beaucoup à la simplification primitive des formes annoncée par Paul Gauguin.
L’autre, profane, plus influencée par Edgar Degas à travers le choix de sujets issus de la vie moderne (portraits
d’élégantes, scènes d’intérieurs bourgeois, femmes au bain, etc.…) joue très fréquemment de la juxtaposition de motifs
décoratifs (papiers peints, tissus imprimés) et de cadrages atypiques.
LE FAUVISME
Au salon d'Automne de 1905 sont regroupés dans la même salle les peintures aux couleurs violentes où domine le Lion
ayant faim du Douanier Rousseau. qui souhaitent poursuivre la révolution artistique commencée avec Gustave Courbet
et le réalisme. Ils sont nommés par les critiques, qui n’aiment pas leurs œuvres, les Fauves. Le fauvisme ne peut être
considéré comme une école picturale. L’objectif recherché par ces peintres est de s’affranchir encore plus que leurs
ainés des règles picturales des siècles précédents. Tout en restant souvent attachés aux thèmes des courants
précédents (ainsi témoigner de leur temps, de la vie quotidienne, du monde qui les entoure...), ils veulent libérer la
couleur mais aussi le dessin, les formes ; ainsi de façon très schématique on peut dire que les peintres ont recours à des
Couleurs pures, tracent des formes simplifiées, renonçant aux règles de la perspectives et les ombres tendent à
disparaitre.
L’influence de Paul Cézanne a été déterminante : Pour celui-ci il fallait changer les modes de représentation de façon à
ce que le « penser » devance le « voir ». Il ne s’agit donc plus d’imiter, de reproduire mais de créer l’objet.
Cela annonce les grandes ruptures de la peinture au XXe siècle et notamment le CUBISME car au même moment,
vers1907, partant également des expériences de Paul Cézanne, BRAQUE et PICASSO remettent en cause le fondement
même de la représentation visuelle : c’est le cubisme.
LE CUBISME
Cette peinture est marquée par la recherche systématique de la simplification des volumes, par la géométrisation des
formes, la décomposition et recomposition en facettes géométriques du "sujet. En effet, la peinture cubiste montre ce
que l’on sait des choses et non ce que l’on voit d’un point de vue donné. On adapte la figuration à l’espace et au plan
du tableau. Ils pensent que montrer une seule vue des choses ne suffit pas. C’est pourquoi, sur un même tableau, ils se
mettent à mélanger les points de vue.
L'EXPRESSIONNISME
Les artistes cherchent à déformer la réalité pour inspirer une réaction émotionnelle. C'est une des tendances majeures
de l'art dans le premier quart du XXe siècle, qui toucha essentiellement les pays d'Europe du Nord, et autant les arts
plastiques que la musique, la littérature, le cinéma et le théâtre. Le sentiment de la souffrance et de l'angoisse
dominent les œuvres. Dans les arts plastiques les artistes expriment ces sentiments par des déformations et des
stylisations afin de dégager l’'intensité expressive. A la fin du XIXe siècle, l'expressionnisme est déjà annoncé par
Vincent Van Gogh.
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MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
« Proportions et construction d’un visage»
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MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Complément : La prostitution
Au XIXe siècle, la prostitution connait un essor sans précédent.
Réglementée sous Louis-Philippe, elle s'intensifie sous la Troisième
République, s'étendant de la maison close au trottoir.
La prostituée est perçue comme l’antithèse des valeurs bourgeoises
triomphantes. La prostituée est immature et proche de l’enfant. Elle se
trouve dans un état primitif de non développement, ce qui autorise la
mise en tutelle. Elle est un symbole d’oisiveté, car adonnée au plaisir,
type de l’hédoniste au sein du corps social. Elle est paresseuse. La
prostituée est aussi imprévoyante. Elle ne sait pas économiser, elle
aime le jeu. Elle ne construit rien. Elle est aussi soumise aux excès
sexuels.
Les courtisanes, ces « femmes de mœurs déréglés, qui mettent à
prix leurs faveurs » comme disent les dictionnaires du temps
(Dictionnaire des dictionnaires, 1889), sont surnommées « cocottes »,
« grandes
horizontales »,
ou
« demi-mondaines ».
Certaines
parviennent à la notoriété, à l’ombre de leurs protecteurs. Elles
deviennent les reines de la nuit parisienne et font carrière de
danseuses. Le quadrille naturaliste, appelé aussi cancan, fait
tourbillonner les jupes à frou et tourner la tête aux hommes. En
association avec Valentin le désossé, la Môme Fromage, Nini Patte en
l’air, Muguet la limonière, Rayon d’or, et autres Trompe-la-mort, la
glu, ou Demi-siphon, mènent le « chahut ». Les peintres (Jules Chéret,
et surtout Toulouse-Lautrec, Au moulin de la galette, 1889, Bal au
moulin rouge, 1890) croquent à l’envi ces scènes audacieuses1. -
1
http://www.histoireimage.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=1187#sthash.eIq6wgyV.dpuf
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MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Exemples d’œuvres littéraires
plastiques étudiées…
Le Rouge et le Noir
et musicales à mettre en regard des œuvres
Madame de Rênal
Stendhal
Roman
Mathilde de La Mole
L’Education
sentimentale
Mme Arnoux
Stendhal
Roman
Bel-Ami
Madeleine Forestier
Guy de Maupassant
Roman
Boule de Suif
Élisabeth Rousset
Guy de Maupassant
Roman
Une vie
Jeanne
Guy de Maupassant
Roman
Nana
Nana
Emile Zola
Roman
Emma Bovary
Emma Bovary
Gustave Flaubert
Roman
Les Misérables
Cosette,
Victor Hugo
Roman
Prospère Mérimée
Bizet
Roman
Musique
Les Fleurs du Mal
Baudelaire
Poésie
La morte amoureuse
Théophile Gauthier
Roman
Fantine
Carmen
Carmen
La Dame aux
camélias
Marguerite Gautier
Alexandre Dumas
fils
Roman
La Traviata .
Marguerite Gautier
Giuseppe Verdi opéra
Musique
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MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
EXTRAITS :
Mme de Rênal était une de ces femmes de province, que l'on peut très bien prendre
pour des sottes pendant les quinze premiers jours qu'on les voit. Elle n'avait aucune
expérience de la vie, et ne se souciait pas de parler. Douée d'une âme delicate et
dedaigneuse, cet instinct de bonheur naturel à tous les êtres faisait que, la plupart du
temps, elle ne donnait aucune attention aux actions des personnages grossiers, au milieu
desquels le hasard l'avait jetée.
On l'eût remarquée pour le naturel et la vivacité d'esprit, si elle eût reçu la moindre
éducation. Mais en sa qualité d'héritière, elle avait été élevée chez des religieuses
adoratrices passionnées du Sacré-Coeur de Jésus, et animées d'une haine violente pour
les Français ennemis des jésuites. Mme de Rênal s'était trouvée assez de sens pour
oublier bientôt, comme absurde, tout ce qu'elle avait appris au couvent; mais elle ne mit
rien à la place, et finit par ne rien savoir. Les flatteries précoces dont elle avait été l'objet,
en sa qualité d'héritière d'une grande fortune, et un penchant décidé à la dévotion
passionnée, lui avaient donné une manière de vivre tout intérieure. Avec l'apparence de
la condescendance la plus parfaite, et d'une abnégation de volonté, que les maris de
Verrières citaient en exemple à leurs femmes, et qui faisait l'orgueil de M. de Rênal, la
conduite habituelle de son âme était en effet le résultat de l'humeur la plus altière. Telle
princesse, citée à cause de son orgueil, prête infini ment plus d'attention à ce que ses
gentilshommes font autour d'elle, que cette femme si douce, si modeste en apparence,
n'en donnait à tout ce que disait ou faisait son mari. Jusqu'à l'arrivée de Julien, elle
n'avait réellement eu d'attention que pour ses enfants. Leurs petites maladies, leurs
douleurs, leurs petites joies, occupaient toute la sensibilité de cette âme, qui, de la vie,
n'avait adoré que Dieu, quand elle était au Sacré-Coeur de Besançon.
Sans qu'elle daignât le dire à personne, un accès de fièvre d'un de ses fils la mettait
presque dans le même état que si l'enfant eût été mort. Un éclat de rire grossier, un
haussement d'épaules, accompagné de quelque maxime triviale sur la folie des femmes,
avaient constamment accueilli les confidences de ce genre de chagrins, que le besoin
d'épanchement l'avait portée à faire à son mari, dans les premières années de leur
mariage. Ces sortes de plaisanteries, quand surtout elles portaient sur les maladies de ses
enfants, retournaient le poignard dans le coeur de Mme de Rênal. Voilà ce qu'elle trouva
au milieu des flatteries empressées et mielleuses du couvent jésuitique où elle avait
passé sa jeunesse. Son éducation fut faite par la douleur. Trop fière pour parler de ce
genre de chagrins, même à son amie Mme Derville, elle se figura que tous les hommes
étaient comme son mari, M. Valenod et le sous-préfet Charcot de Maugiron. La
grossièreté, et la plus brutale insensibilité à tout ce qui n'était pas intérêt d' argent, de
préséance ou de croix; la haine aveugle pour tout raisonnement qui les contrariait, lui
parurent des choses naturelles à ce sexe, comme porter des bottes et un chapeau de
feutre.
Après de longues années, Mme de Rênal n'était pas encore accoutumée à ces gens à
argent au milieu desquels il fallait vivre.
Stendhal Le Rouge et le Noir ,Chapitre VII
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MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Fantine depuis la veille avait vieilli de dix ans.
– Jésus! fit Marguerite, qu'est-ce que vous avez, Fantine?
– Je n'ai rien, répondit Fantine. Au contraire. Mon enfant ne mourra pas de cette affreuse
maladie, faute de secours. Je suis contente.
En parlant ainsi, elle montrait à la vieille fille deux napoléons qui brillaient sur la table.
– Ah, Jésus Dieu! dit Marguerite. Mais c'est une fortune! Où avez-vous eu ces louis d'or?
– Je les ai eus, répondit Fantine.
En même temps elle sourit. La chandelle éclairait son visage. C'était un sourire sanglant. Une
salive rougeâtre lui souillait le coin des lèvres, et elle avait un trou noir dans la bouche.
Les deux dents étaient arrachées.
Elle envoya les quarante francs à Montfermeil.
Du reste c'était une ruse des Thénardier pour avoir de l'argent. Cosette n'était pas malade.
Fantine jeta son miroir par la fenêtre. Depuis longtemps elle avait quitté sa cellule du second
pour une mansarde fermée d'un loquet sous le toit; un de ces galetas dont le plafond fait
angle avec le plancher et vous heurte à chaque instant la tête. Le pauvre ne peut aller au fond
de sa chambre comme au fond de sa destinée qu'en se courbant de plus en plus. Elle n'avait
plus de lit, il lui restait une loque qu'elle appelait sa couverture, un matelas à terre et une
chaise dépaillée. Un petit rosier qu'elle avait s'était désséché dans un coin, oublié. Dans
l'autre coin, il y avait un pot à beurre à mettre l'eau, qui gelait l'hiver, et où les différents
niveaux de l'eau restaient longtemps marqués par des cercles de glace. Elle avait perdu la
honte, elle perdit la coquetterie. Dernier signe. Elle sortait avec des bonnets sales. Soit faute
de temps, soit indifférence, elle ne raccommodait plus son linge. À mesure que les talons
s'usaient, elle tirait ses bas dans ses souliers. Cela se voyait à de certains plis
perpendiculaires. Elle rapiéçait son corset, vieux et usé, avec des morceaux de calicot qui se
déchiraient au moindre mouvement. Les gens auxquels elle devait, lui faisaient «des scènes»,
et ne lui laissaient aucun repos. Elle les trouvait dans la rue, elle les retrouvait dans son
escalier. Elle passait des nuits à pleurer et à songer. Elle avait les yeux très brillants, et elle
sentait une douleur fixe dans l'épaule, vers le haut de l'omoplate gauche. Elle toussait
beaucoup. Elle haïssait profondément le père Madeleine, et ne se plaignait pas. Elle cousait
dix-sept heures par jour; mais un entrepreneur du travail des prisons, qui faisait travailler les
prisonnières au rabais, fit tout à coup baisser les prix, ce qui réduisit la journée des ouvrières
libres à neuf sous. Dix-sept heures de travail, et neuf sous par jour! Ses créanciers étaient plus
impitoyables que jamais. Le fripier, qui avait repris presque tous les meubles, lui disait sans
cesse: Quand me payeras-tu, coquine? Que voulait-on d'elle, bon Dieu! Elle se sentait traquée
et il se développait en elle quelque chose de la bête farouche. Vers le même temps, le
Thénardier lui écrivit que décidément il avait attendu avec beaucoup trop de bonté, et qu'il
lui fallait cent francs, tout de suite; sinon qu'il mettrait à la porte la petite Cosette, toute
convalescente de sa grande maladie, par le froid, par les chemins, et qu'elle deviendrait ce
qu'elle pourrait, et qu'elle crèverait, si elle voulait. «Cent francs, songea Fantine! Mais où y at-il un état à gagner cent sous par jour?»
– Allons! dit-elle, vendons le reste.
L'infortunée se fit fille publique.
Victor Hugo, Les Misérables (1862), Livre IV, Chapitre 10
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MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Emile Zola, L’Assommoir (1877), chapitre V
Mme Walter répondait gracieusement, avec calme et indifférence, sans
hésiter jamais sur ce qu'elle devait dire, son opinion étant toujours prête
d'avance.
Mais elle s'aperçut que la nuit venait et elle sonna pour les lampes, tout en
écoutant la causerie qui coulait comme un ruisseau de guimauve, et en
pensant qu'elle avait oublié de passer chez le graveur pour les cartes
d'invitation du prochain dîner.
Elle était un peu trop grasse, belle encore, à l'âge dangereux où la débâcle
est proche. Elle se maintenait à force de soins, de précautions, d'hygiène et
de pâtes pour la peau. Elle semblait sage en tout, modérée et raisonnable,
une de ces femmes dont l'esprit est aligné comme un jardin français. On y
circule sans surprise, tout en y trouvant un certain charme. Elle avait de la
raison, une raison fine, discrète et sûre qui lui tenait lieu de fantaisie, de la
bonté, du dévouement, et une bienveillance tranquille, large pour tout le
monde et pour tout.
Guy de Maupassant (1884), Bel Ami
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MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
EXEMPLES POESIES
Bien loin d’ici
La beauté
C’est ici la case sacrée
Où cette fille très parée,
Tranquille et toujours préparée,
Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s’est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Eternel et muet ainsi que la matière.
D’une main éventant ses seins,
Et son coude dans les coussins,
Ecoute pleurer les bassins ;
C’est la chambre de Dorothée.
- La brise et l’eau chantent au loin
Leur chanson de sanglots heurtée
Pour bercer cette enfant gâtée.
Je trône dans l’azur comme un sphinx incompris ;
J’unis un coeur de neige à la blancheur des cygnes ;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.
Les poètes, devant mes grandes attitudes,
Que j’ai l’air d’emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d’austères études ;
Du haut en bas, avec grand soin,
Sa peau délicate est frottée
D’huile odorante et de benjoin.
- Des fleurs se pâment dans un coin.
Car j’ai pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles :
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles !
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal
Charles Baudelaire, les Fleurs du mal
Les ingénus
Les hauts talons luttaient avec les longues jupes,
En sorte que, selon le terrain et le vent,
Parfois luisaient des bas de jambes, trop souvent
Interceptés ! - et nous aimions ce jeu de dupes.
Parfois aussi le dard d’un insecte jaloux
Inquiétait le col des belles sous les branches,
Et c’étaient des éclairs soudains de nuques blanches,
Et ce régal comblait nos jeunes yeux de fous.
Le soir tombait, un soir équivoque d’automne :
Les belles, se pendant rêveuses à nos bras,
Dirent alors des mots si spécieux, tout bas,
Que notre âme depuis ce temps tremble et s’étonne.
Paul Verlaine, Fêtes galantes
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MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Sara la baigneuse de Victor Hugo, Les orientales
Sara, belle d’indolence,
Se balance
Dans un hamac, au-dessus
Du bassin d’une fontaine
Toute pleine
D’eau puisée à l’Ilyssus ;
On voit tout ce que dérobe
Voile ou robe ;
Dans ses yeux d’azur en feu,
Son regard que rien ne voile
Est l’étoile
Qui brille au fond d’un ciel bleu.
” Puis, je pourrais, sans qu’on presse
” Ma paresse,
” Laissez avec mes habits
” Traîner sur les larges dalles
” Mes sandales
” De drap brodé de rubis. “
Et la frêle escarpolette
Se reflète
Dans le transparent miroir,
Avec la baigneuse blanche
Qui se penche,
Qui se penche pour se voir.
L’eau sur son corps qu’elle essuie
Roule en pluie,
Comme sur un peuplier ;
Comme si, gouttes à gouttes,
Tombaient toutes
Les perles de son collier.
Ainsi se parle en princesse,
Et sans cesse
Se balance avec amour,
La jeune fille rieuse,
Oublieuse
Des promptes ailes du jour.
Chaque fois que la nacelle,
Qui chancelle,
Passe à fleur d’eau dans son vol,
On voit sur l’eau qui s’agite
Sortir vite
Son beau pied et son beau col.
Mais Sara la nonchalante
Est bien lente
A finir ses doux ébats ;
Toujours elle se balance
En silence,
Et va murmurant tout bas :
L’eau, du pied de la baigneuse
Peu soigneuse,
Rejaillit sur le gazon,
Sur sa chemise plissée,
Balancée
Aux branches d’un vert buisson.
Elle bat d’un pied timide
L’onde humide
Où tremble un mouvant tableau,
Fait rougir son pied d’albâtre,
Et, folâtre,
Rit de la fraîcheur de l’eau.
” Oh ! si j’étais capitane,
” Ou sultane,
” Je prendrais des bains ambrés,
” Dans un bain de marbre jaune,
” Prés d’un trône,
” Entre deux griffons dorés !
Et cependant des campagnes
Ses compagnes
Prennent toutes le chemin.
Voici leur troupe frivole
Qui s’envole
En se tenant par la main.
Reste ici caché : demeure !
Dans une heure,
D’un oeil ardent tu verras
Sortir du bain l’ingénue,
Toute nue,
Croisant ses mains sur ses bras.
” J’aurais le hamac de soie
” Qui se ploie
” Sous le corps prêt à pâmer ;
” J’aurais la molle ottomane
” Dont émane
” Un parfum qui fait aimer.
Chacune, en chantant comme elle,
Passe, et mêle
Ce reproche à sa chanson :
- Oh ! la paresseuse fille
Qui s’habille
Si tard un jour de moisson !
Car c’est un astre qui brille
Qu’une fille
Qui sort d’un bain au flot clair,
Cherche s’il ne vient personne,
Et frissonne,
Toute mouillée au grand air.
” Je pourrais folâtrer nue,
” Sous la nue,
” Dans le ruisseau du jardin,
” Sans craindre de voir dans l’ombre
” Du bois sombre
” Deux yeux s’allumer soudain.
Elle est là, sous la feuillée,
Eveillée
Au moindre bruit de malheur ;
Et rouge, pour une mouche
Qui la touche,
Comme une grenade en fleur.
” Il faudrait risquer sa tète
” Inquiète,
” Et tout braver pour me voir,
” Le sabre nu de l’heiduque,
” Et l’eunuque
” Aux dents blanches, au front noir !
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MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Exemple CHANSON
La Matchiche
Un Espagnol sévère
D'une Ombrienne
Au Moulin d'la Galette
Fit la conquête
Il dit à sa compagne
Comme en Espagne
Je m'en vais vous montrer
Un pas à la mode qui va vous charmer
Amoureusement
Laissez-vous conduire gentiment
Refrain :
C'est la danse nouvelle
Mademoiselle
Prenez un air canaille
Cambrez la taille
Ça s'appelle la Matchiche
Prenez vos miches
Ainsi qu'une Espagnole
Joyeuse et folle !
Refrain :
C'est la danse nouvelle
Mademoiselle
Prenez un air canaille
Cambrez la taille
Ça s'appelle la Mattchiche
ça vous aguiche
Ainsi qu'une Espagnole
Joyeuse et folle !
Depuis lors les p'tites femmes
Chaque soir se pâment
Pour cette danse excitante
Très entraînante
J'vous souhaite Messieurs Mesdames
Du fond de l'âme
De pouvoir la danser
Cinq ou six fois d'suite sans vous arrêter
C'est le bon moment
Quand on est vieux ce n'est plus temps
Il amena la fillette
Dans sa chambrette
Avant de faire dodo
Cet hidalgo
Lui dit belle mignonne
Faut qu'je vous donne
Une deuxième leçon
Enlaçons-nous et recommençons
N'pressez pas l'mouvement
Afin qu'ça dure plus longtemps
C'est la danse nouvelle
Refrain :
C'est la danse nouvelle
Mesdemoiselles
Il faut cambrer la taille
Petite taille
Ça s'appelle la Matchiche
Prenez vos miches
Ainsi qu'une Espagnole
Des Batignolles !
Raymond Queneau évoque la Matchiche dans une reprise de la fable de La Fontaine, La fourmi et
la cigale (site : http://www.poetica.fr/poeme-847/raymond-queneau-la-fourmi-et-la-cigale/)
Une fourmi fait l’ascension
d’une herbe flexible
elle ne se rend pas compte
de la difficulté de son entreprise
elle s’obstine la pauvrette
dans son dessein délirant
pour elle c’est un Everest
pour elle c’est un Mont Blanc
ce qui devait arriver arrive
elle choit patatratement
une cigale la reçoit
dans ses bras bien gentiment
eh dit-elle point n’est la saison
des sports alpinistes
(vous ne vous êtes pas fait mal j’espère ?)
et maintenant dansons dansons
une bourrée ou la matchiche.
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MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Bibliographie/sitographie
Le site Canopé propose un recensement fait par le CDDP de Versailles (www.cddp91.ac-versailles.fr ›
Ressources pour enseigner › Arts & culture) de toutes les œuvres d’art sur La femme :
http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=11&cad=rja&uact=8&ved=0CFYQ6QUoADAK&url=http%3A%
2F%2Fwww.cddp91.ac-versailles.fr%2Fspip.php%3Frubrique134&ei=xfurU8q3E8a0POrgcgD&usg=AFQjCNEPDWwwV1GkwS9O3SjFR2GgPHQQgQ
Le site l’histoire par l’image propose des analyses d’œuvres sur des thématiques très variées :
http://www.histoire-image.org/site/rech/thematique.php

Notamment sur la femme : http://www.histoire-image.org/site/lettre_info/hors-serie-femmes.php

Sur la mère : Voir le site l’histoire par l’image qui propose plusieurs œuvres consacrées à l’amour maternel :
http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=42

Sur les portraits de femmes :
Analyse : La Femme dans la peinture au XIXe siècle.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_2002_num_57_2_7353
Sur la photographie:
La mise en relation des photographies de la même période permet de voir comment la femme est alors
représentée. Ainsi se développe un art de la posture et de la mise en scène où la femme joue souvent un
rôle ou s’affirme dans son rang social, sa puissance ou sa renommée.
BIBLIOGRAPHIE / SITOGRAPHIE
Repères chronologiques pour la photo sur site du ministère de la culture et de la communication :
http://www.histoiredesarts.culture.fr/reperes/photo
Pour la période étudiée on peut consulter les sites consacrés à des photographes
- N. Niepce (1765 - 1833),
- Nadar, (1820-1910)...)
Des commentaires et des dossiers sur les sites des musées :
 Au musée d’Orsay : http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/oeuvrescommentees/photographie.html

Un dossier du service éducatif du musée Fabre : http://museefabre.montpellieragglo.com/pdf.php/?filePath=var/storage/original/application/d702a578efa41aa880784d4a802250
45.pdf

La Maison Nicéphore Niépce :http://www.photo-museum.org/pages/page-inv.html

LA REPRÉSENTATION DE L’ENFANT AU xixe SIÈCLE DANS LES PHOTOGRAPHIE D’EUGÈNE
ATGET au MUSEE CARNAVALET : dossier
http://www.carnavalet.paris.fr/sites/default/files/editeur/fiche-atget-enfant-word-97.pdf
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MUSEE D’ART MODERNE DE TROYES
Des portraits photographiques :
http://blog.bnf.fr/gallica/index.php/2012/01/26/portraits-photographiques-du-xixe-siecle-les-ecrivainsmis-en-scene/
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84323847
Voir aussi une réflexion sur la photographie au XIXe siècle
http://critiquedart.revues.org/2633
http://www.cndp.fr/crdp-toulouse/spip.php?page=dossier&article=18044&num_dossier=2496
Ouvrages :

Gisèle Freund. La Photographie en France au XIXe siècle ; Gisèle Freund : l’œil frontière

Petite histoire de la photographie de Walter Benjamin
Analyses :
Sur la bourgeoisie et la photographie : La bourgeoisie en portrait . Albums familiaux de photographies des années
1860-1914, http://rh19.revues.org/1382?lang=en
Sur la musique :
Sophie-Anne Leterrier : Musique populaire et musique savante au XIXe siècle. Du "peuple" au "public" voir
sur http://rh19.revues.org/157
Sur l’opéra, le site Canopé, le réseau de création et d’accompagnement pédagogiques permet différentes
approches
http://www.cndp.fr/opera-en-actes/presentation/
Notamment sur la Traviata : http://www.cndp.fr/opera-en-actes/les-operas/la-traviata/loeuvrelyrique/presentation/
sur Jacques Offenbach :
http://web.actoulouse.fr/automne_modules_files/pDocs/public/r19831_61_opera_bouffe__offenbach.pdf
La belle Hélène à l’opéra de Reims, voir le livret pédagogique:
http://www.operadereims.com/IMG/pdf/la_belle_h_carnet_d_opera.pdf
Nadar photographie Offenbac, Jacques Offenbach par NADAR (Gaspard Félix TOURNACHON, dit)
© Photo RMN-Grand Palais - H. Lewandowski : http://www.histoireimage.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=732&d=11&c=musique
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