Sept. Oct. 2015 - Les Randonneurs Sans Frontières
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Sept. Oct. 2015 - Les Randonneurs Sans Frontières
-1- BULLETIN BIMESTRIEL DES RANDONNEURS SANS FRONTIÈRES DE MONTAUBAN CLUB F.F.C.T. 03493 - ISSN 0983-7507 - SIRET 39439872100016 N°214 35me Année - Septembre - Octobre 2015 - ABONNEMENT - RÉDACTION : Louis ROMAND 227 Bd Alsace-Lorraine - 82000 MONTAUBAN – Téléphone : 09.75.40.32.01 - 05.63.03.78.66. - Portable – 06.95.21.33.00. Départ - Arrivées des sorties : 773 Boulevard Blaise Doumerc Montauban 82000 Abonnement annuel : - (6 numéros papier) : 5€, (Montauban ville), 12€ (envoi postal), 16€ (étranger). Par Mail il suffit de nous faire parvenir votre adresse Mail, l’abonnement est Gratuit Ne manquez pas de visiter notre site Internet : KWWSUDQGRQQHXUVVDQVIURQWLHUHVZLIHRFRP Nous sommes également sur Facebook (Confrérie des Randonneurs Cyclotouristes Sans Frontières) Adresse E Mail : [email protected] SOMMAIRE P.1 P2 P.3 Ça m’énerve ! - Le Philosophe. L’A.B. Cycle du métier – Michel Haupais. La page Humour - A la manière de Raoul Lambert – Lézard – P.3 P.4 Les plaisirs de la table ! - Topico Du bus au vélo. – Philippe Baranger. P.6 P.8 P.11 P.15 P.16 P.18 P.19 Cyclonomade – Sept ans à parcourir le monde à vélo – Jacques Sirat. B. B. B. ou L’Odyssée des Monts de France – José Bruffaerts. La Bretagne sous le soleil et même la canicule !– Louis Romand. Petites nouvelles de la Confrérie. Voyage à l’aventure dans la Yougoslavie de 1954. (3)- Louis Romand Les Infos Randonneurs Sans Frontières. Le Programme des sorties des mois de septembre et octobre 2015. P.20 Les voyages et week-ends à venir. ÇA M’ÉNERVE….. A vélo, je ne m’énerve jamais. C’est bon pour les amateurs. Aussi lorsqu’un fou du volant débotte devant moi à un rond-point ou démarre en trombe au feu, je me contente de lui jeter un regard distant, mais profondément méprisant. Ce qui ne sert strictement à rien puisque l’oeil du chauffard est rivé sur cet horizon qu’il s’est juré d’atteindre au moins trois secondes avant moi. Quiconque est prêt à risquer sa vie, ou même son rétroviseur, pour une telle cause mérite davantage la pitié que la colère. Mais, dans d’autres circonstances, je sors volontiers de mes gonds. Sur le trottoir, par exemple, j’enrage à la vue d’un cycliste qui déboule à toute allure pour se frayer un chemin tête baissée, bousculant écoliers et petites vieilles. Nous, les cyclistes ne cessons de vanter les qualités hygiéniques et non polluantes de notre moyen de transport, alors pourquoi certains prennent-ils délibérément le risque d’estropier les gens ? La colère me gagne aussi parfois lorsque certains automobilistes — surtout les jeunes prennent un malin plaisir à monter à fond le volume d’une musique à vous crever les tympans, et cela toutes vitres baissées. Je rêve en secret de pointer en direction du coupable un aimant si puissant qu’il effacerait à tout jamais le contenu de la cassette. Même les activités les plus banales fournissent d’excellentes raisons de s’énerver. Je me souviens d’un jour où je faisais la queue à la gare derrière une vingtaine de personnes — classique ! — pour acheter un billet. Je me demandais distraitement si tout le monde serait servi avant le départ de mon train et m’interrogeais sur les motifs qui poussent la moitié des passagers à demander à l’employé le numéro du quai, alors que tous les renseignements possibles et imaginables sont indiqués sur le panneau lumineux au-dessus de leur tête. Soudain, une femme dépassa dignement tout le monde et déclara d’un ton arrogant — Vous permettez, j’ai un train à prendre ! Dans cette petite gare de banlieue, il n’y a que deux trains seulement par heure. 2 Aussi, quoi de plus énervant lorsque, une minute avant le départ du 10 h 27, quelqu’un trouve le moment idéal pour remplir un formulaire, acheter un forfait de transport ainsi qu’un billet pour une destination quelconque... et régler le tout par carte de crédit. A peine la femme passée devant tout le monde avait-elle enfin quitté le guichet qu’elle s’écria: — Oh! Voilà mon train ! Elle se précipita alors sur le quai, plongeant du même coup la demidouzaine de personnes qui faisaient encore la queue dans un terrible dilemme rater le train ou risquer une amende en voyageant sans billet. réservé l’usage de cette banquette rembourrée à autre chose qu’à mes pieds?» Au supermarché les occasions de s’énerver ne manquent pas non plus. Je pense en particulier aux clients qui se glissent dans la file réservée aux achats inférieurs à dix articles avec un Caddie plein à craquer, en se justifiant bruyamment une fois arrivés à la caisse. Je le fis remarquer un jour à un homme qui véhiculait suffisamment de provisions pour nourrir tout un régiment. Il me répondit d’un ton sarcastique : On ne plaisante pas avec le règlement, dites donc. — Eh bien non, justement. Et que dire de ces gens qui abandonnent leur chariot quasiment vide dans la file d’attente pour revenir un peu plus tard les bras chargés de marchandises, bloquant ainsi les pauvres clients vieux jeu qui, comme moi, font leurs courses avant et se présentent à la caisse ensuite ? C’est incroyable le nombre de gens qui se moquent pas mal des autres. L’autre jour, dans le train, j’ai demandé à une espèce de jeune primate d’ôter ses chaussures crottées du siège d’en face. Il n’a pas protesté, mais m’a lancé un long regard perplexe qui signifiait à peu près ceci: «La société des chemins de fer aurait-elle Enfin, avez-vous déjà remarqué cette manie qu’ont certaines personnes de stationner sans complexe en double file ou sur la piste cyclable, pour passer chez le teinturier ou acheter une baguette. Le pire, c’est qu’ils se disculpent en allumant leurs feux de détresse. Non, vraiment, il y a tout le temps de quoi s’énerver. Il suffit de regarder autour de soi. Le Philosophe 4XHOOHHVWODGLIIpUHQFHHQWUHXQHIHPPHHWXQGREHUPDQ"/HSUL[GXFROOLHU L’A.B. CYCLE DU MÉTIER En dehors de certains animaux qu’on s’accorde à localiser avec complaisance dans le coeur de I’homme, il y a un cycliste qui sommeille. Et c’est facile à démontrer. Le vélocipédiste, pour reprendre I’expression chère à Littré, qui ne connaît pas encore, même dans la version actuelle de son petit dictionnaire, le cycliste en tant que tel, fâcheux oubli ! - cet homme à deux roues, il date en chacun de l’époque des culottes courtes et de la confiture au menton. C’était le bon temps, déplore-t-on en s’apitoyant sur ses jeunes années. Que ne le reste-t-il pas? La jeunesse d’esprit est la panacée qui guérit tous les maux. La bicyclette n’est pas, comme on le croit, expressément attachée à l’époque des folies gratuites, de l’audace à bon marché et de I’héroïsme ingénu.. Posons le problème de façon très simple : à partir de quel âge devient-on vieux ? Donc inapte à la pratique du vélo ? Peut-on parler de l’âge de la bicyclette comme de celui des boutons d’acné ou du poil Sous le menton ? La bicyclette n’est-elle pas de tous les âges et de tous les moments? La preuve, c’est qu’il suffit d’une circonstance anormale plus d’essence, cela arrive de temps en temps... pour que chacun retrouve d’emblée et d’instinct le mouvement rationnel et certes plus rentable que fatigant, qu’on exécute au moyen des jambes pour faire tourner deux roues afin d’aller quatre fois plus vite qu’à pied. I’homme est fait pour le vélo comme le vélo a été conçu pour I’homme, le vélo, cette banale bécane qui constitue un chef-d’oeuvre de simplicité et d’efficacité mécanique, la merveille des temps modernes. Le vélo remplit l’histoire. Depuis l’apparition de l’homme sur terre, il est inévitablement inscrit dans sa destinée. C’est, je le concède, un fanatique du cyclisme qui l’affirme dans ces lignes, mais I’évidence d’une telle affirmation ressort du simple bon sens. Il faut d’abord admettre qu’avant d’atteindre le stade de perfection que nous lui connaissons, le vélo a subi de nombreuses métamorphoses. Nul n’ignore le plaisir qu’éprouve I’homme à se mettre à califourchon sur une monture, de l’enfant qui s’installe sur un cheval de bois au grand-père qui raconte ses souvenirs assis à l’envers sur sa chaise. Chacun « chevauche » dès qu’il le peut. A défaut de bicyclette, nos lointains aïeux ont dû se contenter pendant des siècles d’enfourcher ce qui leur tomba sous le séant : mammouths, aurochs, bisons, le voisin de caverne à l’occasion. Je passe sous silence le diplodocus, car en son temps l’homme faisait défaut, ce qui permet d’affirmer que la monture est antérieure au cavalier. Puis apparut le cheval, qui représente indiscutablement la forme de monture la plus évoluée donc la plus maniable et la plus pratique. Il est cependant certain que la plus noble conquête de l’homme, et non sa plus belle création - le vélo – n’est que l’ancêtre de la bicyclette présentée sous une forme animale et rustique. La draisienne - l’embryon du vélocipède deux roues, un cadre, une selle - faisant son apparition sur le marché, l’homme se sentit soulagé. Il allait enfin être maître de sa monture en toutes circonstances et ne plus subir ses caprices. Plus de dressage et finis les problèmes qui ne rendaient le cheval utilisable qu’au prix de certaines précautions et de nombreuses servitudes. Citons en vrac l’avoine, I’écurie, le pansage et le crottin, si noble soit-il. Le grand Bi ouvrait à l’homme la voie de l’aventure sur deux roues. 2 3 Après les pédales, le frein et la chaîne, le pneu et la roue libre avec ses démultiplications venaient parachever une oeuvre à laquelle il n’est désormais plus utile que d’apporter des nuances, la touche personnelle propre à chaque constructeur de cycles. Ainsi à l’aube du xx° siècle voyaitelle se lever le soleil de la délivrance pour le cavalier. A lui Ies longues chevauchées sans changement de monture, sans forgeron, sans picotin d’avoine et sans hennissement ! Terminé le tape séant ! imaginer qu’un homme qui, pour avoir une compagne, a donné, selon des sources sûres, une de ses côtes, serait-il rebuté par celles qu’il trouve sur sa route alors qu’on sait qu’en haut d’une côte il y a toujours une descente ? Et puis souffrir, c’est un bien grand mot lorsqu’il s’agit de lever alternativement les jambes dans un plan vertical, c’est mieux apprécier le repos. Suer, c’est éliminer, régénérer, souffler, c’est ventiler. Rouler, c’est connaître, apprendre, échanger, donner et recevoir. Certains affirment qu’à vélo on crève. En voiture aussi et c’est pour plus longtemps. Quand on compare les satisfactions qu’on tire du cheval à deux roues aux inconvénients qu’on lui prête... Non. C’est inutile. On va me rétorquer : mais sur un vélo, il faut pédaler. Diantre ! L’homme a été créé pour l’effort, les muscles dont il dispose le prouvent. Comment peut-on En selle, l’ami, en selle, l’air est pur, la route est large... Michel Haupais. LA PAGE HUMOUR A LA MANIÈRE DE RAOUL LAMBERT – LÉZARD Hier, l’ai rencontré un lézard vert qui courait sur un mur. A son air, je compris qu’il n’était pas bête et méritait la conversation. - Ça vous plaît d’être lézard? - Modérément. J’aurais préféré être aviateur, piloter l’Airbus. Hélas.! Je ne suis que reptile ! Je lui tapai sur l’épaule. - il n’y a pas de quoi en faire un drame, mon vieux ! Je suis sûr que bien des aviateurs voudraient être lézards. - Vous croyez, sir ? - Ne m’appelez pas « sir », je ne le mérite pas. Il me conta qu’il appartenait aux lacertiliens, vieil ordre animal qui avait participé à la guerre du feu, à celle des Gaules, aux Croisades, à la révolution industrielle du XIX° siècle. Je l’invitai au bistro. Je le posai sur le comptoir, comman- dai deux whiskies. - Pour vous, dit le patron, c’est d’accord. Mais pour le petit (il désigna mon compagnon), pas d’alcool. Une grenadine, ça suffira. - J’ai vingt-trois ans, protesta le lézard. - Vous voyez bien que c’est un vieux reptile, patron ! Et totalement inoffensif ! L’homme réfléchit. - Bon. Pouvez-vous me jurer, vieux reptile, que vous ne feriez pas de mal à une mouche ? Le lézard se tut. Moi aussi. Le patron profita de ce pesant silence pour nous jeter dehors. Pour tuer le temps, le lézard m’apprit à grimper le long des façades. C’est difficile, mais on y arrive. On risque seulement d’abîmer son veston. /DTXHVWLRQH[LVWHQWLHOOHGXPRLV3RXUTXRLPDERXWHLOOHGHSURGXLWDQWLURXLOOHILQLWHOOHWRXMRXUVSDUURXLOOHU" LES PLAISIRS DE LA TABLE. Quand vous étiez petit chez vous c'était "à la bonne franquette" en mode saucisson et coudes sur la table, vous vous êtes peut-être retrouvé coincé dans des endroits où vos manières un peu singulières ont fait leur petit effet. C'est bien normal, les "règles de la table" ne sont pas toujours évidentes à assimiler et même en connaissant celles de base, il nous arrive tous d'en oublier. Voilà un petit guide de sûreté qui devrait vous permettre de faire votre caméléon. Ne pas couper sa salade avec son couteau. Pourquoi ? C'est simple, avant les couteaux n'étaient pas inoxydables, et le vinaigre les salissait. Les hôtes coupaient donc la salade au préalable. Si vous coupez devant eux, c'est comme si vous leur disiez "dis donc pignouf, c'est pas du boulot ça comment tu veux que je m'enfourne ça dans le gosier". Si effectivement ils ont fait un travail de pignouf, vous êtes autorisé à plier la feuille de salade à l'aide de votre fourchette et d'un bout de pain. Ne pas replier sa serviette à la fin du repas Il faut la poser à gauche de son assiette. Attention, avec la serviette il y a tout un tas de règles. On peut vous citer en vrac que : Il ne faut pas la déplier en la claquant. Il ne faut pas la déplier en entier et la mettre sur ses genoux. Il ne faut donc pas se la foutre dans le col de chemise 3 comme un goret. Il ne faut pas la faire tourner en écoutant du Pat Seb. Il ne faut pas se moucher dedans. Il ne faut pas tuer des gens en les étouffant avec (enfin là on chipote ça peut arriver de craquer). Ne pas mettre ses coudes sur la table. Par contre, vos mains doivent toujours être visibles pour que personne ne pense que vous vous astiquez le pipou ou la zezette en écoutant votre Tante Josiane vous raconter son voyage au Pérou. Donc le mieux c'est d'avoir ses avant bras posés sur le bord de la table. Commencer le premier plat avec les couverts les plus éloignés de l'assiette. Si vous vous êtes déjà retrouvé dans un grand restau, vous savez de quoi on parle. Eh bien sachez que les bourges ne sont pas aussi mesquins qu'on le pense. 4 En fait, la règle est très simple : vous partez de l'extérieur et vous allez à l'intérieur. Pas besoin de réfléchir. avoir le côté bombé sur le dessus et la lame des couteaux doit toujours être tournée vers l'assiette. On ne se ressert pas du fromage. On ne souhaite pas un "Bon appétit" avant d'entamer un repas. À moins que vous soyez chez un couple de fermiers, il y a de grandes chances que le fromage soit le seul mets qui n'ait pas été concocté par vos hôtes. En reprendre c'est donc leur prouver que ce qu'ils ont fait n'est pas terrible, mais qu'en plus vous avez encore la dalle. De la même manière, si vos hôtes vous proposent du fromage une deuxième fois, c'est une faute. Normalement, vous êtes déjà plein comme une outre. Surtout qu'après, ben y a du gâteau. Rompre le pain à la main. Donc, ne pas le couper au couteau. Vous avez le droit de croquer dans votre pain. Par contre, saucer toute l'assiette ne se fait pas trop, à moins de le faire avec un bout de pain piqué au bout de votre fourchette. Si vous saucez, il ne faut pas nettoyer toute l'assiette parfaitement comme s'il n'y avait rien eu dedans, au risque de passer pour le gros goulu de base. Souhaiter "Bon appétit" revient à s'encourager pour la digestion du repas réalisé par l'hôte de maison. Ça revient donc à dire qu'en gros il a fait un truc bien inapproprié. Donc on ne dit rien, on s'abstient. Traduction : attends que tout le monde soit servi, mange et ferme bien ta gueule. Bonus : S'il doit ne rester qu'une règle : ne pas mettre mal à l'aise son invité. D'après nos recherches la chose la pire à faire quand on reçoit c'est de laisser quelqu'un qui n'a aucune idée des règles précédentes être le seul à passer pour un mufle. Donc, si quelqu'un se met à bouffer son pilon de poulet à la main, s'il boit le vin à la bouteille ou qu'il avoue écouter du Joe Dassin, il ne faut pas qu'il se sente exclu. Il faut donc faire comme lui. On sert les plats du côté gauche. Et les boissons du côté droit. Quand on dessert les assiettes, il faut aussi le faire du côté droit. L'un est la cause de l'autre, si on met les plats du même côté que les verres il risque d'y avoir du dégât. Les verres sont posés en haut à droite de l'assiette. Et sont alignés de la gauche vers la droite dans l'ordre suivant: eau (le plus grand verre), vin rouge (verre moyen), vin blanc (verre plus petit). Bien sûr pour le vin il ne faut pas remplir son verre à ras bord. Pour le vin rouge, on ne remplit qu'à moitié et pour le blanc on remplit aux 3/4. Pour l'eau vous... bon mais qui boit de l'eau à table en fait ? Tourner les fourchettes pointes vers la table. Cela vient des familles fortunées de l'époque ; les armoiries étaient gravées sur le dos de la fourchette, donc lors d'un repas, on expose fièrement ses fourchettes en argent avec le symbole familial. Pour les autres couverts, on trouve le même genre de règle: les cuillères doivent Voilà, si toutes les règles citées précédemment peuvent faire peur par leur classicisme celle-ci est quand même bien cool dans l'esprit. Comme quoi, les bonnes manières, ce ne sont pas qu'un ramassis de conneries d'aristos qui portent des perruques et qui font des partouzes. On en a omis évidemment un sacré paquet, mais vous avez là une bonne base. Topico 5LHQQ·HVWSHUPDQDQWVLFHQ·HVWOHFKDQJHPHQW "DU BUS AU VÉLO..." Je me prénomme Philippe, j'ai 54 ans, je conduis durant l'année les bus de ma ville. J'ai décidé de réaliser un périple à bicyclette durant mes congés annuels du dimanche 28 juin au dimanche 12 juillet 2015. J'étais accompagné du formidable Louis Romand, un jeune homme âgé de 85 ans, oui j'ai bien écrit 85 ans ! Louis est aussi le fondateur de la "Confrérie des Randonneurs Sans Frontières". C'est aussi lui qui a préparé l'itinéraire. Tous les deux, nous avons parcouru à vélo 1437 kilomètres en 14 jours, nous avons traversé 15 départements français. Le retour s'est fait en train de Paris ou plus exactement de Ris-Orangis dans l'Essonne où j'ai rencontré pour la première fois mon petit fils âgé de 3 semaines ! J'ai aimé le sens d'orientation de Louis sur l'ensemble du trajet mais surtout à Paris à vélo pour la visite extérieure du Musée du Louvres. De plus Louis, possède une mé- moire d'éléphant pour raconter en fin de soirée ses nombreuses anecdotes lors de ses longs voyages dont 120 environ en pays étrangers. Je n'ai pas aimé la grande circulation routière au niveau de la Communauté d'Agglomération d'Angoulême. Je vous communique la liste des départements traversés du départ à l'arrivée : le Lot 46 ; la Dordogne 24 ; la Charente 16 ; la Charente-Maritime 17 ; les Deux-Sèvres 79 ; la Vendée 85 ; la Loire-Atlantique 44 ; l'Ille et Vilaine 35 ; le Morbihan 56 ; les Côtes-d’Armor 22 ; la Mayenne 53 ; l'Orne 61 ; Paris 75 ; le Val de Marne 94 et l'Essonne 91. L'hébergement a été assuré durant neuf nuits par l'intermédiaire des "warmshower" ou si vous préférez "des cyclistes qui accueillent d'autres cyclistes de passage". Louis bien sûr s'est occupé des réservations par e-mail. Je me contentais juste la veille de notre passage de confirmer notre venue à l'aide du téléphone mobile. 4 5 Revenons sur la route, au premier jour, nous avons surpris une grande colonie de cygnes qui paradaient paisiblement sur les eaux de la Dordogne. Louis a bien sûr fusillé de son appareil photo de nombreuses images consultables sur le site informatique "desrandonneurssansfrontières" de Montauban. Je n'ai pas aimé la monotonie de la campagne française qui représente 80 % de nos traversées ; en fait les champs, les fermes, les paysans se ressemblent plus ou moins tous d'un bout à l'autre. Par contre j'ai aimé, le changement d'architecture en fonction des régions ou mêmes des départements. J'ai adoré les quatre moulins à vent croisés au fil des routes ainsi que les nombreuses éoliennes, sentinelles de la moindre brise de vent...! J'ai beaucoup moins apprécié la circulation dense et l'absence totale de pistes cyclables entre ces deux villes. Le lendemain arrêt à Cancale pour déguster un plat d'huîtres et pour terminer nous pédalons toute la journée pour rejoindre notre nouveau point d'accueil chez la famille d'Yves à Montreuil-Sur-Ille. Le jeudi 9 Juillet, nous tombons un peu par hasard sur la grande caravane du Tour de France Cycliste, je suis impressionné par l'ampleur de ce défilé qui ressemble à une grande cavalcade. Le Club de Cyclourisme local de Mayenne connaît même les Randonneurs Sans Frontières de Montauban, membre également de la Fédération Française de Cyclotourisme plus connue sous l'abréviation F.F.C.T. Toutefois, mon esprit est ailleurs, un message matinal sur mon smart phone m'informe que mon compte en banque vient d'être intégralement vidé. Panique à bord, je dois passer une dizaine d'appels téléphoniques pour comprendre le comment et le pourquoi. Je finis par limiter la casse....même si cela me coûtera quelques cadeaux à titre de remerciements aux personnes qui se reconnaîtront...!!! Le jour suivant, nous ressentons la forte chaleur de la canicule. Je trouve que dans les côtes mon vélo pèse "un âne mort" surtout quand Louis défile loin de moi....!!! La France n'est jamais bien plate finalement. Nous arrivons à Arçais au pied des marécages poitevins dans les Deux-Sèvres. Les jeunes qui nous hébergent nous proposent même un tour en barque avec la garantie de revenir dans au moins deux heures. Il est trop tard, notre besoin de sommeil est bien trop fort. Nous en profitons toutefois pour visiter cette fois à pied ce charmant petit village bien typique. Plus loin, la Vendée et ses étranges calvaires religieux très voyants qui identifient l'histoire des Chouans. J'ai aimé la lumière bleue de l'océan, l'air marin, la magie des marées. Et puis se retrouver au bout de la presqu'île de Quiberon face à Belle-Ile-En-Mer, c'est se croire dans la clarté de la Méditerranée. Bref j'ai adoré. Je comprends la fierté des Bretons pour défendre leur patrimoine et leur identité...! Mais il faut poursuivre vers le Nord pour se retrouver à Saint-Malo la cité corsaire. J'ai aimé les remparts de cette ville, l'accueil simple et sympathique d'Adeline qui nous explique les secrets des heures de passage de l'écluse de l'usine marémotrice sur la Rance qui sépare Dinard à Saint-Malo. Mais la route doit aussi se poursuivre et vers la Normandie nous traversons deux localités portant deux étranges noms puisqu'il s'agit de "L'Enfer" et "Le Cerceuil", si cela ne s'invente pas. C'est un peu effrayant après mes déboires bancaires. Louis finit par trouver la petite gare de Surdon dans l'Orne pour la destination de Paris. Sur place Louis se repère facilement et nous déjeunons même au pied du Musée du Louvre... un peu de classe ne fait pas de mal. Il ne nous reste plus qu'à rejoindre notre destination finale à savoir Ris-Orangis par la Nationale 7. Après le périphérique la température annoncée est de 39 degrés. Louis me fait un chemin approprié pour éviter le passage sous les pistes d'Orly qui ressemble à une autoroute. Une piste cyclable nous sauve et nous amène même au pied de l'avion supersonique Concorde à Athis-Mons. Nous arrivons enfin chez Claudine et Jean-Paul qui nous reçoivent chaleureusement. C'est dans cette maison que je verrai pour la première fois mon petit fils seulement âgé de trois semaines. Nous quittons nos vélos pour passer la nuit chez Corinne qui habite au 13eme étage....! Il n'est pas évident d'embarquer nos vélos dans les trains de banlieue ni ceux de grandes lignes, mais c'est avec un certain soulagement que je retrouve notre Cité d'Ingres où Madame le Maire a aussi eu droit à sa carte postale. Philippe Baranger. LA MAGIE DE LA LANGUE TCHÈQUE Le mec qui a inventé les voyelles n'était pas la moitié d'un con, tant leur usage s'est démocratisé depuis des siècles. Mais les Tchèques, eux, s'en foutent et continuent à miser sur des valeurs sûres : la consonne et le postillon. Strc prst skrz krk = "Enfonce ton doigt dans ta gorge". Ah, la joie des soirées alcoolisées tchèques. Smrž pln skvrn zvlhl z mlh = "Une morille pleine de taches se mouilla dans la brume". A sortir pendant une ballade romantique en forêt. Prd krt skrz drn, zprv zhlt hrst zrn = "Une taupe a pété à travers une motte de gazon, ayant premièrement avalé une poignée de grains". C'est la première chose à laquelle je pense le matin. 5 6 CYCLONOMADE – SEPT ANS À PARCOURIR LE MONDE À VÉLO – Notre ami jacques Sirat, continue de se remettre doucement de sa chute, son moral est au beau fixe… « Premier Jogging… Même si je dois refaire une batterie d’examens médicaux le mois prochain, j’ai l’autorisation, depuis quelques jours, de reprendre en douceur des activités physiques. Ce matin, en compagnie de ma sœur, j’ai donc effectué mes premières foulées. Il ne s’agissait certes que d’un footing de 6 kilomètres, mais ce fût pour moi les retrouvailles avec mon sport préféré et l’occasion de laisser s’évaporer les quelques appréhensions qui m’habitaient. Quatre petits raidillons m’ont rapidement tiré des gouttes de sueur bénéfiques, car elles me nettoient de toutes les toxines médicamenteuses ingurgitées ces derniers mois. Aujourd’hui j’ai donc retrouvé des sensations qui me manquaient énormément et nul doute que ce jour constitue un pas important vers le retour à une vie normale. Seulement 6 kilomètres mais ceux-ci en appellent d’autres… » Nous continuons de publier le récit de son voyage avant son accident, il comprend 40 chroniques, nous en sommes à la 37ème. Chronique 037 : Le rêve d'un fleuve égaré. C’est donc après une pause prolongée que je quitte Windhoek. Quelques derniers cafés précèdent mes retrouvailles avec la route, qui, il faut bien l’avouer, me manque déjà. Les premiers coups de pédales me confirment en effet que le sédentarisme de ces derniers jours, n’a pas fait vaciller d’un cheveu ma boulimie de nomadisme. La circulation est relativement dense pour le pays. De nombreux véhicules vont ou reviennent du parc Etosha, grande destination touristique de Namibie. Mais ces journées de reprise sont surtout marquées par une grande présence de Phacochères dont le comportement m’amuse. Dans un premier temps ceux-ci restent figés en m’observant, leur cerveau paraissant fonctionner au ralenti. Puis soudain, ils déguerpissent dans un nuage de poussière, comme s’ils avaient vu le diable à bicyclette… De nombreux bus ou camions de touristes me dépassent. J’en arrive à les plaindre de venir aussi loin pour passer à côté d’une partie délicieuse du voyage. Ainsi le ronflement permanent du moteur leur masque le bruissement des herbes sèches et des arbustes. Ils n’entendent ni ne sentent le soupir de la brise. Ils ne profitent pas du chant mélodieux des oiseaux qui conversent incessamment. Quel dommage de ne pas entendre ainsi la nature murmurer sa beauté et la partager avec qui prend le temps de l’écouter. Dans son livre « La poussière du monde », Jacques Lacarrière écrit : « …aucun bruit du monde ne peut être neutre. Du ruisseau aux houles de l’océan, de la brise aux tempêtes, de l’insecte à l’oiseau, toute la création et toutes les créatures disent quelque chose à ceux qui savent les écouter ». La nuit, le vent me fredonne une belle berceuse qui me guide vers un sommeil profond et réparateur. Il semble que l’homme ait peur du dialogue avec la nature. Ainsi, je tente souvent lors de mes passages en villes d’en saisir en vain son message. Mais celui-ci y est annihilé par une pollution sonore permanente. Tantôt ce sont des cris, un moteur, un klaxon, un crissement de pneu, une radio, un réfrigérateur ou une télé diffusant des programmes entrecoupés de publicités, ode à la société de consommation. Non, je ne parviens jamais à y converser avec la nature dont les sons ont été substitués par ceux nocifs et stressants d’un monde qui ne cesse de se couper de ses plus beaux atouts. Quel dommage donc, lors des vacances annuelles, de ne pas tenter de s’y reconnecter…à moins qu’il ne soit déjà trop tard. Je sors de ma réflexion pour reprendre le compte des phacochères : 30, 35, 37…il s’agit là d’une véritable procession ! Un jour, je prends la route avec une nausée persistante, sans en saisir la raison. Pendant deux journées entières, je ne peux rien avaler, rien ne passe au niveau solide, je me contente seulement de litres d’eau. Pas de diarrhée, juste pas faim ! Je suis écœuré par la seule idée de manger. Puis, cela passe comme c’est venu et un matin, mon estomac me signale allègrement de ne pas faire durer cette stupide diète…m’en voilà ravi ! Le vent du nord prend de la force et semble déranger grandement mes compagnons phacochères qui probablement perturbés, deviennent aussitôt invisibles. Juste en face d’une mine d’or se trouve une ferme où je bénéficie des restes du délicieux buffet destiné au personnel canadien. Je suis heureux que mon estomac ne soit plus en grève ! Puis tout à coup s’opère un changement radical, je plonge dans une Afrique noire que je ne voyais pas en Afrique du Sud ou au sud et centre de la Namibie. L’entrée de la province de Kavango constitue une véritable frontière. On m’avait dit de faire attention car je n’allais soi-disant pas trouver d’eau. Il se trouve que les grappes de huttes se succèdent. Les rires sonores égayent le parcours. Ces rires francs et contagieux dont seuls les africains et les brésiliens ont le secret. Des rires dont on n’a pas honte contrairement à nous européens qui considérons ces éclats comme un manque de discrétion, une impolitesse, alors qu’il s’agit juste de se laisser aller à l’expression d’une joie… J’aime ces rires, ils font du bien à l’âme ! Des gamins me saluent bruyamment. Ils jouent avec rien, rient de trois fois rien, et transmettent cette insouciance propre aux jeunes enfants lorsqu’on ne veut pas en faire trop rapidement des adultes…ils ont le temps. Pour profiter pleinement de cette immersion, je ne touche pas mon matériel photo ou vidéo pendant une bonne semaine. Tout paraît dès lors plus simple et ne fausse plus les rapports. Dans ces hameaux, je n’aperçois pas de blancs. Ils ne font que passer rapidement et bruyamment dans leur carapace métallique motorisée. 6 Les corvées d’eau et de bois redeviennent l’activité principale. Cette Namibie là est aux antipodes de celle des riches propriétaires fermiers blancs rencontrés plus au sud. Etrange monde qui sous une multitude de prétexte ne parvient pas à trouver un juste milieu. Pendant des jours, j’aperçois des femmes qui lavent le linge, des hommes et des enfants qui gardent le bétail. En passant devant des églises en tôle, j’entends des chants de gospels d’une envoûtante litanie. Alors qu’à l’intérieur on prie en chantant et frappant des mains, quelques enfants au dehors suivent la mesure en dansant… le rythme est bien inné. La citation de Desmond Tutu prends ici tout son sens : « Quand les missionnaires sont arrivés en Afrique, ils avaient la Bible et nous la terre. Ils nous ont dit de prier. On a fermé nos yeux et quand nous les avons rouverts, nous avions la Bible et eux la terre ». 7 resse du vent jumelée à une exquise solitude, me plongent dans un état de félicité rare. Le lendemain j’enquille 180 kilomètres et atteins finalement la ville de Francistown, proche de la frontière zimbabwéenne. Dans les rues de la ville, on déambule au cœur de boutiques dont les propriétaires sont chinois pour l’essentiel. Ici, pas vraiment de boutiques spécialisées, mais plutôt fourre-tout au nom de « Chinese shop ». Des vêtements à l’électronique, des ustensiles de cuisines aux produits de beauté en passant par l’incontournable outillage chinois dont la solidité n’est qu’un rêve lointain. Il y a quelques jours j’ai du changer ma gamelle et j’ai opté pour une chinoise, qui dès la première utilisation a laissé fuir le liquide par les poignées…quel humour ces chinois ! A partir de la ville de Rundu je longe le fleuve Okavango jusqu’au Botswana. Je ne peux malheureusement rouler sur les portions de piste situées sur ses rives, car elles s’avèrent trop sablonneuses. Juste avant la frontière, je suis obligé par la gardienne de charger mon vélo sur les 12 kilomètres de la traversée du parc National. Lions et éléphants pourraient se montrer trop « taquins » avec moi. Puis en me dirigeant vers la frontière je fais une halte pour me rafraîchir dans un petit magasin où je fais un brin de causette avec les deux employées. Elles me disent alors qu’elles travaillent sept jours sur sept de 7h à 19h30. Aucun jour de vacances, sinon c’est déduit du salaire de 1400 pula mensuels (115 euros), ce que beaucoup de touristes dépensent pour une nuit dans un Lodge. Puis la descente vers le delta du fleuve, situé en plein désert du Kalahari s’avère relativement monotone en raison de ce manque de proximité avec l’Okavango. Je ne peux seulement m’en approcher qu’à de trop rares occasions. A la frontière zimbabwéenne je retrouve des traces d’une bureaucratie lointaine. Le personnel est en nombre mais les choses vont lentement. Devant des claviers et écrans d’ordinateurs ils travaillent avec du papier carbone et des cahiers administratifs…Toutefois tout se passe bien et dans la bonne humeur. Dans les rues de Plumtree les vendeurs sont nombreux. Mes nuits sont alors bercées par les beuglements saccadés des hippopotames, les coassements de millions de grenouilles qui s’en donnent tous à cœur joie dans cette « symphonie » aux nombreux autres sons non identifiés. Ce rituel nocturne est un ravissement sonore dont mes oreilles ne se lassent pas le moins du monde. Le jour je croise des vaches indifférentes à mon passage, des ânes et des chèvres qui m’observent intrigués. Tous semblent errer sans but au cœur d’épineux ensablés. Les oiseaux chantent de toute part de splendides sérénades. J’atteins finalement la ville de Maun dans le delta de l’Okavango. Le fleuve n’arrivera jamais à la mer… celle-ci restera un rêve et un mystère pour l’Okavango qui a tenté en vain une folle et suicidaire traversée du désert. Installé dans un camping au bord de l’eau, je savoure cette proximité avec cet élément liquide si précieux dans ces régions. Je suis réveillé en pleine nuit par de petits bruits en provenance de mes sacoches. J’entame alors une fouille approfondie et me retrouve nez à nez avec deux souris qui festoyaient dans mes poches de nourriture, cela probablement dans le but d’alléger ma charge. Je me méfiais des gros mammifères et ce sont les petits rongeurs qui s’attaquent à moi. Sur ma route vers l’est, un gardien à l’entrée d’un parc me signale qu’à peine quelques heures plus tôt, deux lions traversaient la route. « Cependant, me dit-il d’un ton rassurant, ils s’en éloignent rapidement car ils sont dérangés par le bruit des véhicules ». Plus loin, je pose ma tente au pied d’un baobab millénaire qui dégage la sagesse d’un vieil africain. Cet arbre m’apaise et je savoure son voisinage protecteur. Adossé à ses racines je profite de la douceur de fin de journée. Une piste un peu trop sablonneuse à mon goût me mène au bord d’une étendue salée inondée. La délicieuse ca7 Le commerce à la mode vient des recharges pour téléphones portables auxquels je ne me fais toujours pas. On m’avait dit que le pays manquait de tout, mais je vois des magasins bien achalandés. Les gens s’avèrent dès les premiers contacts d’une grande douceur. Le parcours me menant à la ville de Bulaweyo où je me trouve en ce moment, est très légèrement vallonné. La route est en très bon état. Lors de quelques brèves haltes, je trouve des hommes qui boivent dans des sortes de jarres en plastique une boisson nommée « Chibuku ». Il s’agit de la bière du peuple. Cette boisson artisanale est fortement appréciée pour permettre de voir la vie « en rose » à bon marché. Les églises évangéliques font le plein. Les chants raisonnent et dans des magasins, il est fréquent d’entendre des CD de chants religieux. Sur une centaine de kilomètres j’ai passé plusieurs barrages policiers. A ce sujet un homme m’a dit, résigné, qu’ils complétaient ainsi très bien leurs salaires. Je vais rester un ou deux jours à Bulaweyo avant de me diriger vers le nord et plus précisément les chutes Victoria à la frontière zambienne. Jacques Sirat 8 B. B. B. Avant-propos ! À la demande tacite de mon ami Dominique, j’ai fait sciemment appel aux bons offices de Maître B.C.B.G afin de vêtir mes impressions des plus beaux attributs. Une fois ne coûte pas une tune. Trois initiales identiques pour un en-tête de poulet musclé. Cette fois, je m’offre la baraka en matière de titre. Trois, le nombre parfait ! Grâce à cette subtile formule, le lecteur peut fantasmer tout son soûl ! Attention cependant ! Le titre, c’est tout un poème. Pas toujours évident à dénicher ! Encore faut-il pouvoir le commenter avec brio ! Le développer avec argutie ! Que l’action soit soutenue en permanence sauf si l’auteur se plaît à digresser et emmouscaille le trèpe par un art consommé. No problem, ici. Ne cherchez pas à lire entre les lignes, tous les sousentendus ont été javellisés ! Comme titre initial, j’avais opté pour « L’Odyssée des Monts de France ». Mais, je vous vois venir. Vous allez me soupçonner « d’Homériser » une escapade. De délirer aux plaisirs des Dieux ! Détrompez-vous ! Ulysse a mis dix ans pour retrouver ses pénates, moi j’ai mis trois fois plus de temps pour boucler le challenge. Et encore, c’est grâce au secrétaire des MdF, car sans son initiative, je végéterais probablement dans les profondeurs du classement jusqu’à la fin des temps. Maintenant, il n’est pas question de vous raconter en détail la chronologie de cette épopée d’autant plus qu’il est fort probable que vous ne vous êtes jamais farci la lecture de l’Odyssée. A l’égout donc, ce titre académique. Je ne tiens pas à déclencher la décarrade d’un Transit Express personnel. En fait, « Le tour de France contre la montre » eût été le titre convenant le mieux à ce type d’aventure. Foi de randonneur, « Le Tour du monde en quatre-vingts Jours » de Jules Verne fait figure d’une promenade de santé en comparaison de notre raid. Matez un peu le timing, si vous tenez à me snober ! Halloween pointe le nez ! L’école est finie ! Presque ! Une sinistrose s’est emparée de Dominique qui débarrasse le plancher bien avant la fin des cours. En plus, son genou lui fait des misères. A ce moment précis, il ignore encore qu’il a déjà son ticket d’admission pour la salle de billard ! Embarquement fissa pour Six-Terres-aux-Monts ! Sur le chemin, on fait halte dans la patrie de Nicéphore. Rien de tel pour retrouver le sourire ! Quoi ? Vous pédalez dans la semoule ? Non ! C’est pas possible ! Avec un bon dico sous la main, on a réponse à tout. Jour suivant : première étape dans la Drôme. Notre duo s’offre un superbe balcon sur le Vercors ! Toutefois, du bonheur que pour les gambettes de Dominique ! Il inscrit sans difficulté le Tourniol (1450m) à son tableau de chasse, le col que Claude Bénistrand chérit pour son goût d’interdit. Quant à la raison d’être de l’épithète, il y a prescription car cette frustration est une histoire vieille de plus d’un demi siècle. Depuis cette époque, combien de fois ne se l’est-il déjà pas payé ? Quant à mon coéquipier, il poursuit sur sa lancée en épinglant le col des Limouches. De mon côté, je m’en vais tuer le temps en contrebas du massif et me tape le col de Toutes Aures, un faux plat à la sortie de Peyrus. Ici, j’arrête mon laïus sinon vous allez briffer au kilomètre des montées de salades qui finiront par vous faire prendre la tête. Pour votre gouverne, le patronyme de Bruffaerts vient du mot briffaut. Or, briffer correspond à bouffer ! Attendezvous donc à briffer de la copie ! Bon appétit ou Bonne Briffe Biloute ! Loupé ! C’est pas le titre ! Deuxième étape : Le Cap Corse Une concertation de dernière minute chamboule tout le programme corse. Il est impossible de faire le tour de l’île en trois jours. Par conséquent, il faut bien cibler les objectifs. La pointe du cap et le col de la Serra (365m) sont les premières options retenues. Un royaume pour ornithologues et naturalistes. Voire, naturistes à Ersa. Toutefois, avec l’automne déjà bien avancé, on s’est offert la ronde en un tour de passe-passe. Sea, no sex & sun. Les arbousiers déguisés en arbre de Noël et le village étagé de Rogliano compensant largement l’absence de B.B.B. à l’horizon ou de Brigitte Bardot en Bécane. Ok ! Le jeu de mots est facile et primaire. Du côté métaphore, je n’ai pas toujours la pêche. Il arrive même que je m’insupporte à ce petit jeu ! Bref ! Aucune allusion avec mon exposé. Ainsi donc, par la force des choses, le dernier devient le premier comme disait Trucmachinchose. Le même zig que celui qui déclamait « Laissez venir à moi les petits morpions » et, comme cet homme était omniscient, il savait que tout quidam intelligent anticipe l’action. Or, ce n’est pas mon cas. Je ne suis donc pas intelligent. Le syllogisme est peut-être réducteur mais si vous y regardez à deux fois, vous reconnaîtrez que j’eusse mieux fait de m’adresser à Daniel Hilson, alias « Passe-Partout » lui demandant gentiment de remettre l’ascension de ses deux derniers MdF corses le jour après que le diable se fût chargé d’écluser ma dernière bière. Il n’y aurait eu qu’à sceller mes cendres dans une pochette-surprise et la lui remettre. Au jour "J ", il la glisse dans la poche dorsale de son maillot et, tenez-vous bien, fait unique dans les annales d’une course à l’échalote, deux cons quérant le vent deviennent en même temps lauréats du Challenge des Monts de France dont l’un par contumace ! Quel pied pour Dany Boy et c’est pas con, tu masses l’ego du convoyeur ! Tiens, tiens ! « Les Cons quérant le vent », n’est-ce pas là un autre titre taillé sur mesure ? Oh ! Je sais ! Je sais ! Le verbe quérir ne se conjugue qu’à l’infinitif. Mais voilà, comme le peuple s’accorde à reconnaître au forçat du Larousse le droit d’acquérir des trous de mémoire, pourquoi celui-ci n’aurait-il pas le privilège de les boucher avec des maux de son cru ! Je décrète par conséquent l’existence du gérondif du verbe transitif quérir. De toute façon, les cyclos, c’est déjà énorme s’ils te lisent de nos jours ; aussi, pas question que je me torture les méninges à propos de Grévisse et de son contingent de règles grammaticales à coucher dehors. Fin de digression. C’est l’heure de la briffe. Droppage dans les vignes du seigneur Patrimonio. 8 9 Le couvert est dressé sur une aire de pique-nique. Le Big Chief se sustente et le gregario se dope en compagnie de deux blondes tièdasses sans col, pas plus roulé que bénitier. Deux mousmés sans le moindre charme. Des « Jup » insipides, sans corps ni âme. Bref ! Un remède au repos du guerrier. Et, mégnace se farcit ce pipi de chat en vue de gravir les rampes du Teghime prolongé par une route rugueuse qui donne accès au relais de télévision de la Serra di Pigno (961m). Santé ! Et alors ! … Ben, rien ! Nix ! L’épouvantable épouvantail n’a épouvanté ni l’un ni l’autre. L’épouvante a fait fausse queue ! Quand on y réfléchit à deux fois, c’est logique puisque nous étions en avance d’une semaine sur Halloween ! Troisième étape : La Balagne Bénéficiant d’une avance confortable sur notre tableau de marche, nous décidons de chasser le col en Balagne. La météo affiche grand bleu, un temps idéal pour réaliser un reportage-photoshoots. Dominique profite aussi de l’occasion pour repérer en la localité de Sant’Antonio une variante éventuelle à la station d’altitude de Haut Asco. Hélas, les journées sont très courtes. Comme nous devons tenir compte de cet impératif, nous évitons le Bocca di Battaglia (1099m) et lui préférons un BIG « éliminé » c'est-à-dire le Bocca di Salvi (501m). permet de visiter B.B.B. c’est à dire Bastia By Bike. Rien à voir une fois de plus avec l’en-tête de la bafouille ! Cinquième étape : Le Pré de la Dame (1450m) Alors que Dominique s’en va à la cueillette d’une rare centaurée sur les hauteurs du Pré de la Dame qui affiche « col fermé », je m’accorde le passe-droit de flâner au pied des premiers contreforts du mont Lozère. Via des collets étouffés par des châtaigneraies où il y a interdiction formelle de ramasser une châtaigne sous peine d’en recevoir une en pleine fraise. Nous sommes dans la vallée du Luech. En pays de connaissance. Les Cévennes, nous les avons déjà arpentées du nord au sud, du levant au couchant. Vous voulez en savoir davantage ? Surfez sur www.cyclojose.be, vous y trouverez votre bonheur. Sixième étape : Le Roc de Peyre (1179m) AM. Nous étrennons la Lozère. C’eût été une bourde impardonnable de faire l’impasse sur l’ascension de la belle bête du Gévaudan qui parade sur les hauts de Marvejols. Sans hésiter, notre choix se porte sur la nationale peu fréquentée. Une agréable grimpette qu’on monte à sa main et qui s’achève par le col des Issartets. Highlights : la presqu’île de la Pietra de l’Île-Rousse et la citadelle de Calvi sont flashées sous tous les angles, en large, en haut, du bas, de côté, par devant, par derrière, en douce, en diagonale et même de traviole. Sightseeing on the line ! Y compris la dégustation d’une délicieuse Pietra, une bière ambrée à la châtaigne corse qui a la faculté d’envoûter les beer-lovers. Franchement, y’a pas mieux comme dame de compagnie à la « Delirium » et à la « Guillotine » ! Parole de biberonneur patenté ! Quatrième étape : Haut Asco (1450m) Ce qui est magnifique en Corse, c’est partout pareil : des châtaigniers à perte de vue, des routes étroites, des gorges profondes et, à chaque coin de rue, des chèvres, des vaches, des chiens en liberté. Les gorets, par contre, n’avaient pas reçu leur bon de sortie. A ceusses qui attendent une description fouillée de la vallée d’Asco, ils n’ont qu’à se brosser avec les compliments de la direction. Qu’ils compulsent « paradisu.info » sur le net, une visite qu’ils ne regretteront pas ! Coup de théâtre au pied de l’ascension. Après que la Berlingo ait été garée en bout de la rampe de lancement, Dominique constate que le tendeur de la pédale d’embrayage s’est fait la malle. Une avarie qui pose problème puisque nous reprenons le ferry pour Toulon en fin de soirée. La voie parallèle est beaucoup moins reposante puisque descente et raidillon prennent le relais d’un long faux plat. Quant au mythe, je vous en fais grâce. Par contre, je n’ai pas pu résister de marquer mon territoire tout comme le fit à l’époque la bête. Ça n’a servi strictement à rien. A peine la descente entamée, ne voilà-t-il pas qu’un sale roquet, furax et accro comme une teigne, me course au mollet. Heureusement le rappel à l’ordre par son maître m’évite le coup de crocs, voire le crash. Pour le grand bien de Dominique aussi qui échappe à un éventuel second assaut de la bête du Gévaudan ! Sixième étape bis : Cade (Pouncho d’Agast) (841m) Néanmoins, fidèle à l’auteur de la brave Margot, Dominique décrète : le copain d’abord, les soucis après ! PM. Le viaduc de Millau : tout le monde connaît. La montée du Causse Noir, je connais. Autrefois, je l’ai grimpé avec les doigts dans le nez au départ de La Roque-SteMarguerite. Un petit coin de paradis lové dans les gorges de la Dourbie ! L’accès au chalet d’altitude d’Asco a eu la particularité de m’user, de me crever, de m’accabler, de me briser, de me rompre, de me lessiver et de me carboniser sans pitié. Pour moi, je le classe tout simplement parmi les vacheries ! Avant de me frotter au roc altier du Pouncho d’Agast et redoutant la colère des dieux cévenols, je m’étais allé ressourcer, six semaines plus tôt, sur les terres de La Vouivre tant aimée de Marcel pour y approfondir l’ABC du passe muraille. Bien m’en prit. Quant au dégât de l’auto, plus de peur que de mal. Un coup de clé anglaise par le premier mécano venu a suffi pour remettre la pédale d’aplomb. Formidable ! Ça nous De toutes les ascensions effectuées au cours du raid, c’est celle que je place largement en tête de mes préférences pour de multiples raisons. 9 10 Route à lacets serpentant à flanc de montagne, peu de circulation, arborée sur la fin avec des points de vue vertigineux. En outre, le belvédère est un point de rendez-vous où se retrouvent les adeptes du vol libre. Un intermède qui vous donne envie de planer ! Ça plane pour moi, mais…sans Plastic ! Septième étape : Le Pic de Nore (1200m) Allez ! Cette fois, on s’immerge dans le surnaturel de la Montagne Noire. Au fait, si comme Don Quichotte de la Manche, je faisais de cette montagne une action qui me donnera une réputation parmi les hommes, qui éternisera mon nom, et damera le pion à tous les Chevaliers errants passés et à venir ? ciel si bas qu’il aurait fait le bonheur d’une colonie de crapauds invitée à une danse des canards ! Quelques heures plus tard : Chartres, au cœur de la Beauce. Comme il se doit, nous nous sommes rendus à la cathédrale pour… (À vous de compléter selon votre fantaisie) alors que le péril jaune l’avait déjà investie dès l’ouverture. Difficile dès lors de s’abîmer dans le mysticisme et la contemplation, aussi décarrons-nous avant que la messe soit dite ! Edifice que je recommande vivement à tous de visiter de fond en comble ! Je suppose que tout lecteur un rien sagace aura remarqué que le récit fait abstraction de tout commentaire logistique. Itinéraires, temps, distances, dénivelés, versants, états d’âme excessifs et descriptions fastidieuses sont logés aux abonnés absents. Aucune trace de ripaille, ni de bonnes adresses. Aucune brève de comptoir, pas la moindre indiscrétion, et surtout aucune allusion qui ferait les choux gras d’une personne irascible. Sommes-nous réellement partis 10 jours ou ai-je halluciné ? En y pensant à s’t’heure, j’ai l’impression que j’ai fait un rêve éveillé, que cette belle histoire ne relève que du fruit de mon imagination. Miel ! Voilà que je déconne à la El Manco de Lepanto dit Cervantès. Le rouge est mis. Il est plus que temps d’enrouler un braquet d’asthmatique. « Le pic de Nore ? Et que non pardi ! Notre Nore n’a de pic que de nom. Il a été raboté par les siècles, usé par les pluies… Disons que c’est une sorte de dôme, un ballon, comme ils disent là-haut dans l’Est… » Raconte Michel Haupais dans « En tournant les manivelles ». Notez que je suis bon prince ! Si le récit s’était intitulé « La Virée des Grands Ducs », il aurait bien fallu passer tous les détails au crible, ce qui vous aurait tout bonnement fait tartir à mourir. Mais comme vous avez eu la délicatesse de me lire, je vous fais une confidence. La présente bafouille a été rédigée en partie avant notre départ. En fait, en opérant la ronde huit jours plus tard, j’ai taillé, avec des faits concrets, un habit sur mesure à mon récit. Une coupe sobre sans trop de fanfreluches, je l’espère ! Nous sommes bénis des dieux, Cers nous épargne les affres de son courroux ! Il en ressort que n’importe qui peut s’offrir un aller/retour « Terre-Lune » en première classe, tous frais payés par la princesse. Sur les hauts de Pradelles-Cabardès, ma bécane exécute au sol un soleil quasi parfait. Le cyclo, c'est-à-dire mézigue, en équilibre instable sur la flûte droite manoeuvrant comme axe central ! Une expression de l’art rural au débotté ! Interprété par la roue arrière de mon « Orbéa » sur un air crissant à faire dresser les tifs d’un mort. Toutefois, je m’en voudrais de conclure sans m’offrir le coup de l’étrier et sans pousser à la roue de Votre Fortune. Ne remettez jamais à trop tard vos ambitions. Un beau jour, qui arrive hélas toujours beaucoup trop tôt, le cœur et les jambes vous lâchent sans rémission. Le B.B.B. ou BiBenBum (la nouvelle version Boum Michelin) ne décollant pas d’un mm de la jante. Hélas, une fois de plus, rien à cirer de ce B.B.B. ! Or, il est fort probable que vous ne disposerez pas d’un Père Noël comme Dominique qui vous réquisitionnera manu militari et vous cocoonera tout au long du raid. Dès lors, si vous vous voulez réaliser vos « Grandes Espérances », vous savez ce qui vous reste à faire. Quant aux cyclosportifs qui comptent participer à la « La Jalabert », sachez les mecs que c’est le Pic de Nore qui officie comme juge de paix au perchoir de cette Montagne Noire qui est coincée entre Mazamet et Carcassonne ! Gardez trois cartouches en réserve avant d’arriver au Portail de Nore. Et alors, et alors quoi, tirez en rafale et l’un d’entre vous… will be the champion ! Huitième étape : le Puy Crapaud (270m) Enfin et pour finir finalement : « La Butte Finale ». J’ai flashé un instant pour cette métaphore comme en-tête général. Mais, mes détracteurs auraient eu trop beau jeu de me taxer de séditieux. Pensez donc le bel amalgame : à une lettre près, la droite me descendait à boulets rouges. Quant au haut bocage de la Vendée, il se caractérise par une ligne de collines que nous avons franchis partiellement en passe-vite. Vite fait, bien fait ! Mais pas de la même façon comme le fit naguère Philippe Gilbert lors de la première étape du Tour de France 2011. C’est archi cuit que je suis parvenu au sommet de la taupinière sous un Tiens, à propos ! Avez-vous deviné le titre qui se cache derrière les trois initiales de B.B.B. ? Non ! Désolé ! Même un esprit tordu ne serait pas parvenu à déchiffrer Le « Big Baroud Belge ». Je le concède humblement d’autant plus que j’ai piqué l’enseigne au BIG afin de magnifier mes desseins à l’Association des Monts de France. Cependant, comme mon cœur balance entre la Douce France et la Brabançonne, « Bons Baisers de Belgique » (ou à la rigueur Bien le Bonjour, Bernard !) eût été un titre tout aussi correct, surtout si j’adresse la présente chronique au président des MdF. Maintenant, en parfait mégalo, agité du bulbe de cent soucis, j’impose et apothéose le « Big Bang Bruffaerts ». Eh ! Voui, les aminches ! Rien de moins ! Puisque je me suis mis à brufartiser, autant m’offrir une immense roseraie qu’un minable bouquet de vainqueur, non ! Notez bien, cher lecteur, que je viens de respecter scrupuleusement la trilogie du titrage qui me tenait tant à cœur ! 10 11 Vous n’en avez rien à cirer ! Ok ! A chacun son EPO. Moi, c’est l’encaustique qui me fait planer ! Aïe ! Aïe ! Aïe ! Ai-je abusé de la « Delirium Tremens » ? J’ai les idées qui s’entrechoquent dans le cigare. Stop ! Il est temps de revenir parmi vous avant que je me mette à voir un éléphant rose pédalant à la conquête de l’espace de Dulcinéa !! En définitive, je me rends compte qu’un jeu de trois initiales dispose de beaucoup trop d’atouts pour inspirer un dérailleur. Un exercice que je ne reconduirai jamais plus ! Addendum. Tout dernièrement, lors d’un dîner mondain, la conversation glissa sur le syndrome de la page blanche qui affecte les plumitifs. Une enseignante se libéra et exposa avec brio toute une théorie à ce sujet. M’interrogeant du regard, je lui répondis entre quat’z yeux : « moi, pas connaître ce fléau, très chère ! ». Pas heureuse pour un sou qu’elle était mon interlocutrice à tel point que la causette bascula sur un autre sujet. Or, trois jours plus tard, je rédigeais à main levée ce récit chié de brics et de brocs. Ce qui, convenez-le, me donne la pole position. Le comble de l’histoire ? Sans esbroufe, je vous triple le nombre de signes de ce compte-rendu avant votre retour de Dormillon ! Ce ne sont que des pattes de mouche, me direz-vous ! De la bouillie pour chats ! Du gribouillage ! Des graboutchas, comme disait mon fils Frédéric au début des années soixante-dix ! D’accord ! Mais les romans de gare, les Delly et autres Harlequin valent-ils beaucoup mieux ? Et puis, si je me mets à l’heure proustienne, je ne suis pas prêt de retrouver mes vertes années, ni le Nord de ma manie. Rêver, c’est voyager dans l’imaginaire ; délirer, c’est un exutoire salutaire ; cycler, c’est un mal thérapeutique ; écrire, c’est la défonce qui te fait grimper au septième ciel de l’authentique. Allez ! A la prochaine ! (Sans bla-bla-bla). José Bruffaert Membre de la Confrérie N°12 Adresse utile : Association des Monts de France c/o Mr. Dominique Jacquemin Square des Linaigrettes, n° 14B 1070 – Anderlecht [email protected] &HTX·LO\DGHGLIILFLOHGDQVXQFKRL[FHQ·HVWSDVOHFKRL[FHVRQWOHVFRQVpTXHQFHV« LA BRETAGNE SOUS LE SOLEIL ET MÊME LA CANICULE ! L’ami Philippe à une quinzaine de jours de vacances, il a décidé de les passer à vélo, une envie qui ne lui était pas arrivée depuis quelques années. Mais quand on a connu l’aventure cycliste des voyages au long cours : Turquie, Syrie, Grèce, Jordanie, ect… un jour on a besoin de remettre ça… C’est donc à la fin du mois de juin que nous nous retrouvons à la gare de Montauban pour un petit trajet en train jusqu’à Gourdon, ce qui nous fait gagner une journée évitant de parcourir un joli paysage qui n’a plus de secret pour nous. A l’heure précise 8h09 nous débarquons pour le vrai départ de notre voyage. La ville s’éveille, le soleil est là, nous ne nous attardons pas, c’est une longue descente un peu trop fraîche dans les parties ombragées. Nous entrons en Dordogne par la petite vallée du Céou. Première halte à Daglan, village aux maisons typiques, les appareils photo commencent à travailler. Un peu plus loin St Pompont au nom amusant nous offre la vision de quelques manoirs, pour chaque hameau traversé il en est de même, tel Grives et sa jolie église. Nous rejoignons la Dordogne à Siorac en Périgord, on y trouve à se ravitailler pour les deux repas de la journée car nous sommes un dimanche, et pour l’ombre, la cour de la gare fait très bien l’affaire. L’après-midi longeant la rivière nous verrons de nombreuses colonies de cygnes s’ébattant tranquillement dans les eaux couvertes de renoncules aquatiques. Passé Couze nous entrons dans les routes traversant de nombreuses forêts, les côtes se succèdent. Un beau village, Villamblard dominé par le donjon ruiné du château Barrière, un essaim d’abeilles attire notre regard, il tente de se former dans un interstice du haut mur. 11 L’étape n’est pas loin, Roland nous attend, pour trouver sa maison dans les bois d’Issac c’est un peu galère, mais arrivés au but quel calme. Une bonne soirée autour un monceau de pâtes avec projets de voyages cyclistes à gogo ! Notre nouvelle étape commence dans la brume souvent en montée dans la forêt de la Double, avec la surprise de voir étalés devant une ferme quelques cageots de beaux cèpes ramassés tôt ce matin. Un orage bien placé nous explique le paysan et ils ont vite montré leurs têtes… Ribérac sur les rives de l’Isle permet de se ravitailler, un peu affamés nous dévorons un « chinois », ce qui nous coupera un peu l’appétit pour le repas de midi au village de St Séverin bien à l’ombre sur le terrain de foot, car le soleil chauffe dur… L’après-midi, bien que nous ne soyons pas devenus dévots, nous ne manquons pas de visiter toutes les églises rencontrées, par ici elles sont ouvertes, il y règne une fraîcheur exquise… Dans l’une d’elles les personnages de la crèche étant grandeur nature, ils sont logés un peu partout dans les chapelles… le bœuf sur roulettes se promène dans le baptistère ! Près d’un moulin nous nous offrons une petite sieste, car en plus de la chaleur les côtes se succèdent à l’approche d’Angoulême, région boisée et sauvage qui devient rapidement zone industrielle et commerçante, banlieue de la ville, lorsque nous entamons la descente sur la Charente. 12 Pas trop de problème malgré cela pour trouver la maison de Virginie qui sera notre étape du jour. Toujours un accueil très sympa, au repas des grillades de côtes de porc, mais ayant un peu… beaucoup, cramé on les remplace par le plat de résistance. Nous ferons la dégustation du camembert à la braise, excellent.. 101 kilomètres. Avec les conseils de nos hôtes nous sortons facilement de la ville et trouvons des petites routes sympathiques traversant une région où les moissons sont très actives. La chaleur se fait de plus en plus forte, le vent est du sud, du coup nous reprenons nos visites d’églises et en découvrons quelques unes magnifiques. Après quelques traversées de vignes productrices de Cognac autour de Rouillac et Aigre, pour midi nous nous retrouvons à Chives où un « Vival » nous prête une table que nous installons bien à l’ombre pour le repas suivi d’une longue sieste. L’après-midi au passage à Aulnay la pharmacie de la place affiche 41° nous allons nous réfugier dans la belle église romane où il y tant de choses à voir. Encore quelques kilomètres pour être à Villeneuve la Comtesse, arrêt biscuits et Coca Cola… encore un arrêt photo devant le château entouré de douves, la voisine infirmière à domicile, tient à tout prix à nous offrir à boire, et nous fait maintes recommandations pour ne pas rouler avec cette chaleur. Nous entrons dans les Deux Sèvres, le paysage est plus plat surtout en fin d’étape vers Arçais en plein marais Poitevin. Mathilde et ses amis copropriétaires nous réservent un chaleureux accueil. La chaleur étant un peu passée, nous allons avec nos hôtes découvrir le village à pied, il nous est même proposé une promenade nocturne en barque dans le réseau des canaux s’étendant sur le marais, deux heures, c’est un peu long, nous préférons aller retrouver nos lits… Peut être ce fut une bonne idée, car un orage vint rafraîchir l’air et tourner le vent ! Du coup la nouvelle étape commence sous un ciel gris, ce sera ainsi sur toute la traversée du marais qui nous mène en Vendée. la soirée sera animée en histoires de cyclistes autour d’un copieux plat de pâtes, l’aliment roi du sportif. Il a plu dans la nuit et un petit orage marque notre lever, rien de bien grave toutefois. A sec nous traversons le bocage, puis le vignoble du Muscadet marque notre entrée en Loire Atlantique. Un long arrêt pour parcourir la ville de Clisson dont la halle mais surtout les restes imposants de son château fut longtemps une des portes de la Bretagne. Toujours beaucoup de champs et de vignes sur notre route. Voici que Philippe se souvient qu’il a une tante dans la région ! Après consultation de la carte cela ne nous fait pas un grand détour au lieu de traverser la Loire à Champtoceaux, nous la traverserons à Ancenis. La « tatie » prévenue, elle nous prépare même le repas de midi. Jolie ville d’Ancenis où l’on entre par un élégant pont suspendu sur le fleuve, les portes d’un imposant château subsistent. Amicale réception et copieux repas qui nous coupe bien la journée, pourtant il faut continuer l’étape… La chaleur est revenue aussi c’est avec plaisir que nous irons visiter les sculptures qu’un artiste a disséminées dans un parc ombragé, pierres et bois sont devenus des oeuvres d’art remarquables. Tranquillement nous achèverons la journée dans le hameau de la Barre Théberge où Gilberte et Jean-Marc nous attendent, nous sommes leurs premiers hôtes de Warmshoover et je pense que la soirée passée avec eux ne les a pas déçus de recevoir des collègues cyclistes. Le lendemain après un sérieux petit déjeuner, et l’habituelle photo souvenir nous reprenons la route, un parcours tout en douceur dans la vallée de l’Erdre faisant traverser de beaux villages fleuris. Sur les hauteurs quelques restes de moulins à vent, remplacés par des alignements d’éoliennes. Maillezais et les ruines de sa collégiale dont l’accès autrefois libre est désormais clos de hautes barrières franchissables après un accès à une caisse au tarif assez élevé ! Allons voir plus loin… Beaucoup de champs de pavots rencontrés avant d’être à Fontenay le Comte traversé facilement. Parcours agréable légèrement vallonné aux sommets abritant d’anciens moulins à vent, certains ayant encore leurs ailes. Mais doucement ils sont remplacés par d’élégantes éoliennes !!! Une ville décorée de vélos, Chantonnay, l’explication nous est vite donnée, il vient de se dérouler le championnat de France de cyclisme. Au passage devant un magasin vélo j’en profite pour récupérer un écrou afin de fixer mon porte-bagages arrière qui brinquebalait depuis quelques jours fixé par quelques bouts de fil de fer. Encore quelques kilomètres de doux vallonnements et à La Caillère nous ferons notre halte midi. Nous allons ensuite emprunter une série de routes qui nous donnent quelques hésitations, les panneaux routiers étant rares, au passage à Mouchamps halte rafraîchissements, on l’a bien gagnée… Très agréable parcours jalonné de forêts et de lacs avant d’atteindre La Guyonnière où encore une fois un très bon accueil nous attend chez Christine et Thierry. De nouveau Pour midi nous entrons dans le Grand Fougeray et aussi en Bretagne à l’entrée de la ville un imposant donjon, couramment appelé la tour Duguesclin en hommage à Bertrand Du Guesclin, dont le château aurait été la première conquête. Après une visite rapide de la ville, nous trouvons un coin ombragé et venté pour prendre notre repas. Dans l’après-midi les côtes se succèdent et le soleil tape dur, un lièvre en balade sous les ombrages pose devant nous le temps d’une photo. Nous traversons quelques villes aux églises toujours attirantes : Pipriac, Maure, Plélan le Grand. En fin de journée les forêts se succèdent entrecoupées d’étangs, nous entrons dans Paimpont, pays de légende où Merlin l’Enchanteur et la Fée Brocéliande sont partout évoqués. Cette forêt de Paimpont il faut la traverser, avec des longues montées à n’en plus finir… Nous finirons la journée en bordure du camp de St Cyr Coëtquidan où est située l’école des officiers de l’armée de terre. Dans le hameau de Beauvais on nous propose pour la nuit un lieu isolé pour les repas de famille, très bien aménagé nous y sommes comme des rois. 12 Nous ne verrons pas biches et sangliers qui la nuit viennent s’abreuver dans l’étang voisin ! Par contre un magnifique coucher de soleil augure encore une fois une chaude journée pour le lendemain… Nous allons parcourir le Pays de Brocéliande avec un premier arrêt pour contempler le château de Trécesson entouré de douves où se mirent ses élégantes tourelles. Un peu plus loin c’est Ploërmel et son imposante statue de Jean-Paul ll surmontée d’une croix qui fut récemment l’objet de polémiques ! Dans l’enceinte du couvent des frères une horloge astronomique en 10 cadrans et une représentation planétaire exceptionnelle. Philippe est subjugué... nous continuons de parcourir cette belle région, croisant au passage la piste du Canal Brest-Nantes. Pour midi nous sommes à Sérent petite ville agréable. Comme prévu la chaleur est revenue, profitant d’une halte Coca Cola de Bretagne, ça existe, à Plumelec, nous rencontrons le pharmacien, grand amateur de vélo. Il a décoré son officine et son environnement d’objets se rapportant à la Petite Reine. Nous continuons sur un itinéraire jalonné de chapelles et de calvaires jusqu’à la basilique de Sainte Anne d’Auray, principal pèlerinage de Bretagne. Lieu de recueillement et de prières recevant de nombreux fidèles. Pour nous c’est un peu plus loin, aux portes de Carnac près d’un champ hérissé de menhirs, on en compte plus de 2900 dans cette contrée, qu’une ferme laitière offre sa grange pour la nuit, une caravane nous y attend, Philippe jouant les puristes ira dormir entre deux bottes de paille ! Au réveil, il a plu dans la nuit sur notre route un jeune merle est en difficulté, nous le mettrons en meilleure position, longue vie le merle ! Encore quelques traversées de prairies hérissées de menhirs avant d’entamer le parcours du long isthme qui va nous conduire à Quiberon. C’est une bande de terre au plus étroit de 22 mètres séparant les deux golfes sur laquelle passe une route, une voie ferrée et même une piste cyclable. Elle était bien gardée par des blockhaus transformés en musée. Terminus de la route Quiberon avec de belles plages à peu près désertes, loin en face Belle-île, le soleil joue à cachecache avec les nuages. Retour vers le continent avec un arrêt pique-nique sur les hauteurs ombragées de St Pierre. Une visite au fort de Penthièvre permet de voir un sinistre souterrain au fond duquel étaient exécutés les résistants de la dernière guerre. Des terrasses du fort, belles vues sur la côte découpée. Suit un très joli parcours dans la ria de l’Etel où la marée basse laisse apparaître les parcs à moules et à huîtres. 13 13 Après la traversée d’Hennebont le parcours devient assez vallonné jusqu’à Plouay. La route prévue étant devenue une quatre voies interdite aux cycles quelle galère pour trouver un itinéraire cyclable, dans le village de l’Enfer, nous avons l’impression de ne jamais pouvoir en sortir… un cycliste nous donnera la clé de ce labyrinthe infernal ! La journée va s’achever dans une ferme ancienne de la commune de Meslan où la guerre entre chouans et patriotes fut particulièrement dure, notre logement a dû vivre cette éprouvante époque. Ce nouveau matin, encore du beau temps en perspective. Quelques kilomètres à parcourir et nous sommes au Faouet joli village possédant une halle remarquable. Nous y cherchons vainement un commerce ouvert, on est lundi, un peu plus loin un Carrefour Market permet quelques achats pour le petit déjeuner. Tout près une villa au parc richement décorée sur le thème de la bicyclette, nous aurions aimé voir le propriétaire sans doute fan de deuxroues ? Nous allons parcourir le Pays du Roi Morvan, appelé ainsi en l’honneur d’un des premiers rois de Bretagne. Passant près de l’abbaye de Langonnet, nous visiterons ses imposants bâtiments, havre de paix, son cloître et surtout l’église possédant de très beaux vitraux valant le détour. A l’horizon les Montagnes Noires, elles, ne sont pas à notre programme… Vers midi nous sommes à Rostrenen réputée comme la ville détenant le record de France de l'insolation annuelle la plus faible. Aujourd’hui ce n’est pas le cas, il faut chercher un bon coin d’ombre pour déguster notre salade de museau (excellente) et nos crêpes au blé noir (pas fameux) ! Après-midi tranquille avec un long arrêt à Corlay, ville où le hippisme est une vraie passion. Encore un arrêt à l’agréable bourgade de Quintin bâtie autour d’un étang, son château inachevé domine tout le site. Les derniers kilomètres de la journée nous font traverser la forêt de Lorge avant de rejoindre le Bas Plessis, un des 40 hameaux formant Ploeuc sur Lié. Pas facile à trouver le logement de l’ami Geoff, cycliste anglais qui nous reçoit ce soir, grand voyageur il prépare un voyage en Irlande, donc il va de soit que notre conversation de la soirée soit entre autre sur ce vert pays. Ce matin un peu de fraîcheur pour rejoindre Moncontour encore un bourg bien typique, dans son église St Mathurin des vitraux ayant plusieurs siècles racontent la vie de l’époque. Dans les ruelles plusieurs maisons à colombages datent de la même époque. C’est un plaisir de parcourir cette verte campagne pour un nouvel arrêt à Lamballe, ici aussi de belles maisons à colombage aux balcons très fleuris. L’ancienne maison du bourreau y est remarquable. Nous achèverons la matinée à La Bouillie dont la tour du clocher en grés rose servait de sémaphore pour surveiller la côte. Au menu du piquenique pas de bouillie mais un copieux plat de pâtes aux œufs. Encore un joli village à traverser du nom de Matignon et par une route bordée de riches villas nous rejoignons la Manche à St Cast le Guildo, très belle côte découpée et des vues diverses sur les caps et baies la formant. En repartant petit arrêt pour voir les prouesses de peintres acrobates en train de repeindre un château d’eau ! 14 Nous passons près des Pierres Sonnantes qu’il suffit de frapper avec un galet pour entendre un son de cloche ? Après Ploubalay la circulation se fait plus dense, pour rejoindre St Malo, il faut se rendre à l’évidence, il n’y a qu’une solution passer par le barrage sur la Rance ! Cela représente une dizaine de kilomètres sur une route à quatre voies avec une circulation intense et pas la moindre bande de protection pour les cyclistes, bravo la Bretagne ! Une fois en ville les pistes cyclables apparaissent, et tranquillement nous pouvons gagner le port, et nous délecter de l’architecture de la vieille ville. Assez facilement nous rejoignons la maison de Joëlle située dans un lieu bien calme, comme elle n’est pas encore rentrée du travail, c’est le chat qui nous fait les honneurs de la maison. Encore une soirée délicieuse autour du thème des voyages à vélo… Une dernière photo avant le départ, nous allons jeter un dernier regard sur le trois mats mouillant à quai, la porte St Louis et la rue Toulouse et l’île du Grand Bé où repose Chateaubriand. Direction Cancale qui est très proche. Une belle vue sur la Manche et la baie du Mont St Michel qui émerge au loin de toute cette platitude. Cancale c’est surtout ses huîtres et grâce à Philippe nous en dégusterons, il y en a de toutes tailles dont les huîtres pied de cheval vraiment énormes. Nous continuons de suivre la plage jusqu’à Vide la Marine où un ancien moulin à vent a été transformé en belvédère, un lieu idéal pour le piquenique, avant de reprendre la direction du sud. Au passage près d’une cidrerie, dégustation de cette agréable boisson, cela nous change du Coca Cola Breton ! Nous nous régalerons à la visiter, nous trouvons un coin pique-nique à l’ombre de ses remparts car le soleil donne à plein, à nos pieds dans un écrin de verdure s’écoule la Vilaine. L’après-midi est tranquille traversant beaucoup de prairies peuplées de vaches, je cherche en vain un troupeau ayant conservé ses cornes afin de faire une photo, c’est sans succès ! Nous quittons la Bretagne sur une ligne de crête pour entrer en Mayenne. Arrivés au bourg d’Andouillé, une mauvaise surprise nous attend, la route que nous devions emprunter est annoncée fermée, un pont franchissant la Mayenne est en travaux ! Nous tentons de nous renseigner, aucune réponse précise, si ce n’est la certitude d’un détour d’une vingtaine de kilomètres… alors, tant pis, nous allons tenter le passage ! Quatre kilomètres de descente dans l’incertitude, si les travaux sont inachevés, les ouvriers partis, on peut passer à pied, ouf… encore quelques kilomètres pour être à Commer où Benjamin nous attend dans leur luxueuse villa. Encore une fois il est beaucoup question de voyage à vélo, nos hôtes partent le lendemain en week-end en Allemagne (en avion) ! Ce matin, chacun part en même temps, pour nous c’est un tronçon de voie verte remplaçant la voie ferrée LavalMayenne car notre direction est Jublains, village implanté sur une ville gallo-romaine, de nombreux vestiges de cette époque ont été mis en valeur par la municipalité. C’est ici que Philippe aura des problèmes avec sa banque, ce qui lui fera passer cinq heures sans discontinuer accroché à son téléphone !!! Encore quelques kilomètres à parcourir pour être à Lassay les Châteaux. Il y règne une effervescence insolite, explication, le Tour de France va passer en fin de matinée ! Nous avons le temps on va l’attendre, et puis de toute façon notre route est bloquée ! Ravitaillement au supermarché local et l’on chercher un bord de route ombragé, ils ne sont pas légion, chacun étant occupé par des groupes de spectateurs. Dans un champ le club Cyclo Mayennais a fait les choses en grand, parasols, barbecue sont installés, on nous laisse entrer pour trouver notre coin d’ombre. Nous arrivons dans le haut lieu touristique qu’est Combourg, le château où vécut Chateaubriand domine un étang où il se reflète, dans le bourg diverses maisons à colombages témoignent de son riche passé. Philippe est toujours au téléphone lorsque les premiers éléments de la caravane publicitaire passent, nous récoltons quelques « cadeaux » et puis les coureurs sont si longs à venir que nous trouvons une petite route parallèle permettant de les éviter. Encore quelques kilomètres pour rejoindre Montreuil sur Ille où Yves nous attend, lui aussi passionné de vélo rêve de grands voyages, sa maison toute fleurie sera encore une étape rêvée, nous y dégusterons le cidre bouché local qui n’a rien à voir avec celui des supermarchés. Lorsque nous rejoignons leur parcours, ils sont passés, nous avons droit au décor et à quelques applaudissements. La route devient plus vallonnée, au loin le Mont des Avaloirs, point culminant de toute la région, 417m quand même ! Après la traditionnelle photo souvenir de notre hôte, direction la campagne doucement vallonnée, au passage à Liffré après avoir traversé une longue forêt, une belle église mérite un arrêt photo, nous en ferons d’autres au passage devant des fermes typiques. Nous l’éviterons avec quand même quelques bonnes côtes avant d’être à Carrouges dont le châtelet construit en briques rouges et noires alternées, marque bien l’entrée de ce domaine. Nous sommes maintenant en Normandie. En fin de matinée nous entrons dans Vitré et dans le Moyen Age le patrimoine de la ville est d'une très grande richesse. C'est une des villes de Bretagne qui a le mieux conservé son aspect d'autrefois avec ses maisons à porche ou à pans de bois, ses remparts, son patrimoine religieux, ses vieilles rues, etc. Vitré est un parfait exemple d'une ville d'il y a 500 ans. Provisions faites, nous partons à la recherche d’un gîte pour la nuit, il est vite trouvé, à La Noé un couple de retraités nous propose leur cabanon de jardin, c’est un peu étroit, mais on fera avec ! Nous sommes entourés d’un jardin aux fleurs magnifiques, comme compagnon un chien énorme, beau par sa laideur. Départ matinal, c’est notre dernière étape, nous devons prendre le train en direction Paris, il reste un bout de route à faire avec entre autre la traversée de Le Cerceuil ! 14 15 Drôle de nom pour un village, comment s’appellent les 142 habitants : les Cercueillais et pas les Morts comme un petit malin m’à suggéré ! Quelques fermes décorées de fleurs et de l’incontournable pressoir à pommes. A Mortrée la bourgade semble être sous le charme du château d’Ô, tous les commerces l’ont inclus dans leur nom : Boulangerie, café, et même pharmacie. Nous irons donc le voir, bâtit au centre d’un étang il a fière allure, mais pour l’heure on ne visite pas… Encore quelques kilomètres et nous sommes à la gare de Surdon, une gare de bifurcation en pleine nature, en un peu plus d’une heure un TER va nous permettre d’être à Paris. Nous débarquons un peu désorientés au pied de la Tour Montparnasse. Direction Saint Germain des Près avec un petit arrêt « Au deux Magots » café rendez-vous des artistes. Mais c’est le Louvre qui nous attire, le long des murs célèbres nous trouvons un coin d’ombre pour le pique-nique. Une visite rapide des quais de Seine allant de Notre Dame à la gare Montparnasse sur un fond de Tour Eiffel. Il nous reste une trentaine de kilomètres de banlieue à parcourir. Sans grandes difficultés au gré des pistes cyclables qui nous font traverser l’aéroport d’Orly avec la surprise de rencontrer un « Concorde » mis à la retraite dans un parking. Enfin Ris Orangis, Philippe retrouve sa famille dont un petit fils de quelques semaines. Soirée très agréable au 13ème étage d’un grand ensemble avec une vue étendue sur les environs. Le lendemain un court trajet en RER pour rejoindre notre train qui nous déposera à l’heure prévue 17h02 à Montauban. Ce fut un très bon voyage, beau temps permanent, notre poncho ne fut jamais déplié, et l’on parle de la pluie Bretonne est-ce une légende ? En tout cas sur les 1437 kilomètres parcourus oui ! Louis Romand 4XLWURSpFRXWHODPpWpRSDVVHVDYLHDXELVWURW3URYHUEHEUHWRQ PETITES NOUVELLES DE NOTRE CONFRÉRIE Les deux mois de vacances qui ont été calmes par rapport aux inscriptions, avec les beaux jours on accumule les kilomètres, ensuite l’hiver venu on fait les bilans ! Notre point fort fut la tenue d’un stand (qu’il fut difficile à animer, deux des préposés étant tombés malades au dernier moment) à la Semaine Fédérale d’Albi qui a été d’un très bon cru. Notre Livre d’Or s’est enrichi de nombreux commentaires et de signatures dont celles de Confrères que nous n’avions jusqu’à présent pas eu le plaisir de rencontrer. Dont Michel Lahsen de Compiègne, un de nos rares millionnaires en kilomètres qui sera le parrain de la cuvée des diplômes 2016. Comme d’habitude beaucoup de messages ont été reçus par Mail après l’envoi du bulletin bimestriel, en voici quelques uns : « De retour de mon Voyage Itinérant - Angers - Rome, je viens de parcourir avec un plaisir renouvelé le nouveau bulletin des RSF. Merci pour ce nouvel envoi. Cordialement. JL Rocher. » « Merci pour ce nouveau bulletin. Je suis en voyage à vélo dans le centre ouest. Visite de 9 départements a la recherche des BPF. 30 pointages qui manquaient dans cette très belle région. 2000 km en 14 étapes. Ce soir je suis à Meissac (Corrèze), fin du voyage dimanche à Clermont Ferrand Amicalement. JM Lefevre (Chauny 02) » Grazie di cuore e buone pedalate ! Antonio Pagliani 166) « Je déguste votre bulletin, articles bien écrits, toujours pleins d'humour, merci. Cyclamitiés. Françoise Denel Ferme de la Béoux 26310 Jonchères » 15 Grazie mille!!!! Saluti da Roma. Andrea Perugini Merci ! Amitiés, Raymond Henry « Merci beaucoup pour le bulletin des Randonneurs sans Frontières. Probablement vous l'avez déjà fait, mais si ce n'était pas le cas regardez sur le site Internet LE PETIT BRAQUET Le Vélo Passionnément. Vous trouverez un long et très bon article, au titre "Coup de Chapeau à... Maurice Garin". Il a été découvert par hasard par un ami qui habite à Morgex, à une dizaine de kilomètres de Courmayeur. L'article est consacré à Maurice Garin, le vainqueur en 1903 du premier Tour de France. Garin, "le ramoneur", était né à Arvier, au Val d' Aoste, au hameau qui s'appelait et s'appelle "Chez les Garin". J'aimerais bien aller à Albi, mais ça fait très loin pour moi. Dommage. Toutes mes amitiés. Franco Cuaz J'espère que vous allez bien et que les vacances approchent. » « Je vous communique mon journal de voyage à vélo (que je viens de terminer) : Paris - Bonn - Berlin sous la forme d'un récit - photos. C'est une belle randonnée vallonnée de plus de 1300 km qui passe par la Brie, la montagne de Reims, les Ardennes françaises, les Ardennes belges, les massifs du Eifel et du Harz en Allemagne, puis l'ex RDA (ex Allemagne de l'est) avant d'arriver à Berlin. Tout s'est bien passé avec un temps maussade tout de même, mais mieux vaut ce temps que la canicule actuelle. Je n'ai pas vu Angela Merkel, mais j'ai vu la Reine d'Angleterre Elisabeth II et son mari Philip qui étaient en visite d'Etat à Berlin pour 3 jours. A 89 ans et 94 ans respectivement, ils semblent en pleine forme. En espérant susciter des vocations, je vous souhaite de bonnes vacances (à vélo peut-être). Amicalement. Michel Bonnard. » « Merci pour ce bulletin que je lis non seulement en cyclo de base mais en Rédacteur aussi. Ton "éditorial" sur "Bonjour" m'a particulièrement frappé car si j'ai des habitudes, la première c'est de saluer de la main toute personne à vélo que je croise. 16 Autrefois je disais "bonjour" mais je ne voyais ni entendais sa réponse. Aujourd'hui je salue de la main parce qu'elle a alors le temps de répondre - si elle le fait - et tu vois le geste ou entends sa réponse. Hélas, beaucoup de "cyclistes" m'ignorent et ne me répondent pas. De même je ne double jamais une personne à vélo qui roule plus lentement que moi ou un piéton sans dire un bonjour vocal avec une petite salutation de la main. A vélo ou à pied, je fais un sourire et un signe de merci à tout automobiliste qui me cède le passage, surtout s'il n'a pas règlementairement à le faire; et ça me fait deuil, comme on dit dans le Bordelais, quand moi j'arrête ma voiture pour un piéton utilisant un "passage clouté" et que celui-ci passe sans jeter un regard ou faire un sourire et un petit merci. Autre temps, autres moeurs -- la politesse est une perte de temps ! Je vais maintenant lire le reste du bulletin. Amicalement, Philippe Meyer. » « Cette année encore mon compteur affiche 0 km. En effet cinq opérations en 11 mois de temps m’ont contraint au repos total. Je récupère maintenant des forces. Je ne vous oublie pas. Salutations. Yves Strojwas 233. » /HVSRUWHVGHO·DYHQLUVRQWRXYHUWHVjTXLVDYHQWOHVRXYULU VOYAGE À L’AVENTURE DANS LA YOUGOSLAVIE DE 1954 (3). C’est le dixième jour du voyage, je me réveille au son de la trompette, à côté de mon logis des soldats font l’exercice, il est tôt mais déjà le soleil brille. Ma logeuse me prépare un solide petit-déjeuner avec café au lait et pain beurré, coût de la nuit 200 dinars… je vais récupérer mon vélo laissé la veille au café. Il n’y a pas grand monde dehors, les cantonniers sont déjà au travail le long des bas-côtés. Le goudron est en bon état et c’est plat, je suis vite à Varazdin, c’est jour de marché et comme d’habitude il y a foule, un petit arrêt à l’entrée de la ville et me voici entouré de femmes et de gosses curieux de voir ma bicyclette dre, la pluie tombe à seaux. Il me fait comprendre par gestes que dans dix minutes le soleil sera de retour, cela s’avère vrai, mais comme tout est mouillé c’est vers un café que je me dirige. Pour y entrer, il faut descendre des marches, la salle est sombre, il y a pas mal de clients. Je commande du vin blanc et commence à manger, tout doucement les gens entrent en conversation, ils sont étonnés de me voir manger autant de pain, personne ne parle le français, mais on arrive à se comprendre. Un vieux paysan veut à tout prix m’échanger un billet de 100 dinars contre une pièce de 20 centimes, je lui en fait cadeau. A mon départ le soleil est revenu. Passant près d’un champ de tournesols en fleur, arrêt photo, les fleurs sont énormes et couvertes d’abeilles en train de butiner. Un peu plus loin, sur la Drava des barques forment de longs convois traînant des fagots de bois. Il y a aussi ce grand champ de glaïeuls qui mérite une photo, le propriétaire me demande d’échanger nos adresses, quand ce sera la saison, il m’en enverra des bulbes (que je ne recevrais jamais !). Par contre il me cueille un bouquet de ses plus beaux glaïeuls, j’en suis bien embarrassé, je le pose sur ma sacoche décidé à le poser au premier calvaire rencontré. Il n’y en a pas un en vue, comme je suis à l’entrée de Maribor, je le dépose sur la fenêtre d’une maison ! En ville beaucoup de carrioles tirées par un cheval. Je suis tout près de la Hongrie, mais l’état de la route et les gens qui me déconseillent d’y aller me décourage, je prends donc la direction de Maribor. La ville est très animée, il y a une foire exposition, chez un marchand de souvenirs j’achète une carte postale et lui laisse en garde mon vélo pour aller visiter la foire. La pluie est revenue, je conserve mon poncho, mais c’est surtout à cause de mon short qui vient de se déchirer ! Tout va bien jusqu’au village de Vratno où j’arrive devant une grande rivière, la Drava, je vais la suivre jusqu’en Autriche. Pour l’heure au pied d’un grand château perché sur un rocher, il faut traverser ce fleuve sur un pont de bois qui ne m’inspire pas confiance ! Dans la foire, rien de bien intéressant, bonbons, gâteaux, liqueurs et un tour exposé comme un objet rare et de grande valeur. Lorsque je récupère mon vélo, le libraire l’a mis dans son couloir, il occasionnait des attroupements qui gênaient la circulation !!! Sur l’autre rive, autour de moi tout un vol de faisans, je tente une photo, mais ils savent si bien se rendre invisibles en se cachant dans les fourrés que j’abandonne alors qu’à chacun de mes pas l’un d’eux s’envole à mes pieds ! Je continue de suivre la Drava, la nuit va bientôt arriver et toujours la pluie, un village, Selnica, il n’y a rien pour coucher, il faut aller plus loin, la pluie continue de tomber et la nuit aussi. Voici que le goudron disparaît, j’aurai mieux fait d’arrêter à Maribor… Je continue de rouler une heure pour arriver à Ptuj, une ville assez grande, dans une épicerie j’arrive à me faire servir de quoi faire un bon repas, comme pain une grosse boule qui n’est pas loin du kilo…. Il fait chaud, le temps est à l’orage, je vais à la recherche d’un coin pour manger, voici quelques gouttes, je vais me réfugier près d’un mur abrité, un paysan vient m’y rejoin- Encore une heure de route empierrée et voici un village où plutôt un hameau Brznau, il y a trois maisons, je vais voir à la plus grande si il y a à loger, on ne me comprend pas, mais on va chercher une personne qui parle français, il faut aller au prochain village Davrograd, mais si je veux rester ici, il peut me faire coucher. Bien entendu j’accepte sans hésitation… 16 On me fait entrer dans la cuisine, dans un coin deux chevreuils sont pendus près au dépeçage. La table est mise, il y a des amis venus faire une partie de chasse. Après un repas copieux et bien arrosé, une domestique me mène à ma chambre pour une nuit douillette. Le lendemain le ciel est bien dégagé, une vue magnifique sur la vallée, en bas un grand bol de café au lait m’attend et quelques tartines beurrées. Après les remerciements je reprends la route, si on peut appeler ainsi ce très mauvais sentier qui va durer une quinzaine de kilomètres. Après avoir traversé le village de Radlde ob Dravi le sentier reprend, toujours aussi mauvais sur une vingtaine de kilomètres qui me prendrons presque toute la matinée à les parcourir, souvent il faut monter sur le talus pour franchir les ruisseaux et la boue occupant le chemin, parfois une photo me vaut un bon bain de pieds. 17 Tout en visitant la ville je déguste une glace, il y a vraiment de beaux bâtiments souvent aux balcons ornés de fleurs. Un peu plus loin, le lac de Wortërs offre un spectacle magnifique avec le reflet des hautes montagnes l’entourant. Une petite ville, Portschach, ce serait le moment de faire étape, mais les hôtels me semblent trop chics, alors je continue. Pas bien à Velden une petite auberge me semble sympathique. Un bon repas dégusté au son de l’accordéon avec en plus un compagnon de table parlant français. Pour dormir il me mène chez une femme qui loue des chambres, la sienne il me semble ? Dans la table de nuit je découvre fil et aiguille, ce qui me permet de remettre en état mon short qui en avait bien besoin. Départ de bon matin sans déjeuner, je vais à une vingtaine de kilomètres en traversant beaucoup de forêts de sapins jusqu’à Villach, ville encore endormie, j’arrive à trouver une boulangerie ouverte, le pain est noir, comme celui que l’on avait pendant la guerre, mais comme j’ai faim, il passe bien ! La route a toujours un revêtement excellent, ça roule bien, les villages se succèdent, dans l’un d’eux, Paternion je fais à la poste le plein de timbres de collection, il y en a toute une ribambelle, et en plus je repars avec un tampon sur ma carte de route. Voici enfin Davrograd dernière bourgade avant l’Autriche, une banque change mes derniers dinars contre des schillings, après beaucoup de paperasses à remplir, mes 2000 dinars sont devenus 202 schillings… Un peu plus loin voici le poste frontière Yougoslave, vérification rapide du passeport, une petite côte à franchir et je suis aux portes de l’Autriche. Un gros douanier habillé en vert contrôle mon passeport, pour le vélo il remplit un grand formulaire et me le remet après y avoir apposé sa signature à la calligraphie très compliquée. C’est ensuite le tour de la police, c’est un jeune, il me parle de Bobet, le passage est vite fait. Un peu plus loin je m’aperçois qu’il me manque un gant, il est sans doute resté en Yougoslavie ? Il est midi passé depuis longtemps, au village de Lavamund un café épicerie permet d’acheter de quoi calmer ma faim, et l’arroser d’une choppe de bière. Lorsque je reprends la route est en mauvais état, le temps est orageux, je n’ai pas trop de courage pour pédaler, en plus j’ai enfilé mon pantalon long, mon short est toujours déchiré ! Un coin de champ me paraît sympathique pour une petite sieste, mais des gens arrivent, sans doute pour attendre un bus ? Un petit village, Ruden, il étale sur des kilomètres des scieries sentant bon la résine de pin, et soudain la route est revêtue d’un goudron excellent, elle est sillonnée d’autos et de motos, la rançon de la modernité… Encore quelques kilomètres, dans la bourgade de Völkermarkt, j’avise un marchand de vélos pour mettre un peu de graisse sur ma chaîne qui après les intempéries d’hier commence à rouiller. Mon dérailleur semble le fasciner. Traversée de grandes forêts de sapins, et rencontre de nombreuses voitures militaires anglaises. A l’entrée de Klagenfurt, un monstre immense en schiste réalisé au 16° siècle est devenu l’emblème de la ville. Les habitants se promènent en short de cuir, coiffés de chapeaux verts, leurs habits sont verts ornés de boutons en cornes, je suis en plein Tyrol. 17 Toujours un paysage de montagne splendide accompagne mon parcours, les villages ne sont pas en restes : maisons décorées et des fleurs partout. A Möllbrücke, il est midi, vite je trouve à m’approvisionner, un petit bois sera idéal pour mon repas. Je continue ma route dans une vallée assez encaissée, sur les hauts sommets des traces de neige subsistent. Il me faut bien tenir ma droite car il y a un passage incessant de voitures et surtout de motos, je traverse de charmants villages au nom un peu rébarbatif : Greinfenfurg, Oderdrauburg, Dölsach, ici je suis à l’embranchement des routes du centre de l’Autriche. La grande ville de Lienz est très fréquentée de touristes de toutes nations, c’est vrai que sa visite est particulièrement intéressante. Je quitte la ville par une route suivant la voie ferrée, elle monte légèrement, un convoi de marchandises roule à peu près à la même vitesse que moi, avec le conducteur nous échangeons quelques saluts… Plus j’avance, plus la vallée se resserre et plus le paysage devient pittoresque, partout le foin est mis à sécher sur des claies au milieu des champs, une chapelle au toit pointu marque l’entrée de Sillian, l’Italie est proche, je passe au bureau de change, mes derniers 76 schillings font des petits puisque me voici doté de 1470 lires ! La frontière est franchie sans formalité embêtante, au premier village rencontré : San Candido, un monument en forme de rotonde abrite le corps des soldats tués et 1914, un escalier permet d’accéder au toit qui est un excellent belvédère sur les glaciers environnants. Pour trouver où dormir les hôtels ne manquent pas, mais beaucoup semblent un peu trop cossus pour ma bourse, en définitive c’est l’Albergo Alpino qui est mon choix, il y a beaucoup de monde surtout des soldats, amusants à regarder avec leur chapeau orné d’une longue plume. Excellent repas où je retrouve les spaghettis toujours aussi copieux. Pour la chambre, c’est une pièce confortable, mon vélo dormira dans la réserve. 18 Je règle ma notre, 950 lires afin de pouvoir partir demain de bonne heure car j’ai au programme quatre cols à franchir et pas des moindres…. Les deux mois de l’été ont été l’occasion de nombreux voyages, bizarrement bien peu surent en profiter, aimant mieux faire et refaire les itinéraires parcourus à longueur d’année qu’en principe nous nous réservons pour la mauvaise saison ! Louis Romand (à suivre) Cadillac de St Nicolas de la Grave, à celle des Vignobles de St Sardos, c’est maigre…. Nous avons débuté les vacances par un voyage en Bretagne dont vous avez largement les détails dans ce bulletin, des quatre participants prévus il n’en resta que deux au départ, sans doute les plus aventureux… Nos sorties de la journée par contre ont toujours autant de succès. Celle du mois de juillet avait pour but Fronton, elle nous permit de découvrir aux portes de cette ville un coin idéal pour le pique-nique près d’un lac. Le parcours se fit en grande partie dans le vignoble du Frontonnais, nous n’avons pas eu droit à une dégustation, si ce n’est au repas la traditionnelle Sangria ! A peine rentrés c’est un voyage à deux dans les Pyrénées à l’occasion du passage du Tour de France au Col de la Core suivi de la sympathique Ronde du Maïs à ClermontPouyguillès dans le Gers qui achève notre cycle du Challenge Pyrénéen, il n’aura cette année pour la première fois qu’un seul lauréat de notre Club. La journée du mois d’août prenait la direction de Caussade sous la canicule qui ne cesse de nous rôtir depuis trois mois. Nous inaugurions les deux tables pique-nique de Lapenche, leur emplacement bien choisi nous fit profiter de l’ombre et de l’air, bienvenus lorsque le thermomètre dépasse les 36°. Pas de repos puisque la semaine suivante, c’est de nouveau la Bretagne qui est au programme avec le Tour du Finistère, un département magnifique aussi bien du côté relief que celui des monuments, souvent en granit gris. Un site qui mérite bien sa première place des beaux villages de France, Ploumana’ch et son étonnante côte de granit rose, 506 kilomètres et presque pas de pluie... Nous avons participé à la Nuit des Trophées organisée par le Conseil Départemental, elle a toujours une ambiance très conviviale dans le cadre enchanteur du parc du château Montauriol. Dès le retour c’est vers Albi que nos roues nous menaient, la Semaine Fédérale évènement majeur de l’année pour notre fédération. Deux participants sur les quatre prévus décidément c’est une habitude… Un séjour où l’on put se mêler aux 15000 participants pour des journées sympathiques où l’on retrouva l’esprit de la promenade à vélo, sans comparaison aux « coursettes » du dimanche matin qui sont devenues habituelles dans notre région. Surtout ne manquez pas le magnifique et très complet reportage photo d’André Tignon, cyclotouriste Belge, vous le trouverez sur le site de la Fédération ou sur son site www tignon.be ainsi que beaucoup d’autres articles très intéressants sur le cyclotourisme. Nous avons remarqué que le vélo électrique arrive en force, des exposants proposaient d’équiper n’importe quelle bicyclette pour un supplément de poids minime, sans doute une solution quand l’âge ne permet plus d’aborder les côtes sereinement, mais il ne faudrait quand même pas trop généraliser…. Pour aller chercher un peu de fraîcheur et surtout achever les BPF du Lyonnais, du Dauphiné et de Rhône-Alpes, Louis est parti seul, faute d’amateur, une douzaine de jours parcourir ces belles régions, vous pouvez voir les photos sur Facebook et lire le compte rendu dans un de nos prochains bulletins. Du côté des voyages il ne faut pas oublier notre ami Alain Fava qui pour des obligations familiales ne roule pas beaucoup avec nous, mais fait quand même chaque mois ses 1000 kilomètres, il a achevé cet été les BPF de l’Aude et du Cantal qui ne sont pas des plus faciles à parcourir. Pour les randonnées de notre région ce ne fut pas fameux, il y eut quand même des Randonneurs à la Randonnée Nous avons reçu des cartes postales d’heureux vacanciers : Clémentine était à Allemans du Dropt dans le 47, Clément, le veinard sur la Côte d’Azur entre St Raphaël et St Troprez. Décidément faire des photos devient un art dangereux ! Après Michelle qui a dû prendre quelques semaines de repos après une chute en prenant une photo, c’est Madeleine sur les chemins de St Jacques qui s’est handicapée pour quelques temps en prenant une photo à Condom…. Et en fin de mois la Randonnée de Falguières qui chaque année annonce la fin des vacances. Toujours la chaleur, un très bon accueil, et les côteaux du Quercy chargés de fruits : chasselas, pommes, poires, melons. Le piquenique fut panoramique au village d’Esmes et la rencontre de l’après-midi vers le point de vue de Piquecos. A noter, sur les cent et quelques participants de ce parcours assez bossu, nous étions les seuls à faire les 100 kilomètres sur la journée. Quel gâchis de pédaler dans de si beaux décors sans prendre le temps de les admirer… La fin août marquait également la fin la 70ème édition de notre Trophée, il se déroule depuis 35 années sur 26 semaines, soit 6 mois, il a été remporté par 29 Sociétaires différents. Le recordman des victoires, 12 fois, est Yannick Imberty. Il a permis à 1169 cyclos d’effectuer 13.363 nuits en voyage, pour ce 70ème Trophée qui eut 420 sortants différents ce sont 107 nuits de voyage qui furent effectuées. Le classement : 1er Philippe Baranger (4ème fois non consécutives), 2ème Marie-France Bour, 3ème Cécile Cantiran, 4ème Michelle Ferrovecchio et Guy Rougé, 6ème Maïté MercierPillon, 7ème Clément Leprette, 8ème Magali Gomez, 9ème Clémentine Barjon et Madeleine Cases. 18 19 LES VOYAGES ET WEEK-ENDS À VENIR 19-20 septembre : Week-end du Patrimoine en Haute Garonne dans le Volvestre et à Toulouse. 3-4 octobre : Concentration des Cols Durs au pied du château de Montségur dans l’Ariège. 21 – 26 octobre : voyage des vacances de Toussaint avec la participation à Fête du Vin Nouveau à Lézignan Corbières. Les 5 et 6 septembre Venez visiter notre stand à la Fête des Sports de Montauban Esplanade des Fontaines de 9h à 19h. Le dimanche à 9h et 14h une petite promenade accompagnée à vélo vous mènera à la Fête des Vendanges à Albias LES RANDONNEURS CYCLOTOURISTES SANS FRONTIÈRES En septembre vous invitent à LEUR SOIRÉE DU 70e TROPHÉE AVEC UN DIAPORAMA et pot de l’amitié. Sorties de l’été et Voyages 2015. SALLE DE PROJECTION – MAISON DE LA CULTURE de Montauban Venez avec vos amis - Entrée Gratuite - Bienvenue à Tous 19 20 20